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INSTITUT INTERNATIONAL DE MANAGEMENT (IIM)

Cours de droit du financement

(L3)

Chargé de cours : GONGOH-Cyriaque, Doctorant en Sciences


Juridiques et Politiques

Année Académique : 2019-2020

p. 1 Cyriaque GONGOH, Doctorant en Sciences Juridiques et Politiques.


Consultant au Centre d’Accès au Droit et à la Justice (CADJ)
Introduction
Le droit du financement peut, d’abord, être question de technique de financement des entreprises
quelles que soient leurs tailles, ou leurs formes juridiques. Pourraient être examinée aussi,
l’émergence d’un droit de la micro-finance comme le développement des systèmes de paiement, de
crédits, de garantie du crédit, destiné aux petites et moyennes entreprises.

De plus, des études relatives à l’ingénierie juridique et financière parfois utilisées par les entreprises
d’une plus grande envergure qui peuvent même avoir recours aux marchés financiers pourraient être
conduites. Il peut s’agir, ensuite des méthodes de financement comprenant la présence d’entités
publiques. Dans cette optique, les montages relatifs au financement de projet ou les partenariats
publics privés.

Ainsi, le droit du financement se rattache au droit bancaire classique, au droit des suretés, au droit
financier, au droit des sociétés, au droit des assurances ainsi qu’au droit public économique.

Pour faire bref, lors de sa création, puis de son développement, l’entreprise doit détenir les
ressources financières pour faire face à ses échéances, et utilisé aux mieux les moyens dont elle
dispose. Pour exercer son activité, l’entreprise doit d’abord engager des dépenses avant de
percevoir les recettes : réalisation des investissements matériels (terrains, installation,
construction) ; achats des matières et fournitures, prévoir la rémunération de main d’œuvre. Ce n’est
qu’ultérieurement à l’issue de la production et de commercialisation que des recettes seront
encaissées après la réalisation des ventes. Il y a donc un décalage dans le temps entre les paiements
et les encaissements concernant aussi bien les investissements que l’exploitation. Ce décalage crée
des besoins de financement que l’entreprise devra couvrir en se procurant des fonds selon
différentes modalités.

En partant du fait que l’entreprise est une entité économique combinant les facteurs de productions
(capital, travail, matière première) dans le but de produire des biens et services destinés à être
vendus sur un marché solvable, le financement peut être défini comme lui permettant de disposer
des ressources qui lui sont nécessaires sur le plan pécuniaire.

Au cours de nos développements, nous analyseront d’abord le financement de l’activité (chapitre 1),
le financement des investissements (chapitre 2), ensuite le financement du commerce extérieur
(chapitre 3) voire les risques du métier de financement (chapitre 4), enfin nous déterminerons le
blanchiment des capitaux (chapitre 5).

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Chapitre 1 : Le financement de l’activité
Le financement peut être définit comme le fait d’apporter des fonds (de la monnaie) à un agent
économique. Le financement de l’économie désigne l’ensemble des modalités par lesquelles les
agents économiques se procurent les fonds nécessaires à la réalisation de leurs activités.

Pour réaliser leurs activités économiques, tous les agents économiques ont besoin de se financer.
Cela est vrai pour les entreprises, mais aussi pour les ménages et les administrations publiques.

Section1 : Les crédits par caisse


Les crédits par caisse sont ceux qui impliquent une mise à disposition future ou immédiate de fonds
de la part du banquier. Ils sont généralement accordés à des exportateurs dans le but de favoriser le
transfert de bien ou service de la France vers l’étranger se caractérisent, de ce fait, par
l’intervention éventuelle des pouvoirs publics par l’intermédiaire de la COFACE (Compagnie française
d’assurance pour le commerce extérieur), crée par le décret du 1er juin 1946.

Dans la mesure où ces crédits interviennent à l’occasion de commerce international, peut se poser le
problème de la loi applicable. Généralement, en raison de l’intervention de banquier français, c’est le
droit français qui s’impose conformément à la convention de Rome.

Paragraphe 1 : Modalité d’obtention


La distribution du crédit n’est pas une activité uniquement réservée aux établissements de crédits.
Certes, ces derniers se sont vus reconnaitre par la loi du 24 janvier 1984 un monopole en ce
domaine. Mais ce monopole connait d’exception dont certaines sont en pratique importante comme
le crédit inter-entreprise ou les opérations de trésorerie aux seins des groupes de société. Dès lors,
non seulement la concurrence s’exerce entre les établissements de crédits eux-mêmes, mais
également en raison de la coexistence d’un circuit extra-bancaire du crédit, entre ces établissements
et des agents bancaires. Cette situation doit permettre d’attiser la concurrence et d’obtenir un crédit
bon marché, au moins en théorie.

Paragraphe 2 : La facilité de caisse


Elle permet à un client de découvrir les besoins de trésorerie périodiques, telles les paies ou les
échéances d’effet de commerce. Elle doit être couverte dans un délai de quelque jour. Celui des
encaissements qui doivent avoir lieu dans un avenir très proche.

Paragraphe 3 : Le financement se stock


Le financement de stock permet d’obtenir de la trésorerie supplémentaire sur un actif de
l’entreprise : le stock.

Le financement de stock ne modifie pas le fonctionnement et l’environnement financier de


l’entreprise. Il est une solution complémentaire aux lignes financières déjà accordées.

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 Caractéristique du stock financier

Le financement de stock apporte une grande garantie de premier rang au créancier


bénéficière.

Toutes les entreprises propriétaires d’un stock de marchandise sont éligibles au


financement de stock. La nature du stock à garantir peut être variée :

Stock de biens d’équipement, stock de véhicule, stock de bois, stock de matériels


informatiques et électroniques, stock de matériels de construction, stock agricole, stock
de textile, stock alimentaire (selon les dates de péremptions).

Paragraphe 4 : Le découvert
Il est proprement dit de plus longue durée. Il est lié au cycle de production de l’entreprise.

Paragraphe 5 : Le crédit de campagne


Ce crédit est destiné à toutes entreprises agricoles, et certaines entreprises industrielles dont
l’activité est saisonnière ou cyclique. Le crédit de campagne permet à l’entreprise de couvrir les
besoins supplémentaires de trésorerie dus à une activité saisonnière ou processus de fabrication.

Paragraphe 6: L’accréditif
La ‘’ lettre de crédit ‘’ dit aussi ‘’accréditif’’ est un document émis par une banque invitant l’une de
ses succursales, ou une autre banque de remettre en une ou plusieurs fois et sous certaines
conditions, une somme d’argent à une personne dénommée ou à son ordre d’un montant déterminé
dont elle garantit le paiement. C’est une technique bancaire utilisée dans le commerce international.
Ainsi, un exportateur d’une marchandise conviendra avec l’importateur de cette marchandise qu’il
en fera l’expédition lorsqu’il sera en possession d’une lettre de crédit souscrite par une banque à son
profit ou au profit de sa banque d’un montant égal à la valeur de la marchandise et des frais
d’expédition.

De son côté, l’importateur exigera que la réalisation de l’opération n’ait lieu que contre remise à son
banquier, par le banquier de l’expéditeur d’une facture, d’un certificat d’origine du connaissement
(transport maritime) ou de la lettre de transport aérien (LTA) portant mention de l’embarquement
effectif. Ce dernier document éventuellement accompagné d’un constant fait à l’embarquement
établissant que la marchandise est conforme à la commande.

NB : L’opération se dénoue en deux temps, d’abord entre la banque de l’importateur et celle de


l’exportateur et ce dernier, lequel lui rembourse les somme que sa banque à versées.

Paragraphe 7 : Mobilisation des crédits par caisse


La « mobilisation » d’un crédit consiste pour une banque à se « refinancer » auprès d’un autre
organisme bancaire, c’est -à- dire à réemprunter tout ou partie des sommes qu’elle vient elle-même
d’avancer.

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Cette « mobilisation » est possible dans la mesure où existe un instrument juridique permettant de
transférer à la banque qui avance les fonds, les droits d’assurant, son remboursement par le client de
la banque qui demande le refinancement. C’est le cas dans toutes les opérations de crédits basées
sur le transfert d’une créance : escompte, bordereau « Dailly », avances sur le marché, etc. Le lien ou
se rencontrent les demandes et les offres de mobilisation est le marché interbancaire.

Paragraphe 8 : Méthodes de calculs des intérêts débiteurs


Il convient de rappeler qu’un crédit est une mise à disposition d’argent sous la forme de prêt,
consentie par un créancier (prêteur) à un débiteur (emprunteur) en vertu de laquelle il pourra
obtenir remboursement (intérêt) selon un échéancier prévu. Pour l’emprunteur, qu’il s’agisse d’une
entreprise ou d’un particulier, le crédit consacre l’existence d’une dette et ouvre la mise à disposition
d’une ressource financière à caractère temporaire.

Ainsi, les sommes avancées portent intérêt aux taux conventionnels ; ce sont les agios. La
commission de plus fort découvert est calculée sur le plus fort débit enregistré chaque mois. La
commission de confirmation est due en cas d’ouverture de crédits avec engagement formel du
banquier.

Paragraphe 9: Rupture des ouvertures de crédits


Si la convention à une durée déterminée, le banquier ne peut pas y mettre fin avant le terme prévu,
sauf par l’article L.313-12 Code monétaire financier.

Si la convention à une durée indéterminée (ce qui est le cas le plus fréquent), la loi distingue deux
hypothèses :

a- Les crédits occasionnels peuvent être révoqués sans préavis et sans notification expresse :
le fait qu’un banquier ait accepté une fois de payer un chéquier à découvert ne l’oblige pas à
recommencer.
b- Les crédits « autres qu’occasionnels » ne peuvent être révoqués que par notification écrite et
à l’expiration d’un délai de préavis stipulé lors de l’octroi du concours. Beaucoup de concours
ne donnant lieu à aucun document écrit, les banques peuvent adopter un délai uniforme
pour tous leurs clients, qu’elles portent à leur connaissance en même temps que les
autres « condition générale des banques ».

Que le crédit soit à durée déterminée ou indéterminée, le banquier garde le droit de le révoquer sans
préavis en cas de « comportement gravement répréhensible » du client, ou sa signature est
« irrémédiablement compromise. »

Section 2 : Les crédits de financement des créances professionnelles


Les bordereaux de cession et de nantissement de créances professionnelles également
dit « bordereau Dailly », du nom de son auteur (sénateur, loi de 2 janvier 1981, serve à garantir un
crédit par caisse en transférant au banquier la propriété de créances appartenant à son client ;
présentent plusieurs avantages.

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D’une part, il permet de transmettre plusieurs créances grâce à un même titre, ce qui permet de
rationaliser le traitement des opérations de mobilisation et d’en baisser le coût.

D’autre part, le bordereau Dailly y permet de céder ou de nantir des créances selon un mode
simplifié : la transmission des créances a, en effet, lieu sans qu’il soit nécessaire d’accomplir les
formalités de l’article 1690 du code civil relatif à la cession de créance qui dispose que : « La cession
n’est saisi à l’égard des tiers que par signification du transport faite par le débiteur dans un acte
authentique». Par ailleurs les crédits consentis peuvent être facilement mobilisés, la loi prévoyant
elle-même la mobilisation des crédits, c’est- à-dire le refinancement des établissements bancaires.

Enfin, le bordereau Dailly facilite la mise en place des crédits en raison de sa souplesse d’utilisation.

Paragraphe 1 : L’escompte
L’escompte d’effets de commerce est l’une des formes de crédit à court terme les plus utilisés.
Malgré les progrès des autres formules (bordereaux de cession de créances commerciales, c’est
encore le mode le plus fréquent de mobilisation des créances d’exploitation.

Néanmoins, il est plus souvent admis que l’escompte est un crédit accordé en contre partie de la
transmission de la propriété d’un effet de commerce (lettre d’échange et billets à ordre).

1- Conclusion de la convention d’escompte


L’escompte d’un effet de commerce suppose du client – remettant et du banquier escompteur.

 Il arrive que les parties concluent une convention globale de « crédits d’escompte »
prévoyant que la banque escomptera un volume prédéterminé d’effet de commerce. Dans
ce cas, elle garde le droit de rejeter les effets qui ne lui paraissent pas sûrs, ou qui ne
correspondent pas aux critères définis dans la convention cadre ;
 C’est l’accord du banquier qui marque la conclusion de l’escompte. Dès que cet accord a été
donné, l’escompte devient irrévocable avant même que l’opération soit passée sur le
compte du client.

Au regard de ce qui précède, l’effet d’escompte peut être une lettre d’échange ou de façon générale
tout titre à terme.

Ainsi, les prix de l’escompte est calculé sur le montant de l’effet, dont on déduit les intérêts (agios)
correspondant au temps qui reste à courir jusqu’à l’échéance de l’effet, et le montant des
commissions forfaitaires : les commissions d’endos, commission de traitement, commission
d’acceptation (si la banque fait accepter l’effet). L’ensemble de ces commissions fait de l’escompte
une technique coûteuse pour les effets de faible montant.

NB : Effet de commerce sont des titres négociables payables en court terme. Au sens matériel (écrit,
papier).

Lettre d’échange : titre par le quel une personne (bénéficiaire ou preneur) a le droit de se faire
payer, à une date déterminée, une somme d’argent par une autre personne (le tiré), sur ordre d’une
tierce personne (le tireur).

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Paragraphe 2 : L’affacturage
Il est encore appelé factoring, est apparu en France en 1964 avec la société française d’affacturage.

C’est la technique par laquelle un client, appelé adhérant ou fournisseur transmet ses créances à une
société d’affacturage, dénommée factor ou affactureur (établissement de crédits soumis à la loi du
24 janvier 1984) qui, moyennant rémunération, se charge d’en opérer le recouvrement, d’en
garantir la bonne fin même en cas de défaillance du débiteur et de régler par anticipation tout ou
partie des créances transférées.

1- Affacturage traditionnel
Ainsi définit, il apparait comme une technique de gestion commerciale par ce que le client se
décharge sur le factor de la gestion de ses comptes clients. C’est ce dernier qui va procéder à
l’enregistrement des factures, relancer les débiteurs en cas de retard du paiement, procéder aux
encaissements et assurer le service du contentieux en cas de non-paiement.

L’affacturage est en même temps une technique de financement de créance à court terme. Il en est
ainsi lorsque le factor paie par anticipation tout ou partie du montant des créances transférées.

2- Formule moderne
Si l’affacturage traditionnel, encore appelé « old line factoring », comporte les 3 aspects indiqués :

Gestion, financement, et garantie :

 Le « maturity factoring » exclut le financement : le factor qui assure la gestion et la


garantie des créances transférées les paie seulement à leur échéance.
 L’ « agency factoring » exclut la gestion : le client conservant la gestion de ses créances,
le factor les paies par anticipation et en garantit la bonne fin.
 Le « factoring with recourse » exclut la garantit : le factor qui assure la gestion et le
financement des créances se réserve un recours contre son adhérant en cas de non-
paiement des créances transférés.

Section 3 : Les crédits par signature


Dans ce type d’opération, le banquier se contente de s’engager, en faveur de son client envers le
tiers. L’opération doit normalement se dénouer sans que le banquier ait à décaisser effectivement
les fonds : mais la défaillance du client peut donner la mesure de la réalité des engagements du
banquier.

La variété de ces crédits est grande. On peut regrouper les engagements cambiaires (il est fréquent
qu’un banquier appose sa signature sur un effet de commerce, comme avaliste, ou comme tiré
accepteur) et les différentes sortes de cautionnement.

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Paragraphe 1 : Etendue de l’engagement du banquier
L’engagement à première demande est un engagement formalisé, dont le montant et les modalités
sont déterminés de façon précise par les termes de la lettre de garantie. Le garant peut s’engager à
première demande pure et simple, ou à une première demande justifiée (le bénéficiaire doit indiquer
les manquements commis par le donneur d’ordre, sans avoir cependant à établir le bien-fondé de sa
demande, ou à première demande documentaire (celui qui appelle la garantie doit fournir des
documents, tels qu’un certificat d’expertise, à l’appui de sa demande).

Lorsque la garantie est appelée dans les conditions définies par les parties, la cour de cassation
décide que le garant est tenu d’un engagement autonome par rapport au contrat de base, de sorte
qu’il ne peut opposer au bénéficiaire aucune exception tirée d’un tel contrat.

L’engagement à première demande se distingue ainsi du cautionnement en ce que la banque garante


s’engage à payer, non pas la dette du débiteur principal, son client, mais une certaine somme qu’elle
promet directement au bénéficiaire.

Par ailleurs, la contre garantie est une obligation autonome tant par rapport à la garantie de premier
rang que par rapport au contrat de base.

In fine, la contre garantie n’est pas nécessairement la production de la garantie de premier rang.

Les deux conventions sont autonomes.

Paragraphe 2 : Les avantages et inconvénients d’engagement par


signature
La jurisprudence admet, toutefois la garantie puisse être suspendue (cass. Com, 6 novembre 1990, D,
1991, 109, Concl. JEOL) si le donneur d’ordre prouve la fraude du bénéficiaire. La cour de cassation
admet aujourd’hui que l’appel manifestement abusif de la garantie constitue, au même titre que la
fraude, une cause de rejet de la demande d’exécution. Il y a abus manifeste lorsque l’absence de
droit au titre du contrat de base est établie de manière irréfutable, en sorte que la conscience de
l’absence de droit, c’est- à- dire, la mauvaise foi du bénéficiaire, en découle nécessairement.

En cas de contre garantie, la banque contre garantie est fondée à refuser de payer si elle démontre
que la banque garante de premier rang connait le comportement frauduleux ou abusif du
bénéficiaire et se rend complice de ce comportement en appelant la contre garantie.

Paragraphe 3 : Les typologies d’engagements par signature


Elles sont au nombre de trois :

1- Ducroire
Il est, encore utilisé aujourd’hui, est celui par lequel le banquier garantit un vendeur contre
l’insolvabilité de l’acheteur par les techniques de droit cambiaire. Une formule simple consiste à
demander au banquier escompteur son aval au profit du tiré accepteur. La banque avance des fonds

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au tireur en tant qu’escompteur, mais elle est privée de tout recours contre lui en tant qu’aval du
tiré.

2- Forfait d’escompte
Le forfait d’escompte (ou encore escompte à forfait) est très proche : le banquier escompteur
renonce à tout recours contre le tireur – remettant au cas de faute de non-paiement à l’échéance par
le tiré. Un recours subsiste toutefois au cas de faute du tireur, notamment si le tireur n’a pas fourni
provision au tiré.

En outre, le porteur conserve son recours contre le tireur au titre de la garantie de provision.

3- Ducroire par double tirage


Dans le cas du ducroire par double tirage, le vendeur crée deux traites à la même échéance : l’une
pour le montant de son prix sur son acquéreur, l’autre sur le banquier pour la même somme,
déduction faite de la commission. La première traite est envoyée au banquier avec l’acceptation du
tiré. En échange de ce document, le banquier accepte la seconde traite et par une clause le ducroire
renonce à tout recours contre le vendeur. Celui-ci a entre les mains une traite acceptée par un
banquier, qui est facilement négociable.

Section 4 : Le financement des marchés publics


L’exécution des marchés publics ou privés, suppose de la part de l’entrepreneur des débours
importants. Dans l’attente du paiement effectué par le client, seront nécessaire des crédits de
préfinancement, d’accompagnement et enfin de mobilisation (entre l’achèvement des travaux et le
paiement du solde). Le problème est particulièrement aigue pour les travaux publics, en raison des
retards des paiements administratifs.

A ce problème réponde une technique spécifique : l’avance sur marché, et une institution financière
spécialisée : la banque de développement des pays les moins avancés. Ces techniques sont
aujourd’hui concurrencées par les cessions « Dailly » qui sont plus efficaces.

Par ailleurs, le maitre de l’ouvrage lui- même bénéficie souvent d’un crédit. La loi du 10 juin 1994 a
pris des mesures pour éviter que les fonds remis au maitre de l’ouvrage ne soient pas versés, à
l’entrepreneur.

Paragraphe 1 : Les cautions


Les maitres de l’ouvrage professionnel qui n’ont pas prévu de crédit spécifique pour le financement
d’un marché doivent désormais s’assurer d’une caution bancaire.

Les entreprises qui passent un marché public ou un contrat de vente d’immeuble à construire,
peuvent éviter les retenues de garantie en fournissant une caution bancaire.

De même, un cautionnement garantissant le paiement des sous- traitants permet la cession ou le


nantissement de l’intégralité du marché.

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Paragraphe 2 : Les paiements à titre d’avance

1- Mécanisme juridique
C’est un prêt garanti par le nantissement du marché. Il s’agit d’un gage avec dépossession. Dans cette
hypothèse d’un marché privé, le nantissement est dénoncé au maitre de l’ouvrage et le titre de
créance remis au banquier. Pour les marchés publics, le code des marchés publics prévoit qu’un
exemplaire unique du marché est remis au comptable public.

La partie du marché réalisée par les sous- traitants ne peut pas être nantie, sauf si un cautionnement
bancaire garantit leur paiement.

2- Le privilège du banquier
Le banquier est titulaire du privilège du créancier gagiste. Il peut se faire payer directement par le
maitre de l’ouvrage (Art. 190, Code de marché public). Mais la cour de cassation lui dénie le droit de
rétention qui affirmerait ses droits en cas de redressement judiciaire.

Aussi est- il primé par d’autres créanciers : titulaires du super- privilège des salariés et des privilèges
du trésor, en particulier.

En cas de conflit entre banquier nanti et le sous- traitant exerçant l’action directe, la solution est
identique à celle qui prévaut en matière de cession « Dailly » et d’affacturage : préférence est
donnée au sous- traitant.

Paragraphe 3 Les billets de trésorerie


La loi du 14 décembre 1985 a permis l’accès des entreprises au « nouveau marché » monétaire en les
autorisant à émettre des billets de trésorerie. La loi du 26 juillet 1991 y a ajouté les bons à moyens
termes négociables, qui peuvent être émis indifféremment par une banque ou une entreprise
commerciale. Billets de trésorerie et bons à moyen terme sont des titres de créances négociables
(sont des titre émis au gré de l’émetteur, négociables sur un marché règlementé ou de gré à gré, qui
présentent chacun un droit de créance pour une durée déterminée) exemple bon de caisse.

A- Condition de l’émission de titres de créances négociables


1- Quant aux entreprises
Les entreprises qui émettent des titres de créances négociables doivent respecter les conditions de
structure posée par le décret du 13 février 1992 modifié en 1998 : avoir la forme d’une société par
action ou une autre forme autorisée, être dotée d’un capital suffisant (225000£, soit 149850000 f
Cfa), avoir deux années d’existence et avoir deux bilan certifiés.

2- Quant à l’émission
Elle doit faire l’objet d’une notation par une agence spécialisée (dite rating). Cette notation est
obligatoire pour le bon s à moyen terme ; elle peut être remplacée par un visa de l’AMF pour les

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billets de trésorerie. Dans ce cas, des obligations supplémentaires pèsent sur les entreprises
(situation trimestrielles, rapports semestriels…).

3- Quant au titre
Des règlements du comité de la règlementation bancaire fixent les caractéristiques des divers titres :

 Les billets de trésorerie ne peuvent désormais plus dépasser une durée d’un an, le minimum
étant de un jour ;
 Les bons à moyen terme ont une durée compromise entre un (1) et sept an (7 an) ;
 Dans tous les cas, le montant minimum est de 150000£, soit 99900000 f CFA) ;
 Des dispositions précises et complexes gouvernent les taux d’intérêt, l’émission à un prix
différent du pair, etc. Depuis 1994, les billets de trésorerie ne peuvent plus avoir un intérêt
variable.
B- Le rôle des banques dans l’émission et la négociation de titre de
créance
1- Au moment de l’émission
Les émetteurs doivent domicilier leurs titres auprès d’un établissement bancaire ou d’une entreprise
d’investissement. Les banquiers doivent, avant d’accepter la domiciliation, vérifier que les conditions
légales ont bien été respectées. Les banquiers domiciliataires seront les interlocuteurs de la banque
de France et de l’autorité des marchés financiers.

2- Au moment du placement et de la négociation des titres


Le banquier domiciliataire est, évidemment, habilité à diffuser les titres de créances négociables
placés sur le marché par ses soins. Mais les autres établissements bancaires ainsi que les différentes
catégories d’entreprises d’investissement peuvent également le faire.

3- Le rôle de garant des titres de créances négociables


Il est expressément prévu que les banques puissent garantir les billets de trésorerie et les bons à
moyen termes. Pour ces derniers, il est de surcroit, exigé que le banquier domiciliataire informe

la banque de France de l’évolution du cours du titre.

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Chapitre 2 : Le financement des investissements
L’entreprise peut financier ses investissements par ses propres ressources (fonds propres) ou par des
ressources extérieures (ressources étrangères).

Section 1 : L’autofinancement
C’est la forme préférée de financement des entreprises, en effet, c’est la plus facile à mettre en
œuvre car il n’y a pas à obtenir l’accord des personnes extérieures à l’entreprise et qu’elle n’entraine
pas de frais. Toutes les entreprises l’utilisent y compris les plus grandes.

L’autofinancement est le financement des investissements par les moyens propres de l’entreprise,
c’est la ressource qui provient de l’activité de l’entreprise et conservée par elle.

L’autofinancement a pour avantage d’assurer à l’entreprise son indépendance.

Section 2 : L’appel public à l’épargne


C’est une opération consistant pour une société, à se procurer des ressources de financement, en
fonds propre ou par endettement, auprès du public. Elle permet de réduire la dépendance des
sociétés à l’égard des établissements financiers ou substituant le public (ou appelant en
complément) à des éventuels emprunts bancaires.

Cette technique est très règlementée puisque les sommes qui viendront augmenter les fonds propres
des entreprises ne sont autres que celles des épargnants (directement ou indirectement), d’où une
extrême vigilance de la part de la commission des opérations de bourses.

Paragraphe 1 : Les augmentations de capital en numéraire


Ce mode de financement est plus rare il est plus difficile de trouver de nouveaux apporteurs de fonds
que de puiser dans ses propres ressources (capital risque : pour des pays les moins avancés en forte
croissance grâce à des innovations technologiques). Elle permet de financer le développement de
l’entreprise (investissements nouveaux) ou en cas de perte de rétablir une situation financière saine
(émission de titre, introduction en bourse, capital risque (organisme financière).

Paragraphe 2 : Les emprunts obligataires


L’emprunt obligataire est une forme de financement à l’attention d’un Etat, d’une banque, d’une
entreprise.

L’emprunteur émet des obligations que des investisseurs achètent. Un intérêt est versé
périodiquement, tandis que le capital sera remboursé à une date prévue. Le recours à l’emprunt
obligataire permet de financier en dehors du circuit bancaire classique. Il est notamment utilisé
lorsque les conditions octroyées par les banques sont difficiles à satisfaire. Un emprunt obligataire
peut offrir une rémunération à taux fixe ou à taux variable. Etant donné que le capital ne sera
remboursé qu’enfin de prêt, le taux d’intérêt s’applique sur la totalité de l’emprunt.

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Enfin, l’empruntant détermine le montant dont il a besoin, puis le divise par le nombre d’obligations
prévues. Plus il y a d’obligation, moins l’investissement minimum sera élevé, et vice versa.

Paragraphe 3 : Les autres modalités d’appel public à l’épargne


L’offre au public de titres financiers anciennement nommé appel public à l’épargne est une notion de
droit financier qui vise à différencier les sociétés et qui sert à imposer à celles qui font appel public à
l’épargne certaines obligations spécifiques visant à protéger ou informer le public.

Eu égard, une société est considérée comme faisant ou ayant fait publiquement appel à l’épargne
lorsqu’elle a procédé à une offre publique (en souscription, en vente ou d’échange) ou à une de
inscription à la côte de bourse d’une bourse de valeurs mobilières (ou autre marché règlementé)
d’obligation ou de titre quelconque.

Section 3 : Les concours bancaires


Un concours bancaire est un terme qualifiant un crédit bancaire qui a été octroyé par une banque à
un de ses clients (entreprises). Un concours bancaire fait plus précisément référence à des facilités
de crédits à court terme parmi lesquelles on va trouver les découverts bancaires, les facilités de
caisse et les autres formes de crédits permettant à un client de financer ses besoins à court terme.

Paragraphe 1 : Le crédit bancaire classique


Il est la forme de financement des entreprises. Il constitue généralement la première option vers
laquelle se tournent de façon systématique les entrepreneurs lorsque ces derniers désirent des fonds
pour financer leurs activités.

On trouve :

a- Le crédit à court terme ne dépassant pas un délai de remboursement de deux ans.


b- Le crédit à moyen terme dure de deux (2) à sept (7) ans
c- Le crédit à long terme peut aller jusqu’à trente (30) ans

Il faut noter qu’à l’intérieur de ces catégories, chaque type de crédit obéît à des règles propres
concernant sa durée : par exemple l’escompte ne dépasse pas trois (3) mois. Il arrive que certains
crédits durent, en fait plus longtemps que leur place dans la classification ne laisserait supposer.
Ainsi, un découvert bancaire est un crédit à court terme : or il peut durer plusieurs dizaines d’années.

In fine, on peut aussi classer les crédits selon leur destination.

 Crédits liés et non liés


 Les crédits sont liés quant ils ont pour but une opération déterminée, par exemple : un
financement d’achat à crédit.
 Les crédits ne sont pas liés lorsqu’ils servent aux besoins généraux de leur bénéficiaire, par
exemple : crédit d’exploitation « prêt personnel ».

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 Les crédits liés sont souvent assortis de sûreté réelle, portant sur le bien acquis grâce aux
(gages sur véhicule automobile) ; les crédits non liés peuvent être garantis par des sûretés
personnelles (cautionnement)

Cependant, le crédit destiné au financement des immobilisations doit être long ou moyen terme.

Le crédit destiné aux besoins de trésorerie est à cou rt terme (escompte, découvert bancaires).

Paragraphe 2 : Le crédit-bail
Importé des pays anglo-saxonne, ou il porte le nom de leasing, le crédit-bail est utilisé en France
depuis environ trente (30) ans.

A- Le crédit-bail mobilier
Il est une opération juridique qui concerne trois personnes :

 Un établissement financier acquiert un bien mobilier d’équipement (voiture, machine)


auprès d’un fabricant, afin de le louer ensuite à un utilisateur.
 A l’issue de la période de location, l’utilisateur a une option d’achat pour une valeur
résiduelle déterminée dans le contrat.
 La durée du contrat l’inscrit dans le cadre du moyen terme. L’utilisateur peut être une
entreprise, ou un particulier.
 Les deux éléments caractéristiques de ce contrat sont la dualité vendeur propriétaire bailleur
et l’option d’achat à l’issue de la location.

Ils permettent de le distinguer d’autres contrats voisins, telle location-vente, qui n’obéit pas au
même régime juridique.

B- Le crédit-bail immobilier
 Sa définition correspond à celle du crédit-bail mobilier : seul l’objet de la convention est
différent, ainsi que sa durée qui varie de dix à vingt-cinq ans. Il échappe complètement à la
règlementation des baux commerciaux.
 L’opération de leade- back ou cession- bail consiste pour un propriétaire à vendre son
immeuble à une société financière qui le lui reloue ensuite selon une formule de crédit- bail.

L’intérêt de l’opération est d’obtenir des disponibilités financières immédiates.

Paragraphe 3 : Les prêts participatifs


Venus d’outre Atlantique, où ils s’appellent subordinated loans, c’est-à-dire « prêt subordonné »,
les prêts participatifs ont été acclimatés en France par une loi du 13 juillet 1978.

Leur objectif est de renforcer les fonds propre des entreprises sans modifiés leur capital par des
prêts à long terme rémunérés par une participation aux bénéfices et remboursables seulement
après désintéressements de tous les autres créanciers.

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Le lancement de la technique des prêts participatifs a été aidé par des organismes publics et
semi-publics.

 Les prêts participatifs accordés par l’Etat font l’objet d’une règlementation particulière :
l’article L.313-18 Code monétaire financier précise qu’ils sont subordonnés à des
« engagements précis et daté de la part de l’emprunteur en matière industrielle ou
commerciale, ainsi qu’en matière financière. »

Le texte ne précise pas la sanction du non-respect de ces engagements. Ils sont devenus plus rares et
réservés au secteur agricole ou à des entreprises en difficultés.

 Le fonds national de garantie est un organisme de caution mutuelle. Il cautionne les


prêts participatifs consentis par des banques moyennant une retenue sur le montant du
prêt. En levant les réticences des banquiers face aux prêts participatifs, il en a permis le
développement.

Section 4 : Les aides publiques


L’aide publique au développement (APD) comprend, selon la définition du comité d’aide au
développement (CAD) de l’OCDE, les dons et les prêts préférentiels prévus au budget et transféré des
pays développés vers les pays en voie de développement.

Par définition économique, par aide publique au développement, on entend l’ensemble des aides
financières prévues au budget de l’Etat, et transférés aux pays en voie de développement. Elle est
née lors de la colonisation, dans le but de préserver l’influence des anciennes métropoles dans les
contextes géopolitiques de la guerre froide.

L’objectif devrait être un rééquilibrage des niveaux de développement respectifs. Théoriquement,


ces flux financiers devraient donc être orientés vers la mise en place de projets concrets et durables ;
infrastructures, action de lutte contre la faim, santé, éducation… Elle peut être qualifiée de
l’ « investissement pour l’avenir. »

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Chapitre 3 : Le financement du commerce extérieur
Les besoins de crédits sont encore plus grands dans le commerce extérieur que dans le commerce
interne, ne serait-ce que par ce que les délais d’exécution des divers contrats sont nécessairement
plus long.

S’y ajoute le problème de la sécurité des transactions car les cocontractants ne se connaissent guère
et savent que les recours judiciaires seront difficiles à mettre en œuvre en cas de litige.

Enfin, le souci de développer les exportations rend les pouvoirs publics particulièrement sensibles à
cette forme de crédit.

A ces besoins spécifiques répondent deux types de crédits documentaires et les crédits à
l’exportation.

Section 1 : Les documents utilisés dans le commerce international


Ce sont des documents usuels utilisés en matière de commerce international. Ils peuvent être
regroupés en six (6) catégories essentielles.

Paragraphe 1 : La facture
C’est le document de base, qui décrit la marchandise. Il engage la responsabilité et la réputation du
vendeur. Mais sa détention ne confère aucun droit particulier sur cette marchandise.

Paragraphe 2 : Le connaissement
Le connaissement maritime est le document établi par le transporteur maritime lors de
l’embarquement de la marchandise.

C’est à la fois un titre de transport et une description de la marchandise.

Il présente la particularité de représenter celle-ci, de telle sorte que celui qui détient le
connaissement à la possession juridique de la marchandise. En effet, le connaissement est un titre
« à ordre » transmissible par endossement. Un crédit bancaire peut donc être garanti par la
transmission au banquier de ce connaissement, qui lui confère un droit opposable à tous.

Paragraphe 3 : Les autres documents de transport


Il s’agit de lettres de voiture ferroviaire, ou récépissé de camionneur, etc. Ces documents ne
transfèrent pas la possession de la marchandise. Ils attestent seulement son existence, ainsi que son
expédition.

Paragraphe 4 : Les documents d’assurance


Dans le cadre de marchandises voyageant sous le connaissement, les documents d’assurance sont
transmissibles comme le connaissement.

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Paragraphe 5 : Les documents douaniers
Il s’agit de certificat d’origine, factures douanières.

Paragraphe 6 : Les documents établis par des tiers


On peut citer les certificats d’agréage, ou de pesage, ou encore les factures consulaires.

Paragraphe 7 : L’encaissement documentaire


L’encaissement documentaire ou remise documentaire est une opération par laquelle le vendeur
remet, après la conclusion d’un contrat commercial, les documents commerciaux, les documents de
transports et éventuels autres documents à son banquier en lui demandant de les présenter en
paiement ou par acceptation via son correspondant à l’acheteur.

Il convient de noter que l’encaissement documentaire est une solution plus souple et moins
onéreuse que le crédit documentaire.

Il offre également une meilleure sécurité qu’une facture simple : la marchandise ne pourra être
retirée par l’acheteur si le paiement n’a pas été effectué auprès de la banque ou si la traite n’a pas
été acceptée.

Mais, contrairement aux crédits documentaires, les banques ne sont pas responsables du résultat de
l’opération dans le cas d’un encaissement documentaire. Elles sécurisent la transmission de
document, mais elles n’en vérifient pas l’exactitude par rapport à la transaction.

In fine, cette formule offre de professionnalisme car les banques servent d’intermédiaires. La
soumission des encaissements documentaires aux règles et Usages Internationales imposées par la
chambre de commerce international lie toutes les parties concernées, qui sont tenues de le respecter
Paragraphe 8 : Le crédit documentaire
C’est une invention de la pratique commerciale internationale. Il permet au banquier de ne se
dessaisir des fonds que contre remise de « document » représentant la marchandise : aussi la
sécurité de l’importateur est-elle garantie. Il n’est pas règlementé par les textes internes. Il obéit aux
« règles et usages uniformes relatives aux crédits documentaires » établies par la chambre de
commerce internationale, et périodiquement modifiées.

Paragraphe 9 : La lettre de crédit standby


Les lettres de crédits standby sont apparues aux USA où il était interdit aux banques de garantir les
obligations d’autrui. C’est pour tourner cette interdiction que les banques ont eu recours à la
technique du crédit documentaire pour émettre sous cette forme des garanties. Les lettres de crédit
standby, parfois utilisées en France, reste peu courante. Les lettres de crédit standby sont une forme
de crédit documentaire puisque ces règles sont applicables à celle-ci comme elles le sont aux lettres
de crédits classiques. Pourtant une différence existe entre ces deux sortes de lettres : la lettre de
crédit classique est un moyen de paiement garantie alors que la lettre de crédit standby constitue
une garantie.

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La cohabitation de lettre de crédit standby et les lettres de crédit classique peut être éventuellement
justifiée par le rôle des documents, l’engagement du banquier ne pouvant être mis en œuvre dans le
deux cas que sur remise de document. On doit pourtant constater que le formaliste des lettres de
crédit standby est allégé par rapport des lettres de crédit documentaire : si le crédit documentaire
comprend une pluralité de document (facture commerciale, document de transport et document
d’assurance). En revanche, en cas de lettre de crédit standby, une simple attestation du bénéficiaire
par laquelle il déclare ne peut pas avoir reçu sa prestation ou son paiement ou que la prestation a été
mal exécutée peut suffire ou être accompagnée d’un certificat d’un expert.

Paragraphe 10 : L’avance en devise à l’importation


Dans le cadre des activités internationales, l’avance en devise permet à l’export de mobiliser des
créances en devise, et à l’import d’obtenir un crédit de trésorerie. De ce fait, l’avance en devise à
l’importation c’est un prêt en devise destiné à financer le règlement d’une importation ou tout autre
besoin de trésorerie à court terme.

Ainsi, le délai de paiement consenti par le fournisseur n’est pas toujours suffisamment pour
permettre le financement du cycle d’exploitation, surtout lorsque la marchandise importée est
transformée ou reconditionnée avant sa revente. Il est alors nécessaire de recourir à des crédits de
trésorerie, en euro ou en devise, qui prolongent le terme du règlement.

L’avance en devise à l’importation est l’un de ces crédits de trésorerie. Avec cette formule, vous
disposez d’un crédit en devise qui vous permet de régler votre fournisseur, dans la même devise.

Vous remboursez plus tard, à un terme convenu en fonction du besoin justifié par le cycle achat
transformation –vente- encaissement.

Paragraphe 11 : Les cautions en douane


La perception des droits de douane afférent à des marchandises importées peut être différée (ou
même supprimée dans le cas de marchandises destinées à réexportation) si l’importateur fournit
une caution bancaire.

Section 2 : Le financement des exportations


Le problème particulier posé par le crédit à l’exportation est celui du risque couru par l’exportateur.
Pourtant, il s’agit d’un type d’opération indispensable pour la bonne tenue de l’économie nationale.
Aussi ce domaine est- il marqué par la souscription d’une assurance gérée par un organisme
spécifique du secteur public, favorisant les exportations.

Paragraphe 1 : L’assurance des risques des exportations


Le souci de favoriser le commerce extérieur, et particulièrement, celui de développer les
exportations a conduit les pouvoirs publics à intervenir dans un domaine qui, à l’origine au moins,
laissé à l’initiative privée, celui de l’assurance des risques inhérents au commerce extérieur. En effet,
la technique de l’assurance a été appliquée dès le début du siècle ; semble t- il, à cette catégorie de
risque un peu particulier que constitue l’insolvabilité du débiteur en cas de vente de crédit à

p. 18 Cyriaque GONGOH, Doctorant en Sciences Juridiques et Politiques.


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l’étranger. Un système d’assurance de ces risques était d’autant plus nécessaire que le vendeur- ou
son banquier- ne peut que difficilement apprécier la solvabilité de son client, et que le recouvrement
d’une créance à l’étranger comporte plus de difficultés que le territoire national. La nécessité de
couvrir certains risques directement- ou indirectement par réassurance- s’imposait à l’Etat, dès lors
que celui-ci entendait, pour assurer l’équilibre de la balance des paiements, favoriser des opérations
de vente à crédit à moyen terme et encourager le développement des exportations de toute nature.

Eu égard, les différents risques que peuvent comporter les ventes à l’étranger sont couvert par ce
que l’on appelle généralement l’assurance- crédit exportation. Les risques proviennent
exclusivement du fait que les ventes sont faites à crédit. Il n’en est pas exactement ainsi, car aux
risques qui existent après la livraison de la marchandise vendue, s’ajoutent ceux qui prennent
naissance dès la conclusion du contrat vente.

Les risques après livraisons sont le risque de non-paiement du fait de l’acheteur, et le risque de non-
paiement pour raison politiques, catastrophiques et monétaires.

Paragraphe 2 : Les garanties internationales


Ce sont des engagements par signature par lesquels la banque s’engage à verser aux bénéficiaires les
sommes dues par leurs donneurs d’ordre, pour le cas où ces derniers seraient défaillants ou s’y
refuseraient.

Couramment utilisé dans les contrats internationaux pour garantir les différentes étapes d’un
marché, elles peuvent également servir à couvrir des obligations envers des administrations (douane
par exemple) ou encore à garantir des banques étrangères accordant un concours localement.

Les principaux types de garanties et de caution sont :

 Garantie de soumission : permet à l’exportateur de participer à un appel d’offre et obtenir un


marché. Rassure l’acheteur quant au sérieux des soumissionnaires ;
 Garantie de bonne exécution : pour rassurer l’acheteur quant à la bonne exécution du
marché. Peut permettre à l’exportateur d’obtenir des paiements partiels au fur et à mesure
de l’avancé du marché ;
 Garantie de remboursement d’acompte : permet à l’exportateur d’obtenir le versement d’un
acompte pour financer les dépenses de fabrication tout en rassurant l’acheteur sur le
remboursement de son acompte en cas de non-exécution du contrat ;
 Garantie de paiement : garantit le créancier du paiement de sa facture ;
 Garantie pour découvert local : garantie émise au profit d’un établissement bancaire (facilité
de caisse, découvert) que ce dernier accorde à une entreprise pour financier ses dépenses
locales.

Paragraphe 3 : Le crédit de préfinancement


Le crédit de préfinancement est un crédit de trésorerie accordé par une banque à un exportateur
afin de lui permettre de financer des besoins courants ou exceptionnels résultant de son activité
exportatrice des marchandises. Il est consenti en contre partie de la remise, par le bénéficiaire, des
traites mobilisables auprès de la banque centrale.

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1- Caractéristiques
Ce crédit est généralement appliqué aux grands marchés de biens d’équipements ou de matériels
fabriqué sur la base de devis. Il concerne des équipements spécifiques à la demande de
l’importateur. Il n’est accordé qu’aux entreprises qui exportent directement leurs marchandises,
leurs fabrications ou leurs prestations.

Le montant du crédit de préfinancement qui correspond aux besoins de trésorerie de l’exportateur


est adapté à celle de la fabrication du matériel et peut aller jusqu’à la naissance de la créance.

Le remboursement du crédit est assuré soit :

 Par un regroupement au comptant de l’acheteur étranger, notamment par utilisation d’un


crédit acheteur ;
 Par la mise en place d’un crédit de mobilisation des créances nées.

Le coût de ce crédit est lié au taux de base bancaire à la date de signature du contrat de crédit
appuyé des frais et de commission.

Pendant la période d’exécution du contrat, le vendeur peut bénéficier de la garantie d’un organisme
d’assurance contre le risque de fabrication qui pourrait être occasionné par une défaillance
financière de l’acheteur, une catastrophe naturelle ou par un événement politique ou monétaire.

2- Avantages et inconvénients
Le crédit de préfinancement offre des avantages visant la promotion des exportations.

La disponibilité de fonds suffisant permet l’exécution satisfaisante, par l’exportateur, des


commandes confiées. Une bonne exploitation de ce crédit peut favoriser la conquête d’autres
marchés.

Ce type de crédit connait ce pendant des limites. Le montant est souvent plafonné ; il n’est pas
accessible à toutes les entreprises.

Paragraphe 4 : Le financement de la commercialisation


Souvent négligée par les pays les moins avancés(PME), la commercialisation se trouve en général
bien loin sur la liste des priorités en planification budgétaire. Pourtant, la façon d’acheminer le
produit au client peut avoir une influence importante sur la compétitivité d’une entreprise et sur sa
capacité à se démarquer de la concurrence.

Paragraphe 5 : Les avances en devise à l’exportation


Financement bancaire de trésorerie pour l’exportateur qui accorde un délai de paiement à son
acheteur étranger. Elle consiste pour un exportateur disposant de créances en devise sur des clients
étrangers à se faire consentir par sa banque un crédit de trésorerie à court terme. Les intérêts du
crédit sont réglés au moment du remboursement de l’avance (ils sont poste comptés).

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Paragraphe 6 : Les crédits de trésorerie spécialisés
Certains crédits de trésorerie ont une dénomination précise évoquant un objet spécifique ou tout au
moins l’origine principale des besoins.

Assorties de condition d’utilisation particulière, les crédits de trésorerie spécialisée participent au


financement de stock dont le poids est lourd pour la plus part des entreprises. Compte tenu de leur
spécificité, les crédits campagnes ont des caractéristiques particulières.

1- Caractéristiques du crédit à campagne


Justifiées par le caractère saisonnier des approvisionnements, de la fabrication ou de la
commercialisation, les crédits campagnes sont réalisés par avance en compte courant ou par
escompte de billets financiers et modulés dans le temps en fonction des besoins de l’entreprise. Ils
font courir aux banques, qui recherchent à s’en prémunir par la prise de garantie adéquate, des
risques liés à l’écoulement des marchandises sur le marché.

2- Les entreprises et le crédit de campagne


Les entreprises dont l’activité est saisonnière se trouvent dans l’un de deux cas : soit elles supportent
de très important décaissement à l’entrée du cycle puis réalisent des ventes échelonnées dans le
temps ; soit elles décaissent progressivement puis vendent d’un coup sur le marché leurs produits
en formant le cycle. Mais quel que soit le cas de figure, il leur faut disposer de concours nécessaires.
C’est pourquoi elles octroient le crédit de campagne pour stocker les matières entre moment où elles
achètent de matière première ou fabriquent des biens et celui où elles vendent des marchandises.

Section 3 : Les opérations de change


Il consiste à échanger des espèces étrangères contre leur contre- valeur en monnaie nationale, ou
l’inverse. Son importance est réduite : il ne concerne qu’une partie des règlementations liées aux
déplacements des personnes physiques. Le code monétaire et financier règlemente encore la
profession de changeur manuel (article L.520-1 à L.520-4).

Paragraphe 1 : Mécanisme de règlementations internationales


L’entrée en vigueur de l’euro a fait disparaitre le concept de relation de change, et donc de contrôle
des changes à l’intérieur de l’Euroland. En revanche, dans la relation que la France a avec les pays
étrangers à l’Union-Européenne, et même pour certains aspects de ses relations avec les pays
européens n’ayant pas adhérés à l’euro, il existe des dispositions législatives permettant au
gouvernement de prendre des mesures restrictives.

La règlementation des changes ne prend pas en compte la nationalité des personnes physiques et
morales mais leur résidence.

 Sont résident toutes personnes physiques habitant en France depuis deux (2) ans, de même
que les établissements en France des personnes morales françaises ou étrangères.

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 Sont non « résident » les personnes physiques mêmes françaises habitants à l’étranger et les
établissements étrangers des personnes morales.

Paragraphe 2 : Le contrôle des changes


Le contrôle de relations financières avec l’étranger existe en France depuis la seconde guerre
mondiale. Ses modalités sont essentiellement variables : l’article 151-2 Code monétaire financier
permet au gouvernement de prendre par décret un large éventail de mesures, selon ce que les
circonstances économiques exigent. Au-delà des mesures concrètes, perpétuellement change,
actuellement dominées par la liberté des changes, existent un certains nombres de principes
généraux de droit. Un autre problème constant est celui de la sanction de l’inobservation de la
règlementation.

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Chapitre 4 : Les risques du métier de financement
La dernière crise financière interpelle le grand public comme les analystes sur le rôle des banques.
Bien que MINSKY ait été l’un des rares auteurs à traiter du lien entre les banques.

Selon MINSKY, les risques bancaires et la fragilisation financière surviennent lorsqu’un banquier gère
au travers des âges les risques liés à l’activité productive.

Section1 : La responsabilité du banquier/ financier


La responsabilité du banquier obéit parfois à des règles spécifiques. L’article 73 du décret-loi du 30
décembre 1935, qui concerne certains paiements par chèque, en constitue une illustration. Ce texte
délimite l’application des règles qu’il prévoit en fonction des fautes commises par le banquier et qui
sont au nombre de trois :

 le défaut d’injonction, adressée au titulaire d’un compte qui a émis un chèque sans
provision, de restituer les formules de chèque ;
 la délivrance de formule de chèque au titulaire d’un compte frappé d’une interdiction
bancaire ou judiciaire ;
 la délivrance de formule de chèque à un nouveau client sans consultation du fichier central
des chèques qui sont impayés.

Dans cette hypothèse, le banquier tiré doit payer tous les chèques qui sont émis et à lui présentés
même si la provision est insuffisante ou indisponible. Son refus est d’ailleurs lourdement sanctionné
puisque, d’une part, le banquier qui oppose un tel refus est solidairement tenu de payer, outre une
somme égale au montant du chèque. Les dommages intérêts accordés au porteur en raison du non-
paiement et d’autres parts, il est privé du bénéfice de la subrogation dans le droit du porteur.

Paragraphe 1 : Généralité
La responsabilité du banquier obéit aux règles du droit commun. Ce principe qui concerne tous les
moyens de paiements appelle deux remarques générales. D’une part, la responsabilité du banquier
peut être délictuelle ou contractuelle selon que la victime est un tiers ou l’un de ses clients. D’autre
part, elle nécessite généralement la preuve d’une faute d’un dommage et d’un lien de causalité.

Il faut donc analyser les obligations qui pèsent sur le banquier pour savoir si une faute a été ou non
commise. Or une telle faute peut l’être aussi bien à l’égard du titulaire du compte débité qu’à l’égard
du bénéficiaire de paiement.

Paragraphe 2 : La responsabilité du financier vis-à-vis de ses clients


(responsabilité contractuelle)
Il s’agit d’une responsabilité de nature contractuelle.

1- La faute contractuelle du banquier peut consister dans la mauvaise exécution des ordres
reçus : par exemple, recouvrement tardif d’effet de commerce. Dans ce cas, les usages
professionnels permettent de préciser le degré de diligence habituelle attendu du banquier.

p. 23 Cyriaque GONGOH, Doctorant en Sciences Juridiques et Politiques.


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Elle peut aussi résulter de la méconnaissance de disposition législative, voire de norme
professionnelle.
2- Les clauses de non responsabilité sont valables, au droit commun, dans la mesure où elles
exonèrent le banquier des conséquences de ses fautes légères. Mais pas dans ses fautes
lourdes. Par exemple, le retard dans la présentation au paiement d’un effet de commerce est
une faute si l’effet avait été remis au banquier depuis longtemps avant son échéance.
3- L’interruption d’un crédit peut engager la responsabilité du banquier avec son client.

L’article L.313-12 Code monétaire financier dispose que les concours bancaires ne peuvent être
interrompus que par notification écrite et à l’issue d’un délai de préavis fixé lors de l’octroi du crédit.

La rupture instantanée est possible seulement en cas de comportement « gravement répréhensible »


du client ou lorsque sa situation s’avère « irrémédiablement compromise ».

Paragraphe 2 : La responsabilité du financier vis-à-vis des tiers


(responsabilité délictuelle ou quasi-délictuelle)
Elle est de nature délictuelle. Il peut s’agir de responsabilité personnelle ou du fait d’autrui.

1- La responsabilité personnelle du banquier


Elle est sévèrement appréciée, car le banquier accomplit une mission de service public entendue au
sens large, qui justifie un renforcement de ses obligations de prudence et diligence.

1-1 Le banquier est responsable chaque fois qu’une faute ou une négligence de sa part cause un
préjudice à tiers (lorsqu’il fournit des renseignements erronés sur la solvabilité d’un client).

Le banquier peut encore être considéré comme fautif s’il exécute des ordres comportant des
irrégularités ou des anomalies apparentes ou s’il néglige de vérifier l’identité d’un cocontractant.

Enfin, il est parfois considéré comme dirigeant du fait d’une entreprise en difficulté et condamné à
payer une partie de son passif s’il s’est ingéré dans sa gestion.

1-2 Une application particulière de ce principe est faite en cas de maintien abusif de crédit à une
entreprise. Il arrive parfois que le banquier, ayant connaissance de la cessation des paiements de
son client, lui permette de continuer artificiellement son activité par le maintien de son
concours. Alors après le dépôt de bilan, les autres créanciers reprochent à l’établissement de
crédit d’avoir ainsi permis l’aggravation du passif. Il doit prouver que le banquier connaissait la
situation « irrémédiablement compromise » de son client. L’établissement de crédit peut alors
être condamné à réparer le préjudice résultant, pour le créancier, de l’aggravation du passif
pendant la période de soutien abusif.

Section 2 : Le secret bancaire en France


Nous étudierons le principe (paragraphe 1) et ses limites (paragraphe2)

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Paragraphe 1 : Le principe
La question de savoir si le banquier est soumis à l’exigence de secret professionnel, était douteuse
jusqu’à la loi du 24 janvier 1984. Cette loi expressément soumis les banquiers au secret
professionnel. L’article 226-13 du code pénal punit d’un an d’emprisonnement et de 15000£
d’amende ; tout dirigeant ou employer de banque qui divulguerait des informations secrètes dont il
aurait eu connaissance dans l’exercice de ses fonctions.

Le secret bancaire interdit au banquier de révéler au tireur d’un chèque les personnes figurant au
verso du titre, ce secret étant également opposable au juge civil. Il s’oppose également à ce que
l’organisme ayant versé une pension de retraite à une personne décédée obtienne du banquier qu’il
indique le non de celui qui a fait fonctionner le compte sur lequel elle a été versée.

Paragraphe 2 : Les limites dudit principe


Seules sont couvertes par le secret professionnel les informations précises et chiffrées.

Le banquier n’as pas le droit, par exemple de divulguer le montant du solde du compte de l’un de ses
clients.

En revanche, une pratique constante permet au banquier de diffuser des renseignements non
confidentiels. Le banquier engagerait sa responsabilité envers son client et envers les tiers, s’il
diffusait des informations erronées leur portant préjudice.

Une importance limite au secret bancaire a été instituée par la loi du 12 juillet 1980 qui impose au
banquier l’obligation de dénoncer les opérations portant sur des sommes qui proviendrait du trafic
de stupéfiant.

La non dénonciation de blanchiment des capitaux n’est passible que de sanction professionnelle et
de poursuite pénale en cas de complicité démontré. Le fait d’avertir les clients de la dénonciation est
puni d’une amande pouvant aller jusqu’à 22500£.

Par contre, l’établissement bancaire ne peut être tenu pour responsable en cas de déclaration non
fondée n’aboutissant à aucune sanction. Le préjudice éventuel en résultant pour son client serait
assumé par l’Etat.

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Chapitre 4 : La détermination du blanchiment des capitaux
Pour évaluer l’ampleur du blanchiment dans les circuits financiers, il est nécessaire au préalable de
déterminer les sources, la provenance ou bien encore la matière première des fonds qui le compose.
Cette méthode permet de mieux appréhender les méthodes dites d’infiltration de l’argent « sale »
dans les circuits financiers. Elle est donc primordiale pour la lutte contre les activités de la
« délinquance » dite « en col blanc » qui utilise les mêmes circuits financiers et bancaires.

L’approche sémantique du blanchiment est donc nécessaire. Rappelons que ce phénomène est
mondial ; qu’il s’est diversifié et amplifié avec les effets de la mondialisation, l’internalisation des
échanges entre flux financiers et commerce international. On ne peut que constater aujourd’hui une
formidable expansion des activités des organisations criminelles transnationales, mais pas
exclusivement.

Section 1 : Définition du blanchiment des capitaux


Les définitions présentées pour le blanchiment sont essentiellement juridiques et la transcription
littéraire ne traduit pas toujours le phénomène dans sa réalité. Il est donc nécessaire d’apporter une
explication, générique puis spécifique.

Paragraphe 1 : Approche générale


Le blanchiment des capitaux ou de l’argent sale n’est pas une infraction criminelle ou délictuelle.

On pourrait résumer le processus de blanchiment à l’instar de monsieur Jeffrey Robinson : « Le


blanchiment de l’argent est avant tout une question de doigté.

C’est un tour de passe-passe capable de générer des fortunes (…). Force vitale des trafiquants de
drogue, des escrocs, des contrebandiers, des preneurs d’otages, des marchands d’armes, des
terroristes, des racketteurs et autres fraudeurs, le blanchiment, d’après la légende, aurait été inventé
par Al Capone : celui-ci utilisait une chaine de laveries automatiques disséminées dans Chicago pour
maquiller les revenus qu’il tirait en réalité du jeu, de la prostitution, du racket et de la violation des
lois de la prohibition. Si le blanchiment de l’argent est ainsi nommé, c’est par ce que ce terme décrit
parfaitement le processus mis en œuvre : on fait subir à une certaine somme d’argent illégal, donc
« sale », un cycle de transaction visant à le rendre illégal, c’est-à-dire à le « laver ».

En d’autres termes, il s’agit d’obscurcir l’origine de fonds obtenus illégalement à travers une
succession d’opérations financières, jusqu’au moment où ces fonds pourront finalement réapparaître
sous forme de revenus légitimes. »

Le blanchiment peut se définir comme de techniques, méthodes légales ou illégales, un modus


operandi, à complexité plus ou moins variable suivant les besoins du blanchisseur, la nature et
l’ampleur des fonds, afin d’intégrer et dissimuler des fonds frauduleux dans l’économie légale.

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Section 2 : Economie souterraine et sources du blanchiment des
capitaux

Paragraphe 1 : Approche générale : origines et causes de


l’argent « sale »
Le blanchiment trouve son origine, ses sources dans cette « économie parallèle » ; elle est
constituée de ce que l’on pourrait appeler « la matière première » du blanchiment. « Economie au
noir », « économie informelle », « économie cachée », « travail au noir », « économie parallèle », les
mots ne manquent pas pour désigner ce que les staticiens ignorent, mais présument : la partie
immergée de l’économie, ou encore « la face cachée de l’économie ».

 Les différentes catégories d’argent « noir »


 L’évasion des capitaux
Les conditions politico-économiques sont souvent le moteur et le facteur essentiel dans la fuite des
capitaux privés. Lorsque le rapport risques/ bénéfices est trop défavorable pour les investisseurs, le
secret financier permet une discrétion dans la fuite de ses flux.

 La fraude fiscale
La forte implication de l’Etat dans l’économie nationale, dans les économies de marchés développés,
de même que la forte pression fiscale en vigueur dans de nombreux pays ont sans doute multiplié
sensiblement les incitations à éviter ou à frauder l’impôt au cours des dernières années.

Il ya deux possibilités échappatoires :

- La première, l’évasion fiscale, consiste à diminuer légalement le poids de l’impôt en


faisant jouer diverses dispositions de la législation.
- La seconde, la fraude fiscale, est une façon illégale de ne pas acquitter ses impôts en
sous-évaluant les revenus- ou en surévaluant les déductions et les exemptions-
mentionnées dans sa déclaration de revenu.
 De quelques catégories d’argent « sale »
Ajouté aux fonds provenant de la drogue, les fonds amassés par les voleurs, escrocs, contrebandiers
preneurs d’otages, trafics d’arme, d’animaux, trafics d’êtres humains (réseaux de prostitutions,
pédophilie), trafics d’art, « racketteurs et autres spécialistes de la fraude fiscale, on obtient un
volume d’argent « sale » considérable. La drogue est donc le premier poste de ce volume d’argent
souterrain. Le volume d’espèce en circulation incite les criminels à faire appel aux professionnels de
la finance qui gèrent leurs capitaux et qui peuvent se targuer malgré tout n’avoir jamais eu le
moindre contact avec la drogue.

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 corruption et les « pots-de-vin »
La corruption existe depuis qu’il existe des pouvoirs susceptibles de prendre des décisions dont
les effets sont illégaux sur les membres d’une société .Jean- Claude Usunier, professeur à
l’Université Pierre Mendès France de Grenoble et Gérard Verna ont fait le récit dans un grand
nombre d’affaires défrayant la chronique en France et à l’étranger, dans un ouvrage intitulé La
grande triche. Celui qui se laisse soudoyer est un dirigent de société pas forcement privée, un
fonctionnaire qui a le pouvoir de revenir sur une décision prise selon le seul critère de mérite.
Ainsi, la corruption nuit presque toujours à la société, ce qui ne l’empêche pas de devenir un
véritable mode de vie dans certains pays.

Paragraphe 2 : Les grandes causes de l’économie souterraine


D’une façon générale, elles tiennent en quatre grandes causes.

La première a trait à la pression fiscale. « Il n’y aurait pas de paradis fiscaux sans enfers fiscaux »
disent les banquiers Suisses. Le coût de l’honnêteté est clairement proportionnel au taux
d’imposition, honnêteté en matière d’imposition sur le revenu, mais aussi sur la fortune, les
transferts de richesses, la valeur ajoutée, le chiffre d’affaires et les cotisations sociales obligatoires.
La façon dont l’Etat utilise ses recettes incite encore moins le contribuable à délier sa bourse.

La deuxième origine de l’économie clandestine est sans nul doute, la règlementation, qui permet de
fixer les prix, les salaires, les taux d’intérêt, de change, etc. Chaque nouvelle règlementation,
accompagnée de divers effets caractéristiques crée parallèlement une nouvelle occasion de fraude.

La troisième, est la prohibition ; celle-ci concerne généralement le trafic de drogue, les ventes
d’armes, la prostitution, les paris, le racket, l’usure et autres délits.

La corruption, qui sévit, semble-t-il, à l’état endémique chez les fonctionnaires d’un grand nombre de
pays, est la quatrième et dernière cause de l’économie souterraine. L’utilisation des pots-de-vin
concerne les contrats publics, les formalités douanières, les infractions de la route, les permis de
construire et les décrets d’urbanisme, les licences d’investissement, d’importation et d’opérations de
change, l’affectation des investissements, des biens de consommation et d »équipement disponibles
en quantité limitée, et une quantité d’autres activités. La corruption reste toujours illégale bien
qu’elle puisse faire partie de la tradition culturelle, politique ou économique nationale et être tolérée
avec plus ou moins de sérénité dans certains pays et secteurs économiques.

In fine, tout doit être fait pour lutter contre ce phénomène, et d’abord par la connaissance exacte de
la provenance des fonds illicites. Cette connaissance doit permettre de remonter les filières, et
d’évaluer la masse des fonds susceptibles d’être blanchis dans les circuits financiers. Comment des
fonds, provenant de la drogue ou de toutes autres activités illicites, sont-ils injectés dans le système
bancaire ? Par quel moyen le blanchiment est-il possible ?

Par la complaisance des banquiers, des paradis fiscaux, des sociétés écrans, des intermédiaires ou
professions spécifiques ? Les études et expériences ont montré qu’il s’est avéré plus payant de lutter
contre le crime organisé en ayant la mainmise sur les revenus que ces criminels escomptent que de
lutter contre l’activité illégale elle-même, pour résumer : «Qui frappe à la bourse, frappe au cœur ».

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Section 3 : La mobilisation internationale contre le blanchiment des
capitaux
Le combat international mené contre le blanchiment et la criminalité organisée est le fruit d’une
longue évolution, et d’une recherche d’harmonisation des règles internationales de chaque Etat
impliqué.

Paragraphe 1 : Textes et accords internationaux


L’évolution a été dans un premier temps assez lente. Mais déjà, en 1980, l’Europe avait pris
conscience de l’existence de capitaux illicites d’origine criminelle et de la nécessité de prendre des
contre-mesures et d’instaurer une coopération européenne.

1- Evolution de la mobilisation par les textes et engagements


internationaux
1-1 La recommandation n°80 du Conseil de l’Europe du 27 juin
1980, relative aux mesures contre le transfert et la mise à l’abri
des capitaux d’origine criminelle
Cette recommandation ne vise pas uniquement le blanchiment de capitaux issus du trafic de
stupéfiants ; le système bancaire peut jouer un rôle préventif très efficace, sa collaboration
contribuant à la répression des actes criminels par les autorités de la justice et de police compétente.
Le Conseil des ministres a recommandé aux gouvernements des Etats membres certaines mesures à
adopter par leur système bancaire

 Vérification de l’identité des clients ;


 Limitation des locations de compartiments de coffre-fort à des personnes physiques ou
morales avec lesquelles la banque est en relation d’affaires depuis un certain temps ou
pouvant être considérées comme dignes de confiance ;
 Constitution de réserves de billets de banque à la numérotation desquels les autorités ont
accès lorsque ces billets ont été utilisés en cas d’actes criminels ;
 Formation adéquate du personnel bancaire de guichet, notamment en ce qui concerne le
contrôle des documents d’identité et le dépistage des comportements criminels.
1-2 La déclaration de principes du Comité sur le contrôle
bancaire, concernant la prévention de l’utilisation du système
bancaire pour le blanchiment de fonds d’origine criminelle :
« La déclaration de Bâle »
Le 12 décembre 1988 a été adopté une déclaration de principe du comité de Bâle. Le comité est
parti de l’idée que les établissements financiers en général pouvaient inconsciemment servir
d’intermédiaire pour le transfert ou le dépôt de fonds illicites. Les criminels et leurs complices se
servent du système financier pour effectuer des paiements et des transferts de compte à

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compte, pour occulter l’origine des fonds et identité de leur véritable propriétaire et pour
dissimuler des billets de banque dans les coffres.

A la suite des perturbations financières, liées notamment à la faillite de la banque Herstatt, en


ex-République fédérale d’Allemagne, les gouvernants des banques centrales du Groupe des Dix
(dans les années 60, la FMI avait noué des relations particulières avec le Groupe de Dix : Etats
Unis, Canada, Japon, RFA, France, Royaume Uni, Italie, Belgique, Pays-Bas, Suède) avaient créé,
en décembre 1974 le comité de Bâle afin d’améliorer la coopération entre les autorités de
surveillance bancaire.

Ce comité exerce son activité dans trois domaines : il constitue d’abord un forum privilégié
d’échanges d’informations entre les autorités de surveillance des différents pays ; il détermine
les modalités de partage des responsabilités du pays d’origine en ce qui concerne les succursales,
filiales et sociétés en participation, ouvertes par les banques ; il définit ensuite les normes
minimales de fonds propres et analyse les avantages éventuels de l’instauration de normes dans
d’autres domaines.

Le document du comité définit donc certains principes de base et invite les banques à :

 Identifier le client faisant appel à leurs services ;


 Conserver les justificatifs ;
 Respecter les lois et les règlements en vigueur sur les opérations financières et prendre
les mesures nécessaires, afin d’éviter de prêter son concours à des affaires qui paraissent
liées aux blanchiments ;
 Assurer la coopération entre les autorités de détection et celles de répression chargées
d’appliquer les lois, dans la mesure où les règlements spécifiques, concernant l’obligation
du secret professionnel à l’égard de la clientèle, le permettent (c’est-à-dire en respectant
les règles de confidentialité).
1-3 Le Gafi (Groupe d’action financière internationale sur le
blanchiment de capitaux, 1er rapport fait à Paris le 6 février
1960)
La création de Gafi en 1989, par les sept pays les plus industrialisés, le G7, pour examiner les mesures
permettant de lutter contre le blanchiment, afin d’empêcher l’utilisation du système bancaire par le
blanchiment d’argent d’origine criminel, marque un tournant dans l’évolution de la mobilisation
internationale. En 1990, le Gafi a formulé quarante recommandations, révisées en 1996. Depuis sa
création il s’efforce annuellement de rendre des travaux en vue d’apporter une amélioration au
système anti blanchiment. Les premiers travaux entérinent la création du Groupe et jettent les bases
de la collaboration mondiale.

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