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INTRODUCTION

L’évolution des techniques d’usinage a conduit ces dix dernières années à développer un
nouveau concept de production qui permet d’accroître la productivité : l’Usinage à Grande
Vitesse (UGV).
Les caractéristiques thermomécaniques sont encore plus prépondérantes dans une opération
UGV que lors d’un usinage conventionnel. C’est pour cela que les principaux axes de
recherches scientifiques sont très orientés UGV.
L’opération d’usinage consiste à enlever de la matière par l’intermédiaire d’un outil coupant.
La pièce (en tournage) ou l’outil (en fraisage) sont entraînés en rotation. Avec un mouvement
de l’outil combiné d’avance, l’enlèvement de matière se produit alors à l’interface de la pointe
de l’outil et de la pièce à usiner (enlèvement de copeaux).
L’Usinage Grande Vitesse se caractérise par des vitesses de coupe élevées (vitesse relative de
l’outil par rapport à la pièce). Ces grandes vitesses engendrent un phénomène de coupe
spécifique.
En augmentant la vitesse de coupe au-delà des limites de vitesse de l’usinage conventionnel,
on commence par traverser une zone de vitesses inexploitables dans laquelle les conditions de
coupe sont dégradées (usure rapide de l’outil, mauvais état de surface...), puis on arrive dans
le domaine de l’UGV où les conditions de coupe sont excellentes. La limite entre les zones est
arbitraire et dépend des matériaux usinés.
La modélisation de ces phénomènes, dans une optique de prédire les opérations d’usinage,
reste très délicate à mettre en œuvre en fonction des objectifs que l’on se donne, notamment si
l’on se préoccupe des détails à l’échelle microscopique. En effet, des sollicitations thermiques
sont générées lors de la coupe par l’auto-échauffement au sein du matériau de la pièce et par
les frottements à l’interface outil/pièce. En usinage conventionnel, l’énergie calorifique
s’évacue dans les copeaux mais également dans la pièce et l’outil dans des proportions non
négligeables.
Ainsi, le matériau subit un traitement thermique local (trempe superficielle) qui modifie les
caractéristiques de la pièce finie.
En UGV, la nature de la formation du copeau est différente et l’énergie de la coupe s’évacue à
plus de 80 % dans les copeaux. Bien que des énergies plus importantes soient mises en jeu, les
échanges thermiques entre le copeau et la pièce n’ont plus le temps d’avoir lieu : celle-ci reste
pratiquement à température ambiante.

Evolution de l’usinage
Certains auteurs font remonter l’origine de l’usinage à grande vitesse (UGV) aux années
1920, mais je préfère la situer dans les années 1930 où le professeur Carl Salomon démontra
par un brevet allemand déposé en 1931 « qu'à partir d'une certaine vitesse de coupe (de 5 à 10
fois supérieure à celles utilisées en usinage conventionnel) la température au niveau de l'arête
de coupe commence à diminuer … » if fut donc le premier à jeter les bases essentielles d’un
concept fondamental à savoir la modification de la répartition des énergies thermiques de
coupe avec l’accroissement de la vitesse de coupe : « À grande vitesse, la chaleur
engendrée par le cisaillement du copeau est évacuée totalement par celui-ci ; elle ne peut
se propager à la pièce ».
C’est aussi à cette époque, qu’apparaissent les premiers outils en carbure de tungstène et si
l’on compare les performances de ces outils à celles qu’offrent t les aciers au carbone, les
stellites ou les aciers rapides, on aurait pu déjà parler d’usinage à grande vitesse .

De nombreux essais d’enlèvement de copeaux à grande vitesse ont été conduits à partir des
années 1950 sur la base de procédés balistiques : tir au canon ou au fusil de l’outil sur
l’éprouvette ou inversement. Les résultats obtenus montraient une formation nouvelle du
copeau et l’évolution favorable des efforts de coupe remettait en question le principe de
cisaillement et donnait l’espoir d’améliorations considérables de productivité à condition
d’obtenir la maîtrise des durées de vie des outils. Même si ces études révolutionnaires restent
d’actualité, ce n’est pas sur leurs résultats que se fonde l’émergence actuelle de l’UGV mais
plutôt sur des évolutions : — qui concernent tous les éléments entrant dans la définition d’une
opération d’usinage : les machines, les outils, les éléments intermédiaires et leurs
attachements, etc. ; — qui laissent la physique de l’usinage dans le domaine de l’enlèvement
de matière par cisaillement. Mais il est clair que l’augmentation des vitesses de coupe et
l’accroissement correspondant des températures de coupe ont une influence considérable sur
le matériau usiné et on observe :
— une « compétition » entre un adoucissement lié à la température et un phénomène
d’écrouissage ;
— des changements de phases qui se manifestent, par exemple, par l’apparition de bandes
blanches aux plans de cisaillement. Quant aux efforts et énergies de coupe, nous verrons plus
loin qu’ils varient peu avec la vitesse dès que l’on sort de la zone de copeau adhérent, c’est-à-
dire bien en dessous des vitesses considérées comme appartenant au domaine de l’UGV.
Actuellement de nombreux laboratoires travaillent sur le sujet.
On a pu en effet constater une baisse relative de la température au niveau de l'arête de coupe à
partir de certaines vitesses de coupe dans diverses matières. Cette baisse est faible dans les
aciers et les fontes et plus importante dans l'aluminium et autres matériaux non ferreux. La
définition de l'UGV se base donc sur d'autres facteurs.
Bien qu’il ne faille pas confondre les notions de vitesse de coupe, de temps de production et
de coût de fabrication, il faut constater leur étroite corrélation. De ce fait la recherche de la
rentabilité économique pousse la recherche technologique qui ne se limite pas, loin s’en faut,
au seul domaine des outils ; les matériaux usinés, les machines-outils, les processus de
fabrication et finalement la conception des produits fabriqués évoluent de manière rapide et
spectaculaire.

L‘usinage à grande vitesse (UGV) est donc présenté comme le « fruit » de cette merveilleuse
découverte du professeur Salomon: si l’on augmente les vitesses de coupe au-delà des limites
habituelles, on commence par traverser une zone de vitesses inutilisables poétiquement
baptisée « vallée de la mort ». Ensuite, on entre dans un paradis de l’usineur ; les énergies et
les efforts spécifiques de coupe diminuent, les états de surface deviennent excellents, les
durées de vie des outils augmentent pour devenir largement supérieures aux durées obtenues
en usinage conventionnel.
Définition de l'UGV
Le terme d'Usinage Grande Vitesse (UGV) fait souvent référence à l'usinage avec vitesses de
broche et avances élevées. Il peut s'agir par exemple d'usinage dans des structures d'avion en
aluminium avec d'importants débits copeaux. On utilise cette technique dans une large gamme
de matériaux à usiner, métalliques ou non, y compris pour la production de pièces ayant des
exigences d'état de surface spécifiques ou pour des matériaux d'une dureté de 50 HRC ou
plus.
Dans les domaines de l'outillage, la plupart des pièces en acier étant trempées à environ 32-42
HRC, les opérations rencontrées le plus souvent sont les suivantes :
 Ebauche et semi-finition de la pièce.
 Traitement thermique pour obtenir la dureté voulue (= 63 HRC)
 Usinage d'électrodes et enfonçage par EE de certaines parties des matrices ou des
moules (en particulier pour les petits rayons et les cavités profondes difficilement
accessibles aux outils coupants)
 Finition et superfinition de surfaces cylindriques/planes/concaves avec des outils de
coupe appropriés en carbure, cermet, céramique mixte ou nitrure de bore cubique
polycristallin (CBN).

Pour de nombreuses pièces à usiner, le processus de production implique une combinaison de


ces différentes opérations et dans le cas des moules et matrices, il comprend également une
longue finition manuelle. Il en résulte des coûts de production souvent élevés et des en-cours
importants. De plus ces opérations de polissage nécessitent un personnel hautement qualifié.
Personnel qu'il n'est pas toujours facile de trouver. Avec des cycles de formation longs.
L'industrie des moules et matrices se caractérise souvent par la production d'un nombre limité
de pièces de même type, voire une production à l'unité. La conception de ces pièces est
soumise à des changements perpétuels et, de ce fait, il est souvent nécessaire de procéder à
modifications de dernière minute voir à des réusinages complet de certaines parties.

Le principal critère est la qualité de la matrice ou du moule en matière de précision


dimensionnelle, géométrique et état de surface. Si le niveau de qualité après usinage est faible
et s'il ne répond pas aux critères imposés, il faudra avoir recours à une finition manuelle. Cette
dernière engendre un état de surface satisfaisant mais a toujours un impact négatif sur la
précision dimensionnelle et géométrique. Un des principaux objectifs de l'industrie des
moules et matrices a toujours été de réduire, voire d'éliminer, le recours au polissage manuel
et par là d'améliorer la qualité et de diminuer les coûts de production et les en-cours.

L’UGV recouvre l’ensemble des technologies d’usinage dans les domaines des vitesses de
coupe et des vitesses de rotation de broches élevées et supérieures aux vitesses considérées
« actuellement » comme industriellement maîtrisées.

Ainsi, dès les années 70, en fabrication aéronautique (usinage des structures intégrales), le
surfaçage des panneaux en alliage léger, requérant des fraises-tourteaux de diamètre 300 à
400 mm tournant
sans s’en rendre compte,
en appliquant les théories et pratiques relatives au fraisage classique : rien ne semblait donc
différencier UGV d’usinage classique... et on observait pas « d’effet UGV coupe ».
Malheureusement, atteindre les mêmes vitesses quelle que soit l’opération (pocketing en
particulier) s’avérait impossible : impossibilité d’entraîner les petites fraises à de hautes
vitesses de rotation.
Dans l’état actuel de cette technique, il est difficile de séparer franchement les domaines et la
figure 2 n’est donnée qu’à titre indicatif ; de plus les limites « hautes » des vitesses dépendent
essentiellement des possibilités de l’élément d’entraînement (broche) : d’ici quelques années
ces valeurs seront sans doute dépassées.
Techniques concernées

Toutes les techniques d’usinage par enlèvement de copeaux sont concernées, en voie de l’être
ou susceptibles de l’être par l’usinage grande vitesse. Mais il est clair que deux facteurs
interviennent prioritairement pour favoriser l’entrée d’une technique dans l’UGV :
— l’importance économique de cette technique ;
— la facilité (relative) de l’accession de cette technique à l’UGV.
Nous verrons que dans ces conditions les trois premières techniques concernées sont le
fraisage suivi du tournage et du perçage. Mais il ne faut pas oublier la rectification, le sciage,
le taraudage/filetage, et même le taillage d’engrenages...
Comme nous le verrons plus loin, l’accès à l’UGV est conditionné par l’évolution et la bonne
utilisation de l’ensemble des éléments participant à l’opération d’usinage : la machine, l’outil
mais aussi la pièce elle-même (par l’influence de sa morphologie donc de sa conception), le
montage d’usinage ou les accessoires d’entraînement, les éléments intermédiaires entre la
machine et l’outil, le lubrifiant éventuel et son mode de distribution, le mode d’évacuation des
copeaux, les modes d’attaque, de dégagement et d’usinage (opposition et concordance) et bien
entendu, les paramètres d’usinage. En schématisant, on peut dire qu’il y a compétition
constante entre les performances potentielles des machines et celles des outils, chacun de ces
deux éléments étant susceptibles d’être l’élément « freinant » ou l’élément « freiné » mais que
les autres éléments peuvent interdire l’accès aux meilleures performances de l’ensemble
machine-outil/outil. C’est ainsi que l’on assiste actuellement à d’importantes innovations en
matière d’attachements, dispositifs de liaison entre les broches des machines, les outils et les
éléments intermédiaires (rallonges, adaptateurs...) ; ces innovations sont indispensables à
l’entraînement des outils aux vitesses de rotation élevées. Rappelons d’autre part qu’il ne
suffit pas qu’un outil soit capable de travailler la matière considérée dans des conditions
réputées appartenir au domaine UGV. Il faut encore que la durée de vie de l’outil (ou plutôt
des arêtes de coupe) soit « économiquement viable », expression qui recouvre des durées très
variables suivant la matière et le coût de changement d’arête. Disons pour l’exemple que cette
durée d’arêtes économiquement viable peut descendre à quelques minutes en usinage de
certains matériaux d’usinabilité délicate comme les alliages réfractaires base nickel. Cette «
durée d’arêtes » s’exprime parfois en terme de volume de matière enlevée,
de longueur usinée (perçage), voire de nombre de pièces produites.

II/ Historique:
-1er essai et 1er brevet déposé en 1931 par Carl Salomon
-apparition des 1ères broches de fraisage à 60000tr/min
-1990 1ère machines de production UGV apparaissent dans l’automobile et l’aéronautique .
Aujourd’hui l’UGV devient incontournable dans la fabrication mécanique.

Le principe:
Le principe de l’usinage à grande vitesse c’est l’augmentation des vitesses de coupes.
Dans l’usinage à grande vitesse, la chaleur engendrée par le cisaillement n’a pas le
temps de se propager à la pièce.
C’est une technologie qui nécessite une parfaite connaissance des méthodes d’usinage,
outils, matières, conditions de coupe, programmation des trajectoires d’outils (FAO) sont
autant de paramètres qu’il convient de prendre en compte pour faire l’investissement le
mieux adapté
Principaux facteurs économiques et techniques pour le développement de l'UGV
Concurrence
La concurrence toujours plus vive sur le marché ne cesse de faire évoluer les normes de
qualité. Les exigences en matière de réduction des temps et des coûts sont toujours plus
élevées. Ceci a donné naissance à de nouveaux processus et techniques de production parmi
lesquels l'UGV.
Compétitivité
La concurrence toujours plus vive sur le marché ne cesse de faire évoluer les normes de
qualité. Les exigences en matière de réduction des temps et des coûts sont toujours plus
élevées. Ceci a donné naissance à de nouveaux processus et techniques de production parmi
lesquels l'UGV.
Matières à usiner
Le développement de nouvelles matières, plus difficiles à usiner, a mis en évidence la
nécessité de trouver de nouvelles méthodes d'usinage. L'industrie aéronautique travaille de
nombreux alliages d'aciers inoxydables et matériaux réfractaires. L'industrie automobile usine
différents composés bimétalliques, de la fonte CGI et un volume croissant de pièces en
aluminium. L'industrie des moules et matrices doit, quant à elle, résoudre le problème de
l'usinage des aciers à outils fortement trempés, de l'ébauche à la finition.
Qualité
La demande pour une qualité de pièces toujours plus élevée résulte d'une concurrence
acharnée. S'il est correctement mis en œuvre, l'UGV offre à cet égard de nombreuses
solutions. Il permet, entre autres, l'élimination de la finition manuelle des pièces qui est
particulièrement importante sur les moules et matrices ainsi que sur les pièces à géométrie 3D
complexe
Processus
L'UGV permet dans une large mesure de satisfaire les exigences en matière de réduction des
temps de production grâce à une réduction du nombre de montages nécessaires et une
simplification du flux dans l'atelier. Un des principaux objectifs de l'industrie des moules et
matrices est de réaliser l'usinage complet de petits outils trempés à cœur en un seul montage.
Les opérations d'électro-érosion longues et coûteuses peuvent ainsi être considérablement
réduites ou éliminées, grâce à l'UGV.

L'usinage à grande vitesse (UGV) est une technique d'usinage caractérisée par des conditions
de coupe quatre à dix fois plus élevées que lors d'usinage conventionnel. Mais cette définition
n'est pas figée car la frontière entre UGV et usinage conventionnel reste floue.

L’usinage à grande vitesse est devenu depuis le début des années 90 un des procédés de
fabrication à la mode, qu’il faut absolument mettre en œuvre et connaître pour pouvoir briller
en société. Outre les aspects marketing qui ont permis de revitaliser le tissu économique de la
fabrication mécanique, l’usinage à grande vitesse possède des caractéristiques très
intéressantes dans le cadre de la réalisation de pièce mécanique de qualité comme dans les
domaines de l’aéronautique et du moule.
Mais vouloir intégrer l’usinage à grande vitesse dans un atelier de fabrication impose aussi de
respecter un certain nombre de contraintes, sans lesquelles, l’opération devient dangereuse et
économiquement peu rentable. Ainsi un des principaux avantages de l’usinage à grande
vitesse est qu’il oblige l’utilisateur à remettre en cause son procédé de fabrication et donc à
mieux le connaître.

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