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Les années s’accumulent, et l’éducation au Maroc enchaine les rapports décevants, les résultats médiocres ainsi que les têtes de classements à l’envers.
Plus que jamais, le système éducatif marocain se noie dans des critiques jaillissantes tous azimuts.
L’École se veut idéalement un lieu prônant la méritocratie, où quiconque peut avec un peu de patience et su isamment d’e orts matérialiser ses espoirs, un lieu
où l’ascension sociale n’est point un rêve utopique qui ne concernerait que quelques exceptions. Malheureusement, L’École marocaine se situe aux antipodes de
ce que devrait être une institution d’enseignement digne de la sacralité du savoir et des valeurs.
La cohabitation actuelle du public au côté du privé et des di érentes missions étrangères est incestueuse car elle fausse le principe d’égalité des chances. Je dirais
même que l’état lamentable de L’École publique a enfanté un système éducatif marocain dont l’essence relève plus tôt d’un système d’exacerbation des inégalités
sociales.
En
considérant que la maitrise linguistique et particulièrement celle de la langue de Molière est indispensable pour se trouver une place au sein du marché du
travail, et sachant qu’en principe les produits de la mission d’abord, du privé dans une moindre mesure, baignent tout au long de leurs parcours dans la culture,
philosophie et littérature française, il est clair que les élèves du public, qui ont tant sou ert de l’arabisation, se retrouvent largement dépassé linguistiquement.
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23/10/2020 Pourquoi l’éducation au Maroc est profondément inégalitaire ?
Par conséquent, il devient plus di icile pour eux de se distinguer dans un marché du travail dont la concurrence est rude. S’ajoute au chômage la fin des
aspirations d’ascension sociale, a aiblissant fortement la cohésion sociale ainsi que l’épanouissement du citoyen.
L’échec des réformes découle également de la politisation de l’éducation puisque les acteurs du traditionnel clivage conservatisme/ progressisme ont à maintes
reprises fait montre d’irresponsabilité en accordant la priorité au gain politique au détriment du bien des générations futures.
En e et, l’éducation au Maroc est devenue sujette aux batailles idéologiques politiques-l’arabisation et la marginalisation de la philosophie dès les années 80-,
accentuant alors les inégalités de chances entre les élèves issues des systèmes respectifs. D’ailleurs, la lenteur des procédure législatives de la loi portant sur la
francisation en 2019 imposa l’intervention du Palais royal pour que la loi soit votée, ce fait met en exergue à son tour l’ampleur de l’emprise idéologique sur
l’éducation.
Selon le professeur de management interculturel Khong-lo Pham, la réforme est pertinente si elle part des spécificités culturelles du pays. En s’inscrivant dans
cette logique, l’importation des modèles et pratiques pédagogiques en vue de les appliquer au niveau national se révèlerait ine icace. Or cette approche
universaliste prend largement le dessus sur les programmes des sciences humaines au Maroc.
Prenons dans ce sens le programme de philosophie élaboré par le ministère de l’éducation, la majorité des philosophes traités relève de la pensée philosophique
occidentale avec des penseurs/philosophes Maghrébins quasi-absents. Mais comment un lycéen, n’ayant jamais quitté son village, sa ville ou son pays, pourrait
appréhender des concepts abstraits propres à un contexte spatio-temporel bien précis, propres à une réalité qu’il n’a jamais connus que ça soit à travers son vécu
ou par le truchement de l’héritage culturel marocain ?
Ces programmes relativement décontextualisés engendre le dépaysement et donc le désintérêt des élèves. Il ne s’agit aucunement de censurer la formidable
pensée européenne, mais il est nécessaire de commencer par une approche culturaliste pour s’ouvrir ensuite sur d’autres philosophies venant des autres coins du
monde. Cette approche culturaliste consistera en l’étude de la littérature et philosophie maghrébine d’abord : Mohamed Al jabri, Ibn khaldoun, Ibn rochd, Fouad
Laaroui, Tahar Benjelloun, Mehdi El Manjra…
D’autant plus que cette approche pourrait s’avérer e icace pour la correction de certains préjugés. C’est en s’intéressant à la pensée maghrébine, dans laquelle
l’immigration est une problématique importante, que l’on pourrait corriger le mythe de l’Europe qui voile en réalité la rude vie des immigrés, que la réalité de la
vie dans le vieux continent est loin de l’idéal européen, c’est bel et bien de cette manière que les vagues d’immigration clandestine seraient atténuées. C’est en
s’intéressant aux œuvres de nos penseurs qui se sont adonnés à la réflexion pour analyser les problèmes rongeant notre société que l’on pourrait y extraire les
germes de la solution.
Somme toute, la réforme de l’éducation nécessitera non seulement des investissements matériels mais surtout des e orts de réformes immatérielles, car
l’avènement d’une révolution culturelle demeure indispensable à l’émergence d’une École publique marocaine digne de son nom. Que les dires du regretté
Mohamed el jabri soit la ligne directrice de la refonte de l’enseignement et globalement de toute entreprise réformatrice au Maroc : “ Il faut arrêter de faire de
notre passé le concurrent de notre présent et de faire du présent des autres le paradigme de notre avenir, il nous faut vivre notre présent, le changer et le réformer.
“(Lumière sur la question de l’enseignement au Maroc, 1973)
Taha Bekhtiar
Etudiant en classe préparatoire, l’écriture m’est une manière de faire montre de mon implication dans les défis de mon pays et du
monde. Par ma plume, je veillerai à vous informer sur les tenants et aboutissants de l’actualité.
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