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Un mot qui commence par AL, on sait généralement qu’il vient de

l’arabe, explique le lexicographe. C’est donc le cas pour alcool. 

Un produit de beauté
Au commencement, il y a le mot arabe kuhl et avec l’article al-kuhl, qui
désigne une fine poudre noire de sulfure de plomb et d’antimoine. Ce
produit existe depuis l’Antiquité, les Égyptiennes l’utilisaient comme
collyre pour protéger les yeux de leurs bébés mais aussi comme produit
de beauté, un fard, pour souligner le noir de leurs paupières, donnant
ainsi à leur regard de la profondeur et du mystère. 

Puis, le mot est passé dans le latin médiéval, avec le même sens, mais
sous la forme alcohol. Et également en espagnol, on le retrouve
d’ailleurs dans le roman La Celestina, de Fernando de Rojas, en 1499,
où le fard est utilisé par l’héroïne. 30 ans plus tard, en 1527, le mot
passe tel quel en français, dans la traduction de cette œuvre. Ce mot a
donc deux sens, pour les alchimistes, la poudre fine et pour les
élégantes, le produit de beauté. Il faudra attendre la fin du XIXème
siècle pour que le mot prenne sa forme actuelle : khôl.

Mais quel est le rapport entre cette poudre


fine et la boisson enivrante que suggère le
mot alcool ?
Il se passe alors quelque chose de curieux ! A la Renaissance, les
alchimistes se servent de ce mot pour désigner un nouveau produit. Le
grand chimiste allemand, Theophrastus Bombast von Hohenheim, plus
connu sous le nom de Paracelse, utilise le terme alcohol vini pour
désigner "l’esprit de vin", c’est-à-dire le "produit d’une distillation de vin".
Il fait une rupture de sens. 

Le mot reste tel quel en français et perd son H au XIXème siècle, avec
la flemme naturelle de la langue.

Les cousins du mot alcool


Par métonymie, une personne qui se farde s’appellera : akḥāl. En
généralisant, akḥāl, au Maghreb, va désigner les Noirs. Puis, dans le
français d’aujourd’hui, cela donne, d’abord dans les banlieues, puis via
l’école et le rap chez les jeunes, krêle pour "Noir, Antillais ou Africain".
Ce mot peut avoir une connotation péjorative, tandis que karlouche de
l’arabe kaḥluš, diminutif de kḥēl, est plutôt affectueux.
 

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