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Le corps du cardinal est inhumé dans la chapelle de la Sorbonne, puis dans un

caveau sous un mausolée en marbre de Carrare commandé par son héritière la duchesse
d'Aiguillon, sculpté par François Girardon à partir de dessins de Le Brun et qui ne
fut achevé qu’en 1694. Ce monument funéraire supporte un groupe sculpté
représentant le cardinal demi-couché, une main sur son cœur et sur le cordon de
l’Ordre du Saint-Esprit, l'autre ouverte sur le livre, les yeux tournés vers
l’autel et le Créateur, s'abandonnant dans les bras de l'allégorie de la Piété et à
ses pieds l'allégorie de la Doctrine chrétienne (ou de la Science ?)[précision
nécessaire] également affligée de sa mort. Sur les côtés, deux anges portent ses
armoiries, qui se trouvent reproduites sur les vitraux des trois fenêtres qui
éclairent le porche intérieur. Au-dessus de lui pend, à trente pieds de hauteur, le
chapeau rouge authentique du cardinal orné de glands de la même couleur. Selon la
légende, lorsque le cordon lâchera, le chapeau tombera et l’âme du cardinal montera
au Paradis47.

Le 5 décembre 1793, les révolutionnaires saccagent son tombeau, et ce malgré


l'intervention physique d'Alexandre Lenoir. Les assaillants exhument le corps du
cardinal, puis le décapitent ; le reste du corps est soit jeté à la Seine soit
placé dans un des caveaux de la Sorbonne faisant office de fosse commune avec ceux
de plusieurs membres de sa famille, dont le Maréchal de Richelieu. Cette
profanation suscite un trafic de reliques sans que l'on puisse attester de leur
authenticité, telle la tête, des cheveux et un petit doigt du cardinal48. La tête
du cardinal en partie momifiée aurait été emportée par un commerçant parisien nommé
Cheval, bonnetier ou épicier rue de la Harpe qui, la Terreur finie, peut-être
repentant, offre avec insistance la partie antérieure49 à l'abbé Boshamp50 lequel,
à sa mort en 1805, la lègue à son tour à Nicolas Armez, maire de Plourivo. Nicolas
Armez étant le grand-oncle paternel de Louis Armez, député des Côtes-du- Nord, ce
dernier rapportait parfois la tête momifiée à Paris pour la montrer à ses collègues
de l'Assemblée nationale. En 1846, la tête est prêtée au peintre Bonhomé pour
réaliser un portrait en pied du cardinal pour le Conseil d'État. Mise à l'abri à
Saint-Brieuc où elle est exposée tous les ans aux élèves à la remise des prix du
collège, la relique ne retrouve la Sorbonne que le 15 décembre 1866 lors d'une
cérémonie funèbre en présence de Victor Duruy, ministre de l'Instruction publique
et d'une délégation de l'Académie française51.

En 1896, Gabriel Hanotaux, ministre des Affaires étrangères et biographe du


cardinal, s'empare du crâne pour l'examiner une dernière fois, en faire des
photographies et des moulages52,53, avant de le placer dans un coffret scellé et de
le faire recouvrir d'une chape de ciment armé, dans un lieu tenu secret à proximité
du tombeau54. Le 4 décembre 1971, la tête est inhumée à nouveau dans la chapelle et
son cénotaphe replacé à sa place originelle, au centre du chœur, lors d'une
cérémonie officielle en présence de Jacques Duhamel, ministre de la Culture, des
corps constitués et d'une délégation de l'Académie française55.

Héritage de Richelieu
Pensée théologique
Même si Richelieu est principalement connu pour son implication dans les politiques
du Royaume, il était d'abord un ecclésiastique. Sa pensée théologique peut être
comprise au travers des quelques ouvrages qu'il a écrits avant et après sa
nomination comme cardinal, eux-mêmes influencés par la doctrine du concile de
Trente adoptée quelque vingt ans avant sa naissance.

À l'image de son Testament politique (1688), sa pensée spirituelle est condensée


dans le Traité de la perfection du chrétien, publié après sa mort. Son contenu
diverge peu des enseignements du concile de Trente. Sa seule originalité à l'époque
était d'affirmer la nécessité du pardon entier en cas d'attrition, c'est-à-dire à
quelqu'un voulant se repentir d'une faute sous l'effet de la honte ou de la crainte
de l'Enfer, et non par amour sincère envers Dieu (ce qui est la contrition). Cette
position diverge légèrement de celle du concile, qui déclara que l'attrition était
une « contrition imparfaite » pouvant mener à la rémission du pêché mais pas au
sacrement de pénitence56. À l'opposé, les théologiens jansénistes dont l'abbé de
Saint-Cyran, défendaient la thèse du regret authentique comme condition nécessaire
au pardon. L'imbrication du domaine religieux dans des intrigues politiques a pu
laisser croire que la position du cardinal visait à s'assurer de la conscience et
de la confiance du catholique Louis XIII (mais dont la moralité ne semblait guidée
que par la peur de l'enfer) dans certaines de ses impitoyables manœuvres. Quoi
qu'il en soit, l'historienne Françoise Hildesheimer interprète plutôt la croisade
du cardinal pour l'attrition comme une façon pour lui de se déculpabiliser de sa
carrière dans les plus hautes sphères de l'État, d'être en paix avec son âme de
chrétien57.

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