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SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2010-2011
RAPPORT D´INFORMATION
FAIT
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : M. Josselin de Rohan, président ; MM. Jacques Blanc, Didier Boulaud, Jean-Louis
Carrère, Jean-Pierre Chevènement, Robert del Picchia, Jean François-Poncet, Robert Hue, Joseph Kergueris, vice-présidents ;
Mmes Monique Cerisier-ben Guiga, Joëlle Garriaud-Maylam, MM. André Trillard, André Vantomme, Mme Dominique Voynet,
secrétaires ; MM. Jean-Étienne Antoinette, Robert Badinter, Jean-Michel Baylet, René Beaumont, Jean-Pierre Bel, Jacques
Berthou, Jean Besson, Michel Billout, Didier Borotra, Michel Boutant, Christian Cambon, Marcel-Pierre Cléach, Raymond
Couderc, Mme Michelle Demessine, M. André Dulait, Mmes Bernadette Dupont, Josette Durrieu, MM. Jean Faure, Jean-Paul
Fournier, Mme Gisèle Gautier, M. Jacques Gautier, Mme Nathalie Goulet, MM. Jean-Noël Guérini, Michel Guerry, Robert
Laufoaulu, Simon Loueckhote, Philippe Madrelle, Pierre Mauroy, Rachel Mazuir, Louis Mermaz, Mme Lucette Michaux-Chevry,
MM. Jean Milhau, Charles Pasqua, Philippe Paul, Xavier Pintat, Bernard Piras, Christian Poncelet, Yves Pozzo di Borgo,
Jean-Pierre Raffarin, Daniel Reiner, Roger Romani, Mme Catherine Tasca.
-3-
SOMMAIRE
Pages
INTRODUCTION ......................................................................................................................... 5
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
1
Il est frappant de constater que, vingt ans plus tard, le 21 février 2011 les ministres des affaires
étrangères de 27 pays de l’Union européenne, réunis pour élaborer une réponse collective aux
mouvements dans les pays arabes déclarent promettre: « un nouveau partenariat » …impliquant
un « soutien plus effectif aux pays qui mettent en œuvre des réformes politiques et
économiques ».
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la retraite qui sont libres de leur choix. Mais il faut éviter toute
confusion entre le caractère national d'une armée et la mission
d'assistance de la nôtre. »
*
* *
1
Cité dans Jean-Pierre Foirry « l’Afrique, continent d’avenir ?, Ellipses 2006.
- 11 -
1
On mesure le temps parcouru quand on constate que l’article 1er du projet de loi sur l’action
extérieure de l’Etat prévoit l’affirmation de l’autorité de l’ambassadeur sur l’ensemble des
services d’action extérieure de l’Etat, au delà de son rôle d’animation et de coordination.
2
Remplacée en 2009 par la Direction générale de la mondialisation
- 13 -
1
Nouvelle appellation de la Caisse française de développement à partir de 1998
2
Cette évolution a connu de nouveaux développements en 2009. En effet, le dispositif de
coopération a été modifié par la révision générale des politiques publiques. L'intégration du
ministère de la coopération au ministère des affaires étrangères est parachevée par la
disparition de la direction générale de la coopération internationale et du développement au
profit d'une direction générale de la mondialisation, du développement et des partenariats,
nouvel organe de tutelle qui a délégué l'essentiel de ses activités opérationnelles à l'AFD dans
les domaines du développement économique et social. Le ministère des affaires étrangères
conserve la mise en oeuvre des politiques de gouvernance (sécurité, Etat de droit) ainsi que
l'enseignement supérieur et la recherche. L'AFD s'est vu transférer une partie des assistants
techniques qui relevaient auparavant du ministère des affaires étrangères
- 15 -
1
La DCSD est l’un des outils importants de notre action diplomatique. Elle participe à
l’élaboration de la politique de la France. Elle propose une coopération structurelle,
complémentaire de la coopération opérationnelle conduite sous la responsabilité de l’EMA et
par le SCTIP, le service de coopération technique internationale de police du ministère de
l’intérieur.
En Afrique subsaharienne la DCSD se concentre sur des projets en partenariat dans un cadre
régional ou sous-régional, en particulier à travers le réseau d’écoles et de centres de formation
dans le domaine du maintien de la paix, du renforcement de l’Etat de droit et de la sécurité
intérieure. Son action n’est pas limitée à l’aire francophone mais englobe les pays lusophones et
anglophones.
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1
De plus, le ministère des affaires étrangères et européenne, en octobre 2008, a présenté un plan d'action
pour « renouveler la politique de coopération de la France avec l'Afrique », « Cap 8 », qui repose sur
l'appui au développement économique et sur le rayonnement culturel de la France en vue de soutenir la
croissance en Afrique, relancer l'agriculture, valoriser le rôle des femmes dans l'économie, multiplier par
trois le nombre de volontaires internationaux, augmenter la part des ONG dans l'aide bilatérale, soutenir
l'éducation et promouvoir la langue française, conforter l'audiovisuel extérieur français, enfin rénover la
coopération de défense.
2
Voir les auditions du panel d’experts le 12 mai 2010, et du ministre des affaires étrangères le
26 mai. Rapport d'information n° 566 (2009-2010) du 17 juin 2010 de MM. Christian CAMBON et André
VANTOMME "Pour une mondialisation maitrisée - Contribution au projet de document-cadre de
coopération au développement". De plus à la demande de la commission des affaires étrangères
un débat s’est tenu en séance publique le 4 novembre 2010.
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économique et social sera une première dans l’histoire des Sommets Afrique-
France. Cinq sujets économiques y ont été abordés : l’environnement des
affaires ; le financement des entreprises en Afrique ; la formation
professionnelle ; la responsabilité sociale et environnementale des entreprises ;
les sources d’énergie de demain.
Le Sommet a donc permis de mettre en valeur le rôle de l’entreprise
privée dans le développement économique et l’emploi en Afrique.
1
Les citations entre guillemets sont extraits du livre « Le temps de l’Afrique » de Jean-Michel
Severino et Olivier Ray.
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L'arc de crise, tel qu'il est défini dans le Livre blanc de 2008, s’étend
de l'Atlantique à l'océan Indien, de la Mauritanie au Pakistan en recouvrant
notamment toute la zone sahélienne, de la Mauritanie jusqu'à la Somalie.
L'Afrique subsaharienne y occupe une position particulière. Les
évènements récents au Niger, en Mauritanie et au Mali justifient la pertinence
de cette définition. La zone sahélienne est évidemment une zone où le
terrorisme islamique cherche à se développer et où la France en particulier est
menacée dans ses ressortissants et dans ses intérêts.
Le Livre blanc souligne que la France et l'Europe ne peuvent se
désintéresser du continent qui leur est le plus proche. L’Afrique concentre une
très grande partie des conflits et zones de tensions de notre monde. La majeure
partie de la bande sahélienne, la République centrafricaine et la République
démocratique du Congo constituent un ensemble que le Livre blanc désigne
comme des « territoires où l’autorité régalienne est remise en cause »,
euphémisme pour parler de zones de non droit.
S'il souligne les atouts et le potentiel humain et économique de
l'Afrique1, le Livre blanc souligne aussi les fragilités et les incidences directes
que les problèmes de l'Afrique peuvent avoir sur nos intérêts. Il s'agit en
particulier de l'immigration clandestine, de la radicalisation religieuse, de
l'implantation des groupes terroristes, des réseaux criminels, les trafics divers
(drogues, armes etc.) des réseaux de prolifération, du blanchiment d'argent
ainsi que des risques sanitaires.
« La bande sahélienne, de l'Atlantique à la Somalie, apparaît comme
le lieu géométrique de ces menaces imbriquées et, à ce titre, appelle une
vigilance et un investissement spécifique de la durée. »
Ces fragilités comme ces atouts nécessitent une action résolue pour
faire progresser la paix et la sécurité en Afrique, condition évidemment
essentielle du développement et de la croissance économiques.
Pour atteindre cet objectif de vigilance dans la durée, il était
nécessaire de procéder à une reconfiguration de nos moyens militaires et de
renouveler les bases juridiques de notre présence en renégociant nos accords
de défense. C’est ce qui ressort clairement du discours du Président de la
République au Cap.
1
Voir le livre de Jean Michel Severino et Olivier Ray : « le temps de l’Afrique » (édition Odiel
Jacob, mars 2010)
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FINUL
Abou Dhabi
Tchad
Epervier Djibouti
Minurcat
Opération
Licorne
Gabon Atalanta
La Réunion
Monuc
Forces temporaires
Forces de présence
Forces de souveraineté
Les effectifs des forces françaises en Afrique ont été divisés par deux
entre 1960 et 1980, passant de 30 000 hommes à 15 000. Cette décrue s'est
accentuée de 1995 à aujourd'hui en suivant l'évolution de la
professionnalisation de nos armées. Ils atteignent aujourd’hui, toutes forces
confondues, moins de 10 000 hommes. Le coût humain et financier de ce
déploiement représente un peu moins de 800 millions d'euros par an.
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FFG 51 opérations
Côte d’Ivoire (Verdier) +TFCI RCA (Almandin) +F
16 conduites
Cameroun (Aramis) +F
Côte d’Ivoire (Khaya) par les forces
Angola (Addax) +F Congo (Malebo) +F françaises
+F = moyens venus de France
+Cor = Corymbe
Tchad (Epervier) +F pré - positionnées
RDC (Mamba - Benga) +F
+EFT = éléments français du Tchad
+TFCI = Troupes françaises de Côte d’Ivoire
NON PROTEGE en Afrique depuis 30 2010
13 avril ans
1
Les forces de présence participent à la politique de défense de la France. Outre leur évidente,
et première, dimension « défense », elles s’inscrivent dans une perspective interministérielle
(affaires étrangères, intérieur, culture, industrie). Elles constituent la composante défense de
cette politique interministérielle mais également un outil des autres composantes par les actions
menées au titre de la coopération ou de la sécurité.
2
26 opérations d’évacuation (RESEVAC), dont 1/3 par voie maritime et 2/3 par voie aérienne,
ont eu lieu en Afrique et au Moyen-Orient depuis 1990.
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CEDEAO
FFCV IGAD FFDJ
EASBRIG
CEEAC
FFG
FAZSOI
SADC
1
Annexe 5 Les accords de défense dans le Livre Blanc sur la sécurité et la défense
2
Ces dispositions générales se retrouvent dans l’accord de défense avec le Gabon qui est encore
en cours de procédure interministérielle. S’y ajoutent les dispositions spécifiques au
stationnement des troupes françaises.
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1
Site www.diplomatie.gouv.fr
- 31 -
Les ENVR forment chaque année plus de 1 500 stagiaires en moyenne, dans
des domaines aussi variés que les opérations de maintien de la paix, la sécurité
intérieure, la santé, le déminage ou l’administration. Véritable force
d’intégration régionale, elles sont devenues un élément clé de la politique de
coopération française.
b) La coopération opérationnelle
Elle repose sur le réseau des 26 attachés de défense installés en
Afrique. Ils représentent le ministère de la défense dans son ensemble et sont
les acteurs et les relais de son action internationale. Comme le soulignait le
ministre de la défense, le 21 avril 2010, devant les futurs attachés de défense,
en Afrique subsaharienne et dans le contexte actuel des négociations des
accords de défense et de la réorganisation de nos forces, ils ont pour mission
plus ponctuelle de réaffirmer la continuité de l’engagement français sur le
continent.
Cette coopération est mise en œuvre par les forces prépositionnées
sous l’autorité des COMIA agissant régionalement en partenariat avec
l’organisation sous-régionale compétente. Elle poursuit deux objectifs :
• participer à la préparation des unités africaines qui s’engagent dans des
opérations de maintien de la paix ;
• contribuer à la montée en puissance de la force africaine en attente (FAA)
de l’Union africaine.
1
Conseil de l’Union européenne, 19 décembre 2005 « L’UE et l’Afrique : vers un partenariat
stratégique »
- 35 -
1
la facilité pour le soutien de la paix en Afrique a été créée le 11 décembre 2003 en réponse à
une demande formulée par le sommet de l'union africaine réunie à Maputo en juillet de la même
année. Ce fonds a été doté d'un montant initial de 250 millions d'euros pour une période de trois
ans. Ces fonds émanent du fonds européen de développement (FED). Le conseil des ministres a
décidé le 11 avril 2006 de prolonger cette initiative pour la période 2008 -- 2010 à travers un
financement de 300 millions d'euros dans le cadre du programme indicatif intra-ACP du 10ème
FED. Ce montant peut être mobilisé pour financer les coûts qui résultent, pour les pays africains,
du déploiement de leurs forces de maintien de la paix dans un ou plusieurs états africains (frais
de transport des troupes, frais de séjour des soldats, développement des capacités etc.), mais en
aucun cas les dépenses militaires et en armement. La facilité de soutien à la paix repose sur le
principe de l'appropriation africaine. La facilité a financé quatre opérations de paix africaines:
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d'euros, montée à 450 millions depuis. Cette facilité finance des actions au
profit de la paix de manière à pourvoir aux opérations de paix des Africains
sur le continent. En effet, si l'Union africaine prononce des sanctions, elle ne
dispose pas encore de moyens pour les mettre en application. Sur l'ensemble
de son budget de 250 millions de dollars, seuls 45 millions proviennent des
cotisations des Etats membres. Au sein de cet ensemble, seuls quelques pays
contribuent de manière significative.
Un nouveau sommet UE-Afrique a eu lieu à Syrte, en Libye, en
novembre 2010.
La déclaration de Tripoli en date du 1er décembre 2010 souligne
notamment que « Nous sommes fermement décidés à rendre l'architecture
africaine de paix et de sécurité pleinement opérationnelle, en étroite
coopération avec les organisations régionales. Pour ce qui est des opérations
de maintien de la paix dirigées par l'UA, il a été convenu d'œuvrer à
l'obtention de financements souples, prévisibles et durables. »
L’européanisation du concept RECAMP1
Le concept RECAMP (renforcement des capacités africaines de
maintien de la paix), créé en 1996-1997, constitue une véritable percée
conceptuelle et est un véritable succès à l'international.2 S’il est à l’origine une
initiative française et si la France en constitue toujours l’ossature et le
principal intervenant, le programme RECAMP est clairement européanisé et
placé sous l’égide de l’ONU. Il est emblématique de la nouvelle posture de la
France en matière de paix et de sécurité en Afrique.
la mission de l'UA au Soudan (AMIS, plus de 300 millions d'euros); la mission de l'UA en
Somalie (AMISOM, 15,5 millions d'euros); la FOMUC en République centrafricaine
(23,4 millions d'euros) et la mission de l'UA aux Comores (AMISEC, 5 millions d'euros). Elle a
également soutenu des actions de renforcement des capacités en matière de prévention des
conflits et de gestion des crises au niveau régional et sous-régional (à hauteur de quelque
35 millions d'euros au total).
1
Devenu EURORECAMP lors de la conférence de l’Union africaine à Addis-Abeba tenue le 21
novembre 2008.
2
Voir annexe 3
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Le schéma général adopté par les chefs d’États africains prévoyait la mise en
place progressive de la force en attente d’ici 2010. L’essentiel des forces sera
en réalité géré au niveau d’organisations régionales : la Communauté
Économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Communauté Sud-
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1
Le NEPAD provient de la fusion de deux autres plans proposés pour l'Afrique : le Plan Oméga
et le Millenium African Plan ou Plan MAP. Ceux-ci, apparus au cours de l'année 2000,
cherchaient à pallier le retard immense qu'avait pris l'Afrique en matière de développement sur
la scène internationale. L'Afrique est en effet le seul continent dont le développement et la
présence internationale régressent. C'est pour cela que le président sénégalais Abdoulaye Wade
proposa en janvier 2001, au sommet France - Afrique de Yaoundé, le Plan Oméga. Celui-ci visait
à "résorber l'écart entre pays développés et pays sous-développés par des investissements
massifs d'origine externe, coordonnés à l'échelle continentale, pour poser les bases du
développement du continent africain". De leurs côtés, le président algérien Abd El-Aziz
Bouteflika, le président nigérian Olusegun Obasanjo et le président d'Afrique du Sud Thabo
Mbeki proposèrent le plan MAP, qui tentait principalement d'incorporer l'Afrique au sein des
actions mondiales. C'est en Juillet 2001, au sommet des chefs d'Etats de Lusaka, que ces deux
plans fusionnèrent sous le nom de NEPAD. Le NEPAD n'est pas une institution complètement
autonome. C'est avant tout un projet, et ce projet est sous la tutelle de l'Union africaine. Il est
l'un de ses programmes. Son ultime but est de combler le fossé séparant l'Afrique du reste du
monde
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1
Le Royaume-Uni, mais surtout les États-Unis sont les partenaires de cette ambition. Les États-
Unis ont considérablement augmenté le nombre de leurs attachés de défense, organisent des
missions de formateurs pour le maintien de la paix, des formations militaires aux États-Unis,
développent des programmes antiterroristes, de lutte contre le sida ou encore d'un programme de
coopération et d'aide des vétérinaires militaires. Mais depuis l'échec du commandement
AFRICOM en 2007 qui visaient à créer des bases militaires en Afrique, les États-Unis se sont
beaucoup rapprochés de la France en raison de l'expertise qu'elle détient. Toutefois,
contrairement à la France, si les États-Unis ont de nombreux moyens ils sont peu perméables
aux cultures des autres ce qui est, en Afrique en particulier, un handicap.