fce qu'onritque c'est drôle

o S février $ 1.75

L*Notre invitée: MorieMichèle DesRosiers

•Le tourisme russe:
après l'Afghanistan, le Québec ?
•Comment vous faire
inceraux douanes
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SPÉCIAL
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BOA/JOUA TOOT

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VOUS DE M O N B R O N Z A G E ,
C E T T E A N N É E ?»

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CROC
CROC
REDACTION
DIRECTEUR GÉNÉRAL: Jacques Hurtubise
ÉDITEUR Jacques Hurtubise
CROCodKorio!
RÉDACTEUR EN CHEF: Pierre Huet
DIRECTRICE ARTISTIQUE: Mathilde Hébert
ADJOINTE À LA RÉDACTION: Hélène Fleury Au moment où j'écris, il n'a pour ainsi dire pas neigé au
ÉQUIPE DE RÉDACTION: Patrick Beaudin, Québec cette année. Bien sûr, avec les délais d'impression, il
Roch Côté, Normand Daigneault, Jacques
Grisé, Jacques Guay, Pierre Huet, Jacques
doit tomber le blizzard du siècle pendant que vous lisez ceci.
Hurtubise, Serge Langevin, Michel Rivard Pas grave, faites comme s'il n'y avait pas de neige (mais
COLLABORATEURS DESSINS: Bado, Berthio, n'enlevez quand même pas vos pneus d'hiver). Voici donc
Cousineau, Lucie Faniel, Gaboury, Garnotte,
Gité, Réal Godbout, Pierre Huet, Jacques notre cinquième numéro, nous parlons des vacances-voyages.
Hurtubise, Alain Massicot te, MoerelL Terry Pas n'importe lesquelles ; non, celles qui entraînent générale-
Mosher, Tibo
PHOTO: Claire Beaugrand-Champagne, Alain
ment des milliers de Québécois vers les États du Sud. Il paraît
Laforest François Desaulniers d'ailleurs que cet exode massif fera l'objet du prochain roman
COLORISTES: Françoise Barrette, Murielle d'Antonine Maillet, PÉLAGIE-LE-PÉDALO. Passons. Toujours
Blouin
MONTAGE-PHOTO: François Desaulniers, est-il que nous dissimulons notre jalousie, nous qui sommes
Patrick Moerell obligés de rester au Nord, et c'est pourquoi nous déversons
ACTUALITÉ: par Patrick Beaudin, Roch Côté, notre fiel sur tous ces futurs bronzés qui, pour les mois à
Serge Langevin
SCRIPT: Hélène Fleury venir, nous salueront d'un «t'es ben pâle? . L e rire», a dit, je
CROCNIQUES: Roch Côté, Pierre Huet Serge crois, Jean-Paul Sartre, «est le soleil désespéré de ceux qui ne
Langevin, Michel Rivard
DÉCORS: Louis Bourque, François Bouvier,
vont pas à Fort Lauderdale.» Bonne lecture.
Hélène Fleury L a rédaction
CORRESPONDANTS: Vatican: St-Pierre Dero-
me, Washington: Billy Carter, Paris: Félix
Pottin, Varsovie: Polski Ogorki, Moscou: John

Sommaire* 5
Spy, Pékin: Chicken Chow-Mein, Tombouc-
tou: Rodrigue Biron, Port-au-Prince: TiPapa
Tifèchié, Toronto: Byby Sunlife, Drummond-
ville: Mme Alfred Moffette, rue Principale.
CORRESPONDANTS ITINÉRANTS: Shah d'I-
ran, Idi Aminé Dada, Anastasio Somoza, Jean
Bedel Bokassa
ADMINISTRATION
ADMINISTRATEUR: Jacques Hurtubise
Adjointe: Hélène Fleury
ÉMINENCE GRISE: la main de Dieu
PUBLICITÉ: Francine Tardif, 844-3911

CROC est publié p a r L u d c o m Inc., 464 rue St-Jean,

Montréal H2Y 2S1. CROC se vend S1.75 l'exemplaire Les
a b o n n e m e n t s au Q u é b e c et au Canada: $12 p a r an. À
Courrier • 4
l'étranger, S19 par an. Service des abonnements, tel: 844-
3911
Photo-théâtre invitée :
copyright 1979 par Ludcom Inc.
Toute ressemblance avec une personne vivante ou
Marie-Michèle Desrosiers • 5
décédée exception faite des satires de personnages
publics est p u r e m e n t fortuite.
i / Spécial V a c a n c e s - V o y a g e s • 7
1
Le contenu du magazine ne peut être reproduit sans
autorisation écrite.
Michel R i s q u e
Les manuscrits et dessins non-sollicités devront être
a c c o m p a g n é s d'une enveloppe adressée et affranchie G o d b o u t , F o u r n i e r • 28
p o u r assurer leur retour.
Les éditeurs ne se tiennent pas responsables de la perte
Actualité • 31
des manuscrits, des photos ou des illustrations.
P o u r recevoir votre exemplaire régulièrement, veuillez Les dessinateurs à g a g e s
nous prévenir au moins six semaines à l'avance de tout
changement d'adresse et de la date de votre déménage- W h a l l e y • 38
ment, en nous envoyant à la fois votre nouvelle adresse
et l'étiquette apposée s u r la couverture de votre maga- M a r c e l Singe M o e r e l l • 40
zine.
Dépôt légal: Ribliothèque nationale d u Québec, 4e tri- C r o c n i q u e s • 43
mestre 1979.
C o u r r i e r de deuxième classe enregistrement 4887. Port P o r t e Folio D e n i e r s • 46
de retour garanti.
T r a n s p o r t p a r fret B e r t h i o • 49
T Y P O G R A P H I E : Concept Médiatexte Inc.
S É P A R A T I O N D E S C O U L E U R S : Prestolitho Ltée O l g a et les bêtes F a n i e l • 50
I M P R I M E U R : L'Imprimerie Canadienne Gazette Ltée
D M P R I M I P O T E S T : A. K h o m e i n y D a n s la série p a u v r e s r i c h e s
I M P R I M A T U R : C. Ryan
Garrotte • 52
DISTRIBUTION
LES DISTRIBUTEURS ASSOCIÉS, 3600, bouL Le c o m p l o t M o e r e l l , Huet • 56
du Tricentenaire, Pointe-aux-Trembles (514)
645-2278. Le c o i n S o m b r e ZYX • 61
COUVERTURE: Normand Cousineau

février 1980

Pourquoi prenez-vous toujours des
vedettes pour le photo-roman ?
Pourquoi pas du monde ordinaire ?
Jérôme Lemay
J'ai écrasé ma mère en rentrant le
char de mon père dans le garage: la
photo de l'accident est bonne ! Je suis
prêt à en discuter le prix.
Un jeune chômeur
J'ai 86 ans. Je lis CROC tous les mois
mais pour me punir, la directrice de
mon centre d'accueil me le fait man-
ger de force. Pourriez-vous changer
le format et la qualité du papier? Je
fais des ulcères.
Une religieuse retraitée
Pourriez-vous me dire s'il est vrai-
ment nécesaire d'enlever tous ses
vêtements pour suivre des cours de
conduite? Mon instructeur dit que
oui.
Ginette Lagacé
Ste- Agathe
P.S.: La ceinture de sécurité, on met
ça où ?
Cherchons chômeurs qui accepte-
raient de se faire greffer des tumeurs
sur tout le corps pour une étude
sérieuse.
Docteur Lavigueur
Clinique du cancer
Je vis présentement dans une
grange abandonnée dans l'bout de
Grand-Mère, pourriez-vous me dire
pourquoi ?
Un cultivateur
Le père Ambroise est pas plus prê-
tre que moi !
Le père de la Sablonnière
Prenez Trudeau, y passe son temps
dans les discothèques, y s'drogue,
/engueule tout le monde, y dit n'im-
porte quoi, y démissionne, y r'vient,
pis y va même pas à la messe.
Pourquoi c'est toujours les mêmes
qui ont toute le fun ?
C. Ryan
courrier
Avant j'étais pas capable de pogner
des filles. Depuis que je vous lis,
j'arrête pas de pogner des crampes,
pis chu même pu capable de pogner
vos jokes. Pourquoi c'est toujours les
mêmes qui ont toute le fun ?
Un pogné de Gaspé
Mon chum aveugle me dit que
votre édition en braille est quatre fois
plus drôle que l'édition normale.
Pourquoi c'est toujours les mêmes
qui ont toute le fun ?
Un frustré
J'ai échangé ma blonde contre le
premier numéro de votre revue et je
ne le regrette pas.
Un inconditionnel
Moi non plus.
La blonde de l'autre
Qui a dit que les communistes
n'ont pas le sens de l'humour? En
voici une bonne: comment est-ce que
ça prend de membres du PCCML
pour visser une ampoule ? Un pour
visser, trois pour avoir une ligne
révisionniste ! Ah ! Ah ! Ah !
Un sympathisant de
la LIGUE(M.L)
Comment ça, la fin du monde est
proche ? Si vous restiez ici, vous sau-
riez que c'est déjà passé.
Le maire de Drummondville
J'ai trouvé un timbre. Je sais pas
c'est à qui. Fa que je vous l'envoie.
Y'est sur l'enveloppe.
Un honnête homme
Val David
Vous pensez que chu platte ? Ben
chu platte ! Même moi je vais à Mont-
réal le samedi soir.
La ville de Drummondville
Je suis un père adoptif de 6 petits
vietnamiens que j'ai été chercher à
Saigon en 75. Asteure qui sont plus
gras qu'avant, devrions-nous les lais-
ser sortir de leurs cages ? Auront-ils
quand même des idées communis-
tes?
Un professeur de zoogep
Si vous publiez cette lettre, je me
tue.
N.D.L.R.: Byyyye !
Qu'est-ce qui est vert, a 23 pattes,
bave, a 8 yeux, 3 antennes et qui
siffle ? Répondez-moi vite parce que
j'en ai un dans le cou !
O. Jones, Missisauga
J'ai une bonne idée. Pour pas que
l'hymne national se fasse huer quand
il est chanté en français dans les
provinces de l'Ouest, faites-le chanter
par Serge Fiori. Y'a personne qui va
comprendre un Kriss de mot.
Une lectrice
J'en ai assez de vos farces plattes
sur Drummondville. D'abord, per-
sonne sait où c'est Drummondville,
pis j'pense que ça existe même pas.
Un lecteur de Montréal
Il ne me reste que six mois à vivre.
J'peux-tu prendre un demi-abonne-
ment ?
X
C'est pas vrai. En rapport à votre
article sur le fait que j'aurais été
capturé à Bromont, je tiens à dire que
je suis bel et bien mort en 45 dans un
Bunker.
Adolph Hitler
CROC
a Invitée Marie Michèle DesRosiers • Scénario : Pierre Huet
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Photos Claire Beaugrand-Champagne • François Desaulniers
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CROC
V o u s c h e r c h e z l ' a v e n t u r e ? V i s i t e z R E S T AREA î
V o u s n e p o g n e z p a s i c i ? Allez p o g n e r a i l l e u r s î
TAXI ! TAXI î O L E î V o t r e g l o s s a i r e e s p a g n o l
 juide de voyages

'-'^ «Un voyage SUNFRIGHT, ça ne s'oublie pas.»

Pourquoi Sunfright ? C'est quoi, Sunfright ?

«Ah, les vacances dans le Sud ! Non seulement on va aller
s'emmerder sur une plage, mais en plus on en a pour six mois à se
sentir coupable parce que les populations locales crèvent de
faim !» Cette phrase, combien de fois l'avons-nous entendue dans
la bouche de Québécois à l'époque où nous travaillions pour des
agences rivales. C'est ce qui nous a poussé à créer SUNFRIGHT.
SUNFRIGHT, c'est un concept vacances adapté au complexe
de culpabilité occidental. Chez SUNFRIGHT, le réalisme est de
rigueur. Avec nous, le hasard est compris dans le prix. Nous vous
emmenons au soleil, mais nous garantissons suffisamment
d'embêtements politiques et de catastrophes naturelles pour que
votre voyage se transforme en un geste de solidarité avec le Tiers-
Monde. Avec nous, le voyageur ne se contente pas d'observer le?
coutumes locales : il les subit; ets'ilsurvit, il revient chez lui riche en
anecdotes et en cicatrices spectaculaires.
Partez avec nous, vous n'en reviendrez pas !

Partir, c'est mourir pas mal

Un voyageur SUNFRIGHT exige que ses déplacements soient
A agrémentés d'incidents qui sortent de l'ordinaire; et chez nous, le
client a toujours raison, même à titre posthume.

Nous mettons à votre disposition une flottille de DC-10 usagés.

Ces 2 0 superbes appareils sont munis de 3 9 moteurs qui sont
inspectés à toutes les 4 ou 5 envolées. (Nous fournissons
gratuitement les clefs anglaises aux passagers de 1ère classe.)

Pour vos déplacements ter-

restres ou maritimes, SUN-
FRIGHT met à votre disposition
une gamme de véhicules dont
l'originalité rivalise avec l'insé-
curité. Nos garages regorgent
de bolides pittoresques : le 2
CV qui roule au Pernod, le
tricycle 1 0 vitesses, le droma-
daire qui panique à la vue du
sable, etc..

CROC
Le représentant Sunfright
C'est bien beau les déplacements aventureux, encore faut-il être
sûr que ça va continuer à l'arrivée... Pas de problèmes, notre
représentant vous attend ! Nos représentants sont partout :
Téhéran, Kaboul, Pékin, Harlem, Berlin, Jonestown. Si l'impré-
visible, l'impondérable, l'incurable ne vous ont pas encore frappés,
notre homme (ou femme) s'en charge. Votre valise n'a pas été
volée? Pas de problème. Confiez-là à votre guide Sunfright et
dites-lui adieu !

Les destinations Sunfright

«Ah, oui, Sunfright c'est ce qu'il me faut; mais où aller ? Le
monde est tellement vaste!»
C'est ici que notre agent de voyage intervient, et vous aide à
choisir parmi nos nombreuses destinations : Haïti, Tripoli, Belfast,
Managua, Pnom-Penh, Tel-Aviv, Salisbury, Kampala, Kaboul,
Santiago, Three Mile Island, Drummondville (pour cette dernière
ville, nous exigeons un billet de médecin)... rappelez-vous notre
dicton : «S'il se brasse de la marde, nous y allons.»

Et que dire de nos hôtels (tous classés 4 étoiles par Photo-

Police) ? Ils sont célèbres : Fiasco-Beach (Haïti), La Turista (Aca-
pulco), El Cheapo (Managua), Las Réclamation (Santiago), Chro-
mos Palace (Athènes), Hôtel Mafioso (Palerme et St-Léonard),
Hurricane Hilton (République dominicaine), American Embassy
(Téhéran), International Gulag (Leningrad), El Pollucion Grande
(Mexico), Cannibal Inn (Kampala), Radiation Inn (Three Mile
Island).

Notre hôtel de 3 Mile Island brille dans la nuit. À l'hôtel Etna, nos clients peuvent utiliser le bain sauna.

février 1 9 8 0
Destinations spéciales Contacts avec les
C'est encore trop tranquille pour vous ? Ah mes torieux ! Vous
populations locales
voulez de l'aventure ? Sunfright en a ! Pour les originaux et les
craqués (mais vous payez d'avance), nous avons quelques itiné- Un voyage Sunfright n'est pas complet sans une solide prise de
raires spéciaux : essayez-les, vous n'en reviendrez pas ! contact avec les habitants du pays. Sunfright sait que ses
— L'Irlande du Nord avec un passeport émis par le Vatican. voyageurs veulent entrer en contact avec les autochtones et nous
— New York sans couteau. faisons tout pour assurer que ce contact soit le plus réel possible !
— L'Afrique sans problèmes : restez chez vous !
— Le Luxembourg en un quart d'heure (10 minutes d'arrêt).
— Voir la Rhodésie et mourir!
— La Sud-Moluquie, si vous la trouvez...
— L'Afrique du Sud pendant qu'elle y est.. ' f'J •su i
— Le Canada, pendant qu'on y est..

Situés dans d'anciennes ambassades américaines désaffectées,

la plupart de nos hôtels vous assurent que, dès votre premier pas
en ville, vous serez plongés dans l'atmosphère authentique de h
région de votre choix.

L'Amérique du Sud, L'Afrique, un continent où

un continent où il fait bon on a faim mais où on garde
vivre, surtout si on repart quand même sa bonne
au bout de 15 jours. humeur.

Que vous soyez à Téhéran, à Belfast à Tripoli, à Kampala, à

Munich ou à Mexico, vous êtes assurés de participer à des scènes
de rues d'un pittoresque inoubliable !

Et qui sait ? Peut-être serez-vous chanceux ? Peut-être que, par

L'Inde, le Cambodge, le Laos, le Vietnam. Les régions en bleu une nuit tropicale enchanteresse, une foule en délire viendra
sont les coins à visiter. incendier votre hôtel ?0

CROC
 par Serge Langevin
M é t h o d e rapide et efficace d'apprentissage d e la langue espa- Ajouterai-je qu'il est d'abord conçu pour les h o m m e s v o y a g e a n t
gnole destinée aux impétueux Québécois qui s'envoleront bientôt seuls, ce chef-d'oeuvre de la littérature touristique ? N o n , je ne
vers Cuba, l'Amérique du Sud ou d'autres aventures tropicales. l'ajouterai pas, car tout le m o n d e sait qu'il faut être fou (folle... ?)
pour v o y a g e r seule en A m é r i q u e du Sud quand on est du sexe
Pourquoi intituler cette m é t h o d e révolutionnaire « N o soy féminin. Quant aux hommes, il est inutile, car ils le s a v e n t
americano» ? Parce que finalement, c'est la seule phrase vraiment d'ajouter qu'un ( h o m m e ) averti en vaut deux.
importante quand on v o y a g e en pays sud-américain et qu'on ne Mais trêve d e tergiversations (las tergiversacionas), allons-y,
connaît pas l'espagnol. Il y en a d'autres, bien sûr « m a n a n a » situations par situations («situationas per situationas»).
(demain, après-demain, un de ces jours, jamais...), « n o s e » (je ne
sais pas, je ne veux pas le savoir, je ne veux rien savoir, foutez-moi
la paix) et dont le sens varie selon le temps, le lieu, les circonstan-
ces ou l'humeur de votre interlocuteur. Il y en a d'autres aussi
c o m m e «la turista», «la catastrofa» et « l a desesperacion» qui
décrivent assez adéquatement les divers états physiques et
spirituels par lesquels passe généralement le touriste nord-
américain non prévenu et qui ne connaît de la langue espagnole
que les mots jugés (par lui) essentiels : la cerveza, el rhum.

Mais que les plus circonspects de mes lecteurs se rassurent : il

n'est plus nécessaire de connaître la langue de Castro (Fidel) et de
T o d a r o (José) pour être compris au sud de Miami (ou m ê m e à
Miami, par les temps qui courent..). En effet grâce à une récente
découverte de la linguistique moderne, le touriste ordinaire («El
gringo») peut se faire comprendre de façon plus qu'adéquate sans
pour cela devoir auparavant dépenser chez Berlitz l'équivalent du
prix de son voyage.

C'est lors d'un récent v o y a g e chez nos cousins du sud qu'il m e

fut donné de découvrir avec plaisir et satisfaction ( « l a satisfac-
cion») que tous les mots qui, en français, se terminent en « i o n » ont
le bon goût de garder, en espagnol, la m ê m e signification ( « l a
significacion»), pourvu que l'usager ait pris avant de les utiliser, la
précaution ( « l a précaucion») de changer le « t » qui, en français,
précède le son « i o n » , par un « c » et de prononcer ce dernier c o m m e
un vulgaire «ss». Quant aux mots en « s i o n » (perversion, collision,
oppression, subversion, extorsion, expulsion, évasion), ils restent
oh merveille d e la linguistique moderne, tels quels sans changer ni
d'orthographe ni de sens.

L'acquisition d'un bon dictionnaire de rimes fournira au touriste

prévoyant les quelques 5 0 0 mots en « i o n » nécesssaires à sa
survivance linguistique. 5 0 0 mots, c'est quand m ê m e 2 0 0 mots
de plus que le vocabulaire que possèdent la plupart des touristes
moyens dans leur langue maternelle.

Il ne reste donc au touriste prévoyant qu'à apprendre quelques

autres mots de base («la navaja», «el consul»), pour être en mesure
de faire face aux diverses aventures et situations que lui réserve
son voyage.

J'ai à cet effet conçu un lexique, mais un lexique pas c o m m e les

autres. Pas c o m m e les autres? N o n monsieur, pas c o m m e les
autres; original, qu'il est, mon lexique à moi, et il a sur les autres
l'immense avantage de prévoir le pire, c'est-à-dire ce qui arrive
immanquablement durant un v o y a g e en A m é r i q u e du Sud. Il le
prévoit ce pire, et selon l'ordre dans lequel il se produit générale-
ment.

C'est donc un lexique d'un réalisme irréprochable que je

vous présente maintenant et dont la conception («la c o n c e p e i o n » )
est basée sur des personnelles et salutaires expériences.

février 1980
lexique
La policia «Ah, voici la police ! Bonjour monsieur
l'agent ! ! C e monsieur est en train de me
voler ! »
la catastrofa « ! Non, je n'ai pas mes papiers; ils sont à
mon hôtel !»
«Que veut dire el gringo ?»
«No soy americano !»
« ! J e ne veux pas aller à la gendarmerie !»
El ambajador, « ! J e veux voir mon consul ! Mon ambas-
el consul sadeur !»
! Manana!
! No se !

À l'aéroport
La reclamacion «Où sont mes valises ?»
La discucion « ? Pouvez-vous m'expliquer comment
mes valises se sont rendues au Danemark ?
?... en Afrique du Sud ?...
La exasperacion ...? en Australie?... ? Ailleurs?
La degoutacion (? Autro loco ?)»
La altercaccion « ? Quand pensez-vous qu'elles vont arri-
La catastrofa ver ?»
! No se ! « ? Que veut dire no se ?»
Manana « ? Que veut dire manana ?»

A l'hôtel
La reservacion «Buenas dias ! Mon nom est
et j'ai une réservation.»
La reclamacion « ? Comment se fait-il que vous n'ayez rien
à mon nom ?»
« ? Savez-vous dire autre chose
que 'no se' ?»
La confrontacion « ! Ç a fera pour les «el gringo» ! ! No soy
americano !»
« ? Auriez-vous une chambre avec salle de
bain ? ? Avec douche ? ? Avec toilettes à
l'étage? ? Il n'y a vraiment pas moyen
d'aller aux toilettes sans changer d'étage ?
? De bâtiment ? ? De ville ?
La conjuracion
(conhuracion) « ? Quelle est cette bibitte qui court dans
ma chambre ?»
La(s) cucaracha(s) « ? ! I Ah, vraiment ? ! ! ! J e croyais que la
En prenant un taxi cucaracha était une danse!»
ICono! « ? Pourquoi allez-vous si vite ?» « ? Comment dit-on «la cucaracha au plu-
«Je crois que nous volons trop bas !» riel ?»
! Imbecil ! «Le monsieur que vous venez de frapper La catastrofa « ! J e voudrais faire une réclamation !»
! Idioto ! est très fâché !» « ! Mon lit est trop dur ! Mou ! Sale ! Occu-
«La dame aussi.» pé ! ! La douche ne fonctionne pas !»
La stupefaccion « ? Croyez-vous vraiment que les feux rou- « ! L'eau chaude non plus !»
ges sont là comme ornement?» Manana, no se, el « ? Combien de fois allez-vous répéter
«Vous devriez vous chercher du travail ambajador, el consul, «manana» ?»
dans un parc d'amusement!» etc..
El accidente « ! Voilà, je le savais ! Ç a devait arriver !» «Très bien, apportez-moi ma note !»
La malediccion « ! J ' e n ai assez: je descends ici ! ? Com- « ? Combien cela fait-il en argent vérita-
bien (? Quanto ?) vous dois-je pour la cour- ble?»
se ?» « ? Pour qui me prenez-vous ? ! No soy
La horripilacion « ? Me prenez-vous pour un con ?... ? Un americano!»
idiot ? ? Un imbécile ?... ? Un touriste ?» « ! Puisque c'est comme ça, je ne paierai
Las lamentacionas «! Quand je voudrai acheter votre taxi, je pas !»
vous en informerez !» « ? Qui est ce monsieur en uniforme ? ! J e

CROC
 n'ai pas demandé de porteur!»
« ! J e ne veux pas aller à la gendarmerie !»
« ! J e veux voir mon consul !»

à=> CD CD C D

La température
Au restaurant La calor « ? Fait-il toujours aussi chaud ici ?»
La indisposicion ! Ce n'est pas ce que j'avais commandé !» El viento «Il me semble que le vent se lève !»
La intoxicacion C'est très épicé.» « ? Où vont tous ces gens ? Pourquoi
La intoxicacion ! Vite, apportez-moi de l'eau !» courent-ils ainsi ?»
La malnutricion ! Apportez-moi encore de l'eau !» « ? Est-ce une coutume du pays?»
La revulcion ? Y a-t-il une piscine dans l'hôtel ?» El cyclon «Que veut dire "el cyclon", por favor?
La dépression ! Veuillez appeler les pompiers, s'il vous Le premier qui me répond encore " ! no
plaît ! » se !", je lui casse la figure !»
La adicion ! J e voudrais voir un avocat !.. un notaire! «Oh, cette fois-ci, le vent se lève sérieu-
La expulsion ? Quel est le lac le plus proche ?» sement; la mer aussi d'ailleurs ! ? Je
La turista ! Appelez-moi un taxi !» présume qu'il y a des abris pour ce genre de
El doctor ! J e voudrais faire mon testament !» choses ?»
El hospitale La catastrofa,
Manana, no se, etc.. « ? Pourquoi riez-vous ? ! Ne vous accro-
la catastrofa, chez pas à moi ! ! J e ne sais pas nager !»
no se, etc.. « ! J e ne sais pas voler non plus !»
« ? Auriez-vous l'obligeance de me remet-
MM tre mon bras, por favor?»
« ! Ma jambe est restée sur le trottoir !»
« ! J e crois que nous volons beaucoup trop
bas ! ! ! J e voudrais atterrir près de mon
ambassade!... de mon consulat!... d'un
hôpital !»
En parlant politique
La discucion « ! Senor, je suis (hé souis) démocrate,
moi ! ! No soy americano, mais je suis
démocrate !»
« ! Si vous n'avez pas d'élections, vous
n'êtes pas en démocratie!»
«Votre président est peut-être un gentle-
man (ouné gentlemané) mais cela ne l'em-
Avec les femmes pêche pas d'être un dictateur puisqu'il n'est
La senorita, « ! Buenas dias, senorita ! Vous êtes très pas élu !»
la chiquita jolie ! Vous êtes aussi très snob !»
La arrestacion « ! Vous, senor, je ne vous ai (yé né vous...)
El machismo « ? Qui est cet homme ? Votre ami ? Votre
pas parlé: veuillez enlever votre main de
frère ? ? Votre beau-frère ? ? Votre voi-
mon épaule et dites à votre compagnon de
sin ? ? Un inconnu? ? Vousimportune-t-
rengainer son revolver!»
il?»
La incarceracion « ? Pourquoi tous ces soldats ? Y a-t-il une
parade ? ? Pourquoi cette attraction n'est-
El marido « ! Buenas dias, senor ! J e suis heureux de
elle pas inscrite dans mon guide?»
faire la connaissance du mari d'une aussi
La interrogacion « ! J e ne (yé né) veux pas aller à la gendar-
belle conchita !»
merie ! J e veux (yé veux) voir mon consul...
La navaja (navaha) « ! Votre couteau est très joli aussi ! Est-il à
mon ambassadeur!»
vendre ?»
La confecion «Je ne suis pas américain !»
La confrontacion «Je n'ai pas de pesos sur moi: ? Acceptez- « ! J e voudrais faire une réclamation ! Ma
La consternacion vous les cartes de crédit?» La exe (ehé) cucion cellule est beaucoup trop petite!»

La viviseccion « ? Auriez-vous l'obligeance de retirer No se, manana, « ! J e ne veux pas déjeunera l'aube ! ! C'est
et tout F bordel beaucoup trop tôt !»
La coagulacion votre couteau de mon épaule ? ! ! ! No soy
La cicatricacion americano !»
La catastrofa, « ! Mon poteau d'exécution (ehecucion) est
manana no se, sale!...!» Q

février 1 9 8 0
 ^J^^JT r R O C à Ottawa
Revenue Canada Revenu Canada
Customs and Excise Douanes et Accise
u a n e
l r a l é

n a t
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«V^ours
surveillance
des
9
a N O T E INTERNE (Ottawa-January 1980) Authorized
\ copie des c e o r " ente
r e 8
personnel only.
A/To : Tous les agents de douanes (niveaux PM-1-2-3).
l enpri^
P r l e C O n
Du/From : Chef divisionnaire des opérations de
1 cette note. surveillance.
Objet/What for : Consignes de surveillance pour les
mois de janvier à juin 1980.

A cause du grand nombre de Ca-
nadiens qui voyagent à l'étranger
durant les mois mentionnés ci-
dessus, il est évident que nous de-
vrons faire face à un nombre accru
d'infractions aux lois d'accises et de
douanes. Notre devoir est d'empê-
cher tout trafic et d'appliquer à la
lettre les règlements de notre gou-
vernement et ce, même s'il a été
défait. N'oubliez jamais que chaque
citoyen est un criminel en devenir et
que l'agent de douanes est la barrière
protectrice de notre civilisation.
Voici les consignes de surveillance
(en application à partir de OhOO le
1er janvier 1980) :
1) Méfiez-vous des gens qui bé-
gayent en se présentant à votre
comptoir, ils cachent sûrement
quelque chose. Ce règlement ne
s'applique pas à Joe Clark, il parle
réellement comme ça
2) Comme pour le dernier trimes-
tre, assurez-vous que les hommes
sont des hommes et les femmes
aussi
3) Au cours des prochains mois, le
suspect-type portera des verres fu-
més et affichera un sourire amical, il
fera semblant de revenir de vacan-
ces. Pour ce suspect, veuillez utiliser
la méthode complète (fouille, inter-
rogatoire, vérification d'identité).
4) N'hésitez pas à questionner les
enfants pour vérifier les déclara-
tions des parents.
5) Soyez polis et affables avec les
Québécois d'expression franco-
phone, n'en fouillez pas trop et ne
confisquez pas leurs souvenirs por-
nographiques ou bouteilles d'alcool
et ce, afin de leur montrer que le
fédéralisme est bon pour eux, et
nous assurer d'un non au référen-
dum On se vengera après.
6) Afin de créer un environne-
ment propice aux aveux spontanés,
les agents préposés aux fouilles de-
vront éviter de se laver le corps et les
dents 72 heures avant de prendre
leur service.
7) Si Carole Laure revient au pays,
vous devez la retenir pour une fouille
complète qui sera faite par le com-
missaire en chef des douanes. Vous
pouvez l'atteindre 24 heures par
jour au numéro de télex suivant :
CRAZYBILL 03A47C, à Ottawa
8) Afin d'éviter la répétition de
l'émeute de Mirabel, les agents aux
guichets ne devront pas demander
aux voyageurs de retour au pays de
chanter le «O Canada» comme preuve
de citoyenneté, le passeport suffit.
9) Si une créature verte avec des
tentacules mauves et pesant envi-
ron 1500 kilos se présente à votre
guichet, acceptez sa déclaration et
surtout ne tentez pas de la fouiller.
10) Tout agent de la GRC doit être
accompagné d'un cheval et revêtu
d'une tunique rouge et non l'inverse.
11) En vue de notre congrès an-
nuel, il serait souhaitable de com-
mencer nos approvisionnements en
confisquant de plus en plus de sau-
cissons, de pâtés, de fromages et
d'alcooL
12) Les nains n'ont droit qu'à la
moitié des exemptions permises.
13) Les agents qui seront pris à
vendre des cartes routières ou pos-i
taies aux touristes à leur guichetj
seront sévèrement punis.
14) Les objets de valeur confis-
qués devront être envoyés à l'adres-
se suivante : À l'occupant, C.P. 8234,
Zurich, Suisse.
15) Toutes les valises devront être
plongées dans un bain d'eau pour
désamorcer celles qui seraient pié-
gées. Le déclencheur est souvent
relié à la serrure des valises, il est
donc plus sécuritaire de les éven-
trer.
16) À cause d'une épidémie de
grippe, tous nos chiens sont hors de
service pour un mois. Tous les chefs
de section devront choisir un agent
avec un gros nez pour la détection
de la drogue.
17) La drogue confisquée devra
être envoyée à l'adresse mentionnée
au point 14.
18) Il n'est plus nécessaire de
fouiller les réfugiés vietnamiens et
cambodgiens, ma femme a vu un
documentaire à la T. V. et elle m'a dit
que ces gens n'ont plus rien à eux.
Ce nouveau règlement porte le nu-
méro AH67895-2a.
19) Dans les aéroports, il n'est pas
nécessaire de demander aux voya-
geurs comment ils se sont rendus au
Canada. Ils ont pris l'avion. Vous
savez l'affaire avec deux ailes et qui
fait vrouum-vrouum... Pas de niai-
sage avec les gars, c'est pas vous
autres qui répondez aux plaintes.
20) Pour terminer, voici la devi-
nette du mois : Flora MacDonald est-
elle la soeur du clown Ronald Mc-
Donald?©
 15

février 1980
Rfe\G»d9bo5r

On pouvait pas le croire ! Depuis le
temps qu'on rêvait de faire ce voyage-
là ! On roulait depuis seulement cinq
minutes et déjà on avançait. Jeanine
et Junior, avec qui, d'après m o n psy-
chiatre, je forme une famille de trois
personnes au total, étaient totalement
émus. Jeanine pleurait tandis que
Junior arrêtait pas de m e donner des
coups de poing en m e disant: «Go
papa, go !» Quant à moi, je ne disais
rien, mais par contre je pensais à rien
non plus. Quand je réfléchis à cette
journée-là aujourd'hui, je m e dis que
ça dû être la plus belle journée de ma
vie, mais sans que je m'en aperçoive.
Déjà sur le pont Champlain, Jeanine,
l'air inquiet, m e demanda: «Jean, je
ne vois aucune indication pour Rest
Area, j'espère qu'on est pas perdus ?»
Ce qui provoqua i m m é d i a t e m e n t
une crise d'hystérie chez Junior. Mais
moi, toujours aussi calme, je réussis à
tranquiliser tout le m o n d e en leur
donnant des biscuits Whippet. On
avait maintenant notre air d'aller et
ça paraissait.
À peu près à 20 milles de la frontière
américaine, j'ai failli faire la gaffe de
dépasser un é n o r m e camion-citerne,
mais heureusement, je m e suis rap-
pelé du film «Duel» juste à temps.
Jeanine lui a r é p o n d u
que c'était pas
de ses affaires
Parlant de frontière, c'est là qu'il arri-
va des affaires. Un espèce d e grand
chapeau à lunettes nous demanda où
qu'on s'en allait. Jeanine, toujours
aussi indépendante, lui a répondu
que c'était pas de ses affaires. Déjà,
c'a l'a rendu agressif. Mais quand il a
d e m a n d é à m o n fils «Comment tu
f a p p e l l e s mon petit b o n h o m m e ? »
pis que Junior lui a répondu: «Va
donc chier toué !», là, il a c o m m e
pogné les nerfs. Pis m ê m e si je lui ai
dit qu'on avait pas le temps, il nous a
fait tasser pareil, pis là ils ont fouillé
mon char pis ma roulotte de A à F
pour rien.
février 1980
Un récit palpitant
de Ti-Goune
Quand on a repris la route, on s'est
donnés un «cocobounce» les trois en
m ê m e temps tellement on était con-
tents.
Ensuite on a roulé, roulé, roulé pis
quand Jeanine m'a dit: «Jean, je com-
m e n c e à m e sentir fatiguée !», j'ai su
qu'on approchait de Rest Area. Com-
me d e fait, deux courbes plus loin,
c'était indiqué sur une pancarte
qu'on a trouvée tout de suite superbe.
Jeanine m'a m ê m e dit: «J'ai rarement
vu une belle pancarte c o m m e ça.
J'espère que c'est beau de m ê m e là-
bas ! »
Les trois en m ê m e temps
o n a crié « W o w !»
Ben laissez-moi vous dire qu'on a pas
été déçus. À peu près 4 tournants plus
loin on est arrivés face à face avec
Rest Area. Les trois ensemble en
m ê m e temps on a crié « W o w !» pis on
s'est pogné le petit doigt ben vite pour
faire un désir. Jeannot m o n frère de
famille m'avait dit que c'était beau,
m é beau de m ê m e faut regarder pour
le voir !
Tout était là ! Le banc, la poubelle, la
toilette, tout ! On était tellement exci-
tés les trois que l'auto roulait encore
quand on est débarqués. Là, on s'est
mis à courir partout. Des vrais fous.
On rentrait dans la toilette, on sortait,
on «pitchait» des déchets dans la pou-
belle, on s'assoyait sur le banc, on
aurait dit qu'on voulait tout faire en
m ê m e temps ! Vous auriez dû nous
voir !
Junior m e donnait des coups de poing
de toutes ses forces en criant: «Cé le
fun papa, cé le fun !», Jeanine de son
bord arrêtait pas d e dire «C'est telle-
ment beau, mais tellement ! » Jeanine,
soit dit en passant, est ben le fun pour
ça parce qu'elle trouve toute beau.
Elle a le sens du synthétique pas mal
développé.
Mais pour revenir à notre histoire,
moi pendant ce temps-là, je riais pour
rien. Un vrai drogué. Tout était telle-
ment le fun qu'on a d é c i d é de se
coucher tout de suite pour pas gâcher
la journée.
Le lendemain matin, on s'est mis à
explorer les lieux. À un m o m e n t don-
né, on a dû voir un animal sauvage
parce qu'il y a des branches qui ont
bougé dans un buisson.
À toutes les heures,
j'avançais m a
roulotte de c i n q pieds
Après cette aventure, on a passé une
bonne partie de la journée à l'entrée
des toilettes à jaser avec toutes sortes
de m o n d e différent. C'était b e n le fun,
mais à un m o m e n t donné, y a eu un
Anglais ou un Chinois (cé dur à dire
parce qu'y parlait pas français) qui
nous a fait peur parce qu'il nous a dit
qu'on avait pas le droit de c a m p e r là.
Ce qui fait que le soir, quand on s'est
couchés, j'ai pas pris de chances. À
toutes les heures, je m e réveillais pis
j'avançais m o n char pis ma roulotte
de cinq pieds pour donner l'impres-
sion à la police qu'on restait pas là. Ça
a marché, parce qu'on s'est pas faite
arrêter.
Le l e n d e m a i n matin, on a regardé la
carte e n s e m b l e pis quand on a vu
qu'on était seulement à 100 milles
d'Ogunquit, on a d é c i d é d e rester à
Rest Area pareil. Toute la journée on
a attendu que le temps passe pis
quand le soir est arrivé, on en revenait
pas de voir c o m m e n t ça avait passé
vite. Dans le fond, s'il y a une journée
qu'on a plus a i m é e q u e les autres
durant le voyage, c'est difficile à dire.
Quand on est arrivés à Montréal le
m ê m e soir, le m o n d e en revenait pas
de voir c o m m e n t on avait changé. Y'a
peut-être Junior qui avait un petit
accent anglais au début (y a m ê m e dit
«I tout le m o n d e » en arrivant), mais ça
lui a passé très vite.
Jeanine, elle, semblait trouver Mont-
réal deux fois plus beau qu'avant.
Quant à moi, s'il y a une m o r a l e que
j'ai tirée de ce voyage-là, c'est ben la
suivante: Un voyage ne fait pas une
vie, mais faut être en vie pour en faire
un.O
LA CARTE POSTALE par Patrick Beaudin
• cet art
• méconnu
De plus en plus de voyageurs remettent en question la tradition séculaire
d'envoyer des cartes postales lors d'un voyage à l'étranger. Nous avons tous
reçu, un jour ou l'autre, une carte sur laquelle était enregistré le visage
inoubliable et grotesque de l'idiot d'un village, perdu au beau milieu de
nulle p a r t Ou alors, celle représentant une vue imprenable (le mot est bien
choisi) du Grand Canyon ou d'une vallée en Suisse, tout y étant tellement
réduit que l'on a toutes les difficultés du monde à distinguer quoi que ce soit
au sein de ces masses b r u n e s ou verdâtres. Seul un microscope électroni-
que à puissants faisceaux pourrait nous permettre de savoir de quoi il s'agit
En plus des images dégoûtantes, nous devons aussi affronter les commen-
taires du voyageur qui ne trouve rien d'autre à dire qu'il fait beau et qu'il a
hâte de rentrer à la maison. Ces gens devraient être dénoncés et on devrait
leur retirer leur passeport afin d'empêcher qu'ils ne récidivent.. Si la carte
postale se porte si mal, c'est parce qu'il y a trop de monde qui voyage sans
savoir p o u r q u o i Si ma blonde n'était pas hôtesse de l'air et si je ne détenais
autant de parts d'Air France, j'organiserais des manifestations contre les
nonos qui voyagent et massacrent cette tradition de la carte postale.
H e u r e u s e m e n t certains touristes aguerris développent de nouvelles
pratiques qui permettront à la carte postale de reprendre son souffle. Afin
de permettre à ses lecteurs d'être à la fine pointe de ces événements, CROC
vous présente quelques-unes des approches originales qui vous permet-
Idiot de village typique tront de devenir un as de la carte postale.

L a carte S.O.S.
Rien ne vaut une carte de détresse finement composée pour stimuler
l'esprit routinier de vos connaissances. Le message suivant (carte A)
scribouillé à la hâte sur une carte crasseuse étonnera votre famille et
lui laissera un souvenir marquant De plus, vous pouvez être assuré
d" un minimum de soupers gratuits à votre retour où F on vous priera de
donner de plus amples détails sur vos aventures périlleuses. La carte
S.O.S. peut être un moyen efficace pour générer un intérêt inépuisable
envers vos diapositives de voyage, si celles-ci sont accompagnées d'un
scénario adéquat
Au mieux, si vous êtes un rédacteur entreprenant une carte S.O.S.
judicieusement inventée peut vous rapporter gros et vous permettre de
prolonger considérablement vos vacances. Vous pouvez extorquer
habilement des sommes considérables à des parents ou amis plutôt
radins. Pensez à Marie-Andrée Leclerc, je n'en dis pas plus.

L a carte baveuse
La carte postale constitue le médium rêvé de cette forme sophistiquée
de la persécution. Vous l'expédiez généralement au minable que vous
avez choisi comme «souffre-douleur» personnel; celui-là même à qui
vous avez offert à Noël le premier des 250 tomes de l'Encyclopédia
Britannica reliure de luxe.
Le principe de la carte baveuse est simple, voire élémentaire : le moins
on en dit le mieux c'est Seuls les détails d'apparence anodine
importent
Griffonnez un ou deux mots, ajoutez des traces de rouge à lèvres, un
long cheveu blond collé avec caviar. N'hésitez pas à verser quelques
gouttes d'un parfum ou d'un alcool (ou les deux) particulièrement
odorant Bref, laissez s'écouler vos phantasmes, Victor Hugo a dit (ou
n'était-ce pas plutôt mon voisin Fred) : une goutte vaut mille mots. Je
n'en dis pas plus. Laissez-les gratter, humer et déprimer !

CROC
Le naïf du Jet Set
Ce type de carte permet à tous ces êtres timides d'une nature
particulièrement effacée de sortir de cette ombre obscure dans laquel-
le les maintiennent les grandes gueules qui ont le bras long. À votre
retour, plus jamais vous ne vous sentirez humilié par tous ces bavards
qui connaissent le père de l'adjoint du cousin du maire ou de ces
myopes qui ont cru reconnaître Alain Delon achetant du baloney chez
le dépanneur. Il suffit de conseiller les cartes C et D pour bien posséder c^jiv -ô- tau (guXïxruLjjpanj
les subtilités du genre. Pour prouver son efficacité indéniable, citons en
exemple cette personne que je ne nommerai pas mais qui a réussi à Ou dju&xih* AJLWX/ c^JJJL O J
décrocher le poste d'entraîneur dans une équipe olympique dans une
discipline sportive que je ne nommerai pas non plus, en expédiant
simplement ces quelques mots : Voyage agréable, il ne se passe rien de AJÙMJ /aywfKk Piochai.
spécial, je divise mon temps entre la sieste et le court de tennis où j'ai
rencontré ce garçon charmant, comment s'appelle-t-il déjà? Ah oui...
BORN, non... BJORN, BARG, ou BORG. Il ne joue pas si mal Je lui ai
appris quelques trucs. Je pense en faire un joueur de tennis convenable
avant mon retour, etc., etc.

d â , xJùJt #• àjfML

La bombe erotique
C'est une vraie variante du type numéro 2. On peut l'utiliser de la même
façon, en un geste aussi gratuit, pour attirer à votre souffre-douleur
préféré d'importants conflits familiaux. Mais on peut aussi remployer
pour satisfaire des besoins plus gratifiants, par exemple faire éclater un
mariage chancelant La bombe erotique bien appliquée peut constituer 'V\t> A U avâjJt Wnittl (JS^MHQJ
le coup décisif qui fera tomber entre vos mains avides et caressantes la
blonde (le chum) «inexpugnable» de votre meilleure) ami(e) que vous
poursuivez de vos assiduités secrètes depuis quelques mois déjà.
Fiez-vous à mon expérience, il n'y a pas un couple suffisamment
équilibré pour se remettre jamais d'un brûlant message de ce Rodolpho
enflammé ou de cette Esméralda en chaleurs.
Il faut surtout se souvenir qu'en nature d'érotisme, ce qui est caché ou
illisible laisse beaucoup plus sous-entendre que de froides vulgarités.
Ceux qui seraient incapable d'imaginer quoi que ce soit en ce domaine ~tt& cdh&a& <JC Sa. à-0>rt<uL_,
pourront se référer au texte ci-contre (E). Mais ces derniers devraient
aussi se poser de sérieuses questions sur leurs motivations.

Le message subversif
A utiliser spécialement pour vous débarrasser de ces voisins ou
PodPt'ôo, emmerdeurs qui se prétendent surveillés par la police depuis les
événements d'octobre 70. Je suis prêt à parier à dix contre un qu'à
FRÊR.E RËi/oLuTioUNAipe'
votre retour, vos emmerdeurs auront disparu.
ue Q U É B E C SBRA BIENTÔT
En guise de conclusion, permettez-moi de vous rappeler que la carte
e# p é v o u j r i o i ^ - ON Sous- postale constitue sûrement le moyen le plus économique d'arriver à
MAP/M péPoSERA LES vos fins. Mais si ces tentatives devaient échouer pour une raison ou
APAfES OU Tu SAIS. J E l'autre, referez-vous à mon article du mois prochain où je traiterai des
Tè-NVOÎB pu BON POT subtilités de la lettre piégée. O
CUBAIN PAP LA fiuëpe
sAhSiXoélXe. .

février 1980
comédiens : Hélène Fleury, Jean Fleury, Mathilde Hébert, Jacques Hurtubise photos : Alain Laioresi
 Moi, ma famille avions faire
V0YAG3 IN H QUiBlN
N.D.L.R: Le document qui suit a été
trouvé dans une poubelle du Colisée
de Québec. Le concierge qui nous l'a
vendu nous avait alléchés en nous
disant que la dernière page portait la
signature d'un Russe dont le nom se
terminait en «ine». Nous l'avons im-
médiatement acheté, sûrs d'avoir mis
la main sur la suite du Pavillon des
Cancéreux, d'Alexandre Soljenitzy-
ne. Nous savions en effet que le brave
homme, avant d'être envoyé au Goulag
avait écrit un guide de 900 pages pour
le pavillon soviétique à l'Expo 67.
Mais ce n'était pas ça. Pogné avec,
nous avons fait traduire ce cahier par
Pierre Huet, qui prétendait connaître
la langue russe. C'était un pur men-
songe, il avait seulement regardé
beaucoup de films russes sous-titrés
à Radio-Canada. Ceci explique les
maladresses de style. Pour en revenir
à ce que vous allez lire, il semblerait
qu'il s'agisse d'un journal de voyage
d'une famille russe venue visiter le
Québec.
9 février
Aujourd'hui, petite famille de moi
enfin partir pour le voyage en Québec.
J'avons obtiendu permission de Ca-
marade Suprême de faire excursion
en Québec de 15 jours, sous seule
condition que si nous reviendrons
passé minuit le quinzième jour, nous
mourir (comme légende Cendrillon
sauf nous pas transformer en citrouille,
nous transformer en engrais pour
pommes de terres socialistes. Ah !
Ah ! Humour soviétique ! !) Condi-
tions normales ça me fait plaisir d'ac-
cepter. Je profite pour écrire com-
mencer journal de voyage. J'écris
dans ceci quelques minutes avant
d'embarquer dans superbe cargo SS
MURINE qui flotte actuellement dans
l'eau portuaire de Vladivostock. Petite
famille sont au nombre d'Olga ma
femme épouse, Yuri mon fils, Victor
mon fils encore et petite fille Tatiana.
février 1980
par Boris Pseudonyme
Ah, matelot nous faire signe avec sa
mitraillette qu'il est l'heure de nous
partir. Je bon voyage !
14 février
Désolé mon journal du silence de
mes derniers jours, j'étais très mala-
de de mer. Enfin, ville de Québec est
visible par le hublot. Nous et ma
famille soyons très contents d'arriver
parce qu'un peu malaise au dos d'être
assis dans la cale et petite Tatiana un
peu peur des rats. D'ailleurs un rat a
rongé légèrement ma valise de carton
en forme de cuir. Pas grave (ah ! ah !)
petites anecdotes de voyage. Ville de
Québec très jolie selon le hublot.
Bâtie sur un cap en diamant dit me
ma charmante épouse documentée.
Oi ! Voilà le capitaine qui descend
échelle de corde vers notre cabine,
moi je cache juste au cas où mon
journal de voyage si lui pas aimer la
littérature.
14 février, plus tard
Capitaine reparti ! Lui nous annon-
cer petite nouvelle désagréable. Ba-
teau SS MURINE pas le temps arrêter
ville de Québec (ma destination et
famille) car pressé d'aller toucher le
port cause de famine subite en
Ukraine. Alors, il dit, nous (ma famille)
profiter de la nuit noire pour sauter
dans fleuve St-Laurent (eau nocturne
moins froide, il dit) et nager toutes
nos forces sinon mourir vers port de
Québec. Bah ! Petites anecdotes pit-
toresques de voyages, ah ! ah !
15 février pendant le matin
J'écris ceci dans restaurant. Fina-
lement, notre plongeade de nuit pas
tellement trop désagréable. En effet,
nous avons pas nagé longtemps, seu-
lement certains mètres parce qu'après
l'eau devenue en glace. Alors nous
avons pu marcher jusqu'à ville de
Québec. Quand même un peu froid
surtout que nous sortions habillés en
culottes coupées à la hauteur du
bermuda et en chemise manches
courtes cubaines. Pas grave mieux
vaut en rire que d'en mourir. Pendant
que notre bateau continue son
voyage vers champs de céréales de
Montréal, nous accostons Québec sur
ses quais (pas en diamant c'est du
béton, mon épouse mariée avait
moqué de moi, ah ! ah ! bon humour
russe ! !)
C'était le matin et mes enfants en-
semble de mon épouse avaient faim.
Alors chercher centre de distribution
de nourriture. Avant avoir quitté mon
pays de naissance, gouvernement
russe m'a muni de monnaie touris-
tique en échange de mes économies
de 25 ans plus mes grands-parents.
Donc je peux acheter aliments et
accomodations pour le sommeil
sans problèmes, seul petit embête-
ment, je, ni ma famille peutons parler
langage québécois. Mais initiative
russe et entraide internationale on se
débrouille. En cet instant nous som-
mions assis dans superbe restaurant
de nourriture. Nous prenons gros pe-
tit déjeuner. Heureusement nous
avons trouvé restaurant où photo-
graphies d'aliments célèbres accro-
chés sur les murs. C'est facile de
commander en pointant le doigt. Ici
où nous sommes on vend différents
membres de la famille «Hamburger».
Moi-même je mange le père «ham-
burger». Qu'est un «hamburger», dira
un Russe ? Simple. Entre deux petits
pains on met une brioche de céréales
couleur de boeuf puis on décore
avec colorant jaune, vert, rouge
et on boit pétrole sucré. Intéressant,
da? Pas étonnant mon épouse en
dissimuler un exemplaire de la mère
hamburger parmi sa valise de vête-
ments d'intérieur pour montrer
à nos voisins du Bloc C, aile 4, quand
nous reviendrons à Moscou. Tous rtos
enfants aiment beaucoup. On ira
maintenant faire promenade dans
belle ville Québec.
15 février de l'après-midi
Habitants ville de Québec éton-
nants, pleins de bons vivants même
couchés par terre. Si nous avons com-
pris,autorité suprême de la ville s'ap-
pelle Carnaval. En effet, indigènes se
promener seuls ou en plusieurs grou-
pes en criant ou chantant «Vive le
carnaval de Québec !» D'ailleurs, M.
Carnaval populaire est porté en effi-
gie partout, petites statues, photos
etc. C'est un monsieur blanc avec
tuque rouge (communiste ?) et cein-
ture rouge (très bon communiste ?) et
même ressemblant à camarade
Kroutchev, ancien homme d'État
n'ayant jamais existé. Olga qui est
mon épouse pleine de curiosité a
même demandé indigène si cama-
rade Carnaval être exposé dans un
mausolée comme vénéré Lénine
chez nous. Après beaucoup explica-
tions et petits dessins dans la neige,
sympathique camarade québécois
nous a menés en marchant quelque
croche à superbe palais fait en cristal
imitation de glace. Mais nous avons
pas vu la tombe de Carnaval, seule-
ment plusieurs humains locaux cou-
chés dans la neige faisant semblant
incapables de se relever.
Citoyens de ville Québec portent le
deuil de monsieur Carnaval en revê-
tant tuque et ceinture rouges. Plu-
sieurs transportent canne blanche
dont ils boient la sève (canne à sucre ?)
Tout ça très agréable et cultivant,
mais nous devons penser à trouver
auberge pour la nuit. À tout à l'heure,
et vive camarade Carnaval !
15 février du soir
J'écris ceci avant je me coucherai.
Nous avons sans problème trouvé lits
pour la nuit. Encore une fois, grâce à
l'aide de mon gouvernement russe.
Eux m'avaient muni de bout de pa-
pier avec nom et adresse d'hôtel cu-
rieux de Québec appelé «Auberge de
Jeunesse». Endroit très sympathique.
Oh, petits désagréments : hommes et
femmes dormir dans des édifices
séparés (et lits aussi) moi je suis avec
39 personnes dans chambre prévu
pour 12, aucun drap. Mais bah ! Peti-
tes anecdotes touristiques très drôles
quand nous y repenserons dans 26
ans ! Camarades de ma chambre très
gais, boire, chanter la nuit, être mala-
des au coeur mais bonne humeur.
Moi je faisais semblant de dormir,
mais entendu sans comprendre le
français conversation fréquente avec
mots «Russe» et «Nordik». Bizarre,
bonne nuit.
16 février, fin de souper
Autre belle journée promenade et
nous fêtons par grand souper. Com-
me pas plus qu'hier nous parlons
français nous commandions en mon-
trant avec un doigt ce que nous
voyions sur table autres convives.
Repas évidemment étrange. Je man-
ge «tourtière», «sundae» puis «porc
frais». Ma Olga épousée mange 4 sou-
pes et «spaghetti». Trois mes enfants
partageaient 1 poulet, 1 «pouding chô-
meur» et quantité très grande petites
enveloppes de sucre. Nous boire breu-
vage local très curieux, très frais
quand même. Comme épouse et moi
voulions alcool, nous dire «Skol !». Gar-
çon de table apporter après hésita-
tions baril de glacé avec bouteille
dedans liquide vert, écrit sur éti-
quette «SCOPE». Pas très bon goût,
mais bonne haleine.
J'ai ouvert enveloppe secrète que
mon gouvernement russe m'a donné.
Dedans, il explique 5 billets pour voir
spectacle hockey ce soir entre l'équi-
pe nationale russe et camarades qué-
bécois Nordik. Bonne surprise, bon
gouvernement soviétique, larme à
l'oeil dans nos yeux. Autres instruc-
tions à lire rendu sur place. Bonne
soirée.
16 février assis sur bancs «Cotisée»
Atmosphère de fièvre ! Match du
siècle, mon voisin essayer de me dire.
e
Nous excités. J'ouvre 2 enveloppe de
mon gouvernement. Dedans plu-
sieurs petites pilules. Lettre m'expli-
que. Si après première période de 20
minutes de jeu, athlètes de mon pays
perdent par le nombre de buts, je
dois aller faire bonne surprise et
mettre petites pilules dans contenant
à eau dans vestiaire de joueurs Nor-
diks pendant que personne me re-
garde. Idée amusante, me fait plaisir.
Oh ! Partie commence !
16 février fin du premier période
Je vais aller faire surprise Nordiks
car en effet, mes camarades sont
moins bons par 4 rondelles à 1. Je
reviens.
N.D.L.R: (Ici, l'écriture du manuscrit
est différente)
Allo, allo. Ici c'est l'épouse Olga de
mon mari. Mon mari n'a pas revenu
de petite surprise et c'est fini troisiè-
me période, Nordiks 9, camarades
rouges 1. Pas de nouvelles de mon
époux. Dans le milieu de deuxième
période, homme à la radio Colisée,
parler toujours en français inconnu
et dire souvent mots «russes» «espion»
et «Kaptur». Public gradiné huer beau-
coup. Rapport, da ?
Moi je pense mon mari revenir
propres moyens en vers le Moscou.
Moi et je mes enfants retourner sur
quais du Cap en Diamant et attendre
que SS MURINE revenir de Montréal
et céréales, et quand nous voir pas-
ser, nous nager et rabarquer dans
bateau. Je nous avons fait très beau
voyage et peuple québécois très sym-
patueux et en revenant à Moscou je
vons essayer trouver écrits du Cama-
rade Carnaval. Skol ! O
CROC
 Comment et où
draguer avec succès
à l'étranger
Personnellement, j'ai eu l'occasion
de faire près de 2 5 0 voyages au cours
des trois dernières années et je pense
avoir cumulé suffisamment d'expé-
rience pour pouvoir affirmer publi-
quement qu'un voyage est l'occasion
par excellence pour laisser tomber ses
craintes et ouvrir à pleine vapeur nos
cinq sens. Bref, des vacances, c'est le
moment d'avoir du fun noir ! Malheu-
reusement, à cause d'inhibitions (for-
me de gêne chronique), beaucoup de
vacanciers ratent des occasions en or
pour s'amuser. Par exemple, beau-
coup de mes clients me demandent si
un Canadien peut draguer à l'étran-
ger? Cette question me fait toujours
rire, car une étude récente nous prou-
ve que les gens qui se considèrent
comme Canadiens sont incapables de
prononcer le mot sexe. Évidemment,
draguer à l'étranger est à la portée de
tous, mais y réussir est le privilège
d'une élite possédant le secret de la
conquête. Certains d'entre vous se
disent que la base du succès, c'est une
paire de souliers neufs ou une haleine
fraîche. Ce sont des crétins de votre
espèce qui entretiennent l'image du
dragueur casseur de pieds et je suis
surpris de savoir que vos parents vous
laissent lire cette revue.
Draguer à l'étranger demande un
certain flair. On ne drague pas à Tou-
louse de la même façon qu'à Québec, il
faut s'adapter aux us et coutumes du
pays hôte, tout en mettant en valeur
vos atouts. Tout d'abord, il faut sur-
monter vos craintes. Plongé au sein
d'une société étrangère, il faut vous
convaincre que vous êtes une source
d'exotisme pour les gens de ce pays et
mettre en valeur cet atout. Par exem-
ple, en portant un gilet des Glorieux,
vous affichez votre exotisme. En Fin-
lande et en Norvège, ce truc marche à
tout coup. Par contre, à Calgary, ça
risque de vous attirer des bosses. Il faut
exercer son jugement dans le choix de
ses intruments, le port d'un gilet sur
février 1980
par Patrick Beaudin
lequel est inscrit « J'aime ma femme »
ne vous rapportera rien d'autre que
des regards interrogatifs ou dégoûtés
surtout dans un Club Med. Certains de
mes amis fétichistes (personnes ayant
pogné le fix) expriment leur exotisme
en apportant leur voiture ou bateau à
l'étranger; il s'agit ici d'une méthode de
draguage qu'on qualifie de lourde ou
de gros kit. Pour ceux dont la bourse
est limitée, il est possible avec un peu
d'imagination de draguer à bon
compte. Une de mes amies a passé
une semaine essoufflante en Martini-
que, elle attirait des prétendants en
leur promettant de leur montrer de la
neige. N'ayez crainte, elle n'avait pas
apporté de la neige du Québec, mais
uniquement un broyeur à glaçons
Moulinex. Il ne faut jamais oublier que
ce qui est commun dans votre pays
peut devenir une source d'envie et
d'exotisme dans un autre. L'an dernier
à Singapour, je me suis déguisé en
Eskimo et je vous jure qu'elles ne
m'ont pas laissé partir avant que je les
aie toutes satisfaites, brisant ainsi mon
propre record de 1 6 .
À titre indicatif, voici quelques trucs
exotiques qu'un touriste québécois
peut utiliser pour ses conquêtes à l'é-
tranger :
— À Venise, se promener sur la place
St-Marc avec une tondeuse ou souf-
fleuse Toro. Louer une gondole pour
une heure et se promener en ramant à
l'aide d'une pelle à neige (pour les
hommes à tendance macho, utiliser un
scraper !).
— À Tahiti, déguisez-vous en Bon-
homme Carnaval et faites la tournée
des bars. II y a deux ans, je m'étais
déguisé en bûcheron et grâce à ce truc,
j'ai découvert le vrai sens du mot
caresse.
— À Toronto, faites accroire que vous
êtes un(e) réfugié(e) anglophone du
Québec qui a échappé de justesse à la
loi 1 0 1 et aux troupes péquistes; vous
ferez ainsi une série de conquêtes. Les
voyageurs de commerce peuvent té-
moigner de l'efficacité de cette mé-
thode.
— À Hong-Kong, distribuez des su-
cettes au sirop d'érable aux gens qui
vous intéressent et l'Orient vous livrera
ses mystères. Si on y met du nôtre, ils
rajouteront peut-être un chapitre dans
le Kama-Sutra sur les pouvoirs éroti-
sants du sirop d'érable.
— À Paris, faites accroire que vous
êtes le frère de Robert Charlebois ou la
soeur de Diane Dufresne et vous char-
merez ainsi les membres de l'intelli- 23
gentsia (forme de maladie intellectuel-
le). Personnellement ça fait des années
que je me fais passer pour Gilles Vi-
gneault et j'ai certainement contribué
au succès de ce chansonnier là-bas.
Chanter « Jack Monoloy » tout nu
dans une chambre à coucher est une
expérience sensuelle qu'il ne faut pas
rater, surtout si on possède une paire
de chaussons de bûcheron. (Pour ceux
qui seraient intéressés à connaître le
nom du ministre péquiste qui a réalisé
cet exploit lors d'une mission officielle
en France, veuillez me faire parvenir
un chèque visé au montant de quinze
dollars ainsi qu'une enveloppe affran-
chie et en retour vous recevrez ce
renseignement explosif.)
— Dans les discothèques huppées de
New York, déguisez-vous en flocon de
neige ou en Muriel Millard et les John
Travolta seront à vos pieds.
Donc, avec un peu d'imagination et
beaucoup d'audace, un voyageur peut
vivre une variété d'expériences titil-
lantes à l'étranger. Pour terminer, je
vous laisse ce mot de conseil, la pro-
chaine fois que vous croiserez un tou-
riste drôlement accoutré, méfiez-vous
il cherche sûrement à vous séduire.Q
 Comment et où draguer à l'étranger
Si ce tableau s'adresse spécialement aux
messieurs, il ne faudrait pas voir là, mes-
dames, une manifestation du sexisme dont
vous vous plaisez à nous affubler par les
lieux privilégiés
pour les rencontres en 1 9 8 0
premier contact allez-y avec
assurance les 5 premières minutes
sont décisives
démontrez de l'intérêt
pour votre interlocutrice
malgré sa feinte indifférence
mettez votre personnalité de l'avant, ' prétendez que vous êtes le cousin de
votre originalité en valeur en
dépit de son agacement simulé
métiers, professions, titres, qualités
dont vous pouvez vous vanter
pour susciter l'intérêt
métiers, professions, titres, qualités
qu'il est préférable de dissimuler
une bonne plaisanterie détend
toujours l'atmosphère et vous
fait gagner des points
raisons plausibles pour attirer l'objet
de votre désir chez vous...
musique, boissons exotiques
propres à créer une ambiance
de détente
p h r a s e s d'apparence anodine qui
glissées dans la conversation au bon
moment stimulent l'appétit sexuel
positions standard
accessoires
platitudes auxquelles ont peut penser
pour faire durer votre masculinité
phrases originales à hurler juste
au moment de l'orgasme
phrases à ne pas hurler
au moment de l'orgasme
points qui méritent une attention
spéciale
temps qui courent. Les Québécoises,
n'est plus un secret pour personne, n'ont
jamais eu aucun problème à draguer à
l'étranger. Leur réputation est telle dans
Québec (pour c o m p a r a i s o n )
Bars, boites à chanson
Cafés terrasses, centre d'achats
dites-lui que vous avez
vu sa face quelque part
demandez si elle est sagittaire
si elle ne l'est pas, passez à
l'horoscope chinois ou aux Biorythmes.
Serge Fiori ou expliquez-lui comment
on met le caramel dans la Caramilk
; dentiste, sexologue {tout ce qui se
termine en logue)
dessinateur, écrivain, cinéaste, facteur.
«une fois, il y avait un Canadien-
Anglais, un Newfie pis un Québécois
t sur un pays en train de couler avec
juste une bouée de sauvetage...»
vous avez des enregistrements
pirates d'Harmonium, de la Mol dans
le sillon perpétuel à la fin de la face 2
«C'est c o m m e si on mettait la Place
Ville-Marie dans le Stade olympique.»
c'est c o m m e si on passait le Château
Frontenac dans le rocher Percé.»
Avant, aussi simple que possible,
les lumières fermées
une couverture électrique
un double des E X P O S
oui, oui, oui.
Oh Maman !
essayer de lui dire à un moment
1
ou l'autre que vous l'aimez pour
ses facultés intellectuelles.
ce l'industrie touristique et leur cote est telle-
ment haute dans les régions qui acceptent
nos passeports, qu'il est difficile pour une
de nos compagnes solitaires d'obtenir une
France
Drugstore, bistrots, clubs sélects
dites-lui que vous la suivez depuis une
semaine et que vous ne pouvez penser
à autre chose qu'à elle
dites-lui que ses yeux sont des océans
dans lesquels vous aimeriez vous perdre
corps et bien etc.,
essayez de glisser dans la conversation
autant de mots anglais que possible
tout en prononçant à la française
Bonapartiste consultant en Marketing,
informaticien, académicien, écrivain,
docteur en n'importe quoi
dessinateur de BD, humoriste
«une fois il y avait un boche, un Bicot,
un Belge et un Français dans un avion
en vrille décidant lequel d'entre eux
pourrait utiliser le seul parachute
Des dessins originaux de Picasso sur les
murs de votre living, une ou deux bou-
teilles de Veuve Cliquot au frais dans la
cave de votre hôtel particulier
chansons grivoises de Colette Renard
1/2 Champagne / 1 / 2 Champagne
vous allez oublier votre tour Eiffel dans
ses jardins de Versailles
arrière, aussi simple que possible la
lumière allumée
toute une panoplie de gadgets
électriques et pneumatiques
Mireille Mathieu chantant Paul Anka
que vous êtes le seul descendant légitime
de Louis XVII.
Que vous êtes le fils naturel du roi
Beaudoin de Belgique
il y a encore quelques Québécoises qui
se laissent prendre à ce genre d'argu-
ments usés. Soyez attentif à l'accent.
Après tout, si vous voyagez, c'est pour
vous dépayser.
Angleterre
C L U B S PUNKS
demandez-lui si le piège à ours
que vous avez ramassé lui appartient
félicitez-la pour le magnifique
anneau qu'elle porte au nez
passez-vous une épingle à couche
à travers les joues et faites bouillonner
votre bière en jetant des pilules dedans
chanteur punk pusher d'amphétamine,
pick-pocket chômeur
banquier, dessinateur, écrivain
une fois il y avait une merde d'écossais,
une merde d'Irlandais et une merde de
londonien et j'avais juste une grenade...
votre collection de pilules multicolores
ou votre collection d'épingles à couches
S E X P I S T O L S / - 2 6 onces de Scotch, 3
petites rouges
vous allez jeter votre merde de Tamise
dans sa merde de Manche
n'importe quoi de possible à c e
moment, les lumières allumées avec
une arme à votre portée.
chaînes, menottes, trucs en cuir,
trucs pointus
une partie de cricket
vous ne vivrez probablement pas assez
longtemps pour ça
God save the Queen
vous avez probablement affaire à un
trans-sexuel
C R O C
seule minute d e paix. N ' i m p o r t e quel bon
manuel d e W e n d o ou de Kung-Fu pourra
leur d o n n e r la solution p r o p r e à refroidir
ces passions brûlantes et les ruts perpétuels
qu'elles suscitent bien malgré elles.
Cependant, pour les messieurs la situa-
tion est loin d'être aussi reluisante. L e s
Q u é b é c o i s en quête d'aventures pèchent à
Allemagne
Cabarets, brasseries bavaroises
Manifestez votre admiration pour sa
capacité d'absorber de ia bière
et commandez-lui un autre tonneau
félicitez-la pour la beauté de
ses grandes tresses blondes
profitez-en pour lui montrer quelques
noeuds compliqués de macramé et
offrez-lui 2 autres tonneaux de bière
banquier, homme d'affaires, médecin,
courtier en bourse, ingénieur, agent
d'assurances
dessinateur, écrivain, chanteur
il y avait 10,000 Noirs, 20,000
asiatiques, 6 millions de Juifs et un
Aryen dans un camp de rééducation
10 tonneaux de bière et une assiette
de charcuteries
W A G N E R / 1 / 3 SCHNAPPS - 2/3
LIEBFRAUM1LCH - 1/3 bière
vous allez lancer votre U-2 dans
son bunker
une douche avant, aussi simple et
rapide et propre que possible,
et une douche après
une bonne variété de charcuteries
la série Holocauste
n'importe quel mot très court
dire que vous vous nommez
Wiesenthal
dire que c'était votre première
douche cette semaine
évitez les plages réservées aux
touristes et interdites aux
autochtones. Elles sont
vraisemblablement pas encore
déminées
février 1980
l'étranger par leur m a n q u e total d'imagina- l'honneur d e la Race, C R O C a réunit un
tion et une ignorance impardonnable des panel d'experts réputés (bien qu'ils préfè-
lois et des coutumes locales. C e t t e attitude rent conserver l'anonymat). N o u s espérons
gênante leur a valu plus d'un rejet doulou- q u e cette information d e base d e m ê m e
reux et suscite dans les milieux diplomati- q u e nos judicieux conseils sauront corriger
ques un nombre croissant de railleries cette situation franchement déplaisante.
injustifiées.
Ne reculant devant rien p o u r sauver
Pays Arabes URSS Suède
les oasis, les harems ou les pyramides, dans une des innombrables files absolument partout
dans une station-service. devant les magasins
adressez-vous à un parent mâle adressez-vous à elle en tant que dites-lui que ses glandes de Bartholin
en âge de négocier Camarade socialiste en visite vous rendent fou et demandez-lui si elle
a dix minutes pour une petite fellation
manifestez votre Intérêt tout en félicitez votre Camarade femme pour dites-lui qu'elle a les amygdales les
émettant un doute sur la qualité de son adresse à manier le marteau-pilon plus erotiques qu'il vous ait été
la marchandise derrière le tchador pneumatique socialiste donné de regarder.
démontrez votre habileté à négocier parlez-lui des joies simples et saines dites-lui que votre spasme carpopédal
en n'offrant pour l'être convoité que vous procure votre tracteur simule un tour de montagnes russes
jamais plus que 2 porcs et 2 chamelles communiste
fedayin, exportateur de pétrole, Camarade ouvrier important au parti, sexologue, pomographe. ingénieur
sheik, musulman camarade soldat camarade astronaute dans une usine d'Orgasmafron,
dessinateur, ou écrivain pomo.
infidèle, dessinateur, écrivain, dessinateur, humoriste, écrivain dessinateur, écrivain, peintre naïf.
cinéaste
«une fois, il y avait un Américain, «une fois, il y avait un Russe blanc, «une fois, il y avait une Canadienne-
un Pied-Noir et un Arabe pognés dans un Bolchevique et un stalinien qui anglaise, une Québécoise, une
le désert avec une seule goutte d'eau. étaient pris en Sibérie avec un Américaine, une Suédoise, et
seul cheval.» seulement 3 copies du rapport Hite...»
vous allez lui montrer vos porcs, vos dites-lui qu'on passe justement un dites-lui que les contractions initiales
chameaux, vos chevaux et la présenter superbe documentaire sur la de votre tissu érectile lors de la
à vos 36 autres épouses fabrication des crayons à plate-forme orgasmique battent la
Petropavlovski mesure de «Strangers in the Night».
vous entendez la musique que vous le choeur de l'armée rouge/3/4 vodka Finlandia-disco/n'importe quoi
voulez avec un cube de hasch gros 1/4 coca cola de marché noir de hautement protéine
comme ça.
vous allez momofier votre pharaon que vous allez envoyer votre tank que le temps est à la pluie
dans sa pyramide dans son Afghanistan
laissez galoper votre imagination. Ce la fenêtre ouverte, imitant l'ours laissez l'initiative à votre partenaire.
sont ces gens-là qui ont écrit les de Sibérie le lit couvert de neige Votre imagination ne peut rivaliser
Mille et une Nuits. avec leur imaginaire hautement
spécialisé.
un domestique qui pourrait vous une liasse de roubles (la croyance Si vous en manquez, rendez-vous au
remplacer si vous avez peur de populaire voulant que la seule chose coin de n'importe quelle rue; ils ont
flancher avant la millième nuit valable à faire avec des roubles, tout ce que vous désirez dans les
c'est se les foutre dans le c... distributrices.
le prix du baril de pétrole le cours du rouble le taux élevé de suicide
que vous l'aimez presque autant «faisons des bras pour le prolétariat» «maman»
qu'un cheval
j'ai déjà vu ta face quelque part les noms de Kroutchev, Trotsky et que vous allez accoster votre drakkar
Soljénitsyne dans son fjord. Dire que vous
l'apprécier pour ses qualités
intellectuelles.
ce n'est peut-être pas une femme si vous avez affaire à une athlète, si vous êtes réticent à lui laisser votre
derrière le voile mais un officier olympique, des tests précis pourraient adresse, laissez-lui celle de C R O C
du Shah en fuite. vous démontrer que malgré les Si ça peut vous dépanner, ça nous
apparences, vous avez affaire fait plaisir.
à un homme.
CROC
 Vous conduisez mal?
PARFAIT!
Vous êtes un futur élève de
Edsel Driving School de conduite Inc. !

27

Vous conduisez mal?

V a rien là ! Venez nous
voir : en 2 semaines et
60 leçons quotidiennes,
nous ferons de vous un
conducteur qui fera
pâlir les autres
automobilistes ! Vous
n'êtes pas convaincu?
Écoutez ce qu'en disent
3 de nos plus célèbres
élèves :
M. Jean M.: Depuis que j'ai M. Ted K.: Since I have taken M. René L.: Écoutez, je n'ai
suivi des leçons chez EDSEL, lessons at EDSEL'S, no secre- pas écrasé un seul robineux
je ne casse même plus mes tary of mine has drowned at depuis que j'ai obtenu mon
bouteilles quand je fais des CHAPPAQUIDDICK ! diplôme de chez EDSEL !
accidents ! Je songe même à
demander mon permis de
conduire I

Écrivez-nous, ou mieux encore, sautez dans votre automobile et venez nous voir (oubliez pas : quand
le feu est vert, on avance; quand il est rouge, on arrête; quand il est jaune, on pèse sur le gaz et le klaxon
pis on fonce).
Nous avons des bureaux dans la plupart des villes du Québec et ils sont faciles à trouver :
immédiatement à côté du principal concessionnaire de ferraille. À bientôt, et n'oubliez pas les conseils
de JEANNOT-SÉCURITÉ : si vous conduisez avec une bouteille de boisson entre les jambes, arrangez-
vous pour la maintenir en place à l'aide de votre ceinture de sécurité !

février 1980
MICHEL RISQUE
dans -. LE SAVON MALEFIQUE précédents: M.th*\
Kisque sert du bois.
On reconnaît tout de suite Mais a quoi un qrand hôtel .surtout lorsque
un «arand hôtel. vous reconnaît-il-.. vretre mise n'est pas On m'appelle
aussi soiatiéeque Michel Risque.
d'habitude?

Pas de problème
lorsqu'on s'appelle
MICHEL R I S Q U E !

Il faut le dire, Michel t

est encore émoustUlé

sexuellement,suiteà
sa récente aventure
en -(bret®,ce qui ex-
plique la vivacité de
sa réaction présente.
@>cÇ."VeràM Bourleîla'Bir"
CHOC N" 3 et i\

CROC
 Maudite bonne yAteuse, Un généreux pourboire pour
la Baronne... C'est pas toi si i'arriuc à la rejoindre
comme irous, M'sieur *isque, avant la fin du parcours 1

aoec uotre handicap 12S !

Diable. J'aurai
fort a faire pour
la rattraper l

•u y.

ITRou D'UN COUP,]

MONSIEUR
Risoue!

EUe est en \rut \ Je vais

essayer de mettre ma balle
a côté de la sienne »

Non, non .laissez, Madame! De o/ace,

je m'en occuppc \ Iréoeillei-uous'.l
C'est mot \e propri­ i Faites ça au
étaire de la balle \ moins pour moi»
Que faire?»(
Quejaire V.

février 1980
 LE PLUS GRAND
QUOTIDIEN
MENSUEL
D'AMÉRIQUE

Yaura-t-il des avoir des élections, mais les

libéraux vont avoir l'air fin
sans T r u d e a u !» Informé d u
fait que M . P.E. T r u d e a u était

élections au Canada ? récemment revenu sur sa dé-

(S.L.) La routine quotidienne
de la salle des nouvelles de
Croc a été légèrement per-
turbée hier soir, par une ru-
meur à l'effet qu'il y aurait
prochainement des élections
au Canada. Dès huit heures
p.m., des sources générale-
ment bien informées réveil-
laient notre correspondant à
Ottawa pour lui annoncer que
le C a n a d a était en période
électorale. Surmontant son in-
différence pour la vie politique
canadienne, la direction de
Croc se mit aussitôt en branle
pour vérifier les fondements
de cette rumeur. U n e rapide
enquête a démontré que cette
allégation n'était pas entière-
ment d é n u é e de fondements.
En effet, les principaux chefs
de parti parcourent en ce mo-
ment le pays en prononçant
des discours à saveur nette-
ment électorale.
Informé de ces faits, le ré-
dacteur-en-chef de Croc res-
tait sceptique : «Pour qu'y ait
des élections, y faudrait que
le gouvernement tombe», an-
nonçait-il à la cantonade,
«pis avec Trudeau qui démis-
sionne, les libéraux ont ben
trop peur de le faire tomber».
Ayant finalement appris que
le gouvernement était effecti-
vement tombé quelques jours
avant les vacances de Noël,
notre rédacteur-en-chef rétor-
qua avec son acuité intellec-
tuelle habituelle : «Ah, y est
tombé ? Q u a n d ça y est tom-
bé ? O ù ? Pourquoi personne
m e l'a dit ? Faut toujours que
f fasse tout moi-même icitte !
...Ah ben là, c'est pas pareil : si
l'gouvernement est tombé,
c'est pas m a l sûr qu'y va y
cision d'abandonner la politi-
que, le rédacteur-en-chef s'en-
ferma dans un m u t i s m e et
dans son bureau. Il n'est sorti
ni de l'un ni de l'autre depuis...
Quoiqu'il en soit, il s e m b l e
bien que le C a n a d a soit en
période électorale. Q u a n d se
tiendront ces élections ? O ù ?
Voilà autant de questions
auxquelles la direction de
Croc entend bien répondre
d a n s un proche avenir...

N o t r e f u t u r a n c i e n p r e m i e r m i n i s t r e est u n sportif.

«Ô Canada» n'est pas

hué à Edmonton
— Ryan s'excite !
(S.L.) «La preuve que les Cana-
diens anglais nous aiment et
qu'ils veulent que nous res-
tions dans la Confédération,
c'est que la version française
du O C a n a d a n'a pas été h u é e
depuis plus d'une semaine à
Edmonton» déclarait M . Clau-
de Ryan devant une b a n d e
d'imbéciles réunis pour l'écou-
ter.
Faisant fi de l'objection qu'é-
mettaient certains journalistes
à l'effet que la version française
de l'hymne national c a n a d i e n
n'avait pas été jouée à Ed-
monton depuis plus d'un mois,
le sous-chef en chef des forces
fédéralistes québécoises dé-
clara : «Si les péquistes vou-
laient être honnêtes, ils re-
connaîtraient là un grand pro-
grès pour la cause de l'unité
canadienne. M a i s ils ne sont
pas honnêtes, pis ils veulent
rien savoir !»

février 1980
 Deux DC-10 ne s'écrasent pas cette semaine !
(S.L.) C'est par la voie de ce
triomphal communiqué de
presse que la Douglas Corpo-
ration, fabricante du DC-10,
entendait mettre fin à la ru-
32
meur selon laquelle ses avions
«passaient leur temps à s'écra-
ser». «Voilà bien la preuve que
nos avions ne s'érasent pas
tout le temps» déclare le com-
muniqué. «Dailleurs, la preuve
que nos avions ne s'écrasent
pas toujours c'est que vendre-
di dernier non plus il n'y a pas
eu d'accident impliquant un
DC-10. Jeudi, ben c'était la
faute du pilote, pis mercredi
aussi.» Interrogé sur le fait
qu'aucun DC-10 n'était en ser-
vice la semaine dernière, le
président de la firme améri-
caine a déclaré ne pas voir la
relation entre les deux faits:
«En tous cas, nous pouvons
maintenant nous permettre
d'être optimistes. Une semaine
sans accident, ce n'est peut-
être qu'une tendance, mais
elle est dans le bon sens.»
Remue-
ménage
à Percé
(P.B.) Afin d'éviter que le célè-
bre rocher ne s'effondre dans
la mer, les autorités locales l'ont
fait remiser pour l'hiver dans
le garage municipal. En effet,
à cause de l'action combinée
de l'érosion et de la pollution,
cette immense structure de
papier mâché était devenue
un danger public. Les travaux
de restauration dureront en-
viron trois mois et le rocher
devrait être réinstallé pour le
début juin.
Une primeur : le nouveau
modèle de cafetière Melitta
CROC

L'Iran: Carter adopte
une attitude ferme !
(S.L.) Face à l'aggravation de
la situation en Iran, le prési-
dent Jimmy Carter annonçait
récemment que les États-Unis
entendaient adopter une atti-
tude plus ferme et plus en
accord avec leur prestige. La
première des mesures prises
à cet effet, est un embargo
immédiat et complet sur tou-
tes les exportations de caca-
huètes américaines vers l'Iran.
Informé du fait que les États-
Unis n'avaient jamais exporté
de cacahuètes en Iran, le pré-
sident Carter a rétorqué que
cette objection n'avait aucune
importance : «Ce qui est im-
portant c'est le principe et sur
les principes, nous ne recule-
rons jamais !» «Mais que j'en
voie pas un commencer, par-
ce qu'il va avoir de mes nou-
velles 1» déclara en terminant
le président. De son côté, le
Canada annonçait être prêt à
prendre des mesures pour
appuyer son vieil allié du sud.
février 1980
A cet effet, Flora McDonald a
fait connaître son intention de
se rendre en Iran et d'y faire un
discours par jour jusqu'à ce
que la crise soit résorbée. «Et
si ça fait pas, on leur enverra
Margaret Trudeau» déclara le
ministre des Affaires exté-
rieures à la fin d'un discours
qui souleva l'enthousiasme
général des membres de la
Chambre des Communes.
Le gouvernement iranien
n'a pas encore réagi officielle-
ment à ces mesures, mais on
chuchote, dans les cercles bien
informés, que l'ayatollah au-
rait laissé entendre qu'il con-
sidérerait cette dernière me-
sure comme l'équivalent d'une
déclaration de guerre.
Quant au premier ministre
Joe Clark, il annonçait hier
son intention de déménager
l'ambassade canadienne en
Iran «dès que quelqu'un lui
aura dit où elle est présen-
tement».
Les joueurs
du Canadien
en querene
(P.B.) CROC a appris que la piètre performance de l'équipe est
Canadiens. Le trio Lafleur, Shutt et Mondou, à cause de ses
tendances indépendantistes, sèmerait la zizanie chez les
autres joueurs qui sont tous fédéralistes. Afin d'éviter que Guy
Lafleur ne devienne le champion compteur de cette année et ne
se serve de la gloire méritée par ce titre pour mousser le OUI au
référendum, les fédéralistes auraient décidé de patiner sur la
bottine, ce qui expliquerait la série d'échecs du club. Exaspéré
par les échanges dialectiques dans la chambre des joueurs,
Bernard Geoffrion aurait perdu la raison et remis sa démission
pour devenir évangéliste en Géorgie. La direction du Canadien a
choisi Claude Ruel comme nouvel instructeur. Ruel serait en
mesure de commander le respect des indépendantistes et des
fédéralistes, puisqu'il n'a jamais été mêlé à des histoires
politiques. D'ailleurs, la rumeur veut que Ruel n'ait jamais
compris grand chose à quoi que ce soit et qu'il serait incapable
de lacer ses bottines. Rejoint au téléphone, Serge Savard, le
capitaine de l'équipe, nous a confirmé l'ensemble de ces faits et
nous a même fourni les commentaires suivants : «Lafleur et sa
bande sont à la solde de mouvements extrémistes dangereux.
Par notre non-action sur la patinoire, nous épousons les
doctrines de nos chefs Ryan et Clark. À défaut d'avoir des idées,
on a décidé d'agir et de ne rien faire. C'est-tu assez clair?»
Consternation dans le monde de la propreté : l'agent Glad
est m o r t
Un tracteur mange un
village de l'Est du Québec
(P.B.) La Sûreté du Québec tiers des maisons du village.
aurait encerclé un petit villa-
Au moment de mettre sous
ge situé dans la vallée de la presse, nous avons appris
Matapédia afin de capturer qu'un deuxième tracteur au-
un tracteur qui aurait dévoré rait attaqué un autre village
une douzaine de résidents dans cette région. Tous les
locaux et deux touristes ja- détails dans notre prochain
ponais, ainsi que les deux numéro.
Nouvelle émission
de timbres-postes
(P.B.) Lors d'une conférence
de presse se déroulant à la
Maison des Postes à Montréal,
M. Emile Laforge, secrétaire-
général des postes canadien-
nes, a annoncé l'émission d'u-
ne nouvelle série de timbres-
Yvan Ducharme
poste consacrés aux Cana-
diens qui ont un jour dit NON.
Surpris par les allégations de
certains journalistes voulant
que ces timbres servent com-
me propagande fédéraliste
en vue du référendum québé-
cois, M. Laforge a réfuté ces
accusations en rappelant que
la philatélie n'a rien à voir
avec la politique et qu'il fal-
lait être timbré pour penser
autrement. Les vedettes des
premiers timbres seront Yvan
Ducharme (il a dit non au
cancer), Conrad Touchette
(un soldat qui avait refusé de Le président Carter reconstitue un des otages de l'ambas-
descendre de sa péniche lors sade américaine à Téhéran.
du débarquement à Dieppe)
et Margaret Trudeau pour a-
voir résisté aux avances de
Mick Jagger. Nicaragua:
Carter est indécis !
(S.L.) C'est à un Jimmy Carter interloqué que parvenait récem-
ment une nouvelle à l'effet que le nouveau gouvernement du
Nicaragua réclamait l'extradition de l'ex-dictateur de ce pays, M.
Anastase Somoza, présentement en exil aux États-Unis. Devant
cette demande, l'attitude du président fut ferme, quoique
prudente : «Y a-t-il du pétrole au Nicaragua ?», s'enquit tout
d'abord M. Carter. Après la réponse négative que s'empressè-
rent de lui faire parvenir ses conseillers, le président rétorqua :
«Alors, qu'est-ce qu'on fout ici ?» Après cette déclaration, le
président quitta précipitamment la conférence de presse pour
aller participer à un important débat sur les libertés civiles dans
Margaret Trudeau les pays d'Amérique du sud.

CROC entre dans la guerre

des sondages !
(S.L.) Les résultats des récents
sondages sur l'option référen-
daire ont semé la confusion
dans l'esprit des Québécois :
«On va y voir !»
C'est par ces paroles percu-
tantes que la direction de CROC
annonçait récemment la pu-
blication des résultats de son
propre sondage sur le réfé-
rendum. «La raison de cette
confusion est simple», ajoutait
le représentant de CROC, «c'est
que les questions qui sont
posées aux Québécois à l'oc-
casion de ces sondages ne
sont pas claires. Ben nous
autres notre question elle va
être claire, puis après, on va
avoir des réponses claires!»
Claire, la question de CROC
l'était effectivement : «Si les
Anglais décidaient de vous
chier sur la tête, que feriez-
vous ?»
La réponse? À cette ques-
tion, 41% des Québécois inter-
rogés ont répondu qu'ils vote-
raient péquiste, 31% qu'ils re-
mercieraient poliment, 18%
qu'ils écriraient à leur député
et 10% qu'ils partiraient en
vacances dans le sud. «La
preuve que notre question
était claire, c'est qu'il n'y a pas
eu d'indécis dans notre son-
dage», déclarait la direction
de CROC après avoir pris con-
naissance des résultats. «Ah
pis, j'ai une autre affaire à
dire,» déclarait le rédacteur-
en-chef de cette publication,
«j'suppose qu'y en a encore
qui vont dire que notre son-
dage était pas scientifique !
Ben eux autres, y peuvent
manger d'ia (Voir sondage-
CROC, en page 98.)»

CROC

BOBO-POUCE
N.D.LR. Chaque mois, votre
journal préféré, BOBO-
POLICE, demande à l'as des
as, le grand Claude Prunier,
de commenter ici l'Actualité.
À toi, Claude.
DES BONNES
RÉSOLUTIONS
POUR 1980
(J.G). — Chers amis policiers,
même les gens parfaits peu-
vent s'améliorer. À l'aube de
cette belle année qui com-
mence, c'est encore le temps
de prendre de bonnes réso-
lutions.
Par exemple, en 1980, fau-
drait faire un effort pour tirer
juste. Y'a rien de plus pénible
pour un bandit — après tout
c'est du monde aussi — que
d'être infirme pour la vie. Et
puis ça coûte cher à la société
les éclopés. Pas de souffran-
ces inutiles et d'argent gaspil-
lé, visez la tête, c'est plus sûr.
Il y a eu en 1979 un certain
relâchement dans plusieurs
villes et municipalités. À
Québec, c'est rendu que les
gens ont le temps de sortir de
leur char avant d'avoir un
billet de stationnement. Al-
lons les gars, un effort, même
si c'est pas facile d'écrire !
À Montréal, y'a moins de
descentes dans les discothè-
ques, surtout celles fréquen-
tées par les fifis et les nègres.
Pas de discrimination, c'est
pas de votre faute s'ils sont
pas comme les autres. Avez-
vous peur de la ligue des
droits des homos ?
ENFIN UN DIRECTEUR
DE CEGEP
QUI N'A PAS PEUR
BOBO-POLICE tient à féli-
citer le directeur du cégep
de Lévis-Lauzon, un gars qui
n'a pas froid aux yeux. L'autre
semaine il n'a pas hésité à
faire venir la police — pas un
ou deux gars, tout un déta-
chement — pour faire évacuer
les ti-gars et les tites-filles qui
voulaient danser après 11 h.
Mais c'est vrai, tu leur permets
d'organiser un party — c'est
février 1980
déjà une erreur — et ils abu-
sent !
Les ti-gars ont été lâches.
Ils se sont laissés sortir sans
rien faire. Même si les poli-
ciers étaient plus nombreux
qu'eux, c'est pas une raison.
C'est pas de même qu'on de-
vient des hommes. Là où il y a
de «la casse», y'a du plaisir. Et
ça fait des beaux souvenirs
plus tard.
QUÉBEC, UNE VILLE
D'ORDRE QUI DONNE
L'EXEMPLE
BOBO-POLICE espère que
les autorités provinciales
vont donner à la ville de Qué-
bec le droit d'obliger «tout
contrevenant» à s'identifier.
Même si la Commission des
droits de la personne s'y o p
pose en disant que ça revient
à imposer une carte d'iden-
tité.
Comme le dit le maire de
Québec (c'est-y encore La-
montagne ?), tout le monde a
déjà des cartes de crédit. Il n'y
aurait qu'à prévoir qu'une
«Master Charge», une «Char-
gex» ou encore une «American
Express», soit une carte
d'identité.
De toute manière, quelqu'un
qui n'est même pas assez fia-
ble pour qu'on lui fasse crédit
devrait pas avoir le droit de se
promener dans les rues. Et
puis les conducteurs sont
obligés, eux, d'avoir un per-
mis de conduire. Pourquoi
pas un permis de circuler
pour ceux qui veulent déam-
buler ?
Et n'oublions pas le grand
principe: quand on n'a rien à
se reprocher, on n'a rien à
craindre.
Je sais bien qu'il y en a qui
vont encore parler des cen-
taines de citoyens qui ont fait
quelques jours de prison
pour rien en octobre 1970. Et
puis après? Ils ont été relâ-
chés, non ?
VIGNOLA, C'EST
UN VRAI CHEUF
Le cheuf de la police de
\
Montréal, M. Henri-Paul
Vignola, c'est un cheuf, un
vrai. Il a déclaré dans le Jour-
nal de Montréal — un bon
journal que je recommande à
tous les policiers — qu'il vou-
lait affirmer de plus en plus
son autorité. Ça, c'est parler
comme il faut.
BOBO-POLICE aurait ce-
pendant préféré qu'il mette
son costume de police pour
faire prendre son portrait au
lieu de s'habiller comme du
monde. Et puis, il était posé
assis sur le coin de son bu-
reau, un crayon dans les
mains, une feuille de papier
sur les genoux, devant une
tapisserie en laine comme
chez les freaks d'Outremont.
Ça fait pas sérieux, Cheuf,
changez au plus vite d'« image
maker», il est en train de vous
faire passer pour un intellec-
tuel niaiseux.
A l'école de police de Nicolet cet aspirant-policier a
encore tendance à tirer avec sa lampe de poche et à éclairer
avec son revolver.
La prochaine fois, BOBO-
POLICE veut vous voir avec
une casquette sur la tête,
plein de médailles, derrière
un bureau couvert de télé-
phones, un de vos hommes
armés, à l'attention, à côté de
vous. Vous leur faites sans
doute assez confiance pour
ça? (Sinon, chargez la cara-
bine avec des balles à blanc.)
VIGNOLA, C'EST
UN CHEUF FRANC
Et à part ça, le cheuf
Vignola, c'est un gars franc
qui mâche pas ses mots. Il l'a
déclaré dans l'article du
Journal: «Quand je m'aperce-
vrai que je ne suis plus utile
au service, je quitterai tout
seul, je prendrai alors la déci- passer dessus. Essayez de fai-
sion.»
Ça c'est envoyé. C'est pas
tout le monde qui oserait en
dire autant.
Il n'a pas encore démis-
sionné. C'est qu'il est utile.
BÉDARD EN PRISON:
UNE BONNE IDÉE !
Le ministre de la Justice a
passé quelques heures à
la prison de Chicoutimi à
l'occasion de Noël. Non, il
n'avait pas trop bu. En tout
cas, on n'en parlait pas dans
le journal.
Il était derrière un piano et
il chantait avec les criminels.
C'est un début. Il pourrait
maintenant faire le tour. Une
prison par fin de semaine, ça
lui ferait du bien. C'est bon de
sentir qu'on est aimé.
Et les autres ministres de-
vraient suivre son exemple.
Je vois très bien le ministre de
l'Éducation, l'honorable Jac-
ques-Yvan Morin, faire la mê-
me chose.
Mais non, pas dans les pri-
sons ! Dans les CEGEPS. Lui
aussi a besoin de sentir qu'on
l'aime.
Le premier ministre ? Mais
il pourrait faire le tour des
associations péquistes.
LES VACHES SACREES
DU QUÉBEC
Y'en a qui n'ont pas com-
pris ce que je voulais dire
dans ma dernière chronique
quand je disais que les juges
devraient être au Québec ce
que les vaches sacrées sont à
l'Inde.
C'est pourtant simple. Je
l'ai dit, je veux qu'on les res-
pecte autant que les Indiens
(les vrais, ceux qui meurent
de faim), leurs vaches. À Cal-
cutta, les vaches peuvent s'a-
vachir en plein milieu de la
rue, y'a pas une auto qui va
re la même chose avec un
juge au coin de Peel et Ste-
Catherine, ou sur le boulevard
de la Capitale à Québec. Ou
même sur la rue Racine à
Chicoutimi.O
 photoballons express

Un des personnages est une marionnette :

devinez laquelle...

Ce groupe d'écolières de Nicolet salue la visite du Premier

ministre Lévesque en imitant le barrage de LG-2.

36

Nullement découragé par son expérience chez les

Canadiens, Bernard Geoffrion s'est lancé dans
la culture du radis. Il nous montre Après la musique underground, voici la musique underwater,
ici toute sa récolte. avec le nouveau groupe Aquarium.

Une exclusivité CROC: la réaction officielle

du ministre Laurin à l'annonce du
jugement contre la loi 101. Un nouveau spectacle fait courir les foules en Iran : Starmanyatollah.

CROC

Pas le choix, ce mois-ci, le thème
s'impose de lui-même : que faut-il
penser du retour de Dieu, du retour
de Marcel Masse en politique et des
parents qui ont donné en cadeaux à
Noël une poupée à leur petite fille et
un camion à leur petit garçon ?
Comme on peut le voir, le thème
est vachement complexe. Commen-
çons donc par la météo. À Montréal,
les amateurs de temps cucu ont été
pleinement servis. Pas de neige à
Noël, pas de neige au Jour de l'An et
toujours pas de neige au moment où
j'écris. C'est la faute à Gérard Cha-
pleau qui fait la météo à Radio-
Canada. Ce Chapleau, quand il pleut,
qu'il neige ou qu'il vente, il dit que le
temps n'est pas «propice». Quand il
fait soleil et que plus rien ne bouge,
il dit que les choses sont «rentrées
dans l'ordre». Chapleau, va te faire
foutre ! Va faire ta météo à Honolulu
avec ta chemise à palmiers et laisse-
nous jouir tranquillement des belles
tempêtes et des chroniques de
météo transcendantale qui vont
avec. Voilà, le ménage est fait, on
peut maintenant continuer entre
nous.
Dieu. Une chronique de météo
transcendantale se doit, de temps à
autres, de faire une place à ce pro-
blème entre une lasagne verte et un
Roger Lemelin (voilà, je l'ai encore
placé celui-là $10 c'est $10 !). Dieu
est partout. Dieu fait une rentrée
fulgurante. Il se présente aux élec-
tions en Iran, il se fait construire
des mosquées par Khadafi ( qu' est-ce
qu'on deviendrait en météo trans-
cendantale sans Lemelin, Khadafi et
Ryan), il (c'est toujours Dieu) parle
polonais, il contrôle encore toutes
les écoles du Québec, il connaît
Claude Ryan (le voilà justement...
Claude Ryan existe, Dieu l'a rencon-
tré) et il a même interdit récemment
à un juré juif, à Montréal, de siéger
après 4hl8 vu que le soleil se cou-
chait à cette heure-là et que le sab-
bat commençait à 4hl9. Les autres
membres du jury ont siégé quand
même, comme quoi Dieu n'est pas
tellement regardant.. À moins qu'il
n'ait pas de montre. À moins aussi,
février 1980
L'air du temps
P4K le
Chronique
que Dieu ait imposé un régime spé-
cial aux Juifs. Ça sent mauvais, ça !
Ce que j'ai remarqué de Dieu (ne
pas manquer la sortie de mon pro-
chain bouquin, «Deux ou trois choses
que je sais de Dieu»), ce que j'ai
remarqué c'est qu'il est terrible-
ment futé. D'un côté, il fait payer le
pétrole à un prix de voleur aux
infidèles, de l'autre, il commence à
trouver que ça fait cher pour chauf-
fer de grandes églises. Le pape, lui, a
trouvé que ça commençait à faire et
il a dit deux ou trois mots pas gentils
en latin à l'ayatollah qui lui a de-
mandé, mine de rien, pourquoi on
employait l'expression «saoul comme
un pape». Le Vatican a répondu illico
que l'expression était en réalité
«saoul comme un Polonais». «C'est ce
que je disais», a rétorqué l'ayatollah.
Remarquez que tout ça se déroule
au niveau théologique le plus élevé
et que chaque parole est bénie. Cer-
tains seront insatisfaits de tels débats
et voudront qu'on aborde tout de
suite la question de fond : Dieu est
partout, d'accord, mais existe-1-il?
La question a l'air anodine, mais le
dernier qui l'a posée à Téhéran ne
posera plus aucune question et ceux
qui la posent à Montréal doivent
s'inscrire pour le droit à l'exemp-
tion. Un conseil ; qu'il existe ou pas,
Dieu a le bras long alors il vaut
mieux se tenir tranquille. Voilà pour
Dieu !
Marcel Masse. Marcel Masse exis-
te. Je l'ai vu l'autre jour à la télévi-
sion ; je ne peux pas en dire autant
de Dieu. C'est toujours ça de pris.
Mais Marcel Masse n'est pas partout
Heureusement. Actuellement, il est
à Saint-Jérôme, candidat conserva-
teur. Il demande qu'on vote pour Joe
Clark. Marcel Masse croit en Joe
Clark. Il a déjà cru dans le RIN,
aujourd'hui il croit en Joe Clark
C'est clair. Il croit aussi dans l'aéro-
port de Mirabel, vu que c'est pas loin
de Saint-Jérôme. Il suggère même
qu'on détourne le trafic de Dorval
vers Mirabel. Pas Jérusalem, Mira-
bel ! La croyance en Joe Clark a
transformé Marcel Masse. Il croit
aussi dans Saint-Jérôme, dans les
Laurentides. Sans doute aussi dans
l'autoroute. Peut-être qu'il baise le
sol quand il arrive quelque part II a
redécouvert tout ça grâce à sa
croyance en Joe Clark. Il a repris
goût à Labelle, un comté qui n'a pas
encore cru en Joe Clark. On peut
même faire le pari que le 18 février
au soir, Labelle n'aura pas retrouvé
la foi en Joe Clark. Marcel Masse
reviendra aussi ce soir-là au galop
à... Marcel Masse. Il rentrera à Mont-
réal et croiera d'abord en Marcel
Masse, comme avant Ça ne sera pas
si douloureux, j'en connais même
qui ne croient à rien du tout Alors !
Cela nous amène en droite ligne
au troisième et dernier volet de no-
tre thème du mois : les parents qui
ont donné en cadeaux à Noël une
poupée à leur petite fille et un ca-
mion à leur petit garçon. Les parents
qui ont fait ça, c'est parce qu'ils
n'ont pas encore assez écouté
Radio-Canada. Avant Noël, à toutes
les émissions, Radio-Canada nous a
dit que c'était pas bien de donner
une poupée etc.. Après Noël, com-
me il faut bien remplir les émissions
d'affaires publiques malgré le man-
que de nouvelles, on a fait venir des
madames à qui on a posé la question
que vous savez : «il y a des parents
qui ont donné une poupée à leur
petite... etc.. etc.. Que faut-il penser
de ces parents ?» Il y a certainement
moyen de régler ce problème. Il faut
absolument que l'an prochain, les
parents donnent une poupée à leur
petit garçon et un camion à leur
petite fille. Comme ça, Radio-Canada
va être content. Les enfants vont
penser quelePère Noël s'est trompé
et ils vont vite s'échanger les ca-
deaux Mais Radio-Canada n'en sau-
ra rien, les enfants seront contents
et on aura la paix. C'est-y pas ça qui
compte ? O
AISUN
er ses chahuteurs
le dessinateur a gages
Peter Wholley
Peter Whalley est dessinateur depuis plus de
30 ans et ce, «sans l'aide du Conseil des Arts, du
Centre de Main-d'oeuvre ou d'Information
Canada». Ses gags ont paru fréquemment dans
les annés cinquante et soixante dans les pages
du MACLEAN'S et de PERSPECTIVES. Mais
parallèlement, il publie à tirage limité des
recueils de ses dessins qui montrent une autre
facette de son talent. WHALLEY habite à Morin
Heights où il concocte son style inimitable.
 39

février 1980
mmœl/

T
ON AUAiT ,

CROC
février 1980
POUR TROUVER
UN TRESOR.FAUT SAVOIR
OU LE CHERCHER !

Vous vous êtes demandé comment les étudiants peuvent se

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 0 CROCniques 0
nous sommes quittés, vous aviez Il y a toutes sortes de gérants: c'est-
formé un orchestre, vous lui aviez à-dire 2. La première sorte, ce sont les
bandits. Ils vous volent, mais vous le
musiK trouvé un nom et vous aviez composé
un répertoire. Avec le temps que vous
avez pris pour faire tout ça, vous
savez. En général, ils ont l'air de
mafiosos, mais sans la classe. Ils
n'avez plus droit à l'assurance- fument des cigares qui sentent ce à
chômage et votre mère vous a jeté à la quoi ils ressemblent. Ils ont des
rue; vous êtes donc obligé de vivre de favoris en forme de rampe d'escalier.
la musique. Pour ce faire, vous avez 2 Ils portent des vestons «double-
choix: ou bien vous vous installez breast» assez vastes pour recouvrir le
devant un grand magasin avec un Stade olympique. Ils vous tapent
Foin m y D a o u s l dans le dos tellement souvent que vos
accordéon, une poignée de crayons
et des lunettes noires, ou bien vous omoplates s'usent, et quand ils vous
Salut Kébek ! À la demande prenez un gérant. Marchez sur votre ont serré la main, votre p a u m e est
générale de mon loyer à payer, orgueil et prenez un gérant. tellement moite que vous pouvez
je continuerai aujourd'hui m a série Il y a toujours eu des gérants. Quoi vous raser en vous mirant dedans.
d'articles sur les tribulations d'une
carrière musicale au Kébek. J e peux
d'ailleurs vous confier que ces
articles remportent un tel succès
qu'il est question qu'on en fasse un
film. En effet, j'ai paraît-il été
approché à ce sujet par le cinéaste
Denis Héroux. On sait que celui-ci
n'en est pas à ses premières armes
dans le domaine du film à sujet
musical: on dira ce qu'on voudra,
c'est quand m ê m e lui qui a réalisé
G o d z i l l a r e c u l e , le célèbre
documentaire sur la tournée de René
Simard au Japon. Il a m ê m e été
question qu'on tourne une suite à ce
grand succès, mais l'idée a été
abandonnée quand les Japonais ont
menacé d'attaquer Pearl Harbour de
nouveau en guise de réplique.
Ceci dit, et avant d'attaquer le vif
du sujet, je voudrais selon ma bonne
habitude répondre à m o n courrier. J e
tiens donc à dire à mes correspon-
dants qui signent «Kresge»,
«Greenberg» et «K-Mart» que j'ai bien
reçu leurs circulaires et que je leur
répondrai sous peu.
Et maintenant, place à la musique ! qu'en dise la Bible, c'était eux la L'autre sorte, c'est un de vos amis.
Oh, en passant, notre imprimeur m e lOème plaie d'Egypte. C'est le gérant En général, c'est celui qui est trop
signale qu'il ne lui reste plus de lettre de Néron qui a persuadé celui-ci de maladroit pour tenir une guitare. A u
K; il faut donc lire «musik» quand jouer du violon devant R o m e en départ, ce genre de type est bien
j'écris «musique». Oqué ? Q u a n d nous flammes; m ê m e chose pour Roland à intentionné; pendant votre première
nous sommes quittés, j'ai eu bien de Roncevaux; c'est enfin pour faire année professionnelle vous vous
la peine et... Woups ! Excusez-moi, ça plaisir à son gérant que L u d w i g Von retrouverez grâce à lui en train de
c'est mon introduction pour m a lettre Bethovan Gogh s'est coupé une jouer gratuitement au profit des
à m o n ancienne blonde. Q u a n d nous oreille et est devenu sourd. baleines bleues ou d'une garderie

février 1980
 CROCniqucs
pour vieillards Inuits retombés en
enfance. À vos premiers shows
payants, il retiendra vos salaires sous
prétexte d'installer des pneus d'hiver
sur vos guitares. En tournée, il aura sa
chambre à lui pendant que vous
dormirez à 6 dans 2 lits doubles «pour
développer l'esprit de groupe». Il
vous obligera à vous coucher de
bonne heure tout en entassant
quelques jeunes filles mélomanes
qui voulaient voir votre instrument.
À un moment donné, quelques
signes alarmants commenceront à
faire leur apparition. Il développera
un goût étonnant pour les vestons
double-breast. Vous le surprendrez
parfois à parler en italien au
téléphone. Vous me direz que
ce sont là des signes inquiétants. Mais
non ! Au contraire, réjouissez-vous !
Le succès vous attend au prochain
tournant ! Dans la carrière musicale,
on reconnaît le succès grâce à ces
choses-là; votre gérant devient un
bandit ? Bravo ! Vous avez des procès
sur les bras ? Chapeau ! Vous êtes
dans le trou ? Lâchez-pas les gars ! Le
dernier fleuron, la preuve la plus
éclatante que vous pouvez avoir que
vous êtes a r r i v é s , c'est le suicide.
Quand vous vous retrouvez dans une
chambre de motel d'Arvida en train
d'avaler une dose excessive de
plaquettes Vapona pendant que
votre dernier hit est en train de se
faire massacrer dans le lounge par
l'orchestre local, les Arvidartistes,
dites-vous bien qu'il n'y a que les
musiciens ratés qui finissent leur
carrière en retournant travailler dans
le garage de leur père...
Salut Kébec ! (C'était m o n d e r n i e r
K!) «L'imprimeur».O
signes des,
terni
massasse
Pierre Huet
Avant, les gars et les filles se
fréquentaient. Ou, selon un autre
terme «sortaient ensemble». Ceci était
généralement suivi d'une deuxième
étape variable en longueur pendant
laquelle on se mariait ou s'accotait.
Cette deuxième étape se terminait
habituellement soit par la mort d'un
des deux intéressés (le moins des
deux sans doute...), soit par une
action violente annoncée par une
phrase comme «on divorce», «on se
quitte» ou «sors, ou ben j'te tue !»
Ça, je le répète, c'était avant. Avant
quoi, me direz-vous ? J e ne le sais pas.
Mais c'est bien évident que nous
vivons en ce moment a p r è s quelque
chose. Qu'on parle de vêtements, de
moeurs, de religion, de pétrole, c'est
CROC

manifeste qu'on est dans l'après. Je
ne sais pas si ça peut aider dans
leurs recherches ceux qui voudraient
trouver le moment exact où l'avant
est devenu l'après, mais ça doit être à
peu près quand la phrase la plus
courante est passée de «c'est lefun !»à
«Y'a rien là !»
Revenons à nos moutons, c'est-à-
dire aux gars et aux filles. Je ne vous
apprendrai rien (mais je serai payé
quand même) en vous disant que
dans les relations entre ces deux
groupes, les choses ne sont plus si
simples. En passant, on aura
remarqué que je me contente de
parler des rapports hétérosexuels
entre adultes consentants. Ceux dont
les préférences s'écartent de quelque
manière de cette définition voudront
bien ne pas m'en tenir rigueur. C'est
tout à fait votre droit de porter vos
affections sur un proche parent, un
animal ou même un objet en vente
chez Canadian Tire, mais vous
comprendrez que les choses étant
déjà assez compliquées comme ça, je
préférerais parler des minorités une
autre fois.
Je disais donc que rien n'est simple
du côté de chez les gars et les filles.
D'abord, il n'y a plus vraiment trois
étapes, c'est-à-dire : fréquentation-
cohabitation-dissolution. Prenez par
février 1980
exemple deux individus que je
connais l'un du sexe masculin, l'autre
de l'autre (vous remarquerez que je
n'ai pas dit «un couple que je
connais»).
Quand ils se sont rencontrés, ça été
le coup de foudre. À tel point qu'au
bout de deux jours elle habitait pour
ainsi dire chez lui, sauf le jour où elle
retournait chez sa mère faire son
lavage. C'était le bonheur total. Après
quelques mois, leur relation était
devenue très intense. Tous deux
commençaient à croire que cette fois-
là, ça y était, c'était pour le vrai et
pour toujours. Ils réagirent donc en
conséquence. Un bon jour, elle a
définitivement déménagé de chez
ses parents et elle s'est loué un
appartement seule. Non, non, vous
n'avez pas mal lu. Si j'ai bien compris
ses explications à l'époque, elle
agissait ainsi (avec le plein accord du
gars, bien sûr) pour vérifier que son
amour n'était pas un simple désir
d'indépendance.
Donc, tout au long des mois où ils
s'aimaient passionnément, ils ont
habité à 5 minutes l'un de l'autre. Un
jour pourtant, ça s'est mis à moins
bien aller. Oh, ils n'en parlaient pas,
mais nous, leurs amis, on s'en rendait
bien compte. Quand on les voyait
ensemble, leurs attitudes avaient
CROCniques
changé : ils se parlaient plus
qu'avant, ils étaient plus affectueux.
Et ça n'a pas manqué. Un jour, ils se
sont quittés. Enfin, ils n'étaient plus
ensemble. En tout cas, vous voyez ce
que je veux dire. Puis le véritable jour
de la rupture est arrivé: ils ont loué
un logement ensemble. Oh, ne vous
méprenez pas, un grand sept pièces
où chacun avait ses appartements.
Depuis, ils habitent ensemble et
forment le plus charmant non-couple
que je connaisse. Lui, quand il
rencontre une fille, il passe la soirée à
lui raconter comment son ancienne
«chum de fille» est au boutte, tandis
qu'elle invite des gars à venir prendre
un dernier verre chez elle pour
rencontrer «son ancien bonhomme».
Ai-je besoin de vous dire qu'en
général de telles entrées en matière
gèlent plutôt les éventuel! le) s
prétendant! e) s?
Je vous ai longuement parlé de ces
deux amis à moi pour démontrer que
ça prend vraiment un regard exercé
pour reconnaître où en est un couple
aujourd'hui. Et encore. Ainsi, l'autre
soir, j'étais dans un party. Je parlais à
un type. Je commence à lui dire: «Ta
blonde pis toi, vous...» Le type explose
«Ma blonde ? Comment ça ma
blonde? Quelle blonde ?» Moi ahuri, je
balbutie «Ben, la fille avec qui t'es
arrivé, celle avec qui on te voit tous
les soirs, celle...» Là il se fâche pour
vrai. «Aie, c'est pas parce qu'on est
arrivé ensemble pis qu'on va repartir
ensemble, qu'on est tout le temps
ensemble que ça veut dire que c'est
ma blonde!» Pendant tout ce temps-
là, la fille en question qui avait
entendu l'altercation, me regardait
de son coin du party avec un air qui
avait l'air de dire «Maudit épais!»
Ça fait qu'aujourd'hui je ne prends
plus de chances, je me tais. La
prochaine fois, même si je m'adresse
à quelqu'un qui est en train
d'appliquer sur le terrain la position
163 du Kama Sutra, je vais dire
quelque chose comme «Excusez-moi
mademoiselle, je ne sais pas si vous
connaissez le gars qui est en dessous
de vous, mais pourriez-vous lui
demander mon foulard qui est
coincé sous lui ? O
portefblio
 CROCniques
l'étrange
C l a u d e N'Counters
Rebonjour les étranges ! Avant de
commencer mon début, je veux
remercier tous ceux et celles qui, à la
suite de ma dernière chronique sur la
vie après la mort, m'ont écrit pour me
dire qu'ils s'apprêtaient à décéder
jusqu'au prochain numéro de Croc) construites. Les pyramides soulèvent
nous allons parler de la crise irano- de multiples questions, ce qui est
américaine. En quelque sorte. De fait, déjà beau, compte tenu de leur poids.
nous allons parler des pyramides La première question qui me
d'Egypte. Je sais que l'Egypte n'est viendrait à l'esprit si je pensais à ce
pas en Iran, mais ce sont quand
même 2 villes qui se ressemblent.
Moi, en tout cas, je ne les différencie
genre de choses, c'est la suivante: à
quoi servaient les pyramides à
l'époque où elles étaient encore sur la
pas. garantie ? Je parle au passé parce que
Avant d'aller plus loin, je tiens à je sais ce qu'on fait avec les
imprimer quelques mots d'introduc- pyramides aujourd'hui: des
tion pour ceux et celles qui ne
connaîtraient pas les pyramides
d'Egypte. Voici ces mots. Goudon
les niaiseux ! Vous êtes des beaux
épais ! Instruisez-vous, torieu !
Avez-vous déjà vu ça un livre ?
C'est comme un T.V. Hebdo, mais
sans photos de Shirley Théroux !
Les pyramides; c'est en Egypte !
Cherchez-en pas dans Hawal 5-

volontairement afin de me commu- O, y'en aura pas ! Pis le docteur

niquer par le prochain courrier leurs
impressions sur l'Au-delà. Je n'ai
malheureusement pas eu à date de
nouvelles de ces correspondants. Je
ne m'en fais pas, je sais que les postes
canadiennes accusent un certain
retard pendant la période des Fêtes
et que d'ici onze mois les choses
seront revenues à la normale.
Aujourd'hui (demain aussi en fait,
et tous les jours qui viennent après,
Welby opérera pas une pyramide
pour l'appendicite. Pis attendez
pas que le professeur Lebrun
vous en parle, il saurait pas
différencier une pyramide d'un
partiel! Déniaisez-vous ! O.K. là?
Cette distinction faite, parlons des
pyramides, source de mystères. Ces
édifices étranges, à la forme
pyramidale, ont mystifié plusieurs
civilisations y compris celle qui les a
pochettes de Pink Floyd. Ou alors, on
s'en sert pour persuader les touristes
de grimper sur des dromadaires en
vue d'une excursion. Le but véritable
de ces excursions apparaît
rapidement, et en couleurs en plus.
suite en page S I

CROC
Transport de fret
 TvTîTI]
Si, JSKfiitoitA U /Anima,?) er PU/S...FAJTTROP JToW J ' F i U POUR owe P T I W T . I * Ou/)CH£f
FROID PouR S O R T i R y ^ T ' SOIRÉE TRMQu'tLiE..j$cIuAûtytu4hk
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TUrt sews BiE-Mp J / 0 - K ^ « 6 » eowu- |
ou* JOU&ULÛIIL

CROC
Le touriste vomit le contenu entier de
son estomac plus 1 ou 2 viscères
mineurs. On a calculé qu'en 1976 les
touristes japonais avaient à eux seuls
fertilisé ainsi 200 kilomètres carrés
de Sahara. Ceux et celles qui lisent
C r o c dans l'autobus et qui
commençaient à pâlir et à se casser
les ongles en essayant d'ouvrir leur
fenêtre peuvent se calmer: je change
de paragraphe.
Revenons au passé, au temps où les
Égyptiens se pensaient fins parce
qu'ils marchaient de profil sans plier
les genoux. À quoi servaient les
pyramides à cette époque ? On a
affirmé un temps qu'elles étaient des
tombeaux pour pharaons, théorie qui
s'est affaissée quand on a découvert
que ceux-ci allaient finir leurs jours à
Fort Lauderdale. On a pensé ensuite
qu'elles servaient de boussoles, mais
on s'est vite rendu compte qu'elles
étaient bien trop grosses pour être
glissées dans la poche d'une culotte
de scout. D'autres ont affirmé qu'une
lame de rasoir posée sous une
pyramide demeurait perpétuelle-
ment aiguisée. Les tenants de cette
hypothèse ont bien rougi quand on
leur a signalé que les anciens
Égyptiens étaient imberbes. Enfin,
certains linguistes croient que les
pyramides d'Egypte servaient
surtout à débarrasser le pays d'un
surplus d'Y. J e vous laisse le soin de
juger vous-même de l'intelligence de
cette proposition...
i
VOUS SAVEZ CA CE N'EST PAS
FAIT UN PETIT QUEL QU'ON EST GRAN
QUE CHOSE DE S E DEMENT
SENTIR VRAIMENT
CHEZ-SOI
O
a
O
février 1 9 8 0
CROCniques
Toujours à l'affût d'une réponse
aux questions mystérieuses, j'ai
décidé de faire mon enquête
personnelle. N'ayant pas un compte
de dépenses suffisant pour aller en
Egypte, j'ai pris l'autobus et je suis
descendu dans le quartier égyptien
de Montréal. Ce quartier habite au
8ème étage d'un édifice à logements
à prix modique quelque part dans le
Centre-Sud.
Ce n'est d'ailleurs pas étonnant
que la colonie égyptienne ait décidé
d'habiter dans cet immeuble-là,
parce qu'à en juger par les craques
dans les murs et la poussière dans
l'escalier, il est contemporain des
pyramides. Même la concierge a l'air
d'une momie.
J'ai questionné le plus vieux
Égyptien que j'ai rencontré. À
ce que j'ai compris de ses explications
(il ne parlait pas français et n'a pas
voulu ouvrir sa porte), les pyramides
seraient les vestiges pétrifiés d'un
terrain de camping détruit le même
jour que Sodome et Gomorrhe. Il m'a
aussi vendu une montre qui ne
marche déjà plus. Ça doit être ça la
mystérieuse science des anciens
Égyptiens. Arrivé chez moi,
j'ai découvert que je n'avais plus
mon portefeuille. Et j'avais à la place
un bout de papier sur lequel c'était
écrit que j'avais fait un premier
paiement sur l'achat d'un tapis. O
MAIS, LE PETIT D HABITER LA ET L A FIERTÉ
BOUT DE TE_RRE TERRE AU SENS DE DIRE...
QU'ON POSSEDE NOUS PROPRE DU M O T /
DONNE L'IMPRESSION
t>ms
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JÉBi Rui/feS
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U PLUPART DE5
MiUiOWMMReS5 i i - À - À V - i
Vous SALUEREZ.

PÈRE DE LA P A ^ T

<T'E5T D.^C L£ 1
A^Y^HE. D E PAR-R* Du TôuTefoîS LE PREMIER PAS £ S T
L'IMPogTANCE PÉS M fcON P i £ D * P£uT £TP£ PLUS FA^iLE QUAND O N A UN
PoUÊ RÊUSSiE PARALNS4MT Pou* L E S vJA-NU-PîED 6«>MMg P È R E —
DAMS Lh V/iE ADoU5CE*TS i£MSi5L£5
âuî N E 5£ LiBÈRENT PLUS
DE LEUR E N F A N C E

. . . C E S T D;J?E ,
L'IMPOPTAMCE DES RERES fbi>R
fciuSSÎR DAMS LA Ui£/

k M E Z L E S fcfcUE*
É'EST PLUS DiPr.ciLE ;

CROC
 'A U T É T £ (FACr°W DÊ RtëLER) D'UNE

MoNoFbU-.D'UME
MUuTï M AÏÏONALÊ
PARTI PoL^QuE.!

A\J£c U N Tel APPARCiL, PAS £~fc>NNANT # Û Ë Cf s J E U N E S R.CHES P.-^MT

^UR. L A T E T E D E S A U T R E S pou*, A R P - Î V E *
"A L E U R S F î N S . . .

...ET O M M E T 4-A SUR I E D O S p£ L'

HEUREUSE M E M T
L£^> U H E C S HNAMCÎERS TOUT
ME FoMÎ PA^Tw>P M A L - - . C'ÉTAIT
L'Afc&E N 4 T
 EN V[£_tLli$SkNT... TtMPS DE CR/SE
6 EN* occuPeNTl LES Soubufr uSE-WT
L€ iouLiER PATERNEL
PLUS VITE <3UE LES
Avi£C U AiD£
„ -DE CHAPàAoXg,
Fi D E LES
ASSisTArtTfcîS..

D£ CENTRES DE . I X ' E T A T P E L'ECOMOM^E. oM Dt'r Q U E ÇA VA TfeES

M A ' I M D'oE^vRE- SE MESuP-E À ^.'USoP-E MAL < 3 U A N D O M p £ O T
|EN E M R P Y E U R S PES S E M E L L E S DE5 7 R E . N D R E Sort BAÎM DE
E V E M T U E U . . . C H E R C H E U R S D'EMPLOI". fî&pS 5 A N S D E L A C E / ? s£\f
SOULJ£l&J

54

MAÏS CB SOMT
(2UANP MÊME
LES SOULERS
PES RICHES
<auî

CROC
février 1980
CROC
mm
TMHMNU
CROC
 par Pierre Huet
C'est ben beau faire un numéro
spécial sur les voyages vers des climats
plus cléments mais nous savons bien
que ce n'est pas tout le monde qui
peut se payer un tel voyage et en
rapporter un bronzage qui suscite
l'admiration de tous. C'est pourquoi
l'équipe de CROC se penche aujour-
d'hui sur les différents appareils
qu'on trouve sur le marché quand on
désire porter de belles couleurs sans
sortir de son salon.
Une de nos collaboratrices particu-
lièrement pâle et pauvre a bien voulu
se prêter à l'expérience. À vous Hélène F. Photo 3. Le deuxième appareil utili-
sé, une chandelle, a soudainement
flanché en pleine opération et ce
avant même que le bassin de notre
charmante amie ne soit vaguement
bruni. Il semblerait, d'après ce que
nous avons pu apprendre en lisant la
garantie qui accompagnait l'objet en
question, que ceci soit dû à un problè-
me de symbolique freudienne. Ron-
gée par le doute, Hélène est retournée
s'étendre pour continuer le test.

Photo 5. Miracle ! Après ces multi-

ples expositions à la revue CROC, le 59
visage d'Hélène a pris de très belles
couleurs (bleues et jaunes d'accord,
Photo 1. Confortablement installée sur mais quand même c'est un progrès !)
une serviette de plage, la voluptueuse puisque l'encre d'imprimerie a fini
Hélène s'expose aux rayons : 1° d'une par déteindre sur ses traits délicats.
lampe solaire, 2° d'une chandelle vio- Hélène est enchantée.
lemment allumée 3° dune lampe-collè-
ge. Pour protéger sa peau de bébé, elle a
pris soin de se couvrir le visage à l'aide
t d'un excellent magazine.

Photo 4. On se souviendra que la

Photo 2. Deux heures plus tard, tous les
appareils ont eu l'occasion de démon-
trer leur efficacité. Comme on peut le
constater ici, la lampe solaire a exagé-
rément brûlé la partie des jambes d'Hé-
lène exposée à ses rayons. Hélène
trouve cela disgracieux et recommen-
ce les tests avec les autres produits.
poitrine de notre volontaire était ex-
posée aux feux d'une lampe-collège.
Il y a eu des résultats mais pas ceux
escomptés. En effet, si aucune forme
de bronzage n'est apparue, par ail-
leurs, les seins de notre brave amie
ont exprimé le désir de continuer
leurs études. C'est ce qui explique
l'ennui d'Hélène pendant qu'elle
tourne les pages d'un manuel scolaire
pour un de ses seins qui a des exa-
mens la semaine prochaine. Peu après,
Hélène est retournée s'étendre avec
son CROC sur le visage.
Photo 6. Hélène ne jure plus que par
CROC. Depuis quinze jours, elle se
fait bronzer à l'aide de la revue et
nous promet de belles couleurs. Elle
s'est d'ailleurs abonnée et a abonné
un de ses frères qui habite la Floride
où il pleut depuis 1 mois (notre coupon
d'abonnement est en page 63).
C'est tout de même incroyable, en-
core un test objectif où notre revue
bat de cent coudées ses compétiteurs !

février 1980
 tes vous
laid, laide,
impuissant,
frigide ?/

60

Votre odeur est-elle mortelle à quinze pieds?

Votre seule vue fait-elle craquer le béton a r m é ?
CROC a découvert une solution à tous vos tourments !
Les chandails CROC et Sombre Vilain viendront à votre rescousse.
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qu'importe, on aura tôt fait de passer par-dessus vos petits défauts
grâce à votre éclatant chandail CROC (ou Sombre Vilain).
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Taille adulte: • grand • moyen • petit Taille enfant: • grand • moyen • petit

N o m (écrire en lettres moulées)

Adresse , . ville
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 VÛUS-.

sonne*

61

février 1980
 Ué-We ..Tl> N'AS TPVÔCOFS c*> te T'Ai
PAS pifcëPé IA ?ARUE TÛUVCS Tes écot^oHie^i

1D 6A6A/5S NC*1 F f o iWCHi,

MA MêÉÊ ÉTAIT IA VOY&L. dflCK, Bfl&ZA, £U£ owAir A Tpaver

AP NPPp P<J ttoO&MpE! eue W ^ f t ^ ^ s '
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février 1980
 ( MAUT L E S MAINS
l C ' E S T UN

y TO(SA?A/E:/HE:A/7-

LE CAP SUR CU&A.'

ET E N V I T E S S E /

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