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CHAPITRE 8 : LES SOLS ROUTIERS ET LEURS PROPRIETES

L'une des préoccupations majeures du technicien routier devra être de


posséder une connaissance aussi complète et détaillée que possible de la
localisation et de l'importance des gisements de matériaux utilisables pour la
construction et l'entretien de ses chaussées.
Les méthodes les plus modernes pour la localisation des gisements de
matériaux font appel à un ensemble de techniques variées, parmi lesquelles la
pédologie et la photo-interprétation.
Une fois reconnus, les gisements doivent être délimités, on doit
identifier de façon précise les matériaux qu'ils contiennent, évaluer leur
importance par campagnes de sondages et les répertorier pour les rendre
commodément utilisables en cas de besoin.

1. Les roches dures


Pour des raisons économiques, les roches dures sont peu utilisées en
Afrique pour la construction des chaussées, sauf dans les pays où la main
d'œuvre est abondante pour le concassage et le criblage à la main.
Les tout-venants de concassage employés en couche de base doivent
avoir une granulométrie continue. La grosseur maximum des grains est
limitée à 40 mm ou 50 mm au plus, le dépassement de cette limite entraîne des
risques sérieux de ségrégation au déchargement ou à la mise en œuvre.
Inversement, si la grosseur est en dessous de 30 mm, il y a risque de
déformation de l'assise de la chaussée qui est d'autant plus importante que la
dimension maximale des grains est faible et l'imprégnation est plus difficile à
réaliser.

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2. Les roches tendres
Elles sont utilisées en fondation et sont parfois très vite altérées
(dégradées). Leur dégradation est plus accélérée lorsqu'elles sont employées
pour la couche de roulement des routes en terre. Parmi les roches tendres on
peut citer les schistes et les grès.

3. Les latérites
3.1. Définition des latérites
Le mot latérite vient du latin LATER-ERIS qui signifie brique, sol
rougeâtre de la zone tropicale humide très riche en oxyde de fer et en alumine
formé sous un climat chaud. Dans le cadre de la géologie, ces matériaux sont
perçus comme des roches sédimentaires. Elles sont surtout de composition
chimique siliceuse, alumineuse et ferrugineuse.
Les ingénieurs géotechniciens distinguent ces sols en trois catégories
comme suit :
- les sols fins latéritiques ou latérite ;
- les graveleux latéritiques, sols à concrétions ferrugineuses ;
- les carapaces et cuirasses latéritiques.
La deuxième catégorie est la plus utilisée en construction routière.

3.2. Utilisation des latérites


A cause de leur diversité on utilise les latérites pour des applications les
plus variées : les croûtes latéritiques les plus dures peuvent être concassées et
utilisées en fondation pierre à macadam. Certaines assez tendres, se
désagrègent au comptage et donnent d'excellentes couches de base. Les
concrétions latéritiques sont utilisées comme gravillons pour enduits
superficiels à condition qu'elles soient suffisamment dures et propres, tamisées
et lavées. Elles peuvent être également utilisées pour béton bitumineux, en cas
de doute sur leur résistance à l'abrasion, on peut compléter le revêtement par
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une mono-couche en gravillons durs simplement sablée. Il existe des règles
pour utilisation des latérites comme couche de roulement des routes non
revêtues. Il faut surtout surveiller la granulométrie pour éviter la tôle ondulée.
Ecarter les matériaux dont la courbe présente une pente assez forte entre 2 et
5mm/m. Faute d'éviter la tôle ondulée, il faut la combattre.

4. Les graves non latéritiques


Ce sont des matériaux à granularité continue pourvus d'un squelette
susceptible de leur assurer une portance convenable.

5. Les sables et sols fins


Ces matériaux sont dépourvus de squelette et sont généralement utilisés
dans les zones où il n'existe pas de matériaux graveleux.
Les sables à granularité étalée non plastiques peuvent être utilisés en
couche de fondation après simple compactage et en couche de base après
stabilisation au bitume pur, au cut-back, à l'émulsion ou au ciment.
On peut faire des revêtements en sable enrobé, mais la formulation doit
être étudiée pour éviter l'apparition rapide de désordres sérieux souvent sous
forme de fissurations (longitudinales d'abord puis transversales).

6. Les argiles
Ces matériaux sont caractérisés par leur couleur noire ou brune et par
un phénomène de retrait très remarquable en saison sèche et une fissuration
pouvant atteindre plusieurs centimètres de large et 1 mètre de profondeur.
Ces fissurent facilitent la pénétration de l'eau et dès les premières pluies, le sol
non revêtu se transforme en boue liquide.
Elles constituent parfois la couche de fondation des chaussées revêtues.
Et quelques fois, les variations saisonnières de volumes peuvent entraîner des
désordres sérieux. Pour combattre ces perturbations, il faut maintenir la teneur
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en eau aussi constante que possible (exemple recouvrir les accotements avec
un matériau à granularité fermée sous forte épaisseur.
Lorsqu'elles constituent la couche de roulement, la chaussée est
absolument impraticable après la pluie.
On peut remédier à cet état de chose en répandant des quantités très
faibles, 2 à 3 cm, de latérite ou de matériaux non plastiques. Après malaxage
sous l'effet de la circulation, on obtient un amaigrissement de la pellicule
superficielle.

7. Croûtes de tufs
Ce sont des roches poreuses, légères, formées de concrétions calcaires
déposées dans les sources ou dans les lacs.

7.1. Les croûtes


Les croûtes calcaires sont largement répandues au Maroc. Elles se
présentent sous forme d'une carapace blanchâtre de 10 à 20 cm d'épaisseur,
parfois fragmentée par les labours en éléments inférieurs à 20 mm. Elles sont
plus dures que les tufs et ont une résistance  50 kg/cm2.
Les croûtes sont utilisées pour les assises de chaussées. Après
compactage suffisant pour obtenir une bonne soudure entre les pierres, on
ferme les interstices restants par 50 l / m2 de sable de carrière si la chaussée
doit être revêtue rapidement, ou de tufs dans le cas contraire. Il est
recommandé de n'entreprendre sa construction qu'après une longue période
de beau temps pour bénéficier d'un fonds dur, qui favorise l'attrition.

7.2. Les Tufs


Les tufs sont largement répandus au Maroc et en Algérie et se
présentent toujours en couches superficielles ne dépassant pas quelques
mètres d'épaisseur.
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On utilise les tufs pour la construction des chaussées revêtues et pour la
couche de roulement des chaussées non revêtues sous faible trafic. Les règles
d'emploi diffèrent donc sensiblement.

a) Routes revêtues
En couche de base, les matériaux doivent avoir un pourcentage de fines
inférieur à 30 cm. Les tufs les plus fins sont employés en couche de forme, ou
en fondation sous 20 cm de couche de base.

b) Cas de routes non revêtues


Ici aucun fuseau n'est imposé, mais pour assurer la présence d'un
squelette et l'enrobage des gros éléments, la proportion des grains inférieurs à
2 mm doit être comprise entre 30 % et 50 % et celle des fines limitée à 15 %.
Les tufs graveleux contenant plus de 30 % d'éléments supérieurs à 5 mm
donnent de bonnes assises, les grains grossiers s'écrasant au compactage.
Les tufs fins non plastiques donnent de bons résultats en fondation, mais
des surfaces de roulement poussiéreuses. Il est conseillé que l'indice de
plasticité soit compris entre 6 et 15.

8. Sols Gypseux
Le gypse lui-même se présente sous forme de fer de lance, en couches
assez minces à texture fibreuse ou à gros cristaux alternant avec des couches
de marne. On le rencontre aussi sous forme durcie ou en gros cristaux
mélangés à du sable. Sous toutes ces formes, il n'est pas utilisable sur la route,
seuls le sont les sables gypseux.
À cause de leur propriété d'acquérir une cohésion notable après
compactage et séchage (phénomène réversible après humidification), les sables
gypseux ne sont utilisés qu'en couche de base de routes revêtues. Le sable
gypseux utilisable se présente en général sous forme d'un mélange de sable

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siliceux fin et de gypse souvent accompagné de carbonates en grains de 2 mm
à moins de 0,08 mm. Le pourcentage de fines est très variable et peut atteindre
60 %. Le meilleur test de qualité est l'analyse chimique. Il est recommandé
d'avoir une teneur "calcaire + gypse" > 45 % pour fondation et > 60 % pour
couche de base et un indice de plasticité < 1.
Les matériaux pourvus d'un squelette et contenant des fines calcaires et
gypseuses s'utilisent en couche de roulement non revêtues en zones
modérément humides.

9. Coquillages et coraux
Les gisements de coquillages se rencontrent sur les littoraux et sont
caractérisés par la couleur jaune ocre du sable légèrement argileux qu’ils
contiennent.
Les dimensions des coquillages sont inférieures à 40 mm en général ; le
pourcentage d'éléments supérieurs à 2 mm est compris entre 30 et 60 %.
Des chaussées non revêtues peuvent être réalisées en coquillages
simplement compactés. Après concassage ils peuvent être utilisés en enduits
superficiels et pour la fabrication d'enrobés et également en fondation.
Le corail est utilisé en couche de base et en fondation de chaussées et de
pistes d'aérodromes.

10.Les essais d'identification des sols :


Le but de l'identification des sols est de pouvoir les comparer à des
matériaux ayant des caractéristiques mécaniques voisines de façon à pouvoir
apprécier leur comportement face aux sollicitations extérieures.
L'identification visuelle du sol décrit les caractéristiques appréciables à
l'œil : dénomination, aspect, couleur, consistance. Elle est complétée par une
série d'essais dont les principaux sont les suivants :

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 L'analyse granulométrique : elle consiste à déterminer les pourcentages
en poids des éléments solides de différentes grosseurs.
 Les limites d'Atterberg correspondant aux changements de consistance
du sol en présence d'eau.
 L'équivalent de sable fixant le degré de pollution d'un sable par des
éléments fins (argile ou limon).
 La teneur en eau exprimée en pourcentage par rapport au poids de
matériau sec.
 L'Essai Proctor destiné à déterminer la meilleure teneur d'un sol ou d'un
granulat, définie comme étant celle qui permet d'obtenir la densité sèche
maximum pour un mode de compactage donné.
 L'Essai CBR (Californian Bearing Ratio) qui permet de mesurer la
portance d'un sol dans différentes conditions de compacité et de teneur
en eau.

11.Les essais sur les granulats :


Les essais normalisés réalisés sur les agrégats routiers sont
généralement:
- Essai DEVAL ou MICRO-DEVAL destiné à déterminer la résistance à l'usure,
en présence ou non de l'eau, de l'agrégat.
- Essai LOS ANGELES qui permet de déterminer la résistance à la
fragmentation par choc de l'agrégat.
- Essai de Fragmentation Dynamique qui donne la résistance à la
fragmentation par sollicitations répétées du matériau.
- Essai d'Adhésivité pratiqué pour mesurer l'adhésivité bitume - granulats.
- Essai d'aplatissement qui donne la forme du granulat.

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12.Conditions d'utilisation des sols en remblai et en couche de
forme
Pour les remblais courants, on réutilisera autant que possible les
matériaux de déblais qui satisfont aux critères de spécification technique dans
un souci économique : équilibre remblai – déblais, minimisation des distances
de transport.
On n'aura recours aux emprunts (de graveleux latéritiques …) que
quand les possibilités de réalisation des matériaux de déblais sont épuisés.

13.Exigences Empiriques de Caractéristiques


Le choix des matériaux routiers se fait sur la base de leurs
caractéristiques physico-chimiques qui sont généralement consignées dans les
cahiers de charges. Quelques valeurs à titre d'exemple.

a) En fonction de la nature du matériau :

Nature du matériau Couche de base Couche de fondation


Non lié CBR  80 CBR  30
Lié aux liants Vérification des contraintes de traction /flexion ou
hydrauliques des e horizontales à la base de la couche.
Matériaux bitumineux Déformation transversales admissible e

Coefficient d'équivalence (CE)

Le coefficient d'équivalence est un facteur qui rend compte de la


résistance propre à chaque type de matériaux de construction. On peut
l'utiliser pour déterminer l'épaisseur e1 qu'il faut pour qu'un matériau M1 joue
le même rôle qu'un matériau M2 d'épaisseur e2.
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b) Pour les roches dures
 Coefficient Los Angeles LA< 40
 Coefficient Micro Deval à sec DE > 12
 Pourcentage de fines de grosseur < 80 m compris entre 5 et 15
%
 Equivalent de sable ES > 30
 Indice de plasticité IP < 6

c) Pour les tout-venants de concassage :


Pour les tout-venants de concassage de caractéristiques insuffisantes on
peut les améliorer au ciment, au laitier ou au bitume.
Pour les macadams, on utilise des granulats résultant des pierres cassées
; ces granulats sont dépourvus d'éléments fins. On ajoute du sable à ces
granulats qui sont agglomérés à l'aide de rouleaux compresseurs.

Calibre : 60/80 ou 60/90 pour la fondation


40/60 pour la couche de base
 Coefficient Los Angeles LA< 40
 Coefficient Micro Deval à sec DE > 13 (ou à la rigueur > 11
pour les chaussées à faible trafic).

Pour les enduits superficiels et les tapis d'enrobés l'utilisation des roches
dures est recommandée.
 Calibre : 8/12,5 ; 5/8 et 2,5/5 suivant l'épaisseur du tapis à
réaliser ;
 Ces matériaux doivent avoir les caractéristiques requises pour
l'exécution des enduits superficiels.

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