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Direction des Transmissions

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Introduction

Un système de télécommunications a pour fonction essentielle de permettre à


différents utilisateurs , humains ou machines , d’échanger des informations sous forme
de messages analogiques ou numériques, qui circulent sur canaux de transmission .
La quantité d’information transmise est proportionnelle à la durée du message
ainsi qu’a son contenu spectral. Pour un message analogique la grandeur essentielle
est la densité spectrale de puissance , pour un message numérique c’est le débit en
bits par seconde
Les messages analogiques les plus courants transportent parole , musique ou
images. L’oreille humaine est sensible aux sons dont la fréquence s’étend de 30 hertz
à une quinzaine de kilohertz, une bande passante de 15 à 20kHz suffit donc pour
transmettre sans dégradation un message musical. Cependant la densité spectrale
est faible au delà se 5kHz et une qualité encore acceptable est possible avec
seulement 5kHz de bande , c’est ce qui se passe pour la radiodiffusion sur grandes ou
petites ondes (France Inter , Radio Luxembourg, Europe I etc.) Une bande réduite de
300 à 3500Hz permet encore de conserver l’intelligibilité ,c’est ce qui est retenu pour
le téléphone .
Compte tenu de l’acuité visuelle une image de 60 cm de large vue à 3 mètres
se contente de quelques 800 points par lignes et 600 lignes. Dans ces conditions un
calcul simple montre que la bande passante nécessaire pour sa retransmission fidèle
est d’au moins 6Mhz , et ceci pour une image monochrome , en couleurs c’est 3 fois
plus. Les systèmes de télévision actuels se contentent de ces 6Mhz pour une image
couleur grâce à une compression des données permise par les particularités de
notre œil. Si l’on désire augmenter la taille de l’image sans que le lignage ne soit
perceptible il faut augmenter considérablement le débit d’information transmis ou faire
appel à des méthodes de codage complexes.
Pour les messages numériques les débits vont de 1200 bits par seconde pour
des textes simples comme c’est le cas du Minitel, plusieurs dizaines de milliers de
bits/sec pour Internet et des millions pour les liaisons entre ordinateurs ou centraux
téléphoniques. On retiendra que pour transmettre N bits par seconde il faut une bande
passante de l’ordre de N hertz.
Les messages précédents fournis directement par les capteurs , microphones ,
caméra lecteurs de disquettes ou CD Rom etc ..sont appelés messages en bande de
base. Il n’est pas possible en général de
les transmettre sous cette forme car les Oscillateur avec une antenne
canaux de transmission sont le plus
souvent des systèmes résonnants . Niveau d’oscillation
L’exemple le plus connu est
l’antenne . Considérons un oscillateur
dont le bobinage comporte un secondaire l
relié à deux tiges métalliques de longueur
l (figure ) .Si l est faible le secondaire
peut être considéré comme ‘en l’air ‘ et L
λ/2
n’intervient pas dans le fonctionnement du
circuit.
Lorsque l augmente l’amplitude
de l’oscillation ne change d’abord pas ,( la
fréquence varie cependant un peu car le fil se comporte comme un petit
condensateur), puis baisse brutalement et passe par un minimum pour reprendre
ensuite sensiblement son niveau initial. Pour une valeur bien déterminée de la
longueur l tout se passe comme si l’oscillateur était chargé par une résistance, il y a
échange d’énergie avec le milieu extérieur et création d’une onde électromagnétique
qui se propage dans tout l’espace. On peut constater que cette longueur particulière
est la moitié de là distance parcourue par la lumière en une période (ce que l’on appelle
longueur d’onde). Si la longueur l est fixe on peut bien sûr observer le même

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phénomène en faisant varier la fréquence de l’oscillateur. Ainsi une antenne est un


système résonant qui ne peut fonctionner que sur une bande étroite de fréquence.
Pour être transmis par voie hertzienne grâce à une antenne un message doit
dont être transformé en un signal à bande étroite , cette transformation est appelée
modulation .Plusieurs types de modulation sont possibles , le paragraphe suivant va
leur être consacré.

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LES MODULATIONS ANALOGIQUES


-------------------------------------------------------------------------------------
Il s’agit de transformer un signal en bande de base ( signal modulant) fourni par un capteur ,
en un signal .( signal modulé ) dont le spectre est situé dans une bande étroite centrée sur une
valeur que l’on appelle fréquence porteuse
La méthode retenue consiste à modifier au rythme du signal modulant l’un des paramètres
d’un oscillateur sinusoïdal.
Trois solutions sont possibles .
A partir d’un signal sinusoïdal v = A. cos(ω 0 t + φ )
1° On modifie l’amplitude, le signal est de la forme v = A.s (t ) cos ω 0 t s(t) étant le signal
modulant et ω0 la pulsation de l’oscillateur que l’on appelle pulsation de porteuse (ω0/2π est
la fréquence porteuse ) .On parle de modulation d’amplitude AM (Amplitude Modulation ).
2° On modifie la fréquence au rythme du signal modulant autour d’une valeur moyenne ,
c’est la modulation de fréquence.( FM frequency modulation )
3° c’est le terme de phase qui est modifié. C’est la modulation de phase qui est d’ailleurs
peu différente d’une modulation de fréquence comme nous le verrons plus loin.

MODULATION D'AMPLITUDE (AM)


L’amplitude est une grandeur essentiellement positive ,la modulation en amplitude d’une
porteuse de pulsation ω0 par un signal modulant s(t) est représentée par l’équation :
v = A(1 + m.s (t )) cos ω 0 t
le coefficient m positif est choisi de façon que la somme 1+m.s(t) soit toujours positive .

PROPRIETES SPECTRALES D’UNE MODULATION D’AMPLITUDE :


Modulation AM par une sinusoïde
Plaçons nous dans le cas simple ou le signal Signal modulant
modulant s(t) est une sinusoïde de pulsation Ω,
l’expression précédente devient :
v = A(1 + m cos Ωt ) cos ω 0 t
m est appelé profondeur de modulation . A
l’oscilloscope une porteuse modulée en amplitude par
un signal sinusoïdal a l’aspect caractéristique ci
contre . L’enveloppe du signal est le signal modulant
s(t).
Dans ce cas v peut se développer en

v = A cos ω 0 t +
Am
[cos(ω 0 + Ω)t + cos(ω 0 − Ω)t ]
2
Le premier terme est la porteuse non modulée , les
deux autres sont des sinusoïdes de fréquences Porteuse modulée
somme et différence .Le spectre du signal est donc
constitué de 3 raies ,la porteuse et deux raies
latérales .Notons toutefois que le résultat n’est simple
que si la fréquence du signal modulant est inférieure à celle de la porteuse , sinon il se produit un
phénomène semblable au repliement de spectre bien connu lors d’un échantillonnage .

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Spectre d’une porteuse modulée en fréquence par un


signal basse fréquence.
Si le signal modulant n’est pas Porteuse
sinusoïdal il est défini par son spectre de Raies latérales
puissance S(f) ,

v(t ) = A cos ω 0 t + Am cos ω 0 t.s (t ) F

a pour transformée de Fourier ω−Ω ω ω+Ω

V ( j 2πf ) =
A
[δ (ω − ω 0 ) + δ (ω + ω 0 )]+ Am [S (ω − ω 0 ) + S (ω − ω 0 )]
2 2

On retrouve la porteuse (les deux premiers termes en δ) et le spectre du signal modulant


reproduit de part et d’autre de cette porteuse .C’est ce que l’on appelle les bandes latérales .

Spectre du signal modulé.( spectre bilatéral )


Porteuse
Densité spectrale
Bandes latérales

F
0 ω0

Revenons au signal modulant sinusoïdal.

v = A cos ω 0 t +
Am
[cos(ω 0 + Ω)t + cos(ω 0 − Ω)t ]
2
L'énergie du premier terme , la porteuse , est A²/2 alors que celle de chacune des raies
latérales est A²m²/4 .Pour une profondeur de modulation maximale m=1 les raies latérales qui
transportent seules l'information n'utilisent chacune que la moitié de la puissance de la porteuse, le
rendement maximal est donc de 1/2, il est bien inférieur si la profondeur de modulation est plus faible.
Pour accroître le rendement , la porteuse qui
ne porte aucune énergie mais consomme
Modulation avec suppression de porteuse .
une puissance constante , peut être
supprimée, il suffit de supprimer le terme 1
1

constant de la parenthèse (1+mcos Ωt), mais


alors l'enveloppe du signal ne reproduit pas le 0.5
signal modulant, le changement de signe de
m.cosΩt provoque une inversion de phase
f( t ) 0
de la porteuse .
Le spectre du signal obtenu ne
possède plus de raie à la fréquence 0.5

porteuse, si l'amplitude du signal modulant


est nul il en est de même du signal modulé, 1 1
toute l'énergie mise en œuvre est utilisée 05
0.4 0.2 0
t
0.2 0.4
05
pour décrire le signal., c'est la modulation à
porteuse supprimée (DSB-SC Double Side Band Suppressed Carrier) Parfois on ne supprime pas
complètement la porteuse mais on l'atténue fortement de façon qu'elle ne consomme qu'une énergie
faible, on parle alors de modulation à porteuse atténuée .
On peut aussi diminuer l’encombrement spectral en remarquant que les deux bandes latérales
transportent la même information , ce qui fait double emploi. Il doit être possible de retrouver toute
l'information à partir d'une seule bande latérale, c'est la modulation à Bande Latérale Unique
(BLU). ).Cette modulation est celle qui occupe la largeur de bande minimale pour un rendement
identique à celui de la modulation sans porteuse (On montre en effet que pour conserver un même
rapport signal bruit il faut que l’amplitude de la bande conservée soit double de celles de la

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modulation double bande sans porteuse ) mais l'enveloppe du signal n'a plus aucun rapport avec la
forme du signal modulant ce qui complique la restitution du signal modulant (démodulation ou
détection ) .

Spectre du signal BLU


Densité spectrale
Bande latérale

F
0 ω0

LES METHODES DE MODULATION AM :

On peut classer les circuits modulateurs en deux groupes:


Modulation directe d'un oscillateur
Effectuer le produit entre les termes modulant et porteuse.

Modulation directe d'un oscillateur :


Le niveau d'oscillation d'un oscillateur est fonction de sa tension d'alimentation. Pour certains
oscillateurs , c'est en particulier le cas de l'ECO ,ce niveau est sensiblement proportionnel à la tension
d'alimentation , du moins à partir d'une certaine limite inférieure. Il est alors possible d'obtenir une
modulation d'amplitude en faisant varier la tension d'alimentation au rythme du signal modulant . Un
exemple est représenté ci contre. Cette méthode présente de nombreux inconvénients:
Elle n'est pas très linéaire.
Le taux de modulation ne peut pas atteindre 100% car l'oscillateur décroche si sa tension
d'alimentation est trop basse .
La fréquence du signal modulant ne peut pas être élevée car le niveau d'oscillation ne peut
pas varier rapidement ,rappelez vous par exemple que si la
tension d'alimentation est modifiée brutalement le niveau
Modulation d'amplitude d'un n'atteint une nouvelle valeur d'équilibre qu'au bout de
oscillateur ECO. Le signal modulant quelques Q périodes. Il faut donc choisir un circuit oscillant
BF modifie la tension d'alimentation
ayant un faible Q mais alors sa stabilité de fréquence est
de l'oscillateur. , C1 est un
découplage HF . médiocre. D'autre part une variation des tensions de
polarisation des transistors se traduit par une modification de
+E leurs capacités internes, or ces capacités déterminent au
R
moins partiellement la fréquence d'oscillation , la modulation
T2 AM est donc entachée d'une modulation parasite de
fréquence .
VBF R

C1 Modulation par produit :


T1 La méthode qui vient immédiatement à l'esprit au vu
de l'expression du signal modulé est d'utiliser un
C multiplicateur 4 quadrants pour effectuer le produit du signal
L
porteuse a cosωt par le signal modulant (1+ms(t)).Pour que
ce dernier soit toujours positif le plus simple est de le prélever
sur le collecteur d'un transistor.

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Les multiplicateurs intégrés disponibles (MC1595 - AD633) rendent actuellement cette


solution attrayante ; elle est cependant limitée aux fréquences pas trop élevées ,il n'existe pas de
véritables multiplicateurs 4 quadrants au dessus de 100Mhz .
Une solution voisine mais qui peut être exploitée à toute fréquence est la modification du
gain d'un amplificateur.
Ainsi le gain d'un amplificateur à transistor est inversement proportionnel à son paramètre
h11.Si on fait varier ce dernier au rythme du signal modulant , la signal de sortie d'un amplificateur
recevant à son entrée la porteuse HF , sera modulé en amplitude. Considérons par exemple le
montage ci dessous pour lequel le courant base du transistor est fonction du signal modulant
E − 0,7 − VE
. IB = , mais la tension émetteur est le signal modulant basse fréquence.
RB
VE = A. cos Ωt A la fréquence de la porteuse , beaucoup plus grande que celle du signal modulant,
l'émetteur est découplé par le condensateur CE , le transistor se comporte comme un amplificateur
émetteur commun dont le gain à la fréquence porteuse est approximativement
R ψ
G = −β mais h11 =
h11 IB
Sur le collecteur l'amplitude de la composante HF est donc très approximativement :
β .R.( E − 0,7 − A. cos Ωt
v2 = − ⋅ a cos ω 0 t
ψ
Expression qui contient le terme à la fréquence
β .R.( E − 0;7)
porteuse − ⋅ a cos ω 0 t Modulation par non linéarité d'un transistor bipolaire .
ψ +E
β .R. A.a
et les raies latérales ⋅ cos Ωt. cos ω 0 t
ψ R V2
Le signal recueilli au secondaire du RB
transformateur est donc une porteuse modulée Accordé du freq porteuse
C
en amplitude par le signal BF.
Cependant le calcul précédent est par trop
approché et le résultat réel est assez différent HF Porteuse Découplage HF
des conclusions du calcul , il existe bien une
modulation d'amplitude mais elle est fortement BF
Transformateur BF
non linéaire et la profondeur de modulation reste
faible.
L'idée de base est cependant valable et
le fonctionnement devient correct en utilisant
deux transistors montés en différentiel. Le circuit
ci dessous permet d'obtenir un fort taux de modulation avec une excellente linéarité. Pour réduire

Modulateurs à transistors bipolaires, le schéma de droite est celui du circuit MC1596.


+E +E

Sortie
Rc Rc Rc Rc

Sortie

HF HF

BF
BF
RE

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encore la non linéarité résiduelle et permettre de travailler avec un signal BF alternatif on peut
doubler l'étage différentiel et combiner les courants de sortie comme le montre la figure qui
représente le schéma du modulateur intégré MC1596.Ces montages sont souvent considérés comme
des multiplicateurs , cependant les deux entrées ne sont pas identiques. Le niveau du signal noté
BF , qui modifie le courant des transistors de polarisation doit être important , de l'ordre du volt , alors
que le signal noté HF peut être bien plus faible.
Les JFET peuvent également être utilisés, leur non linéarité du second ordre est favorable
pour un fonctionnement en modulateur. La figure ci contre représente un modulateur à un seul JFET
,malgré la simplicité du montage la qualité de la modulation obtenue est acceptable.

Modulateur à JFET Modulation obtenue


+15V

1nF Sortie
10k
1mH
100mV 2N4416
159kHz 1,76V

1,5V 10uF 1k
10kHz

Dans les deux cas précédents le signal modulé provient d'un terme produit, un tel terme se
rencontre lorsque l'on entre simultanément porteuse et signal modulant à l'entrée d'un système non
linéaire :
Si la non linéarité peut être exprimée par un développement en série :
v 2 = ∑ a n v1n
n

Avec v1 = A. cos ωt + B. cos Ωt


Le terme du second ordre du développement donne le signal cherché:
 A2 B2 
a 2 ( A. cos ωt + B. cos Ωt ) 2 = a 2  (1 + cos 2ωt ) + (1 + cos 2Ωt ) + AB (cos(ω + Ω)t + cos(ω − Ω)t )
 2 2 
La profondeur de modulation accessible reste
faible et les termes d'ordre supérieur donnent des Modulation par non linéarité.
termes parasites dont certains ne sont pas éliminés par Filtre passe bande
filtrage et sont source de distorsion. centré sur fréquence
Porteuse porteuse

Signal modulant Porteuse modulée


Système
non linéaire

Modulation avec suppression de porteuse :


Elle peut bien sûr être obtenue par un multiplicateur recevant à son entrée la porteuse et le
signal modulant sans composante continue.
Cependant le montage universellement
Modulation à porteuse supprimée par un modulateur
employé pour cette fonction est le modulateur en anneau.
en anneau. Nous avons déjà rencontré un tel
A
circuit utilisé comme phasemètre. C'est le
même que l'on retrouve ici mais en utilisant D2
C D1 D
les accès de façon différente. V1 D3
La porteuse est appliquée avec un D4 V2
fort niveau à l'accès V1 ,elle sature Porteuse B
alternativement les 2 barres de diodes D2D4 fort niveau
ou D1D3.Le signal modulant de faible niveau
M VBF N
est appliqué entre N et M . Pendant

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l'alternance positive de V1 D2 et D4 conduisent , VD=VM , le signal modulant se trouve donc appliqué


à l'envers à la moitié supérieure de l'enroulement de sortie. .Pendant l'alternance négative VC=VM la
partie inférieure de cet enroulement reçoit le signal modulant dans le sens direct. Au secondaire on
retrouve donc le signal modulant multiplié par un signal carré ±1 ayant la fréquence de la porteuse .
Le développement en série de ce signal carré fournit les termes produit cherchés.
Il existe sur le marché des blocs intégrés associant les deux transformateurs et l'anneau de
diodes qui peuvent fonctionner au delà du gigahertz.

Modulation BLU :
Le filtrage direct de l'une des bandes latérales est presque impossible car il exigerait un filtre
d'un ordre exorbitant , par filtrage on peut au plus obtenir une modulation à bande atténuée .
Le schéma utilisé est reproduit sur la figure ci contre. Il fait appel à deux multiplicateurs , un
sommateur, et deux déphaseurs de 90° . Le déphasage de 90° de la porteuse de fréquence fixe ne
pose pas de problème, en revanche il est théoriquement impossible de réaliser un circuit qui
déphase de 90° dans une large bande de fréquence . Un tel filtre , appelé filtre de Hilbert n'est pas
réalisable car il a une réponse impulsionnelle infinie pour t=0 . Il est possible cependant de se
rapprocher de cette condition dans une bande de fréquence limitée, par exemple de 300 à 3500Hz
bande passante du téléphone.
Plaçons nous dans le cas Principe de la modulation BLU
d'un signal modulant sinusoïdal.
Signal modulant A
a. cos Ωt BF
Le multiplicateur supérieur
délivre : Cos wt
a. cos Ωt. cos ω 0t π/2 S
le multiplicateur inférieur : +
a. sin Ωt. sin ω 0t Sin wt
Soit à la sortie de
l'additionneur :
S = a. cos(ω 0 − Ω)t B
Seule subsiste la raie
latérale inférieure. Avec un soustracteur en sortie on aurait de même la raie latérale supérieure .

Réalisation approchée d'un filtre de Hilbert :

p −1
Un filtre passe tout du premier ordre H ( p) = à un gain unité pour toute fréquence
p +1
ω
mais introduit un déphasage φ = −2arctg , ω0 étant la pulsation de normalisation Or une
ω0
courbe en tangente hyperbolique possède une partie presque linéaire sur au moins une décade . En
plaçant en série 3 filtres de ce type
Filtre passe tout du troisième ordre . dont les fréquences centrales sont
décalées d'une décade on obtient
+15V
une courbe de phase quasi linéaire
1k 1k 1k 1k
8K
sur presque 3 décades .Un filtre
100nF 10nF 1nF
passe tout du premier ordre peut être
100uF C C/10 C/100 obtenu à partir d'un étage inverseur
de phase ,en plaçant en série 3
22k 22k 22k étages de ce type on réalise le filtre
V1
R R R cherché qui est un passe tout du
10k
1K 1K 1K 1K troisième ordre .
V2

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La figure ci dessous représente alors le déphasage en fonction de la fréquence .


Si les fréquences des trois étages sont toutes multipliées par 3,16 ( racine de 10 ) la courbe
de phase se trouve décalée d'une demi décade vers les hautes fréquences et pour une fréquence
donnée la différence de phase entre les deux montages est, pour une assez large bande de
fréquence, très voisine de 90° . Ainsi les signaux à la sortie des deux filtres sont utilisables pour
attaquer les deux multiplicateurs du modulateur BLU .

Courbe de phase du filtre à 3 étages Déphasage pour deux filtres à 3 étages décalés d'une
demi décade.
Phase
Filtre 1
90°
Filtre 2

Fréquence

300hz 3,5kHz

Modulateur BLU D'autres montages utilisant des chaînes de


Passe tout 1 déphasages différentes ont été publiés dans
A
BF
diverses revues mais le principe reste le même .
Cos wt
π/2 S
+
Sin wt
Passe tout 2

LA DETECTION DE LA MODULATION D'AMPLITUDE :

Pour une modulation avec porteuse l'enveloppe du signal est le signal modulant cherché. La
méthode la plus simple et la plus répandue est une détection d'enveloppe

Détection incohérente (détection d'enveloppe ) :


On utilise un redresseur analogue à celui mis en œuvre Détection par diode .
dans les alimentations mais avec une constante de temps
suffisamment petite pour que la tension de sortie suive l'enveloppe
de la HF d'entrée.
Il faut remarquer que la charge et décharge du
condensateurs ne se font pas avec la même constante de temps .A
la charge c'est la résistance de la diode qui intervient , alors que la
décharge s'effectue avec la constante de temps RC .La condition
principale à respecter est : RC< la période du signal modulant
L'ondulation HF résiduelle est sans importance car elle est
éliminée par l'amplificateur BF placé en aval.
La détection ne peut s'effectuer que si l'amplitude du signal
d'entrée est supérieure à un seuil de diode c'est à dire 500 mV au
minimum pour du silicium. Pour fonctionner à faible niveau il faut
utiliser une diode au germanium dont le seuil est beaucoup plus

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faible (0,1 à 0,15V) ou une diode à pointe .


Le signal de sortie comporte une composante BF qui est le signal cherché dès que le
composant , ici une diode , est non linéaire . Tout dipôle non linéaire convient bien que le rendement
de détection soit plus faible.

Détection cohérente :
C'est une détection synchrone, la porteuse modulée est multipliée par le signal porteuse et le
produit filtré passe bas. On a montré plus haut que la multiplication d'un signal par une sinusoïde de
fréquence f0 provoque un décalage du spectre de ±f0.Cette remarque permet de comprendre le
mécanisme de la détection.
La multiplication du signal modulé dont le
Détection cohérente spectre est représenté en haut sur la
figure ci contre , par une sinusoïde à la
fréquence porteuse décale le spectre de
±f0 , les deux motifs situés autour de ±f0 se
retrouvent autour de la fréquence zéro où
Fo
ils reconstituent le signal BF de départ .
Un simple filtrage passe bas élimine les
termes de fréquence ±2f0
Pour effectuer cette opération il
faut disposer d'une sinusoïde à la
fréquence porteuse , elle peut en théorie
Fo
être obtenue à la sortie d'un filtre très
sélectif de fréquence centrale f0 , mais il
est difficile d'éliminer complètement la
modulation . On peut par exemple écrêter
fortement le signal modulé avant de le filtrer,
Restitution de porteuse
mais ceci ne fonctionne bien sûr que si le
niveau ne tombe jamais à zéro ,c'est à dire Mélangeur
B
que la profondeur de modulation est inférieure
à 100%.Il est possible pour encore améliorer le
Filtre passe bas
résultat de faire appel à une boucle de phase
de constante de temps assez grande qui
nettoie le signal . Passe bande PLL

VCO

Écrèteur
Cas de la modulation à
porteuse supprimée :
La porteuse n'existant plus ne peut pas être isolée par filtrage .Or il est impossible de faire
appel à une porteuse fabriquée localement dont la fréquence serait seulement proche de la valeur
correcte . En effet soit :
s (t ). cos ω 0 t le signal modulé .En le multipliant par un signal de fréquence ω1 proche de ω0

il vient : s (t ). cos ω 0 t. cos ω 1t. = s (t ).


1
(cos(ω 0 + ω1 )t + cos(ω 0 − ω1 )t )
2
le premier terme est un terme HF de fréquence proche du double de la fréquence porteuse ,
il ne gène pas, par contre le second de fréquence très faible module le niveau du signal BF et rend
ce dernier inaudible .
Pour restituer la porteuse il faut faire appel à un doubleur de fréquence .
Pour simplifier plaçons nous dans le cas d'un signal modulant sinusoïdal. La porteuse
modulée est :
A. cos Ωt. cosω 0 t

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appliquons la aux deux entrées d'un multiplieur , son carré :


A 2 cos 2 Ωt. cos 2 ω 0 t
2 1 + cos 2Ωt 1 + cos 2ω 0 t
s'écrit aussi : A .( ).( )
2 2
il contient une porteuse
de fréquence double que l'on
peut isoler .Le schéma du Démodulation d'une AM à porteuse supprimée
montage est alors le suivant ( Filtre passe bas
DSB-SC
figure ) : X

X² 2
1
Porteuse
Filtre sélectif Diviseur par 2 récupérée
Détection de la BLU : à 2fo

Bien que l'enveloppe


n'existe plus il est paradoxalement plus facile de détecter la BLU que la modulation à porteuse
supprimée . En effet il est possible cette fois de faire appel à une porteuse créée localement et de
fréquence seulement proche de celle de la porteuse qui n'est pas transmise .( on l'appelle oscillateur
de battement )
La figure ci dessous montre clairement ce qui se passe , la multiplication du signal modulé par
une sinusoïde de fréquence un peu inférieure à la fréquence porteuse crée par translation de ±f1,
deux bandes autour de l'origine qui
reconstituent un signal BF dont toutes Détection de la BLU avec un oscillateur de battement .
les fréquences ont été décalées de (f1-f0 )
par rapport au signal modulant initial .
Attention il ne s'agit pas d'une distorsion
ou un changement de tonalité comme il
s'en produit lorsqu'une bande
magnétique est lue à une vitesse
différente de celle qui à été utilisée à
l'enregistrement . (Dans ce cas toutes les
fréquences sont multipliées par un même
rapport ) Un décalage de quelques hertz
est presque indécelable à l'oreille ,la BLU
n'est pas utilisée pour transporter de la
musique en haute fidélité .
Note: Une BLU suivie d'une
détection par oscillateur de battement est
une solution pour décaler les fréquences d'un signal BF, cette technique a été utilisée pour atténuer
l'effet Larsen des interphones ou systèmes de sonorisation .

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MODULATION DE FREQUENCES (FM)


FORMULATION MATHEMATIQUE ET PROPRIETES SPECTRALES :

Cette fois c’est la fréquence qui est une fonction du signal .


On serait tenté d’écrire : v = a. cos[cos(ω 0 + s (t ))t ]

mais ceci est incorrect. En effet :v = a. cosθ (t ) avec ω = = ω 0 + k .s (t ) c’est à dire
dt
t
v = a. cos[ω 0 t + k ∫ s (t )]
0

Si le signal modulant est sinusoïdal ω = ω 0 + ∆ω . cos Ωt ,∆ω est l’excursion de fréquence c’est
l’amplitude du signal modulant et Ω est sa fréquence
∆ω ∆ω
La phase instantanée est alors : θ = ω 0t + . sin Ωt . Le quotient m = est appelé
Ω Ω
indice de modulation , il joue un rôle essentiel
L’expression exacte d’une porteuse modulée en amplitude par un signal sinusoïdal est alors :

v = a. cos[ω 0 t + m sin Ωt ]

Largeur de spectre règle de Carson :

Cette règle est obtenue par un raisonnement intuitif simple.


Si la fréquence du signal de modulation est très faible on peut admettre qu’a chaque instant
le signal est sinusoïdal et sa fréquence comprise dans l’intervalle ω 0 ± ∆ω Avec un analyseur de

spectre on verrait une raie qui se déplacerait avec une fréquence dans cet intervalle . Toute

l’énergie portée par le signal est donc comprise dans un intervalle de fréquence de largeur 2∆ω
centré sur la porteuse
Si maintenant la fréquence Ω augmente , la modulation étant une opération non linéaire , il
est naturel de penser que la zone précédente s’élargit et par exemple que les fréquences
s’ajoutent ; l’énergie est alors contenue dans une bande de largeur 2(∆ω+Ω).Ce résultat n’est
qu’approché mais reflète assez bien la réalité comme nous allons maintenant le voir .

Raies latérales en modulation de fréquence :

Le développement de l’expression précédente s’obtient en utilisant les relations suivantes :


cos(m. sin a ) = J 0 (m) + 2 J 2 (m). cos .2a + 2 J 4 (m). cos .4a + ...
sin(m. sin a ) = 2 J 1 (m) sin .a + 2 J 3 (m). sin 3a + .....
Les J étant des fonctions de Bessel de première espèce .

Appliquées à l’expression de v ces relations conduisent à :

[
 J 0 (m). cos ω 0 t + J 1 (m). cos(ω − Ω)t − cos(ω 0 + Ω)t +  ]
 
v = a. J 2 (m).[cos(ω 0 + 2Ω)t + cos(ω 0 − 2Ω)t ] + 
 J 3 (m).[cos(ω 0 − 3Ω)t − cos(ω 0 + 3Ω)t.] + ... 
 

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On voit apparaître de part et d’autre de la porteuse , qui à pour amplitude J0(m) , des raies latérales
multiples à des fréquences ω 0 ± kΩ dont
les amplitudes sont les valeurs des m=1
fonctions de Bessel successives pour fréquence Amplitude
l’indice m . ω 0 J0(1) 0,765
Considérons deux exemples , ω0±Ω J 1(1) 0,44
d'abord m=1 c'est à dire ∆ω=Ω les ω0±2Ω J2(1) 0,11
amplitudes des raies sont données dans le ω0±3Ω J3(1) 0,02
tableau ci contre , on notera que les ω0±4Ω J4(1) 0,002
amplitudes sont négligeables au delà de la
seconde raie latérale de fréquence ω0±2Ω,
M=5 c'est bien ce que prévoyait la règle de Carson
fréquence Amplitude (∆ω+Ω=2Ω).
ω0 J0(5) -0,177
ω0±Ω J1(5) -0,132 De même si m=5, l'amplitude diminue
ω0±2Ω J2(5) 0,04 brutalement à partir de la sixième raie.
ω0±3Ω J3(5) 0,36 (∆ω+Ω=6Ω).
ω0±4Ω J4(5) 0,39
ω0±5Ω J5(5) 0,26 On notera que les amplitudes ne
ω0±6Ω J 6(5) 0,13 décroissent pas régulièrement, certaines
ω0±7Ω J peuvent même disparaître , d'autre part à la
7(5) 0,05
différence de la modulation d'amplitude la
ω0±8Ω J8(5) 0,02
porteuse ne conserve pas son amplitude .
ω0±9Ω J9(5) 0,005 --------------------------------------------------
Note
Pour n entier positif la fonction de Bessel d'ordre n a pour développement en série :

(−1) k ( x / 2) n + 2 k
J n ( x) = ∑
k =0 k!.(n + k )!
Soit J0(x)=1-x²/2+…
J1(x)=x/2-… J2(x)=x²/8-…
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Modulation à faible indice :


Si m est petit J0(m)+1 et J1(m)=m/2 et les autres fonctions de Bessel sont
négligeables. Alors le signal modulé à pour expression :
 
v(t ) = a cos .ω 0 t + [cos(ω 0 − Ω)t − cos(ω 0 + Ω)t ]
m
 2 
qui ressemble beaucoup à ce que nous avons obtenu en modulation d'amplitude à un signe près.
 
v(t ) = a cos .ω 0 t + [cos(ω 0 − Ω)t + cos(ω 0 + Ω)t ]
m
En AM nous avions en effet :
 2 
Les diagrammes de Fresnel correspondants montrent parfaitement la différence . En modulation AM
les deux vecteurs auxiliaires d'amplitude m/2 sont symétriques par rapport au vecteur porteuse et la
somme totale est un vecteur
colinéaire avec cette
Vecteurs de Fresnel pour les modulations AM et FM faible indice .
porteuse. Le vecteur de
Fresnel tourne régulièrement ,
seule son amplitude varie. En
FM la somme des deux
vecteurs auxiliaires est Ωt Ωt
AM
perpendiculaire au vecteur FM
porteuse . L'extrémité du
vecteur total se balance de ωt ωt
part et d'autre du vecteur
porteuse .

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LES METHODES DE MODULATION FM :

Il est très difficile de moduler en fréquence une porteuse existante ( En optique et pour un
très faible indice la réflexion sur un miroir mobile provoque par effet Doppler une modulation de
fréquence ) Il est par contre facile d'agir sur la fréquence d'un oscillateur qui n'est pas autre chose
qu'un VCO .

DETECTION DE LA MODULATION DE FREQUENCE :

Il y a trois méthodes possibles:


Transformation de la FM en AM par un circuit dont le gain varie en fonction de la
fréquence , puis détection AM .
Utilisation d'une boucle de phase
Détection par comptage .

Les discriminateurs :

L'idée de base est d'utiliser le flanc d'une courbe de résonance .


Si un courant d'amplitude constante mais
de fréquence variable autour d'une valeur centrale
Détection FM sur le flanc d'une courbe de
f0 est appliqué à un circuit résonant accordé résonance .
sur f1 voisine de f0 , l'amplitude du signal de sortie
Accordé sur f1
est modulé en amplitude . La figure ci contre Io.cosω(t) Gain
D
montre cependant clairement que la variation
d'amplitude n'est pas proportionnelle à l'écart de C
R
fréquence sauf pour une excursion très faible L
devant la largeur de bande du circuit . Fo F
F1
Pour obtenir une réponse plus linéaire
on peut faire appel à deux circuits résonants
accordés sur des fréquences différentes et
montés tête bêche . C'est le principe du discriminateur de Travis représenté ci dessous .
Les deux circuits sont attaqués en
Discriminateur de Travis série par un courant d'amplitude
+Vcc constante mais modulé en
Gain fréquence autour d'une porteuse
A
fo. Ils sont accordés
F1 VAM respectivement sur deux
M VAB
fréquences f1 et f2 situées de part
F2 et d'autre de f0 . Les tensions
B
Fo F détectées VAM et VBM varient en
Io.cosω(t) F1 fonction de f comme les courbes
F2
Fo des deux circuits, la tension de
VBM sortie VAB est la différence de ces
deux tensions. Par différence les
non linéarités des deux courbes
se compensent partiellement
autour de la fréquence centrale f0.
. Le meilleur résultat est obtenu lorsque F1-F2=1,5fo/Q où Q est le coefficient de qualité des deux
circuits. Ce montage ne fonctionne correctement que si l'attaque des deux circuits est effectuée
avec une source de très forte impédance interne (source de courant , le plus souvent un transistor
bipolaire en montage base commune ) , sinon il y a synchronisation et les deux courbes de réponse
se retrouvent centrées sur f0.
Le discriminateur de Travis de réglage assez difficile pratiquement abandonné actuellement
.

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Il existe de nombreux autres schémas de discriminateurs , les plus connus effectuent une
double transformation fréquence ⇒ phase puis phase ⇒ amplitude .
Au voisinage de l'accord le déphasage entre les tensions primaire et secondaire d'un
transformateur à primaire et secondaire accordés au couplage critique , attaqué par une source de
courant , varie linéairement en fonction de la fréquence. C'est ce que montre la courbe ci contre .
Io.cosω(t) 1nF K=1/50 1nF V2 Déphasage courant tension d'un transformateur accordé .
50k 50k

1mH 1mH

Autour de la fréquence centrale le


déphasage secondaire primaire a
pour expression
R
Q2
tgϕ =
1
L2 ω −
C 2ω
f
Si l'on pose = x = 1+ ε
f0
et ε petit devant 1 :
1
tgϕ = → et → cos ϕ ≅ 2Qε
2Qε
Un phasemètre semblable à ceux que nous avons décrit dans le chapitre consacré à la
boucle de phase fournit un signal de sortie en cosϕ proportionnel à l'écart de fréquence qui est
donc le signal modulant cherché. Le montage représenté sur la figure ci dessous remplit cette
fonction. Le condensateur C1 est un
Discriminateur à déphasage .
condensateur de liaison qui transmet au point
N la tension primaire V1 . Ce point est en
C1 continu au potentiel zéro mais isolé de la
Io.cosω(t) V2/2
A D1 A’ masse en HF par la self de forte valeur (self de
V1 choc LK )
La diode D1 fournit entre A' et M une
N LK M
tension égale à l'amplitude de la tension HF
V2/2 B D2 B’ entre A et M soit V1+V2/2 (N est au milieu de
l'enroulement secondaire ) La diode D2 fournit
entre B' et M une tension égale à l'amplitude du signal HF entre B et M soit V1-V2/2 .Si la fréquence
du signal d'entrée est égale à la fréquence d'accord des deux circuits V1 et V2 sont en quadrature ,
alors VA'M=VB'M et la tension entre A' et B' est nulle . Pour une fréquence différente V1 et V2 ne sont
plus en quadrature et les deux tensions continues détectées entre A'et M et B'et M ne sont plus
égale; leur différence n'est plus nulle .Si V2 est faible devant V1 un calcul que nous avons présenté
plus haut montre que la tension recueillie entre A' et B' est proportionnelle au cosinus de l'angle de
déphasage donc au signal modulant .

Diagrammes de phase pour différentes fréquences

A A A
V2/2
V1 N
M N
M -V2/2 M
B B B
F<Fo F=Fo F>Fo
VA-VB<0 VA-VB=0 VA-VB >0

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La phase peut être obtenue également en effectuant simplement le produit des tensions V1
et V2 .En effet cos ω 0 t ; cos(ω 0 t + ϕ ) fournit par filtrage passe bas un terme directement
proportionnel à l'écart de
Discriminateur par produit . fréquence .
+ Cette multiplication
peut être effectuée par
Composante BF n'importe quel composant non
linéaire par exemple un MOS
Courant modulé FM double grille comme le montre
Io.cosω(t) V2 la figure. *
MOS
double grille

Le déphasage fonction de la fréquence peur être obtenu sans transformateur par exemple
avec un filtre passe tout Cette solution peut
être utile pour de grandes excursions de Discriminateur BF
fréquence aux fréquences basses . Le
montage ci contre est rendu insensible à +Vcc
l’amplitude en transformant les signaux en
signaux numériques , le produit peut alors
être effectué par un simple ET logique suivi Ecreteurs
V1
d’un intégrateur . (FM) ET R
BF

C
Détection par PLL : Passe tout
1er ordre
C’est la solution la plus évidente et la
plus couramment utilisée actuellement .
Soit f=fo+aV la fréquence du VCO , fo étant la fréquence de la porteuse La fréquence
instantanée du signal modulé est fo+s(t) , si la constante de temps de la boucle est suffisamment
faible pour qu’elle soit constamment accrochée :
fo+aV=fo+s(t) donc V=s(t)/a Le signal modulant est obtenu directement La linéarité de la
détection est déterminée par celle de la loi de commande du VCO,la seule difficulté est d’obtenir une
constante de temps de boucle très faible de façon que le VCO suive parfaitement la fréquence du
signal de référence .

Détection par comptage :


Cette méthode n’est applicable qu’aux fréquences faibles et pour de grandes variations
relatives de fréquence .
Le signal modulé en fréquence est écrêté ,les flancs des signaux carrés obtenus déclenchent
un monostable ,on obtient ainsi une suite d'impulsions de largeur fixe τ d'amplitude E à la fréquence
du signal d'entrée. Si T
Détection par comptage . est la période de ce
dernier la valeur
Signal d’entrée modulé en fréquence
moyenne du signal
obtenu est Eτ/T c'est à
Ecretage dire Eτf , elle est
rigoureusement
proportionnelle à la
fréquence d'entrée.
Si Fo est la
T Impulsions de largeur fixe (monostable ) Valeur moyenne fréquence de la porteuse
et ∆f l'excursion de

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fréquence , la tension continue fournie à la sortie d'un intégrateur RC a comme amplitude maximale
E∆f/fo . Si on appliquait directement cette méthode sur le signal d'antenne fourni par un émetteur
FM, fo=100Mhz et ∆f=75kHz ,on obtiendrait pour E=5V un signal de 3,75 mV seulement avec sans
doute un très mauvais rapport signal /bruit. Après changement de fréquence autour de 10Mhz le
résultat est multiplié par 10 ce qui est encore insuffisant . En ramenant la porteuse à 500kHz
l'excursion relative de fréquence est beaucoup plus grande 75/500 et le niveau de signal
5x75/500=750mV est exploitable .
Cette méthode de détection présente l'avantage d'être simple et parfaitement linéaire , elle
est parfois utilisée par les casques infrarouge prévus pour l'écoute discrète de musique ou de la
télévision.

MODULATION DE PHASE
Cette fois 'est la phase qui est modifiée au rythme du signal modulant :
v = a; cos(ω 0 t + ks(t ))
dθ ds (t )
La phase instantanée est (ω 0 t + ks(t )) donc la pulsation ω = = ωO + k
dt dt
En comparant cette expression à celle rencontrée en modulation de fréquence on constate
que la modulation de phase est équivalente à une modulation de fréquence par la dérivée du
signal .
Tout ce qui a été dit pour la FM est donc valable ici. On regroupe d'ailleurs souvent ces deux
modulations sous le qualificatif unique de modulations angulaires .
Il existe cependant un cas particulier lorsque l'écart
de phase reste inférieur à 180° , dans ce cas la récupération
Modulateur de phase à varicap
du signal modulant peut être effectuée par une simple
détection synchrone , et la modulation par un déphaseur HF modulée
équipé par exemple d'une diode à capacité variable . Avec le HF +Vcc en
phase
montage ci contre l'excursion de phase ne peut pas dépasser
quelques dizaines de degrés autour de π/2 BF

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LES MODULATIONS ANALOGIQUES D’IMPULSIONS


Le signal à transmettre est analogique , il est échantillonné conformément au théorème de
Shannon et à chaque échantillon est associée une impulsion.
Cette forme de signal présente plusieurs avantages;
D'abord la portée d'un émetteur est proportionnelle à la racine carrée de la puissance
émise, en effet pour un angle solide donné la surface arrosée par le faisceau d'une antenne varie
comme le carré de la distance . Or la puissance d'un émetteur est surtout limitée par la puissance
moyenne émise qui détermine l'échauffement des composants. Un émetteur de 1kW voit sa portée
multipliée par 30 s'il travaille en impulsions de 1 Mégawatt crête avec un rapport cyclique de
1/1000.
D'autre part il est possible
d'intercaler plusieurs suites d'impulsions Multiplexage temporel de plusieurs signaux .
issues de l'échantillonnage de plusieurs S1
signaux indépendants. A la réception le tri
peut se faire si un signal de S2
synchronisation convenable est disponible
. C'est le multiplexage temporel
S3
technique essentielle dans les
télécommunications modernes. S4

MODULATION D'IMPLUSIONS
Toutes les impulsions ont même durée et leur amplitude est égale à celle du signal aux
instants d'échantillonnage . Elles sont très
Modulation d'amplitude d'impulsions
facilement obtenues par échantillonnage
du signal grâce à une porte de largeur
finie , brève , τ fermée périodiquement . S(t) τ
La figure ci contre montre
comment on peut réaliser une modulation
d’amplitude d’impulsions infra-rouge . Le
courant ne passe dans la diode T
électroluminescente infra rouge que
lorsque le MOS M est conducteur. La tension à ses bornes étant presque nulle (faible ron ) ce courant
a pour valeur (V(t)-0,7)/R La tension est prélevée sur le collecteur d’un transistor de façon a n’être
jamais nulle (Taux de modulation
inférieur à 100%)
Modulation d’amplitude d’impulsions infra rouge
+E
Pour déterminer le spectre d'un
tel signal il suffit de le considérer comme
v(t) jamais nul LED IR une suite d'impulsions de Dirac issues
d'un échantillonnage idéal et ayant
traversé un filtre linéaire dont la réponse
impulsionnelle est une impulsion carrée
de largeur τ.( filtre élargisseur ) Le
R résultat est le produit de la périodisation
du spectre du signal d'entrée analogique
s(t) avec la période 1/T , par une
M
fonction sinx/x de largeur 1/τ qui est le
gain du filtre élargisseur .

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Ce type de modulation n'est jamais utilisé ,sinon comme étape intermédiaire , car il est trop

Spectre d'une modulation d'amplitude d'impulsions


Spectre du filtre élargisseur

1/τ

sensible aux bruits parasites qui sont souvent eux même des impulsions

MODULATION DE LARGEUR D'IMPULSIONS ( MODULATION PWM )

Les impulsions sont régulièrement espacées d'amplitude constante et de durée


proportionnelle à l'amplitude du signal. Il faut distinguer deux cas:

Échantillonnage régulier :
Les front avant des impulsions sont
parfaitement périodiques et la durée de chacune
d'elles est proportionnelle à l'amplitude du signal Echantillonnage régulier
au moment de ce front .
S(t)
Ce résultat peut être obtenu en
échantillonnant le signal avec une porte étroite ,
en chargeant un condensateur au niveau obtenu
puis en le déchargeant à courant constant. C'est
ce que fait le circuit ci contre adapté à des
signaux d'entrée positifs . T

Echantillonnage naturel : Echantillonnage naturel


Cette fois la durée de l'impulsion n'est D(t)
plus rigoureusement proportionnelle à
l'amplitude du signal sur le front de montée de
l'impulsion. La méthode consiste à comparer le Comparateur
D(t)
signal à une dent de scie à descente linéaire . S(t) P
L'impulsion cesse lorsque les niveaux sont S(t)
égaux.
La démodulation est réalisée par un
simple passe bas qui fourni une valeur P

moyenne locale du signal

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SIGNAUX NUMERIQUES ET MODULATIONS NUMERIQUES


-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------

LES SIGNAUX NUMERIQUES


Un signal numérique est une suite de nombres le plus souvent codés en binaire . On peut les
classer en deux catégories en fonction de leur origine :
-Signaux purement informatiques échangés entre des processeurs .
-Issus de la conversion analogique numérique de signaux analogiques .Nous nous
attarderons sur ce second cas .

Bruit de quantification et compression :

Un convertisseur analogique numérique fait correspondre à un niveau v un mot n avec la


règle de conversion suivante :
q q
n = N → si → Nq − < v ≤ Nq +
2 2
q étant le pas de quantification . Plus q est faible et meilleure est la précision , mais il faut
pour représenter n un mot ayant un plus grand nombre de bits.
L'amplitude du signal est à chaque instant mesurée avec une incertitude ±q/2 . Quelle que soit
la valeur de q cette incertitude est incompressible, il n'existe par de théorème équivalent au théorème
de quantification qui permettrai de calculer la valeur exacte de la tension d'entrée. Lorsque l'on
reconstitue un signal analogique grâce à un convertisseur numérique analogique (CAN) il reste une
erreur qui constitue le bruit de quantification .
La figure ci contre montre que ce bruit de quantification est un signal en dent de scie
d'amplitude crête à crête q .(sauf au voisinage des maximum et minimum ) Bien qu'il ne soit pas
périodique il est facile de calculer sa puissance , elle vaut q²/12 .On peut montrer également , mais la
démonstration sort du cadre de ce cours , que ce bruit de quantification à un spectre plat , c'est un
bruit blanc .
Considérons un amplificateur capable
de délivrer un signal sinusoïdal d’amplitude
Bruit de quantification
maximale A sans écrêtage. (Amplitude crête à
crête 2A) . S(t)
Si ce signal est échantillonné en
respectant le théorème de Shannon puis Après conversion
numérisé avec un CAN n bits , le pas de N(t)
quantification est :
2A
= A.2 −( n−1)
2n
le bruit de quantification est donc :
A2 − 2 n
PB = .2
3
La puissance du signal étant A²/2 , le Bruit de quantification n(t)-s(t)
rapport signal sur bruit vaut :
2 n −1
S
= 3.2 ou en dB
B

S
dB = 10 log 3 + 10(2n − 1) log 2 = 1,7 + 6 N
B

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Pour n=8 ce rapport signal bruit , pour le signal d’amplitude maximale n’atteint pas 50dB .A
ce niveau le bruit de quantification perceptible comme un souffle est très perceptible. Pour atteindre
une qualité correcte une conversion sur 12 bits est nécessaire . (dans ce cas S/B=73,7dB )
Malheureusement un tel codage augmente de 50% le débit de bits nécessaires donc le coût de la
liaison. Pour résoudre le problème on fait appel à une conversion non linéaire. Pour de faibles niveaux
le pas de quantification est choisi petit par contre il
est beaucoup plus grand aux forts niveaux de façon
Loi de codage non linéaire
à maintenir un quotient erreur de quantification/
niveau de signal sensiblement constant . 255
A un écart ∆y donné du mot de sortie Y
correspond un écart ∆x du niveau d’entrée. Pour Codage non
maintenir un rapport signal bruit constant il faut que Mot de linéaire
∆x/x soit indépendant de x .Soit sortie

∆x 1 ∆x
= Cte = ∆y Codage linéaire
x x ∆y q constant

c’est à dire :

∆y Cte Niveau d’entrée x 255


=
0

∆x x
dont une solution est évidemment y=log x
Malheureusement une telle loi n’est pas acceptable car log 0 est infini . La solution retenue
est une loi linéaire pour les faibles valeurs de x qui se raccorde ensuite à une loi logarithmique pour
les niveaux plus élevés. En Europe la formule retenue s’appelle loi A :
Pour 0<|x|<1 :
Ax 1
y = sign( x). pour x≤
1 + Ln( A) A
1 + Ln Ax 1
y = sign( x). pour 1 > x >
1 + Ln( A) A
Le raccordement s’effectue pour |x|=1/A .Le paramétre A=87,6 a été choisi de façon que pour
|x|=1/A |y|=16/A . Ainsi pour les faibles niveaux le codage est 16 fois plus fin que la loi linéaire ce
qui correspond à un codage sur 12 bits . Ainsi le rapport signal/bruit est équivalent à celui qui serait
obtenu avec 12 bits pour tous niveaux .
Les américains ont choisi une loi légèrement différente , la loi µ :
Ln(1 + µx )
y = sign avec µ = 255 pour laquelle la pente à l’origine est de 48 ce qui
Ln(1 + µ)
correspond à un codage sur 13 bits pour les faibles niveaux.
Ce codage non linéaire appellé compression est exécutée de façon numérique . Le signal
est quantifié sur 12 bits et la valeur obtenue utilisée comme adresse d’une mémoire morte . (table de
codage ) qui délivre le mot de 8 bits correspondant.

MODULATION EN IMPULSIONS CODEES (MIC) ( PCM)

Cette méthode de modulation a été développée en France dès 1970 pour moderniser notre
réseau téléphonique ,elle était alors la première au monde , elle est maintenant universellement
adopté (En anglais Pulse Code Modulation ) .
Les informations à transmettre sont organisés en octets qui sont transmis l’un après l’autre
sur le canal de transmission. Il est fait appel à un multiplexage temporel pour faire passer sur la
même voie jusqu'à 32 communications simultanées dans chaque sens Un octet est transmis en
120nS ,toutes les 125µS ( Pour obtenir les 8000 échantillons/sec imposés par le théorème de
Shannon ) 960 octets sont transmis correspondant aux octets fournis par les convertisseurs
analogiques numériques puis compression ,loi A , ainsi que les bits de synchronisation et de
correction d'erreurs .

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Une description détaillée de ce système sort du cadre de ce cours .

MODULATIONS ∆

Principe de la modulation delta :


Dans les années 60 lorsqu’il a fallu choisir un système numérique pour moderniser notre
réseau qui en était au temps du ‘ 22 à Asnières’ deux solutions étaient possibles , le MIC , simple sur
le plan théorique mais complexe au niveau matériel (à cette époque un convertisseur 8 bits capable
de fournir 8000 mots par seconde était encore cher ) , et la modulation delta facile à mettre en œuvre
avec des circuits simples mais inextricable sur le plan théorique . Le MIC fut choisi mais la modulation
∆ reste intéressante dans certains cas .
Lorsque l’on échantillonne à 8kHz un signal téléphonique les octets successifs obtenus sont
le plus souvent très voisins l’un de l’autre .On peut penser qu’il serait économique de ne transmettre
que la différence entre deux mots successifs , cette différence pouvant le plus souvent être codée sur
un nombre réduit de bits Plusieurs systèmes différentiels ont été étudiée mais la modulation delta
est un cas extrême pour lequel la différence est codée sur un seul bit
Le principe est le suivant :
Le système est piloté par une horloge rapide H. A chaque début de période le signal d’entrée
analogique e(t) est comparé à un signal interne g(t) .Si e>=g g est augmenté d’une quantité
constante ∆ et un bit 1 est transmis si au contraire e<g g est diminué de ∆ et c’est un bit 0 qui est
transmis. Ce processus est illustré par la figure ci dessous .
Pour la modulation
delta une notion très
importante est la saturation de Modulation ∆
pente . Le signal g ne peut Horloge

pas monter ou descendre


avec une pente moyenne
supérieure à ∆/T , un signal
analogique ne peut donc être
approché par une modulation
T
delta que si sa pente reste
E(t)
inférieure à cette limite . Pour
un signal sinusoïdal :
x = a. cos 2πft ∆

la valeur absolue maximale


G(t)
de la pente est 2πaf
La condition de non saturation
de pente s’écrit alors : 1 0 1 0 1 1 0 1 1 1 0 1 1 1 0 1 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 0 1 0 0 1 0 0 1 1


Flot de bits

2πaf <
T
d’où deux conditions :

pour une amplitude a f <
2 ρaT

pour une fréquence donnée f a<
2πfT
Il est très difficile de déterminer quelle doit être la fréquence d’horloge assurant une
reproduction correcte d’un signal vocal., dans ce domaine l’expérience est essentielle. On constate
qu’une qualité équivalente à un codage classique sur 8 bits et 8000 échantillons par seconde
éxige une fréquence d’horloge voisine de 64kHz,ce qui correspond à un débit binaire identique.
Cependant avec une cadence plus faible le son est encore compréhensible et des circuits
de synthèse vocale utilisant une modulation delta ont été commercialisés.

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Réalisation du modulateur delta :


Un modulateur delta est très simple à réaliser. La figure ci contre est un exemple .
Le condensateur C est chargé et déchargé par deux sources de courant , l'intensité de l'une
étant double de celle de l'autre. La source de courant supérieure est pilotée par le signal fourni par la
bascule D, elle même
recopiant sur le front
Modulateur Delta d’horloge l’état du
Vc(t) comparateur K.( le
2Io ou O Comparateur
courant fourni par cette
E(t) rapide source est soit 2Io
E(t)
Vc ,alors C se charge avec
K un courant Io , soit 0 et
Io
alors la source
C inférieure décharge C)
Horloge
Bascule D La figure montre que le
signal recueilli aux
K bornes de C est
constitué de rampes de
Flot de bits
pente ±∆/T (qui
H seraient obtenues en
intégrant le signal g
précédent.)
La détection est encore plus simple , il suffit de ne conserver du schéma que les deux
sources de courant et le condensateur. Le flot de bits est appliqué à la source de courant supérieure
et le signal recueilli aux bornes de C .

La modulation ∆ adaptative :
Pour limiter l’effet de la saturation de pente l’accroissement ∆ est augmenté si le signal g ne
parvient pas à suivre e ,ce décrochement étant mis en évidence par une succession de bits
semblables. A un instant donné la valeur de l’accroissement dépend des 3 derniers bits crées
comme le montre le tableau ci joint .

Modulation Delta adaptative .Loi de commande


Ai-2 Ai-1 Ai ∆ Note
0 1 ∆
1 0 ∆
0 1 1 2∆ 2 1 reçus de suite ∆ est doublé
1 0 0 2∆
0 0 0 4∆ 3 bits successifs identiques ∆est quadruplé
1 1 1 4∆

La figure ci dessous montre le comportement d’une modulation adaptative en présence d’une


transition brutale du signal d’entrée.

La modulation ∆ Σ (Delta Sigma ) :

Une solution pour éviter la saturation de pente est d’intégrer le signal avant traitement . En
a
effet si a. cos 2πft est le signal initial , il devient après intégration −
sin 2πft dont la dérivée a
2πf

une valeur maximale égale à a .La condition de saturation s’écrit alors a < et ne dépend plus de
T
la fréquence . La modulation ∆Σ présente aussi l’avantage d’accepter les composantes continues .

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Bruit de quantification en modulation ∆ :


Le calcul du rapport signal sur bruit de
quantification est beaucoup plus complexe Modulation delta adaptative, réponse à un échelon
qu en MIC et dépend en particulier de la Delta adaptative
statistique du signal traité. Une évaluation
grossière peut être faite avec des hypothèses
simplificatrices strictes. Nous supposerons :
- Que le signal x à un spectre limité
à une fréquence de coupure fc
Delta normale
- Pas de saturation de pente
La distorsion de quantification
est considérée comme un
signal aléatoire carré de
fréquence fE , d’amplitude
maximale ±∆ et de densité de
probabilité uniforme entre ces
deux limites . 1 0 1 1 1
-On admet enfin que le spectre du
bruit b est blanc jusqu'à fE . (Ce qui est confirmé par des mesures )
f(s) fonction de la variable s de densité de probabilité p(s) à pour valeur moyenne :

∫ f (s). p(s)ds
−∞
La puissance du bruit qui est b² à donc comme expression :
+∆ +∆
1
PB = ∫ b 2 p(b)db mais ∫ p (b)db = 1 donc p étant uniforme p (b) =
−∆ −∆
2∆
alors il vient :
+∆
1 ∆2
PB = ∫ b 2 db =
−∆
2∆ 3
Mais cette puissance est répartie uniformément de 0 à Fe et cette fréquence
d’échantillonnage fe est beaucoup plus grande que fc fréquence de coupure du signal. Seule la partie
de bruit contenue dans cette bande 0-fc est perceptible, soit une puissance :
f C ∆2
PB' =
fE 3
Dans le cas particulier d’un signal sinusoïdal d’amplitude a et de fréquence f donc de
puissance a²/2 , le rapport signal sur bruit devient :
PS a 2 3 f E
ρ= =
PB' 2 f C ∆2
Ce rapport augmente avec l’amplitude du signal (ce qui est normal, or cette dernière ne peut
pas dépasser la limite imposée par la saturation de pente :
∆f E
a max =
2πf
Dans ce cas limite le rapport signal bruit est maximal et a pour valeur :
3 2
3  fE   fC 
ρ max =    
8π 2  f C   f 
fE/fc est une constante du système et le rapport S/B diminue en 1/f² lorsque la fréquence du
signal d’entrée augmente.

Application :

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Nous désirons obtenir un rapport signal bruit de 40dB ( 10000 ) par modulation delta d’un
signal vocal. Ce dernier sera considéré comme ayant un spectre maximal à 800Hz et une fréquence
de coupure de 3500Hz (téléphone ) .Nous écrirons donc :
3 2
3  f   3500 
10 = 2  E  
4

8π  3500   800 
c’est à dire Fe=84 kHz . Résultat conforme avec ce que nous avions annoncé plus haut .

Conversion analogique numérique à modulation ∆Σ :


La modulation Σ∆ permet de réaliser des convertisseurs analogique numérique de haute
précision (20 bits par exemple ) mais relativement lents ( conversion en 1 mS par exemple )
Le schéma de base est reproduit ci dessous .

Conversion AN par ∆Σ
Bruit
Vin V1 V2 K
+
V3 Vin +
- V2
+ V1
Horloge - H(f)
-
V4 +1 V3=1 V4

+/- 1 Modélisation du bruit


-1 V3=0

Le comparateur délivre un signal binaire V3 commandant l’interrupteur qui applique sur


l’entrée – de l’additionneur soustracteur une tension analogique ayant deux valeurs possibles ±1V .
Ce signal V4 peut être considéré comme l’image bruitée du signal analogique V2 fourni par
l’intégrateur interne. Soit v4=v2+b
Le fonctionnement est alors décrit par les équations suivantes :
v1 = vin − v4
v2 = H ( p ).v1
v4 = b + H ( p).v1

b H ( p)
d’ou l’on tire : v4 = + .vIN
1 + H ( p) 1 + H ( p)
p A
Si H est un intégrateur H(p)=A/p il vient : v4 = b. + .vIN
p+ A p+ A
Le premier terme est un passe haut , le second un passe bas . Cette expression montre que
le bruit subit un filtrage passe haut , il est donc rejeté vers
les hautes fréquences alors que le signal est filtré passe
bas . Spectre à la sortie du modulateur Σ∆
Le flot de bits V3 sortant du comparateur contient
en particulier la composante continue du signal d’entrée
Vin., il peut être considéré comme une suite de mots de 1 Signal Bruit
bit .
F

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LES MODULATIONS NUMERIQUES

-------------------------------------------------------------------------------------------

INTRODUCTION
Les systèmes de transmission numérique véhiculent de l'information entre une source et un
destinataire en utilisant un support physique comme le câble, la fibre optique ou encore, la
propagation sur un canal radioélectrique. Les signaux transportés peuvent être soit
directement d'origine numérique, comme dans les réseaux de données, soit d'origine
analogique (parole, image...) mais convertis sous une forme numérique. La tâche du système
de transmission est d'acheminer l'information de la source vers le destinataire avec le plus de
fiabilité possible.

Le schéma synoptique d'un système de transmission numérique est donné à la figure 1 où l'on
se limite aux fonctions de base :
- La source émet un message numérique sous la forme d'une suite d'éléments binaires.
- Le codeur peut éventuellement supprimer des éléments binaires non significatifs
(compression de données ou codage de source), ou au contraire introduire de la
redondance dans l'information en vue de la protéger contre le bruit et les perturbations
présentes sur le canal de transmission (codage de canal). Le codage de canal n'est
possible que si le débit de source est inférieure à la capacité du canal de transmission
(la probabilité d'erreur Pe tend dans ce cas vers 0 d'après les travaux de Hartley -
Shannon).
- La modulation a pour rôle d'adapter le spectre du signal au canal (milieu physique) sur
lequel il sera émis.
- Enfin, du côté récepteur, les fonctions de démodulation et de décodage sont les
inverses respectifs des fonctions de modulation et de codage situées du côté émetteur.

Source Modulateur
Codeur

CANAL

Démodulateur Décodeur Destinataire

Figure 1 : Schéma d'un système de transmission numérique

Les trois caractéristiques principales permettant de comparer entre elles les différentes
techniques de transmission sont les suivantes:
- La probabilité d'erreur Pe par bit transmis permet d'évaluer la qualité d'un système de
transmission. Elle est fonction de la technique de transmission utilisée, mais aussi du

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canal sur lequel le signal est transmis. Il est à noter que Pe est une valeur théorique
dont une estimation non biaisée au sens statistique est le Taux d'Erreur par Bit TEB.
- L'occupation spectrale du signal émis doit être connue pour utiliser efficacement la
bande passante du canal de transmission. On est contraint d'utiliser de plus en plus des
modulations à grande efficacité spectrale.
- La complexité du récepteur dont la fonction est de restituer le signal émis est le
troisième aspect important d'un système de transmission

LES MODULATIONS NUMERIQUES


La modulation a pour objectif d'adapter le signal à émettre au canal de transmission. Cette
opération consiste à modifier un ou plusieurs paramètres d'une onde porteuse
S (t ) = A cos(ω 0.t + ϕ 0) centrée sur la bande de fréquence du canal.

Les paramètres modifiables sont :


- L'amplitude : A
ω0
- La fréquence : f 0 =

- La phase: ϕ 0

Dans les procédés de modulation binaire, l'information est transmise à l'aide d'un paramètre
qui ne prends que deux valeurs possibles.
Dans les procédés de modulation M-aire, l'information est transmise à l'aide d'un paramètre
qui prends M valeurs. Ceci permet d'associer à un état de modulation un mot de n digits
binaires. Le nombre d'états est donc M = 2 n . Ces n digits proviennent du découpage en
paquets de n digits du train binaire issu du codeur.

Les types de modulation les plus fréquemment rencontrés sont les suivants :
- Modulation par Déplacement d'Amplitude MDA.
(Amplitude Shift Keying ASK).
- Modulation par Déplacement de Phase MDP.
(Phase Shift Keying PSK).
- Modulation par Déplacement de Phase Différentiel MDPD.
(Differential Phase Shift Keying DPSK).
- Modulation d'amplitude de deux porteuses en quadrature MAQ.
(Quadrature Amplitude modulation QAM)
- Modulation par Déplacement de Fréquence MDF.
(Frequency Shift Keying FSK).

Définitions et appellations :

Un symbole est un élément d'un alphabet. Si M est la taille de l'alphabet, le symbole


est alors dit M-aire. Lorsque M=2, le symbole est dit binaire. En groupant, sous
forme d'un bloc, n symboles binaires indépendants, on obtient un alphabet de

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M = 2 n symboles M-aires. Ainsi un symbole M-aire véhicule l'équivalent de


n = log 2 M bits.
La rapidité de modulation R se définit comme étant le nombre de changements
d'états par seconde d'un ou de plusieurs paramètres modifiés simultanément. Un
changement de phase du signal porteur, une excursion de fréquence ou une
variation d'amplitude sont par définition des changements d'états.
1
La "rapidité de modulation" R = s'exprime en "bauds".
T
Le débit binaire D se définit comme étant le nombre de bits transmis par
seconde. Il sera égal ou supérieur a la rapidité de modulation selon qu'un
changement d'état représentera un bit ou un groupement de bits.
1
Le "débit binaire" D = s'exprime en "bits par seconde".
Tb
Pour un alphabet M-aire, on a la relation fondamentale : T = nTb soit D = n R.
Il y a égalité entre débit de source et rapidité de modulation uniquement dans le cas
d'une source binaire (alphabet binaire).

La qualité d'une liaison est liée au taux d'erreur par bit :


nombre de bits faux
T .E.B =
nombre de bits transmis
On notera la différence entre Pe et TEB. Au sens statistique, on a Pe = E(TEB). TEB
tend vers Pe si le nombre de bits transmis tend vers l'infini.
D
L'efficacité spectrale d'une modulation se définit par le paramètre η = et
B
s'exprime en "bit/seconde/Hz". La valeur D est le "débit binaire" et B est la largeur
de la bande occupée par le signal modulé. Pour un signal utilisant des symboles M-
1
aires, on aura : η = log 2 M bit/sec/Hz. Remarquons que pour B et T donnés,
T .B
l'efficacité spectrale augmente, comme on pouvait s'y attendre, avec le nombre de
bit/symbole n = log2M. C'est en effet la raison d'être de la modulation M-aire.

Principes de modulations numériques :

Le message à transmettre est issu d'une source binaire.


Le signal modulant, obtenu après codage, est un signal en bande de base, éventuellement
complexe, qui s'écrit sous la forme :

c(t ) = ∑ ck .g (t − kT ) = ck (t ) = ak (t ) + jbk (t ) avec ck = ak + jbk .


k

La fonction g (t ) est une forme d'onde qui est prise en considération dans l'intervalle [0, T[
puisque t doit vérifier la relation : kT<= t <(k+1)T.

Dans les modulations MDA, MDP et MAQ, la modulation transforme ce signal c (t ) en un


signal modulé m(t) tel que :

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 
m(t ) = Re ∑ ck ( t ).e j (ω 0 t +ϕ 0 ) 
 k 
ω0
La fréquence f 0 = et la phase ϕ 0 caractérisent la sinusoïde porteuse utilisée pour la

modulation.

Si les ck (t ) = ak (t ) + jbk (t ) sont réels ( bk (t ) = 0 ), la modulation est dite


unidimensionnelle, et s'ils sont complexes la modulation est dite bidimensionnelle.

Le signal modulé s'écrit aussi plus simplement :

m(t ) = ∑ ak (t ). cos(ω 0t + ϕ 0 ) − ∑ bk (t ). sin (ω 0t + ϕ 0 )


k k

ou encore : m(t ) = a (t ). cos(ω 0t + ϕ 0 ) − b(t ).sin (ω 0t + ϕ 0 )

en posant : a(t ) = ∑ a (t ) et b(t ) = ∑ b (t )


k
k
k
k

Le signal a(t ) = ∑ a (t )
k
k module en amplitude la porteuse en phase cos(ω 0t + ϕ 0 ) et le

signal b(t ) = ∑ b (t )
k
k module en amplitude la porteuse en quadrature sin (ω 0t + ϕ 0 ) .

Dans la plupart des cas les signaux élémentaires ak (t ) et bk (t ) sont identiques à un


coefficient près et ils utilisent la même forme d'impulsion g (t ) appelée aussi "formant".

ak (t ) = ak . g (t − kT ) et bk (t ) = bk . g (t − kT )

Les deux signaux a (t ) et b (t ) sont aussi appelés "trains modulants" et s'écrivent :


a(t ) = ∑ ak . g (t − kT ) et b(t ) = ∑ bk . g (t − kT )
k k
Les symboles ak et bk prennent respectivement leurs valeurs dans l'alphabet (A1, A2,… AM) et
dans l'alphabet (B1, B2,… BM).

Le schéma théorique du modulateur est représenté sur la figure 2.

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ak a(t)
g(t)

m(t)
cos(ω 0t + ϕ 0 )
Mise en
CODEUR forme ou
Entrée filtrage
M-aire bk b(t)
g(t)

− sin (ω 0t + ϕ 0 )
Oscillateur π/2

Figure 2 : Forme générale du modulateur

Les différents types de modulations sont définies par les alphabets décrits ici dessus et par la
fonction g(t).

A chaque symbole émis correspond un signal élémentaires de la forme :

mk (t ) = ak. g (t − kT ). cos(ω 0t + ϕ 0 ) − bk .g (t − kT ). sin (ω 0t + ϕ 0 )

qui peut être représentés (voir figure 3) dans un espace à deux dimensions dont les vecteurs de
base sont : g (t − kT ). cos (ω 0t + ϕ 0 ) et − g (t − kT ). sin (ω 0t + ϕ 0 )
(décomposition de Fresnel).

− g (t − kT ). sin (ω 0t + ϕ 0 )
Ck
bk
mk(t)

g (t − kT ). cos(ω 0t + ϕ 0 )
ak

Figure 3 : Position d'un symbole dans le plan de Fresnel

Le signal modulé m(t) véhicule des informations distinctes à travers ak (t ) et bk (t ) qui sont
deux signaux en bande de base appelés respectivement composante en phase (I en anglais) et
composante en quadrature (Q en anglais). La récupération de ak (t ) et bk (t ) sera possible
uniquement si ces deux signaux sont de bande limitée à l'intervalle [-B,B] avec B<f0
(Condition de Rayghley).

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Une représentation dans le plan complexe qui fait correspondre à chaque signal élémentaire
un point Ck = Ak + jBk permet de différencier chaque type de modulation. L'ensemble de
ces points associés aux symboles porte le nom de constellation.

Im C3
Ck =Ak+ j Bk
Bk C1 = A1 + jB1

C2 E
Re

Ak

Figure 4 : Définition d'une constellation numérique

Le choix de la répartition des points dépend des critères suivants :


- Pour pouvoir distinguer deux symboles, il faut respecter une distance minimale dmin,
entre les points représentatifs de ces symboles. Plus cette distance est grande et plus la
probabilité d'erreur sera faible. La distance minimale entre tous les symboles est :
d min = Min ( dij ) avec dij = Ci − Cj
2

i≠ j
Ceci est à rapprocher avec la définition de la distance de Hamming.
- A chaque symbole émis correspond un signal élémentaires mk(t) et par là même une
énergie nécessaire à la transmission de ce symbole. Dans la constellation, la distance
entre un point et l'origine est proportionnelle à la racine carrée de l'énergie qu'il faut
fournir pendant l'intervalle de temps [kT, (k+1)T[ pour émettre ce symbole. La
∑C
2
puissance moyenne d'émission des symboles est assimilable à i et la puissance
i
2
crête à Max Ci .
i
Les deux critères évoqués ci-dessus sont antagonistes puisque l'on serait tenté d'une part
d'éloigner les symboles au maximum pour diminuer la probabilité d'erreur et d'autre part, de
les rapprocher de l'origine pour minimiser l'énergie nécessaire à la transmission.

Les critères de choix d'une modulation sont :


- La constellation qui suivant les applications mettra en évidence une faible énergie
nécessaire à la transmission des symboles ou une faible probabilité d'erreur.

- L'occupation spectrale du signal modulé.

- La simplicité de réalisation (avec éventuellement une symétrie entre les points de


la constellation).

Remarque :

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Concernant la Densité Spectrale de Puissance (DSP) du signal modulé m(t), certaine formules
du cours de Théorie du Signal [3] nous rappelle que si αm (t ) = xc (t ) + jxs (t ) représente le
signal en bande de base de m(t ) = Re αm (t ).e [ j (ω 0 t +ϕ 0 )
] et si γ αm ( f ) est la densité spectrale
de puissance de αm (t ) alors la DSP du signal modulé m(t) sera :

γm ( f ) =
1
[γαm( f − f 0) + γαm(− f − f 0)]
4

γαm ( f )

f
0
γm( f )
f
-f0 0 f0

Figure 5 : Densité spectrale de puissance

Lorsque la modulation est linéaire, l'opération de modulation a pour effet dans la plupart des
cas de translater la densité spectrale de puissance (DSP) du signal modulant.
La DSP du signal modulé m(t) est aussi liée à la forme de l'onde g(t), (qui sera souvent
rectangulaire) par sa transformée de Fourier G(f).

MODULATION PAR DEPLACEMENT D'AMPLITUDE (MDA)

Les Modulations par Déplacement d'amplitude (MDA) sont aussi souvent appelées par leur
abréviation anglaise : ASK pour "Amplitude Shift Keying".

Dans ce cas, la modulation ne s'effectue que sur la porteuse en phase cos(ω 0t + ϕ 0 ) . Il n'y a
pas de porteuse en quadrature. Cette modulation est parfois dite mono dimensionnelle. Le
signal modulé s'écrit alors :
m(t ) = ∑ ak .g (t − kT ). cos(ω 0t + ϕ 0 )
k

La forme de l'onde g(t) est rectangulaire, de durée T et d'amplitude égale à 1 si t appartient à


l'intervalle [0, T[ et égale à 0 ailleurs.

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Rappelons que le symbole ak prend sa valeur dans l'alphabet (A1, A2,… AM). Autrement dit,
cet alphabet met en évidence les M = 2 amplitudes possibles du signal, la valeur n
n

désignant les groupement de n bits ou symboles à émettre. Les changements d'amplitude de la


porteuse se produiront au rythme R de la transmission des symboles.

Modulation par tout ou rien :

Un exemple de modulation d'amplitude est la modulation (binaire) par tout ou rien encore
appelée par son abréviation anglaise : OOK pour "On Off Keying".
Dans ce cas, un seul bit est transmis par période T, et par conséquent n=1 et M=2. Le
symbole ak prend sa valeur dans l'alphabet (0, a0). On observe donc sur un chronogramme
des extinctions de porteuse quand ak = 0 (figure 6).

Figure 6 : Modulation d'amplitude par tout ou rien (OOK)

Im Re

Figure 7 : Constellation de la modulation d'amplitude par tout ou rien (OOK)

A la réception, cette modulation d'amplitude est souvent démodulée par une détection
d'enveloppe. En l'absence de bruit, l'élévation au carré du signal m(t) donne un terme à la
fréquence 2f0 qui sera éliminé par filtrage et un terme en bande de base proportionnel à
∑a
k
k
2
.g (t − kT ) qui est porteur de l'information puisqu'il contient ak.

Le spectre du signal en bande de base est donné par [2] :


2
a 0 2 T  sin πfT  a0 2
γαm( f ) =   + δ( f )
4  πfT  4

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Le spectre du signal modulé est le même décalé de ± f0 et comporte donc une raie aux
fréquences ± f0.

Modulation à "M ETATS" :

Dans ce cas on utilise plutôt la modulation symétrique.

Les constellations "MDA M Symétrique" :

On a toujours M = 2 amplitudes possibles du signal, mais ici les valeurs de l'alphabet sont
n

telles que :
Ai = (2i – M - 1).a0 avec i = 1,2,…M.
Suivant les valeurs de n on obtient le tableau suivant :

n M Valeurs de l'alphabet
1 2 -1a0, 1a0
2 4 -3a0, -1a0, 1a0, 3a0
3 8 -7a0, -5a0, -3a0, -1a0, 1a0, 3a0, 5a0, 7a0

La constellation de la modulation à M états symétriques est donnée figure 8 pour M prenant


comme valeurs 2, 4 et 8.

MDA 2 Symétrique 0 1 Re

-a0 a0

MDA 4 Symétrique 00 01 11 10 Re

-3a0 -a0 a0 3a0

MDA 8 Symétrique 000 001 011 010 110 111 101 100 Re

-7a0 -5a0 -3a0 -a0 a0 3a0 5a0 7a0

Figure 8 : Constellation de la modulation d'amplitude à M états

On remarquera que la disposition des symboles met en œuvre un code de Gray de telle sorte
qu'un seul bit change lorsque l'on passe d'un point à un autre.

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Chronogramme de "MDA 4 Symétrique" :

Figure 9 : Modulation d'amplitude MDA 4 Symétrique

La figure 9 met en évidence que deux bits sont transmis simultanément à chaque période T.
Elle met aussi en évidence qu'il n'est pas question ici de pratiquer une détection d'enveloppe à
la réception.

Le spectre de la "MDA M Symétrique" :

Le spectre du signal en bande de base ne présente pas de raie et s'écrit [2] :


2
M 2 − 1 2  sin πfT 
γαm( f ) = a 0 T  
3  πfT 
Le spectre du signal modulé est le même décalé de ± f0

Modulation et démodulation :

Les figures 10 et 11 montrent respectivement un synoptique simplifié de la modulation et de


la démodulation cohérente sur une seule porteuse.

ak a(t) m(t)
g(t)

cos(ω 0t + ϕ 0 )

Figure 10 : Modulation sur une seule porteuse

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m(t) S1(t) S2(t) ak


Filtrage Echantillonnage
passe bas (Période T)

cos(ω 0t + ϕ 0 )
Comparateur à seuils
Récupération de Récupération du
la porteuse rythme

Figure 11 : Démodulation cohérente sur une seule porteuse

Coté récepteur, et en supposant qu'il n'y ait pas de bruit, si on multiplie le signal reçu
m(t ) = ∑ ak .g (t − kT ). cos(ω 0t + ϕ 0 ) par une onde sinusoïdale issue d'un oscillateur local
k

Al. cos(ω 0t + ϕl ) on obtient : S 1(t ) = ∑ ak .g (t − kT ). cos(ω 0t + ϕ 0 ) . Al cos (ω 0t + ϕl )


k

En développant cette expression et en éliminant le terme en cos(2ω 0t ) par filtrage, on

∑ ak.g (t − kT ).cos(ϕ 0 − ϕl )
Al
obtient : S 2 (t ) =
2 k

Donc, si le récepteur dispose d'un oscillateur local synchronisé en fréquence et en phase sur
celui de l'émission, ϕ 0 sera proche de ϕl et, donc cos(ϕ 0 − ϕl ) sera voisin de 1, et par
Al
conséquent S 2 (t ) ≈ ∑ ak.g (t − kT ) . Ainsi, le signal S 2(t ) est à une homothétie près
2 k
égal au train modulant a (t ) = ∑ ak . g (t − kT ) qui est lui même le signal porteur de
k
l'information. Il reste encore au récepteur à récupérer le rythme, de période T, des symboles
transmis, à échantillonner le signal S 2(t ) au milieu de chaque période, et à décider à l'aide
d'un comparateur à (M-1) seuils de la valeur ak reçu.

Les performances des "MDA M" :

Pour pouvoir comparer les différentes modulations entre elles, il est d'usage d'exprimer la
Eb
probabilité d'erreur on fonction du rapport dans lequel :
N0
Eb représente l'énergie émise par bit,

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N0 représente la densité spectrale de puissance de bruit.

En fonction de ce rapport, on trouve en bibliographie [5 p277] que la probabilité d'erreur par


M −1  3 log 2 M Eb 
symbole est donnée par la relation : Ps (e) = erfc  . 

M  M 2
− 1 N 0

Figure 12 : Probabilité d'erreur par symbole de la MDA


Eb
Cette probabilité d'erreur par symbole Ps(e) est tracée en fonction de et du
N0
paramètre M à la figure 12. On peut alors constater que pour conserver une probabilité
Eb
d'erreur par symbole constante lorsque M augmente, il faut aussi augmenter le rapport ;
N0
Autrement dit, il faut augmenter l'énergie émise par bit Eb.
Eb
Pour M = 4, le rapport nécessaire à une probabilité d'erreur donnée est 4 dB plus grand
N0
Eb
que pour M =2. Pour M grand, le rapport doit être augmenté de 6 dB chaque fois que l'on
N0
double M c'est-à-dire chaque fois que l'on ajoute un bit par symbole émis.

Du point de vue pratique, c'est la probabilité d'erreur par bit Pb(e) qui est la plus importante à
déterminer. Si on néglige la probabilité d'erreur entre symboles non voisins et si deux
symboles voisins ne diffèrent que d'un bit (Code de Gray), alors la probabilité d'erreur par bit
Ps ( e )
Pb(e) peut s'écrire : Pb ( e ) = car avec un symbole erroné, seulement un bit sur
log 2 M
n=log2 M est erroné.

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Conclusion sur la MDA :

La tentation d'augmenter M (c'est à dire le nombre de bits transmis par symbole) est grande
mais présente les avantages et les inconvénients suivants :
1
L'efficacité spectrale η = log 2 M augmente, (pour une largeur de la bande B
TB
donnée).
Malheureusement, la probabilité d'erreur par symbole Ps(e) augmente aussi, et, pour ne
pas la dégrader, il sera nécessaire d'augmenter l'énergie émise par bit Eb.

Finalement, ce type de modulation est simple à réaliser mais est assez peu employé pour M>2
car ses performances sont moins bonnes que celles d'autres modulations, notamment pour sa
résistance au bruit.

MODULATION PAR DEPLACEMENT DE PHASE (MDP)


Les Modulations par Déplacement de phase (MDP) sont aussi souvent appelés par leur
abréviation anglaise : PSK pour "Phase Shift Keying".

Reprenons l'expression générale d'une modulation numérique :


 
m(t ) = Re ∑ ck (t ).e j ( ω 0 t +ϕ 0 )  avec ck (t ) = ak (t ) + jbk (t )
 k 

Les signaux élémentaires ak (t ) et bk (t ) utilisent la même forme d'onde g (t ) qui est ici
une impulsion rectangulaire, de durée T et d'amplitude égale à A si t appartient à l'intervalle
[0, T[ et égale à 0 ailleurs.

On a toujours : ak (t ) = ak . g (t − kT ) bk (t ) = bk . g (t − kT )
et
Soit : ck (t ) = (ak + jbk ).g (t − kT ) = ck .g (t − kT )

Dans le cas présent, les symboles ck sont répartis sur un cercle, et par conséquent :
ck = ak + jbk = e jϕk . d'où : ak = cos (ϕk ) bk = sin (ϕk )
et : ak (t ) = cos(ϕk ). g (t − kT ) bk (t ) = sin(ϕk ). g (t − kT )

On pourrait imaginer plusieurs MDP-M pour la même valeur de M où les symboles seraient
disposés de façon quelconque sur le cercle ! Pour améliorer les performances par rapport au
bruit, on impose aux symboles d'être répartis régulièrement sur le cercle (il sera ainsi plus
facile de les discerner en moyenne). L'ensemble des phases possibles se traduit alors par les
expressions suivantes :
π 2π
ϕk = +k lorsque M > 2
M M
et : ϕk = 0 ou π lorsque M = 2.

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Remarque :
Les symboles ck prennent leurs valeurs dans un alphabet de M >2 éléments { e }où ϕk est
jϕk

défini
ci-dessus avec k = 0,1,…M-1. On peut aussi considérer que ak et bk prennent simultanément
leurs
valeurs dans l'alphabet { cos(ϕk ) }et { sin (ϕk ) }.

Le signal modulé devient :


   
m(t ) = Re ∑ e jϕk .g (t − kT ).e j ( ω 0t +ϕ 0 )  = Re ∑ g (t − kT ).e j ( ω 0 t +ϕ 0+ϕk ) 
 k   k 

Soit, plus simplement, en ne considérant que l'intervalle de temps [kT, (k+1)T[ :


[
m(t ) = Re A.e j ( ω 0 t +ϕ 0+ϕk ) ]
m(t ) = A. cos (ω 0t + ϕ 0 + ϕk )
= A. cos(ω 0t + ϕ 0 )cos(ϕk ) − A. sin (ω 0t + ϕ 0 )sin (ϕk )

Cette dernière expression montre que la phase de la porteuse est modulée par l'argument
ϕk de chaque symbole ce qui explique le nom donné à la MDP. Remarquons aussi que la
porteuse en phase cos(ω 0t + ϕ 0 ) est modulée en amplitude par le signal A. cos (ϕk ) et que la
porteuse en quadrature sin (ω 0t + ϕ 0 ) est modulée en amplitude par le signal A. sin (ϕk ).
L'expression de la MDP montre qu'il s'agit d'une modulation à enveloppe constante ;
l'enveloppe étant le module de l'enveloppe complexe. Cette propriété est intéressante pour des
transmissions sur des canaux non linéaires, ce qui fait de la MDP un outil de choix par
exemple pour les transmissions par satellites. L'intérêt d'avoir un signal modulé à enveloppe
constante est que cela permet d'employer les amplificateurs dans leur zone de meilleur
rendement qui correspond souvent à un mode de fonctionnement non linéaire.
Ainsi, la disposition des symboles sur un cercle se traduit non seulement par enveloppe
constante, mais aussi, par une énergie identique mise en œuvre pour transmettre chaque
symbole, ces deux aspects étant bien entendu intimement liés.

On appelle "MDP-M" une modulation par déplacement de phase (MDP) correspondant à des
symboles M-aires. La figure 13 montre différentes constellations de MDP pour M= 2, 4 et 8.

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j Im Im
j

Re Re

-1 1 -1 1

M=2 M=4
-j -j

j Im

Re

-1 1

M=8
-j

Figure 13 : Constellation des symboles en modulation de phase MDP-M

Exemple : La modulation "MDP-2" :

Un exemple de modulation MDP-M est la modulation MDP-2 encore appelée par son
abréviation anglaise : BPSK pour "Binary Phase shift Keying".

C'est une modulation binaire (un seul bit est transmis par période T) :
n=1, M=2 et ϕk = 0 ou π
jϕk
Le symbole ck = e prend donc sa valeur dans l'alphabet {-1, 1}.

Ici, la modulation ne s'effectue que sur la porteuse en phase cos(ω 0t + ϕ 0 ) . C'est une
modulation mono dimensionnelle. Le signal modulé s'écrit alors pour t appartenant à
l'intervalle [0, T[ : m(t ) = ± A. cos(ω 0t + ϕ 0 )

La constellation MDP-2 est représentée figure 2. On remarquera que cette modulation est
strictement identique à la modulation MDA-2 symétrique.

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Im
"0" "1" Re

Figure 14 : Constellation de la modulation de phase MDP-2

Chronogramme de LA "MDP-2" :

Figure 15 : Chronogramme de la modulation de phase MDP-2

Modulation et démodulation :

Le modulateur représenté figure 16 est constitué d'un multiplicateur qui effectue le


changement de fréquence sur un train numérique codé en NRZ.

∑ a (t ) =
k

∑ cos(ϕ ) g (t − kT )
k .
Train binaire
Codeur m(t)
NRZ

cos(ω 0t + ϕ 0 )
Figure 16 : Modulateur MDP-2

Le récepteur requiert l'utilisation d'une démodulation cohérente : (voir figure 17 le synoptique


simplifié du démodulateur MDP-2).

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r(t) S1(t) S2(t) ak


Filtrage Echantillonnage
passe bas (Période T)

Récupération de la
porteuse cos(ω 0t + ϕ 0 ) Comparateur à seuil

Figure 17 : Démodulateur MDP-2

Soit r (t ) = B. cos (ω 0t + ϕ 0 + ϕk ) le signal non bruité reçu par le récepteur dans l'intervalle
de temps [kT, (k+1)T[ . Après multiplication avec la porteuse récupérée, on obtient :
S 1(t ) = B. cos(ω 0t + ϕ 0 + ϕk ). cos (ω 0t + ϕ 0 )
. cos(ϕk )
B
Soit, après filtrage pour éliminer la composante à la fréquence 2f0 : S 2 (t ) =
2
Le récepteur doit encore récupérer le rythme des symboles transmis, puis échantillonner le
signal S 2(t ) au milieu de chaque période. Suivant le symbole émis –1ou 1, ϕk prend la
valeur π ou 0 et le signe de S2(t) devient négatif ou positif mettant en évidence la donnée
binaire reçue "0" ou "1".

Le spectre de la "MDP-2" :

Le spectre du signal en bande de base est le spectre de puissance de g (t ) qui est ici une
impulsion rectangulaire :
2
 sin πfT 
γαm( f ) = A T 
2

 πfT 
Le spectre du signal modulé est décalé de ± f0 .

Exemple : La modulation "MDP-4" :

Un autre exemple de modulation MDP-M est la modulation MDP-4 encore appelée par son
abréviation anglaise : QPSK pour "Quadrature Phase shift Keying".

C'est une modulation d'amplitude à deux niveaux sur chacune des porteuses en quadrature.
π π
Dans ce cas : n=2, M=4 et ϕk = +k
4 2

Les bits du train binaire entrant sont groupés par deux pour former des symboles
correspondant aux ck qui prennent alors leurs valeurs dans un alphabet de 4 éléments suivant :

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jϕk π 3π 5π 7π
{e }où ϕk =
, , , . On peut aussi considérer que ak et bk prennent simultanément
4 4 4 4
leurs valeurs dans l'alphabet { cos(ϕk ) }et { sin (ϕk ) }.

Le tableau suivant précise les différentes valeurs en fonction du symbole à transmettre.

Bit pair Bit impair Symbole ϕk ak bk ak 2 bk 2


0 0 00 π 2 2 1 1
4 2 2
1 0 01 3π - 2 2 -1 1
4 2 2
1 1 11 5π - 2 - 2 -1 -1
4 2 2
0 1 10 7π 2 - 2 1 -1
4 2 2

Ce tableau met en évidence la relation simple qui existe entre les bits pairs et les ak, et entre
les bits impairs et les bk. A une homothétie près et en désignant par { ik } la suite des valeurs
T
du train binaire au rythme de Tb = on obtient : ak = 1− 2.i2 k et bk = 1 − 2.i2 k +1 .
2

m(t ) = A.∑ (1 − 2.i2 k ).g (t − kT ). cos (ω 0t + ϕ 0 ) − A.∑ (1 − 2.i2 k +1 ).g (t − kT )sin (ω 0t + ϕ 0 )


m(t ) = a (t ). cos (ω 0t + ϕ 0 ) − b(t ). sin (ω 0t + ϕ 0 )

Soit, en ne considérant que l'intervalle de temps [kT, (k+1)T[ :


m(t ) = A.(1 − 2.i2 k )cos(ω 0t + ϕ 0 ) − A.(1 − 2.i2 k +1 )sin (ω 0t + ϕ 0 )
m(t ) = A.ak. cos(ω 0t + ϕ 0 ) − A.bk .sin (ω 0t + ϕ 0 )

De façon imagée, nous pouvons dire que le train binaire entrant { ik } est aiguillé en un train
binaire { ak } sur la voie en phase pour les bits pairs, et un train binaire { bk } sur la voie en
quadrature pour les bits impairs. La vitesse des trains binaires { ak }et { bk } est deux fois plus
lente que la vitesse du train binaire entrant { ik }.

La constellation "MDP-4" :

La constellation MDP-4 est représentée figure 18. Elle montre que l'affectation des bits aux
points de la constellation se fait en général selon un codage de Gray.

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j Im

"01" "00"
Re

-1 1

"11" "10"
-j

Figure 18 : Constellation de la modulation de phase MDP-4

Chronogramme de "MDP-4" :

La figure 19 représente un chronogramme de la modulation de phase MDP-4. Elle met en


évidence la distribution des bits numérotés du train binaire entrant { ik } vers les trains
binaires { ak }et { bk } ainsi que le retard à introduire sur la voie en phase pour réaligner les
deux flux de bits. On observe aussi que la phase du signal modulé m(t) peut changer de
π
0, ± , ou π radiants lors du passage d'un symbole à un autre ce qui n'a, bien entendu, rien de
2
surprenant lorsque l'on regarde la constellation de la MDP-4.

Figure 19 : Chronogramme de la modulation de phase MDP-4

Modulation et démodulation :

Le schéma synoptique du modulateur qui est présenté à la figure 20 montre le démultiplexage


du train binaire à l'entrée du modulateur en deux trains binaires sur les voies en phase et en
quadrature. Les deux trains binaires sont alors codés en NRZ. La suite du schéma représente
la relation m(t ) = a (t ). cos (ω 0t + ϕ 0 ) − b (t ). sin (ω 0t + ϕ 0 ) et fait donc appel à deux
multiplieurs.

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{ak} Codeur a(t)


Pair
Train NRZ
m(t)
cos(ω 0t + ϕ 0 )
binaire

{ik}
{bk} b(t)
Codeur
Impair
NRZ
− sin (ω 0t + ϕ 0 )
Démultiplexeur Oscillateur π/2

Figure 20 : Modulateur MDP-4

La démodulation cohérente est applicable lorsque le récepteur a une connaissance exacte de la


fréquence et de la phase de la porteuse. Le schéma synoptique d'un démodulateur cohérent
pour la MDP-4 est présenté à la figure 21.

Sa1(t) Sa2(t)
Filtrage Echantillonnage
passe bas (Période T) { ak }

Récupération de la
porteuse cos(ω 0t + ϕ 0 )
r(t) { ik }
Récupération
du rythme Multiplexage
π/2

Sa1(t) { bk }
Filtrage Echantillonnage
passe bas (Période T)
Sa2(t)

Figure 21 : Démodulateur cohérent MDP-4

Le démodulateur MDP-4 est essentiellement constitué de deux démodulateurs MDP-2. En


effet, le signal reçu (après un filtrage passe-bande éventuel) est démodulé dans deux voies
parallèles par deux porteuses en quadrature. Certaines techniques permettent de synchroniser
l'oscillateur local avec la porteuse à l'émission. Le signal en quadrature est généré à partir de
l'oscillateur local et d'un déphaseur de π / 2.

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Soit r (t ) = ak. cos(ω 0t + ϕ 0 ) − bk. sin (ω 0t + ϕ 0 ) le signal non bruité reçu par le récepteur
dans l'intervalle de temps [kT, (k+1)T[ . Pour la voie A et après multiplication avec la
porteuse récupérée, on obtient :
Sa1(t ) = [ak. cos(ω 0t + ϕ 0 ) − bk .sin (ω 0t + ϕ 0 )]. cos(ω 0t + ϕ 0 )
ak
Donc, après filtrage pour éliminer la composante à la fréquence 2f0 : Sa 2(t ) = .
2
bk
De la même manière on obtient pour la voie B: Sb 2 (t ) = .
2
Le récepteur doit encore récupérer le rythme des symboles transmis, puis échantillonner les
signaux Sa 2(t ) et Sb 2 (t ) au milieu de chaque période. Les trains binaires { ak } et { bk }
ainsi récupérés sont alors multiplexés pour obtenir le train binaire { ik }.

Généralisation aux MDP-M :

Modulation et démodulation :

Le schéma du modulateur MDP-4 ne se généralise pas aux modulateurs MDP-M pour M > 4.
Les bits du train entrant sont groupés par n = log 2 M bits pour former des symboles ck qui
sont répartis sur un cercle et vérifient :
ck = ak + jbk = e jϕk avec : ak = cos (ϕk ) bk = sin (ϕk )
π 2π
et ϕk = +k
M M
Or nous avons montré que ak module en amplitude la porteuse en phase et bk module en
amplitude la porteuse en quadrature. Une solution générale [4 p144] pour générer les ak et les
bk à partir du train entrant { ik } est de faire intervenir deux convertisseurs N/A ainsi qu'une
logique de contrôle dans le modulateur (Voir figure 22).

{ak} a(t)
CNA
Train
m(t)
cos(ω 0t + ϕ 0 )
binaire Logique
de
{ik} contrôle
{bk} b(t)
CNA
− sin (ω 0t + ϕ 0 )
Oscillateur π/2

Figure 22 : Modulateur MDP-M

De même le démodulateur fait intervenir deux convertisseurs A/N ainsi qu'une logique de
décodage pour déterminer les symboles puis régénérer le train de bits reçus (Voir figure 23).

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Sa1(t) Sa2(t) { ak }
Filtrage CAN
passe bas

Récupération de la Logique
porteuse cos(ω 0t + ϕ 0 )
r(t) { ik }
Récupération de
du rythme décodage
π/2

Sa1(t) { bk }
Filtrage
passe bas CAN
Sa2(t)

Figure 23 : Démodulateur MDP-M

Spectre et efficacité spectrale :

1
Pour une même rapidité de modulation R = , le spectre du signal modulé de la MDP-M est
T
identique à celui du signal MDP-2.
1
Toujours pour une même rapidité de modulation, le débit binaire , D =, de la MDP-M est
Tb
multiplié par n = log 2 M par rapport celui de la MDP-2. Autrement dit, pour un spectre
D
identique (et donc largeur de bande B constante), l'efficacité spectrale η = est multiplié
B
par n = log 2 M .

M Modulation Débit Binaire : D Efficacité Spectrale : η


2 MDP-2 D η
4 MDP-4 2.D 2.η
8 MDP-8 3.D 3.η
16 MDP-16 4.D 4.η

Le tableau ci-dessus montre le gain obtenu sur le débit binaire et sur l'efficacité spectrale pour
diverses modulation MDP-M, ceci pour une même rapidité de modulation.

Les performances :

L'augmentation de M réduit la distance entre symboles adjacents sur la constellation et cela


dégrade naturellement les performances.

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Comme nous l'avions fait pour les MDA, il est possible de comparer les MDP entre elles, en
Eb
utilisant la probabilité d'erreur par symbole Pe en fonction du rapport . Rappelons que Eb
N0
représente l'énergie émise par bit, et, N0 représente la densité spectrale de puissance de bruit.
En fonction de ce rapport, on trouve en bibliographie [5 p265] que la probabilité d'erreur par
 Eb π 
symbole est donnée par la relation : Ps (e) = erfc log 2 M . .sin 
 N0 M

Figure 24 : Probabilité d'erreur par symbole de la MDP

Cette probabilité d'erreur par symbole Ps(e) est tracée à la figure 24 pour M allant de 2 à 32 en
Eb
fonction de . On constate que pour conserver une probabilité d'erreur par symbole
N0
Eb
constante lorsque M augmente, il faut aussi augmenter le rapport . Autrement dit, il faut
N0
augmenter l'énergie émise par bit Eb.
Eb
Pour M = 8, le rapport nécessaire à une probabilité d'erreur donnée est 4 dB plus grand
N0
Eb
que pour M =4. Pour M grand, le rapport doit être augmenté de 6 dB chaque fois que l'on
N0
double M c'est-à-dire chaque fois que l'on ajoute un bit par symbole émis.

Dans le cas de l'utilisation d'un code de Gray et en négligeant la probabilité d'erreur entre
symboles non voisins, alors la probabilité d'erreur par bit Pb(e) peut s'écrire :
P s (e )
Pb ( e ) =
log 2 M

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Conclusion sur la MDP :

La tentation d'augmenter M (c'est à dire le nombre de bits transmis par symbole) est grande et
présente les avantages et les inconvénients suivants :
1
L'efficacité spectrale η = log 2 M augmente, (pour une largeur de la bande B donnée).
TB

La probabilité d'erreur par symbole Ps(e) augmente aussi, et, pour ne pas la dégrader il est
nécessaire d'augmenter le rapport signal sur bruit, cette augmentation restant raisonnable
jusque M = 16.

Nous avons vu que la complexité de l'ensemble émission/réception de la MDP augmente


avec M. Cependant cette complexité n'est pas très élevée et fait de la MDP une
modulation fréquemment utilisée pour M allant de 2 à 16 avec de bonnes performances.

Dans les inconvénients de la MDP, citons l'existence de sauts de phase importants de ± π


radiants qui font apparaître des discontinuités d'amplitude. Les modulations décalés sont
une solution à ce problème.

Remarque :
La forme rectangulaire de l'impulsion, qui est une condition nécessaire pour le maintien de la
propriété d'enveloppe constante, implique que la largeur de bande du signal MDP est infinie.
Pour économiser le spectre un filtrage réduisant la bande occupée par le signal et entraînant
une détérioration acceptable de l'enveloppe s'impose donc. Ainsi dans la pratique le signal
MDP est un MDP filtré, il perd la forme d'impulsion rectangulaire, mais il conserve la
constellation circulaire.

Comparaison de la MDA et la MDP :

La comparaison de la MDA avec la MDP en fonction de M peut se faire à partir des courbes
de probabilité d'erreur par symbole Ps(e). Par exemple, pour une probabilité d'erreur par
Eb
symbole Ps(e) de 10-5 et pour un rapport signal à bruit de 14 dB, la MDA ne peut émettre
N0
que 2 bits par symbole (M = 4), là où la MDP peut en émettre 3 (M = 8).
Ceci donne un net avantage à la MDP pour M allant de 2 à 16. Pour des valeurs de
M supérieures à 16 la dégradation des performances de la MDP conduit à
rechercher d'autres modulations aux prix d'une complexité accrue des modulateurs
et des démodulateurs.

Du point de vu de la simplicité de réalisation c'est la MDA qui est avantagée, ceci


venant du fait qu'elle est toujours mono dimensionnelle

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MODULATION D'AMPLITUDE SUR DEUX PORTEUSES


EN QUADRATURE (MAQ)
Les modulations d'amplitude sur deux porteuses en quadrature (MAQ) sont aussi appelées par
leur abréviation anglaise : QAM pour "Quadrature Amplitude modulation".
C'est une modulation dite bidimensionnelle.

La MDA et la MDP ne constituent pas une solution satisfaisante pour utiliser efficacement
l'énergie émise lorsque le nombre de points M est grand. En effet, dans la MDA les points de
la constellation sont sur une droite, et dans la MDP les points sont sur un cercle. Or, la
probabilité d'erreur est fonction de la distance minimale entre les points de la constellation, et
la meilleure modulation est celle qui maximise cette distance pour une puissance moyenne
donnée. Un choix plus rationnel est alors une modulation qui répartit les points uniformément
dans le plan.

Pour faire cela, nous avons vu que le signal modulé m(t) peut s'écrire :
m(t ) = a(t ). cos(ω 0t + ϕ 0 ) − b(t ).sin (ω 0t + ϕ 0 )

et que les deux signaux a (t ) et b (t ) ont pour expression :


a(t ) = ∑ ak . g (t − kT ) et b(t ) = ∑ bk . g (t − kT )
k k
Le signal modulé m(t) est donc la somme de deux porteuses en quadrature, modulées en
amplitude par les deux signaux a(t) et b(t).

Les constellations MAQ-M :

Les symboles ak et bk prennent respectivement leurs valeurs dans deux alphabets à M


éléments (A1, A2,… AM) et (B1, B2,… BM) donnant ainsi naissance à une modulation possédant
un nombre
E = M2 états. Chaque état est donc représenté par un couple ( ak , bk ) ou ce qui revient au
même par un symbole complexe ck = ak + j bk .
Dans le cas particulier mais très fréquent où M peut s'écrire M = 2n , alors les ak représentent
un mot de n bits et les bk représentent aussi un mot de n bits. Le symbole complexe ck = ak + j
bk peut par conséquent représenter un mot de 2n bits. L'intérêt de cette configuration est que le
signal m(t) est alors obtenu par une combinaison de deux porteuses en quadrature modulées
en amplitude par des symboles ak et bk indépendants.
De plus, les symboles ak et bk prennent très souvent leurs valeurs dans un même alphabet à
M éléments.

Par exemple, la MAQ-16 est construite à partir de symboles ak et bk qui prennent leurs valeurs
dans l'alphabet {±d, ±3d} où d est une constante donnée. Une représentation de la
constellation de cette modulation est donnée figure 25. La MAQ-16 a été souvent utilisée,
notamment pour la transmission sur ligne téléphonique du RTC (à 9600 bit/s) et pour les
faisceaux hertziens à grande capacité (140 Mbits/s) développés dans les années 1980.

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Plus généralement lorsque les symboles ak et bk prennent leurs valeurs dans l'alphabet {±d,
±3d, ±5d,…,±(M-1)d} avec M = 2n,.on obtient une modulation à 22n états et une constellation
avec un contour carré dont font partie la MAQ-4, la MAQ-16, la MAQ-64 et la MAQ-256.
Figure 25 La constellation de la MAQ-16 et de la MAQ-64.

MAQ-16 MAQ-64

Figure 25 : Constellations MAQ-16 et MAQ-64

Modulation et démodulation :

Lorsque le signal m(t) est obtenu par une combinaison de deux porteuses en quadrature
modulées en amplitude par des symboles ak et bk indépendants, cela simplifie le modulateur et
le démodulateur.
En effet, pour le modulateur le train binaire entrant { ik } est facilement divisé en deux trains
{ak} et { bk.} (voir figure 26).

{ak} a(t)
CNA
Train
m(t)
cos(ω 0t + ϕ 0 )
binaire
Aiguillage
{ik}
{bk} b(t)
CNA
− sin (ω 0t + ϕ 0 )
Oscillateur π/2

Figure 26 : Modulateur MAQ-M

La réception d'un signal MAQ fait appel à une démodulation cohérente et par conséquent
nécessite l'extraction d'une porteuse synchronisée en phase et en fréquence avec la porteuse à

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l'émission. Le signal reçu est démodulé dans deux branches parallèles, sur l'une avec la
porteuse en phase et sur l'autre avec la porteuse en quadrature. Les signaux démodulés sont
convertis par deux CAN, puis une logique de décodage détermine les symboles et régénère le
train de bits reçus. Le synoptique du démodulateur MAQ-M est très voisin de celui proposé
pour la démodulation MDP.

Efficacité spectrale :
1 1
Pour une même rapidité de modulation R = , le débit binaire D = de la MAQ-M est
T Tb
multiplié par n = log 2 M par rapport celui de la MAQ-2. Autrement dit, pour une largeur de
D
bande B donnée, l'efficacité spectrale η = est multiplié par n = log 2 M .
B

n M=2n Modulation Débit Binaire : D Efficacité Spectrale : η


1 2 MAQ-2 D η
2 4 MAQ-4 2.D 2.η
4 16 MAQ-16 4.D 4.η
6 64 MAQ-64 6.D 6.η
8 256 MAQ-256 8.D 8.η

Le tableau ci-dessus montre le gain obtenu sur le débit binaire et sur l'efficacité spectrale pour
diverses modulations MAQ-M, ceci pour une même rapidité de modulation. L'intérêt
d'augmenter M, même au prix d'une complexité accrue, est évident.

"MAQ" : une généralisation de la MDA et de la MDP :

En ne considérant le signal m(t) que pendant une période T, on a :


m(t ) = ak. cos (ω 0t + ϕ 0 ) − bk .sin (ω 0t + ϕ 0 ) = Re[(ak + jbk ).e j (ω 0 t +ϕ 0 ) ]
bk
avec : ck = ak + jbk = Ak .e
jϕk
en posant : Ak = ak 2 + bk 2 et ϕ k = arctg ( )
ak
Le signal m(t) s'écrit alors : m(t ) = Ak . cos(ω 0t + ϕ 0 + ϕ k )

Cette écriture montre que la modulation MAQ peut être considérée comme une modulation
simultanée de la phase et de l'amplitude :
- Ainsi la modulation de phase MDP peut être considérée comme une modulation
MAQ où Ak est constant.
- De même, la modulation d'amplitude MDA peut être considérée comme une
modulation MAQ où les bk sont nuls

Cette écriture justifie aussi l'appellation de "Modulation par Déplacement d'Amplitude et de


Phase" (MDAP) parfois donnée à la MAQ.
- La modulation CIR(4,4,4,4) à 4 amplitudes et 4 phases, dont la constellation est
donnée figure 27, en est un exemple et a donné lieu à des applications (UIT Avis
V29).

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CIR(4,4,4,4) ou
MDAP16

Figure 27 : Constellation de la MDAP-16.

MODULATION PAR DEPLACEMENT DE FREQUENCE (MDF)

Les Modulations par Déplacement de fréquence (MDF) sont aussi souvent appelées par leur
abréviation anglaise : FSK pour "Frequency Shift Keying".

jΦ ( t ) j ( ω 0 t +ϕ 0 )
Le signal modulé m(t) peut s'écrire : m(t ) = Re[e .e ]
Une propriété de la modulation par déplacement de fréquence est d'avoir une enveloppe
jΦ (t )
constante : e = Cte .

L'expression du signal modulé par déplacement de fréquence s'écrit aussi plus simplement, et
en prenant ϕ 0 = 0, par : m(t ) = cos(ω 0t + Φ (t ) ) = cos(2πf 0t + Φ (t ) )

C'est la dérivée de la phase Φ (t ) qui est reliée de façon simple (linéaire) à la valeur des
symboles, le tout constituant une relation non linéaire.

La fréquence instantanée f (t ) du signal m(t ) est obtenue par dérivation de la phase


1 dΦ
2πf 0t + Φ (t ) par rapport au temps : f (t ) = f 0 +
2π dt
ω0
Dans cette expression f 0 représente la fréquence centrale : f0= ,

1 dΦ
et représente la déviation de fréquence par rapport à la fréquence f 0 .
2π dt

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Appelons ∆f la différence de la fréquence instantanée correspondant à l'émission de deux


symboles adjacents ; Et soit ak un symbole appartenant à l'ensemble { ±1, ±3,… ±(M-1) }.
La déviation de fréquence s'écrit alors, suivant la valeur à transmettre :
1 d Φ ∆f
2π dt
= ∑ ak . g (t − kT ) où g(t) est l'impulsion rectangulaire de durée T.
2 k

alors : = π∆f ∑ ak . g (t − kT )
dt k

La phase étant l'intégrale de la fréquence, on obtient après intégration de l'expression


précédente et pour t appartenant à l'intervalle [kT, (k+1)T[ :
Φ (t ) = π .∆f .ak.(t − kT ) + θk où θk = Φ (kT ) est une constante.

Cette expression montre que la phase varie linéairement sur l'intervalle [kT, (k+1)T[ et que
cette variation est de: π .∆f .T .ak

1 dΦ
En reportant l'expression de Φ (t ) dans la relation f (t ) = f 0 + , on obtient :
2π dt
∆f
La fréquence instantanée : f (t ) = f 0 + ak
2
  ∆f  
L'expression du signal modulé : m(t ) = cos 2π  f 0 + ak t 
  2  

On peut aussi définir l'indice de modulation µ = ∆f .T qui conditionne la forme de la densité


spectrale du signal modulé.

La modulation MDF à phase discontinue :

Dans les Modulations par Déplacement de fréquence, on trouve les MDF à phase discontinue
pour lesquelles la phase aux instants de transition kT peut sauter brusquement.

∆f Commutateur
f 0+ ( M − 1)
2
m(t)
∆f
f 0+
2
∆f
f0−
2
Symbole ak

Figure 28 : Modulateur MDF à commutation d'oscillateurs

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Le modulateur MDF le plus simple, représenté figure 28, est constitué d'oscillateurs
différents. La différence de fréquence entre deux oscillateurs voisins est ∆f . La fréquence
instantanée du signal modulé saute d'une valeur à l'autre à chaque changement de symbole.
Ceci ne permet pas de garantir la continuité de phase de m(t) et, par conséquent, le spectre
occupé par ce type de modulation est très large. En effet, plus un signal est régulier, (ou plus il
est dérivable à un ordre élevé) et plus son spectre décroît rapidement.
L'intérêt de la MDF à phase discontinue réside dans la simplicité de réalisation du modulateur
et dans la possibilité d'une démodulation non cohérente.

Exemple: MDF binaire à phase discontinue :

Dans le cas d'une MDF binaire, ak prend sa valeur dans l'alphabet {-1, 1} en fonction de la
donnée "0" ou "1" à transmettre. Un chronogramme est présenté figure 29 où l'on observera
les discontinuités de phase.

Figure 29 : Chronogramme MDF binaire à phase discontinue


∆f
Dans un intervalle de temps donné [kT, (k+1)T[, la fréquence instantanée f (t ) = f 0 + ak
2
devient :
∆f ∆f
f1= f0− ou f 2 = f 0 + .
2 2
f 1+ f 2
La fréquence centrale s'écrit f 0 = et l'excursion de fréquence est : ∆f = f 2 − f 1
2
  ∆f  
L'expression du signal modulé est: m(t ) = cos 2π  f 0 ± .t 
  2  

La modulation MDF à phase continue MDF-PC :

Dans les Modulations par Déplacement de fréquence, on trouve les MDF avec continuité de
phase pour lesquelles la phase varie de façon continue aux instants de transition kT.

Reprenons l'expression de la phase Φ (t ) = π .∆f .ak.(t − kT ) + θk et intéressons nous à la


constante d'intégration θk , pour qu'il y ait continuité de phase entre la fin de l'émission du
symbole ak-1 et le début de l'émission du symbole ak :

La phase au début de l'émission du symbole ak doit être égale à la phase au début de l'émission
du symbole ak-1 augmentée de la variation de la phase π .∆f .T .ak − 1 pendant l'émission de ce
symbole ak-1. Ceci s'écrit simplement : θk = θk − 1 + π .∆f .T .ak − 1 .

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Cette condition de continuité est réalisée quand on utilise un oscillateur unique dont on
module la fréquence.

Un exemple de modulateur MDF-M-PC est représenté figure 30. Il est constitué d'une logique
de codage permettant de charger un convertisseur N/A dont la tension de sortie, en forme de
paliers, est représentative du symbole à transmettre. Cette sortie du CNA module alors un
oscillateur commandé par tension (VCO).

Train m(t)
Logique {ak} Oscillateur
binaire
de CNA Commandé
{ik} codage par tension
(VCO)

Figure 30 : Modulateur MDF-M-PC

Un synoptique de démodulateur MDF-M-PC est représenté figure 31. Il est constitué d'un
discriminateur de fréquence dont la sortie fournie un signal analogique à plusieurs niveaux.
Ce signal analogique est envoyé dans un convertisseur analogique numérique (CAN) dont la
sortie est décodée pour déterminer les symboles et régénérer le train de bits reçus.

Discriminateur { ak } Logique { ik }
r(t) Filtrage
passe de CAN de
bande fréquences décodage

Figure 31 : Démodulateur MDF-M-PC

Exemple: MDF binaire à phase continue :

Le cas d'une MDF binaire à phase continue (MDF-2-PC) où ak prend sa valeur dans l'alphabet
{-1, 1} en fonction de la donnée "0" ou "1" à transmettre, est présenté figure 32.
On remarquera la continuité de phase.

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Figure 32 : Chronogramme d'une MDF binaire à phase continue

Nous avons vu que la phase varie linéairement de π .∆f .T .ak sur l'intervalle [kT, (k+1)T[ et
que l'indice de modulation est µ = ∆f .T .
La variation de la phase pendant une période T d'émission d'un symbole est donc égale à :
π .µ.ak . On peut alors représenter cette variation de la phase dans le temps pour des symboles
binaires ak = ±1 . Cette représentation, figure 33, porte le nom de "treillis des phases".

φ(t)
2πµ
ak=1 ak= -1
πµ
t
0
T 2T 3T 4T
-πµ

-2πµ

Figure 33 : Treillis des phases en MDF binaire à phase continue.

Les performances :

Il est possible de comparer les MDF-M entre elles, en utilisant la probabilité d'erreur par bit
Eb
en fonction du rapport .Les courbes données ici, figure 34, correspondent à une MDF-M
N0
avec détection cohérente et sont voisines d'une MDF-M avec détection non cohérente [5
p297].

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Figure 34 : Probabilité d'erreur par bit de la MDF

Ces courbes montrent que contrairement aux modulations MDA et MDP, les performances
sont améliorées lorsqu'on augmente M. Cependant l'augmentation de M entraîne aussi
l'augmentation de l'occupation spectrale.

Conclusion sur la MDF :

Nous avons trouvé deux types de Modulation par Déplacement de fréquence, chacun ayant
présentant des avantages et des inconvénients :

La MDF à phase discontinue :


- Elle est simple de réalisation.
- Son principal défaut est la grande bande passante dont elle a besoin pour
pouvoir transmettre les sauts de phase.
La MDF avec continuité de phase :
- Elle est plus complexe à réaliser.
- Elle requiert une bande passante plus étroite.

Elles ont en commun d'avoir une densité spectrale de puissance compliquée à calculer en
raison du caractère non linéaire de la MDF.

Exemples d'utilisation :
- La MDF à phase discontinue est fréquemment utilisée dans les systèmes de
transmission de données sur voie téléphoniques (MODEM).
- Un cas particulier de la MDF à phase continue est la modulation GMSK (Gaussian
Minimun Shift Keying) qui a été choisie pour le système radio cellulaire européen

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appelé GSM (Groupe Spécial Mobile) Dans ce cas, g(t) a l'allure d'une Gaussienne
et les symboles ak sont égaux à ± 1. g(t) est de plus adapté.

APPLICATIONS
Les domaines d'applications des diverses techniques de transmission numérique que nous
venons d'exposer sont très variés Quelques-uns sont décrits ci après.

Les modems téléphoniques :

La transmission de données sur le canal téléphonique a été pendant les années 60 et 70 à


l'origine du développement d'un grand nombre de techniques de traitement du signal en
télécommunications. La transmission d'un grand débit sur le canal téléphonique (sur une
bande de fréquence de 3500 Hz environ) a nécessité la mise en oeuvre de modulations à grand
nombre d'états comme la MAQ-16, la MAQ-32 et la MAQ-128.
On pensait que le débit ne pourrait pas dépasser les 9,6 kbit/s à cause du rapport S/B limité
des liaisons. En fait certaines techniques de codage, de filtrage et l'utilisation de
constellations de type treillis ont permis de franchir un saut spectaculaire en matière de qualité
et de débit que l'on peut atteindre. On assiste aujourd'hui au développement de modems
"VFast" dont le débit atteint 28 kbit/s voir 56 kbit/s sur des liaisons de bonne qualité.

Les faisceaux hertziens :

Au début de la numérisation, les faisceaux hertziens faisaient usage de modulations simples


comme la MDP-4 mais l'utilisation efficace du spectre radioélectrique disponible a nécessité
le développement de faisceaux hertziens utilisant des modulations a grand nombre d'états
comme la MAQ-16 et la MAQ-64. C'est la modulation MAQ-16 qui a permis la transmission
d'un débit de 140 Mbit/s dans la bande 6,4-7,1 GHz pour des canaux espacés de 40 MHz.
Aujourd'hui, des faisceaux hertziens utilisent la modulation MAQ-256 qui offre un débit de
280 Mbit/s pour des canaux espacés de 30 MHz. Notons que l'émetteur doit avoir une bonne
linéarité pour transmettre ce type de modulations.
Le problème principal dans les faisceaux hertziens numériques est la propagation par trajets
multiples qui dégrade sérieusement la qualité et limite la possibilité de liaisons à grande
capacité. Ce phénomène s'accentue lorsque le nombre d'états de la modulation augmente.
A l'opposé des faisceaux hertziens à grande capacité se trouvent les faisceaux à faible débit (2
Mbit/s) et à faible coût dans lesquels l'efficacité spectrale n'est pas primordiale. Les
modulations utilisées sont en général des MDF-PC à deux ou à quatre états qui permettent
d'utiliser une amplification non linéaire dans l'émetteur.

Les transmissions par satellite:

Les transmissions par satellite sont caractérisées par une forte atténuation de l'espace et une
puissance limitée de l'émetteur à bord du satellite. Ces considérations privilégient l'efficacité
en puissance (l'immunité au bruit) contre l'efficacité spectrale des liaisons. Les modulations
les plus souvent utilisées sont la MDP-2, la MDP-4 et la MDP-8

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Avec ces modulations, l'amplificateur de puissance à bord du satellite peut être utilisé proche
de sa saturation, ce qui permet d'employer efficacement la puissance disponible. Toutefois,
on assiste aujourd'hui à un intérêt croissant à utiliser les modulations MDP-16 et MAQ-16
associées à un codage puissant. Le standard en Europe pour la radiodiffusion de la télévision
numérique par satellite est basé sur une MDP-4.

Les radiocommunications avec les mobiles :

Les systèmes de radiocommunications numériques se répandent très rapidement dans le


monde entier. Les systèmes cellulaires américains et japonais utilisent une modulation
différente de celle employée dans le système européen. La modulation utilisée aux Etats-Unis
et au Japon est la π/4-DQPSK qui est une MDP-4 dont on tourne les axes d'un angle de π/4
d'un symbole au suivant. Les rotations de phase de π qui se produisent en π sont ainsi
interdites dans cette modulation. Cela élimine les passages par zéro de l'enveloppe du signal
et réduit considérablement les fluctuations temporelles de celle-ci.

La modulation utilisée dans le système cellulaire européen, appelé GSM (Groupe Spécial
Mobile), est une modulation à enveloppe constante connue sous le nom GMSK (Gaussian
Minimum Shift Keying). C'est une variante de la modulation MSK dont les impulsions à
l'entrée du modulateur sont de forme gaussienne. Cette mise en forme temporelle et spectrale
lisse la trajectoire de phase du signal et réduit son occupation spectrale par rapport à la
modulation MSK d'origine. Le critère de Nyquist est aussi respecté.
Le train de données émis dans une bande de 200 kHz est un multiplex de 8 canaux
téléphoniques. Compte tenu du codage correcteur d'erreurs, des bits de synchronisation et
d'identification du canal ainsi que des autres données auxiliaires, le débit global est de 270
kbit/s environ.

Systèmes Cellulaires Américain Japonais Européen


Standard IS-54/-56 PDC GSM
Gamme de fréquences Rx :869-894 Rx:810-826 Rx:925-960
Tx:824-849 Tx:940-956 Tx :880-915
Nombre de canaux 832 1600 124
Nombre d'utilisateurs 3 3 8
par canal
Espacement des 30 kHz 25 kHz 200 kHz
canaux
Modulation π/4 -DQPSK π/4 -DQPSK GMSK
Débit binaire 48,6 kbit/s 42 kbit/s 270 kbit/s

La radiodiffusion :

La technique retenue pour la radiodiffusion numérique sonore est le COFDM (Coded


Orthogonal Frequency Division Multiplexing) qui est une technique de transmission
multiporteuse associée à du codage de canal et à de l'entrelacement. Elle permettra par
exemple d'offrir 16 canaux stéréo dans une bande de fréquence radioélectrique de 4 MHz
environ.
La radiodiffusion de la télévision numérique par voie terrestre est basée sur la technique
COFDM. Elle nécessite une modulation à grande efficacité spectrale comme la MAQ-64

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pour diffuser une chaîne de télévision haute définition ou 3 à 4 chaînes de télévision standards
dans une bande de fréquence de 8 MHz.

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LISTE DES ABREVIATIONS


- CAN Convertisseur Analogique Numérique

- CNA Convertisseur Numérique Analogique

- DSP Densité Spectrale de Puissance

- MAQ Modulation d'amplitude de deux porteuses en quadrature


(QAM Quadrature Amplitude modulation)

- MDA Modulation par Déplacement d'Amplitude


(ASK Amplitude Shift Keying)

- MDAP Modulation par Déplacement d'Amplitude et de Phase

- MDF Modulation par Déplacement de Fréquence


(FSK Frequency Shift Keying)

- MDP Modulation par Déplacement de Phase


(PSK Phase Shift Keying)

- MDPD Modulation par Déplacement de Phase Différentiel


(DPSK Differential Phase Shift Keying)

- NRZ Non Retour à Zéro

- PLL Phase Lock Loop

- VCO Voltage controlled Oscillator

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