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I. Introduction
La machine synchrone est une machine réversible de conversion électro-mécanique. Elle est
principalement utilisée dans le domaine de production d’énergie électrique à partir d'énergie
mécanique où elle porte le nom d’alternateur lorsque sa vitesse est fixe (exemple de centrale
thermique, hydraulique, nucléaire, etc). Lorsque sa vitesse est variable (exemple de centrale
éolienne), elle est dite génératrice synchrone. Elle est rarement utilisée dans le domaine de
production d'énergie mécanique à partir d'énergie électrique où elle porte le nom de moteur
synchrone car sa vitesse de rotation doit être proportionnelle à la fréquence d’alimentation.
Mais avec le développement de l’électronique de puissance, elle vient à occuper de plus en
plus une large place dans le domaine des entrainements réglées (exemple chaîne de traction
des TGV en France).
Notre étude de la MS est limitée aux cas des machines triphasées et une fréquence fixe des
tensions et courants statoriques.
𝑃′ , 𝑄 ′ 𝐼 𝑃, 𝑄 M
𝑍
𝐸 𝑍𝐼
𝐸 𝑉
𝐽. 𝑋𝐼
A
O 𝑉 𝑅. 𝐼
Figure III.1. Choix du sens positif de l’écoulement des puissances et le diagramme simplifié de Behn-Eschenburg
Sur le diagramme simplifié, nous traçons l’axe (AP) qui forme un angle 𝜑 (angle de charge)
avec l’axe (AM) et l’axe (AQ) perpendiculaire à l’axe (AP) (Figure III.2). La projection du
point M, qui représente le mode de fonctionnement de la MS, donne dans une échelle de
tension les puissances active et réactive débitées ou absorbées.
- La projection du point de fonctionnement M, sur l’axe (AP) donne le point 𝑀′ tel que :
𝐴𝑀 ′
𝐴𝑀′ = 𝑍. 𝐼. 𝑐𝑜𝑠𝜑, ce qui donne la puissance active crée ou absorbée 𝑃 = 3. 𝑉. 𝑍
- La projection du point de fonctionnement M, sur l’axe (AQ) donne le point A′′ tel que :
𝐴𝑀 ′′
𝐴𝑀′ = 𝑍. 𝐼. 𝑠𝑖𝑛𝜑, ce qui donne la puissance réactive crée ou absorbée 𝑃 = 3. 𝑉. 𝑍
L’axe (AP) est dit l’axe de puissance active et l’axe (AQ) est dit l’axe de puissance réactive.
47
P
𝑀′
M
𝐸 𝑍𝐼
𝜑
A
𝜑
O 𝑉
𝐼 𝑀′′ Q
Figure III.2. Représentation des axes des puissances dans le diagramme Behn-Eschenburg
Le point de fonctionnement peut se situer dans un des quatre quadrants selon le signe des
puissances active réactive.
Quadrant : 𝑃 > 0 et 𝑄 > 0
La MS fournie la puissance active désignant qu’elle fonctionne comme alternateur. En plus,
elle fournie la puissance réactive au récepteur branché à ces bornes.
Quadrant : 𝑃 > 0 et 𝑄 < 0
La MS fournie la puissance active désignant qu’elle fonctionne comme alternateur. Mais, elle
absorbe la puissance réactive depuis le récepteur branché à ces bornes.
Quadrant : 𝑃 < 0 et 𝑄 > 0
La MS absorbe la puissance active désignant qu’elle fonctionne comme moteur. Mais, elle
fournie la puissance réactive à la source branché à ces bornes.
Quadrant : 𝑃 < 0 et 𝑄 < 0
La MS absorbe la puissance active désignant qu’elle fonctionne comme moteur. En plus, elle
absorbe la puissance réactive depuis la source branchée à ces bornes.
Quadrant P M Quadrant P
M
𝐸 𝐸 𝑍𝐼
𝑍𝐼
O 𝑉 A Q O 𝑉 A Q
P P
A A
O O
𝑉 Q 𝑉 Q
𝑍𝐼 𝐸 𝑍𝐼
𝐸
M M
Quadrant Quadrant
48
La capacité à fonctionner dans les quatre quadrants électriques est une des particularités de la
machine synchrone. Il est en effet possible de rendre à volonté la machine inductive ou
capacitive, que ce soit en fonctionnement moteur ou alternateur. Il suffit pour cela d’agir sur
l’amplitude de la f.é.m, c’est à dire sur le courant d’excitation.
III. Caractéristique en charge de l’alternateur isolé
Afin de prédéterminer les caractéristiques de l’alternateur, nous utilisons le diagramme de
Behn-Eschenburg. Le fonctionnement de l’alternateur est caractérisé par un ensemble des
grandeurs à savoir le courant d’excitation (ou bien la f.é.m à vide), la tension à ces bornes, le
courant de charge (amplitude et déphasage) et la vitesse de rotation. Lors de l’étude de la
variation d’une grandeur en fonction d’une autre, il faut fixer le reste des grandeurs à ces
valeurs nominales.
𝑐𝑜𝑠 𝜑 = 0.8 𝐴𝑅
𝑐𝑜𝑠 𝜑 = 0.6 𝐴𝑅
𝑐𝑜𝑠 𝜑 = 1
𝑉 M
𝑐𝑜𝑠 𝜑 = 0.8 𝐴𝑉
𝐽. 𝑋𝐼
𝐸
𝑐𝑜𝑠 𝜑 = 0.6 𝐴𝑉
O
𝑅. 𝐼
49
𝑐𝑜𝑠 𝜑 = 0.8 𝐴𝑉
𝐸
𝑐𝑜𝑠 𝜑 = 1
𝑐𝑜𝑠 𝜑 = 0.8 𝐴𝑅
𝑐𝑜𝑠 𝜑 = 0.6 𝐴𝑅
𝐼(𝐴)
Figure III.5. Courbes de variation 𝑉(𝐼) à vitesse et excitation constantes pour différentes valeurs du facteur de
puissance
Sur charge inductive, l’allure de la courbe s’explique de la même façon que pour la charge
résistive. La seule différence réside dans celle de la chute inductive. Pour une charge
inductive, la réaction d’induit est longitudinale démagnétisante (en opposition avec le flux
inducteur). Le flux résultant sera donc plus faible diminuant automatiquement la valeur de la
tension aux bornes de la machine.
Sur charge capacitive, nous retrouvons aussi la chute de tension résistive allant dans le sens de
réduire la tension aux bornes de la machine. Cependant, la chute de tension du à la réaction
d’induit complètera la première. Pour une charge capacitive, la réaction d’induit est
longitudinale magnétisante (de même sens que le flux inducteur). Le flux rotorique résultant
sera donc plus important en augmentant automatiquement la valeur de la tension aux bornes
de l’alternateur.
III. 2. Caractéristique de réglage 𝐉(𝐈)
Ces courbes peuvent être déduites directement du diagramme de la figure III.4 et les courbe
de la caractéristique externe. Afin de maintenir une tension aux bornes de l’alternateur
constante, nous devons ajuster pour chaque variation de charge, la valeur du courant
d’excitation. Cette variation sera donc d’autant plus importante que la somme des différentes
chutes de tension sera élevée (Figure III.6).
Pour une charge résistive, Nous devons donc créer plus de f.é.m afin de compenser la chute de
tension ohmique de la résistance interne du bobinage statorique et la chute de tension due à la
réaction d’induit. Comme ces deux chutes de tension vont dans le sens de réduire la f.é.m,
nous, nous devons toujours augmenter le courant d’excitation.
Sur charge inductive, l’allure de cette courbe est du même type que pour la charge résistive si
ce n’est que l’augmentation du courant d’excitation doit être plus importante pour chaque
50
𝑐𝑜𝑠 𝜑 = 0.6 𝐴𝑅
𝑐𝑜𝑠 𝜑 = 0.8 𝐴𝑅
𝐽0 𝑐𝑜𝑠 𝜑 = 1
𝑐𝑜𝑠 𝜑 = 0.8 𝐴𝑉
𝑐𝑜𝑠 𝜑 = 0.6 𝐴𝑉
𝐼(𝐴)
Figure III.6. Courbes de variation 𝐽(𝐼) à vitesse et tension constantes pour différentes valeurs du facteur de
puissance
Remarques
- Lorsque l’alternateur débite sur une charge très capacitive, la réactance d’induit est
magnétisante. Une faible excitation peut engendrer une tension très élevée. En
négligeant la résistance de l’induit, nous pouvons écrire la relation suivante :
𝐸 = 𝑉 + 𝑗𝑋𝐼 (III.1)
Avec
Ceci explique que pour une valeur de 𝑋𝐶𝜔 très proche de 1, juste la f.é.m rémanente donne
une très haute tension aux bornes de l’alternateur. En pratique la saturation limite la valeur de
la tension 𝑉. Ce phènomène est dit l’auto-amorçage de l’alternateur.
51
- Lorsque l’alternateur est fortement excité pour travailler à pleine charge sous le
facteur de puissance nominal et en cas de suppression brusque de la charge, la tension
aux bornes de l’alternateur tend rapidement à une valeur anormalement élevée. Ce
risque est plus grave lorsque l’alternateur est directement lié à un transformateur
élévateur. Il est nécessaire de se disposer d’un disjoncteur de dé-excitation pour éviter
ce risque.
IV. Caractéristique en charge d’un alternateur relié à un réseau puissant
Il arrive souvent qu’on branche un alternateur à un grand réseau comportant déjà plusieurs
centaines d'alternateurs. Ce réseau est tellement puissant qu'il impose une tension et une
fréquence constantes à tout appareil branché à ses bornes. C'est pourquoi on l'appelle réseau
infini. Une fois couplé à un grand réseau (réseau infini), un alternateur fait partie d'un système
comprenant des centaines d'autres alternateurs. Il est alors impossible de préciser la nature de
la charge (grosse ou petite, résistive, inductive ou capacitive) branchée aux bornes de cet
alternateur en particulier.
IV. 1. Détermination du fonctionnement
La tension et la fréquence étant appliquées aux bornes de la machine (constantes), les
paramètres restants qui caractérisent le point de fonctionnement sont la f.é.m (par action sur le
courant d’excitation) et le courant de charge (par action sur le couple mécanique).
- Le fonctionnement de l’alternateur à puissance fournie constante est déterminé par le
courant d’excitation qui donne la f.é.m correspondante. Ainsi, le point de
fonctionnement se déplace selon l’axe 𝑃 = 𝐶 𝑡𝑒 parallèle à l’axe des puissances
réactives (figure III.7.a).
- Le fonctionnement de l’alternateur à courant constant est déterminé par le courant
d’excitation et le couple mécanique sur l’arbre de la machine. Ainsi, le point de
fonctionnement se déplace selon le demi-cercle de centre A et de rayon 𝑍. 𝐼 (figure
III.7.b).
- Le fonctionnement de l’alternateur à courant d’excitation constant est déterminé par le
couple mécanique sur l’arbre de la machine. Ainsi, le point de fonctionnement se
déplace selon le demi-cercle de centre O et de rayon 𝐸 (figure III.7.c).
P
𝑃 = 𝐶 𝑡𝑒
M
M
𝐸
𝐸 𝑍𝐼
𝑍𝐼
O 𝑉 A Q O 𝑉 A
(a) (b)
52
𝐸 𝑍𝐼
O 𝑉 A
𝑃𝑚𝑎𝑥
M3 𝑃3
M2 𝑃2
𝑃1 M1
𝑃0 M0
A0 𝐸 𝑍𝐼
O 𝑉 A
Figure III.8. Représentation de la puissance maximum d’un alternateur à tension, f.é.m et fréquence constantes
La puissance maximale qu'un alternateur peut débiter dans un réseau infini correspond au
point déterminé par le tangent du cercle et le parallèle à l’axe de puissances réactives. La
puissance active maximale est alors :
53
3𝑉 3𝑉 3𝑉
𝑃𝑚𝑎𝑥 = 𝐴0 𝑀𝑚𝑎𝑥 = 𝑂𝑀𝑚𝑎𝑥 − 𝑂𝐴0 = 𝐸 − 𝑉𝑐𝑜𝑠𝜉
𝑍 𝑍 𝑍
𝑋
Avec 𝜉 est l’argument de l’impédance interne de l’alternateur tan 𝜉 = 𝑅 . Lorsqu’on
néglige la résistance interne devant la réactance synchrone, on obtient :
3𝑉𝐸
𝑃𝑚𝑎𝑥 = (III.2)
𝑋
M’ M
𝐸 𝑗. 𝑋𝐼
O 𝛿
𝑉 A
3𝑉𝐸
𝑃= 𝑠𝑖𝑛𝛿 (III.3)
𝑋
Il est clair que la puissance électrique transmise au réseau est maximum lorsque la valeur de
𝜋
l’angle interne 𝛿 atteint 2 . Afin que le fonctionnement soit stable, Il faut que l’angle interne
π
reste inférieur à un angle limite proche de 2 .
V. Caractéristique du moteur synchrone
L'interaction entre les champs d’induction étant un phénomène réversible, rien n'empêche la
machine synchrone de fonctionner en moteur. Il suffit pour cela d'alimenter son enroulement
du stator par un réseau triphasé adéquat en présence du champ inducteur au rotor. Le seul
problème qui se pose, c'est que le champ rotorique est indépendant et qu'il tourne dans
l'entrefer à la vitesse du rotor. L'interaction mécanique est donc nulle tant qu'il n'y a pas de
synchronisme, ce qui élimine toute possibilité de démarrage direct sur un réseau à fréquence
fixe. On peut remédier à ce problème en assurant une alimentation à fréquence variable en
fonction de la vitesse instantanée du moteur synchrone (une méthode connue sous le nom du
54
‘autopilotage du moteur synchrone’) Durant notre étude on s’intéresse qu’au régime établi, où
le moteur tourne effectivement à la vitesse de synchronisme.
La tension aux bornes du moteur synchrone lui étant imposée par le réseau qui l’alimente, il
est évident donc d’étudier le fonctionnement du moteur à tension constante.
V. 1. Détermination du fonctionnement
La tension et la fréquence étant appliquées aux bornes de la machine (constantes), les
paramètres restants qui caractérisent le point de fonctionnement sont la f.é.m (par action sur le
courant d’excitation) et le courant de charge (dépendant de la charge entrainée).
- Le fonctionnement du moteur synchrone à puissance absorbée constante est déterminé
par le courant d’excitation qui donne la f.é.m correspondante. Ainsi, le point de
fonctionnement se déplace selon l’axe 𝑃 = 𝐶 𝑡𝑒 parallèle à l’axe des puissances
réactives (figure III.10.a).
- Le fonctionnement du moteur synchrone à courant constant est déterminé par le
courant d’excitation et le couple résistant de la charge entrainée. Ainsi, le point de
fonctionnement se déplace selon le demi-cercle de centre A et de rayon 𝑍. 𝐼 (figure
III.10.b).
- Le fonctionnement du moteur synchrone à courant d’excitation constant est déterminé
par le couple résistant de la charge entrainée. Ainsi, le point de fonctionnement se
déplace selon le demi-cercle de centre O et de rayon 𝐸 (figure III.10.c).
P
A A
O 𝑉 Q O 𝑉
𝑍𝐼
𝐸 𝑍𝐼
𝐸
M
M
𝑃 = 𝐶 𝑡𝑒
(a) (b)
O 𝑉 A
𝑍𝐼
𝐸
M
(c)
Figure III.10. Représentation du fonctionnement d’un moteur synchrone à tension et fréquence constantes
55
𝐼(𝐴)
𝑃𝑢 = 𝑃3 > 𝑃2
𝑐𝑜𝑠 𝜑 = 1 𝑃𝑢 = 𝑃2 > 𝑃1
𝐽0
𝑃𝑢 = 𝑃1
𝑃𝑢 = 0
𝐽(𝐴)
Figure III.11. Courbes de variation 𝐽(𝐼) à vitesse et tension constantes pour différentes valeurs de la puissance
𝐼(𝐴)
Figure III.12. Courbes de variation 𝐽(𝐼) à vitesse et tension constantes pour différentes valeurs du facteur de
puissance
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A0
O 𝑉 A
𝑍𝐼
𝐸
𝑃0
M0
𝑃1
M1
M2
𝑃2
M3
Mmax 𝑃3
𝑃𝑚𝑎𝑥
Figure III.13. Représentation de la puissance maximum d’un moteur à tension, excitation et fréquence constantes
La puissance maximale qu'un moteur peut absorber d’un réseau infini correspond au point
déterminé par le tangent du cercle et le parallèle à l’axe de puissances réactives. La puissance
active maximale est alors :
3𝑉 3𝑉 3𝑉
𝑃𝑚𝑎𝑥 = 𝐴0 𝑀𝑚𝑎𝑥 = 𝐸 + 𝑂𝐴0 = 𝐸 + 𝑉𝑐𝑜𝑠𝜉
𝑍 𝑍 𝑍
𝑋
Avec 𝜉 est l’argument de l’impédance interne du moteur tan 𝜉 = 𝑅 . Lorsqu’on néglige la
résistance interne devant la réactance synchrone, on obtient :
3𝑉𝐸
𝑃𝑚𝑎𝑥 = (III.4)
𝑋
En négligeant quelques pertes au stator, le couple électromagnétique maximum est
directement lié à la puissance maximum comme suit :
𝑃𝑚𝑎𝑥 3𝑉𝐸
𝐶𝑚𝑎𝑥 = = (III.5)
Ω 𝑋Ω
Remarques
Le compensateur synchrone est un moteur synchrone qui tourne à vide dont la seule fonction
est de fournir ou d'absorber de la puissance réactive sur une ligne de transport ou sur un
réseau. Dans le domaine d’exploitation, pour régler la tension d'un réseau, on doit lui fournir
57
une puissance réactive pendant les heures de pointe. Inversement, pendant les périodes
creuses, on doit absorber l'excès de puissance réactive générée dans le réseau. Le
compensateur synchrone permet de compenser ces fluctuations de puissance réactive en
ajustant l'excitation selon les besoins. Le compensateur agit alors comme une énorme
capacitance ou inductance variable dont la valeur est réglable automatiquement en faisant
varier le courant d'excitation de son inducteur.
Le fonctionnement du compensateur synchrone est déterminé par une puissance utile nulle. La
puissance absorbée par ce moteur n'est que la somme des pertes. Le point de fonctionnement
se déplace alors selon une droite parallèle à l’axe de puissances réactives.
P
𝑉 A
O Q
𝐸 M
𝑃 = Σ𝑝𝑒𝑟𝑡𝑒𝑠
58
Bibliographie
- G. Séguier, F. Notelet, ’’Electrotechnique industrielle’’, Téch et Doc, 1987.
- M. Kostenko et L. Piotrovski, ”Machines Electriques : Machines à Courant Alternatif”, Tome
II, 3ème édition, Édition MIR, 1979.
- A. Ivanov-Smolensky, ”Electrical Machines”, Édition MIR, 1982.
- G. R. Slemon, ”Electrical machine and drives”, Addison-Wesley publishing company, 1992.
- Cours d’Electricité 2 — Électrotechnique ’’L’alternateur synchrone’’, I.U.T Mesures
Physiques, Université Montpellier 2, Année universitaire 2008-2009.
- A. Fouillé, ’’Électrotechnique à l 'usage des ingénieurs : Machines électriques’’ , Tome II,
Édition Dunod, 1957.
59
I. Introduction
La puissance distribuée par un réseau électrique est généralement produite par un ensemble
des alternateurs débitants en parallèle sur ce réseau. Une centrale de production comporte
donc plusieurs alternateurs couplés en parallèle au lieu d’un seul alternateur puissant. Non
seulement parce qu'en cas d'une panne sur l'unique alternateur ou en cas de besoin de
maintenance périodique, il faudrait disposer d'une machine de secours de même puissance,
mais encore parce que la puissance demandée par un réseau est très variable. Ainsi un seul
générateur prévu pour la charge maximale fonctionnerait avec un rendement médiocre à
fraction de charge.
La mise en parallèle des machines synchrones exige les conditions de couplage suivantes :
- L’égalité de la fréquence ;
- L’ordre de succession de phase est la même ;
- Les tensions à vides de chaque machines sont les mêmes.
Remarques
Dans ce chapitre, nous négligeons la résistance de l’induit de la MS devant sa réactance.
II. Couplage des alternateurs à vide
II. 1. Couplage de deux alternateurs identiques
Soient deus alternateurs identiques A1 et A2. L’alternateur A1 étant initialement relié aux jeux
de barre ABC (mais ne débite aucun courant) et les conditions de couplage étant vérifiés, c’est
la fermeture de l’interrupteur K2 qui met l’alternateur A2 en parallèle avec l’alternateur A1.
B
C
K1 K2
L’induit de 𝐸1 𝐸2 L’induit de
l’alternateur A1 l’alternateur A2
𝐼1 𝐼2
𝑗𝑋1 𝑗𝑋2
𝐸1 𝑉 𝐸2
60
A l’instant du couplage les deux f.é.m sont égales mais peuvent ne pas être en phase. Dans ce
cas, un courant 𝐼1 égale −𝐼2 circule entre les deux enroulements de l’induit des deux
alternateurs de sorte que :
Puisque les valeurs efficaces des courants 𝐼1 , 𝐼2 sont égales, les deux réactances sont égales
(𝑋1 = 𝑋2 = 𝑋), ainsi que les valeurs efficaces des f.é.m 𝐸1 , 𝐸2 , on peut déduire le vecteur
tension 𝑉 comme suit :
𝐸1 +𝐸2
𝑉= (IV.2)
2
𝐸1
𝑗𝑋1 𝐼1
𝐼2 𝜃 𝐼1
O 𝑉
𝐸2 𝑗𝑋2 𝐼2
3 𝐸2
L’alternateur A2 débite la puissance 𝑃2 = − 2 𝑠𝑖𝑛𝜃 = −𝑃1
𝑋
Cette puissance est dite la puissance synchronisante, elle est fournie par celui qui tend à aller
plus vite à celui qui tend à aller plus lent. Elle freine le premier et accélère le deuxième pour
les obliger à tourner à la même vitesse.
Après la fermeture de l’interrupteur qui met en parallèle les deux alternateurs, l’ensemble
provoque quelque oscillations autour de 𝜃 négligeable. Sinon, l’angle 𝜃 continue à croitre et
la puissance synchronisante augmente aussi. Le courant circulant entre les deux stators
augmente et prend des valeurs anormalement élevées qui doit provoquer l’ouverture
automatique de l’interrupteur.
61
Remarque :
Si on couple deux alternateurs à réactances différentes (𝑋1 ≠ 𝑋2 ), il suffit de remplacer "2𝑋"
par 𝑋1 + 𝑋2 dans les relations (IV.4) et (IV.5) comme suit :
2𝐸 𝜃
𝐼1 = 𝐼2 = 𝑋 𝑠𝑖𝑛 2 (IV.6)
1 +𝑋2
Et
3𝐸 2
𝑃1 = 𝑋 𝑠𝑖𝑛𝜃 (IV.7)
1 +𝑋2
Soient un alternateur de réactance 𝑋 à coupler à vide avec le réseau. En supposant que les
conditions de couplage sont déjà vérifiées. Le courant et la puissance de synchronisation sont
déduits directement des relations (IV.6) et (IV.7) en remplaçant 𝑋1 par 𝑋, 𝑋2 par zéro et 𝐸
par 𝑉 comme suit :
2𝑉 𝜃
𝐼= 𝑠𝑖𝑛 2 (IV.8)
𝑋
Et
3𝑉 2
𝑃1 = 𝑠𝑖𝑛𝜃 (IV.9)
𝑋
B
C
L’induit de
l’alternateur
62
𝐼1 𝐼2
𝑗𝑋1 𝑗𝑋2
𝐸1 𝑉 𝐸2
Figure IV.5. Schéma équivalent monophasé de deux alternateurs chargés et couplés en parallèle
P
𝑃 M
M2
𝑃1,2 M1
𝐸1,2
𝑗𝑋𝐼1,2
𝜃1,2
Q
O 𝑉 𝑄1,2 𝑄
𝐼1,2
Figure IV.6. Représentation vectorielle de la marche en parallèle de deux alternateurs également chargés
Remarques :
En pratique, Si la puissance demandée par la charge augmente sans que la puissance
mécanique reçue augmente, les alternateurs ralentissent (ce qui provoque une diminution de la
63
fréquence) et la tension aux bornes des alternateurs diminue. Dans le cas où les alternateurs ne
sont pas entraînés par le même dispositif, les angles 𝜃1 et 𝜃2 diffèrent. Ceci engendre un
courant circulant entre les enroulements des stators des deux alternateurs freinant celui qui
tend à aller plus vite et accélère celui qui tend à aller plus lent pour les obliger à tourner à la
même vitesse (phénomène de synchronisation) jusqu’à redevenir à l’état initiale.
M1
𝑀11
𝑗𝑋𝐼1
𝐸1
𝑀21 M2
𝐸2
𝜃1 𝑗𝑋𝐼2
𝜃2
O Q
𝜑1 𝑉 A 𝑀12 𝑀22
𝜑2
𝐼1
𝐼2
Figure IV.7. Représentation vectorielle de la marche en parallèle de deux alternateurs inégalement chargés
Remarques :
En régime permanent, si les déphasages des courants par rapport à la tension (𝜑1 , 𝜑2 ) sont
différents, il y aura un courant de circulation entre les deux induits qui peut même les
surchauffer. Pour assurer un bon fonctionnement en parallèle, il faut que les courants issus de
chaque induit doivent être en phase.
64
O 𝑉
𝐼1
S
𝐼0
−𝐼0
U 𝐼2
𝐼
T
65
P
M
M1
𝑀11
𝐸1
𝑀21 M2
𝐸2
𝜃1
𝜃2
O Q
𝑉 A 𝑀12 𝑀22
Figure IV.7. Représentation vectorielle de la marche en parallèle de deux alternateurs inégalement chargés
Remarques :
- Le point de fonctionnement équivalent se rapproche de celui de la machine ayant
l’impédance la plus faible et ainsi à l’alternateur le plus puissant.
- En pratique, pour arrêter un alternateur sans perturber la charge, on diminue
successivement la puissance et l’excitation de l’alternateur à arrêter et on augmente la
puissance et l’excitation de l’autre de sorte que le point de fonctionnement du premier
atteint le point A et celui du deuxième atteint le point de fonctionnement du groupe.
Pour le couplage, on exécute l'opération inverse.
IV. Fonctionnement en Moteur Synchrone
Soit un moteur synchrone alimenté directement par un alternateur de réactances différentes.
Ainsi, la projection des points de fonctionnement donne les puissances actives et réactives à
des échelles différentes. La puissance active (réactive) du moteur et de l’alternateur sont égale
mais de signes différents (figure IV.8).
La projection du point de fonctionnement M1 du moteur donne :
3𝑉 3𝑉
𝑃1 = − 𝑋 𝐴𝑀11 et 𝑄1 = ± 𝑋 𝐴𝑀12 (IV.17)
1 1
Dans le cas où le moteur est relié à un réseau puissant donc de faible impédance et de f.é.m
égale à sa tension aux bornes du moteur, la puissance échangée sera déduite directement de
l’équation précédente comme suit :
3𝑉𝐸
𝑃= 𝑠𝑖𝑛 𝜃 (IV.20)
𝑋
66
𝑃2 M2
𝐸2
𝜃2 𝑄1
Q
O 𝜃1 𝑉 𝑄2
𝐸1 𝑃1
M1
Figure IV.8. Représentation vectorielle d’un moteur synchrone alimenté directement par un alternateur
Remarques :
Brancher un moteur synchrone triphasé sur le réseau est une opération assez délicate. Il faut,
en plus de réaliser les mêmes conditions de couplage d’un alternateur au réseau, utiliser un
des deux procédés suivants.
- Entraîner le moteur synchrone jusqu’à une vitesse très proche du synchronisme à l'aide
d'un moteur auxiliaire, puis le coupler lorsque toutes les conditions de couplage sont
réunies: En fait, le moteur d'entraînement peut être de puissance nettement inférieure à
celle du moteur synchrone si le démarrage s'effectue à vide. Dans le cas des machines
synchrone munies des excitatrices, cette dernière joue le rôle du moteur auxiliaire lors du
démarrage.
- Démarrer le moteur synchrone en asynchrone : Au départ, l'inducteur n'est pas alimenté,
mais refermé sur une résistance additionnelle. De ce fait, le système est équivalent à un
moteur asynchrone (à cela près que le rotor est monophasé ici). En régime établi, la vitesse
de rotation étant proche de celle de synchronisme, l'alimentation en courant continu de
l'inducteur permettra alors au moteur de s'accrocher et de tourner en moteur synchrone.
Dans la pratique, cette opération peut être refaite plusieurs fois si l’accrochage n’est pas
atteint.
67
Parmi ces pertes, on trouve des pertes constantes et des pertes variables.
V. 1. Les pertes variables
Ce sont les pertes par effet Joule. Si nous ne négligeons pas les pertes de l’excitation, alors les
pertes variables sont localisées dans le circuit de l’induit et le circuit de l’excitation. Elles se
calculent selon les relations suivantes :
Pertes par effet Joule du circuit de l’induit
𝑝𝑗𝑠 = 3𝑅𝐼 2 (IV.21)
où "𝑅" est la résistance d’une phase de l’enroulement de l’induit.
Pertes par effet Joule du circuit de l’inducteur
𝑝𝑗𝑑 = 𝑅𝑑 𝐽𝑑 2 (IV.22)
où "𝑅𝑑 " et "𝐽𝑑 " est la résistance de l’inducteur et le courant d’excitation successivement.
V. 2. Les pertes constantes 𝒑𝒄𝒔𝒕
Pour une vitesse de rotation constante et un courant d’excitation "𝐽𝑑 " donnés, les pertes
suivantes sont considérées comme constantes :
- Les pertes mécaniques rotationnelles 𝑝𝑚𝑒𝑐 , qui sont dues aux frottements et à la résistance
de l’air ;
- Les pertes fer 𝑝𝑓𝑒𝑟 du circuit magnétique qui sont dues l’effet d’hystérésis et par courant de
Foucault, et qui ont pour cause l’échauffement du circuit magnétique de la machine.
Ces pertes ne sont pas mesurables mais, comme elles sont constantes, on peut les déterminer
en fonctionnement moteur à vide. La puissance absorbée dans ce cas égale pratiquement les
pertes constantes car les pertes par effet Joule sont négligeable à vide.
𝑝𝑐𝑠𝑡 = 𝑝𝑓𝑒𝑟 + 𝑝𝑚𝑒𝑐 (IV.23)
V. 3. La puissance absorbée
Cas du fonctionnement alternateur :
Si l’alternateur n’est pas auto-excité, en plus de la puissance mécanique, l’alternateur absorbe
une puissance d’excitation qui se transforme totalement en pertes par effet Joule du circuit de
l’inducteur:
𝑃𝑎 = 𝑃𝑚𝑒𝑐 + 𝑝𝑗𝑑 (IV.24)
Le dispositif d’entrainement (la turbine en générale) fournie une puissance mécanique :
𝑃𝑚𝑒𝑐 = Γmec Ωs (IV.25)
Avec "Γmec " est le couple mécanique sur l’arbre de l’alternateur et "Ωs " est la vitesse
angulaire de synchronisme.
Cas du fonctionnement moteur :
Si le moteur synchrone n’est pas auto-excité, en plus de sa puissance active, il absorbe une
puissance d’excitation qui se transforme totalement en pertes par effet Joule du circuit de
l’inducteur:
𝑃𝑎 = 𝑃 + 𝑝𝑗𝑑 = 3𝑈𝐼. 𝑐𝑜𝑠𝜑 + 𝑝𝑗𝑑 (IV.26)
68
V. 4. La puissance utile
Cas du fonctionnement alternateur :
La puissance utile d’un alternateur est la puissance électrique fournie par son induit. Puisque
l’induit fournit une puissance triphasée, alors nécessairement :
𝑃𝑢 = 𝑃 = 3𝑈𝐼. 𝑐𝑜𝑠𝜑 (IV.27)
Cas du fonctionnement moteur :
La puissance utile d’un moteur synchrone est la puissance mécanique développée sur son
arbre sous forme d’une vitesse constante (vitesse de synchronisme) et un couple mécanique
variable:
𝑃𝑢 = 𝑃𝑚𝑒𝑐 = Γmec Ωs (IV.28)
Puissance utile
Puissance Mécanique
Electromagnétique
Puissance
Puissance
Absorbée
Pertes joule de
Pertes fer l’induit
Perte mécanique
Perte d’excitation
Cas de l’alternateur
Puissance active de l’induit
Electromagnétique
Puissance utile
Puissance
Puissance
Absorbée
Perte mécanique
Pertes joule de
Pertes fer l’induit
Perte d’excitation
Cas du moteur synchrone
69
Bibliographie
- G. Séguier, F. Notelet, ’’Electrotechnique industrielle’’, Téch et Doc, 1987.
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- G. R. Slemon, ”Electrical machine and drives”, Addison-Wesley publishing company, 1992.
- Cours d’Electricité 2 — Électrotechnique ’’L’alternateur synchrone’’, I.U.T Mesures
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- U.A. Bakshi, M.V. Bakshi, ”Synchronous Machines”, Technical Publications Pune, 2009.
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