Vous êtes sur la page 1sur 18

 10-366-R-20

Stratégie thérapeutique dans le traitement


du diabète de type 2
B. Bauduceau, L. Bordier

Pendant des décennies, le traitement du diabète de type 2 était simple. En cas d’insuffisance des mesures
d’optimisation du mode de vie portant sur la diététique et l’activité physique, le recours à la metformine
était habituellement prôné. Si l’objectif glycémique n’était pas atteint, le choix se limitait aux sulfamides ou
à l’insuline pour l’intensification du traitement. La mise sur le marché de nouvelles classes thérapeutiques
et de nouvelles insulines permet aujourd’hui de mieux individualiser les prescriptions médicamenteuses.
Ce progrès est particulièrement bienvenu mais nécessite de bien connaître les différents médicaments
disponibles et de mettre en balance leurs avantages et leurs inconvénients en prenant en compte la
dimension médicoéconomique. Cette démarche nécessite de définir une stratégie thérapeutique qui doit
intégrer à la fois la gestion de l’hyperglycémie chronique mais également la prise en charge de l’ensemble
des facteurs de risque cardiovasculaires. Tous ces progrès ont permis et permettront plus encore d’obtenir
une diminution de l’incidence ou de l’aggravation des complications du diabète.
© 2018 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Diabète de type 2 ; Metformine ; Insuline ; Traitement du diabète de type 2 ;


Facteurs de risque cardiovasculaires

Plan ■ Organiser le choix des différentes classes médicamenteuses 12


Première étape de la prise en charge des patients diabétiques
■ Introduction 1 de type 2 12
Seconde étape : lorsque le traitement par metformine
■ Études permettant d’évaluer le bénéfice d’une normalisation est insuffisant 12
de la glycémie 2 Troisième étape : en cas d’insuffisance d’une bithérapie 13
Études évaluant l’importance de l’équilibre glycémique 2 Quatrième étape : en cas d’insuffisance d’une basale 13
Études évaluant les risques et les bénéfices d’une molécule
■ Situations particulières 13
donnée 2
Jeunes femmes et contraception 13
■ Amélioration du mode de vie : un préalable Grossesse chez une patiente diabétique de type 2 14
et une permanence dans le traitement 3 Traitement hormonal substitutif de la ménopause 14
Diététique 3 Activité physique et adaptation du traitement 14
Activité physique 4 Précarité 14
■ Différentes classes médicamenteuses 4 Voyages 14
Metformine 4 Population musulmane et Ramadan 15
Sulfamides 5 ■ Conclusion 15
Inhibiteurs des alphaglucosidases 6
Inhibiteurs de la DPP-4 6
Inhibiteurs du cotransporteur glucose-sodium de type 2 (iSGLT2) 6
Analogues du GLP-1 7  Introduction
Insuline 7
Pompes à insuline 8 En France, 5 % de la population, soit plus de 3 millions de
Chirurgie bariatrique 8 patients, présentent un diabète de type 2. Plus de 90 % d’entre eux
sont suivis par des médecins généralistes si bien que la prise en
■ Stratégie globale de la prise en charge 8
charge de ces patients constitue pour eux un problème quotidien.
Éducation thérapeutique adaptée faisant intervenir le patient 8
Outre le nombre de ces malades, les difficultés proviennent d’une
Individualiser les objectifs glycémiques selon les patients 9
certaine remise en cause des certitudes médicales portant sur
Éviter les hypoglycémies 10
l’intérêt d’un équilibre glycémique optimal dans la prévention
Prescrire l’automesure glycémique 10
des complications micro- mais surtout macroangiopathiques.
Prendre en charge l’ensemble des facteurs de risque 11
Dans le même temps, la mise sur le marché de nouvelles classes

EMC - Endocrinologie-Nutrition 1
Volume 15 > n◦ 2 > avril 2018
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-1941(18)82762-7

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 15/01/2019 Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
10-366-R-20  Stratégie thérapeutique dans le traitement du diabète de type 2

médicamenteuses complique les arbres décisionnels dans complications microvasculaires de 37 %, des infarctus de 14 % et
l’organisation des traitements et laisse planer un doute quant à des accidents vasculaires cérébraux (AVC) de 12 %.
la sécurité de leur prescription. Le choix des molécules nécessite Dans l’étude observationnelle de suivi de l’UKPDS qui a été pro-
d’évaluer leur efficacité mais également le risque hypoglycémique, longée dix ans de plus, tous les patients ont fait l’objet d’une prise
la prise de poids potentielle, les effets secondaires possibles, la en charge habituelle par leur médecin si bien que le niveau de
durabilité de l’efficacité et leur sécurité cardiovasculaire. Le l’HbA1c est devenu similaire dans les deux groupes. Cependant,
rapport coût-efficacité doit naturellement être pris en compte afin d’analyser les résultats, les groupes initialement « intensif »
mais les dépenses générées par les nouvelles molécules doivent et « conventionnel » ont été évalués de façon séparée. Dans le
intégrer, outre le prix de la boîte du médicament, les frais secon- groupe initialement intensif, les complications microvasculaires
daires comme l’autocontrôle glycémique, les hypoglycémies et ont été réduites de 24 %, la mortalité de 13 % et les infarctus de
leurs conséquences. myocarde de 15 % [5] . Ce dernier chiffre s’élevait à 33 % dans le
Pour répondre à ces questions, les sociétés savantes et la Haute groupe traité initialement par metformine. Ainsi, la persistance de
Autorité de santé (HAS) se sont appuyées sur les très nombreuses cet effet bénéfique à long terme du traitement initialement inten-
études pour établir les recommandations d’une bonne prise en sif a été constatée sur les complications micro- mais également
charge [1, 2] . Malheureusement, les recommandations de la HAS macroangiopathiques, faisant évoquer la notion d’une mémoire
publiées en 2013 sont maintenant dépassées au regard des résul- glycémique.
tats des études récentes. C’est la raison pour laquelle la Société Trois grandes études ont été publiées en 2008 : Veterans Affairs
francophone du diabète (SFD) a rédigé une prise de position actua- Diabetes Trial (VADT), Action in Diabetes and Vascular Disease,
lisée [3] . Perindopril and Indapamide Controlled Evaluation (ADVANCE)
et Action to Control Cardiovascular Risk in Diabetes Study Group
(ACCORD) [6–8] . Les objectifs glycémiques différaient dans ces
 Études permettant d’évaluer trois grandes études et concernaient des populations plus âgées
que celle de l’UKPDS avec une plus grande ancienneté du dia-
le bénéfice d’une normalisation bète tandis que près de 30 % des patients étaient en prévention
secondaire. Le traitement intensif a globalement permis d’obtenir
de la glycémie une diminution des complications microangiopathiques au prix
Deux questions fondamentales se posent dans l’optimisation d’une majoration des hypoglycémies. En revanche, malgré une
de l’équilibre de la glycémie : tendance favorable dans les études ADVANCE et VADT, aucune
• un équilibre glycémique de qualité permet-il de limiter les amélioration significative des complications macrovasculaires,
complications du diabète ? notamment cardiaques, n’a été notée. Ce fait provient très proba-
• peut-on affirmer la parfaite sécurité notamment sur le plan blement de la durée relativement courte de ces études (3 à 5 ans)
cardiovasculaire des nouvelles classes médicamenteuses... mais au regard de celle de l’UKPDS qui a duré 20 ans. Leurs résultats
aussi des plus anciennes ? étaient en effet proches de ceux de l’UKPDS lors des observations
Pour répondre à ces questions, deux types d’études ont été initiales publiées en 1998 alors que dix ans plus tard, dans cette
menés. Les premières se sont attachées à évaluer le bénéfice d’un même étude, la protection cardiovasculaire d’un bon équilibre
équilibre glycémique optimal en comparant une population trai- glycémique est clairement apparue.
tée de façon intensive à un groupe de patients suivis de façon Le suivi de l’étude VADT après une durée globale de suivi de près
habituelle. L’objectif des secondes était de vérifier la sécurité car- de dix ans a confirmé ces données puisque les événements cardio-
diovasculaire du médicament à évaluer, en la comparant à celle vasculaires ont diminué de 17 % dans le bras initialement intensif.
d’un autre groupe de patients dont l’équilibre glycémique était Cependant, la diminution de la mortalité cardiovasculaire de 12 %
identique mais assuré par d’autres classes médicamenteuses. Ce n’a pas atteint le seuil de la significativité [9] .
dernier type d’étude est exigé par la Food and Drug Administra- L’effet de l’équilibre glycémique sur les complications macroan-
tion (FDA) et l’European Medicines Agency (EMA) depuis 2008. giopathiques ne se manifeste donc qu’à long terme contrairement
Cette demande ne concerne pas les anciennes molécules comme à ce qui se passe pour la microangiopathie.
la metformine ou les sulfamides puisque les exigences avant une Enfin, une majoration de la mortalité a été observée dans le
mise sur le marché étaient moins prégnantes qu’aujourd’hui. bras intensif de l’étude ACCORD dont les objectifs glycémiques
étaient les plus ambitieux et pour tout dire déraisonnables. Après
l’arrêt prématuré de cette étude, les HbA1c des deux groupes
Études évaluant l’importance de l’équilibre sont devenues semblables mais la mortalité globale est restée
glycémique plus élevée dans le groupe initialement traité de façon inten-
sive [10] . Cette mortalité s’est avérée plus importante chez les
Ce sont les études les plus anciennes qui ont permis d’affirmer sujets du groupe intensif qui n’avaient pas répondu au trai-
qu’un équilibre glycémique optimal permettait de limiter les tement et n’avaient pas atteint les objectifs. En revanche, les
complications du diabète. Ces études comportent la même sujets qui avaient bien répondu au traitement tiraient bénéfice de
structure et s’intéressent à une population ciblée de patients diabé- l’amélioration de l’HbA1c . Les hypoglycémies, initialement mises
tiques randomisés en deux groupes. Un groupe est traité de façon en cause, semblent en fait un marqueur de la fragilité des patients
intensive avec des objectifs ambitieux en matière de glycémie, plutôt que directement responsables de la majoration des décès.
de pression artérielle ou de lipides tandis que l’autre reçoit un Les conclusions de ces différentes études ont prêté à de nom-
traitement conventionnel. À la fin de l’étude, dont la durée est breuses discussions mettant même en doute l’intérêt d’obtenir
variable, le nombre des événements est comptabilisé permettant un bon équilibre glycémique pour limiter les complications
de conclure à l’efficacité ou non d’une prise en charge intensive. macroangiopathiques alors que l’effet sur la microangiopathie
L’United Kingdom Prospective Diabetes Study (UKPDS) consti- était cependant confirmé (Tableau 1). Toutefois, la méta-analyse
tue la référence en matière de diabète de type 2 [4] . Cette étude publiée en mai 2009 a montré, en regroupant les résultats des
a concerné une cohorte de 4209 patients diabétiques de type 2 études UKPDS, Prospective Pioglitazone Clinical Trial in Macro-
encore jeunes puisqu’ils étaient âgés en moyenne de 53 ans. Après vascular Events (PROACTIVE), ADVANCE, VADT et ACCORD,
10,5 ans de suivi, l’hémoglobine A1c (HbA1c ) était de 7 % dans le qu’un contrôle glycémique intensif réduisait de 15 % l’incidence
groupe traité de façon intensive et de 7,9 % dans le groupe traite- des événements coronaires sans majorer la mortalité [11] .
ment conventionnel. Cette étude a mis en évidence une réduction
de 25 % des complications microvasculaires dans le bras inten-
sif. En revanche, les complications macrovasculaires n’ont pas été Études évaluant les risques et les bénéfices
diminuées de manière significative en dépit d’une tendance à la d’une molécule donnée
réduction des infarctus du myocarde de 16 % dans le groupe inten-
sif. Une analyse complémentaire de l’UKPDS a montré qu’une La question de la sécurité cardiovasculaire de la rosiglitazone
diminution de 1 % de l’HbA1c était associée à une réduction des a suscité une polémique infondée comme l’a montré l’étude

2 EMC - Endocrinologie-Nutrition

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 15/01/2019 Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Stratégie thérapeutique dans le traitement du diabète de type 2  10-366-R-20

Tableau 1.
Différentes études évaluant l’effet de l’équilibre glycémique.
UKPDS UKPDS ACCORD ADVANCE VADT VADT
1998 2008 suivi
Caractéristiques Diagnostic récent > 10 ans > 8 ans > 11,5 ans
du diabète Haut risque Haut risque Haut risque
Âge des patients (ans) 53 62 66 60
Durée de 10 17 3,5 5 6 9,8
suivi (ans)
HbA1c (%) dans les deux bras 7 versus 7,9 7,8 6,4 versus 7,5 6,5 versus 7,3 6,9 versus 8,4 Différence
0,2 à 0,3
Effets sur la Positif Positif Positif Positif Non significatif
microangiopathie (néphropathie)
Effets sur la macroangiopathie Non significatif Positif Non significatif Non significatif Non significatif Positif
Effets sur la mortalité globale Non significatif Positif Négatif Non significatif Non significatif Non significatif

UKPDS : United Kingdom Prospective Diabetes Study ; ACCORD : Action to Control Cardiovascular Risk in Diabetes Study Group ; ADVANCE : Action in Diabetes and
Vascular Disease, Perindopril and Indapamide Controlled Evaluation ; VADT : Veterans Affairs Diabetes Trial.

Rosiglitazone Evaluated for Cardiovascular Outcomes in Oral de vie nécessitent d’être mises en place dès le diagnostic de dia-
Agent Combination Therapy for Type 2 Diabetes (RECORD), en bète mais également maintenues tout au long du suivi ce qui
dehors du risque bien connu d’insuffisance cardiaque avec cette sous-entend une participation active du malade et une éducation
classe médicamenteuse [12] . Cette affaire a jeté une suspicion sur thérapeutique adaptée.
l’ensemble des glitazones en dépit des résultats intéressants bien
que non significatifs de la pioglitazone dans l’étude PROAC- Diététique
TIVE [13, 14] .
Le mode d’alimentation des patients diabétiques est une base
À la suite de cette inquiétude suscitée par la prescription des fondamentale de la prise en charge des patients diabétiques [15] .
classes médicamenteuses originales, la FDA et l’EMA ont demandé Cependant, parler de « régime diabétique » est un terme négatif
aux firmes pharmaceutiques désirant introduire sur le marché inapproprié et contre-productif. Il est préférable d’utiliser le terme
de nouvelles molécules d’effectuer des études de sécurité cardio- de « modification des habitudes alimentaires » plutôt que celui de
vasculaire. La structure de ces études diffère des plus anciennes « régime » qui résonne défavorablement à l’esprit de nombreux
puisqu’elles ne portent plus sur le bénéfice lié à la réduction du patients et semble sonner le glas de toute convivialité.
niveau glycémique mais sur l’effet propre du médicament utilisé. La répartition journalière conseillée est de trois repas au mini-
Ainsi, l’un des bras reçoit la molécule à évaluer et l’autre un trai- mum en respectant si possible des horaires réguliers et en évitant
tement classique. Le niveau de l’HbA1c doit être identique ou du de sauter de repas pour limiter les hypoglycémies, notamment en
moins très proche entre ces deux bras, ce qui amène fréquemment cas de traitement par sulfamide ou par insuline.
à majorer le traitement du groupe contrôle. Ce fait doit être bien La teneur recommandée en glucides est aujourd’hui modulée en
compris, car une lecture rapide des résultats pourrait amener à fonction de la présentation clinique mais devrait s’approcher de
conclure que le médicament n’a pas d’effet sur la glycémie et est 45 % pour couvrir les besoins énergétiques en limitant les excur-
donc sans intérêt. sions hyperglycémiques post-prandiales par la prise en compte de
Toutes les nouvelles classes médicamenteuses se sont donc sou- l’index glycémique des aliments. La consommation de 20 à 30 g
mises à ces directives de façon à démontrer leur sécurité d’emploi de fibres améliore également l’équilibre glycémique. Les lipides ne
et si possible leur apport dans la protection cardiovasculaire des devraient représenter que 35 % de la ration alimentaire mais ce
patients diabétiques de type 2. chiffre est très largement dépassé dans les enquêtes alimentaires
Le critère le plus souvent utilisé est le Major Adverse Cardiac notamment chez les sujets encore jeunes.
Events (MACE) qui regroupe les événements cardiovasculaires Le régime méditerranéen, prôné dans la prévention des mala-
majeurs : décès cardiovasculaire, infarctus du myocarde non fatal dies cardiovasculaires, est probablement capable d’accroître la
et AVC non fatal. longévité lorsqu’il est associé à une activité physique significa-
En revanche, les anciennes classes médicamenteuses n’ont pas tive. Ainsi, une consommation modérée et régulière de poissons,
été et ne seront probablement pas soumises à ce type d’études de fruits, de légumes et d’huile d’olive accompagnée d’un verre
très onéreuses. Ainsi, leur sécurité ne peut être appréciée qu’à la de vin semble favorable pour l’ensemble de la population et pour
lecture des études anciennes mais également à l’aide de registres les patients diabétiques en particulier [15] .
qui reflètent l’utilisation de ces médicaments dans la « vraie vie ». Chez les malades diabétiques âgés, la dénutrition protéique est
L’intérêt d’un équilibre glycémique optimal et la sécurité des très fréquente et peut être aggravée par des mesures diététiques
différentes classes médicamenteuses sont aujourd’hui bien éva- trop rigoureuses. Sans verser dans un total laxisme, les régimes
lués et la revue des différents moyens thérapeutiques peut être restrictifs et les interdits alimentaires doivent être proscrits au
effectuée en mettant en balance les bénéfices, les inconvénients profit d’une alimentation variée et équilibrée. Chez les patients
et également les coûts que ces médicaments induisent. sous insuline, l’injection de quelques unités avant un goûter fes-
tif est parfaitement possible et permet de conserver un lien social
et de garder certains plaisirs de la vie. En corollaire, le contrôle
 Amélioration du mode de vie : et les soins de l’état dentaire sont indispensables pour que l’état
un préalable et une permanence nutritionnel demeure satisfaisant.
En cas de surpoids ou d’obésité, il est capital de définir des
dans le traitement objectifs réalistes et individualisés en réduisant les apports énergé-
tiques de 15 à 30 % car la perte de quelques kilogrammes est déjà
Les mesures non médicamenteuses au cours du diabète sont bénéfique permettant d’améliorer les niveaux glycémique et ten-
celles, à quelques exceptions près, que l’ensemble de la popula- sionnel. Pour cela, il est nécessaire de réduire la consommation de
tion devrait observer. Malheureusement, le suivi régulier de ces matières grasses qui comportent une forte charge en calories. Les
mesures est fréquemment négligé si bien que leur efficacité est régimes restrictifs sont efficaces à court terme mais ces mesures
sous-estimée. Pourtant, une diététique adaptée et le renforcement déraisonnables ne peuvent être suivies plus de quelques semaines
de l’activité physique constituent le préalable indispensable au et aboutissent inévitablement à un rebond et finalement à une
traitement des patients diabétiques. Ces modifications du mode prise de poids.

EMC - Endocrinologie-Nutrition 3

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 15/01/2019 Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
10-366-R-20  Stratégie thérapeutique dans le traitement du diabète de type 2

Les sucres simples doivent être limités surtout au début des repas calculée par la formule très simple : 220 moins l’âge. Un bon repère
car ils entraînent une élévation importante de la glycémie en rai- pour ne pas dépasser ses capacités est de pouvoir parler lors de
son de la rapidité de leur absorption. Les sodas en particulier sont l’exercice physique.
très riches en sucre simple. La prise d’édulcorants intenses comme À ce type d’entraînement en endurance obtenu par la marche
l’aspartame ou le stévia est parfaitement possible si le patient dia- rapide, le vélo ou la natation, doivent s’ajouter deux à trois séances
bétique le souhaite. L’inconvénient est de pérenniser le goût pour hebdomadaires d’activité de renforcement musculaire. Il peut
le sucre mais ces produits sont sans danger et n’entraînent pas de s’agir de manipulation d’haltères ou plus simplement de bou-
sécrétion réactionnelle d’insuline chez les patients diabétiques de teilles d’eau, de flexions des cuisses ou d’abdominaux ainsi que
type 2. En revanche, les édulcorants dits « nutritifs » comme les le soulèvement sur la pointe de pieds ou de step.
polyols contiennent encore du sucre et des calories ce qui doit être L’intervention d’un éducateur sportif, l’inscription dans
connu. Certains aliments dits « allégés » contiennent du fructose, un réseau ou dans un club ainsi que l’utilisation d’outils
un autre sucre qui n’est pas sans risque à forte dose ou ont un technologiques modernes comme les podomètres, favorisent
contenu majoré en graisses comme le chocolat light. la motivation. Les cardiofréquencemètres et les modules
L’alimentation doit donc privilégier les glucides complexes qui d’accompagnement sur internet sont également des outils à ne
apportent une part importante de la ration alimentaire mais éga- pas négliger.
lement sont source de fibres, de vitamines et de minéraux. L’index Une consultation cardiologique est très souhaitable pour les
glycémique des glucides est variable et il est préférable de consom- malades à risque cardiovasculaire qui envisagent de reprendre une
mer des aliments à index glycémique moyen ou bas. Le pain par activité physique soutenue afin d’éviter les accidents coronariens.
exemple a un index glycémique plus élevé que celui des légumi- Une adaptation du traitement est nécessaire, notamment chez
neuses. les patients sous insuline, ce qui nécessite un renforcement de
Les matières grasses doivent être limitées en quantité chez les l’éducation thérapeutique du patient.
patients diabétiques de type 2 car les lipides sont les aliments Enfin, une attention toute particulière doit être portée aux
les plus énergétiques. Ils sont toutefois indispensables car ils malades à haut risque podologique. L’activité physique est favo-
apportent des vitamines dites liposolubles (A-D-E-K) et des acides rable et recommandée chez les patients qui présentent une
gras essentiels. Il convient de distinguer les lipides saturés (graisses artériopathie des membres inférieurs car elle permet de développer
animales, huile de palme) qui doivent être limités et les lipides le système artériel mais elle nécessite des mesures de prévention
mono-insaturés (huile d’olive). Les lipides polyinsaturés, notam- des plaies.
ment riches en oméga 3, sont les plus bénéfiques à une dose Toutes ces mesures portant sur la diététique et l’activité phy-
raisonnable. Ils sont notamment contenus dans l’huile de colza, sique sont efficaces et constituent le préalable indispensable à tout
de noix ou les poissons gras. Les huiles de tournesol ou de maïs traitement médicamenteux chez le patient diabétique. Elles per-
sont très utilisées et sont riches en oméga 6. Un rapport optimal mettent également de limiter le risque de passage du prédiabète au
des omégas 6 sur omégas 3 est de l’ordre de 5 alors qu’il est de diabète. Ainsi, l’étude Diabetes Prevention Programme s’est atta-
10 dans l’alimentation habituelle. chée à évaluer les résultats d’une prise en charge intensive portant
Les protides peuvent être d’origine animale ou végétale et ces sur la diététique et l’activité physique chez des patients intolé-
sources d’apport se complètent en qualité. La consommation rants au glucose en les comparant à des sujets traités par de la
idéale représente 15 % de la ration globale et doit être de l’ordre metformine ou de façon habituelle [16] . Les patients sous mesure
de 1 g/kg de poids du patient. Toutefois, il convient de se méfier hygiénodiététique étaient suivis de façon régulière et faisaient
des graisses cachées qui, par exemple, sont abondantes dans cer- l’objet d’un coaching intensif. Les résultats ont été très brillants
taines viandes. Enfin, en cas d’insuffisance rénale, les apports en puisqu’une diminution de 58 % de la fréquence du passage au
protéines doivent être diminués. diabète a été notée dans le bras « diététique et activité physique »
Ces recommandations ne sont pas toujours facilement assimi- par rapport à la population suivie de façon habituelle. La prise de
lables par tous les patients. Aussi, le recours à une diététicienne metformine a été moins efficace avec simplement une diminution
est d’une aide irremplaçable dans bien des cas. de 31 % du risque de passage à un diabète de type 2.
Malheureusement, pour beaucoup de personnes, ces modifica-
Activité physique tions du mode de vie ne sont pas faciles à accepter et à observer sur
le long terme. Les consultations régulières de suivi sont l’occasion
La pratique régulière d’une activité physique chez tous les de revoir ces principes dans le cadre de l’éducation thérapeutique
patients diabétiques est un témoin de bonne santé et un fac- et d’un échange entre le patient et son médecin.
teur d’amélioration de l’insulinorésistance. L’activité physique
permet de maintenir la force musculaire, d’entretenir les réflexes
et l’équilibre. Enfin, elle préserve l’autonomie et améliore la qua-
lité de vie en proposant une activité de plaisir et en luttant contre  Différentes classes
la dépression, tout en concourant au bon contrôle glycémique. médicamenteuses
Ainsi, une baisse de 0,6 % de l’HbA1c peut être obtenue par trois
entraînements hebdomadaires d’une durée d’une heure. Lorsque ces modifications du mode de vie ne sont pas suf-
Il est donc nécessaire d’identifier les besoins, les souhaits et la fisantes pour parvenir aux objectifs glycémiques ou quand les
motivation du patient, d’évaluer le niveau d’activité habituel et chiffres de glycémie sont très élevés avant leur mise en œuvre,
de conseiller une activité physique ou sportive adaptée. le recours à la pharmacopée s’avère indispensable (Tableau 2). La
L’activité physique ne se limite pas au sport. Les loisirs, la mise récente sur le marché de nouvelles classes médicamenteuses
marche, le jardinage, la danse sont des moyens simples de la permet de mieux individualiser le traitement mais nécessite de
majorer. Tous les types d’activités physiques doivent donc être bien les connaître pour organiser au mieux la démarche théra-
encouragés, en évitant toutefois les sports dangereux, surtout s’ils peutique. La place des glitazones n’est pas développée ici puisque
s’exercent de façon individuelle. Naturellement, l’activité phy- ces médicaments ne sont plus disponibles en France.
sique doit être adaptée à l’état du patient diabétique et la marche
en constitue la base.
Dans la vie courante, il est ainsi possible de majorer son activité Metformine
physique par des moyens simples. Prendre les escaliers plutôt que
les ascenseurs, descendre de l’autobus ou du métro une station La metformine demeure de façon consensuelle le traitement
avant sa destination pour terminer à pied, sont des mesures faciles de première intention, d’autant que son coût est très faible. Cette
à mettre en œuvre pour majorer l’activité physique au quotidien. molécule est efficace et peut être associée à toutes les autres classes.
L’idéal fixé par les recommandations, pour les patients qui Elle offre pour intérêt d’agir sur l’insulinorésistance, de ne pas
le peuvent, est de pratiquer 2 heures 30 par semaine d’activité induire d’hypoglycémies ni de prise de poids.
physique d’intensité modérée. Celle-ci consiste à obtenir une fré- Les effets secondaires sont marqués par des troubles digestifs
quence cardiaque à 50 à 70 % de la fréquence cardiaque maximale qui peuvent nécessiter l’arrêt du traitement si une augmentation

4 EMC - Endocrinologie-Nutrition

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 15/01/2019 Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Stratégie thérapeutique dans le traitement du diabète de type 2  10-366-R-20

Tableau 2.
Différents médicaments utilisables chez les patients diabétiques de type 2 en dehors de l’insuline.
Classes médicamenteuses Dénomination commune internationale Noms commerciaux
® ® ®
Biguanides Metformine Stagid , Metformine , Glucophage
® ®
Inhibiteurs des alphaglucosidases Acarbose, miglitol Glucor , Diastabol
® ® ® ®
Sulfamides Gliclazide, glimépiride, glibenclamide, glipizide Diamicron , Amarel , Daonil , Glibénèse
®
Glinide Répaglinide Novonorm
® ®
Glitazones (ne sont plus commercialisées) Pioglitazone, rosiglitazone Actos , Avandia
® ® ® ®
iDPP-4 ou gliptines Sitagliptine, vildagliptine, saxagliptine Januvia , Xélévia , Galvus , Onglyza
® ® ®
Association metformine–iDPP-4 Sitagliptine, vildagliptine, saxagliptine Janumet , Velmétia , Eucréas ,
®
plus metformine Komboglyze
® ® ®
Inhibiteurs des SGLT2 ou gliflozines (ne sont pas Canagliflozine, empagliflozine, dapagliflozine Invokana , Jardiance , Forxiga
encore commercialisés)
® ® ®
Analogues des GLP-1 Exénatide, liraglutide, lixisénatide Byetta , Victoza , Lyxumia
® ®
Formes hebdomadaires des analogues du GLP-1 Exénatide à libération prolongée, dulaglutide Byduréon , Trulicity
®
Association insuline-analogue du GLP-1 Dégludec associé à liraglutide Xultophy

iDPP-4 : inhibiteurs de la dipeptidyl peptidase 4 ; SGLT2 : cotransporteur glucose-sodium de type 2 ; GLP-1 : glucagon like peptide 1.

progressive des doses et la prise après les repas n’en limitent pas génération comme le glimépiride ou le gliclazide doit être privilé-
l’apparition ou l’intensité. giée d’autant que la prise unique quotidienne permet d’améliorer
La posologie efficace est de 2 g/j et le passage à la dose maxi- l’observance. La posologie doit débuter par une faible dose puis
male de 3 g ne permet pas d’obtenir une nette augmentation de l’intensification du traitement nécessite la prudence et doit se faire
l’efficacité et peut majorer les symptômes digestifs. par paliers.
La prescription de la metformine était en théorie contre- L’étude ADVANCE réalisée chez 11 140 patients diabétiques
indiquée chez les sujets de plus de 80 ans ou en cas d’insuffisance de type 2 a comparé un traitement intensif de la glycémie en
rénale avec un débit de filtration glomérulaire (DFG) inférieur à visant une HbA1c à 6,5 % avec du gliclazide versus un traite-
60 ml/min/1,73 m2 . ment conventionnel avec un objectif d’HbA1c à 7 % [7] . Le critère
À la suite de la modification des résumés des caractéristiques d’évaluation à cinq ans était un composite regroupant des événe-
du produit (RCP), la posologie maximale est aujourd’hui fixée à ments micro- et macroangiopathiques. Le critère principal était
3 g/j pour un DFG supérieur à 60 ml/min/1,73 m2 , à 2 g/j pour atteint, mais essentiellement grâce à une protection vis-à-vis de la
un DFG de 45 à 60 ml/min/1,73 m2 et à 1 g/j pour un DFG de néphropathie. En effet, il n’y a pas eu d’impact de cette stratégie
30 à 45 ml/min/1,73 m2 . En dessous de 30 ml/min/1,73 m2 , la thérapeutique sur les événements macroangiopathiques. Il faut
metformine doit être interrompue de même qu’en cas d’affection noter que dans le bras intensif, les hypoglycémies sévères ont été
intercurrente ou avant la réalisation d’une imagerie nécessitant plus fréquentes que dans le bras conventionnel. Cette étude ne
une injection de produit iodé. Ces mesures de prudence per- permet cependant pas d’apprécier globalement le rôle de la classe
mettent d’éviter la survenue d’une acidose lactique qui est rare des sulfamides puisque ces médicaments étaient présents dans les
mais dont la gravité est redoutée. deux bras.
L’intérêt tout particulier de la metformine dans la protection La prescription d’une autosurveillance glycémique est néces-
cardiovasculaire des patients diabétiques de type 2 avait déjà été saire en cas d’utilisation des sulfamides afin d’adapter la posologie
souligné par les résultats de l’analyse d’un sous-groupe de patients et de dépister d’éventuelles hypoglycémies notamment en fin
obèses dans l’étude UKPDS [17] . En effet, un traitement précoce par d’après-midi. Ces accidents peuvent être silencieux ou de pré-
la metformine dans le groupe intensif permettait de réduire de sentation atypique notamment chez les personnes âgées si
39 % les infarctus du myocarde après dix ans et d’un tiers lors de bien que leur fréquence est largement sous-estimée en pra-
l’étude de suivi. De façon parallèle la mortalité toute cause était tique médicale courante [19] . Les hypoglycémies induites par
également diminuée de façon significative. cette classe médicamenteuse peuvent être prolongées notam-
L’étude du registre Reduction of Atherothrombosis for Conti- ment en cas d’insuffisance rénale, aussi un DFG inférieur à
nued Health (REACH) suggère que la metformine a un effet 40–50 ml/min/1,73 m2 contre-indique leur utilisation. Une atten-
bénéfique sur la mortalité des sujets diabétiques en préven- tion particulière doit être portée sur les risques d’interactions
tion secondaire. Ce bénéfice est observé également dans des médicamenteuses notamment avec les anti-inflammatoires dont
sous-groupes autrefois récusés pour cette option thérapeutique certains sont en vente libre.
comme les patients présentant une insuffisance rénale modé- Les sulfamides favorisent la prise de poids et souffrent enfin
rée ou une insuffisance cardiaque. Ainsi, le taux de mortalité d’un déficit dans la durabilité de l’effet par rapport aux glip-
est réduit de 24 % sous metformine après ajustement des fac- tines ou inhibiteurs de la dipeptidyl peptidase 4 (iDPP-4). Ainsi,
teurs confondants, sur l’ensemble de la population. La diminution si leur efficacité est brillante dans les premières semaines, ce qui
de la mortalité est également observée chez les patients insuf- peut favoriser les accidents hypoglycémiques, les résultats obte-
fisants cardiaques (–31 %), les personnes âgées de 65 à 80 ans nus s’avèrent identiques voire inférieurs à ceux des iDPP-4 après
(–23 %) et les malades présentant une insuffisance rénale modérée 3 à 6 mois d’utilisation [20] . Toutes ces considérations expliquent
(–36 %) [18] . que le maintien du traitement par iDPP-4 soit deux fois supérieur
Ces résultats confirment l’intérêt d’une utilisation très large de à celui par sulfamides dans l’étude ODYSSEE [21] .
la metformine en initiation du traitement mais également en Le répaglinide peut être rapproché des sulfamides en tant
association avec toutes les classes médicamenteuses y compris qu’insulinosécréteur. L’intérêt de cette molécule tient à une plus
l’insuline. courte durée d’action, à une plus grande efficacité sur les glycémies
post-prandiales et à une utilisation possible en cas d’insuffisance
rénale modérée. Toutefois, le répaglinide nécessite plusieurs prises
Sulfamides quotidiennes et n’est pas recommandé, faute d’études, chez les
En cas d’insuffisance de la metformine, la prescription d’une malades de plus de 75 ans. Enfin, tout comme les sulfamides, cette
bithérapie comporte l’ajout d’un sulfamide hypoglycémiant selon molécule est responsable d’hypoglycémies qui peuvent être pro-
les recommandations de la HAS essentiellement pour des rai- longées, alors qu’elle possède à tort une aura de sécurité dans son
sons économiques [2] . L’utilisation des sulfamides de nouvelle utilisation.

EMC - Endocrinologie-Nutrition 5

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 15/01/2019 Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
10-366-R-20  Stratégie thérapeutique dans le traitement du diabète de type 2

Les dernières publications laissent enfin planer un doute quant glycémie mais également en ralentissant la vidange gastrique et
à la sécurité de prescription des sulfamides sur le plan cardiovas- en réduisant l’appétit.
culaire. Dans une grande étude de cohorte suédoise concernant Deux types de classes thérapeutiques ont été développés en
52 760 patients, le risque de maladie cardiovasculaire, les décès s’appuyant sur l’effet incrétine. Les gliptines inhibent la DPP-4
toute cause et les hypoglycémies sévères ont été notés chez des et limitent la dégradation du GLP-1 endogène et les agonistes des
patients recevant une association metformine–sulfamides (77 % récepteurs du GLP-1 qui, du fait de la modification de la séquence
des patients) versus metformine–iDPP-4 (23 % des patients). Le peptidique du GLP-1, sont protégés de leur dégradation par la
risque d’événements cardiovasculaires fatals et non fatals était DPP4.
majoré de 17 % sous sulfamides par rapport aux patients sous Les iDPP-4 restaurent des taux physiologiques de GLP-1,
iDPP-4. Les sulfamides doublent le risque d’hypoglycémie sévère s’administrent per os, ne provoquent pas d’hypoglycémie, ont
et augmentent la mortalité toute cause de 25 %. Parmi cette classe, un impact pondéral neutre et n’entraînent pas de trouble diges-
le glibenclamide était le médicament qui procurait les plus grands tif. Il n’y a pas de modification de la dose en fonction de l’âge.
risques [22] . L’insuffisance rénale modérée n’est pas une contre-indication
Toutefois, l’étude Thiazolidinediones or Sulfonylureas and Car- mais nécessite une adaptation de la posologie pour certaines molé-
diovascular Accidents Intervention Trial (TOSCA.IT) a comparé cules. Toutes ces propriétés rendent cette classe médicamenteuse
les effets de la pioglitazone (non disponible en France) et des très bien adaptée aux malades fragiles ou à risque hypoglycé-
sulfamides chez des sujets à faible risque cardiovasculaire, mal mique.
équilibrés sous metformine mais bien contrôlés pour les autres Par prudence, il est recommandé de ne pas les prescrire chez
facteurs de risque. Aucune différence significative n’a été obser- les patients aux antécédents de pancréatite. Enfin, de rares cas de
vée sur le critère principal composite associant la mortalité toute pemphigoïdes bulleuses et une majoration des arthralgies ont été
cause, les revascularisations coronaires en urgence ainsi que les rapportés au cours de la prise de gliptines [26] .
infarctus et les AVC non fatals. En revanche, les patients sous pio- La parfaite sécurité cardiovasculaire a été établie dans
glitazone ont bénéficié d’une diminution significative de l’HbA1c l’étude Trial Evaluating Cardiovascular Outcomes with Sita-
et du nombre des hypoglycémies mais ont subi une augmentation gliptin (TECOS) avec la sitagliptine [27] . L’étude EXAMINE,
non significative des cas d’insuffisance cardiaque [23] . avec l’alogliptine qui n’est pas commercialisée en France, a
La prudence est donc de réserver les sulfamides aux patients montré une discrète tendance à la majoration des hospitalisa-
à faible risque hypoglycémique et sans antécédents cardio- tions pour insuffisance cardiaque tandis que cette complication
vasculaires en ayant soin de les éduquer à l’autosurveillance s’est avérée significative dans l’étude Saxagliptin Assessment of
glycémique. Vascular Outcomes Recorded in Patients with Diabetes Mellitus-
Thrombolysis in Myocardial Infarction (SAVOR TIMI 53) avec
la saxagliptine [28, 29] . L’explication de ce phénomène fait l’objet
Inhibiteurs des alphaglucosidases de discussions et n’a pas été confirmée dans une large étude de
cohorte portant sur l’ensemble des incrétines [30] . Toutes ces études
La classe des inhibiteurs des alphaglucosidases est bien connue
ont donc démontré l’absence d’effet délétère sur l’apparition des
depuis de nombreuses années. Ses inconvénients sont représen-
événements cardiovasculaires mais sans entraîner leur réduction
tés par une efficacité modérée avec une diminution de l’HbA1c
à équilibre glycémique équivalent, du moins après simplement
de l’ordre de 0,5 % et par des troubles digestifs à type de flatu-
quelques années de recul.
lence ou de diarrhée qui peuvent nécessiter l’arrêt du traitement.
Le principal reproche qui est fait aux gliptines par rapport aux
En revanche, ils offrent l’intérêt d’être peu coûteux, de bien
sulfamides est centré sur le prix de la boîte de médicament. Cette
agir sur les glycémies post-prandiales et de ne pas entraîner
approche ne prend pas en compte la réduction des coûts liée
d’hypoglycémies.
à l’autosurveillance glycémique et aux hypoglycémies. Ce fait
L’étude Study to Prevent Non-Insulin-Dependent Diabetes
a conduit à une certaine restriction de leur utilisation dans les
Mellitus (STOP-NIDDM), antérieure aux récentes demandes des
recommandations de la HAS même si cet argument n’apparaissait
autorités de santé, démontrait l’intérêt d’une prise en charge
pas de façon explicite [2] .
précoce au stade même de l’intolérance aux hydrates de car-
En réalité, depuis la certitude de la parfaite sécurité cardiovascu-
bone. Dans ce travail, l’acarbose a permis de réduire de 49 %
laire des gliptines et en tenant compte de la globalité des frais du
le risque relatif de survenue d’événements cardiovasculaires et
traitement, ces médicaments seront amenés à supplanter la classe
tout particulièrement des infarctus du myocarde [24] . Cependant,
des sulfamides en cas d’insuffisance de la metformine.
l’évaluation du risque cardiovasculaire n’était pas l’objectif prin-
cipal de l’étude qui portait sur la prévention du diabète. Enfin,
le nombre d’événements a été très faible (deux infarctus du myo-
carde dans le groupe acarbose contre 19 dans le groupe placebo). Inhibiteurs du cotransporteur
L’étude Acarbose Cardiovascular Evaluation (ACE) menée en glucose-sodium de type 2 (iSGLT2)
Chine chez 6522 patients coronariens intolérants au glucose était
Cette nouvelle classe médicamenteuse, qui n’est pas encore
donc très attendue. Dans cette cohorte, 3272 patients ont reçu
disponible en France, offre un mode d’action original indépen-
de l’acarbose et 3250 un placebo en plus du traitement habituel
dant de l’action de l’insuline en limitant la réabsorption rénale
de la prévention cardiovasculaire secondaire. Le résultat portant
du glucose. Il est donc possible de l’associer à tous les autres
sur un critère composite (MACE 5 points) n’a montré aucune dif-
médicaments, insuline comprise, avec une efficacité intéressante
férence significative entre les deux groupes. En revanche, les cas
puisqu’elle semble au moins égale à celle des iDPP-4. Ces médica-
de survenue d’un diabète ont été moins fréquents dans le groupe
ments ont également un effet favorable sur le poids, la pression
traité ce qui n’est pas pour surprendre et témoigne de l’efficacité
artérielle et n’entraînent pas d’hypoglycémies.
de l’acarbose sur la glycémie. Ces résultats ne s’inscrivent donc
En revanche, une majoration des effets indésirables est à
pas en faveur de l’efficacité de l’acarbose dans la protection car-
souligner. Les plus communs sont représentés par les mycoses
diovasculaire [25] .
génitales notamment chez les femmes. Les symptômes liés à
l’hypovolémie, conséquence de la majoration de la diurèse,
Inhibiteurs de la DPP-4 quelques cas d’acidocétose chez les patients insulinopéniques
ainsi qu’une tendance à l’augmentation des AVC ont été signalés.
Les iDPP-4 ou gliptines font partie de la classe des incrétines. Le rôle de l’hyperviscosité sanguine liée à l’hémoconcentration
L’effet incrétine qui est diminué chez les patients diabétiques de due à l’effet diurétique a été soulevé pour expliquer cette augmen-
type 2 est lié à l’action du glucagon like peptide 1 (GLP-1). Cette tation du nombre des AVC [31] . Enfin, une majoration des fractures
hormone est sécrétée par certaines cellules intestinales et est phy- et des amputations a été notée avec la canagliflozine.
siologiquement dégradée en quelques minutes par la dipeptidyl Les résultats remarquables de l’étude Empagliflozin Cardio-
peptidase 4. Le GLP-1 agit en augmentant la sécrétion d’insuline vascular Outcome Event Trial in Type 2 Diabetes Mellitus
et en inhibant celle du glucagon de façon adaptée au niveau de la Patients-Removing Excess Glucose (EMPA-REG OUTCOME)

6 EMC - Endocrinologie-Nutrition

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 15/01/2019 Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Stratégie thérapeutique dans le traitement du diabète de type 2  10-366-R-20

montrent pour la première fois dans l’histoire des antidiabétiques Ces résultats remarquables sont confirmés par l’étude SUSTAIN
oraux un effet favorable de l’empagliflozine qui permet d’obtenir 6 avec le sémaglutide, un analogue hebdomadaire du GLP-1 non
une réduction significative de 15 % des événements cardiovas- encore commercialisé, avec une réduction de 26 % du MACE 3
culaires. Cet effet est rapidement obtenu aussi bien à la dose de points au prix d’une majoration de la rétinopathie observée chez
10 que de 25 mg d’empagliflozine. Une diminution remarquable les patients dont l’équilibre glycémique s’est rapidement et spec-
de 38 % de la mortalité cardiovasculaire et de 35 % des hospitali- taculairement amélioré [41] .
sations pour insuffisance cardiaque est également notée [32] . Cette classe médicamenteuse apporte un outil très intéressant
Le mécanisme du bénéfice obtenu sur le plan cardiovasculaire chez les patients diabétiques de type 2 en surpoids, mais elle est
est discuté. Le rôle de l’effet diurétique vient immédiatement à peu utilisée chez les malades très âgés en raison des risques de
l’esprit mais les conséquences de l’élévation du glucagon ont été troubles digestifs susceptibles d’aggraver la dénutrition. D’ailleurs
également évoquées. Plus récemment, l’augmentation discrète de l’expérience de l’utilisation de cette classe médicamenteuse est
la cétonémie et en particulier du ␤-hydroxybutyrate a semblé à très limitée au-delà de 75 ans et n’est donc pas recommandée
l’origine de cet effet favorable. En effet, ce corps cétonique dont surtout chez les patients fragiles.
la concentration sanguine est multipliée par 2 à 3 sous inhibiteurs Enfin, l’association d’un analogue du GLP-1 avec une insu-
du SGLT2, est facilement assimilé et oxydé, renforçant les capa- linothérapie offre un intérêt tout particulier chez les patients
cités métaboliques du myocarde. Ce mécanisme, ajouté à l’effet diabétiques obèses et très insulinorésistants en échec d’une insuli-
diurétique, pourrait contribuer à la diminution des hospitalisa- nothérapie basale. Cette association qui constitue une alternative
tions pour insuffisance cardiaque observées au cours de l’étude à un schéma basal bolus a abouti à la mise sur le marché, sous
®
EMPA-REG OUTCOME [33] . le nom de Xultophy , d’une combinaison dans un même stylo
L’étude Canagliflozin Cardiovascular Assessment Study (CAN- du liraglutide et d’un analogue très lent d’une insuline non com-
VAS) avec la canagliflozine récemment publiée confirme ces mercialisée (dégludec). Le remboursement de ce médicament n’est
résultats favorables avec une diminution de 14 % du critère prin- accordé qu’en substitution d’un traitement déjà établi comportant
cipal au prix d’une majoration des cas d’acidocétose, des fractures de l’insuline et du liraglutide.
et des amputations [34] .
Les résultats de l’étude Dapagliflozin Effect on Cardiovascular
Events (DECLARE) avec la dapagliflozine sont donc très attendus. Insuline
Cette classe médicamenteuse semble aussi apporter une pro-
tection rénale. Dans les études menées avec la canagliflozine en La nécessité d’initier une insulinothérapie au cours du dia-
comparaison avec le glimépiride, une diminution initiale du DFG bète de type 2 est une circonstance fréquente et souvent
était notée dans les quatre premières semaines de traitement. redoutée par les malades. Le passage à l’insuline génère habi-
Cependant, une amélioration du DFG par rapport au sulfamide tuellement beaucoup de réticences en raison des craintes de ce
était observée à partir de la 26e semaine [35] . Dans l’étude EMPA- traitement qui sont imprimées dans l’imaginaire des patients.
REG OUTCOME, une protection rénale a été démontrée avec une Cependant, l’acceptation de l’insuline est le plus souvent acquise
diminution de 46 % du pourcentage des patients ayant présenté après quelques mois en raison de la dédramatisation des injec-
un doublement de la créatinine, la mise en dialyse ou un décès de tions et du bien-être apporté par le traitement. L’initiation de
cause rénale [36] . Le mécanisme de cet effet favorable serait lié à l’insulinothérapie nécessite une éducation thérapeutique adap-
la majoration du sodium parvenant à la macula densa du fait du tée qui, dans l’idéal, doit être fournie au malade lui-même.
blocage de sa réabsorption ce qui induirait une modification de la Le recours à l’entourage ou aux aidants devient indispensable
pression intraglomérulaire. Ces résultats favorables ont été confir- lorsque les fonctions cognitives ou l’autonomie sont alté-
més par l’étude CANVAS avec une diminution de 40 % du critère rées. Cette démarche est indispensable puisque la titration de
composite constitué d’une diminution de 40 % de réduction du l’insulinothérapie constitue le prérequis à l’obtention d’un équi-
DFG, de la mise en dialyse ou du décès de cause rénale. libre glycémique optimal [42–44] .
La mise sur le marché français de cette classe médicamenteuse, Certains arguments incitent à ne pas retarder l’insulinothérapie,
déjà largement commercialisée dans le monde, est donc très atten- voire à l’utiliser d’emblée. Ainsi, les contre-indications aux anti-
due par les médecins français et leurs patients. diabétiques oraux, notamment l’insuffisance rénale, l’importance
du déséquilibre glycémique, la présence de signes d’insulinopénie,
c’est-à-dire une perte de poids en dépit d’une alimentation satis-
Analogues du GLP-1 faisante, la survenue d’un épisode médical aigu lié ou non au
Les analogues du GLP-1 qui nécessitent une ou deux injections diabète, une intervention chirurgicale et certaines situations indi-
quotidiennes ont été enrichis par la mise sur le marché de formes viduelles médicales ou sociales constituent les circonstances les
hebdomadaires et de nouvelles molécules sont en développement. plus habituelles imposant le passage à l’insulinothérapie.
Ces médicaments ont pour intérêt une efficacité qui est supérieure Les objectifs de cette insulinothérapie sont d’améliorer
à celle des antidiabétiques oraux, l’absence d’hypoglycémie et un l’équilibre glycémique en limitant le risque d’hypoglycémie et
effet très favorable sur le poids [37] . de conserver la qualité de vie. L’important est de bien définir
Cette classe médicamenteuse ne remplace naturellement pas l’objectif thérapeutique en l’adaptant à l’état de santé des patients
l’insuline d’autant qu’il existe un certain pourcentage de sujets et de prescrire le schéma et le type d’insuline qui leur conviennent
non répondeurs. Les effets secondaires les plus fréquents sont le mieux avec le moins possible de contraintes (Tableau 3). La
représentés par les troubles digestifs qui s’amendent habituel- HAS recommande, pour des raisons économiques, de débuter de
lement au bout de quelques semaines [38] . En revanche, la préférence par une insuline protamine Hagedorn neutre (NPH)
réalité des complications thyroïdiennes et pancréatiques a pu de durée intermédiaire [2] . La limite de ce type d’insuline est
être complètement écartée. Enfin, la sécurité cardiovasculaire a de ne pas couvrir le nycthémère et de majorer le risque hypo-
été affirmée par les résultats de l’étude Evaluation of Lixisena- glycémique en raison de son pic d’activité maximale vers la
tide in Acute Coronary Syndrome (ELIXA) avec le lixisénatide qui 4e heure. Aussi, comme le montrent de très nombreuses études,
n’est pas commercialisé en France, mais sans montrer de bénéfice les analogues lents de l’insuline prennent une place croissante
particulier [39] . L’étude Liraglutide Effect and Action in Diabetes: dans l’insulinothérapie des patients diabétiques en répondant au
Evaluation of Cardiovascular Outcome Results (LEADER) avec le mieux au cahier des charges du traitement de ces malades. Les
liraglutide a mis en évidence un effet significatif sur le plan car- nouveaux analogues lents de l’insuline glargine 300 et déglu-
diovasculaire chez des patients diabétiques de type 2 à haut risque dec (non commercialisée de façon isolée en France) ont pour
dont 81 % en prévention secondaire avec une réduction de 13 % intérêt d’offrir une plus longue durée d’action, une meilleure
du critère composite principal composé des décès d’origine cardio- stabilité et d’entraîner moins d’hypoglycémies notamment la
vasculaire, des infarctus du myocarde et des AVC non fatals [40] . nuit.
Tous les constituants du MACE se situent dans la zone favo- Les schémas d’insulinothérapie sont guidés par le degré
rable contrairement à l’étude EMPA-REG OUTCOME dont les bons d’autonomie, l’âge physiologique, l’espérance de vie et sont fonc-
résultats sont tirés par le critère « mort cardiovasculaire ». tion de l’objectif glycémique ainsi que des résultats du traitement

EMC - Endocrinologie-Nutrition 7

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 15/01/2019 Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
10-366-R-20  Stratégie thérapeutique dans le traitement du diabète de type 2

Tableau 3. Pompes à insuline


Différentes insulines actuellement disponibles.
Insulines Nom commercial Début Durée
L’utilisation des pompes à insuline est aujourd’hui parfaitement
d’action d’action courante au cours du diabète de type 1. Lors du diabète de type 2,
®
quelques études contrôlées ont permis d’établir l’intérêt de cette
Insulines Umuline rapide 15 à 30 min 5à7h technique par rapport aux multi-injections avec un gain d’HbA1c
®
humaines Insuman rapide de 0,4 %, une réduction des doses d’insuline et sans modifica-
®
rapides Actrapid tion du poids. La prescription d’une pompe est donc justifiée
®
Insulines Umuline NPH 1h 10 à 12 h chez les patients diabétiques de type 2 mal contrôlés sous un
®
humaines Insuman Basal schéma comportant des multi-injections notamment en cas de
®
semi-lentes Insulatard fortes doses d’insuline [48] .
®
Insulines prémix Umuline Profil 30 20 min 10 à 12 h
humaines
®
Chirurgie bariatrique
Insulines prémix Humalog Mix25 et 5 à 10 min 10 à 12 h
analogues 50 La chirurgie bariatrique permet d’obtenir une perte de poids de
®
NovoMix 30, 50 et 15 à 30 %. La technique de dérivation biliopancréatique est la plus
70 efficace au prix d’un geste plus complexe avec une perte de poids
®
Analogues Humalog 5 à 10 min 2à5h prévisible de 30 à 40 %. L’amélioration de l’équilibre glycémique
®
rapides Apidra et la rémission du diabète définie par une HbA1c inférieure à 6 %,
®
NovoRapid une glycémie à jeun inférieure à 1 g/l et l’arrêt des antidiabétiques
Analogues lents Lantus
®
1à2h 20 à 24 h oraux depuis plus d’un an, sont fonction de cette perte de poids.
® La mise en place d’un anneau ou la sleeve gastrectomie per-
Levemir 14 à 20 h
®
mettent d’obtenir une rémission initiale du diabète dans près de
Abasaglar 20 à 24 h la moitié des cas. Comme pour la perte de poids, ce sont les tech-
(biosimilaire de niques de bypass et la dérivation biliopancréatique qui sont les
®
Lantus )
® ®
plus efficaces avec une rémission dans plus de 80 % des cas [49, 50] .
Analogues très Toujeo (Lantus à 1à2h 30 h Cependant, les effets indépendants de la perte de poids, comme
lents 300 ui/ml) les modifications des sécrétions hormonales et du microbiote,
®
Tresiba (dégludec Plus de 40 h sont également importants dans l’amélioration du niveau gly-
non commercialisé) cémique qui est très rapide et précède l’amaigrissement. Ce fait
impose une surveillance rapprochée après l’intervention et un
allègement, voire une interruption du traitement afin d’éviter les
accidents hypoglycémiques.
antérieur. Rien ne doit être immuable et une modification du Les éléments défavorables à une rémission complète sont
traitement est rapidement nécessaire lorsque les objectifs ne sont représentés par une longue durée d’évolution du diabète, un
pas atteints, en cas d’hypoglycémies ou lorsque le schéma thé- mauvais contrôle glycémique préopératoire et l’utilisation initiale
rapeutique entraîne trop de contraintes pour le malade. Si tous d’insuline. Tous ces cas de figures témoignent d’un déficit profond
les schémas d’insulinothérapie sont possibles, l’injection unique de l’insulinosécrétion qui ne peut plus être compensé par la perte
d’un analogue lent est la façon la plus simple et la plus sûre de poids.
de débuter une insulinothérapie comme l’a démontré l’étude 4T Malheureusement, cette rémission n’est pas synonyme de guéri-
comparant les résultats obtenus avec une basale, deux prémix son. Dans l’étude Swedish Obese Subjects (SOS), 72 % des patients
ou trois analogues rapides [45] . L’injection de basale peut se faire sont en rémission à deux ans et ne sont plus que 36 % après dix
au coucher ou le matin en fonction des circonstances, des préfé- ans de suivi toutes procédures chirurgicales confondues, ce qui
rences du malade ou de son profil glycémique. Lorsque le recours cependant reste un chiffre qui n’est pas négligeable [50] .
à une infirmière est indispensable, il est préférable de privilégier La chirurgie métabolique peut donc être proposée chez les
l’injection du matin pour des raisons pratiques [46] . Afin de limi- patients diabétiques de type 2 obèses avec un indice de masse cor-
ter les risques d’hypoglycémie, accident qui peut entraîner un porelle (IMC) supérieur à 35 kg/m2 , en cas de diabète mal équilibré
rejet définitif lorsqu’il survient en début de traitement, la dose et en l’absence de contre-indication à ce type d’intervention.
initiale est habituellement fixée à 10 unités. Lorsque l’injection
est effectuée le soir, le but est d’obtenir une glycémie le matin à
jeun de 1,30 g/l ce qui correspond à un objectif d’HbA1c de 7 %.
La dose d’insuline doit être progressivement augmentée de 2 uni-  Stratégie globale de la prise
tés tous les trois jours jusqu’à parvenir à ce chiffre de 1,30 g/l. en charge
En cas d’hypoglycémie, la posologie doit être immédiatement
diminuée de 4 unités. En cas de discordance entre de bonnes Cet objectif passe par cinq démarches essentielles permettant
glycémies à jeun et une HbA1c qui reste trop élevée, le contrôle d’aboutir à une décision partagée avec le patient qui aura été par-
et la prise en charge des glycémies post-prandiales deviennent faitement informé des avantages et des inconvénients de chaque
indispensables [47] . classe médicamenteuse.
En l’absence de contre-indication, il est préférable de poursuivre
la prescription de la metformine. Les autres antidiabétiques oraux,
sulfamides et iDPP-4, peuvent être interrompus dès l’introduction Éducation thérapeutique adaptée faisant
de l’insulinothérapie ou progressivement diminués de façon à évi- intervenir le patient
ter un rebond hyperglycémique. La poursuite des analogues du
GLP-1 peut se justifier chez les patients qui ont favorablement Les progrès réguliers notés ces dernières décennies dans la qua-
répondu sur le plan pondéral. lité de la prise en charge des patients diabétiques ne tiennent pas
Dans certaines conditions, chez des patients autonomes, le uniquement aux améliorations de la pharmacopée, de la techno-
recours d’emblée à deux injections de prémix est licite comme logie et de l’analyse des résultats des grandes études. En effet, la
cela est indiqué dans la prise de position de l’American Diabetes prise en compte des facteurs humains dans le cadre de l’éducation
Association (ADA) et de l’European Association for the Study of thérapeutique est à l’évidence un point central. Cette démarche
Diabetes (EASD) ADA-EASD [1] . L’avantage de ce schéma est de per- doit se fonder sur un échange d’informations sur les différentes
mettre d’obtenir deux niveaux de basale en privilégiant la dose du options thérapeutiques possibles et aboutir à une décision médi-
matin. La composante d’analogue rapide contenue dans les pré- cale partagée et acceptée à la fois par le patient et le soignant [51] .
mix permet de limiter les excursions glycémiques post-prandiales Ainsi, l’éducation thérapeutique ne doit pas se réduire à une trans-
du matin et du soir. mission des connaissances sur la maladie et sur sa prise en charge

8 EMC - Endocrinologie-Nutrition

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 15/01/2019 Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Stratégie thérapeutique dans le traitement du diabète de type 2  10-366-R-20

Figure 1. Éléments de décision dans la détermination des


HbA1c
Plus rigoureux Moins rigoureux objectifs selon la prise de position des sociétés américaine et
7%
européenne du diabète (American Diabetes Association [ADA]
et European Association for the Study of Diabetes [EASD]).
Risque
Bas Élevé
hypoglycémique

Diagnostic récent Ancien


Durée du diabète
Généralement
non
Élevée Courte
Espérance de vie modifiables

Absentes Sévères
Comorbidités

Complications
Absentes Sévères
cardiovasculaires

Motivation
Très motivé Peu motivé
du patient Potentiellement
modifiables
Disponibles Limitées
Ressources

au quotidien. Le patient doit être acteur de ses soins dans le cadre heureuse initiative viennent du fait que les patients qui adhèrent
d’un partenariat avec l’équipe soignante, ce qui doit notamment à ce programme ne sont pas ceux qui en ont le plus besoin.
permettre l’amélioration de l’observance. Cet objectif nécessite Quoi qu’il en soit, l’éducation thérapeutique est indispensable
pour le soignant de bien analyser le stade d’acceptation de la à la qualité de la prise en charge des maladies chroniques et du
maladie et d’élaborer un diagnostic éducatif. Ainsi, en partant des diabète en particulier. Elle nécessite du temps et la compétence
connaissances du malade et de ses souhaits, il est possible de cons- des équipes pour aboutir à un véritable partenariat entre les soi-
truire avec lui, dans un véritable partenariat, un projet éducatif gnants et les patients qui, d’une attitude passive, doivent devenir
personnalisé en favorisant son autonomie. Le plan d’action doit de véritables acteurs pour améliorer la qualité de leurs soins.
aboutir à la mise en place d’objectifs réalisables en valorisant les
acquis du patient et en associant l’entourage si cela s’avère néces-
saire. Cette approche originale replace le malade au centre de la Individualiser les objectifs glycémiques selon
démarche de soin et permet ainsi d’améliorer la qualité de la prise
en charge.
les patients
La technique de l’entretien motivationnel se développe et favo- Les objectifs glycémiques nécessitent d’être individualisés selon
rise les échanges entre le patient et le soignant. Elle fonctionne des critères définis dans la prise de position des sociétés américaine
sous la forme de questions ouvertes, de renforcement positif et européenne du diabète (American Diabetes Association [ADA]
ou de reformulation des déclarations du patient diabétique. Les et European Association for the Study of Diabetes [EASD]) [1, 2] .
encouragements sur des acquis même minimes permettent une Certains de ces paramètres sont modifiables comme la motivation
progression dans les modifications du mode de vie. du patient, d’autres ne le sont pas comme la durée du diabète ou
Les objectifs à atteindre au cours de ces échanges sont multiples l’espérance de vie (Fig. 1). Quoi qu’il en soit, l’objectif d’HbA1c ne
et concernent notamment l’amélioration du mode de vie, la mise doit pas se situer au-dessous de 6 % au vu des résultats de l’étude
en place d’une autosurveillance glycémique en cas de traitement ACCORD.
à risque hypoglycémique, l’adaptation des doses d’insuline et la La HAS est en phase avec ces considérations et souligne, elle
technique d’injection ainsi que la prévention des plaies des pieds. aussi, la nécessité d’individualiser les objectifs glycémiques en
Cette démarche, pour être efficace, doit impliquer le patient et fonction de l’état de santé global du patient (Tableau 4) [2] .
aboutir à une décision médicale partagée [3] . Les techniques mises • Pour la plupart des patients diabétiques de type 2, une cible
en œuvre peuvent consister en des entretiens individuels ou des d’HbA1c inférieure ou égale à 7 % est recommandée et le traite-
séances réunissant plusieurs patients, ce qui facilite les échanges. ment médicamenteux doit être instauré ou réévalué si l’HbA1c
Le point essentiel est que cette éducation doit être multidisci- est supérieure à 7 %. Ce chiffre de 7 % correspond globalement
plinaire, continue et répétée tout au long de l’histoire du sujet à une glycémie moyenne de 1,50 g/l, à des glycémies à jeun
diabétique. à 1,30 g/l et à des glycémies deux heures après les repas de
La loi Hôpital, patients, santé et territoire (HPST) s’est clai- 1,80 g/l [1] .
rement positionnée sur ce point dans son article L.1161-1 : • Pour les patients diabétiques de type 2 dont le diabète est nou-
« L’éducation thérapeutique s’inscrit dans le parcours de soins du vellement diagnostiqué, dont l’espérance de vie est supérieure à
patient. Elle a pour objectif de rendre le patient plus autonome en 15 ans et sans antécédent cardiovasculaire, un objectif d’HbA1c
facilitant son adhésion aux traitements prescrits et en améliorant inférieur ou égal à 6,5 % est préconisé.
sa qualité de vie (...) ». • Pour les patients diabétiques de type 2 avec d’autres affec-
Malheureusement, force est de constater les insuffisances dans tions graves ou une espérance de vie limitée ou présentant
la mise en place de l’éducation thérapeutique. Ce fait tient au des complications sévères ou une longue durée d’évolution du
déficit de formation des soignants, au manque de temps pour sa diabète (plus de 10 ans) ou si la cible de 7 % est difficile à
mise en place et à son manque de financement. atteindre et que l’intensification du traitement provoque des
Pour pallier ce déficit, Sophia, qui est un service hypoglycémies, un objectif d’HbA1c inférieur ou égal à 8 % est
d’accompagnement des patients diabétiques, a été mis en recommandé.
place par l’Assurance maladie [52] . Sophia propose gratuitement • Chez les patients âgés, les objectifs doivent être fixés en
un soutien, des informations et des conseils personnalisés, adap- fonction de la présentation clinique et de l’évaluation géron-
tés à la situation et aux besoins de chacun. Les limites de cette tologique standardisée. Chez les patients diabétiques qui ont

EMC - Endocrinologie-Nutrition 9

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 15/01/2019 Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
10-366-R-20  Stratégie thérapeutique dans le traitement du diabète de type 2

Tableau 4. Tableau 5.
Objectifs d’hémoglobine A1c (HbA1c ) selon la Haute Autorité de santé. Indications et modalités de l’autosurveillance glycémique selon la Haute
Autorité de santé (HAS).
Pour la plupart des patients HbA1c inférieure ou égale à 7 %
diabétiques de type 2 Indication Rythme de la surveillance
Pour les patients diabétiques de HbA1c inférieure ou égale à 6,5 % Diabète de type 1 Au moins quatre par jour
type 2 Diabète de type 2
- dont le diabète est nouvellement
Insulinothérapie en cours Au moins quatre par jour si le
diagnostiqué
schéma est identique à celui d’un
- et dont l’espérance de vie est
diabète de type 1
supérieure à 15 ans
De deux à quatre par jour sinon
- et sans antécédent
cardiovasculaire Insulinothérapie prévue De deux à quatre par jour
Pour les patients diabétiques de HbA1c inférieure ou égale à 8 % Traitement par insulinosécréteur De deux par semaine à deux par
type 2 jour
- avec d’autres affections graves ou Traitement n’atteignant pas De deux par semaine à deux par
une espérance de vie limitée l’objectif thérapeutique jour
- ou avec des complications graves Diabète gestationnel Au moins quatre par jour
du diabète
- ou une longue durée d’évolution
du diabète (plus de 10 ans)
- ou si l’intensification du Prescrire l’automesure glycémique
traitement provoque des
hypoglycémies L’autosurveillance glycémique constitue un progrès considé-
Pour les patients diabétiques de type 2 âgés rable dans la prise en charge et la surveillance des patients
diabétiques puisqu’elle doit permettre aux malades d’adapter
- vigoureux en bonne santé HbA1c inférieure ou égale à 7 %
leur traitement de façon à parvenir aux objectifs d’équilibre gly-
- fragile HbA1c inférieure ou égale à 8 % cémique. Cette technique permet d’éviter et de dépister, non
- très malades ou dépendants HbA1c inférieure à 9 % seulement les épisodes d’hyperglycémie mais surtout les acci-
dents hypoglycémiques qui sont particulièrement redoutés. Cette
surveillance doit s’exercer notamment lors de la modification
réussi leur vieillissement, la cible d’HbA1c est identique à celle de l’alimentation, au cours des épisodes aigus qu’ils soient liés
des sujets plus jeunes, c’est-à-dire inférieure ou égale à 7 %. Pour ou non au diabète ou encore en cas d’introduction de médica-
les malades fragiles, l’HbA1c doit être inférieure ou égale à 8 % ments pouvant créer des interférences ou déséquilibrer le diabète
et doit se situer au-dessous de 9 % pour les patients considérés comme les corticoïdes. Il s’agit également d’un outil pédago-
comme « malades ». gique qui renseigne le patient sur l’impact de l’alimentation et
Toutes les études démontrent qu’il est indispensable de traiter de l’exercice physique, ce qui favorise l’observance des mesures
les patients diabétiques et de les maintenir à un niveau d’HbA1c hygiénodiététiques et des médicaments. Enfin, cette technique
qui doit être fixé en fonction du contexte. Cette stratégie inten- améliore l’équilibre glycémique en permettant d’adapter les doses
sive nécessite d’être précoce mais non brutale. Elle doit éviter les d’insuline et de titrer, c’est-à-dire de majorer progressivement la
hypoglycémies et s’associer à un contrôle rigoureux des autres fac- posologie, des sulfamides hypoglycémiants.
teurs de risque cardiovasculaires. L’HbA1c est donc, aujourd’hui Naturellement, l’idéal est que le sujet effectue lui-même
comme hier, un objectif essentiel dans la gestion du diabète, mais l’autosurveillance glycémique et qu’il adapte son traitement.
il ne doit pas être considéré isolément et nécessite de s’intégrer Lorsque cela n’est pas possible, il est nécessaire de bien définir
dans une prise en charge globale des patients diabétiques de qui effectuera cette surveillance. Il peut s’agir du conjoint, d’un
type 2. proche ou d’un aidant. Chez les malades dépendants et isolés,
ce rôle est habituellement confié à l’infirmière qui réalise dans
Éviter les hypoglycémies le même temps la distribution des médicaments et l’injection
d’insuline.
Parmi les accidents iatrogènes, l’insuline et les insulinosé- ®
Le FreeStyle Libre est un lecteur de glycémie en continu uti-
créteurs (sulfamides et glinides) se situent respectivement à la lisable après l’âge de 4 ans. Il ne nécessite pas de prélèvement
seconde et à la quatrième place des médicaments responsables capillaire et permet d’obtenir un résultat de façon instantanée. Ce
d’une hospitalisation aux États-Unis. Les conséquences cliniques nouveau système, qui a nettement amélioré la qualité de vie des
directes des hypoglycémies sont loin d’être anecdotiques. En effet, patients diabétiques de type 1, peut être prescrit et remboursé aux
dans une étude menée à Taïwan chez 77 611 patients diabétiques patients diabétiques de type 2 traités par au moins trois injections
de type 2, les hypoglycémies majoraient le risque d’AVC d’un d’insuline par jour ou par une pompe. La prescription initiale doit
facteur 2,5, la maladie coronaire de 2,3 et la mortalité cardiovas- être réalisée par un diabétologue et nécessite pour le malade une
culaire de 3,5 [53] . formation initiale pour la mise en place du système ainsi que pour
Les populations de patients diabétiques âgés sont également l’interprétation et l’utilisation des données.
exposées sur le plan cognitif puisque la survenue d’hypoglycémies Tous ces avantages ont conduit la HAS à recommander
sévères double le risque de démence et que l’existence d’une l’automesure glycémique chez tous les diabétiques traités par
démence multiplie par 3 l’incidence des accidents hypoglycé- des médicaments susceptibles d’induire des hypoglycémies
miques graves [54] . (Tableau 5).
Dans les grandes études et notamment dans ACCORD, la fré- Chez les patients diabétiques de type 2 recevant des
quence des hypoglycémies s’est avérée supérieure chez les patients médicaments qui n’entraînent pas d’hypoglycémie comme la
diabétiques des groupes traités de façon intensive. Toutefois, la metformine ou les incrétines, l’automesure de la glycémie est
preuve du lien entre ces hypoglycémies et la mortalité exagé- inutile et n’est pas recommandée par la HAS. En revanche, les
rée dans le bras intensif de l’étude ACCORD n’a pu être établie patients diabétiques de type 2 traités par des insulinosécréteurs
de façon formelle. Cependant, ces accidents hypoglycémiques (sulfamide ou glinide) doivent bénéficier de ce moyen de contrôle
majorent le risque d’événements et la mortalité cardiovasculaire permettant de dépister les hypoglycémies et d’adapter la dose du
dans l’étude VADT. La constatation de troubles du rythme au médicament lors de la titration. La détermination de la glycémie à
cours des hypoglycémies sévères invite d’ailleurs à la prudence. des heures différentes de la journée et tout particulièrement en fin
Il ne faut donc pas minimiser les conséquences potentiellement d’après-midi est intéressante car elle représente la valeur la plus
graves de ces accidents, ce qui invite à la prescription des classes basse de la journée. Le risque hypoglycémique est donc faible tant
médicamenteuses qui ne comportent pas ce type de risque. que les chiffres sont acceptables à cette heure-là. La fréquence de

10 EMC - Endocrinologie-Nutrition

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 15/01/2019 Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Stratégie thérapeutique dans le traitement du diabète de type 2  10-366-R-20

la réalisation des glycémies est de deux par semaine à deux par Dyslipidémie
jour pour un total de 200 par an qui limite le remboursement des
La constatation d’une dyslipidémie est particulièrement fré-
bandelettes.
quente chez les patients diabétiques de type 2. En dépit des
Chez les patients diabétiques de type 2 recevant un traitement
campagnes médiatiques scandaleuses de ces dernières années,
complexe par insuline, les glycémies capillaires doivent être déter-
le bénéfice des statines n’est plus à démontrer [60] . Les objec-
minées au moins quatre fois par jour et sans limite, tout comme
tifs en termes de low density lipoprotein (LDL) cholestérol se sont
chez les personnes diabétiques de type 1.
d’ailleurs durcis ainsi que l’a confirmé la dernière mise au point des
En revanche, en cas d’insulinothérapie ne comportant qu’une
sociétés savantes françaises [61] . Ainsi, le seuil de déclenchement
seule injection, notamment chez les sujets âgés, deux à quatre
du traitement, diététique puis médicamenteux, est maintenant
contrôles par jour sont suffisants [55] .
confondu et fixé à 1 g/l de LDL pour les patients à risque car-
Le remboursement est assuré pour les lecteurs de glycémie sur la
diovasculaire élevé en prévention primaire et à 0,70 g/l chez les
base d’un appareil tous les quatre ans et d’un autopiqueur chaque
malades à très haut risque ou en prévention secondaire. Toute-
année.
fois, la dyslipidémie des patients diabétiques comporte également
une élévation des triglycérides et une diminution du high den-
Prendre en charge l’ensemble des facteurs sity lipoprotein (HDL) cholestérol ce qui explique pour partie la
présence d’un surrisque résiduel après normalisation du LDL
de risque cholestérol.
Les résultats des grandes études publiées ces dernières années
confirment l’importance de normaliser la glycémie des patients Tabac
diabétiques. La prise en charge doit également associer un
contrôle rigoureux des autres facteurs de risque cardiovasculaires Il joue un rôle néfaste bien connu puisqu’il est responsable de
pour ceux qui sont modifiables. La détermination du risque car- 60 000 décès chaque année en France. Outre sa responsabilité dans
diovasculaire global nécessite l’utilisation d’équations ou de tables la survenue de différents cancers, il favorise l’apparition du dia-
comme celle de SCORE pour l’Europe du Sud qui est actuellement bète et concourt à l’apparition des maladies cardiovasculaires. Son
recommandée [56] . Cette table évalue le risque cardiovasculaire rôle est particulièrement marqué chez les patients diabétiques en
fatal à dix ans exprimé en pourcentage en fonction du sexe, de aggravant la macroangiopathie mais également la microangiopa-
l’âge, du tabagisme, de la pression artérielle systolique et de la thie. L’arrêt du tabagisme est donc un objectif majeur de la prise
cholestérolémie totale. en charge des patients diabétiques.

Hypertension artérielle (HTA) Prescription des antiagrégants plaquettaires


L’HTA est très fréquemment associée au diabète de type 2 et Chez les patients diabétiques de type 2 en prévention pri-
cette prévalence se majore avec l’âge. Ainsi, dans l’étude Entred, maire mais à haut risque cardiovasculaire (défini par un risque
plus de 70 % des sujets au-delà de 85 ans avaient une pression de décès supérieur à 5 % sur l’échelle SCORE), la prescription
artérielle qui dépassait 140/90 mmHg. L’amélioration de la prise d’une monothérapie par aspirine à la dose de 75 à 160 mg/j est
en charge du contrôle de la pression artérielle, constatée entre les indiquée.
enquêtes menées en 2007 et 2011, a participé sans aucun doute à En cas de prévention secondaire, l’antiagrégation plaquettaire
la diminution de l’incidence des événements cardiaques, des AVC est nécessaire en monothérapie par aspirine après un AVC, en
et des démences [57] . cas d’artériopathie ou de coronaropathie stable. Une bithérapie
Les dernières recommandations émises par la Société française antiagrégante doit être prescrite dans les suites d’un syndrome
d’hypertension artérielle ont pour mérite de simplifier le mes- coronaire aigu, un infarctus du myocarde ou après pose d’un
sage et de le rendre ainsi plus efficace [58] . Chez tous les sujets, stent [62] .
qu’ils soient diabétiques ou non, l’HTA se définit pour des chiffres L’étude STENO 2 illustre parfaitement l’intérêt d’un contrôle
dépassant 140 mmHg pour la maxima et/ou 90 mmHg pour la optimal des facteurs de risque cardiovasculaires. Cette étude
minima. L’importance de l’hypertension systolique même iso- a été menée chez 160 sujets diabétiques de type 2 microal-
lée doit être soulignée, notamment chez les sujets âgés, justifiant buminuriques, âgés en moyenne de 55 ans, répartis en deux
un traitement pour des chiffres dépassant 150 mmHg. Les objec- groupes, traités de façon conventionnelle ou intensive, por-
tifs de la pression artérielle chez tous les sujets, y compris chez tant sur l’équilibre glycémique et la lutte contre les facteurs de
les patients diabétiques, se situe entre 130 et 139 mmHg pour risque cardiovasculaires. Au bout de 7,8 ans de suivi, on notait
la systolique et au-dessous 90 mmHg pour la diastolique. Au- une réduction des complications macroangiopathiques de 53 %,
delà de 80 ans ou chez les sujets fragiles, le but du traitement de la rétinopathie de 58 % et de la néphropathie de 61 %.
est d’obtenir une pression systolique inférieure à 150 mmHg. L’étude d’observation qui a suivi pendant 5,5 ans portant sur
Dans le cas de figure où la pression de départ est très élevée, les 130 diabétiques de type 2 survivants confirme cet effet spec-
une baisse de 30 mmHg constitue déjà un objectif raisonnable. taculaire avec une réduction de la mortalité cardiovasculaire de
Les mesures non médicamenteuses sont efficaces, mais diffi- 57 % [63] . Ces données sont confirmées par la comparaison des
ciles à mettre en place et le régime désodé strict doit être études Entred menées en 2001 et 2017 chez des patients dia-
évité. bétiques de type 2. Ces études objectivent une diminution des
Le choix de la monothérapie initiale dépend de la pathologie taux de décès standardisés sur l’âge passant chez les hommes
associée et de la tolérance prévisible de la classe médicamenteuse. de 48,5 ‰ à 35,8 ‰ et de 30,5 ‰ à 27,1 ‰ chez les femmes.
Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), les antago- Cependant, il persiste un excès de mortalité par rapport à la popu-
nistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARA2) et les bloqueurs lation générale de 34 % pour les hommes et de 51 % chez les
calciques associés si besoin aux diurétiques constituent les médi- femmes [64] .
caments les plus souvent utilisés. Le rôle des médecins généralistes est naturellement central
La surveillance clinique à la recherche d’une hypotension dans ce domaine puisqu’ils sont amenés à suivre la très grande
orthostatique et le contrôle biologique portant sur la créatinine, majorité des diabétiques de type 2. Une collaboration étroite
la natrémie et la kaliémie sont indispensables. avec les diabétologues et les cardiologues est à l’évidence indis-
L’étude UKPDS montrait déjà clairement que la réduction pensable pour améliorer la prise en charge de ces si nombreux
des chiffres de pression artérielle était essentielle et permettait malades.
d’intervenir favorablement sur les complications micro- et macro- Une récente mise au point de l’Académie de médecine a per-
vasculaires [59] . L’étude ADVANCE a confirmé ce fait, en montrant mis de clore, espérons définitivement, la polémique engagée sur
en particulier qu’une prise en charge intensive portant sur la l’absence d’intérêt d’un équilibre glycémique optimal chez les
glycémie et la pression artérielle réduisait de façon additive la patients diabétiques et de préciser l’importance d’une prise en
néphropathie et la mortalité globale [7] . charge multifactorielle [65] .

EMC - Endocrinologie-Nutrition 11

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 15/01/2019 Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
10-366-R-20  Stratégie thérapeutique dans le traitement du diabète de type 2

Alimentation équilibrée : attention à la


dénutrition chez les sujets âgés
Activité physique : raisonnable et adaptée

Metformine Intolérance Sulfamide ou iDPP-4


Monothérapie En l’absence de contre-indications chez les fragiles
rénales et d’intolérance (non remboursé)

Objectif non atteint

Malades fragiles Malades Malades obèses


ou à risque en ou prévention
hypoglycémique « bonne santé » secondaire

Metformine Contre-indication :
Metformine Metformine insuffisance rénale sévère
Bithérapie + analogue du GLP-1 (obèse)
+ iDPP-4 + sulfamides
Liraglutide (prévention secondaire) Déséquilibre majeur

Objectif non atteint

Trithérapie Insuline
Metformine + Metformine +
ou analogue
sulfamides + analogue du Habituellement par
GLP-1 ou
iDPP-4 GLP-1 injection d’une basale
insuline

Objectif non atteint

Figure 2. Arbre décisionnel. Stratégie thérapeutique chez les patients diabétiques de type 2. GLP-1 : glucagon like peptide 1 ; iDPP-4 : inhibiteurs de la
dipeptidyl peptidase 4.

 Organiser le choix En revanche, un niveau glycémique initial élevé peut justifier


d’emblée la prescription d’une bithérapie orale. Une insulino-
des différentes classes thérapie transitoire s’avère souvent initialement nécessaire en
cas d’hyperglycémie majeure mais peut être remplacée secon-
médicamenteuses dairement par une thérapeutique orale après réduction des
La hiérarchisation des traitements nécessite de l’adapter au phénomènes de glucotoxicité. En revanche, la présence de signes
malade dans le cadre d’une individualisation qui est prônée par d’insulinopénie ou l’existence d’une insuffisance rénale sévère
tous (Fig. 2). Les paramètres qui doivent guider le choix sont mul- incitent à débuter sans tarder une insulinothérapie définitive.
tiples prenant en compte notamment l’état clinique du malade,
le risque hypoglycémique et la dimension économique. Dans ce Seconde étape : lorsque le traitement
but, il est indispensable d’éviter l’empilage des molécules dont
l’efficacité s’est révélée médiocre. Ainsi, en dehors de la metfor- par metformine est insuffisant
mine et de l’insuline qui doivent être habituellement poursuivies,
En cas d’insuffisance de la metformine, la prescription d’une
la prescription des autres classes médicamenteuses doit être inter-
bithérapie peut comporter l’ajout d’un sulfamide hypoglycémiant
rompue 3 à 6 mois après le début du traitement si le gain d’HbA1c
selon les recommandations de la HAS essentiellement pour des
s’avère inférieur à 0,5 % en l’absence d’une cause identifiée de
raisons économiques.
déséquilibre ou d’une mauvaise observance. La récente prise de
Cependant, chez les patients fragiles ou à risque hypoglycé-
position de la SFD s’appuie sur tous ces principes [3] .
mique, la prescription des iDPP-4 en association à la metformine
paraît une solution aussi efficace, sans danger mais plus coûteuse
Première étape de la prise en charge si l’on ne considère que le prix de la boîte de médicament. Il
existe d’ailleurs des combinaisons fixes metformine–iDPP-4 avec
des patients diabétiques de type 2 les différentes molécules disponibles sur le marché, ce qui favorise
L’amélioration du mode de vie portant sur la diététique et l’observance.
l’activité physique est recommandée dès la découverte du dia- Chez un malade à risque hypoglycémique ou en prévention
bète et tout au long de son évolution. Lorsque ces efforts sont secondaire, les résultats de l’étude LEADER invitent à introduire
insuffisants au bout de 3 à 6 mois, ou lorsque la glycémie est trop le liraglutide dès cette étape, notamment s’il s’agit d’un patient
élevée faisant craindre un échec, la prescription de la metformine obèse.
est nécessaire en première ligne avec les précautions habituelles. La mise sur le marché des iSGLT2 devrait conduire à leur utili-
En cas d’intolérance digestive, il est possible de prescrire avec sation dans ce même contexte en association à la metformine ou
prudence de petites doses de sulfamides, un inhibiteur des alpha- aux iDPP-4.
glucosidases bien qu’il ne soit pas toujours bien supporté sur le Malheureusement, les choix dans les pays émergents sont plus
plan digestif ou un iDPP-4 mais cette classe n’est pas remboursée limités car beaucoup de produits ne sont pas encore disponibles
en monothérapie. et d’autres ne sont pas pris en charge pour l’ensemble de la

12 EMC - Endocrinologie-Nutrition

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 15/01/2019 Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Stratégie thérapeutique dans le traitement du diabète de type 2  10-366-R-20

Figure 3. Arbre décisionnel. Stratégie


Insuline basale avec une bonne titration
d’utilisation de l’insuline. GLP-1 : glucagon
Habituellement associée à metformine
like peptide 1 ; iDPP-4 : inhibiteurs de la dipeptidyl
Objectif non atteint peptidase 4 ; ADO : antidiabétiques oraux ; SU :
sulfamide.

Insuline basale Insuline basale Insuline basale Insuline prémix


+ + +
ADO (SU) ou iDPP-4 GLP-1 un bolus d’insuline rapide deux injections par jour

Objectif non atteint

Insuline basale +
deux à trois bolus d’insuline rapide

population. La contingence économique est donc très importante l’association de trois injections d’analogue rapide à deux injec-
à considérer si bien que la bithérapie metformine-sulfamide reste tions d’exénatide chez des patients diabétiques de type 2 en
la solution la plus souvent utilisée dans ces pays. échec de basale (glargine) chez des patients sous metformine.
Si l’équilibre glycémique obtenu est parfaitement équivalent,
une différence de poids entre les deux bras dépasse 4 kg [69] .
Troisième étape : en cas d’insuffisance Ce résultat bénéfique est confirmé par l’étude DUAL VII com-
d’une bithérapie parant l’efficacité et la sécurité d’utilisation d’une association
®
liraglutide-insuline dégludec (Xultophy ) à une insulinothé-
Cette situation qui n’est pas rare laisse plusieurs possibilités thé- rapie classique par basal bolus [70]
. Le gain obtenu en termes
rapeutiques. Le passage à une trithérapie orale évite les injections d’HbA1c est identique dans les deux bras mais avec une diffé-
mais multiplie les prises médicamenteuses. Aujourd’hui cette tri- rence pondérale de plus de 3,5 kg, une nette diminution des
thérapie repose sur l’association metformine–sulfamide–iDPP-4. hypoglycémies sévères et une dose d’insuline divisée par 2.
L’autre possibilité est de recourir aux thérapeutiques injectables L’association insuline basale-analogue du GLP-1 constitue donc
soit par les analogues du GLP-1 en arrêtant l’iDPP-4, soit par une une alternative performante au schéma par multi-injections
insuline basale. Les indications doivent être discutées au cas par notamment chez les patients obèses ou très insulinorésistants
cas en fonction de la présentation clinique mais aussi du souhait nécessitant de fortes doses d’insuline.
des patients. • L’intensification classique de l’insulinothérapie par une insu-
En cas d’échec d’une association d’un analogue du GLP-1 et de line basale repose sur une injection supplémentaire d’un
metformine, la prescription d’un sulfamide ou le recours à une analogue rapide à la dose initiale de 4 unités ou de 10 % de
insuline basale est alors nécessaire. Dans ce dernier cas, la pour- la basale, permettant de limiter l’élévation de la glycémie après
suite de l’analogue du GLP-1 peut se justifier si ce médicament a le repas le plus hyperglycémiant qui est habituellement celui
permis une perte de poids significative. du matin ou du midi. La complexification du traitement insu-
linique peut ensuite évoluer vers un schéma basal bolus qui
constitue le gold standard [71] .
Quatrième étape : en cas d’insuffisance • Une autre solution consiste à substituer à l’injection de basale,
d’une basale (Fig. 3) deux injections de prémix, ce qui permet d’améliorer la couver-
ture nycthémérale de l’insulinothérapie en majorant les doses
• Lorsque les objectifs glycémiques ne sont pas obtenus avec une de la journée sans risquer d’hypoglycémie nocturne et en dimi-
injection de basale, il est indispensable de vérifier la qualité de nuant les hyperglycémies post-prandiales. Ce schéma peut dans
la titration ce qui est loin d’être toujours le cas. Ainsi, dans un second temps être complété par une troisième injection le
l’étude Evaluation of Intervention Strategies for the Manage- midi d’un analogue rapide ou d’une prémix dont la composante
ment of Patients with Diabetes in Primary Care (INTERDIA), rapide peut être éventuellement plus dosée [71] .
menée en 2012 auprès de médecins généralistes, le traitement
par basale n’a été intensifié au bout de 1 an que pour 24 %
des patients diabétiques dont l’HbA1c était supérieure à 8 %,
traduisant une inertie thérapeutique manifeste [66] . Les freins à  Situations particulières
l’intensification de la basale, aussi bien pour le malade que pour
le soignant, sont surtout représentés par la crainte des hypogly- Chaque personne diabétique est unique avec ses soucis, ses
cémies et de la prise de poids mais également par une mauvaise espoirs, ses projets et ses ambitions. Les patients diabétiques se
compréhension de la titration. posent légitimement de nombreuses questions concernant leur
• Lorsque la qualité de la titration de l’insuline basale a été vie quotidienne et leurs activités. La gestion du diabète dans des
vérifiée, la première possibilité consiste à ajouter un anti- circonstances particulières est un point qu’il est indispensable
diabétique oral. Il peut s’agir d’un sulfamide, d’un glinide d’aborder.
qui permet d’agir plus efficacement sur les glycémies post-
prandiales. L’association d’un iDPP-4 procure un résultat voisin
avec une diminution de l’HbA1c de 0,6 à 0,7 % [67] . Jeunes femmes et contraception
• L’association d’un analogue du GLP-1 à une insuline basale
s’avère également une excellente solution. Ainsi, une injection La nécessité de programmer les grossesses pour éviter les consé-
hebdomadaire de dulaglutide, un analogue de longue durée quences d’un mauvais équilibre glycémique chez la maman et son
du GLP-1, permet un gain d’HbA1c de près de 1 % avec une bébé sous-entend l’utilisation d’une contraception efficace et sans
diminution du poids de 2,41 kg par rapport au placebo chez danger pour la patiente diabétique.
des patients diabétiques mal équilibrés par une basale dans Tous les types de contraception peuvent être utilisés en dehors
l’étude Assessment of Weekly AdministRation of LY2189265 in de certaines limites pour la contraception hormonale chez les
Diabetes (AWARD-9) [68] . L’étude 4B compare les résultats de patientes diabétiques à haut risque cardiovasculaire.

EMC - Endocrinologie-Nutrition 13

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 15/01/2019 Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
10-366-R-20  Stratégie thérapeutique dans le traitement du diabète de type 2

Les pilules contraceptives classiques associant estrogènes et pro- ment gênantes. L’administration des estrogènes par voie cutanée
gestatifs sont utilisables sous réserve qu’elles soient faiblement associée à de la progestérone naturelle per os est actuellement
dosées en estrogènes et que la patiente diabétique ne présente pas recommandée. Chez les patientes diabétiques, cette utilisation
de complications sévères du diabète. Ce type de pilule ne perturbe n’est pas différente mais elle doit être particulièrement prudente
pas l’équilibre du diabète. Le risque des estrogènes est de favoriser en cas de risque cardiovasculaire élevé. Ce traitement peut être
les accidents vasculaires, les phlébites et les embolies pulmonaires débuté dès l’instauration de la ménopause pour une durée ne
qui sont plus fréquentes chez les patientes obèses en raison d’une dépassant pas cinq ans.
insuffisance veineuse et de la présence de varices.
En cas de risque cardiovasculaire ou chez les patientes en sur-
poids, il est préférable d’utiliser les pilules microprogestatives qui Activité physique et adaptation du traitement
ne contiennent pas d’estrogènes. Toutefois, elles sont moins bien
L’activité physique est vivement recommandée à toutes les per-
tolérées car elles peuvent entraîner des pertes au cours du cycle et
sonnes diabétiques mais elle doit naturellement être adaptée à
nécessitent une prise très régulière pour être pleinement efficaces.
leurs capacités et à leurs souhaits. Chez les patients recevant un
Le tabagisme augmente très fortement le risque cardiovasculaire
traitement par insulinosécréteur ou par insuline, une adaptation
chez toutes les femmes et plus encore les patientes diabétiques.
de la thérapeutique est indispensable afin d’éviter tout risque
L’arrêt du tabac est donc indispensable pour une jeune femme
d’hypoglycémie.
diabétique souhaitant une contraception hormonale.
Si la glycémie dépasse 3 g/l, il est nécessaire de corriger cette
La pose d’un stérilet est parfaitement possible chez les patientes
hyperglycémie avant l’activité physique et de la différer s’il existe
diabétiques et son efficacité n’est pas diminuée. Le risque infec-
une acétonémie.
tieux n’est pas majoré en cas de diabète mais il est préférable que
Chez les patients diabétiques de type 2 traités par un schéma
les glycémies soient équilibrées de façon satisfaisante.
basal bolus, la dose d’analogue rapide du repas précédant doit être
Les effets secondaires et les contre-indications des implants pro-
diminuée si l’activité physique est prévue moins de trois heures
gestatifs sont les mêmes que chez les femmes non diabétiques.
plus tard. Si l’activité physique n’a pas été anticipée ou si l’exercice
Cependant, la durée d’effet théorique de trois ans de l’implant
physique survient plus de trois heures après le repas, une collation
peut être plus courte chez les femmes en surpoids ou obèses, ce
supplémentaire est indispensable après vérification de la glycémie
qui est souvent le cas des patientes diabétiques de type 2.
capillaire.
Après une activité physique dans la journée, le bolus d’analogue
Grossesse chez une patiente diabétique rapide du dîner doit être diminué de 30 à 50 % selon le type
de l’activité physique puisqu’une hypoglycémie peut survenir
de type 2 de façon retardée, en raison de l’augmentation de la sensibilité
musculaire à l’insuline et de la reconstitution des réserves en
La progression de l’épidémie de diabète de type 2 qui intéresse
glycogène à partir du glucose sanguin. Aussi, une surveillance à
aujourd’hui beaucoup plus souvent les jeunes femmes explique
distance de l’exercice physique est vivement recommandée.
que la survenue d’une grossesse n’est plus exceptionnelle dans
ce contexte. Un grand nombre des mesures à prendre rejoignent
celles du diabète gestationnel et du diabète de type 1, cependant Précarité
deux cas de figure peuvent se présenter :
• la découverte d’un diabète de type 2 au moment d’une gros- Une bonne prise en charge du diabète nécessite des conditions
sesse n’est pas rare et justifie la réalisation d’une glycémie dès de vie satisfaisantes. Les patients diabétiques sans domicile fixe ou
la première consultation prénatale chez une patiente à risque. en grande précarité souffrent particulièrement des carences ali-
Lorsque la glycémie dépasse 1,26 g/l, le diagnostic de diabète mentaires, d’un déficit affectif et de difficultés dans l’accès aux
de type 2 peut être affirmé après la réalisation d’une glycémie soins.
de contrôle. Le traitement repose alors sur une amélioration Chez ces patients précaires, le diabète est souvent méconnu
de la diététique et de l’activité physique. Comme au cours ou n’est plus traité si bien que de graves complications sont
du diabète gestationnel, lorsque les objectifs glycémiques ne constatées dès la première consultation. Les plaies des pieds sont
sont pas rapidement atteints, le recours à l’insulinothérapie est fréquentes en raison du manque d’hygiène et d’un chaussage
indispensable puisque les antidiabétiques oraux ne sont pas défectueux conduisant fréquemment à des amputations.
recommandés dans ce contexte ;
• le désir de maternité chez une patiente diabétique de type 2 déjà
connue nécessite une programmation de la grossesse de façon Voyages
à obtenir un équilibre glycémique optimal. Les médicaments La très grande fréquence du diabète et la banalisation des dépla-
doivent être interrompus et remplacés, y compris pendant cements à l’étranger expliquent l’actualité du problème posé par
l’allaitement, par un traitement par insuline. Cependant, dans un voyage pour un patient diabétique. Les réponses à apporter
la grande majorité des cas, les patientes diabétiques de type varient naturellement en fonction du lieu de destination mais
2 débutent leur grossesse sous médicaments oraux. Le risque aussi du type de diabète et de son traitement.
de malformation en rapport avec la prise de ces médicaments
est faible, voire nul, mais en France aucune autorisation n’est
donnée pour poursuivre ces traitements pendant la gestation.
Préparation du voyage
Il est donc indispensable, dès que le diagnostic de grossesse est Elle nécessite d’obtenir des renseignements fiables sur le pays de
porté, de débuter un traitement par insuline avec les mêmes destination. Ces informations concernent notamment les condi-
schémas et les mêmes objectifs que dans le cas du diabète de tions climatiques, le mode de vie qui sera adopté lors du séjour et
type 1. C’est ainsi que les glycémies à jeun doivent se situer en l’infrastructure hospitalière disponible sur place.
dessous de 0,95 g/l avant le repas et être inférieures à 1,20 g/l La prudence est d’équilibrer au mieux le diabète avant le départ,
en post-prandial. d’éviter les séjours en brousse où les conditions de vie sont hasar-
deuses et de ne pas voyager seul. La constitution d’une pharmacie
est indispensable, comprenant une provision suffisante des médi-
Traitement hormonal substitutif caments et des fournitures pour le traitement du diabète car les
de la ménopause possibilités d’approvisionnement dans le pays peuvent être dif-
ficiles. Il est enfin nécessaire de prévoir un conditionnement
Après un engouement extrême, les indications d’un traitement isotherme pour l’insuline en cas de séjour en pays tropical et de
substitutif se sont nettement limitées pour l’ensemble des femmes constituer une trousse d’urgence en prévision des hypoglycémies.
en raison de la crainte d’une majoration des cancers du sein et Mettre à jour les vaccinations, emporter un certificat médical et
des accidents cardiovasculaires. La prescription est aujourd’hui souscrire à une assurance « rapatriement » sont des précautions
réservée aux cas où les bouffées de chaleur sont particulière- indispensables.

14 EMC - Endocrinologie-Nutrition

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 15/01/2019 Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Stratégie thérapeutique dans le traitement du diabète de type 2  10-366-R-20

Lors du voyage mie. D’autres malades affirment ne pas suivre les prescriptions
du Ramadan mais le font en réalité. Ces patients prennent alors
L’utilisation de moyens relativement lents comme l’autocar,
des risques importants de présenter des hypoglycémies tandis
le train ou le bateau mettent à l’abri du problème de décalage
que d’autres interrompent leur traitement et courent le risque
horaire mais peuvent entraîner un mal des transports capable de
d’accidents d’hyperglycémies sévères.
déséquilibrer le diabète et d’induire des hypoglycémies. La lon-
La limitation des dangers au cours de cette période passe par une
gueur du trajet et la survenue de fréquents retards sont également
information éclairée et une relation de confiance entre le médecin
sources de difficultés. Il est donc nécessaire de disposer dans son
et son patient.
bagage à main du matériel pour réaliser le contrôle glycémique,
les injections d’insuline et la prise en charge d’une hypoglycémie.
La voie aérienne nécessite de conserver une partie de la réserve  Conclusion
d’insuline en bagage de cabine. La température en soute ne risque
pas de dégrader le médicament mais la perte d’une valise est tou- Les progrès enregistrés dans la prise en charge des patients
jours possible. Le passage sous les portiques de sécurité déclenche diabétiques de type 2 au cours de ces dernières décennies
l’alarme et peut entraîner le dérèglement de certaines pompes à sont remarquables. L’amélioration de leur espérance de vie
insuline. en est l’heureuse conséquence qui conduit à l’apparition des
La question du décalage horaire a été simplifiée par les moyens complications plus spécifiquement gériatriques qui n’avaient pas
modernes de traitement. Lorsque le décalage est inférieur à trois le temps d’apparaître autrefois.
heures, il n’est pas nécessaire de modifier le schéma insulinique. La prise en charge de ces patients doit s’attacher à normaliser
Une collation supplémentaire permet d’attendre le repas suivant. la glycémie mais également à intervenir sur les facteurs de risque
En revanche, au-delà de trois heures, le principe d’adaptation cardiovasculaires qu’il est possible de traiter. Cet objectif passe
repose sur la conservation de l’heure du pays de départ et par l’implication des patients dans la gestion de cette maladie
l’utilisation d’un analogue rapide associé à la prise des repas. chronique dans le cadre d’une bonne coopération avec l’équipe
Pour les patients diabétiques sous thérapeutique orale, les soignante qui doit être multidisciplinaire.
recommandations se bornent à respecter les intervalles de prise
des sulfamides afin d’éviter tout malaise hypoglycémique.
Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs déclarent avoir participé à des inter-
ventions ponctuelles (essais cliniques, travaux scientifiques, activité de conseil,
Au cours du séjour conférence ou colloque) pour les entreprises AstraZeneca, Merck Sharp et Dohme,
La surveillance régulière des glycémies doit permettre d’éviter Novartis, Novo Nordisk, Sanofi, Eli Lilly, Vitalaire.
les grands déséquilibres. Cependant, la survenue d’hypoglycémies
ou d’épisodes d’acidocétose ne peut pas toujours être prévenue car
des circonstances les favorisant sont plus souvent rencontrées lors  Références
de ces voyages. La prise de boissons abondantes non sucrées doit
[1] Inzucchi SE, Bergenstal RM, Buse JB, Diamant M, Ferrannini E,
être recommandée en climat chaud afin d’éviter les épisodes de
Nauck M, et al. Management of hyperglycaemia in type 2 diabetes,
déshydratation, de colique néphrétique, voire de coma hyperos- 2015: a patient-centred approach. Update to a position statement of
molaire chez les personnes âgées. the American Diabetes Association and the European Association for
La survenue d’événements digestifs à type de turista peut deve- the Study of Diabetes. Diabetologia 2015;58:429–42.
nir catastrophique chez les patients diabétiques et imposer une [2] HAS. Recommandation de bonne pratique. Stratégie médicamenteuse
hospitalisation d’urgence dans des conditions parfois difficiles. du contrôle glycémique du diabète de type 2. www.has-sante.fr.
Enfin, la surveillance et les soins réguliers des pieds doivent être [3] Darmon P, Bauduceau B, Bordier L, Bringer J, Chabrier G, Charbon-
renforcés dans ce contexte et la marche pieds nus est à proscrire. nel B, et al. pour la Société francophone du diabète. Prise de position
de la Société francophone du diabète sur la prise en charge médica-
Voyage de retour menteuse de l’hyperglycémie du diabétique de type 2. Med Mal Metab
2017;115:577–93.
Il nécessite les mêmes précautions que le trajet aller et peut [4] UK Prospective Diabetes Study (UKPDS) Group Effect of intensive
également entraîner un déséquilibre passager des glycémies. Ulté- blood-glucose control with metformin on complications in overweight
rieurement, ce déplacement à l’étranger doit être conservé à patients with type 2 diabetes (UKPDS 34). Lancet 1998; 352:854–65.
l’esprit et doit être signalé au médecin devant tout symptôme [5] Holman RR, Paul SK, Bethel MA, Matthews DR, Neil HA. 10-year
inhabituel comme une fièvre ou un épisode diarrhéique. follow-up of intensive glucose control in type 2 diabetes. N Engl J Med
2008;359:1577–89.
[6] Duckworth W, Abraira C, Moritz T, Reda D, Emanuele N, Reaven PD,
Population musulmane et Ramadan et al., VADT Investigators. Glucose control and vascular complications
in veterans with type 2 diabetes. N Engl J Med 2009;360:129–39.
La question de la période du jeûne chez les patients diabétiques [7] Patel A, MacMahon S, Chalmers J, Neal B, Billot L, Woodward M,
de religion musulmane, qui sont de plus en plus nombreux, sou- et al. ADVANCE Collaborative Group. Intensive blood glucose control
lève beaucoup de questions. Ce sujet fait l’objet de différentes and vascular outcomes in patients with type 2 diabetes. N Engl J Med
prises de position et de commentaires et pas seulement dans les 2008;358:2560–72.
pays du Maghreb où la population de patients diabétiques dépasse [8] Gerstein HC, Miller ME, Byington RP, Goff Jr DC, Bigger JT, Buse
en nombre celle de la France [72] . Près de 80 % des patients dia- JB, et al. Effects of intensive glucose lowering in type 2 diabetes. N
bétiques de type 2 respectent le jeûne ce qui multiplie par 5 les Engl J Med 2008;358:2545–59.
épisodes d’hyperglycémie et par 7 les accidents hypoglycémiques [9] Hayward RA, Reaven PD, Wiitala WL, Bahn GD, Reda DJ, Ge L, et al.,
chez les patients traités par sulfamides hypoglycémiants ou par VADT Investigators. Follow-up of glycemic control and cardiovascular
insuline [73] . outcomes in type 2 diabetes. N Engl J Med 2015;372:2197–206.
Il est donc indispensable d’anticiper la période du Ramadan [10] Gerstein HC, Miller ME, Genuth S, Buse JB, Goff Jr DC, Probstfield
afin de préciser les risques et d’adapter le traitement si nécessaire. JL, et al., ACCORD Study Group. Long-term effects of inten-
sive glucose lowering on cardiovascular outcomes. N Engl J Med
En accord avec les autorités religieuses, le suivi du jeûne est très
2011;364:818–28.
fortement déconseillé chez certains patients diabétiques, notam-
[11] Ray KK, Seshasai SR, Wijesuriya S, Sivakumaran R, Nethercott S,
ment les femmes enceintes. Pour d’autres, le jeûne est possible Preiss D, et al. Effect of intensive control of glucose on cardiovascular
sous réserve de quelques précautions concernant la planification outcomes and death in patients with diabetes mellitus: a meta-analysis
des repas et de l’activité physique ainsi que l’adaptation des heures of randomised controlled trials. Lancet 2009;373:1765–72.
de prises médicamenteuses ou des doses d’insuline. [12] Home PD, Pocock SJ, Beck-Nielsen H, Curtis PS, Gomis R, Hane-
Les difficultés proviennent du fait que les patients diabétiques feld M, et al., RECORD Study Team. Rosiglitazone evaluated for
qui n’observent pas le jeûne consomment les repas de la jour- cardiovascular outcomes in oral agent combination therapy for type
née mais également celui de la famille au cours de la soirée ce 2 diabetes (RECORD): a multicentre, randomised, open-label trial.
qui entraîne une prise de poids et une élévation de la glycé- Lancet 2009;373:2125–35.

EMC - Endocrinologie-Nutrition 15

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 15/01/2019 Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
10-366-R-20  Stratégie thérapeutique dans le traitement du diabète de type 2

[13] Nissen SE, Wolski K. Rosiglitazone revisited: an updated meta- [31] Wu JH, Foote C, Blomster J, Toyama T, Perkovic V, Sundström J, et al.
analysis of risk for myocardial infarction and cardiovascular mortality. Effects of sodium-glucose cotransporter-2 inhibitors on cardiovascular
Arch Intern Med 2010;170:1191–201. events, death, and major safety outcomes in adults with type 2 diabetes:
[14] Dormandy JA, Charbonnel B, Eckland DJ, Erdmann E, Massi- a systematic review and meta-analysis. Lancet Diabetes Endocrinol
Benedetti M, Moules IK, et al., PROactive Investigators. Secondary 2016;4:411–9.
prevention of macrovascular events in patients with type 2 dia- [32] Zinman B, Wanner C, Lachin JM, Fitchett D, Bluhmki E, Hantel S,
betes in the PROactive Study (PROspective pioglitAzone Clinical et al., EMPA-REG OUTCOME Investigators. Empagliflozin, cardio-
Trial In macroVascular Events): a randomised controlled trial. Lancet vascular outcomes, and mortality in type 2 diabetes. N Engl J Med
2005;366:1279–89. 2015;373:2117–28.
[15] Colette C, Monnier L. Mesures hygiénodiététiques et états diabétiques. [33] Ferrannini E, Mark M, Mayoux E. CV protection in the EMPA-REG
In: Monnier L, editor. Diabétologie. Paris: Elsevier Masson; 2014. p. OUTCOME trial: a “Thrifty Substrate” hypothesis. Diabetes Care
91–107. 2016;39:1108–14.
[16] The Diabetes Prevention Program (DPP) Research Group. The Dia- [34] Neal B, Perkovic V, Mahaffey KW, de Zeeuw D, Fulcher G, Erondu
betes Prevention Program (DPP). Description of lifestyle intervention. N, et al., CANVAS Program Collaborative Group. Canagliflozin and
Diabetes Care 2002; 25:2165–71. cardiovascular and renal events in type 2 diabetes. N Engl J Med
[17] UKPDS 34. Effect of intensive blood-glucose control with metformin 2017;377:644–57.
on complications in overweight patients with type 2 diabetes (UKPDS [35] Cefalu WT, Leiter LA, Yoon KH, Arias P, Niskanen L, Xie J, et al.
34). UK Prospective Diabetes Study (UKPDS) Group. Lancet 1998; Efficacy and safety of canagliflozin versus glimepiride in patients with
352:854–865. type 2 diabetes inadequately controlled with metformin (CANTATA-
[18] Roussel R, Travert F, Pasquet B, Wilson PW, Smith Jr SC, Goto S, SU): 52 weeks results from a randomised, double-blind, phase 3 non-
et al., Reduction of Atherothrombosis for Continued Health (REACH) inferiority trial. Lancet 2013;382:941–50.
Registry Investigators. Metformin use and mortality among patients [36] Wanner C, Inzucchi SE, Lachin JM, Fitchett D, von Eynatten M, Mat-
with diabetes and atherothrombosis. Arch Intern Med 2010;170: theus M, et al., EMPA-REG OUTCOME Investigators. Empagliflozin
1892–9. and progression of kidney disease in type 2 diabetes. N Engl J Med
[19] Halimi S. Les hypoglycémies iatrogènes chez le diabétique de type 2016;375:323–34.
2 : un manque préjudiciable de données ? Med Mal Metab 2011;5: [37] Zinman B, Schmidt WE, Moses A, Lund N, Gough S. Achieving a clini-
357–8. cally relevant composite outcome of an HbA1c of < 7 % without weight
[20] Göke B, Gallwitz B, Eriksson JG, Hellqvist Å, Gause-Nilsson I. Saxa- gain or hypoglycaemia in type 2 diabetes: a meta-analysis of the lira-
gliptin vs. glipizide as add-on therapy in patients with type 2 diabetes glutide clinical trial programme. Diabetes Obes Metab 2012;14:77–82.
mellitus inadequately controlled on metformin alone: long-term (52- [38] Pratley RE, Nauck M, Bailey T, Montanya E, Cuddihy R, Filetti S,
week) extension of a 52-week randomised controlled trial. Int J Clin et al., 1860-LIRA-DPP-4 Study Group. Liraglutide versus sitagliptin
Pract 2013;67:307–16. for patients with type 2 diabetes who did not have adequate glycaemic
[21] Valensi P, de Pouvourville G, Benard N, Chanut-Vogel C, Kempf C, control with metformin: a 26-week, randomised, parallel-group, open-
Eymard E, et al. Treatment maintenance duration of dual therapy with label trial. Lancet 2010;375:1447–56.
metformin and sitagliptin in type 2 diabetes: The ODYSSEE observa- [39] Pfeffer MA, Claggett B, Diaz R, Dickstein K, Gerstein HC, Køber LV,
tional study. Diabetes Metab 2015;41:231–8. et al., ELIXA Investigators. Lixisenatide in patients with type 2 dia-
[22] Eriksson JW, Bodegard J, Nathanson D, Thuresson M, Nyström T, betes and acute coronary syndrome. N Engl J Med 2015;373:2247–57.
Norhammar A. Sulphonylurea compared to DPP-4 inhibitors in com- [40] Marso SP, Daniels GH, Brown-Frandsen K, Kristensen P, Mann JF,
bination with metformin carries increased risk of severe hypoglycemia, Nauck MA, et al., LEADER Steering Committee; LEADER Trial
cardiovascular events, and all-cause mortality. Diabetes Res Clin Pract Investigators. Liraglutide and cardiovascular outcomes in type 2 dia-
2016;117:39–47. betes. N Engl J Med 2016;375:311–22.
[23] Vaccaro O, Masulli M, Nicolucci A, Bonora E, Del Prato S,
[41] Marso SP, Bain SC, Consoli A, Eliaschewitz FG, Jódar E, Leiter
Maggioni AP, et al., Thiazolidinediones Or Sulfonylureas Cardio-
LA, et al., SUSTAIN-6 Investigators. Semaglutide and cardiovas-
vascular Accidents Intervention Trial (TOSCA.IT) study group;
cular outcomes in patients with type 2 diabetes. N Engl J Med
Italian Diabetes Society. Effects on the incidence of cardiovascu-
2016;375:1834–44.
lar events of the addition of pioglitazone versus sulfonylureas in
patients with type 2 diabetes inadequately controlled with metfor- [42] Khunti K, Davies MJ, Kalra S. Self-titration of insulin in the manage-
min (TOSCA.IT): a randomised, multicentre trial. Lancet Diabetes ment of people with type 2 diabetes: a practical solution to improve
Endocrinol 2017;5:887–97. management in primary care. Diabetes Obes Metab 2013;15:690–700.
[24] Chiasson JL, Josse RG, Gomis R, Hanefeld M, Karasik A, Laakso [43] Arnolds S, Heise T, Flacke F, Sieber J. Common standards of basal insu-
M. STOP-NIDDM Trial Research Group. Acarbose treatment and lin titration in type 2 diabetes. J Diabetes Sci Technol 2013;7:771–88.
the risk of cardiovascular disease and hypertension in patients with [44] Schnell O, Hanefeld M, Monnier L. Self-monitoring of blood glucose:
impaired glucose tolerance: the STOP-NIDDM trial. JAMA 2003;290: a prerequisite for diabetes management in outcome trials. J Diabetes
486–94. Sci Technol 2014;8:609–14.
[25] Holman RR, Coleman RL, Chan JCN, Chiasson JL, Feng H, Ge J, et al., [45] Holman RR, Farmer AJ, Davies MJ, Eliaschewitz FG, Jódar E, Leiter
ACE Study Group. Effects of acarbose on cardiovascular and diabetes LA, et al., 4-T Study Group. Three-year efficacy of complex insulin
outcomes in patients with coronary heart disease and impaired glucose regimens in type 2 diabetes. N Engl J Med 2009;361:1736–47.
tolerance (ACE): a randomised, double-blind, placebo-controlled trial. [46] Bauduceau B, Bordier L, Doucet J. Les analogues lents de l’insuline :
Lancet Diabetes Endocrinol 2017;5:877–86. une aide pour l’insulinothérapie des sujets âgés. Med Mal Metab
[26] Men P, He N, Song C, Zhai S. Dipeptidyl peptidase-4 inhibitors and risk 2014;8:293–8.
of arthralgia: a systematic review and meta-analysis. Diabetes Metab [47] Woerle HJ, Neumann C, Zschau S, Tenner S, Irsigler A, Schirra J,
2017;43:500. et al. Impact of fasting and postprandial glycemia on overall glycemic
[27] Green JB, Bethel MA, Armstrong PW, Buse JB, Engel SS, Garg J, et al., control in type 2 diabetes. Importance of postprandial glycemia to
TECOS Study Group. Effect of sitagliptin on cardiovascular outcomes achieve target HbA1c levels. Diabetes Res Clin Pract 2007;77:280–5.
in type 2 diabetes. N Engl J Med 2015;373:232–42. [48] Pickup JC, Reznik Y, Sutton AJ. Glycemic control during conti-
[28] White WB, Cannon CP, Heller SR, Nissen SE, Bergenstal RM, nuous subcutaneous insulin infusion versus multiple daily insulin
Bakris GL, et al., EXAMINE Investigators. Alogliptin after acute injections in type 2 diabetes: individual patient data meta-analysis
coronary syndrome in patients with type 2 diabetes. N Engl J Med and meta-regression of randomized controlled trials. Diabetes Care
2013;369:1327–35. 2017;40:715–22.
[29] Scirica BM, Bhatt DL, Braunwald E, Steg PG, Davidson J, Hirshberg [49] Fried M, Ribaric G, Buchwald JN, Svacina S, Dolezalova K, Scopinaro
B, et al., SAVOR-TIMI 53 Steering Committee and Investigators. Saxa- N. Metabolic surgery for the treatment of type 2 diabetes in patients
gliptin and cardiovascular outcomes in patients with type 2 diabetes with BMI < 35 kg/m2 : an integrative review of early studies. Obes Surg
mellitus. N Engl J Med 2013;369:1317–26. 2010;20:776–90.
[30] Filion KB, Azoulay L, Platt RW, Dahl M, Dormuth CR, Clemens [50] Sjöholm K, Sjöström E, Carlsson LM, Peltonen M. Weight change-
KK, et al., CNODES Investigators. A multicenter observational adjusted effects of gastric bypass surgery on glucose metabolism: 2-
study of incretin-based drugs and heart failure. N Engl J Med and 10-year results from the Swedish Obese Subjects (SOS) Study.
2016;374:1145–54. Diabetes Care 2016;39:625–31.

16 EMC - Endocrinologie-Nutrition

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 15/01/2019 Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Stratégie thérapeutique dans le traitement du diabète de type 2  10-366-R-20

[51] Stacey D, Légaré F, Lewis K, Barry MJ, Bennett CL, Eden KB, et al. [64] Mandereau-Bruno L, Fagot-Campagna A, Rey G, Piffaretti C, Antero-
Decision aids for people facing health treatment or screening decisions. Jacquemin J, Latouche A, et al. Évolution de la mortalité et de la
Cochrane Database Syst Rev 2017;(4). CD001431. surmortalité à 5 ans des personnes diabétiques traitées pharmaco-
[52] Programme Sophia: www.ameli-sophia.fr. logiquement en France métropolitaine : comparaison des cohortes
[53] Hsu PF, Sung SH, Cheng HM, Yeh JS, Liu WL, Chan WL, et al. ENTRED 2001 et ENTRED 2007. Bull Epidemiol Hebd 2016;(n◦ 37-
Association of clinical symptomatic hypoglycemia with cardiovascular 38):668–75.
events and total mortality in type 2 diabetes: a nationwide population- [65] Jaffiol C, Godeau P. Les complications du diabète de type 2 exigent une
based study. Diabetes Care 2013;36:894–900. prévention multifactorielle qui passe obligatoirement par un contrôle
[54] Yaffe K, Falvey CM, Hamilton N, Harris TB, Simonsick EM, Strot- optimisé de l’équilibre glycémique. Communiqué de l’Académie
meyer ES, et al. Association between hypoglycemia and dementia in nationale de médecine du 6 octobre 2015.
a biracial cohort of older adults with diabetes mellitus. JAMA Intern [66] Roussel R, Gourdy P, Gautier JF, Guerci B, Raccah D, Behar M, et al.
Med 2013;173:1300–6. Low rate of intensification in type 2 diabetic patients inadequately
[55] HAS. L’autosurveillance glycémique dans le diabète de type 2 : une controlled with basal insulin: the INTERDIA study. Diabetes Manag
utilisation très ciblée. www.has-sante.fr. 2016;6:119–27.
[56] Piepoli MF, Hoes AW, Agewall S, Albus C, Brotons C, Catapano AL, [67] Vilsbøll T, Rosenstock J, Yki-Järvinen H, Cefalu WT, Chen Y, Luo E,
et al., Authors/Task Force Members. 2016 European Guidelines on et al. Efficacy and safety of sitagliptin when added to insulin therapy in
cardiovascular disease prevention in clinical practice: The Sixth Joint patients with type 2 diabetes. Diabetes Obes Metab 2010;12:167–77.
Task Force of the European Society of Cardiology and Other Societies [68] Pozzilli P, Norwood P, Jódar E, Davies MJ, Ivanyi T, Jiang H, et al.
on Cardiovascular Disease Prevention in Clinical Practice (constituted Placebo-controlled, randomized trial of the addition of once-weekly
by representatives of 10 societies and by invited experts) Developed glucagon-like peptide-1 receptor agonist dulaglutide to titrated daily
with the special contribution of the European Association for Cardio- insulin glargine in patients with type 2 diabetes (AWARD-9). Diabetes
vascular Prevention & Rehabilitation (EACPR). Eur Heart J 2016;37: Obes Metab 2017;19:1024–31.
2315–81. [69] de Lapertosa SB, Frechtel G, Hardy E, Sauque-Reyna L. The effects of
[57] ENTRED. Institut de veille sanitaire. www.invs.sante.fr. exenatide twice daily compared to insulin lispro added to basal insulin
[58] Recommandations de la Société française d’hypertension artérielle. in Latin American patients with type 2 diabetes: a retrospective analysis
Prise en charge de l’hypertension artérielle de l’adulte. www.sfhta.org. of the 4B trial. Diabetes Res Clin Pract 2016;122:38–45.
[59] UK Prospective Diabetes Study Group. Tight blood pres- [70] Billings LK, Doshi A, Gouet D, Oviedo A, Rodbard H, Tentolou-
sure control and risk of macrovascular and microvascular ris N, et al. Efficacy and Safety of IDegLira vs Basal–bolus Therapy
complications in type 2 diabetes. UKPDS 38. Br Med J 1998;317: in Patients with T2D: DUAL VII Trial. Présentation au congrès de
703–13. l’American Diabetes Association. San Diego. Juin 2017.
[60] HAS. Efficacité et efficience des hypolipémiants. Une analyse centrée [71] American Diabetes Association. Standards of medical care in diabetes.
sur les statines. www.has-sante.fr. Diabetes Care 2017;40(Suppl. 1).
[61] Béliard S, Bonnet F, Bouhanick B, Bruckert E, Cariou B, Charrière S, [72] Hassanein M, Al-Arouj M, Hamdy O, Bebakar WMW, Jabbar A,
et al. French Society of Endocrinology (SFE); Francophone Society Al-Madani A, et al. International Diabetes Federation (IDF), in colla-
of Diabetes (SFD); New French Society of Atherosclerosis (NSFA). boration with the Diabetes and Ramadan (DAR) International Alliance.
Consensus statement on the management of dyslipidaemias in adults. Diabetes and Ramadan: practical guidelines. Diabetes Res Clin Pract
Diabetes Metab 2016;42:398–408. 2017;126:303–16.
[62] HAS-Ansm recommandations. Bon usage des agents antiplaquettaires. [73] Salti I, Bénard E, Detournay B, Bianchi-Biscay M, Le Brigand C,
http://ansm.sante.fr. Voinet C, et al., EPIDIAR study group. A population-based study of
[63] Gaede P, Lund-Andersen H, Parving HH, Pedersen O. Effect of a mul- diabetes and its characteristics during the fasting month of Ramadan
tifactorial intervention on mortality in type 2 diabetes. N Engl J Med in 13 countries: results of the epidemiology of diabetes and Ramadan
2008;358:580–91. 1422/2001 (EPIDIAR) study. Diabetes Care 2004;27:2306–11.

B. Bauduceau (bernard.bauduceau@wanadoo.fr).
L. Bordier.
Service d’endocrinologie, Hôpital d’instruction des Armées Bégin, 69, avenue de Paris, 94160 Saint-Mandé, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Bauduceau B, Bordier L. Stratégie thérapeutique dans le traitement du diabète de type 2. EMC -
Endocrinologie-Nutrition 2018;15(2):1-17 [Article 10-366-R-20].

Disponibles sur www.em-consulte.com


Arbres Iconographies Vidéos/ Documents Information Informations Auto- Cas
décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations clinique

EMC - Endocrinologie-Nutrition 17

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 15/01/2019 Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Cet article comporte également le contenu multimédia suivant, accessible en ligne sur em-consulte.com et
em-premium.com :

1 autoévaluation
Cliquez ici

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 15/01/2019 Il est interdit et illégal de diffuser ce document.

Vous aimerez peut-être aussi