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Gestion des ressources humaines >ATRIATION secor : An American Expat’ in Paris ‘Dana Santistevan ‘Eien Rozay En eraversanc 'Avenue de Villers en route pour son appartement, Dan Stansen, V'expa- sé américain, se mit A repenser aux quatre derniers mois passés dans Sysecor, une PME Eeangaise basée 3 Paris. Avant son licenciement, Dan avait été expert dans Ia prise en char- ‘e des portefeuiles de clients aux Exats-Unis. Aujourd’hui, il était chargé de développet le arché américain dans cette enteprse frangaise en pleine expansion dans le secteur des Logiciels informatiques. C'était son premier travail & Granger et ' Américain découvrait ‘an monde bien différent. Dan parlaitrelativement bien frangais, et il se demandait done pourquoi les relations avec ses collegues frangaisavaient été si compliquées ces derniers ‘mois, et méme avant son arrivée dans lentreprise ‘Quand Philippe Dupont, son futur responsable, l'avait appelé en Californie pour lui proposer le poste, Dan avait immédiacement accepté. Pourtant, quand son futur chef Ivi Sait suggéré de commencer le travail le 1” Octobre, cesti-dire pres de 3 mois aprés leur ‘conversation, cette période d'inactvité lui avait paru bien longue. Quand vous étes habi tué 3 étre dans le systéme, il suffie de quelques semaines pour ne plus étre dans le coup. Mais Philippe avait insisté: « Vous aurez besoin de temps pour déménager et pour tout prise courne au ralenti pendant rout le mois d'aott ». Dan avait went bizat- préparer. Et puis Ventre pensé : « Quoi ? Une enteeprise qui ralentic juste avant la rencrée 2? C’ese vr feu. Clest une des pétiodes les plus chargées dans notre domaine! .. Jamais entendu ‘quelque chose de parel!». Mais, au final, Dan était ravi d’obtenie ce traval et d'avoir un peu de temps pour s'y préparer. Casse-téte administeatif Dés le lendemain, Dan avait contacté le Consulat francais a Los Angeles pour connaitre les démarches A suivee pour l'obrention de son visa long séjour. C'est [a qu'il avait appris, qu'un contrat de travail agrée par le Département du Travail devair d'abord lui éte fourni Tin que le Consulac pusse lui deliver son visa long séjour. Ces démarches administatives ddevaient dere impérativemenc accomplies avant son déparc pour la France ; il comprenait donc maintenant pourquoi Philippe lui avait donné autant de temps pour se préparer. Dan fic le nécessaire puis attendie patiemment jusqu’a la fin du mois de juin pensant dui fllaic du temps & Venteeprise pour régler ces questions administratives. Mais ri- juille, ayane aucune nouvelle ni de Pentreprise, ni du consulat il finit par se résoudre & ppeler ce dernier. On lui expliqua que son dossier et son passeport étaient bien arrivés mais que son entteprise ne leur avait toujours pas fait parvenir les papiers nécessaires. Américain, seessé par cette nouvelle, appela Philippe, qui lui confirma que lautorisation avait bien été envoyée au service Ressources Humaines et que celui-ci sten chargerait. « Ces ‘choses-Ik peuvent prendre du temps » lui dil, avane de lui soubaiter de bonnes vacances. eon EMS — Poco oui moan 17 Les premires semaines d’aodc furent agitées avec le déménagement. Dan et sa ferme avaient commence a planifier leur départ pour Paris vers la mi-septembre. Comme le pas- seport de Dan écait encore entre les mains du Consulat francais il décida de leur passer un ‘coup de fil pour connaitre avancée de son dossier. II fut stupéfait d’apprendre qu'aprés {quatre semaines, le Consulat navaie toujours pas resu son contrat et restaic sans nouvelles de son entrepris. II décida de téléphoner 3 nouveau son responsable qui lui garancit que le service RH Soccupait bien de ses papiers. Dan, qui ne souhaitait pas étre catalogue ‘comme « exigeant », demanda trés poliment la possibilité de parler directement & un res ponsable du Service RH. ‘Annie, du service RH, pric immédiatemenc son appel, confirmant sa connaissance du dossier, ce qui soulagea Dan, mais pour un court instant seulement ! Elle commenca par lui expliquer que tout avait écé pris en main. « Vous en étesstire ? » demanda-til d'un com peu rasuré en expliquant les échangesteéphoniques qu'il avai eu avec le consulat. «Abs bbon ?» répondit Annie sans surprise. Elle avait pas semblé tes inquire. « Je vais voir ce que je peux faire» avaivelle dit dun ron détaché. Dan commengait & perdre patience... ‘Meme si les documents étaient envoyés le jour méme, il ait impossible de récupérer som passeport & temps pour partir comme prévu, Il tenta d'expliquer cela & Annie mais sex Emotions semblaient altérer sa capacité& sexprimer clairement dans une langue étrangtr= A Pautre bout du fil, son interlocutrice ravait pas Tair de faire beaucoup d'effore pose comprendesa situation et elle ne lui donna aucune autre réponse. Dan raccrocha le com bing, toralement bouleversé. Aucune explication, ni excuse rlavait éxé offerte pour le retard. Rien! Pourquoi est-ce que cette encreprise était si mal organisée ? Heureusemene quil eu la présence d'espric de téléphoner, sinon ot en serail aujourd’ hui ? Dan avai: bien compris qu'il devrait désormais 'acerocher pour faire avancer les choses lant prés d’an mois il avait dé régulitrement rappeler le service pour sassurer du suivi de son dossier. Il n’avaie jamais trop compris d'ob venait le probléme mais finaleme tout rencra dans ordre fin octobre. Contearié et frustr il se résigna done partir pls aque prévu. Ce qui le génait encore davantage cérait d'arriver si tard pour prendre ses m veles fonctions. II savaic que dans son domaine il éaitessentiel d'éce visible et réaca™ quatre mois d'inactivité avait éxé une véritable perte de temps ! Américain ne cessaic se demander « comment est-ce que les gens arrivent& travaillerLi-bas 2!» Dan pris officielement ses fonctions le 10 novembre. Il avaic regu son passeport aque le visa la premiére semaine de novembre, et avait immeédiatement rejoint sa femme attendait avec impatience. La question de sa carte de séjour avait été un veritable ca téte. Pour pouvoir délivrer une carte de séjour, la préfecture avait besoin d'une adresse Os, afin de pourvoir louer un appartement, Vagence de location avait besoin d'un co bancaire, meis pour cela la banque lui demandaic une adresse et une carte de (Céair un vériable cauchemar administraif. Ce nese qutaprds Pintervention de Sop Future assistance, que les choses se débloguerent. Difficultés managériales Le son des Klaxons le fic sortr de ses pensées et le ramena au présent, dans le aus de son appartement. Les charmants cafés, architecture haussmannienne... tout co paraissuc bien agréable mais rfaénuaic en rien ses soucis au caval. En effet, side de assistante, aussi précieuse furelle, nfavait marqué que le début d'un autre pro us © dlvos EMS ~Photocope oui Gestion des ressources humaines 4 Dan commenca son travail de chargé d'affaires dans sa nouvelle entteprise il fur eu perdu et non par manque de compétence. Effecivement, il écit trés expécimenté “dic engage justement par cete entreprise pour percer le marché international. Non, il « parfaitement gérer des portefuills cients aux Exats-Unis, mais lle rent, Personne ne lui avai dit quelles étaient les procédures habituelles, oii trouver les “Gecuments nécessaires, et personne ne lui avait présenté les membres clés dans la hiérar- “Goi. Il écaic veai que encreprise était dans une période particulitrement chargée et que les scharés étaient occupés avec des dossiers urgents. Cette activité expliquait quil était diffi- ie d'obteni des éponses ses questions. De plus il prit assez vite conscience que les gens sient du mal A comprendre son frangais, ce qui maidait en rien sa communication. Par Seuss, Fenteeprise rfavaic pas de processus d'intégration ni de guide des nouveaux arti- He consulat. « A rants comme cela se faisait aux Etats-Unis. C'est pourquoi il sadressic & Sophie pour «Je vais voirce soutes les questions de congés, assurances complémentaires, d'impdts, ec. Tl se souvenait parfaitement de son premier jour de travail, Il érait arivé cot au bureau, ce qui avait pas 6 une mince aflaire avec le métro, les plans de transpor« ilisbles et la Sule peu sympathique. Son chef Philippe, un homme jovial, 'accuellt res chaleureuse- sent, Ils avaient échangé une poignée de main et Philippe Pavaitinvité & prendre un café. Ts avaiene discuré du déménagement de Dan, de la chaleur estivale de Paris au mois aod, et Dan avait eu Voccasion de rencontrer quelques colltgues qui passaient parla. La Conversation était ts déconcractés, et labordait aucune fagon le vif du sujet comme Dan aura souhaité. De retour au bureau de Philippe, Dan s ait montré alors beaucoup plus direct: « Quel est ron plan d'attague du marché, alors», « Pardon ?» interrogea Philippe tour en réajustant ses lunettes d'un air perplxe. Il avait semblé surpris voire agres- sé par la question e par son approche. Dan s ait ress, réalisne qu'il devait sans doure dure un peu moins direct: « Je veux dire... quels sont les facteurs essentiels de sucets pour ce travail ?», Philippe sagita et un peu maladroitement lui proposa : « Ec si on allait voir votre bureau ? ». Apparemment les questions de ce type n'éraient pas habituelles dans certe entreprise. En fait, ers peu informations étaient échangées de fagon générale. Ex bien {que Philippe était toujours trésamicalet fast des efforts pour répondre & ses questions, il venait rarement le voit. Par conséquent, Dan comptait beaucoup sur son assistante Sophie pour qu'elle lui explique le mode de fonctionnement de entreprise : comment les bases de données clients gvaienc écé claborées ; quels fournisseurs il devait sadresser, etc. Méme aprés une mattr se de plus en plus grande des méthodes de travail Dan continuait de questionner Sophie un compre te lui demandaic son avis pour développer ses compétences elle. Au début, elle avaic Pair ontente de pouvoir 'aider bien quelle fit un peu surprise par ses questions. Fort de son ie, sa expérience en tant que manageur ¢’équipe, il avait d’abord incerprété cet étonnement comme un compliment. Il se disat que son style de management devait ée bien different dde son prédécesseur! Pourtant, peu & peu Sophie semblaie prendre ses distances, ce que Dan ne parvenait pas & comprendee. Pour brisr la glace, Dan fasait encore plus d'effores le quartier pour inclure Sophie dans ses décisions ec lui demandait régulitrement son avis et ses rout cela lui Conseils, Pourtanc, phus il essayait d’inclure Sophie phis elle prenait ses distances. Environ Taide de son tun mois aprés Farrivée de Dan dans I'entreprse, Sophie commenga & prendre des pauses probleme. ‘Ggarette plus longues,& arriver en retard, e elle respecrait de moins en moins les délais. 9 2 cin aos EMS -Potocoie oui aration (Cétait comme si Sophie avait perdu tout respect pour lui, mais Dan ne comprenait abso- Jumene pas comment cela pouvait Sexpliquer. Quand il lui demands si quelque chose n'a it pas elle le fixa d'un air fiché et lui répondic simplement « Non, tout va bien ». Il en ait presque arrivé & appréhender daller au travail et d’avoir a affronter son attitude suf- fisance. Pour une autre raison. Ce matin lt, son responsable Philippe Dupont, qui avait toujours été trés amical avec lui, Pavait critiqué devant les autres char- és d'affaires Sur le coup, Dan avait &é si choqué qu'il avait méme pas su que répondre. Philippe avait expliqué que le travail de Dan état pas trop mal mais qu'il aurait da. uti lise les formats de Ventreprise pour ses rapports et qu'il n/avait pas inclus certaines don- rnées que Philippe pensait trouver. « Pas trop mal ? Pas trop mal ?». Dan était furiewx, il était battu ces derniers mois pour faire face & tous les obstacles afin d’émertre des propo- sitions intelligentes. II métiait presque une médaille ! Mais ce qui froisait particulitre- ‘ment Dan, 'éait le fait que Philippe ait parlé de cela en réunion en présence de l'ensemble des managers. Pire encore, Sophie avait aussi assisté 4 a reunion, Dan artiva enfin asa résidence et se mica gravir les escaliers qui menaient 3 son appar tement du deuxitme étage. Il ait bel et bien coincé dans un monde oit les régles et les Comportements sociaux n'avaient plus de sens. Des amis de sa femme Pavaient prévenu du choc culturel, mais apris tout, ce néraic que la France, quelle grande difference pouvait-il bien y avoir ? Les deux pays avaient des histoites communes depuis la Révolution, jusqu’a ba Seconde guerre mondiale, Non, il en était persuade: il sagissac fi de problemes de per- sonnalités. Sophie était une mauvaise employée ct Philippe érait un hypocrite! C’étaic aussi simple que cela. Il espérait maintenant que sa femme serait li pour pouvoir lui par- ler de ses soucis, Elle aussi avait eu son lot de problémes, mais elle semblaic prendre les choses plus calmement et de fagon plus positive. Peut-étre pourrait-lle Faider & mieux ‘comprendre comment ces quatre derniers mois avaient si mal rournés pour lui. QUESTIONS : 1, Montrer comment les différences culturelles peuvent expliquer les difficuleés que Dan rencontre lors de sa premitre approche de Vorganisation « la francaise ». 2. Expliquer en quoi les tensions entre Dan et Sophie peuvent ére atribuées a des différences culturelles ? 43. Dans quelle mesure les questions lies & la culture ont un impact sur les pro- ‘blames de communication entre Dan et Philippe ? i 4, Quels conscls peut-on donner pour solutionner, voire prévenir, les problémes interculturels renconteés par des expatrids comme Dan ?

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