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I.

Définition
Un biocarburant est un carburant liquide ou gazeux créé à partir de la
transformation de matériaux organiques non fossiles issus de la biomasse, par
exemple des matières végétales produites par l’agriculture (betterave, blé, maïs,
colza, tournesol, pomme de terre, etc.).

Si la langue anglaise n’a retenu qu’une seule appellation « biofuel », plusieurs


dénominations coexistent dans la langue française : biocarburant (terme retenu
par le Parlement européen), agrocarburant ou carburant végétal. 

Les biocarburants sont assimilés à une source d’énergie renouvelable. Leur


combustion ne produit que du CO2 et de la vapeur d'eau et pas ou peu d'oxydes
azotés et souffrés (NOx, SOx).

II. Les générations de biocarburants


On distingue trois générations de biocarburants :  

1. Les biocarburants de première génération


Ils sont principalement de deux types : 

 le bioéthanol : il est produit à partir de canne à sucre, de céréales et de


betterave sucrière.  Il est utilisé dans les moteurs essence ;
 le biodiesel : il est dérivé de différentes sources d’acides gras, notamment
les huiles de soja, de colza, de palme et d’autres huiles végétales. Il est
utilisé dans les moteurs diesel.

Les biocarburants de première génération entrent en concurrence directe avec la


chaîne alimentaire. Ils sont produits à partir de matières premières qui peuvent
être utilisées dans une chaîne alimentaire animale ou humaine. Aujourd’hui,
seule cette génération est produite à l’échelle industrielle.   

2. Les biocarburants de deuxième génération

Des technologies sont actuellement mises au point pour exploiter les matières
cellulosiques telles que le bois, les feuilles et les tiges des plantes ou celles
issues de déchets.
On qualifie ces matières de biomasse ligno-cellulosique car elles proviennent de
composants ligneux ou à base de carbone qui ne sont pas directement utilisés
dans la production alimentaire. Ces caractéristiques présentent un avantage de
disponibilité supérieure et de non concurrence alimentaire par rapport à la
première génération de biocarburants.
Cette technologie permet de produire du bioéthanol dit de deuxième génération,
du biodiesel, du biohydrogène ou du biogaz.
Elle n’est pas encore déployée au stade industriel mais des perspectives de mise
en application à moyen terme se dessinent. Leur production à grande échelle est
prévue à l’horizon 2020-2030.

3. Les biocarburants de troisième génération


Les procédés, encore à l’étude, s’appuient principalement sur l’utilisation de
microorganismes telles que les microalgues

Celles-ci peuvent accumuler des acides gras permettant d’envisager des


rendements à l’hectare supérieurs d’un facteur 30 aux espèces oléagineuses
terrestres. A partir de ces acides gras, il est possible de générer du biodiesel.
Certaines espèces de microalgues peuvent contenir des sucres et ainsi être
fermentées en bioéthanol. Enfin, les microalgues peuvent être méthanisées pour
produire du biogaz. Certaines d’entre elles peuvent également produire du
biohydrogène.

III. Processus de production

1. Pour la première génération


Les principales techniques de production des carburants de première
génération sont les suivantes :

1. le bioéthanol : le processus de fabrication transforme le sucre de la


matière végétale en alcool (éthanol) par fermentation. Il est mélangé à
l’essence soit directement, soit sous une forme chimique différente ;

2. le biodiesel : il est fabriqué à partir de la réaction entre une huile végétale


semi-raffinée, obtenue principalement à partir des huiles végétales (colza,
tournesol) avec un alcool. Le processus est appelé « transestérification » :
les huiles végétales sont mélangées à froid à un alcool en présence d’un
catalyseur (hydroxyde de sodium ou de potassium). Le biodiesel est
mélangé uniquement au gazole.

 
Biocarburant de première génération (©DR, d'après source IFP)

2. pour la seconde génération


Il existe deux principales méthodes de production des biocarburants de seconde
génération :

 par voie thermochimique ou gazéification : la biomasse est transformée


en gaz (principalement de l’hydrogène et du monoxyde de carbone). Cela
nécessite des conditions de pression et de températures très élevées (de
l'ordre de 1 000 °C et 4 bar), puis transformé en carburant par une réaction
dite de Fischer-Tropsch ;

 par voie biochimique : ce procédé permet de transformer la biomasse en


sucre par des enzymes. Le sucre produit est ensuite transformé en éthanol
par un procédé de fermentation. Le produit obtenu est appelé éthanol de
« seconde génération ».   
Biocarburant de deuxième génération (©DR, d'après source IFP)

3. pour la troisième génération

Les biocarburants de troisième génération ne sont encore qu’au stade de la


recherche et de projets pilotes. Une des principales pistes de réflexion est basée
sur le fait que certains micro-organismes peuvent fournir de l’hydrogène ou des
lipides (acides gras) sous l’effet de la lumière et d’autres substances chimiques.

IV. Enjeux par rapport à l'énergie

1. Enjeux économiques
Les biocarburants représentent une source supplémentaire de carburant et une
activité agro-industrielle nouvelle. Ils permettent aux pays qui les produisent de
réduire leur dépendance énergétique vis-à-vis des carburants d’origine fossile.
Cependant, l’utilisation de biocarburants de première génération peut entraîner
l’augmentation de la demande et la hausse des prix des produits agricoles. Celle-
ci peut créer l’instabilité sociale dans les pays pauvres. En effet, il est à noter
qu’en Haïti et dans d’autres pays d’Afrique comme le Sénégal ont déjà éclaté
des émeutes de la faim.   
2. Enjeux environnementaux

La combustion des carburants d’origine fossile participe aux émissions de gaz à


effet de serre (GES). Pour ce qui relève des biocarburants, le carbone émis lors
de leur combustion dans l’atmosphère a été préalablement fixé par les plantes
lors de la photosynthèse. Ainsi, le bilan carbone semble donc à priori neutre.
Cependant, la situation idéale n’est pas encore atteinte en pratique car la
production de ces biocarburants requiert un travail humain, agricole, de
transport, de procédé industriel, et donc une consommation de carburants et
éventuellement d’autres substances dont l’usage produit aussi des GES.

Par ailleurs, le caractère durable de la production des agrocarburants peut être


mis à mal si elle est réalisée de manière non durable : épuisement des sols,
pollution des eaux et destruction de milieux naturels pour cette production. 

V. Les principales zones productrices

Il existe trois principales zones productrices qui produisent près de 85% des
biocarburants dans le monde(2).

Les États-Unis : 27,4 Mtep en 2012 (45,5% de la production mondiale)

Longtemps loin derrière ses concurrents, les États-Unis ont investi le marché en
se fixant des objectifs ambitieux : alors qu'en 1999, il n'y avait qu'une seule unité
de production de biodiesel sur le territoire des États-Unis, en 2008, on pouvait
dénombrer 173 sociétés de production de biodiesel, capables de produire jusqu'à
10,9 milliards de litres/an, soit l'équivalent de la consommation mondiale de
2008.

Le développement américain des biocarburants a pris de l’ampleur en 2007 avec


le programme Renewable Fuel Standard (RSF1). Ce programme fixant des
objectifs d'intégration des biocarburants (en volume) dans les transports traduit
la volonté du gouvernement américain de diversifier les sources d'énergie et de
diminuer la dépendance énergétique vis-à-vis de pays exportateurs d'énergies
fossiles.

Deux axes sont développés : renforcer la production de biodiesel et développer


massivement les biocarburants de seconde génération.
Le Brésil : 13,5 Mtep en 2012 (22,5% de la production mondiale)

Le Brésil s'est longtemps classé en tête au niveau mondial car le développement


des biocarburants a été mis en place dès les années 1970. Le plan Proalcool,
lancé à cette époque, avait pour objectif d’ouvrir de nouveaux débouchés au
secteur sucrier en crise. Il s’agit principalement de la production d’éthanol à
partir de la canne à sucre. L’État brésilien a contribué une grande part dans le
développement du secteur des biocarburants.

L’Europe : 10,0 Mtep en 2012 (16,6% de la production mondiale)

Leader mondial sur le marché du biodiesel en 2010, l'Europe est une des régions
les plus motrices après les États-Unis et le Brésil dans la production et l'usage
des biocarburants.

Les dirigeants européens se sont engagés à augmenter la part des biocarburants


dans les transports, passant de 2% en 2010 pour atteindre 10% d’ici 2020. Cet
objectif ambitieux n'est pas sans poser certaines questions, notamment sur la
ressource disponible en biomasse.

Deux pays européens se démarquent du point de vue de la production de


biocarburants : l'Allemagne (2,9 Mtep produits en 2012) et la France (1,8 Mtep).
Résumé

Les biocarburants1 couvrent l'ensemble des carburants liquides, solides ou


gazeux produits à partir de la biomasse et destinés à une valorisation
énergétique dans les transports. Les biocarburants sont utilisés sous forme
d’additifs ou de complément aux carburants fossiles suivants : gazole
(incorporation en tant que biodiesel), essence (incorporation sous forme
d'éthanol ou d'ETBE2 lui-même produit à partir d'éthanol), au kérosène et aux
carburants gazeux. On distingue trois générations de biocarburants selon
l'origine de la biomasse utilisée et les procédés de transformation associés.
Aujourd'hui, seule la première génération a atteint le stade industriel.

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