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CONCEPTION PARASISMIQUE
DES BATIMENTS (STRUCTURES)
INTRODUCTION A LA DYNAMIQUE DES
STRUCTURES
1. Introduction, avertissement
3.1. Généralités
3.1.1. Déformations élastiques ou plastiques
3.1.2. Déterminer le type et l’importance des contraintes pour
dimensionner la structure
5.1. Généralités
6.1. Généralités
7.1. Généralités
9.1. Généralités
10.1. Généralités
11.1. Généralités
11.14. Conclusion ?
13. Bibliographie
En effet, la rupture localisée d’un élément soumis à une contrainte qu’il ne peut
absorber est parfois due à un défaut d’exécution local, mais plus généralement à un
mauvais comportement global de la structure qui a généré une accumulation
localisée de contraintes. Une bonne conception parasismique nécessite une
compréhension globale de la dynamique des structures.
Avant d’aborder l’étude des paramètres dont la maîtrise permettra d’obtenir ce bon
comportement recherché, observons quelques dommages significatifs. Il s’agit de
dommages « types » que l’on retrouve fréquemment après les catastrophes d’origine
sismique. Dans ce préambule, ils seront seulement montrés, on en trouvera
l’explication dans les développements qui suivent cette introduction.
N-B : Les quelques clichés suivants sont présentés par ordre chronologique, sans
« hiérarchie » de gravité ou de fréquence des phénomènes, qui seront évoqués plus
loin.
Figure 4 - Séisme d’Anchorage, 1964 – Document Karl V. Steinbrugge – Dislocation des remplissages
de maçonnerie d’une ossature en béton armé et endommagement (souvent suivi de la ruine) de cette
ossature. Ce mode de construction « hétérogène » se comporte très mal sous l’action d’un séisme
violent.
Figure 6 - Séisme de Mexico, 1985 – Document EQIIS – Coup de fouet dans les étages supérieurs
d’une construction. Ce mode de ruine, moins fréquent, correspond à des conditions spécifiques de
mise en résonance de structures flexibles.
Figure 9 - Séisme d’Athènes, 1999 – Document EERI – Rupture de poteaux « courts », c’est-à-dire
de poteaux dont le rapport de l’élancement sur la section est trop faible. Si ce sont des éléments
principaux de la structure, ils subissent des contraintes extrêmement élevées.
Figure 11 - Séisme de Chi-Chi, Taiwan, 1999 - Document EQIIS – Basculement global d’une
construction. Il existe plusieurs causes possibles, dont la liquéfaction des sols exposée dans le volume
1 de ce cours. Le moment de renversement des constructions élevées doit être limité par la
conception de la structure et équilibré par les dispositions constructives.
Etc.
La liste des dommages significatifs est encore longue. Reprenons la question en
étudiant les phénomènes.
Les phénomènes physiques rappelés dans cette première partie sous-tendent les
stratégies de bonne conception exposées dans la seconde partie de ce volume.
Une déformation élastique est définie comme une déformation qui est
sensiblement proportionnelle à la force qui la provoque (notion de linéarité) et qui
disparaît après la suppression des charges qui l'ont provoquée (déformation
réversible).
Nous avons étudié les moyens d’évaluer les deux premières étapes (identifier les
paramètres du site du mouvement sismique) avec des niveaux de précision
variables selon les moyens dont on dispose, dans le volume 1 de ce cours.
Ces variations de dimensions suivent une loi linéaire et réversible tant que
la force exercée F est inférieure à Fe, sa valeur qui caractérise la limite
d’élasticité. Ces variations de dimensions sont proportionnelles à la
contrainte exercée et à un coefficient caractéristique du matériau : le
module de déformation (module d’Young).
Loi de Hooke:
où est l’allongement relatif du barreau, la surface transversale, la
contrainte normale et le module de déformation, coefficient caractéristique
du matériau.
Ainsi ses dimensions supérieures s’allongent sous l’effet d’un effort en traction et ses
dimensions inférieures se raccourcissent sous l’effet d’un effort en compression. La
fibre neutre garde la même longueur.
,
où représente les forces linéaires (par exemple poids) auxquelles la poutre est
Ces forces tangentielles exercent un moment qui est équilibré par les
contraintes normales dues à l’allongement et au raccourcissement des génératrices
situées de part et d’autre de la fibre neutre.
La flèche de la poutre, qui est la valeur maximale de , sera d’autant plus faible
que le matériau aura un module de déformation de forte valeur et une grande inertie
de forme dans le sens de la contrainte. (voir plus loin, § 3.3. les paramètres de la
flexibilité).
Sous l’effet d’un séisme, les éléments constructifs soumis à des forces tangentielles
opposées (ou de même direction mais différentielles) à leurs extrémités (par exemple
un poteau entre deux planchers) se déforment, en fonction de leur géométrie plus ou
moins élancée, en flexion ou par mise en losange. Le type de contraintes et la
localisation des contraintes les plus élevées dans l’élément dépendront du mode de
déformation. Ainsi, les dispositions constructives devront tenir compte de ce
paramètre. Il faudra donc identifier le mode de déformation des différents éléments
de la structure, et plus généralement celui de la structure dans son ensemble.
3.2.2.4. Torsion
Il peut arriver que les forces résultant de l’action sismique sur un élément ou sur la
structure dans son ensemble provoquent la torsion de cet élément ou de la structure
autour d’un axe. C’est un mode de déformation auquel les matériaux de construction
résistent mal. Il est rarement généré par un mouvement différentiel au niveau du sol,
mais en général par un excentrement des masses de la construction ou du
barycentre de ses raideurs qui génère un couple de torsion. Nous verrons plus loin
comment les masses et les raideurs conditionnent la cinématique d’une structure.
L’élément ou la structure soumis à un couple de torsion ne subit pas des niveaux de
contraintes homogènes. Plus le « bras de levier » du couple de torsion est important,
plus les contraintes sont élevées à proximité du centre de torsion et plus les
déformations sont importantes à l’autre extrémité.
Un excentrement élevé du centre de gravité par rapport au barycentre des raideurs
peut, pour une action « modérée », générer localement des contraintes ou des
déformations trop élevées au regard de la résistance des matériaux de construction.
C’est un phénomène qu’il faudra impérativement éviter.
F = k.X ⇔ k = F/X
Exemple : la flèche est beaucoup plus importante pour les poutres articulées que
pour les poutres encastrées, le coefficient n est plus élevé pour les encastrements.
E [Mpa]
Acier : module d’Young
Béton : module de déformation
longitudinale
L [m]
La raideur décroît selon le cube de la longueur, ce qui est également énorme, nous
verrons aussi que, mal maîtrisé, ce paramètre est à l’origine d’un grand nombre de
dommages dont l’origine est une mauvaise conception de la structure.
E,I
Raideur
d’une poutre X
en console L
Raideur
d’une poutre
k = 192.E.I/L3 k = 48.E.I/L3
En résumé :
4.1.1. Généralités
Rappelons que la force d’inertie agissant sur un corps est égale au produit de sa
masse par son accélération : Fi = m.a (2ème loi de Newton).
(On acceptera par simplification que a est une « pseudo-accélération » sur le repère
relatif de ses fondations en déplacement)
(Accélération du sol)
Pour le dimensionnement des structures aux charges sismiques selon les règles
parasismiques on considère, par commodité, que ces charges sont les forces d’inertie
engendrées dans la construction par l’accélération maximale que cette construction
est censée subir pendant le séisme. L’analyse « modale spectrale » (ou son
application simplifiée) est la méthode retenue par les règles pour évaluer cette
accélération maximale pour chacun des modes significatifs d’oscillation de la
structure sous l’effet des ondes sismiques (voir plus loin).
Cette conception de l’action sismique est vérifiée dans le cas des bâtiments
possédant une très grande rigidité. Mais, la plupart des bâtiments possèdent une
déformabilité non négligeable, qui conditionne leurs modes et périodes propres
d’oscillation, donc l’amplification dynamique possible des oscillations dont
l’importance peut être sous-estimée par cette méthode.
Pour comprendre le comportement sous séisme des constructions on peut avoir une
approche basée sur le concept d’énergie présente dans la structure en mouvement.
Ce que nous allons voir un peu plus loin.
Introduction à la dynamique des structures à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 23/108
4.1.2. Maîtrise de la masse
Les Forces d’inertie s’appliquent sur les masses de la construction. Dans le cas
général on considèrera que les masses sont concentrées dans les planchers. (Mais
dans le cas de structures à porteurs lourds avec une toiture légère, les masses à
considérer sont dans les éléments verticaux).
A cet égard les ossatures d’acier, bien que la masse volumique de ce matériau soit
élevée, sont très intéressantes en raison de la grande résistance de ce matériau qui
permet d’en minimiser des sections, donc la masse globale de la structure (voir
volume 3 de ce cours).
Lorsque le matériau utilisé ne présente pas un « bon rapport » résistance/masse
volumique, on essaiera plutôt de minimiser les accélérations en réponse au séisme
de la structure.
En termes de forces, on peut dire que les forces d’inerties Fi doivent être équilibrées
par les forces de rappel Fr (qui permettent à la structure de revenir à sa position
d’origine après l’arrêt des sollicitations externes) et par les forces dissipées Fd (sous
forme de chaleur) pendant le mouvement. Si l’équilibre n’est pas assuré il y a
rupture. (Illustration Milan Zacek pour les GAIA).
Nous allons voir ce que recouvre le mot « résistance » qui ne signifie pas forcément,
en termes de bilan énergétique optimisé, le non-endommagement.
L’énergie des oscillations doit donc être entièrement absorbée par la structure. Cette
absorption se fait par deux mécanismes distincts lors des déformations de la
structure :
- Pour une même force F exercée sur la structure, moins celle-ci est raide
(coefficient k moins élevé), plus la déformation x est plus élevée, la quantité
d’énergie potentielle stockée par la structure est donc plus importante. (Figure
de gauche)
- Pour une même déformation (x1 = x2) de deux structures de raideurs
différentes, les forces, donc le niveau de contraintes dans la structure,
croissent avec la raideur. (Figure de droite)
- Agir sur l’action sismique : on pourra en premier lieu agir sur l’action sismique
en maîtrisant les masses et les accélérations en réponse (voir plus haut, § 4.1)
Action : Fi = m.a
- Agir sur la réaction : Une fois minimisée l’action sismique, l’équilibre sera
obtenu en optimisant la capacité de réaction de la structure :
En résumé
Cette démarche d’optimisation de la capacité d’absorption d’énergie de la structure,
ne vise pas l’augmentation de la résistance des éléments structuraux aux contraintes,
en termes de résistance pure, ce qui n’est pas forcément suffisant en cas de séisme
majeur. On cherche à plutôt à limiter les contraintes induites par les mouvements
sismiques de manière qu’elles n’atteignent pas la limite de rupture. Par conséquent,
le but est de soustraire les constructions aux sollicitations excessives d’ensemble ou
localisées.
Dans les faits, un séisme impose aux constructions une suite d’accélérations violentes
dont la durée peut dépasser 1 mn (voir des exemples d’accélérogrammes dans le
volume 1 de ce cours). Or la durée de secousses est un facteur important du niveau
d’endommagement. Un séisme long est en général plus destructeur qu’un séisme
court plus fort. Le calcul réglementaire, quasi-statique, ne prend pas en
considération les conséquences dues à l'alternance d'efforts.
En outre, pour le calcul réglementaire aux séismes des ouvrages à risque normal, les
constructions sont considérées comme non déformées au moment d’application des
charges sismiques représentées par cette force statique. Le fait que les charges
sismiques peuvent solliciter de façon répétée (cyclique et aléatoire) les ouvrages
déformés avant leur retour à la position initiale ne peut pas être pris en
considération, si ce n’est lorsque les hypothèses de calcul sont majorées par rapport
au séisme réel, ce qui n’est pas acquis dans tous les cas. L’action réelle des séismes
peut donc être plus préjudiciable que celle considérée par les règles.
1
C’est à dire le facteur d’amplification des accélérations du sol qui est donné par l’ordonnée du
spectre de réponse dépendant des formations géologiques du site et de la période T, appelée RD(T)
5.1. Généralités
Une construction, qui peut être assimilée à un oscillateur (système masse + ressort),
peut être un amplificateur des secousses qui lui sont communiquées au niveau des
fondations (phasage de Tsol et de Tbat). Aussi les amplitudes des paramètres du
déplacement des différents niveaux de la superstructure sont en général plus
importantes que celles du sol d’assise.
Les paramètres de l’oscillation des structures sous l’effet de celles du sol sont la
période (ou la fréquence) et le(s) mode(s) (« forme ») de ces déformations
cycliques. Nous allons voir que ces deux paramètres dépendent des masses et des
raideurs de la structure, de leur localisation et du type de liaisons. (Voir les modes
d’oscillation au §6)
Période propre d'oscillation d'un bâtiment : période selon laquelle le bâtiment oscille
librement suite à un déplacement, c’est-à-dire, vis-à-vis du séisme, après l'arrêt des
oscillations forcées (et jusqu'à l'amortissement complet du mouvement).
On suppose :
• une structure symétrique du point de vue des masses et des raideurs.
• le plancher indéformable dans son plan.
• les masses concentrées dans les planchers.
On verra l’influence des paramètres définissant la raideur (longueurs et inerties des
éléments de la structure, nature des liaisons entre éléments, matériaux utilisés) et
l’influence de la masse sur les modes propres de vibration.
= =
Mouvement sismique selon x
Cet oscillateur simple, oscillateur linéaire à un seul degré de liberté, est soumis à un
mouvement sismique, suivant x, appliqué à sa base. La masse m est soumise en cas
d’oscillations à une force de rappel du ressort Fr et à une force d’amortissement Fa.
k =f(E,I,L, nature
des liaisons)
Statique Dynamique
Oscillations libres Oscillations forcées
Régime harmonique
Dans ce cas la sollicitation est répétée et périodique. La force appliquée est donc
caractérisée par son amplitude et sa période.
L’amplitude des déplacements en réponse du système croît si la sollicitation et la
réponse sont en phase, elle est pondérée par le taux d’amortissement (ξ). Elle
pourrait tendre vers l’infini si ξ était égal à 0.
1° Expérience
masses
différentes
Les deux maquettes sont semblables : même hauteur de poteaux, même section de poteaux, même
matériau des poteaux, même type de liaisons (encastrements), mais la masse fixée sur le plancher
diffère.
On observe que la maquette dont la masse est plus importante a une
période propre d’oscillation plus longue.
2° Expérience
hauteurs
différentes
Les deux maquettes sont semblables : même section de poteaux, même matériau des poteaux, même
type de liaisons (encastrements), même masse sur le plancher, mais la longueur des poteaux diffère.
On observe que la maquette dont les poteaux sont plus élancés a une
période propre d’oscillation plus longue.
3° Expérience
sections
différentes
Les deux maquettes sont semblables : même hauteur de poteaux, même matériau des poteaux,
même type de liaisons (encastrements), même masse sur le plancher, mais la section des poteaux
diffère.
On observe que la maquette dont la section des poteaux est moindre
(moindre inertie) a une période propre d’oscillation plus longue.
Introduction à la dynamique des structures à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 34/108
4° Expérience
liaisons au
support
différentes
Les deux maquettes sont semblables : même hauteur de poteaux, même section de poteaux, même
matériau des poteaux, même masse sur le plancher, mais le type de liaisons en pied diffère.
On observe que la maquette articulée en pied a une période propre
d’oscillation plus longue que la maquette encastrée en pied.
5° Expérience
matériaux
différents
Les deux maquettes sont semblables : même hauteur de poteaux, même section de
poteaux, même type de liaisons (encastrements), même masse sur le plancher mais
le matériau des poteaux diffère.
On observe que la maquette dont matériau a un module de déformation
moins élevé a une période propre d’oscillation plus longue.
Conclusion :
La première expérience démontre que la période propre d’oscillation croît avec les
masses mises en mouvement.
Les quatre autres expériences montrent que la période propre d’oscillation décroît
avec la raideur (on a vu les 4 paramètres de la raideur/flexibilité au § 3.2.2).
Or le projet architectural va conditionner ces paramètres. Si le programme le permet,
le concepteur pourra opter pour un mode constructif et des élancements qui lui
permettront « d’éloigner » la construction des périodes dominantes du sol (structures
rigides sur sols souples, riches en basses fréquences et structures flexibles sur sols
rigides, riches en hautes fréquences)
Pour les projets courants on utilisera une méthode plus rapide, visant l’estimation de
la sollicitation maximum, avec les limites de fiabilité déjà exposées.
Pour une première approximation, on peut considérer que sur sols meubles, on
devrait opter pour des structures rigides et sur sols fermes ou rocheux pour des
structures flexibles (portiques sans murs de remplissage par exemple). Mais il est
beaucoup plus judicieux de comparer les périodes du bâtiment et du sol et, si elles
sont proches, de les éloigner en intervenant sur la conception de l’ouvrage.
La période propre d’un bâtiment courant est égale à environ un dixième du nombre
de niveaux. Un bâtiment de quatre étages sur rez-de-chaussée possède donc une
période propre proche de 0,5 s. Celle-ci peut être déterminée d’une manière plus
précise par des formules forfaitaires figurant dans les règles parasismiques ou par un
calcul plus approfondi. La période d’un bâtiment existant peut aussi être évaluée
expérimentalement.
La période propre dominante du sol peut être déterminée à partir des essais
géotechniques (essai pressiométrique, SPT, cross-hole,…) ou mesurée à l’aide du
bruit de fond.
• Les constructions sont repérées sur le spectre de réponse par leur période propre.
• On distingue:
– Les spectres de réponse d’un site donné pour un séisme donné
– Les spectres de réponse élastiques pour un site ou « standard » un type de sites
– Les spectres de réponse élastique standard réglementaires
– Les spectres de dimensionnement (élasto-plastiques)
•Le spectre d’un séisme particulier sur un site donné ne caractérise pas de
façon satisfaisante la réponse des constructions à un séisme futur dont les
caractéristiques peuvent être très différentes (source différente).
•Cette valeur sera considérée comme la valeur «T= 0 », c’est à dire l’accélération du
sol ou celle d’une structure qui bouge avec le sol sans réponse (absence totale de
déformation)
– Dans un repère quadrilogarithmique, dans ce cas un seul spectre donne tous les
paramètres du mouvement.
• On distingue:
– Les spectres élastiques
– Les spectres élastoplastiques, dits de dimensionnement.
6.1. Généralités
Introduction à la dynamique des structures à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 40/108
Les amplifications du mouvement par un oscillateur simple ou multiple (comme un
bâtiment considéré comme encastré à sa base) se produisent par « effet de
ressort »; la force dans un ressort, dans notre cas la charge sismique, agit sur la
masse. Elle est égale, nous l’avons vu plus haut, au produit de la rigidité du ressort
(k) par le déplacement de la masse (x)
F = k.x.
Les déplacements relatifs des différents planchers d’un bâtiment et leurs paramètres
(déplacement, vitesse et accélération) dépendent de l’importance et de la répartition
des masses qui les constituent, de la rigidité des différents éléments porteurs et de
leur localisation.
Les modes, c’est à dire la forme, des oscillations d’une structure dépend de la
réponse de la structure aux différents mouvements imposés par le sol et par ses
propres caractéristiques (raideurs, masses) : tamis, pompage, roulis, lacet.
L’analyse modale spectrale applique la Loi de Newton pour chaque nœud considérant
que son déplacement résulte de ses N degrés de liberté, chacun étant considéré
comme un oscillateur simple soumis à une oscillation forcée dépendant de sa
fréquence modale, de son amortissement modal et de sa déformée modale. Le
spectre de réponse établi pour un oscillateur simple est appliqué mode par mode.
a31 = a3.φ31
a32 = a3.φ32
a33 = a3.φ33
a2
a1
Comme nous l’avons vu, dans le sens de la sollicitation, la rigidité d’un élément
augmente selon le cube de la dimension de la section sollicitée, mais la résistance
seulement avec le carré. Elles augmentent dans le même rapport lorsque
l’élancement de l’élément est réduit.
La cinématique de la structure sera déterminée par ses éléments les plus rigides (en
x et en y). Ils devront être en nombre et dimensions suffisants pour équilibrer
l’action sismique.
Si, en plus, ces éléments plus rigides sont excentrés, un mode d’oscillation en torsion peut
être excité par le séisme, et dans ce cas un problème de déformations trop importantes
peut concerner les éléments flexibles éloignés du barycentre des raideurs.
7.1. Généralités
Les forces d'inertie générées par l’action sismique dans les éléments de la structure,
résultent des actions transmises par les liaisons de ces éléments.
Les déformations qui leur correspondent peuvent atteindre un niveau pour lequel la ruine
est inévitable par instabilité plastique ou par rupture fragile.
Lorsque les matériaux (et leur mise en œuvre) présentent une capacité importante de
déformation plastique avant rupture il est possible d'obtenir une sécurité acceptable en
autorisant des incursions significatives dans le domaine plastique (post-élastique). La
ductilité ainsi définie se traduit par une augmentation des déformations sans élévation
notable du niveau de contraintes dans la structure.
Aussi les règles PS—92 admettent-elles l’approximation des efforts réels en divisant par un
coefficient « de comportement » q les efforts calculés sur le modèle linéaire (déformations
élastiques).
Ductilité : capacité d'un matériau, et par extension d'un élément ou d'une structure, de
subir, avant la rupture, des déformations plastiques (irréversibles) sans perte significative
de résistance. Ces matériaux "préviennent" donc de l'approche de leur rupture.
Rotule plastique : zone plastifiée d'un élément de structure (poteau, poutre, ...). Une
telle zone se comporte comme une rotule mécanique, autorisant la rotation sur son axe
des autres parties de l'élément.
Dimensionner une structure avec un coefficient q inférieur à celui qui est autorisé apporte
de fait un gain de résistance ultime, de même que l’optimisation des qualités intrinsèques
de la structure par une conception optimisée telle que décrite dans la 2° partie de ce
volume (homogénéité, régularité, hyperstaticité…) .
Il apparaît donc que ces règles n’imposent aucune disposition architecturale ; elles
s’appliquent sur un projet déjà défini qui peut, a priori, être mal conçu du point de vue
parasismique. Ce cas est d’ailleurs assez fréquent, alors même que la conception des
ouvrages joue un rôle déterminant dans leur résistance aux séismes.
Seule la notion de « régularité de la structure » est prise en considération au
travers d’un coefficient minorant le coefficient q.
Nous allons voir dans la 2° partie de ce volume comment, en tenant compte des concepts
physiques que nous avons précisés, une bonne conception peut garantir les objectifs de
sécurité plus sûrement que le simple calcul réglementaire.
Elle permet également de minimiser le niveau d’endommagement sans accroître le coût de
la construction.
9.1. Généralités
Ce chapitre traite des choix architecturaux qui doivent nous alerter. Non qu’ils impliquent
nécessairement un mauvais comportement du bâtiment sous séisme, mais que les choix
relatifs à la nature et aux dispositions du système constructif devront en tenir compte pour
les compenser et éviter ce mauvais comportement possible.
Construire parasismique ne signifie pas appauvrir l’architecture, mais détecter
les partis architecturaux susceptibles d’agir de façon préjudiciable sur la
localisation des masses et des rigidités, afin de les prendre en charge par des
choix pertinents au niveau de la conception de la structure elle-même.
La nécessaire ductilité, complément des bonnes dispositions relatives aux masses et aux
rigidités, sera apportée d’une part par la bonne mise en œuvre des matériaux (voir volume
3 de ce cours) et d’autre part par le « dimensionnement en capacité » de la structure (voir
chapitre suivant)
Ainsi, le bâtiment projeté doit être analysé, de l’esquisse au projet, selon les
critères de :
- sa forme globale,
- son système porteur et son mode de contreventement en fonction du choix des
matériaux de structure.
la forme et la constitution de ses différents éléments constructifs
9.2.1. Généralités
La forme globale du bâtiment (ses volumes et leurs localisations respectives) doit être
analysée en plan et en élévation selon les critères précités de non-résonance et de
prévention des torsions et des accumulations de contraintes.
Ainsi, en plan comme en élévation il faut veiller à une répartition judicieuse des masses et
des rigidités.
Si un facteur potentiel de ruine ou de désordres exposé ci-après, est présent il faut adopter une des
dispositions suivantes pour en éliminer les effets :
- l’éliminer en modifiant le projet architectural,
- l’éliminer en adoptant une structure régulière et des éléments secondaires légers et découplés créant
l’irrégularité visuelle ou volumétrique recherchée sans effet néfaste pour le comportement dynamique
global.
- séparer le bâtiment en plusieurs blocs réguliers par un ou des joints PS,
- renforcer la structure sur la (les) zone(s) critique(s), sans créer de raideur ponctuelle,
- créer une zone de transition géométrique entre les parties du bâtiment dont le comportement peut être
déphasé, pour répartir les contraintes,
- élever la construction sur des isolateurs qui réduisent considérablement les sollicitations que subit le
bâtiment.
Les principes suivants doivent guider la conception du plan d’ensemble des bâtiments (ou
parties de bâtiment séparées par un joint parasismique) en zone sismique.
- Symétrie selon deux axes
- Simplicité des volumes
- Dimensions limitées et rapports entre les dimensions limités
La symétrie du plan selon deux axes limite le risque de torsion d’ensemble qui affecte les
bâtiments complexes (en T, en L, ou autres) : elle favorise, avec le choix judicieux du parti
constructif, la concordance du centre de gravité et du centre de rigidité. Ce faisant, les
déformations sont suffisamment homogènes sur l’ensemble de la structure pour limiter les
déformations différentielles facteurs d’accumulations de contraintes et de torsion.
On cherchera à éviter les concentrations de contraintes entre deux parties d’ouvrages
ayant des comportements dynamiques différents (déphasage des déformations) et des
déplacements différentiels (amplitude des déformations). En effet, les différences de
rigidités transversales et longitudinales génèrent des oscillations déphasées entre les ailes
d’un bâtiment complexe, ce qui sollicite particulièrement leur zone de jonction (angles
rentrants).
Les bâtiments de grandes dimensions (et lourds) mettent en jeu des forces d’inertie qu’il
faut maîtriser. En outre, les déplacements du sol sous un bâtiment de grandes dimensions
peuvent ne pas être homogènes (oscillations déphasées et tassements de sol différentiels
possibles).
Il faut donc diviser les grands bâtiments par des joints PS calculés. (Voir § 10.2)
Par ailleurs, un trop grand élancement horizontal (rapport L/l en plan élevé) peut
occasionner une perte de rigidité transversale qui augmente la sollicitation en torsion.
Ainsi les bâtiments de grandes dimensions en plan sont susceptibles de subir :
- des tassements différentiels du sol qui peut ne pas être homogène sur toute la surface
d’implantation,
- des accélérations différentielles et des déphasages d’oscillations,
- un « coup de fouet » par accumulation d’énergie dans les extrémités (réflexion des
ondes).
En général, il est préférable que la longueur d’un bâtiment rectangulaire ne soit pas
supérieure à 3 fois sa largeur. Sinon il faudra veiller à ce que la rigidité transversale soit
suffisante (dispositions constructives) ou diviser la construction en plusieurs unités plus
compactes séparées par des joints PS.
Attention : les joints de dilatation ou de rupture, prévus pour les immeubles de grandes
dimensions ne sont pas satisfaisants en région sismique pour recouper les constructions
de grandes dimensions, car ils n’évitent pas l’interaction entre les blocs. Ils ne sont en
général pas vides et leurs dimensions ne sont pas calculées en tenant compte des
déformations sous l’action d’un séisme.
Séisme d’Anchorage 1964 – Document Steinbrugge Karl V. – Les dommages sur ce bâtiment long sans joint
PS sont localisés d’une part aux extrémités (coup de fouet) et d’autre part sur les liaisons entre parties du
bâtiment qui étaient des points faibles, mais ne permettant pas de découpler ces parties comme un joint PS.
9.2.3.1. Généralités
En élévation, les principes suivants doivent être respectés pour optimiser le comportement
dynamique du bâtiment :
- Maîtrise des conséquences de l’élancement
- Symétrie et simplicité des volumes
- Centre de gravité bas
- Variations de rigidités très limitées entre les parties du bâtiment.
Si un facteur potentiel de ruine ou de désordres exposé ci-après, est présent il faut adopter une des
dispositions suivantes pour en éliminer les effets :
- l’éliminer en modifiant le projet architectural,
- l’éliminer en adoptant une structure régulière et des éléments secondaires légers et découplés créant
l’irrégularité visuelle ou volumétrique recherchée sans effet néfaste pour le comportement dynamique
global.
- séparer le bâtiment en plusieurs blocs réguliers par un ou des joints PS,
- renforcer la structure sur la (les) zone(s) critique(s), sans créer de raideur ponctuelle,
- créer une zone de transition géométrique entre les parties du bâtiment dont le comportement peut être
déphasé, pour répartir les contraintes,
- élever la construction sur des isolateurs qui réduisent considérablement les sollicitations que subit le
bâtiment.
Introduction à la dynamique des structures à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 56/108
9.2.3.2. Maîtrise des conséquences de l’élancement
Les bâtiments élancés se comportent comme des consoles verticales sous l’action des
séismes. Ce qui a plusieurs conséquences.
Par effet du moment de renversement, les poteaux périphériques des ossatures subissent
des efforts axiaux alternés qui peuvent être d’autant plus importants que le bâtiment est
élancé. Ce qui, en phase de traction, réduit leur résistance au cisaillement, et en phase de
compression peut élever le niveau de contrainte au-delà de la résistance du matériau.
L’effet P-δ (P-delta) représente la tendance au renversement de la construction. Son
aggravation sollicite particulièrement et de façon croissante les éléments porteurs
périphériques.
δ est le déplacement du centre de gravité issu de la déformation. On retient qu’il doit
rester inférieur ou égal à 1/100 de la hauteur de chaque niveau et 1/250 de la hauteur de
la construction.
P est la masse de la construction.
Par conséquent, plus le centre de gravité (CG) est élevé, plus l’effet P-δ est important.
La maîtrise de la rigidité permet d’optimiser le moment de résistance à l’encastrement.
Par ailleurs, la concordance entre la période propre du sol et celle du bâtiment
peut provoquer une amplification très importante de l’action sismique, au-delà
de celle qui est retenue pour le calcul de la structure. Or, l’élancement de la
construction est un des paramètres de la période propre d’un bâtiment. La mise
en résonance de la structure et du sol par concordance des périodes
d’oscillation est un des principaux facteurs de ruine des structures.
Ainsi, le choix de bâtiments élancés sur des sols meubles (périodes longues) demande des
études et des dispositions constructives permettant d’éviter la concordance des périodes.
(Voir volume 1, « Effet de site à Mexico »). Les bâtiments IGH de période propre élevée se
comportent très bien sur les sols rocheux, dont le signal est riche en hautes fréquences,
car en général ils dé-amplifient les accélérations transmises par le sol.
Le choix de bâtiments trapus sur sols rigides (périodes courtes) doit inciter à des choix
constructifs favorisant davantage de rigidité pour les positionner dans des périodes plus
courtes que celle des sols et leur conférer davantage de résistance. Sinon les isoler pour
viser une période plus longue par découplage (isolateurs).
Séisme d’Adana, 1998 – Document P. Balandier - Illustrations de la mauvaise maîtrise de l’élancement d’une
structure. Un minaret à Abdioglu (Turquie). De nombreux minarets, mis en résonance avec le sol (T environ
0,7s) se sont effondrés, sur celui-ci qui a résisté on observe la perte de la pointe sommitale par effet de
coup de fouet, et le mécanisme de dislocation amorcé sur la maçonnerie cylindrique de pierre.
Les décrochements en élévation induisent des périodes oscillatoires différentes entre les
parties plus ou moins rigides du bâtiment, qui sont susceptibles de générer des
concentrations de contrainte (cisaillement) à l’endroit de leur jonction en raison des
mouvements opposés dont elles peuvent faire l’objet.
Ainsi, il est préférable de concevoir des structures avec un retrait progressif si on doit
réduire les surfaces dans les étages, et veiller à ce que la descente des charges
d’origine sismique dans la structure soit régulière.
Les consoles horizontales de grandes dimensions et/ou une masse élevée sont très
sollicitées par l’action des charges verticales alternées qui occasionnent d’importantes
concentrations de contraintes au droit des ancrages. Aussi il est préférable d’opter pour
des loggias plutôt que pour des balcons, et de concevoir des porches éventuellement
dissociés de la structure par les joints parasismiques plutôt que des auvents lourds en
console.
Pour une hauteur de bâtiment donnée (en veillant à ce que Tsol soit différente de Tbat) il
convient de réduire la réponse en haut du bâtiment (déplacements maximum). A ce
titre, il est intéressant de concevoir et équiper le bâtiment de façon à abaisser le centre
de gravité (réduction des masses vers le haut de la structure).
Introduction à la dynamique des structures à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 59/108
Cette stratégie permet de réduire le moment de renversement du bâtiment qui dépend
des masses et de la hauteur qui sépare le centre de gravité du niveau d’encastrement
(en général le niveau du sol). L’importance de ce moment de renversement
conditionnera les sollicitations dans les éléments porteurs (traction et compression
alternées sous l’effet de la flexion globale)
A ce titre, la présence de sous-sols rigides dans les sols meubles (surtout si leur masse
est plus importante que celle de la superstructure), l’utilisation de l’acier pour les IGH,
le positionnement des équipements lourds dans les étages inférieurs sont favorables.
En cas de masse élevée en partie supérieure (terrasses plantées par exemple) il est
préférable d’opter pour une structure lourde, très rigide et hyperstatique (voiles plutôt
que poteaux par exemple).
Deux châteaux d’eau. L’un d’entre eux s’est effondré. Ce type de construction dont le centre de gravité
est élevé ne supporte aucune erreur de conception ni de construction.
9.3.1. Généralités
Les différents espaces à concevoir dans un même bâtiment peuvent être de dimensions
très variables. Si c’est le cas, il convient de prendre des dispositions constructives pour :
- Veiller à ce que la cohabitation de grands et petits volumes ne s’accompagne pas de
variations importantes de rigidité. Dans ce cas, mise en œuvre de dispositions
constructives compensatrices pour rigidité équivalente des grands volumes et des
petits
- En cas de planchers partiels, type mezzanines attention aux poteaux courts :
adopter des dispositions compensatrices ou découpler
San Francisco – Document NISEE – Renforcement préventif par raidissage d’un niveau trop souple, car
plus élancé d’un immeuble en portiques croisés.
Les différents espaces à concevoir dans un même bâtiment peuvent être de dimensions
très variables. Si c’est le cas, il convient de prendre des dispositions constructives pour :
- Avoir une structure contreventée par voiles plutôt que par portiques résistants (pour
éviter les concentrations de contraintes dans quelques poteaux bridés par les
planchers décalés.
- Veiller à ce que la création de grands volumes ne s’accompagne pas de variations
importantes de rigidité. Dans ce cas, mise en œuvre de dispositions constructives
compensatrices pour rigidité équivalente des grands volumes et des petits (voir
figure ci-dessus)
En cas de planchers partiels, type mezzanines éviter les poteaux courts : adopter des
dispositions constructives compensatrices pour équilibrer les raideurs ou découpler les
planchers décalés par des porteurs spécifiques.
9.4.1. Généralités
Chaque élément constructif et les liaisons entre les éléments doivent être conçus de
façon à assurer un bon comportement de l’ensemble de la construction. La plupart des
éléments constructifs devront résister sans dommage à l’action sismique. Cependant on
pourra rechercher pour certains d’entre eux la plastification, voire la rupture pour
préserver l’ensemble. Pour ces mêmes raisons stratégiques on pourra opter pour des
liaisons entre éléments fixes et pérennes, ductiles, mobiles, voire fragiles.
Les angles des bâtiments sont à la jonction de parois dont les sens de grande inertie
sont perpendiculaires ayant donc des comportements différentiels et sont donc très
sollicités par l’action sismique.
- Le cisaillement généré par la flexion alternée des murs sollicite très fortement les
angles. (Les directions de grande et petite inertie des murs perpendiculaires sont
inverses)
- Les angles, par définition éloignés du centre du bâtiment subissent en principe les
déformations les plus importantes. Ce phénomène, bien que plus localisé, est
aggravé en cas de torsion d’axe vertical.
En conséquence, il convient de :
- Renforcer constructivement les angles (chaînage des
maçonneries, renforcement des voiles…) pour leur
apporter de la raideur (limiter les déformations) et de la
résistance mécanique.
- Eviter les angles en porte à faux (cumul du problème
en 3D)
- Eviter les ouvertures proches des angles (PSMI :
Trumeaux forfaitaires minimum de 1.1m sur les angles
pour les maçonneries chaînées)
torsion de cette aile du bâtiment non découplée du reste de la construction par un joint PS.
La position excentrée de ces poteaux qui constituait un élément fort de l’architecture (à gauche un
poteau peu dégradé) a généré des descentes de charge complexes aggravées par la présence d’allège
lourdes bridant les poteaux. Ce choix de « détail » architectural a entraîné la ruine de l’édifice
Sur les bâtiments contreventés seulement par « effet de portique résistant », les
éléments constructifs susceptibles de brider quelques poteaux peuvent provoquer des
dommages graves localisés, se propageant éventuellement jusqu’à la ruine. Ainsi les
allèges lourdes non découplées de l’ossature par des joints résilients sont-elles à
l’origine de dommages graves.
- Séisme de Tokachi Oki, 1968 – Les allèges rigides ont bridé le poteau. Problème d’accumulation de
charges sur un porteur plus raide que les autres, et pas pour autant plus résistant.
- Document V. Davidovici « La construction en zone sismique ». On observe sur cette représentation
schématique que le poteau de gauche bridé par une seule allège et pouvant se déformer librement dans
une direction n’a qu’une seule fissure.
Observer le principe « poteau fort – poutre faible » pour les structures (sauf bois :
dissipation dans les assemblages) : les rotules plastiques, voire la rupture, ne doivent
pas se former dans les éléments porteurs, ni dans les nœuds. Ainsi, en amont du calcul
de la structure, il convient d’éviter les mauvaises dispositions géométriques qui seront
difficiles à compenser par la technique.
Document NISEE – USA - Outre les problèmes de mise en œuvre non ductile du béton armé, ce bâtiment
dont les poutres sont dimensionnées plus largement que les poteaux, a eu un comportement à éviter
absolument sous séisme : la rupture des têtes de poteaux qui aurait entraîné la ruine totale pour un
séisme plus violent
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Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 68/108
9.4.7. Question des consoles
Les oscillations verticales sollicitent tout particulièrement les consoles dont il convient
de limiter le porte à faux et le poids. En zone sismique, les consoles de B-A doivent être
armées pour résister aux efforts alternés (N-B : les PS-MI forfaitaires autorisent les
balcons sous réserve d’une portée inférieure à 1.20 m et avec charge à l’extrémité
inférieure à 200 kg/ml)
En général , préférer les loggias aux balcons.
La conception des consoles en zone sismique doit tenir compte du fait qu’elles sont susceptibles de
subir des efforts verticaux alternés.
Si des parties d’ouvrage pouvant osciller en opposition de phase doivent être reliées
entre elles, les liaisons doivent permettre le déplacement libre en 3D.
Les passerelles, comme les ouvrages d’art, doivent être posées sur appuis glissants.
- A gauche, Séisme de Kobé – Document NGCD – Il n’est pas exclu d’avoir des éléments de transition
entre deux ouvrages. Ils doivent impérativement permettre tout déplacement relatif dans les 3 D.
- A droite, Palais de justice de Grenoble – Document P. Balandier – Passerelle entre deux parties de la
construction sur appuis glissants permettant la translation (différentiel de déplacement longitudinal)
par liaison boulonnée sur trous oblongs. Les déplacements différentiels transversaux sont autorisés
par l’autre extrémité de la passerelle.
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9.4.9. Problématique des cages d’escalier
Une cage d’escalier peut être considérée comme un « incident » dans la régularité
recherchée, verticalement et horizontalement, de la structure. Il convient d’être attentif
aux considérations suivantes.
Une cage d’escaliers entourée de voiles a un comportement de noyau rigide entraînant
des concentrations de contraintes. Il convient d’adopter à un positionnement favorisant
CR=CG pour ne pas favoriser les torsions d’ensemble.
- Néanmoins, il faut éviter absolument la liaison rigide des volées et des paliers sur les
poteaux porteurs. Les poteaux sont bridés à des niveaux variables, ce qui crée des
rigidités locales et favorise le cisaillement des poteaux.
- On peut éventuellement découpler la cage d’escalier de l’ossature pour éviter les
effets de poteaux courts, reste le problème d’autostabilité de la cage (intérieure ou
extérieure) et de la jonction aux circulations par des seuils coulissants.
- Les trémies attenantes à une façade ou à un angle affaiblissent le diaphragme (voir
§ 12) dont les percements doivent répondre aux mêmes exigences de
dimensionnement et de localisation que les panneaux verticaux de contreventement.
- La ruine des maçonneries et éléments secondaires est de nature à obstruer les
escaliers après le séisme (Problématique de l’évacuation des locaux).
De façon générale, la cage d’escaliers doit être conçue de façon à ne pas accroître la
vulnérabilité de la structure et pour être encore opérationnelle à l’issue du séisme,
même si des plastifications sont admises par ailleurs.
Par ailleurs, il convient de concevoir des circulations claires et lisibles avec doublement
des issues sur des façades distinctes, pour une éventuelle facilitation d’évacuation.
- A gauche, Séisme de Managua, 1972 – Document NISEE – Un escalier doit rester un cheminement
sûr pour l’évacuation des locaux après un séisme.
- A droite, Séisme d’El Asnam, 1980 – Document NISEE – Rupture fragile d’un poteau au niveau de la
contrainte exercée par le palier intermédiaire d’un escalier (entre autres dommages).
10.1. Généralités
Avant de détailler les conditions du bon comportement dynamique d’une structure (§ 11
et 12 de ce volume) et les conditions de mise en œuvre des matériaux en zone
sismique (volume 3 de ce cours), il faut envisager les différents dispositifs destinés à
agir sur la réponse de la structure en en découplant les parties ou en sur-amortissant sa
réponse. On les utilise pour éliminer une partie ou l’ensemble des problèmes
dynamiques possibles sans avoir à changer fondamentalement des choix architecturaux
qui, au regard de ce qui a été vu au chapitre précédent, laissent présager un possible
mauvais comportement sous séisme.
On peut également amortir l’énergie présente dans la structure de façon beaucoup plus
importante que par le comportement anélastique des matériaux qui la constitue, et sans
arriver à la formation de rotules plastiques (dommages irréversibles) en disposant des
amortisseurs qui utilisent les déplacements différentiels entre les parties d’ouvrage
qu’ils relient si ceux-ci sont suffisamment importants.
Ainsi, sous réserve que la structure soit suffisamment déformable elle-même, ou pour
limiter l’amplitude des déformations des appuis parasismiques, on peut disposer des
appareils amortisseurs utilisant différents procédés de dissipation d’énergie.
Nota : En raison de la largeur des joints qui serait nécessaire entre les différentes parties d’un IGH
complexe (déformations importantes), la conception des bâtiments élevés doit nécessairement respecter
les principes de forme et de parti constructif permettant une bonne maîtrise de leur réaction au séisme.
§ 4.441 :
• Les joints de séparation (joints de dilatation, joints de rupture) doivent assurer l’indépendance
complète des blocs qu’ils délimitent.
• En règle générale, et en dehors du cas des joints de rupture imposés par les contacts de
formations de propriétés géotechniques très différentes (art. 4.31), il n’est pas nécessaire de les
poursuivre en fondation.
§ 4.442 :
• Les joints doivent être soigneusement débarrassés de tout matériau et être protégés
durablement contre l’introduction de corps étrangers susceptibles d’en altérer le
fonctionnement.
§ 4.443 :
• La largeur des joints doit être telle que les blocs qu’ils séparent ne puissent entrer en contact
au cours de leur mouvement. Elle ne peut être inférieure à 4 cm en zones Ia et Ib et à 6 cm en
zones II et III.
10.3.1. Généralités
Il s'agit d'une stratégie de protection différente de celle des règles PS-92 qui ne la
reconnaît pas (contrairement à d’autres codes dont l’EC8).
En effet, les règles PS-92 visent à la sauvegarde des personnes au prix de dommages
structuraux acceptés, qu’ils soient réparables ou non, l’aspect économique pour le
niveau de protection étant considéré de façon probabiliste.
L’isolation parasismique, vise la prévention des dommages sur la structure, les éléments
non structuraux et les équipements, mais son coût peut être dissuasif pour l’économie
de certains projets.
Introduction à la dynamique des structures à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 74/108
Un bâtiment sur isolateurs est donc censé être opérationnel immédiatement après un
séisme. Ce qui peut être une bonne stratégie pour les bâtiments de classe D.
L’expérience montre que dans les pays où des bâtiments sur isolateurs ont subi des
séismes, cet objectif était atteint.
La superstructure doit être suffisamment rigide pour se déplacer sur les appuis comme
un bloc quasi indéformable. C'est ce comportement qui prévient les dommages.
Les appuis parasismiques sont très raides dans le sens vertical (on vise des
déformations en compression négligeables) et très souples dans le sens horizontal (on
vise des déformations au cisaillement très importantes), et sont disposés habituellement
entre l’infrastructure et un diaphragme rigide sous la superstructure. Ils sont localisés
sous les points de descentes de charges (sous les poteaux ou aux extrémités et
intersections des voiles). Le comportement de la structure sous séisme doit être calculé
de façon à ce que les appuis restent à tout moment en compression (quelle que doit
leur conception, ils ne peuvent répondre à un effort en traction).
Donc, en pratique le découplage entre le sol et la structure n'existe que pour les
mouvements horizontaux.
Les appuis parasismiques concentrent l'essentiel des déplacements imposés par le
séisme à la superstructure.
Pour les déplacements horizontaux le bâtiment isolé est « infiniment » rigide par
rapport aux appuis parasismiques qui le supportent de sorte que sa réponse tend à se
limiter à un déplacement de corps rigide en translation. Ainsi, la vitesse et l'accélération
du bâtiment, les forces d'inertie résultant des déplacements relatifs dans la structure
sont très fortement diminués.
Différents types de d’isolateurs parasismiques existent et certains d'entre eux ont déjà
été utilisés notamment en France, Afrique du Sud, Yougoslavie, Etats-Unis et nouvelle
Zélande. Ils peuvent être classés en fonction de leur mode de fonctionnement:
Introduction à la dynamique des structures à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 75/108
Appuis à déformation
Utilisés depuis plus de 40 ans, ces appuis sont réalisés en élastomère fretté (couches
alternées d'élastomère, caoutchouc naturel ou élastomère synthétique (néoprène) et de
plaques métalliques (frettes). Ils sont analogues aux appuis couramment utilisés pour
les ponts. On admet généralement une distorsion de 1 pour ces élastomères. Les
plaques métalliques intermédiaires, assurent la raideur verticale.
Figure 18 - A gauche, exemple d’appui à déformation actuellement fabriqué en France pour le Lycée de
Ducos en 2001 (Martinique). Les frettes d’acier sont protégées par une enveloppe d’élastomère –
Document J. Sainsilly.
Figure 19 -A droite, première génération d’appuis fabriqués en France pour le collège de Lambesc dans
les années 70. Le groupe d’appuis est beaucoup moins élancé, la période visée est vraisemblablement
moins élevée. Les frettes d’acier sont apparentes. Document P. Balandier.
Appuis à glissement
Appuis à roulement
Avantages
Le niveau de protection pouvant être obtenu est très supérieur au niveau exigé par les
règles parasismiques pour les ouvrages à risque normal, puisque la stratégie de
protection n’est pas basée sur l’endommagement de la structure. Les ouvrages restent
normalement opérationnels, même après les séismes violents alors que la résistance
des constructions non isolées peut parfois être précaire. Les dégâts aux éléments non
structuraux et à l'équipement, qui représentent parfois un investissement considérable
(dans le cas des hôpitaux par exemple), sont faibles ou nuls.
Puisque la stratégie est d’avoir une réponse de la structure très faible par le choix
d’une période propre de l’ensemble favorable sur le spectre de réponse du site, la
structure peut être conçue de manière à rester élastique, c’est-à-dire sans déformations
permanentes.
Les appuis restent en principe intacts après un séisme et sont opérationnels vis-à-vis
des nouvelles secousses (répliques par exemple).
Le calcul des bâtiments dont le comportement sous charges est élastique étant bien
maîtrisé, il est plus fiable que celui des constructions habituelles susceptibles de subir
des déformations postélastiques, qui font l'objet d'hypothèses approximatives.
Inconvénients
Tous les ouvrages traversant le plan des appuis (escaliers, tuyauterie,…) ou reliant le
bâtiment avec ses abords immédiats (réseaux, marches extérieures,…) doivent être
conçus de manière à tolérer sans dommages les déplacements relatifs de la
superstructure et des fondations. Ces mesures sont impératives dans le cas des réseaux
de gaz, de protection contre l'incendie et des réseaux contenant des fluides polluants.
Les joints de séparation entre deux bâtiments ou parties de bâtiment sur isolateurs
nécessitent des largeurs importantes en raison des déplacements de chaque bloc,
pouvant atteindre des valeurs décimétriques.
Les transformations ultérieures de la structure, des cloisons, des façades et d'autres
éléments lourds ou rigides ne doivent pas modifier d'une manière significative le
comportement dynamique initial du bâtiment pris en compte pour le dimensionnement
des isolateurs, sous peine d’entraîner des coûts d’adaptation élevés.
Figure 21 - Les déplacements importants possibles entre l’infrastructure et la structure nécessitent des
dispositions particulières sur les éléments non structuraux solidaires des deux parties de la construction,
comme ici une lyre sur les conduites de fluides (ci-dessus) (Document M. Zacek)
Figure 22 - Les escaliers peuvent être, comme ici, suspendus au niveau supérieur et se déplacer
solidairement avec celui-ci, sans couplage avec l’infrastructure. (Document X)
Incidence sur le coût
L'isolation parasismique augmente sensiblement le coût des bâtiments mais elle offre
une protection supérieure à la protection réglementaire des ORN. Toutefois, on peut
sensiblement réduire ce surcoût en optimisant ses différents paramètres : maîtrise du
nombre de points de descentes de charges, maîtrise du nombre de joints PS,
optimisation du nombre et des conditions de mise en œuvre des ouvrages
« traversant ». On doit rapprocher ce surcoût au coût de l’endommagement évité,
Fouille dans le sol préalablement décapé de sa couche superficielle, et mise en place des semelles de
fondation.
Réalisation des armatures et coffrage des massifs supports d’isolateurs avec leurs butées.
Mise en place des poutres préfabriquées. à gauche, protection des isolateurs par un géotextile pour qu’ils
restent désolidarisés du béton du chapiteau (nœud entre les poutres) coulé en place Les tiges d’ancrage,
que l’on voit sur les clichés seront noyées dans le béton des chapiteaux. En cas de nécessité on pourra
« déboulonner » les isolateurs et les retirer après avoir soulevé sur vérins les poutres. A droite calage du
coffrage inférieur du chapiteau (tolérance de l’ordre de 2 mm en hauteur entre deux appuis sur massifs
différents).
A gauche, mise en place délicate à réaliser des armatures du chapiteau à couler en place. A droite un
chapiteau décoffré. On voit l’isolateur et ses butées. N-B : Certains massifs ont deux isolateurs et une
butée, et d’autres deux isolateurs et une butée.
Dans le domaine élastique, l’énergie stockée pour une force donnée est proportionnelle
à la raideur du système et à son déplacement (déformations).
Ainsi, rester dans le domaine élastique (autrement dit « stocker » de l’énergie pour
équilibrer l’action sismique, plutôt que de faire appel aux incursions dans les
déformations post-élastiques pour la « dissiper ») nécessite (ou entraîne) soit des
déformations importantes (structures flexibles), soit des niveaux de contraintes élevés
(structures rigides).
On peut donc utiliser les déformations des structures flexibles, en y associant un
système d’amortisseurs, pour dissiper de l’énergie et réduire des déplacements, tout en
maintenant celles-ci dans le domaine élastique.
Les structures rigides ne conviennent donc pas pour les systèmes d’amortissement.
Dans ce cas, soit on isole la structure, soit on compte sur la plastification et
l’amortissement interne à la matière, au prix de dégâts, pour dissiper de l’énergie.
On calcule les amortisseurs en fonction de la réponse recherchée pour l’ensemble :
- Structure + isolation + amortisseurs
- Structure + amortisseurs
Fonctionnent par extrusion d’un matériau plus ou moins visqueux entre les chambres
d’un piston. Ils peuvent être associés à un système d’isolation ou de contreventement.
Les amortisseurs visqueux peuvent être précontraints pour ne pas déclencher aux vents
violents (forces statiques) et ne déclencher qu’à partir d’une accélération donnée de la
structure.
Figure 24 - Exemple d’amortisseur visqueux fabriqué en France par le Sté Jarret. (Document J.
Sainsilly.)
Figure 25 – Exemple schématique d’implantation d’amortisseurs entre deux points d’une structure
flexible pouvant avoir des déplacements différentiels importants. – (Document Société Jarret)
a0
a1
T
Figure 26 - Spectre de réponse amorti – (Document Sté Jarret)
Introduction à la dynamique des structures à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 84/108
Figure 27 - Amortisseur à piston - Document Jarret – Le principe est le même que pour des
amortisseurs de véhicules. Les forces et les réponses attendues pour un bâtiment sous séisme et au vent
étant différentes, les fluides visqueux utilisés ont des comportements appropriés et les amortisseurs sont
précontraints. (Document Sté Jarret)
Séisme
Figure 29 - Déformation des isolateurs dont l’amplitude est limitée par l’amortisseur fixé entre le massif
de soubassement qui se déplace avec le sol et une poutre de fixation à la superstructure – Document P.
Sorel)
11.1. Généralités
Penser que toute structure « calculée » selon les règles PS-92 satisfait au besoin de
sécurité et de non-effondrement amène bien des concepteurs et des BET exerçant en
zone de sismicité élevée à dire « Faisons le projet d’architecture, puis le
dimensionnement de la structure dans le respect des résultats du calcul modal spectral
en vigueur pour les ORN garantira sa tenue au séisme ».
Un tel raccourci traduirait-il une méconnaissance des limites de l’arbitrage
réglementaire des PS-92 au regard de la réalité de l’action sismique ?
- Une force statique « équivalente au séisme » calculée en utilisant des spectres
de réponse réglementaires susceptibles « de passer à côté » d’un problème
d’amplification élevée par résonance est-elle suffisamment représentative de la
réalité des déformations induites sur la structure par une action dynamique
aléatoire et de la fatigue des matériaux sous l’effet des agressions répétées d’un
séisme majeur ?
- Quant-à la ductilité « réglementaire » accordée par le coefficient q qui autorise, à
juste titre, de réduire l’action sismique de calcul en fonction du type de structure,
ne risque-t-il pas d’être surestimé si la conception même de cette structure
génère des accumulations de contraintes localisées et la rupture fragile de
proche en proche qui s’ensuit ?
On ne peut pas pour autant complexifier davantage la réglementation, dont la simple
application actuelle n’est pas toujours acquise dans tous ses aspects, du
dimensionnement à l’exécution.
La solution consiste certainement à opérer des choix lors de la conception des
structures, qui leur confèrent une « réserve de résistance ». Cette « réserve de
résistance » viendra d’une conception « saine » de la structure, conception qui vise une
maîtrise de la réponse du bâtiment aux secousses. (N-B : La mise en œuvre de chaque
système constructif viendra abonder les dispositions générales exposées dans le présent
chapitre. Voir volume 3 pour la mise en œuvre)
Aussi, après avoir analysé l’esquisse architecturale, nous allons reprendre la lecture de
la structure en voyant en quoi sa conception définitive permet ou non une « bonne »
réponse à l’action sismique.
2
Sans accumulation de contraintes localisées.
Introduction à la dynamique des structures à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 87/108
11.2. Adéquation du système constructif à la nature du projet
Les critères à évaluer avant d’arrêter le choix et les caractéristiques d’une structure en
zone sismique vont dans le même sens que des concepts qui ont été abordés pour les
choix architecturaux au § 9.
Ainsi :
- Les choix judicieux relatifs au système constructif devront, le cas échéant,
compenser les problèmes non résolus des choix architecturaux. Une
architecture apparemment irrégulière devra avoir une structure régulière dans
l’implantation de ses raideurs et ses masses, c’est à dire des remplissages légers
à la place de murs porteurs ou remplissages raides, là où il ne faut pas créer de
raideurs ou de masses ponctuelles et/ou excentrées.
- Par ailleurs, il conviendra de veiller à ce qu’une architecture en apparence
régulière ne soit pas rendue vulnérable par une irrégularité dans les choix de
structure.
- Il conviendra de prêter la plus grande attention aux éléments non structuraux
(cloisons lourdes d’inertie non négligeable dans leur plan), allèges sur ossatures,
masses importantes, etc.) susceptibles de modifier le comportement prévu de la
structure.
- La dissipativité, quels que soient les moyens de l’obtenir (amortissement
anélastique, pose d’amortisseurs, incursions dans le domaine post-élastique)
devra être « raisonnée » en amont de l’application forfaitaire du coefficient q des
règles PS-92.
Toutefois, la nature du projet, indépendamment du problème sismique, est une des composantes du
choix définitif d’une structure, mais celui-ci ne peut être fait que sur des critères d’optimisation de la
réponse dynamique.
- A Gauche Kobé 1995 - Document NISEE-USA - La réponse de cet ouvrage d’art, plus élevée que celle
pour laquelle il avait été calculé et mis en œuvre, n’aurait sans doute pas entraîné sa ruine totale, si sa
conception avait été hyperstatique plutôt qu’isostatique.
- A droite, Ceyhan (Séisme d’Adana 1998) – Document P. Balandier pour AFPS - Malgré la destruction
« en compression » des poteaux de sa façade sur rue (Hall d’entrée), la redondance des descentes de
charges possibles par des éléments plus résistants sur l’arrière de la construction a sauvé cet immeuble
de la ruine totale.
3
Avec N, le nombre d’étages, H, la hauteur de la couche de sol et Vs la vitesse des ondes de cisaillement du type de
sol (voir volume 1 de ce cours)
Introduction à la dynamique des structures à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 94/108
11.9. Recherche de dissipativité
La dissipation d’énergie dans la structure et dans les éléments secondaires (par
plastification, rupture d’éléments fusibles, frottements, pose d’amortisseurs…) est un
comportement qui doit être recherché pour préserver la structure.
Encore faut-il qu’il ne s’agisse pas que de l’application du coefficient q « auquel le type
de structure donne droit », mais que :
- Les caractéristiques de la structure permettent une maîtrise raisonnée du lieu de
formation des rotules plastiques et de leur nombre possible avant la perte de
stabilité (hypersaticité),
- Les liaisons dissipatrices s’il y a lieu, ne perdent pas leur résistance mécanique,
- Les ruptures fragiles acceptées dans les éléments secondaires n’aient pas
d’effets secondaires néfastes,
- Etc.
Séisme d’Izmit, 1999 – Document EERI – Ruine d’une ossature avec remplissage de maçonnerie.
Autres exemples
En général il convient de vérifier systématiquement les compatibilités de déformation.
Illustrations :
Etc.
Nature de l’ouvrage
Les exigences de performances sont plus ou moins importantes selon qu’un risque
normal ou d’un risque spécial doit être envisagé. Au-delà de la stricte application
réglementaire, l’incidence économique fait partie des critères d’arbitrage.
- Dans le premier cas, risque normal, les stratégies de dissipativité permettent
d’appliquer un coefficient minorant au calcul de la structure, et des économies.
- Dans ce second cas, les déformations post-élastiques ne sont pas admises (soit
hyper rigidité, soit appuis parasismiques, ce qui est en général moins cher et
préserve les équipements).
Zone sismique
Plus l’aléa est élevé, plus les exigences de bon comportement dynamique doivent l’être.
Ils doivent l’être au-delà de la simple application de l’accélération nominale de calcul
réglementaire qui va avec la zone.
11.14. Conclusion ?
Ce volume consacré à la conception n’a pu que sensibiliser à la lecture des points
auxquels il faut être vigilent lors de la conception d’une structure. Le projet, dans sa
complexité, doit les arbitrer par des choix judicieux.
Le chapitre suivant qui fait le point sur les principes du contreventement d’une
construction, et le volume 3 consacré à la mise en œuvre en zone sismique en
donneront des applications plus concrètes.
S’il fallait faire une pré-conclusion, on pourrait dire que « construire parasismique » est
tout sauf une liste de recettes toutes faites à appliquer.
Chaque projet sur son site est unique. Il faut le penser non pas en termes de
« solidité », mais de dynamique. Comprendre comment le site va filtrer le
séisme de référence, et comment le bâtiment peut répondre à cette action
locale en fonction de sa conception, et lui éviter les configurations
défavorables sur ce site là et pour ce programme là.
Si cette condition est remplie, le dimensionnement suffisant et la mise en
œuvre ductile ne sont plus que des « formalités ».
12.1.1. Principes
Pendant un séisme, une construction reçoit des charges horizontales qui, comme les
charges verticales, doivent être transmises jusqu’au sol d’assise de la construction par
les éléments résistants (travaillant en flexion ou en cisaillement).
Séisme de Kalamata – Document x - Ce type de ruine par empilement des dalles est typique d’une
absence de contreventement vertical.
Par conséquence :
12.2.1. En plan
On doit trouver un diaphragme (contreventé dans son plan) à chaque plancher et dans
les plans de toiture. Rappelons qu’il doit transmettre équitablement l’action horizontale
du séisme aux palées de stabilité (ne pas confondre palées et porteurs en statique)
Introduction à la dynamique des structures à l’usage des architectes et ingénieurs
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 104/108
12.2.2. En élévation
En plan : sachant que ce sont les palées les plus rigides qui conditionnent la
cinématique de la structure, il faut savoir que ce n’est qu’après leur rupture que des
palées plus flexibles reprendraient les charges sismiques. On peut envisager ce
scénario, par exemple voiles plus portiques croisés, pour raidir une ossature à portiques
et bénéficier de la chute de contraintes lors d’un éventuel endommagement des voiles,
mais la disposition des palées les plus rigides ne doit en aucun cas favoriser la torsion
d’ensemble de la structure.
En élévation : nous avons vu que les hétérogénéités de raideurs entre niveaux doivent
rester très faibles pour ne pas avoir de modes d’oscillation complexes générant des
accumulations de contraintes.
Les palées de stabilité courbes (réponse au parti architectural), doivent constituer une
coque rigide (pas de maçonnerie).
Les types de palées suivants sont les plus rigides (chacun pour un système constructif
cohérent dans le choix de ses matériaux et de leur mise en œuvre.
- Maçonnerie confinée
- Voiles de béton ou béton armé
- Panneaux de bois massif
- Panneaux de bois contreplaqué
Les travées triangulées sont des systèmes de contreventement assez rigides. Elles
peuvent être constituées de :
- Tirants en diagonale (ne travaillent pas en compression, fatiguent sous les efforts
alternés et dissipent très peu d’énergie)
- Barres en diagonale, en V, en X ou autres (attention à la création de tronçons
courts)
- Haubanage
Chantier du palais de justice de Grenoble. Document P. Balandier - Le parti constructif de cette ossature
d’acier a été de contreventer par des barres le noyau des cages d’escalier et d’ascenseurs (situé de façon
symétrique en plan) et les extrémités du bâtiment. Contrairement aux tirants des croix de St André ci-
dessus, les sections sont susceptibles de travailler en compression. Leur éventuelle plastification est
« maîtrisée » par la localisation préférentielle des possibles rotules plastiques aux extrémités des barres.
Autre mode de contreventement triangulé par barres d’une ossature d’acier. Leur disposition en V inversé
permet de ne pas exercer de poussée dans le nœud d’ossature pendant la phase de compression. Il est
en effet préférable en cas de sollicitation importante de provoquer la plastification au milieu de la poutre
plutôt que la formation d’une articulation dans le nœud qui doit rester un encastrement.
Les portiques sont rigides dans leurs nœuds, mais flexibles dans leurs éléments. Un
portique bien conçu et dimensionné est une palée de stabilité. Dans ce cas là on va
considérer que toutes les travées de toutes les files doivent avoir la même raideur dans
un sens donné, pour ne pas créer de point dur. Les ossatures à portiques croisés sont
donc en principe autostables. Mais elles autorisent des déformations importantes. Aussi
il est fréquent de leur associer des éléments de contreventement pour leur donner un
comportement plus rigide de façon plus économique qu’en augmentant la section des
poteaux. On choisira les palées rendues ainsi plus rigides de façon à ce que leur
implantation ne génère pas de torsion d’ensemble.
Les arcs (lamellé-collé, acier) sont rigides dans leur plan. Il est nécessaire de les
articuler afin qu’ils puissent supporter les tassements de sol différentiels éventuels.
Elles doivent être en nombre suffisant et disposées pour résister aux efforts de flexion
et de torsion (couple). C’est à dire qu’elles doivent être disposées de façon à assurer la
même rigidité dans les deux directions :
- mais non concourantes pour éviter les torsions d’axe vertical,
- à tous les étages (pas de niveau flexible),
- de préférence périphériques (long bras de levier depuis le centre de rigidité), et
symétriques (CR=CG),
- de préférence sur les angles si l’ensemble des façades ne peut participer au
contreventement,
- éventuellement par noyaux, disposés de façon à ce que CR=CG
- suffisamment larges pour offrir la meilleure résistance à la flexion, au cisaillement et
à l’arrachement.
Si les diaphragmes sont rigides il suffit en principe de trois palées par niveau : une dans
chaque direction (translation), plus une pour créer un couple s’opposant à la rotation).
Redondance souhaitable.
Si les diaphragmes sont flexibles il faut au moins une palée par file dans chaque
direction et à tous les étages.
La disposition des palées doit conférer à chaque niveau une rigidité comparable
(translation et torsion) : homogénéité en nombre, en nature et en localisation.
Eventuellement une rigidité croissante vers le bas (sans variation d’étage à étage
supérieure à 20%).
Idéal :
- superposer les palées de stabilité pour constituer des consoles verticales
suffisamment larges, avec un avantage à les disposer dans les angles du bâtiment
- favoriser l’existence de bielles de compression à l’échelle des façades.
Impératif :
- tous les niveaux contreventés (pas de niveau flexible).