ORCHESTRE NATIONAL D'îLE-DE-FRANCE

1 • ENRIQUE MAZZOLA
 GAETANO DONIZETTI (1797-1848) VINCENZO FIORAVANTI (1799-1877)
LA FILLE DU REGIMENT (1839) GLI ZINGARI (1844)
Libretto : Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges & Jean-François Bayard Libretto : Marco d’Arienzo
1. Act I : « Il faut partir » 06 :06 7. Act I : Io son la zingara 05 :49

GIOVANNI PACINI (1796- 1867) HECTOR BERLIOZ (1803 -1869)

LA REGINA DI CIPRO (1846) ZAÏDE (1845)
Libretto : Francesco Guidi Sur un texte de Edouard Roger de Bully, dit Roger de Beauvoir
2. Act II : O tenera madre dal cielo rimira 08 :01 8. Mélodie pour soprano et orchestre 03 :53

GIOVANNI PACINI (1796- 1867) FRANCISCO ASENJO BARBIERI (1823-1894)

LA REGINA DI CIPRO (1846) MIS DOS MUJERES (1855)
Libretto : Francesco Guidi Libretto : Luis Olona
3. Act II : Allor ch’è a mezzo la notte bruna 05 :07 Solo cello : Natacha Colmez-Collard
9. Act II : ¿Por qué se oprime el alma? 06 :43
PIETRO RAIMONDI (1786-1853)
L’ORFANA RUSSA (1835) GIOACHINO ROSSINI (1792-1868)
Libretto : Andrea Passaro LE COMTE ORY (1828)
4. Act I : Amor cagion possente 02 :54 Libretto : Eugène Scribe & Charles-Gaspard Delestre—Poirson
10. Act I : En proie à la tristesse 05 :17
GIOACHINO ROSSINI (1792-1868)
LA CENERENTOLA (1817) GIOACHINO ROSSINI (1792-1868)
Libretto : Jacopo Ferretti LE COMTE ORY (1828)
5. Act II : Sventurata mi credea 04 :45 Libretto : Eugène Scribe & Charles-Gaspard Delestre—Poirson
11. Act I : Céleste providence 04 :47
GIOACHINO ROSSINI (1792-1868)
LE SIEGE DE CORINTHE (1826) GIACOMO MEYERBEER (1791-1864)
Libretto : Luigi Balocchi & L’ETOILE DU NORD (1854)
Alexandre Soumet Libretto :Eugène Scribe
6. Act III : Juste Ciel 03 :33 12. Act III : L’aurore enfin succède 04 :58

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JULIE FUCHS et les pupilles du bel canto
Novembre 2017, dans un café parisien. Julie Fuchs esquisse les grandes lignes du concept
de son deuxième album chez Deutsche Grammophon : quelque chose sur les filles, les
orphelines. "Car je me rends compte que c’est le point commun de la plupart des rôles que
je chante et pour lesquels j'éprouve de l'affection. Ces personnages ont eu un parcours
compliqué de femmes malheureuses, mais ne sont pas du tout découragées, au contraire !
Ce sont des battantes", explique-t-elle. Le cadre était précis mais le contenu, encore flou,
ne demandait qu’à être irrigué pour prendre forme.
Dans la coulisse travaille déjà une équipe chargée de donner corps au projet, en recherchant
notamment des partitions oubliées dans le registre bel canto. Une mission d’une netteté
implacable : orpheline + rareté + 1815-1850 en étaient les vecteurs. "J'ai préféré me recentrer sur
ce répertoire car j'ai le sentiment qu'il me fait évoluer". La période est cruciale. A l’époque,
Julie Fuchs triomphe dans Le Comte Ory à l’Opéra-Comique. Elle se fond à merveille dans
les codes de ce genre où la voix, traitée comme un instrument, doit se plier aux écarts les
plus extrêmes et aux virtuosités les plus incongrues. "En plus, il paraît que j’y ai une petite
aisance", sourit-elle, œil de velours, moue piquée.
Parenthèse sur cette attitude qu’il nous est impossible de bien décrire : c’est aussi pour
ça qu’on raffole de La Fuchs. Certes pour son timbre d’une clarté indéniable. Evidemment
pour sa technique implacable et d’une apparente facilité qu’elle a travaillé d’Avignon à
Paris. Bien sûr il y a ses pianissimi délicats, qui contrastent avec son engagement vocal
massif. Et il faut l’avoir aussi entendu chanter du Gérard Grisey pour savoir que son talent
ne se limite pas à une monomanie de colorations. Mais à côté de toutes ces qualités, il y
a l’humour… pourquoi cacher plus longtemps cette facette qu’elle ne dissimule d’ailleurs
4 5
pas, cette huile qui dégrippe les rouages et lui permet d’imprégner de théâtre sa vocalité.
Ecoutez "En proie à la tristesse", tiré du Comte Ory (1828), présent sur le disque, et vous
assisterez à une irrésistible mise en scène de ses vocalises. On sourit de la facétie de
l’entreprise, autant qu’on s’enthousiasme de son sérieux. "Je pense que c’est aussi pour
mon caractère, disons... espiègle, qu’on me confie ces rôles-là. Ce qui est important dans
le destin de ces héroïnes n’est pas tant qu’elles soient orphelines mais battantes. Elles
foncent, cœur accroché, il y a un sourire qui traîne", explique-t-elle ce coup-ci sans rire.
Décembre 2018, à Arcueil. Le jour de la séance photo du livret, entre deux changements
de tenues et trois poses entourée de statues. Il s’en est produit, des événements, en un an.
La Fuchs est devenue mère. Chante-t-elle différemment ? Naturellement. "Intérieurement, je
ressens les choses autrement, les sensations ne sont pas les mêmes". Elle a repris le chemin
des scènes. Et a enregistré son disque en été, dans le nouveau studio de l’Orchestre national
d’Île-de-France, à Alfortville, sous la direction d’Enrique Mazzola. C’est l’étrangeté d’un CD :
"le projet nous est très personnel, on le porte des mois, voire des années, mais la période
d'enregistrement passe en un clin d’oeil". Mademoiselle consacre l’aboutissement d’une
période générale, et non d’un moment précis, comme peut l’être une production d’opéra.
« MADEMOISELLE » sur les plages
Qui sont-ils, alors, ces compositeurs repêchés des oubliettes de l’histoire et dont la Fuchs
incarnera les Mesdemoiselles dans ce disque ? Sans surprise, Rossini est de la partie, avec
Le Comte Ory (1828), mais aussi deux œuvres que la soprano n’a jamais interprétées
scéniquement, Le Siège de Corinthe (1826) et La Cenerentola (1817), pour l'air "Sventurata
mi credea", peu donné. Au nombre des figures tutélaires, le disque convoque Donizetti
et sa Fille du régiment (1839). Présentée en ouverture du disque, on pourra réentendre
"Il faut partir" et son “Adieu” final s’effondrant au ralenti sur un filet de cor anglais.
La récipiendaire de la Victoire de l'artiste lyrique voulait intégrer au programme Meyer-
beer, pendant français de Rossini, compositeur au croisement des mondes lyriques ayant
forgé son propre genre après avoir parcouru longuement l’arc germano-italo-français.
Autant dire une gageure pour coller au thème de l’album. Ce sera avec L’Etoile du nord
(1854), opéra de sa période française rarement joué. La Marie militaire de La Fille du
régiment se transforme ici en Catherine s’incrustant dans une armée pour y faire exploser
son tempérament : "L’aurore enfin succède à la nuit", à l’ouverture chambriste, aboutit
à un air de la folie.
Le dernier temps fort du disque, "O tenera madre dal cielo rimira", est tiré de La Regina
di Cipro (1846), de Giovanni Pacini. Le frère rival de Rossini, compositeur d’ouvrages à
succès au temps de leur création, n’a pas bénéficié comme lui de l’engouement survenu
un siècle plus tard pour le bel canto. Ses œuvres sédimentent au fond de l’histoire lyrique
du XIXe siècle et ne demandent qu’à refaire surface. Tel cette grande scène profilée pour
emporter les bravissimi des salles les plus exigeantes : après un solo plutôt dramatique
sur le mode lyrique s’engage un andante coloré et tendu pour vingt-huit pupitres qui
culmine sur un contre mi bémol piqué psar la cantatrice.

La Zaïde (1845) de Berlioz passe faire son tour de boléro. L’orpheline insaisissable qui C’est là l’essence du bel canto : le dard qui vient percer coeur et tympan de l’auditeur
pour famille choisit Grenade “au frais jardin”, œuvre mineure et colorée du plus ronchon après avoir bourdonné et voltigé autour d’une cadence entraînante. Ces Mesdemoiselles
des compositeurs français dont on commémore cette année les 150 ans de la disparition, ont tout des belles et des abeilles.
annonce "Porque se oprime el alma", tiré de Mis Dos Mujeres (1855) de Francisco Asenjo
Barbieri. Le spécialiste de zarzuela, tragi-comédie espagnole, reprenait là le sujet d’un Guillaume Tion
opéra-comique français, Mina ou le Ménage à trois (écrit par Eugène de Planard), pour
concurrencer l’omniprésence de l’opéra italien, avec une orchestration bouillonnante et
une virtuosité tranquille.

Les inédits arrivent : Mademoiselle présente trois œuvres jamais encore portées au disque.
Orphelines, elles aussi. "Amor cagion possente", de Pietro Raimondi, fait valoir un chant
sautillant, faussement enjoué. Le compositeur romain est à cette époque tendu vers ses
recherches contrapuntiques de plus en plus complexes, et s’apprête à basculer dans
la musique sacrée… toutes influences qu’on ne retrouve pas dans cet opéra, L’Orfana
Russa (1835).

La gitane du prolifique Vincenzo Fioravanti fait écho à celle de Berlioz. Primesautière, entourée
de six serpents et bondissante au milieu de clochettes jouées par un glockenspiel à clavier
dans cet opéra buffa napolitain (Gli Zingari, 1844), la zingara détaille ici sa profession
de foi -la séduction-, et préfigure sur le mode léger l’Oiseau rebelle de notre Carmen.
D’autant plus léger que Leonilla, l’héroïne bohémienne libre et frivole, se révélera être la
fille du gouverneur. "Ratatata tatata".

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 JULIE FUCHS and the orphaned women of bel canto

The scene is a Parisian cafe in November 2017. Julie Fuchs is giving a broad outline of
the concept behind her second album for Deutsche Grammophon. Something about
young women, orphans. "Because it occurred to me that this was a common factor with
most of the roles that I sing, the ones that I feel a fondness for". These characters have
the complicated lives of women who are unhappy, but not discouraged, is the way she
explains it". At this point the context of her idea is absolutely clear, but the content is
still hazy; it just needs irrigating a little so as to take shape.

Behind the scenes, a team is already at work to give the project its substance, notably
seeking out bel canto scores that people have forgotten. Their mission is implacably
precise, since there were three conditions: "female orphan" + "rareness" + "1815-1850".
"I preferred to focus on this repertoire in particular because I have the feeling it makes me
evolve". It was a crucial period for her. At the time, she was appearing at the Opéra-Comique
in Le Comte Ory. A triumph. Julie Fuchs blends marvellously into the codes of this genre
where the voice, treated like an instrument, is obliged to respect not only extreme
intervals but also the most incongruous forms of virtuosity. "And it would seem that
I'm not totally uncomfortable with that", smiles Miss Fuchs, simultaneously pouting yet
wearing a velvety look in her eye.

A digression on that attitude, so difficult to describe: it is also another reason why people
are so wild about La Fuchs. Obviously there's her timbre, which is undeniably clear; and
just as evident is her inescapable technique, whose apparent facility she has worked on
from Avignon to Paris. There are her delicate pianissimi of course, which contrast with
her massive vocal commitment. And one has to have heard her singing Gérard Grisey

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to realize her talent is not limited to a monomania for colouration. But, alongside all
those qualities, there's also her humour… why hide that facet any longer (not that she
keeps it a secret anyway)? The trait smoothes the way and allows her to impregnate
her vocal qualities with theatre. If you listen to "En proie à la tristesse" from Le Comte
Ory (1828) — it is on the record — you witness her irresistible staging of the vocalises.
The joking nature of the enterprise raises a smile just as much as her seriousness raises
enthusiasm. "I think it's also because of my … let's say 'mischievous' nature, that I'm
given these roles. The important thing in the destiny of these heroines is not so much
that they're orphans, but that they are fighters. They dive straight in, so take hold of
your heart, there's a smile just around the corner", she says, this time quite seriously.
Arcueil, December 2018. Today she has a photo-call for the record's booklet. The session
involves changing dresses twice, and striking three poses surrounded by statues. A
lot has happened in a year. La Fuchs has become a mother. Does she sing differently?
"Naturally. I feel things differently inside. The sensations aren't the same". She has
returned to the stage. And during the summer, she has made a record, inside the new
studios of the Orchestre national d’Île-de-France in Alfortville, with Enrique Mazzola
conducting. That's the strangeness of a CD: "for us it's a very personal project and we
carry it for months, if not years; but the recording phase goes by in the blink of an eye".
"Mademoiselle" consecrates the outcome of an overall period, not a precise moment in
the way an opera production can be.
« MADEMOISELLE » track by track
So who are they, these composers fished out of their historical oblivion and whose
Mesdemoiselles are incarnated by La Fuchs in this recording? Unsurprisingly, Rossini
is one of them, with Le Comte Ory, but there are also two works that the soprano has
never sung onstage, Le Siège de Corinthe (1826) and La Cenerentola (1817), for the aria
"Sventurata mi credea", hardly ever performed. Considering the tutelary spirits, one notes
the summoning of Donizetti with La fille du régiment (1839), which introduces the record
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and allows us to again hear "Il faut partir", with its final “Adieu” that slowly collapses over
a trickle from the cor anglais.
Julie Fuchs received France's Victoire de la Musique award as Opera Artist of the Year,
and wanted her record to include Meyerbeer, Rossini's French counterpart. He was also
a composer at the crossroads of the operatic worlds who forged his own genre after
many years spent working in the arc of a sphere comprising Germany, Italy and France.
His presence here might be seen as something of a challenge, given the album's concept,
but it enables us to listen to L'étoile du nord (1854), a rarely performed opera from his
French period. Here the military Marie from La fille du régiment is transformed to become
the Catherine who settles into an army where she causes her temperament to explode:
"L’aurore enfin succède à la nuit", with its chamber music overture, concludes in an aria
of madness.
La Zaïde (1845) by Berlioz drops in to execute its bolero. The elusive orphan who chooses
Granada and its "cool gardens" as her family — even if in a colourful, lesser work by the
grouchiest of France's composers (2019 marks the 150th anniversary of his death) —
announces "Porque se oprime el alma", taken from Mis Dos Mujeres (1855) by Francisco
Asenjo Barbieri. In this piece, the specialist of Spain's tragi-comic zarzuela took up the
theme of the French comic-opera Mina ou le Ménage à trois, written by Eugène de Planard
to compete with the omnipresence of Italian opera. The orchestration bubbles intensely
with serene virtuosity.
In come the brand new pieces: Mademoiselle presents three works that had never yet
been recorded. These are also orphans, then. "Amor cagion possente", by Pietro Rai-
mondi, features singing that skips along in a misleadingly cheerful manner. At the time
it was written, its Roman composer was inclined to increasingly complex research into
counterpoint, and making ready to turn to religious music… all of which influences are
not to be found in his opera L'Orfana Russa (1835).
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The gypsy woman of the prolific Vincenzo Fioravanti echoes the Berlioz character. Impulsive,
surrounded by six serpents, and bounding through little bells played on a keyboard gloc-
kenspiel, the bohemian heroine of this Neapolitan opera buffa (Gli Zingari, 1844) here
explains her profession of faith — seduction — in detail, in a light mode that prefigures
the "oiseau rebelle" in Carmen. It has all the more lightness since Leonilla, the free,
frivolous zingara heroine, reveals herself to be the governor's daughter. "Ratatata tatata".

The record's final highlight is "O tenera madre dal cielo rimira", taken from Giovanni Pacini's
La Regina di Cipro (1846). Unlike Rossini, his rival Pacini, a composer whose works
enjoyed success at the time of their creation, didn't profit from the infatuation with bel
canto that arose a century later: Pacini's works gather sediment in the depths of 19th
century opera although they are just begging to rise to the surface again. Like in this
great scene, which is shaped to draw bravissimi from the most demanding audiences: a
rather dramatic solo in operatic mode is followed by the entry of a taut, colourful andante
for a section of twenty-eight musicians; it reaches its climax with the singer's darting
E flat minor on the octave.

And here lies the essence of bel canto: the dart that comes to prick the listener's
eardrum after buzzing and fluttering around a lively cadenza. These Mesdemoiselles
have the beauty of bees.

Guillaume Tion (Translation : Martin Davies)

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JULIE FUCHS und die Waisen des Bel Canto
November 2017, in einem Pariser Café. Julie Fuchs umreißt das Konzept ihres zweiten
Albums bei Deutsche Grammophon: etwas über Mädchen, über Waisenkinder. "Denn
es ist mir klar geworden, dass dies der gemeinsame Punkt der meisten Rollen ist, die ich
singe und die mir am Herzen liegen. Diese Figuren haben als unglückliche Frauen einen
schwierigen Lebenslauf, aber sie sind in keiner Weise entmutigt, ganz im Gegenteil! Es
sind Kämpferinnen", erläutert sie. Der Rahmen war klar definiert, doch der Inhalt, noch
verschwommen, wartete nur darauf, präzisiert zu werden, um Form anzunehmen.
Hinter den Kulissen ist bereits ein Team am Werk, das dem Projekt Substanz verleihen soll,
insbesondere durch das Aufspüren von vergessenen Partituren des Bel Canto-Registers.
Eine Mission von unerbittlicher Klarheit: Waisenmädchen + Rarität + 1815-1850 waren ihre
Vorgaben. Ich zog es vor mich auf dieses Repertoire zu konzentrieren, da ich das Gefühl
habe, dass es mich weiterbringt. Der Zeitpunkt ist entscheidend. Zu dieser Zeit triumphiert
Julie Fuchs in Le Comte Ory an der Opéra-Comique. Sie fügt sich wunderbar in die
Gepflogenheiten des Genres, in dem die wie ein Instrument behandelte Stimme sich den
extremsten Sprüngen und den ausgefallensten Virtuositäten unterziehen muss. "Und es
scheint, dass ich dafür recht begabt bin", lächelt sie, mit Samtaugen und Schmollmund.
Einschub zu dieser Haltung, die gut zu beschreiben unmöglich ist: auch deshalb ist man
verrückt nach der Fuchs. Ganz sicher wegen ihres Timbres mit seiner unleugbaren Klarheit.
Natürlich wegen ihrer unerbittlichen Technik von scheinbarer Leichtigkeit, die sie sich von
Avignon bis Paris erarbeitet hat. Selbstverständlich sind da ihre delikaten Pianissimi, die
mit ihrer massiven Stimmkraft kontrastieren. Und man muss gehört haben wie sie Gérard
Grisey singt, um zu wissen, dass ihr Talent sich nicht auf eine Monomanie von Kolorierungen
beschränkt. Doch neben all diesen Qualitäten ist da der Humor … warum sollte man diese
Facette, die sie selbst übrigens nicht verschleiert, noch länger verheimlichen, dieses Öl,
das das Getriebe schmiert und ihr erlaubt, ihre Stimme mit Theaterpräsenz zu erfüllen.
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Hören Sie das auf dieser Aufnahme vorgestellte En proie à la tristesse aus Le Comte Ory
(1828) an und Sie werden Zeuge einer unwiderstehlichen Inszenierung ihrer Vokalisen.
Man schmunzelt über ihre Scherzhaftigkeit ebenso wie man von ihrem Ernst begeistert
ist. "Ich glaube, es liegt auch an meinem, sagen wir …. schalkhaften Charakter, dass man
mir diese Rollen anvertraut. Was für das Schicksal dieser Heroinen wichtig ist, ist nicht
unbedingt, dass sie verwaist, sondern dass sie kämpferisch veranlagt sind. Mit einem
Lächeln auf den Lippen gehen sie beherzt drauflos", erläutert sie, diesmal ohne zu lachen.
Dezember 2018, in Arcueil. Der Tag des Fotoshootings für das Booklet, zwischen
zweimaligem Wechseln des Outfits und drei von Statuen umgebenen Posen. Es ist viel
passiert in einem Jahr. Die Fuchs ist Mutter geworden. Singt sie anders? Natürlich. Innerlich
fühle ich die Dinge anders, die Empfindungen sind nicht dieselben. Sie ist auf die Bühne
zurückgekehrt. Und hat ihr Album im Sommer im neuen Studio des Orchestre national
d'Île-de-France in Alfortville unter der Leitung von Enrique Mazzola aufgenommen. Das
ist das Seltsame bei einer CD: "das Projekt ist sehr persönlich, man trägt es über Monate,
selbst Jahre hin in sich, aber der Zeitraum der Einspielung ist in einem Augenblick vorbei".
"Mademoiselle" stellt den Höhepunkt einer längeren Zeitperiode dar und nicht einen
präzisen Moment, wie es bei einer Opernproduktion der Fall sein kann.
Auf den Spuren von « MADEMOISELLE »
Wer sind sie nun, die aus der Mottenkiste der Geschichte hervorgeholten Komponisten,
deren Mesdemoiselles die Fuchs auf dieser CD verkörpert? Es überrascht nicht, das
Rossini mit Le Comte Ory dabei ist, aber auch zwei Werke, die die Sopranistin nie
szenisch interpretiert hat, Le Siège de Corinthe (1826) und La Cenerentola (1817), mit
der selten aufgeführten Arie Sventurata mi credea. Unter ihre Schutzpatrone reiht die
CD Donizetti und seine Fille du Régiment (1839) ein. Als Eingangswerk der Aufnahme
kann man Il faut partir und sein finales „Adieu“ wiederentdecken, das über einem Hauch
des Englishhorns erstirbt.
15
Die Preisträgerin der , "Victoire de l'artiste lyrique“ wollte Meyerbeer, das französische
Pendant zu Rossini, in das Programm integrieren. Als Komponist an den Kreuzwegen
der lyrischen Welten hatte er sich nach langen Aufenthalten im deutsch-italienisch-fran-
zösischen Raum sein eigenes Genre geschmiedet. Eine echte Herausforderung, um sich
an das Thema des Albums zu halten. Es wird L'Etoile du Nord (1854) sein, eine selten
gespielte Oper seiner französischen Periode. Die militärische Marie der Fille du Régiment
verwandelt sich hier in Catherine, die sich in einer Armee einnistet, um dort ihr Temperament
explodieren zu lassen: "L’aurore enfin succède à la nuit", mit kammermusikartiger Einleitung,
mündet in eine Arie des Wahnsinns.
La Zaïde (1845) von Berlioz tritt auf, um eine Runde Bolero zu tanzen. Die geheimnisvolle
Waise, die sich Granada „mit dem erfrischenden Garten“ zur Familie erkoren hat, ein im lyrischen Modus folgt ein farbiges, von achtundzwanzig Instrumenten getragenes
farbiges Nebenwerk des brummigsten der französischen Komponisten, dessen 150.
Todestag dieses Jahr gedacht wird, kündigt Porque se oprime el alma aus Mis Dos Mujeres
(1855) von Francisco Asenjo Barbieri an. Der Spezialist der Zarzuela, der spanischen
Tragikomödie, übernahm hier ein Thema der französischen Opéra-comique, Mina ou
le Ménage à trois (Text von Eugène de Planard), um der Allgegenwart der italienischen
Oper Konkurrenz zu machen, mit einer temperamentvollen Instrumentierung und ruhiger
Virtuosität.
Nun kommen die Ersteinspielungen: „Mademoiselle“ stellt drei Werke vor, die noch nie auf
CD erschienen sind. Auch hier sind es Waisenmädchen. Amor cagion possente von Pietro
Raimondi präsentiert einen nur scheinbar unbeschwerten Gesang voller Tonsprünge. Der
römische Komponist wendet sich zu dieser Zeit seinen immer komplizierter werdenden
kontrapunktischen Forschungen zu und ist dabei, zur geistlichen Musik überzugehen …
alles Einflüsse, die man in dieser Oper, L'Orfana Russa (1835), nicht findet.
Verführung – und präfiguriert in leichter Version unseren rebellischen Vogel Carmen. Und
zwar umso leichtlebiger als Leonilla, die freie und frivole Zigeunerheldin, sich als Tochter
des Gouverneurs entpuppt. "Ratatata tatata".
Das letzte Highlight der Aufnahme, O tenera madre dal cielo rimira, stammt aus La Regina
di Cipro (1846) von Giovanni Pacini. Der nahezu gleichaltrige Rivale Rossinis, Komponist
von Erfolgswerken zu ihrer Entstehungszeit, hat nicht wie jener von der Begeisterung
für den Bel Canto profitiert, die ein Jahrhundert später aufgekommen war. Seine Werke
schlummern auf dem Grunde der Geschichte der lyrischen Musik des 19. Jahrhunderts
und warten nur auf ihre Wiederbelebung. Wie diese großangelegte Szene, geeignet, die
Bravorufe der anspruchsvollsten Säle einzuheimsen: nach einem eher dramatischen Solo
Andante, das in einem, von der Sängerin wie angepieksten dreigestrichenen Es kulminiert.
Hier liegt das Wesen des Bel Canto: der Stachel, der Herz und Trommelfell des Hörers
durchbohrt, nach dem Summen und Herumflattern einer mitreißenden Kadenz. Diese
Mesdemoiselles sind Schönheiten, die Bienen gleichen.
Guillaume Tion (Übersetzung: Susanne Shigihara)

Die Zigeunerin des produktiven Vincenzo Fioravanti erinnert an diejenige von Berlioz.
Impulsiv, von sechs Schlangen umgeben und zwischen den Schellen, die in dieser
napolitanischen Opera buffa (Gli Zingari, 1844) von einem Glockenspiel mit Tastatur
gespielt werden, herumspringend, erläutert die Zingara hier ihr Glaubensbekenntnis – die

16 17
Orchestre national d’Île-de-France
Resident orchestra at the Philharmonie de Paris
The Orchestre national d'Île-de-France's
mission is to bring symphonic music to
every place and everyone. Each season,
the ninety-five permanent members of
the ensemble perform around a hundred
concerts that offer the inhabitants of
Île-de-France a rich repertory covering
three centuries of music. The Orchestre
distinguishes itself through its mission
to share its passion for symphonic music
to everyone. Recognised as one of the
twenty most involved orchestras in the
world for cultural commu- nity service, it has
created and enacted imaginative educa-
tional cultural projects that place children
at the heart of instructional programmes,
notably through numerous interactive
concerts and musical shows for the entire
family. The ensemble dynamically pursues
audiovisual projects: the first French Vienna, to commissions from composers
ensemble to propose measures to record
movie scores – in partnership with the film
industry of the Île-de-France region –, he
has a studio equipped with innovative
and exciting technology. The Orchestre orchestra several Rossini operas in concert
national d'Île-de-France is frequently at the Théâtre des Champs-Elysees and led
18
invited by prestigious festivals in France
and abroad. Created in 1974, The Orchestre
national d'Île-de-France is funded by the national d’Île-de-France, Enrique Mazzola
Regional Council of Île-de-France and by
the Ministry of Culture.
www.orchestre-ile.com
Enrique Mazzola
Renowned as an expert interpreter and dynamic recording projects.
champion of bel canto opera and a specialist in
French repertoire, Italian conductor Enrique
Mazzola is in demand worldwide as both
an operatic and symphonic conductor. He
has been Artistic & Music Director of the
Orchestre national d’Île-de-France since
2012/13 and from 2018/19 is Principal Guest
Conductor at Deutsche Oper Berlin.
Enrique Mazzola is regularly invited to
leading opera houses and orchestras
including the Metropolitan Opera, Glyn-
debourne Opera, Lyric Opera of Chica-
go, Opernhaus Zurich , Théâtre des
Champs-Elysees, London Philharmonic
© Eric Garault
and Wiener Symphoniker. With Orchestre
conducts a wide range of repertoire from
Die Schöpfung at the Haydn Festival in
In October 2018 he was made a Chevalier
Anna Clyne and Dai Fujikura, premiered de l'ordre des Arts et des Lettres reflecting
at the Philharmonie de Paris. Using his ex- his significant contribution to musical life
tensive knowledge and experience of the in France.
bel canto style, he has performed with the
19
Julie Fuchs
Hailed as the “the new voice of opera” with repertoire include "Adèle" in Le Comte
“silky high notes and a voluptuous medium”, Ory, "Guinia" in Lucio Silla, "Marie" in La
soprano Julie Fuchs has established herself fille du regiment, "Folie" in Rameau’s Platée,
as one the most versatile musical artists and "Leïla" in Les pêcheurs de perles.
of our time; dazzling audiences across
Equally in demand on the concert stage, Ms.
the world’s premiere opera houses and
Fuchs has performed in gala concerts and
concert halls. Raised in Avignon, France,
intimate piano recitals. She is one of today's
she began her musical studies playing the
leading interpreters of French Melodie,
violin before focusing her attention on vocal
and her first recording, "Mahler, Debussy:
and theatrical training. Following a move
mélodies de jeunesse", focused on this
to Paris,she graduated with top honours
reper toire. In 2014 Julie signed an
from the prestigious Conservatoire National
excl u sive c o n t r a c t w i t h D e u t s c h e
Supérieur. After having made her operatic
Grammophon, with her first solo album ‘Yes !’
stage debut while still a student, Ms. Fuchs
released in 2015. She has been recognized as a
began to have numerous competition
"pioneer" in her use of social media, taking her
successes, and was notably the second
followers behind-the-scenes with her as
prize winner at Operalia in 2013. She
she performs around the world.
quickly made a name for herself in France and
in Europe, and was awarded two Victoires de
la Musique prizes in 2012 and 2014.

A regular guest artist at the leading opera

houses of the world, including Opéra
national de Paris, Wiener Staatsoper,

© Jerôme Prebois
Teatro Real, the Salzburg Festival, and
Opernhaus Zürich, she performs a diverse
range of repertoire ranging from Monte-
verdi to Francesconi. Notable roles in her

20 21
Recording: Le Studio by Orchestre national d’Île-de-France in July 2018

JULIE FUCHS, soprano

ENRIQUE MAZZOLA, conductor
ORCHESTRE NATIONAL D’ÎLE-DE-FRANCE
ANN-ESTELLE MÉDOUZE, leader
NATACHA COLMEZ-COLLARD, principal cello (Track 9)

Executive Producer & release coordination: EDOUARD BRANE

Recording Producer and post-production: FLORENT OLLIVIER
Recording Engineers: FLORENT OLLIVIER & MIREILLE FAURE
Recording Engineer assistants: ALICE LEMOIGNE & FLORENT BERTHIER
Score Research : YANNIS FRANÇOIS
Vocal Coach : ELENE GOLGEVIT

Photography, Design & Artwork: DIE FRAU(.fr) (Sylvie Bessou)

Booklet note: GUILLAUME TION
English translation: MARTIN DAVIES
German translation: SUSANNE SHIGIHARA
Julie Fuchs is dressed by Olivier Theyskens (Cover, p23), Maison Labiche (p 13)
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— THANK YOU —
I would like to thank everyone who took part in this amazing adventure and
poured their energy into this album during its creation, especially Florent
Ollivier, Fabienne Voisin, Sandro Ghiglione, Olivier Theyskens, Sylvie Bessou,
Philippe Banel, Marc and Agnès Cemin, Marie Guilloux, Jerôme Prebois, Joel Tho-
mas, Imogen Lewis Holland and Callan Coughlan. For their invaluable and unique
devotion, thank you to Pablo, Yannis François, Elène Golgevit, Olivia Renaud and
Edouard Brane. And to my little Darìo, thank you for mixing your oxygen with mine
during the recording of this album.

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