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Réalisme et Naturalisme

Le Réalisme

Le mot « Réalisme » apparaît avant 1850 mais son usage se développe surtout après cette date.
Il est d’abord utilisé pour caractériser la manière de peindre de Gustave Courbet lorsqu’il représente une scène de la vie
quotidienne sans chercher à l’embellir ( Tableaux célèbres qui firent scandale : L’atelier du peintre et L’enterrement à
Ornans.)

Le contexte social.

L’échec de la Révolution de 1848 met fin aux illusions romantiques.


La Révolution industrielle, la naissance d’un véritable prolétariat, les mouvements ouvriers offrent de nouvelles
sources d’inspiration aux artistes.
Les progrès de la science ( parmi lesquels l’invention de la photographie permettant une reproduction fidèle du réel )
ont également une grande influence sur les arts. ( Un nom de photographe célèbre : Octave Nadar.)

Caractéristiques.

1) Le Réalisme puise ses thèmes dans l’observation du monde contemporain. Il veut être un art résolument
moderne.

— Il dénonce les défauts de la bourgeoisie : étroitesse d’esprit, égoïsme, hypocrisie, goût de


l’argent et du profit qui efface toutes les valeurs morales.
— Il refuse les idéalisations romantiques. Le thème de l’adultère, lié aux conditions sociales de l’époque ( Le
divorce n’existe pas.) se substitue au thème de l’amour passionnel cher aux romantiques.
— Il pense que le milieu social a une influence déterminante sur le comportement des individus.

2) Les écrivains réalistes, désireux de rendre compte du réel, réunissent une véritable documentation sur le sujet
qu’ils ont choisi.
Flaubert, fils de médecin, se documente sur les symptômes de l’empoisonnement à l’arsenic avant d’écrire la fin
d’Emma Bovary.

3) L’étude psychologique des individus perd de son importance au profit de l’étude d’un milieu social et de la
mise en relief de type sociaux.
Le héros, personnage exceptionnel, fait place au personnage principal qui est un individu ordinaire, représentatif du milieu
dans lequel il vit. L’intrigue privilégie la vie quotidienne.

Procédés d’écriture.

— Plus d’interventions directes du narrateur porte- parole de l’auteur dans le récit. Le


narrateur s’efface derrière le personnage .

— Le point de vue ( ou focalisation) interne : le réel est vu à travers le regard du personnage,


il se limite à ce que le personnage en perçoit d’où la multiplication des scènes destinées à
amener de façon vraisemblable les nombreuses descriptions du roman réaliste : personnage
accoudé à la fenêtre, repas de fête, arrivée d’un nouveau venu par exemple.

— Le style indirect libre : la parole du narrateur fait place à celle du personnage, sans qu’il y
ait de marques du discours direct.

— La précision des détails : les objets, les personnages, les lieux sont minutieusement décrits. L’écrivain travaille
particulièrement certains passages descriptifs.
Ex : Dans Madame Bovary de G. Flaubert : description de la casquette de Charles Bovary ou de la pièce
montée du repas de noce.( p291 et 292 du manuel Lettres 1° )

— Le vocabulaire technique : le lexique, y compris le lexique technique est celui que l’on emploie dans le milieu
décrit.
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Flaubert lit des traités d’archéologie pour écrire Salammbo dont l’action se déroule dans l’Antiquité romaine.

Le Naturalisme

Le Naturalisme est le prolongement du Réalisme dans la deuxième moitié du XIX° siècle.


Le mot est employé pour la première fois par Zola en 1866.
Après avoir lu l’Introduction à l’étude de la médecine expérimentale du physiologiste Claude
Bernard, Zola élabore sa théorie du naturalisme en littérature sur le modèle de la méthode scientifique
(classification des données de l’expérience, observation des faits, expérimentation pour vérifier des
hypothèses.). Il expose ses théories en 1880 dans Le roman expérimental.
Mais cette théorie est inapplicable : le romancier ne peut provoquer aucune expérience avec des
êtres de fiction. La « méthode expérimentale »dont se réclame Zola est à comprendre comme la métaphore
du schéma narratif du roman ( Le schéma de la méthode romanesque [situation initiale / conflit violent /
équilibre terminal différent du point de départ ] est analogue au schéma de la méthode scientifique
[hypothèse/ expérience/ observation des résultats].)

Zola écrit un ensemble de vingt romans : Les Rougon-Macquart. Histoire naturelle et sociale
d’une famille sous le Second Empire.
Dans ces ouvrages, il s’attache à montrer « scientifiquement » les effets du déterminisme
biologique (l’hérédité de l’alcoolisme, entre autres) sur le comportement de ses héros.

Caractéristiques du Naturalisme.

Le naturalisme reprend tous les thèmes du réalisme et s’attache en


outre à peindre les milieux populaires ( Les ouvriers, chez Zola, les paysans normands chez Maupassant).

Le corps y prend beaucoup d’importance à travers la peinture de la


sexualité ou de la maladie (hérédité biologique chez Zola).

Alors que pour Balzac l’individu exceptionnel avait un rôle décisif


pour l’ordre social, les naturalistes s’attachent à décrire les mécanismes sociaux dans lesquels les individus
sont pris : cette vision coïncide avec l’expansion du capitalisme dans la deuxième moitié du XIX°siècle.

Procédés d’écriture.

Ce sont les procédés déjà utilisés par les écrivains réalistes de la


première moitié du siècle.
Certains procédés distinguent cependant l’écriture de Zola parmi les
écrivains naturalistes :
— la transposition poétique de la réalité sociale sous forme de mythe. ( ex. le labyrinthe de la
mine et l’assimilation des installations de surface du puits de mine – le Voreux- au
personnage mythologique du Minotaure dans Germinal)
— la tonalité épique et lyrique ( cf la dernière phrase de Germinal.)

Des noms, des titres, des dates-clés à retenir (en caractères gras).

Les écrivains reconnus ou revendiqués comme maîtres par les naturalistes.

Gustave Flaubert :
Madame Bovary 1857 : procès pour « délit d’outrage à la morale
publique et religieuse et aux bonnes mœurs. »
L’éducation sentimentale 1869

Edmond et Jules de Goncourt :


Germinie Lacerteux 1865
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Le porte-parole du mouvement

Emile Zola  (1840-1902)


Un cycle de vingt romans , Les Rougon-Macquart . Histoire
naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire :
— romans de la condition ouvrière : L’assommoir 1867 ; Germinal 1885
— romans de la condition féminine : Nana 1880 ; Pot-Bouille 1882
— un roman sur la paysannerie : La terre 1887
— un roman sur les grands magasins : Au bonheur des dames 1883

L’ensemble des romans du cycle constituent une œuvre polémique qui dénonce le régime
impérial. Zola avait des idées socialisantes mais définissait lui-même son roman Germinal
comme « une œuvre de pitié et non de révolution. »

Les écrivains du mouvement naturaliste.

Réunis autour de Zola à Médan, ils publient un recueil de nouvelles naturalistes qui servent de
manifeste au mouvement : Les soirées de Médan (1880)

Joris-Karl Huysmans (1848-1907):
Les sœurs Vatard 1879
(L’écrivain se détachera du mouvement naturaliste en publiant en 1884 un roman au titre symbolique :
A Rebours )

Guy de Maupassant  (1850-1893)


Disciple de Flaubert qui le présente à Zola. Admirateur de Balzac, il rejoint le mouvement naturaliste de
Zola en publiant une nouvelle, Boule de Suif, dans le recueil des Soirées de Médan (1880).
L’écrivain rejette les prétentions scientifiques du naturalisme. Son œuvre n’est pas chargée
de délivrer un message politique et social comme celle de Zola.
Maupassant insiste surtout sur l’importance de la composition de l’œuvre et le choix des
événements racontés dans son essai intitulé Le roman.
Son œuvre est souvent satirique et teintée de pessimisme (thème de la solitude et de la
mort, thème du double et de la folie, surtout dans les nouvelles.)

Maupassant a publié plusieurs centaines de nouvelles, parmi lesquelles


Boule de suif 1880 .
Le Horla 1887

Il est aussi l’auteur de plusieurs romans, dont:


— l’étude d’un seul personnage : Une vie (1883)
— une fresque historique et sociale : Bel-Ami (1885) qui décrit le milieu du journalisme et
Mont-Oriol (1887) qui raconte la création d’une ville d’eaux et les spéculations qu’elle
engendre.
— le récit d’une crise familiale : Pierre et Jean (1888)

Des citations à retenir et à commenter

Zola définit l’œuvre d’art comme un « coin de la création vu à travers un tempérament »


(Préface au roman des frères Goncourt : Germinie  Lacerteux.)

Maupassant déclare dans l’essai intitulé Le roman paru en même temps que Pierre et Jean : « 
[…] les Réalistes de talent devraient s’appeler plutôt des Illusionnistes. »

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