Université de Sfax
Faculté des sciences économiques et de gestion de Sfax/ Ecole supérieure de Commerce de Sfax
Année universitaire : 2020 /2021.
Filière : 3ème année Licence Appliquée en Comptabilité / 3ème année Licence Fondamentale en Comptabilité/
2ème année Licence en Comptabilité
Matière : Comptabilité Internationale/ Comptabilité Intermédiaire
Enseignante : Mme Sonda Marrekchi
Mme Hanen Ghorbel Siala
NCT 06 : Les éléments incorporels sont des actifs non monétaires identifiables, sans
substance physique et qui répondent aux critères suivants :
• Ils sont obtenus ou contrôlés par une entreprise pour être utilisés à la production
ou à la fourniture de biens ou de services, pour être donnés en location à des
tiers, ou pour être utilisés pour les besoins propres de l’entreprise,
• Ils ont été acquis, créés ou mis en valeur en vue d’être utilisés pendant plus d’une
période comptable, et
• Ils ne sont pas destinés à être vendus dans le cours normal des affaires.
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Le goodwill ou le fonds commercial correspond aux éléments incorporels du fonds de commerce qui concourent au maintien et
au développement du potentiel d’activité de l’entité et qui n’ont pas fait l’objet d’une évaluation et d’une comptabilisation
séparées au bilan. Il peut être acquis séparément ou généré en interne. Selon le § 11 de l’IAS 38, le goodwill acquis lors d’un
regroupement d’entreprises représente un paiement effectué par l’acquéreur en prévision d’avantages économiques futurs générés
par des actifs qui ne peuvent être identifiés individuellement et comptabilisés séparément. Les avantages économiques futurs
peuvent résulter d’une synergie entre les actifs identifiables acquis ou provenant d’actifs, qui pris individuellement, ne satisfont
pas aux critères de comptabilisation dans les états financiers mais pour lesquels l’acquéreur est disposé à effectuer un paiement
dans le cadre du regroupement d’entreprises.
Selon l’IAS 38
Une dépense relative à un élément incorporel doit être comptabilisée en charges lorsqu’elle
est encourue sauf:
(a) si elle fait partie du coût d’une immobilisation incorporelle satisfaisant aux critères
de comptabilisation (voir paragraphes 18 à 67) ; ou
(b) si l’élément est acquis lors d’un regroupement d’entreprises et ne peut pas être
comptabilisé en tant qu’immobilisation incorporelle. Si tel est le cas, cette dépense
(incluse dans le coût du regroupement d’entreprises) doit être incorporée au montant
attribué au goodwill à la date d’acquisition (voir IFRS 3 Regroupements d’entreprises)
(IAS 38, §. 68).
Exemple 1 :
Les frais de recherche et de développement liés à la création d’un logiciel de traitement
des opérations avec la clientèle, encourus par la société Infoexcellence spécialisée dans
la conception des logiciels informatiques, au cours de l’exercice 2015 se décomposent
comme suit :
Janvier-février
Mars- Avril
Ou bien
L’entreprise immobilise les 60 000DT directement en investissement de recherche
et développement.
Juillet-Aout
Exemple 2 :
Une société pharmaceutique dont la date de clôture est le 31 décembre peut démontrer
que le développement d’un nouveau médicament satisfait aux critères de
comptabilisation le 10 août 2014, soit au moment où il est probable qu’elle obtiendra
l’approbation de la Food and Drugs Administration. Jusqu’à cette date, l’entité avait
dépensé 1 M$, montant qu’elle a passé en charges au fur et à mesure que les coûts
étaient engagés. Les coûts engagés après le 10 août 2014 doivent être inscrits à l’actif car
les critères de comptabilisation sont satisfaits à cette date. Les coûts déjà passés en
charges (1 M$) ne peuvent pas être inscrits à l’actif.
II - Le projet est terminé début janvier 2012 et l’entreprise a réussi à le faire breveter. Il
en a coûté 100 000 DT pour achever le projet. Les frais juridiques et administratifs
I- Les 300 000 DT constitue des frais de recherche et de développement qui doivent être imputé
aux résultats dans les comptes de charges par nature (selon le système tunisien dans le compte
617 Études, recherches et divers services extérieurs).
Ces dépenses ne peuvent pas être capitalisées en investissements de recherche et développement
car les conditions d’inscription à l’actif ne sont pas satisfaites.
II-
Année 2012
brevet.
Année 2012
rech dev
b- Logiciels :
Les logiciels informatiques dissociés du matériel créés soit pour l’usage interne de
l’entreprise, soit comme moyen d’exploitation pour répondre aux besoins de la clientèle
peuvent être constatés en actifs incorporels dans les conditions prévues par le § 16 de
NCT 06.
Le coût de développement des logiciels à usage interne crées ou développés en interne
ou sous-traités, peut être constaté comme actif incorporel dans la mesure où les
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Pour les brevets et les logiciels générés en interne, la norme internationale reconnaît implicitement leur
capitalisation, s’ils sont le résultat de recherche et développement.
Les immobilisations incorporelles
et les investissements de recherche et développement © Chtourou, S. et Ghorbel, H
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conditions prévues au paragraphe 7 (conditions de prise en compte des actifs
incorporels) de la norme 06 sont vérifiées (NCT 06, §. 16).
c- Fonds commercial :
Le fonds commercial crée par l’entreprise ne peut pas être pris en compte à l’actif en
raison (Yaich 2006) :
a- du fait que les coûts ayant contribué à la création de ce fonds ne sont pas
spécifiquement rattachés audit fonds, et
b- de l’impossibilité de mesurer de façon fiable les coûts qui ont permis de le créer.
c- Droit au bail :
Le fait qu’une entreprise occupe à titre de locataire, des locaux à usage commercial, peut
lui conférer un droit au bail en vertu tant des conventions que de la législation sur la
propriété commerciale. Le droit au bail ainsi crée ne peut pas être constaté comme
actif dans la mesure où il n’y a pas de création d’actif identifiable et le coût ne peut pas
être mesuré de manière suffisamment fiable (NCT 06, §. 12).
Selon la NCT 06, Les actifs incorporels acquis et faisant partie d'un groupe
d'immobilisations ou d'une entreprise entière sont également comptabilisés à leur coût à
la date d'acquisition. Le coût de ces immobilisations est mesuré différemment selon qu'il
s'agisse d'actifs incorporels spécifiquement identifiables et séparables ou non. Le coût
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d'actifs incorporels identifiables et séparables est une part assignée du coût total du
groupe d'immobilisations ou de l'entreprise entière, basée sur la juste valeur de ces actifs
pris individuellement. Le coût d'actifs incorporels non identifiables et séparables est
mesuré par la différence entre le coût du groupe d'immobilisations ou de l'entreprise
entière et la somme des coûts des actifs corporels et des actifs incorporels identifiables
pris individuellement diminués des passifs assumés (NCT 06, §. 18).
Voici des exemples d’immobilisations incorporelles qui pourraient être acquises dans le
cadre d’un regroupement d’entreprises (Jonction PCGR-IFRS : Aides à l’enseignement des IFRS
au Canada page (61-62)) :
-Technologie non brevetée : Une technologie non brevetée est une technologie qui ne
résulte pas d’un droit contractuel ou d’un droit légal. Ces technologies satisfont
généralement à la définition d’une immobilisation incorporelle dans la mesure où elles
sont séparables.
- Sites Web : Les sites Web acquis propres à des produits ou à des services peuvent
répondre aux critères d’inscription à l’actif énoncés dans IAS 38. Par exemple, un site
Web acquis dans le cadre d’un regroupement d’entreprises qui sert à la distribution à
grande échelle d’une gamme de produits particulière et qui peut être identifié séparément
à l’acquisition peut répondre à la définition d’immobilisation incorporelle.
4-1-4- Acquisition dans le cadre d’un échange : (Obert, O. 2017, page 281)
En cas d’échange d’immobilisations incorporelles, l’évaluation doit être faite à la juste
valeur avec comptabilisation d’un résultat de cession. Dans le cas où la juste valeur
d’aucune des immobilisations échangées ne peut être déterminée de manière fiable,
le coût de l’immobilisation incorporelle acquise sera égal à la valeur nette comptable de
l’actif donné en échange, aucun résultat n’étant dégagé.
Selon la NCT 06
La NCT 06 ne comporte pas de dispositions spécifiques aux dépenses postérieures sur
immobilisations incorporelles. Par ailleurs, selon Yaich (2006) les dépenses postérieures
directement rattachables à un élément incorporel déjà comptabilisé à l’actif doivent être
ajoutées à sa valeur comptable s’il est probable que des avantages économiques futurs
supérieurs au niveau de performance initialement prévu bénéficieront à l’entreprise.
Toute autre dépense devra être constatée en charges. Néanmoins, il est généralement
difficile de déterminer si des dépenses complémentaires génèrent ou pas des avantages
économiques futurs et de les affecter à un actif incorporel particulier. En conséquence,
ce n’est qu’en des rares circonstances que des dépenses engagées après la
comptabilisation initiale d’un actif incorporel viendront augmenter la valeur comptable
de cet actif.
6- Évaluation des immobilisations incorporelles postérieure à
la comptabilisation initiale:
Selon la norme IAS 38 (§72), une entreprise peut choisir soit le modèle du coût, soit
le modèle de réévaluation en tant que méthode comptable pour l’évaluation des
immobilisations incorporelles postérieurement à leur comptabilisation initiale.
Schéma 1 :
La valeur comptable de l’immobilisation incorporelle s’établit comme suit (Barbe.O
(2019), page 195:
8- Dépréciation :
Pour déterminer si une immobilisation incorporelle a perdu de la valeur une entreprise
applique la norme IAS 36 Dépréciation d’actifs.
Une entreprise doit apprécier à chaque date de clôture s’il existe un quelconque indice
montrant qu’un actif a pu perdre de la valeur. S’il existe un tel indice, l’entreprise doit
estimer la valeur recouvrable de l’actif.
la norme IAS 36 (§.10), impose un test de dépréciation annuel (en comparant sa valeur
recouvrable à sa valeur comptable), qu’il y ait ou non un indice de perte de valeur, dans
les deux cas suivants :
-Immobilisation incorporelle à durée d’utilité indéterminée ou immobilisation
incorporelle qui n’est pas encore prête à être mise en service.
-Goodwill acquis dans un regroupement d’entreprises.
Exemple 6 : (IAS 38, §. 67)
Une entité développe un nouveau procédé de fabrication. Durant la période annuelle
20X5, les dépenses encourues s’élèvent à 1 000 UM dont 900 UM ont été encourues
avant le 1er décembre 20X5 et 100 UM ont été encourues entre le 1er et le 31 décembre
20X5.
L’entité est en mesure de démontrer qu’au 1er décembre 20X5, le procédé de fabrication
a satisfait aux critères de comptabilisation d’une immobilisation incorporelle. La valeur
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recouvrable du savoir-faire qu’intègre le procédé (y compris les flux de trésorerie futurs
pour achever le procédé avant qu’il ne soit prêt à être mis en service) est estimée à 500
UM.
A la fin de la période annuelle 20X5, le procédé de fabrication est comptabilisé en tant
qu’immobilisation incorporelle pour un coût de 100 UM (dépenses encourues depuis la
date à laquelle il aura été satisfait aux critères de comptabilisation, c’est-à-dire depuis
le 1er décembre 20X5). La dépense de 900 UM encourue avant le 1er décembre 20X5
est comptabilisée en charges, car avant le 1er décembre 20X5, il n’a pas été satisfait
aux critères de comptabilisation. Cette dépense ne fait pas partie du coût du procédé de
fabrication comptabilisé au bilan.
Durant la période annuelle 20X6, la dépense encourue s’élève à 2 000 UM. A la fin de la
période annuelle 20X6, la valeur recouvrable du savoir-faire qu’intègre le procédé (y
compris les flux de trésorerie futurs pour achever le procédé avant d’être prêt à être mis
en service) est estimée à 1 900 UM.
A la fin de la période annuelle 20X6, le coût du procédé de fabrication est de 2 100 UM
(dépense de 100 UM comptabilisée à la fin de 20X5 plus une dépense de 2 000 UM
comptabilisée en 20X6). L’entité comptabilise une perte de valeur de 200 UM pour
ajuster la valeur comptable du procédé avant perte de valeur (2 100 UM) à sa valeur
recouvrable (1 900 UM). Cette perte de valeur sera reprise lors d’un exercice ultérieur
si les dispositions relatives à une reprise de perte de valeur selon IAS 36 sont satisfaites.
NB : Dans le présent exemple, les montants monétaires sont libellés en « unités monétaires » (UM).
Informations à fournir :
Pour chaque catégorie d'immobilisations incorporelles, une entité doit notamment
fournir les informations suivantes en distinguant les immobilisations incorporelles
générées en interne des autres immobilisations incorporelles :
- que les durées d'utilité soient indéterminées ou finies et, si elles sont finies, les
durées d'utilité ou les taux d'amortissement utilisés ;
- les modes d'amortissement utilisés pour les immobilisations incorporelles à
durée d'utilité finie ;
- la valeur brute comptable et tout cumul des amortissements (regroupés avec le
cumul des pertes de valeur) à l'ouverture et à la clôture de la période ;
- le(s) poste(s) du compte de résultat dans le(s)quel(s) est incluse la dotation aux
amortissements des immobilisations incorporelles ;
- un rapprochement entre les valeurs comptables à l'ouverture et à la clôture de la
période faisant apparaître les informations prescrites par la norme, etc.
Bibliographie
Normes comptables
Système Comptable des Entreprises en Tunisie
Normes IAS/IFRS
Ouvrages
Barbe, O. et L. Didelot (2019). Maîtriser les IFRS. Les Guides de Gestion RF. 9ème édition.
Bernard R. (2017) Les normes comptables internationales (IFRS). 7ème édition
Colmant, B., Pierre-Armand, M. et Hubert Tondeur (2013). Les normes IAS-IFRS : une
nouvelle comptabilité financière. Pearson,.
Mémento des Normes Internationales d’Information Financière (IFRS) (2007):
Positionnement des Normes Comptables Tunisiennes (NCT) - De la théorie à la pratique.
PRICEWATERHOUSECOOPERS,.
Memento Expert. IFRS (2013) ; Edition FRANCIS LEFEBVRE . PWC, 2013.
Obert, R. (2017). Pratique des normes IFRS : Référentiel et guide d’application. 6ème
édition. Dunod.
Raffournier, B. Les Normes Comptables Internationales (IFRS /IAS). 2007. 3ème edition, Économica.
Touchais, L. (2015). Comptabilité Internationale : IAS et IFRS. Collection MANAGEMENT.
Economica.
Zarrouk, R. (2007) Compta-Cours I, Normes IFRS- Normes tunisiennes (NC). Edition.
Zarrouk , R. (2007) « COMPTA-Cours II : Normes IFRS-Normes Tunisiennes ». Edition.
Zarrouk, R. (2013) « Comptabilité financière internationale, IFRS 2013». Edition 2013.