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Novembre 2013
REFERENCES
Cette publication a été produite par le projet LACTIMED avec l'aide financière de l'Union européenne dans le
cadre du Programme IEVP CT Bassin Maritime Méditerranée. Le contenu de ce document est la seule
responsabilité du Pôle de Compétitivité de Bizerte (PCB) et de l’Institut Agronomique Méditerranéen de
Montpellier (CIHEAM-IAMM), partenaires du projet LACTIMED, et ne peut en aucun cas être considéré
comme reflétant la position de l'Union européenne ou celles des structures de gestion du Programme.
LACTIMED vise à renforcer la production et la distribution de produits laitiers typiques et innovants en
Méditerranée par l’organisation des filières locales, l’accompagnement des producteurs dans leurs projets de
développement et la création de nouveaux débouchés pour leurs produits. Le projet est mis en œuvre dans
le cadre du programme IEVP CT MED. Il est financé, pour un montant de 4,35 millions d'euros, par l'Union
européenne à travers l’Instrument Européen de Voisinage et de Partenariat.
L‘Union européenne est constituée de 28 États membres qui ont décidé de mettre graduellement en
commun leur savoir-faire, leurs ressources et leur destin. Ensemble, durant une période d’élargissement de
plus de 50 ans, ils ont construit une zone de stabilité, de démocratie et de développement durable tout en
maintenant leur diversité culturelle, la tolérance et les libertés individuelles. L’Union européenne est
déterminée à partager ses réalisations et ses valeurs avec les pays et les peuples au-delà de ses frontières.
Le Programme IEVP CT Bassin Méditerranéen 2007-2013 est une initiative de coopération transfrontalière
multilatérale financée par l’Instrument Européen de Voisinage et de Partenariat (IEVP). L'objectif du
Programme est de promouvoir un processus de coopération durable et harmonieuse au niveau du bassin
méditerranéen en traitant les défis communs et en valorisant ses potentialités endogènes. Il finance des
projets de coopération en tant que contribution au développement économique, social, environnemental et
culturel de la région méditerranéenne. Les 14 pays suivants participent au Programme: Chypre, Egypte,
France, Grèce, Israël, Italie, Jordanie, Liban, Malte, Autorité palestinienne, le Portugal, l'Espagne, la Syrie, la
Tunisie. L'Autorité de Gestion Commune (AGC) est la Région Autonome de Sardaigne (Italie). Les langues
officielles du Programme sont l'arabe, l’anglais et le français.
© Copyright LACTIMED 2013. Reproduction interdite sans autorisation expresse. Tous droits réservés pour
tous pays.
Version électronique disponible sur le site web : www.lactimed.eu
AUTEURS
Elaboration, rédaction et relecture du rapport :
- Pour le PCB : Zakaria H’Mad, Directeur général du Technopôle agroalimentaire, Mahjouba Zaiter,
Coordinatrice Tunisie du projet LACTIMED, Amira Ben Mosbah, Assistante technologique, et Sabri Sta,
Responsable de la veille stratégique ;
- Pour le CIHEAM-IAMM : Hamid Bencharif et Selma Tozanli, Experts ;
- Pour ANIMA : Jeanne Lapujade, Experte ;
Réalisation de l’enquête par le PCB : Mahjouba Zaiter, Coordinatrice Tunisie du projet LACTIMED,
Amira Ben Mosbah, Assistante technologique et Leila Douggui, Responsable de l’innovation et du
transfert de technologies ;
Rédaction des cahiers des charges des produits laitiers typiques de Bizerte et Béja : Sihem Bellagha et
Abdellatif B’Chir, experts technologues.
Crédits photo : Mahjouba Zaiter / PCB.
Valorisation des produits laitiers typiques de Bizerte
Novembre 2013
Diagnostic et stratégie locale
SOMMAIRE
1. LA FILIERE LAITIERE EN TUNISIE .......................................................... 6
1.1. IDENTIFICATION DE LA FILIERE : ACTEURS ET STRUCTURES .............................................. 6
1.1.1. Les éleveurs bovins et leur cheptel .................................................................................................. 6
1.1.2. Les éleveurs ovins et caprins et leur cheptel .................................................................................... 8
1.1.3. Les collecteurs et les transformateurs .............................................................................................. 9
1.1.4. Les réseaux de commercialisation ................................................................................................. 13
1.1.5. Les institutions publiques et les organisations professionnelles .................................................... 17
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Valorisation des produits laitiers typiques de Bizerte
Novembre 2013
Diagnostic et stratégie locale
REFERENCES ............................................................................................. 62
ANNEXES .................................................................................................... 64
ANNEXE 1 : LES INSTITUTIONS PUBLIQUES ET LES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES ........ 64
Les acteurs publics ................................................................................................................................... 64
Les services d’appui ................................................................................................................................. 66
Les organisations professionnelles ........................................................................................................... 68
ANNEXE 2 : CAHIER DES CHARGES DES PRODUITS LAITIERS TYPIQUES DE BIZERTE ET BEJA... 70
Conditions générales du cahier des charges............................................................................................ 70
Les produits typiques de Bizerte au lait de vache .................................................................................... 71
Les produits typiques de Béja au lait de brebis ........................................................................................ 77
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Valorisation des produits laitiers typiques de Bizerte
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Diagnostic et stratégie locale
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Valorisation des produits laitiers typiques de Bizerte
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Diagnostic et stratégie locale
La faible productivité des vaches par rapport au potentiel s’explique par la qualité de la ration alimentaire, qui
baisse avec l’aridité de certaines régions du pays. Dans le nord, où se concentrent les grandes exploitations
laitières, la verdure et l’ensilage sont disponibles tout au long de l’année. La complémentation en aliments
concentrés est totalement destinée à couvrir les besoins de production des vaches. Dans les régions du
centre et du sud, les élevages hors-sol sont prépondérants et les aliments concentrés complémentent en
partie la ration de base (foin, paille, cactus, etc.) pour couvrir les besoins d’entretien, de croissance et de
gestation des vaches. Depuis 2004, les pouvoirs publics ont conditionné les importations en les limitant aux
demandeurs disposant d’étables pouvant héberger une trentaine de vaches au minimum (Blog laitier
tunisien, 2007).
Une étude menée sur les « Performances de reproduction et de production laitière des vaches Brunes des
Alpes et Montbéliardes en région subhumide de la Tunisie » (Bouraoui, R., Rekik, B. & Ben Gara, A., 2009)
a montré une légère supériorité de la race Montbéliarde pour la reproduction, alors que les résultats de
production laitière et de pics de lactation montrent une supériorité de la Brune des Alpes. Les performances
laitières de la Brune des Alpes peuvent expliquer l’augmentation de l’effectif de cette dernière et la
régression de celui de la Montbéliarde dans le troupeau étudié.
En France, 3 races composent 93,1% du cheptel bovin laitier : la Prim’Holstein représente 67,3% des
effectifs, suivie de la Montbéliarde (16,6%) et de la Normande (9,2%). Les autres races ne représentent que
6,9% de l’effectif total. Arrivent ensuite les vaches croisées, suivies des Abondances, des Brunes, des
Simmental et des Pie rouge des plaines (Institut de l’élevage, 2013). La brune des Alpes a bien réussi sa
conversion en race laitière et se classe au troisième rang en termes de production moyenne (Institut de
l’élevage, 2011).
Tableau 1 : Production annuelle moyenne de lait par race bovine en France
Race Production moyenne (Kg) Race Production moyenne (Kg)
Prim’Holstein 10 751 Normande 7 469
Pie Rouge 8 718 Simmental 7 038
Brune des Alpes 8 374 Abondance 6 155
Montbéliarde 7 924 Tarentaise 4 919
Source : Institut de l’élevage, 2011
En Tunisie la productivité moyenne par vache est estimée de la manière suivante :
vache de race pure : 4 200 litres ;
vache de race croisée : 1 100 litres ;
vache de race locale : 600 litres.
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Jusqu’au début des années 1980, le cheptel était de race locale ou croisée mais il a progressivement été
remplacé par du cheptel de races pures. Ce système est orienté principalement vers la production laitière. Il
est caractérisé par : une alimentation basée sur le fourrage vert et l’ensilage ; un taux d’intégration de
l’élevage à l’agriculture élevé.
Malgré la production locale de fourrage, les élevages intégrés emploient de grandes quantités d’aliments
concentrés. Ceci est dû en partie à la mauvaise qualité du fourrage produit localement (Kayouli, C., 1995).
Les élevages semi-intégrés et les élevages intensifs "sans terre"
Ils concernent essentiellement les producteurs laitiers familiaux concentrés dans les zones irriguées et
périurbaines. La superficie cultivable est souvent limitée au regard du nombre d’animaux, de l’ordre de 0 à
0,3 ha / vache (Kayouli, C.). La plupart de l’alimentation (fourrage et concentrés) est achetée. La main
d’œuvre est familiale et les éleveurs ont souvent une autre source de revenu. Les investissements sont
réduits au minimum, avec des financements externes limités. Le nombre d’animaux est très variable, mais
va généralement de 1 à 20 vaches. Ce système s’est développé de manière spectaculaire dans le Sahel
(Sfax, Mahdia, Monastir, Sousse) et se rencontre fréquemment dans d’autres régions, notamment dans la
zone périurbaine de Tunis et dans les régions horticoles : Bizerte et Cap Bon (Kayouli, C.).
Les élevages "hors sol", pratiqués en dehors des surfaces agricoles, sont développés surtout dans le centre
du pays ; ils concernent 22% de tout l’élevage bovin et 50% des élevages laitiers (GIVLait).
Les élevages semi-intensifs ou non intégrés, développés dans le Nord-Ouest, sont pratiqués pour
l’engraissement des taurillons (GIVLait). Le tableau suivant, établi par Chedly Kayouli, résume bien les
principales caractéristiques des différents systèmes de production laitière.
Tableau 2 : Présentation simplifiée des principaux systèmes de production laitière
Extensif Intégré "Sans terre"
Localisation principale Nord Nord Sahel (centre)
Superficie fourragère >1 ha / vache 0,25 ha – 0,75 ha / vache 0 – 0,20 ha
Race bovine locale / croisée Holstein-Frissonne Holstein-Frisonne
100 – 1600 vaches (sociétés)
Taille du troupeau 1 – 20 vaches 1 – 40 vaches (exploitations 1 – 20 vaches
individuelles)
Rendement laitier (l/vache/an) <2000 3000 – 6500 3000 – 6500
Alimentation principale parcours naturels fourrage / concentrés concentrés
Origine du fourrage pâture exploitation / marché marché
Origine des pailles et foin exploitation exploitation / marché marché
Origine des concentrés (marché) marché marché
Niveau d’investissement nul élevé limité
Origine des financements fonds propres crédit fonds propres
Principaux revenus agriculture élevage / cultures autres activités
Type de main d’œuvre familiale rémunérée rémunérée / familiale
Mode de rétribution familial salarié familial
Tendance décroissante emploi élevé de concentrés organisation de la profession
Source : Kayouli, C., Profil Fourrager
L’ELEVAGE OVIN
La race ovine Sicilo-Sarde a été introduite au début du 20ème siècle par des fermiers siciliens venus
s’installer en Tunisie, qui ont importé des brebis pour satisfaire leurs propres besoins en fromages frais.
C’est actuellement la seule race ovine laitière du pays. Il s’agit d’une population hétérogène résultant du
croisement entre la race Sarde et la race Comisana. Son aptitude à la traite fait d’elle la race laitière
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tunisienne bien que son potentiel de production soit assez limité. En dépit de l’évolution importante qu’a
connue le secteur des productions animales au cours des dernières années, l’élevage ovin laitier a gardé un
caractère traditionnel, avec un mode de conduite extensif (Jaouad et al. 2009).
La quasi-totalité du cheptel (soit plus de 99%) est situé dans le nord du pays, et plus particulièrement dans
les gouvernorats de Bizerte et Béja. Toute la production de lait est destinée à la transformation par la société
Sotulaifrom à Mateur (gouvernorat de Bizerte) et par les fromageries artisanales de Béja.
L’élevage de brebis laitières connaît aujourd’hui un regain d’intérêt de la part des éleveurs comme des
instances techniques et politiques. Après avoir connu une apogée dans les années 80, époque où on
comptait environ 200 000 brebis laitières, ce cheptel serait tombé à environ 15 000 en 2009 selon l’Office de
l'Elevage et des Pâturages (OEP), soit 10% des effectifs de 1990 et 0,3% de l’effectif ovin total. Mais des
signes d’une relance sont apparus récemment : revalorisation du prix du lait, programmes d’amélioration du
potentiel de production des brebis, organisation des producteurs. Par ailleurs, cette « petite » filière est aussi
considérée comme un espace d’expérimentation pour une nouvelle organisation professionnelle des filières
agricoles et une adaptation des aides publiques qui en découlent.
L’ELEVAGE CAPRIN
Le cheptel caprin est très hétérogène et composé pour l'essentiel d'animaux de races locales : chèvres à
viande de différents formats (bédouines) et chèvres plus laitières (oasiennes) 1. Les évaluations des
performances ont montré que la productivité de la chèvre locale est faible. Cette faible productivité est due à
l’insuffisance des ressources naturelles, aux structures, aux systèmes de conduite traditionnels et surtout au
potentiel génétique du cheptel animal autochtone (Gaddour & Najari, 2009).
Outre la race locale, les races suivantes sont également présentes sur le territoire tunisien2 :
la Maltaise, localisée dans toute la Tunisie, surtout le long des côtes (Bizerte, Nabeul) ;
la Damasquine, spécialisée dans la production de viande ;
la Murcianna grenadina, race mixte ;
l’Alpine, grande laitière de taille et de format moyens.
Le tableau ci-dessous indique l’évolution des effectifs caprins entre 2004 et 2010.
Tableau 3 : Evolution des effectifs de caprins (Mille femelles)
Année 2004 2005 2006 2007 2009 2010
Effectif 809 809 820 856 811 708
Source : Institut National de la Statistique (INS)
L’élevage caprin est concentré dans le sud du pays. Un cheptel important est élevé dans les oasis pour la
production de lait, à côté de l’élevage caprin traditionnel pour la production de viande autochtone (Gaddour
& Najari, 2012).
1
FAO, L'expérience tunisienne en matière de filière lait caprine : le projet d'intensification de l'élevage caprin laitier dans les oasis
tunisiennes (Coopération tuniso-française : OEP - UCARDEC) : http://www.fao.org/docrep/w3586f/w3586f05.htm#l'expérience
tunisienne en matière de filière lait caprine:
2
Ben Ammar M., Mechrgui S. et Bouhbil M. (2013), Etude du système d’élevage des caprins laitiers de la région « Sejnene-Ghézala »
et l’aptitude du lait caprin à la transformation, Projet de Fin d’études, Ecole Supérieure d'Agriculture de Mateur
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aux producteurs l’écoulement de leur produit d’une manière permanente et, de l’autre côté, la régularité des
approvisionnements des centrales laitières.
En outre, la qualité du lait réceptionné par les centrales laitières est également conditionnée en grande
partie par le contrôle et la compétence du personnel des centres de collecte.
Les centres de collecte sont gérés par plusieurs types d’organismes : Office de l’Elevage et des Pâturages
(OEP), Coopératives Agricoles de Service (CAS), opérateurs privés, industriels (centrales laitières,
fromageries, etc.).
Le lait est acheminé vers les centres de collecte par 3 principaux canaux :
les éleveurs amènent leur production, une à deux fois par jour, au centre de collecte et parfois
directement à la centrale laitière ;
le centre de collecte ramasse le lait à l’exploitation ;
des colporteurs ramassent le lait et le livrent aux centres de collecte, aux industriels ou directement aux
utilisateurs (crémiers, cafetiers, consommateurs).
La collecte de lait à destination de la vente directe est effectuée principalement par les colporteurs qui
assurent le ramassage du lait auprès des éleveurs. Aucun contrôle n'est effectué sur ce lait qui est vendu à
des revendeurs et des utilisateurs. Le colportage du lait cru et sa vente directe représente ainsi un danger
potentiel pour la santé des consommateurs, en raison d’une possible présence de germes pathogènes
pouvant générer certaines maladies telles que la brucellose, la tuberculose, la salmonellose, etc.
En revanche, depuis décembre 2008, les centres de collecte sont tenus de se soumettre à un agrément
sanitaire qui les contraints à se conformer aux normes d’hygiène et de qualité en matière d’équipements et
de techniques de production.
« La mise en place de l'agrément sanitaire au niveau des centres de collecte et des unités de transformation
laitière représente un acquis considérable pour la filière lait en Tunisie et pour la préservation de la santé
des consommateurs. Le respect de la marche en avant, de la séparation des flux, le nettoyage systématique
des contenants de lait (bidons, citernes des camions, tanks de refroidissement et de stockage de lait) ont
permis de modifier significativement "l'apparence" des centres de collecte et des unités de transformation de
lait. » (Blog laitier tunisien, 25 mars 2010).
LE TISSU INDUSTRIEL
Les capacités de transformation
Le secteur de la transformation du lait se compose comme suit :
9 centrales laitières produisant le lait de boisson et dérivés frais, dont 4 détiennent environ 90% du
marché du lait de boisson, le leader détenant à lui seul environ 60% du marché. Ces centrales disposent
d’une capacité de transformation journalière en lait et dérivés frais d’environ 2,5 M de litres ;
1 centrale laitière produisant exclusivement les dérivés du lait qui détient environ 65% du marché des
yoghourts (les 4 premières centrales laitières détiennent 91% de ce marché) avec une capacité de
450 000 litres/jour ;
1 unité de séchage du lait d’une capacité de 150 000 litres/jour ;
50 unités de production de fromages à partir du lait frais (unités industrielles et artisanales) avec une
capacité de transformation de l’ordre de 500 000 litres/jour ;
5 unités de production de fromages fondus ;
3 unités de production de crèmes glacées.
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Un litre de lait permet de produire 8 pots de yoghourt
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Le yoghourt et les produits frais ne sont pas soumis à la fixation des prix et ne sont pas subventionnés ; ils
supportent une TVA de 18%.
Les fromages
L’industrie fromagère a démarré en Tunisie avec quelques ateliers artisanaux de fabrication de fromage frais
à partir de lait de vache et de lait de brebis. C’est à partir des années 1980, et suite à la limitation de
l’importation de fromage, que le pays a connu l’apparition de plusieurs fromageries industrielles.
Actuellement, la capacité installée pour la production de fromage est de 500 000 litres de lait frais par jour,
soit 150 M de litres par an, répartie entre une cinquantaine de fromageries. Ces unités produisent des
fromages frais, des fromages à pâte pressée et des fromages à pâte molle et fondue. 5 unités produisent
des fromages fondus à partir d’écarts de fromages importés avec une capacité totale de 8 000 tonnes par
an. A côté de ces unités, plusieurs fromageries artisanales produisent essentiellement des fromages frais.
La poudre de lait
Le séchage du lait est une des mesures proposées par les professionnels du secteur en vue de faire face à
l'excédent de lait. Une usine privée de dessiccation (séchage) du lait, d'une capacité de 150 000 litres par
jour, a été installée dans la région d'El Mornaguia.
L’activité de cette unité a commencé fin 2000 et s’est arrêtée en 2008 en raison du manque de disponibilité
du lait, suite aux mauvaises conditions climatiques qui ont affecté la production de lait. L’unité de séchage a
repris son activité en 2011 pour contribuer à l'absorption de l'excédent de la production laitière. En effet, au
cours de cette année, les éleveurs se sont plaints de l'excédent de lait et de l'encombrement constaté lors de
la livraison de leurs produits aux centres de collecte et aux unités de transformation.
4
Prix du lait demi écrémé : Bouteille triple couche 1litre avec bouchon = 1020 ml / bouteille 1litre =1010 ml / Tetra Pack 1L = 1060 ml
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Nombre de points de vente par enseigne : 52 Monoprix, 42 Carrefour Market, 46 Magasin Général, 6 Promogros
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Plus de 55 000 réparties sur toute la Tunisie
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La sécheresse enregistrée durant les années 2003-2004 et 2007-2008 est la cause essentielle avancée
pour expliquer une telle baisse, mais d’autres facteurs y ont également contribué :
Les taux de reproduction ont chuté, entraînant la réforme et l’abattage anticipés de femelles à haut
potentiel génétique importées ;
De nombreux éleveurs se sont débarrassés des vaches vêlées et des génisses de remplacement du fait
des coûts d’alimentation élevés (près de 15 % des vêles et des génisses d’élevage en 2003) ;
Certaines centrales laitières ont eu des difficultés à payer les centres de collecte et par conséquent les
producteurs à un moment ou ces derniers avaient le plus besoin de liquidités pour acquérir des aliments
de plus en plus chers. En 2004, les sommes dues aux producteurs s’élevaient à 9 M de dinars. Pour y
faire face, les producteurs durent vendre une partie de leur capital cheptel (5% des vaches en
production), pratiquer la réforme précoce et vendre leur lait aux colporteurs qui payaient cash.
La structure génétique du troupeau a également beaucoup évolué : la part des races pures, qui était d’à
peine 6% en 1975, est passée à 29% en 1992, à 42% en 2000, pour dépasser 50% à partir de 2009.
Tableau 5 : Evolution des effectifs et de la structure génétique du troupeau 2000-2011
Unité : Mille femelles Source : GIVLAIT
Année 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Race pure 204 211 212 201 195 205 216 223 220 220 223 221
Race locale croisée 278 273 273 249 241 239 234 231 229 220 217 208
Total 482 484 485 450 436 444 450 454 449 440 440 429
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L’effectif de la population bovine locale et croisée a baissé depuis 2000 à un rythme annuel moyen de l’ordre
de 6 300 têtes. Au cours de la période 1992-2000, 33 000 génisses laitières de race pure ou mixte ont été
importés, soit environ 3 600 par an en moyenne.
Dans le but d’améliorer les performances du cheptel bovin local, l’Etat tunisien a mis en place, depuis les
années 70, un programme de croisement par insémination artificielle et saillie naturelle. Les taureaux des 3
principales races (Tarentaise, Brune des Alpes et Pie- Noire) sont utilisés. (Abdelguerfi A., Laouar M., 2000).
Après avoir connu un certain développement entre 1970 et 1975 (95% des effectifs totaux), la population
bovine locale et croisée n’a cessé de régresser, de près de 37% entre 1975 et 1990 (Kayouli, C., 1995).
Cette régression s’est faite principalement au profit de l’introduction de races pures représentées
essentiellement par 3 races : la Pie Noire, la Brune des Alpes (Schwitz) et la Tarentaise.
Au cours des deux dernières décennies, les importations de vaches Holstein et/ou de Pie-Noire holsteinisée
ont dominé. Ces dernières constituent actuellement plus de 95% des effectifs totaux de races pures.
La progression de la collecte de lait a été remarquable au cours de la décennie 1990, grâce à la nouvelle
politique laitière amorcée en 1994 : les quantités collectées ont ainsi été multipliées par 13, passant de
29 000 litres en moyenne au cours de la période 1987-1989 à 466 000 litres en 2000-2002. Elles ont ensuite
dépassé 630 000 litres en 2009-2011.
Les taux de collecte, qui étaient inférieurs à 30% au cours des années 1980, ont dépassé 50% en 2000 puis
60 % à partir de 2011. En tenant compte des quantités de lait livrées directement aux unités de production,
la part de la production du lait cru destinée à la transformation industrielle a dépassé 70% en 2008.
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La production des produits dérivés a augmenté plus vite que celle du lait de boisson, dont la part dans la
production totale a baissé, passant de 62% à 57% entre 1997-1999 et 2009-2011, comme le montre
l’évolution de la répartition des différentes familles de produits représentée ci-dessous.
Graphique 4 : Répartition des différentes familles de produits
Moyenne 1997- 1999 Moyenne 2009- 2011
La production de yoghourt, exprimée en équivalent lait, a été multipliée par 2 en 12 ans pour atteindre une
moyenne de 146,7 M de litres en 2009-2011, contre 73,3 M de litres en 1997-1999.
Tableau 9 : Evolution de la production de yoghourt
Année 2004 2005 2006 2007 2008
Production (millions de pots) 830 884 944 1 190 1 020
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Malgré cette évolution, la production de fromage reste en deçà de son potentiel et la consommation est
encore timide. Cette activité souffre de plusieurs handicaps, dont les plus importants sont (APII, 2010) :
un prix à la consommation qui demeure élevé par rapport au pouvoir d’achat du consommateur moyen
(une marge assez importante des distributeurs) ;
une mauvaise qualité bactériologique du lait frais ;
des difficultés d’approvisionnement en lait en quantité et en qualité ;
une technologie mal maîtrisée et le manque de techniciens spécialisés.
Les actions de déréglementation qui ont touché la filière laitière ont eu des conséquences néfastes sur la
situation de la STIL, qui a dû faire face à des difficultés de plus en plus aiguës : la chute vertigineuse de ses
parts de marché, l’état de sous-activité de ses 3 sites de production, le manque structurel de liquidité et de
possibilités de crédit à court-terme, etc. Le tarissement des sources de financement internes a affaibli la
capacité de négociation des centres de collecte, qui enregistrèrent une forte régression de la réception de
lait frais par rapport à leur capacité théorique et à la concurrence, d’où une baisse forcée et non voulue de la
production. La dégradation de la situation financière n’était que la résultante de la conjugaison de ces
facteurs, eux-mêmes à l’origine de l’endettement colossal de la société (Tustex, 2005). La décision de sa
liquidation a été prise au cours de la dernière assemblée générale ordinaire réunie en janvier 2005, après 44
ans d’existence. Délice Danone, occupe aujourd’hui une position de leader des produits laitiers en Tunisie,
avec 67% de parts de marché, et 60% des capacités installées.
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Le graphique ci-après résume l’évolution comparée de la production, de la collecte et des quantités de lait
réceptionnées par l’industrie de transformation.
Graphique 5 : Production, collecte et transformation industrielle du lait
Unité : Millions de litres
Source : Données INS, Enquêtes nationales sur le budget, la consommation et le niveau de vie des
ménages (http://www.nutrition.rns.tn/alimentation/situation.htm)
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Novembre 2013
Diagnostic et stratégie locale
La consommation de lait et de produits laitiers a régulièrement augmenté depuis les années 1990 : elle est
passée de 83 à 96 litres/personne/an entre 1994 et 2004, pour ensuite atteindre 110 litres/personne/an en
2012. Cependant, la consommation reste caractérisée par une saisonnalité importante, qui va à l’encontre
de celle de la production. En effet, la période de forte consommation (septembre à février) coïncide avec la
basse lactation, tandis que la période de faible consommation (mars à août) coïncide avec la haute lactation.
En outre, le pic de consommation des produits laitiers est enregistré pendant le Ramadan. D’après l’Institut
National de Statistiques, la consommation de lait et de ses dérivés connaît une augmentation de plus de
70% au cours du mois du Ramadan. Cette forte hausse s’explique par le fait que les produits laitiers
représentent un ingrédient indispensable et un produit incontournable pendant ce mois en raison de leur
apport nutritionnel et de leur utilisation dans plusieurs préparations traditionnelles.
Une analyse détaillée de la consommation de produits laitiers met en relief 4 grandes caractéristiques
(Khaldi, R., Naïli, A., 2001) :
un écart important entre le milieu urbain et le milieu rural, expliqué par la faiblesse de la consommation
des produits laitiers en zone rurale (3 fois moins qu’en milieu urbain) ;
une nette progression de la consommation de yoghourt en moyenne ;
une consommation croissante de fromage, bien qu’il reste un produit de luxe avec un écart important
entre les régions (de l’ordre de 1 à 8 entre le Centre Ouest et le district de Tunis) ;
un écart de consommation entre catégories socio-professionnelles (nettement supérieure chez les
cadres et professions libérales supérieures).
Avec une moyenne de 110 litres de lait et produits dérivés, la consommation annuelle du Tunisien est au
même niveau que celle de l’Algérien et dépasse celle du Marocain, qui est de l’ordre de 55 litres.
Cependant, cette consommation reste faible comparée à celle des pays de la rive nord de la Méditerranée.
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Valorisation des produits laitiers typiques de Bizerte
Novembre 2013
Diagnostic et stratégie locale
A titre d’exemple, la consommation de lait et produits laitiers en France est de 305 kg, dont 78% de produits
dérivés et 40 % de fromages.
Tableau 12 : Consommation de lait et produits dérivés en France (2009)
Consommation
Part dans le total Consommation Part dans le total
Produits (kg/an/habitant en
(%) (kg/an/habitant) (%)
équivalent lait)
Fromage 122 40 24 44
Lait liquide 67 22 67 13
Ultra frais 49 16 35 32
Beurre 49 16 8 6
Crème 18 6 6 5
Total 305 100 140 100
Source : Nos calculs à partir des données (France AgriMer, 2009) d’après Nielsen
Les produits dérivés représentent 47% des volumes achetés mais 78% de la consommation exprimée en
équivalent lait et 87% des dépenses des ménages. Le lait, qui occupe quasiment la moitié des volumes, ne
concerne que 13% des sommes dépensées. Les ménages français achètent près de 98% de leurs produits
laitiers dans les grandes et moyennes surfaces. Avec une consommation de fromage de 24 kg/habitant, la
France occupe la deuxième position après la Grèce (30 kg/habitant) juste devant le Danemark (23
kg/habitant) et l’Italie (22,6 kg/habitant).
Une étude de 2011 de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) et de
l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) confirme le potentiel de croissance
des produits laitiers en Tunisie en notant que « la croissance démographique et la hausse des revenus,
conjuguées à l’engouement de plus en plus grand que suscitent les produits laitiers, notamment chez les
consommateurs des pays en développement, sont les principaux facteurs qui expliquent la vigueur de la
demande à moyen terme. Cette dernière demeure encouragée par l’influence croissante des chaînes de
vente au détail et des entreprises multinationales dans ces pays, lesquelles facilitent l’accès des
consommateurs aux produits laitiers […] On s’attend à ce que la demande de lait et de produits laitiers reste
particulièrement forte sur des marchés en développement importants tels que l’Afrique du Nord, le Moyen-
Orient et l’Asie de l’Est ». Une telle perspective reste subordonnée à l’évolution du pouvoir d’achat des
ménages et à la qualité des produits mis sur le marché.
En outre, la production de fromages présente plusieurs avantages ; elle permet notamment de :
créer une plus grande valeur ajoutée dans la filière laitière ;
répondre au problème des excédents saisonniers ;
faciliter l’exportation, en raison de la durée de conservation des fromages ;
diversifier les modèles de consommation en proposant des produits adaptés aux goûts des
consommateurs.
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Diagnostic et stratégie locale
Tableau 13 : Evolution des exportations et des importations des produits laitiers 2000-2010
Unité : millions de litres Source : Institut National de la Statistique (INS)
Taux de
Année 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 croissance
2000-2010 (%)
Exportations 11,7 10,8 13,9 9,6 12 21,4 27 49,2 42,2 40,2 40,9 250
Importations 28 29 34,8 41, 52,9 44 36 49 79,5 44,4 49,8 77
X/M en % 41,8 37,2 39,9 23,4 22,6 48,6 75 100 53 90,5 82,1 96,4
Les principaux produits importés sont le lait de boisson, le lait concentré, le beurre et les fromages,
essentiellement destinés à la fonte. Les exportations concernent le lait de boisson, le fromage et le yoghourt
principalement. La majorité des exportations se font vers les marchés limitrophes. En 2011, 94% des
exportations de produits laitiers étaient destinées au marché libyen.
Le principal produit échangé demeure le lait de boisson. Sur la période 2000-2010, les importations de lait
de boisson étaient de 51 M de litres contre 32 M pour les exportations, soit un déficit de 19 M de litres. Ce
déficit est insignifiant au regard de la production nationale de lait de boisson (0,4% sur la période).
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Diagnostic et stratégie locale
La production nationale couvre environ 76% des besoins du cheptel. Le déficit fourrager est de l’ordre de
1 200 M d’UF en année moyenne, soit environ 24%. En période de pluie, ce taux peut baisser jusqu’à 10%
mais peut atteindre 50% en année de sécheresse. Pour faire face à cette situation, il importe d’agir
simultanément sur l’extension des superficies réservées à la production fourragère et sur l’amélioration de la
productivité de ces superficies.
En plus de cette insuffisance quantitative, le système fourrager tunisien souffre d’une absence de
diversification et d’une qualité médiocre. Les fourrages secs sont constitués en grande partie de foin de
vesce-avoine et les rendements sont souvent faibles.
La qualité de la ration alimentaire baisse avec l’aridité de certaines régions du pays. Dans le nord, où se
concentrent les grandes exploitations laitières, la verdure et l’ensilage sont disponibles tout au long de
l’année. La complémentation en aliments concentrés est totalement destinée à couvrir les besoins de
production des vaches. Dans les régions du centre et du sud, les élevages hors-sol sont prépondérants et
les aliments concentrés complémentent en partie la ration de base (foin, paille, cactus, etc.) pour couvrir les
besoins d’entretien, de croissance et de gestation des vaches. Depuis 2004, les pouvoirs publics ont
conditionné les importations en les limitant aux demandeurs disposant d’étables pouvant héberger une
trentaine de vaches au minimum (Blog laitier tunisien, 2007).
Les éleveurs sont confrontés en permanence aux augmentations du prix des fourrages produits localement
ou importés, ce qui impacte directement le coût de production du lait. L’augmentation du prix des fourrages,
notamment au cours des années 2008-2009, a eu pour conséquence l’abandon de leur bétail par certains
éleveurs et explique la baisse des effectifs constatée au cours de la période 2008-2011 (Gharbi, C., 2012).
Le maïs fourrager ensilé pourrait contribuer à l'amélioration quantitative et qualitative du bilan des fourrages.
L’insuffisance des disponibilités en fourrage et sa mauvaise qualité ont eu pour conséquence une utilisation
de plus en plus importante de concentrés pour les ruminants, en particulier pour les bovins laitiers. Les
subventions accordées aux matières brutes servant aux concentrés ont favorisé le développement d’unités
de production d’aliments composés. On en compte actuellement 190. Elles utilisent principalement des
matières premières importées (Gharbi, C., 2012). Le maïs et le tourteau de soja sont entièrement importés.
Les importations d’orge varient considérablement selon les conditions climatiques, augmentant lors des
périodes de sécheresse. Le pays importe aussi du foin et de la luzerne.
La production de lait en Tunisie est ainsi devenue de plus en plus dépendante de la disponibilité des
matières premières importées et des fluctuations de leurs prix sur les marchés internationaux. Le
développement des ressources fourragères et leur valorisation est l'une des principales attributions de
l'Office de l'Elevage et des Pâturages (voir Annexe 1).
Les orientations proposées pour améliorer les ressources alimentaires portent sur 3 grands axes :
Limiter l’utilisation abusive de l’aliment concentré et développer les cultures fourragères aussi bien en
sec que dans les périmètres irrigués : étendre les superficies et développer des variétés fourragères
plus productives qui présentent le meilleur rapport coûts de production / valeur nutritive ;
Valoriser les sous-produits de l’agriculture et de l’industrie de transformation et les utiliser dans
l’alimentation du bétail : favoriser la recherche dans ce domaine, concevoir des rations équilibrées à
partir des sous-produits (tourteaux d’olive, dattes déclassées, marc de raisin, paille, son, etc.) ;
Renforcer les programmes de vulgarisation des techniques d’exploitation des fourrages et les méthodes
d’alimentation des vaches laitières.
La vulgarisation doit faire l’objet d’une attention particulière car l’exploitation des fourrages et la nutrition des
vaches constituent un système complexe du fait de la grande diversité des matières premières utilisées et du
grand nombre d’acteurs en présence. L’alimentation constitue une chaîne dans laquelle les maillons
successifs sont fortement interdépendants et font appel à des méthodes très variées : production des
fourrages, ensilage, séchage, stockage, composition des rations, nutrition animale, production du lait.
Il est maintenant admis, depuis assez longtemps, que « la pénétration du progrès dans les secteurs
complémentaires, fourrager et bovin, est bien plus lente que dans les autres branches d’activités de
l’exploitation agricole » (Rouche, E., 1968).
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Diagnostic et stratégie locale
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Arrêté du ministre de l’agriculture et des ressources hydrauliques du 26 mai 2006
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Au niveau de la transformation
le manque de traçabilité de l’approvisionnement en lait, qui provient à 80% des centres de collecte ;
la sous-exploitation de la capacité des centrales laitières (taux d’utilisation de l’ordre de 65-70%) ;
la capacité de refroidissement installée insuffisante par rapport aux volumes transformés ;
l’absence de certification en matière de systèmes qualités (agrément sanitaire, ISO, HACCP, etc.) ;
le plafonnement du prix de vente du lait UHT demi écrémé (faible valeur ajoutée) ;
la part élevée de l’emballage (de type tetra-pack) dans le prix de revient (25% contre 10% en Europe) ;
l’absence de signe distinctif de qualité pour les produits laitiers ;
la qualité médiocre du lait frais, surtout sur le plan bactériologique, qui empêche une diversification plus
large de la transformation, notamment pour la production de fromages ;
l’insuffisance et l’irrégularité du système de contrôle des fraudes.
Le secteur de la transformation est caractérisé par une grande disparité entre les entreprises leaders et les
petites entreprises (PMI / API, 2009). Les petites unités présentent encore de nombreux points faibles :
absence de business plan, de stratégies industrielle et commerciale, de rigueur de gestion, de
responsabilisation du personnel et de cahier des charges, faible niveau d’encadrement, ignorance des
bonnes pratiques de fabrication, etc.
Au niveau de la distribution et de la consommation
Les circuits de distribution du lait sont fortement liés à la structure de l’élevage. Les troupeaux étant de très
faible taille et dispersés, la distribution est artisanale et atomisée. Dans ce contexte, il est difficile de
maintenir la chaîne du froid et de garantir un stockage à la hauteur des besoins.
Cependant, tous les centres de collecte sont équipés de citernes réfrigérées et le froid est installé soit à la
ferme soit sous forme de tanks réfrigérés collectifs. Les gros éleveurs laitiers sont également souvent
équipés de camions citernes.
Les principaux points faibles de la distribution peuvent être résumés de la manière suivante :
l’existence de circuits parallèles de distribution désorganisés incontrôlables ;
le faible niveau d’exigences des circuits parallèles en matière de qualité ;
la part encore relativement faible des GMS dans la commercialisation du lait et des dérivés ;
la déconnexion entre les cycles de consommation et de lactation, génératrice de pénuries (de septembre
à février) ou d’excédents de production (de mars à août) ;
le pic de consommation lors du Ramadan, qui entraine d’importantes pénuries lorsqu’il tombe pendant la
basse lactation.
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verser les subventions sur la base des résultats des contrôles et de leur conformité aux cahiers des
charges, de manière à privilégier la qualité et protéger les entreprises les plus vulnérables ;
améliorer les conditions générales d’hygiène et de qualité du lait par des campagnes de sensibilisation
et l’instauration d’un système uniforme de paiement du lait à la qualité ;
mettre en place un système de contrôle de la qualité du lait, de la ferme au consommateur, en
renforçant le contrôle technique, hygiénique et sanitaire des centres de collecte (démarche HACCP) ;
développer une politique de prévention et de lutte contre la fraude.
LA STRATEGIE LAITIERE
La dynamique remarquable de la filière lait et dérivés observée au cours des 25 dernières années est liée à
la stratégie nationale intégrée d’appui et de promotion de l’ensemble du secteur laitier, initiée en 1994.
L’analyse de l’évolution de la filière permet de distinguer 3 grandes périodes (Al Efrit F, Hassainya J, 2001) :
Avant 1986 : déficit laitier généralisé et monopole de l’Etat sur la collecte et la transformation ;
De 1986 à 1994 : ajustement structurel agricole, accompagné d’un certain démarrage du secteur ;
Après 1994 : mise en œuvre de la stratégie nationale de développement du secteur et accroissement
continu des performances à tous les niveaux de la filière.
Avec l’instauration des quotas en Europe et l’augmentation des prix de la poudre de lait payée en devises,
l’Etat tunisien a décidé de revoir sa politique en substituant la production locale de lait frais aux importations
de poudre de lait. Une stratégie laitière a été engagée dès la fin des années 1980, renforcée en 1994 et
actualisée en 1999 dans le cadre de la stratégie globale de développement des industries agroalimentaires.
Cette stratégie a permis d’atteindre l’autosuffisance en lait en 1999, soit 2 ans avant l’échéance prévue,
grâce à une série de mesures incitatives articulées principalement autour des axes suivants :
la croissance régulière de la production ;
la promotion de la productivité ;
l’organisation de la filière ;
l’amélioration de la qualité.
La mise en place de cette stratégie s’est basée sur les mécanismes suivants (ONAGRI, 2002) :
encouragement de la production locale de génisses de race pure pour réduire les importations
d’animaux vivants ;
orientation des éleveurs vers les races à production mixte (lait et viande) ;
instauration des mécanismes d’organisation de la filière (approche contractuelle, loi sur l’élevage,
organisation des colporteurs, etc.) ;
extension du réseau de collecte du lait ;
instauration de mécanismes de valorisation de la haute lactation par la constitution d’un stock régulateur
de lait de boisson et la création d’une unité de séchage du lait ;
intensification de l’encadrement des éleveurs et élargissement de la couverture sanitaire des troupeaux ;
développement des ressources fourragères et mise en place d’un programme spécifique de sauvegarde
du cheptel en période difficile ;
orientation des efforts vers l’amélioration de la productivité et de la qualité ;
mise à jour du prix du lait à la production ;
octroi d’une subvention à la consommation du lait industrialisé ;
mise en place de mesures de protection de la production nationale de lait et dérivés (imposition d’une
taxe douanière de 233% sur le fromage importé).
Ces mesures et mécanismes ont permis d’atteindre l’autosuffisance dès 1999 et de générer un excédant qui
a alimenté l’unité de séchage et les exportations à partir de 2000.
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La traçabilité et l’agrément technique sont également au cœur de la stratégie sectorielle, avec pour objectifs
l’agrément de 300 entreprises et la certification de 400 entreprises en 2016, contre 126 en 2008.
Le PCB se voit quant à lui confier un rôle majeur dans le renforcement du potentiel d’innovation des filières,
le développement de partenariats technologiques et le soutien à la création d’entreprises, avec pour objectifs
la création de 170 entreprises et 9000 emplois à horizon 2016 (APII/CEPI, 2011). 100 entreprises existantes
seront également mises en réseau avec des laboratoires et organismes de formation nationaux et étrangers.
Source : GIVLAIT
De même, et malgré la révision périodique du prix de vente du lait au consommateur (voir graphique ci-
dessous), le prix imposé ne permet pas de couvrir les charges des différents maillons de la chaîne
(collecteurs, centrales laitières, distributeurs), d’où la nécessité de maintenir les subventions que la stratégie
du plan d’ajustement structurel de 1989 prévoyait de supprimer.
8
Kayouli C. (2012), "les premiers pas vers le développement de la filière laitière", Présentation SYNAGRI 2012, " الخطوة األولى الناجحة في
"رحلة األلف ميل الوصول بقطاع الحليب إلى الغايات المنشودة من تطوير قطاع إنتاج الحليب و رفع المستوى الصحي و السالمة الغذائية في صناعة األلبان و األجبان في تونس
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Diagnostic et stratégie locale
Source : GIVLAIT
Actuellement, les subventions accordées par l’Etat se présentent comme suit :
subvention d’exploitation de 120 millimes/litre, accordée aux industriels et payée mensuellement ;
subvention de stockage de 40 millimes par litre de lait UHT stocké9, payée mensuellement (cette prime
encourage la constitution de stocks de régulation, au-delà des stocks techniques obligatoires, et vise
ainsi à assurer l’équilibre annuel du secteur) ;
subvention de 60 millimes pour les centres de collecte sur la base des quantités collectées et
réceptionnées par les usines de transformation (cette prime était de 40 millimes avant juillet 2012).
Les quantités de lait stockées et le montant des subventions correspondantes ont évolué comme suit :
Graphique 10 : Evolution du stockage de lait UHT - Stock maximal (en millions de litres)
Source : GIVLait
Tableau 15 : Subvention de stockage
Année 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Subvention de stockage (MD) 4 7,5 8,5 5 11,5 10 12 3,5 4
Source : GIVLait
9
Cette subvention devrait passer à 50 millièmes : http://www.webmanagercenter.com/actualite/economie/2013/05/14/134719/tunisie-
recommandations-pour-assurer-l-equilibre-de-la-filiere-laitiere
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Le schéma suivant résume la constitution du prix du lait en tenant compte des différentes subventions :
Diagramme 3 : La formation du prix du lait
Consommateur
1060 millimes
Circuit de distribution
1036 millimes
Subvention
d’exploitation de Centrale laitière
120 millimes/litre
760 millimes
(moyenne)
Subvention de 60 Centre de collecte
millimes/litre
700 millimes
730 millimes
Éleveur Colporteur
10
Loi d’orientation relative à la recherche scientifique et au développement technologique (1996), Accord Spécifique de Coopération
Scientifique et Technologique avec l’UE (2003), Prime d’investissement en RD (PIRD), Programme de Valorisation des Résultats de la
Recherche (VRR), Programme National de Recherche et d’Innovation (PNRI), Programme des technopoles et pépinières d’entreprises.
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11 Titre emprunté au rapport APII/UTICA, Stratégie industrielle nationale à l’Horizon 2016, 2008.
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Les centres de collecte en activité en 2012 étaient situés à : Tinja, Bazina, Teskraya, Lezdine, Mrazig, El
Azib, El Guaria, Ras Jebal, El Ksir Sejnene, Nouvelle Utique, Beach.hamba, El Brij, Dali, Bechater, Sebat
Aouinet, Sidi Ncir, El Alia et Khetmine. Ils représentaient une capacité totale de collecte de 313 297
litres/jour alors que la production moyenne de lait dans le gouvernorat était de 361 664 litres/jour en 2012.
Quatre centres avaient fermés cette même année (Mateur, Ousja, Zouaouine et Bejou) et trois autres obtenu
une autorisation (Essamen, El Mabtouh et Ghazala). La carte ci-dessous indique la répartition géographique
des centres de collecte.
Carte 2 : Répartition des centres de collecte du lait dans le gouvernorat de Bizerte
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extensif) pour la fabrication de fromage biologique de chèvre ; valoriser les autres produits de la chèvre par
la création d'un parc agro-industriel pour l'abattage, le conditionnement et la transformation de la viande
caprine et de la peau de chèvre. En 5 ans, ce projet impliquerait 600 éleveurs traditionnels (chèvres locales)
et 400 nouveaux éleveurs (races importées), essentiellement des femmes rurales.
41
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FORCES
Caractère stratégique de la filière laitière : maintien des éleveurs sur leur exploitation, intensification et
intégration de l’agriculture, sécurité alimentaire ;
Place importante de la filière laitière dans l’économie nationale ; 35 à 40% du PIB agricole, 4 à 5% du
PIB global et 42,1% de l’emploi agricole ;
Accroissement de la production de lait à la ferme ;
Gouvernorat situé au Nord, principale zone agricole du pays ;
Intervention de l’Etat en faveur du développement de la filière : filière encadrée et subventionnée, prime
de collecte, certification sanitaire des colporteurs depuis 2009 pour garantir la qualité du lait collecté ;
Extension du réseau de collecte et développement de la capacité industrielle ;
Utilisation de lait frais, exclusivement local, et disparition des importations ;
Multitude de petites entreprises et d’unités artisanales ;
Transformation permettant un débouché continu pour le lait et les dérivés ;
Développement rapide de la transformation : +5,9% par an pour les fromages : +3,3 % pour le lait et les
dérivés (+4,5% pour le yoghourt et +3,1% pour le lait stérilisé) ;
42
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FAIBLESSES
Conditions climatiques affectant la rentabilité du secteur de l’élevage, donc l’approvisionnement en lait ;
Sous-alimentation limitant la productivité et les performances des vaches élevées en Tunisie ;
Vieillissement et réduction du cheptel bovin laitier en raison de la flambée des prix des génisses
importées et des aliments de bétail ;
Qualité médiocre du lait produit en raison de l’alimentation inadaptée et des mauvaises conditions
sanitaires et d’hygiène à la ferme ;
Difficultés d’approvisionnement représentant un risque pour la rentabilité de l’investissement ;
Absence de paiement à la qualité ;
Importance du colportage et de l’autoconsommation à la ferme ;
Faible taux de livraison aux industriels : 45% dans le réseau informel ;
Problème de rentabilité économique : maintien de la filière grâce aux primes ;
Réseau de petites unités de transformation artisanales informelles ;
Nombre important d’intervenants dans l’écoulement du lait produit à la ferme (centres de collecte,
colporteurs, grands élevages privés ou publics, coopératives de services, etc.) causant des
dysfonctionnements et mettant en péril la qualité ;
Transformation fragilisée : crise de rentabilité en perspective en raison du déficit de l’offre face à
l’augmentation de la demande (12% en 2007) et des coûts directs ;
Augmentation de la demande de lait frais pour la production de fromage et de dérivés ;
Distribution artisanale et atomisée avec un manque de maîtrise de la chaîne de froid ;
Recours aux importations pour satisfaire le marché : fromages renommés de qualité stable à des prix
compétitifs ;
Fromageries souffrant de la faible disponibilité du lait et de la concurrence des centrales laitières, plus
puissantes à l’approvisionnement ;
Colporteurs interférant dans le système d’approvisionnement ;
Qualité du lait inadaptée aux fromageries : impact sur le rendement et la qualité du produit artisanal ;
Problèmes de qualité au niveau du produit de la fromagerie artisanale ;
Coûts d’investissement et de production en fromagerie élevés ;
Main d’œuvre spécialisée rare et coût salarial élevé (concurrence des grandes fromageries) ;
Surcapacité de transformation industrielle du lait (centrales) concurrençant les fromagers ;
Déficit d’information et d’encadrement, malgré la multiplicité des organismes impliqués ;
Manque d’incitations au développement de la fromagerie ;
Utilisation de produits informels par les concurrents (arômes et caséinates) ;
Application aléatoire des normes de qualité pénalisant financièrement ceux qui les appliquent ;
Majorité de PME familiales confrontées à la domination du marché par de grandes sociétés (écart de
performance industrielle) ;
Manque de connaissance des circuits de distribution et de leur importance respective par les fromagers ;
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Valorisation des produits laitiers typiques de Bizerte
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LES ELEVEURS
La population d’éleveurs présente sur le territoire s’élève à 11 800, dont 80% exploitent moins de 10 ha.
L’échantillon enquêté est composé de 29 éleveurs, qui présentent des profils hétérogènes : petits éleveurs,
grands éleveurs, éleveurs ovins, éleveurs bovins, éleveurs ovins et bovins, éleveurs-transformateurs,
éleveurs-distributeurs.
Comme l’indique la répartition de l’échantillon selon la superficie, 65% d’entre eux exploitent moins de 5 ha,
soit en propriété soit en fermage.
Graphique 11 : Répartition des éleveurs enquêtés selon la superficie exploitée
Le graphique ci-dessous indique quant à lui la répartition des élevages bovins enquêtés selon leur taille :
64% comptent moins de 10 vaches et seulement 8% plus de 50 vaches. Ces derniers sont des élevages
organisés en société ou en union coopérative agricole.
44
Valorisation des produits laitiers typiques de Bizerte
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Pour l’élevage ovin, les moyennes exploitations dominent : une seule exploitation compte 800 brebis laitières
et trois en comptent moins de 200.
A ce stade de l’étude, il est important de signaler que la majorité des éleveurs étaient dans l’incapacité de
fournir des données chiffrées remontant jusqu’à 2002. Les données collectées restent des approximations
très subjectives. De plus, les données annuelles sont uniquement livrées par les grands éleveurs, les plus
organisés. Pour les petits éleveurs, des données journalières ont été collectés.
LES TRANSFORMATEURS
Le tissu de transformateurs du gouvernorat se compose de 14 unités, dont 10 sont artisanales et 4
industrielles (Sotulaifrom à Mateur, Nechma à Ras Jebal, Bouchiba à Utique et Alouche à El Azib).
L’enquête a concerné 8 unités de transformation, majoritairement artisanales, dont une est spécialisée dans
la transformation du lait de brebis dans la région de Béja. Des fromageries du secteur informel, qui
représente 65% de l’activité, ont également été introduites.
Le tableau ci-dessous indique le volume quotidien transformé, le nombre de salariés permanents et les
produits proposés pour chaque unité de transformation enquêtée. A elles toutes, elles transforment plus que
6 000 litres/jour et emploient 29 salariés permanents.
Tableau 17 : Présentation de l’échantillon des transformateurs
Transformation moyenne Nombre salariés
Produits proposés
litre/jour permanents
Unité 1 400 2 Ricotta, sicilien, type "mozzarella", gouda, persillé
Unité 2 400 2 Sicilien, type "mozzarella"
Unité 3 1000 5 Edam, gouda
Unité 4 2500 10 Edam, tomme, morbier, gouda, mimolette, raclette
Fromage lait de brebis: ricotta, sicilien, cuit, râpé, type
Unité 5 1200 5
"mozzarella"
Unité 6 500 3 Ricotta, sicilien, type "mozzarella", edam, gruyère
Unité 7 450 2 Ricotta, sicilien, type "mozzarella", edam, gouda
Unité 8 200 - Ricotta, sicilien, type "mozzarella"
LES DISTRIBUTEURS
Le tissu de distributeurs de produits laitiers du gouvernorat est assez large et diversifié. Il inclut le circuit
classique de distribution des produits alimentaires, auxquels s’ajoutent des magasins spécialisés. Le tissu
est dominé par les petits commerces, qui s’accaparent une grande part des ventes.
L’échantillon enquêté est composé de 18 distributeurs, dont 7 grandes et moyennes surfaces (GMS) et 11
petits commerces, présentés respectivement dans les tableaux 18 et 19 ci-dessous.
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Novembre 2013
Diagnostic et stratégie locale
LES INSTITUTIONS
L’enquête réalisée auprès des institutions complète les informations collectées par les experts du CIHEAM-
IAMM lors de leur mission de terrain en Tunisie. Le nombre de personne enquêtées s’élève à 10 et inclut
des représentants de : groupements, établissements publics, centres de collecte, instituts de formation et
organismes de financement. Les personnes, lors de la mission de terrain, ont été interrogées dans le cadre
de cette enquête afin d’approfondir le diagnostic de la filière et leur participation au projet.
Tableau 20 : Présentation de l’échantillon des institutionnels
Type Nom de l'institution Ministère de tutelle
Groupement de développement des ovins laitiers de Mateur
Groupement Groupement de développement agricole des éleveurs de brebis laitier de Béja
Groupement des éleveurs de la race tarentaise
Développement et
Commissariat général au développement régional de Bizerte -CGDR
Etablissements Coopération Internationale
publics Commissariat régional au développement agricole de Bizerte -CRDA
Agriculture
Agence de promotion des investissements agricoles de Bizerte -APIA
Institut de
Institut supérieur d'agriculture de Mateur
formation/recherche
Centre de collecte Bazina
Centre de collecte
Centre de collecte Kassab
Organisme de
Banque Nationale Agricole (BNA)
financement
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Novembre 2013
Diagnostic et stratégie locale
AU NIVEAU DE L’ELEVAGE
L’enquête confirme les caractéristiques de l’élevage en Tunisie, présentées dans la première partie du
rapport et renseigne sur d’autres aspects.
La dominance des petits élevages de type familial est incontestable : l’élevage est généralement pratiqué
dans un cadre familial, faisant intervenir enfants, parents, conjoints et cousins. 26 des exploitations
enquêtées sont familiales, soit 90% de l’échantillon des éleveurs. Dans 7 d’entre elles, la conjointe du chef
d’exploitation contribue à l’activité d’élevage en assurant l’alimentation, la traite et la commercialisation du
lait. Il est à signaler que 4 éleveurs ont une activité professionnelle autre que l’élevage et le travail agricole.
Les 3 exploitations non familiales sont de grande taille et organisées en Sociétés de mise en valeur et de
développement agricole (SMVDA), Unité coopérative de production agricole (UCPA) ou lot technicien12.
Graphique 13 : Répartition des élevages par type d'exploitation
Comme signalé précédemment, 65% des éleveurs enquêtés exploitent moins de 5 ha, généralement
partagés entre cultures de plein champ et pâturages. La production assurée par ces surfaces était difficile à
estimer par les éleveurs. Les surfaces fourragères étant insuffisantes pour assurer l’alimentation des
animaux, la quasi-totalité13 des éleveurs ont recours aux aliments concentrés, dont le coût représente une
charge importante, surtout pour les petits éleveurs, et à payer comptant dans la majorité des cas. Pour un
certain nombre d’éleveurs, l’approvisionnement en aliments est assuré par leur centre de collecte.
Les élevages bovins sont majoritaires, malgré quelques élevages ovins et mixtes.
Graphique 14 : Répartition des élevages par type de bétail
L’élevage ovin est limité à l’élevage de la brebis Sicilo-Sarde, qui représente le noyau dur de l’élevage
laitier en Tunisie. Pour l’élevage bovin, la race dominante est la Holstein. En effet, 80% de l’élevage
bovin concerne la race Holstein. D’autres races sont représentées, comme la Tarentaise et la Rouge des
près, mais elles représentent une part minoritaire de l’échantillon.
12
Un lot technicien est un lot loué par l’Etat aux diplômés pour lancer un projet agricole.
13
Un seul éleveur qui n’a pas recours aux aliments concentrés. Selon ses estimations, le recours à ce genre d’aliment n’est pas
rentable pour lui. Il préfère donc s’en passer.
47
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Diagnostic et stratégie locale
En dehors des grandes exploitations, le travail agricole et l’élevage s’appuie sur des moyens basiques :
un seul éleveur est équipé d’une salle de traite complète, 6 possèdent une machine à traire et 8 utilisent un
tracteur. D’autres machines sont présentes seulement sur les grandes exploitations, comme l’ensileuse, la
moissonneuse et le semoir.
Graphique 16 : Niveau d’équipement des élevages
Pour 72% des éleveurs enquêtés, l’écoulement de la production se fait à travers les centres de
collecte. Ces derniers représentent une garantie d’écoulement et de paiement régulier. Un seul éleveur
procède à la transformation de son lait pour en faire du lben et du beurre, qu’il vend à son domicile. Pour lui,
c’est un moyen de valoriser son lait et d’augmenter ses revenus. Pour assurer la transformation et la
commercialisation, l’éleveur bénéficie de l’aide de sa femme.
Graphique 17: Ecoulement de la production de lait
48
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Diagnostic et stratégie locale
Le lait vendu aux fromageries est généralement de qualité supérieure, et produit dans des grandes
exploitations organisées. Le prix de vente est supérieur à celui de la vente aux centres de collecte (une
différence de 18% en moyenne14).
La commercialisation du lait se fait dans un rayon moyen de 11 km. Les petits éleveurs livrent dans un
rayon moyen de 5 km. La livraison se fait par les moyens de l’éleveur (18 éleveurs), des clients (6 éleveurs)
ou à travers les centres de collectes et les colporteurs (5 éleveurs). La livraison est assurée une fois par jour
pour 8 éleveurs et 2 fois par jour pour 21 éleveurs. Ces derniers ne disposent pas des moyens de
réfrigération et de livraison du lait résultant de 2 traites. Pour le choix des clients, 55% des éleveurs
avancent comme principaux critères la proximité et la régularité de paiement. Ces éleveurs vendent leur lait
aux centres de collectes. Les grands exploitants vendent leur lait après une consultation, donc au plus
offrant. Les éleveurs ovins ont exprimé un manque de choix dans l’écoulement de leur production, étant
donné le nombre très réduit de transformateurs dans les environs, au nombre de 2 (un à Mateur et l’autre à
Béja).
En matière d’implication dans la filière, l’activité des éleveurs peut être considérée comme purement
individuelle et autonome. En effet, seuls 3 d’entre eux ont déclaré avoir reçu une subvention ou une aide
publique, et 4 empruntent auprès de la banque. L’adhésion des éleveurs à des groupements professionnels
est également faible.
Le problème majeur des éleveurs concerne les moyens de production (alimentation des animaux, main
d’œuvre, eau, électricité, etc.), aussi bien en termes de coûts que de disponibilité.
AU NIVEAU DE LA TRANSFORMATION
Les transformateurs enquêtés ont au maximum 10 salariés permanents (c’est le cas d’une seule unité)
et 62,5% d’entre eux en ont moins de 5.
Graphique 18 : Répartition des transformateurs selon le nombre de salariés
Pour assurer la transformation, ces unités utilisent des équipements basiques : cuves en inox, réchauds
et moules. Seuls 2 transformateurs sont équipés de cuves de pasteurisation. Cependant, les enquêtés sont
bien équipés en matière de stockage : 4 transformateurs possèdent des chambres froides et 1 dispose d’une
cave d’affinage. Tous déclarent financer leurs investissements sur fonds propres, sans aucun recours à
d’autres moyens de financement.
Au niveau des charges, l’achat de lait est la principale charge pour tous les transformateurs, suivie des
autres intrants (présure, ferments, etc.) et autres charges (salaires, charges sociales, emballages, électricité,
carburant, etc.). L’approvisionnement en lait se fait directement chez les éleveurs pour tous les enquêtés,
dans un périmètre de 3 à 30 km et à travers des conventions orales 15. L’approvisionnement direct auprès
de petits éleveurs permet une meilleure traçabilité du lait et le suivi des éleveurs, ce qui n’est pas possible
en passant par les colporteurs ou les centres de collectes. Cependant, certains enquêtés avouent acheter
du lait aux colporteurs pendant les périodes de forte consommation, mais ce lait est utilisé pour des produits
précis autres que le fromage. Enfin, 2 des transformateurs enquêtés ont une activité d’élevage, l’un de
bovins, l’autre d’ovins.
L’offre de produits est quasiment identique pour tous les transformateurs, aussi bien en termes de
gamme de produits, de prix pratiqués que de l’emballage. Rudimentaire, ce dernier prend généralement la
forme de sac en plastique alimentaire ou de pot pour certains produits. Les produits proposés sont :
14
Le prix de vente aux centres de collecte varie entre 700 et 730 millimes alors que le prix de vente aux fromageries peut atteindre 850
millimes.
15
Seul un transformateur a mis en place un contrat avec ses fournisseurs. Dans tous les cas, le paiement se fait à la livraison du lait.
49
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fromages (rigouta, sicilien, testouri, edam, gouda, gruyère, fromage type "mozarella", etc.), boissons à base
de lait (raieb et lben), beurre traditionnel, smen, yoghourt, etc. Un transformateur est spécialisé dans les
fromages et propose des produits non proposés par les autres enquêtés tels que le morbier, la mimolette et
la raclette. Ces produits sont à base de lait de vache. Un seul transformateur, basé dans le gouvernorat de
Béja, propose une gamme de produits à base de lait de brebis.
Plus que la moitié des transformateurs disposent de leurs propres points de vente pour écouler une
partie de la production. A défaut, les produits sont livrés à de petits commerces, à des restaurants et
fastfoods, à des hôtels, et à des grossistes pour les produits affinés. L’écoulement de la production se fait
exclusivement sur le marché domestique et sans aucune action de promotion particulière.
Graphique 19 : Commercialisation des produits
Aussi bien avec les clients qu’avec les fournisseurs de lait, les relations des transformateurs sont
essentiellement verbales et non contractuelles. Cette situation, malgré sa fragilité, fonctionne
particulièrement bien au niveau des relations avec les clients, qui datent généralement de plus de 12 ans.
AU NIVEAU DE LA DISTRIBUTION
La part des produits laitiers dans les ventes varie entre 12% et 45%, à l’exception des crémeries où ces
ventes représentent l’unique activité du commerce. En effet, ces petits commerces n’offrent que des produits
laitiers tout au long de l’année.
Graphique 20 : Part des produits laitiers dans les ventes
Le produit laitier le plus vendu reste le lait de boisson pour 83% des distributeurs enquêtés, suivi du
yoghourt et du fromage, qui représentent des parts assez faibles de l’ensemble des ventes de produits
laitiers (graphique ci-dessous). Cependant, ces parts sont beaucoup plus importantes pour les GMS que
pour les petits commerces. Cette situation s’explique largement par le profil des clients des GMS. Selon
Mejri et Lajili (2007), la catégorie socio-professionnelle qui fréquente le plus les GMS est celle des cadres
supérieurs (30,7%). Ces derniers ont un pouvoir d’achat plus important et un mode de vie qui tend vers
l’occidentalisation, y compris au niveau alimentaire.
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LES CONTRAINTES
La filière laitière connaît différentes contraintes qui peuvent représenter un obstacle à son développement.
Les contraintes évoquées par les acteurs enquêtés sont les suivantes :
Aléas climatiques
Le Tunisie est caractérisée par une grande variabilité et saisonnalité climatiques (température et
pluviométrie). Ces conditions climatiques extrêmes constituent un risque pour l’agriculture et l’élevage. En
effet, les périodes de sécheresse et d’inondation engendrent souvent des pertes de production et la
perturbation de l’activité d’élevage en raison du manque de fourrages et de l’augmentation du prix des
aliments du bétail. Cette contrainte a été évoquée par un bon nombre d’éleveurs. Les changements
climatiques en cours vont augmenter la pression sur les éleveurs et les agriculteurs en général.
Elevage et fourrages
L’enquête auprès des éleveurs et des institutionnels a permis d’identifier l’ensemble des contraintes liées à
l’élevage et aux fourrages :
- Morcellement des terres et dispersion des élevages : la majorité des éleveurs exploitent des petites
surfaces et disposent de petits élevages ;
- Défaillance des techniques d’élevages et du système de reproduction : la perte moyenne annuelle
peut atteindre 70 jours de production laitière ;
- Manque de services aux éleveurs : encadrement, conseil, information, financement, formation, etc. ;
- Manque de main d’œuvre qualifiée : une grande partie des éleveurs enquêtés ont fait référence à la
désaffection des jeunes pour les travaux agricoles, jugés trop peu rémunérateurs, comme l’une des
causes de la stagnation/dégradation de l’activité d’élevage ;
- Déficit fourrager : la baisse des parcours naturels et le développement insuffisant des cultures
fourragères ont entraîné un déficit de fourrages et renforcé le recours aux aliments concentrés, fabriqués
à base de matières premières importées payées en devises et dont les prix ne cessent d’augmenter,
diminuant la rentabilité des élevages et accroissant la pression sur la balance des paiements ;
- Saisonnalité de la production laitière : tous les acteurs de la filière sont affectés par la pénurie de lait
et de produits laitiers en période de basse lactation, notamment les distributeurs, et par les pertes en
période de hautes lactation ;
- Faible productivité et reproductivité du bétail : les acteurs enquêtés l’expliquent par les conditions
générales d’élevage et les régimes alimentaires pratiqués ;
- Qualité médiocre du lait : ce problème est reconnu par l’ensemble des maillons de la filière et expliqué
par l’impact négatif du coût des aliments sur la qualité des rations alimentaires (certains éleveurs
avouent donner du pain et des restes de tous genres à leurs bêtes), les défaillances au niveau de la
conservation du lait (les petits éleveurs, majoritaires, ne sont généralement pas équipés en
refroidisseurs), le manque d’organisation de la filière (qui laisse une place importante au circuit informel,
hors de tout contrôle), le paiement du lait « au volume » et l’absence d’un système unifié de paiement à
la qualité (qui détourne l’attention de la qualité, aussi bien au niveau de la production que de la collecte).
Collecte
Le caractère informel des relations entre les centres de collecte et les producteurs (absence de
contrats) est perçu comme une contrainte pour l’organisation générale de la filière. De plus, les centres de
collecte ont montré une défaillance dans leurs rôles d’encadrement et d’appui aux petits éleveurs.
Enfin, la subvention de collecte est allouée sur la base du volume, indépendamment de la qualité, alors que
les centres de collecte devraient jouer un rôle central dans l’amélioration de la qualité du lait.
Transformation
Les principales contraintes évoquées au niveau de la transformation sont les suivantes :
- Besoin de formation et d’information des transformateurs artisanaux ;
- Qualité médiocre des produits des petites unités informelles en raison du manque de respect des
règles d’hygiène en l’absence de contrôles ;
- Qualité insuffisante du lait frais (notamment bactériologique) pour permettre une diversification plus
large de la gamme de produits proposés ;
- Absence de signes distinctifs de la qualité pour les produits laitiers.
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Diagnostic et stratégie locale
Commercialisation et consommation
Particulièrement soumis aux problèmes de périssabilité et de conservation des produits, le circuit de
commercialisation du lait et des produits dérivés souffre de l’insuffisance d’équipements réfrigérés,
surtout chez les petits commerçants (qui effectuent environ 80% des ventes) et du manque de contrôle sur
le circuit informel de commercialisation.
La saisonnalité de la consommation de produits laitiers va à l’encontre de celle de la production : la
période de forte consommation s’étale de septembre à février et coïncide avec la basse lactation tandis que
la période de faible consommation coïncide avec la haute lactation. Enfin, la consommation de produits
dérivés, et notamment de fromages, reste limitée et concentrée sur le fromage fondu et les pâtes à
tartiner laitières.
16
Un projet de développement de la filière caprine est en cours de création à Bizerte et Béja. Il vise à collecter le lait produit par les
éleveurs de la région et le transformer en fromage certifié biologique. La mise en place d’un tel projet nécessite : le suivi et l’appui aux
unités d’élevage, une assistance zootechnique et vétérinaire, un approvisionnement en aliments du bétail produits localement, etc. Le
principal bénéficiaire ciblé est la femme rurale, très présente dans l’activité d’élevage.
53
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Diagnostic et stratégie locale
Cet objectif a été abordé directement par 25% des personnes enquêtées et indirectement par toutes les
autres. La mise en relation est essentielle dans une telle filière étant donné l’interconnexion des activités
entre elles. Certaines personnes interrogées ont manifesté le besoin d’entrer en contact avec des acteurs
correspondant au même maillon qu’eux (éleveur/éleveur, transformateur/transformateur) ou avec d’autres
maillons de la filière (éleveur/transformateur, transformateur/fournisseur d’intrants et de matériels,
éleveur/structure d’appui, etc.). L’activité de certaines d’entre elles était entravée par ce manque de
relations. A titre d’exemple, un transformateur avait besoin d’intrants et de matériel mais peinait à trouver
des fournisseurs capables de répondre à ces besoins.
54
Valorisation des produits laitiers typiques de Bizerte
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Diagnostic et stratégie locale
Les actions collectives peuvent porter sur : la mise en place de services aux petits éleveurs (contrôle
sanitaire du cheptel, encadrement, bonnes pratiques de production, services vétérinaires, etc.), le partage
d’un stand sur des salons, l’achat de matières premières, la vente de produits finis, la mobilisation de
financements, le lancement d’une marque commune, la mise en place d’un système de veille, etc.
La conduite d’une action collective par les membres d’un cluster vise un certain nombre d’effets directs, qui
génèrent à leur tour des effets indirects, dont la nature et l’intensité dépendent des résultats de l’action. Par
exemple, le lancement d’un programme de R&D collaborative pour la réduction du temps de production aura
pour effet direct de permettre à chaque entreprise impliquée de produire plus rapidement, de réduire les
coûts de production et donc d’augmenter ses marges et revenus. Les entreprises disposant de plus de
revenus, elles pourront investir davantage et ainsi créer de nouveaux emplois. Il s’agit là de l’effet indirect de
l’action.
l’écoute, la synergie, l’esprit d’équipe, la collaboration, l’entraide et la coopération (comme indiqué par les
répondants à l’enquête). La structure d’animation doit avoir les compétences nécessaires en gestion de
clusters pour assurer la mise en œuvre des activités, les échanges avec et entre les adhérents et la
réalisation des objectifs du cluster.
Facteur stratégique : une feuille de route claire et une stratégie collective
La réussite du cluster nécessite l’identification d’intérêts communs à tous les acteurs, ainsi que la définition
d’objectifs, de plans d'action, du rôle des différents acteurs et des moyens à mettre en œuvre. Cette feuille
de route doit être approuvée par tous les acteurs selon les modalités préalablement fixées.
Facteur taille : un nombre limité d’intervenants, du moins au lancement du cluster
La nouveauté du cluster dans la région nécessite de pouvoir s’appuyer sur un nombre réduit d’acteurs
motivés et convaincus par les retombées positives d’une telle structure pour amorcer sa création. La réussite
des premières activités attirera d’autres adhérents. Durant l’enquête, nombre de personnes interrogées ont
manifesté le souhait de voir les premiers résultats du cluster avant d’y adhérer. Il s’agit de l’effet
démonstration, particulièrement caractéristique des acteurs établis jugeant leurs revenus satisfaisants.
LA FORME D’ORGANISATION
La forme d’organisation préconisée par les personnes enquêtées est l’association, suivie des groupements
et autres formes.
Graphique 22 : Forme d'organisation préconisée par les transformateurs
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Diagnostic et stratégie locale
L’association apparaît comme une forme adaptée compte tenu des droits qui lui sont attribués par la loi
tunisienne17 : accès à l’information (sur tous les sujets les concernant), réunion, publication, information, avis
sur l’organisation et le fonctionnement des affaires publiques, formulation de critiques et propositions.
Cette forme limite la responsabilité des membres. En cas de responsabilité de l’association, ses fondateurs,
employés et membres ne peuvent être poursuivis personnellement, aussi bien sur le plan juridique que sur le
plan financier.
Sur le plan financier, l’association peut s’appuyer sur les ressources suivantes : les souscriptions de ses
membres, les donations, les dons publics nationaux ou étrangers, les produits provenant des biens de
l’association, les revenus de ses activités et projets. L’Etat tunisien consacre un budget pour aider et
soutenir financièrement les associations de la société civile selon leurs projets, activités et résultats. En
revanche, le statut d’association empêche toute activité commerciale lucrative.
Le groupement ou la société mutuelle de services agricoles peut également être une forme adaptées
L’adhésion à la société mutuelle implique l’engagement de participer à son capital et le recours à ses
services.
Un protocole d’accord ou une convention fixant le fonctionnement du cluster à tous les niveaux pourrait
aussi convenir et s’adapter à des spécificités parfois non prises en compte par les autres formes
d’organisation.
LE MODE DE FINANCEMENT
Le mode de financement préféré par la majorité des acteurs enquêtés est la rémunération au service :
chaque membre contribue en fonction des services reçus. Ce mode de financement peut renforcer la
confiance des adhérents dans le sens où ces derniers contrôlent directement l’utilisation de leur contribution
financière au cluster.
Le financement par les cotisations est proposé en deuxième lieu : chaque membre contribue à hauteur d’une
cotisation fixée annuellement. La somme des cotisations permettra de couvrir les prestations du cluster. Le
montant de la cotisation peut varier d’un adhérent à l’autre selon un ensemble de variables préalablement
établies : nombre de salariés, chiffre d’affaires, ancienneté dans le cluster, etc. Les cotisations présentent un
double intérêt : d’une part, leur apport cumulatif n’est pas négligeable, d’autre part, cet apport est plus ou
moins fixe et donc prévisible, sécurisant le financement et la pérennité du cluster.
La participation de l’Etat est mentionnée en troisième lieu. Les pouvoirs publics peuvent appuyer le cluster
par des financements, surtout durant la phase de lancement où la mobilisation de fonds privés s’avère
difficile. Ce mode de financement présente cependant l’inconvénient de limiter les activités du cluster à
hauteur des aides reçues et de réduire la recherche de fonds privés par l’équipe de gestion.
Le financement mixte est une option intermédiaire, plus diversifiée. Ainsi, une faible cotisation pour l’accès à
certains services (bulletin d’information, base de données, etc.) peut être conjuguée à une facturation au
service. Un financement public-privé est également envisageable : les subventions de l’Etat viennent
17
La procédure de création d’une association est régie par le décret-loi n° 88, daté du 24 septembre 2011.
57
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Diagnostic et stratégie locale
s’ajouter au financement propre des adhérents. Le cluster pourra compter sur la cotisation initiale de ses
membres fondateurs, fixée lors de la constitution du cluster.
Graphique 24 : Mode de financement du cluster (ensemble des acteurs)
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Diagnostic et stratégie locale
LA FORME DE GOUVERNANCE
Les avis sont partagés entre une forme participative et une forme hiérarchique. La forme hiérarchique est
souvent justifiée par le manque de compétences des acteurs et l’idée que le cluster doit être géré par des
experts et spécialistes du domaine. De plus, la forme hiérarchique permet une prise de décision plus facile et
plus rapide, évitant ainsi la lourdeur de gestion que peut entraîner une gestion collaborative.
La forme participative est souvent considérée comme la forme la plus adaptée à la démarche cluster, basée
sur une approche collaborative et non hiérarchique. L’approche participative est assurée par une
organisation en comités et assemblées.
Graphique 29 : Forme de gouvernance (transformateur et éleveurs)
59
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Diagnostic et stratégie locale
L’Assemblé générale
Organe suprême du cluster, elle réunit l’ensemble de ses membres et a pour principales missions de :
- définir l’organigramme, le mécanisme électoral et les prérogatives de chacun des organes du cluster ;
- valider les orientations stratégiques du cluster ;
- élire le Président du cluster et les membres du Conseil d’administration pour une durée à déterminer ;
- définir et modifier le règlement intérieur, décider de la procédure de dissolution, fusion ou scission ;
- établir les modalités de prise de décision et les mécanismes de règlement des conflits ;
- fixer le montant de la souscription mensuelle ou annuelle ;
- délibérer sur la situation morale, technique et financière du cluster ;
- définir et modifier le code déontologique.
Le Conseil d’administration
Organe exécutif élu par l’Assemblé Générale pour une durée déterminée, il peut être composé d’un
Président, d’un Vice-président, d’un Secrétaire général, d’un Trésorier et d’autant de personnes que
nécessaires au bon fonctionnement du Conseil. Ses principales missions sont de :
- définir les orientations et les objectifs stratégiques ;
- préparer le plan d’action et le programme d’activités qu’il soumet à l’Assemblée Générale ;
- assurer le bon fonctionnement administratif et financier du cluster ;
- veiller à l’exécution des décisions prises lors des assemblées générales ;
- valider la candidature des acteurs souhaitant adhérer au cluster.
L’équipe d’animation
Chargée de l’animation permanente du cluster, elle peut être composée d’un animateur ou coordinateur et
d’un chef de projet ou chargé de mission, qui assurent la mise en place d’une ou plusieurs actions
collectives à mener par le cluster. La taille de l’équipe d’animation dépend de la taille du cluster et de ses
activités. Les tâches de l’équipe d’animation sont :
- assurer la mise en œuvre des orientations stratégiques définies par le Conseil d’Administration ;
- développer les relations du cluster avec l’ensemble de ses partenaires ;
- veiller à la réalisation des objectifs et plans d’action définis ;
- superviser la gestion des affaires courantes du cluster ;
- mener des actions de sensibilisation et mobilisation des acteurs de la filière ;
- identifier et développer des services à forte valeur ajoutée au profit des membres ;
- assurer une offre de service pour un accompagnement collectif et personnalisé des adhérents.
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Valorisation des produits laitiers typiques de Bizerte
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Diagnostic et stratégie locale
Kamel Mabrouki, Directeur chargé des crédits agricoles à la Direction régionale de Bizerte de la
Banque Nationale Agricole (BNA)
Afin d’atteindre ces résultats, l’appui d’une structure de financement est indispensable, notamment pour les
éleveurs qui ont des difficultés d’accès aux financements. Associer M. Mabrouki au cluster permettrait donc
de résoudre un certain nombre de problèmes.
Dans une deuxième phase, le cluster pourrait mener un travail de valorisation du lait des éleveurs ayant
participé aux actions susmentionnées et atteint un niveau de qualité satisfaisant. Ces actions de valorisation
pourraient être menées en association avec des transformateurs de la région ou par les moyens propres du
cluster.
Groupement des éleveurs de la race tarentaise (GERT)
Ce groupement réunit des éleveurs de vaches tarentaises dans les gouvernorats de Bizerte et Tunis, qui
sont motivés pour travailler sur la valorisation du lait de la Tarentaise par sa transformation en fromage de
façon artisanale et dans le respect de la qualité.
Zied Ben Youssef, éleveur de brebis et fromager
Zied Ben Youssef est éleveur de brebis Sicilo-Sardes à Béja Nord. Depuis 2011, il préside le groupement
des éleveurs de brebis Sicilo-Sardes de Béja depuis 2011, créé en 2002. Avec deux membres de sa famille,
qui avaient également un élevage de brebis et des problèmes d’écoulement de leur lait, il a créé en 2007
« From Art Béja », la fromagerie artisanale de Béja, qui fabrique des produits artisanaux 100% brebis. Pour
garantir leur approvisionnement tout au long de l’année, les 3 associés ont également regroupé leurs
troupeaux en 2010 et créé « Les Trois Fermes », un élevage séparé entre brebis de saison d’un côté et de
contre saison de l’autre. Ce regroupement a permis aux 3 associés d’augmenter significativement le volume
de lait transformé et vendu : de 120 à 1 200 litres par jour entre 2007 et 2013. Les produits sont écoulés via
un point de vente à Béja et un autre à Tunis. Face à la curiosité des clients pour leurs produits, « Les Trois
Fermes » ont lancé en 2012 « La randonnée des Trois Fermes », qui permet aux participants de découvrir
les élevages ovins laitiers et produits du terroir de Béja Nord notamment les fromages artisanaux.
Une collaboration est envisagée entre le groupement des brebis laitière et celui des vaches tarentaises pour
faire des produits à base de lait mixte (ovin mélangé à du bovin).
Abdelkrim Bessadok, directeur de la SMVDA « Chergui »
Abdelkrim Bessadok dirige une SMVDA d’élevage bovin de 450 vaches. Le lait produit par cet élevage, de
bonne qualité, est actuellement vendu à un fromager. Abdelkrim Bessadok envisage de passer à la
transformation du lait à la ferme pour proposer un nouveau produit. Il pense notamment à un fromage type
Gorgonzola, fromage traditionnel à base de lait de vache à pâte persillée, qui est produit dans les régions de
Lombardie et du Piémont.
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Novembre 2013
Diagnostic et stratégie locale
Références
BIBLIOGRAPHIE
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Novembre 2013
Diagnostic et stratégie locale
SITES INTERNET
- Agence de Promotion des investissements agricoles
www.apia.com.tn/index.php/missions-apiamenu-16#.UZo0hqyriZ
- Blog laitier tunisien (21 novembre 2007). Races Laitières en Tunisie : La Prim'Holstein
bloglaitiertunisien.blogspot.fr/2007/11/races-laitires-en-tunisie-la.html
- Blog laitier tunisien (25 mars 2010). L'après l'agrément sanitaire
bloglaitiertunisien.blogspot.fr/2010/03/lapres-lagrement-sanitaire.html
- Centre National des Etudes Agricoles (CNEA) : www.cnea.nat.tn/cnea.htm
- Centre Technique Agro-Alimentaire(CTAA) : www.ctaa.com.tn
- Commissariats Régionaux au Développement Agricole (CRDA) : www.semide.tn/CRDA.htm
- GIVLAIT : www.givlait.com.tn
- Institut de la Recherche Vétérinaire de Tunisie (IRVT) : www.iresa.agrinet.tn/fr/instit/p_irvt.htm
- Office de l’élevage et du Pâturage (OEP) : www.oep.nat.tn
- Office des Terres Domaniales : www.otd.nat.tn
- Pôle de Compétitivité de Bizerte : www.pole-competitivite-bizerte.com.tn/index.php?code_menu=4
- Tustex (27 janvier 2005). Bien s’informer pour bien investir : www.tustex.com/nouveaute.php?code=150
- Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche (UTAP) : www.utap.org.tn/fr/index.php
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Diagnostic et stratégie locale
Annexes
Annexe 1 : Les institutions publiques et les organisations
professionnelles
Les acteurs publics
Le Ministère de l’Agriculture et des Ressources Hydrauliques
La structure de l'administration centrale a d’abord été définie par le décret n° 87-780 du 21 Mai 1987, portant
organisation du Ministère de la Production agricole et de l'Agro-alimentaire. Ce décret institue la Direction
Générale de la Production Animale (DGPA), comportant 3 directions : santé animale, zootechnie et hygiène
publique vétérinaire.
Par la suite, le décret n° 2001-419 du 13 février 2001, a fixé les attributions du Ministère de l'Agriculture et
des Ressources Hydrauliques, qui a pour mission « d’exécuter en coordination avec les ministères
intéressés, la politique de l'Etat dans le domaine agricole et de la pêche, de veiller à la promotion de ce
secteur et de favoriser la création d'un climat favorable pour son développement ».
La Direction Générale de la Production a ainsi intégré 2 directions : la Production Animale et l’Alimentation.
La Direction Générale des Services Vétérinaires (DGSV) a par ailleurs été créée. Au niveau de la filière, ses
missions incluent : le contrôle sanitaire des moyens de transport des produits alimentaires d’origine animale
et de leurs dérivés ; le contrôle sanitaire et la qualité des produits alimentaires d’origine animale et ses
dérivés au niveau de la production, la transformation, le stockage, la distribution et l’utilisation. Elle participe
également, avec les services compétents relevant du Ministère de la Santé Publique, au suivi de la
production des médicaments et des produits biologiques vétérinaires, au contrôle de leur qualité et à la
délivrance des autorisations de leur commercialisation.
Les Commissariats Régionaux au Développement Agricole (CRDA)
L’organisation régionale du Ministère de l’Agriculture est régie par le décret n°89-457 du 24 mars 1989, qui
délègue aux gouverneurs les pouvoirs du Ministère en matière de production agricole. Un CRDA a été ainsi
créé dans chaque gouvernorat en tant qu’établissement public à caractère administratif, doté de la
personnalité morale et de l'autonomie financière. Il est dirigé par un Commissaire nommé par décret sur
proposition du Ministre de l'Agriculture.
Le CRDA est chargé de la mise en œuvre de la politique agricole arrêtée par le gouvernement dans le
gouvernorat. Il réalise les actions de mise en valeur régionale dans le domaine agricole et assure toutes les
missions spécifiques qui lui sont confiées par la législation et la réglementation en vigueur.
En application du décret n° 89-832 du 29 juin 1989 sur l'organisation et le fonctionnement des CRDA,
chaque CRDA comprend des divisions et des arrondissements, dont le nombre et les attributions sont fixés
par les décrets d'organisation spécifiques.
L'arrêté du 16 Novembre 1981, complété par l'arrêté du 30 Mars 1984, fixe le nombre et les attributions des
arrondissements techniques placés sous l'autorité du CRDA. La nouvelle organisation du Ministère de
l'Agriculture et les attributions de l’arrondissement de production animale ont été amputées de la zootechnie,
des cultures fourragères, des aliments du bétail et de l'amélioration génétique, transférées au bureau
régional de l'Office de l'Elevage et des Pâturages (OEP).
Chaque arrondissement de production animale est divisé en un certain nombre de circonscriptions,
correspondant à la division du gouvernorat en délégations et ayant, à leur tête, un chef de circonscription qui
cumule les diverses missions prévues par l'arrêté ministériel du 16 novembre 1981. Les chefs de
circonscription sont placés sous l'autorité administrative du chef de la cellule territoriale de vulgarisation
(CTV). Ils consacrent en moyenne 80% de leur temps aux campagnes de prophylaxie obligatoires, dont une
part importante est exécutée par les techniciens placés sous leurs ordres.
L’Office des Terres Domaniales (OTD)
Créé en 1961, l’OTD est une entreprise publique qui gère une superficie de 153 000 ha répartis en 27 Agro-
Combinats et Unités Agro industrielles. Ses principales missions s’articulent autour des axes suivants : la
gestion des Terres Domaniales mises à sa disposition ; la diversification de la production agricole et
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Loi N°99- 31 du 5 Avril 1999, portant modification de la loi 90-73 du 30 juillet 1990 portant création de l’Agence de Vulgarisation et de
la Formation agricoles.
Décret N°99-2825 du 21 décembre 1999, modifiant le décret n° 87 779 du 21 mai 1987 portant organisation du Ministère de l’Agriculture
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Les entreprises locales et étrangères souhaitant s’installer au sein du technopôle et des espaces industriels
bénéficieront des services proposés par le PCB, soit directement à travers son vis-à-vis unique et le
Technopôle Agroalimentaire soit en partenariat dans le cadre du réseau AGRO’TECH. Ces services
comprennent l’assistance à l’implantation et/ou au développement des entreprises, ainsi que l’encadrement
des jeunes promoteurs.
La Banque Nationale Agricole (BNA)
Société anonyme créée en 1959, la BNA est à la fois une banque universelle et une banque de financement
de l’agriculture. Fidèle à sa vocation, elle soutient le secteur agricole, avec toutes ses composantes et
intervenants, en cohérence avec les orientations nationales. Tout en diversifiant ses activités, la BNA a
toujours accordé au financement des projets agricoles une place de taille dans ses plans d’actions et
stratégies à moyen et long terme.
Les 16 directions régionales de la BNA sont installées dans les chefs-lieux des gouvernorats et ont
notamment pour missions l'encadrement et l'assistance des succursales et agences relevant de leur zone de
compétence, la gestion des crédits commerciaux et industriels, la gestion des crédits agricoles, etc. La BNA
compte également 165 agences réparties sur l’ensemble du territoire tunisien.
19
Les textes qui régissent le fonctionnement des groupements interprofessionnels agricoles et agro-alimentaires sont :
- La loi n° 93-84 du 26/7/1993 qui définit ces structures comme étant des personnes morales, d’intérêt public économique, dotées de la
personnalité civile et de l’autonomie financière.
- Le décret n°94-1165 du 23 mai 1994, portant approbation des statuts-type des groupements interprofessionnels dans le secteur
agricole et agro-alimentaire
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Valorisation des produits laitiers typiques de Bizerte
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Diagnostic et stratégie locale
Elle est également structurée en 17 fédérations sectorielles, dont celle de l’agro-alimentaire, qui comprend
plusieurs chambres syndicales intervenant dans la plupart des branches. La fédération de l’agro-alimentaire
dispose de bureaux dans tous les gouvernorats et toutes les délégations de la Tunisie.
Les principales missions de l'UTICA sont de veiller à la défense des intérêts de ses membres, de contribuer
au développement économique du pays en coordination avec les pouvoirs publics et les autres partenaires
sociaux, ainsi de promouvoir les secteurs industriel, commercial et artisanal par le biais de services
techniques, de formation et de soutien.
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TEXTES REGLEMENTAIRES
Les transformateurs laitiers, pour la fabrication de ces produits, veilleront au respect des dispositions du
présent cahier des charges, des règles générales d’hygiène et de bonnes pratiques. Elles doivent se
conformer également à la réglementation en vigueur en la matière et notamment les dispositions de :
- Loi 92-117 du 17 décembre 1992 relative à la protection du consommateur ;
- Loi 2005-95 du 18 octobre 2005 relative à l’élevage et aux produits animaux ;
- Décret N° 66-139 du 02 avril 1966 relatif à la répression des fraudes dans le commerce et la fabrication
de la margarine de l’oléo-margarine et du smen ;
- Arrêté du 22 juillet 1985 portant homologation des normes tunisiennes relatives à la présentation et à
l’étiquetage des denrées alimentaires préemballées ;
- Arrêté du 29 octobre 1991 portant homologation des normes tunisiennes relatives aux méthodes
d’analyse du lait et dérivés ;
- Arrêté du 29 octobre 1991 portant homologation des normes tunisiennes relatives aux spécifications des
produits dérivés de lait ;
- Arrêté du 22 juillet 1994 portant homologation des normes tunisiennes relatives à l’analyse des produits
dérivés du lait ;
- Arrêté du 26 mai 2006 fixant les modalités du contrôle sanitaire vétérinaire, les conditions et les
procédures d'octroi de l'agrément sanitaire des établissements de production, de transformation et de
conditionnement des produits animaux ;
- Arrêté du 23 août 2006 portant homologation des normes tunisiennes relatives au lait cru destiné à la
transformation et aux laits fermentés ;
- Arrêté du 3 septembre 2008 relatif à l’étiquetage et la présentation des denrées alimentaires pré
emballées ;
- Arrêté du 05 janvier 2009 portant approbation du cahier des charges fixant les conditions du transport du
lait frais ;
- Arrêté du 16 avril 2013 relatif à l’annulation du caractère obligatoire des normes tunisiennes dans le
secteur des industries agroalimentaires.
CONTROLE DE CONFORMITE
Les unités de fabrication des produits typiques laitiers de Bizerte et Béja sont tenues au respect des
exigences du présent cahier des charges, dès son approbation par les autorités compétentes. En outre, ces
unités sont appelées à mettre en place un système de contrôle interne permettant d’assurer le respect des
règles d’hygiène et de bonnes pratiques tout au long du processus de fabrication et de la mise en vente des
produits. Les éventuelles défaillances seront portées sur un cahier spécialement conçu à cet effet, ainsi que
les actions correctives entreprises pour y remédier et leur efficience.
L’unité doit mettre au point un système de codification de ses sources d’approvisionnement et de ses points
de vente afin d’assurer une traçabilité efficace. Elle tiendra également un registre où seront portées toutes
les informations relatives à la collecte, le transport, le stockage du lait, la production du fromage, ainsi que sa
mise en vente. Ce registre comportera notamment :
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Diagnostic et stratégie locale
- l’identification de l’éleveur, ou le centre de collecte (ce dernier est tenu de fournir l’identification de
l’origine de son approvisionnement), ayant fourni le lait de vache ou de brebis ;
- les quantités fournies, ainsi que la date et l’heure de livraison ;
- les caractéristiques contrôlées du lait fourni ;
- la date et l’heure de fabrication du fromage (début et fin du process) ;
- la durée de stockage du produit, au sein de l’unité de fabrication ;
- la date et l’heure de livraison du produit fini aux points de vente ;
- chaque lot de produit doit comporter une indication permettant d’assurer la traçabilité.
Ce registre sera présenté aux structures chargées de l’application du présent cahier des charges.
OPERATEURS DE LA FILIERE
Les opérateurs concernés par le présent cahier des charges sont essentiellement les éleveurs de bovins des
régions citées à l’article ci-dessous, les centres de collecte, les transporteurs et les unités de transformation
du lait. Chaque unité devra identifier ses éleveurs, centres de collecte et/ou transporteurs de lait.
Les éleveurs doivent veiller à effectuer un contrôle vétérinaire annuel sur le cheptel afin de dépister la
tuberculose et la brucellose et procéder aux vaccinations. D’autre part, les mammites, responsables de
chute de production et de changement dans la composition du lait, le rendant impropre à la transformation,
sont éradiquées des élevages. Les éleveurs veilleront régulièrement au nettoyage des étables et à leur
désinfection.
Les unités de transformation, nonobstant les règles générales d’hygiène dans la manipulation du lait et les
textes réglementaires cités plus haut, sont tenues d’observer les conditions suivantes :
- le lait doit être réfrigéré tout de suite après la traite ;
- la livraison à l’usine doit se faire dans des véhicules réfrigérés ;
- le lait réceptionné doit être maintenu à une température de 4 °C ;
- le stockage du lait dans ces conditions ne peut excéder les 24 heures.
Ces unités veilleront à la conformité des conditions de transport aux règles d’hygiène pour leur propre
compte. Le cas échéant, les transporteurs mandatés devront se conformer à la réglementation en vigueur en
matière de transport de produits laitiers.
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Diagnostic et stratégie locale
Le leben vendu peut contenir également des morceaux de beurre flottant en surface. La date limite de
consommation (DLC) du leben est de 2 jours.
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Lait cru
Le lait cru est placé à température ambiante pendant 18 à 24h
A température ambiante
18 à 24h environ, selon la température et l’acidité initiale du lait.
Malaxage à l’eau froide Le lavage à l’eau se poursuit jusqu’à obtention d’une eau claire.
Elimination du lait fermenté
Formation de mottes de beurre Le beurre est formé en motte. La motte est réfrigérée à 4°C
Conservation 2 à 3 jours à 4 C jusqu’à 2 jours puis livrée à la vente.
La zebda arbi est livrée en motte aux points de vente, conservée à 4°C et vendue à la coupe aux
consommateurs. La DLC est fixée à 5 jours.
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Valorisation des produits laitiers typiques de Bizerte
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Diagnostic et stratégie locale
Lait cru
Le lait cru est placé à température ambiante pendant 18 à
A température ambiante
24h environ, selon la température et l’acidité initiale du lait.
18 à 24h
Barattage pendant 30 à 45 min Le caillé est placé dans une baratte pendant 30 à 45 min,
permettant une séparation du beurre.
Séparation du beurre du lait Le beurre récupéré est malaxé avec de l’eau froide pour en
fermenté extraire le lait fermenté.
Le smen est une sorte de beurre fermenté cuit clarifié. Il peut être conservé à température ambiante
pour une longue période d’environ 12 mois.
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Pasteurisation rapide à 65 C Le lait, partiellement écrémé, est chauffé à 65°C pour une
Refroidissement à 37-38 C pasteurisation rapide, puis refroidi à 37-38°C.
Emprésurage 2ml/10l de lait A cette température la présure (1/5000) est ajoutée à raison
Repos de 30min de 2ml/10l de lait en moyenne.
Moulage à la main Le caillé est soutiré de la cuve puis moulé à la main (avec ou
Addition de sel sans sel) en forme de cône de la taille d’une poignée.
Saumurage dans saumure saturée Il est directement placé dans une saumure saturée.
Le testouri est présenté sous forme de cônes de 25 à 150 g. Lors de la fabrication, il est permis
d’ajouter du poivre ou du persil. La DLC du testouri conservé à 4°C est fixée à 5 jours.
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Lactosérum à 70-75 C
Le lactosérum issu de la fabrication des autres fromages est
placé dans une cuve et porté à 70-75°C.
Conservation à 4 C
Vente dans les 24 h
La rigouta au lait de vache est présentée sous forme cylindrique de 0,6 à 1,5 kg. La DLC de la rigouta
conservée à 4°C est fixée à 5 jours.
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OPERATEURS DE LA FILIERE
Les opérateurs concernés par le présent cahier des charges sont essentiellement les éleveurs de brebis
Sicilo-Sardes regroupés en groupement de développement agricole (GDA) de la zone définie à l’article ci-
dessous, ainsi que les éventuels transporteurs et les unités de transformation du lait. Chaque unité devra
identifier ses éleveurs et transporteurs.
Les éleveurs doivent respecter un programme sanitaire incluant la vaccination des agneaux et des brebis. Ils
veilleront à procéder régulièrement au nettoyage des bergeries et à leur désinfection.
Les unités de transformation, nonobstant les règles générales d’hygiène dans la manipulation du lait et les
textes réglementaires cités plus haut, sont tenues d’observer les conditions suivantes :
- le lait de la traite du matin est transformé tout de suite, celui du soir est réfrigéré pour être transformé le
lendemain ;
- la livraison à l’usine doit se faire dans des véhicules réfrigérés ;
- le lait réceptionné doit être maintenu à une température de 4 °C ;
- le stockage du lait dans ces conditions ne peut excéder les 24 heures.
Ces unités veilleront à la conformité des conditions de transport aux règles d’hygiène pour leur propre
compte. Le cas échéant, les transporteurs mandatés devront se conformer à la réglementation en vigueur en
matière de transport de produits laitiers.
MODE DE CONDUITE
Selon la taille du troupeau, le système
de production est soit semi-intensif (200
à 300 têtes) soit extensif (10 à 20
têtes). L’alimentation est basée sur le
pâturage, avec des parcours naturels,
ou sur les chaumes, avec un recours
fréquent à des compléments (foin,
pailles et concentrés).
La période de lutte a traditionnellement
lieu entre avril et juin, ce qui correspond
à une période de lactation s’étalant de
novembre à juin. Actuellement, dans le
GDA de Béja, le décalage de la période
de lutte d’une partie du troupeau permet
d’étendre la période de lactation et donc
de transformation.
La brebis Sicilo-Sarde se caractérise par une production totale de lait comprise entre 68 et 86 kg pour une
durée de lactation moyenne de 225 jours. La moyenne journalière est de 0,53 kg (Moujahed et al., 2008). La
traite se fait manuellement.
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Diagnostic et stratégie locale
CARACTERISATION DU LAIT
Le lait de brebis Sicilo Sarde présente la composition suivante :
Matière grasse 7,04% %
Protéines 5,45 %
Matière sèche 16,92 %
Cendres 0,94 g/l
pH 6,79 -
Acidité 23,24 °D
Source : Ben Sid El Haj et al., 2009.
La totalité de la production de lait est destinée à la transformation. Deux créneaux existent actuellement
dans la région de Béja et de Mateur : des unités de transformation artisanales produisent des fromages frais
(sicilien, rigouta, etc.), très appréciés par le consommateur local, et des unités industrielles produisent des
fromages connus sur le marché national (Carré de Mateur, Numidia, etc.).
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Méthode d’obtention
La DLC du sicilien de Béja est de 5 jours. Les quantités non vendues dans la journée peuvent être
placées dans une saumure, séchées complètement, puis râpées et salées et vendues en tant que
« fromage râpé ».
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Méthode d’obtention
Addition de 10 à 15%
10 à 15% de lait de brebis frais sont ajoutés au lactosérum
de lait de brebis frais
Addition de sel chaud. Du sel est additionné au goût.
Moulage manuel dans Il est rempli dans des moules en plastique perforés.
des moules en plastique perforés
La rigouta de Béja est livrée conditionnée dans des pots perforés de 0,6 à 1,5 kg et vendue au
consommateur en pots ou à la coupe. La DLC est de 2 jours.
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Méthode d’obtention
Lait cru de brebis Le lait cru est placé dans une grande cuve.
Trempage des moules dans du lactosérum A ce stade, les moules sont trempés pendant 30 à 45 min
préchauffé à 70-75 C pendant 30 à 45 min dans du lactosérum préalablement chauffé à 70-75°C.
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Diagnostic et stratégie locale
Méthode d’obtention
Pasteurisation rapide à 75 C Le lait cru collecté le jour même est pasteurisé à 75°C puis
Refroidissement à 38 C refroidi à 38°C.
Etuvage à 40-42 C pendant 5h Il est placé à l’étuve pour incubation à 40-42°C pendant 5h.
Conservation à 4 C
Il est vendu le lendemain.
Vente dans les 24h
Le yaourt au lait de brebis peut être conservé à 4°C et la DLC est fixée à 5 jours.
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Diagnostic et stratégie locale
Méthode d’obtention
Pasteurisation à 75 C
Refroidissement à 40 C
Le lait cru de brebis est pasteurisé à 75°C puis refroidi à 40°C.
Addition de présure La présure est alors ajoutée. Après un temps de repos de 1h,
Repos de 1h / Coagulation la coagulation a lieu.
Addition d’un film isolant 10 jours avant sa commercialisation, le fromage est recouvert
Commercialisation d’une couche isolante pour une meilleure conservation.