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L'une des choses qui frappent le plus le visi- basilique. Ce sera donc la m e t t r e à l'honneur que
teur de la Basilique vaticane, c'est la statue en d'examiner ici u n peu plus en détail les différents
bronze du P r i n c e des a p ô t r e s , s u r un trône problèmes que soulève son origine.
élevé, sous un baldaquin en mosaïque, au pilier T r o i s opinions se p a r t a g e n t à ce sujet les érudils.
droit de la coupole, avant la Confession. Par e
U n e école la fixe a u x m siècle. Didron soutint
dévotion, les pèlerins vont lui baiser le pied qu'il en i 8 6 3 cette hypothèse, qui fut reprise p a r
tend en avant, et les orteils sont usés par les F. Wickhoff en 1890, et qui, selon le P . Grisar,
millions de lèvres qui ont d o n n é cette m a r q u e de t e n d r a i t à devenir assez c o m m u n e p a r m i les a r c h é o -
vénération. A u 29 j u i n , la statue de l'apôtre est logues m ê m e catholiques, c o m m e la Revue de
richement parée des o r n e m e n t s pontificaux, depuis l'art chrétien (année 1891, p . 168) et M* Barbier P
et u n h o m m a g e à celui qui en avait été l'auteur. qui est creuse en cet endroit. Actuellement, le c r e u x
Le P a p e s'est-il servi d u bronze de la statue de a été r e m p l i de plâtre, ce qui empêche de recon-
Jupiter Capitolin ou de quelque autre statue naître à quelle profondeur il s'étendait.
païenne"? On affirme, d'après u n e légende qui n'a Il s'en faut q u e cette statue ait toujours occupé
point de fondement historique, la p r e m i è r e hypo- sa place actuelle. Saint Léon ne la mit point d a n s
t h è s e ; mais cela n ' a aucune importance. S a i n t - P i e r r e , m a i s dans l'église d u monastère de
Nous avons le devoir d'ajouter q u ' a u c u n docu- Saint-Martin, qui était près du m u r occidental de
m e n t historique ne vient a p p u y e r les déductions la basilique et dont la position exacte est occupée
tirées de la statue elle-même en faveur de son a u j o u r d ' h u i par le pilier dit de Sainte-Véronique.
origine. Le Liber Pontijicalis, si précis dans Q u a n d il fallut construire ce pilier, on rasa le
l'énumération des cadeaux faits par saint Léon à m o n a s t è r e de Saint-Martin, et la statue fut t r a n s -
Saint-Pierre, ne parle pas de cette s t a t u e . Il est vrai portée d a n s l'intérieur de la basilique, à la cha-
q u ' o n ne la trouve mentionnée dans aucune autre pelle des Saints-Procès et Martinien, qui se t r o u -
des notices que ce livre consacre aux P a p e s , de vait d a n s le t r a n s e p t g a u c h e .
sorte que, comme dit le P . Mortier, « si ce silence Cette translation est l'œuvre d'un F r a n ç a i s . R i -
universel avait quelque valeur, il prouverait que chard-Olivier d e
la statue de saint P i e r r e n'a été faite sous aucun Longueil, o r i g i -
Pape> puisqu'il n'en est question nulle p a r t . Qui naire de Tou-
prouve trop ne prouve r i e n . L a statue de saint ques en Nor-
P i e r r e existe, c'est un fait brutal contre lequel aucun mandie, fut
silence documentaire ne peut protester. » d ' a b o r d archi-
E t ce silence d u Liber Pontificalis se prolonge diacre de R o u e n
dans l'histoire. P i e r r e Mallius, d a n s sa description et président de
de la Basilique Vaticane dédiée à Alexandre III la C h a m b r e des
( I I 5 Q - I I & \ I ) , n'en fait point m e n t i o n , et ne nous la c o m p t e s . Elevé
voyons apparaître que d a n s l'ouvrage De rébus ensuite s u r le
antiquis memorabilibus Basilicœ srmeti Petri siège episcopal
Romance, deMaffeoVeggio(i4o6-r/]f)7). Il y parle de C o u t a n c e s ,
de la fameuse statue de b r o n z e et de la dévotion il fut sacré le
dont l'entourait à cette époque la piété des fidèles. 28 s e p t e m b r e
i 4 5 3 . L e roi
Cette question d'origine ainsi tranchée, exami- Charles VIII de-
nons en elle-même la statue actuelle. Elle a ï ,8o de m
m a n d a p o u r lui LE CARDINAL DE LONGUEIL
h a u t e u r , a été fondue d ' u n seul bloc et n'a pas eu le chapeau car-
de pièces ajoutées postérieurement. Toutefois, il dinalice et Calixte III l'agrégea a u Sacré Collège
y a eu, p a r la suite, quelques lésions. Le pied le 18 décembre i 4 5 6 . Le nouveau cardinal, a y a n t
g a u c h e a été détaché u n e fois et a été parfaitement été c h a r g é de revoir le procès de Jeanne d ' A r c ,
r e s s o u d é ; les deux doigts dressés de la main fut u n des g r a n d s facteurs de celte réhabilitation.
droite qui s'élève p o u r bénir o n t été enlevés et on P u i s , étant t o m b é dans la disgrâce de Louis X I ,
a du les refaire ; la partie inférieure des deux clés il se retira en Italie où il fut accueilli par Pie II
q u e l'apôtre tient à la m a i n a été aussi brisée, qui le n o m m a en 14O9 évèque de P o r t o et Sainte-
et on ne Ta pas remplacée. A la partie infé- Rufinc. Ce P a p e l'avait en haute estime et disait
rieure du vêtement, près d u pied g a u c h e et immé- de lui : « P l û t à Dieu que nous eussions plusieurs
diatement près du trône, on trouve un ajouté en cardinaux de Coutances (on les désignait ordinai-
p l â t r e , m a l façonné, et qui fait pendre t r o p le rement alors par le nom de leur lieu de naissance
vêtement de ce côté. Le bronze n'est pas de qua- ou de leur évèché) ; ce serait très utile pour l'Eglise,
lité parfaite; la fusion a été, elle aussi, défec- car c'est u n h o m m e g r a v e , bon, doux, docte et tou-
tueuse, ce qui se prouve p a r de nombreuses bour- j o u r s vrai dans ses décisions. » Il fut aussi n o m m é
souflures qui n'ont pas toutes été remplies, et a r e b i p r ê t r e de Saint-Pierre et en refit le palais
aussi p a r l'épaisseur de la couche de bronze qui que la m o r t l'empêcha d'habiter. Envoyé en effet
n'est point égale et diffère de celle des statues c o m m e légat à P é r o u s e , il y m o u r u t le i 5 août
•classiques. Les talons de la statue sont également 1470, demandant dans son testament d'être e n t e r r é
défectueux, ce qui doit s'expliquer par la mauvaise á S a i n t - P i e r r e , dans la chapelle des Saints-Procès
réussite de la fonte en ce point. Bien entendu, et Martinien, dont il avait restauré l'autel, et près
l'auréole est m o d e r n e , la tête n'offre aucun signe de la statue de l'apôtre saint P i e r r e qu'il y avait
de tonsure. Il ne reste rien d u siège primitif sur fait t r a n s p o r t e r . On a encore dans les grottes va-
lequel à l'origine était posée la s t a t u e , si ce n'est les ticanes u n e partie de son inscription funéraire. Il
deux surfaces rectangulaires a h a u t e u r du genou y fonda deux chapcllenies pour honorer celle
et qui sont venues de fonte. Le dos s'appuyait, soit statue, et on les appela à cause d'elle les « chapel-
au t r ô n e , soit au m u r , et il manque à la statue lenies de bronze ».
DANS LA BASILIQUE VAïKÎANK
p r i n c e . On sait, en effet, que les princes [romains N o u s avons dit que cetle statue était en g r a n d e
ont u n e salle du t r ô n e absolument c o m m e les vénération. O n lui baise le pied droit qui, t e n d u
c a r d i n a u x , c a r c ' e s l l a q u a i s recevraient le Souverain en avant, facilite cet acte de piété et est a u tiers
Pontife venant leur faire visite. Le dais n'avait usé p a r les lèvres des p è l e r i n s ; mais une dévo-
donc point c h a n g é de destination, il passait jseulc- tion essentiellement r o m a i n e , et qui tient des
ment de saint Pierre à ses successeurs. m œ u r s orientales, c'est de baiser le pied de
Il y a toujours devant la statue deux chandeliers l'apôtre, p u i s de lui laire toucher son front et de
de bronze d o r é donnés p a r le cardinal Mattei, le ;baiser une seconde fois. C'est u n acte d'hom-
a r c h i p r ê t r e de la Vaticane, et on y met les m a g e ; il signifie q u e , se mettant littéralement
aux pieds du P r i n c e des apôtres, o n s e d o n n e à lui
c o m m e un esclave à son m a î t r e ou un sujet à
son souverain.
Celte vénération a été agréable à Dieu et des
miracles ont souvent récompensé cet acte de piété.
On lit dans le m a r t y r o l o g e de la Vaticane qu'un
n o m m é U g o n e de Angelis donna à l'autel de Saint-
P i e r r e de fc/wifîr'o (l'ancien autel des Saints-Procès
et Martinien) un calice pour une faveur miracu-
leuse dont il avait été l'objet.
Le a/{ mai I(>3I, on trouvait suspendue à la
statue l'inscription suivante :
Inscius impello demissum vértice lunch num
Cam Jicci planiis oscula Peire, fuis.
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