À la différence de l’assurance des navires, qualifiée d’assurance corps, qui est principalement une
assurance de dommages mais aussi pour partie une assurance de responsabilité (responsabilité
pour abordage ou accident assimilé), l’assurance des marchandises, ou assurance facultés dite
encore assurance ad valorem (suivant la valeur), est une assurance de choses qui couvre les
marchandises pendant leur transport.
L’assurance facultés garantit les pertes, dommages et avaries subis par les marchandises ou les
biens chargées à bord, ainsi que le profit espéré, càd le profit que le chargeur doit tirer de
l’expédition de ses marchandises, et qui est représenté par la différence entre la valeur des
marchandises au port de départ, et leur valeur au port d’arrivée.
L’assurance facultés constitue un contrat indemnitaire, de bonne foi, de manière que l’assuré doit à
son assureur une déclaration exacte du risque, ainsi qu’il est tenu de lui communiquer toute
modification du risque.
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Par contre, s’il n’est pas le cas, et donc l’on ne sait pas à quel prix seront vendues les
marchandises, le chargeur est généralement autorisé à augmenter le prix coûtant (prix de la
marchandise au départ) d’un taux déterminé par la police (comme par exemple 20 % dans la
police française sur facultés), à moins qu’il n’établisse une valeur réelle à destination,
supérieure à celle-là, auquel cas il est réglé sur la valeur à destination.
✓ La police à alimenter qui, appelée aussi « police flottante » est une police contractée pour
assurer le transport d’une grande quantité déterminée de marchandises, alimentée au fur et à
mesure du transport des différentes expéditions. On parle donc d’assurance sur déclaration
d’aliment, qui consiste à couvrir principalement plusieurs expéditions maritimes échelonnées
sur une période donnée, sans savoir à l’avance combien d’expéditions seront concernées. Ce
type d’assurance présente l’avantage de la souplesse, puisque l’assuré n’aura pas besoin de
conclure un contrat d’assurance sur facultés avant chaque expédition, mais il se contentera
d’adresser à l’assureur, avant chaque expédition, une déclaration ou bien un avis d’aliment
dans laquelle il l’informe de la composition de cet envoi, notamment la nature et la valeur des
marchandises.
La technique de ce genre de police est intéressante et commode pour l’assuré, mais moins voire
dangereuse pour l’assureur, et par ce fait, elle n’est mise qu’à la disposition de clients sérieux et
connus de l’assureur.
✓ La police d’abonnement qui a pour objet de couvrir, automatiquement et jusqu’à concurrence
d’un chiffre déterminé (le plein de l’assurance), toutes les expéditions à réaliser pendant une
durée déterminée, sans qu’il y ait à faire de déclaration préalable, la seule mise en risque de la
marchandise entraînant la garantie des assureurs auxquels il suffit de déclarer dans le délai
convenu les expéditions effectuées, cette déclaration étant une régularisation, mais ne faisant
pas naître l’engagement des assureurs qui est préexistant.
La quantité et la nature de la marchandise à transporter sont donc ignorées mais la souscription
se fait pour toutes les expéditions réalisées. On déclare à l’assureur avec qui on a souscrit la
police à chaque fois qu’on effectue une expédition.
✓ La police à tiers détenteurs qui est souscrite par les transporteurs et les auxiliaires du transport
au profit de leurs clients, les ayants droit de la marchandise. On parle ici d’assurance pour
compte. Pour chaque opération, le détenteur de la police devra faire une déclaration d’aliment.
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2) Intérêt assurable et Valeur assurée :
En matière d’assurance sur facultés, l’intérêt assurable, qui est représenté par les marchandises
transportées, peut appartenir soit au souscripteur même de la police, lorsque le chargeur reste le
propriétaire des marchandises expédiées et donc il fait assurer pour son propre compte, soit à un
autre que le souscripteur de la police (dit bénéficiaire) lorsque l’assurance est souscrite « pour le
compte de qui il appartiendra ». Cette clause vaut tant comme assurance au profit du souscripteur
de la police que comme stipulation pour autrui au profit du bénéficiaire porteur de ladite police.
En matière de facultés, la valeur assurée n’est jamais une valeur agréée mais une valeur à justifier.
Il s’agit lors de la valeur commerciale, càd la valeur déclarée dans le contrat de vente ou à la
douane. Elle peut être le cours du jour quand il s’agit de matières premières, ou le prix de vente.
3) Conclusion du contrat :
Comme pour l’assurance corps, le chargeur souhaitant assurer des marchandises va
généralement passer, au moment de la souscription du contrat d’assurance, par un courtier en
assurance maritime, auquel il va communiquer la nature, la quantité de la marchandise,
l’emballage, le marquage. Ensuite, ce coutier va contacter une entreprise d’assurance pour une
demande de tarification. Cette demande englobe les conditions d’assurance et le taux de la prime
applicable.
Le chargeur peut également souscrire un contrat d'assurance en s'adressant à son propre
commissionnaire de transport (police-tiers chargeur1), ou encore à un transitaire agissant pour le
compte de son client.
4) Garanties :
L’assurance facultés couvre la totalité du transport (y compris les parties terrestres ou
aériennes) de magasin à magasin (durée d’emballage exclue), ce qui permet de prendre en compte
tous les dommages résultant des opérations de manutention au départ comme à l'arrivée.
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La police tiers-chargeur est destinée aux transporteurs et auxiliaires du transport qui assurent les marchandises sur demande
de leur client. C’est une police d’abonnement d’application facultative. Pour chaque opération, le détenteur de la police «tiers
chargeurs» fait une «déclaration d’aliment»
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Généralement, à l’arrivée, la garantie elle reste effective et ne cesse d’exister qu’après un délai
maximum de 60 jours après le débarquement de la marchandise.
Dans l’assurance facultés, l’étendue de la garantie dépend de ce que l’assuré souscrit la formule
« tous risques » ou celle « FAP sauf ».
✓ La garantie « tous risques » ne doit pas être prise à la lettre, de manière que dans l’éventualité
où elle est établie dans les conditions générales d’une police d’assurance facultés, ne signifie
pas que tous les risques sont couverts, mais des exclusions sont prévues dans ces conditions,
comme par exemple les risques de guerre, explosion nucléaire, etc. ainsi, en cas de dommages
matériels ou de perte, l’assuré doit seulement prouver le montant estimé du préjudice. Il n’a
pas à faire la preuve de la « cause » à l’origine du constat.
✓ La garantie « FAP sauf » (Franc d'Avaries Particulières Sauf... les risques figurant dans
l'énumération) à travers laquelle l’assureur ne répond pas des détériorations ou disparitions de
marchandises sauf si elles proviennent d’un cas grave et majeur limitativement prévu par la
police, tels que l’incendie, l’explosion, chute de colis, etc. Autrement dit, les périls sont
énumérés. Il s'agit donc d'une garantie restreinte.
La charge de la preuve que le dommage trouve sa cause dans l’un des cas prévus pèse sur
l’assuré. Il doit donc non seulement prouver le montant estimé du préjudice mais également
faire la preuve de la « cause » à l’origine du constat.
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Après, l’assuré doit constituer le dossier de sinistre, appelé également dossier de réclamation ou de
remboursement, ou bien encore la dispache, qui doit comprendre certains documents à savoir : la
police d’assurance qui est la preuve du droit à la garantie – le connaissement – la copie de la lettre
de réserves – le rapport d’expertise du commissaire d’avaries, ainsi que la détermination des
responsabilités – et enfin la réclamation chiffrée, càd le montant de la réclamation, le montant des
dégâts, accompagné de toutes pièces justificatives nécessaires pour évaluer la valeur de la
marchandise assurée (facture, liste de colisage, etc.).
Si le dossier est bien et dûment complet, l’assureur doit verser l’indemnité à l’assuré, contre
signature par celui-ci de la quittance de subrogation, attestant du remboursement de l’assuré et du
fait que l’assuré subroge l’assureur dans toutes actions à venir.
L’assureur demande, dans un premier temps et à l’amiable, au tiers responsable de lui verser les
sommes en question, sinon les choses prennent leur cours judiciaire et juridictionnel.
En matière maritime, il existe, à côté du règlement d'avaries qui consiste à calculer et à établir
le montant de l'indemnité, le règlement par délaissement, qui est un mode de règlement qui
dispense d'un pareil calcul ou qui du moins dispense de l'affiner. L’assuré a la faculté de demander
dans certains cas un règlement par délaissement au lieu et place du règlement d’avaries qui est
plus habituel.