Une étude comparative signée par un épidémiologiste de renom affirme que les confinements «durs» n'apportent pas
d'avantages significatifs dans la lutte contre la propagation du Covid-19. Ceux-ci pourraient même faciliter la transmission.
Le 5 janvier 2021, une étude parue dans le European Journal of Clinical Investigation indique que les mesures strictes de
confinement – comme celles mises en place en France en mars et octobre 2020 – n'apportent «pas d'avantages
significatifs» dans la lutte contre la transmission du Covid-19. Le confinement pourrait même faciliter cette transmission,
rendue plus aisée dans les espaces fermés.
Cette étude comparative, intitulée «Evaluation des effets de l'obligation de rester à la maison et de fermer les entreprises
sur la propagation du Covid-19», est signée par quatre scientifiques, dont le professeur John Ioannidis, un ponte de
l'épidémiologie de l'université de Stanford, dont les travaux font autorité, comme le rappelle Les Echos le 29 janvier.
Ce travail de recherche compare l'augmentation du nombre de cas de contamination au Covid-19 dans huit pays (France,
Angleterre, Allemagne, Iran, Pays-Bas, Italie, Espagne et Etats-Unis) ayant mis en place des mesures de confinement
strictes, au niveau national ou local, avec les chiffres de la Suède et la Corée du Sud, deux pays ayant instauré des mesures
beaucoup plus légères, sans interdiction de sortie du domicile ni fermeture des commerces.
Les avantages de ces mesures agressives ne peuvent compenser leurs nombreux inconvénients
Bien qu'ils admettent que «les comparaisons entre pays sont difficiles» en raison «des règles, des cultures et des relations
différentes entre le gouvernement et les citoyens», les chercheurs arrivent à la conclusion qu'il n'existe pas «d'avantages
significatifs» à pratiquer un confinement strict. «Les données ne peuvent pas exclure totalement la possibilité de certains
avantages [mais] même s'ils existent, ces avantages ne peuvent compenser les nombreux inconvénients de ces mesures
agressives», précisent-ils.
L'étude note que le confinement de la population pourrait même avoir un effet inverse à celui recherché en entraînant une
augmentation du nombre de cas, dans la mesure où il favorise les contacts inter-personnels dans des espaces fermés, où le
Covid-19 se transmet plus aisément.
«Des réductions similaires de la croissance des cas [de Covid-19] peuvent être obtenues avec des interventions moins
restrictives» que le confinement, conclut l'étude. «Des conclusions qui ne font évidemment pas consensus», note Les
Echos, soulignant que cette étude était en train «d'enflammer» sur les réseaux sociaux la communauté des
épidémiologistes, virologues et autres spécialistes de la pandémie.
La Corée du Sud, selon une dépêche de l'agence Reuters du 29 janvier, a enregistré 77 395 cas de contamination et 1 399
morts liées au Covid au total, pour une population d'environ 51 millions d'habitants. Le pays asiatique, rapportait l'AFP il y
a quelques jours, «est parvenu, par des tests massifs et le traçage des cas, à juguler l'épidémie en grande partie sur son
territoire». L'agence précisait que les autorités avaient durci les règles de distanciation fin 2020 devant une recrudescence
des cas.
La Suède, peuplée d'environ 10 millions d'habitants, a quant à elle enregistré plus de 566 000 cas au total et plus de 11 500
décès liés au Covid. L'AFP rappelait début janvier que le royaume nordique avait jusque-là mené une stratégie sanitaire
basée principalement sur des recommandations, sans confinement et presque sans mesures coercitives. Une récente loi
dote temporairement le gouvernement suédois de nouveaux pouvoirs contre l'épidémie, permettant notamment de fermer
les restaurants et commerces pour la première fois.