• J ' a i m a r i é m a ml

• N o t r e invité: J e a n - G I

P a n i q u e W f f i r u m m o n d ville I
S a i n t - E x u p é r y mis

JÊÊk

?f fi- -
CROC
REDACTION
DIRECTEUR GÉNÉRAL: Jacques Hurtubise
ÉDITEUR : Jacques Hurtubise
RÉDACTEUR EN CHEF : Pierre Huet
DIRECTRICE ARTISTIQUE : Mathilde Hébert
ADJOINTE A LA RÉDACTION : Hélène Fleury
COMITÉ DE RÉDACTION: Patrick Beaudin,
Normand Daigneault, Pierre Huet, Jacques
Hurtubise, Serge Langevin, Michel Rivard
COLLABORATEURS: JoanneArsenault, Roch
Coté, Sylvie Desrosiers, Yves Dupré, Pierre
Foglia, Jacques Guay, Claude Meunier
COLLABORATEURS-DESSINS : Bado, Beau-
pré, Berthio, Brochard, Cousineau, Faniel,
Gaboury, Garnotte, Gité, Hurtubise, Moerell,
Massicotte, Mosher, Godbout, McKale.
COLORISTES : Françoise Barrette, Murielle
Blouin
PHOTOGRAPHE : François Desaulniers
MONTAGE-PHOTO : Patrick Moerell
SCRIPT : Hélène Fleury
CROCNIQUES : Joanne Arsenault Sylvie Des-
rosiers, Pierre Huet, Serge Langevin
CORRESPONDANTS : Moscou : Lord Killanin,
Washington : Roger Lemelin, Rome : Aldo
Moreau, Vatican : Jean-Paul George Ringo,
Kaboul : Boris Sakhagolv, Nulle part : Fabien
Roy, Pékin : 2 numéros 4, pas d'egg rolls,
Ottawa: à l'occupant, Drummondville: l'idiot
du village.
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Deveault
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Adjointe : Hélène Fleury
ÉMINENCE GRISE : la main de Dieu
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trimestre 1979.
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de retour garanti.

TYPOGRAPHIE : Concept Médiatexte Inc.

SÉPARATION DES COULEURS : Prestolitho Ltée
IMPRIMEUR : L'Imprimerie Canadienne Gazette Ltée
IMPRIMI POTEST : A. Khomeiny
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645-2278.

COUVERTURE : Normand Cousineau

FAUSSE COUVERTURE : Alain Massicotte

CROC
 CftOCodHoriol
D ans ce numéro, l'équipe tente de vous con-
vaincre que l'Amour existe toujours. Je vous
fais remarquer qu'il s'agit de l'Amour avec un grand
«A». Quand on regarde autour de soi, on constate
qu'hommes et femmes ne savent plus où donner de
la tête. Pour ce qui est du reste de leur anatomie,
certains se débrouillent mieux que d'autres. Tant
que la pénicilline fera son effet, ces gens seront
incapables de comprendre le message du grand «A».
Assis tout en haut du grand «A», on peut bénéficier
d'un bonheur étourdissant et aussi comprendre
l'importance de l'oeuvre de Guy des Cars. Mais que
voulez-vous, nous vivons à une époque où les gens
raffolent de la restauration rapide (MacDonald's et
compagnie) et il est normal qu'ils adoptent un
comportement semblable en amour. Le problème
est que tu restes toujours sur ta faim. Une p'tite vite
Sommaire* 7
La p a t i n o i r e en folie •4
Courrier •6
P h o t o - t h é â t r e : l'inimitable
Jean-Guy Moreau •7
Spécial A m o u r , épais •9
Michel R i s q u e
Godbout, Fournier • 30
A Singapour, où les a conduit leur
amnésie, Michel Risque et la
Baronne Zigline ont pris livraison
du Paradisier Jade, un oiseau
extrêmement rare. De mystérieux
agresseurs les ont assommés et leur
ont volé l'oiseau.
Tout en perdant conscience, Michel
se dit que le coup de matraque qu'il
vient de recevoir sur la tête va peut-
être lui rendre la mémoire.
Actualités 35
Porte Folio
Massicotte • 40
Crocniques • 45
avril 1980
sera toujours une p'tite vite. Le grand «A» vous offre
un repas substantiel et mémorable. Le grand «A» est
une alliance entre l'amitié et la sensualité et non pas
uniquement un contact entre deux épidermes. Des
pessimistes vous diront que le grand «A» est c o m m e
les OVNIS, tout le monde en parle, mais bien peu de
gens en ont vu. Comment peut-on devenir si dé-
pravé ?
Si le grand «A» décide de vous entreprendre,
vous ne pourrez rien faire pour l'éviter. Le grand «A»
vous dévastera. Edith Piaf, qui a bien connu le grand
«A», a déclaré à son sujet qu'il était un incendie pour
lequel il n'existait aucune forme de police d'assu-
rances.
Bonne lecture !
L'Abbé Comeau
Berthio • 49
Faniel • 50
Pauvres riches
Garnotte • 52
Red C h a u s s é Moerell,
Huet • 55
Pendant que Red et mademoiselle
Marchesseault-Ste-Marie
apprennent à mieux se connaître
sur les toits de Montréal, l'agent
Glad et ses comparses passent à
l'action, et tout le Témiscamingue
en tremble.
Le destin tragique des Maheux-
Maillotte
Notre grand roman-fleuve ne pourra
pas être publié ce mois-ci, F. Lafève
ayant dû être hospitalisé d'urgence
après avoir essayé d'écrire un
article avec de la soupe alphabet.
Mais F. Lafève et les Maheux-
Maillotte reviendront sans faute le
mois prochain.
 C'est avec beaucoup de fierté que nous vous présentons à partir de ce mois-ci
une série sur notre sport national (Pour ceux qui auraient vécu dans une grotte
depuis 70 ans, il s'agit du hockey! ) Vous pourrez assister aux exploits des
AIMANTS VALEUREUX, un club de fort calibre, ainsi qu'à ceux (fréquents) de
leurs adversaires. Vous nous demanderez pourquoi nous commençons cette série
au moment où la saison de hockey s'achève... C'est simple voyons : nous savons
qu'il existe des milliers de fanatiques qui ont de la difficulté à survivre
pendant les soixante-deux jours d'été où il n'y a pas de parties...
C'est pour récupérer ces gens qui s'aventurent rarement en dehors des pages
sportives des quotidiens mais aussi pour tous ceux qui les lisent en cachette
que nous vous présentons
LA PATINOIRE EN FOLIE

Quelques-uns des j o u e u r s que nous a u r o n s l'occasion de rencontrer...

B o e u f B i g r a s ( u n e b r a v e bête); A l c i d e D o u c e t ( u n c o n s o m m a t e u r d e p r o d u i t s illégaux); J é r ô m e
L a f r a m b o i s e ( u n petit g a r s d e l'Abitibi); P a u l P a p i n e a u ( l e stratège); C r o i x - R o u g e B l a n c h a r d ( s o u v e n t blessé);
R o m é o R o m p r e (l'éternel f a r c e u r ) ; C a d i l l a c L a b r i e ( l e c h é r i d e s d a m e s ) ; Félix M a j o r ( l e mystérieux g a r d i e n ) ;
G u i l l a u m e L a f l è c h e (l'idole); N a p o l é o n A r c a n d (l'instructeur); et Joey M a l o n e y ( u n j o u e u r m a l p r o p r e ) .

( ECOUTt.RDMPRt.Jt 5fti*> OUE

V < T U ES LE FARCEUR ET LE

J'Ai LE PLAISHR b'AVOiR AVEC MO'. "CAPOTE" A TENU Â VENIR v Lui-MÊME

CE bO.R EN 5T0&O ALGDE DOUCET E N 5T0DiO DËMENT.R LES \ RUMEURS
(bURNOMMË Xml") LE VAILLANT 5UR LA DRDWE ^ » N & # ^ 1 £ SPORT
AVANT DE5 M » VALEUREUX PRflFE&iONEL
 BON50iR! ÏC'L&OB BUT, VOTRE COMMENTATEUR . BOEUF, J E SAiS QUE TU AS ÉTÉ TRES SECOUÉ PAR /BOEUF TiENT PARTICULIEREMENT A S l é M
5PORT.T PREFERE. ! CE SOiR A NOTRE. LER QO' iL AURAiT EU DE B>\EW
\CERTAiNSCRiTiQUES Qui DiSENT QUE TU N ' E S ^ MEILLEURES NOTES S'iL N'AVAiT PAS
PREMiER ENTRACTE NOUS AŒUEillONS/ ...
BOEUF Bi6RAS, L'AS DETONCEUR, /jOgW, L . QU'UNE BRUTE DÉNUÉE DE TALENT ET D'iNTEl ÉTÉ B L E S E A U N E PAÏÏE ooe EUH
'jLiGENCE, C'EST D'A'iLLLURS POUR DETROiRE"' JAMBE!
PARDON, DEFENSEUR DES*AiMANTÎ>"\ ^ /
M D E MONTRÉAL 1 .CALOMNIES QUE TU NOUS A APPORTÉ CE
Jl| 50iR. T E S DIPLÔMES

C'EST UNI .DESCENTE A IL CONTOURNE ILS DÊFEN5EURS |CAPOTÈ"C0WTiNuL % MOWÈt f 0L6UKANTE

v L'tHHRIt-PiEΠDE .ADVERSES, CONTOURNE LLGARb'iEN ;L V . E N T DE FRANCHIK FAGLEMENT LA RUE
CAPOtt POUCET 0.0 il FONCE.. p)NTiNUt...GûNlDURME L A D N N D L : SANGU.NET.
iLLViïï. LA CHAMBRE DES J O U E U R S .
FONCE V E R S LA SOKtïI

©

J'aime mieux vous avertir que la
mauvaise haleine est une offense
criminelle à Sherbrooke.
Un résident de la
Reine des Gantons de l'Est
N.D.LK: Ferme ta gueule, tu pues !
Moi, j'vous trouve très drôle. Mais
ça veut rien dire, j'trouve Marcel
Gamache aussi très drôle. Me trouvez-
vous drôle?
Un drôle
N.D.LK: T'es pas drôle !
Pourriez-vous me dire pourquoi
Roger Lemelin y m'appelle tous les
soirs pour me parler de l'argent que
j'y dois ?
Antonine Maillet
Où est Montréal? Qu'est-ce qu'un
métro ? Qui est Jean Drapeau ? Est-ce
que l'Expo est terminée ?
Un lecteur de Drummondville
C'est pas parce qu'un gars descend
dans l'échelle sociale qu'on a le droit
de rire de lui II n'y a pas assez de
sots métiers. Et pis si j'aime ça moi,
livrer des commandes en bicycle ?
Fabien Roy
a/s Dépanneur Gagnon
St-Georges de Beauce
P.S: Nous livrons jusqu'en Alberta
Je vous envoie un cap d'acide que
j'avais dans mon porte-monnaie de-
puis 13 ans. Est-ce qu'il est encore
bon?
Alcide Poteux
N.D.L.R. Malheureusement, non, ilest
complet-veston, une chemise orange,
orange comme le soleil, je suis le
soleil, aie, j'ai une troisième oreille
dans le front, blblbbbl...
Je retire tout ce que j'ai dit sur
votre excellente revue.
Réal Giguère
P.S.: Je suis disponible.
courrier
On a jamais livré de courrier à votre
bureau. Comment se fait-il que vous
ayiez un courrier des lecteurs ?
Un postier
N.D.L.R.: Depuis quand vous occupez-
vous de livrer du courrier ?
Veuillez excuser mon fils Jacques
Grisé. Il a été malade le mois passé et
n'a pu remettre ses articles à temps.
Ma mère
g§t=§@ ijue quelqu'un § vu me§
lUflë«6§?
U H testeur
S'tu vous autres qui avez appelé
pour une pizza ? J'en rappelles pour
qu'est-ce que tu veux dessus pis
combien de pepsis.
M a m nia Luigi
P.S. Ouverts, les pepsis?
Chu pogné en plein bois. J'ai pas de
pneu de rechange. Pourriez-vous me
le faire souffler? Pneu ci-joint.
Réjean Gagnon
Mont-Sauveur
Nous sommes fiers de vous an-
noncer en primeur le Téléthon de la
paralysie cérébrale que nous orga-
niserons pour venir en aide aux
grands handicapés comme Serge
Laprade ou Yves CorbeiL
Les paralysés cérébraux
J'ai trouvé trois des douze épices
qu'utilise le Colonel Sanders pour
son poulet : le sel, le poivre, et les
p'tites affaires qu'on trouve dans le
nombriL
Un lecteur.
Cherchère rererevue CCCCroc,
jej susuis ttanné de vovos blblbl-
blagues sur les infifififirfirmes.
Un bèbègue
N.D.LK: Quoi ?
jej susuis ttané de vovos blblbl-
blagues sur les infifirfirmes.
1VD.L.R.: Pas sourd, le cave !
C'tu vrai qu'il faut se mettre tout
nu pour faire des beignes?
Jacques (Duncan) Donat
Aie, j'vous vois venir... Je sais que
vous allez rire de moi dans votre
numéro de juin 1982. Je le prends
pas !
Un paranoïaque
Disneyland, Disneyland.. Y'a rien
là. Attendez de voir DRUMMOND-
LAND !
La chambre de commerce
de Drummondville
Je me suis acheté 1 T-shirt, 1
chemise, 3 cravates, un veston, 2
paires de pantalons. Les cravates, à
la rigueur, ça va., mais 2 paires de
pantalons, je trouve ça ben chaud
Un lecteur bien habillé
Un a p p e l aux lecteurs
Vous vous pensez drôles, peut-
être?
Essayez donc d'en faire du pareil !
Toute personne dont nous pu-
blierons une lettre ou un photo-
ballon recevra un superbe chan-
dail CROC.
CROC
P H O T O - T H E Â T R E : invité : l'inimitable J e a n - G u y M o r e a u

^ T O i Pî&TONLiVRE. ^
W DRAbE MON AbTiE D'RVAN 1
& T'ES JUSTE jfl
UN TRAIW... ^

W f &2 If ;Jam

M| K 1

83 ^ AS-TU DO CHANGE ? J C

1 M êBt wK * JHMIIIHII Ir j&

ri / « V
S c é n a r i o : J.G. Moreau et J a c q u e s Hurtubise P h o t o s : F r a n ç o i s Desaulniers

A vant de v o u s r a c o n t e r ce qui
m'est arrivé, je tiens à d é m e n -
tir la r u m e u r voulant q u e j'aie trou-
vé son n o m et n u m é r o de t é l é p h o n e
dans les toilettes publiques du ter-
m i n u s d'autobus. Je ne suis pas ce
g e n r e de gars-là. J'avoue a v o i r déjà
lu des graffitis dans les toilettes au
cégep, mais c'était dans le cadre
d'un travail p o u r un c o u r s en scien-
ces politiques. La seule autre fois où
j ' e n ai lus, c'est un samedi et je
regrette a m è r e m e n t de l'avoir fait.
Je m'apprêtais à fêter
ma q u i n z i è m e fin de
s e m a i n e sans sortie
A v e z - v o u s déjà souffert de la soli-
t u d e ? De solitude un samedi s o i r ?
J'arrive pas à m ' i m a g i n e r quelqu'un
qui n'aurait jamais c o n n u l'horrible
sensation d'être c o n d a m n é à écouter
à v i e la Soirée du H o c k e y ou Radio-
Québec; sauf m o n ami R o b e r t qui a
toujours m e n é une vie sociale trépi-
dante. C'est à cause de lui q u e je m e
retrouve mêlé à une sordide histoire.
Je m'apprêtais à fêter m a q u i n z i è m e
fin de semaine sans sortie, l o r s q u e
je reçus l'invitation de R o b e r t d'aller
faire la t o u r n é e des discothèques
avec lui. N'ayant pas l'intention de
d e v e n i r un m o i n e trappiste ou un
m o d è l e de chasteté, j ' a i a c c e p t é de
m e t t r e fin à m o n jeûne et nous nous
s o m m e s fixés r e n d e z - v o u s dans un
bar du centre-ville. Étant de par
nature assez timide, je c o m p t a i s
b e a u c o u p sur l'initiative et le savoir-
faire de Robert p o u r m e p e r m e t t r e
de r e n c o n t r e r une p e r s o n n e du sexe
o p p o s é qui accepterait de passer la
soirée avec m o i . C était m a p r e m i è r e
erreur, R o b e r t ne s'est jamais pré-
senté et je m e suis r e t r o u v é tout
seul. A p r è s une h e u r e et d e m i e d'at-
tente, j'étais sur le point de r e n t r e r à
la maison, quand une envie pressante
s'est fait sentir. C'était m a d e u x i è m e
erreur, j'aurais dû m e r e t e n i r et
offrir m a souffrance au petit Jésus.
avril 1980
p a r C. S o u s - E n t e n d u
C'est dans un des cabinets de toilette
que je l'ai r e n c o n t r é e . Il m'était dif-
ficile de ne pas la r e m a r q u e r , son
n o m ainsi q u e son n u m é r o de télé-
p h o n e étaient inscrits sur toute
l'étendue de la p o r t e de m a cabine.
L'inscription était la suivante :
«Pour une soirée agréable, appe-
lez L o u i s e a u 288-2111.»
Certains d'entre v o u s qui ont l'ha-
bitude de consulter les listes conte-
nues dans de tels lieux pensent cer-
tainement qu'il s'agit d'une a n n o n c e
t r o p s o b r e et qu'il y a d'autres for-
mulations p e r m e t t a n t au connais-
seur de choisir dans une variété
d ' e x p é r i e n c e s plus titillantes q u e
celle p r o p o s é e par Louise. Person-
nellement, la simplicité de son an-
n o n c e m'a b e a u c o u p plu et c'est c e
qui m'a ^décidé à agir. En m o i n s de
t e m p s qu'il n'en faut p o u r dire abra-
cadabra, je lui ai passé un c o u p de fil
et elle m'a invité, sur un ton qui en
disait l o n g à aller la r e j o i n d r e c h e z
elle. D'après le t é m o i g n a g e du
chauffeur de taxi, j'étais d'excellente
h u m e u r et je lui aurais dit q u e c e
soir-là allait être m é m o r a b l e p o u r
moi. C'est la d e r n i è r e fois de m a v i e
q u e je fais une p r o p h é t i e dans un
taxi. P o u r être m é m o r a b l e , cette soi-
r é e l'a été.
C'est d a n s u n des
cabinets de toilette
que j e l'ai r e n c o n t r é e
J'avais à p e i n e effleuré la sonnette
à l'entrée de l'appartement, l o r s q u e
la p o r t e s'est ouverte p o u r m e r é v é l e r
une c r é a t u r e b l o n d e exquise et ra-
vissante. Louise était une déesse.
Durant ces p r e m i e r s instants, nos
regards se c r o i s è r e n t et j'ai franchi
sans crainte le seuil de sa porte. Ce
fut m a t r o i s i è m e erreur, je venais de
t r a v e r s e r les p o r t e s de l'enfer. C o m -
m e n t v o u s e x p l i q u e r ce qui s'est
passé dans cet a p p a r t e m e n t ? D'a-
p r è s m o n m é d e c i n , il y a de b o n n e s
chances q u e ma m é m o i r e ne réus-
sisse jamais à se départir de c e s
h o r r i b l e s images. Une fois à l'inté-
rieur, deux enfants se sont p r o j e t é s
sur m o i et m ' o n t d e m a n d é si j'avais
des cadeaux. En m ê m e temps, Louise
m'a p r é s e n t é ses parents, sa grand-
m è r e ainsi q u e le c u r é de la paroisse.
Cet accueil familial m'a fait le m ê m e
effet q u e deux ou trois b o n s c o u p s
de bâton de baseball sur la tête et les
jambes. C o m m e n t cette fille pouvait-
elle inviter des h o m m e s c h e z e l l e ?
Q u e pouvait-on faire dans cet appar-
t e m e n t ? Pendant q u e ces questions
tourbillonnaient dans m o n c e r v e a u ,
m e s y e u x enregistraient l ' e n s e m b l e
de l'appartement. Pas de d o u t e pos-
sible, elle habitait c h e z ses parents,
puisqu'il y avait un lazy-boy et u n e
table à tricot dans le salon ! ! ! Où
étaient les m o n t a g n e s de coussins
dans lesquels nous d e v i o n s batifoler
e n s e m b l e ???
C o m m e un vrai
c o c h o n qui a fait
d é b o r d e r le vase
Essouflé par le c h o c de m a décou-
verte, j'ai a c c e p t é de s o u p e r a v e c
eux. En l'espace de q u i n z e minutes,
j'ai tout appris au sujet de cette
famille. M a situation était désespé-
rée. L o u i s e n'arrêtait pas de m e lan-
c e r des r e g a r d s lascifs et le c u r é de
m e r é p é t e r q u e j'avais l'air d'un
j e u n e h o m m e bien. Est-ce cela, ou le
fait q u e la g r a n d - m è r e m a n g e a i t
c o m m e un vrai c o c h o n qui a fait
d é b o r d e r le v a s e ? Je n'en sais rien.
Je m e s o u v i e n s de m ' ê t r e e x c u s é et
d'avoir c o u r u jusqu'à leur salle de
bain p o u r tenter de m e ressaisir.
M o n c e r v e a u était en train d e v i r e r
en c o m p o t e de p o m m e s . I n c a p a b l e
de c o m p r e n d r e ce qui m ' a r r i v a i t j ' a i
pleuré. Ça m a fait du bien et j e suis
sorti, f e r m e m e n t d é c i d é à quitter
cet a p p a r t e m e n t r e m p l i de fous.
L ' a p p a r t e m e n t était p l o n g é dans la
suite à la p a g e 62 11
Gaston Gasse Inc.
Inspecteur de tapis à domicile
Drummondville le 1 e r avril 1980
A qui de droit,
chère épouse Thérèse, il me fait plaisir de te souligner par la présente,
que tu comprendras sûrement maintenant pourquoi je t'ai tant insisté pour que tu achètes
la page 1 2 de la revue CROC ce mois-ci car, à l'occasion de notre 2 5 e
anniversaire de ma-
riage, j'ai cru t'écrire ces quelques mots.
Veuille noter également qu'il va de soi que je te souhaite d'avoir été heu-
reuse au cours de ces 2 5 années passées en ta compagnie de mère, de femme et d'épouse et
j'espère que je n'oublie personne.
Il me fait plaisir également de t'offrir l'expression de mes sentiments dis-
tingués à l'occasion des 3 merveilleuses progénitures que tu m'as mises au monde et dont
j'ai accusé réception au cours de ces 25 ans de mariage.
Ces 3 enfants que je t'ai offerts en grossesse, et qui ont été le résultat de
tant d'années d'efforts, ont toujours contribué et contribuent encore aujourd'hui à fai-
re partie de notre merveilleuse famille.
Permets-moi également de t'exprimer que j'ai toujours cru que, même si la
femme est plus féminine, il faut quand même qu'un individu féminin accomplisse certains
travaux en faisant la vaisselle ou le ménage et là-dessus, je ne te l'ai peut-être pas fait
crier sur les toits, mais je me suis rarement aperçu en train de me plaindre de toi.
De plus, si je mettais ensemble tous les moments de bonheur que tu m'as provo-
qués, je songe que je mourrais de bonheur et comme je compte bien t'enterrer un jour,
je préfère me retenir. Que cela ne m'empêche pas cependant de t'avoir mis quelques souve-
nirs de coté.
A titre d'exemple, te rappelles-tu la première fois que nous nous sommes ren-
e
contrés? J'aimerais tellement m'en souvenir. Jamais je n'oublierai par contre la 2 fois
où je suis tombé en amour sur toi.
Ce soir-là, nous étions allés voir mourir ton père à l'hôpital. Te souviens-
tu de lui? Tu l'as probablement mieux connu que moi. Tu n'arrêtais pas de l'embrasser.
J'en étais presque jaloux. C'est à cette occasion d'ailleurs que je t'avais offert l'ex-
• s e
pression de mes sentiments distingues pour la 1 fois.
 Ce soir-là, en revenant chez moi, j'étais devenu fou de joie malgré le respect il-
limité que je dirigeais vers ton père qui, soit dit en passant, m'avait fait toute une
impression en acceptant de décéder devant moi.
Néanmoins, il y a eu d'autres occasions où je t'ai aimée comme l'occasion par exem-
e
ple où tu ne voulais pas qu'on défie le 6 commandement de Dieu dans la pratique chez
ta mère et cette autre anecdote où tu avais découvert que j'essayais de t'embrasser.
Tu étais tellement peu vicieuse à l'époque que j'en ai dû te marier pour venir à bout de
faire notre voyage de noces.
Evidemment, tout n'a pas toujours été facile entre nous. Il t'est arrivé à l'occasion
de rater quelques-uns de mes lunchs ou de dire bénévolement quelques sottises comme par
exemple l'occasion où tu avais répondu non quand monsieur Malouin inc. m'avait offert le
gérant des ventes du Labrador mais je me dis que tu es une femme et qu'une femme ne peut pas
travailler à la fois dans son salon, dans la vaisselle et dans sa tête.
En 3 lieu, veuille agréer que ton manque de raisonnement et ton degré de réflexion
a toujours été remboursé par ton immense jugement en matière de recommandation de cravates
sans parler de ton excellent partnership dans les soirées comme cette anecdote où j'a-
vais mis tout le monde à rire en leur démontrant que tu n'es pas la tète à Papineau.
Quand je resonge à tous ces souvenirs, une grande pensée m'envahit car non seulement
est-ce que je t'aime mais je me demande également comment je pourrais bien faire pour
t'oublier.
Ceci dit, j'ajouterai que je n'ai pas besoin de te dire que je t'aime, je le sais
déjà.
Avec l'expression de mes sentiments distingués, je demeure votre tout soussigné,
Bien à vous,

Yvonne Lemieux, secrétaire

CC:à moi-même
 PSYCHO-TEST:
ES-TU EN AMOUR ?
p a r S e r g e Langevin et P i e r r e Huet
«Encore un maudit test de fou ! Comme si j e saurais pas si j ' é t a i s en amour !»
Ben là tu t'trompes ! Ça a l'air facile, comme ça, de savoir si on est en amour
ou pas, ça a l'air facile, mais ça l'est pas tant que ça, O.K. là ? Tiens, j ' a i connu
un gars, une fois, b e n y était toujours en amour, hein, benyl'savait même pas,
ça fa qu'y finissait par le savoir quand y était trop tard : la fille s'était tannée
de niaiser pis elle s'était fait faire trois ou quatre p'tits par un autre, pis lui
y'avait l'air fin, là (lui, pas l'autre, ben l'autre aussi mais ça a pas d'rapport...).
R'marque que le contraire aussi peut arriver : tu penses que t'es en amour pis
tu f fais faire (ou tu fais...) un p'tit, pis là tu t'réveilles pis tu t'aperçois que t'es
pas en amour pantoute, c' tait juste une «f ligne» pis qu'est-ce que tu fais, hein ?
Bon, O.K., y'a la pilule, mais ça fait rien, t'as perdu ton temps pareil, parce que
t'aurais pu être en amour tout c'temps-là, au lieu de juste penser que t'étais en
amour. Tu vas m'dire que c'est pareil, ben là tu t'trompes en maudit, parce
que quand on est en amour, c'est pas pareil, O.K.?
Bon, ben fais-le donc, le test, si t'es si fin !

des ça j'sais
oui non fois dépend pas

1. Connais-tu un gars (une fille) ?

2. Sais-tu c'est quoi son n o m ?
3. Sais-tu c'est quoi son deuxième n o m ?
4. C'est-tu vrai que son père est c h ô m e u r ?
5. Pis tu l'aimes-tu quand m ê m e ?
6. L'aimes-tu ben gros?
7. Ben gros ben gros ?
8. Ben gros ben gros ben gros ?
9. Aimes-tu ça répondre à des questions nounounes comme les 3 précédentes ?
10. Tu penses-tu à lui (elle) quand f a s rien à faire?
11. Ris-tu tout seul quand tu penses à lui (elle) ?
12. As-tu son numéro de téléphone?
13. L'appelles tu des fois?
14. Lui (elle), y répond-tu des fois?
15. Quand c'est lui (elle) qui répond, te mets-tu à bégayer, à rougir, et à dire des
niaiseries en riant à tout bout d'champ?
16. Tu Pembrasses-tu des fois?
17. Rougis-tu quand je te pose des questions comme ça ?
18. Le (la) touches-tu des fois, p'tit(e) sacripant?
19. Le (la) laisses-tu te toucher?
20. Même quand t'es pas en boisson?
21. Lui dis-tu que tu l'aimes des fois?
22. S'il (elle) te répond la même chose, ça te fais-tu des guilis-guilis dans le ventre,
des bedoums-bedoums au coeur pis du gros énervement dans les places qu'on
peut pas n o m m e r ?
23. Aimes-tu ça passer des soirées avec lui (elle) à choisir des prénoms de bébé ?
24. Nettoies-tu chaque jour sa photo au Windex?
25. Tu remplis-tu des questionnaires nonos en espérant que ça va prouver qu'il
(elle) faime autant que tu l'aimes?
solution en p a g e 6 2
CROC
 0
m
^0)

avril 1980

A peu près à la m ê m e époque
où le maire Drapeau s'apprêtait
à baptiser son Expo 67 du n o m de
«Terre des Hommes», en h o m m a g e à
l'humaniste français de réputation
internationale A n t o i n e de Saint-
Exupéry, u n e jeune historienne
bulgare, du n o m de S i m o n e Lajoie,
présentait à ses maîtres de l'Univer-
sité de Sofia u n e thèse de doctorat
dont le titre était justement : «Saint-
Exupéry est-il u n écrivain porno-
g r a p h i q u e ? Le «Petit Prince» est-il
u n livre de cul?»
Le «Petit Prince» est-il
un livre de cul ?
Alerté on ne sait comment, Dra-
peau se rendit immédiatement à
Sofia p o u r étouffer le scandale dans
l'oeuf. Il acheta à prix d'or la thèse de
la jeune historienne et contre son
silence lui promit u n e rente men-
suelle jusqu'à la fin de ses jours.
Hélas, la pauvre S i m o n e m o u r u t
trois semaines plus tard avant m ê m e
le p r e m i e r v e r s e m e n t Cruel des-
tin?... bien sûr, mais dans cette his-
toire, le destin a peut-être r e ç u u n
mystérieux c o u p de pouce. C o m -
ment se fait-il, s'est-on demandé à
l'époque, c o m m e n t se fait-il que Si-
m o n e est morte écrasée par u n e
souffleuse à neige immatriculée à
Montréal et cela, en plein c o e u r de
Sofia, une ville où il ne neige presque
jamais, surtout au mois d ' a o û t ?
avril 1980
par Pierre Foglia
Qu'importe, D r a p e a u avait sauvé
la réputation de Saint-Exupéry, et
du m ê m e c o u p celle de son Expo.
Q u a n t à la thèse compromettante, il
l'enfouit dans une pile de dossiers et
l'oublia là pendant 12 ans (ce n'était
pas des dossiers urgents). L'été der-
nier, en faisant u n peu de ménage, il
jeta finalement la pile de dossiers
aux vidanges. Le hasard voulut que la
thèse tombât entre les m a i n s d'un
vidangeur m a l h o n n ê t e (il y en a) qui
comprenait le bulgare (il y en a
moins, mais c'était le cas de celui-là).
Feuilletant d'un doigt fangeux les
feuilles dactylographiées qu'il s'ap-
prêtait à jeter dans le ventre du
camion, le vidangeur lut ceci :
«— Bonjour, dit le Petit Prince.
— Bonjour, dit le marchand
C'était un marchand de pilules per-
fectionnées pour faire bander.
On en avale une par semaine et l'on
est prêt à baiser tout ce qui bouge,
sans autre forme de stimulation.
— Pourquoi vends-tu ça ? dit le Petit
Prince.
— C'est une grande économie, dit le
marchand. Les experts ont fait des
calculs. En supprimant les prépara-
tifs, on épargne 53 minutes par se-
maine.
— Et que fait-on de ces 53 minutes ?
— On en fait ce que l'on veut...
«Moi, dit le Petit Prince, si j'avais 53
minutes à dépenser, je me ferais
sucer doucement par un jeune mouton
qui n'a pas encore percé ses dents.*
O n en avale u n e
par semaine, et l'on est
prêt à baiser
tout ce qui b o u g e
Le vidangeur se promit d'essayer.
E n attendant, il garda la thèse avec
l'intention de la lire attentivement,
d'une seule m a i n bien sûr.
Il fallut de longs mois avant que le
d o c u m e n t fasse le tour de la colonie
bulgare de Montréal pour finalement
aboutir sur m o n bureau; ne m e de-
mandez pas comment, je n'ai rien à
voir avec les Bulgares, m ê m e que je
les trouverais plutôt sournois, pas
très propres de leur personne et
encore plus gloutons que les Turcs.
Il reste que j ' a i le d o c u m e n t en
m a i n et sans p l u s tarder je v o u s
r é s u m e la d é m a r c h e à la fois cri-
tique et sexy de feue S i m o n e Lajoie
qui démystifie à jamais le«Petit Prin-
ce,» c e livre de chevet d'un demi-
milliard d'humanistes r o m a n t i c o -
judéo-anarcho-syndicalistes.
E n effet, qui n'a pas lu le Petit
Prince ? V e n e z d o n c m e raconter
que v o u s n'avez jamais puisé dans
cette bohbonnière-là des n a n a n e s
p o u r votre blonde. Moi, en tout cas,
je ne m e suis pas privé, m e s premiè-
res lettres d ' a m o u r étaient truffées
d ' e m p r u n t s au Petit Prince. Q u a n d
elle avait u n grand nez, je disais : On
ne voit bien qu'avec le coeur, l'essen-
tiel est invisible pour les yeux. Q u a n d
elle était particulièrement chiante,
autre e m p r u n t de c i r c o n s t a n c e :
J'aurais dû de pas l'écouter, il ne faut
jamais écouter les fleurs, elles sont si
contradictoires. Il faut les regarder
et les respirer...
D'après S i m o n e Lajoie, qui a tra-
vaillé à partir du manuscrit, c'est
effectivement c e que St-Ex a écrit,
m a i s il a ajouté : Bref, toutes des
connes, et ça, c e n'est pas dans l'édi-
tion expurgée que n o u s connais-
sons.
Altération b e a u c o u p p l u s grave, à
propos de la p r e m i è r e r e n c o n t r e du
Petit Prince et de la fleur en question.
D a n s l'édition courante, la fleur dit :
Le soir vous me mettrez sous globe,
s u i t e à l a p a g e 62 17
RESSEMBLEZ-VOUS A CECI

Oui ? Vous êtes bien sûr(e)s, là ? C'est pas de la

fausse modestie, vous êtes vraiment aussi mal
amanché(e)s que ça ? Eh bien, vous êtes notre
genre de monde. C'est pour des êtres comme
vous que nous avons créé:

Parlons franchement. Si vous avez une face comme ça,

P E R S O N N E ne vous aime, sauf peut-être votre mère, et encore
Mettez-vous ça dans la tête une fois pour toutes. Vous ne pouvez pas
pogner. Méfiez-vous de ceux ou celles qui semblent être attiré(e)s par
votre personne : c'est du monde qui en veut à votre argent ou qui
ont besoin d'une tierce personne dans leur divorce
pour cause d'adultère.
Notre agence est là pour vous garantir des loisirs solitaires.
Bien sûr, vous en avez déjà un, nous direz-vous, mais il n'y a pas que ça
dans la vie. A l'agence moi et moi nous vous offrons par exemple :
- des vacances dans le Sud sur une île déserte
- des visionnements de films yougoslaves avec des
sous-titres serbo-croates (vous serez seul(e) dans la salle).
- des visites de musées le jour où ils sont fermés.
En d'autres mots, nous vous garantissons des rencontres avec
la personne la plus intéressante qui soit : V O U S !
A date, tous nos clients sont satisfaits.
 L'homme
VS
idéal
la femme idéale
L'HOMME IDÉAL
L'homme idéal s'appelle en géné-
ral Pierre-Eliott IlliaL Pierre-Eliott a
entre 28 et 42 ans, et même s'il
mesure un peu plus de six pieds, il
n'est pas trop grand ou en tout cas il
s'arrange pour que sa femme ne lui
arrive pas en dessous des bras.
Pierre-Eliott a les cheveux blonds,
les tempes grises et il cale rarement
Ses yeux bleus tirent sur le brun et il
lui arrive de porter des lunettes
quand il s'assoit près du foyer pour
réfléchir sur sa pipe.
Quoique son teint basané en fasse
un excellent sportif, il ne pratique à
peu près aucun sport et il déteste
particulièrement écouter le hockey
à la télévision. Il préfère de beaucoup
jaser entre femmes ou s'adonner à
des sports qui combattent la cellulite
comme «jouer au jogging» ou «faire
du sauna».
Côté intellectuel, P.E. trouve sa
femme aussi intelligente que lui et il
adore discuter amicalement de mode
ou de stew.
avril 1980
Justement ce dont
vous aviez besoin :
un autre sondage
Claude Meunier
En ce qui a trait à la religion,
Pierre est peut-être croyant, ça ne le
dérange pas.
Sur le plan professionnel, main-
tenant, Pierrot est à la fois architecte,
médecin et acteur. Il ne travaille pas
trop quand même et se garde tou-
jours du temps libre pour s'adonner
à son loisir favori : sa femme.
Pierre-Eliott adore sa femme.
Il ne peut pas aller au bingo ou à la
pêche sans elle et il passe de longues
soirées à l'inviter au théâtre ou à
faire du petit point à ses côtés.
Sentimental et suffisamment ja-
loux, il ne supporte pas qu'un de ses
amis l'invite à sortir sans son épouse.
Au lit Pierre-Eliott est un véritable
«zébu». Il insiste toujours pour dési-
5
rer sa femme et quand vient le temps
d'utiliser sa virilité, il agit en vrai
monsieur.
Une fois sa femme terminée, il
s'endort à la pensée qu'il pourra
faire le lit avant de partir travailler le
lendemain matin.
Il s'affiche volontiers pour l'égali-
té de la femme sur l'homme et évi-
demment il adore les enfants. Se
lever la nuit pour aider le bébé à
faire pousser ses petites dents est
une véritable détente pour lui
Et finalement, même si sa per-
sonnalité l'occupe passablement,
Pierre-Eliott trouve toujours le
moyen de pratiquer quelques-unes
de ses autres qualités : la bonne
humeur, la hardiesse, le lavage, etc.
LA FEMME IDÉALE
La femme idéale est un pétard et
elle n'a pas besoin de nom. Elle a
entre 18 et 18 ans et demi et elle peut
bien être intelligente si ça lui fait
plaisir, d'abord qu'elle n'est pas
fatigante avec ça. Son numéro
d'assurance-sociale : 233 651 368.0 19
 par Patrick Beaudin
Après avoir complété notre 254ième
journée d'orbite autour de la Terre,
j'étais fermement convaincu que nous
allions être capables de réaliser notre
mission sans problèmes. Au plan des
expériences scientifiques, nous avions
terminé plus des 2/3 de notre pro-
g r a m m e de recherche. Dans les jours
à venir, j'allais entreprendre une série
de sorties dans l'espace pour analyser
la masse spectrale. Mon assistant de-
vait participer à ces tests. En plus
d'être satisfait de la conduite de mes
expériences, j'étais aussi particulière-
ment fier du fait que les relations
humaines à bord du vaisseau avaient
été harmonieuses jusqu'à date. Malgré
notre isolation et l'étroitesse des locaux
du laboratoire spatial, nous avions
tous les deux réussi à maintenir un
excellent climat et à respecter l'indi-
vidualité de l'autre. Deux conditions
essentielles pour la réalisation d'une
mission de 324 jours dans l'espace.
C'est certainement par manque
d'attention que je n'ai pas su percevoir
les signes avant-coureurs d'une crise
qui allait bouleverser la vie à bord du
TERRA-IV. En revoyant les bandes vi-
déo de nos activités, j'ai pu établir la
chaîne des événements qui a m e n é à
ce grave incident Afin de faciliter
l'enquête qui aura lieu à notre retour,
voici en ordre chronologique l'en-
semble des faits qui se sont déroulés à
bord de notre vaisseau :
255ième j o u r n é e de mission
— Roger, est-ce que je devrais sortir les
X1ALI
éprouvettes pour l'analyse des cul-
tures ?
— Oui, mais je vais faire moi-même les
transferts, il s'agit d'une opération
très délicate.
— Tu as raison, tes mains sont plus
agiles que les miennes. Des fois, je me
surprends à penser que ça doit être
plaisant d'être caressé par des mains
aussi fines...
— QUOI ?
— Rien, rien ! Les éprouvettes sont
prêtes pour le transfert
— Arthur, es-tu en train de finir la
compilation des statistiques d'obser-
vation ?
— C'est déjà fait je terminais un poème.
— Tu écris des poèmes, c'est fantasti-
que, je ne savais pas que tu avais un
tempérament artistique.
— Depuis que nous sommes en orbite,
j'en ai composé au moins deux par
jour. Veux-tu que je te récite mon
dernier?
— Certainement ! Ce serait pour moi
un honneur !
— AMOUR SPATIAL
FROIDEUR DE L'ESPACE
DÉSESPOIR DU COEUR
IL EST MA FLAMME
LE SAIT-IL?
AMOUR SPATIAL
— Euh., c'est intéressant Passe-moi
donc les statistiques d'observations.
256ième j o u r n é e de mission
— ARTHUR ! ARTHUR ! Viens vite au
laboratoire !
— Qu'est-ce qui se passe?
— Regarde, les murs du laboratoire
sont devenus roses ! Qu' est-ce qui a pu
causer cela ?
— Roger, calme-toi! Nous trouverons
le pourquoi et le comment de cette
mutation de coloris. D'ailleurs, je
trouve le rose plus beau que le gris.
Pas toi ?
— Oui, mais comment expliquer une
telle transformation ?
— Roger, il s'agit d'un phénomène
mystérieux de l'espace que nous ne
comprendrons peut-être jamais.
— Roger, quand je pense qu'on fonce à
des milliers de kilomètres à l'heure
dans ce vaisseau, ça me donne des
papillons dans l'estomac.
— Prends des comprimés, ça va se
passer...
— J'aime ça quand tu prends soin de
moL
— C'est rien !
— Ils se sont enfuis, quand ils font
— Ce que tu peux être timide ! entendu venir à ma rescousse.
257ieme j o u r n é e de mission — Arthur, je pense que tu as trop
— A bien y penser, nous sommes à travaillé et que tu ferais bien de te
l'endroit idéal pour une lune de mieL reposer.
— Comment ça, une lune de miel? — Serre-moi dans tes bras, mon héros.
— Nous sommes très près de la Lune et — Arthur, va te coucher ! ! !
si nous étions des amoureux ce serait 260ieme j o u r n é e de mission
le cadre idéal pour nos romances.
— Roger, c'est la première fois qu'on rement, il a installé des rideaux sur.
Qu'en penses-tu, mon gros loup?
fait une sortie ensemble. Je suis telle- tous les hublots et il a même fait une'
— Veux-tu arrêter de niaiser, Arthur!
ment heureux que tu me sortes. C'est housse pour mon télescope. À chaque
Toi et tes idées de fou...
dommage qu'il n'y ait personne pour fois que je rentre d'une sortie spatiale,
— Roger, je veux t* avouer quelque
nous voir ensemble. il me fait des scènes de jalousie épou-
chose. Quand je suis avec toi, j'ai
— Passe-moi l'oxydo-soudeur et cesse vantables. Par contre, il a pris l'habi-
l'impression de flotter dans les airs...
tes balivernes. Ça va déjà assez mal, tude de me mijoter de bons petits
— Ma foi du bon dieu, t'as raison ! On
j'suis obligé de sortir dans l'espace plats. Depuis qu'il m'a avoué que je le
flotte! C'est le générateur de gravité
avec un scaphandre rose ! C'est humi- rendais fou de désir, je couche dans
qui est en panne. Vite, à la salle des
liant ! mon scaphandre à l'extérieur du vais-
machines !
— Personnellement, je trouve que le seau. Malgré mes tentatives pour l'ai-
rose convient à une sortie de ce genre. der, il demeure convaincu que nous
— Roger, si nous étions en détresse et sommes en lune de mieL
Regarde, c'est une étoile filante, je vais
que ma provision d'oxygène était Roger Garoud
faire un voeu pour nous deux
épuisée, partagerais-tu la tienne avec Chef de mission
— Arthur, je commence à avoir des
moi ?
doutes sur la stabilité de ton caractère, L a b o r a t o i r e spatial TERRA-IV O
— Pourquoi tu me demandes ça ?.
tu me semblés devenir un
— RÉPONDS, partagerais-tu??? OUI
— Roger, je f aime, je f aime, JE TAIME.
OU NON?
J'en suis certain. JE TAIME.
— Bien sûr que oui
— Je le savais !
Nous terminons notre 309ieme
— Comment ça?
journée d'orbite autour de la Terre et
— Mon petit doigt me l'avait dit !
il reste encore 15 jours avant que nous
258ième j o u r n é e de mission puissions entreprendre la rentrée
— Arthur ! Réveille-toi... dans l'atmosphère terrestre. Depuis la
— Quoi? Qu'est-ce qui se passe? crise d'Arthur, la vie à bord est très
— Peux-tu m'expliquer comment ça se difficile. Tout d'abord, il m'a été im-
fait que je me réveille et que je te possible d'empêcher Arthur de ter-
trouve étendu à mes côtés dans ma miner ce qu'il avait commencé : pein-
couchette ??? turer tout le vaisseau en rose. Derniè-
— Je ne le sais pas, peut-être que le
générateur de gravité a encore fait des
siennes et que j'ai flotté d'une cou-
chette à l'autre.
— Ça doit être ça, il ne peut y avoir
d'autres explications. Tu ne serais cer-
tainement pas descendu volontaire-
ment dans mon lit, n'est-ce pas? V et
— Roger, je vais aller faire du café. Que
veux-tu pour déjeuner?
259ième j o u r n é e de mission
— AU SECOURS ! AU SECOURS ! NOUS
SOMMES ENVAHIS PAR DES EXTRA-
TERRESTRES ! ROGER, AU SECOURS !
— OÙ ÇA? COMMENT? POUR QUI?
QUE SE PASSE-T-IL?
— Roger, mon héros !
— Où sont les extra-terrestres
<0£> (Cfô:
:
 Pompe ma
ou
chienne
Mets ton p'tit bref dans mon dossier
ou
La bêche dans l'trou
par Serge Langevin
Nouvelle pornographique de bon goût et qui, par conséquent, entend donner du
plaisir à ses lecteurs sans avilir la femme ou ses organes constituants, sans parler
de ceux de l'homme, car quand même, si c'est bon pour un c'est bon pour l'autre, même
qu'on va essayer de faire ça sans les nommer (les organes) et sans parler d'sexe.

M on nom est Nana Je suis a)

plombière, b) avocate, c)
jardinière. C'est pas dans mes habi-
tudes de faire des visites à domicile,
mais cette fois-là, c'était spécial : la Je commençai par lui faire admirer
voix du client était torride et l'an-
goisse qui se laissait deviner sous
l'exaspération de son timbre me fai-
sait présager qu'il s'agissait d'un
«cas spécial». Les «cas spéciaux», moi
J'avais hâte de
p a s s e r aux actes
ça me connaît: c'est comme qui
dirait, ma «spécialité».
Je ne m'étais pas trompée. J'avais
à peine mis le pied dans la maison
que Jean (Jean, c'était le nom du
client) me demanda d'enlever ma a)
salopette, b) toge, c) vareuse et de
lui montrer mon a) chalumeau, b)
dossier, c) râteau.
«Wow, on est vite en affaires !» lui
chuchotai-je de ma voix la plus «pro-
fessionnelle» : détends-toi un peu,
mon gros, il faut d'abord que j ' a)
ouvre ma boîte à outils, b) étudie
l'affaire, c) aille dans le jardin.
Mais déjà, Jean (Jean, c'était le
nom du client) n'en pouvait plus et
le trouble qui se lisait sur son visage
en disait long sur l'état de sa a)
tuyauterie, b) cause, c) pelouse.
Mais je commençais à m'échauffer
moi aussi et j'avais hâte de passer
instrumenter, c) cueillir mes a) te-
nailles, b) copies, c) sacs d'engrais.
Nous étions en feu et je craignais
au(x) a) sous-sol, b) actes, c) arbres. que sa a) tuyauterie, b) matière
sommaire, c) tondeuse ne s'épuise
mes a) drilles, b) mandats, c) séca- avant que je n'aie eu le temps d'en
teurs. Il les admira en connaisseur et profiter. Utilisant un moment d'ac-
s'extasia sur leurs formes. C'est vrai calmie, je pris sa a) noix, b) pape-
que mes a) drilles, b) mandats, c)
sécateurs sont bien faits et j'en suis J'insérai s o n r o b i n e t
assez fière. Jean voulut les caresser.
Je l'en empêchai, désireuse que d a ns mon joint universel
j'étais de pousser son a) expertise,
rasse, c) serpette entre mes deux
doigts tremblants et je la a) vissai, b)
Je le laissai timbrai, c) ratissai longuement; la
s a r c l e r mes pelles rigidité de son a) égouttoir, b) con-
tentieux, c) boyau me laissait prévoir
b) plaidoyer, c) gazon jusqu'à la fu- une décharge prochaine. Craignant
reur. «Viens dans le a) sous-sol, b) de perdre cette précieuse a) irriga-
bureau, c) verger, me souffla Jean, tion, b) liquidation, c) sève par une a)
nous y serons plus à l'aise.» Nous fuite, b) audience, c) plantation
nous y précipitâmes, tant la a) fuite prématurée, j'insérai son a) robinet,
d'eau, b) poursuite, c) sécheresse b) duplicata, c) arrosoir dans mon a)
qui l'angoissait se faisait pressante. joint universel, b) homologation,
Une fois arrivés, il se jeta sur mes a) c) épouvantail. L'effet fut instantané:
clefs anglaises, b) originaux, c) bê- Jean se mit à agiter son a) vilebre-
ches avec passion. Moi-même, je quin, b) mandat, c) pic dans mon
n'en pouvais plus et je le laissai a) a) évier, b) factum, c) gazon comme
dévisser, b) impétrer, c)-sarc/er mes s'il voulait le a) débrancher, b) ré-
a) vis, b) recours, c) pelles, a) dé- cuser, c) transplanter. Je sentais
boucher, b) investir, c) labourer dans toute ma a) canalisation, b)
mes a) clefs anglaises, b) originaux, jurisprudence, c) brouette le va-et
c) râteaux et même a) désouder, b) suite à la page 62

CROC
 ÇA NE. FAiT
, WEN.
GRACE ALAÏÏCHNÛlû&it
MODERNE...

' JEVAiSQUANF
MlMEM'OffRiRUNEl
II PAS UN AMi POUR
f Ml PMP\ UKMEWEJ
MÎT D'AMOUR
JE NE. \flX6 t>6
iPAsoMtœmt. POURJ QUE ÇA.
ME PAKE* DU
BON TEMPS.

pî,CUCHCAy CHWi iiT

avril 1980
 p a r N o r m a n d Daigneault
L 'amour, ça ne s'im-
p r o v i s e pas. Ceux qui
disent q u e p o g n e r c'est
facile, v o u s p o u r r e z leur
dire de m a part qu' ils sont
dans les patates ( p o u r ne
pas dire ailleurs). Mais
quand je parle de pogner,
je p a r l e pas de p o g n e r
n ' i m p o r t e quoi, je parle
de p o g n e r «The best», c e
qu'il y a de m i e u x sur le
m a r c h é ! Je parle pas à
travers m o n chapeau, je
suis un expert, un vérita-
ble m e r c e n a i r e d # l'a-
m o u r . Juste p o u r v o u s
d o n n e r un exemple, j'vais
v o u s d é c r i r e une de m e s
journées.
7 h : J'me l è v e pis je fais 15
min. d e c o n d i t i o n n e m e n t
physique.
7 h l 5 : J'prends u n e dou-
che à l'eau froide en m e
frottant a v e c le gant de
crin, histoire de r a f f e r m i r
les chairs.
7h30 : Choix de l'habille-
m e n t et des b i j o u x Tou-
jours un habit et une che-
mise signés Cardin ou La-
pidus. Bijou : u n e chaîne
avec m o n signe du zodia-
q u e ou u n e l a m e de rasoir
ou les deux. Bracelet, ba-
gues.
8 h : Petit déjeuner. Vita-
m i n e s A B C D E, 4 capsu-
les de fer, un bol de g e r m e
de blé, un g r a n d v e r r e de
Clamato.
8 h 3 0 : Départ p o u r le bu-
reau. Je suis c o m m i s dans
un g r a n d b u r e a u d'assu-
rances.
9 h à 12h : J'essaie de m e
trouver une secrétaire
qui v e u i l l e v e n i r à la dis-
c o t h è q u e c e soir.
12h à l h : Je passe au
24 c a r w a s h faire laver m a
T r a n s - A m noire.
1 h a 5h : J'essaie de trou-
v e r une secrétaire qui
veuille v e n i r à la disco-
thèque c e soir.
6 h à 8 h : Squash au club
Val des A r b r e s . Massage,
bain tourbillon, sauna.
A v a l e une p o i g n é e de vita-
mines.
9 h à 2 h : Fais le tour des
discothèques et essaie de
trouver une fille. Je trouve
d'habitude v e r s l h 3 0 du
matin.
J'entends déjà certains
dire q u e c'est facile, q u e
n ' i m p o r t e qui est capable
de faire c e l a ! Faites-moi
r i r e ! Ce q u e j e fais, pas
grand m o n d e serait capa-
ble de le faire. En effet, j e
g a g n e $175.49 par semai-
ne, m a g a r ç o n n i è r e m e
c o û t e $350.00 par mois,
ma T r a n s - A m m e coûte
$275.97 en p a i e m e n t s par
m o i s à part l'essence. M o n
habillement e n t r e $175 et
$200 par mois. M e s vitami-
nes $59.95 p a r m o i s . M o n
a b o n n e m e n t à Val des
A r b r e s $250.00 par année.
M e s drinks et m e s sorties
$150.00 par m o i s . V o u s
vous p e n s e z smattes, b e n
essayez d o n c de p a y e r ça
avec m o n salaire de crève-
f a i m Le p i r e dans tout
cela, c'est q u e je suis mê-
m e pas certain de p o g n e r
tous les soirs; ça fait qu'à
chaque fois q u e je t o m b e
sur une féministe, m o é
j'vois rouge, pis j'y m o n t r e
m e s factures ! Traitez-
m o é de tous les n o m s q u e
vous v o u d r e z , je suis un
dur, un m e r c e n a i r e de
l'amour, chu capable d'en
prendre ! O
CROC
 L'amour chez les K
T out ça, c'est à cause de 1967.
Ben oui, 1967, l'année de l'a-
mour, tra la la... C'est là que mes
problèmes ont commencé. Surtout
qu'à l'époque, j'étais en pleine pos-
session de mes moyens, 24 heures
par jour en rut, le membre viril
toujours en angle droit.. Un ado-
lescent normal, quoi. Sauf qu'il a
fallu que je tombe sur l'année de la
libération sexuelle. Ceux qui sont
trop jeunes (ou ben trop vieux) pour
avoir connu ça peuvent avoir de la
difficulté à s'imaginer ce que c'était.
Ben, c'est ben simple ; tout le monde
couchait avec tout le monde, tout le
temps et n'importe où. Si y e n a de
mon âge qui n'ont pas connu ça,
c'est juste qu'ils devaient vivre dans
un bout platte. En tout cas...
Sur le coup, je peux pas dire que je
me suis plaint. C'est vers 1968, 1969
, que j'ai commencé à en revenir.
Déshabille-toi
donc, voir...
C'est pas tellement de faire l'amour
tout le temps qui m'énervait, non, ça
ça allait. Mais c'est le désordre. Je
suis sûr que je suis pas le seul à avoir
vécu ça. O.K., c'est agréable de
changer de partenaire chaque soir,
de pas savoir avant le last-call avec
qui exactement on va finir la nuit...
E mais à un moment donné, ça devient
| angoissant. Moi, j'ai commencé à
I déchanter (j'allais écrire quelque
» chose de plus obscène) une certaine
| nuit. J'étais parti de mon bar préféré
I avec une jeune dame charmante. On
s arrive chez elle, elle se déshabille, je
i la regarde pis là je me frappe le
a v r i l 1980
par P i e r r e H u e t
front : «Bon sang mais je te connais,
toi. On a déjà couché ensemble
l'année passée !» La fille me regarde,
étonnée, se regarde pis elle me dit :
«Es-tu sûr? Déshabille-toi donc,
voir...» Je me déshabille et comme de
fait, elle m'inspecte pis dit : «Ben, t'as
ben raison! Où c'est que j'avais la
tête?» Là-dessus, ben on s'est assis
sur le bord du lit pis on a jasé toute la
nuit de ce qu'on avait fait depuis le
temps...
Vous voyez ? Pis c'est pas la seule
fois qu'une chose semblable m'est
arrivée. À un moment donné, j'avais
la mauvaise habitude d'arriver dans
un bar avec une fille pis de repartir
avec une autre. Vous me direz que
c'est pas grave, que c'est très fré-
quent. Je veux bien, mais l'affaire,
c'est que je faisais pas exprès. Je me
mêlais. Comme en général, j'avais
déjà fait l'amour avec l'une et l'autre,
il faut m'excuser. De toute façon,
quand ça m'arrivait, la fille que j'avais
laissée par mégarde ne s'en était pas
rendu compte et était partie avec un
autre.
Tout ça pour vous dire que je me
suis tanné du désordre émotif. J'ai
décidé de systématiser tout ça. Après
tout, l'être humain a besoin de cer-
taines règles morales. J'ai pris une
grande décision. À partir de 1969, j'ai
entrepris de coucher chaque année
avec les filles dont le nom commen-
çait par une même lettre de l'alpha-
bet Exemple : 1969, A; 1970, B; 1971,
C, etc., et au bout de 26 années
comme ça, il est probable que de
toute manière le problème ne se
posera plus.
1970, u n e autre a n n é e
de g r a n d c r u
À partir du moment où je me suis
imposé cette discipline de vie, 1969 a
été une belle année. Je me promenais
avec mon agenda (Agenda, pas Bot-
tin...) et je faisais des rencontres très
Agréables. Je repense avec émotion
à Andrée, Anne, Aline, Alice, Annette,
Armande... et j'en passe. Je n'avais
plus de problèmes et je regardais
avec condescendance les gens de
mon âge qui continuaient à vivre
dans la confusion sexuelle. Puis ce
fut 1970, une autre année de grand
cru... Ah, Béatrice, Brigitte, Berna-
dette... mais je dis ça et en y repen-
sant je me rends compte que c'est
peut-être là que mes problèmes ont
commencé. Après tout, ça pleut pas
les prénoms féminins en B ; il a fallu
que je me répète, que je donne des
surnoms (Bébé !) et je dois même
avouer qu'un certain Bob a dû faire
l'affaire un certain soir...
C'est vers la lettre D que j'ai Dé-
couvert que ça Devenait une obses-
sion. D'abord, je ne pouvais évidem-
ment plus copuler avec une per-
sonne dont le nom commençait par
autre chose qu'un D. Mais en plus, je
m'en venais tatillon sur les endroits.
Bien sûr, je passais souvent la nuit à
Domicile ; mais je me souviens par-
ticulièrement de nuits ardues pas-
sées à copuler dans un Dune buggy,
une Datsun ou au Planétarium Dow.
Ou alors (et laissez-moi vous dire
suite à la page 62 25
 l e plus vieux métier du monde
Collaboration spéciale du p r o f e s s e u r Jacques L e b r u n

Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, bonsoir. Alors, si on jette un bref coup d'oeil sur la
multiplicité fantastique du nombre de métiers que l'homme a exercés au cours des dernières
années, soit de l'âge de pierre à nos jours, on ne peut que se placer les lèvres en position de
bouche bée. L'homme, cet être extraordinairement complexe en regard de la crevette, a
pratiquement inventé tous les métiers du monde. Or donc, même si le plombier d'aujourd'hui
n'utilise plus le tibia de brontosaure pour façonner son tuyau, il n'en reste pas moins que
certains métiers qui étaient pratiqués par l'homme à l'ère préhistorique le sont encore de nos
jours. Par exemple, la prostitution. Mais qu'est-ce que la prostitution? Que fait-elle? C'est ce
que nous allons tenter de découvrir ensemble au cours de cet entretien que j'ai eu
en compagnie de Linda X, fortement prostituée.

Prof: Linda, bonjour...
Linda: Bonsoir...
Prof: Linda, vous êtes, selon vous,
ce qu'on appelle généralement une
prostituée...
Linda: C'est ça, oui
Prof : Vous êtes sûre de ça ?
Linda : Ben oui, chu sûre, ça fait
trois fois que j'te l'dis.
Prof : Parfait.. Linda, quand je vous
ai abordée tout à l'heure dans la rue,
vous m'avez répondu à peu près
ceci : «c'est 30 dollars pour une pipe»
et 50 dollars pour je ne sais plus
quoi À partir de là, est-ce qu'on peut
en déduire que, en plus de faire le
commerce de votre prostitution,
vous vendez également des pipes
sur euh., la «slide», comme on dit ?
Linda : J'en vends pas, des pipes,
j'en fais...
Prof : Vous ne vendez pas de pipes,
vous en faites. Donc, si vous faites
des pipes et que vous ne les vendez
pas, est-ce qu'on ne peut pas en
déduire que, primo, ces pipes-là
vous les donnez en cadeau à vos
clients et que, secundo, la plupart de
vos clients sont des collectionneurs
de pipes ?
Linda : C'est ben rare que mes
clients repartent avec les pipes que
j'ieur fais.
Prof : Donc, à ce moment-là, vous
26 devez avoir «toute» une collection de
pipes à la maison ?
Linda : Es-tu après virer fou, toi,
coudonc ?
Prof : Non, mais c'est vrai Pensez-y.
Ces pipes-là, il faut bien qu'elles
soient quelque part, quand même,
non?...
Linda : Ben oui ben oui., sont toutes
accrochées au mur de mon salon.
Prof : Bon... Côté prostitution,
maintenant, est-ce que vos clients
sont des hommes en général ou si
vous faites affaire avec d'autres es-
pèces également?
Linda: En général, c'est des hom-
mes, ça m'arrive très rarement de
faire l'amour avec des truites.
Prof : Combien de fois en moyenne ?
Linda : Huit fois, j'dirais.
Prof : Huit fois... et euh., est-ce que
vos clients viennent vous voir seuls
habituellement ?
Linda : Non, la plupart du temps, y
viennent avec leur femme pis j'ieur
passe mon lit..
Prof : Ah bon... Et si quelqu'un vient
vous voir seul et qu'il vous fait des
avances que vous jugez inaccepta-
bles, qu'est-ce que vous faites à ce
moment-là?
Linda : À ce moment-là, je l'réfère à
un C.L.S.C.... Hey, ça achève -tu, ça
là?... JY avais dit dix minutes.
Prof : Oui, oui, ça achève, il reste
seulement deux minutes... si on re-
venait un peu à vos clients, est-ce -
que vous avez des clients qui ont des
goûts un peu «traumatisés», comme
par^exemple, est-ce qu'il y a des
clients qui vous demandent de faire
Famour évanouis ou s'il y en a qui
insistent pour que la lumière soit
allumée ? Est- ce qu' il y en a des pires
que ça, même?
Linda: Les pires, c'est ceux qui
veulent rien faire pantoute...
Prof : Hum, hum... et si on allait du
côté de votre enfance un peu. Est-ce
que votre père vous violait étant
enfant ?
Linda : Non, y m'a juste violée quand
y a été assez vieux pour le faire... As-
tu fini, là ?
Prof : Oui, oui, presque... et euh, est-
ce qu'il vous violait souvent?
Linda : À chaque fois que j'y de-
mandais...
Prof: Et., est-ce qu'il vous expli-
quait pourquoi il vous violait?
Linda : Hey, ça va faire, là. T'en as eu
pour ton 20 piastres... Où est-ce qui
est mon linge ?
Prof : Euh, sur la chaise là... euh,
une dernière question en vous rha-
billant, Linda, est-ce que vous êtes
pour ou contre la gonhorrée?
Linda : 100% pour, d'abord que les
deux sont consentants.
Prof : Merci beaucoup, Linda.
Linda : C'est ça Q

CROC
LE MALE C O M M O D E

27
avril 1980
 9
jjp

Jk kJm jp
1 -
pu

La nuit fini suivit restera t o u j o u

mémoire. Pendant qu'elle se préparait pudiquement
IH d a n s la salle dé bain, j<: me remémorais les principes
élémentaires de vous savez quoi... le h o n n e u r
 ...passe tout près de Pontianak,dans le
delta du ÇleuieKapuas.sur la côte occi-
dentale de Bornéo...

S AR

Pontianai

Dans une chambre de la maison,Michel Risque

reprend ses sens.
...et traverse par le milieu le bungalour loué par le
Baron Zi9line,non loin de la ville.

MICHEL RISQUE dans •

tATITUDE Scénario : G l u t z & Lucien - Dessin: Réa)<3odbout

Tout ce Fendant ce temps, dans une autre pièce de

soutiens a maison...
glissé =3C
Et c'est sans doute a
cause de lui que Jentàns
nousavclé leParadi
Sier Jade : Je vous assure ,Léopo
que 3e ne connais pas
cet homme...
Ici 5'impose une brève e*p!ica'
tion; après avoir été atta-
qués à Sineapour par les
hommes de JenVGns, Michel
et la baronne ont été re-
cueillis par les serviteurs
du Saron.qui les ont emme-
nés par auion rejoindre ce
dernier a Pont\anaK.
30

CROC
 [Si ce n'était de moi ,tu
iTRAÎME£!!( i serais encore trapé-
ziste dans un cirque
minable dettaatbourç!
ivJe l ' o u - ^ s ^ ^
Wiepas^

) Et maintenant, i) faut que je On peut sen débarrasser (jepréfëre attendre (

/ décide quoi -faire de cet in- tout de suite... d'en savoir plus lomj
\diwidu à la mâchoire carrée à son sujet., lî
nous accompagnera.

31

avril 1980
CROC
 inconnu qui vous accompagnait Mieux irôut attendre |ÎS
j ET PAR VOTRE FAUTE", quelques jours,que
est à sa solde, j'ensuis sûr main
1 JEKHC'MS VA M E T - tenant ! J'aurais dû m'en débarras- nous soyons
|TRELAK\AiN ser plus tôt! i Anons.^ vabarulomier éloignés de ce fT ...
dans la ^orêt?
ppnimra

Une semaine plus tard !

Maudits marin<y>uin5!

Pourquoi ne inendriei-vrous pas

sous tna tente? U ya un mousti-
quaire au-dessus de mon lit.

mat

33

avril 1980
34

CROC
 LE PLUS GRAND
QUOTIDIEN
MENSUEL
D'AMÉRIQUE

Vague de kidnappings au Québec

(SL) C'est avec une indifférence
frôlant la catatonie que les mi-
lieux politiques québécois ont
réagi à une rumeur selon laquelle
un groupuscule d'extrème-centre
aurait kidnappé plusieurs nullités
de la scène politique, à savoir
Thérèse Lavoie-Roux, Gérard
D . Lévesque, Claude Forget,
Solange Chaput-Rolland et
quelques autres dont personne
n'arrive à se rappeler les noms.
Contactée à ce sujet, la direc-
tion de la S.Q. a exprimé quel-
ques réticences (quatre, plus
précisément) à commenter cette
«prise d'otages» qui, selon des
sources bien informées, durerait
depuis maintenant quatre se-
maines. «Vous comprenez»,
nous confiait le directeur de
l'escouade des kidnappings de
la S.Q., «il s'agit de gens très
importants; prenez Thérèse...
Thérèse qui déjà...? E n tout cas,
il y a Gérard F... c'est quoi déjà
son nom, à celui-là?... y'a déjà
été député ou quelque chose...
y'a l'autre aussi, la folle là,
Solange Rolland quelque chose...
j ' a i leurs noms sur une liste
quelque part ici... ah non, je l'ai
oubliée à la maison... bon, en
tout cas, c'est du monde impor-
tant, je l'sais parce que quelqu'un
me l'a dit, j ' m e rappelle plus qui,
mais c'tait quelqu'un d'impor-
tant lui aussi...»
Pressé de questions sur
l'inaction de la police dans cette
affaire, le représentant de la
S.Q. a révélé qu'elle était due au
fait que personne n'a encore
porté plainte à propos du pré-
tendu enlèvement : «Ben, y ' a
ben Claude Ryan qui a chialé un
peu», nous a-t-il révélé, «mais y
chiale toujours, celui-là, fa
qu'on s'est pas trop énervé...
c'tu vrai qu'y est chef de l'oppo-
sition, à c't'heure, lui?»
À travers toute cette confu-
sion, une question laisse encore
les experts perplexes : la réponse
de la S.Q. est formelle : il y a
bien eu enlèvement La preuve
en est, selon le directeur des
services anti-kidnapping, que
plusieurs notes de rançon ont
été reçues. La première, qui
exigeait une somme de $895.67
pour la libération de chacun des
otages, a été reçue il y a deux
semaines. La seconde deman-
dait $527 par otage; elle parvint
aux bureaux de la S.Q. la se-
maine dernière. U n e troisième
note, reçue au moment où notre
reporter s'apprêtait à quitter les
bureaux de la S.Q., offrait de
libérer tous les otages pour
$5.95. Les experts se perdent en
conjectures sur le sens de cette
dernière note et l'on commence
à se demander, dans les cercles
politiques, si toute l'affaire ne
serait pas une mauvaise plaisan-
terie.
Dernière heure : au moment de
mettre sous presse, nous appre-
nons que le groupuscule d'ex-
trème-centre, qui refuse tou-
jours de s'identifier, annonce
qu'il est maintenant prêt à garder
tous les otages pour une période
indéfinie, contre un versement
mensuel de $ 9 3 6 . 9 6 pour frais
de pension. U n e phrase tirée du
communiqué laisse entrevoir le
désespoir des malfaiteurs : «si
cette somme ne nous est pas
versée d'ici trois jours, nous
libérerons tous les otages et ce
sera la population du Q u é b e c
qui en souffrira. Pis oubliez pas
qu'on a aussi Fabien Roy !»
Que fera le gouvernement ?
Rien pour le moment, apparem-
ment, si l'on en croit la déclara-
tion du secrétaire-adjoint aux
affaires pas trop pressées auquel
le sous-ministre des Affaires
municipales a confié le dossier
et qui nous a fait la déclaration
suivante : «Voyons donc, c'est
une folie cette affaire-là : si
quelqu'un d'important avait été
kidnappé, ça se saurait... j'veux
dire, on s'en apercevrait..»
Croc continue son enquête.

T r o p c'est trop ! Les R u s s e s en Afghanistan, c'était déjà difficile à

digérer ; mais le président C a r t e r s'est fâché p o u r de b o n q u a n d
les P o l o n a i s ont envahi la M a i s o n - B l a n c h e .
35

avril 1980
 Le Québec envahi
par des abeilles
(P.B.) Nos correspondants en Amérique du Sud et aux États-
Unis nous ont transmis des informations concernant le mouve- Une autre primeur de C R O C : la vérité sur le monstre du Loch
ment migratoire des abeilles d'Amérique. Contrairement à leurs Ness !
habitudes, les colonies d'abeilles se sont regroupées et filent vers
le Nord. On estime qu'environ un million de ces butineuses
composent actuellement le coeur de cet ouragan terrifiant Un
satellite de la N A S A a permis de confirmer l'hypothèse que ces
abeilles se dirigent sur le Québec. Selon des estimés produits par
Des militants
libéraux pieux
un groupe de biologistes, environ onze millions d'abeilles
pourraient se joindre aux autres avant d'arriver au Québec.
Comment expliquer ce mouvement migratoire ? Rien de plus
sjmple, les abeilles sont attirées par les Floralies Internationales
qui se dérouleront à compter du mois de mai à Montréal. Toutes (P.B.) Depuis quelques semai- prier au pied d'une tombe. Les
les villes ayant accueilli les Floralies ont été attaquées par des nes, les militants libéraux sillon- responsables du parti Libéral
hordes de bestioles. Conscientes du danger, les autorités ont déjà nent le Québec afin de visiter ont annoncé qu'il s'agissait d'une
prévu un dispositif pour combattre ce fléau. Il consiste à tous les cimetières de la Belle consigne de Claude Ryan visant
détourner l'attention des abeilles sur les villes de Granby et Province. Dans toutes les villes, à développer la piété chez les
Drummondville. Les habitants de ces cités seront recouverts de il est possible de voir ces mili- militants libéraux. N e serait-ce
miel et entassés dans des parcs publics. L a Protection Civile tants calepin à la main en train pas plutôt une fine stratégie dé-
estime que les abeilles devraient être passablement occupées par de noter les noms inscrits sur les ployée afin de s'assurer que
ces manoeuvres de diversion et que rien ne devrait empêcher le pierres tombales. Quand un é- tous les Québécois voteront
déroulement des Floralies à Montréal. tranger s'approche d'eux, ils lors du référendum? L'avenir
s'agenouillent et se mettent à nous le dira...

SOUVEEA
DIVISION AFiAïfûN DIVISION SOUVERAINETÉ Al
i DIVISION INDÉPENDANCE DIVISION
Dl
INDÉPEND/U CE DIVISION SÉPARATION DIVISION S
SOUVERAIN! FÉ ASSOCIATION DIVISION INDÉPEND
DIVISION SE AFtAïiQN DIVISION SOUVERAINETÉ Aî

La Fondation Pro-Orvada
36

CROC
 Marasme à
Drummondville
(SL) Il ne s'est rien passé à
Drummondville cette semaine.
Ni la semaine dernière. Ni la
semaine d'avant. D e fait, selon
une enquête menée par notre
envoyé spécial, il y a une éternité
qu'il ne s'est rien passé d'inté-
ressant à Drummondville. In-
terrogé à ce sujet, le maire de
cette localité a d'abord exprimé
une surprise mitigée face aux
réactions des grands média d'in-
formation devant cette situa-
tion : «Ben, y a eu le camion des
pompiers qui a eu une crevaison,
la semaine dernière, mais ça
compte pas, ça, hein ?... j'pensais
pas, non plus...»
Devant l'insistance que met-
tait notre reporter à tenter de
faire la lumière sur cette situa-
tion qui menace de devenir
S o u s 'oeil attendri de sa mère, le j e u n e fils de C l a u d e Ryan
chronique, l'édile de la munici-
s'amu se avec sa nouvelle bicyclette.
palité a bien voulu faire la décla-
ration suivante : «Moi, j ' c o m -
prends plus rien, là ! Pourtant,
le monde est aussi fou ici qu'ail-
leurs : on a des délinquants, des
alcooliques, des féministes, on a
même une polyvalente... y a pas
de raison qu'y arrive pas quelque
chose !»
Le maire a par ailleurs révélé
à notre reporter que le conseil
municipal tiendra une réunion
sur le sujet «dès que le secré-
taire-trésorier aura retrouvé le
procès-verbal de la dernière.»
« Ç a peut plus durer comme
ça», de poursuivre le maire, «y a
jamais personne qui parle de
nous autres. Jusqu'à mainte-
nant, y'avait au moins Croc qui
nous mentionnait de temps à
autres, mais même eux autres, y
savent plus quoi dire ! M ê m e
que leur rédacteur en chef m"a
appelé hier, pour me dire que si

Le premier ministre, monsieur René Lévesque, relations extérieures, ce qui est la souveraineté
a fait connaître, le 20 décembre dernier, - et, en même temps, de maintenir avec
la question qui nous sera posée lors du le Canada une association économique
référendum. comportant l'utilisation de la même monnaie;

ILS
« Le Gouvernement du Québec a fait tout changement de statut politique
connaître sa proposition d'en arriver, résultant de ces négociations sera soumis
avec le reste du Canada à une nouvelle à la population par référendum;
entente fondée sur le principe de l'égalité
des peuples; en conséquence, accordez-vous au
cette entente permettrait au Québec Gouvernement du Québec le mandat de
d'acquérir le pouvoir de faire ses lois, de négocier l'entente proposée entre le
percevoir ses impôts et d'établir ses Québec et le Canada ? »

REPONDENT
•
o On sait
a c e qu'on veut
La Fondation des Québécois pour le OUI
37

avril 1980
 y'arrivait pas quelque chose
d'ici une semaine, qu'y s'trou-
verait une autre ville pour faire
des farces dessus... ! » Interrogé
sur les mesures qu' il envisageait
de prendre pour remettre Drum-
mondville sur la carte de l'ac-
tualité, le premier magistrat de
la ville nous a fait une dernière
déclaration : « Y fautqu'y'arrive
quelque chose, c'a pas d'allure ;
moi j'suis prêt à faire n'importe
quoi... j'pense même demander
une subvention du ministère des
Affaires culturelles ou un projet
OSE!»
D e son côté, le rédacteur en
chef de C r o c confirmait la nou-
velle à l'effet que sa publication
étudiait en ce moment la possi-
Joe Clark réfléchit
( S . L . ) La nouvelle à l'effet que
Joe Clark serait entré dans une
période d'intense réflexion sur
son avenir politique n'a pu être
que partiellement confirmée.
Interrogé à ce sujet, un membre
influent du P C a eu la réaction
suivante : « J o e réfléchit, ah
Déjà
le printemps
Pensez à l'été,
aux vacances,
aux voyages,
à Tourbec
le service-voyage âee Québécois
Notre brochure été '80 vous attend à Tourbec.
Retournez ce coupon au 1440, rue St-Denis,
Montréal H 2 X 3 J 8 — Tél.: ( 5 1 4 ) 288.4455,
ou passez nous vair...
Nom
Adresse
Ville
Détenteur d'un per mj»da Ç utbec
38
bilité de se trouver une nouvelle
tète de turc municipale. « O n
cherche, on cherche,» déclara-
t-il, « m a i s c'est pas facile de
trouver aussi niaiseux que
Drummondville comme ville ! »
Quant aux noms des villes sur
lesquelles porteraient les re-
cherches actuelles, le rédacteur
en chef s'est refusé à tout com-
mentaire; cependant, une rumeur
en provenance de sources géné-
ralement bien informées veut
que plusieurs municipalités
aient déjà posé leurs candidatu-
res. Il s'agirait de Ville de Laval,
Rivière-du-Loup, Val d'Or, St-
Georges de Beauce, Ste-Foy et
Hull.
pour ça, y réfléchit. Y fait même
rien que ça depuis un bout
d'temps. Pour c'qu'y est d'dire à
quoi y réfléchit, c'est une autre
paire de manches : de toutes fa-
çons, c'est déjà assez qu'y pense
sans qu'on l'oblige à s'rappeler
à quoi ! »
C R O C était là : la république du T o g o a procédé au lancement de
son premier satellite.
Violentes
manifestations
à Montréal
( P . B . ) Depuis que Jean Drapeau a annoncé qu'il avait l'inten-
tion d'offrir Montréal comme site de remplacement pour les
Jeux Olympiques qui devaient se dérouler à Moscou, des milliers
de Montréalais ont manifesté dans les rues de Montréal leur
désaccord avec cette dernière initiative du Maire de la Métro-
pole. A u cours d'une entrevue, un des leaders du mouvement de
protestation nous a fourni les commentaires suivants : « Si on
remplace Moscou, vous pouvez être certains que les Russes ne
nous le pardonneront pas ! N o u s sommes à la veille de la
troisième guerre mondiale et notre maire ne trouve rien de mieux
à faire que de nous plonger au coeur de cette chicane. Si les Jeux
Prénom
Olympiques ont lieu ici, les Russes n'hésiteront pas à détruire
notre ville en premier. » Rejoint au téléphone, un des assistants
du maire a répondu à ces accusations en affirmant que son
patron faisait tout son possible pour que Montréal devienne une
Code postal ville célèbre. Questionné au sujet des effets d'une attaque
atomique sur Montréal, il nous a affirmé que le maire protégerait
la ville et que celui-ci n'avait pas l'intention de sortir de son abri
anti-atomique avant que les Jeux Olympiques aient eu lieu.
suite en page 42
CROC

N.D.L.R. Chaque mois,
BOBO-POLICE, votre
meilleur, demande à l'as des
as, le grand Claude Prunier,
de venir commenter ici, pour
vous, l'actualité. A toi Clau-
de. Vas-y, t'es capable.
NOS SOLDATS
SONT GÂTÉS
Le nouveau catalogue de
jouets pour nos soldats est déjà
sorti. Une grande nouveauté
par rapport à l'an dernier, le
char d'assaut Cougar, un vé-
hicule tout humour, d'une drô-
lerie irrésistible. «Les portes
arrières se détachent dès qu'on
se sert des armes. Les phares
s'éteignent quand on tire du
canon et les extincteurs d'in-
cendie se déclenchent»
Des heures et des heures de
divertissement Les ennemis
sè tordent de rire et roulent par
terre. Il ne reste plus qu'à les
écraser...
D I E U EST P A R T O U T
Un qui a un succès fou ce
temps-ci, c'est Dieu. On savait
déjà que sa main guidait Claude
Ryan, le gars au livre «drab-
be» qui se prend pour Maria
Goretti et qui dit non par
crainte d'avoir du plaisir à dire
oui.
Mais, semble-t-il. Dieu en a
assez de la politique. A suivre
Cloclo on le comprend. Dieu
fait donc maintenant dans le
sport. Le gardien de buts des
Nordiques de Québec, une
manière de Canadiens ama-
teurs, Michel Dion, a déclaré :
avril 1980
«Il y a un an, j'ai accepté Dieu
et je lui ai dédié ma vie. J'ai eu
une sensation inexprimable
qui m'a traversé de la tète aux
pieds. Je suis sauvé et je sais
que Dieu me guide.» Depuis,
affïrme-t-il, il joue mieux.
Une main de Dieu promène
Ryan, une autre garde les filets
de Michel Dion, sa voix chante
à la place de Claude Valade,
décidément, Dieu est un hom-
me occupé.
Mais en ce qui concerne les
Nordiques, il faudrait aussi
que le diable s'en mêle.
Les forces russes qui occupent l'Afghanistan essaient par tous les
moyens de passer inaperçues.
SUICIDES
À DOMICILE
La police a trouvé une solu-
tion au problème des suicides
dans les cellules des centres de
détention.
La Presse du 27 février, le
journal le plus lu à Téhéran,
rapportait qu'un individu
échappé d'un hôpital psychia-
trique s'était tiré une balle
dans la tête avec le revolver
d'un policier alors qu'il était
sous la garde de ce dernier à
l'arrière d'une auto-patrouille.
L'incident aurait eu lieu alors
que le policier tentait de re-
mettre son arme au conducteur
«par mesure préventive». Bref,
une histoire de fous.
BOBO-POLICE félicite les
policiers qui ont tout de même
évité ainsi qu'un autre détenu
se suicide dans un poste de
police. Ce qui aurait de nou-
veau fait jaser nos anarchistes.
Mais c'est des histoires à
salir les chars. Pourquoi pas le
suicide à domicile ? Rien de
plus facile : tu commandes ton
suicide comme de la pizza ou
du... poulet
LE M I N I S T R E
DE LA P O L I C E
BOBO-POLICE félicite le
ministre de la police, Marc-
André Bèdard, qui a l'air bour-
ru comme ça, des fois, mais
qui comprend bien ses gars.
A la fin novembre à l'As-
semblée nationale, l'honorable
Bèdard avait déclaré que l'a-
gent Lessard, celui qui a joué
au cowboy à Caughnawaga,
avait été retiré de la patrouille
et assigné à des tâches clérica-
les dans un bureau.
BOBO-POLICE a été heu-
reux de lire dans le Journal de
Montréal — un bon journal
que je recommande à tous les
amis policiers — que le 14
décembre, l'agent Lessard pa-
trouillait toujours avec son
même camarade de travail, ce-
Lors de la dernière grève au
Bell, certains employés ont
poussé la solidarité syndicale
à son maximum.
lui qui l'accompagnait chez les
sauvages.
Un membre de la station
radiophonique C H O M accuse
en effet les deux policiers de
l'avoir battu après l'avoir ap-
préhendé le 14 décembre sur
une voie rapide.
Les deux policiers affirment
cependant que c'est plutôt la
victime qui se serait livrée à
des voies de faits sur eux. Ils
ont sûrement raison, ils sont
deux.
BOBO-POLICE le savait
bien que le ministre Bèdard
était un homme juste et que ce
qu'il avait dit aux députés
c'était rien que pour les con-
tenter.
UN P O M P I E R
QUI A LE F E U
Un pompier a été récemment
débouté de sa cause après avoir
vainement tenté de démontrer
que dix policiers avaient abusé
de leur force après l'avoir arrêté
pour ivresse au volant
Voyons donc, c'est une his-
toire qui ne tenait pas debout.
Si les dix policiers avaient
abusé de leur force, le pompier
aurait pas vécu assez long-
temps pour se plaindre.
LA D E V I N E T T E
DU M O I S
BOBO-POLICE attend
toujours vos réponses. Le prix:
un beau tour dans un char de
police. La question : pourquoi
y a-t-il deux policiers dans une
auto-patrouille ?
Un lecteur nous a répondu
que c'est parce que l'un com-
prend le français et que l'autre
le parle. Le problème c'est que
ce n'est pas possible de savoir
lequel est lequel.
Ma&icotte
(Luc Cr Alain)
 suite de la page 38
exorbités et les mains dans les
poches (ou sur les hanches selon

Finances et affaires qu'ils portent ou non des pan-

(W.L.) C'est bien connu les
hommes d'affaires sont forts en
chiffres mais bien faibles en
relations humaines. Suite à la
publication dans le dernier
CROC d'un reportage sur l'art
de draguer à l'étranger, mon
téléphone n'a pas dérougi. Plu-
sieurs hommes d'affaires se sont
montrés fort intéressés à la
question de savoir si les mêmes
règles s'appliquent ici. On se
rappellera du célèbre scandale
du dragage qui a défrayé les
manchettes récemment et au
terme duquel une demi-douzai-
ne d'hommes d'affaires émi-
nents ont écopé de lourdes peines
de prison. On comprend mieux
leur méfiance et l'intérêt extrême
des révélations de CROC pour
eux.
La réponse évidemment c'est
non! Le dragage au Canada se
fait suivant des règles particu-
lières et lorsque pratiqué par des
talons). Vous lancez alors, par
inadvertance, des pièces de 25*
dans leur direction. Le bruit
hommes d'affaires la chose se fait pertinents à la vie sexuelle en attirera l'attention et en jetant
de façon spéciale. Pour ceux général. Disons, entre autres quelques pièces sur votre ra-
donc qui sont en affaires et possibilités, des mots comme deau ils y monteront sans même
veulent éviter des démêlés avec « moutarde forte », « faire la s'en rendre compte. Larguez les
la justice, voici les règles de l'art queue », « tirer la langue », « crè- amarres vers une destination
en matière de dragage d'affaires me glacée », « piscine » et le inconnue de votre choix !
au Canada (DAC)i. D'abord se très freudien « cabane à chien ».
munir d'tm grand radeau que (1) N e pas confondre avec la T A C ,
Installé bien en vue sur votre
l'on ancrera à proximité du site Traite des Adolescentes au
radeau, surveillez nonchalam- Canada.
de dragage. Il doit être sobre, ne ment les rues avoisinantes. Vous (2) Les agents de la G R C sont
comporter aucun éclairage et y verrez bientôt apparaître des facilement reconnaissables au
être muni d'un moteur puissant individus: ordinairement un peu cocktail molotov qu'ils tiennent
Enlevez votre cravate et vos essouflés, les yeux légèrement habituellement de la main gauche.
souliers ; vous êtes maintenant
prêts à passer à la deuxième
étape : le marketing. En effet, il
est important que ceux que vous
draguerez aient envie de se faire
draguer. Pour ce faire on vous
préparera un message télévisé
sur un thème maritime sublimi-
nal. Il s'agit, en fait, d'insérer
dans une scène de voilier par
exemple, des appels invisibles
et inaudibles (mais tout à fait
perceptibles inconsciemment)

Les petits cadeaux q u i

Une autre exclusivité CROC : cette photo inédite a été prise à
entretiennent Ghappaquiddick quelques instants après la tragédie impliquant
l'amour le sénateur Kennedy.

ne belle broche *
Un beau bibelot *
ne bricole *
Les otages américains:
Une surprise * une question d'argent
* Disponible sous des formes douces, (P.B.) Selon certains observa- otages sont à l'emploi de l'Iran.
modernes ou surprenantes chez

/m
teurs, la prise d'otages à Téhéran
serait devenue une question
d'argent Depuis environ cin-
quante jours, tous les otages ont
droit à du temps quadruple et
demi, à des bonis pour le temps
supplémentaire cumulatif, les
veilles de nuit et les fins de
semaine passées à l'ambassade.
Actuellement, chacun des ota-
ges gagne environ $ 2,064.23
l'heure. C'est pour cette raison
que les négociations entre les
États-Unis et l'Iran sont très
difficiles, les deux pays refusant
4017 St-Denis, Montréal Tél.: 844-0350 de négocier tant que la question
Des lampes, des meubles, des accessoires des salaires ne sera pas réglée.
La position américaine serait
pour recréer votre petit paradis terrestre. que durant leur captivité les
42
Les autorités iraniennes refusent
de payer, leur argumentation
étant qu'ils n'ont jamais participé
à l'embauche de ces diplomates.
Aux dernières nouvelles, nous
apprenions que les otages n'ac-
cepteront pas d'être libérés à
moins de recevoir la promesse
formelle que les salaires gagnés
durant leur captivité soient
exemptés de tout impôt. Du
côté iranien, les étudiants isla-
miques exigent neuf crédits
pour leurs activités politiques
mais le doyen de l'Université a
annoncé qu'il n'en donnerait
pas plus que trois. Une affaire à
suivre.

CROC
photoballons express

Les merveilles du microscope, I : grâce à Les merveilles du m i c r o s c o p e , II : l'ovule M a r g a r e t T r u d e a u a accepté, p o u r la

cet appareil é t o n n a n t , n o u s p o u v o n s vous ayant fait son choix, les c a n d i d a t s m o d i q u e s o m m e de 4 9 . 9 5 $ . de d a n s e r à
présenter une p h o t o des s p e r m a t o z o ï d e s m a l c h a n c e u x s'éloignent en m a u g r é a n t . l'ouverture de la nouvelle voie de c h e m i n
se l a n ç a n t à l'assaut de l'ovule. de fer reliant T i m m i n s et D r u m m o n d v i l l e .

Le s a v i e z - v o u s ? Les crocodiles o n t la digestion tellement lente

q u e cet h o m m e a le t e m p s d'écrire ses i m p r e s s i o n s avant d'être
avalé.

Un des d o c u m e n t s d é c h i r a n t s m o n t r é s à la délégation de l ' O N U

venue e n q u ê t e r sur les atrocités c o m m i s e s par le s h a h : sur l'ordre Suite a u n e i m p o r t a n t e o p é r a t i o n c h i r u r g i c a l e , le ministre
du tyran, on a a r r a c h é à cet h o m m e ses verres de c o n t a c t p o u r les J e a n C h r é t i e n a enfin pu faire disparaître le côté asymétrique
précipiter d a n s le désert. Il cherche toujours. de sa b o u c h e .
43

avril 1980
 Loir du temps
Chronique de météo transcendantale
Les dessous de la brouille
R ien ne va plus entre la F T Q et la
C S N . Le dernier paquet expédié
par la F T Q au 1001 rue St-Denis, siège
de la C S N , contenait 30 douzaines de
coquerelles qui eurent vite fait d'en-
vahir les coins et recoins de l'immeuble.
Les coquerelles devinrent vite gênantes.
Il était devenu courant, à la C S N , pen-
dant les conférences de presse, de voir
les petites bibites noires monter dans le
cou de Chartrand ou sur le nez de
Rodrigue. Les caméramans, vicieux,
s'étaient mis à faire des gros plans de
Rodrigue et à suivre au zoom la montée
des bibites... jusqu'au coup de paupière
fatal qui allait les reconduire d'un trait
au parement de la veste. La coquerelle
allait-elle pouvoir remonter? C'est ce
qu'on saurait à la prochaine conférence
de presse. C'est grâce à un de ces zooms
d'un caméraman du 10 qu'on s'est aperçu
que les coquerelles ne réussissaient pas à
traverser la moustache de Chartrand. Il
les bouffait !
On a tout fait à la C S N pour se
débarrasser des coquerelles de la F T Q .
Pendant la grève du métro, en novembre
dernier, on a organisé un grand rassem-
blement populaire de solidarité dont le
but, aussi authentique que secret, était
de permettre aux permanents de la cen-
trale de faire geler leurs coquerelles
pendant une longue marche dans l'air
vif. On a cru un moment que le truc avait
marché, mais une fois rentré au bureau,
on s'est aperçu que les bibites s'étaient
réfugiées dans les petits endroits chauds.
Tout était à recommencer. On a ensuite
essayé la technique du black-out. Ç a
consiste à faire la noirceur totale dans
l'immeuble, à ne plus parler ni bouger
pendant cinq bonnes minutes. Certaines
coquerelles, se pensant en sécurité, sor-
tent de leur trou, grimpent sur les murs...
C'est alors qu'on remet soudain la lu-
mière et pan ! On frappe vite sur les
coquerelles visibles. A u bout de trois
jours, les coquerelles connaissent le truc
et il faut trouver autre chose.
On a vraiment tout essayé à la C S N .
Sauf de faire venir un exterminateur. Ils
sont tous F T Q ! On a finalement opté
pour la solution radicale : le déménage-
ment. La C S N va bientôt quitter ses
locaux, alors vous saurez pourquoi.
Côté F T Q , pas grand-chose à signaler
sauf pour la journée où les toilettes ont
toutes bouché ensemble et inondé les
locaux de Laberge et compagnie. C'est
la journée justement où la centrale, dans
un communiqué plus violent que d'habi-
tude, dénonçait les débordements idéo-
logiques de la C S N . La petite guerre des
nerfs a enfin cessé le jour où la C S N s'est
rendu compte que sa vengeance ultime
avait échoué. U n commando C S N avait
déposé en pleine nuit, dans les locaux de
la F T Q , une quantité impressionnante
de cacas de chiens : du caca dans les
dactylo, dans les cadrans de téléphone,
sur les crayons, jusque sur le fauteuil de
cuir de Louis Laberge. Curieux de con-
naître l'effet de son coup, un provocateur
de la C S N téléphone à la F T Q le matin
suivant : «Allô, la F T Q ?» «Oui». «Est-
ce que ça sentdrôlechez vous ?» «Ben...
non. Ç a sent comme d'habitude, mais un
peu plus fort, on dirait.» Ce fut la rupture
totale. C'est la journée où la C S N a
lancé son communiqué intitulé : on ne
peut plus sentir la F T Q , en tout cas on ne
veut plus s'asseoir à la même table.
Voilà ! C'était une tranche inédite de
vie syndicale, telle que ne la rapporte pas
la grande presse. Heureusement qu'il y a
C R O C pour se tenir informé.
Le p a p e s'exprime
Il y a du nouveau pour les catholiques.
Depuis quelque temps, ils peuvent «ex-
primer l'amour avec leur corps». C'est le
pape lui-même qui l'a dit. Ç a a fait une
nouvelle de trois colonnes dans La Presse
le mois dernier. C'est le rôle des jour-
naux d'être à l'affût des nouvelles fraî-
ches. D a n s une dépêche de l'agence
UPI, le pape, ne mettant plus aucun frein
à ses élans de modernisme, déclare que
le «corps a aussi été créé pour exprimer
l'amour». D e nouveaux horizons s'ou-
vrent donc pour les couples catholiques.
C'est madame Jean-Paul II qui va être
contente ! C'est d'ailleurs tout le Vati-
can qui s'est mis à l'heure de la «corpo-
ralité», comme ils disent. Radio-Vatican
fait tourner 14 fois par jour le numéro un
au palmarès sacré : «Approche corpo-
relle de l'amour», chanté par Alfredo
Fettucine. Il est aussi question d'un
timbre didactique montrant ce que c'est
qu'un corps. Tout se branle-bas «corpo-
rel» viendrait de ce que le pape aurait
dernièrement décidé de faire installer
des toilettes au Vatican. Prévoyant un
long règne, il n'avait pas envie de se
retenir pendant tant d'années, comme
l'ont fait ses prédécesseurs. Vraiment un
pape moderne !
Un C h a p u t - R o l l a n d
Voici, enfin, en terminant, la recette
du mois. Ingrédients : un tire-bouchon,
un chemin de fer, la liberté, une brique,
un jambon, la foi, l'espérance, un pneu,
la charité, une cabane à chien, la culture,
un guichet, l'avenir, la constitution, un
cap de coke, du boudin, la péréquation,
une banane, la justice, une pizza ail
dressed, plus de pouvoirs aux provinces,
une porte de Pontiac 72, un gouverne-
ment central fort, 3 livres de clous de 4
pouces gommés. Vous ajoutez des ver-
bes, des adjectifs, et vous récitez pendant
une heure en mélangeant dans tous les
sens et en roulant les r. Avec un chapeau
mauve sur la tête et quelques tranches
d'ananas, ça vous fait un Chaput-Rolland
pascal. Bonne chance. O
CROC
 CROCniques
• Claude N. Counters s'interroge sur le
Mystère Pascal
• Ne reculant devant aucun déplacement,
Tommy Daoust envahit la Russie pour y
assiter à un concert pop.
• Au prix de sa santé mentale, Serge
musiK
1 culturelle : les Russes sont en avance
Tommy Daoust
Allô, allô, est-ce q u e m o n
m i c r o est o u v e r t ? Est-ce
que j e m'entends l à ? 1-2
1-2 testage. Ça m a r c h e ?
O.K.!
Salut Kébek ! Ici Tommy Daoust qui
vous parle en direct du premier festival
pop d'URSS. Vous aurez sans doute
remarqué en lisant ma chronique du
mois passé qu'il n'y en avait pas. C'est
pour une raison bien simple : j'étais déjà
en route pour la Russie. En effet, la
direction de CROC m'avait demandé de
couvrir cet événement musical
exceptionnel. Malheureusement, les
budgets étant ce qu'ils sont, j'ai été
obligé de venir sur le pouce. Ça m'a pris
un peu de temps, surtout pour le bout
entre Gaspé et Dieppe. Heureusement,
j'ai pogné un pouce direct pour cette
section du voyage, parce que c'est ben
du trouble de faire du pouce au milieu
de l'Atlantique. En tout cas, trêve de
bavardages : je suis enfin sur les lieux de
ma destination, c'est-à-dire le premier
festival pop socialiste-réaliste de Vladi-
woodstock.
Au moment où je me parle, le festival
doit commencer dans quelques heures.
La température est malheureusement
un peu maussade. Il pleut à torrents, je
suis complètement mouillé. Vous me
direz que ce n'est pas étonnant., sauf
avril 1980
Langevin découvre de la culture à la
télévision.
• Si vous connaissez des gens, Eva Partout
va vous montrer comment les asseoir.
• Une chronique sexualité? Mais pour-
quoi n'y avons-nous pas pensé avant!
que je suis dans ma chambre d'hôteL Je
pense qu'il y a une fuite dans le plafond,
ou alors on m'a logé dans une douche, ce
qui m'étonnerait peu, vu les dimensions
de la pièce. J'irais bien me plaindre au
gérant, mais j'ai peur de ses bergers
allemands. Enfin, tout ça n'est pas grave,
F important c'est la musik (note
sur nous : ils écrivent musique «musik>).
Je me dirige donc vers le site du festival.
À bientôt
Ça y est, je suis sur les lieux. Il ne pleut
plus, mais il neige. Mais ça en prendrait
plus que ça pour rafraîchir l'enthou-
siasme des milliers de jeunes qui se
massent sur les terrains du festival. Il y a
tellement de monde que les derniers
arrivés doivent s'accoter sur les fils
barbelés qui délimitent le site. La foule
est nerveuse mais attend patiemment
F arrivée du premier artiste.
L'atmosphère est égayée par les
faisceaux des phares qui balayent le
public du haut des miradors. Puisque la
musik n'est pas complètement
commencée, j'en profite pour vous
parler de l'organisation.
À Vladiwoodstock on ne retrouve pas
le désordre des festivals pop occiden-
taux. D'abord, le service d'ordre est
à
impeccable. La scène est protégée par
un cordon de tanks. De plus, chaque
spectateur est accompagné d'un soldat
reconnaissable à son gai uniforme kaki.
Pour la nourriture, pas de problèmes :
en entrant, chaque mélomane se voit
remettre 2 pommes de terre et 1 bette-
rave dont il s'alimentera pendant les 3
jours du festival Pas de problèmes non
plus avec les «petits besoins-. Quand
quelqu'un a envie, il se présente à un des
20 camions disposés à cet effet II remet
à un militaire le fruit de ses entrailles, et
hop, c'est réglé. La cargaison des
camions sera éventuellement utilisée
comme engrais. Mais je m'interromps,
car la musique commence... À plus tard..
Rebonjour ! Ouf, quelle belle journée !
Je suis de nouveau dans ma chambre
pendant que le préposé et sa pelle
cherchent ma valise dans la neige. Eh
bien mes amis, les festivaliers ont été
gâtés. Laissez-moi vous résumer
brièvement le menu musical que nous
avons entendu aujourd'hui. En premier
lieu, nous avons pu apprécier un jeune
chansonnier serbo-croate, Roris
Horscht, qui nous a servi 28 chansons
concernant la manufacture de tracteurs
qui sert d'industrie à son village natal
Le public a semblé particulièrement
apprécier les chansons «J'ai des pièces
de rechange» et «Toi et moi et 5 vitesses
surmultipliées». Roris a remporté un
franc succès, surtout si on considère
que son accordéon était humidifié par la
température.
Ensuite, nous avons eu droit à une
performance exceptionnelle de la part
d'une troupe yougoslave qui est venue
nous présenter le premier opéra-rock
d'outre rideau-de-fer. Cette oeuvre
magnifique appelée «Debout !» est basée
sur la vie de la jambe du maréchal Tito.
Nous avons été émus aux larmes par les
chorégraphies de la troupe (19 hommes
et une jeune unijambiste). Le moment le
plus déchirant survient quand la jambe
fait ses adieux au maréchal. Une grande
oeuvre qui, je l'espère, sera montrée
45
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q u a n d les c a n o n s d e s t a n k s r u s s e s s e
s o n t t o u r n é s v e r s elle. A p r è s tout, rien
c o m m e un p e u d ' e n t r a î n e m e n t p o u r
m o t i v e r l ' e n t h o u s i a s m e d e s foules...
J ' a i dû m a l h e u r e u s e m e n t q u i t t e r
F e n c e i n t e à c e m o m e n t a y a n t été atteint
p a r u n m a l a i s e . En effet, u n h i p p i e
s o v i é t i q u e qui voulait a b s o l u m e n t m a
p a i r e de j e a n s avait été dire à q u e l q u e s
s o l d a t s q u e j ' é t a i s un fils illégitime d e
Sakharov.
Ceux-ci m ' o n t d o n c u n p e u a s s o m m é
et j e s u i s r e v e n u à m a c h a m b r e s a n s m e s
j e a n s et q u e l q u e p e u é t o u r d i ( q u e l q u ' u n
m ' a dit q u e je ne d e v a i s p a s m e froisser,
q u e c e s t a p o c h a g e s étaient m o n n a i e
courante d a n s les manifestations des
j e u n e s : il s e m b l e en effet que, p u i s q u ' i l
est i m p o s s i b l e d ' o b t e n i r de la d r o g u e , les
j e u n e s R u s s e s s e d o n n e n t de g r a n d s
c o u p s de p o i n g p o u r a t t e i n d r e les
p a r a d i s artificiels : d ' a c c o r d ) .
S u r ce, j e v o u s l a i s s e et v o u s s a l u e a u
n o m de la m u s i k , c e t t e g r a n d e l a n g u e
internationale. C o m m e m o t de la fin, je
v o u s l a n c e le cri q u e s c a n d a i t la foule c e
m a t i n : «Hip Hip O u r a l !>
Skol, T o m m y D a o u s t Clic!*
* N.D.LR. : micro qui se /erme.O
réfrange
Claude N'Counters
Bonjour les bizarres,
E n c e m o i s o ù le Christ e s t r e s s u s c i t é il
y a quelques années, j'ai pensé que ce
s e r a i t u n e b o n n e idée d e m e p e n c h e r
s u r u n g r a n d m y s t è r e . Qui d ' e n t r e n o u s
n'a p a s été f a s c i n é en r e g a r d a n t un l o n g
v i s a g e a u x traits m a r q u é s d e gravité, un
v i s a g e o ù l'on d e v i n e u n e l o n g u e souf-
france, a l o r s q u e s e s y e u x s c r u t e n t le
p a y s a g e d u h a u t d ' u n e colline b a l a y é e
p a r le vent ? Oui, v o u s m ' a v e z c o m p r i s :
je v e u x v o u s p a r l e r a u j o u r d ' h u i d u
m y s t è r e de l'île d e Pâques...
T o u t le m o n d e c o n n a î t l'île de P â q u e s ,
m ê m e si p e r s o n n e n'y e s t allé. N o u s
avril 1980
a v o n s t o u s déjà vu d e s p h o t o s d e s
gigantesques sculptures à visage
h u m a i n q u i p a r s è m e n t l'île. D e p u i s d e s
m i l l é n a i r e s , o u a u m o i n s 10 a n s ,
F h u m a n i t é s e p a s s i o n n e en s e
d e m a n d a n t : «Mais b o n s a n g , d ' o ù
viennent c e s s t a t u e s ? » . . . P e r s o n n e l l e -
ment, je n'en ai a u c u n e idée, c e q u i n e
m ' e m p ê c h e r a p a s d'avoir u n e opinion.
Avant de v o u s la livrer, j e v o u d r a i s q u e
n o u s e x a m i n i o n s e n s e m b l e l e s princi-
p a l e s h y p o t h è s e s p o u r e x p l i q u e r le
mystère des monolithes p a s c a u x
1°- L E S STATUES ONT E T E SCULPTEES
PAR L E S INDIGÈNES DE L'ÎLE.
H y p o t h è s e i n t é r e s s a n t e . C'est en effet
tout à fait p l a u s i b l e q u e les h a b i t a n t s de
l'île ( a p p e l é s P â q u e r e t t e s ) aient e u le
g o û t de d é c o r e r l e u r s p a r t e r r e s a v e c d e s
g r a n d e s f a c e s en r o c h e p e s a n t 20
tonnes. A p r è s tout, a u Q u é b e c o n fait la
m ê m e c h o s e a v e c de vieux p n e u s p e i n t s
en b l a n c et d e s c h â t e a u x en b o u t e i l l e s de
Javex... à c h a c u n s e s goûts... le s e u l
p r o b l è m e , c ' e s t q u e les b r a v e s g e n s de
Fîle ne s e m b l e n t p a s a v o i r un talent t r è s
développé pour l'artisanat Les jeunes
filles l o c a l e s s e m a q u i l l e n t la figure en s e
m e t t a n t la f a c e d a n s u n b o u s e de c h è v r e ,
t a n d i s q u e les j e u n e s h o m m e s s e font
d e s t a t o u a g e s en s e tailladant la p e a u à
l'aide d u b e c d'un fou de B a s s a n e n c o r e
v i v a n t Rien n'est i m p o s s i b l e , bien s û r .
M a i s on est en droit d e s e d e m a n d e r a v e c
q u e l s o u t i l s a u r a i e n t travaillé les
artisans locaux qui auraient sculpté ces
oeuvres gigantesques, surtout quand on
voit à l ' o e u v r e les c h a r p e n t i e r s l o c a u x
( p o u r faire u n e p o r t e , ils é r i g e n t u n m u r
et e n s u i t e p a s s e n t a u t r a v e r s en s e
d o n n a n t un élan...).
2°- L E S STATUES ONT É T É INSTALLÉES
PAR LA CHAMBRE DE COMMERCE
DE L'ÎLE DE PÂQUES
I n t é r e s s a n t m a i s p e u p r o b a b l e . Le
c o m m e r c e s u r l'île est r é d u i t à s o n s t r i c t
m i n i m u m : le t o u r i s t e d é s i r e u x d e
r a p p o r t e r u n s o u v e n i r s e voit offrir d e s
p i n t e s d ' e a u de mer, d e s c h a p e a u x e n
b o u s e d e c h è v r e , o u d e s vieilles b o î t e s d e
Kodachrome.
CROCniques
3°- L E S STATUES N ' E X I S T E N T PAS.
Cette h y p o t h è s e a u d a c i e u s e a été
a v a n c é e p a r le p r o f e s s e u r Olaf BGRN,
a r c h é o l o g u e d e r e n o m . C était à s e s y e u x
la s e u l e e x p l i c a t i o n p o s s i b l e , «car c e s
statues», disait-il, «sont i m p o s s i b l e s s u r
le p l a n historique». M a l h e u r e u s e m e n t ,
le p r o f e s s e u r BGRN, q u i s'était r e n d u
s u r le s i t e m ê m e p o u r é t a y e r s a c u r i e u s e
théorie, n'a p u é l a b o r e r p l u s a v a n t s o n
h y p o t h è s e . E n effet, s a b r i l l a n t e e n v o l é e
oratoire a été b r u s q u e m e n t i n t e r r o m p u e
q u a n d u n e s t a t u e i m p o s s i b l e d e 15
t o n n e s s ' e s t é c r o u l é e s u r IuL
4°- L E S STATUES SONT D'ORIGINE
EXTRA-TE RRESTRE.
Cette h y p o t h è s e s'en vient d e m o i n s
en m o i n s originale. Q u a n d q u e l q u e
c h o s e est inexplicable, contraire à
l'histoire de la c u l t u r e et d'un g o û t
douteux, on b l â m e tout de suite les
e x t r a - t e r r e s t r e s . Moi je d i s c e c i : à c e
titre-là, les d i s q u e s de C l a u d e V a l a d e
sont a u s s i d'origine extra-terrestre.
Non, m a i s c ' e s t vrai. Si les extra-
t e r r e s t r e s p a r t e n t d u fin fond d e s
g a l a x i e s p o u r v e n i r p l a n t e r d a n s un t r o u
p e r d u en plein o c é a n d e s s t a t u e s de 20
t o n n e s q u i ont l'air d e m a u v a i s e s
c a r i c a t u r e s de R o g e r G o s s e l i n , b e n
r a s s u r e z - v o u s : o n e s t b i e n la s e u l e
f o r m e d e vie intelligente d a n s Funivers...
Non, m o i je v a i s v o u s dire c ' e s t q u o i
m a théorie. C'est b i e n s i m p l e : L E S
STATUES DE L'ÎLE DE PÂQUES, C ' E S T
DU VRAI MONDE !
«Ben v o y o n s donc», a l l e z - v o u s m e
dire... «Qu'est-ce q u e tu n o u s c h a n t e s là
m o n vieux Claude...» Pourtant, je s u i s s û r
q u e j ' a i r a i s o n . Ça m ' a f r a p p é u n j o u r
q u e j'étais sorti avec m o n c h u m T o m m y
D a o u s t On était allé voir un s h o w de
r o c k ' n ' r o l l a u F o r u m . À un m o m e n t
donné, je m e s u i s r e t o u r n é et j ' a i
r e g a r d é le p u b l i c . Et là, j ' a i fait «Oh
Wow!» L a c o m p a r a i s o n était f r a p p a n t e .
En v o y a n t les j e u n e s a s s i s d a n s la salle,
j'ai r e c o n n u c e s r e g a r d s vides, c e s
v i s a g e s d e p i e r r e , c e s f r o n t s bas... n e
m'en d e m a n d e z p a s plus, m a i s depuis ce
soir-là, j e s u i s p e r s u a d é q u e les s t a t u e s
d e Fîle de P â q u e s s o n t j u s t e d u vieux
m o n d e q u i s o n t r e s t é s a c c r o c h é s en
r e g a r d a n t un s h o w d e m u s i q u e q u i a dû
a v o i r lieu il y a d e s m i l l i o n s d ' a n n é e s . J e
t r o u v e ç a triste, m a i s je p e n s e q u ' o n e s t
m i e u x d e p a s l e s réveiller...
Le m o i s p r o c h a i n , c ' e s t le m o i s de
Marie ; n o u s parlerons de F a t i m a : un
miracle, ou des petits christs de
menteurs ? O
47
 CROCniques
moyen n'en fait que 6. Devant le
problème manifeste que représenterait
une restructuration générale des deux
organes, les groupes de femmes
CLITORIS
A- Une sorte de hashich 24%
B- Un rince-bouche 32%
C- La veine qui charrie le fun chez la

sexe
Johanne Arseneau
T o u t e la vérité s u r l'homme
qui é j a c u l e p l u s vite q u e
son o m b r e .
D'après une enquête effectuée par le
ministère de la Bonne Santé, Montréal
comptait en 1979, 25,000 milles de vagin
inutilisables et environ 70,000 mal
utilisés. Les statistiques démontrent
que le vagin humain moyen mesure 8
pouces alors que le pénis humain
interrogés ont plutôt orienté leurs femme 7%
récriminations vers l'utilisation D- Aucun 39%
adéquate des éléments déjà accessibles,
à savoir les six pouces restants. CARESSE
Le département de sexologie de A- Une sorte de savon 3%
l'Université de Montréal se penche B- Quand ma blonde m'aime 90%
actuellement sur le cas du C- Signe d'affection 4%
comportement sexuel du mâle D- Aucun 3%
québécois. Madame Linda Bigras,
directrice du Comité d'enquête, est VULVE
unanime : «Les Québécois baisent mal, A- Piston 18%
vite et pas souvent. Ils le font plutôt en B- Cri de ralliement créditiste 37%
état d'ébriété, rarement en bon état.» C- Orifice extérieur du vagin 19%
Les étudiants en sexo déclarent pour D- Aucun 26%
leur part que la source du problème ARÉOLE
réside dans une mauvaise éducation. Ils
A- Le nom de jeune fille de Bobert
s'attristent de constater qu'à leur
Charlebois 4%
université, seulement 35 étudiants ont
B- Spot lumineux autour de la tête des
choisi cette discipline, alors que tous les
saints 76%
autres s'orientent vers d'autres facultés.
C- Aucun 18%
Cette ignorance crasse ressort d'un
questionnaire distribué par les LE R A P P O R T HITE
résidentes de la rue Garnier, entre St- A- Interjection allemande lors du
Joseph et Laurier, à leurs amants et coït 35%
conjoints. Voici un extrait de ce
B- Bruit involontaire lors de la digestion
questionnaire :
suite en page 59

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52

CROC
Si ON REôatëPE. DAMS » N S LA T ê % PK £i£(4ES
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ABSOLUMENT
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53

avril 1980
c'est aussi la B.D.:
cabu, cavanna,
copi, gébé, reiser,
sempé, wolinski...
 M .
01 MHS? 55

avril 1980
56

CROC
avril 1980
CROC
suite de la page 48
CROCniqucs
Les résultats de ce questionnaire
d'une choucroute 27% n'ont fait que confirmer des soupçons.
C- Aucun rapport 31% Les femmes ont depuis élaboré un code
D- Oups... Excusez ! 5% servant à dépister les bons et les
MAMELON mauvais baiseurs. Subtilement
A- Gros fruit juteux 91% camouflées dans des boîtes de tampons
B- «Mange de la marde» en dialecte hygiéniques, des listes indicatrices ont
nippon 1% déjà fait des heureuses. Les hommes en
demande (6%) ne peuvent suffire à la
C- Crêpe bretonne 6%
tâche ; on craint le surmenage. Nous
D- Aucun 2%
conseillons aux laissés-pour-compte
ORGASME (94%) de trouver vite des alternatives.
A- Venir 77% Nous ne pouvons que louer les efforts de
B- Partir 77% certains groupes. Par exemple, dans le
C- Revenir 77% quartier d'Outremont, Maurice Chauvin
D- «Laisse faire» 23% fonde le MBA (Mauvais Baiseurs
Anonymes). Les séances ont lieu le
UTÉRUS mercredi soir à 7 heures dans le sous-sol Télé c o n t r e culture :
A- Planète 68% de l'Église St-Viateur. Les hommes télé 1, culture 0
B- Friandise hongroise 1% divorcés sont cordialement invités.
C- Organe de gestation 6% Beignes et café fort C'pas important la culture? Vous
D- Aucun 25% Les ÉPI (Éjaculateurs Précoces pouvez être sûrs que c* f important ! La
LEBOYER Incompris) de Pointe-aux-Trembles se preuve que c*remportant, c'est que tout
rencontrent à tous les premiers le monde le dit même le monde d'ia
A- Magasin de meubles 53% télévision, même qu'i s'fendent en
vendredis du mois au terrain de golf
B- Méthode d'accouchement 4% quatre pour nous faire des émissions
pour apprendre à viser juste et prendre
C- Le petit beau-frère de Richard culturelles. Non, mais c'est vrai : fmonde
leur mal en patience. O
Séguin 27% réalise pas comme c'est difficile de faire
D- Aucun 16% d'ia télévision culturelle quand on sait
etc. que l'monde qui regarde la télévision ont

UN NOUVEAU
I lirM/V l l l l f E
Le magot des Dalton
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À cette occasion, Morris, l'auteur de

Lucky Luke, sera de passage pour la première
fois à Montréal et à Québec et dédicacera
ses albums au Salon International du Livre
de Québec, du 22 au 27 avril 1980.

*Un nouvel album Achille Talon: «l'âge ingrat» de GREG

NOUVEAUTÉS DARGAUD
«La tête dans le sac» de LAUZIER T E U R
«Firaz et la vie en fleurs» de DRUILLET et PICOTTO
«La demoiselle de la légion d'honneur» de CHRISTIN et GOETZINGER

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59

avril 1980
 CROCniques
d'ia misère à comprendre les annonces.
Mais ils essayent pareil...
C a b l e v i s i o n — Artisanat au boutte !
Seizième de finales du tournoi inter-
municipal de macramé de la région du
Bas-Saguenay. Cette semaine, les
Amazones de Notre-Dame du Bien-Être
social rencontrent les Ficelles de St-
Étret de l'Épouvante. Commentatrice:
Françoise Gaudet-Smet. (15 h.)
R a d i o - C a n a d a — Aufc Frontières duCon. d'actualité : «À la veille du référendum,
Émission consacrée à la bêtise sous
toutes ses formes. Cette semaine,
quelques experts et praticiens analysent
la stupidité et son rôle dans l'histoire, de
ses origines à nos jours. Avec Léo Bivest,
Michèle Bichard, Boger Giguère et le
Professeur Henri Gazon. La semaine
prochaine : Pimbécilité et la crétinerie.
(1 h:)
R a d i o - C a n a d a — A soir on s'berce —
D'main soir on dort.
Émission consacrée aux problèmes et
aux plaisirs du troisième âge, ainsi
qu'aux solutions proposées par les
experts. Cette semaine : les maladies
terminales, le radotage et l'euthanasie.
(Sh50)
T é l é - M é t r o p o l e — Super-dimanche !
Hommage à Sigmund Freud ! Comédie
musicale de Marcel Gamache mettant
en vedette Gilles Latulippe, La Poune,
Manda et Marcel Giguère. (Ça dépend
des annonces.)
R a d i o - C a n a d a — Faut voir ça !
Hommage à n'importe qui ! Variété avec
Patsy Gallant, Bené Simard, Julie Arel,
Ginette Bavel et les danseurs de Gian
Carlo Machismo. (Le temps qu'ça
prendra.)
R a d i o - C a n a d a — Télémaque.
Pierre Olivier est encore empêché de
sourire par la crise de l'Iran, la crise de
l'Afghanistan, la crise du pétrole et la
crise de nerf de Denise Bombardier. (30
min.)
R a d i o - C a n a d a — L'Observateur. (Zarts-
z-artistiques.)
Le cinéma d'art, le théâtre, la littérature
pis un paquet d'autres affaires que le
monde ordinaire veut rien savoir de...
(30 min.)
T é l é - M é t r o p o l e — Le Super-gala-thon
de l'imbécilité congénitale !
Toutes les vedettes de T-M pis même du
monde que personne connaît participent
à cette émission spéciale constituée des
meilleures émissions de T-M. (8 min.)
R a d i o - C a n a d a — Télé-Jeans.
Magazine d'actualité consacré aux
problèmes des adolescents et de ceux
qui n'en sont pas encore sortis. Cette
semaine : comment distinguer l'acné de
la gonorrhée, avec un groupe de
sexologues et de délinquants. (30 min.)
R a d i o - Q u é b e c — L'envers du décor.
C o m m e ils disent dans la publicité : «Un
regard sur la culture québécoise telle
qu'elle se vit» Cette semaine, l'extorsion,
les pots-de-vin et les kick-backs avec
Edouard Bémy, Jean Morin et André
Bobert. La semaine prochaine :
comment récupérer les cachets des
artistes qui viennent faire une plogue,
avec la direction de Télé-Métropole, il h.)
R a d i o - Q u é b e c — L'adjectif.
Cette semaine, un dossier brûlant
quelle est l'attitude des autres provinces
canadiennes face au référendum puis
qu'est-ce que ça peut ben nous faire ? il h.)
R a d i o - C a n a d a — Rencontres.
Émission spéciale consacrée à la vie et la
pensée de Roland Giguère. 115 sec.)
T é l é - M é t r o p o l e — Votre amie Suzanne.
Comment faire du macramé avec du
phentex. Comment parler avec un
plombier. La semaine prochaine :
comment faire du phentex avec du
macramé. Quoi faire quand un plombier
veut pas répondre. (15 min.)
R a d i o - C a n a d a — Ciné-Club.
«Vie de Plombier» de Léo Bromidès avec
Anna Vatfairefoutskaya (serbo-croate).
Les tribulations, les angoisses et les
affections pulmonaires d'un plombier
serbo-croate. Ce film a remporté un
troisième prix au Festival inter-régional
de Perpète-les-Bains pour la qualité de
sa pellicule. (Serbe avec sous-titres
croates.) (2 min.)
Note : toute ressemblance de ces
émissions avec de vrais programmes
serait regrettable. O
Normalement je vous parlerais de ce
qui s'est passé d'intéressant le mois
dernier. Malheureusement, j'ai promis à
Liza (Minelli) de ne rien dire sur son
party pour ne nuire à personne. J e me
rabats donc sur cette leçon de vie
sociale : comment asseoir autour de la
table le monde que vous avez invité à
souper.
Vite comme ça, vous pensez sûrement
A- que c'est pas important B- à passera
la page suivante. Dites-moi alors
combien de soirées avez-vous gâchées
en laissant traîner vos manches dans
l'assiette de votre voisin ? Ou encore en
enlevant avec vos doigts le liège qui
flottait dans une coupe qui ne vous
appartenait pas (même si c'était pas
pour mal faire) ? Dites-vous bien que
vous n'êtes pas mal élevés : ça se fait,
mais pas dans l'assiette ou le verre de
n'importe q u i J'ai donc, à l'aide de
Jacques et Jacqueline, Claude et
Claudette, Pierre et Pierrette, Jean et
Jeanne (tous des couples d'amis
célèbres dont je tairai le nom de famille
pour préserver leur intimité et dont j'ai
changé le prénom pour faciliter la
compréhension), dégagé ces
principes élémentaires qui feront de
votre table l'endroit le plus connu du Jet
Set international
1- LE NOMBBE DE PEBSONNES : 7 ou 9.
(Le chiffre est impair parce que je suis
toujours seule depuis que Côme et moi
on s'est séparés). Plus que 9, c'est pas un
souper, c'est un party. À moins que 7, ça
se parle pas parce que tout le monde
écoute puis c'est fini à 9hl/2. Et à la
prochaine invitation, ces gens-là vont
dire qu'ils sont occupés. J e le sais, j'ai
fait ça une fois et Robert Redford n'est
jamais venu souper chez moi parce qu' il
en avait entendu parler.
2- LA RÈGLE D'OB : NE PAS A S S E O I S
LES COUPLES E N S E M B L E !
Ça, c'est à cause des coups de pied d'en
dessous de la table. Par exemple, si
j'avais assis Claude et Claudette un à
côté de l'autre, Claudette aurait frappé
Claude à chaque fois qu'il dit une
niaiserie ; il lui aurait répliqué avec une
autre niaiserie dans le genre : «Voyons,
qu'est-ce que t'as? C'est-tu les moules
qui commencent déjà à faire leur effet
aphrodisiaque ?» (Oui, oui, il l'a déjà dit !)
Par contre, si on met Jeanne à côté de
Claude et qu'il lui donne des coups de
pieds, elle va alors avaler une de ses
moules avec la coquille. Là, Claude
devient tout rouge pis Claudette violette
si elle est assise en face de lui.
Probablement qu'elle va alors prendre
sa fourchette et la planter dans l'avant-
bras de Claude. La même chose pour
Jean, s'il n'y a pas entre lui et Jeanne
quelqu'un comme Pierrette pour
détourner son attention. Ce qu'il faut
alors, c'est placer le couple de biais,
chacun étant juste assez proche pour ne
pas être insécure, mais assez éloigné
pour ne pas s'entendre confier à leur
plus proche voisin leurs respectives
déviations sexuelles, comme Claudette
avec Pierre ou Jean avec Pierrette,
pendant que moi je commence à
desservir.
Par ailleurs, Jacques et Jacqueline
CBOC

peuvent s'asseoir un à côté de l'autre
parce qu'ils sont un couple ouvert;
Jacqueline ne sera jamais fâchée si je
parle à Jacques toute la soirée dans la
3- LA PERSONNE QUI REÇOIT S'ASSOIT
PROCHE DE LA CUISINE : ça, c'est pour
ébouillanter le moins de dos possible.
Si vous êtes 2 à recevoir, il faut
CROCnkjues
Pierrette, Claude et Claudette) idéale-
ment entourés de 2 ouverts ou sinon de
plus ou moins ouverts (Jean et Jeanne),
marché, la décoration de la chambre,
etc. Moi et mon ancien mari (Côme), par
exemple, on se pratiquait souvent,
même tout seuls ensemble : on
s'assoyait très loin l'un de l'autre, pis ça
marchait, on se chicanait jamais. On ne
se parlait pas non plus, mais dans la
balance...
3 REGLES, C'EST FACILE A RETENIR
Habituellement, c'est vers les fromages
que vous allez pouvoir en vérifier
l'utilité: parce que les mouvements de
foule commencent Ce soir-là, c'est aux
fromages que Jacqueline est partie être
malade aux toilettes et que Jacques en a
profité pour s'éloigner de moi et se
rapprocher de la fenêtre. Au dessert,
même si personne n'avait faim, y e n ont
tous pris : sauf Jacqueline qui était
encore dans les toilettes. Jeanne et
Claude se sont offerts pour faire le café
ensemble, pour aller plus vite ; ça leur a
pris 3/4 d'heure, assis l'un sur l'autre.
Pierrette avait son air bête pis voulait
partir. Claudette braillait dans la
chemise de Pierre, lui-même incapable
de se lever. Jean jouait dans son manger
en attendant Jeanne. Moi j'étais à terre à
côté de ma chaise et 3 minutes après, en
c

mesure où Claudette ne l'empêchera blouse sur le balcon à —4 f.

pas d'échanger avec Pierre. Mais on ne
peut asseoir Pierre et Pierrette ensemble
à cause de la fois où Pierre a planté une
fourchette dans le mollet gauche de
Pierrette (elle avait les pieds sur la table).
alors que l'autre soit à l'opposé
de vous pour éviter que chacun ne
reprenne l'autre sur qui a fait quoi
pour le souper, dans le ménage, le
La disposition est donc la suivante : 2
ouverts entourés de 2 fermés (Pierre,
Imaginez c/que ça aurait été si on
s'était placé n'importe comment ! Le
mois prochain : comment placer autour
de la table les 10 provinces du Canada
RyeLO

Êtes»vous laid; laide, impuissant; frigide ?

CROC a découvert une solution
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et j'attends mon chandail dans les trois semaines qui suivent Magazine CROC.
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Montréal,
H2V 2S1
61

avril 1980
 s u i t e d e la p a g e 11
noirceur, il y faisait aussi n o i r q u e
dans une m i n e de charbon. Avançant
à tâtons dans le c o r r i d o r , j e m e suis
e n f a r g é et j ' a i d é b o u l é jusqu'au sa-
lon. En m e réveillant, j'ai vu les
parents d e Louise revêtus d'unifor-
m e s nazis; ils m ' o n t a n n o n c é que les
enfants étaient c o u c h é s et qu'ils
avaient l'intention de m ' o f f r i r une
partie de plaisir. La grand-mère avait
attaché le c u r é au lazy-boy et elle lui
criait des injures. L o u i s e se p r o m e -
nait nue et hurlait c o m m e une dé-
mente. C'est à partir de ce m o m e n t
q u e m e s s o u v e n i r s s'estompent.
Rapport du sergent Beaudin
On a retrouvé le dénommé C. Sous-
Entendu, nu et incohérent, en face du
siège social d'une compagnie de fi-
nance bien connue. Au boutdeSjours
de soins in tensifs, il afin i par racon ter
le récit que vous venez de lire. Nous
avons fait immédiatement une des-
cente à l'appartement de la dite
"Louise». Bien entendu, il était vide, et
le concierge de l'immeuble a juré
qu'il en était ainsi depuis 6 mois.
L'histoire banale, quoi. Comme vous
le savez, sergent, c'est le 20ième cas
semblable qu'on nous signale depuis
2 mois. À date, nous avons réussi à
étouffer l'affaire, les journaux ne
sont pas au courant. Mais ça va finir
par se savoir. Imaginez alors la pani-
que, la bousculade dans les toilettes
publiques. C'est un dossier brûlant.Q
s o l u t i o n d e la p a g e 14
C'est pas si facile que ça d'être en
a m o u r p o u r vrai, h e i n ? Si f a s plus
q u e 24oui, f e s p r o b a b l e m e n t en
a m o u r ou b e n d o n t'es fou (folle) ou
ben d o n tu bois trop. (Avant de
f exciter, c o m m e n c e par a r r ê t e r de
boire.)
Si f a s m o i n s que 24 oui, f e s pas en
a m o u r (pas p o u r vrai) : p r e n d s ton
fun pendant qu'y passe pis o u b l i e
toute l'affaire, pis vas v o i r ailleurs.Q
s u i t e d e la p a g e 17
dans l'édition originale, il n'est pas
question de globe, la fleur dit : Le
soir vous me mettrez, sans p r é c i s e r
l'endroit. Parlant toujours de sa
fleur, le Petit Prince e x p l i q u e : Elle
était venue sous forme de graine, une
p h r a s e sibylline qui a toujours laissé
p e r p l e x e s les analystes et les criti-
ques. Et p o u r cause!... «venir sous
f o r m e de graine» ne veut absolument
rien dire. Ce qu'a écrit St-Ex, avant
q u ' o n le censure, c'est tout simple-
m e n t : Elle avait fait venir ma graine.
La suite du texte devient alors beau-
c o u p plus c o h é r e n t e : Surprise, elle
a toussé deux ou trois fois. D'ailleurs,
c o m m e le r e l è v e justement S i m o n e
Lajoie dans son ouvrage, il ne fait
aucun doute qu'il s'agit ici d'un fel-
latio (ou coït ab ore), puisque dans le
manuscrit, après que la fleur eût
toussé deux ou trois fois, le Petit
P r i n c e réfléchit tout haut : ... une
autre qui n'est pas capable d'avaler
sans faire des grimaces... toutes pa-
reilles, ces connes de fleurs.
Il y aurait de ma part b e a u c o u p de
c o m p l a i s a n c e à multiplier ainsi les
exemples. Contentons-nous de l'es-
sentiel, le Petit Prince n'est jamais
arrivé d'une planète inconnue.
Quand St-Ex le r e n c o n t r e dans le
désert, il vient tout juste d'être
a b a n d o n n é là sur l'ordre de la
C h a m b r e de c o m m e r c e de Casa-
blanca, qui ne savait plus c o m m e n t
se débarrasser de cet o b s é d é qui
faisait grand tort au t o u r i s m e l o c a l
La s e m a i n e d'avant, il avait conta-
m i n é trois autobus de Japonais, go-
norrhée, m o r p i o n s , c h a n c r e mou,
etc., e t c . .
Et la p r e m i è r e phrase qu'a dite le
Petit Prince à St-Ex, ce n'est pas :
S'il te plaît, dessine-moi un mouton !
Il lui a tout s i m p l e m e n t d e m a n d é :
Suces-tu ? C o m m e l'autre n i o c h o n
n'avait pas l'air de c o m p r e n d r e , il lui
a fait un dessin dans le sable du
Sahara. Il y est toujours d'ailleurs,
223 milles au sud de Marrakech, à
gauche d e r r i è r e la dune.
A v e c une patience de Bulgare, Si-
m o n e Lajoie rétablit les faits, nous
présente un Petit Prince plus prag-
matique que celui que nous con-
naissions, et disons-le, plus mature.
L'autre ergotait sur les papillons, les
fleurs et les étoiles, nous bassinait
avec sa m o r a b l e a g r i c o l e et champê-
tre. Celui-ci appelle un cul un cul.
M ê m e en bulgare, c'est rafraîchis-
sant.
En terminant, notez que l'ouvrage
de S i m o n e Lajoie est actuellement
en traduction. Il devrait sortir au
p r i n t e m p s des presses des éditions
Fides, dans la c o l l e c t i o n Jeunesse.O
s u i t e d e la p a g e 2 2
vient pressant de sa a) m è c h e , b)
plaidoirie, c) pompe. V a) é g o u t -
t e m e n t , b) arbitrage, c) émondage
sembla d u r e r une éternité. Puis vint
1' a) i r r i g a t i o n , b) h o m o l o g a t i o n ,
c) arrosage, qui nous laissa tous les
deux épuisés.
Je restai un bon m o m e n t à con-
t e m p l e r son a) s i p h o n , b) grief, c) jet
d'eau, puis je m e relevai, r ê v e u s e et
e n c o r e pleine du produit de notre a)
d r a i n a g e , b) litige, c) semence, et je
lui dis adieu, non sans regretter le
vide que laissait dans m o n a) é c l u s e ,
b) interlocution, c) bosquet la trace
de sa puissante a) v a n n e , b) procu-
ration, c) quenouille. Mais il fallait
partir : d'autres clients m'atten-
daient et d'autres a) c o n d u i t s , b)
instrumentations, c) binettes aussi
imposantes que celles de Jean. Je
r e m i s de l'ordre dans m e s a) o u t i l s ,
b) papiers, c) outils que la passion de
Jean avait éparpillés dans la pièce, je
lui dis adieu et je lui annonçai que si
notre r e n c o n t r e avait des suites, il
recevrait m e s a) f a c t u r e s , b) hono-
raires, c) états de compte par la poste.
s u i t e d e la p a g e 2 5
que c'est parfois très chiant), de
partir à 3 heures du matin p o u r Do-
nacona, Dolbeau ou D r u m m o n d v i l l e
juste p o u r satisfaire m e s instincts
bestiaux.
Mais ma p i r e année, j ' e n sors.
1979, l'année du K. Déjà les Kathy et
les Katéri, ça pleut pas. Mais là, je le
d i s : je suis rendu malade. Mettez-
vous à ma place...
A v e z - v o u s déjà essayé de faire
l'amour dans un kayak avec un képi
kaki sur la tête ? Et j ' a i m e autant pas
penser à ce qui ce serait passé si les
gens du z o o de Granby m'avaient
p o g n é dans la cage au kangourou...
Ça été ben dur, mais j'ai aussi cou-
ché avec la plupart des m e m b r e s du
club K i w a n i s de Laval. Ce qui a été
plus difficile, c'est de les persuader
de p o r t e r un k i m o n o ou un kilt ! Pis
j ' a i m e autant pas vous parler du
karatéka et de la bouteille de ket-
chup... Heureusement que pour faire
passer ma tension je suis allé v o i r
42 fois le film K i n g - K o n g (2 K p o u r le
prix d'un ! ! ! ) . . . et tout ça au K é b e k !
En tout K... je suis pas fâché que
1980 soit arrivé. A p r è s tout, la terre
est peuplée de Lise, Line, Louise,
Lorraine... On peut aller dans des
lits, des lieux, des locaux, des loges.
Enfin, vous v o y e z ce que je veux
dire. J'ai besoin de respirer, moi,. Je
vois v e n i r avec h o r r e u r les Q, les V,
W, X, Y et Z. Vous pouvez c o m m e n c e r
tout d e s u i t e à s o r t i r v o s q u i c h e s , vos
quasimodos, vos visons, vos wagons.
Préparez la Xérox et les yoyos, dites
à Zoé, aux z è b r e s et aux zibelines
que je m'en viens... O
CROC
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Plaisir d'amour
ne dure durent
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