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À la recherche de la
performance globale
de l’entreprise : la perception
des analystes financiers
In search of global corporate
performance : the perception
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 24/02/2021 sur www.cairn.info (IP: 196.70.117.180)
Résumé Abstract
L’objet de cette recherche, fondée sur des The aim of this research paper, based on in-
entretiens approfondis menés avec des analystes depth interviews of financial analysts, is to better
financiers, est de mieux cerner la perception que determine what meaning these professionals give
ceux-ci peuvent avoir de la performance globale to the corporate global performance. The matter
(ou élargie) de l’entreprise. Il s’agit de compren- is to understand how and to which extent finan-
dre dans quelle mesure et comment les analystes cial analysts are likely to integrate non-financial,
financiers sont amenés à intégrer des informa- in particular environmental and social, informa-
tions extra-comptables, en particulier environ- tion in their diagnoses.
nementales et sociales, dans leur diagnostic.
Introduction
Contrairement à une vision court-termiste qui « considère essentiellement l’entreprise comme une chose,
une propriété, un paquet d’actions dont il s’agit de maximiser la valeur » (Albert, 2003), un autre modèle
de capitalisme considère l’entreprise comme « une institution investie de responsabilités sociales et donc
poursuivant des finalités multiples ; l’entreprise ainsi conçue relève d’un pluralisme partenarial visant à
concilier les intérêts des clients, des actionnaires, des salariés et, dans une certaine mesure, de l’environ-
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de la pollution tend à réduire les quantités de matières et d’énergies utilisées et donc à accroître la
productivité (Boiral, 2005).
Par ailleurs, les banques prennent de plus en plus en compte le risque environnemental et social dans
leurs procédures d’octroi de crédit (Barabel et alii, 2003, p. 60). Une entreprise qui s’engage réellement
dans le développement durable aura un accès facilité aux sources de financement à moindre coût.
À travers le changement de perspective temporelle
Le concept de développement durable reconsidère les activités économiques en rompant avec la vision
de court terme dominante (Férone et alii, 2001, p. 45). Agir de façon socialement responsable revient
concrètement à supporter le coût d’actions qui ne sont pas financièrement avantageuses à court terme,
dans l’espoir d’un retour sur investissement à long terme.
d’importance, la comptabilité, aussi rigoureuse soit-elle, ne peut que donner une image partielle de la
valeur d’une entreprise » (Frotiée, Pricewaterhouse Coopers, 2003).
Les entreprises sont donc amenées à communiquer des informations non comptables supplémen-
taires pour permettre aux professionnels des marchés financiers d’effectuer leurs prévisions.
qui précise les modalités de comptabilisation des actifs et passifs environnementaux dans les comptes
individuels et consolidés des entreprises – en obligeant les entreprises à informer en matière d’envi-
ronnement, ont remis à l’ordre du jour la réflexion sur la comptabilité environnementale (Christophe,
2003). La comptabilisation des quotas d’émission des gaz à effet de serre a ainsi un effet direct sur le
compte de résultat (Batsch, 2005 ; Lebrun et Peillon, 2005).
L’évolution des législations et les exigences accrues en matière de développement durable condui-
sent « à élargir le périmètre des impacts pris en compte dans l’évaluation monétaire des performances
globales » (Quairel, 2006, p. 11).
Évaluer la performance durable de l’entreprise implique d’appréhender tous les facteurs de risques
latents, qu’ils soient environnementaux, sociaux ou éthiques.
Pour nombre d’auteurs, le reporting environnemental et social relève davantage d’un exercice de
communication institutionnelle que d’une véritable reddition ayant pour objet de renseigner sur la
performance effective en matière de RSE (Chauvey et Giordano-Spring, 2007).
La littérature paraissant ainsi partagée, il s’agit à présent d’apporter des réponses aux questions
suivantes :
• Les analystes financiers lisent-ils effectivement la partie développement durable du rapport
annuel et quelles sont les informations extra-comptables10 susceptibles de retenir leur attention ?
• Dans quelle mesure et sous quelle forme les analystes sont-ils amenés à intégrer ces informations
dans leur diagnostic ?
Nous pourrons ainsi déterminer si le large consensus constaté à travers la littérature académique et
managériale en faveur de la prise en compte d’une performance globale et durable est en phase avec la
perception des analystes financiers.
2. La méthodologie de la recherche
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marché primaire dites « corporate », telles une augmentation de capital ou une introduction en Bourse,
et représentant de fait un enjeu financier très important. Certes, une « muraille de Chine » est censée
garantir une séparation étanche entre les activités « corporate » et la recherche mais la question d’une
totale indépendance des analystes « sell-side » revient souvent sous les feux de l’actualité. Les analystes
« buy-side » peuvent émettre un avis dénué de toute pression commerciale, puisque réservé à la société
de gestion.
Ce deuxième axe de la typologie s’inscrit dans une visée exploratoire.
vérifiées. La profession est demandeuse d’indicateurs de risques. À défaut, la conscience de risques est
un élément parmi d’autres qui conforte une opinion déjà acquise par ailleurs.
La plupart des analystes rencontrés restent très sceptiques quant à l’apport des normes IFRS, tant
sur le plan quantitatif que qualitatif, à l’exception toutefois des thèmes ayant un lien avec les états
financiers (retraites et passifs environnementaux).
Toutefois demeure le problème des outils méthodologiques. Certains pensent qu’il faudra au
moins dix ans (AA12) pour bénéficier d’outils plus quantitatifs. Pour d’autres, « ce n’est pas demain la
veille » (AEF5). On retrouve en fait une problématique bien connue des financiers et applicable aux
critères environnementaux et sociaux : comment trouver une relation entre des coûts supplémentaires
immédiats et un espoir de rentabilité et de cash flows futurs (AA2).
Conclusion
Au terme de cette étude il faut bien constater un décalage entre la notion de performance globale
présentée par la littérature académique et managériale et la faible intégration des critères environne-
mentaux et sociaux par les analystes financiers qui toutefois énoncent souvent une définition assez
large de l’entreprise performante.
La prise en compte des problématiques liées au développement durable dépendra en premier lieu
de la demande en provenance des investisseurs. Elle passera nécessairement par une adaptation de la
formation des analystes à cette nouvelle dimension et par une communication appropriée des entre-
prises. En effet, les analystes interrogés notent que le sujet est peu évoqué par les entreprises lors des
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Annexe
Tableau 1
Caractéristiques des 25 analystes interrogés lors des entretiens
alimentaire moyennes
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Ancienneté Nombre
Informations Spécialisation Capitalisations
Désignation Fonction dans l’analyse de valeurs
complémentaires sectorielle des valeurs suivies
financière suivies
– loisirs
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complémentaires sectorielle des valeurs suivies
financière suivies
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Judith Saghroun et Jean-Yves Eglem
À LA RECHERCHE DE LA PERFORMANCE GLOBALE DE L’ENTREPRISE :
LA PERCEPTION DES ANALYSTES FINANCIERS 115
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