BRONCHOPNEUMOPATHIE
CHRONIQUE OBSTRUCTIVE (BPCO)
ITEM 227
Objectifs d’enseignements tels que définis dans le programme de l’ECN :
Bronchopneumopathie chronique obstructive
Diagnostiquer une bronchopneumopathie chronique obstructive
Identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en charge
Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient
Décrire les principes de la prise en charge au long cours
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La BPCO constitue un problème de santé publique majeur par le nombre de personnes
touchées, le handicap dont ces personnes sont affectées, leur mortalité et les dépenses de
santé nécessaires pour leur prise en charge.
I. DEFINITIONS, CLASSIFICATION
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la bronchite chronique avec TVO,
l’emphysème pan-lobulaire et/ou centro-lobulaire avec TVO.
Bronchite chronique (BC)
Sa définition est purement clinique :
hypersécrétion bronchique se manifestant par une toux productive quotidienne ou
quasi-quotidienne durant au moins 3 mois par an au cours d’au moins 2 années
consécutives.
Elle concerne la moitié des fumeurs environ et peut être simple (sans obstruction
bronchique) ou obstructive (accompagnée d’un TVO).
La BC reflète l’exposition à des facteurs de risque environnementaux. Elle ne
conduit pas systématiquement à une obstruction bronchique.
Inversement, l’absence de BC n’exclut pas une BPCO.
Emphysème
Sa définition est anatomique :
élargissement anormal et permanent des espaces aériens distaux (c’est à dire
situés au delà des bronchioles terminales), avec destruction des parois
alvéolaires, sans fibrose associée
Il peut être centro ou pan-lobulaire3 (figure 1)
3
Dans l’emphysème centro-lobulaire ou centro-acinaire, la destruction est centrée sur la bronchiole
respiratoire, située à l’entrée de l’acinus ; il prédomine plutôt aux apex et les capillaires péri-
alvéolaires sont longtemps préservés (d’où une hypoxémie précoce par effet court-circuit, aussi
appelé effet shunt, conséquence caractéristique de la présence de zones perfusées mais non ou mal
ventilées).
Dans l’emphysème pan-lobulaire ou pan-acinaire, l’ensemble des structures de l’acinus sont
touchées : bronchiole respiratoire, alvéoles ; cette forme d’emphysème est caractérisée par une
atteinte prédominant aux bases, une hypoxémie précoce à l’exercice mais tardive au repos, une
hypercapnie plus tardive que dans l’emphysème centro-lobulaire.
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le patient est ou a été fumeur.
Les dilatations des bronches
L’atteinte pulmonaire de la mucoviscidose4
Les bronchiolites obstructives (exceptionnelles).
4
La présence de dilatations des bronches est possible dans la BPCO mais elles ne constituent pas alors
l’élément central de la pathologie.
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I.2. Classification de la sévérité de la BPCO en 4 stades (tableau 1).
II. EPIDEMIOLOGIE
5
Comme mentionné plus haut, la bronchite chronique simple, sans TVO, n’en fait pas partie de ce tableau, mais
est considérée comme une situation « à risque », justifiant une surveillance des symptômes et de la fonction
respiratoire.
6
Le diagnostic de BPCO est souvent méconnu (le diagnostic est connu chez seulement 1/3 des
malades).
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II.1.2. Mortalité
La mortalité liée à la BPCO est évaluée à au moins 16 000 personnes par an en France.
Le tabagisme passif in utero puis dans l’enfance est incriminé. Il en est de même des
infections respiratoires de la petite enfance.
7
Cette protéine est un inhibiteur physiologique de protéases dont l’élastase sécrétée par les polynucléaires
neutrophiles ; elle est produite essentiellement par les hépatocytes.
8
Des polymorphismes d’autres gènes impliqués dans le métabolisme oxydatif, la balance protéases-
antiprotéases ou l’inflammation pourraient constituer des facteurs de risque d’emphysème ou plus largement de
BPCO ou de BPCO sévère, mais leur rôle exact selon les populations reste à préciser.
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III. HISTOIRE NATURELLE ET PRONOSTIC
La BPCO est caractérisée par un déclin progressif de la fonction respiratoire (VEMS), que
seul l’arrêt du tabac peut freiner.
Lorsque le VEMS s’abaisse en dessous de 50% de la valeur théorique, la dyspnée
d’exercice peut devenir invalidante et le risque d’insuffisance respiratoire devient réel : c’est
le stade du handicap respiratoire.
Au dessous de 30%, il existe un risque de décès lié à la BPCO, lors d’une exacerbation avec
détresse respiratoire aiguë ou dans un tableau de cœur pulmonaire chronique.
Si la sévérité du TVO mesurée par le VEMS est le facteur pronostique principal, un certain
nombre d’autres facteurs pronostiques ont été mis en évidence qui, associés avec le VEMS,
sont résumés par le score pronostique composite BODE : Body mass index, Obstruction,
Dyspnea, Excercise (tableau 2).
Figure 2 : déclin de la fonction respiratoire chez le sujet normal avec l’âge, en cas de BPCO
et selon l’arrêt du tabagisme.
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Facteur pronostique Paramètre
Clinique Etat nutritionnel (IMC)
Sévérité de la dyspnée
Degré d’obstruction VEMS
Performance à l’exercice Distance parcourue en 6-minutes
Etat nutritionnel Indice de masse corporelle
Les exacerbations
en pratique, il est habituel que le diagnostic de BPCO ne soit évoqué pour la 1ère fois
que lors d’une exacerbation de la maladie
caractérisées par :
la majoration d’une dyspnée,
une majoration du volume de l’expectoration et/ou de sa purulence
une majoration de la toux
9
L’échelle NYHA est très subjective, tant dans la façon de poser les questions que de répondre pour les patients.
De fait, elle est peu reproductible dans les pathologies respiratoires, sauf pour les dyspnées les plus sévères.
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IV.2. Signes physiques
Absents au début ou limités à des râles bronchiques (ronchi).
Plus tardivement (et, souvent, bien après l’apparition du TVO) seront notés :
un allongement du temps expiratoire avec parfois une expiration à lèvres pincées
(visant à augmenter la pression dans les voies aériennes pour éviter leur collapsus),
une diminution du murmure vésiculaire et une atténuation des bruits du cœur,
une distension thoracique avec notamment un thorax en tonneau
A un stade avancé, les modifications de la géométrie et de la mécanique thoracique sont
responsables d’une posture assez caractéristique :
malade très distendu
adoptant la position dite du tripode :
patient assis, un peu penché en avant, prenant appui sur ses mains posées en
rotation interne sur ses cuisses ou ses genoux.
cette position optimiserait la mécanique ventilatoire en facilitant le travail des
muscles respiratoires accessoires et la ventilation à haut volume thoracique (cf ci-
dessus)
Figure 3 : on distingue classiquement deux présentations cliniques: une forme dite « blue
bloater» (à droite) correspondant à des patients plutôt corpulents, franchement
hypoxémiques, cyanosés, présentant fréquemment des signes cliniques
d’insuffisance cardiaque droite, et une forme « pink puffer » (à gauche)
correspondant à des patients maigres, distendus, sans retentissement cardiaque
droit.
Encore plus tardivement et notamment lors des exacerbations on peut mettre en évidence
La mise en jeu des muscles respiratoires accessoires
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Inspiratoires (sterno-cléido-mastoïdiens notamment)
Expiratoires (expiration abdominale active)
Un signe de Hoover témoignant d’une distension sévère
Une cyanose témoignant de l’hypoxie,
Et enfin, apparaissent les signes d’hypercapnie, d’hypertension pulmonaire, de dysfonction
cardiaque droite.
21
ATTENTION à la classique source de confusion : bien qu’on exprime souvent le résultat du rapport VEMS
mesuré/ CVF mesurée en pourcentage (voir exercices) il ne s’agit pas un pourcentage par rapport à une
quelconque valeur prédite. Par exemple, quand on divise un VEMS mesuré à 1,2 L par une CVF mesurée à 1,9 L
on obtient la valeur de 0,63 qu’on peut exprimer sous la forme 63%, en pratique ce rapport VEMS/CVF est bien <
0,7 (ou < 70%).
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et de plus de 12% par rapport à la valeur initiale ((VEMS post – VEMS pré)/VEMS
pré > 0,12)
On parle de réversibilité complète d’un TVO en cas de normalisation :
du rapport VEMS/CVF (> 0,7)
et du VEMS (VEMS > 80 % de la valeur prédite)
Evaluation de la réversibilité
Test pharmacologique "rapide" aux bronchodilatateurs : la réversibilité peut être
étudiée lors de la réalisation des EFR en réalisant une 1ère spirométrie avant
l’administration de bronchodilatateurs (BD) d’action rapide (2 agonistes ou
anticholinergiques) puis une 2ème spirométrie 10-15 minutes après. On aura ainsi la
valeur du "VEMS pré BD" et celle du "VEMS post BD"
Test pharmacologique "lent" aux corticoïdes : on peut aussi dans certains cas (doute
sur le diagnostic d’asthme) étudier la réversibilité après une corticothérapie
systémique (prednisone = 0,5 mg/k/j) de durée brève (10-15 jours)
Même si dans certains cas la réversibilité peut atteint les critères de significativité, en
aucun cas le VEMS ne se normalise dans la BPCO, par opposition à l’asthme.
Figure 4 : ancien fumeur (60 PA), TVO très sévère (Gold IV) sans réversibilité significative.
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IV.3.4. Transfert du CO
La mesure de la capacité de transfert de l’oxyde de carbone (qui reflète la surface
d’échanges gazeux disponible) permet d’évaluer la part d’emphysème
Elle est réduite (< 80% de la valeur théorique) dans l’emphysème
Figure 5 : homme de 68 ans, ancien fumeur (60 PA), TVO très sévère (Gold IV) sans
réversibilité significative, diaphragme aplati, augmentation des espaces clairs
rétro-sternal et rétro-cardiaque, thorax en tonneau, l’hyperclarté des apex.
IV.4.1. Radiographie
La radiographie thoracique cherche un carcinome bronchique ou une cardiopathie associés
mais a peu d’intérêt dans le diagnostic de la BPCO ; elle peut montrer (mais avec une
sensibilité et une spécificité faibles) :
la distension:
aplatissement des coupoles diaphragmatiques (de profil)
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augmentation des espaces clairs rétro-sternal et rétro-cardiaque (de profil)
augmentation du diamètre thoracique antéro-postérieur = thorax en tonneau (de
profil)
horizontalisation des côtes de (face)
l’hyperclarté pulmonaire (de face)
IV.4.2. Tomodensitométrie
La tomodensitométrie thoracique en haute résolution est l’examen qui permet d’affirmer la
présence d’un emphysème
Elle n’a pas lieu d’être systématique, mais est utile :
en cas de doute diagnostique (à la recherche de bronchectasises notamment)
en cas d'indication chirurgicale (ex : tumeur)
dans les formes sévères.
L’emphysème apparaît sur le scanner comme des zones avasculaires qui sont parfois
cerclées par une paroi fine, on parle alors de bulles (figure 6)
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une polyglobulie réactionnelle à l’hypoxémie
une anémie (co-morbidité fréquente et de mauvais pronostic) susceptible d’aggraver
la dyspnée.
IV.4.5. Le dosage d’alpha1 anti-trypsine est indiqué lorsqu’un emphysème est mis en
évidence,
BPCO précoces (< 45 ans)
ou ayant des antécédents familiaux d’emphysème,
ou n’ayant pas ou peu fumé.
Ce sont les autres causes possibles d’obstruction bronchique non ou peu réversibles ::
l’asthme avec obstruction bronchique fixée « à dyspnée continue » (clinique, niveau
de réversibilité, TDM, biologie-tests allergologiques)
les dilatations des bronches (hypersécrétion, TDM)
les bronchiolites (EFR, TDM)
certaines formes d’insuffisance cardiaque gauche (BNP, ECG, échocardiographie)
V. TRAITEMENT
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Réduire les symptômes (dyspnée)
Augmenter la capacité d’exercice
Améliorer la qualité de vie
Réduire la mortalité
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V.2. Bronchodilatateurs
Trois familles de bronchodilatateurs peuvent être utilisées : les anticholinergiques, les bêta 2
agonistes et les méthylxanthines (théophyllines).
Anticholinergiques (ipratropium) et bêta2 agonistes (salbutamol sont disponibles par
voie inhalée, voie d’administration privilégiée du fait de son rapport
efficacité/tolérance élevé22
L’utilisation de cette voie d’administration implique un apprentissage du malade pour
utiliser correctement les dispositifs d’inhalation et la vérification régulière que la
technique d’inhalation reste satisfaisante23.
Anticholinergiques et bêta2 agonistes ont une efficacité globalement équivalente dans
la BPCO24.
Anticholinergiques et bêta2 agonistes ont un effet bronchodilatateur additif 25.
Les formes à longue durée d’action sont disponibles pour les bêta2 agonistes
(salmétérol ou formotérol en 2 prises par jour) et pour les anticholinergiques
(tiotropium, une prise par jour), elles permettent un traitement moins contraignant.
Les anticholinergiques comme les bêta2 adrénergiques de longue durée d’action ont
fait la preuve de leur efficacité symptomatique même en l’absence de réversibilité
significative du TVO sur les EFR. Cette amélioration porte sur :
la dyspnée,
la capacité d’exercice
le nombre d’exacerbations,
la qualité de vie.
En pratique, les traitements à courte durée d’action sont à prendre à la demande, dès lors
que le patient ressent une dyspnée.
un bêta2 agoniste (Ventoline®)
ou une combinaison bêta2 agoniste & anticholinergique de courte durée d’action
(Bronchodual®).
________________
22
Rapport efficacité / tolérance favorable lié à l’obtention de fortes concentrations locales de principe actif au
prix d’un passage systémique limité
23
Le choix entre les dispositifs d’inhalation tient compte des dispositifs d’inhalation disponibles et des capacités
de chaque sujet à les utiliser, en sachant que l’efficacité des formes poudres et des formes en aérosols
doseurs est identique si la prise est satisfaisante.
24
Au contraire de ce qui est observé dans l’asthme où l’effet bronchodilatateur des bêta2 agonistes est
nettement supérieur à celui des anticholinergiques. Mais individuellement, un malade amélioré par l’un des
agents ne le sera pas forcément par l’autre
25
Leur association permet d’augmenter l’efficacité du traitement sans en majorer les effets adverses.
17/32
Lorsque la dyspnée est continue, plusieurs choix sont possibles :
anticholinergique de longue durée d’action : tiotropium (Spiriva®),
bêta2 agoniste de longue durée d’action : formotérol (Foradil®), salméterol
(Serevent®)
ou association des deux en cas de persistance de la dyspnée avec une
monothérapie.
V.3. Corticostéroïdes
La corticothérapie orale au long cours n’est jamais indiquée dans la BPCO en raison de son
inefficacité et de ses effets adverses.
Il n’y a pas non plus de place pour la corticothérapie inhalée utilisé seule dans la BPCO (à la
différence de l’asthme).
En revanche, chez les malades atteints d’une BPCO sévère à très sévère (VEMS<50% de la
théorique), la corticothérapie inhalée associée aux bêta2 agonistes de longue durée d’action,
sous forme d’associations fixes : salmétérol + fluticasone (Sérétide®) ou budésonide +
formotérol (Symbicort®)
permet une réduction des symptômes et du nombre d’exacerbations,
et améliore la qualité de vie.
Ces associations ne sont actuellement recommandées que chez les malades qui :
ont un VEMS<50% de la normale26
souffrent d’exacerbations fréquentes (au moins 2 par an),
et présentent des symptômes (dyspnée) persistants malgré l’administration de
bronchodilatateurs de longue durée d’action.
V.4. Vaccins
La vaccination grippale annuelle est recommandée chez les patients présentant une BPCO.
Il est aussi recommandé de proposer une vaccination par le vaccin polyosidique
pneumococcique aux patients ayant une BPCO, à répéter tous les 5 ans.
________________
26
VEMS< 60% pour l’association salmétérol + fluticasone
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V.5. Mucomodificateurs
Leur effet bénéfique n’est pas démontré, que ce soit en état stable ou lors des
exacerbations.
V.6. Antileucotriènes
Ils n’ont aucune indication dans la BPCO
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Elle est recommandée quel que soit le stade de la maladie à partir du moment où il existe un
handicap malgré le traitement pharmacologique.
Par ailleurs, chez tout malade, il est extrêmement important de conseiller d’entretenir
une activité physique régulière.
Stades Traitement
Bronchodilatateur de courte durée d’action (à la demande)
Vaccination antigrippale
Réduction des facteurs de risque (arrêt du tabac)
Stade I
léger
VEMS ≥ 80%
Réhabilitation respiratoire
VEMS 50-80%
si exacerbations répétées
association avec un 2 agoniste
Glucocorticostéroïdes inhalés en
Stade III
sévère
VEMS 30-50%
chronique
respiratoire
insuffisance
longue durée si
Oxygénothérapie de
Stade IV
très sévère
VEMS<30% OU
VEMS<50% ET
insuffisance
respiratoire ou
cardiaque droite
20/32
Les gaz du sang conduisant à porter l’indication doivent avoir été répétés au moins 2 fois à
au moins 3 semaines d’intervalle, à distance d’une exacerbation
V.11. Chirurgie
V.11.1. Chirurgie de réduction de volume pulmonaire
Elle consiste à réséquer les zones pulmonaires les plus emphysémateuses (1/3 du volume
pulmonaire en moyenne) selon des modalités variables.
Son but est de diminuer la distension et ainsi d’améliorer les conditions mécaniques de
fonctionnement des muscles respiratoires (diaphragme en particulier) et d’améliorer les
rapports ventilation-perfusion.
__________________________
29
L’administration de l’oxygène se fait généralement par voie nasale, au moyen de canules courtes montées
sur un tuyau souple supporté par les oreilles. L'oxygène peut être administré à partir d’un concentrateur ou
de cuves d’oxygène liquide ; plus rarement, des bouteilles d’oxygène gazeux sont utilisées. Des bouteilles
d’oxygène gazeux de secours doivent toujours être laissées au domicile du malade.
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V.11.1. Transplantation
Les indications de la transplantation se limitent aux malades jeunes (<65 ans) et présentant
par la sévérité de leur atteinte des contre-indications absolues ou relatives à la réduction de
volume : hypercapnie importante, hypertension pulmonaire, trop grande dégradation
morphologique et fonctionnelle,...
VI.1. Définitions
L’exacerbation aiguë des symptômes respiratoires et l’altération concomitante de la fonction
respiratoire est l'accident évolutif le plus fréquent de la BPCO.
Les exacerbations sont légères, modérées ou sévère selon qu’elles s’accompagnent ou non
de signes de gravité (cf infra) et qu’elles mettent donc en jeu ou non le pronostic vital.
Les exacerbations sévères sont aussi appelées "décompensations".
elles correspondent à la rupture de l’équilibre entre charge respiratoire (accrue) et
capacité de compensation (compromise)
des mesures d'assistance respiratoire (oxygénothérapie / ventilation assistée) seront
le plus souvent nécessaires
VI.2. Diagnostic
Chez un patient dont le diagnostic de BPCO est connu
le diagnostic d’exacerbation est simple et repose sur la majoration de la dyspnée
majoration de la toux et de l’expectoration
Chez un patient dont le diagnostic de BPCO n’est pas connu
le diagnostic peut être plus complexe car l’exacerbation, souvent inaugurale, peut
être sévère
la stratégie diagnostique s’intègre alors dans l’approche plus globale du diagnostic
d’une détresse respiratoire aiguë.
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Tableau 4 : critères d’hospitalisation des exacerbations de BPCO
Signes de gravité immédiate (cf item 193)
Absence de réponse au traitement médical initial
Incertitude diagnostique
Sujet âgé
Absence de soutien à domicile
Oxygénothérapie au long cours
Comorbidités : cardiopathie gauche, alcoolisme, atteinte neurologique…
Lorsque aucune cause n’est identifiée, la question posée est celle de la probabilité d’une
infection respiratoire basse d’origine bactérienne, par opposition à une cause virale. Cette
question est importante si l’on veut rationaliser la prescription d’antibiotiques et limiter ainsi
l’apparition de résistances microbiennes.
Le principal argument en faveur d’une infection bactérienne est la purulence récente
ou majorée de l’expectoration.
Les germes les plus souvent en cause en cas d’origine bactérienne sont Hemophilus
influenzae, Streptococcus pneumoniae et Moraxella catarrhalis.
D’autres bactéries comme Staphylococcus aureus, Pseudomonas aeruginosa ou
des entérobactéries peuvent être en cause, essentiellement chez les malades
ayant une obstruction bronchique sévère (VEMS < 35% de la valeur théorique).
VI.5. Explorations
Dans la grande majorité des exacerbations sans signe de gravité prises en charge en ville,
aucune exploration paraclinique n’est justifiée.
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Chez le patient hospitalisé les examens complémentaires ont pour but
d’apprécier la gravité de l’exacerbation (gaz du sang à la recherche d’une
hypercapnie)
d’identifier les pathologies à l’origine de l’exacerbation (voir chapitre VI.1 - item 193)
- bilan biologique « de base »10 :
- la C-réactive protéine, le Brain Natriuretic Peptide en cas de doute sur un facteur
cardiaque, la Pro-Calcitonine pour éliminer une origine bactérienne.
VI.6. Traitement
L’identification et le traitement précoce des exacerbations réduit leur mortalité.
Le traitement des exacerbations de BPCO est codifié (figure 7).
VI.6.1 Bronchodilatateurs
En s’assurant de la bonne technique d’utilisation des dispositifs d’inhalation pour les malades
pris en charge à domicile
Les doses de bronchodilatateurs peuvent être aussi élevées que lors des exacerbations
d’asthme (voir item 226).
10
hémostase et les plaquettes (avant héparinothérapie préventive), ionogramme (du fait des effets
hypokaliémiants des bêta2 agonistes et des corticostéroïdes et des effets hyponatrémiants des diurétiques
éventuels), fonction rénale (insuffisance rénale fonctionnelle satellite de l’insuffisance cardiaque droite ou liée à
l’utilisation de diurétiques), bilan hépatique (signes de foie cardiaque), numération (polyglobulie) et formule
sanguine (hyperleucocytose),
24/32
Les bêta2 agonistes à courte durée d’action seront administrés en 1ère intention, seuls ou
associés aux anticholinergiques.
A l’hôpital, la nébulisation est le mode d’administration le plus fréquent.
OUI NON
Facteurs de risques
VEMS< 35% en état stable
Hypoxémie de repos (<60 mmHg) surveillance,
Exacerbations fréquentes (≥4) pas d’ATB
Corticothérapie systémiqueau long cours
Comorbidité(s)
Antécédent de pneumonie
échec*
_______________________________________________________________
° C2G = céphalosporine de 2ème génération ; C3G = céphalosporine de 3ème génération
* persistance ou aggravation d’une purulence franche de l’expectoration associée ou non à de la fièvre après 4
jours de traitement
°° L’utilisation de la télithromycine a été restreinte en 2007 au seul traitement des exacerbations documentées ou
suspectées à bactéries résistantes aux bêta-lactamines et/ou aux macrolides
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VI.6.3 Corticothérapie systémique
Elle ne fait pas l’objet d’un consensus
A domicile
elle n’est pas indiquée dans le cas général, y compris en présence de râles sibilants
à l'auscultation
elle ne se justifie en 1ère intention que s'il existe une forte suspicion de composante
asthmatique
elle sera envisagée en 2ème intention en l’absence d’amélioration après 48 heures de
traitement.
Chez les malades hospitalisés
elle accélère légèrement la récupération du VEMS, et pourrait raccourcir la durée
d'hospitalisation de 24 heures environ
elle doit être conduite à dose 0,5 mg/kg/j, (au maximum 40 mg/j) et sur une durée
courte (une semaine).
VI.6.4 Oxygénothérapie
Chez les malades hospitalisés du fait de signes de gravité, une oxygénothérapie nasale à
débit faible (1-2 l/min) est indiquée, adaptée de façon à obtenir une saturation pulsée en
oxygène de 88-92% en surveillant la gazométrie de façon à détecter l’apparition d’une
hypercapnie.
Chez ces malades, la prévention de la maladie thrombo-embolique par héparine de bas
poids moléculaire est indiquée.
26/32
VI.8. Suivi
Toute exacerbation est un motif de renforcement du suivi clinique (symptômes, handicap) et
fonctionnel respiratoire (spirométrie).
Une éducation doit être apportée sur la reconnaissance et la prise en charge des
exacerbations ultérieures.
27/32
Pour en savoir plus : Physiopathologie de la BPCO
III.1. Les composantes du trouble ventilatoire obstructif dans la BPCO (figure 9 et 10)
Le TVO a une double composante :
Maladies des petites voies aériennes11 associant inflammation le remodelage
bronchique responsable d’une obstruction bronchique intrinsèque (figure 2)
Maladie du parenchyme pulmonaire (emphysème) responsable d’une diminution du
calibre bronchique (figure 3)
11
Le remodelage bronchique est caractérisé par une hyperplasie glandulaire (au niveau des bronches centrales),
un dépôt de collagène sous épithélial (au niveau bronchiolaire), une métaplasie malpighienne et glandulaire, une
augmentation de la masse du muscle lisse, une fibrose péri-bronchiolaire.
Le remodelage parenchymateux est caractérisé par l’emphysème (lié à un déséquilibre de la balance protéases –
antiprotéases et de un déséquilibre de la balance oxydants – antioxydants) et des dépôts de collagène dans les
parois alvéolaires.
Les infections sont favorisées par l’altération de la clairance muco-ciliaire, les modifications biochimiques du
mucus, des anomalies immunitaires locales. Les infections bactériennes sont sources d’exacerbations et
pourraient accélérer le déclin fonctionnel respiratoire par la recrudescence des phénomènes inflammatoires
induits.
28/32
III.2. Les principaux mécanismes de la dyspnée dans la BPCO (figure 4 et 5)
Le principal symptôme de la BPCO est la dyspnée. Elle est d’origine multifactorielle :
obstruction bronchique limitant les débits aériens12
nécessité de raccourcir les temps inspiratoire pour pouvoir allonger le temps
expiratoire (diminution du rapport I/E)
distension statique13 (figure 10) et dynamique14
dysfonctionnement des muscles locomoteurs (en raison de la baisse d’activité liée à
la dyspnée)
hypoxémie définissant l’insuffisance respiratoire chronique
déconditionnement cardio-vasculaire et musculaire ;
anxiété, dépression
12
augmente la charge mécanique imposée aux muscles respiratoires
13
l’aplatissement du diaphragme qui en résulte a un effet délétère sur sa fonction
14
pour pouvoir augmenter le calibre bronchique le patient ventile à de plus hauts niveaux de volumes, pour
« retendre l’élastique » (cf. figure 3).
29/32
Figure 11 : principaux mécanismes respiratoires de la dyspnée dans la BPCO
15
A un moindre degré les altérations des échanges gazeux sont liées à l’altération de la zone d’échange liée à la
destruction alvéolaire par l’emphysème, l’hypoventilation alvéolaire, l’augmentation du shunt anatomique
secondaire à l’hypertension pulmonaire.
30/32
Figure 13 : A) rapport ventilation/perfusion
(V/Q) normal ; B) l’unité alvéolocapillaire
de gauche a un V/Q normal : le contenu
artériel en oxygène (CaO2) issu de ce
territoire est normal. L’unité alvéolo-
capillaire de droite est une zone à bas
rapport V/Q car la ventilation est diminuée
en raison d’une limitation de débit dans les
voies aériennes : le CaO2 issu de ce
territoire est abaissé. Le mélange du sang
des deux territoires conduit à une
diminution globale du CaO2 et donc à une
hypoxémie. Dans cette situation
l’augmentation de la fraction inspirée d’O2
(FiO2) corrige l’hypoxémie car l’oxygène
parvient quand même aux espaces
alvéolaires et peut normaliser la PAO2
L’hypoxémie induit :
une hypertension pulmonaire par vasoconstriction hypoxique des artères
pulmonaires : ce phénomène ne survient d’abord que lors de l’exercice, puis au cours
du sommeil, puis en permanence.
la production de facteurs de croissance par l’endothélium vasculaire qui peuvent
induire des lésions fibreuses artériolaires et fixer l’hypertension pulmonaire.
31/32
charge respiratoire.
d’une polyglobulie liée à l’hypoxémie chronique (viscosité accrue du sang).
Les anomalies des échanges gazeux qui caractérisent l’insuffisance respiratoire chronique
peuvent entraîner une rétention hydro-sodée par :
diminution de production de facteur atrial natriurétique
et stimulation du système rénine angiotensine par l’hypoxémie et l’hypercapnie.
16
La dénutrition est de mauvais pronostic au cours de la BPCO. Elle est multifactorielle : réduction des apports
alimentaires, augmentation des dépenses énergétiques de repos et d’exercice (en partie liée à l’augmentation de
charge respiratoire), inflammation systémique et anomalies hormonales (réduction de la production de
testostérone chez l’homme). La dénutrition est délétère pour la fonction musculaire respiratoire et non
respiratoire. Les facteurs exogènes favorisant doivent être évités (corticostéroïdes par exemple).
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La structure et la fonction des muscles striés squelettiques est aussi altérée en raison de la réduction d’activité
due à la dyspnée : c’est le « déconditionnement » : ces muscles passent en métabolisme anaérobie plus tôt au
cours de l’exercice. Il s’ensuit une production de lactates dont le métabolisme produit du dioxyde de carbone,
facteur supplémentaire de dyspnée.
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