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Séries de Fourier

École Supérieure Sciences Appliquées d’Alger


Analyse 3

Les séries de Fourier


2 eme Année

1 Définitions générales
Les séries de Fourier sont des séries de fonctions d’un type particulier, qui servent à
étudier les fonctions périodiques.
L’idée est exprimer une fonction périodique quelconque en série de fonctions périodiques
simples, de la forme cos (nx) ou sin (nx).

1.1 Une fonction périodique


Une fonction f : R → R est dite périodique de période T si ∀x ∈ R : f (x + T ) = f (x).

T est appelé la période, et w = est appelé la pulsation.
T

1.2 Une fonction continue par morceaux


Soit f : [a, b] → R une fonction, On dit que f est continue par morceaux s’il existe
une subdivision a0 = a < a1 < a2 < · · · < an = b, de l’intervalle [a, b] telle que, pour tout
i = 0, . . . , n − 1, si on pose gi = f]ai ,ai+1 [ , alors gi se prolonge en une fonction continue à
toute intervalle ]ai , ai+1 [.
Autrement dit, f est continue par morceaux s’il existe une subdivision a0 = a < a1 < a2 <
· · · < an = b de l’intervalle [a, b] telle que pour tout i = 0, . . . , n − 1 f est continue sur
l’intervalle ]ai , ai+1 [ et f admet une limite à gauche et une limite à droite (éventuellement
différentes) en chaque ai .
Plus généralement f est de classe Ck par morceaux s’il existe une subdivision a0 = a <
a1 < a2 < · · · < an = b, de l’intervalle [a, b] telle que, pour tout i = 0, . . . , n − 1, si on pose
gi = f]ai ,ai+1 [ , alors gi se prolonge en une fonction Ck continue à toute intervalle ]ai , ai+1 [.

1.3 Définition d’une série de Fourier :


On appelle série de Fourier une série de fonctions ∑ fn (x) dont le terme général est de
la forme :
a0 +∞
fn (x) = + ∑ an cos (nωx) + bn sin (nωx) avec x ∈ R et pour tout n ∈ N, an ∈ C et bn ∈ C
2 n=1

1.4 Proposition :
Si les deux séries ∑ an et ∑ bn sont absolument convergentes alors la série de Fourier
a0 +∞
fn (x) = + ∑ an cos (nωx) + bn sin (nωx) est normalement convergente sur R.
2 n=1
Démonstration : On a Sup |an cos (nωx) + bn sin (nωx)| ≤| an | + | bn |.
x∈R
et comme les deux séries numériques ∑ an et ∑ bn sont absolument convergentes, alors la
série ∑ (| an | + | bn |) est convergente, ainsi la série ∑ an cos (nωx) + bn sin (nωx) est nor-
malement convergente sur R
Séries de Fourier

1.5 Écriture complexe d’une série de Fourier


a0 +∞
Soit F (x) = + ∑ an cos (nωx) + bn sin (nωx) . . . (1) une série de Fourier d’une fonc-
2 n=1
tion f de période T .
D’après la relation d’Euler :
einωx + e−inωx einωx − e−inωx
cos (nωx) = et sin (nωx) = .
2 2i
an − ibn an + ibn
Posons cn = et c−n = cn = La série de Fourier (1) devient F (x) =
2  2
an −ibn
+∞  2
 si n > 0
inωx a0
∑ cn e avec : cn =  2 si n = 0
n=−∞  an +ibn
2 si n < 0

2 Coefficients de Fourier
2.1 Définition :
Soit f une fonction T -périodique de classe C1 par morceaux, définie sur R.
∀n ∈ N :
2 2π
Z
On appelles coefficients de Fourier de f les nombres réels : an = cos (n x) dx et
  T [T ] T
2 2π
Z
bn = f (x) sin n x dx
T [T ] T

2.1.1 Proposition :
Soit f : R → R une fonction périodique continue par morceaux. Alors :  
4 2π
Z

– si f est impaire alors pour tout n ∈ N , an = 0 et bn = f (x) sin n x dx.
T [ T2 ] T
 
4 2π
Z

– si f est paire alors pour tout n ∈ N , bn = 0 et an = f (x) cos n x dx.
T [ T2 ] T

2.1.2 Exemple 1 :
Soit la fonction f 2π− périodique définie par :

1 si x ∈] − π2 , π2 [
f (x) =
0 si x ∈] − π, − π2 [∪] π2 , π[

Le graphe de la fonction f sur l’intervalle [−3π, 3π] :


Séries de Fourier

La fonction est de
période T = 2π et w = 2π T = 2π
T = 1 La fonction étant paire, ses coefficients de Fourier sont
donnés par :
bn = 0.
Z π
2 π 2 2
Z
a0 = f (x) dx = 1 dx = 1.
π 0 π 0 
Z π
2 2 2 2 sin n π2
Z π
an = f (x) cos (nx) dx = cos (nx) dx = .
π 0 π 0 π n
Par conséquent sa série deFourier est :
1 +∞ 2 sin n π2 1 +∞ 2 cos ((2n + 1)x)
F (x) = + ∑ cos (nx) = + ∑ (−1)n
2 n=1 π n 2 n=0 π 2n + 1

3 Fonction développable en série de Fourier


Soit f (x) une fonction T − périodique et de classe C1 par morceaux, alors la fonction
f (x) est développable en série de Fourier F (x) avec :
+∞
a
F (x) = 0 + ∑ an cos (nωx) + bn sin (nωx)
2 n=1

4 Théorème de Dirichlet
Deux questions se posent :
1. La série de Fourier associée à f est-elle convergente ?
2. En cas de convergence, peut-on dire que la série converge vers f ?

4.1 Proposition (Théorème de Dirichlet)


Soit f (x) une fonction périodique et classe C1 par morceaux et soit F (x) sa série de
Fourier associée.
Alors
( la série de Fourier F (x) converge vers la fonction :
f (x) si x est un point de continuité
f (x+ )+ f (x− )
2 si x est un point de discontinuité

4.1.1 Exemple 2 :
Soit f :] − π, π[→ R une fonction périodique, T = 2π définie par f (x) = x.
Le graphe de la fonction f sur l’intervalle [−3π, 3π] :
Séries de Fourier

Remarquons bien
que la fonction f (x) périodique et C1 par morceaux.
f vérifie les conditions de Dirichlet, donc sa série de Fourier associée est convergente.
De plus f est paire, ce qui nous donne bn = 0.
a0 = an = 0.
2 π (−1)n+1
Z
an = x sin (nx) dx = 2 et par suite :
π 0 n
+∞ n+1
(−1) f (x) si x 6= (2k + 1)π, k ∈ Z
F (x) = 2 ∑ sin (nx) =
n=1 n 0 si x = (2k + 1)π, k ∈ Z

4.1.2 Exemple 3 :
Soit f : [−π, π] → R une fonction périodique, T = 2π définie par f (x) =| x |.
Remarquons bien que la fonction f (x) périodique et C1 par morceaux.
f vérifie les conditions de Dirichlet, donc sa série de Fourier associée est convergente.
De plusZf est paire, ce qui nous donne bn = 0.
2 π
a0 = x dx = π.
π 0 (
2
Z π
a2n = 0
an = x cos (nx) dx =⇒ −4
a2n+1 = π(2n+1)
π 0 2

π 4 +∞ cos ((2n + 1)x)


Donc : F (x) = − ∑ .
2 π n=1 (2n + 1)2
π 4 +∞ cos ((2n + 1)x)
La série de Fourier F (x) = − ∑ converge alors vers f (x).
2 π n=1 (2n + 1)2

5 Égalité de Parseval
Soit l’ensemble F = { f : R → C : T −périodique et dont le carré est intégrable sur un
intervalle [T ]}.
1
Z
On définit sur F le produit scalaire h f , gi = f (x)g(x) dx.
T [T ]
où g(x) désigne le nombre complexe conjuguée de g(x). p
On note par k f k (norme de f ) le nombre réel positif telle que k f k = h f , f i

5.1 Proposition :
L’ensemble infini des fonctions {x −→ einx , n ∈ Z} forme une base orthonormée (infi-
nie) de F muni du produit scalaire définie en dessus.
Séries de Fourier

5.2 Interprétation géométrique des séries de Fourier


Soit f ∈ F. Alors la série de Fourier n’est rien d’autre que sa décomposition suivant la
base orthonormée {x −→ einx , n ∈ Z}.
Cette interprétation permet de retenir l’expression des coefficients de Fourier de f .

5.2.1 Proposition(Projection Orthogonale) :


Soit f ∈ F, Pour tout n ∈ Z, ces coefficients de Fourier cn est la projection orthogonale
de f sur einx , c-a-d : Z
1
cn ( f ) = f , einx = f (x)einx dx.

T [T ]

5.2.2 Définition :
On note par D l’ensemble des fonctions displaystyle f ∈ Cm,T 0 (R, C) (l’ensemble des

f (x+ ) + f (x− )
fonctions continues par morceaux et T −périodique), telle que ∀x ∈ R : f (x) = .
2
0 0
Nous remarquons que CT (R, C) ⊂ D ⊂ Cm,T (R, C).
Soit f ∈ F et {cn , n ∈ Z} ses coefficients de Fourier en écriture complexe, et {(an , bn ), n ∈
N} ses coefficients de Fourier en écriture réelle. Alors on a les résultats suivants :

Inégalité de Bessel : Soit f ∈ D. Alors ∀n ∈ N :


n=N
1
Z
∑ | cn |2 ≤ k f k2 = T [T ] | f (x) |2 dx.
n=−N
n=+∞
Égalité de Parseval : Pour tout f ∈ D on a : k f k2 = ∑ | cn |2 .
n=−∞
Si f est à valeurs réelles, on a :
1 | a0 |2 1 +∞
Z
k f k2 = h f , f i = | f (x) |2 dx = + ∑ | an |2 + | bn |2
T [T ] 4 2 n=1

5.2.3 Exemple :
Soit f la fonction 2π-périodique définie par :

−1 si x ∈] − π, 0[
f (x) =
1 si x ∈]0, π[
1. Tracer le graphe de la fonction sur l’intervalle [−3π, 3π]
2. Donner la série de Fourier associée à f .
+∞
(−1)n
3. Calculer la somme ∑ 2n + 1
n=0
+∞
1
4. Déduire la somme S = ∑ n2
n=1
Corrigé de l’exemple :
Séries de Fourier

1. Le graphe de la fonction f sur l’intervalle [−3π, 3π] :

2. f étant une fonction impaire  donc an =0π pour tout n ∈ N et on a:


2 π 2 cos (nx) 2 b2n = 0
Z
bn = sin (nx) dx = − = (1 − (−1)n ) ⇒ 4
π 0 π n 0 nπ b2n+1 = π(2n+1)
4 +∞ sin ((2n + 1)x)
La série de Fourier associée est :F (x) = ∑ .
π n=0 (2n + 1)

f (x) si x 6= kπ, k ∈ Z
La série de Fourier associée converge sur R vers la fonction .
0 si x = kπ
3. Pour x = π2 on a :
π 4 +∞ sin ((2n + 1) π2 ) 4 +∞ (−1)n +∞
(−1)n π
F( )=1= ∑ = ∑ ⇒∑ = .
2 π n=0 (2n + 1) π n=0 2n + 1 n=0 2n + 1 4
4. Appliquons l’égalité de Parseval :
2 π 16 +∞ 1 +∞
1 π2
Z
( f (x))2 dx = 2 = 2 ∑ 2
⇒∑ 2
= .
π 0 π n=0 (2n + 1) n=0 (2n + 1) 8
+∞
1 1
Posons S = ∑ 2 . La série 2 est convergente d’après Riemann.
n=1 n n
En séparant les pairs et les impairs on a :
+∞ +∞ +∞
1 1 1 1 +∞ 1 π2 1 π2 1 π2
S= ∑ 2 = ∑ 2
+ ∑ 2
= ∑ + = S + ⇒ S − S = .
n=1 n n=1 (2n) n=0 (2n + 1) 4 n=1 n2 8 4 8 4 8
On tire alors :
+∞
1 π2
S= ∑ 2 = .
n=1 n 6

6 Application : Problème de Sturm-Liouville


6.1 Exemple :
Soit L > 0. Trouver λ ∈ R et y = y(x), y 6≡ 0 solution de :

y00 (x) + λy(x) = 0



x ∈ [0, L]
f (x) =
y(0) = y(L) = 0 ....(∗)

On va étudier, pour λ fixé le problème :


Séries de Fourier

y00 (x) + λy(x) = 0



x ∈ [0, L]
f (x) =
y(0) = 0 .....(∗∗)

Puis pour résoudre (*) il faudra encore imposer y(L) = 0 et examiner pour quelles valeurs
de λ nous pourrons trouver des solutions non triviales. Pour cela on est amené a distinguer
trois cas.
1. Cas 1 : On observe tout d’abord que toute solution de (**) est de la forme y(x) = y1 x.
Comme on veut aussi que y(L) = 0, on trouve y1 L = 0 ⇒ y1 = 0.
On en déduit que seule la solution triviale y ≡ 0 satisfait (*) avec λ = 0.
p 
2. Cas 2 : λ < 0. On a alors que toute solution de (**) est de la forme y(x) = 2y1 sinh −λx .
p
Si on veut aussi y(L) = 0, on doit avoir 2y1 sinh −λL = 0.
Ce qui n’est possible qu’avec y1 = 0. Donc à nouveau, si λ < 0 il n’y a pas de solution
non triviale de (*).
√ 
3. Cas 3 : λ > 0. On a dans ce cas toute solution de (**) s’écrit : y(x) = y1 sin λx
Comme on doit encore imposer y(L) = 0, on obtient :
√  √  nπ 2
y1 sin λL = 0 ⇔ λL = nπ ⇔ λ = .
L  nπ 2
En conclusion (pour λ > 0), il existe des solutions non triviales de (*) si λ = et
L
nπ 
ceci pour tout n ∈ N. De plus, les solutions sont alors données par y(x) = αn sin x
L

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