II-1 Introduction :
De tous les phénomènes physiques caractéristique de la décharge d'arc, les phénomènes aux
électrodes, et tout particulièrement cathodique, sont les plus complexes est les moins bien
interprétés. Les dimensions caractéristiques des taches cathodiques et anodiques, et des
gaines qui leur sont associées, rendent impossible toute étude expérimentale directe. La
difficulté d'analyse est encore accrue par la considérable densité d'énergie de ce milieu de
très faible volume, dont le rayonnement intense interdit une étude spectroscopique fine.
Cela explique le foisonnement de théories proposées. Dans ces conditions, on conçoit qu'il
soit difficile de proposer une théorie décrivant tous les phénomènes d'émission. De
nombreux auteurs supposent la connaissance a priori du mode principal d'émission
(thermique, ou effet de champ). Toute fois, cette méthode restreint considérablement la
généralité de ce type d'étude. Nous avons préféré décrire la théorie proposée par Murphy et
Good, qui ne fait pas d'hypothèse sur le mécanisme d'émission [27].
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Chapitre II : Contact électrique et phénomène physique de l’arc électrique
Les lignes de flux d'électrons utilisent seulement une partie de ces points entre les deux
contacts.
Les électrons sont transférés dans un système ohmique (contact dans lequel des électrons
sont transmis directement de métal à métal, par effet tunnel (transfert d'électrons à travers
une couche isolants mince, ou par effet thermoélectronique (transfert d'électrons à travers
une couche isolante épaisse) [5].
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Chapitre II : Contact électrique et phénomène physique de l’arc électrique
A B
Figure II-4: Structure de zone cathodique généralement admise
La région cathodique (Figure II-4 B) est confinée entre la surface de la cathode et le plasma
en équilibre thermodynamique (colonne d’arc).
II-3-2-1 La cathode :
La première région de la figure (Figure II-4 A), que nous décrirons, est la cathode qui est
caractérisée par sa conductivité thermique, sa conductivité électrique et par le travail de
sortie du matériau. Ces trois grandeurs sont déterminantes : la première va permettre de
prendre en compte l’évacuation de l’énergie par conduction thermique, la seconde la
capacité à conduire le courant et la troisième la capacité à émettre des électrons.
La surface de la cathode en contact avec le plasma va interagir très fortement avec la gaine
en recevant un flux d’énergie dont les valeurs moyennes dans le temps peuvent être
supérieures à 108 W.m−2 [28]. De plus c’est de la cathode que sont émis les électrons entrant
dans le plasma.
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II-3-2-2 La gaine :
La gaine est une région aussi appelée « zone de charge d’espace » car il y règne une charge
d’espace positive. C’est une région dont la taille est de l’ordre de la longueur de Debye (λd)
qui traduit la distance maximale pour laquelle il peut exister un déséquilibre de charge
électrique. Cette longueur s’exprime de la manière suivante :
Ɛ0k Te
λ d=
√ 2
e n
II-4
II-3-2-3 La pré-gaine :
La pré-gaine est aussi appelée « zone d’ionisation ». Ce nom vient du fait que c’est dans
cette région que l’ionisation va être prépondérante. En effet les électrons venant de la
cathode vont entrer en contact avec le gaz et effectuer une multitude de collisions
(élastiques et inélastiques) qui vont permettre à la décharge de s’entretenir. Par conséquent
cette région est dite « collisionnelle » et peut être décrite par les équations de la mécanique
des fluides dans le cas d’un plasma à la pression atmosphérique. L’ordre de grandeur de la
taille de cette région est de plusieurs dizaines de microns.
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Chapitre II : Contact électrique et phénomène physique de l’arc électrique
D’après M. Tanaka et al. [30] la région anodique d’un arc peut être divisée théoriquement en
trois zones : la gaine, la pré-gaine et la couche limite anodique. Le gaz ionisé dans les deux
premières zones ne peut pas être traité comme un plasma en raison de forts gradients de
température des électrons et des particules lourdes qui ont la même température à la
surface d’anode alors que l’épaisseur totale de la gaine et de la pré-gaine est de l’ordre du
(ou inférieur à) libre parcours moyen d’une particule (l’épaisseur de la gaine est à peu près
de l’ordre de la longueur de Debye λd tandis que celle de pré-gaine ne dépasse pas le libre
parcours moyen d’un électron λe). Dans la pré-gaine la neutralité se maintient, tandis qu’elle
n’existe plus dans la gaine qui est le siège de la chute de tension anodique. L’épaisseur de la
couche limite anodique est beaucoup plus importante que le libre parcours moyen d’une
particule. Au contraire de ce qui existe dans la gaine et de la pré-gaine, le gaz ionisé dans la
couche limite, en dépit des gradients de température et de densités des particules, peut-être
traité comme un vrai plasma (plasma à deux températures) [31].
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1
C p= ¿ II-5
m
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Figure II-7 : Evolutions de la chaleur spécifique pour des mélanges air – vapeur d’aluminium,
à pression atmosphérique
Sur la Figure II-7 est représentée la chaleur spécifique Cp pour deux mélanges d’air et de
vapeur d’aluminium à la pression atmosphérique, proportions définies en masse. Les pics
observés sur ces courbes sont bien connues et correspondent à des phénomènes de
dissociation des molécules de dioxygène et diazote à 4000 et 7000 K respectivement, et pour
des températures supérieures aux ionisations successives des atomes [38] [39].
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Chapitre II : Contact électrique et phénomène physique de l’arc électrique
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Chapitre II : Contact électrique et phénomène physique de l’arc électrique
A titre d’exemple, nous montrons sur la Figure II-9 la conductivité thermique d’un plasma
d’air pur et celle d’un mélange contenant 50 % de vapeur d’aluminium. L’influence de la
présence de vapeur sur ce coefficient est faible et il faut avoir des proportions très fortes de
métal pour modifier notablement la conductivité thermique de l’air dont les pics très
importants à 7000 K et 15000 K environ, sont dus aux phénomènes de dissociation des
molécules d’azote et d’ionisation des atomes.
4 π K B e me −ɸ0−∆ ɸ
J ( T , ɸ0 ) = 3
T 2 exp ( ) II-7
h KB T
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Avec :
h : Constante de Planck
me : masse effective des électrons
ɸ0: Travail de sortie du matériau ou barrière de potentiel de surface du solide [eV]
∆ ɸ : Correction de Schottky
e3 F
∆ ɸ=
√ 4 π Ɛ0
II-8
e2 F 2 −4 √ 2me 3 ɸ
J ( T , F , ɸ )=
8 π hɸ
exp ( 3 HeF ) II-9
En réalité, cette expression ne donne pas de bons résultats pour des faibles valeurs de
températures associées à des champs élevés, ce qui remet en question sa validité dans le cas
de l’émission par des points microscopiques où le champ appliqué va être multiplié
localement par un facteur compris entre 1 et 100
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Chapitre II : Contact électrique et phénomène physique de l’arc électrique
- Si l’énergie moyenne des électrons émis par effet de champ est inférieure à l’énergie de
Fermi : l’émission va se traduire par un réchauffement de la cathode
- Si l’énergie des électrons émis par effet thermique est au-dessus du niveau de Fermi :
l’émission va se traduire par un refroidissement de la cathode
D’autres types de mécanisme d’émission des électrons peuvent avoir lieu dans des
décharges électriques, telle que l’émission photoélectrique (absorption de photon avec
émission d’un électron), l’émission secondaire (émission d’électron par une surface soumise
au bombardement d’une particule incidente primaire), l’émission par effet Auger, etc… A la
cathode d’un arc l’émission d’électrons secondaires par bombardement ionique n’est pas
négligeable.
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-Vaporisation ;
-Rayonnement et conduction de chaleur du plasma vers la cathode
-Perte de métal ;
Alors, la quantité de puissance déposée à la cathode Pc est donnée par l’équation II-2:
Le terme Pc représente l’apport d’énergie résultant de l’impact des ions métalliques. Il est
égal à :
Pc =( 1−S ) ( V i +V c +V s ) I II-11
Le terme Pvap représente la puissance de vaporisation. Elle correspond aux pertes notables
d’énergies liées à l’éjection, sous formes de gouttelettes, du matériau en fusion hors de la
cathode.
dw
Pvap =C II-12
dt
Avec :
dw
dt
: Vitesse d’érosion (kg/s)
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3
P λ= ( T c −T 0 ) λ π 2 r c II-13
Pe =V N I e II-14
Comme la mobilité des ions est beaucoup plus faible que celle des électrons, les deux
derniers phénomènes sont moins importants que le premier.
En termes de bilan de puissance, les différentes réactions assurant le chauffage de l’anode
sont : [37].
-Bombardement ionique (ions négatifs) ;
-Absorption des électrons ;
-Energie thermique des électrons ;
-Conduction et rayonnement de chaleur du plasma vers l’anode ;
-Energie provenant des réactions chimique et de l’effet Joule ;
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Parmi les phénomènes qui contribuent aux pertes d’énergies, on peut citer :
-Vaporisation du métal.
-Rayonnement de spots chauds sur la surface de l’anode.
-Dissociation des gaz moléculaires à la surface de l’anode.
-Conduction et convection.
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Les phénomènes radiatifs dans le plasma thermique trouvent son origine lors d’une
transition électronique entre deux états d’énergie d’un électron, d’un atome ou d’une
molécule. Selon l’état libre ou lié des électrons, on distingue alors trois types de transition
schématisés sur la Figure II-11 :
-Transition lié – lié : génère des raies du spectre
-Transition libre – lié : donne lieu au continuum
-Transition libre – libre : donne lieu au continuum
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dɸ
I= II-17
dΩ
II-5-4 Emittance :
L’émittance énergétique totale représente la densité de flux énergétique émise par dS dans
toutes les directions. Elle s’exprime en W/m²
Emittance totale :
dɸ
E= II-18
dS
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Cette émittance peut aussi définie en fonction de la longueur d’onde si le flux est émis pour
un intervalle spectral bien précis. Il s’agit alors de l’émittance spectrique E λ s’exprime en
W/m²/m tell que :
dɸ
E λ= II-19
dS dλ
II-5-5 Luminance :
La luminance est considérée comme étant la grandeur de base du rayonnement thermique
puisqu’intervenant dans l’équation du transfert radiatif. La luminance spectrale L est le flux
énergétique rayonné par unité de surface apparente, par unité d’angle solide et par unité de
longueur d’onde. C’est une grandeur directionnelle. Elle peut-être définie comme une
grandeur spectrique ou totale. Considérons un élément de surface dS rayonnant vers un
élément de surface dS’ (Figure II-12).
dI d2θ
Lθ = = II-20
dS cos θ d Ω dS cos θ
d2 θ
L λ,θ = II-21
d Ω dS dλ cos θ
d 2 θ: flux total émis par la source dS dans un angle solide dΩ entourant la direction qui fait
l’angle θ avec la normale à la surface dS.
Dans le cas d’un milieu semi-transparent, la luminance spectrale se rapporte plutôt à une
fréquence et s’exprime par conséquent en W. Hz−1/m²/sr [42].
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Lv d v =L λ d λ II-22
E=π . L II-23
ɸ R ( S )=∫ ∫ L ( r⃗ , ⃗s ) . ⃗s . ⃗n . d Ω dS II-24
4π S
II-6 Répartition de la tension et des courants dans l'espace inter électrode [5] :
II-6-1 Répartition du potentiel dans la colonne positive :
Dans la colonne positive (zone 3), le potentiel croit de façon linaire entre la cathode et
l'anode [Figure II-13], elle est soumise à un champ électrique axial sensiblement constant
dans l'espace.
K .Te nea . e . ⃗
Ve
∆ V 0=
e
ln ( 4. J a ¿ II-25
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Avec :
e : de l'électron (= 1,602.10−19 °C) ;
J a: densité totale de courant à l'anode (A.m−2) ;
K : constante de Boltzmann (= 1,380 66.10−23 J. K −1 ) ;
n ea: Densité volumique électronique à la limite de la gaine m−3 ¿;
T e : température électronique ;
Ve : vitesse thermique moyenne des électrons (m. s−1 ).
⃗
q ≫1 II-27
Dans la colonne (zone 3), q est égal au rapport des mobilités µeet µi et ; des électrons et des
ions:
J e µe
= II-28
J i µi
Dans la gaine anodique (zone 5), le courant ionique est nul et le courant électronique I e est
égal au courant total I .
La Figure II-13 représente la variation du potentiel entre les électrodes en partant de la gaine
cathodique jusqu’à la gaine anodique elle peut être divisée en cinq régions :
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Chapitre II : Contact électrique et phénomène physique de l’arc électrique
Figure II-13 : Distribution des potentiels et des courants entre les électrodes
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II-8 Conclusion :
Dans ce chapitre nous vous conclue que l’aspect physique des contacts électriques est
l’ouverture et la fermeture du circuit et leur structure est composé d'un certain nombre de
points appelé contacts élémentaires qui présentent une surface de contact inférieure à la
surface apparente, du fait de la rugosité des matériaux.
L’arc électrique qui a pris naissance entre les contacts s’appuie sur les surfaces cathodique et
anodique en deux régions très petites dimensions, appelées tache ou spot, les régions
cathodique est anodique possède des structure déférente et elles sont relié par la colonne
positive (Plasma).
Le spot cathodique qui constitue la région de transfert de courant électrique du plasma de la
colonne positive à la cathode, est une zone ou la température et le champ électrique sont
très élevés. Il constitue la zone d’émission des électrons qui est à l’origine de la création et
du fonctionnement d’un arc électrique.
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