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Eric Boëda

Jean-Michel Geneste
Liliane Meignen

Identification de chaînes opératoires lithiques du Paléolithique


ancien et moyen
In: Paléo. N. 2,1990. pp. 43-80.

Abstract
In Western Europe at least, the variability of Lower and Middle Palaeolithic production systems is founded still largely on the
linear succession of pebble tool industries followed by bifaces industries (see the Acheulean) and those characterized by the
débitage of flakes (see the Mousterian), though this succession, as a highly reductory scope. In the present state of the
researches, the systemic approach of the processing sequences that occured during this long time span permits to identify
several fundamental principles ruling tool production that are based on the use of the and/or of the débitage. In this paper, the
different operating sequences are described in succession at different levels of analysis. The operating sequences among which
the différents stages of biface knapping are most detailed, are first dealt with ; they are followed by the débitage operating
sequences with a particular focus on the various Levallois methods ; the original trifacial operating sequences that have been
described so far in South West France assemblages, are studied finally.

Résumé
La variabilité des systèmes de production lithique du Paléolithique ancien et moyen demeure, tout au moins pour l'Europe
occidentale, encore largement fondée sur la succession linéaire, très réductrice, des industries à galets aménagés puis à bifaces
(cf. Acheuléen) et, enfin, à débitage d'éclats (cf. Moustérien). L'approche systémique des chaînes opératoires de cette longue
période autorise, dans l'état actuel des recherches, l'identification de plusieurs principes fondamentaux de production d'outillages
basés sur le façonnage et/ou le débitage. A des degrés d'analyse différents sont décrites, successivement, des chaînes
opératoires de façonnage dont les bifaciales sont les mieux détaillées ; des chaînes opératoires de débitage avec une attention
particulière pour les diverses méthodes Levallois et enfin des chaînes opératoires trifaciales, originales, décrites pour l'instant
dans le sud-ouest de la France.

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Boëda Eric, Geneste Jean-Michel, Meignen Liliane. Identification de chaînes opératoires lithiques du Paléolithique ancien et
moyen. In: Paléo. N. 2,1990. pp. 43-80.

doi : 10.3406/pal.1990.988

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pal_1145-3370_1990_num_2_1_988
PALÉO - N° 2 - Décembre 1990

IDENTIFICATION DE CHAINES OPERATOIRES LITHIQUES


DU PALEOLITHIQUE ANCIEN ET MOYEN

Eric Boëda1, Jean-Michel Geneste2, Liliane Meignen3

Résumé : La variabilité des systèmes de production lithique du Paléolithique ancien et moyen demeure, tout au moins pour l'Europe occidentale, encore
largement fondée sur la succession linéaire, très réductrice, des industries à galets aménagés puis à bifaces (cf. Acheuléen) et, enfin, à débitage d'éclats
(cf. Moustérien).
L'approche systémique des chaînes opératoires de cette longue période autorise, dans l'état actuel des recherches, l'identification de plusieurs principes
fondamentaux de production d'outillages basés sur le façonnage et/ou le débitage. A des degrés d'analyse différents sont décrites, successivement, des
chaînes opératoires de façonnage dont les bifaciales sont les mieux détaillées ; des chaînes opératoires de débitage avec une attention particulière pour
les diverses méthodes Levallois et enfin des chaînes opératoires trifaciales, originales, décrites pour l'instant dans le sud-ouest de la France.
Abstract : In Western Europe at least, the variability of Lower and Middle Palaeolithic production systems is founded still largely on the linear succession
of pebble tool industries followed by bifaces industries (see the Acheulean) and those characterized by the débitage of flakes (see the Mousterian), though
this succession, as a highly reductory scope.
In the present state of the researches, the systemic approach of the processing sequences that occured during this long time span permits to identify several
fundamental principles ruling tool production that are based on the use of the and/or of the débitage.
In this paper, the different operating sequences are described in succession at different levels of analysis. The operating sequences among which the
différents stages of biface knapping are most detailed, are first dealt with ; they are followed by the débitage operating sequences with a particular focus
on the various Levallois methods ; the original trifacial operating sequences that have been described so far in South West France assemblages, are studied
finally.
1 - INTRODUCTION

1-1 Approche des chaînes opératoires


En règle générale, l'approche des industries lithiques, rents mais complémentaires, que nous appellerons techno
d'un point de vue naturaliste, n'a autorisé qu'une lecture psychologique et techno-économique. L'approche tec
des critères morphologiques éventuellement assortis d'élé hno-psychologique se propose de déterminer les connais
ments techniques décrits et définis de manière abstraite, sancesmises en jeu dans tout système technique de pro
car systématique et générale. La classification morpholo duction lithique. L'architecture opératoire peut s'analyser
gique des types d'outils et des ensembles lithiques, qui en de façon graduelle en terme de concept, méthode, techni
a découlé, fut souvent faite au détriment d'une lecture que,processus, etc. La détermination de ce savoir humain
technologique des systèmes de production de l'outillage. ou de cette mémoire technique constitue l'objectif priori
Cependant, c'est l'approche systémique des industries tairede toute analyse des chaînes opératoires. L'aspect
lithiques qui semble permettre actuellement, à travers la techno-économique recouvre un champ de lecture et d ' ana
perception des chaînes opératoires, une analyse des systè lyse différent mais tout aussi ambitieux, puisqu'il se pro
mesde production lithique et de leurs implications cultu pose d'analyser sous l'angle économique, donc social, le
relles, spatiales et économiques. comportement technique de ces hommes. Globalisante,
Néanmoins, l'approche et la détermination des chaînes cette dernière approche est en conséquence la plus soumise
opératoires du Paléolithique inférieur et moyen reste ex à l'influence de données archéologiques extérieures au
trêmement difficile. L'une des difficultés est directement domaine technologique (caractéristiques, accessibilité et
liée à l'hétérogénéité des documents recueillis, qui ne formes de diffusion de la matière première, gestion ergo
fournissent pas, dans la plupart des cas, les informations nomique des produits, etc.). Une telle approche tient un
nécessaires à la reconstitution des chaînes opératoires rôle capital dans les processus d'interprétation de la varia
supposées présentes. Une autre difficulté, et non des bilité des systèmes de production lithique parce qu'elle
moindres, se situe sur un plan méthodologique. En effet, implique nécessairement l'intégration de données comp
sur le plan strictement lithique, la seule notion de chaîne lémentaires. Cependant, l'acquisition et la manipulation
opératoire, pour ces périodes, n'est pas opérationnelle, car de celle-ci ne seront pas décrites ici si ce n'est que succinc
trop globalisante. Nous préférons lui substituer deux au tementà travers quelques exemples archéologiques.
tres notions recouvrant deux champs de recherche Le travail présenté dans cet article ne peut pas, et ne

1 ERA 28 du C.RA., CN.R.S., 1 place Aristide-Briand, 92195 MEUDON PRINCIPAL CEDEX - FRANCE
2 Direction des Antiquités Préhistoriques d'Aquitaine, 6 bis cours de Gourgue, 33074 BORDEAUX CEDEX - FRANCE
3 ERA 28 du C.R.A., CN.R.S., Sophia Antipolis, 06560 VALBONNE

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veut pas, être un travail exhaustif sur les chaînes opératoi cette perspective.
res du Paléolithique ancien et moyen. En revanche, il 2 - Chaînes opératoires bifaciales
constitue un premier pas vers la détermination de cette A priori mieux connues, elles sont présentes dans
notion à ces périodes. Dans la plupart des cas, les chaînes l'Acheuléen, le Micoquien oriental, le Moustérien
opératoires présentées sont donc incomplètes car elles de tradition acheuléenne, le Bohunicien et le Szélé-
représentent un état de la recherche. Pour des simplicités tien (cette liste n'est pas exhaustive).
d'expression et de compréhension, nous utiliserons seul
ement le terme de chaîne opératoire tout en sachant que, 1-3-2 Chaînes opératoires de débitage
dans certains cas, de terme recouvre plus l'aspect techno
psychologique ou techno-économique. 1 - Chaînes opératoires productrices d'éclats
Elles sont de loin les plus nombreuses car présentes
1-2 Cadre spatio-temporel de façon ininterrompue durant toute la préhistoire.
Aussi font-elles l'objet du plus grand nombre d'étu
L'Europe occidentale servira essentiellement de cadre destechnologiques. La mise en évidence de sché
aux exemples analysés et cités. C'est en effet dans cette mas opératoires différents nous permet de distinguer
zone qu ' ont été le plus anciennement et le mieux définis les actuellement les chaînes opératoires suivantes :
ensembles industriels du Paléolithique moyen. Des exemp - de débitage Levallois,
lesseront pris au Proche-Orient pour la spécificité de - de débitage discoïde,
certaines chaînes opératoires Levallois (méthodes récur - de débitage de type Quina.
rentes unipolaires), cela pour des raisons strictement liées Il est évident qu'à l'intérieur même de ces trois
au développement des recherches technologiques. Le catégories il existe une très grande variabilité, mult
Paléolithique moyen sera traité dans une perspective réso ipliant ainsi le nombre de chaînes opératoires pos
lument diachronique en recherchant des racines dans les sibles.
productions d'éclats et de bifaces de l' Acheuléen. 2 - Chaînes opératoires à production mixte : lame,
C ' estdonc une période couvrant principalement 1 ' avant- pointe, éclat
dernière glaciation et le début de la dernière jusqu'à Ces chaînes opératoires Levallois ou non ont sou
l'interstade wûrmien qui sera prise en perspective. Des vent été décrites pour le Paléolithique moyen au
références plus anciennes seront ponctuellement utilisées Proche-Orient. Elles semblent exister également en
pour jalonner le développement chronologique de ces Europe où elles sont encore mal identifiées.
chaînes opératoires.
1-3-3 Chaîne opératoire trifaciale
1.3. Chaînes opératoires en présence
Originales, décrites dans le sud-ouest de la France,
En Europe, depuis le Paléolithique inférieur jusqu'au elles reposent en priorité sur un schéma opératoire de
Paléolithique moyen, de nombreuses chaînes opératoires débitage. Mais en phase finale, ce schéma inclut une
se sont succédées et ont coexisté durant des périodes plus éventuelle transformation de certains produits en outils
ou moins longues. Ce buissonnement est déjà présent au (nucleus par exemple). Cette transformation doit être
Paléolithique inférieur. Une vision trop universelle nous a «programmée» dès le départ des opérations de taille. Si
parfois, à tort, fait confondre période et culture, tel l' Acheul nous voulions résumer cette situation, nous dirions que les
éen(Boëda à paraître, Delpech et al. à paraître). hommes préhistoriques ont tout d'abord effectué une
Devant cette diversité, il a nécessairement fallu clari opération de débitage, suivie d'une opération de façon
fier l'exposé et sélectionner, au sein des ensembles en nage, réalisée à partir de produits spécifiques obtenus au
présence, un nombre restreint de chaînes opératoires (ou cours de la première phase.
tout du moins d'éléments de chaînes opératoires). L'état
des recherches actuelles ne permet d'ailleurs que de dé Chacune de ces chaînes opératoires peut, à elle seule,
tail er les plus significatives. caractériser un ensemble lithique. Mais il existe aussi
Depuis le Paléolithique inférieur jusqu'au Paléolithi souvent le cas de figure inverse où plusieurs chaînes
que moyen, on peut dresser l'inventaire des chaînes opé opératoires sont en présence. La caractérisation d'un en
ratoires jusqu'alors identifiées. semble lithique sera alors basée sur l'importance relative
Ces chaînes peuvent être regroupées selon deux grands de ces différentes chaînes. Il importe alors de définir les
principes de taille : le façonnage et le débitage. modalités de cette coexistence : elles peuvent être total
ement indépendantes et autonomes, ou croisées, c'est-à-
1-3-1 Chaînes opératoires de façonnage dire qu'elles interféreront à un moment donné des opérat
ions. Il existe encore une troisième possibilité à travers
1 - Chaînes opératoires de galets aménagés laquelle ces chaînes opératoires sont hiérarchisées (débi
En général, elles ne sont qu'évoquées puisque nous ne tagepuis façonnage) (Roche et al. 1988).
disposons d'aucun gisement européen étudié dans

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1-4 Chaînes opératoires analysées 2 - CHAINES OPERATOIRESBIFACI ALES

Deux catégories de chaînes opératoires ont été rete Classiquement, au sein des chaînes opératoires bifa
nues, qui sont les plus anciennement et les mieux identi ciales, le biface et le hachereau sont les deux principaux
fiéesdans l'aire géographique et la période envisagées : il produits recherchés. Mais le terme de biface recouvre à lui
s'agit des chaînes bifaciales et Levallois. tout seul des réalités bien différentes qui n'ont que très
En outre, l'une et l'autre se réfèrent à deux grands rarement été analysées sur un plan technologique. Il existe
principes de fabrication de l'outillage : le façonnage et le bien des classifications mais essentiellement typologiques
débitage. Les conceptions techniques sous-jacentes en (Alimen et Vignal 1952, Bordes 1961), à la différence du
sont radicalement différentes. hachereau qui fut l'objet d'un classement morpho-techni
Le façonnage : il s'agit de l'aménagement d'une que (Tixier 1957, Chavaillon 1965).
pièce au sein d'une masse de matière investie dès Le phénomène bifacial en tant que système de façon
le départ de l'approche progressive de la forme et nage s 'opposant aux systèmes de débitage n'a que très
du volume finals. rarement fait l'objet de recherche technologique globali
Le débitage : il s'agit du fractionnement d'un sante.Les différentes analyses portent en général sur le
volume de matière par une panoplie de méthodes phénomène bifacial Acheuléen considéré sur un plan dia-
spécifiques, en différentes unités de formes et de chronique comme précurseur et qui par voie de consé
volumes qui sont obtenues en séries différenciées quence devient le réfèrent. Mais que deviennent les indust
ou standardisées, récurrentes ou Hnéales selon le riesdu Micoquien oriental, du Moustérien de tradition
cas. Acheuléenne, de l'Acheuléen supérieur, de l'épi-Acheu-
léen et les autres industries présentant de très nombreux
Ces deux catégories de chaînes opératoires sont habi outils «à retouche sur face plane» ? Ces industries se
tuellement utilisées pour caractériser technologiquement, caractérisent aussi par une production lithique basée sur le
mais de manière abusivement exclusive, respectivement le débitage, elles sont donc mixtes. Nous pouvons alors nous
Paléolithique inférieur (si ce n'est l'Acheuléen) et le interroger sur le sens à donner à ce mode de production
Paléolithique moyen (si ce n'est le Moustérien). La prise bifacial. Avons-nous affaire à une production autonome et
en considération dans le raisonnement de leur variabilité et totalement indépendante de la production d'éclats ou bien
de leurs modes de coexistence est donc porteuse d'infor à une production qui, toute bifaciale qu'elle soit, est régie
mations en terme de complexité. de la même façon qu'une production d'éclats ? En d'autres
En effet, la chaîne opératoire bifaciale apparue tôt dans termes, il nous semble nécessaire de distinguer des sché
l'Acheuléen africain sera examinée ici uniquement dans le mas opératoires où la pièce bifaciale en est l'aboutiss
cadre européen durant le Paléolithique inférieur du sud- ement et le volume façonné l'outil, et des schémas opératoi
ouest de la France puis à son aboutissement au Paléolithi res où, au contraire, la pièce bifaciale ne représente qu'un
que moyen où elle coexiste sous divers modes d'associa stade de configuration nécessaire suivi d'autres stades
tions avec des chaînes de production d'éclats. d'aménagement. Dans ce cas, les pièces bifaciales sont
Les chaînes opératoires Levallois, dans certains cas conçues comme des supports au même titre que des éclats
mieux connues et mieux étudiées dans toutes leurs séquenc et le façonnage se substitue au débitage pour produire des
es, seront plus détaillées depuis l'acquisition de la mat supports spécifiques. Cette spécificité est, dans certains
ière première jusqu'à leur achèvement fonctionnel cas, si puissante que dans les industries lithiques, où il
(emmanchement, utilisation) (Anderson-Gerfaud 1981, n'existe qu'un schéma de débitage, la retouche se substitue
Beyries 1987, 1988, Shchelinskii in Plisson 1988). au façonnage pour produire des pièces «bifaciales» (ex. :
L'étude de la variabilité des méthodes Levallois (Boëda racloir à retouche sur face plane). Par ailleurs, au même
1986, 1988a, 1988b) permet, à travers la définition de titre qu'un système de production d'éclats, il existe une
différents objectifs mentaux, une étude de la relation entre très forte variabilité morpho-technique des supports bifa-
l'intention du tailleur et la démarche utilisée. Cette catégor ciaux signifiant l'existence de méthodes différentes.
ie de chaîne opératoire est représentative du Paléolithique Ces observations constituent une base de travail. Mais
moyen en ce sens qu'elle s'y développe largement même les analyses technologiques mettent clairement en évi
si elle existe auparavant. dence une différence qui nous semble très importante. Elle
concerne la façon de concevoir le volume : dans le cas où
La représentation des chaînes opératoires ne préjuge en la pièce bifaciale apparaît comme un support d'outils, la
rien de leur ordre d'apparition chronologique. Il est évi section de la partie de la pièce qui semble opérationnelle
dent, comme cela sera évoqué plus loin, que le débitage est piano-convexe et dans l'autre cas la section est bicon
d'éclats a dû précéder de beaucoup la genèse de la fabrica vexe.
tion bifaciale, que les racines des chaînes opératoires Nous distinguons ainsi deux grandes familles de chaî
Levallois sont anciennes et qu'elles coexistent déjà avec la nesopératoires s'opposant sur la relation entre le volume
présence de bifaces, dominante dès le début de l'Acheul et l'outil : l'un est l'outil, l'autre le support.
éen.

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2-1 Chaînes opératoires des «pièces bifaciales Ces derniers sont en général des schémas de débitage. En
tils» effet, beaucoup de supports sont des éclats qui résultent de
systèmes de production différents (Levallois, Kombewa,
Schéma opératoire autres...).
La production de «pièces bifaciales outils» résulte de Ainsi, certaines chaînes opératoires seront particuli
l'affinage d'ébauches successives jusqu'à l'obtention de èrement délicates à analyser car elles sont régies par plu
la forme recherchée (fig. I, n° 1). Quel que soit le stade sieurs schémas opératoires. Mais, hélas, force est de const
d'exhaustion, de la première ébauche jusqu'à la pièce ater que ces chaînes opératoires sont rarement étudiées
finale, la configuration volumétrique reste identique. Cette dans leur globalité, laissant souvent de côté l'analyse de la
configuration est des plus simples : elle consiste en deux séquence de production des supports. Pourquoi ? En de
surfaces non hiérarchisées, convexes et symétriques par hors de l'illogisme d'une telle démarche intellectuelle, au
rapport à leur plan sécant et sagittal. La mise en place de regard d'études de collections (bien pauvres), il nous
ces deux surfaces est simultanée et investie de la même semble que la variabilité des chaînes opératoires bifaciales
fonction : créer un bord actif susceptible d'être retouché. se situe aussi à ce niveau. Les études concernant les
hachereaux sont là pour le démontrer.
Méthodes De même, nous devons prendre en compte des problè
mesd'accessibilité et de caractéristiques des matières
Devant la linéarité du processus de fabrication du premières et considérer aussi l'organisation spatiale des
«biface outil», les méthodes mises enjeu sontpeu différen activités techniques liées à l'acquisition de la matière
ciées. Seule la recherche de caractères particuliers suscite première.
ra l'utilisation de méthodes différentes. Ces caractères Devant la disparité des études concernant ce problème
concernent : pour ces périodes, il nous semble préférable de présenter,
- le type de delineation (rectiligne ou sinusoïde), sans commentaire, les différentes questions auxquelles il
- les plans de symétrie (frontal ou sagittal), faut répondre :
- un caractère naturel ou prédéterminé utile (base - Caractéristique de la matière première :
réservées, dos naturel, tranchant transversal). - Transportable ou non transportable. Et par la suite, la
De même, en fonction du support initial utilisé -bloc, fragmentation sur place des blocs bruts ou leur non trans
éclat de gel, fragment, éclat ou éclat Kombewa- le stade formation;
d'initialisation de l'ébauche peut être réalisé de façons - Morphologie : sélection d'une morphologie naturelle
différentes. ou indifférence au support.
Néanmoins, quelle que soit la méthode optée, les éclats On peut mettre en évidence, par exemple, le rôle de la
de façonnage auront strictement le même rôle, puisque sélection d'une morphologie naturelle adaptée à l'objectif
l'opération de taille est linéale. Ils seront facilement re- dans le processus de la chaîne opératoire de certaines
groupables en différentes classes morpho-techniques, industries acheulécnnes : cas de blocs partiellement amé
chacune d'elles traduisant le stade d'exhaustion de l'ébau nagés à Cagny et à Barbas ; façonnage de la totalité du
che. volume du biface dans d'autres cas. La sélection d'une
morphologie naturelle peut trouver son équivalent dans la
Techniques production d'éclats-supports adaptés. Problème de la qualité
technique du matériau : les choix observés sont-ils liés à
Les techniques mises en jeu sont de deux ordres : la des exigences ?
percussion au percuteur dur et la percussion au percuteur - Accessibilité à la matière première :
tendre. Leur utilisation peut être exclusive ou associée. - Territoire d'exploitation des ressources :
Dans le cas d'une association, le percuteur dur est souvent - quantitatif : nombre de sources exploitées,
utilisé en premier. En effet, en fonction du volume et de la - qualitatif : types de matières premières et localisation
morphologie du bloc, son utilisation est préférable, voire (local, proche, éloigné).
nécessaire. - Moyen d'accès à la matière première :
- extraction ou collecte.
Acquisition des matières premières - Organisation spatiale des activités techniques liées à
l'acquisition de la matière première :
Dans le cadre de l'étude des méthodes, nous avons - Formes techniques du transport de la matière pre
évoqué le problème de la variété des supports utilisables mière en blocs, en fragments, en éclats en ébauches
pour le façonnage de la première ébauche. Il est évident (début de la transformation sur place),
qu'en fonction du type de support utilisé, les séquences - Existence ou non de sites spécialisés dans l'acquisi
opératoires, qui le produisent, seront différentes. Mais ces tion ou le début de la transformation des blocs.
différences ne s'analyseront pas de la même manière.
Dans certains cas, elles s'analyseront en terme de métho
des et dans d'autres cas en terme de schémas opératoires.

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Fig. 1 Chaînes opératoires bifaciales
1 : Biface outil du gisement du Dau, Moustérien de Tradition Acheuléenne, d'après Rigaud, 1982 ;
2 : Pièce bifaciale support, Barbas couche II. Les deux bords convergents présentent une retouche continue
3 : Pièce bifaciale support de La Micoque, couche 6.
4 : Prondnickmesser. Villemaur-sur- Vanne.

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2-2 Chaînes opératoires des «pièces bifaciales sup - une forte proportion d' outils est fabriquée aux dépens
ports» de supports bifaciaux piano-convexes. Dans ces
conditions, nous observons une certaine variabilité
Schéma opératoire parmi ces supports. Mais seule la notion de piano-
convexe est invariante. C'est le cas de certaines
La production de ces supports résulte de la mise en industries du Micoquien oriental ou encore, mais
place de deux surfaces sécantes dont l'une est convexe et avec moins de certitude, certaines industries de
l'autre plane. Le plan d'intersection de ces deux surfaces FAcheuléen final ou supérieur.
se confond alors avec la surface plane. Le volume ainsi - une conception intermédiaire est perceptible ou les
construit comporte deux surfaces hiérarchisées et non pièces bifaciales seront les supports d'une catégorie
symétriques dans leur plan frontal. d'outils : les racloirs -des racloirs simples et conver
En fonction des méthodes optées, l'ordre de façonnage gents.C 'est le cas de certaines industries acheuléen-
de ces deux surfaces pourra varier ; en revanche, elles ne nes.
seront jamais réalisées simultanément. Ceci pour la simple
raison que leur construction résulte de l'utilisation et de la Méthodes
combinaison de différents enlèvements.
Construire une surface plane nécessite qu'elle soit Les méthodes pourront varier en fonction :
conçue dès le départ des opérations. En effet, il est très - du type d'outil recherché : faustkeilblâtter, blatt-
difficile de transformer une surface convexe en une sur spitzcn(fig. l,n°2),
face plane, l'inverse est par contre nettement plus facile à - du type de support bifacial : «biface micoquien»
réaliser. De même, le façonnage d'une surface plane est (fig. 1, n° 3), «biface M.T.A.» (fig. 1, n° 1),
techniquement plus difficile à réaliser, car plus soumis aux - d' un caractère naturel ou prédéterminé utile (dos) :
accidents d'outre-passage ou de rebroussé. C'est pour prondnickmesser (fig. I, n° 4).
cette raison que, dans certains cas, afin de contourner cette Elles varieront aussi en fonction du type de support
difficulté l'homme préhistorique est parti d'une surface choisi pour être transformé en «pièce bifaciale support».
déjà plane (face inférieure d'éclat, plan de clivage d'un
bloc). Techniques
Mais pourquoi utiliser une surface plane pour en faire
une autre surface plane et ceci avant l'aménagement du Les techniques seront de deux ordres : percussion
moindre bord actif ? Cette situation paradoxale ne se directe au percuteur dur et/ou tendre. Suivant les méthodes
justifie pleinement que si l'outil est conçu uniquement aux optées, l'agencement des méthodes variera.
dépens d'un certain type de support bifacial. Au même titre
qu'il existe des systèmes lithiques producteurs d'éclats Acquisition de la matière première
supports, il existe d'autres systèmes dont le support de
base est une pièce bifaciale. Le problème est strictement identique à celui que nous
Il est évident que les modalités d'application d'une avons évoqué pour les «pièces bifaciales outils».
telle conception seront diversifiées.
Nous sommes en mesure d'en distinguer actuellement Séquence d'aménagement par la retouche
trois :
- il s'agit d'un support particulier aux dépens duquel Cette séquence est importante puisqu'au même titre
sera fait un outil particulier. C'est le cas par exemple que l'éclat, en fonction de la spécificité du support, il peut
de certains bifaces du M.T. A. ou encore des racloirs exister une certaine variabilité opératoire. L'importance
Quina à retouche sur face plane. Ces outils sont de cette étape n'est pas non plus toujours fonction de
généralement associés à d'autres outils faits aux l'intensité de la retouche. En effet, dans certains cas, la
dépens d'éclats, ces derniers conservant leurs carac pièce bifaciale est amenée au plus près de la future forme
téristiques volumétriques. Nous sommes donc en de l'outil.
présence de deux schémas opératoires : l'un de La retouche se fait en général sur la surface convexe,
débitage (indépendant), l'autre de façonnage, ce excepté pour le prondnickmesser ou cette retouche se fait
dernier étant réservé pour la fabrication d'un outil sur la surface piano-convexe. La pièce bifaciale apparaît
spécifique nécessitant une section piano-convexe. comme un support orienté et hiérarchisé.
Si nous ajoutons à cela le problème de l'acquisition Lorsqu'on envisage les séquences de réaménagement
du support aux dépens duquel sera façonnée la pièce de l'outil, on observe, à la différence des outils sur éclats,
bifaciale, nous constatons alors que certaines chaî que cette remise en forme concerne aussi bien la surface
nesopératoires posséderont plusieurs schémas opé convexe que la surface plane. Dans le cas de cette dernière
ratoires en inter-action, témoignant ainsi de l'ex surface, les éclats de retouche maintiennent la surface
trême complexité de certaines chaînes opératoires à plane, donc plutôt que d'une véritable retouche, il s'agit du
ces périodes. maintient du caractère opérationnel du support initial.

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L'analyse technologique nous permet de mieux mettre
en évidence des différences à l'intérieur de la grande 3-1 Schéma opératoire
famille du «biface». Mais ces différences sont telles qu'il Le schéma opératoire trifacial est essentiellement un
n'est plus concevable de garder un terme unique et chargé schéma de débitage. La production d'éclats est obtenue
d'un tel sens. De plus, s'il nous fallait encore un argument aux dépens d'un bloc matrice de section triangulaire, plus
pour convaincre de la nécessité de raisonner en des termes rarement quadrangulaire. Les outils sont aménagés à partir
différents, nous pourrions évoquer le problème bifacial des éclats et des nucleus.
sous l'angle ergonomique. Une «pièce bifaciale outil» ne
peut vraisemblablement s'utiliser de la même façon qu'une Phase d'initialisation : création d'un bloc matrice
«pièce bifaciale support» dont un des bords est aménagé, triangulaire
quel que soit le type de travail effectué. Il est donc délicat La mise en forme du bloc matrice se fait aux dépens de
de continuer à parler de bifaces pour l'ensemble ; il petits rognons ou d'éclats de gel. Le tailleur aménage une
conviendrait de réserver ce terme à des pièces très précises, première surface plane par de grands enlèvements de
correspondant à des schémas opératoires tout aussi précis. directions parallèles. En fonction de l'état initial naturel de
cette surface, elle sera plus ou moins aménagée. A partir de
3 - CHAINE OPERATOIRE TRIFACIALE cette surface, la deuxième surface est réalisée par des
enlèvements envahissants. L'angle compris entre ces deux
Une nouvelle catégorie de chaînes opératoires est surfaces est de l'ordre de 70°-90°. La troisième surface
actuellement en cours d'étude. Elles sont structurées aux aménagée à partir de la deuxième vient recouper la pre
dépens d'une conception trifaciale du débitage. Cette mière et donner une section triangulaire à ce bloc matrice.
conception très particulière fut mise en évidence à partir du L'angle compris entre la deuxième et la troisième surface
matériel lithique du Pech de l'Azé II (C.9, C.8) (Boëda est de l'ordre de 45°.
sous presse). Autrefois décrit comme un Acheuléen méri Le volume ainsi construit est délimité par trois surfa
dional (Bordes 1950, 1971), ce matériel se caractérisait par cesplanes sécantes. Une quatrième surface peut être
la présence de bifaces mal venus, peu soignés, souvent présente mais il s'agit, dans ce cas, du rattrapage de la
nucléiformes, de nombreux éclats -Levallois ou non- et troisième surface n'ayant pu recouper la première. La
des outils. L'analyse technologique montre que ce matér section est alors sub-triangulaire.
ielappartient à un même et seul schéma opératoire nom A ce stade de préparation, plusieurs éventualités vont
métrifacial. se présenter selon l'objectif du tailleur.

MATRICE TRIFACIALE |

DEBITAGE RECURRENT
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ECLATS "NUCLEUS"
TRIFACE

Autres Grands éclats


débordants
0
RETOUCHE AMENAGEMENT AMENAGEMENT
MARGINALE PARTIEL SPECIFIQUE
T DES BORDS D'UNE EXTREMITE
I
Outils û ia til s "bif aciaux: Trif ace
partiels sur éclats
o
DL, Eclat appointé Trif ace appointé
Q_ Eclat à tranchant Tiface à tranc liant
tr an s v er s al transversal
_ Triface divers
49
Phase de debitage bien être typologiquement Levallois sans pour cela être
technologiquement Levallois. Cela n'a rien de surprenant
Cette phase opératoire représente le plein debitage. puisque la production d'éclats Levallois n'est pas spécifi
Le debitage se fait aux dépens des deuxième et tro que d'un debitage Levallois. De la même façon les pointes
isième surfaces qui servent alternativement de surfaces de pseudo-Levallois ne sont pas spécifiques d'un debitage
plan de frappe. La première surface est rarement exploitée discoïde, les lames ne sont pas spécifiques d'un debitage
comme surface de debitage, en revanche elle peut servir de de type Paléolithique supérieur, etc.
surface de plan de frappe. L'exploitation du bloc matrice Seule l'étude des conceptions sous-jacentes qui régis
se fait par des enlèvements envahissants de direction sentle debitage permet de définir celui-ci et, par là même,
centripète et cordale (fig. 2, n° 1 et 2). de déterminer les objectifs recherchés.
Par enlèvement de direction cordale, nous entendons Les nucleus résiduels ont conservé, tout le long du
des enlèvements d'axe déjeté par rapport au centre du debitage, un volume trifacial identique à la matrice de
nucleus à la différence des enlèvements de direction cen départ produisant ainsi des enlèvements de dimensions
tripète dont l'axe passe par le centre du nucleus. Nous variables mais qu'il est aisé de regrouper par catégories
avons été amenés à opérer cette distinction car la direction techniques.
choisie a des conséquences non négligeables tant sur les Une de ces catégories peut consister en de grands
critères morphotechniques de l'éclat obtenu que sur l'e enlèvements débordants et, dans certains cas, outrepas
nchaînement des éclats. De direction cordale, les éclats sants (fig. 3B). Ces enlèvements résultent de l'utilisation
présentent un débordement mais l'axe de debitage n'est de méthodes particulières que nous ne détaillerons pas ici.
pas identique à l'axe morphologique (le différenciant ainsi Ces éclats sont aménagés dans un second temps en outils.
de l'éclat débordant sensu stricto). Sur la surface débitée, Le bulbe et le talon sont éliminés créant alors un bord
le débordement (re)crée des convexités latérales favori tranchant. La delineation des bords est convergente ou
santla poursuite du debitage. parallèle, créant ainsi soit une pointe, soit un tranchant. La
Du fait de la combinaison d'enlèvements de direction partie opposée correspond au débordement et n'est que
cordale et centripète, la surface est toujours maintenue très peu modifiée.
dans le même état technique rendant possible la production Ces éléments sont appelés pièces appointées et pièces
d'éclats successifs relativement envahissants. Les enlève à tranchant transversal et non pas bifaces ou hachereaux.
ments de direction cordale permettent aux enlèvements L'intentionnalité de tels supports est à envisager bien
centripètes de ne pas réfléchir grâce aux convexités qu'ils qu'ils puissent résulter d'accidents de taille. Néanmoins,
aménagent. Excepté le débordement de certains enlève ils s'inscrivent parfaitement dans le schéma de taille que
ments, il ne semble pas exister de caractères techniques nous avons décrit précédemment. De tels éclats de dimens
aussi standardisés sur les autres produits. ionsplus modestes furent produits en quantité et retou
La production d'éclats par surface débitée nous sem chés. Aussi, pourquoi les plus grands ne le seraient-ils
blerépondre à une recherche de productivité plutôt qu'à pas ? Au Pech de l' Azé, où ces objets furent retrouvés, ils
une quelconque notion de standardisation des futurs sup sont tous aménagés en outils.
ports d'outils. Cette productivité est rendue possible par le
parallélisme des plans de fracturation des éclats les uns par Phase d'aménagement des nucleus
rapport aux autres. Ce parallélisme permet de maintenir
une surface de debitage piano-convexe sans cesse renou Le debitage de certains nucleus est conduit de telle
velée. manière que ces derniers possèdent une silhouette plus
Cette conception trifaciale du debitage est de type allongée tout en conservant, par ailleurs, la même concept
récurrent car chaque enlèvement exerce un contrôle sur la ion volumétrique trifaciale (fig. 2, n° 3 et 4). Une fois cette
surface à débiter. Chaque enlèvement est prédéterminant. silhouette particulière obtenue, on constate un aménage
Ils sont de même prédéterminés. Cette prédétermination ment partiel du nucleus. Cet aménagement consiste à créer
est uniquement due à l'enchaînement d'enlèvements de un appointement aux dépens d'une des extrémités ; ce
direction centripète et cordale. Donc d'une certaine man travail peut être succinct ou important. Ces pièces, au Pech
ière, du fait de l'entretien de cette surface permettant de l' Azé II, furent considérées par F. Bordes comme des
d'obtenir un maximum d'éclats, la morphologie et les bifaces nucléiformes, justifiant à eux seuls la notion
caractères techniques de ces derniers étaient évidemment d'Acheuléen méridional.
connus voire même recherchés.
Un tel schéma opératoire peut produire des éclats dits La mise en évidence d'industries lithiques régies par
Levallois (fig. 3A). Mais au regard du schéma opératoire de tels schémas opératoires de debitage éclaire différem
trifacial, ces éclats ne sont pas Levallois dans le sens ment cette période confuse qu'est l' Acheuléen. Dans le cas
technologique. En effet, du fait que nous sommes obligés présent, le debitage s'organise aux dépens d'une matrice
d'utiliser une terminologie déjà existante, il existe des trifaciale. Le nucleus ainsi conçu gardera cette forme
risques de confusion. Il faut distinguer deux aspects : l'un caractérisée tout le long du debitage. Cette persistance
typologique et l'autre technologique. Un éclat peut très témoigne d'un système technique parfaitement adapté aux

50
Fig. 2 Chaîne opératoire trifaciale
1 et 2 : Nucleus issus d'une matrice trifaciale. Pech de l'Azé II, couche 9 ;
3 et 4 : Nucleus aménagé : triface appointé. Pech de l'Azé II, couche 9.
Les pointillés, du plus gras au plus fin, représentent les différentes opérations techniques. Le dernier correspond au stade
d'aménagement du nucleus en outil.

51
Fig. 3 Chaîne opératoire trifaciale
A :4parallèle
de
est Eclats
et 5, l'axe
de àdebitage
l'axe
de debitage
de du
debitage.
Pech
et l'axe
de l' du
Azédos
II, divergent.
couche 9. Les enlèvements 4,
6 et5, 76 sont
et 7 présentent
des éclats débordants
un dos aménagé
classiques
Dans' le dos
cas

Le
du
sens
B : débordement
stade
Eclat
fonctionnel
d'aménagement,
débordant
et la: Pech
précis.régularisation
représenté
de l' Azé II,
des
parcouche
bords.
des pointillés
9.L'ensemble
Il s'agit
clairs,
d'undeconsiste
éclat
ces modifications
plus
en une
largeélimination
quesemble
long présentant
du
conférer
bulbe, àuncetaménagement
débordement
éclat débordant
latéral
partiel
un

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objectifs connus aussi bien quantitatifs que qualitatifs. ments consistent en l'aménagement de convexités latéra
Cette caractéristique trifaciale n'est pas isolée, d'autres les et distales sur cette dite surface. Ces critères ont pour
gisements présentent ce phénomène mais le niveau d'ana rôle de guider l'onde de choc de chaque enlèvement pré
lyseentre gisements n'étant pas encore équivalent, nous déterminé.
devons suspecter les différences d'utilisation de cette 4 - La surface de préparation des plans de frappe est
matrice trifaciale. aménagée de telle façon que les enlèvements prédétermi
nants et prédéterminés puissent répondre aux objectifs
4 - CHAINE OPERATOIRE LEVALLOIS fixés. Ces aménagements sont spécifiques des méthodes
optées pour le détachement des enlèvements prédétermin
Les chaînes opératoires Levallois furent les premières és.
chaînes de débitage à être décrites. Mais de sérieux problè 5 - Les plans de fracture des enlèvements prédétermi
mes de reconnaissance des produits et des systèmes opérat nés sont parallèles ou subparallèles au plan d'intersection
oires sous-jacents persistaient. L'essentiel des définitions des deux surfaces.
proposées jusqu'à maintenant reposait sur deux notions 6 - La technique de débitage est exclusive tout au long
capitales : prédétermination et production d'un seul éclat du schéma opératoire Levallois. Il s'agit de la percussion
caractérisé. En proposant comme objectif l'éclat et comme directe au percuteur de pierre.
concept la prédétermination, les différentes définitions
limitaient considérablement leurs possibilités d'investigat Mais il faut savoir que ces critères résultent chacun
ions. Elles postulaient intrinsèquement une invariabilité d'une option parmi un ensemble de possibles. Il existe
dans l'objectif, un unique éclat, et la spécificité de la notion d'autres conceptions volumétriques, d'autres hiérarchisat
de prédétermination au Levallois. Voulant mettre l'accent ions, d'autres techniques ou encore d'autres modes d'ex
sur l'originalité de cette méthode, l'outil de reconnais ploitation, etc.
sance proposé était réducteur. En conséquence, il n'était L'originalité du débitage Levallois, tel que nous l'avons
pas en mesure de mettre clairement en évidence une perçu à propos des gisements étudiés, résulte de la pré
variabilité attestée par tous les préhistoriens. Seule une sence de ces différents critères et surtout de leur combinais
analyse technologique était, nous semble t-il, capable de on.
mettre en avant la diversité et la complexité du champ
d'application du débitage Levallois. Mais pour devenir 4-2 Description de la chaîne opératoire
opérationnels dans le champ archéologique, il nous fallait
nécessairement formaliser différemment ce mode de débi Séquence d'acquisition de la matière première
tage dissociant les mots Levallois-prédétermination-tech-
nique-méthode en leur redonnant une valeur sémantique L'approche techno-économique des chaînes opératoi
propre. res permet la prise en considération de paramètres qui, dès
l'amont de la séquence de débitage et de fabrication de
4-1 Concept opératoire Levallois l'outillage, vont contribuer à la détermination des object
ifs.Peu de paramètres physiques paraissent déterminants
Le concept opératoire Levallois est structuré à partir de à ce stade. Les plus contraignants sont l'accessibilité des
deux notions interactives : la conception volumétrique du matériaux dans l'environnement et la dimension de ces
nucleus et son mode d'exploitation. A chacune de ces deux derniers.
notions correspondent des critères techniques spécifiques Il faut donc rappeler ici que la discussion des condi
dont il résultera une production d'enlèvements définis et tions d'accès à la matière première, son abondance et sa
variés. disponibilité doivent être évaluées, avant toute autre chose.
La définition que nous proposons résulte de l'interac La méthode d'analyse en sera la même que celle évoquée
tion de six critères indissociables (Boëda 1986 ; 1988a, b plus haut pour les chaînes opératoires bifaciales.
et c ; 1990) : Parmi les caractéristiques de la matière première qui
1 - Le volume du nucleus est conçu en deux surfaces sont à rechercher, c'est la morphologie et la dimension des
convexes asymétriques, sécantes, délimitant un plan d'in unités volumétriques qui sont primordiales. La dimension
tersection. des blocs conditionne en effet directement le fractionne
2 - Les deux surfaces sont hiérarchisées : l'une est ment de ces derniers en unités plus petites, aptes au
conçue comme surface productrice d'enlèvements définis transport, et peut expliquer ainsi l'absence de produits
et variés, la deuxième surface est conçue comme surface corticaux parmi les vestiges techniques des phases initia
de plans de frappe des enlèvements définis. Leurs rôles ne lesd'une chaîne opératoire. Enfin, la dimension de la
peuvent être interchangés lors d'une même séquence de matière première peut être l' objet d' une recherche particu
production d'enlèvements prédéterminés. lièrepour l'obtention de produits aux caractéristiques
3 - La surface de débitage est aménagée de telle façon morphotechniques et dimensionnelles appropriées à des
que les produits obtenus à ses dépens soient déterminés. usages et à des outils au fonctionnement spécifique.
Les critères techniques de prédétermination des Dès cette phase, ce qui est le plus régulièrement

53
DEBITAGE LEVALLOIS
A ECLAT(S) PREFERENTIEL(S)

DEBITAGE LEVALLOIS RECURRENT

Fig. 4
A : Débitage Levallois méthode à éclat préférentiel. Premier enlèvement.
B : Débitage Levallois méthode à éclat préférentiel, deuxième enlèvement.
Le débitage de cet enlèvement peut se faire sans un réaménagement de la surface de débitage.
C : Débitage Levallois méthode récurrente unipolaire, première série d'enlèvements.
D : Débitage Levallois méthode récurrente unipolaire, deuxième série d'enlèvements après réaménagement de la surface
de débitage.

54
observé sur les gîtes de matières premières situés à quelque Sur la base des objectifs quantitatifs recherchés, deux
distance des lieux d'habitat, c'est une série de comporte grands ensembles de méthodes peuvent être distingués
ments visant à tester la matière première puis, éventuelle (fig. 4):
ment, à entreprendre l'orientation du volume du nucleus et - un premier ensemble de méthodes dont l'objectif
à initialiser la mise en forme de ce dernier. Les enlève correspond à l'obtention d 'un unique éclat préférentiel par
ments caractéristiques sont essentiellement des éclats surface préparée. C'est-à-dire que la surface de débitage
corticaux, entames et semi-corticaux. du nucleus est exploitée par un seul éclat. Si l'on désire
Enfin, le grand intérêt d'une approche techno-écono obtenir d'autres éclats, il sera nécessaire de remettre en
mique détaillée dès la phase d'acquisition de la matière place une surface de débitage. Ces méthodes ainsi que le
première réside dans les possibilités de mise en évidence nucleus sont dits à éclat préférentiel. Parmi cet ensemble
d'une répartition spatiale des activités techniques et des de méthodes, il nous faut établir une distinction entre des
phases de la chaîne opératoire. Ces phases peuvent se méthodes dites prédéterminées et d'autres conjecturales.
distribuer et paraître organisées dans des lieux éloignés les Cette distinction repose sur l'intentionnalité et l'investi
uns des autres. Ce sont les discontinuités observées dans ssement technique réel. En effet, les méthodes dites déter
les chaînes opératoires qui sont les plus informatrices à cet minées correspondent à des méthodes où l'objectif est
égard. Il peut s'agir de discontinuités spatiales qui sont déterminé précisément avant toutes opérations. Par contre,
liées à des sources d'approvisionnement différentes ; elles les méthodes dites conjecturales ne sont en réalité que des
résultent de l'observation de matières premières variées au mises à profit de situations. C'est-à-dire que le tailleur sait
sein d'un même ensemble lithique. Des discontinuités qu'à ce moment précis il peut obtenir un certain type
chronologiques interviennent aussi dans le déroulement d'éclat. Mais les conséquences sur le nucleus n'étant pas
d'une chaîne opératoire. Elles se traduisent alors par des négligeables, cela présuppose d'une certaine manière que
différences de représentation entre les phases d'une même le tailleur connaît pertinemment les conséquences techni
chaîne opératoire pour un type de matière première donné. quesde son acte.
Ainsi, des chaînes opératoires sont mieux représentées par - un deuxième ensemble de méthodes, dont l'objectif
leurs stades initiaux sur des ateliers de débitage et par leurs correspond à l'obtention de plusieurs éclats prédéterminés
stades terminaux dans des sites d'habitat où les produits de pour une même surface de préparation Levallois, est la
débitage sont seulement transformés en outils et retouchés. méthode dite récurrente car les critères techniques sont mis
Ces discontinuités permettent d'interpréter, grâce à la en place de manière à ce que la surface de préparation
notion globale de chaîne opératoire, les témoins positifs et Levallois soit conçue pour obtenir une série récurrente
négatifs observés dans un site de points de vue simultané d'éclats. Le terme de récurrent désigne une relation de
ment spatiaux, fonctionnels et comportementaux. cause telle que la séquence revient à son point de départ.
En ce qui concerne le phénomène de diffusion, la Tout enlèvement provenant d'une même série récurrente
distance de transport d'un matériau influe largement sur est fonction des enlèvements précédents. En d'autres te
l'image de la chaîne opératoire restituée à l'arrivée sur le rmes, ils sont prédéterminés puisqu'ils utilisent les critères
lieu d'abandon. Au-delà de ce principe général, il est clair de prédétermination et prédéterminants puisqu'ils en créent
que de réelles stratégies ont été adoptées au Paléolithique de nouveaux lors de leur détachement.
inférieur et moyen par des groupes devant faire face à des Ces deux grands ensembles de méthodes sont gérés par
nécessités d'approvisionnement permanent en produits le biais de modalités diversifiées dans l'organisation des
lithiques tout au long de leurs déplacements et de leurs enlèvements de préparation et de gestion des nucleus :
activités. Des notions d'anticipation des besoins, dans le gestion unipolaire parallèle (fig. 6), unipolaire conver
temps et l'espace, ont, dès lors, pu voir le jour (Geneste, gente, bipolaire (fig. 7) et centripète (fig. 8).
1985, 1986, 1989.
Ces différentes méthodes peuvent ou non coexister
Séquence de production des supports : méthodes, entre elles dans un même ensemble lithique. Nous disti
technique et procédés techniques nguons alors des systèmes de production linéaux et récur
rents.
Méthodes Nous entendons par système de production linéal toute
production régie uniquement par des méthodes à éclats
La méthode renvoie à l'étape de production : elle est la préférentiel (fig. 5).
liaison entre la représentation abstraite de l'objectif et sa Nous entendons par système de production récurrent
concrétisation. Toute méthode consiste en la mise en place toute production régie par des méthodes récurrentes. Il
de l'ensemble des critères techniques précédemment dé existe, dans certains cas, des systèmes mixtes où les
crits ainsi qu'à la gestion de la surface de débitage c'est-à- méthodes sont récurrentes et préférentielles ; mais au lieu
dire que nous aurons autant de méthodes différentes qu'il de créer un troisième système, nous préférons regrouper
y aura d'objectifs qualitativement et quantitativement ces cas dans un système récurrent. En effet, les méthodes
différents et tant qu'il y aura des façons différentes pour à éclats préférentiels sont souvent des méthodes dites
obtenir un même objectif. conjecturales et correspondent à une dernière séquence

55
non récurrente d'éclats. L'option, percussion directe au percuteur, n'est aucu
La variabilité des chaînes opératoires Levallois va nement dépendante de la conception Levallois. D'autres
s'opérer à différents niveaux : techniques auraient permis de détacher des éclats mais
- dans les produits recherchés, inversement cette technique, adaptée à cette conception
- par l'aspect quantitatif de l'objectif (méthodes préfé Levallois, permet d'obtenir un certain nombre de caracté
rentielles, méthodes récurrentes), ristiques qui n'auraient pas pu être obtenues avec une
- par le mode de gestion des nucleus (organisation des percussion tendre. De même, contrairement à ce qui est
enlèvements), communément admis, une très grande variabilité existe à
- par les méthodes présentes. propos de cette technique. En effet, une quantité de fac
L'aspect quantitatif de l'objectif peut être appréhendé teurs techniques -gestes, poids du percuteur, nature de
encore à un autre niveau de variabilité : c'est le nombre de celui-ci (calcaire, basalte, quartz, quartzite, silex), maint
séquences d'exploitation du nucleus. ient du nucleus, etc.- combinés de façons différentes
En effet, ou bien une séquence a été réalisée sur un permettent d'obtenir des caractères techniques différents
nucleus correspondant donc à l'exploitation d'une seule aux dépens des faces inférieures d'éclats pour une même
surface de préparation (ce qui se produit le plus souvent surface supérieure.
dans le cas des méthodes linéales, exemple Ault), ou bien
une même séquence de débitage est plusieurs fois répétée Procédés techniques
correspondant à l'exploitation de plusieurs surfaces de
préparation successives, entrecoupées à chaque fois de Les procédés techniques mis en évidence concernent la
phases de remise en forme de surface de débitage et des préparation du futur talon des éclats.
plans de frappe (ce qui se produit le plus souvent dans le cas - Cas du chapeau de gendarme :
des méthodes récurrentes mais pouvant aussi exister dans - deux encoches latérales sont réalisées sur le plan de
le cas des méthodes linéales, exemple Saint- Just-La-Chaus- frappe à partir d'arêtes de la surface de débitage ; elles
sée) (Kelley 1954). dégagent une proéminence sur laquelle sera appliquée la
percussion dégageant l'éclat. Ce procédé assure une
Ces différents phasages de la séquence de production meilleure transmission de l'onde de fracture et surtout la
des produits Levallois et les différentes méthodes sont concentre et l'oriente ;
identifiables archéologiquement par la présence de pro - au cours d'une même opération, le début des nervures
duits caractéristiques définis selon des critères technologi de la surface de débitage est le plus souvent aminci par
ques, morphologiques et/ou dimensionnels : deux points d'enlèvement triangulaires.
- nucleus à unique éclat préférentiel, - Procédé d'égrisage du bord du plan de frappe avec un
- nucleus récurrent, abraseur qui enlève ou réduit une corniche trop proémi
- enlèvement prédéterminé Levallois I, II, III, nentepermettant ainsi une meilleure percussion ou une
- enlèvement débordant. percussion plus tangentielle sur un plan de frappe ainsi
Dans le cas des méthodes récurrentes où la méthode de plus convexe à sa partie supérieure.
débitage est plusieurs fois répétée, les supports produits
vont se répartir en classes morphométriques distinctes Séquence d'aménagement par retouche
(mêmes produits mais de dimensions successivement plus
petites), vont être obtenus en plus grande quantité pour un L'importance de cette étape n'est pas seulement fonc
même bloc (productivité plus importante). D'autre part, tion de l'intensité de la retouche. Il semble que, dans
les nucleus correspondants vont se caractériser par un fort certains cas, la morphologie recherchée et des caractéris
degré d'exhaustion. tiques du support puissent être obtenues directement au
cours du débitage, réduisant ainsi, au strict nécessaire, la
Technique phase d'aménagement par la retouche. C'est ce qui est
observé dans les industries moustériennes de débitage
La technique de détachement de tous les éclats est Levallois (Biache-Saint-Vaast, grotte Vaufrey, Mousté-
unique : il s'agit de la percussion directe au percuteur rien du Proche-Orient : Kebara) où le degré d'élaboration
dur. Cette technique est indépendante de la conception du caractère prédéterminé est resté tel que la nécessité
volumétrique et du mode d'exploitation et c'est pour l'une d'une séquence de retouche importante ne se fait pas
de ces raisons que ce critère est pris en compte dans la sentir. Peu marquée, la retouche ne fait que parfaire un
définition du débitage Levallois. A la même époque, produit en régularisant sa morphologie, son contour ou son
d'autres techniques étaient également connues tant pour la tranchant. Ainsi, les pointes moustériennes et les racloirs
fabrication de pièces bifaciales que pour la retouche des convergents sont faits sur des pointes Levallois et des
éclats supports. Dans ces deux cas, la percussion directe au éclats Levallois triangulaires ; les racloirs transversaux sur
percuteur tendre est très souvent attestée soit par la pré des éclats corticaux ou des éclats de mise en forme larges.
sence d'éclats caractéristiques, soit par l'existence des En conséquence, en termes de complexité, la discrétion
outils de fabrication : retouchoirs en os. de la séquence de transformation ne préjuge en rien de la

56
0
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Fig. 5 Méthode Levallois linéale


Nucleus de Bagarre, d'après Boëda 1988a.

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METHODE LEVALLOI
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complexité de la chaîne opératoire car elle a été investie, au zone retouchée. Selon leur morphologie, les matériaux
préalable, d'une autre manière, dans la conception d'un travaillés varient. Les éclats allongés ont travaillé le bois
produit prédéterminé. et/ou la peau ; les éclats courts portent des traces de
Au contraire, dans le Charentien de type Quina, la boucherie. Il n'y a pas de trace d'emmanchement sur ces
retouche est une séquence importante qui compense, en outils.
quelque sorte, la faible prédétermination des supports. Le Une certaine spécialisation fonctionnelle se dégage
début de la séquence de retouche joue un rôle très import donc en liaison avec la morphologie du support.
ant.La retouche régularise le support dans un premier
temps et permet d' initialiser, de façon caractéristique, les Racloirs convergents déjetés.
séries de retouches suivantes.
D'autre part, dans un grand nombre d'industries, les L'unité morphotechnologique du groupe est nette : les
produits Levallois semblent être sélectionnés comme supports Levallois sont préparés par enlèvements unipol
supports d'outils. Parfois même, certains éléments carac aires allongés et convergents . La partie active de ces outils
téristiques d'une phase de la chaîne opératoire sont assez correspond à la seule zone retouchée. Elle se compose de
systématiquement choisis comme supports d'outils spéci deux bords qui convergent vers la pointe dans leur tiers
fiques mais d'une manière qui n'est pas exclusive. A distal. Les stigmates microscopiques indiquent un travail
Biache-Saint-Vaast, par exemple, les enlèvements III du du bois par raclage . Il n ' y a pas non plus de trace d' emman
système unipolaire sont préférentiellement destinés à des chement sur ces objets.
pointes moustériennes alors que les enlèvements I du Celte catégorie présente donc à la fois une homogénéit
système bipolaire sont plutôt sélectionnés pour servir de é morphotechnologique et fonctionnelle.
supports à des racloirs convergents.
Racloirs convergents symétriques - pointes moustér
Séquence d'utilisation des outils iennes.
Les travaux effectués au microscope en lumière réflé La standardisation technologique est frappante ; deux
chie, sur une série de sites moustériens français (Corbe- groupes se dégagent parmi ces outils : les pointes allongées
hem, Arcy-sur-Cure, Marillac, Pié Lombard et la grotte et les pointes courtes. Ils sont tous deux aménagés par des
Vaufrey), ont mis en évidence deux faits majeurs : l'ab enlèvements unipolaires parallèles ou subparallèles. La
sence de traces d'utilisation sur une large partie du matériel partie utilisée est la zone de convergence des deux bords
et l'importance du travail du bois. dans le tiers distal des tranchants. Les stigmates identifiés
Ces premières recherches ont abouti par ailleurs à la indiquent un travail du bois. Les stries, les polis et les
conclusion d'une absence de relation entre typologie et encrassements des arêtes, observés sur les surfaces de ces
matière travaillée sauf pour les encoches et les denticulés pointes, attestent la présence d'emmanchements qui pou
(Beyries 1987, 1988). vaient être de deux types : soit l'outil était maintenu contre
le manche en bois par un manchon ou des liens en cuir, soit
Cependant, des résultats récents, obtenus sur le site de il pouvait s'insérer dans un manche de bois en forme de
Biache-Saint-Vaast, couche Ha, semblent apporter des pince.
éléments plus pertinents qu'il nous semble intéressant de Ce dernier groupe semble être le plus remarquable à la
signaler ici (Beyries 1988). Dans le niveau Ha de Biache, fois par le choix du support standardisé morphologique
comme nous l'avons vu précédemment, E. Boëda a mis en ment et technologiquement mais aussi par son unité fonc
évidence, sur la base d'un échantillon, un choix de sup tionnelle (matière travaillée et partie active).
ports spécifiques : dans la chaîne de fabrication, et en La forte standardisation de ce groupe est liée, selon
particulier pour les pointes moustériennes, se sont les Sylvie Beyries, à la volonté de rendre interchangeable
enlèvements III du schéma unipolaire qui sont assez sy l'élément lithique emmanché. Ceci confirme et amplifie le
stématiquement sélectionnés en tant que supports (Boëda caractère hautement organisé et réfléchi de la chaîne
1988a). Les études tracéologiques ont porté uniquement opératoire qui, dans le cas de Biache, était déjà mis en
sur la catégorie la mieux représentée dans le niveau Ha de évidence lors de la description de la séquence de fabrica
Biache : racloirs et pointes moustériennes. tion des supports.
Brièvement exposés ici, les résultats obtenus sur ce site
indiquent, pour chaque catégorie d'outils considérée, une 4-3 Exemples de chaînes opératoires Levallois
homogénéité morphotechnique plus ou moins prononcée
selon les groupes mais toujours présente. 4-3-1 Méthode linéale
Elle se caractérise par un nucleus Levallois à éclat
Racloirs non convergents simples et doubles. préférentiel.
L'exemple choisi se réfère au site de Bagarre (Boëda
Les supports sélectionnés sont des produits Levallois 1986) et à celui de Ault (Perpère 1981).
indifférenciés. La partie active de l'outil correspond à la

60
Objectifs Objectifs
Surleplan quantitatif, un produit unique est recherché. Quantitativement, il s'agit d'obtenir plusieurs pro
Sur le plan qualitatif, à Bagarre, un éclat quadrangulaire ou duits et qualitativement ce sont des éclats souvent allon
triangulaire est souhaité alors qu'à Ault c'est un grand gés,aux caractères morphotechniques différents.
éclat ovalaire.
La chaîne opératoire va se dérouler et s'organiser de la
Méthodes manière suivante (fig. 6) :
* Décorticage du bloc : * Décorticage du bloc :
II s'effectue soit par grands éclats corticaux et par II se fait par des enlèvements unipolaires et centripèt
éclats de mise en forme, soit par éclats corticaux de taille es.
moyenne puis semi-corticaux et éclats de mise en forme. Les produits caractéristiques sont des enlèvements
Les produits caractéristiques en sont les éclats d'en corticaux, semi-corticaux et à dos cortical.
tame, les éclats corticaux et les couteaux à dos corticaux.
* Mise en place des surfaces de préparation des plans
* Mise en place du plan de frappe principal : de frappe.
II s'agit en fait de la surface de préparation du plan de
frappe. Les produits caractéristiques sont encore des éclats * Mise en place des convexités latérales et distales :
corticaux et des éclats d'aménagement de plan de frappe. Elle est difficile à lire car il reste peu de traces encore
Ces derniers sont caractérisés par leur allongement, leur visibles. Cependant, elle semble s'effectuer par des enl
profil torse et la présence de cortex en partie distale et èvements centripètes d'inclinaison semi-abrupte qui sont
latérale. encore visibles en partie distale ou bien par des enlève
ments unipolaires d'obliquité importante.
* Mise en place des convexités latérales et di stales : Les produits caractéristiques sont des enlèvements
Elle s'effectue par des combinaisons d'enlèvements Levallois qui sont souvent atypiques et des enlèvements
qui peuvent varier d'un nucleus à l'autre. pseudo-Levallois.
A Bagarre, on peut observer une grande variabilité de
ce groupe d'enlèvements. Ils sont parallèles et de même * Aménagement de plusieurs plans de frappe contigus,
sens, parallèles et de sens opposé ou bien encore perpend en général au nombre de trois.
iculaires. Dans le cas d'Ault, ils sont majoritairement
centripètes. * Détachements successifs d'une série de deux, trois,
Les produits caractéristiques sont spécialement des quatre éclats, en général envahissants et parallèles, mais
éclats à talon déjeté, qui permettent l'affinage des convexit dont la largeur n'excède pas la moitié de la largeur du
és et correspondent aux éclats et aux pointes pseudo- nucleus. Le détachement du premier éclat va créer une
Levallois, et des éclats débordants qui donnent une incl nervure qui servira de guide (Tixier, Inizan, Roche 1980)
inaison favorable et créent des convexités latérales. pour l'éclat suivant, contigu ; elle remplacera ainsi la
convexité disparue.
* Aménagement ultime d'un plan de frappe bien Les produits caractéristiques consistent en trois types
dégagé et détachement de l'éclat Levallois préférentiel. d'éclats Levallois : des enlèvements I qui sont Levallois
Différents procédés techniques sont employés. classiques, des enlèvements II dont la surface supérieure
Les produits caractéristiques sont donc d'une part un est caractéristique puis des enlèvements III (Boëda, op.
grand éclat Levallois, d'autre part un nucleus présentant cit.).
une collerette plus ou moins étroite, correspondant aux
enlèvements de préparation, autour de l'empreinte cent * Remise en forme du nucleus pour une deuxième série
rale. d'enlèvements :
Elle se fait soità l'aide d'enlèvements centripètes, soit,
Méthodes récurrentes unipolaires au contraire, par des éclats débordants.

Elles se caractérisent par un nucleus Levallois à plu * Détachement d'une nouvelle série d'enlèvements.
sieurséclats et un débitage unipolaire.
A - Le premier exemple choisi sera celui du schéma A ... et ainsi de suite.
deBiache-Saint-Vaast, couche Ha (Tuffreau 1984, Boëda
1988a). Les rapports longueur/largeur des produits obtenus
lors des différentes séquences vont diminuer au fur et à
mesure de l'exploitation des surfaces successives. Ce
phénomène semble être contrôlé de façon à obtenir, dans

61
ce cas, des éclats courts et non laminaires ainsi que des manière, débités à l'extérieur de la grotte et introduits
éclats débordants. Ceci prouve donc une capacité à pro séparément sous forme de produits bruts (fig. 10, n° 1, 2).
duire, selon l'objectif désiré, des enlèvements aux carac Des matières premières provenant de 20 à 60 kilomèt
téristiques techniques et morphométriques déterminées. res autour du site ne représentent que moins de 1 %. Ce
sont exclusivement des phases terminales de la chaîne
* D'autre part, l'examen des outillages retouchés opératoire qui ont été abandonnées dans la grotte. Il s'agit
montre que certains de ces enlèvements caractéristiques de produits Levallois allongés, présents sous forme brute
ont été sélectionnés pour servir de supports à des outils ou transformés en outils retouchés (fig. 10, n° 3, 7).
spécifiques. Les matières premières ne provenant pas de l'enviro
Les pointes moustériennes ont été aménagées de nnementimmédiat, ni même voisin, sont toujours de qualité
façon préférentielle sur les enlèvements III du schéma nettement supérieure à celles disponibles localement :
unipolaire et les racloirs convergents sur les enlèvements texture, finesse du grain et surtout dimensions.
I du schéma bipolaire.
Méthodes
B - Le second exemple concerne l'industrie lithiquede
la couche VII de la grotte Vaufrey, datée de la fin du * Décorticage du bloc.
complexe rissien (Geneste 1985, 1988 ; Rigaud 1988). Il se fait en général par des enlèvements soit unipolair
es, pour les tous premiers qui sont laminaires, soit centri
Objectifs pètes ensuite. Les produits caractéristiques sont des enl
èvements corticaux, semi-corticaux (fig. 9, n° 2) ou à dos
Quantitativement, il s'agit toujours de l'obtention d'une cortical (fig. 9, n° 3, 4, 5).
série de produits Levallois et qualitativement ce sont des
éclats généralement allongés, laminaires, parfois pointus, * Initialisation du nucleus par mise en place des surfa
au contour général symétrique. Ils possèdent des caractè cesde préparation des plans de frappe.
res morphotechniques différents les uns des autres. Un plan de frappe principal demeure généralement
Dans les ensembles lithiques de la grotte Vaufrey, il est lisse, un autre plus accessoire lui est opposé. Cette ten
possible de suivre la chaîne opératoire depuis l'acquisition dance à conserver un plan de frappe préférentiel demeure
de la matière première car une étude techno-économique jusqu'à la phase ultime du débitage (fig. 6 bas de page).
a été réalisée pour tous les niveaux de ce site moustérien
(Geneste op. cit.). * Mise en place des convexités latérales et distales.
Une chaîne opératoire similaire est présente dans les Ce sont des enlèvements centripètes, rares et plutôt
couches VII et VIII de ce gisement. C'est pourquoi, bien unipolaires, fortement obliques qui sont employés (fig. 9,
que ce soit celle de la couche VII qui serve de modèle n° 2). Des enlèvements Levallois aux caractères atypiques,
descriptif, l'illustration, quant à elle, peut concerner les avec des plages corticales résiduelles, et des enlèvements
deux ensembles lithiques (fig. 9 à 12). pseudo-Levallois caractérisent cette phase.
Acquisition des matières premières. * Aménagement d'un plan de frappe préférentiel et
éventuellement d'un second plan de frappe accessoire aux
Les matières premières d'origine locale, c'est-à-dire extrémités de la surface de débitage.
moins de un kilomètre dans le cas présent, représentent Il y a, généralement, deux plans de frappe mais les
70 % de la totalité des matériaux. Ce sont des silex de vestiges de ce stade sont difficiles à retrouver. Dans la
qualité correcte ou médiocre, introduits sous forme de grotte Vaufrey, couches VII et VIII, il est fréquemment fait
petits blocs qui sont rarement décortiqués (fig.9, n° 1). recours à une procédure bipolaire pour contrôler les con
Plusieurs remontages attestent de ce comportement. Un vexités distales (fig. 6 bas de page).
assez fort pourcentage, soit 25 % de matières premières,
provient de distances comprises entre 5 et 1 5 kilomètres de * Détachement d'une série de plusieurs éclats laminair
la cavité. Il s'agit de plusieurs types de silex tertiaires, de es, assez envahissants, et à disposition parallèle sur la
bonne qualité, exploités sous forme de blocs et plaques qui surface de débitage, comme à Biache-Saint- Vaast, niveau
ont été préalablement aménagés avant leur transport. Les Ha.
blocs ont été généralement décortiqués et même débités Les produits caractéristiques sont des enlèvements I
avant le déplacement. Un seul nucleus a été rapporté. Ce qui sont Levallois classiques et symétriques (fig. 10, n° 2,
sont des produits Levallois, pointus et laminaires, dont 3,5,7) et des enlèvements II dont la surface est caractéris
certains sont déjà transformés par la retouche qui ont été tique (fig. 10, n° 1). Une méthode bipolaire coexiste avec
introduits. La chaîne opératoire s'est donc en partie effec ce schéma unipolaire. Elle est présente dans l'ensemble
tuéeen d'autres lieux que dans la cavité. Des matériaux lithique de la couche VIII (fig. 10, n° 5, 7) alors qu'elle
d'origine probablement locale, mais de très bonne qualité demeure très discrète dans la couche VII. La méthode
et surtout de grandes dimensions, ont été, de la même unipolaire n'est donc pas appliquée ici de façon stricte et

62
METHODE LEVALLOIS
RECURRENTE CENTRIPETE

Fig. 8 Méthode Levallois récurrente centripète. Chaîne opératoire à Corbehem.


Remontage d'un nucleus récurrent centripète de Fonseigner, niveau D supérieur.

63
Fig. 9 Méthode Levallois récurrente unipolaire. Grotte Vaufrey, couches VII et VIII
1 à 5 : Phase de mise en forme du nucleus.

64
Fig. 10 Méthode Levallois récurrente unipolaire. Grotte Vaufrey, couches VII et VIII
1 à 7 : Phase de plein débitage.

65
cm
,

Fig. 1 1 Méthode Levallois récurrente unipolaire. Grotte Vaufrey, couches VII et VIII
1 à 5 : Phase de remise en forme du nucleus.
6 et 7 : Nucleus résiduels en matières premières d'origines voisines.

66
les relations entre les deux schémas doivent faire l'objet Méthodes
d'une analyse détaillée. Il est clair ici que le schéma
opératoire bipolaire est associé à des matières premières de * Le décorticage du bloc s'effectue à l'aide de grands
grandes dimensions initiales, débitées hors du site. Les enlèvements allongés, parfois des lames, de direction
matières premières d'origine locale illustrent exclusive unipolaire par des enlèvements parallèles ou convergents
ment le schéma unipolaire. (fig. 12).
Les produits caractéristiques sont des enlèvements
* Remise en forme de la surface de débitage pour une totalement corticaux, des couteaux à dos corticaux et des
seconde série d'enlèvements à l'aide d'éclats qui sont éclats semi-corticaux en partie distale ou latéro-distale.
rarement à dos cortical (fig. 11, n° 2-3), mais le plus Ces éclats laminaires très caractéristiques, souvent
souvent des éclats débordants caractéristiques qui entre outrepassants, parfois débordants, légèrement torses por
tiennent les convexités latérales (fig. 11, n° 4, 5). Des tent sur leurs faces supérieures les négatifs d'enlèvements
enlèvements de directions opposées, dont certains sont unipolaires souvent déjà légèrement convergents (fig. 12,
débordants, rectifient les inclinaisons distales. Ils peuvent n°4).
donner l'impression d'un débitage bipolaire dans des cas Plus larges et légèrement torses en partie distale de
extrêmes. part leurs caractères, ils aménagent déjà partiellement les
Les produits ont des modules plus réduits au fur et à convexités distales (fig. 12, n° 1,2, 3, 4).
mesure de l'avancement du débitage. Selon les types de
matières premières, les nucleus résiduels peuvent être plus * Mise en place d'un plan de frappe large mais limité
ou moins petits (fig. 1 1, n° 6 et 7). à la partie proximale du nucleus :
Il existe, dans ces ensembles lithiques, une sélection L'aménagement de la surface de préparation des
des caractères morphotechniques présentés par les pièces plans de frappe reste en général assez succinct. La majeure
supports de l'outillage retouché. Ainsi, nombre d'enlève partie de cette surface demeure, le plus souvent, corticale.
ments I et II demeurent bruts de retouche et conservent L'aménagement atteint rarement la totalité de la périphérie
leurs tranchants intacts dans le schéma unipolaire strict du nucleus.
(couche VII). Il en est de même dans le schéma bipolaire
(couche VIII) pour les enlèvements I et II. L'outillage * Mise en place des convexités latérales et distales :
retouché, tel que racloirs doubles et convergents, est réa Elle est difficile à lire car peu de traces sont encore
lisé sur des enlèvements III et sur des produits Levallois visibles sur le nucleus. Les premiers stades de préparation
atypiques de mise en forme initiale et de remise en forme semblent aménager et entretenir ces convexités par des
qui sont déjà laminaires ou triangulaires. De la même enlèvements unipolaires convergents d'obliquité prononc
façon, les caractères morphotechniques des produits sont ée. Les convexités distales peuvent, plus exceptionnelle
approchés au maximum dès la phase de débitage afin que ment, être aménagées par de petits enlèvements de même
la retouche soit réduite au strict nécessaire (fig. 9, 10 et 1 1). axe et de sens opposé ou par de petits éclats courts et
Ce qui explique que la morphologie fonctionnelle de perpendiculaires.
l'outil retouché est étroitement adaptée à la morphologie Les produits caractéristiques sont les suivants :
des supports qui est recherchée tout au long de la phase de - des éclats souvent encore laminaires, outrepassants
débitage. et légèrement torses qui sont généralement unipolaires ;
Le fonctionnement de l'outillage est évoqué plus haut - parfois, des éclats débordants qui vont être à dos
dans le paragraphe concernant l'utilisation des supports corticaux vue l'absence de préparation de plans de frappe
(Beyries 1988). sur les parties latérales du nucleus (fig. 13, n° 1, 2, 3) ou
plus rarement non corticaux (fig. 13, n° 4) ;
Méthode récurrente unipolaire convergente
* Aménagement de plans de frappe contigus.
C'est l'exemple de la grotte de Kebara (niveaux IX et
X) qui servira de modèle (Meignen, Bar Yosef 1988a et b, * Départs successifs d' une série d'éclats subtriangulair
1989 et sous presse). es, souvent allongés (fig. 14, n° 1,2, 3) ou de pointes
Levallois (fig. 15). Le débitage va balayer la surface
Objectifs Levallois de droite à gauche et se prolonger en un mouve
mentde va et vient (schéma des pointes de type 3.2.1 . ou
Qualitativement, plusieurs produits sont recherchés et 1.2.3.) donnant naissance, régulièrement, à des produits
quantitativement, ce sont des pointes Levallois courtes, légèrement asymétrique, en section transversale et en plan
souvent à base large, ainsi que des éclats et lames subtrian (produits latéralisés sur le nucleus). Ces éléments sont
gulaires (fig. 14 et 15). caractéristiques d' une production systématique du schéma
unipolaire convergent. Les pointes Levallois elles-mêmes
présentent une morphologie particulière : leur profil n'est
pas seulement courbe, ce qui est fréquent dans la produc-

67
tion Levallois, mais il montre une rupture qui correspond * Mise en place des surfaces de préparation des plans
à la zone de la nervure Levallois (profil dit «en Concorde») de frappe.
(fig. 15, n° 2, 3, 5 et 6). C'est généralement un plan de frappe périphérique qui
Tout comme dans le cas du Levallois récurrent unipol est mis en place progressivement autour de la surface de
aireet parallèle de Biache, le détachement de chaque éclat débitage potentielle. A Fonseigner, apparaît nettement une
ou pointe va entretenir les convexités latérales et distales tendance à débuter par deux plans de frappe opposés, qui
(fig. 16, n° 1 à 5). seront réunis ultérieurement. Souvent, un bord du nucleus
conserve, tout au long du débitage, une surface brute ou
Méthodes récurrentes centripètes corticale non aménagée (fig. 19, n° 8). Le plan de frappe
principal peut être lisse et aménagé sur un plan de fracture
L'exemple en est pris dans le gisement de plein air de naturel (fig. 8 bas de page).
Fonseigner, vallée de la Dronne. Les niveaux moustériens
sont datés entre 50 000 B.P. et 52 000 B.P. par thermolu * Mise en place des convexités latérales et distales.
minescence. C'est l'ensemble lithique du niveau D supé Elle se réalise à l'aide d'enlèvements unipolaires et
rieur qui est décrit ici (Geneste 1985, 1989). bipolaires assez obliques et par des enlèvements centripèt
es courts (fig. 8, n° 4). Il existe des enlèvements Levallois,
Acquisition des matières premières pseudo-Levallois et Levallois atypiques avec des résidus
de surface initiale ou corticale à ce stade.
Elle s'est effectuée selon diverses modalités.
L'essentiel des matériaux lithiques (96 %) provient * Aménagement de plusieurs plans de frappe souvent
d'une source de silex de bonne qualité située à trois adjacents.
kilomètres du site. Les blocs ont été transportés bruts après Ils sont assez fréquemment au nombre de deux ou trois
un test de qualité puis ils ont été débités à Fonseigner. et se développent de manière périphérique ultérieurement.
Quelques très beaux éclats Levallois préférentiels, de Des enlèvements courts, torses, à cortex latéro-distal sont
grandes dimensions, semblent avoir été introduits séparé caractéristiques. Ils sont progressivement de plus en plus
ment. petits.
Les matières premières d'origine plus éloignée (4 %)
n'ont pas été transportées sous forme de blocs bruts dans * Détachement d'une série d'enlèvements Levallois
le site. Elles n'y sont présentes que sous forme de produits qui exploitent et entretiennent en même temps la surface de
Levallois et d'outils retouchés. Plusieurs d'entre elles débitage.
proviennent de plus de 50 kilomètres. Ils se répartissent en plusieurs catégories caractéristi
ques qui se succèdent et s'agencent sur les surfaces de
Objectifs débitage :
- des produits assez symétriques qui sont souvent les
Ce sont des produits Levallois aux caractères morphot premiers de la série et des éclats plus ou moins préférent
echniques et dimensionnels variés qui ont été recherchés. iels obtenus de manière occasionnelle, qui apparaissent
A ces morphologies caractéristiques ont été adaptés des cycliquement (fig. 18, n° 1, 4 et 5);
types d'outils retouchés spécifique. Au sein d'un ensemble - des enlèvements nettement latéralisés qui sont des
à débitage Levallois récurrent centripète, largement domin éclats Levallois atypiques, centripètes mais aussi débor
ant, coexistent quelques nucleus à débitage Levallois dants (fig. 19, n° 4, 5, 6, 7). Des éclats débordants et à dos
récurrent bipolaire. cortical entretiennent les convexités latérales tout au long
du processus ;
Méthodes - des éclats pseudo-Levallois qui contribuent à entrete
nir les convexités latérales et distales entre les différentes
A Fonseigner, la chaîne opératoire se déroule de la séries (fig. 19, n° 2 et 3).
manière suivante (fig. 8 et 18 à 20) :
* Décorticage du bloc : Des enlèvements Levallois aux bords convergents
peuvent être obtenus dans les séries après des enlèvements
II se fait sur place, après transport, pour les rognons de latéralisés (fig. 19, n° 6, 7).
taille petite et moyenne, jusqu'à 3 kilos (fig. 17, n° 1) et Les nucleus, débités par méthode récurrente centri
ailleurs, vraisemblablement près des gîtes de matières pète,sont souvent exploités jusqu'à un degré très avancé
premières, pour les plus gros d'entre eux ayant produit les (fig. 19, n° 10). Des éclats abandonnés lors de la phase de
plus grands enlèvements Levallois. mise en forme du nucleus sont réutilisés à leur tour ; des
Il s'effectue par des enlèvements unipolaires, bipolai
res (fig. 17, n° 4) et centripètes. nucleus sont exploités sur la face opposée à la première
surface de débitage (fig. 19, n° 9). Un éclat préférentiel
Les produits caractéristiques en sont des enlèvements occasionnel achève fréquemment la dernière série d'enlè
entièrement corticaux assez rares (fig. 17, n° 1 , 3, 5), semi- vements (fig. 19, n° 8).
corticaux plus fréquents et à dos cortical assez rares aussi
(fig. 17, n° 4).

68
cm
i

Fig. 12 Méthode Levallois récurrente unipolaire convergente. Grotte de Kebara, ensembles IX et X


Phase de décorticage et de mise en place des convexités : éclats largement corticaux, débordants et outrepassants.

69
I cm I
I
I
i

Fig. 13 Méthode Levallois récurrente unipolaire convergente. Grotte de Kebara, ensembles IX et X


Lames et éclats débordants corticaux et non corticaux.

70
I 1 I cm]

Fig. 14 Méthode Levallois récurrente unipolaire convergente. Grotte de Kebara, ensembles IX et X


Phase de plein débitage.

71
V-

cm

10

Fig. 15 Méthode Levallois récurrente unipolaire convergente. Grotte de Kebara, ensembles IX et X


Phase de plein debitage : pointes Levallois.

72
Fig. 16 Méthode Levallois récurrente unipolaire convergente. Grotte de Kebara, ensembles IX et X
Nucleus récurrents unipolaires convergents, souvent de petites dimensions.

73
m

■ cm
.

Fig. 17 Méthode Levallois récurrente centripète. Fonseigner, niveau D supérieur.


Acquisition de la matière première et phase de mise en forme du nucleus.

74
Fig. 18 Méthode Levallois récurrente centripète. Fonseigner, niveau D supérieur.
Phase de plein débitage Levallois.

75
Fig. 19 Méthode Levallois récurrente centripète. Fonseigner, niveau D supérieur.
Produits d'entretien des convexités et nucleus résiduels.

76
5 - CONCLUSIONS schémas opératoires en présence. Le cas du système trifa-
cial, récemment mis en évidence lors du réexamen de
A l'issue de cette brève définition synthétique, par séries lithiques du Sud-Ouest de la France, illustre bien
conséquent souvent réductrice dans l'expression de la cette situation.Alors que des notions sont reconsidérées,
variabilité des systèmes techniques, il faut préciser, qu'en élargies ou détaillées pour des systèmes déjà bien identi
ce qui concerne le Paléolithique ancien et moyen, si la fiés comme le Levallois ou le bifacial, d'autres systèmes
notion de chaîne opératoire a été initiatrice de bien des insoupçonnés jusqu'alors sont mis en évidence.
recherches et tient encore un rôle majeur dans les diverses 3 - Enfin, vouloir travailler de manière égale sur tout le
approches technologiques des industries lithiques et os processus de la chaîne opératoire est utopique. Pour ces
seuses, il n'en demeure pas moins qu'elle n'est pas tou périodes, le plus souvent, c'est sur une phase ou sur des
jours absolument opérationnelle dans ce contexte et ce segments de chaîne opératoire que l'on doit concentrer les
pour différentes raisons. études. Généralement, ce sont les stades de plein débitage
1 - Pour des motifs strictement liés à la nature et à la ou même seulement de transformation des supports ou de
conservation des sites archéologiques de ces périodes réalisation de l'outillage qui sont les seuls accessibles. La
anciennes. Parmi les facteurs qui tendent à restreindre les démarche technologique est donc, dans ce cas, plutôt
possibilités d'application de la notion de chaîne opératoire typologique, en ce sens qu'elle se réfère d'avantage à
aux ensembles lithiques du Paléolithique ancien et moyen l'outillage dans son ensemble.
on peut retenir deux principaux types.
D'une part la nature particulière des ensembles lith Du fait des différentes contraintes relatives aux don
iques qui proviennent de «sols d'habitat» qui sont en nées archéologiques, on peut dire qu'il existe une lecture
général palimpsestes issus d'occupations dont le nombre, de l'outillage propre au Paléolithique inférieur et moyen.
le rythme et la durée ne sont pas appréciables, sont d'un Les concepts ergonomiques de fonctionnement de l'outil
ordre de grandeur absolument différent de ce que l'on peut qui se situent dans la chaîne opératoire, en aval des
observer pour les périodes plus récentes du Paléolithique principes de sa fabrication, sont à prendre en compte
et qui ont été l'objet de phénomènes post-dépositionnels impérativement, ce qui est encore exceptionnel dans les
eux-aussi d'une autre ampleur. En conséquence, les en démarches analytiques. A ce propos, il reste encore un
sembles lithiques recueillis représentent, a priori, des vaste champ à explorer concernant le fonctionnement des
accumulations possibles d'ensembles lithiques constitués outils au Paléolithique inférieur et moyen en associant
dans des contextes variés mais reflétant rarement une seule étroitement, lorsque cela est possible, la reconnaissance
phase d'habitat. En fin de compte, la durée des processus des schémas opératoires, lecture et restitution des chaînes
de dépôt des vestiges et de transformation post-déposition- opératoires, comportements techno-économiques, appro
nelle confèrent à ces ensembles archéologiques des carac cheergonomique et fonctionnelle de l'outillage.
tères particuliers qui doivent être pris en compte dans une Plusieurs degrés de lecture sont à rechercher de façon
approche en termes de chaîne opératoire. parfois dissociée. Les schémas opératoires sont à détermi
D'autre part, le second point se réfère à la fonction, la ner et à identifier en priorité. Quand la situation le permet,
nature et la distribution spatiale des vestiges techniques il est possible de se lancer dans des analyses plus approfond
dans les sites de cette période. En dehors des habitats de ies du même type que celles évoquées plus haut. Cepend
grottes, limités par des parois naturelles, comme à la grotte ant,toute tentative de généralisation risque d'être rapide
Vaufrey, la fouille récente des sites de plein air sur de mentproblématique à partir des données d'un seul gise
grandes superficies a montré la large extension spatiale des ment et d' une seule période. Le facteur temps conditionne,
occupations, que ce soit à Mauran, Maastricht-Belvédère en grande partie, la variabilité que l'on peut appréhender
ou à Biache-Saint-Vaast (Tuffreau 1988). dans ces systèmes techniques.
Les ensembles lithiques provenant des secteurs limités Pour les différents types de chaînes opératoires envi
de tels sites risquent donc de ne pas être représentatifs en sagés dans la présente étude, il apparaît, de façon évidente,
termes de chaîne opératoire et ne constituent que des à travers les textes de présentation et les exemples cités,
échantillons dont la validité doit être discutée. que les recherches ne se situent pas au même niveau selon
2 - D'un autre point de vue, relatif celui-ci à la situation la période et le système en question, la nature des données
historique de la reconnaissance des schémas opératoires archéologiques et l'avancement de recherches pour le fait
dans les systèmes techniques préhistoriques, il est clair considéré.
que, pour le Paléolithique inférieur et moyen, l'avance
ment des recherches n'est pas au même niveau que pour le Pour conclure, il est cependant toujours possible d'ac
Paléolithique supérieur. céder à un discours sur le comportement, en utilisant un
Ainsi, alors que pour le Paléolithique supérieur un seul outil de lecture proche du schéma opératoire (Boè'da 1 986)
schéma opératoire est bien individualisé avec le débitage avec une notion élargie de chaîne opératoire, fondée sur la
laminaire, pour le Paléolithique ancien et moyen, du faitde mise en évidence de structures séquentielles hiérarchisées,
la nature hétérogène et variée des données, les études universellement reconnues et applicables dans des appro
technologiques en sont encore à déterminer la nature des chestechno-économiques, dont celles relatives à l'exploi-

77
tation des matières premières (Geneste 1985, par exemp BIBLIOGRAPHIE
le). Ces deux démarches possèdent en effet des points
communs tels que le phasage de la chaîne opératoire et le ALIMEN, H. et VIGNAL, A. 1952. Etude statistique de
recours méthodologique et systématique à un référentiel bifaces acheuléens : essai d'archéométrie. Bull. Soc. pré-
expérimental. hist.fr., 1952, n°l-2,p. 56-72, 11 fig.
Quel que soit le niveau d'analyse de la chaîne opérat
oire, les résultats peuvent toujours s 'intégrer à un discours ANDERSON-GERFAUD, P. 1981. Contribution métho
plus large concernant le comportement des groupes hu dologique à l'analyse des microtraces d' utilisation sur les
mains et rejoignant des perspectives anthropologiques. outils préhistoriques. Bordeaux : Université de Bordeaux
Plus que jamais, et sans doute plus ici qu'ailleurs en 1, 1981. 2 1., 153+161 p. ill. Thèse 3° cycle : Géologie du
préhistoire, il faut élaborer des hypothèses qui soient à la quaternaire et Préhistoire : Bordeaux 1 : 1981 ; 1607.
hauteur des données et non des hypothèses qui aillent au-
delà. BEYRIES, S. 1987. Variabilité de l'industrie lithique au
Moustérien : approche fonctionnelle sur quelques gis
ements français. Oxford : B.A.R., 1987. 204 p., ill. BAR
Remerciements : Que tous les collègues de la Direc International series ; 328.
tiondes Antiquités Préhistoriques d'Aquitaine, de l'ERA
28 du C.R.A. du C.N.R.S. et toutes les personnes qui nous BEYRIES, S. 1988. Etude tracéologique des racloirs du
ont aidés au cours de la conception de cet article et lors de niveau IIA. In : TUFFREAU, A. et SOMME, J. (Dir.)Le
sa mise en forme soient ici chaleureusement remerciés. gisement paléolithique moyen deBiache-Saint-Vaast (Pas-
de-Calais). Vol.l. Stratigraphie, Environnement, Etudes
archéologiques (1° partie). Paris : Société Préhistorique
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