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L’ORGANISATION JUDICIAIRE 

LES JURIDICTIONS REPRESSIVES

I) - GÉNÉRALITÉS.

Typologie des juridictions.


Il existe différents types de juridictions. C’est ainsi qu’on distingue :
A) - Les juridictions de premier degré et les juridictions de second degré.
- Les juridictions de premier degré sont celles qui jugent les affaires en premier lieu, c’est à
dire en première instance. Leur décision rendue peut alors être portée à une juridiction
supérieure pour être réformée, annulée ou confirmée. Cette deuxième juridiction est celle du
second degré.
B) - Juridiction de droit commun et juridiction d’exception.
1) - on appelle juridictions de droit commun, les juridictions qui ont une compétence
générale. Elles connaissent donc toutes les affaires SAUF celles qui sont attribuées
expressément à des juridictions spécialisées.
Ainsi le tribunal régional et le tribunal départemental sont des tribunaux de droit commun.
2) les juridictions d’exception.
- sont des juridictions spécialisées qui ne connaissent qu’une seule catégorie d’affaires
(tribunal pour enfants).
- le tribunal du travail qui ne tranche que les litiges entre employeurs et travailleurs.
C) - Juridiction de fait et juridiction de droit.
- tout en veillant à l’application du droit, les juridictions sont souvent investies de la mission
d’examiner les circonstances de l’espèce avant d’en tirer toutes les conséquences. Alors, on
les appelle juges de fait.
Ainsi le tribunal départemental, le tribunal régional et la cour d’appel sont des juges de fait.
Leurs décisions peuvent être portées à la cour de cassation si les parties estiment que ces
premiers juges n’ont pas fait une bonne application de la loi ou ont violé les principes
élémentaires régissant le règlement judiciaire des affaires.
- la cour de cassation saisie ne se penche généralement pas sur les circonstances de l’espèce
mais veille à la bonne application de la règle de droit. Celle-ci est juge de droit.
D) - Juridiction d’instruction et juridiction de jugement.
En matière de répression, toutes les affaires ne sont pas soumises immédiatement au tribunal
pour être immédiatement jugées.
Lorsqu’une affaire présente des zones d’ombre, des complications (détournements) ou un
certain degré de gravité (crime), elles sont d’abord soumises au juge d’instruction qui tente au
maximum d’éclairer tous les points de l’affaire avant de soumettre le dossier au tribunal
chargé de trancher sur le fond.
Le juge d’instruction comme la chambre d’accusation sont des juridictions d’instruction,
tandis que les juridictions civiles et autres sont des juridictions de jugement.
II) - L’ORGANISATION JUDICIAIRE DU SÉNÉGAL.
A) - Le conseil constitutionnel a été créé par la loi organique 92-23 du 30
Mai 1992.
Il a deux principales attributions : constitutionnelles et des conflits.
1) - les attributions constitutionnelles :
- il veille sur la conformité des lois organiques, des lois ordinaires et des engagements
internationaux avec la constitution,
- il se prononce sur le caractère réglementaire des dispositions de forme législative,
- il statue sur la recevabilité des propositions de loi et des amendements d’origine
réglementaire,
- il se prononce sur les exceptions d’inconstitutionnalité soulevées devant le conseil d’état ou
la cour de cassation,
- en matière électorale, le conseil constitutionnel reçoit les candidatures à la présidence de la
République, arrête la liste des candidats, statue sur les contestations relatives aux élections du
président de la République et des députés de l’assemblée nationale,
- après la proclamation des résultats, il reçoit le serment du président de la République,
constate sa démission, son empêchement ou son décès.
Il est saisi lorsque le président de la République décide de soumettre un projet de loi au
référendum ou prononce la dissolution de l’assemblée nationale.
2) - Enfin le conseil constitutionnel joue le rôle de tribunal des conflits, cela veut dire que
lorsque le conseil d’état et la cour de cassation ont un conflit de compétence, c’est lui qui les
départage.
Le conseil constitutionnel comprend cinq membres nommés par décret pour six ans non
renouvelables dont un président et un vice président.
B) - Le conseil d’état.
Créé par la loi 92-24 du 30 Mai 1992, il statue sur les recours pour excès de pouvoir dirigés
contre les décrets du président de la République et les arrêtés des ministres, des gouverneurs,
des préfets et des sous-préfets.
- ensuite, il statue sur les contentieux sur les listes électorales et sur les élections aux conseils
municipaux et ruraux,
- il statue sur les pouvoirs en cassation contre les arrêts rendus par la cour de discipline
budgétaire et sur les demandes de révision contre les mêmes décisions,
- il statue sur les pouvoirs en cassation dirigés contre les décisions rendues par les organismes
administratifs à caractère juridictionnel,
- il assiste le président de la République, le gouvernement et l’assemblée nationale dans le
contrôle de l’exécution de la loi de finances et est le juge des comptables publics.
La commission de vérification des comptes qui lui est rattachée contrôle la gestion des
établissements publics, des sociétés nationales et des organismes du secteur parapublic.
Enfin, il donne un avis consultatif au gouvernement et à l’assemblée sur les projets et
propositions de loi qui lui sont soumis.
Le conseil d’état est chargé de statuer sur le recours en cassation dirigé contre les décisions
rendues en dernier ressort par la cour d’appel statuant en matière de responsabilité
administrative.
Il se compose :
- d’un président,
- de deux présidents de section,
- de quatre conseillers d’état,
- de magistrats référendaires,
- de magistrats honoraires.
C) - La cour de cassation.
Elle est chargée de la cassation des décisions rendues par la cour d’appel statuant en matière
civile et commerciale, en matière correctionnelle et en matière sociale.
Saisie par les parties d’un pourvoi en cassation, elle est juge de droit et non des faits, c’est à
dire qu’elle ne procède plus à l’examen des faits sauf si elle est saisie pour dénaturation des
faits. Elle se penche uniquement sur la bonne application de la règle de droit. Elle se
compose :
* siège :
- premier président,
- trois présidents de chambres,
- neuf conseillers,
- les magistrats honoraires.
* parquet :
- le procureur général,
- le premier avocat général,
- deux avocats généraux.
D) - La cour d’appel, est juge de second degré et statue en dernier ressort.
Elle est compétente pour juger en appel des décisions rendues en premier ressort par les
tribunaux régionaux et les tribunaux départementaux statuant en matière correctionnelle.
* elle est divisée en plusieurs chambres :
- deux chambres civiles et commerciales statuant sur les affaires civiles et commerciales,
- deux chambres correctionnelles statuant sur les affaires correctionnelles,
- deux chambres sociales pour trancher les litiges entre employeurs et travailleurs,
- une chambre d’accusation chargée de statuer sur les appels contre les ordonnances du juge
d’instruction et de procéder à une seconde instruction en cas de crime.
+ compétence de la cour d’appel
* compétence en premier et dernier ressort :
- elle statue ainsi sur les litiges relatifs aux élections des conseils municipaux, régionaux, des
membres des chambres de commerce et des conseils des ordres professionnels,
- s’agissant des élections du président de la République et des membres de l’assemblée
nationale, la cour d’appel veille au déroulement des opérations de vote uniquement en se
faisant assister par les magistrats des tribunaux régionaux et départementaux.
* compétence en dernier ressort :
Les chambres de la cour connaissent des appels interjetés par les parties contre les décisions
rendues en premier ressort par les tribunaux régionaux statuant en matière civile,
commerciale, pénale, administrative et fiscale ainsi que celles des tribunaux du travail et celles
des tribunaux départementaux statuant en matière correctionnelle.
E) - La cour d’assises.
C’est une juridiction répressive de droit commun, mais qui présente une certaine originalité
dans sa composition et dans son fonctionnement. Elle juge les criminels et les infractions
connexes au crime, quelles soient un délit ou une contravention.
Elle est composée de magistrats et de simples citoyens appelés jurés. Tous ces membres
assistent aux débats et participent au même titre à la prise de décision.
A Dakar, elle est toujours présidée par un président de chambre de la cour d’appel entouré de
conseillers de la dite cour.
Dans les régions, c’est un président de chambre et un conseiller de la cour d’appel auxquels se
joint le président du tribunal au lieu de session :
- le ministère public est occupé en principe par les magistrats du parquet de la cour d’appel. Ils
peuvent être substitués par un autre magistrat du parquet.
Les cours d’assises ne sont pas des juridictions permanentes. Elles tiennent une session tous
les quatre mois.

F) - La cour des comptes est une institution du pouvoir judiciaire créée par la loi 99-02 du 29
Janvier 1999. Elle succède dans le rôle d’institution supérieure de contrôle des finances
publiques à la deuxième section du conseil d’état, elle même héritière de la troisième section
de la cour suprême disparue à la faveur de la réforme judiciaire introduite par la loi
constitutionnelle 92-22 du 30 Mai 1992.
Elle intègre la commission de vérification des comptes et de contrôle des entreprises publiques
(CVCCEP) créée par l’article 20 de la loi 72-48 du 12 Juin 1972 relative aux établissements
publics, aux sociétés d’économie mixte et aux personnes morales de droit privé bénéficiant du
concours financier de la puissance publique.
Elle intègre également la cour de discipline financière qui devient une chambre de la cour des
comptes.
1/ - compétence, la cour des comptes assiste le président de la République, le gouvernement et
l’assemblée nationale dans le contrôle de l’exécution des lois de finances.
Elle exerce un contrôle juridictionnel et un contrôle non juridictionnel.
le contrôle juridictionnel, la cour contrôle la régularité et la sincérité des recettes et des
dépenses décrites dans les comptabilités publiques.
Elle juge les comptes des comptables publics et les personnes qu’elle a déclarées comptables
de fait.
Constituée en chambre de discipline financière, la cour juge les fautes de gestion et prononce
des amendes contre leurs auteurs.
le contrôle non juridictionnel, la cour s’assure du bon emploi des crédits, fonds et valeurs
gérés par les services de l’état, les collectivités locales et leurs établissements publics. Elle
s’assure que l’état et ses démembrements sont en règle avec les institutions de sécurité sociale.
Elle peut également exercer un contrôle du compte d’emploi des ressources collectées auprès
du public dans le cadre de campagnes nationales d’appel à la générosité publique.
2/ - organisation, la cour est organisée en formations auprès desquelles le ministère public est
exercé par le commissaire du droit.
les formations, la cour comprend :
+ une audience plénière solennelle,
+ les chambres réunies,
+ quatre chambres qui sont :
- la chambre des affaires budgétaires et financières,
- la chambre des affaires administratives et des collectivités locales,
- la chambre de discipline financière, formation non permanente, composée de magistrats de la
cour.
les magistrats, tout membre de la cour des comptes a l’obligation, préalablement à sa
prestation de serment, de déclarer par écrit et sur l’honneur, les biens meubles ou immeubles
composant son patrimoine ainsi que ceux de son conjoint et de ses enfants mineurs. Cette
déclaration est déposée au secrétariat général de la cour des comptes.
les magistrats de la cour des comptes sont :
- le président de la cour,
- les présidents de chambre,
- le secrétariat général,
- le commissaire adjoint du droit,
- les chefs de section,
- les conseillers maîtres,
- les conseillers référendaires,
- les conseillers.
G) - Les tribunaux régionaux.
Leur compétence s’étend territorialement sur l’ensemble de la région. Dans chaque tribunal, il
y a un parquet dirigé par le procureur de la République.
- ce sont des tribunaux de droit commun, c’est à dire qu’ils sont compétents pour juger les
litiges de toutes matières sauf celles que la loi a attribué à des juridictions spécialisées,
- ils statuent en matière pénale pour tous les délits qui ne sont pas soumis au tribunal
départemental (comme le vagabondage).
- en matière civile et commerciale sur tous les litiges qui échappent à la compétence du
tribunal départemental,
- en matière administrative et fiscale, il se prononce sur tout le contentieux administratif et
fiscal, sauf le recours pour excès de pouvoir soumis au conseil d’état.
Enfin les tribunaux régionaux sont les juges d’appel des décisions rendues en matière civile et
commerciale par les tribunaux départementaux.
A noter que pour les affaires correctionnelles, c’est la cour d’appel qui est le juge d’appel
contre les décisions rendues dans cette matière.
- les décisions des tribunaux régionaux frappées d’appel sont portées devant la cour d’appel,
- au même niveau, figurent trois juridictions d’exception : le tribunal du travail, le tribunal
pour enfants et les tribunaux ordinaires à formation spéciale.

H) - Le tribunal départemental.
Il existe dans chaque département. Présidé par un magistrat, il comprend un ou plusieurs
magistrats du siège. Le parquet est assuré par un délégué du procureur de la République ou par
le président du tribunal.
Il est compétent en matière civile et commerciale pour connaître de toutes les actions
personnelles ou mobilières en dernier ressort dont le montant ne dépasse pas 200.000 francs et
en premier ressort celles dont le montant est supérieur ou égal à 1.000.000 de francs.
En plus de ces affaires, le tribunal est saisi pour la validité des saisies.
- pour les affaires de famille (état-civil, mariage, divorce, successions) ainsi que les demandes
portant sur les paiements, révision de pension alimentaire,
- les affaires de bail à usage d’habitation.
En matière pénale, il connaît des contraventions (c’est le tribunal de simple police), c’est à
dire les infractions punies d’une peine d’amende allant de 200 francs à 20.000 francs et d’un
emprisonnement de un jour à un mois,
- les délits mineurs prévus par la loi 84-20 du 20 Février 1984 (vagabondage, vol simple,
filouterie, etc.…).

I) - Le tribunal du travail.
Il ne se prononce que sur les litiges entre employeurs et travailleurs.
Le tribunal est composé d’un magistrat et de deux ou plusieurs assesseurs employeurs et
travailleurs chargés d’éclairer le président sur les questions propres à chaque secteur
d’activités.
Sa compétence territoriale s’étend sur l’ensemble de la région. Il est compétent pour connaître
des conflits individuels et non collectifs entre les employeurs et les travailleurs à l’occasion de
leurs relations de travail.
- ils statuent également sur les contentieux des accidents du travail et des institutions de
sécurité sociale,
- les travailleurs concernés sont tous ceux du secteur privé et les agents non fonctionnaires de
l’état et des collectivités publiques.
J) - Le tribunal pour enfants.
Il est institué pour protéger l’enfant mineur contre les dangers de toutes sortes. Il a le même
ressort que le tribunal régional auquel il est rattaché. Ainsi un magistrat dudit tribunal est
chargé de présider ce tribunal qui peut avoir recours aux services d’éducateurs et d’assistants
sociaux.
Il a un juge d’instruction propre lorsque le nombre de magistrats permet de le pourvoir.
Le ministère public est assuré par un membre du parquet du tribunal de rattachement.
- il est compétent pour les crimes et délits commis par les mineurs de moins de 18 ans.
Lorsque la santé, la moralité, la sécurité ou l’éducation du mineur sont menacées, le tribunal
peut être saisi même en l’absence d’infraction. Il examine alors le cas de l’enfant et décide de
son placement dans un centre ou de son suivi en milieu familial.
Le tribunal territorialement compétent est celui du lieu de domicile des parents, du lieu de
résidence de l’enfant ou du lieu de commission de l’infraction.
K) - Les juridictions ordinaires à formation spéciale.
Ce sont des juridictions d’exception. Elles sont compétentes pour juger les infractions
militaires commises en temps de paix par les militaires et assimilés (se reporter à la loi 94-44
du 27 Mai 1994 portant code de justice militaire).
III) - COMPÉTENCE.
Pour qu’elle puisse connaître d’une infraction, une juridiction répressive doit être compétente
à trois points de vue :
a) - en raison de la matière (des faits) compétence « ratione materae » :
- crime : cour d’assises,
- délit : tribunal correctionnel,
- contravention : tribunal de simple police.
b) - en raison de la personne à juger, compétence « ratione personnae » :
A l’égard de toutes les personnes SAUF celles soustraites par suite :
d’une qualité personnelle :
- président de la République,
- membres du gouvernement,
- militaires et assimilés,
- mineurs de 18 ans,
d’une immunité diplomatique :
- membres des ambassades et des légations étrangères.
c) - en raison du lieu de l’infraction, compétence « ratione loci » :
En matière criminelle et correctionnelle, la juridiction compétente est celle dans le ressort de
laquelle se situe soit :
- le lieu où l’infraction a été commise,
- le lieu de résidence de la personne poursuivie,
- le lieu de son arrestation,
- le lieu de détention de la personne poursuivie, lorsque celle-ci est détenue à la suite d’une
condamnation antérieure (article 370 du code de procédure pénale).
En matière de police :
Le seul tribunal de simple police compétent est celui du lieu où la contravention a été
commise (article 510 du code de procédure pénale).
IV) - CARACTÉRISTIQUES DE LA PROCÉDURE DE JUGEMENT.
La procédure de jugement présente trois caractères. Elle est :
a) - orale :
L’évocation des faits a lieu oralement. La juridiction entend l’inculpé, la victime, les témoins
et les experts de façon à pouvoir apprécier directement tous les éléments de preuve.
b) - publique :
La salle d’audience est ouverte au public, sauf le cas du « huis clos » ordonné dans l’intérêt de
l’ordre public ou des bonnes mœurs.
L’arrêt ou le jugement est toujours rendu en audience publique.
c) - contradictoire :
le procès pénal exige la présence de :
- l’inculpé (qui peut sous certaines conditions se faire représenter),
- ministère public (sauf particularité tribunal départemental),
- partie civile ou son représentant (s’il y a eu constitution de partie civile).
les parties :
- présentent leurs observations et requêtes,
- discutent les preuves.

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