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CRISE SOCIETALE ET PERCEPTION DE LA REALITE ENREPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO 

Par
Samuel Tumba Lupua Yemey, PhD

Introduction
La question de la crise en République Démocratique du Congo est encore
actuelle 60 ans après son Indépendance. Elle est multiforme et endémique. Plusieurs tentatives
ont été faites pour l’endiguer. Mais hélas ! Elle revient toujours au gallot. Cette situation nous
amène à nous poser la question suivante : Quelle est la cause principale de la crise sociétale
récurrente et permanente au Congo ? Pour répondre à cette question reconnaissons que des
causes exogènes et endogènes ont toujours été avancées. Mais il nous semble qu’il en demeure
une jusque-là insoupçonnée : la perception de la réalité par les congolais.
Dans cette étude nous voulons examiner le rapport d’influence et de circularité
dialectique entre la crise sociétale et la perception de la réalité.
L’ambition de notre réflexion est de vérifier s’il y a ou non une sorte de
perversion de l’angle d’incidence dans la perception de la réalité chez les congolais qui
éblouirait et brouillerait la vision du monde de ces derniers, et, partant, leurs personnalités et
leurs éthiques. Loin de nous la méconnaissance ou l’ignorance de certaines causes de la crise
congolaise évoquées antérieurement par d’autres chercheurs parmi lesquelles : l’homme, dont
le cœur est toujours enclin au mal par ses passions de richesse, de plaisir et d’orgueil (I.W.,
BAKOLE, 1984, p.9), la carence d’idéologie valable (T., KABEMBA & M., MBOPE, 1992, p.139),
les conflits (E. M., HOBIGERA, 2011, p.794), l’absence d’une gouvernance effective et
démocratique (G. N., NTALAJA, 2015, p. 374), etc.
Il s’agit de poser la question de la liberté mentale et la responsabilité des
congolais pour assumer pleinement leur indépendance.
Notre thèse est qu’il existe une influence réciproque entre la crise sociétale et
la perception, par l’esprit, de la réalité en République Démocratique du Congo. Les visions
respectives du monde des animateurs du pouvoir politique, de l’opposition et de la société
civile (représentée ici par les leaders religieux catholiques et protestants), sont pour la plupart
irresponsables et non patriotes, car minées par l’affect et motivées par des intérêts sectaires.
Elles provoquent un climat de mal-être, de malaise et de ras-le-bol, qui, lorsque tout le monde
s’y habitue, produit une perception tarée de la réalité.
Cette étude s’articule en six points suivants : Contexte, définition des concepts-
clés, analyse de la perception de la réalité en RDC, résultat, discussion et conclusion.

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I. CONTEXTE
Nous faisons des recherches depuis six ans pour notre deuxième thèse de
doctorat en théologie sur « La pathologie du paradigme africain du combat spirituel : une
analyse philosophico-théologique du Ministère de Maman Olangi Osho. ». Une conviction nous
courtise sur le fait que ce qui s’appelle au Congo » combat spirituel » est plutôt un état mental.
Les déclarations selon lesquelles on est poursuivi par quelqu’un, qu’on pense être envouté ou
qu’on souffre à cause des parents, des coutumes, des mauvais rêves, de la sorcellerie, etc.,
existent surtout chez des gens qui n’ont pas la paix du cœur et chez les schizophrènes. Parce
que tout ceci se passe dans l’imaginaire et non dans le réel autant nous savons aussi que le
texte fondamental, généralement considéré comme paulinien, sur lequel se fondent ces
croyances dans l’épitre aux éphésiens 6 : 10-18 sur l’armure de Dieu, est métaphorique.
Normalement, la croyance au combat spirituel est sous-tendue par la perception de la réalité
de chaque personne, surtout celles qui croient en une sorte de dualisme dans la réalité
immatérielle. Cette croyance, telle qu’irresponsablement enseignée en RDC crée beaucoup des
crises dans les individualités, les familles et toute la société. C’est dans ce contexte,
qu’élargissant le questionnement a toute la communauté nationale, notre éros scientifique
nous poussera à rechercher l’impact que la perception de la réalité peut avoir sur la crise
congolaise et vice-versa.
II. DEFINITIONS DES CONCEPTS-CLES
La mobilité du langage humain nous oblige à clarifier chaque mot ou concept en
tant que symbole et abstraction d’une réalité physique ou métaphysique et son emploi dans ce
travail, de manière qu’en l’utilisant comme signifiant que l’on puisse en saisir le signifié. Car, la
réussite d’une recherche dépend de la façon dont on conceptualise clairement et comment les
autres comprennent le concept qu’on utilise. Il s’agit de quatre concepts et deux expressions
suivants : crise, sociétale, perception, réalité, crise sociétale et perception de la réalité.
1. CRISE
Le concept «  crise » vient du mot latin « crisis » et du mot grec « krisis » de
la racine grecque « krino » qui signifie : séparer, déterminer, juger, condamner. (S.V.,
THATCHER & A., MCQUEEN 1980, p.203). Aussi « crise » dérive, selon The American Heritage
Dictionary (1982), du verbe grec « krinein qui signifie : séparer. Pour ce dictionnaire la crise
« est un(une) point(situation) décisif(ve) ou crucial(e), un tournant. Une condition instable dans
les affaires politiques, internationales ou économiques ou un changement brusque ou décisif est
imminent. Un changement soudain dans l’evolution d’une maladie aigue soit vers l’amelioration
ou la deterioration. Le point dans une histoire ou un theatre ou les forces hostiles sont dans un
état d’opposition la plus tendue. » (p.340)
Le concept » crise  » se révèle ici comme un phénomène qui n’est pas un
statut mais un état ou une condition des choses. Sa nature est celle de l’imminence, la
soudaineté, la brusquerie et parfois la surprise. Elle est caractérisée par l’acuité, l’instabilité et
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l’imprévisibilité. Elle crée l’inquiétude et le suspens. Elle peut déboucher sur un développement
positif de la situation ou conduire vers a fatalité.
2. . SOCIETALE
C’est un adjectif dérivant de la racine latine societas rendue en français par
le nom « société » ( S.V. THATCHER & al., op.cit., p.796.).The American Heritage Dictionary
(op.cit.) le définit comme : » ce qui concerne la structure, l’organisation et le fonctionnement de
la société ».(p.1160) Quant à la question : «  Qu’est ce qui est sociétal ?.Frederic WORMS
(2017) répond que c’est ce qui se rapporte aux conceptions de la société en général, surtout du
point de vue des questions des mœurs ou des valeurs, et finalement, de la vie humaine. De son
côté, le dictionnaire Larousse en ligne renseigne que « sociétal » est un adjectif qui a le sens de
ce qui se rapporte aux divers aspects de la vie sociale des individus, en ce qui concerne une
société organisée. (Larousse, 2020).
Il s’avère à ce point que ce qui est sociétal est philosophique et
anthropocentrique du moment qu’il concerne la vie de l’homme dans la société dans toutes ses
dimensions égologiques pour une société fondamentalement paisible, c’est-a-dire, Frederic
WORMS de continuer, qui est déjà d’accord sur le cadre social et politique commun, des vérités
factuelles, scientifiques de base et communes. C’est ainsi que le sociétal et le social se
recoupent du fait que tout débat sociétal se passe dans la société et sur les relations sociales,
ce qui le fait déborder sur le légal et le politique. (Loc.cit.)
3. . CRISE SOCIETALE
Parmi les différentes compréhensions de l’expression nous pouvons
mentionner deux qui nous semblent intéressantes : celle de Jean-Claude ANCELET et celle de
Paul FUSTIER. Selon Jean-Claude ANCELET, une crise est sociétale « lorsqu’elle relève de la
représentation qu’un être humain se fait de la société et de sa place à lui » (2019, 2 Juin). Pour
Paul FUSTIER (2013) une crise sociétale « est une crise de société qui se manifeste par les
nombreuses situations de « mal-être » ou de « ras-le-bol » dont les médias se font les porte-
paroles ». (p.93)
Une définition résultant de la fusion des deux précédentes serait que la
crise sociétale est un état ou une condition imminente ou soudaine d’instabilité, d’inquiétude,
de confusion, de mal-être et de suspens, dans la conception de la société et l’orientation de la
vie humaine en son sein.
4. PERCEPTION

The American Heritage Dictionary nous informe que du latin «  perceptio »,


la « perception » est un substantif tiré du verbe percepere qui signifie : percevoir. Au sens
figuré, il est question d’une idée, une intuition, une connaissance, reçues en percevant ; ou

3
encore, la capacite d’obtenir une telle idée ou connaissance (op.cit., p.290). The New Webster
Encyclopedic Dictionary ajoute quelques éléments nouveaux suivants : processus mental de
connaissance d’un objet extérieur et appréhender par l’esprit (op.cit., p.615). Donc, discerner et
comprendre.
Il convient de remarquer que le verbe «  voir » qui est synonyme du verbe
« percevoir » dérive de la même racine latine sequor du verbe « suivre » dont le sens est celui
de percevoir avec l’œil, percevoir mentalement, se faire une conception ou une idée de,
examiner, connaitre par expérience personnelle. (Ibid., p.760)
Bien que théologien nous avons escamoté sciemment d’aborder la
perception en termes de révélation au travers des théophanies, visions, songes, rêves ou
prophéties, pour ne pas abuser des limites de cette réflexion. Cependant, nous pourrons
effilocher la perspective théologique sur les rêves et relancer la discussion entre Sigmund Freud
et Albert Jung a ce sujet dans une étude ultérieure. En effet, John A. SANFORD (1978) soutient
que le premier voit un contenu manifeste et latent dans les rêves alors que pour le second les
rêves sont ce qu’ils disent. (p.11) Y a-t-il perception ou pas ?
En combinant les deux racines latines  : perceptio et sequor nous pouvons
définir la perception comme un constat sensoriel de l’altérité de l’être, un processus ou une
opération mentale de la capture d’une existence extérieure à soi par les sens et/ou par l’esprit.
C’est une compréhension, une communication entre le sujet percevant et son environnement
direct, une expérience, une interprétation de ce qui est par le cerveau. C’est dans le sens de la
compréhension et de l’interprétation que nous entendons utiliser ce concept en tant que
perception par l’esprit.
5. REALITE
The American Heritage Dictionnary (op.cit.)  présente la réalité comme la
qualité de ce qui est réel et vrai. C’est-à-dire, une personne ; une entité ou un évènement qui
est réel ; la totalité des choses ayant l’actualité, l’existence ou l’essence, ce qui existe
objectivement et dans le fait ; la somme de tout ce qui est réel, absolu ou inchangeable.
(p.1030). C’est l’être réel ou l’existence réelle, l’actualité ; la vérité ; ce qui est réel par
opposition à ce qui est imaginaire et prétentieux. (S.V., THATCHER & al., op.cit., p.695). Nous ne
dérogeons pas à notre démarche de scruter aussi le sens, dans ce cas, de l’adjectif « réel » dans
le souci de ressasser tout ce qui peut contribuer à expliquer d’une manière assez complète le
concept « réalité ». En effet, ce qui est réel c’est ce qui est et qui existe ; ce qui n’est pas fictif
ou imaginaire ; ce qui est non artificiel, non contrefait, non affecté, pas supposé, qui est
authentique. (Loc.cit.)
Intéressons-nous a quelques éléments complémentaires venant du
dictionnaire anglais Google en ligne qui affirme que la réalité constitue le mode ou l’état des
choses telles qu’elles existent par opposition à leur conception idéaliste et notionnelle. (Google,
1er Février 2020). La réalité consiste en la somme ou l’agrégat de tout ce qui est réel ou existant
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dans un système, par opposition à ce qui est seulement imaginaire. Le terme est aussi utilisé
pour référer au statut ontologique des choses, indiquant leur existence. En termes de la
physique la réalité c’est la totalité d’un système, connu ou inconnu. L’on parle aussi de « Theory
of reality » (TOR) ou « la théorie de la réalité » qui se veut une théorie compréhensive
concernant la nature de la conscience et la nature de l’univers. Elle soutient, entre autres, que
notre plus profonde essence c’est une pure conscience, qui constitue la plus profonde essence
de tout ce qui existe. (Loc.cit.)
Le dernier élément qui peut être pris en compte réside dans les ajouts significatifs dans la
définition que la cinquième édition du American Heritage Dictionary en ligne (2016), à savoir :
une entité réelle, un évènement ou un fait, l’entièreté de tout ce qui est réel et la perception
personnelle subjective d’un observateur de tout ce qui est réel.
Qu’est-ce que la réalité finalement  ? A notre avis la réalité se veut être
l’actualité ; l’existence réelle et factuelle ; la tangibilité ; la concrétude ; l’absoluité ;
l’immutabilité ; la vérité ; l’évidence ; la pureté ; l’authenticité ; l’étantité ; la matérialité ;
l’ontologie des choses indiquant leur existence, la conscience et l’essence. Etant caractérisée,
entre autres, par la factualité, la subjectivité, la tangibilité, l’incommensurabilité, et, partant,
l’infinitude, la réalité ne saurait être totalement objective ou universelle. Même si elle est
captée à l’aide des instruments tels le microscope, les lunettes astronomiques ou le télescope,
elle reste valable aussi longtemps qu’elle n’est pas défiée, et son appréciation par différentes
individualités donnerait des conclusions disparates et subjectives.
6. PERCEPTION DE LA REALITE
Toutes les sciences puisent leurs objets du questionnement émanant d’une
certaine perception de la réalité dont elles sont une expression dans sa dimension épistémique.
De même, nos pensées, réflexions, discours et actions, révèlent à un degré élevé notre
perception de la réalité. Alors, posons-nous la question suivante : Qu’est-ce que « la perception
de la réalité ? ». Notre réponse se tente en deux moments : une définition sur base des
données sémantiques et quelques définitions d’autres sciences.
L’agrégation des différentes significations des concepts «  perception » et
« réalité » nous permet de définir « la perception de la réalité » comme la capture,
l’appréhension ou l’interprétation d’une existence, d’un fait, un évènement, un mouvement,
d’une évidence ou d’une vérité, par les sens et /ou par l’esprit, dans un système, un contexte et
un moment donné. En effet, tout individu peut expérimenter cette opération sensorielle et
mentale à sa manière et selon ses capacités, ses aptitudes, sa personnalité, sa culture, son état
mental, son état psychique et son contexte. Cette définition d’ordre logique et herméneutique
n’est pas autarcique. Comparons-la à celles de quelques disciplines scientifiques, notamment ;
la philosophie, la psychologie et la communication, qui les épicent chacune a sa saveur.
Pour ce qui est de la compréhension de la perception de la réalité par les
philosophes Manuel JIMENEZ écrit : « Le rapport entre la perception et la réalité varie selon les
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écoles philosophiques : pour les courants dits » réaliste », « rationaliste » et « empiriste », « il
y a un monde objectif » et « il y a une perception objective de ce monde objectif », que l’on
peut partiellement atteindre par la raison et l’expérience. Pour le courant phénoménologiste « il
n’y a pas » réalité » hors de sa construction par le sujet percevant. » (M. JIMENEZ, 1997) Cette
définition semble être le condensé de la pensée philosophique sur « la perception de la
réalité » incluant nombre des philosophes comme Platon, Aristote, Husserl, Spinoza, Bergson,
Merleau-Ponty, etc. On retient ici que le monde peut être objectif mais chacun en fait une
perception subjective et construit sa propre réalité.

Parlant de la psychologie expérimentale JIMENEZ affirme que celle-ci  » évite de


se demander ce qu’est la perception, elle se contente de décrire la manifestation en termes de
comportement ou de verbalisation. La « réalité », en psychologie expérimentale, est définie
statistiquement comme l’ensemble des propriétés perçues partagées par tous les sujets
normaux. C’est une approche normative de la perception ». (Ibid.). Cette approche nous
intéresse dans sa recherche du contenu ontologique des choses pour établir la nature des
objets : leurs catégories, formes, propriétés, ressemblances, dissemblances…etc. Il convient de
noter que dans cette approche normative de la perception, plus la connaissance sur un objet,
un fait, un évènement. etc., augmente, plus sa perception se précise. Par ailleurs, la
persistance, la répétition, la permanence et la ressemblance des propriétés d’un objet ou d’un
groupe d’objets conduit normalement à leurs catégorisation, codage, identification factuelle et
réelle.
Dans le domaine de la communication Claude TERRIER (2007) indique dans
son étude sur la question de « ce que nous percevons et comment nous percevons » que nous
ne voyons et ressentons pas les mêmes choses (couleurs, formes, sons…etc.) même si la
perception est un processus mental et physique qui utilise nos cinq sens. Ce que nous
percevons est sélectionné, organisé et interprété. En fait, nous sélectionnons consciemment ou
inconsciemment ce qui nous intéresse, ce qui nous attire et ce que l’on connait, ceci en fonction
d’une grille perceptuelle, de la sensibilité, l’affectivité et la culture de chacun. Donc, conclut
Claude TERRIER, la réalité que nous percevons est un fruit de notre culture et de nos filtres. Elle
exige une bonne connaissance de soi et de ces deux facteurs, ensuite, nous communiquons à
l’aide des codes qui résultent de notre culture et qui sont différents de ceux de nos
interlocuteurs (alors qu’une bonne communication exige l’utilisation d’un langage universel
compréhensible et perceptible par l’interlocuteur), et, enfin, la communication est une co-
construction de la réalité.
En conclusion, La perception de la réalité se trouve être un mode subjectif de
représentation de l’environnement qui se déroule dans l’instant en utilisant des capteurs
sensoriels, un mode de connaissance directe et de reconnaissance ponctuelle d’un fait, d’une
personne, d’un objet, d’une surface, d’un événement, etc., en fonction de la culture, du sujet

6
percevant, c’est-à-dire, son cadre de référence, sa grille perceptuelle, ses filtres et ses codes de
communication
Les congolais de la RDC ne semblent pas avoir une perception de la réalité
originelle et originale du fait de ne s’être jamais définis et auto-déterminés depuis l’Etat
Indépendant du Congo ou ils avaient le statut de propriétés d’un individu, Leopold II. Ce faisant,
la frustration, le traumatisme et le complexe d’infériorité sont constitutifs à leur être car vivant
avec des refoules insoupçonnés. Leur santé mentale n’est pas saine, non plus, comme l’affirme
Serge KAPANGA KULE (2019) lorsqu’il écrit : » En RDC, la crise sociopolitique qu’connue le pays
sur plus de 10 ans a eu pour conséquences de multiples deuils, des déplacements et une
paupérisation de la population dont le retentissement est, entre autres, la détérioration
significative de la santé mentale. (p.56). C’est avec raison que le Professeur Cheik ANTA DIOP
(1991), parlant des facteurs constitutifs de l’identite culturelle, mentionne le conditionnement
psychologique a l’instar du facteur historique et linguistique. (pp.211-219)

III. PERCEPTION DE LA REALITE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO


A ce niveau de l’évolution de notre démarche il devient évident que
l’expression « perception de la réalité » peut être interchangeable avec ce que James SIRE
(1976) appelle » the worldview » (p.17) ou ce que l’anthropologue britannique Bronislaw
Malinowski (1953) appelle « weltanschauung », que l’on peut traduire en Français par « la
vision du monde «. La subtilité de la réalité ne peut que rendre sa perception subjective et
fluide. Elle ne peut être uniforme, objective ou universelle. Ce faisant, les congolais dans leurs
individualités ne peuvent faire exception a cette essence. Cependant, dans un système donné
avec des individus parlant la même langue (ou les mêmes langues) véhiculant la même culture,
s’étant accordés sur des règles de la loi devant gouverner leur vie en société, partageant les
mêmes valeurs, mœurs ainsi que la même conception de la vie humaine, vivant dans un même
contexte géographique, politique et socio-économique, il y a lieu qu’ils se reconnaissent dans
certains faits concrets et récurrents qui constituent leur réalité. Celle-ci peut revêtir une sorte
d’objectivité conventionnelle fondée sur son impersonnalité et son opposabilité a tous.
La vision du monde pour un pays comme la RDC devrait être mise en branle,
garantie et incarnée dans les différents Présidents qui se sont succédé à Kinshasa depuis 1960.
La meilleure occasion de l’affirmer, de la valoriser et de l’annoncer c’est dans leurs discours
respectifs d’investiture comme Présidents de la République et Chefs de l’Etat. A ce sujet, nous
trouvons dans le livre de Elias M. HOBIGERA (op.cit.) un extrait du discours du roi Baudouin
s’adressant aux congolais indépendants a la proclamation de l’indépendance du Congo le 30
Juin 1960 en ces termes : » Le monde entier a les yeux fixes sur vous. A l’heure ou le Congo
choisit souverainement son style de vie, je souhaite que le peuple congolais conserve et
développe le patrimoine des valeurs spirituelles, morales et religieuses qui nous est commun et
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qui transcende les vicissitudes et les différences de race ou de frontière. » (p.85). En réponse,
sensé d’inventer un style de vie propre aux congolais le nouveau Président du Congo
Indépendant Joseph Kasa-Vubu se fait plutôt bon élève de son ancien maitre lorsqu’il déclare 
devant la Nation représentée par les Sénateurs et les Députes ce qui suit :« Nous saurons
également, dans tout le pays, développer l’assimilation de ce que les quatre-vingts ans de
contact avec l’occident nous ont apporté de bien : la langue qui est un outil de l’harmonisation
de nos rapports, la législation qui, insensiblement a influé sur l’évolution de nos coutumes
diverses et les a lentement rapprochées et enfin la culture… ».(Ibid., p.88)
Par cette déclaration Joseph Kasa-vubu posa la première pierre de
l’hypothèque d’une perception de la réalité authentiquement congolaise. Le General Joseph
Désirée Mobutu, qui prit le pouvoir par coup d’Etat, n’avait pas besoin d’un discours
d’investiture. Sa politique du « recours à l’authenticité », bien accueillie au Zaïre et en Afrique,
se révèlera non authentique à la longue bien qu’elle eût suscité la fierté dans les zaïrois et les
africains quant à leur affirmation de soi. Ce n’est pas Laurent Desire Kabila qui conspira contre
son pays le 18 Octobre 1996 en signant l’accord de Lemera et en amenant des troupes
étrangères au Congo qui pouvait avoir une perception de la réalité purement congolaise malgré
son esprit indépendantiste, autonomiste et autarcisé. Le Discours-programme de Joseph Kabila
a son investiture le 26 Janvier 2001 ne sera qu’une liste d’actions à mener pour relever les défis
de la paix, l’unité, la réconciliation nationale, les relations de bon voisinage et le Dialogue Inter
congolais. (Congo-Afrique, 2001). Pas de vision du monde. Dans la même lancée, le discours
d’investiture de Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo s’est limité à donner des stratégies
envisagées pour relever les différents défis auxquels le pays continue à faire face. (La libre
Afrique, 2019). Il a été question d’un programme, d’une politique générale et non d’une
idéologie, malgré le slogan : « Le peuple d’abord »
La question que l’on peut se poser est celle de savoir si les congolais ont une
identité culturelle nationale avérée, une vision du monde originale et originelle, une perception
de la réalité collective et transversale, congolaise et congolisante. Pour répondre à cette
interrogation, en application de l’approche normative de la perception de la réalité en
psychologie exprimentale dont parle Manuel JIMENEZ ci-haut (supra) nous avons synthétisé
dans le tableau I, ci-dessous, une analyse comparative des perceptions de la réalité d’un
échantillon représentatif de trois groupes des congolais, à savoir : le pouvoir, l’opposition
politique et la société civile (représentée par les leaders religieux catholiques et protestants).
L’analyse consiste à évaluer et comparer les perceptions de la réalité de ces trois groupes
d’acteurs sociaux respectivement, par rapport à dix réalités prises en termes d’évènements,
activités ou problèmes. En comparant les résultats obtenus aux résultats escomptés dans
l’interprétation de réalité sous examen à la lumière de leurs objectifs, buts ou enjeux, il y a lieu
de déterminer si tel ou tel groupe a une perception adéquate de la situation, que ses prises de
position, discours, attitudes et comportements sont responsables, et, partant, essayer de
justifier la sensibilité des résultats.

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Il s’agit d’un tableau de 7 colonnes et 10 lignes. Les 10 réalités dont on a
examiné la compréhension chez les acteurs sociaux sont des faits, des événements, des
activités, des fora, des problèmes ou des conflits, repartis de la manière suivante :

 3 fora des tentatives de résolution de la crise sociétale : la Conférence Nationale


Souveraine (1992), le Dialogue Inter congolais (2002) et le Dialogue de la Saint
Sylvestre (2016).
 1 Complot pour exproprier la RDC d’une partie de son territoire et contrôler son sol
et son sous-sol (Accord de Lamera, 1996).
 1 problème de droit constitutionnel et international : La problématique de la
nationalité congolaise des rwandophones au Congo.
 1 Contentieux électoral Cfr Recours en contestation des résultats des élections
présidentielles du 30 Décembre 2018 devant la Cour Constitutionnelle à travers
Martin Fayulu
 1 Procès judiciaire sur le détournement des fonds destinés au programme d’urgence
du Chef de l’Etat qui a abouti à la condamnation de son Directeur de Cabinet Vital
Kamerhe le 20 Juin 2020.
 1 élection contestée De Mr Ronsard Malonda comme remplaçant de Corneille Nanga
a la présidence de la CENI
 2 conflits de compétence entre le Conseil des Ministres présidé par le Président de la
République, Chef de l’Etat et le Vice-Premier Ministre Ministre de la Justice et Garde
des Sceaux, et celui entre le Président de la République et le/la Ministre du
portefeuille sur la non-exécution des Ordonnances présidentielles nommant les
mandataires des entreprises publiques
NOTE : Les acteurs sociaux représentant le pouvoir, l’opposition politique et la société civile
sont ceux qui étaient aux affaires a la période de l’occurrence de la réalité examinée.
2 TABLEAU I : TABLEAU ANALYTIQUE ET COMPARATIF DES PERCEPTIONSDE LA REALITE
DESCRIPTIO PERCEPTION DU PERCEPTIO PERCEPTION RESULTAT(S)ESC RESULTATS
ACTEURS N POUVOIR N DE DES LEADERS OMPTE(S) REELS
---------------- L’OPPOSITI RELIGIEUX
REALITE ON
LA CNS Chute du Diversion de l’opinion Premier Grande palabre Le changement Haut Conseil-
bloc de l’Est internationale00 et acte africaine, radical du Parlement de
et perte du malice politique pour démocratiq catharsis système politique Transition et
rôle dorer la pilule à tous. ue du collective pour et la Premier
stratégique (HOBIGERA, p.161) peuple la conversion démocratisation Ministre
de Mobutu pour le des valeurs et du pays avec un autre que
contre le changeme un nouveau gouvernement du celui élu à la
communis nt radical projet de Premier Ministre CNS
me. (E.M. et la société (CENCO, élu par la CNS
HOBIGERA, réconciliati lettre des
2011, on évêques, 1992)
p.160) nationale

9
But : faire (E.
une TSHISEKEDI
étiologie de , 1992)
la crise et
proposer
une feuille
de route
pour y
mettre fin.
(G.N.
NTALAJA,20
15, p.256) t
LE Violation Rencontre entre Pas de Forum Application de Gouverneme
DIALOGUE du Cessez- congolais sans perception indispensable l’accord de nt atypique
INTERCONG le feu interférence pour la propre et pour mettre fin Lusaka Respect de transition
OLAIS contenu solution au conflit, la claire. Le à la guerre et à du cessez- le- feu, 1+4 avec
dans paix et la RCD au la souffrance du reconnaissance Joseph Kabila
l’accord de démocratisation service du peuple (CENCO) des uns et des comme
Lusaka et la (Nations Unies, 2014). Rwanda, le Rencontre autres. Président -.
reprise de Mais tout était MLC au incluse de Participation au Représentativ
la guerre. négociable sauf la service de famille pour la gouvernement de ité des
Objectif : position du chef de l’Ouganda. réconciliation transition délégations
régler le l’Etat Joseph Kabila L’UDPS et nationale (T. au Dialogue
volet (M. Bruno HANSES, allies LUBOWA, 2002) dans les
politique de 2002) s’associent Pour l’ECC : une institutions.
cet accord avec RCD rencontre non -Arbitrage du
dont le et MLC exclusive de CIAT.
cessez-le- s’accorde famille, un
feu a été avec ministère de
viole. ( Joseph réconciliation
Kabila et nationale
son auprès de la
Gouverne classe politique
ment. ( (DIP, 2002)
LA La Pour le gouvernement Pas une Dans une Résolution En dépit de
NATIONALI problémati de Joseph Kabila la priorité déclaration les urgente et l’article 10 de
TE que de la confusion de la jusque-là évêques du Kivu effective de ce la
CONGOLAIS nationalité nationalité congolaise pour ont fait une problème en Constitution
E congolaise est la stratégie l’oppositio déclaration respectant le de la RDC, la
n’a pas été indispensable par n politique réclamant que droit et l’équipe question de la
épongée laquelle on a maquille depuis Sun la nationalité nationalité
depuis 40 les agressions des City. congolaise soit congolaise
ans malgré armées étrangères en donnée à ces des
différentes RDC, infiltre les immigres rwandophone
lois institutions de l » état, venues du s du Kivu ne
contradictoi l’armée, la police, le Rwanda bénéficie pas
res et des service de sécurité et encore d’une
accords profite des terres et légitimité
politiques. des richesses de la populaire.
Elle est un RDC.
des alibis
principaux
pour les
deux
guerres et
des conflits
armes à
l’Est de la

10
RDC. Il n’y a
pas de
cartes
d’identité
depuis plus
de 20 ans
dans le
pays.
L’ACCORD Art.1. Lee Pour LD KABILA : Opposition Eglises et Tout patriote Reprise de
DE LEMERA sol et le appât pour se garantir muette société civile devrait dénoncer l’article 4 de
sous-sol le soutien militaire du muettes cet accord, exiger cet accord
congolais Rwanda et de son annulation et dans l’article
appartienn l’Ouganda pour protéger la 17 de la
ent à Chasser Mobutu> souveraineté de Constitution
l’alliance. Joseph Kabila : son pays. de la RDC
Art.4 mission secrète pour portant
Prêchant le laquelle il a été place possibilité
Panafricani au pouvoir par le d’aliénation
sme, Rwanda et l’Ouganda d’une partie
l’Alliance (http://www.lesouven de la
s’engage à ir.com/rdc- souveraineté
céder 300 quest,2018)Felix nationale.
km aux Pas de perception
frontières déclarée par Felix
congolaises Tshisekedi à ce jour.

l’intérieur
du pays
pour
sécuriser
ses voisins
ougandais,
rwandais et
burundais
contre
l’insurrectio
n rebelle (B.
Sary 2010)
L’ACCORD Maintien de Astuce politique pour Pas de Une mission de La décrispation Kabila reste
DE LA Joseph contourner la perception bons offices du climat au pouvoir. Il
SAINT Kabila au constitution et donner concertée pour la CENCO politique et la nomme un
SYLVESTRE pouvoir en à Kabila une rallonge connue de (CENCO, 2016) nomination d’un premier
échange illégale et illégitime au l’oppositio Rapport du Gouvernement ministre
avec pouvoir au-delà du n politique Dialogue d’Union plutôt
l’organisati mandat plurielle politique global Nationale dont le débauche du
on des constitutionnel avec la et inclusif de Premier Ministre Rassembleme
élections au bénédiction de la Centre serait issu de nt et un
plus tard le classe politique. interdiocésain l’opposition, du président de
31 de Kinshasa, Rassemblement. la CNSA autre
Décembre 2016)) Installation des qu’Etienne
2017 et la Pas de institutions de la Tshisekedi.
nomination perception période
d’un connue visible préélectorale et
Premier de l » ECC ou de électorale.
Ministre l’Eglise de L’organisation
venant du Réveil. des élections
Rassemble apaisées, libres,
ment. transparentes et

11
(CENCO, crédibles
2016)
LES /A la suite Une menace Pour Pour la Cenco Proclamation des Proclamation
RESULTATS des constitutionnelle, Le Martin c’est un coup résultats des des résultats
DES élections Gouvernement Kabila, Fayulu il d’Etat élections par la par la CENI le
ELECTIONS Présidentiel conscient de l’échec s’agit d’un constitutionnel CENI, validation 10 Janvier
DU les et de leur candidat, putsch par la des résultats par 2019.
30/12/2018 législatives considère les résultats électoral, proclamation la Cour Validation des
du 30 du scrutin comme une une d’un vainqueur Constitutionnelle résultats par
/12/2018, menace. Il répugne escroqueri autre que celui et prestation de la Cour
organisées une mort subite de e, une identifie par serment du Constitutionn
deux ans et leur famille politique blague et leur nouveau elle le 20
dix jours assortie des un vol de la depouillement. président élu. Février 2020.
après la fin poursuites judiciaires. victoire du 9Etienne Dione, Prestation de
du mandat La proclamation des peuple Afrik.com, 5 serment du
de Kabila, résultats des élections congolais. janvier 2019) Président
Felix est pour eux une (Le Felix Antoine
Antoine occasion ultime pour Soir,10/01/ TshisekediTsh
Tshisekedi s’assurer une survie 2019) ilombo le 24
Tshilombo politique Février 2020.
est
proclame
vainqueur
par la CENI.
A la suite
du rejet du
recours en
contestatio
n des
résultats
des
élections
introduite
par la
Dynamique
de
l’opposition
avec Martin
Fayulu
devant la
Cour
Constitutio
nnelle, par
manque de
preuves par
la partie
demandere
sse, Felix
Antoine
Tshisekedis
te
Tshilombo
nouveau
Président
de la
République
par ladite
Cour

12
CPROCES Mr Vital Pour le Président Felix Pour Selon l’Abbe Que la vérité soit Les Sieurs
DE 100 Kamerhe, Tshisekedi c’est une Martin NSHOLE, établie sur le Vital
JOURS Directeur expérience Fayulu et Secrétaire détournement Kamerhe,
de Cabinet douloureuse qui Adolphe Générale de la des fonds pour Sammy Jamal
du tourne définitivement Muzitu de CENCO, l’Eglise l’achat et la et Muhindo
président la longue série des Lamuka Catholique construction des ont été
de la projets et c’est une attend voir la maisons condamnés à
République programmes qui ont première suite pour se préfabriquées et des
a été donné lieu à étape pour faire une que le coupable
trouvé d’importants coulages arrêter la opinion soit condamné.
coupable des ressources dilapidatio définitive par
du publiques en toute n de rapport au
détournem impunité. (Amédée l’argent du changement
ent de 57 Mwarabu,2020) trésor dans
millions des public par l’administration
dollars les agents de la justice
destinés à publics de (Frank
la l’Etat. Ce WASANGA,
constructio serait un 2020)
n des règlement
maisons de compte
préfabriqué politique si
es du le
programme Président
d’urgence Felix n’est
de 100 pas aussi
jours et mis en
condamnes examen
à 20 ans de pour
prison établir sa
responsabil
ité dans
l’affaire.
(Ivan
KASONGO,
2020)
ELECTIONS Un des Le Président Lamuka L’Eglise Qu’un candidat Pas d’action.
Du artisans de Tshisekedi refuse de accuse catholique a crédible et Le Président
Remplaçant la fraude d’encourager la Ronsard écrit une lettre dument élu soit Thisekedi
de Corneille électorale validation cavalière de Malonda demandant au nommé à la tête refuse
NAANGA a ayant Ronsard Malonda a la d’être un Président de la de la CENI pour d’entériner la
la tête de la donné à tête de la CENI par l » agent de République donner à la RDC validation
CENI Kabila une assemble Nationale et Joseph de ne pas des élections cavalière de
majorité de le nommer par Kabila considérer la crédibles, libres, Ronsard
parlementa ordonnance. (Reuters,20 validation de la apaisées et Malonda. Les
ire, à 20) Lamuka désignation de transparentes élections sont
défaut du marche le Ronsard à refaire.
consensus 13 Malonda
entre les
confessions Juillet 2020
religieuses, avec Jean
a été Pierre
discutable Bemba et
ment élu sa famille à
nouveau la tête
Président (groupelav
de la CENI. enir-
La rdc.info,

13
population 24/08/202
a marche à 0)
Kinshasa,
Lubumbash
i, Goma,
Mbuji-
Mayi,
Kananga.
Etc., pour
protester et
exiger son
limogeage.
Mais
l’Assemblée
Nationale
entérine
précipitâme
s cette
élection.

AFFAIRE Le Vice- Trahison et fraude Pas de Tentative Que la Démission du


TUNDA YA Premier maléfiques. perception d’inféodation Constitution, Ministre
KASENDE Ministre, Le départ de Tunda Ya de de la Justice. l’unité de Tunda
CFR Ministre de Kasende était exigé l’oppositio La CENCO se commandement
PROPOSTIO la Justice et depuis plusieurs jours n. rallie aux et la franche
N LOIS Garde des par le Chef de l’Etat contestataires collaboration
MINAKU ET Sceaux Felix Tshisekedi. et dans une entre institutions
SAKATA Célestin (S.B.TSH IAMALA, déclaration, soient respectés.
TUNDA YA 11Juillet 2020), (La s’oppose aux
KASENDE a rédaction, Politico.cd, propositions de
transmis les 4Juillet 2020) lois Minaku et
observation Sakata
s du (Actualite.cd, 2
gouvernem Juillet 2020)
ent au sujet
des
proposition
s de loi sur
la réforme
de la justice
à
l’Assemblée
Nationale
Par les
honorables
Aubin
MINAKU et
SAKATA,
sans avoir
reçu
l’autorisatio
n du
Conseil des
Ministres
(RFI, 2020).
Il a été
brièvement
arrêté et

14
relâché
(Jeune
Afrique,202
0). Il a
démissionn
é le 11
Juillet 2020.
(RFI, 2020)
BLOCAGE La ministre La Ministre aurait reçu L’honorabl La CENCO Que la Les anciens
DE du le mot d’ordre des e Leon estime que la Constitution et comme les
L’EXECUTIO portefeuille caciques du FCC pour Mondole crise les lois de la nouveaux
N DES Wivine saboter ces Porte- multiforme République mandataires
ORDONNA Muumba ordonnances qui parole du dans la coalition soient ont été
NCES refuse de mettaient le FCC a la MlC et FCC-CASH respectées. finalement
PRESIDENTI notifier les touche. (Politico.cd, membre de constitue un notifies par le
ELLES nouveaux 20 Juin 2019) Le Lamuka a blocage sur le Ministère du
NOMMANT mandataire premier Ministre déclaré changement portefeuille
LES s de la Ilunga Ilunkamba et le que les social attendu et sont entrés
NOUVEAUX Gécamines parlement pointes du ordonnanc par la en fonction.
MANDATAI et de la doigt par l’Honorable es population et
RES A LA SNCC, honoraire Franck présidentie demande au
GECAMINE nommes Dongo (La Une, lles violent Présiden
S ET ALA par 24hCongo.com) la
SNCC ordonnance constitutio t de la
présidentiel n art.81 république de
le du pour dépolitiser les
Président n’avoir pas entreprises
Felix été discuté publiques. (J.
Tshisekedi en Conseil MUKANDA,
le 20 mai des 2020)
2019. Ministres
(Politico.cd, et avoir été
2019. Son contresign
successeur ées par un
le Ministre premier
Clément ministre
/Kwete démissionn
tente aussi aire
de bloquer
les
ordonnance
s
présidentiel
les du 10
Juin 2020
nommant
d’autres
mandataire
s jusqu’au
22 Juin
2020.
(Politico.cd,
2020)

15
3. ANALYSE ET COMPARAISON
Notre analyse se fait à deux niveaux  : au niveau structuro-
organisationnel et au niveau axiologico-culturel. Mais les contingences liées au temps et au
volume de cette contribution nous limitent à aborder seulement l’aspect struturo-
organisationel avec espoir d’exploiter le second niveau dans un futur très proche. Il nous faut
préciser que la réalité dont il est question ici ne consiste pas seulement en un processus d’une
impression sensible par les organes des sens mais aussi et surtout la capture par l’esprit du
contenu ontologique d’un événement, une activité, un problème. En d’autres termes il est
question d’un jugement, d’une appréhension, d’une compréhension ou d’une interprétation
responsable d’une situation. Donc, si quelqu’un ou un groupe d’acteurs sociaux a saisi la
quintessence et les enjeux d’un problème sous examen c’est qu’il a perçu correctement la
réalité en cause. Par conséquent, ses réflexions, ses interventions, ses prises de position, ses
discours, ses comportements et ses décisions iront dans le sens d’atteindre les résultats
escomptés dans les objectifs du problème étudié. Sinon, c’est le contraire.
Nous commençons par identifier dans un tableau les aspects de la crise
couverts par les différentes réalités avant de comparer les perceptions respectives de nos trois
groupes d’acteurs sociaux pour voir lesquelles sont plus proches de la description de la réalité
analysée et des résultats escomptés pour résoudre le problème.
TABLEAU I.1. : ASPECTS DE LA CRISE CONCERNES PAR LES REALITES

ORDRE ASPECTS DELA ORGANISATIO FONCTIONNEMEN STRUCTURE TOTAL


CRISE & N T
REALITES
1. C.N.S. X X X 3
2. D.I.C. X X X 3
3. SAINT SYLV. X X X 3
4. NATIONALITE X X X 3
5. LEMERA X X X 3
6. RECOURS -- X X 2
FAYULU
7. PROCES 100 X X - 2
JOURS
8. RONSARD X X X 3
MALONDA
9. TUNDA YA X X - 2
KASENDE
10. PORTEFEUILL X X - 2

16
E
TOTAL 9 10 7 26

STATISTIQUES :
Fonctionnement : 38 %
Organisation : 35 %
Structure : 27 %
Comparons les perceptions de nos trois groupes des sujets percevant pour
voir si elles sont convergentes (avec la substance du problème analysé), divergentes ou
absentes sur base des données du Tableau I ci-dessus.
TABLEAU I.2. : CONVERGENCES, DIVERGENCES OU ABSENCES DES PERCEPTIONS

POUVOIR OPPOSITION SOCIETECIVILE


CNS DIVERGENTE CONVERGENTE CONVERGENTE
DIC CONVERGENTE DIVERGENTE CONVERGENTE
SAINT SYLVESTRE CONVERGENTE ABSENTE CONVERGENTE
NATIONALITE DIVERGENTE ABSENTE DIVERGENTE
LEMERA ABSENTE ABSENTE ABSENTE
RECOURS FAYULU DIVERGENTE DIVERGENTE DIVERGENTE
PROCES 100 JOURS CONVERGENTE CONVERGENCE CONVERGENTE
RONSARD CONVERGENTE CONVERGENCE CONVERGENTE
MALONDA
TUNDA YA KASENDE CONVERGENTE ABSENTE CONVERGENTE
PORTEFEUILLE CONVERGENTE DIVERGENTE CONVERGENTE

RESUME TABLEAU I

CONVERGENCE DIVERGENCE ABSENCE TOTAL


POUVOIR 6 3 1 10
OPPOSITION 3 3 4 10
SOCIETE CIVILE 7 2 1 10
TOTAL 16 8 6 30

STATISTIQUES
POUVOIR : OPPOSITION SOCIETE CIVILE

17
CONVERGENTES : 60 % CONVERGENTES : 30 % CONVERGENTES : 70 %
DIVERGENTES : 305 DIVERGENTES : 30 % DIVERGENTES : 20 %
ABSENTES : 10 % ABSENTES : 40 % ABSENTES : 10 %

TABLEAU I.3. : INFLUENCE DE LA PERCEPTION SUR LA CRISE

REALITES CONVERGENCE DIVERGENCES ABSENCES PROPORTIONS


S DE SOLUTION
DU PROBLEME
CNS 67 % 33 % 0% 25 %
DIC 67 % 33 % 0% 67 %
SAINT 67 % 33 % 0% 75 %
SYLVESTRE
NATIONALITE 0% 67 % 33 % 25 %
LEMERA 0% 0% 100 % 0%
RECOURS 0% 100 % 0% 100 %
FAYULU
PROCES 100 100 % 0% 0% 100 %
JOURS
RONSARD 100 % 0% 0% 0%
MALONDA
TUNDA YA 67 % 0% 33 % 100 %
KASENE
PORTEFEUILLE 67 % 33 % 0% 100 %

RESUME TABLEAU I.3.

 7 des réalités sur 10 ont bénéficié des perceptions convergentes de la part des trois
acteurs sociaux (Cfr Tableau I.2.). 5 de ces problèmes ont trouvé solution à la
hauteur d’au moins 67 %.
 2 réalités sur 10 ont connu des perceptions divergentes de la part de nos trois
acteurs sociaux (Cfr. Tableau I.2). 1 seul problème a trouvé de solution a plus de 60
%.

18
 1 réalité sur 10 a connu un mutisme ou une absence totale de perception dans le
chef des trois groupes d’acteurs sociaux (Cfr. Tableau I.2.). Il n’a pas de solution
jusqu’aujourd’hui.

IV. RESULTATS
Les résultats de notre recherche visant à établir la relation d’influence
réciproque entre « la crise sociétale » et la « perception de la réalité » s’articulent en trois
points principaux : 1. les aspects de la crise reflétés dans les réalités examinées ; 2.
Convergences, divergences ou absences de perception par rapport à la réalité ; 3. Influence
de la perception sur la crise.
1. Aspects de la crise reflétés dans les réalités examinées.
Cette étude a révélé que la crise sociétale en RDC se remarque surtout
dans le disfonctionnement des institutions et des entreprises publiques, la désorganisation
des services publics et le non-respect des structures établies. Ceci rend la crise transversale,
c’est-à-dire, du sommet des institutions nationales aux structures de base de la société.
2. Convergence, divergence et absence de perception par rapport à la réalité
C’est la société civile en tête, suivie du pouvoir, qui semblent avoir des
positions reflétant une saisie adéquate des enjeux réels des problèmes analysés. Leurs taux
de divergence ou d’absence de position par rapport à ces enjeux sont moindres, pour la
divergence, et, négligeable pour l’absence. Par contre, l’opposition politique excelle surtout
dans le mutisme ou l’absence de position tranchée devant des enjeux de taille. C’est à peine
que ses points de vue convergent ou divergent avec le contenu des indices de la crise
sociétale en RDC. Elle sonne toujours à côté de la plaque. Elle ne nage même pas à contre-
courant. Elle ne se jette même pas à l’eau. Ses avis sont souvent hors contexte.
3. Influence de la perception sur la Crise
Si 7 des 10 problèmes analysés convergent avec les descriptions desdits
problèmes et que 5 de ces 7 trouvent des solutions à la hauteur d’au moins 67 % selon le
Tableau I.3., soit 71 %, c’est que c’est la convergence des perceptions qui peut permettre de
mettre fin à la crise sociétale en RDC. Au demeurant, sur 2 problèmes divergents (le recours
de FAYULU et la question de la nationalité des rwandophones au Congo) , 1 seul a eu des
solutions acceptables et le seul problème sur lequel toutes les trois catégories d’acteurs
sociaux analysés n’ont pas donné un point de vue, celui de l’accord de Lemera, n’a toujours

19
pas de solution jusqu’aujourd’hui et constitue l’alibi principal qui justifie la violation des
frontières congolaises par les armées du Rwanda, du Burundi, de l’Ouganda et autres.

V. DISCUSSION
Comment comprendre les résultats auxquels nous sommes parvenus à
l’issue de cette recherche par rapport aux réflexions du professeur Georges Nzongola
NTALAJA, Elias Mulungula HOBIGERA, Monseigneur BAKOLE Wa Ilunga et le Colloque de la
Faculté de Théologie Reformée au Kasaï, mentionnés ci-haut, sur la crise en République
Démocratique du Congo. ?
Discutons les trois résultats.
1. Du disfonctionnement de l’appareil de l’Etat, la désorganisation et le non-respect des
structures établies comme caractéristiques de la crise sociétale.
Nous venons de pointer du doigt, dans un élan pathologique, le symptôme
principal qui exprime et révèle ce qui convient d’être appelé « crise sociétale » en
République Démocratique du Congo. Ce résultat découle d’une perspective différente des
quatre publications évoquées ci-haut, surtout celles de deux spécialistes. Le premier, le
Professeur Georges NZONGOLA NTALAJA, specialite de la science politique, et le second,
l’ex-Ministre Elias MULUNGULA HOBIGERA, spécialiste de la bonne gouvernance, sécurité
commune et défense.
Professeur Georges Nzongola NTALAJA (2015) appelle cette crise » faillite de
la gouvernance et crise de la construction nationale au Congo-Kinshasa », titre auquel il a
consacré son ouvrage important qui retrace l’histoire politique congolaise depuis l’EIC à nos
jours ». (849 pp.). Pour lui, la crise sociétale au Congo est désignée d’abord comme « une
crise de la décolonisation » du fait du combat acharné des belges et des impérialistes de
miner l’indépendance du Congo avec une main mise néocoloniale sur l’économie et les
appareils de l’Etat, d’une part, et la détermination des nationalistes congolais de jouir
pleinement de leur indépendance, de leur liberté et de la souveraineté de leur pays, d’autre
part. Nous pensons que cette tension latente s’est perpétuée et pérennisée jusqu’à nos
jours. D’où le disfonctionnement, la désorganisation et le non-respect des structures
établies.
Pour Elias Mulungula HOBIGERA (supra.) qui a étudié « Les enjeux des conflits
dans les pays des grands lacs des indépendances à nos jours », il ressort de son analyse que
les conflits armées, diplomatiques, politiques et géostratégiques, sont à la base de la crise
généralisée et l’instabilité dans la région des grands lacs, lesquelles ne peuvent garantir un
fonctionnement harmonieux des institutions, une organisation adéquate ou une bonne
structuration, de la vie nationale. Précisons avec HOBIGERA (op.cit.) que les protagonistes
directs dans ces conflits agissent pour le compte et sous pression des puissances étrangères
20
aux mamelles desquelles ils sont parfois tous nourris et qui en tirent des dividendes.
(p.795). Dans le même sens Georges N. NTALAJA précise l’implication étrangère dans le
disfonctionnement des institutions politiques et financières lorsqu’il écrit : »Les
gouvernements qui se sont succédés à Kinshasa depuis 1960 sont restés fidèles au intérêts
extérieurs, étant plus enclins à répondre aux exigences des grandes puissances mondiales et
des institutions financières internationales qu’à satisfaire les aspirations du peuple congolais
pour le bien être, la démocratie et la souveraineté> » (op.cit., p.375)
La contribution de notre étude est d’avoir traduit dans des faits récents et
une analyse schématisée de ce piège du néocolonialisme et de la prédation des richesses du
sous-sol congolais, lequel piège est à chercher non seulement dans le trucage des lois et le
plasticage des institutions, mais aussi et surtout dans l’homme congolais lui-même. Dans
son mental, sa vision du monde.

2. De la convergence, la divergence et l’absence de perception par rapport à la réalité.


La saisie à la fois ontologique et phénoménologique d’un fait, d’un
événement, d’une activité ou d’un problème dans le pays par un grand nombre, c’est-à-
dire, dans ce qu’il est et dans sa manifestation, constitue déjà une partie de solution au dit
problème. C’est cette perception spirituelle de la réalité, en tant que jugement ontologique
et jugement de valeur d’un problème, que Elias N. HOBIGERA (op.cit.) appelle « la
compréhension politique et diplomatique des problèmes qui se posent à la Région. (p.975) »
Notre curiosité est nourrie et bousculée par le fait qu’au lieu que l’opposition
politique soit un garde-fou classique et ultime aux dérives gouvernementales elle constitue
plutôt le nœud gordien qui empêche l’éclosion de la vraie démocratie. Donc, une sorte de
coquille vide. En effet, au lieu de faire une réfutation dialectique lorsque visiblement la
politique gouvernementale est inadéquate ou incongrue, elle excelle, selon le résultat de
notre analyse, dans un mutisme coupable ou dans l’absence de position concertée et
officielle, ou encore, récemment dans un flirt avec une faction de la majorité parlementaire
au pouvoir. Ce déficit dans le jeu démocratique ne peut s’expliquer que si soit leur vision du
monde n’est pas réaliste, responsable et authentique, ou soit, que ceux qui prétendent
animer l’opposition politique ne sont pas eux-mêmes authentiques, sincères, honnêtes et
responsables, ou soit, que ces sont des agents des puissances étrangères et d’une section
de la majorité au pouvoir.
La proximité des conceptions des choses par le pouvoir et la société civile
peut s’expliquer par le fait que la plupart d’événements étudiés ont été organisés et
planifiés avec la participation des différents gouvernements et de la société civile (les
églises) ou sous la pression de cette dernière. Dans leurs missions prophétique et pastorale
respectives, les Eglises ne peuvent moraliser la cité qu’en étant elles-mêmes exemplaires
comme le sel de la terre et la lumière du monde (Mathieu 5 :13-16) et le pouvoir se doit de
21
conserver sa légitimité populaire en essayant de résorber la crise avec lucidité, objectivité et
réalisme. L’on peut se demander si la disparité dans la perception des choses par l’esprit
entre le pouvoir et la société civile, d’un côté, et l’opposition, de l’autre, trouve son sens
dans les intérêts, engagements inavoués ou une éthique politique particulière.
Notre étude a eu le mérite de démontrer cette disparité à la fois
anthropologique, philosophique, psychologique et morale. En effet, depuis la création de
l’EIC à nos jours l’homme congolais a du mal à se libérer de lui-même, de cette hantise
psychologique du statut d’esclave ou de propriété privée de Leopold II, d’un colonisé sans
dignité humaine exécutant seulement les ordres de son maitre, ou d’un flatteur des
dictateurs par peur de la répression, pour un gain financier facile et/ou des nominations
non méritées, ou encore un suiveur aveugle d’un leader politico-tribal sans vision, sans
projet de société cohérent. Ainsi, les perceptions de la réalité des acteurs sociaux analysées
sont biaisées. Elles se font avec des lunettes empruntées, avec des concepts, des langues,
une culture, des codes et des filtres culturels, qui ne leur sont pas propres. Donc, elles ne se
font pas souvent par la raison mais aussi et surtout par l’affect. Telle est la contribution de
la recherche a l’anthropologie cognitive des congolais.
3. Influence de la perception sur la crise
Concluant son ouvrage sur les conflits dans les pays des grands lacs
africains HOBIGERA (loc.cit.) révèle la condition de la stabilité de cette région comme suit :»
Cette stabilité passe par une compréhension politique et diplomatique des problèmes qui se
posent à la Région en y apportant des solutions à la fois durables et bénéficiant d’une
adhésion concertée de toutes les parties directement ou indirectement impliquées dans les
dits conflits. ».
La compréhension partagée et adéquate des enjeux, du contenu
sémantique et ontologique d’un problème, surtout entre les parties impliquées, facilite sa
solution. Beaucoup des problèmes et conflits perdurent en République Démocratique du
Congo à cause de la divergence de perception mais surtout de la divergence d’objectifs, des
missions, ou d’intérêts.
Les résultats de notre analyse dans le Tableau 3 démontrent que la
convergence des vues sur un problème permet d’y trouver solution rapidement, Une
divergence asymétrique des points de vue retarde la solution et l’absence des points de vue
laisse le problème tout entier. Ce faisant, notre thèse selon laquelle il y a influence de la
crise sociétale sur la perception de la réalité et de la perception de réalité sur la crise
sociétale se trouve démontrée.
Cette conclusion pourra aider, désormais, à comprendre que les
membres de la coalition parlementaire au pouvoir, l’opposition politique et la société civile
en R.D.C. jouissent toujours de leurs droits et leurs libertés de voir les choses chacun a sa
manière en tant que sujets percevant, démocratie oblige. En outre, on sait aussi que plus on
22
a connaissance sur une réalité, plus sa perception se précise. Ce faisant, dans un contexte
de crise sociétale, pour des événements, activités, ou problèmes, dont les enjeux et les
objectifs sont suffisamment décrits, leur perception serait, pour n’importe quel sujet dans
les conditions normales, convergente à l’essence même du problème. Cette convergence
constituerait le pivot de la solution audit problème. La convergence des vues n’exclut pas la
contradiction, la discussion ou la réfutation dialectique. Au contraire, c’est grâce à toutes
ces opérations que l’on arrive à l’élimination des détails inutiles et incorrects dans sa propre
perception, la conservation des éléments plausibles émanant de la discussion, et le
dépassement des a priori pour atteindre une connaissance, une perception, dialectisée et
résultante du problème. C’est une convergence intelligente et rationnelle du problème.
Ainsi, les accords, les traites ou les conventions résultant des négociations, dialogues,
consultations ou conclaves doivent être fondés sur cette convergence des vues sur la
question de discussion, en dépit des intérêts des uns et des autres. De cette manière, on
aura réellement communiqué et coconstruit la même réalité, la même vérité.
VI. CONCLUSION GENERALE,
En rédigeant cet article nous avions le souci de vérifier l’influence que la
crise sociétale peut avoir sur la perception de la réalité et en retour si vision du monde
contribuerait à la crise en République Démocratique du Congo depuis l’Etat Indépendant du
Congo léopoldien à ce jour. Les différents conciliabules organisés depuis l’indépendance
n‘ont pas eu raison des différentes formes de cette crise qui semble faire partie de l’ADN
politique congolais. En recherchant les causes de ce défi les résultats de notre étude
révèlent qu’a l’instar des causes classiques : politiques, idéologiques et économiques, la
cause première est culturelle, anthropologique : la perception de la réalité. Pour la plupart
de nos compatriotes, celle-ci est tarée et altérée à cause de l’environnement psychologique
dans lequel ils ont évolué depuis 1885. En effet, lorsqu’on vit sous le statut d’hommes et
femmes assimilés, voyant le monde avec des lunettes empruntées, on est étranger a soi-
même. Les congolais ne sont pas encore capables de réfléchir par eux-mêmes et pour eux-
mêmes. Un peuple assimilé, infériorisé, complexé et infantilisé, car traumatisé et frustré par
sa trajectoire psychique et psychologique.
Ce faisant, les convergences, les divergences et les absences des vues dans
le jeu démocratique en RDC ne sont pas souvent rationnelles mais plutôt passionnées et
passionnelles car teintées de l’affect, et, partant, perpétuent la crise. L’opposition politique
doit encore se concevoir correctement comme un contre-poids idéologique et politique
pour équilibrer la démocratie en se dégageant du grégarisme et de l’affectivité qui la
caractérisent pour faire des actions raisonnées et salutaires pour le pays. Ce ne serait pas
sans raison que certains acteurs politiques congolais puissent subir la « reality therapy »
(RT) ou la « thérapie de la réalité » (TR) car la non-satisfaction de leurs besoins ou rêves a
dérapé leurs comportements de la voie normale. Etant donné que la convergence de la
perception d’un problème avec son contenu et ses enjeux facilite la solution audit

23
problème, les congolais doivent exhumer leurs ipséités individuelle et collective qu’ils ont
longtemps refoulées pour mettre la crise sociétale en crise.

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