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31 MéJif11litJhf
PRÉFACE

Pe1dant sa vie terrestre, quand Jésus parlait avec ses


disciples des relations qu'ils devaient avoir avec lui, il
employait souvent l'expression: «Suivez-moi"· Mais au
mom�nt de les quitter pour retourner au ciel, il préféra
exprimer l'union plus intime et plus spirituelle qu'ils
auraient alors avec lui en disant: "Demeurez en moi"·
Il est à craindre que le sens de cette expression, comme
l'expérience bénie qu'elle promet, reste caché pour
beaucoup de disciples sincères de Jésus.
Bien qu'ils fassent confiance à leur Sauveur pour leur
apporter pardon et secours, bien qu'ils fassent tout leur
possible pour lui obéir, ils conçoivent difficilement à
quelle union étroite, à quelle communion intime, à quel­
le me veilleuse unité de vie et d'intérêt il les invite en
leur disant: « Demeurez en moi"· Et ceci ne représente
pas seulement une perte inexprimable pour eux, mais
l'église et le monde souffrent de ce qui est ainsi perdu.
Pour quelle raison, des âmes qui ont vraiment accep­
té leur Sauveur et qui ont connu le renouvellement par
le Saint-Esprit, passent-elles à côté du plein salut qui a
été préparé pour elles? Je crois que, dans bien des cas,
c'est par ignorance qu'elles ont manqué de foi pour sai­
sir leur héritage. Si, dans nos églises évangéliques, on
invitait à demeurer en Christ, à vivre uni à lui, à faire l'ex­
périence constante de sa présence, jour après jour et
heure par heure, avec autant de netteté et d'insistance
qu'on prêche le pardon et l'expiation par le sang de
Jésus, je suis sûr que beaucoup accepteraient l'invita­
tion avec joie et que cela se manifesterait par la pureté,
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la puissance, l'amour, la joie, tout le fruit et toutes les
bénédictions que le Sauveur apporte à ceux qui demeu­
rent en lui.
C'est le désir d'aider ceux qui n'ont pas encore bien
compris le sens de cet ordre du Sauveur, ou qui ont peur
que cette vie soit hors d'atteinte, qui nous pousse à
publier ces méditations. Un enfant apprend ses leçons
par de fréquentes répétitions. De même, c'est en fixant
sa pensée avec attention, pendant un certain temps, sur
l'une des leçons de la foi, que le croyant parviendra à la
saisir et à l'assimiler complètement.
J'espère vivement apporter une aide à ceux - en par­
ticulier les jeunes croyants - qui viendront épeler avec
nous, jour après jour, pendant un mois, ces précieuses
paroles: « Demeurez en moi» et les leçcns qui el"'
découlent dans la parabole du cep et des sarments. Pas
à pas, nous découvrirons combien ce commandement­
promesse est riche de sens pour nous, combien la grâce
nécessaire pour y obéir nous est assurée, combien la
bénédiction inexprimable qui en résulte est indispensa­
ble à une saine vie chrétienne.
Écoutons, méditons, prions, livrons-nous nous­
mêmes, acceptons par la foi Jésus-Christ tout entier, tel
qu'il s'offre à nous et, par le Saint-Esprit, cette parole de
Jésus deviendra pour nous esprit et vie. Elle deviendra
aussi puissance de Dieu pour notre salut et par elle naî­
tra la foi qui saisit la bénédiction longtemps désirée.
Je prie ardemment notre Seigneur afin qu'il daigne,
dans sa grâce, bénir par le moyen de ce petit livre ceux
qui cherchent à le connaître plus pleinement, comme il
en a déjà béni beaucoup d'autres dans divers pays. Et

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je prie plus instamment encore afin que le Seigneur
fasse comprendre aux trop nombreux enfants de Dieu
qui mènent encore des vies partagées, qu'il les réclame
entièrement à lui et que seul l'abandon total pour
demeurer en lui apporte la joie ineffable et glorieuse.
Oh, que chacun de ceux qui ont commencé à goûter
la douceur de cette vie rende témoignage, avec une
entière consécration, à la grâce et la puissance de notre
Seigneur pour nous garder unis à lui. Aussi qu'il cher­
che, par la parole et les actes, à en gagner d'autres pour
le suivre totalement. Nous ne pourrons conserver notre
propre communion qu'en portant ces fruits-là.
En conclusion, qu'il me soit permis de donner un bref
conseil au lecteur: il faut du temps pour croître en Jésus,
le cep. N'espérez pas demeurer en lui si vous ne lui
accordez pas ce temps. Il ne suffit pas de lire la Parole
de Dieu ou une méditation comme celles-ci et, dès que
l'on a saisi la pensée et demandé à Dieu sa bénédiction,
partir en espérant que la bénédiction demeure. Non, il
faut, jour après jour, passer du temps avec Jésus et
avec Dieu.
Nous savons tous qu'il faut consacrer chaque jour un
certain temps à nos repas. Chaque travailleur réclame
une heure pour le déjeuner. Il ne suffit pas de manger à
la hâte la quantité voulue de nourriture. Pour vivre de
Christ, il faut nous nourrir de lui (Jean 6 v. 57), il faut
absorber et assimiler entièrement cette nourriture céles­
te que le Père nous donne par sa vie. C'est pourquoi,
mon frère, toi qui veux apprendre à demeurer en Jésus,
prends le temps chaque jour, avant de lire, pendant que
tu lis, et après que tu as lu, d'entrer en contact vivant
avec le Christ vivant, pour te soumettre consciemment,

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délibérément, à son influence bénie. C'est ainsi que tu
lui donneras la possibilité de prendre possession de toi,
de t'attirer à lui et de te garder en sûreté dans sa vie
toute puissante.
Et maintenant, à tous les enfants de Dieu qu'il m'ac­
corde le privilège de conduire à la vigne céleste, je pré­
sente mes salutations dans l'amour fraternel et je prie
pour qu'à chacun d'eux il soit donné de goûter cette
bénédiction: « demeurer en Christ». Que la grâce de
Jésus, l'amour de Dieu, la communion du Saint-Esprit
soient leur partage chaque jour. Amen.
A.M.

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JEAN 15 v. 1-12

1. Moi, je suis le vrai cep, et mon Père est le vigne­


ron.
2. Tout sarment qui est en moi et qui ne porte pas
de fruit, il le retranche; et tout sarment qui porte du
fruit, il l'émonde afin qu'il porte encore plus de fruit.
3. Déjà, vous êtes émondés, à cause de la parole
que je vous ai annoncée.
4. Demeurez en moi, comme moi en vous. De
même que le sarment ne peut de lui-même porter du
fruit, s'il ne demeure sur le cep, de même vous non
plus, si vous ne demeurez en moi.
5. Moi, je suis le cep; vous, les sarments. Celui qui
demeure en moi, comme moi en lui, porte beaucoup
de fruit, car sans moi, vous ne pouvez rien faire.
6. Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté
dehors comme le sarment, et il sèche; puis l'on
ramasse les sarments, on les jette au feu et ils brû­
lent.
7. Si vous demeurez en moi et que mes paroles
demeurent en vous, demandez tout ce que vous
voudrez, et cela vous sera accordé.
8. Mon Père est glorifié en ceci: que vous portiez
beaucoup de fruit, et vous serez mes disciples.

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9. Comme le Père m'a aimé, moi aussi, je vous ai
aimés. Demeurez dans mon amour.
10. Si vous gardez mes commandements, vous
demeurez dans mon amour, comme j'ai gardé les
commandements de mon Père et que je demeure
dans son amour.
11. Je vous ai parlé ainsi, afin que ma joie soit en
vous et que votre joie soit complète.
12. Voici mon commandement: Aimez-vous les
uns les autres, comme je vous ai aimés.

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DEMEUREZ EN CHRIST
VOUS TOUS QUI ÊTES À LUI
Venez à moi
(Matthieu 11 v. 28).
Demeurez en moi
(Jean 15 v. 4).

C'est à vous qui avez entendu l'appel: « Venez à


moi» et qui l'avez accepté, que s'adresse une nouvelle
invitation: « Demeurez en moi». Ce message d'amour
vient du même Sauveur. Vous ne vous êtes certaine­
ment jamais repentis d'avoir répondu à son appel. Vous
avez éprouvé que sa Parole est la vérité, qu'il accomplit
toutes ses promesses. Il vous a fait partager les béné­
dictions et la joie de son amour. Ne vous a-t-il pas
accueilli avec une extrême tendresse? Son pardon
n'est-il pas total et gratuit, son amour infiniment doux et
précieux? Quand vous êtes venu à lui, au début, vous
avez eu bien des fois l'occasion de dire: « On ne m'en
avait pas annoncé la moitié» (1 Rois 1 O v. 7).
Et pourtant, par la suite, vous avez été un peu déçu. A
mesure que le temps passait, ce que vous attendiez ne
se réalisait pas. Vous perdiez les bénédictions reçues
autrefois. L'amour et la joie éprouvés lors de votre pre­
mière rencontre avec votre Sauveur, au lieu de s'appro­
fondir, s'estompaient, disparaissaient et vous vous êtes

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souvent demandé pour quelle raison, ayant un Sauveur
si puissant et si aimant, votre expérience du salut n'était
pas plus entière.
La réponse est très simple: vous vous êtes éloigné de
lui. Toutes les bénédictions qu'il répand sont liées à cet
appel: " Venez à MOI», et ne peuvent être goûtées que
dans une étroite communion avec lui. Il se peut que
vous ne l'ayez pas bien compris ou que vous ne vous le
rappeliez plus très bien, mais son appel signifiait:
"Venez à moi afin de rester avec moi"· Tels étaient en
vérité son intention et son but quand il vous a appelé
pour la première fois. Il ne désirait pas seulement vous
rafraîchir quelques heures, après votre conversion, par
la joie de son amour et de sa délivrance, puis vous
envoyer errer à riouveau dans la tristesse et le péché. Il
vous destinait à quelque chose de meilleur qu'une béné­
diction éphémère dont on ne jouît que pendant les
moments spécialement consacrés à la prière et qui se
dissipe dès qu'on retourne aux obligations dans lesquel­
les il nous faut bien passer la majeure partie de notre
existence.
Non, vraiment, il avait prévu que vous demeuriez
constamment en lui, pour y passer votre vie entière,
chacun de vos moments, et accomplir votre travail quo­
tidien tout en jouissant à tout instant d'une communion
ininterrompue avec lui. Voilà ce qu'il veut dire quand, à
son premier appel " Venez à moi», il rajoute
"Demeurez en moi». Et la grâce découlant de cette
exhortation «Demeurez" est tout aussi sérieuse et
digne de foi, aussi affectueuse et tendre que la compas­
sion exprimée par cet appel béni «Venez"· Si seule­
ment vous aviez écouté cette seconde parole, elle vous

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aurait attaché à lui aussi puissamment que la première
parole vous avait attiré. Si grandes qu'aient été les
bénédictions reçues en répondant à son appel, tout
aussi grandes et même plus encore sont les richesses
auxquelles vous auriez eu accès en demeurant.
Remarquez que Jésus n'a pas dit: « Venez et demeu­
rez avec moi", mais « Demeurez en moi». La relation
ne doit pas seulement être ininterrompue, mais elle doit
être intime et complète au plus haut point. Il a ouvert ses
bras pour vous presser sur son sein, il a ouvert son
coeur pour vous y accueillir, il a ouvert toute la plénitude
de sa vie et de son amour. Ce qu'il vous offre, c'est de
vous faire pénétrer dans sa communion, de faire que
vous et lui vous ne fassiez qu'un. Il y a une signification
profonde, que vous ne pouvez pas encore saisir vrai­
ment, dans ses paroles: « Demeurez EN MOI».
Il vous a crié un jour « Venez à moi» et c'est avec non
moins d'insistance, l'avez-vous seulement remarqué,
qu'il supplie maintenant « Demeurez en moi». Et pour
vous inciter à demeurer il va se servir des mêmes motifs
qui vous ont poussé à venir.
Est-ce la peur du péché et de ses conséquences qui
vous a d'abord pressé? Le pardon que vous avez reçu
quand vous êtes venu alors, et les bénédictions qui en
découlent ne recevront leur confirmation et vous n'en
jouirez pleinement que si vous demeurez en lui.
Est-ce l'aspiration à connaître et expérimenter l'amour
infini qui vous a motivé? Votre venue ne vous a permis
d'en savourer que quelques gouttes. Ce n'est qu'en
"demeurant» que vous pourrez apaiser la soif de votre
âme et boire aux fleuves de joie qui coulent de sa main
droite.

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Est-ce parce que vous aspiriez à être délivré de l'es­
clavage du péché, à devenir pur et saint et à trouver
ainsi le repos, le repos de Dieu pour votre âme? Cela
aussi ne peut se réaliser que dans la mesure où vous
demeurerez en lui. Demeurer en Jésus est le seul
moyen d'avoir le repos en lui.
Serait-ce encore l'espérance d'un héritage glorieux,
d'une demeure éternelle dans la présence de l'Etre infi­
ni? S'y préparer vraiment et en goûter déjà les prémices
bénies dans cette vie, cela est réservé à ceux qui
demeurent en lui et à eux seuls.
En vérité, toutes les raisons qui vous ont amené à
venir à lui vous crient, avec mille fois plus de force enco­
re: « Demeurez en lui». Vous avez bien fait de venir;
vous ferez mieux encore de demeuïeï. Qui pourrait,
après avoir cherché le palais du Roi, se contenter de
rester à la porte, alors qu'il est invité à habiter dans la
présence du Roi et à partager toute la gloire de l'existen­
ce royale? Oh, entrons, demeurons et jouissons pleine­
ment de toutes les richesses que son merveilleux amour
a préparées pour nous.
Je crains fort que beaucoup de ceux qui sont vérita­
blement venus à Jésus soient dans la triste obligation de
reconnaître qu'ils ne connaissent pas grand-chose de
cette habitation bénie en lui. La raison est, entre autres,
qu'ils n'ont jamais vraiment compris quel était le sens de
l'appel du Sauveur. Pour d'autres, quoiqu'ils aient enten­
du les paroles, ils n'ont pas su que cette communion
permanente était possible et à leur portée. D'autres
diront qu'ils ont bien cru qu'une telle vie était possible et
qu'ils l'ont recherchée, mais que, cependant, ils n'ont
pas réussi à découvrir comment l'atteindre. Et d'autres

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encore confesseront, hélas, que c'est leur propre incré­
dulité qui les a empêchés de jouir de cette bénédiction.
Alors que le Sauveur les aurait gardés, eux-mêmes
n'étaient pas prêts à demeurer. Ils n'étaient pas prépa­
rés à tout abandonner pour habiter en Jésus et en lui
seul, toujours et pleinement.
C'est à eux tous et au nom de Jésus, leur Rédempteur
et le mien, que je viens maintenant apporter ce messa­
ge béni « Demeurez en moi "· En son nom je les invite
à venir méditer avec moi, pendant un certain temps, sur
ce qu'il signifie, ce qu'il enseigne, ce qu'il demande, ce
qu'il promet. Je sais combien de questions peuvent se
poser à ce sujet et comme elles sont difficiles à résou­
dre pour de nouveaux croyants. Il y a, entre autres, cette
question qui se présente sous divers aspects : est-il pos­
sible de se maintenir, ou au moins d'être maintenu dans
cette communion permanente, au sein d'occupations
pénibles et de distractions continuel/es? Je n'entrepren­
drai pas de résoudre toutes les difficultés. Seul Jésus
lui-même le fera, par son Saint-Esprit. Mais ce que je
ferai volontiers, si Dieu me le permet dans sa grâce,
c'est de répéter jour après jour le commandement béni
du Maître « Demeurez en moi ", jusqu'à ce qu'il pénè­
tre dans les cœurs et y trouve une place telle qu'on ne
puisse plus jamais l'oublier ou le négliger.
J'aimerais méditer avec vous à la lumière des
Ecritures sur tout ce qu'il signifie, jusqu'à ce que s'ouvre
votre compréhension, cette porte du cœur, et que vous
puissiez commencer à saisir, dans ce commandement,
ce qu'il propose et ce qu'il attend de nous. Ainsi nous
découvrirons le moyen d'en prendre possession, nous
apprendrons à discerner ce qui nous en empêche et

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aussi ce qui peut nous aider à le réaliser. Nous devien­
drons ainsi sensibles à son appel et il nous faudra bien
admettre qu'il ne peut y avoir de véritable allégeance à
notre Roi sans que nous acceptions simplement, de tout
notre cœur, ce commandement-là aussi. Nous contem­
plerons ainsi la bénédiction qu'il renferme jusqu'à ce
que le désir brûle en nous et que toutes les énergies de
notre volonté soient stimulées pour réclamer et possé­
der ce bien inestimable.
Venez, mes frères, plaçons-nous chaque jour à ses
pieds et méditons cette parole venant de lui, les yeux
fixés sur lui seul. Soyons devant lui dans une confiance
paisible, attendant que se fasse entendre sa sainte voix
- ce murmure doux et léger plus puissant que le vent
fort et violent qui déchire les montagnes - qui insufflera
en nous son esprit vivifiant en nous disant "Demeure
en moi». L'âme qui entend réellement Jésus lui-même
prononcer ces paroles reçoit, en même temps que les
paroles, la capacité d'accepter et de saisir la bénédiction
qu'il nous offre.
Qu'il te plaise, ô Sauveur bien-aimé, de nous parler
véritablement. Que chacun de nous entende ta voix
bénie. Que le sentiment de notre besoin profond, la foi
en ton merveilleux amour et la vision de la vie merveil­
leuse de bénédictions que tu te proposes de nous
accorder, s'unissent pour nous contraindre à être atten­
tifs et obéissants chaque fois que tu nous dis
"Demeurez en moi». Que, de Jour en jour, soit plus
claire et plus totale la réponse de notre cœur: "Sauveur
béni, oui, j'habite en toi».

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DEMEUREZ EN CHRIST
ET VOUS TROUVEREZ DU REPOS
POUR VOS ÂMES
Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués
et chargés, et je vous donnerai du repos.
Prenez mon joug sur vous
et recevez mes instructions. . . ,
et vous trouverez du repos pour vos âmes
(Matthieu 11 v. 28-29).

« Ou repos pour l'âme,,: telle est la première promes­

se par laquelle le Sauveur espère attirer le pécheur las


de son fardeau. Cela semble une pensée toute simple
mais en réalité, cette promesse est l'une des plus vas­
tes et des plus riches que l'on puisse trouver. Du repos
pour l'âme! Cela n'implique-t-il pas la délivrance de
toute crainte, la réponse à tous nos besoins, la satisfac­
tion de tous nos désirs? C'est bien cela, rien de moins,
que le Sauveur propose au pèlerin qui revient à lui pour
demeurer en lui - et pourtant celui-ci se plaint de ce que
le repos n'ait pas été aussi permanent et aussi complet
qu'il l'avait espéré!
Si vous n'avez pas trouvé le repos ou si, l'ayant trou­
vé, vous l'avez laissé se troubler et se perdre, l'unique
raison est que vous n'êtes pas resté avec lui, vous
n'êtes pas demeuré en lui.

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Avez-vous remarqué que, dans cette première invita­
tion du Sauveur à venir à lui, la promesse du repos est
répétée deux fois, avec une nuance dans les conditions
exprimées, nuance qui suggère que le repos permanent
ne se trouve que dans la proximité permanente? Le
Sauveur dit d'abord: « Venez à moi et je vous donne­
rai du repos"· A l'instant même où vous venez et
croyez, je vous donne le repos - le repos du pardon et
de l'accueil, le repos dans mon amour.
Mais nous savons qu'il faut du temps pour nous
approprier pleinement ce que Dieu nous a accordé. Il
faut le saisir fermement et en prendre possession, l'as­
similer au plus profond de notre être. Sans cela, le fait
même que Christ nous le donne ne peut faire que nous
le possédions vraiment. que nous l'expérimentions et en
jouissions pleinement. C'est pourquoi le Sauveur répète
sa promesse en des termes qui ne se réfèrent plus au
repos offert dès l'accueil à la créature fatiguée qui venait
à lui. Maintenant il parle clairement du repos plus pro­
fond, plus personnel, de l'âme qui demeure avec lui. Il
ne dit plus seulement: « Venez à moi», mais « Prenez
mon joug sur vous et apprenez de moi"· Devenez
mes élèves, laissez-moi vous former, soumettez-vous
en toutes choses à ma volonté. Que toute votre vie ne
fasse qu'un avec la mienne, en d'autres termes:
"demeurez en moi».
Il ne dit plus seulement alors « Je vous donnerai",
mais « vous trouverez" du repos pour vos âmes. Le
repos qu'il vous a donné lors de votre venue va devenir
une chose que vous aurez réellement découverte et
faite vôtre. Un repos permanent plus profond qui résulte
d'une plus longue fréquentation, d'une plus étroite corn-

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munion, d'un abandon total, d'une intimité plus profon­
de. « Prenez mon joug, apprenez de moi "· « Demeu­
rez en moi "· Telle est la voie qui conduit au repos per­
manent. Ces paroles du Sauveur ne vous font-elles pas
découvrir ce que peut-être, vous avez si souvent cher­
ché en vain à comprendre : comment se fait-il que l'on
perde si souvent le repos dont on a tant joui par
moments?
La raison doit être que vous n'aviez pas compris que
le secret du parfait repos c'est l'abandon complet à
Jésus. Lui livrer sa vie entière afin que lui seul dirige et
gouverne, prendre son joug et se soumettre afin d'être
conduit et enseigné, apprendre de lui, demeurer en lui,
être et faire ce qu'il veut - et rien d'autre que ce qu'il
veut. Telles sont les conditions que doit remplir un disci­
ple et sans lesquelles il ne peut être question de conser­
ver ce repos qui nous a été donné quand nous sommes
venus à Christ pour la première fois. Le repos est en
Christ, ce n'est pas une chose qu'il puisse donner en
dehors de lui-même. Ce n'est donc qu'en ayant Christ
lui-même qu'on peut réellement conserver ce repos et
en jouir.
C'est parce que de jeunes croyants n'ont pas réussi à
saisir cette vérité que leur repos s'est évanoui si rapide­
ment. Pour quelques-uns, c'est par ignorance. On ne
leur a jamais dit que Jésus réclame la soumission sans
partage de tout notre cœur et de toute notre vie, qu'il n'y
a pas un seul point de notre existence sur lequel il ne
désire régner, que ses disciples doivent chercher à lui
plaire jusque dans les plus petites choses. Ils ne
savaien t pas combien la consécration que Jésus
demande est totale. Pour d'autres, qui avaient quelque

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idée de la vie de sainteté qu'un chrétien doit mener, l'er­
reur est différente: ils ne croient pas qu'il soit possible
d'atteindre une telle vie. Prendre le joug de Jésus, le
porter sans jamais le déposer, cela leur semble exiger
une telle continuité dans l'effort, une telle somme de per­
fection que cela leur parait hors d'atteinte. L'idée même
de demeurer en Jésus toujours, toute la journée, leur
semble trop élevée - c'est quelque chose qu'on attein­
dra peut-être après toute une vie de sainteté et de crois­
sance spirituelle, mais par quoi ne peut commencer un
faible débutant.
Ils ne savent pas à quel point Jésus énonce une véri­
té quand il dit: « Mon joug est aisé» (Matthieu 1 1 v. 30).
C'est le joug lui-même qui donne le repos, parce que
c'est au moment même où l'âme se courbe pour obéir
que le Seigneur lui donne la force et la joie de le faire.
Ils n'ont pas remarqué que, lorsqu'il dit « recevez mes
instructions», il ajoute "car je suis doux et humble
de coeur» (v. 29), afin de leur assurer que sa bonté sub­
viendra à tous leurs besoins et qu'il les portera comme
une mère porte son faible enfant. Oh, ils ne savent pas
que, lorsqu'il dit « demeurez en moi», il demande sim­
plement qu'ils se rendent à lui, à son amour tout puis­
sant qui les tiendra fermes, les gardera et les bénira.
Ainsi, alors que l'erreur des uns résidait dans le manque
de consécration, celle des autres consistait à ne pas lui
faire pleinement confiance. Consécration et foi, voilà les
deux éléments essentiels de la vie chrétienne.
Tout abandonner à Jésus, tout recevoir de Jésus. L' un
implique l'autre. Un mot pourrait les résumer: se livrer.
Se livrer totalement, c'est obéir autant que se confier,
c'est se confier autant qu'obéir. Partant d'une telle

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incompréhension, rien d'étonnant à ce que la vie du dis­
ciple ne soit pas la vie de joie et de force qu'il avait espé­
rée. Sur certains points, vous avez été amené à pécher
par ignorance, ne sachant pas que Jésus voulait vous
diriger complètement et que vous ne pouviez rester
dans la ligne droite un seul moment s'il n'était pas tout
près de vous.
Sur d'autres points, vous saviez bien ce qui était
péché, mais vous n'aviez pas le pouvoir de vaincre
parce que vous ne saviez pas ou ne croyiez pas que
Jésus pouvait vous prendre en charge complètement
pour vous garder et vous aider. De toute façon, il ne fal­
lut pas longtemps pour que s'éteignent la joie rayonnan­
te de votre premier amour et votre sentier, au lieu d'être
« une lumière resplendissante dont l'éclat va crois­
sant jusqu'au plein jour» (Proverbe 4 v. 1 8), ressem­
blai plutôt à celui d'Israël errant dans le désert, toujours
en chemin, jamais bien loin du repos promis, mais pas­
san toujours à côté. Ame fatiguée, tiraillée de-ci de-là
pendant tant d'années, comme une biche haletante, oh,
viens et apprends aujourd'hui cette leçon: il y a un lieu
où sont toujours assurées la sécurité et la victoire, la
paix et le repos, et ce lieu est toujours ouvert pour toi:
c'es: le cœur de Jésus.
Mais quelqu'un dira: « Hélas, c'est justement là qu'est
la g;a nde difficulté : demeurer en Jésus, porter toujours
son joug et recevoir s es instruction s. Et l'effort même
pow y parven ir me prive du repos encore plus que le
péché ou le monde ». Quelle erreur de parler ainsi et
pourtant on entend cela si souvent! Le voyageur qui se
repœe à la maison ou sur son lit quand il cherche à se
délaiser est-il fatigué? Ou est-ce un travail pour un petit

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enfant de se reposer dans les bras de sa mère? N'est­
ce pas la maison qui abrite le voyageur? N'est-ce pas la
mère qui porte le tout-petit dans ses bras et le protège?
Ainsi en est-il de Jésus. L'âme n'a qu'à s'en remettre
à lui, à se tenir tranquille, assurée que son amour a
entrepris et que sa fidélité achèvera l'œuvre de le gar­
der en sécurité, à l'abri dans son sein. C'est parce que
la bénédiction est si grande que nos cœurs trop petits
ne peuvent parvenir à la saisir. C'est comme si nous ne
pouvions pas croire que Christ, le Tout-Puissant, puisse
effectivement nous enseigner et nous garder à tout
moment ! C'est pourtant exactement ce qu'il a promis de
faire. Il ne peut pas autrement nous donner le vrai repos.
Lorsque Jésus dit: « Demeurez en moi, apprenez de
moi », c'est vr:l.iment cela qu'il veut dire et c'est son rôle
à lui de nous garder dans sa présence si nous nous
abandonnons.
Que notre cœur saisisse cette vérité et alors nous
oserons nous jeter dans les bras de son amour pour
nous en remettre à sa garde bénie. La cause de nos dif­
ficultés n'est pas le joug, mais le fait de résister au joug.
Un cœur entièrement livré à Jésus, qui est tout à la fois
notre maître et notre gardien, trouve le repos et le
conserve.
Viens, mon frère, et commençons aujourd'hui même à
accepter la parole de Jésus en toute simplicité. « Prenez
mon joug», « Demeurez en moi», « Recevez mes ins­
tructions», sont des ordres précis. Un ordre est donné
pour qu'on y obéisse. Un élève obéissant ne demande
pas si c'est possible ou à quoi cela sert. Il accepte l'or­
dre en pensant bien que le professeur lui a fourni tout ce
qu'il faut pour l'exécuter. La puissance, la persévérance

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pour demeurer dans le repos, la bénédiction qui en
résulte, tout cela, c'est au Seigneur de s'en occuper. À
moi d'obéir, à lui de pourvoir.
Aujourd'hui même, acceptons l'ordre dans une obéis­
sance immédiate et répondons hardiment: "Mon
Sauveur, je demeure en toi. Selon ta demande, je
prends ton joug, je commence sans délai ce que j'ai à
faire, je demeure en toi ». Chaque fois que nous aurons
co1science d'y avoir manqué, il faut que cela rende le
co11mandement d'autant plus urgent à nos yeux.
Ecoutons plus attentivement que jamais, jusqu'à ce qu'il
noJs soit donné à nouveau, par !'Esprit, d'entendre la
voix de Jésus nous dire, avec l'amour et l'autorité qui
inspirent tout à la fois espérance et obéissance: "Mon
en'ant, demeure en moi ».
Ces paroles, reçues comme venant de lui-même, met­
tront fin à tous les doutes. C'est la promesse divine de
quelque chose qui nous est assuré. Le message nous
paraîtra de plus en plus simple. Demeurer en Jésus, ce
n'est rien d'autre que s'abandonner soi-même pour être
gouverné, enseigné, conduit et se reposer ainsi dans les
bras de l'Amour éternel.
Quel repos béni! C'est le fruit, l'avant-goût, la commu­
nion du repos même de Dieu que découvrent ceux qui
sor:t ainsi venus à Jésus pour demeurer en lui. C'est "la
paix de Dieu, le grand calme de l'univers éternel qui sur­
passe toute intelligence et qui garde le cœur et les pen­
sées » ( Philippiens 4 v. 7). Avec l'assurance de cette
grâce, nous avons la force de faire tout notre devoir, le
courage pour tout combat, la bénédiction dans chaque
difficulté et la joie de la vie éternelle dans la mort même.

21
ô mon Sauveur ! Si Jamais mon cœur doute ou craint
à nouveau, comme si la bénédiction était trop grande
pour qu'on puisse l 'espérer, ou trop haute pour qu 'on
puisse l 'atteindre, fais-moi entendre ta voix pour raviver
ma foi et mon obéissance : « Demeurez en moi",
« Prenez mon joug sur vous et recevez mes instruc­
tions et vous trouverez du repos pour vos âmes"·

22
3
DEMEUREZ EN CHRIST
EN LUI FA ISANT CONFIANCE
POUR VOUS GARDER
. . . afin de le saisir, puisque moi aussi
j'ai été saisi par le Christ Jésus
(Philippiens 3 v. 12).

Bien des gens admettent que demeurer en Christ est


un devoir sacré et un privilège béni, mais ils trébuchent
sans cesse devant cette question : une vie de commu­
nion ininterrompue avec le Sauveur, est-ce possible ?
Ils pensent que des chrétiens éminents, placés dans
des circonstances particulièrement favorables pour cul­
tiver cette grâce, peuvent peut-être y parvenir. Mais on
ne peut guère s'y attendre pour la grande majorité des
disciples dont l'existence, telle que Dieu l'a voulue, est
si remplie par les affaires de cette vie ! Plus ils entendent
parler de cette vie, plus ils comprennent combien elle
est glorieuse et bénie et ils seraient prêts à sacrifier
n'importe quoi pour en devenir les bénéficiaires. Mais ils
sont trop faibles, ils ont trop peu de foi, ils ne peuvent y
arriver.
Chères âmes ! Il leur faut apprendre que demeurer en
Christ est exactement ce qu'il faut pour ceux qui sont fai­
bles, que cela leur convient admirablement. Il ne s'agit
pas de faire de grandes choses et cela n'exige pas que

23
nous menions tout d'abord une vie parfaitement sainte
et consacrée. Non, il s'agit simplement pour le faible de
s'en remettre à celui qui est puissant pour le garder,
pour l'homme de peu de foi de s'appuyer sur celui qui
est fidèle et véritable. Demeurer en lui n'est pas une
œuvre que nous avons à faire pour pouvoir jouir du
salut, mais c'est accepter de le laisser tout faire en nous,
pour nous et par notre moyen. C'est une œuvre qu'il
accomplit pour nous, c'est le fruit et la puissance de son
amour rédempteur. Notre part, c'est de nous abandon­
ner, de nous confier et d'attendre ce qu'il s'est engagé à
accomplir.
Cette attente paisible, pleine de confiance, se repo­
sant sur la promesse de Christ, qu'il y a en lui une habi­
tation toute préparée, voilà ce qui manque si fortement
parmi les chrétiens. Ils prennent rarement le temps ou la
peine de comprendre que, lorsque Christ dit: « Demeu­
rez en moi», « le Gardien d'Israël, qui ne sommeille
ni ne dort» (Psaume 12 1 v. 4), il s'offre lui-même avec
tout son amour et toute sa puissance, pour être l'habita­
tion vivante de l'âme, là où la puissante influence de sa
grâce sera plus forte pour nous garder, que toutes nos
faiblesses pour nous détourner de lui. Voici l'idée qu'ils
se font de la grâce: leur conversion et leur pardon ont
été l'œuvre de Dieu mais maintenant, par reconnaissan­
ce envers Dieu, c'est leur œuvre à eux que de vivre en
chrétiens et de suivre Jésus.
On retrouve toujours cette pensée d'une œuvre à
accomplir et, bien qu'ils prient Dieu de les aider, cela
reste leur œuvre. Ils achoppent continuellement, déses­
pèrent et le découragement ne fait qu'accroître leur
impuissance.

24
Non, abandonnez cette erreur. C'est Jésus qui vous
attirait à lui quand il vous a dit «Venez", et c'est encore
Jésus qui vous garde quand il dit: «Demeurez"· La
grâce pour venir et la grâce pour demeurer ne peuvent
provenir que de lui seul. Vous avez entendu, médité,
accepté ce mot: «venez» et ce fut le cordage d'amour
qui vous attiré à lui. De même «demeurez" est le lien
par lequel il vous tient solidement et vous attache à lui.
Que chaque âme prenne seulement le temps d'écouter
la voix de Jésus: « En moi, dit-il, dans mes bras puis­
sants, il y a de la place. C'est moi, moi qui t 'aime tant,
qui te dis : demeure en moi. Tu peux te fier à moi en
toute certitude». La voix de Jésus, pénétrant et demeu­
rant dans l'âme ne peut que susciter cette réponse:
« Oui, mon Sauveur, en toi je peux, je veux demeurer».

Demeurez en moi : ces paroles ne sont pas comme la


loi de Moïse, exigeant du pécheur ce qu'il ne peut
accomplir. Il y a là un commandement d'amour, c'est-à­
dire une promesse sous une autre forme. Pensez à cela
jusqu'à ce qu'ait disparue toute impression de fardeau,
de crainte, de désespoir et que la première pensée qui
vienne à votre esprit quand on vous parle de demeurer
en Christ soit une espérance vibrante et joyeuse: c'est
pour moi et je vais en jouir. Vous n'êtes pas sous la loi,
avec ses implacables « Fais ceci » , mais sous la grâce
bénie qui dit: « Crois à ce que Jésus a fait pour toi. »
Et si on vous pose cette question: « Mais il y a sûre­
ment quelque chose à faire de notre part», répondez:
« Nos actes et notre travail ne sont que le fruit de l'œu­

vre de Christ en nous». Quand l'âme devient littérale­


ment passive, attendant en paix ce que Christ va faire,
c'est alors que son énergie est capable de la plus gran-

25
de activité et que nous pouvons travailler plus efficace­
ment parce que nous savons qu'il travaille en nous.
Quand nous discernons dans ces mots en moi la puis­
sante énergie de l'amour, tendue vers nous pour nous
atteindre, nous prendre et nous tenir, c'est alors que
s'éveille toute la force de notre volonté pour habiter en
lui.
La relation entre l'œuvre de Christ et la nôtre s'expri­
me merveilleusement dans les paroles de Paul : « . . . afin
de le saisir, puisque moi aussi j'ai été saisi par le
Christ Jésus ». Parce qu'il savait que le Tout-Puissant
et le Fidèle l'avait saisi dans le dessein glorieux de le
faire un avec lui-même, alors il aspirait de toutes ses for­
ces à saisir ce glorieux trophée. La foi, l'expérience, la
pleine assurance d'avoir été saisi par Christ lui don­
naient le courage et la force de lutter afin de saisir ce
pour quoi il avait été saisi. Chaque nouvelle vision de ce
but exaltant en vue duquel Christ l'avait saisi et le tenait,
le stimulait à nouveau pour ne viser à rien de moins.
Nous comprendrons mieux l'expression de Paul et son
application à la vie d'un chrétien, si nous nous représen­
tons un père aidant son enfant à franchir un obstacle dif­
ficile. Le père est en haut et il a pris la main de son fils
pour l'aider. Il lui désigne l'endroit où il pourra, avec son
aide, poser le pied s'il saute un peu. Le saut serait trop
haut et trop dangereux si l'enfant était seul mais il a
confiance dans la main de son père et il saute pour
atteindre ce point d'appui en vue duquel son père lui­
même l'a saisi. C'est la force de son père qui lui donne
de l'assurance et le soulève et c'est ainsi que l'enfant
est poussé à employer au maximum sa propre force.

26
Telle est la relation entre Christ et toi, chrétien faible et
craintif ! Fixe les yeux sur le but en vue duquel Christ t'a
saisi! C'est à une vie d'habitation permanente, de com­
munion ininterrompue avec lui, qu'il veut t'élever - rien
de moins. Ce que tu as déjà reçu - le pardon et la paix,
sa grâce et son Esprit - n'en sont que les préliminaires.
Et toutes les promesses que tu peux entrevoir dans le
futur - sainteté, fécondité, gloire éternelle - n'en sont
que la conséquence normale. l'union avec lui, et corré­
lativement avec le Père, est son objectif suprême. Fixe
les regards sur cela et contemple jusqu'à ce que ce fait
t'apparaisse clair et indubitable: le but de Christ, c'est
que tu demeures en lui.
Et maintenant que cette seconde pensée pénètre en
toi: C'est pour cela que Christ m'a saisi. Sa force toute
puissante s'est posée sur moi et me propose maintenant
de m'élever là où il voudrait que je sois. Fixe les regards
sur Christ. Contemple l'amour qui rayonne de ses yeux
et qui te demande pourquoi tu ne lui fais pas confiance
pour te garder désormais, alors qu'il t'a cherché, trouvé,
attiré près de lui. Contemple ce bras puissant et dis-toi
qu'il est raisonnable d'être certain de sa réelle capacité
de te garder en lui.
Et tout en pensant à ce qu'il te montre, au dessein
béni pour lequel il t'a saisi, tout en gardant les yeux fixés
sur celui qui te tient et attend de pouvoir t'élever, dis­
moi, n e pourrais-tu pas aujourd'hui même gravir ce
degré et accéder enfin à cette vie bénie d'habitation en
Christ ? Oui, commence tout de suite et dis: " ô mon
Jésus, si tu me tiens, si tu t 'es engagé à m 'éle ver et à
me garder, je veux oser. A vec confiance, malgré ma
crainte, Je veux dire : Jésus, J 'habite vraiment en toi ,,.

27
Mon bien-aimé compagnon dans la foi, va, prends le
temps d'être seul avec Jésus et dis-lui cela. Je n'oserais
pas te parler de l'habitation en Christ pour le simple plai­
sir de susciter d'agréables émotions religieuses. Les
vérités de Dieu doivent immédiatement être mises en
pratique. Oh, consacre-toi aujourd'hui même au Sau­
veur béni en lui livrant la seule chose qu'il demande de
toi : t'abandonner pour demeurer en lui. C'est lui-même
qui l'accomplira en toi. Tu peux lui faire confiance pour
qu' il te garde confiant, en lui.
Et si jamais des doutes s'élèvent à nouveau ou si tu es
tenté de désespérer par l'amère expérience d' une
défaillance, rappelle-toi d'où Paul tirait sa force : « J'ai
été saisi par Christ». De cette certitude découlent des
forces abondantes. De là tu peux contempler sur quoi il
a établi tout son cœur et y établir aussi le tien. Là tu
retrouveras la certitude qu'il achèvera la grande œuvre
qu'il a commencée. Et cette certitude te donnera le cou­
rage de dire à nouveau, jour après jour : «je veux conti­
nuer, afin de sa isir ce pourquoi Christ m'a sa isi» C'est
parce que Jésus m'a saisi et parce que Jésus me garde
que j'ose dire : " Mon Sa uveur, je demeure en toi».

28
4
DEMEUREZ EN CHRIST
COMME LES SARMENTS
DANS LE CEP

Moi, je suis le cep ; vous, les sarments


(Jean 15 v. 5).

C'est en relation avec la parabole de la vigne que


notre Seigneur a employé pour la première fois cette
expression : « Demeurez en moi». Cette parabole si
simple et pourtant si riche d'enseignements nous éclai­
re sur la signification du commandement de notre
Seigneur. Elle nous donne l'image la meilleure et la plus
complète de l'union à laquelle il nous convie. Cette para­
bole nous enseigne la nature de cette union.
La relation entre le cep et le sarment est une relation
vivante. Aucune union externe, temporaire, ne saurait
suffire, aucune intervention humaine ne pourrait la réali­
ser. La branche, qu'il s'agisse d'une branche naturelle
ou d'une branche greffée, ne tient au cep que par la
volonté même du Créateu r, en vertu de q uoi la vie, la
sève, la graisse, la fécondité du cep se communiquent
aux sarments.
Et il en est exactement de même avec le croyant. Son
union avec son Seigneur ne résulte pas de la sagesse

29
ou de la volonté humaine, mais c'est une action divine.
Par elle s'effectue l'union vivante la plus étroite et la plus
complète qui soit entre le pécheur et le Fils de Dieu:
« Dieu a envoyé dans nos coeurs /'Esprit de son
Fils" (Galates 4 v. 6). Le même Esprit qui habitait et
habite encore dans le Fils devient la vie même du
croyant. Dans l'unité de ce même Esprit et la commu­
nion de cette même vie qui est en Christ, le croyant est
un avec lui. Comme pour le cep et les sarments, c'est
par une union vivante qu'ils sont un.
La parabole nous enseigne que cette union est com­
plète. L'union entre le cep et le sarment est si étroite que
chacun d'eux n'est rien sans l'autre et que chacun est
tout pour l'autre et seulement pour lui. Sans le cep le
sarment ne peut rien faire. I l doit au cep son droit d'exis­
ter dans la vigne, sa vie et sa fécondité. D'ailleurs le
Seigneur dit de même: « Sans moi, vous ne pouvez
rien faire" (Jean 1 5 v. 5). Si le croyant peut, chaque
jour, être agréable à Dieu, ce n'est qu'au travers de la
puissance de Christ demeurant en lui. La sève vivifiante
du Saint-Esprit coulant en lui jour après jour est la seule
possibilité de porter du fruit. Il ne vit qu'en lui et dépend
à chaque moment de lui seul.
Sans les sarments, le cep ne peut rien faire non plus.
Un cep sans sarments ne peut porter de fruit. Le sar­
ment n'est pas moins indispensable au cep que le cep
aux sarments. Telle est la merveilleuse condescendan­
ce de la grâce: tout comme le peuple de Dieu est
dépendant de lui, il a voulu se rendre dépendant de son
peuple. Sans ses disciples, il ne peut répandre sa béné­
diction sur le monde. Il ne peut pas offrir aux pécheurs
les raisins de la Canaan céleste.

30
Ne nous demandons pas pourquoi. C'est lui qui en a
décidé ainsi et il a appelé ses rachetés à ce grand hon­
neur. Comme il leur est indispensable dans le ciel afin
qu'ils puissent porter du fruit, eux aussi lui sont indispen­
sables sur terre afin qu'au travers d'eux il y ait du fruit.
Croyants, méditez sur ce point jusqu'à ce que vos âmes
se prosternent dans l'adoration devant ce mystère de
l'union parfaite entre Christ et le croyant.
Il y a plus: ni le cep ni le sarment ne sont rien l'un sans
l'autre mais ils ne sont rien non plus si ce n'est l'un pour
l'autre. Tout ce que le cep possède appartient aux sar­
ments. La riche nourriture que le pied de vigne tire du
sol n'est pas pour lui-même. Tout est destiné aux bran­
ches. Il les a engendrées et il se met à leur seNice. De
même Jésus à qui nous devons la vie, se donne entière­
ment lui-même pour nous et à nous: « Je leur ai donné
la gloire que tu m'as donnée» (Jean 17 v. 22). « Celui
qui croit en moi fera, lui aussi, les oeuvres que moi
je fais, et il en fera de plus grandes» (Jean 1 4 v. 12).
Toute sa plénitude et toutes ses richesses sont pour
toi, croyant, car le cep ne vit pas pour lui-même, ne
garde rien pour lui-même, mais n'existe que pour les
sarments. Tout ce que Jésus est dans le ciel, il l'est pour
nous. Son intérêt est entièrement lié au nôtre. Il se tient
devant le Père en tant que représentant des croyants.
Tout ce que possède le sarment appartient au cep. La
branche n'existe pas pour elle-même mais afin de por­
ter le fruit qui manifestera l'excellence du cep. Sa seule
raison d'être est le seNice de la vigne.
Image glorieuse de l'appel du croyant à une entière
consécration au seNice de son Seigneur. Parce que
Jésus s'est donné si totalement pour lui, il se sent pres-

31
sé de se donner totalement à son Seigneur. Toutes les
possibilités de sa personne, tous les moments de sa vie,
toutes ses pensées et ses sentiments appartiennent à
Jésus afin que, par lui et pour lui, le chrétien puisse pro­
duire du fruit.
Lorsqu'il comprend ce que le cep est pour le sarment,
et ce que le sarment doit être pour le cep, il sent qu'il n'y
a qu'une seule chose dont il faille se préoccuper et pour
laquelle il faille vivre: la volonté, la gloire, l'œuvre, le
royaume de son Seigneur béni, la production de fruit à
la gloire de son nom.
La parabole nous enseigne quel est l'objet de cette
union. Les sarments ont pour but le fruit et le fruit seul:
« Tout sarment. . . qui ne porte pas de fruit, il le
retranche"· La branche a besoin de feuilles pour main­
tenir sa propre vie et pour produire un fruit parfait. Et ce
fruit lui-même, elle ne le porte que pour le donner autour
d'elle. Dès que le croyant se sent appelé à être une
branche et entre dans ce plan, il voit qu'il lui faudra s'ou­
blier lui-même et vivre entièrement pour les autres. C'est
pour les aimer, les chercher, les sauver que Jésus est
venu. C'est donc pour cela que doit vivre chaque
rameau de la vigne, tout comme la vigne elle-même.
C'est en vue du fruit, de beaucoup de fruit que le Père
nous a fait un avec Jésus-Christ.
Cette merveilleuse parabole de la vigne, dévoilant le
mystère de l'amour divin, de la vie céleste, du monde de
l'esprit, comme je l'avais peu comprise! Jésus, le cep
vivant dans le ciel, et moi, le sarment vivant sur la terre.
Que j'avais donc peu compris la profondeur de mon
besoin et ma totale dépendance, mais aussi la perfec­
tion de mon aspiration à toute sa plénitude ! Comme

32
j'avais peu comp ris aussi combien son besoi n à lui était
p rofond mais parfaite son exigence de mon total dénue­
ment ! Que je puisse, à cette l umière resplend issante,
étudier la mervei lleuse union entre Jésus et son peu ple,
j usqu'à ce que cela me conduise à une pleine commu­
nion avec mon Seigneur bien-aimé ! Que je puisse éco u­
ter sa voix et croi re , j usqu'à ce que tout mon être
s'écrie : "Jésus est réellement pour moi le vrai cep ; il
me porte, me nourrit, subvient à tout ; il m'utilise et me
remplit totalement afin de me faire porter du fruit en
abondance"· Alors je n'au rai plus peur de d i re : "Je suis
réellement un sarment pour Jésus, le vrai cep ; je
demeure en lui, je me repose sur lui, je m 'attends à lui,
je le sers et ne vis que pour qu'il puisse, au travers de
moi, manifester la richesse de sa grâce et donner son
fruit au monde qui périt"·
C'est lorsq ue nous essayons ainsi de comprendre le
sens d e la parabole que le commandement bén i , pro­
noncé par Jésus dans le même contexte, pénètre e n
nous avec une réelle puissance. L a conscience de c e
q u e le c e p est pour le sarment e t J ésus pou r le croyant
donne u n e force nouvelle à expression « Demeurez en
moi ! " C'est comme s'il d isait : "Vois, chère âme, à quel
point je t'appartiens. Je me suis uni à toi indissoluble­
ment ; toute la plénitude et la force de la vigne sont à toi
en réalité. Maintenant que tu es en moi, aie la certitude
que tout ce que j'ai est entièrement à toi. C'est mon inté­
rêt et mon honneur que d'avoir en toi une branche
féconde. Il suffit que tu demeures en moi. Tu es faible
mais je suis fort. Tu es pauvre mais je suis riche. Il suf­
fit que tu demeures en moi. Soumets-toi entièrement à
mon enseignement et à ma direction. Confie-toi simple­
ment en mon amour, ma grâce, mes promesses. Crois

33
s eulement; je suis entièrement à toi. Je suis la vign e, tu
es un sarment: demeure en moi».
Qu'en dis-tu mon âme? Vais-je hésiter encore ou refu­
ser mon consentement? Au lieu de penser qu'il est péni­
ble et difficile de vivre comme un rameau de la vraie
vigne, en me représentant cela comme un devoir à
accomplir, ne vais-je pas plutôt, dès maintenant, le
considérer comme ce qui peut apporter le plus de béné­
diction et de joie sous le ciel? Ne vais-je pas croire que,
maintenant que je suis en lui, c'est lui-même qui va me
garder et me rendre capable de rester ainsi? De ma
part, demeurer en lui, c'est tout simplement accepter ma
position actuelle, consentir à y être maintenu, m'aban­
donner par la foi à la puissance de la vigne qui tient le
faible rameau. Oui, je veux, j'habite réellement en toi,
Seigneur Jésus !
ô Sauveur, que ton amour est ineffable: « Une telle
science est trop merveilleuse pour moi, trop élevée
pour que je puisse la saisir" ( Psaume 1 39 v. 6). Je ne
peux que m'abandonner à ton amour et prier pour que,
de jour en jour, tu me dévoiles quelque chose de ses
précieux mystères et que ce soit, pour ton disciple qui
t'aime, un encouragement et une force pour faire ce que
son cœur désire profondément : toujours, uniquement,
totalement, demeurer en toi.

34
5
DEMEUREZ EN CHRIST,
VOUS ÊTES VENUS À LUI,
PAR LA FOI

Ainsi, comme vous avez reçu le Christ Jésus,


le Seigneur, marchez en lui;
soyez enracinés et fondés en lui,
affermis dans la foi. . .
(Colossiens 2 v. 6-7).

Par ces paroles, l'apôtre nous enseigne une importan­


te leçon : non seulement nous sommes venus à Christ
au début et avons été unis à lui par la foi, mais c'est
encore par la foi que nous devons être enracinés et fon­
dés en lui. La foi est essentielle pour progresser dans la
vie spirituelle tout autant que pour la commencer. Ce
n'est que par la foi qu'on peut demeurer en Christ.
Il y a des chrétiens sincères qui ne comprennent pas
cela ou, s'ils l'admettent bien en théorie, ne parviennent
pas à l'appliquer en pratique. Ils sont pleins de zèle pour
un Évangile gratuit, où c'est par la foi qu'on accepte
Christ et qu'on est justifié, mais ils pensent que tout
dépend ensuite de notre fidélité et de notre application .
Bien qu'ils aient fermement saisi cette vérité : le pécheu r
est justifié par la foi, ils n e font guère d e place, pour aller

35
de l'avant, à cette vérité plus vaste : « Le juste vivra par
la foi». Ils n'ont jamais compris à quel point Jésus est
un Sauveur parfait qui peut faire, chaque jour, pour le
pécheur, tout autant qu'il a fait le premier jour où celui-ci
est venu à lui.
Ils ne savent pas que la vie de la grâce est toujours et
uniquement une vie de foi, et que, dans sa relation avec
Jésus, le disciple n'a qu'un devoir, constant et quotidien :
croire. Or la foi est le seul canal par lequel la grâce et la
force divines, peuvent couler dans le coeur de l'homme.
La vieille nature du croyant demeure mauvaise et
pécheresse jusqu'à la fin, mais si chaque jour il apporte
à son Sauveur sa nullité, sa totale incapacité, il reçoit de
lui la vie et la force qui lui feront porter des fruits de jus­
tice à la gloire de Dieu. Par conséquent : " Comme
vous avez reçu le Christ Jésus, le Seigneur, marchez
en lui, soyez enracinés et fondés en lui, affermis
dans la foi». Comme vous êtes venus à Jésus, de la
même façon demeurez en lui : par la foi.
Si vous voulez savoir comment il faut exercer la foi
pour demeurer en Jésus, pour être enraciné en lui plus
profondément et plus solidement, vous n'avez qu'à vous
reporter en arrière, au temps où vous avez reçu Jésus
pour la première fois. Vous vous rappelez bien quels
obstacles se sont dressés, à cette époque, sur le che­
min de votre foi.
Il y avait tout d'abord votre bassesse et votre culpabi­
lité. Il vous semblait impossible que la promesse du par­
don et de l'amour soit faite à un pécheur tel que vous.
Puis, venait le sentiment de votre faiblesse et de votre
impuissance : vous ne vous sentiez pas capable de

36
l'abandon et de la confiance qui vous étaient demandés.
Ensuite, envisageant l'avenir, vous n'osiez pas vous
engager à être un disciple de Jésus alors que vous sen­
tiez avec certitude que vous ne pourriez rester debout
mais que vous connaîtriez bientôt, à nouveau, l'infidéli­
té, la chute. Ces difficultés se dressaient comme des
montagnes sur votre chemin. Et comment ont-elles dis­
paru? Simplement par la Parole de Dieu. Cette Parole
vous a contraint, malgré le passé coupable, la faiblesse
présente, l'incertitude de l'avenir. à croire que la pro­
messe était certaine : Jésus voulait vous accepter et
vous sauver. Sur ces paroles, vous avez osé venir et
vous n'avez pas été déçu. Vous avez découvert que
Jésus vous a véritablement accepté et sauvé.
L'expérience faite lors de votre venue à Jésus, appli­
quez-la aussi à demeurer en lui. Maintenant, comme
alors, les tentations qui vous empêchent de croire sont
nombreuses. Quand vous pensez aux péchés commis
depuis que vous êtes devenu un disciple, votre coeur
est submergé de honte. Penser que Jésus va vraiment
vous recevoir dans la parfaite intimité et la pleine jouis­
sance de son saint amour, c'est vraiment trop espérer,
semble-t-il. Quand vous pensez combien vous avez
manqué, dans le passé, à tenir vos engagements les
plus sacrés, la conscience de votre faiblesse actuelle
vous fait trembler à l'idée même de répondre à l'ordre du
Sauveur en promettant : "Seig n eur, à partir de ma inte­
nant, je veux demeurer en toi"·
Si vous vous représentez la vie d'amour et de joie, de
sainteté et de fécondité qui, dans l'avenir, doit découler
de cette habitation en lui, c'est comme si cela ne servait
qu'à vous désespérer davantage: vous, en tout cas,

37
vous n'y arriverez jamais. Vous vous connaissez trop
bien. Y compter ne servirait qu'à vous décevoir. De­
meurer pleinement et entièrement en Jésus, cette vie-là
n'est pas pour vous.
Oh, puissiez-vous tirer les leçons du temps où vous
êtes venu au Sauveur ! Rappelle-toi, mon ami, comment
tu as été conduit alors, contrairement à ce que pou­
vaient te dire ton expérience, tes sentiments et même le
simple bon sens, - à prendre Jésus au mot, et tu n'as
pas été déçu. I l t'a réellement accueilli et pardonné. I l t'a
réellement aimé et sauvé, tu le sais. Et s'il a fait cela
pour toi, quand tu étais ennemi et faisais partie des gens
du dehors, ne penses-tu pas qu'il accomplira sa pro­
messe à plus forte raison maintenant que tu lui appar­
tiens ?
Oh, viens donc, et écoute tout simplement ces paroles
et pose-toi cette seule question : Veut-il vraiment dire
que je devrais demeurer en lui ? La réponse que
donne sa Parole est simple et certaine : par sa grâce
toute puissante, maintenant tu es en lui. Et la même
grâce toute puissante va te rendre capable de demeurer
réellement en lui. Par la foi, tu es devenu participant de
la grâce initiale ; par cette même foi, tu continueras à
jouir de la grâce d'habiter en lui.
Et si tu demandes ce qu'il faut croire exactement pour
pouvoir demeurer en lui, la réponse est facile. Crois
d'abord ce qu'il dit quand il affirme : « Je suis le cep ».
La sécurité et la fécondité du sarment reposent sur la
vigueur du cep. Ne te préoccupe pas tant de toi-même
en tant que branche, ni du devoir que tu as de demeu­
rer en lui, mais que ta pensée soit remplie tout d'abord
par la foi en ce que Christ est le cep. Alors il deviendra

38
réellement pour toi tout ce qu'un cep peut être. C'est lui
qui te soutient, te nourrit et se considère en permanen­
ce comme responsable de ta croissance et des fruits
que tu portes. Prends le temps de te pénétrer de cette
certitude, attache ton cœur à croire, cela: le cep duquel
je puis tirer tout ce dont j'ai besoin, c'est Christ. Une
vigne grande et forte porte un faible sarment et le tient
plus fermement que le sarment ne tient au cep.
Demande au Père de te révéler par le Saint-Esprit
combien puissant, aimant et glorieux est le Christ en qui
tu as ta place et ta vie. Plus que toute autre chose, c'est
la foi en ce qu'est Jésus-Christ, qui te fera demeurer en
lui en permanence. Une âme remplie de pensées éle­
vées concernant la vigne sera une branche forte et
demeurera en lui avec confiance. Pense davantage à
Jésus en tant que cep, crois davantage en lui. Alors,
quand la foi peut vraiment dire: " // est mon cep», qu'el­
le fasse un pas de plus et dise: "Je suis un de s es
ramea ux, je suis en lui ».
Je parle à des gens qui se disent ses disciples et je ne
pourrai jamais trop insister sur l'importance d'exercer la
foi en disant: " Je suis en lui ». Tout devient alors si sim­
ple. Si je me représente clairement les choses tandis
que je médite sur ces mots, je demeure en lui mainte­
nant, je vois immédiatement qu'il ne faut rien d'autre que
mon consentement pour être tel qu'il m'a fait, pour res­
ter là où il m'a placé. Je suis en Christ! Cette simple
pensée exprimée avec attention, avec prière, avec foi,
fait disparaître toute difficulté car il ne s'agit pas d'attein­
dre quelque réalisation sublime. Non. Je suis en Christ,
mon Sauveur béni.
Son amour a préparé un lieu pour que je demeure en
lui, quand il a dit: "Demeurez dans mon amour» et sa
39
puissance a décidé de garder la porte pour que j'y reste,
si seulement j'y consens. Je suis en Christ. Maintenant
je n'ai plus qu'à dire: « Mon Sa uveur, je te bénis pour
cette grâce merveilleuse. J'accepte. Tiens-moi s ous ta
ga rde bén ie. Je demeure vra iment en toi"·
Une telle foi accomplira de façon éton nante tout ce
qu'implique, par la suite, le fait de demeurer en Christ.
La vie chrétienne demande beaucoup d'attention et de
prière, beaucoup d'oubli de soi, de luttes, d'obéissance,
de zèle. Mais " Toutes choses sont possibles à celui
qui croit» (Marc 9 v. 23), " Et voici la victoire qui
triomphe du monde : notre foi» (1 Jean 5 v. 4). C'est la
foi qui, continuellement, détourne les yeux de la faibles­
se de la créature et trouve sa joie dans un Sauveur tout
puissant qui suffit à rendre l'âme forte et heureuse.
Par la foi, nous nous abandonnons afin d'être conduits
par le Saint-Esprit dans une connaissance de plus en
plus profonde du merveilleux Sauveur que Dieu nous a
donné. Il est !'Emmanuel illimité. Par la foi, nous lais­
sons l'Esprit nous conduire page par page, dans la
Parole bénie, avec l'unique désir de saisir, pour notre
nourriture et notre vie, chacune des révélations de ce
que Jésus est, et de ce qu'il a promis. Selon la promes­
se: « Si ce que vous avez entendu dès le commence­
ment demeure en vous, vous demeurerez, vous
aussi, dans le Fils et dans le Père» ( 1 Jean 2 v. 24), la
foi vit de toute parole qui sort de la bouche de l'Eternel
et c'est ainsi que l'âme est rendue forte de la force de
Dieu pour être et pour faire tout ce qu'il faut pour demeu­
rer en Christ.
Croyant, tu dois demeurer en Christ! Crois seulement.
Crois toujours, crois maintenant. Courbe-toi dès mainte-

40
nant devant ton Seigneur et dis-lui, avec une foi d'enfant
que, parce qu'il est le cep et toi, un de ses sarments, tu
vas dès ce jour demeurer en lui.

NOTE
« Je suis le vrai cep"· Celui qui nous offre le pri­
vilège d 'une véritable union avec lui est le grand JE
SUIS, le Dieu Tout-Puissant qui soutient toutes cho­
ses par sa Parole puissante. Et ce Dieu Tout­
Puissant se révèle à nous comme un Sauveur si par­
fait qu'il veut réaliser ce dessein inimaginable :
renouveler notre nature déchue en la greffant sur sa
propre nature divine.
Prendre conscience de la divinité de celui dont l'ap­
pel résonne avec tant de douceur dans les cœurs
assoiffés est un pas non négligeable vers la pleine
acquisition du privilège auquel nous sommes invités.
Mais avoir un cœur assoiffé ne sert à rien en soi, et
nous n'aurions non plus aucun profit à lire quelles
bénédictions résulteraient d 'une étroite union per­
sonnelle avec notre Seigneur, si nous croyons que
cette union est hors d 'atteinte dans la pratique.
Il nous faut prendre ses paroles comme une réalité
précieuse, vivante, éternelle. Et elles ne le devien­
dront que si nous avons la certitude de pouvoir rai­
sonnablement nous attendre à leur accomplisse­
ment. Mais qu 'est-ce qui pourrait rendre possible un
tel accomplissement - qu 'est-ce qui pourrait rendre
raisonnable de supposer que nous, pauvres créatu­
res infirmes, égoïstes, pleines de péchés et pleines
de défauts, nous puissions être arrachés à la corrup­
tion de notre nature et rendus participants de la sain-
41
teté de notre Seigneur - sinon le fait, merveilleux,
inaltérable, que celui qui nous propose cette grande
transformation est l'Eternel Dieu lui-même, aussi
capable d'accomplir sa propre parole que décidé à le
faire? En conséquence, tandis que nous méditons
sur ces paroles prononcées par Christ, et qui
contiennent en vérité la substance même de son
enseignement, le condensé de son amour, commen­
çons par rejeter bien loin de nous toute tendance au
doute. Ne laissons même pas notre pensée se poser
la question : Est-il possible, pour les disciples égarés
que nous sommes, d 'atteindre la sainteté à laquelle
nous sommes appelés, au travers d 'une union intime
et étroite avec notre Seigneur?
S'il y avait quelque impossibilité, quelque échec à
cette bénédiction proposée, cela ne pourrait venir
que d 'un manque de désir sincère de notre part. Il n'y
a aucun manquement, dans aucun domaine, de la
part de celui qui nous a fait l'invitation. Avec Dieu, il
ne peut y avoir d 'échec dans l'accomplissement de
ce qu'il promet"·
(tiré de : La vie de communion, méditations sur
Jean 15 v. 1- 1 1 par A. M. James).
Il peut être utile de dire aux chrétiens jeunes et vacil­
lants, qu'il est une chose bien plus nécessaire encore
que d'exercer la foi au sujet de chaque promesse parti­
culière qui nous est présentée, c'est d'entretenir en nous
une attitude de foi envers Dieu, l'habitude de toujours
penser à lui, à ses voies, à ses œuvres, avec une espé­
rance joyeuse et confiante. C'est là le terrain dans
lequel les promesses particulières pourront s'enraciner
et croître.

42
6
DEMEUREZ EN CHRIST
CAR DIEU LUI-MÊME
VOUS A UNIS À LUI

. . . que nulle chair ne se glorifie devant Dieu.


Or c'est par lui que vous êtes en Christ Jésus
qui, de par Dieu, a été fait pour nous sagesse
et aussi justice, sanctification et rédemption
(1 Corinthiens 1 v. 29-30).
Mon Père est le vigneron
(Jean 15 v. 1).
« Vous êtes en Christ Jésus». Les chrétiens de
Corinthe étaient encore faibles et charnels, des bébés
en Christ. Et cependant Paul veut qu'ils sachent avec
clarté - c'est le principe de son enseignement - qu'ils
sont dans le Christ Jésus. Toute la vie chrétienne décou­
le de la claire conscience que nous avons de notre posi­
tion en Christ. Il nous faut absolument renouveler cha­
que jour l'assurance de notre foi : « Je suis en Christ
Jésus». Pour qu'elle porte du fruit, toute prédication à
des croyants doit avoir pour point de départ cette affir­
mation : " Vous êtes en Christ Jésus».
Mais l'apôtre ajoute une pensée encore plus importan­
te peut-être : « c'est PAR DIEU que vous êtes en
Christ». Il veut, non seulement nous rappeler que nous
43
sommes unis à Christ, mais surtout que cela ne vient
pas de nous: c'est l'œuvre de Dieu lui-même.
Tandis que le Saint-Esprit nous enseigne cette réalité,
nous découvrons quelle source de force et d'assurance
elle peut devenir pour nous. Si c'est par Dieu seul que je
suis en Christ, alors Dieu lui-même, l'Être infini, devient
ma sécurité dans tout ce qu'il me faut, tout ce que je
désire quand je cherche à demeurer en lui.
Essayons ensemble de comprendre ce que cette mer­
veilleuse expression: "PAR DIEU. . . en Christ" signifie.
Pour nous rendre participants à cette union avec Christ,
il y a une part de travail que Dieu fait et une part que
nous avons à faire. Dieu fait sa part en nous incitant à
faire la nôtre. L'œuvre de Dieu est cachée et silencieu­
se. La nôtre est visible et tangible. La conversion et la
foi, la prière et l'obéissance sont des actes conscients
que nous pourrions décrire avec précision, tandis que la
stimulation et la force spirituelles qui viennent d'en haut
agissent en secret et échappent à l'observation humai­
ne. C'est pourquoi, lorsque le croyant essaye de dire :
"Je suis en Christ", il peut arriver qu'il regarde davan­
tage à ce qu'il a fait qu'à l'œuvre merveilleuse mais
secrète accomplie par Dieu qui l'a uni à Christ.
C'est aussi ce qui s'est produit au début de notre mar­
che de chrétiens: "Je sais en qui j 'ai cru" (2 Timothée
1 v. 12) est un témoignage authentique. Mais il est très
important que notre pensée arrive à discerner que, der­
rière notre transformation, notre foi, notre acceptation de
Christ, il y avait l'action du Dieu Tout-Puissant accom­
plissant son œuvre. C'est elle qui inspirait notre volonté,
prenait possession de nous et menait à bien son propre
plan d'amour en nous enracinant en Jésus-Christ.

44
Lorsque le chrétien prend conscience de cela, de ce
côté divin de l'œuvre du salut, alors il apprend à louer et
à adorer avec une exaltation nouvelle et à se réjouir plus
que jamais dans la nature divine dont le salut l'a rendu
participant. En revoyant chacune des étapes, un chant
s'élève de son cœur : « Ceci est l'œuvre du Seigneur »
- La divine puissance a réalisé le plan imaginé par
l'éternel Amour - " PAR DIEU, je suis en Christ
Jésus ».
" Ceux qu 'il a prédestinés, il les a aussi appelés »
( Romains 8 v. 30). Voilà des paroles qui conduisent le
croyant encore plus loin, encore plus haut, dans les pro­
fondeurs même de l'éternité. L'appel qui retentit dans le
temps présent est la manifestation d'un dessein éternel.
Avant que le monde fût, Dieu avait fixé sur toi le regard
de son éternel amour. Il t'avait élu par grâce et t'avait
choisi en Christ. Te savoir en Christ, voilà la clef par
laquelle tu comprendras tout le sens de l'expression:
« PAR DIEU je suis en Christ Jésus ». Avec le prophè­
te tu diras: " De loin l'Eternel se montre à moi : Je t'ai­
me d'un amour éternel, c'est pourquoi je te conser­
ve ma bienveillance » (Jérémie 3 1 v. 3).
Tu reconnaîtras en ton propre salut un effet de ce
« mystère de sa volonté », de ce « dessein bienveillant
qu'il, s'était proposé en lui-même » et tu te joindras à
tout le corps des croyants qui disent: « En lui nous
avons aussi été mis à part, prédestinés selon le plan
de celui qui opère tout selon la décision de sa volon­
té » ( Ephésiens 1 v. 11). Rien n'exalte mieux la gratuité
de la grâce et n'incite davantage l'homme à se proster­
ner devant elle que la connaissance de ce mystère:
« PAR DIEU en Christ».

45
On voit facilement quelle puissante influence cela doit
exercer sur le croyant qui cherche à demeurer en Christ.
Quel solide fondement cela lui donne lorsque ses droits
sur Christ et toute sa plénitude reposent sur l'œuvre et
le dessein du Père - rien de moins ! Nous avons médité
sur Christ, le cep, et s ur le croyant qui en est un sar­
ment. N'oublions pas cette autre parole précieuse : «
Mon Père est le vigneron"· Le Sauveur a dit : « Toute
plante qui n'a pas été plantée par mon Père céleste
sera déracinée» (Matthieu 1 5 v. 1 3), mais tout sarment
greffé par lui sur la vraie vigne ne sera jamais arraché
par sa main .
C'est a u Père que Christ devait tout c e qu'il était, c'est
de lui qu'il tirait sa force et sa vie en tant que vigne. De
même, c'est au Père que le croyant doit sa position et sa
sécurité en Christ. Le Père veille sur chaque membre du
corps de Christ, sur chacun de ceux qui sont en Jésus,
avec le même amour et la même joie qu'il veillait sur son
Fils bien-aimé.
Quelle certitude confiante va nous inspirer cette foi !
Non seulement nous serons gardés en sûreté jusqu'au
bout, mais surtout nous serons capables de réaliser en
tout point l'objectif pour lequel nous avons été unis à
Christ. Le sarment est sous la responsabilité du vigne­
ron tout autant que le cep. C'est son honneur à lui d'as­
surer la vigueur et la croissance de l'un tout comme de
l'autre. Le Dieu qui a choisi Christ pour être le cep l'a
aussi équipé complètement pour l'œuvre qu'il avait à
accomplir en tant que cep. Le Dieu qui m'a choisi et
planté en Christ s'est engagé de ce fait à garantir que je
serai digne de son Fils Jésus-Christ, dans tous les
domaines, pourvu que je le veuille et m'en remette à lui.

46
Oh, si seulement je réalisais cela pleinement. Ma prière
au Dieu de Jésus-Christ en deviendrait tellement plus
confiante et plus instante! Comme cela éveillerait le
sentiment de ma dépendance et me montrerait que prier
sans cesse est vraiment le seul besoin de ma vie :
compter sans cesse, instant après instant, sur le Dieu
qui m'a uni à Christ pour achever son œuvre divine en
moi, pour « opérer en moi le vouloir et le faire selon
son dessein bienveillant» (Philippiens 2 v. 1 3).
Quelle force pour maintenir en pleine activité une vie
féconde dans la branche! Nos motivations ont un tel
pouvoir ! Il est de la plus haute importance qu'elles
soient claires et élevées. La plus élevée est sûrement
celle-ci: « Nous sommes son ouvrage, nous avons
été créés en Christ Jésus pour des oeuvres bonnes»
( Ephésiens 2 v. 10), greffés par lui en Christ afin de por­
ter beaucoup de fruit. Tout ce que Dieu a créé est mer­
veilleusement adapté à l'usage auquel il est destiné. Le
soleil créé pour donner de la lumière le fait à la perfec­
tion. L'œil créé pour la vision remplit merveilleusement
son rôle. Et l'homme nouveau, créé pour des œuvres
bonnes, comme il est admirablement adapté à cette
finalité !
« PAR DIEU, je suis en Christ Jésus» : il m'a créé de
nouveau, il a fait de moi un sarment équipé pour porter
du fruit. Plaise à Dieu que les croyants cessent de tant
regarder à leur vieille nature, de se plaindre de leur fai­
blesse comme si Dieu les appelait à ce pour quoi ils ne
sont pas faits! Puissent-ils accepter joyeusement, avec
foi, cette merveilleuse révélation: Dieu, en les unissant
à Christ, a pris lui-même en charge leur croissance et
leur fécondité. Ainsi disparaîtraient ces hésitations et

47
cette somnolence maladives. Sous l'influence de cette
puissante motivation - la foi en la fidélité de "celui par
qui ils sont en Christ» - leur être entier s'élèverait jus­
qu'à accepter et accomplir leur glorieuse destinée!
ô mon âme, soumets-toi à la puissante influence de
ces paroles: « PAR DIEU tu es en Christ Jésus ». C'est
le même Dieu PAR QUI Christ a été fait tout ce qu'il est
pour nous, PAR QUI nous sommes en Christ, et PAR
QUI nous serons sûrement rendus tels que nous devons
être pour lui.
Prenez le temps de méditer et d'adorer jusqu'à ce que
la lumière qui rayonne du trône de Dieu vous illu mine et
que vous voyiez votre union avec Christ comme ce
qu'elle est vraiment: l'œuvre du Père Tout-Puissant.
Prenez le temps, jour après jour, de laisser Dieu être
tout, dans toute votre vie de foi avec tout ce qu'elle peut
contenir d'exigences et de devoirs, de besoins et de
désirs. Alors que Jésus vous dit: « Demeurez en moi »,
regardez-le vous montrer le Père et rajouter: « Mon
Père est le vigneron ». Par lui vous êtes en moi, au tra­
vers de lui vous demeurez en moi, et à lui et à sa gloire
appartiennent les fruits que vous portez.
Que votre réponse soit: Amen, Seigneur, qu 'il en soit
ainsi ! De toute éternité Christ et moi sommes destinés
l 'un à l 'a utre : c 'est la volonté de Dieu. Je demeurerai en
Christ et c 'est par Dieu que je suis dans le Christ Jésus.

48
7
DEMEUREZ EN CHRIST
VOTRE SA GESSE

Par Dieu vous êtes en Christ qui,


de par Dieu, a été fait pour nous SAGESSE
et aussi justice, sanctification et rédemption
( 1 Corinthiens 1 v. 30).

Jésus-Christ n'est pas seulement le Sacrificateur qui


nous rachète, le Roi qui nous protège, mais aussi le
Prophète qui nous révèle le salut que Dieu a préparé
pour ceux qui l'aiment ( 1 Corinthiens 2 v. 9).
Tout comme, à la création, la lumière fut appelée à
l'existence la première afin que, par elle, toutes les
autres œuvres de Dieu reçoivent la vie et la beauté,
ainsi, dans ce verset, la sagesse est mentionnée la pre­
mière comme le trésor dans lequel on pourra découvrir
les trois dons précieux cités ensuite.
La vie est la lumière des hommes : c'est en nous révé­
lant la gloire de Dieu, en la faisant resplendir sur son
propre visage (2 Corinthiens 4 v. 6) que Christ nous rend
participants la vie éternelle. C'est par l'arbre de la
con naissance que le péché est venu ; c'est par la
con naissance donnée par Christ que vient le salut. Il a

49
été fait pour nous sagesse, de par Dieu. En lui &ont
cachés tous les trésors de la sagesse et de la connais­
sance (Colossiens 2 v. 3).
Par Dieu vous êtes en Christ et vous n'avez qu'à
demeurer en lui pour être rendus participants à ces tré­
sors de sagesse. Vous êtes en lui, et en lui est la sages­
se. Habiter en lui vous fait habiter dans la source même
de la pleine lumière. Quand vous demeurez en lui, c'est
Christ, sagesse de Dieu, qui conduit toute votre vie spi­
rituelle. Il est prêt à vous communiquer, sous forme de
connaissance, tout ce que vous avez besoin de savoir.
Christ a été fait pour nous sagesse et nous sommes en
lui.
Ce que le Christ a été fait par Dieu pour nous, nous ne
le posséderons que si nous demeurons en lui.
Apprenons à réaliser de mieux en mieux combien ces
choses sont liées. Nous verrons alors que les bénédic­
tions préparées pour nous en Christ ne peuvent pas être
obtenues comme des dons particuliers, en réponse à la
prière, indépendamment de notre habitation en lui. La
réponse à chaque prière est liée à une habitation plus
profonde, à une union plus étroite avec lui. En lui, le don
ineffable, se trouvent réunis tous les autres dons et,
dans ce trésor, les dons de sagesse et de connaissance
également.
Combien de fois avez-vous désiré la sagesse et l'intel­
ligence spirituelle afin de pouvoir mieux connaître Dieu?
Le connaître, c'est la vie éternelle! Demeurez en
Jésus et votre vie en lui vous conduira à cette commu­
nion avec Dieu dans laquelle se trouve la seule connais­
sance véritable de Dieu que l'on puisse avoir. Si vous
demeurez en Christ, son amour, sa puissance, sa gloire

50
infinie vous seront révélés d'une manière que le cœur
de l'homme n'a jamais pu concevoir. Il vous est impos­
sible de saisir cela par l'intelligence ou de l'exprimer par
des mots. Il vous sera donné une connaissance qui sur­
passe en profondeur toutes les pensées et toutes les
paroles - la connaissance de Dieu qui procède de ce
que nous sommes connus de lui: « Nous prêchons
Christ crucifié. . . puissance de Dieu et sagesse de
Dieu» ( 1 Corinthiens 1 v. 23-24).
Peut-être n'êtes-vous pas arrivé à tout considérer
« comme une perte à cause de l 'excellence de la
connaissance du Christ Jésus, votre Seigneur»
(Philippiens 3 v. 8). Demeurez en Christ, et soyez trou­
vés en lui. « Alors vous le connaitrez, lui, ainsi que la
puissance de sa résurrection et la communion de
ses souffrances» (Philippiens 3 v. 10). Suivez-le et
vous ne « marcherez point dans les ténèbres mais
vous aurez la lumière de la vie» (Jean 8 v. 12). Quand
Dieu brille dans un cœur et que le Christ Jésus l'habite,
c'est alors seulement qu'on peut voir « la lumière de la
connaissance de Dieu resplendir sur la face de
Christ » (2 Corinthiens 4 v. 6).
Peut-être voudriez-vous comprendre son œuvre
bénie, telle qu'il la réalise sur la terre ou qu'il l'accomplit
du ciel par son Esprit? Vous voudriez savoir comment
Christ peut devenir notre justice, notre sanctification,
notre rédemption? C'est précisément en nous appor­
tant, en nous révélant, en nous communiquant tout cela
qu'il devient pour nous sagesse de Dieu. Mille questions
se posent parfois ; essayer d'y répondre devient vite un
fardeau insupportable.

51
Tout cela parce que vous avez oublié que vous êtes
en Christ qui a été fait pour vous sagesse, par Dieu. Que
votre premier souci soit d'habiter en lui, d'un cœur entier
et fervent. Quand le cœur et la vie sont droits, enracinés
en Christ, alors vient la mesure de connaissance dont la
sagesse même de Christ sait que vous avez besoin. Par
contre, en dehors d'une telle habitation en Christ, la
connaissance n'est d'aucun profit mais est souvent noci­
ve. L'âme se satisfait elle-même de pensées qui ne sont
que des apparences ou des images de la vérité, sans
recevoir la Vérité elle-même et sa puissance.
Le plan de Dieu, c'est de nous donner d'abord, sous
forme peut-être d'une simple semence, les choses
essentielles la vie et la puissance. La connaissance
vient ensuite. L'homme cherche la connaissance
d'abord et souvent, hélas, ne va pas plus loin. Dieu nous
donne Christ et en lui sont cachés les trésors de la
sagesse et de la connaissance. Oh, réjouissons-nous
de posséder Christ, de demeurer en lui, de faire de lui
notre vie! Chercher à le connaître toujours plus profon­
dément, c'est chercher et trouver la connaissance à
laquelle nous aspirons. Une telle connaissance est vrai­
ment vivante.
Par conséquent, ami croyant, demeure en Christ qui
est ta sagesse et attends-toi à lui avec une confiance
totale, quel que soit l'enseignement dont tu peux avoir
besoin pour vivre à la gloire du Père. Pour tout ce qui
concerne ta vie spirituelle, demeure en Christ, ta sages­
se. La vie que tu as en Christ est une chose absolument
sacrée, beaucoup trop élevée et sainte pour que tu
saches comment la manifester. Lui seul peut te guider,
comme par un instinct spirituel secret, pour que tu

52
saches ce qui convient à ta dignité d'enfant de Dieu, et
ce qui pourra être une aide ou un obstacle à ta vie inté­
rieure et en particulier à ton habitation en lui. Que cela
ne soit pas, dans ta pensée, un mystère ou une difficul­
té qu'il faille résoudre. Quelles que soient les questions
qui pourront se poser quant à la possibilité de demeurer
en lui de façon parfaite et constante, et d'obtenir réelle­
ment toutes les bénédictions qui en découlent, rappelle­
toi toujours ceci: Dieu sait ! Tout est parfaitement clair
pour lui : il est ta sagesse.
Si seulement tu lui fais confiance, il te sera donné
exactement ce que tu as besoin de savoir et ce que tu
es capable de t'approprier. Ne pense jamais aux riches­
ses de la sagesse et de la connaissance cachées en
Christ comme à un trésor dont la clé n'existerait pas, ou
à ton chemin comme à une voie sans lumière. Jésus, ta
sagesse, te guide dans le bon chemin, même quand tu
ne t'en aperçois pas.
Dans tous tes rapports avec la Parole bénie, rappelle­
toi la même vérité : demeure en Jésus ta sagesse.
Etudie souvent pour connaître la Parole écrite, mais
applique-toi davantage encore à connaître la Parole
vivante. On ne connaît Jésus, sagesse de Dieu, qu'à
travers une vie de confiance totale et d'obéissance.
Les paroles qu'il a dites sont esprit et vie pour ceux qui
vivent en lui. C'est pourquoi, chaque fois que tu lis,
écoutes ou médites la Parole, aie soin de te placer dans
cette attitude. Prends conscience avant tout de ton
union avec lui, la sagesse de Dieu. Sache que c'est lui
qui te dirige et qui te forme. Approche-toi de la Parole
parce que tu demeures en lui, la source même de la
lumière divine - dans sa lumière tu recevras la lumière.

53
Dans tout ce qui concerne ta vie quotidienne, ton com­
portement et ton travail de tous les jours, demeure en
Christ ta sagesse. Ton corps et ta vie quotidienne parti­
cipent au grand salut. En Christ sagesse de Dieu se
trouve tout ce qu'il faut pour les gouverner eux aussi.
Ton corps est son temple et ta vie quotidienne est l'es­
pace dans lequel tu pourras le glorifier. Dieu s'intéresse
profondément à ta vie terrestre et désire que tu sois
guidé correctement. Il suffit que tu aies confiance en sa
miséricorde, que tu croies à son amour, que tu t'atten­
des à être conduit par lui - et cela te sera donné. Si tu
demeures en lui, ton esprit sera calme, délivré des pas­
sions. Ton jugement deviendra clair et vigoureux. La
lumière du ciel brillera sur les choses terrestres. Comme
celle de Salomon, ta prière pour avoir la sagesse sera
exaucée, au-deià de ce que tu peux demander ou pen­
ser.
Quel que soit le travail que tu fais pour Dieu, demeu­
re de même, en Jésus la sagesse: « Nous avons été
créés en Christ Jésus pour des oeuvres bonnes que
Dieu a préparées d 'avance afin que nous les prati­
quions» (Ephésiens 2 v. 10). Rejette loin de toi les
craintes et les doutes dus au fait que tu ne saches pas
exactement ce que sont ces œuvres. En Christ, nous
avons été créés pour elles. Il nous montrera en quoi
elles consistent et comment les accomplir. Réjouis-toi
dans la certitude que la sagesse divine te guide. Que ce
soit pour toi une habitude, même lorsque tu ne discer­
nes pas encore le chemin. Tout ce que tu peux désirer
connaître est parfaitement clair pour lui. En tant
qu'Homme, en tant que Médiateur, il a accès au conseil
de Dieu, aux secrets de la Providence, et cela dans ton
intérêt, en ta faveur. Si seulement tu te confies en lui

54
pleinement, si tu habites en lui entièrement, tu peux être
sûr d'être dirigé sans erreur possible.
Oui, demeure en Jésus, ta sagesse. Cherche à te
maintenir dans cet esprit d'attente et de dépendance qui
désire toujours être enseigné et qui n'agit que conduit
par la lumière céleste. Eloigne-toi de toute distraction
inutile, ferme tes oreilles aux voix du monde. Sois un
apprenti docile, attentif à la sagesse céleste que le
Maître veut t'enseigner. Abandonne toute ta sagesse
propre, acquiers la conviction profonde que notre com­
préhension naturelle est littéralement aveugle quant aux
choses de Dieu.
Pour ce que tu dois croire et pour ce que tu dois faire,
attends-toi à Jésus pour t'enseigner et te guider.
Rappelle-toi que l'enseignement et la direction ne vien­
nent pas de l'extérieur: c'est par sa vie en nous que la
sagesse divine accomplit son œuvre. Retire-toi fré­
quemment avec Christ dans la chambre la plus intime
de ton cœur, le seul lieu où, si tout est calme, on peut
entendre la douce voix de !'Esprit. Tiens bon, avec une
confiance inébranlable, même au milieu de l'obscurité et
d'un abandon apparent, car il a déclaré lui-même qu'il
est la lumière et le conducteur de ceux qui lui appartien­
nent. Et par-dessus tout, vis jour après jour dans cette
vérité bénie que Jésus-Christ le Vivant, est lui-même ta
sagesse. Que ton, premier et ton dernier souci soit tou­
jours et uniquement de demeurer en lui.
Alors que tu demeures en lui, sa sagesse viendra sur
toi comme le débordement spontané d'une vie enraci­
née en lui. Je suis, je demeure en Christ qui a été fait
pour nous sagesse de Dieu et la sagesse me sera don­
née.

55
8
DEMEUREZ EN CHRIST
VOTRE JUSTICE

Par Dieu vous êtes en Christ qui, de par Dieu,


a été fait pour nous sagesse et aussi JUSTICE,
sanctification et rédemption
( 1 Corinthiens 1 v. 30).

La première des grandes bénédictions que Christ,


notre sagesse, nous annonce comme étant préparées
pour nous en lui, c'est la justice. On comprend facile­
ment pourquoi ce doit être la première.
En effet, il ne peut y avoir de prospérité, de progrès
dans une nation, une famille ou une âme, que si la paix
règne. De même qu'une machine ne peut fonctionner
correctement que si elle repose sur une assise solide,
notre bien-être moral et spirituel a, lui aussi, absolument
besoin de paix et d'assurance. Le péché a troublé tou­
tes nos relations, créé une disharmonie avec nous­
mêmes, avec les hommes et avec Dieu. Ce qu'on attend
tout d'abord d'un salut qui apporte une réelle bénédic­
tion, c'est la paix. Et la paix ne peut venir qu'avec la jus­
tice. Là tout est conforme à la volonté de Dieu, à ses
plans et en harmonie avec sa volonté; là seulement
peut régner la paix. Jésus est venu rétablir la paix sur la

57
terre et la paix dans l'âme par la justification. Parce qu'il
est Melchisédek, Roi de justice, il règne comme Roi de
Salem, Roi de paix (Hébreux 7 v. 2).
C'est ainsi qu'il accomplit les promesses formulées
par les prophètes : "Alors Je roi régnera selon la jus­
tice . . . /'oeuvre de la justice sera la paix, et J'ouvrage
de la justice, la sécurité et la confiance pour tou­
jours" (Esaïe 32 v. 1 , 17). Christ a été fait pour nous, de
par Dieu, justice. De par Dieu nous sommes en lui, notre
justice. En lui nous avons été faits justice de Dieu.
Essayons de comprendre ce que cela veut dire.
Quand un pécheur est amené à s'en remettre à Christ
pour son salut, en règle générale, il considère, d'abord
plus l'œuvre de Christ que sa personne. Il regarde à la
croix, au Christ souffrant sur cette croix, au Juste qui a
pris la place de l'injuste. Il voit dans cette mort expiatoi­
re le fondement unique et suffisant de sa foi dans le par­
don miséricordieux de Dieu.
Que Christ soit mort à la place des pécheurs, se subs­
tituant à eux, portant leur malédiction et expiant leurs
fautes, tout cela lui a donné la paix. Il comprend que la
justice que Christ apporte est vraiment la sienne, et
qu'en vertu de cette justice il est tenu pour juste devant
Dieu. Ce faisant, il sent qu'il a tout ce dont il avait besoin
pour retrouver la faveur de Dieu. "Etant justifiés par la
foi, nous avons la paix avec Dieu" (Romains 5 v. 1 ). Il
s'efforce de porter cette robe de justice en saisissant
avec une foi toute nouvelle le don glorieux de la justifi­
cation qu'il vient de recevoir.
Mais, à mesure que le temps passe et qu'il cherche à
croître dans la vie chrétienne, de nouveaux besoins

58
voient le jour. Il voudrait comprendre plus profondément
comment il se fait que Dieu justifie l'impie sur la base de
la justice d'un autre. Il trouve la réponse dans le merveil­
leux enseignement de !'Ecriture concernant l'union réel­
le du croyant avec Christ, le second Adam. Il voit que
Christ s'est fait un avec les siens et que les siens sont
un avec lui. Il comprend qu'il est absolument conforme
aux lois de la nature et aux lois célestes que chaque
membre du corps bénéficie entièrement des actions et
des souffrances de la tête, tout comme il bénéficie de sa
vie. Cela l'amène à comprendre qu'il faut que son union
avec Christ, la tête, soit réelle et totale, sans quoi il ne
pourra faire l'expérience de sa justice qui, seule, peut
conduire son âme dans la communion et la faveur du
Dieu saint. L'œuvre de Christ n'en est pas moins pré­
cieuse, mais la personne de Christ le devient bien
davantage. L'œuvre conduit au cœur de la question
l'amour et la vie du Dieu fait homme.
Cette expérience jette un jour nouveau sur !'Ecriture.
Elle conduit le croyant à remarquer un fait qu'il avait à
peine entrevu auparavant: c'est que la justice de Dieu,
qui devient la nôtre, est en relation étroite avec la per­
sonne du Rédempteur: « Et voici le nom dont on l'ap­
pellera: ETERNEL, NO TRE JUSTICE» (Jérémie
33 v. 1 6). "En l'Eternel seul résident pour moi les
actes de justice et la force» (Esaïe 45 v. 24). « Jésus­
Christ qui, de par Dieu, a été fait pour nous. . . justi­
ce» ( 1 Corinthiens 1 v. 30). « . . . être trouvé en lui. avec
la justice provenant de Dieu» ( Philippiens 3 v. 9).
Le croyant voit que la justice et la vie en Christ ne peu­
vent être séparées l'une de l'autre. « Par un seul acte
de justice, la justification qui donne la vie s'étend à

59
tous les hommes» (Romains 5 v. 18). « Ceux qui
reçoivent. . . le don de la justice régneront dans la vie
par le seul Jésus-Christ» ( Romains 5 v. 1 7). Et il com­
prend la signification profonde contenue dans le mot-clé
de l'épître aux Romains: « Le juste vivra par la foi». Il
ne lui suffit plus de penser qu'il est revêtu d'u ne justice
qui lui est imputée, il désire revêtir Jésus-Christ, s'en
envelopper, que Christ lui-même et sa vie l'habillent
entièrement. Il a conscience que la justice de Dieu est
bien à lui parce que le Seigneur, notre justice, lui appar­
tient.
Avant de comprendre cela, trop souvent il trouvait dif­
ficile de porter cette robe blanche toute la journée. Il lui
semblait qu'il devait surtout la revêtir quand il venait
dans la présence de Dieu oour confesser ses péchés et
être renouvelé dans la grâce. Mais maintenant le Christ
vivant lui-même est sa justice. Le Christ qui veille sur
nous, nous garde et nous aime comme son bien propre.
Il n'est plus impossible de marcher tout le jour envelop­
pé de la présence aimante dont il couvre tout son peu­
ple.
Une telle expérience conduit encore plus loin. La vie et
la justice sont inséparablement liées et le croyant
devient de plus en plus conscient d'une nature de justi­
ce plantée au-dedans de lui: un homme nouveau, créé
en Jésus Christ « dans une justice et une sainteté que
produit la vérité» (Ephésiens 4 v. 24). « Celui qui pra­
tique la justice est juste, comme lui (le Seigneur) est
juste» ( 1 Jean 3 v. 7). Le fait d'être uni à Jésus a effec­
tué une transformation, non seulement dans notre rela­
tion avec Dieu, mais encore dans ce que nous sommes
devant Dieu. Notre communion intime avec Christ a

60
ouvert la voie à ce changement et, tant que cette union
demeurera, le renouvellement croissant de tout l'être
aboutira à ce que la justice devienne sa nature même.
Quand un chrétien commence à saisir le sens profond
de cette vérité: " // a été fait pour nous justice", il est à
peine besoin de lui dire: "Demeure en lui"· Aussi long­
temps qu'il avait l'idée d'une justice substitutive, qu'il
pensait être considéré comme juste à cause des mérites
de Christ, la nécessité absolue de demeurer en lui ne lui
apparaissait pas. Mais lorsque « l'Eternel notre justi­
ce » dévoile sa gloire à ses yeux, il comprend alors que
demeurer en Christ personnellement est l'unique moyen
d'être en tout temps accompli et agréable devant Dieu.
C'est aussi l'unique moyen pour que notre nouvelle
nature de justice soit véritablement fortifiée par Jésus
n otre tête.
Pour le pécheur repentant, la pensée principale était la
justice qui vient au travers de Jésus-Christ mourant pour
le péché. Pour le croyant, plus avancé et plus éclairé,
Jésus, le Vivant au travers de qui nous vient la justice,
est tout parce qu'en LE possédant nous avons aussi la
justice.
Croyant, demeure en Christ qui est ta justice. Tu traî­
nes partout avec toi une nature vile et corrompue qui
voudrait toujours se dresser pour obscurcir le sentiment
que tu as d'être agréé par Dieu et de pouvoir accéder à
une communion ininterrompue avec le Père. Rien ne
pourra te permettre d'habiter dans la lumière divine, d'y
marcher sans que l'ombre d'un nuage vienne s'interpo­
ser, sinon le fait de demeurer sans cesse en Christ, ta
justice. C'est, à cela que tu es appelé. Efforce-toi de
marcher d'une manière digne de cet appel. Abandonne-

61
toi au Saint-Esprit et il te révélera la grâce meNeilleuse
qui te permet de t'approcher tout près de Dieu, couvert
de la justice divine. Prends conscience de ce que tu as
revêtu le manteau royal et qu'ainsi habillé, tu n'as plus à
craindre de paraître en sa présence. Cela signifie que tu
es l'homme que le roi désire honorer ( Esther 6 v. 7). Et
rappelle-toi que, si tu as besoin de ce manteau royal
dans le palais du roi, tu en as également besoin quand
tu es dans le monde, envoyé par lui comme son repré­
sentant et son messager.
Durant ta vie quotidienne, reste pleinement conscient
de ce que tu es juste au regard de Dieu, l'objet de sa joie
et de son plaisir en Christ. Discerne qu'il existe un lien
entre les autres grâces que tu as en Christ et cette grâce
première : « De par Dieu il a été fait notre justice».
Cela te gardera dans une paix parfaite. C'est ainsi que
tu entreras et demeureras dans le repos de Dieu. C'est
ainsi que ton être intérieur sera transformé en un être
juste, accomplissant des actions justes. Dans ton cœur
et dans ta vie, il deviendra évident que tu habites en
Christ, le Juste, car cette habitation te fait partager sa
position, son caractère et sa bénédiction.
« Tu as aimé la justice et tu as haï l'iniquité ; c'est
pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t'a oint avec une huile
d'allégresse, de préférence à tes compagnons»
(Hébreux 1 v. 9). Une joie et un bonheur sans mesure
seront ton partage.

62
9
DEMEUREZ EN CHRIST
VOTRE SANCTIFICATION

Par Dieu vous êtes en Christ qui, de par Dieu,


a été fait pour nous sagesse et aussi justice,
SANCTIFICATION et rédemption
(1 Corinthiens 1 v. 30).

« Paul. . . à l'Eglise de Dieu qui est à Corinthe, à


ceux qui ont été sanctifiés en Jésus, appelés à être
saints», ainsi commence le chapitre qui nous enseigne
que Jésus Christ est notre sanctification. Dans l'Ancien
Testament, les croyants étaient appelés « les justes » .
Dans le Nouveau Testament ils sont appelés « les
saints », ceux qui sont sanctifiés dans le Christ Jésus.
Etre saint, c'est plus qu'être juste. « La sainteté, c'est la
perfection spirituelle, tandis que la justice c'est l'accom­
plissement de la loi » (Horatius Sonar).
La sainteté de Dieu se réfère à sa nature profonde, la
justice à sa manière d'agir envers ses créatures. Chez
l'homme, la justice n'est que le seuil de la sainteté, mais
c'est en cette dernière qu'il peut le mieux approcher la
sainteté de Dieu. (Matthieu 5 v. 48 / 1 Pierre 1 v. 1 6).
Dans l'Ancien Testament, on trouve la justice, mais la
sainteté y est seulement figurée. Elle a été réalisée pour

63
la première fois en Jésus-Christ, le Saint, et dans son
peuple, ses saints ou les sanctifiés. Tout comme dans
! 'Ecriture et dans notre texte, la justice précède la sain­
teté dans l'expérience personnelle. Quand un croyant
découvre pour la première fois Christ comme sa justice,
la joie de la découverte qu'il vient de faire est telle qu'el­
le ne laisse guère de place à l'étude de la sainteté. Mais
à mesure qu'il croît, l'aspiration à la sainteté se fait sen­
tir et il cherche à savoir comment Dieu a pourvu à ce
besoin.
Si nous n'avons du plan de Dieu qu'une connaissance
superficielle, nous pouvons penser que, tandis que la
justification est l'œuvre de Dieu par la foi en Christ, la
sanctification est notre propre travail et que nous la réa­
liserons avec l'aide du Saint-Esprit, par gratitude envers
celui qui nous a délivrés. Mais le chrétien sérieux décou­
vre vite que la gratitude ne peut guère fournir la puissan­
ce. S'il pense qu'avec plus de prière il y arrivera, il voit
rapidement que, pour indispensable que soit la prière,
elle ne suffit pas. Et bien souvent le croyant lutte déses­
pérément, pendant des années, jusqu'à ce qu'il écoute
enfin l'enseignement du Saint-Esprit.
Christ a été fait pour nous, de par Dieu. . . sanctifi­
cation. La sainteté est la nature même de Dieu. Seul est
saint celui dont Dieu prend possession et qu'il remplit de
lui-même. A la question de l'homme: "Comment l'hom­
me pécheur peut-il devenir saint?" Dieu a donné la
réponse: "Christ, le Saint de Dieu"· En lui, que le Père
a sanctifié et envoyé dans le monde, la sainteté de Dieu
a été révélée dans la chair et mise à la portée de l'hom­
me. « Je me sanctifie moi-même pour eux, afin
qu'eux aussi soient sanctifiés dans la vérité " (Jean
17 v. 1 9). La seule manière pour nous de devenir saints

64
est de devenir participants de la sainteté de Christ. Et la
seule manière d'y parvenir, c'est notre union spirituelle
personnelle avec lui afin que, par son Esprit Saint, sa vie
sainte coule en nous. « De par Dieu, vous êtes en
Christ qui a été fait sanctification pour vous ».
Demeurer en Christ notre sanctification, par la foi, voilà
le secret bien simple d'une vie sainte. La mesure de
notre sanctification dépendra de la mesure de notre
communion avec lui. Tandis que l'âme apprend à
demeurer plus profondément en Christ, la promesse
s'accomplit plus pleinement. « Que le Dieu de paix
vous sanctifie lui-même tout entiers » ( 1 T hessaloni­
ciens 5 v. 23)
Pour illustrer le rapport entre notre degré de commu­
nion et le degré de sanctification que nous expérimen­
tons, pensons à la greffe d'un arbre, ce symbole si riche
de notre union à Jésus. La comparaison est suggérée
par les paroles de Jésus: « Dites que l'arbre est bon et
que son fruit est bon » ( Matthieu 12 v. 33). Je peux
greffer un arbre de telle façon que seule une branche
porte de bons fruits en laissant toutes les autres bran­
ches naturelles porter les fruits d'autrefois. C'est l'image
d'un croyant dont une petite partie de la vie est sancti­
fiée mais en qui, par ignorance ou pour quelque autre
raison, la vie chamelle a gardé toute sa puissance dans
bien des domaines.
Je peux aussi greffer un arbre de telle façon que tou­
tes les branches anciennes soient supprimées et que
l'arbre, entièrement renouvelé, porte de bons fruits.
Cependant, si je ne veille pas sur cette tendance qu'a le
tronc à former des rejetons, ceux-ci peuvent se dresser
encore, devenir forts, dérober à la greffe la sève dont
elle a besoin et l'affaiblir. Tels sont les chrétiens qui,
65
après avoir été puissamment convertis en apparence,
après avoir tout abandonné pour suivre Christ, permet­
tent, après un certain temps, par négligence, aux vieilles
habitudes de reprendre force, affaiblissant d'autant leur
vie chrétienne et ses fruits.
Mais si je veux qu'un arbre soit rendu entièrement
bon, je le prends jeune, je coupe le tronc au ras du sol,
j'insère la g reffe juste là où il sort de terre. Je surveille
tous les bourgeons de la vieille nature qui pourraient
éventuellement se former jusqu'à ce que tout le courant
de la sève passe des vieilles racines dans le nouveau
tronc, jusqu'à ce que l'ancienne vie soit, comme elle doit
l'être, entièrement vaincue et absorbée par la nouvelle.
J'ai alors un arbre entièrement renouvelé - image d'un
chrétien qui a appris, dans une entière consécration, à
tout abandonner pour Christ et à demeurer en lui avec
foi, de tout son coeur.
Si, dans ce dernier cas, le vieil arbre était un être rai­
sonnable, capable de coopérer avec le jardinier, quel
langage celui-ci pourrait-il lui tenir? Ne serait-ce pas:
"Attache-toi maintenant à cette nouvelle nature que je
t'ai communiquée. Réprime toute tendance de ta vieille
nature à produire des bourgeons ou des rejetons. Fais
monter toute ta sève et ta puissance de vie dans ce gref­
fon que j 'ai enté sur toi et qui provient d'un arbre magni­
fique. Ainsi tu porteras des fruits nombreux et déli­
cieux"· Et l'arbre répondrait au jardinier: "En me gref­
fant, ne laisse subsister aucune branche ! Que tout ce
qui vient du vieux moi soit détruit, jusqu'au moindre
bourgeon, afin que je ne vive plus de ma vie propre mais
de cette autre vie qui a été coupée, transportée, entée
sur moi afin que je sois tout entier régénéré"· Et plus

66
tard, vous pourriez vous adresser à nouveau à cet arbre
renouvelé et lui demander, alors qu'il porte un fruit abon­
dant, ce qu'il pense de lui-même. Sa réponse serait :
"En moi, c 'est-à-dire dans mes racines, rien de bon
n'habite. Je suis enclin au mal. La sève que je tire du sol
est corrompue par nature et prête à se manifester par de
mauvais fruits. Mais au moment où la sève arrive à la
lumière du soleil pour amener les fruits à maturité, le
sage jardinier m 'a revêtu d 'une vie nouvelle au travers
de laquelle la sève est purifiée et toutes mes possibilités
sont renouvelées afin de produire du bon fruit. Je n 'ai
qu 'à demeurer dans ce que j 'ai reçu. C'est lui qui s'oc­
cupe de réprimer immédiatement et d 'enlever tout bour­
geon que la vieille nature voudrait encore faire pous­
ser».
Chrétien, n'aie pas peur de proclamer la promesse
que Dieu t'a faite de te rendre saint. N'écoute pas les
suggestions selon lesquelles la corruption de la vieille
nature rendrait la sainteté impossible. Dans ta chair
n'habite rien de bon et cette chair, bien que crucifiée
avec Christ, n'est pas encore morte. Elle va continuelle­
ment chercher à se dresser à nouveau et à te conduire
au mal. Mais le Père est le vigneron. Il a greffé la vie de
Christ dans ta vie. Cette vie sainte est plus puissante
que ta vie mauvaise. Par les soins attentifs du vigneron,
la vie nouvelle peut anéantir les efforts de la vie mauvai­
se en toi. La vie mauvaise est là, et sa tendance à se
dresser et à se manifester est toujours la même.
Mais la nouvelle nature est aussi là. Le Christ vivant,
notre sanctification est là et au travers de l ui toutes nos
possibilités peuvent être sanctifiées quand elles se
manifestent et sont alors utilisées pour produire du fruit
à la gloire du Père.
67
Et maintenant, si tu veux vivre une vie sainte, demeu­
re en Christ, ta sanctification. Regarde à lui comme le
Saint de Dieu qui a été fait homme afin qu'il puisse nous
communiquer la sainteté de Dieu. Ecoute !'Ecriture qui
t'enseigne qu'il y a en toi une nouvelle nature, un
homme nouveau, créé en Christ dans la justice et la
sainteté véritable. Rappelle-toi que cette nature sainte
qui est en toi a ses racines dans la vie de Christ au ciel
et qu'elle ne peut croître et devenir forte que pour autant
que la communication entre elle et sa source est ininter­
rompue.
Par-dessus tout, crois avec une confiance totale que
Jésus-Christ lui-même met son plaisir à entretenir en toi
cette nouvelle nature, à lui donner sa propre force et sa
propre sagesse pour qu'elle produise du fruit. Que cette
foi te conduise quotidiennement à abandonner toute
confiance en toi et à reconnaître que tout ce qui est en
toi est littéralement corrompu par nature. Laisse la foi te
remplir de cette confiance ferme et paisible que tu peux
réellement faire ce que le Père attend de toi car tu es
son enfant, couvert par sa grâce, parce que tu as Christ
pour te fortifier.
Laisse-la t'enseigner à te placer toi-même sur l'autel,
ainsi que ton service, pour être un sacrifice spirituel,
saint, agréable à sa vue, et qui répand un doux parfum.
Ne considère pas la vie de sainteté comme une
contrainte et un effort, mais comme le produit naturel de
la vie de Christ en toi. Qu'une foi paisible, pleine d'espé­
rance et de joie, saisisse toujours à nouveau l'assuran­
ce que tout ce dont tu as besoin pour vivre maintenant
te sera sûrement donné par la sainteté de Jésus. Ainsi
tu comprendras et expérimenteras ce que c'est que
demeurer en Christ, notre sanctification.

68
10
DEMEUREZ EN CHRIST
VOTRE REDEMPTION

Par Dieu vous êtes en Christ qui, de par Dieu,


a été fait pour nous sagesse et aussi justice,
sanctification et REDEMPTION
(1 Corinthiens 1 v. 30).

Nous voici au sommet de l'échelle qui atteint jusqu'au


ciel la fin bénie vers laquelle Christ et la vie en lui doi­
vent nous conduire. Le mot rédemption, bien qu'on l'ap­
plique parfois à la délivrance de notre culpabilité du
péché, se rapporte ici à la délivrance totale de toutes
ses conséquences. Elle sera achevée lorsque l'œuvre
du Rédempteur sera pleinement manifestée, jusques et
y compris la rédemption de notre corps (voir Romains
8 v. 2 1 -23 / Ephésiens 1 v. 1 4 / 4 v. 30).
Cette expression dirige nos pensées vers la gloire la
plus magnifique que nous puissions espérer pour l'ave­
nir et aussi, par conséquent, vers la plus haute bénédic­
tion dont nous puissions jouir dans la présence de
Christ. Nous avons vu comment, en tant que prophète,
Christ est notre sagesse. Il nous révèle Dieu et son
amour, ainsi que les conditions et la nature du salut que
son amour a préparé. En tant que sacrificateur, il est

69
notre justice. Il restaure la relation que nous avons avec
Dieu et nous rétablit dans sa faveur et son amitié. En
tant que roi, il est notre sanctification. Il nous enseigne
et nous guide dans l'obéissance à la volonté sainte de
son Père. Quand ces trois ministères auront réalisé le
plan unique de Dieu, nous atteindrons le but final, la
complète délivrance du péché et de toutes ses consé­
quences. Alors l'humanité rachetée retrouvera tout ce
qu'elle avait perdu.
De par Dieu, Christ a été fait pour nous rédemption.
Cette parole nous invite à considérer Jésus, non seule­
ment comme celui qui a vécu sur terre, nous enseignant
par la parole et par l'exemple, non seulement comme
celui qui est mort pour nous réconcilier avec Dieu, qui
est ressuscité en Roi victorieux et monté au ciel pour y
être couronné, mais aussi comme celui qui, assis à la
droite de Dieu, a retrouvé la gloire qu'il avait auprès du
Père avant que le monde fût. Il tient cette gloire en
réserve pour nous. Cela signifie que sa nature humaine,
oui, son corps humain, libéré de toutes les conséquen­
ces du péché auxquelles il a été soumis pour un temps,
est maintenant admis à participer à la gloire divine.
En tant que Fils de l'homme, il a sa place sur le trône
et dans le sein du Père. La délivrance de tout ce qu'il a
supporté à cause du péché est complète et éternelle. La
rédemption totale se trouve incarnée dans sa propre
personne: l'homme qu'il est dans le ciel et tout ce qu'il
possède, voilà en quoi consiste la rédemption complète.
Il a été fait pour nous rédemption, de par Dieu.
Nous sommes en lui pour cela. Plus nous demeure­
rons en lui notre rédemption, avec toute notre intelligen­
ce et toute notre foi, mieux nous expérimenterons, dès

70
maintenant « les puissances du siècle à venir»
( H ébreux 6 v. 5). Tandis que notre communion avec lui
devient de plus en plus profonde et intime, alors que
nous laissons le Saint-Esprit nous révéler Christ dans
toute sa gloire céleste, nous réalisons de mieux en
mieux que la vie qui est en nous est la vie même de
celui qui est assis sur le trône céleste. Nous sentons
agir en nous la puissance d'une vie qui n'aura pas de fin.
Nous goûtons la vie éternelle, nous avons un avant-goût
de l'éternelle gloire.
G randes sont les bénédictions qui découlent du fait de
demeu rer en Christ, notre rédemption. L'âme est abso­
lument délivrée de la crainte de la mort. Il y eut un temps
où le Sauveu r lui-même a redouté la mort. Mais c'en est
fini: il a triomphé de la mort et son corps même est entré
dans la gloire. Le croyant qui demeu re en Christ, sa
rédemption totale, saisit dès maintenant sa victoire spi­
rituelle sur la mort. Elle devient pou r lui une servante qui
ôtera les derniers lambeaux du vieux vêtement charnel
afin qu'il puisse revêtir son nouveau corps glorieux. Elle
conduira le corps à la tombe et il reposera là comme une
semence d'où jaillira un corps nouveau, digne compa­
gnon d'un esprit glorifié.
La résurrection des corps n'est plus alors une doctrine
stérile mais une attente vivante, et même une expérien­
ce parce que l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus
d'entre les morts et qui habite en nous est le gage de ce
qu'il rendra aussi la vie à nos corps mortels ( Romains
8 V. 1 1 ,23).
La foi exerce son influence sur les membres de notre
corps assujettis au péché et, sanctifiés par elle, ils se
soumettent volontairement afin de mourir à eux-mêmes

71
et d'être totalement assujettis au Saint-Esprit. Ils sont
prêts pour le moment où le corps infirme sera transfor­
mé et rendu semblable au corps glorifié de Jésus.
Il n'est pas facile d'exprimer la signification profonde
de cette rédemption complète qui s'étend même au
corps. C'est de l'homme tout entier, esprit, âme et corps,
qu'il est écrit qu'il fut fait à l'image et à la ressemblance
de Dieu. En créant les anges, Dieu a créé des esprits
sans corps matériels. Dans la création du monde, il y a
la matière mais non l'esprit. L'homme est le chef-d'oeu­
vre de Dieu la combinaison, en un seul être, de l'esprit
et de la matière en parfaite harmonie, image de l'union
parfaite qui existe entre Dieu et sa propre création.
Le péché s'est alors infiltré et a paru bouleverser le
plan divin: le matériel a pris sur le spirituel une supréma­
tie terrible. Mais la Parole a été faite chair, la plénitude
divine s'est incarnée dans l'humanité de Christ afin que
la rédemption soit complète et parfaite, afin que la créa­
tion tout entière qui, maintenant, soupire et souffre les
douleurs de l'enfantement, soit libérée de la servitude de
la corruption et ait part à la liberté glorieuse des enfants
de Dieu ( Romains 8 v. 2 1 -22).
Le but de Dieu ne sera atteint, la gloire de Christ ne
sera pleinement manifestée, que lorsque le corps, avec
l'ensemble de la création dont il fait partie et dont il est
même la tête, sera transfiguré par la puissance de la vie
spirituelle. Le corps sera alors le vêtement transparent
qui mettra en évidence la gloire de l'Esprit infini. Alors
seulement nous comprendrons que " Christ a été fait
pour nous (complète) rédemption».
Pour le temps présent, croyons ce qui nous est ensei­
gné: de par Dieu, nous sommes en Christ, notre
72
rédemption. Il ne faut pas prendre cela comme une
révélation de ce qui s'accomplira plus tard. Dès mainte­
nant, nous qui demeurons en Christ, cherchons à péné­
trer au cœur de cette vérité et à nous l'approprier pour
le plein épanouissement de notre vie chrétienne.
Nous le faisons en apprenant à triompher de la mort.
Nous le faisons en apprenant à regarder à Christ
comme au Seigneur de notre corps, qui exige son entiè­
re consécration et lui assure, dès ici-bas, si notre foi est
capable de la réclamer, une victoire complète sur la ter­
rible sujétion dans laquelle le péché a tenu ce corps
( Marc 1 6 v. 17, 18). Nous le faisons en apprenant à
considérer la nature entière comme faisant partie du
royaume de Christ et destinée - fût-ce au travers d'un
baptême de feu - à avoir part à sa rédemption. Nous le
faisons en permettant aux puissances du monde à venir
de s'emparer de nous et de nous faire vivre plus haut,
dans les lieux célestes, d'élargir nos cœurs et notre
vision, de nous faire saisir par anticipation, dès ici-bas,
les choses qui ne sont jamais montées au cœur de
l'homme ( 1 Corinthiens 2 v. 9).
Croyant, demeure en Christ ta rédemption. Que ceci
soit le couronnement de ta vie chrétienne. Ne recherche
pas cela uniquement ou en priorité, en dehors de la
connaissance de ce que Christ est pour toi dans les
autres relations qui ont été énumérées. Au contraire,
recherche-le vraiment comme étant ce à quoi les autres
relations doivent te conduire. Demeure en Christ, ta
rédemption. Rien ne t'y préparera mieux que ta fidélité
dans les étapes précédentes de ta vie chrétienne.
Demeure en lui, ta sagesse, la révélation parfaite de tout
ce que Dieu est et de ce qu'il a pour toi. Dans le dérou-

73
lement quotidien de ta vie intérieure et extérieure, suis
humblement et docilement ses enseignements et le
Seigneur te jugera digne de recevoir la révélation de
secrets qui, pour beaucoup de disciples, restent un livre
scellé. La sagesse te conduira au cœur du mystère de
la complète rédemption.
Demeure en lui, ta justice et, ayant revêtu Christ,
demeure dans la faveur et la présence du Père comme
dans un sanctuaire caché auquel sa justice te donne
accès. Tandis que tu te réjouis de ta réconciliation, tu
comprendras que cela inclut toutes choses et qu'elles
aussi attendent leur pleine rédemption "car il a plu à
Dieu. . . de tout réconcilier avec lui-même, aussi bien
ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux»
(Colossiens 1 v. 19-20).
Demeure aussi en lui ta sanctification. L'expérience de
sa puissance pour te rendre saint, esprit, âme et corps,
stimulera ta foi en une sainteté qui ne cessera jamais
d'être à l'œuvre jusqu'à ce que les clochettes des che­
vaux et toute marmite dans Jérusalem proclament
"Sainteté à l'Éternel» (Zacharie 1 4 v. 20-2 1 ) .
Demeure e n lui, ta rédemption et vis, dès ici bas,
comme un héritier de la gloire à venir. Et si tu cherches
à expérimenter dans sa totalité, en toi-même, la puis­
sance de sa grâce salvatrice, alors ton cœur pourra
s'élargir et prendre conscience de la position que l'hom­
me était destiné à occuper dans l'univers afin que toutes
choses lui soient soumises.
Alors, en ce qui te concerne, tu seras rendu capable
de vivre d'une manière digne de ce sublime et céleste
appel.

74
11
DEMEUREZ EN CHRIST
LE CRUCIFIÉ

Je suis crucifié avec Christ, et ce n 'est plus moi


qui vis, c'est Christ qui vit en moi
(Galates 2 v. 20).
Nous sommes devenus une même plante avec
lui par la conformité à sa mort
(Romains 6 v. 5).

« Je suis crucifié avec Christ». Par ces paroles,


l'apôtre exprime la certitude de sa communion avec
Christ dans ses souffrances et dans sa mort, et la certi­
tude de sa participation à toute la puissance et à toutes
les bénédictions qui découlent de cette mort. Puis il
ajoute: « Ce n 'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit
en moi » prouvant ainsi que ses paroles ont bien tout
leur sens et qu'il se sait désormais réellement mort.
Quelle expérience bénie doit être une telle union avec
le Seigneur Jésus ! Pouvoir considérer sa mort comme
la mienne - aussi réelle que la sienne fut considérée
comme étant la mienne. Pouvoir considérer sa parfaite
obéissance à Dieu, sa victoire sur le péché, sa complè­
te délivrance de la puissance du mal. Pouvoir saisir par
la foi que la puissance de cette mort va travailler quoti-

75
diennement, avec une énergie divine, à faire mourir
notre chair, à renouveler toute notre vie et à la rendre
absolument conforme à la vie de résurrection de Jésus!
Demeurer en Christ le Crucifié, voilà le secret de la
croissance dans cette vie nouvelle qui est toujours
engendrée par la mort de notre nature propre.
Essayons de comprendre cela: « Une même plante
avec lui par la conformité à sa mort», cette image
expressive va nous enseigner ce que signifie demeurer
en Christ, le Crucifié. Quand un greffon est relié au tronc
sur lequel il doit se développer, on sait qu'il faut le fixer
solidement, qu'il doit demeurer là où le tronc a été entail­
lé, blessé, ouvert pour recevoir ce greffon. Pas de gref­
fe sans blessure, sans ouverture et mise à nu de la vie
profonde de l'arbre afin qu'il reçoive le rameau étranger.
C'est seulement par cette blessure qu'il pourra entrer en
relation avec la sève, la puissance de vie et de croissan­
ce du tronc robuste.
Il en est de même de Jésus et du pécheur. Si nous
sommes une même plante avec lui dans la conformité à
sa mort, alors seulement nous connaîtrons la conformi­
té à sa résurrection, nous participerons à la vie et à la
puissance qui sont en lui. Dans sa mort sur la croix,
Jésus fut blessé et dans ses blessures ouvertes est pré­
parée la place où nous pouvons être greffés. Nous pour­
rions dire à un greffon - et, quand nous le fixons à sa
place, c'est pratiquement ce que nous lui disons:
"Demeure ici, dans la blessure du tronc qui va mainte­
nant te porter ». Ce même message est adressé à notre
âme: "Demeure dans les blessures de Jésus. Là tu
trouveras l'union, la vie et la croissance. Là tu verras
combien son cœur s'est ouvert pour te recevoir, com­
bien. sa chair a été déchirée afin que soit ouverte la voie
76
qui te permet d 'ê tre un avec lui et d'avoir accès à toutes
les bénédictions qui découlent de sa nature divine».
Remarquons aussi qu'il a fallu que le greffon soit arra­
ché à l'arbre sur lequel il poussait naturellement et soit
retaillé pour s'adapter à la place qu'on lui a préparée
dans le tronc blessé. De la même façon, il faut que le
croyant soit rendu conforme à Christ dans sa mort qu'il
soit crucifié et meure avec lui. Le tronc blessé et le gref­
fon blessé ont été taillés pour s'adapter l'un à l'autre, à
la ressemblance l'un de l'autre. Il y a une communion
entre les souffrances de Christ et tes souffrances.
Comme lui, tu devras accepter totalement le juste juge­
ment et la malédiction que Dieu prononce à l'égard du
péché. Comme lui, tu devras consentir à livrer à la mort
ta vie chargée de péché et de malédiction et, par ce
moyen, entrer dans une vie nouvelle. Comme lui, tu
expérimenteras que le chemin qui mène à la joie et à la
fécondité de la vie de résurrection passe nécessaire­
ment par le sacrifice volontaire de Gethsémané et du
calvaire.
Plus évidente sera la ressemblance entre le tronc
blessé et le greffon blessé, plus les blessures de l'un
s'adapteront exactement aux blessures de l'autre, et
plus sûres, plus faciles, plus complètes seront l'union et
la croissance. C'est en Jésus-Christ le Crucifié que je
dois habiter. Il faut que j' apprenne à considérer la croix,
non seulement comme une expiation devant Dieu, mais
aussi comme une victoire sur le diable comme une déli­
vrance, non seulement de la culpabilité mais aussi de la
puissance du péché. Je dois contempler Jésus sur la
croix comme entièrement à moi, s'offrant lui-même afin
de me recevoir et de m'unir à lui dans la plus étroite inti­
mité, pour me faire participer à la puissance de sa mort
77
au péché qui n'est autre que l'entrée dans la vie nouvel­
le de victoire. Je dois me consacrer à lui dans un aban­
don personnel, avec beaucoup de prière et un désir
ardent, le suppliant de m'accepter dans une communion
et une conformité toujours plus étroite à sa mort, à
l'Esprit dans lequel il a souffert cette mort.
Essayons de comprendre pourquoi la croix est ainsi le
lieu où se réalise l'union. Sur la croix, le Fils de Dieu
entre en union parfaite avec l'homme. Il expérimente
pleinement ce que veut dire : être devenu un fils de
l'homme, un membre d'une race maudite. C'est au tra­
vers de la mort que le Prince de la vie a acquis sa puis­
sance contre la mort. C'est dans la mort seule qu'il peut
nous rendre participant de cette victoire. La vie qu'il
communique est une vie d'entre les morts. Chaque nou­
velle expérience de la puissance de cette vie repose sur
la communion avec sa mort. La mort et la vie sont insé­
parables.
Toute la grâce que donne Jésus, le Sauveur, ne peut
être reçue que sur le sentier de la communion avec
Jésus, le Crucifié. Christ est venu prendre ma place. Je
dois me mettre à sa place et y demeurer. Et il n'y a
qu'une seule place qui soit à la fois la sienne et la mien­
ne : c'est la croix. C'est la sienne en vertu de son libre
choix : c'est la mienne en vertu de la malédiction du
péché. Il est venu là pour me chercher, c'est là seule­
ment que je puis le trouver. Quand il m'y a trouvé, c'était
un lieu de malédiction. Il en a fait l'expérience car il est
écrit "maudit soit quiconque est pendu au bois»
(Galates 3 v. 1 3) . Il en a fait un lieu de bénédiction, et
j'en ai fait l'expérience, car Christ nous a délivrés de la
malédiction, ayant été fait malédiction pour nous. Quand
Christ a pris ma place, il est resté ce qu'il était, le Bien-
78
aimé du Père. Mais dans son union avec moi, il partage
ma malédiction et subit ma mort.
Quand je me mets à sa place, cette place qui est en
vérité la mienne, je reste ce que j'étais par nature : un
maudit méritant la mort. Mais dans mon union avec lui je
partage sa bénédiction et je reçois sa vie. Quand il est
venu pour être un avec moi, il ne pouvait éviter la croix,
car la malédiction conduit à la croix, c'est son fruit et son
aboutissement. Et quand je cherche à être un avec lui,
je ne peux pas non plus éviter la croix car la délivrance
et la vie ne peuvent se trouver qu'à la croix.
Aussi inévitablement que la malédiction qui reposait
sur moi lui indiquait la croix comme le seul endroit où il
pouvait être pleinement uni à moi, la bénédiction qu'il
m'apporte me désigne la croix comme le seul endroit où
je puis être uni à lui. Il a pris ma croix pour sienne, je
dois prendre sa croix pour mienne. Je dois être crucifié
avec lui. C'est en demeurant quotidiennement, profon­
dément, en Jésus le Crucifié que je goûterai la douceur
de son amour, la puissance de sa vie, la perfection de
son salut.
Ami croyant, le mystère de la croix de Christ est un
profond mystère. J'ai peur que beaucoup de chrétiens
se contentent de ne regarder à la croix que Jésus mou­
rant pour leurs péchés, sans aspirer à la communion
avec le Crucifié. C'est à peine s'ils savent que Jésus les
y invite. Ou encore, ils considèrent les afflictions ordinai­
res de la vie, que les enfants du monde doivent suppor­
ter également, comme leur part de la croix de Christ. Ils
n'ont pas la moindre idée de ce que signifie être crucifié
avec Christ, que porter sa croix c'est être semblable à
Christ selon les principes qui le conduisaient sur le che­
min de l'obéissance.
79
Abandonner totalement toute volonté propre, refuser à
la chair la satisfaction de ses désirs, se séparer complè­
tement du monde, de ses manières de penser et d'agir,
haïr et perdre sa propre vie, abandonner le moi et ses
intérêts pour l'amour des autres - voilà les dispositions
qui caractérisent celui qui a saisi la croix de Jésus, qui
veut pouvoir dire: « J'a i été crucifié a vec Christ, je
demeure en Christ, le Crucifié "·
Veux-tu vraiment plaire à ton Seigneur et vivre en
communion étroite avec lui, autant que sa grâce peut t'y
maintenir? Oh, prie afin que son Esprit te conduise dans
cette vérité bénie, ce secret du Seigneur pour ceux qui
le craignent ! Nous savons comment Pierre a con nu et
déclaré que Christ était le Fils du Dieu vivant, alors que
la croix était encore pour lui un scandale (Matthieu
1 6 v. 16-17, 2 1 -23). La foi qui croit au sang qui nous puri­
fie et à la vie qui nous renouvelle ne peut atteindre sa
croissance parfaite que si elle demeure sous la croix et,
dans une communion vivante avec lui, cherche à deve­
nir parfaitement conforme à Jésus, le Crucifié.
ô Jésus, notre Rédempteur crucifié, enseigne-nous à
ne pas seulement croire en toi mais à demeurer en toi,
à considérer ta croix, non seulement comme la base de
notre pardon mais comme la loi de notre vie! Oh, ensei­
gne-nous à l'aimer, non seulement parce que sur elle tu
es mort pour porter notre condamnation mais parce que,
sur cette croix, nous entrons en communion plus étroite
avec toi et sommes crucifiés avec toi ! Enseigne-nous
aussi que, dans la mesure où nous laisserons l'Esprit
dans lequel tu as supporté la croix prendre pleinement
possession de nous, nous serons rendus participants de
la puissance et de la bénédiction auxquelles la croix
seule peut donner accès.

80
12
DEMEUREZ EN CHRIST
CAR DIEU LUI-MÊME
VOUS AFFERMIT EN LUI

Celui qui nous affermit avec vous en Christ. . . ,


c 'est Dieu
(2 Corinthiens 1 v. 2 1).

Ces paroles de Paul nous enseignent une vérité riche


de bénédictions et dont nous avons grand besoin: si
notre première union avec Christ a été l'œuvre de la
toute puissance divine, il nous faut de même regarder
au Père pour être gardés et affermis davantage en lui.
« L'Eternel mène tout à bonne fin pour moi" - il faudrait
que cette expression de notre confiance accompagne
toujours notre prière: "N'abandonne pas les œuvres
de tes mains» (Psaume 138 v. 8).
Lorsqu'il soupire et prie pour parvenir à une habitation
en Christ plus profonde et plus parfaite, le croyant doit
saisir fermement cette promesse: " Celui qui a com­
mencé en vous cette bonne œuvre en poursuivra
l'achèvement jusqu'au jour du Christ Jésus »
(Philippiens 1 v. 6). Rien ne peut nous aider davantage
à nous enraciner et à nous fonder en Christ que cette
certitude : « Celui qui nous établit en Christ, c'est Dieu"·

81
Beaucoup pourraient répondre que c'est justement
cette certitude qui leur fait défaut. Ils se lamentent sans
cesse sur l'instabilité de leur vie spirituelle. Ils connais­
sent parfois des heures et même des jours de ferveur
intense, expérimentant la bénédiction de la grâce de
Dieu. Mais qu'il faut bien peu de chose pour détruire leur
paix, pour qu'un nuage passe et assombrisse leur âme!
Et alors, comme leur foi est secouée! Tous les efforts
pour retrouver leur équilibre sont absolument stériles.
Veiller et prier, prendre des engagements solennels,
rien ne parvient à leur rendre la paix qu'ils ont goûtée
pendant un certain temps. Oh, s'ils pouvaient seulement
comprendre que c'est justement à cause de leurs efforts
qu'ils ne réussissent pas, car c'est Dieu seul qui peut
nous affermir dans le Christ Jésus. Il leur a bien fallu,
pour obtenir la justification, cesser d'y travailler eux­
mêmes et accepter par la foi la promesse que Dieu leur
donnerait la vie en Christ.
De même, maintenant qu'il s'agit de leur sanctification,
il leur faut admettre que leur premier besoin est de ces­
ser de se contraindre eux-mêmes à établir avec Christ
une relation plus solide, et de permettre à Dieu seul de
le faire. « Dieu est fidèle, lui qui vous a appelé à la
communion de son Fils Jésus-Christ " ( 1 Corinthiens
1 v. 9). Ce qui leur manque, c'est de croire tout simple­
ment que leur affermissement en Christ, jour après jour,
c'est le travail de Dieu - travail qu'il se réjouit de faire,
malgré notre faiblesse et notre infidélité, si seulement
nous lui faisons confiance pour cela.
Qu'une telle foi soit une bénédiction et conduise à l'ex­
périence, beaucoup pourraient en témoigner. Quelle
paix, quel repos de savoir qu'il y a un vigneron qui prend

82
soin du sarment, qui le voit devenir de plus en plus fort
parce que son union au cep est plus parfaite, qui veille
à écarter tout obstacle et tout danger, qui pourvoit cha­
que fois qu'il a besoin d'être aidé.
Quelle paix, quel repos d'abandonner finalement et
complètement notre union à Christ entre les mains de
Dieu ! Et si nous avons une pensée, un désir, si nous
élevons une prière ou entreprenons quelque chose dans
cette perspective, rappelons-nous toujours et avec joie
que tout ce que nous faisons n'est qu'une manifestation
de ce que Dieu opère en nous. Nous affermir en Christ
est son œuvre: il l'accomplira en nous stimulant à veil­
ler, prier, travailler. Mais il ne pourra le faire avec puis­
sance que si nous cessons de l'en empêcher par nos
efforts propres - si nous acceptons par la foi l'attitude de
dépendance qui l'honore et qui ouvre notre cœur à son
action. Une telle foi libère totalement l'âme de ses sou­
cis, de sa responsabilité!
Au milieu des pressions et des contraintes de la vie
agitée du monde, au milieu des tentations subtiles et
incessantes du péché, au milieu des soucis quotidiens,
des épreuves qui, si facilement, nous détournent et nous
conduisent à la chute, quelle bénédiction ce serait d'être
un chrétien affermi, demeurant constamment en Christ!
Quelle bénédiction déjà de croire qu'on peut sûrement y
parvenir, que sa réalisation n'est pas hors de notre por­
tée!
Croyant, sache que la bénédiction est vraiment à ta
portée. Celui qui t'affermit avec nous en Christ, c'est
Dieu. Je voudrais tellement que tu saisisses que la foi
en cette promesse ne te donnera pas seulement le
réconfort, mais sera le moyen d'obtenir ce que tu dési-

83
res. L'Ecriture nous enseigne, tu le sais, que, lorsque
Dieu conduisait son peuple, la foi a toujours été la seule
condition de la manifestation de sa puissance. Avoir la
foi, c'est cesser de s'efforcer par soi-même, de dépen­
dre de qui que ce soit d'autre. Avoir la foi, c'est recon­
naître son impuissance, se reposer sur les promesses
de Dieu et réclamer leur accomplissement. Avoir la foi,
c'est se mettre soi-même paisiblement dans la main de
Dieu, afin qu'il accomplisse son œuvre. Ce qu'il nous
faut, à toi et à moi, c'est que cette vérité se dresse enfin
devant nous dans tout son éclat spirituel. C'est le Dieu
tout puissant, le Dieu fidèle et miséricordieux, qui a
entrepris de m'affermir dans le Christ Jésus.
Ecoute ce que la Parole t'enseigne :
"L'Eternel t'établira pour être son peuple
saint »(Deutéronome 28 v. 9).
"Eternel, affermis le coeur d e ton peuple en toi»
( 1 Chroniques 29 v. 1 8).
« Ton Dieu aime Israël e t veut le faire subsister
pour toujours» (2 Chroniques 9 v. 8).
"A celui qui a le pouvoir de vous affermir. . . à
Dieu, seul sage, la gloire, par Jésus-Christ, aux
siècles des siècles» (Romains 1 6 v. 25,27) .
"Que le Seigneur. . . affermisse vos coeurs pour
qu'ils soient sans reproche dans la sainteté. . . à
l'avènement de notre Seigneur» ( 1 Thessaloniciens
3 V. 1 3).
"Le Seigneur est fidèle, il vous affermira et vous
gardera du Malin» (2 Thessaloniciens 3 v. 3).
"Le Dieu de toute grâce qui, en Jésus-Christ,
vous a appelé à sa gloire éternelle . . . vous forme-

84
ra lui-même, vous affermira, vous fortifiera, vous
rendra inébranlables» ( 1 Pierre 5 v. 10).
Ces paroles peuvent-elles signifier pour toi quelque
chose de moins que ceci: toi aussi, quelle qu'ait pu être
jusqu'ici ta vie spirituelle, si peu encourageants que
puissent paraître ton caractère ou tes inconstances, tu
peux devenir un chrétien affermi. Prends le temps
d'écouter ces paroles comme étant la vérité de Dieu,
laisse-toi enseigner simplement comme un enfant et la
certitude viendra : aussi vrai que je suis en Christ, je vais
être aussi, jour après jour, affermi en lui.
La leçon paraît tellement simple et pourtant, la plupart
d'entre nous mettent beaucoup de temps à l'apprendre.
La principale raison, c'est que la grâce offerte par la pro­
messe est si vaste, si divine, et dépasse tellement nos
pensées, que nous ne prenons pas vraiment les mots
pour ce qu'ils veulent dire. Le croyant qui parvient à voir
et à accepter ce qu'elle apporte peut rendre témoignage
du changement merveilleux qui intervient alors dans sa
vie spirituelle.
Auparavant, il avait pris en charge sa propre conduite,
maintenant il a un Dieu qui s'en charge. Il sait mainte­
nant qu'il est à l'école de Dieu, d'un Maître qui a planifié
tout le cours des études pour chacun de ses élèves
avec une infinie sagesse et se réjouit de les voir revenir
chaque jour pour prendre les leçons préparées pour
eux. Tout ce qu'il souhaite, c'est de se sentir constam­
ment entre les mains de Dieu, de suivre ses directives
sans être ni en avance, ni en retard. Se rappelant que
c'est Dieu qui produit le vouloir et le faire, il comprend
que s'en remettre à !'oeuvre de Dieu est sa seule sécu­
rité. Il se débarrasse de toute anxiété au sujet de sa vie

85
intérieure et de sa croissance, parce que le Père est le
vigneron et que chaque plant est en sécurité sous sa
garde sage et attentive. Il sait qu'une vie bénie, puissan­
te et féconde est la perspective offerte à quiconque met
en Dieu, et en Dieu seul, toute son espérance.
Croyant, tu es bien obligé de reconnaître qu'une telle
vie de foi ne peut manquer d'être la plus bénie qui soit.
Peut-être dis-tu que, par moments, tu acceptes vrai­
ment, de tout ton cœur, cette manière de vivre, que tu
abandonnes vraiment à ton Père le soin de ta vie inté­
rieure. Mais, pour une raison ou une autre, cela ne dure
pas. Tu oublies à nouveau et, au lieu de commencer
chaque journée en remettant joyeusement à la charge
de ton Père les besoins et le soin de ta vie spirituelle, tu
te sens à nouveau anxieux, chargé. abandonné.
Mon frère, c'est peut-être que tu n'as pas remis au
Père le soin de te rappeler chaque jour qu'il faut renou­
veler cet abandon total! La mémoire est une des plus
puissantes forces de notre nature. C'est par elle qu'un
jour est lié au jour suivant, que l'unité de notre vie est
préservée au cours des années, que nous avons
conscience d'être toujours nous-mêmes.
Dans la vie spirituelle, la mémoire a une grande
valeur. Dieu a pourvu de façon merveilleuse à la sancti­
fication de notre mémoire au service de notre vie spiri­
tuelle. C'est le Saint-Esprit qui nous rappelle toutes cho­
ses, il est !' Esprit de la mémoire. Jésus a dit: « // vous
rappellera tout ce que moi je vous ai dit» (Jean
1 4 v. 26). "Celui qui nous affermit avec vous en
Christ, et qui nous a donné l'onction, c 'est Dieu. Il
nous a aussi marqués de son sceau et a mis dans
nos cœurs les arrhes de /'Esprit" (2 Corinthiens

86
1 v. 2 1 -22). Celui qui sanctifie notre mémoire nous a jus­
tement été donné pour nous affermir. C'est lui qui va te
rendre capable de te souvenir chaque jour des promes­
ses bénies de Dieu et de l'acte de foi toujours renouve­
lé qui les accepte dans la soumission. Le Saint-Esprit
est, Dieu soit béni, la mémoire de l'homme nouveau.
Applique donc cela à la promesse de notre texte :
" Celui qui vous affermit en Christ, c'est Dieu"·
Maintenant, en ce moment même, alors que tu as aban­
donné toute anxiété au sujet de tes progrès, de ta crois­
sance, au Dieu qui a entrepris de t'affermir dans le cep,
tu éprouves la joie de savoir que la responsabilité en
incombe à Dieu seul. Demande-lui donc aussi avec
confiance de te rappeler toujours par le Saint-Esprit
cette relation bénie que tu as avec lui et il le fera.
Chaque matin, ta foi va croître en force et en éclat:
J'ai un Dieu qui veille à ce que je sois, chaque jour, plus
solidement uni à Christ. Et maintenant, mon compagnon
bien-aimé dans la foi, " le Dieu de toute grâce qui en
Christ vous a appelés, vous donnera lui-même, vous
affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranla­
bles"· Que peux-tu, désirer de plus? Attends-toi à cela
avec confiance, demande-le avec ferveur. Compte sur
Dieu pour faire son œuvre. Apprends par la foi à chan­
ter ce cantique dont les notes seront rendues plus dou­
ces et plus profondes à chaque nouvelle expérience. « A
celui qui a le pouvoir de vous affermir. . . à Dieu, seul
sage, soit la gloire aux siècles des siècles. Amen !"
(Romains 16 v. 25-27).
Oui, gloire à Dieu qui a entrepris de nous affermir en
Christ!

87
13
DEMEUREZ EN CHRIST
À TOUT MOMENT

En ce jour-là, entonnez le chant


de la vigne au vin capiteux.
Moi, l'Eternel, j'en suis le gardien,
je l'arrose à chaque instant.
De peur qu'on ne l'attaque,
nuit et jour je la garde
(Esaïe 27 v. 2-3).

La vigne était le symbole du peuple d'Israël au milieu


duquel le vrai cep devait être planté. Le sarment est le
symbole de tout croyant qui appartient au cep et de cha­
cune de ses branches. Et cet ordre est toujours valable
pour ceux qui gardent la vigne - puissent-ils l'exécuter
et chanter jusqu'à ce que les croyants chancelants en
aient appris les joyeux accents et se soient joints au
choeur des fidèles. « Entonnez le cantique de ma
vigne. MOI, L'ETERNEL, j'en suis le GARDIEN, je
l'arrose à chaque instant. De peur qu'on ne l'atta­
que, nuit et jour je la GARDE"·
Merveilleuse réponse, venant de la bouche même de
Dieu, à cette question si souvent posée: est-il possible,
pour le croyant, de demeurer en Jésus constamment?

89
Est-ce qu'on peut vraiment parvenir à une vie de com­
munion ininterrompue avec le Fils de Dieu, ici, dans
cette vie terrestre? Sûrement non, si demeurer en
Christ résulte de notre travail, s'il faut le faire avec notre
force. Mais ce qui est impossible aux hommes est pos­
sible à Dieu.
Si le Seigneur lui-même garde notre âme nuit et jour,
s'il veille sur elle et l'arrose à tout moment, alors la com­
munion permanente avec Jésus devient certainement
une possibilité bénie pour tous ceux qui font confiance à
Dieu et croient qu'il veut vraiment dire ce qu'il dit et faire
ce qu'il a promis. Alors, l'union étroite du sarment et du
cep, jour et nuit, hiver comme été, dans une association
vivante et incessante, n'est rien de moins que la pro­
messe, toute simple mais certaine. de notre habitation
en Christ.
Dans un certain sens, il est vrai qu'il n'existe pas de
croyant qui ne demeure en Christ. Sans cela, il n'aurait
aucune vie réelle: « Si quelqu'un ne demeure pas en
moi, il est jeté dehors » (Jean 1 5 v. 6). Mais quand le
Seigneur nous donne ce commandement: « Demeurez
en moi », et promet: « Celui qui demeure en moi porte
beaucoup de fruit », il s'agit d'accepter son offre d'un
cœur entièrement abandonné, consentant et intelligent,
de choisir et désirer cette habitation en lui comme la
seule manière de vivre souhaitable. Avons-nous le droit
d'espérer que nous serons toujours capables de demeu­
rer ainsi en Christ, volontairement et consciemment? À
cela on oppose deux objections principales:
La premiè re découle de la nature de l'homme. On dit
que notre puissance limitée nous empêche d'être occu­
pés à deux choses différentes en même temps. Le plan

90
de Dieu a placé beaucoup de chrétiens dans les affaires
et il leur faut, pendant des heures d'affilée, consacrer
toute leur attention au travail qu'ils ont à faire. Comment
la pensée d'un tel homme pourrait-elle être occupée par
Christ et garder la communion avec lui tout en se
concentrant sur le travail qu'il doit faire?
Ceci revient à considérer que la conscience de
demeurer en Jésus exige une telle tension, demande
que l'esprit soit tellement occupé des pensées divines
que, pour jouir de cette bénédiction, il faut se retirer de
toutes les occupations ordinaires de la vie. C'est l'erreur
même qui a conduit les premiers moines à aller vivre
dans le désert.
Béni soit Dieu, il n'est pas du tout nécessaire de sortir
ainsi du monde. Demeurer en Christ n'est pas un travail
qui nécessite à chaque instant la concentration de notre
pensée ou l'engagement direct et actif de nos senti­
ments. C'est l'abandon confiant de nous-mêmes sous la
garde de l'Amour éternel, dans la foi qu'il va nous entou­
rer, veiller sur nous par sa sainte présence, nous proté­
ger du mal, même quand il nous faut être intensément
occupés à d'autres choses. De cette manière le cœur
est en repos et en paix, joyeux de se savoir gardé quand
il ne peut se garder lui-même.
La vie courante nous donne de nombreux exemples
de la façon dont une grande affection peut régner sur
une âme et y demeurer tandis que la pensée se concen­
tre sur un travail qui requiert toute notre attention.
Pensez à un père de famille, éloigné momentanément
de son foyer afin d'assurer la subsistance de ses bien­
aimés. Il aime sa femme et ses enfants et désire inten­
sément les retrouver. Il peut y avoir des moments où il

91
est tellement occupé qu'il n'a pas un instant pour penser
à eux et pourtant son amour est aussi réel et profond à
ce moment-là que lorsqu'il peut évoquer leur image. A
tout moment, son amour et le désir de les rendre heu­
reux le stimulent dans son travail et le remplissent d'une
secrète joie. Pensez à un roi: au sein du travail, des
plaisirs, des épreuves, il agit en tout temps avec la
conscience de sa royauté qui l'influence en secret
même quand il n'y pense pas. Une épouse, une mère
aimante ne perd pas un seul instant la conscience de sa
relation avec son mari et ses enfants: le sentiment et
l'amour sont là au milieu de toutes ses occupations.
Et on penserait qu'il est impossible à l'Amour éternel
de prendre possession de nos pensées et d'y demeurer
de telle façon que nous n'en perdions jamais la
conscience secrète! Nous sommes en Christ, gardés en
lui par sa toute-puissance. Oh, c'est possible, soyons en
sûrs! Notre habitation en Christ est plus qu'une commu­
nion d'amour, c'est une communion vivante. Au travail
ou au repos, la conscience d'être en vie ne nous quitte
pas. Et de la même manière, la force puissante de la vie
éternelle maintient en nous la conscience de sa présen­
ce. Mieux encore, Christ, qui est notre vie et qui habite
en nous, maintient par sa présence notre conscience
d'être en lui.
La s econde objection découle de notre état de péché.
Les chrétiens ont tellement l'habitude de considérer le
fait de pécher quotidiennement comme une chose abso­
lument inévitable qu'ils tiennent pour un fait certain que
personne ne peut se garder en communion avec n otre
Sauveur: nous ne manquerons pas d'être parfois infidè­
les et de tomber.

92
Or c'est justement parce que nous avons une nature
qui n'est autre qu'une vraie fontaine de péché, que le
commandement de demeurer en Christ nous a été
donné : c'est notre seule délivrance, mais elle est certai­
ne. C'est justement la vigne céleste, le Christ aimant et
vivant en qui nous devons demeurer qui a le pouvoir de
nous tenir fermement et qui est à la mesure de notre
attente.
Pourrait-il nous donner l'ordre : "Dem eurez en m oi»
sans nous assurer la grâce et la puissance qui nous ren­
dent capables d'y parvenir ? Et n'avons-nous pas par­
dessus tout, comme vigneron, le Père qui nous gardera
de tomber et cela, non dans un sens large et général,
mais selon sa propre promesse si précieuse : "Nuit et
jour, à tout insta nt» ? Oh, si seulement nous regardions
à Dieu comme à celui qui garde Israël et dont il est dit :
« L'Eternel te gardera de tout mal. Il gardera ton
âme » ( Psaume 1 2 1 v. 7). Alors nous apprendrions à
croire qu'habiter en Christ consciemment, à tout
moment, nuit et jour, c'est vraiment ce que Dieu a pré­
paré pour ceux qui l'aiment.
Mes compagnons bien-aimés dans la foi, que votre
ambition ne soit pas inférieure à cela. Je comprends
bien que ce but vous paraisse difficile à atteindre, qu'il
puisse y avoir des périodes de dur combat et de chute
amère. Puisse l'Eglise de Christ être ce qu'elle devrait
être, puissent les anciens croyants être pour les nou­
veaux convertis ce qu'ils devraient être : des témoins de
la fidélité de Dieu. Imitons Caleb et Josué qui encoura­
geaient leurs frères à prendre possession du pays en
leur disant : « Nous prendrons possession du pays,
car nous en serons vainqueurs l'Eternel NOUS

93
FERA ENTRER dans ce pays et nous le donnera"
(Nombres 1 3 v. 30 / 1 4 v. 8). Puisse l'atmosphère que
respire le jeune croyant quand il entre dans la commu­
nauté chrétienne être celle d'une consécration joyeuse,
confiante, pleine de santé. Alors, habiter en Christ lui
apparaîtrait comme le développement naturel du fait de
lui appartenir.
Mais malheureusement, à cause de l'état maladif qui
est celui d'une grande partie du corps, les âmes qui
aspirent à cette bénédiction sont entravées par l'influen­
ce dépressive de la vie et des pensées de ceux qui les
entourent. Je ne dis pas cela pour décourager mais pour
avertir et pour vous presser de vous attacher d'autant
plus aux paroles que Dieu lui-même a prononcées. Il
arrivera peut-être des moments où vous serez prêt à
vous abandonner au désespoir, mais ayez bon courage.
Croyez seulement. Celui qui a mis la bénédiction à votre
portée vous conduira assurément à la posséder.
Les façons d'en prendre possession peuvent être
diverses. À quelques-uns, cela arrive comme un cadeau
inattendu, comme une révélation soudaine descendant
sur l'âme. Cela se produit en période de réveil , soit dans
la communion d'autres croyants en qui !'Esprit agit avec
efficacité, soit sous la conduite d'u n serviteur de Dieu
capable de nous guider, et parfois même dans la solitu­
de.
Le croyant voit, comme dans une lumière céleste, le
cep vigoureux portant et soutenant les faibles rameaux
si sûrement qu'il devient impossible de douter. Il se
demande seulement comment il a seulement pu penser
que les paroles de la Bible signifiaient autre chose que
ceci : demeurer constamment en Christ est le partage de

94
chaque croyant. Il le voit et, par suite, croire, se réjouir,
adorer, devient tout naturel.
Pour d'autres, cela vient de façon plus lente et plus dif­
ficile. L'âme doit se frayer un chemin jour après jour, au
milieu des découragements et des difficultés. Ayez bon
espoir. Ce chemin-là aussi conduit au repos. Veillez seu­
lement à ce que votre cœur s'appuie sur cette promes­
se: « MOI, L'ETERNEL, nuit et jour, JE LA GARDE ».
Recueillez de sa propre bouche le maître-mot "à cha­
que insta nt». Il exprime la loi de son amour et la loi de
votre espérance. Ne vous contentez pas de moins que
cela. Ne vous imaginez pas que les devoirs et les tra­
vaux, les soucis et les fautes de cette vie doivent néces­
sairement entraver votre vie de communion constante.
Que la règle de votre expérience quotidienne soit au
contraire le langage de la foi. Je suis persuadé que ni la
mort avec ses craintes, ni la vie avec ses soucis, ni les
choses présentes qui n ous pressent de toutes parts, ni
les choses à venir et leurs ombres épaisses, ni les som­
mets de la joie, ni les profondeurs de la tristesse, n i
aucune créature ne pourra nous séparer u n seul
moment de l'amour de Dieu qui est en Jésus-Christ
notre Seigneur ( Romains 8 v. 39).
Si tout semble sombre, si la foi défaille, chantez à nou­
veau le cantique de la vigne: « Moi, l'Eternel j'en suis
le gardien, je l'arrose à chaque instant. De peur
qu'on ne l'attaque, nuit et jour je la garde ». Et soyez
sûr que, si l'Eternel garde le sarment jour et nuit, s'il l'ar­
rose à tout instant, une vie continuelle de communion
ininterrompue avec Christ est réellement notre privilège.

95
14
DEMEUREZ EN CHRIST
JOUR A PRES JOUR

Le peuple sortira et en recueillera,


jour après jour, la quantité nécessaire
(Exode 16 v. 4).

A chaque jour sa portion, telle était la règle quant à la


manière dont Dieu donnait la manne, et quant au travail
de l'homme pour la recueillir. C'est toujours la règle
quant à la manière dont Dieu donne sa grâce à ses
enfants. Considérons la beauté et la signification de
cette méthode et cela nous aidera merveilleusement à
comprendre comment quelqu'un, qui se sent absolu­
ment sans force, peut tenir ferme, au long des années
de son parcours terrestre, avec confiance et persévé­
rance.
Un malade, qui venait d'avoir un sérieux accident,
demandait un jour à son médecin: "Docteur, combien
de temps faudra-t-il que je reste couché ici? - Pas plus
d'un jour à la fois", répondit celui-ci, enseignant ainsi au
malade une leçon précieuse: la leçon même que Dieu a
enregistrée, il y a bien longtemps, pour son peuple de
tous les âges: à chaque jour sa portion. Sans aucun
doute, c'est en vue de cela et pour tenir compte de la fai-

97
blesse humaine que Dieu, dans sa sagesse, a prévu l'al­
ternance des jours et des nuits. Si le temps avait été
donné à l'homme sous la forme d'un long jour ininter­
rompu, il en aurait été lassé et submergé. L'alternance
des jours et des nuits restaure et régénère constamment
ses forces.
Un enfant peut aisément assimiler le contenu d'un
livre si on lui donne chaque jour une seule leçon à
apprendre, mais il serait désemparé si on lui donnait tout
le contenu du livre en une seule fois. Ainsi en serait-il
pour l'homme s'il n'y avait pas de division dans le temps.
Mais, haché menu, divisé en fragments, il peut le sup­
porter.
A chaque jour suffit sa peine et son souci. A chaque
jour sa portion. Le repos de la nuit lui est nécessaire
pour que chaque matin puisse être un nouveau départ.
On pourra éviter les fautes de la veille, en tirer les
leçons. Il ne faut chaque jour être fidèle que pour cette
courte journée. Ainsi les longues années d'une longue
vie prendront soin d'elles-mêmes sans que la conscien­
ce de leur durée ou de leur poids ait jamais été un far­
deau.
Si on applique cette vérité à la vie de la grâce, on peut
en tirer un encouragement des plus précieux. Beaucoup
d'âmes sont troublées parce qu'elles se demandent
comment il leur sera possible de récolter et de conser­
ver la manne nécessaire pour toutes leurs années de
voyage au travers de ce désert aride. Elles n'ont jamais
appris quel inexprimable réconfort il y a dans ces mots:
"jour après jour, la quantité nécessaire ,,. Ces paroles
éliminent absolument toute préoccupation pour le lende­
main. Aujourd'hui seul nous appartient. Demain appar-

98
tient au Père. Vous n'avez pas besoin de répondre à la
question : " Comment êtes-vous sûr que vous pourrez
toujours demeurer en Christ, pendant toutes les années
où il faudra rencontrer la froideur, les tentations, les
épreuves de ce monde?" Vous n'en avez pas même le
droit.
La manne - votre nourriture et votre force - vous est
donnée jour après jour. Remplir fidèlement le temps pré­
sent est votre seule garantie pour l'avenir. Acceptez la
part que vous avez aujourd'hui, réjouissez-vous en,
accomplissez-la de tout votre cœur. Jouir de sa présen­
ce et de sa grâce effacera tous vos doutes concernant
votre possibilité de vous confier en lui demain encore.
Occupons-nous d'un jour à la fois, voilà un enseigne­
ment d'une grande valeur. Nous nous laissons facile­
ment entraîner à considérer la vie comme un grand tout,
en négligeant le petit « aujourd'hui » , à oublier que ce
sont les jours successifs qui font le grand tout, et que la
valeur de chacun de ces jours dépend de l'influence qu'il
aura sur le tout. Un jour perdu est un maillon brisé dans
la chaîne et il faudra souvent plus d'un autre jour pour le
réparer. Un jour perdu influence le suivant et le rend plus
difficile à garder. Oui, un seul jour perdu peut ruiner ce
que des mois ou des années de travail patient avaient
acquis. L'expérience de beaucoup de croyants pourrait
le confirmer.
Chrétien, si tu dois demeurer en Christ, ce sera jour
par jour. Tu as déjà entendu le message moment après
moment. La leçon du jour après jour a quelque chose de
plus à t'apprendre. Il y a beaucoup de moments où notre
pensée n'est sollicitée par aucune activité particulière.
Le fait de demeurer en Christ est caché au plus profond

99
de notre coeur et le Père y veille pour celui qui s'en est
remis à lui. Mais nous touchons là ce qui est notre part
et doit être renouvelé chaque matin pour le jour qui
vient : s'en remettre à lui, de nouveau, délibérément, en
lui faisant confiance pour vivre moment après moment.
Dieu a recueilli nos instants et en a fait comme un
paquet afin, justement, de nous en faire pren dre
conscience. Lorsque, le matin, nous regardons devant
nous ou si, le soir, nous regardons en arrière, nous
pesons alors les moments, nous apprenons à les éva­
luer et à les utiliser correctement. Tout comme le Père
vient au-devant de toi chaque matin , avec la promesse
d'une quantité de manne exactement suffisante pour
cette nouvelle journée, pour toi et pour ceux qui vont la
partager avec toi , toi aussi, va au-devant de lui en
renouvelant, avec joie et ardeur, l'acceptation de la posi­
tion qu'il t'a donnée dans son Fils bien-aimé.
Habitue-toi à considérer cela comme une des raisons
de vos rendez-vous du matin et du soir. Dieu a pensé à
ta faiblesse et désire ardemment y pourvoir. Que cha­
que jour tire sa valeur de l'appel qui t'est adressé à
demeurer en Christ. Quand la lumière d'un jour nouveau
frappe tes yeux au réveil, accueille-le en ces termes : un
jour, rien qu'un jour, mais encore un jour m'est donné
pour demeurer et croître en Jésus-Christ. Que ce soit un
jour de santé ou de maladie, de joie ou de tristesse, de
repos ou de travail, de combat ou de victoire, il faut que
la pensée principale avec laquelle tu l'accueilles dans
ton culte du matin soit celle-ci : " Voici un jour que le
Père me donne; je peux, je dois, en ce jour, devenir plus
étroitement un i à Jésus ». Quand le Père te demande :
" Peux-tu me fa ire confia nce pour que je te ma intienn e

100
en Jésus pendant cette seule journée, peux-tu te fier à
Jésus pour qu 'il te fasse porter du fruit», tu ne peux que
répondre avec élan : « Oui, je te fais confiance et je ne
craindrai rien ».
La portion quotidienne de manne était donnée à Israël
très tôt le matin. Cette portion devait seNir pour se nour­
rir la journée entière, mais c'est le matin qu'il fallait la
recevoir et la ramasser. Cela suggère que la force pour
vivre convenablement une journée, pour demeurer en
Jésus tout le jour, dépend grandement de l'heure mati­
nale. « Si les prémices sont saintes, la pâte l'est
aussi » ( Romains 1 1 v. 16). Pendant la journée, il y aura
des heures d'occupation intense, au milieu de la précipi­
tation, des affaires, de la foule et seul le Père peut alors
maintenir ininterrompue notre communion avec Jésus.
La manne du matin est la nourriture pour la journée
entière.
Si le croyant a pu s'assurer un moment tranquille, le
matin, pour renouveler en secret la communion précise,
efficace, aimante, avec son Sauveur, alors, et alors seu­
lement, il pourra demeurer en lui toute la journée. Mais
quel sujet d'actions de grâces ce sera! Dans la fraîcheur
et la paix du matin, le croyant peut envisager le jour qui
commence. Il peut en considérer les devoirs et les ten­
tations, les vivre d'avance en quelque sorte, avec son
Sauveur, rejetant tout sur celui qui a entrepris d'être tout
pour lui. Christ est sa manne, sa nourriture, sa force, sa
vie. Il peut en prendre sa portion quotidienne pour toute
la journée. Christ est à lui pour tous les besoins qui se
présenteront en ce jour. Il peut aller de l'avant, assuré
que ce jour sera un jour de bénédiction et de croissan­
ce.

1 01
Et tandis qu'il laisse pénétrer dans son cœur la leçon
de la valeur et de l'œuvre d'un simple jour, l'élève est
conduit inconsciemment à saisir le secret de "chaque
jour perpétuellement» (Exode 29 v. 38). En saisissant
par la foi la bénédiction de demeurer en Christ chaque
jour séparément, on croit sans cesse et toujours davan­
tage. Chaque jour de fidélité apporte une bénédiction
pour le jour suivant et rend la confiance et la soumission
plus aisées et plus bénies.
C'est ainsi que la vie chrétienne se développe.
Appliquons-nous de tout notre cœur à l'œuvre de cha­
que jour, cela gagnera la journée entière et, à partir de
là, toutes les journées. Ainsi, chaque jour séparément,
tout le long du jour continûment, jour après jour succes­
sivement, nous demeurons en Christ. Les jours font la
vie et ce qui apparaissait comme trop haut, trop grand,
hors d'atteinte, est donné à l'âme qui se contente de sai­
sir et d'utiliser chaque jour sa part, « selon ce qui est
fixé pour chaque jour» (Esdras 3 v. 4).
Déjà ici sur terre, on entendra cette parole: « Bien,
bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de
chose, je t'établirai sur beaucoup. Entre dans la joie
de ton maitre» (Matthieu 25 v. 2 1 ). Notre vie quotidien­
ne devint une merveilleuse alternance entre les grâces
quotidiennes de Dieu et nos louanges quotidiennes.
« Béni soit le Seigneur chaque jour» ( Psaume
68 v. 20). « . . . accomplissant mes voeux jour après
jour» ( Psaume 6 1 v. 9).
Nous apprenons à comprendre pourquoi Dieu nous
donne chaque jour - ainsi qu'il le fait en vérité - seule­
ment ce qu'il nous faut, mais aussi tout ce qu'il nous faut
pour ce jour. Nous commençons à compter nos jours,

1 02
non plus d'après le lever du soleil sur le monde, ni
d'après ce que nous avons fait ou ce que nous avons
mangé mais selon le miracle quotidiennement renouve­
lé de la manne - la bénédiction de la communion quoti­
dienne avec celui qui est la vie et la lumière du monde.
La vie céleste a la même continuité ininterrompue que
la vie terrestre. Demeurer en Christ aujourd'hui est suf­
fisant pour apporter la bénédiction de ce jour. Nous
demeurons en Christ chaque jour, tout le jour.
ô Seigneur, que ce soit le partage de chacun de nous.

1 03
15
DEMEUREZ EN CHRIST
EN CE MOMENT

Voici MAINTENANT le temps vraiment favorable,


voici MAINTENANT le jour du salut
(2 Corinthiens 6 v. 2).

Cette conception de la vie vécue moment après


moment est d'une telle importance, dans l'optique qui
est la nôtre de l'habitation en Christ, que nous désirons
en parler encore une fois. Et à tous ceux qui désirent
apprendre l'art béni de ne vivre qu'un moment à la fois,
nous voulons dire: le moyen de l'apprendre, c'est de
s'entraîner à vivre dans le moment présent.
Chaque fois que votre attention peut s'attacher en
toute liberté à la pensée de Jésus - que ce soit pour un
temps de méditation et de prière ou pour quelques brè­
ves secondes - que votre première pensée soit : main­
tenant, en ce moment, j'habite en Jésus. N'employez
pas ce temps en vains regrets sur les insuffisances de
votre communion avec Christ ou en craintes, encore
plus nocives, de ne pas pouvoir continuer à demeurer
en lui. Saisissez immédiatement cette position que le
Père vous a donnée : " Je s uis en Christ, c'est la place
que D ie u m'a donnée. Je l'accepte et je m'y repose.

1 05
J'habite ré ellement en Jésus ». Même le plus faible d'en­
tre nous peut à tout moment dire, s'il consent à occuper
sa place en tant que sarment dans la vigne: " Oui, j'ha­
bite ré ellement en Jésus"·
Ce n'est pas une affaire de sentiment, ce n'est pas
une question de croissance ou de puissance dans la vie
chrétienne. Il s'agit seulement de savoir si, en ce
moment présent, votre volonté désire et accepte la
place que vous avez en votre Seigneur. Si vous êtes un
croyant, vous êtes en Christ. Si vous êtes en Christ et
désirez y rester, votre devoir est de dire, ne serait-ce
que pour un court instant: " Sa uveur béni, en ce
moment je suis en toi, tu me ga rdes maintenant"·
On a très justement dit que dans ce seul mot mainte­
nant, reposent les plus profonds secrets de la vie de foi.
À la fin d'une conférence sur la vie spirituelle, un pasteur
expérimenté se leva et prit la parole: " Je ne sais pa s,
dit-il, si j'ai a ppris quelque vérité que je n e connaissais
pa s a upa ra va nt, mais j'ai a ppris à utilis er con venable­
ment ce que je sais. J'ai a ppris que j'ai le privilège de
dire à tout moment, quelles que puissent être les cir­
consta nces : Jésus me sa uve maintena nt». C'est vrai­
ment le secret du repos et de la victoire. Si je puis dire:
" Jésus est pour moi, en ce moment, tout ce que Dieu lui
a donné d'être : vie, puissa nce et paix», il me suffit
alors, tandis que je dis cela, de rester réellement dans le
calme et le repos.
Pour ce moment-là, j'ai tout ce dont j'ai besoin. Tandis
que ma foi discerne que je suis en Christ de par Dieu,
qu'elle prend en lui la place que le Père a préparée pour
moi, alors mon âme peut déclarer tranquillement :
" maintenant je demeure en Christ"·

1 06
Croyant, quand tu t'efforces de découvrir le moyen de
demeurer en Christ, instant après instant, rappelle-toi
que le point de départ est: demeure en lui en ce moment
même. Au lieu de gaspiller tes forces à essayer d'attein­
dre un état qui puisse durer, rappelle-toi seulement que
c'est Christ lui-même, le Seigneur vivant qui t'aime, qui
seul peut te garder et qui désire le faire. Commence tout
de suite et mets ta foi en lui pour l'instant présent. C'est
le seul moyen d'être gardé, pour le moment suivant.
On ne parvient généralement pas d'un seul coup à
une vie d'habitation parfaite et constante en Christ, et
cela n'est pas donné comme une chose qu'on posséde­
rait pour toujours. Cela vient le plus souvent graduelle­
ment. Saisis donc chaque occasion d'exercer ta confian­
ce pour le moment présent. Chaque fois que tu t'inclines
dans la prière, que la première expression de ta piété
soit: "Père, je suis en Christ, en ce moment, j'habite en
lui». Chaque fois que tu as l'occasion, dans la multipli­
cité de tes tâches absorbantes de te recueillir un
moment, il faut que cette pensée te vienne spontané­
ment: "Je repose en Christ, je demeure en lui mainte­
nant». Même si tu as été vaincu par le péché et que ton
cœur, au-dedans de toi, est troublé et agité, lève les
yeux en haut et dis: "Père, j 'ai péché et cependant je
viens à toi - bien que je rougisse de dire cela - comme
un de ceux qui sont en Christ. Père, c 'est là que je suis,
je ne peux pas être ailleurs. Par Dieu je suis en Christ.
Maintenant, je demeure en Christ "·
Oui, chrétien, en toute circonstance imaginable, à tout
moment du jour, la voix t'appelle: "Demeure en moi,
fais-le maintenant». Et en ce moment même, tandis que
tu lis ces lignes, oh viens tout de suite et entre dans

107
cette vie bénie d'habitation permanente. Fais-le de
suite, maintenant.
Dans la vie de David, il y a un passage remarquable
qui va nous aider à rendre cette idée plus claire, c'est
2 Samuel 3 v. 1 7-1 8. David a reçu l'onction comme roi de
Juda. Les autres tribus obéissent encore à lschbochet,
le fils de Saül. Abner, chef des années de Saül, décide
d'amener les tribus d'Israël à se soumettre à David, le
roi désigné par Dieu pour toute la nation. Il dit aux
anciens d'Israël: « Vous avez toujours voulu avoir
David comme roi. Agissez maintenant car l'Eternel a
dit de lui : c 'est par l'intermédiaire de David mon ser­
viteur que je sauverai mon peuple d'Israël de la main
des Philistins et de la main de tous ses ennemis ».
Et ils ont agi. Ils ont oint David une seconde fois afin
qu'il soit désormais roi de tout Israël comme il l'avait
d'abord été de Juda seulement (2 Samuel 5 v. 3). Cela
illustre de façon très instructive la voie par laquelle une
âme est conduite à vivre dans l'abandon complet, la
soumission sans partage, à demeurer pleinement en
Christ. Tout d'abord, nous voyons le royaume divisé.
Juda est fidèle au roi désigné par Dieu mais Israël s'ac­
croche encore au roi qu'il a choisi lui-même. Il en résul­
te une nation divisée contre elle-même et impuissante à
vaincre ses ennemis.
C'est l'image d'un coeur partagé. Jésus est accepté
comme roi de Juda, le lieu de la montagne sainte, la
chambre la plus intime de l'âme, mais le territoire envi­
ronnant, la vie quotidienne, n'ont pas encore fait leur
soumission. Plus de la moitié de la vie est encore gou­
vernée par la volonté propre et ce qu'elle entraîne avec
elle. Ainsi, il n'y a ni paix, ni puissance face aux enne­
mis.
1 08
Le désir longtemps insatisfait se manifeste ensuite:
« Vous avez toujours voulu avoir David comme roi».
Il y avait un temps où, David ayant vaincu les Philistins,
tout Israël croyait en lui, mais on les avait égarés. Abner
en appelle à la connaissance qu'ils ont de la volonté de
Dieu : c'est David qui doit régner sur eux tous. Ainsi le
croyant, quand on l'a amené à Jésus, a vraiment désiré
faire de lui le Seigneur de tout son être, et espéré qu'il
serait son seul roi. Mais hélas, l'incrédulité, la volonté
propre, se manifestent ensuite et Jésus n'a pas pu
asseoir son autorité sur la vie entière. Et le chrétien n'est
pas satisfait. Combien il aspire à des jours meilleurs -
souvent sans oser espérer que cela puisse arriver !
Vient alors la promesse de Dieu. Abner proclame:
« L'Eternel a dit: c'est par l'intermédiaire de David
mon serviteur que je sauverai mon peuple de la
main de tous ses ennemis». Il en appelle à la promes­
se de Dieu: comme David a vaincu les Philistins, les
plus proches ennemis dans le passé, lui seul pourra
vaincre aussi les ennemis plus lointains. Il sauvera
Israël de tous ses ennemis. Belle image de la promesse
par laquelle l'âme est invitée maintenant à faire confian­
ce à Jésus pour vaincre tous ses ennemis et la faire
vivre dans une communion que rien ne vient troubler.
"L'Eternel a dit" c'est là notre seule espérance.
Sur ces paroles repose notre sûre attente. " Comme
il en avait parlé. . . , selon le serment qu'il a juré à
Abraham notre père, de nous permettre, après avoir
été délivrés de la main de nos ennemis, de pouvoir
sans crainte lui rendre un culte dans la sainteté et la
justice, en sa présence, tout au long de nos jours»
(Luc 1 v. 70-75).

109
David régnant sur chaque parcelle du pays et condui­
sant, de victoire en victoire, un peuple uni et obéissant,
telle est l'image de ce que Jésus promet de faire pour
nous aussitôt que, par la foi en la promesse de Dieu,
nous lui soumettons toutes choses et abandon nons
notre vie entière pour qu'il nous garde en lui.
" Vous avez toujours voulu avoir David comme
roi", dit Abner, et il ajoute "Agissez maintenant"·
Agissez maintenant, voilà le message que cette histoire
apporte à chacun de ceux qui désirent donner à Jésus
la suprématie sans partage. Quel que soit le moment
présent, si peu préparé que tu sois à ce message, si tris­
te que puisse être l'état de ta vie, divisée, désespérée,
je viens pourtant te transmettre l'appel urgent de Christ
à une soumission immédiate, en ce moment même. Je
sais bien qu'il faudra du temps pour que le Sauveur béni
établisse son pouvoir et réorganise tout en toi selon sa
volonté - du temps pour vaincre les ennemis, te former
pour son service en utilisant toutes tes possibilités. Cela
ne se fait pas en un instant. Mais il y a des actes qui se
font en un instant. Par exemple, abandonner toutes cho­
ses à Jésus, t'abandonner toi-même pour vivre entière­
ment en lui.
À mesure que le temps passera et que, l'exercice
aidant, ta foi sera devenue plus forte et plus éclatante,
cet abandon deviendra plus précis et plus intelligent.
Mais n'attends pas d'en être là. La seule manière d'y
parvenir jamais est de commencer tout de suite. Agis
maintenant. Abandonne-toi en ce moment même pour
habiter pleinement en Jésus, en lui seul, pour toujours.
Cela peut se faire en un instant. Et c'est en un instant
aussi que Christ va t'accepter à nouveau. Sois assuré

1 10
que tu es à lui et qu'il te considère comme sien. Chaque
fois que tu redis: " Jésus, j'habite réellement en toi»,
cela suscite, de la part du Dieu invisible, une réponse
immédiate et chaleureuse. Aucun acte de foi n'est
accompli en vain. Tout à nouveau, Dieu nous saisit et
nous attire tout près de lui. Mais chaque fois que ce
message te parvient, chaque fois que l'appel de Jésus
"Demeure en moi » te revient à l'esprit, chaque fois
aussi entends ce murmure: « Fais-le tout de suite, fais­
le maintenant ».
Que chaque chrétien commence ainsi et il expérimen­
tera vite que la bénédiction du moment présent se trans­
met facilement au suivant. Jésus est toujours le même
et c'est à lui qu'il est encordé. C'est la puissance de la
vie divine dans sa continuité sans défaut qui s'est empa­
rée de lui. La parole actuelle « agis maintenant » bien
qu'elle semble peu de chose, n'est rien de moins que le
commencement actuel de l'éternel présent qui est le
mystère glorieux de l'éternité.
C'est pourquoi, chrétien, demeure en Christ et fais-le
maintenant !

111
16
DEMEUREZ EN CHRIST
EN ABA NDONNANT TOUT
POUR LUI

J'ai accepté de tout perdre, et je considère tout


comme des ordures, afin de gagner Christ
et d'être trouvé EN LUI
(Philippiens 3 v. 8-9).

Partout où il y a vie, il y a échange continuel. Vivre


c'est prendre et donner, recevoir et rendre. La nourritu­
re que je prends se retrouve dans le travail que je four­
nis, les impressions que je reçois dans les pensées et
les sentiments que j'exprime. L'un dépend de l'autre - le
fait de donner augmente la faculté de s'approprier. Toute
la joie de la vie est dans ce sain équilibre: donner et
recevoir.
Il en est de même dans la vie spirituelle. Certains
chrétiens considèrent que la bénédiction consiste dans
le privilège de recevoir sans cesse. Ils ne savent pas
que la capacité de recevoir ne se conserve et ne s'élar­
git qu'en donnant et abandonnant continuellement. Le
fait de partager ce que nous possédons crée un vide qui
permet à la divine plénitude de nous envahir. C'est une
113
vérité sur laquelle le Sauveur a insisté souvent. Quand
il parlait de tout vendre pour s'acquérir un trésor, de per­
dre notre vie pour la retrouver, de retrouver au centuple
tout ce qui avait été perdu à cause de lui, il faisait com­
prendre que la nécessité du sacrifice de soi-même est
une loi du Royaume pour lui comme pour ses disciples.
Si nous désirons vraiment demeurer en Christ et être
trouvés en lui, il faut que chacun de nous, selon notre
mesure, nous disions avec Paul : « Je considère tout
comme une perte à cause de l'excellence de la
connaissance de Christ Jésus, mon Seigneur. . . afin
de gagner Christ et d'être TROUVÉ EN L UI».
Essayons de voir à quoi il faut renoncer, ce qu'il faut
abandonner. Avant tout, c'est le péché. Il ne peut y avoir
de vraie conversion sans abandon du péché.
Cependant, parce que le nouveau converti ignore ce
qu'est réellement le péché, ce que sont les exigences
de la sainteté de Dieu, et à quel point la puissance de
Jésus peut le rendre vainqueur, son renoncement au
péché n'est que partiel et superficiel. Quand il croît dans
la vie chrétienne, il éprouve le besoin d'être débarrassé
plus profondément et plus complètement de tout ce qui
n'est pas saint. Et c'est précisément quand s'affermit le
désir de demeurer en Christ de façon continue, d'être
toujours trouvé en lui, que l'âme est amenée à découvrir
la nécessité d'un nouvel acte de renoncement.
Par là, elle accepte tout à nouveau et ratifie sa mort au
péché en Christ et se sépare véritablement de tout ce
qui est péché. Elle se saisit, par la puissance de !'Esprit
de Dieu, de la merveilleuse faculté que nous possédons
de disposer de l'ensemble de notre avenir par un acte
de volonté : ne plus être asservi au péché, mais être tou-

1 14
jours et en toutes choses un esclave de la justice
(Romains 6 v. 1 7-18). Il le fait joyeusement car il est
convaincu que l'abandon de chaque péché est réelle­
ment un gain et ouvre une possibilité pour que coulent
en nous la présence et l'amour de Christ.
Quand nous nous sommes séparés de toute injustice,
il faut ensuite renoncer à notre propre justice.Tout en
combattant très sincèrement l'idée de valeur personnel­
le ou d'œuvres méritoires, il nous faut souvent beau­
coup de temps pour comprendre réellement ce que
signifie refuser au moi la moindre place ou le moindre
droit dans l'œuvre de Dieu. Inconsciemment, nous lais­
sons libre cours à l'action de nos pensées, de nos sen­
timents, de notre volonté propre, dans la présence de
Dieu.
Dans la prière et l'adoration, la lecture de la Bible, le
travail pour Dieu, au lieu de dépendre totalement de la
conduite du Saint-Esprit, on compte sur le moi pour réa­
liser un travail qu'il ne peut pas faire. Nous sommes
lents à apprendre cette leçon : " Ce qui est bon, n 'ha­
bite pas en moi, c 'est-à-dire dans ma chair »
( Romains 7 v. 1 8). Quand elle est apprise et que nous
voyons à quel point la corruption s'étend à tout ce qui
est naturel, nous voyons en même temps qu'il ne peut y
avoir entière habitation en Christ sans abandon total de
tout ce qui vient du moi dans notre piété. Il faut l'aban­
donner à la mort et s'attendre au souffle de l'Esprit, seul
capable de produire en nous ce qui est agréable au
regard de Dieu.
Puis, à nouveau, voici qu'intervient notre vie naturelle,
avec toutes les possibilités et les dons qui nous ont été
accordés par le Créateur, avec toutes les choses utiles

1 15
et intéressantes dont la Providence nous a entourés.
Quand nous nous sommes vraiment convertis, nous
avons eu le désir profond de consacrer tout cela au
Seigneur. Mais ce n'est pas suffisant. Le désir est bon,
mais il ne peut ni nous montrer la manière, ni nous don­
ner la force de le faire correctement.
On pense souvent que, du moment que nous sommes
enfants de Dieu, il s'ensuit tout naturellement que nos
dons vont être utilisés à son service. C'est faux et cette
idée a fait un tort considérable à l'approfondissement
spirituel de l'Église. Il nous faut pour cela une grâce
toute particulière. Et le chemin par lequel cette grâce
nous parvient est encore celui du sacrifice et de la red­
dition. Bien que je sois un enfant de Dieu, je peux
constater combien mes dons et mes possibilités sont
encore souillés par le péché et dominés par la chair.
Je dois me rendre compte qu'il m'est impossible de les
utiliser immédiatement à la gloire de Dieu. Il faut que je
les dépose d'abord aux pieds de Christ afin qu'il les
accepte et les purifie. Je dois me sentir absolument
incapable de les utiliser correctement. Je dois discerner
qu'ils présentent pour moi un grand danger car, au tra­
vers d'eux, la chair, la vieille nature, le moi, pourraient
facilement exercer leur puissance. Convaincu de cela, je
dois me séparer d'eux, les remettre entièrement au
Seigneur. Quand il les aura acceptés, qu'il aura mis son
sceau sur eux, je les recevrai à nouveau mais comme
étant sa propriété. Je pourrai compter sur lui pour me
donner la grâce de m'en servir correctement jour après
jour, de ne les employer que sous sa conduite.
Et là encore, l'expérience prouve que le sentier de
l'entière consécration est aussi le sentier du plein salut.

1 16
Non seulement ce que nous avons abandonné ainsi
nous est rendu pour nous appartenir doublement mais
après avoir renoncé à tout, nous recevons tout ! Nous
demeurons en Christ d'autant plus que nous renonçons
à tout pour le suivre. Dans la mesure où je regarde toute
chose comme une perte pour l'amour de Christ, je suis
trouvé EN LUI.
Le même principe s'applique à la plupart des occupa­
tions et des biens que Dieu nous a confiés. Ainsi en est­
il des filets de pêche sur la Mer de Galilée, des obliga­
tions domestiques de Marthe à Béthanie - la maison et
les amis de bien des disciples de Jésus. Jésus leur a
enseigné à tout abandonner véritablement pour lui. Ce
n'était pas un commandement arbitraire, mais l'applica­
tion normale d'une loi naturelle dans le royaume de sa
grâce : l'ancien occupant doit être chassé le plus parfai­
tement possible afin que le nouvel occupant puisse
prendre possession le plus complètement possible et
qu'il en résulte un total renouvellement intérieur.
Le principe a une application plus profonde encore.
Les dons vraiment spirituels, - dira+on - œuvre du
Saint-Esprit de Dieu en nous, ne doivent sûrement pas
être abandonnés et livrés ! Mais si, il le faut ! Donner et
recevoir est un processus vital qui ne doit jamais s'inter­
rompre. Dès que le croyant commence à se complaire
dans la jouissance de ce qu'il a reçu, il retarde l'écoule­
ment d'u ne grâce nouvelle et il y a menace de stagna­
tion. Le courant des eaux vives ne coule que dans une
âme vide et assoiffée.
Chaque expérience bénie que nous recevons comme
un don de Dieu doit immédiatement être redirigée vers
celui de qui elle vient, sous forme de louange, d'amour,

1 17
de sacrifice de soi, de service. Alors seulement elle nous
sera rendue, rafraîchie et embellie de l'épanouissement
céleste. N'est-ce pas la merveilleuse leçon que nous
enseigne le sacrifice d' Isaac sur le mont Morija ? N'est­
il pas le fils promis, la vie que Dieu avait donnée ? Le
don merveilleux de la toute puissance de celui qui
donne la vie aux morts ? ( Romains 4 v. 1 7) .
Et cependant il a fallu renoncer à lui, l e sacrifier afin
qu'il puisse être rendu, mille fois plus précieux qu'avant,
parce qu'il est devenu ainsi un des types du Fils unique
du Père, dont la vie pure et sainte devait un jour être
livrée, afin qu'il puisse la retrouver dans la puissance de
la résurrection et la faire partager à son peuple. Un type
aussi de ce qui se produit dans la vie de tout croyant
quand, au lieu de se satisfairs des expériences passées
ou de la grâce actuelle, il oublie et abandonne ce qui est
en arrière et tend vers ce qui est en avant, afin de saisir,
aussi pleinement que possible, Christ, notre vie
( Philippiens 3 V. 1 2- 1 3).
Ce renoncement à tout pour Christ, est-ce un pas uni­
que, l'expérience et le geste d'un instant, ou est-ce un
processus qui se renouvelle chaque jour, une approche
progressive ? Ce sont les deux à la fois. Il peut y avoir
un moment précis dans la vie du croyant où il découvre
pour la première fois, ou redécouvre plus profondément,
cette vérité bénie. Alors, par un acte de sa volonté
auquel le conduit la puissance de Dieu, il rassemble
toute sa vie et décide à ce moment de se placer sur l'au­
tel comme un sacrifice vivant et agréable à Dieu.
De tels moments ont souvent été le moyen de passer
d'une vie d'errance et de défaite à une vie dans la pré­
sence et la puissance de Dieu. Mais, même dans ce

1 18
cas, il faut, pour lui comme pour tous ceux qui n'ont pas
connu une telle expérience, que sa vie devienne une
prière incessante pour qu'il comprenne mieux la signifi­
cation de l'abandon total à Dieu, de l'offrande toujours
renouvelée de tout ce qu'il possède.
Croyant, si tu veux demeurer en Christ, voici la route
bénie. La nature recule devant un tel renoncement,
devant la croix et tout ce que son application totale
entraîne dans notre vie. Mais ce que la nature n'aime
pas et ne peut accomplir, la grâce le réalise et il en résul­
te une vie de joie et de gloire. Il suffit de s'en remettre à
Christ, le Seigneur. La puissance victorieuse de sa pré­
sence pénétrant en toi va transformer en joie l'abandon
de tout ce qui t'était le plus précieux auparavant.
« Au centuple, dans cette vie" ( Marc 1 0 v. 30). Ces
paroles du Maître deviennent vraies pour tous ceux qui,
le cœur rempli de foi, acceptent son ordre de tout aban­
donner. La rétribution bénie rendra bientôt l'abandon
encore plus béni. Et l'on verra alors que le secret d'une
vie dans l'intimité de Dieu est simplement ceci: quand je
me donne moi-même entièrement à Christ, je découvre
la puissance de le saisir entièrement pour moi.
Qua nd je perds à cause de lui tout ce que je s uis et
tout c e que j'a i, alors il me prend entièrement pour lui et
se donn e lui-même entièrement à moi.

119
17
DEMEUREZ EN CHRIST
PAR LE SAINT-ESPRIT

L'onction que vous avez reçue de lui


demeure en vous . . . demeurez en lui
comme elle vous l'a enseigné
(1 Jean 2 v. 2, 7).

Comme il est beau d'imaginer une vie où l'on demeu­


re constamment en Christ ! Plus nous y pensons, plus
cela nous attire. Et cependant ces précieuses paroles:
" Demeurez en moi» sont souvent accueillies par un
soupir quand c'est un jeune disciple qui les entend. Il
semble qu'il comprenne très mal ce que cela signifie
réellement, qu'il ne puisse guère réaliser comment on
peut parvenir à jouir pleinement de cette vie. Il a besoin
de quelqu'un qui puisse l'éclairer parfaitement et qui lui
rappelle sans cesse que cette communion est, en fait à
sa portée. S'il voulait seulement écouter ces paroles que
nous recevons de Jean aujourd'hui, quelle espérance et
quelle joie cela lui apporterait ! Nous y trouvons la divine
assurance que nous avons reçu l'onction du Saint-Esprit
pour nous enseigner toutes choses et pour nous ensei­
gner aussi comment demeurer en Christ.

12 1
Hélas, dira-t-on, ce verset ne me réconforte pas du
tout. Il ne fait que me décourager davantage car il parle
d'un autre privilège dont je n'ai guère la jouissance: je
ne comprends ni comment le Saint-Esprit enseigne, ni
où et comment je puis percevoir sa voix. Connaissant si
mal l 'enseignant, rien d'étonnant à ce que la promesse
de son enseignement sur le fait de demeurer en Christ
ne me soit pas d'un grand secours!
De telles pensées viennent d'une erreur très commu­
ne parmi les croyants. Ils s'imaginent que l'enseigne­
ment de l'Esprit doit révéler d'abord les mystères de la
vie spirituelle à leur intellect et après seulement dans
leur expérience. Or la voie de Dieu est exactement l'in­
verse. Ce qui est vrai de toute vérité spirituelle est parti­
culièrement vrai e:, ce qui concerne le fait de demeurer
en Christ. Il nous faut vivre et mettre en pratique la véri­
té afin de la connaître.
Une vie de communion avec Jésus est la seule école
qui nous enseigne les choses célestes. « Ce que je fais,
tu ne le sais pas maintenant, mais tu le comprendras
dans la suite» (Jean 1 3 v. 7). Cette parole a été dite
pour la première fois dans le contexte de la purification
quotidienne ; c'est là sa première application. Mais en
tant que loi du royaume, elle concerne aussi notre mar­
che spirituelle de tous les jours. Reçois ce que tu ne
peux pas saisir, soumets-toi à ce que tu ne peux pas
comprendre, accepte et espère ce qui ne te paraît pas
raisonnable, crois ce qui te semble impossible, marche
dans la voie que tu ne connais pas - telles sont les pre­
mières leçons de l'école de Dieu.
« Si vous demeurez dans ma parole. . . vous
connaÎtrez la vérité" (Jean 8 v. 31 -32) . Par ces paroles

1 22
et par bien d'autres, Dieu nous enseigne qu'il y a une
manière de penser et de vivre qui doit précéder la com­
préhension de la vérité . Être un vrai disciple du
Seigneur, c'est d'abord le suivre - et ensuite le connaî­
tre. S'abandonner avec foi à Christ, se soumettre à sa
Parole pour attendre ce qui nous semble tout à fait
improbable, c'est la seule voie qui nous conduise à la
pleine bénédiction de sa connaissance.
Ces principes prennent toute leur valeur en ce qui
concerne l'enseignement par le Saint-Esprit. Il nous
enseigne en guidant notre vie spirituelle profonde sans
que nous sachions toujours comment. Fort de la pro­
messe de Dieu, s'appuyant sur sa fidélité, le croyant se
soumet à la direction du Saint-Esprit, sans exiger que ce
qu'il va faire soit d'abord bien clair dans sa pensée. Il
consent à le laisser d'abord oeuvrer dans son âme et à
ne savoir qu'ensuite comment il a travaillé. La foi fait
confiance à !'oeuvre invisible du Saint-Esprit au plus pro­
fond de la vie intérieure. Ainsi la parole de Christ et le
don du Saint-Esprit garantissent bien assez au croyant
que l'Esprit lui enseignera à demeurer en Christ.
Par la foi, il se réjouit de ce qu'il ne voit pas ou ne sent
pas encore : il sait et il a l'assurance que !'Esprit béni,
au-dedans de lui, fait son oeuvre silencieusement mais
sûrement, le conduisant à demeurer pleinement en
Christ, dans une communion permanente. Le Saint­
Esprit est !'Esprit de vie en Jésus-Christ. Son travail
n'est pas simplement d'insuffler la vie en nous, mais
encore de nous faire croître et de nous fortifier, et ainsi
de rendre parfaite notre vie nouvelle. Quand le croyant
se soumet lui-même, par un acte de foi, à la loi de
l'Esprit qui, invisible mais sûre, agit en lui, alors et en

123
proportion, sa foi se transforme en connaissance. Il
reçoit en retour par la lumière de l'Esprit, la révélation
dans la Parole de ce que la puissance de l'Esprit a déjà
accompli dans sa vie.
Appliquons cela maintenant à la promesse selon
laquelle l'Esprit nous apprendra à demeurer en Christ.
Le Saint-Esprit est véritablement la merveilleuse puis­
sance de Dieu. Venant du cœur de Christ, il nous appor­
te la vie de Christ, il nous révèle et nous communique
Christ lui-même au-dedans de nous. L'expression "la
communion du Saint-Esprit » nous enseigne en quoi
consiste son œuvre principale. Il est le lien de commu­
nion entre le Père et le Fils : par lui ils sont un. Il est le
lien de communion entre les croyants : par lui ils sont un.
Par-dessus tout, il est le !ien de communion entre Christ
et les croyants. Il est la sève vivante qui fait croître le
cep et les sarments dans une unité réelle et vivante. Par
lui nous sommes un.
Nous pouvons être assurés de cela: si seulement
nous croyons à sa présence et à son action, si seule­
ment nous veillons à ne pas l'attrister, sachant qu'il est
en nous, si seulement nous prions et nous attendons à
être remplis par lui, alors il nous enseignera à demeurer
en Christ. Il guidera d'abord notre volonté pour que nous
nous attachions à Christ d'un cœur entier, puis il amène­
ra notre foi à une confiance et une attente toujours plus
grandes. Il insufflera en nos cœurs une paix et une joie
qui surpassent toute compréhension. C'est ainsi qu'il
nous apprendra à demeurer en Christ, sans que nous
sachions comment cela s'est fait.
Alors, pénétrant dans notre intelligence au travers de
notre cœur et de notre vie, il nous fera connaître la véri-

1 24
té - non seulement comme une vérité abstraite, mais
comme la vérité qui est dans le Christ Jésus, une lumiè­
re qui réfléchit dans notre pensée la réalité qu'il a déjà
accomplie dans notre vie. « La vie était la lumière des
hommes» (Jean 1 v. 4).
Dans la perspective de cet enseignement, on voit clai­
rement que, si nous voulons que l'Esprit nous guide
dans une vie de communion, notre premier besoin est
une foi paisible et tranquille. Au milieu de toutes les
incertitudes, de toutes les difficultés qui peuvent surgir
du fait de nos efforts pour demeurer en Christ - au
milieu du désir que nous éprouvons souvent d'être aidés
par un chrétien d'expérience - au milieu de la conscien­
ce pénible que nous avons bien souvent de nos défail­
lances, de nos ignorances, de nos impuissances, gar­
dons fermement cette assurance : nous possédons
l'onction de l'Esprit Saint qui nous enseignera à demeu­
rer en Christ.
« L'ONCTION que vous avez reçue de lui habite en
vous. . . demeurez en lui comme elle vous l'a ensei­
gné». Que votre foi s'applique tout spécialement à cet
enseignement que l'Esprit Saint nous donne quant à
notre habitation en Christ. Croyez que, aussi sûrement
que vous avez part avec Christ, vous avez part au Saint­
Esprit. Croyez qu'il accomplira son œuvre avec puissan­
ce pourvu que vous ne l'en empêchiez pas. Croyez qu'il
est à l'œuvre, même quand vous ne le discernez pas.
Croyez qu'il agira puissamment si vous le demandez au
Père.
Il est impossible de vivre une vie de totale habitation
en Christ sans être rempli du Saint-Esprit. Croyez que la
plénitude du Saint-Esprit est réellement votre partage

1 25
quotidien. Ayez soin de vous tenir sur le marchepied du
trône de Dieu et de !'Agneau. Prenez le temps de vous
y placer dans la prière. C'est là que coule le fleuve d'eau
de la vie (Apocalypse 22 v. 1 ). C'est là seulement que
vous pourrez être remplis du Saint-Esprit. Cultivez soi­
gneusement l'habitude quotidienne, constante même,
de l'honorer par l'assurance paisible, tranquille, qu'il réa­
lise son œuvre en vous.
Que la certitude qu'il demeure en vous, vous rende
vigilant contre tout ce qui pourrait l'attrister - que ce soit
l'esprit du monde ou les actions de la chair et du moi.
Que cette foi cherche sa nourriture dans la Parole et
dans tout ce qu'elle dit de !'Esprit, de sa puissance, de
ses consolations, de son travail. Par-dessus tout, que
cette foi dans la présence de !'Esprit en vous, vous
conduise tout particulièrement à regarder à Jésus.
C'est de lui que nous avons reçu l'onction et elle
découle de lui d'autant plus puissamment que nos pen­
sées sont tournées vers lui seul. Christ est l'Oint. Quand
nous regardons à lui, l'onction sainte coule « comme
l'huile la meilleure qui, répandue sur la tête
d'Aaron . . . descend sur le bord de ses vêtements"
( Psaume 1 33 v. 2). C'est la foi en Jésus qui apporte
l'onction, et l'onction conduit à Jésus pour demeurer en
lui, et en lui seul.
Croyant, demeure en Christ, dans la puissance de
!'Esprit. Qu'en penses-tu ? Cette habitation en Christ te
semble-t-elle encore quelque chose d'effrayant ou de
pesant ? Sûrement non. Oh, si seulement nous connais­
sions la grâce de notre saint Consolateur ! Si nous
savions quelle bénédiction apporte un abandon total à
sa direction, nous éprouvions alors le divin réconfort que

1 26
procure la certitude d'être gardés en Christ par un tel
Maître en toute sécurité. C'est à cette fin que le Saint­
Esprit nous a été donné: pour que la rédemption glo­
rieuse et la vie en Christ puissent nous parvenir et nous
être communiquées avec une puissance divine. Le
Saint-Esprit nous est donné afin que le Christ vivant,
avec toute sa puissance salvatrice, avec la plénitude de
sa victoire sur le péché, soit constamment présent au­
dedans de nous.
C'est en cela qu'il est le Consolateur: à cause de lui,
nous n'avons jamais besoin de mener deuil sur un
Christ absent. Par conséquent, chaque fois que nous
lisons, méditons, prions au sujet de notre habitation en
Christ, rappelons-nous comme une chose bien établie
que nous avons en nous l'Esprit de Dieu lui-même pour
nous enseigner, nous garder, nous façonner.
Réjouissons-nous dans la certitude que nos désirs se
réaliseront parce que le Saint-Esprit est constamment à
l'œuvre dans l'âme avec une puissance secrète mais
divine, si l'incrédulité n'entrave pas son action.

127
18
DEMEUREZ EN CHRIST
DANS LE REPOS DE L'ÂME

C'est dans le retour à Dieu et dans le repos


que sera votre salut,
c'est dans le calme et la confiance
que sera votre force
(Esaïe 30 v. 15).
Garde Je silence devant l'Eternel
et attends-toi à lui
(Psaume 37 v. 7).
Oui, c'est vers Dieu
que mon âme se tourne en silence
(Psaume 62 v. 2).

I l y a une manière de considérer la vie chrétienne qui


en fait une sorte d'association dans laquelle Dieu et
l'homme ont chacun leur part à faire. On admet que ce
qui revient à l'homme est peu de chose et que ce peu
est souillé par le péché, mais qu'il doit faire cependant
tout son possible et qu'alors seulement il peut s'attendre
à ce que Dieu fasse sa part. À ceux qui pensent ainsi, il
est très difficile de faire comprendre ce que !'Ecriture

129
veut dire quand elle nous enseigne à être calmes et ne
rien faire, à rester en repos et attendre le salut de Dieu.
Parler de se reposer, de cesser tout effort, et y voir le
secret de la plus haute activité d'un homme, avec toute
sa puissance, leur semble une contradiction absolue.
C'est pourtant ce que !'Ecriture enseigne. Voici l'expli­
cation de ce qui semble incompréhensible : quand on
parle d'une collaboration entre Dieu et l'homme, cela n'a
rien de commun avec la collaboration de deux partenai­
res humains qui effectuent chacun leur part de travail.
La relation est tout autre. Cette coopération se fonde en
réalité sur la subordination.
De même que Jésus dépendait entièrement du Père
pour tout ce qu'il disait et faisait, le croyant non plus ne
peut rien faire de lui-même. Tout ce qu'il pourrait faire de
lui-même n'est que péché. Il doit par conséquent cesser
complètement d'agir par lui-même et attendre que Dieu
agisse en lui. Tandis qu'il cesse de faire ses propres
efforts, la foi lui donne l'assurance que Dieu accomplit
ce qu'il a entrepris et travaille en lui.
Et l'œuvre de Dieu, c'est de renouveler, sanctifier,
réveiller toutes ses énergies au maximum de leur puis­
sance. Ainsi, dans l'exacte mesure où il s'abandonne
comme un instrument passif dans la main de Dieu, il
sera utilisé par Dieu comme un instrument actif de sa
puissance infinie. L'âme qui expérimente le plus profon­
dément ce qu'est la vie chrétienne est celle dans laquel­
le se réalise le plus complètement l'alliance merveilleu­
se entre une parfaite passivité et une intense activité.
Parmi les leçons qu'il faut enseigner à ceux qui veu­
lent apprendre l'art béni de demeurer en Christ, il n'y en

1 30
a pas de plus nécessaire et de plus fructueuse que celle
du repos de l'âme. Ce n'est que dans le repos que nous
pourrons cultiver cette réceptivité de l'esprit qui permet
au Seigneu r de nous révéler ses secrets - cette soumis­
sion à laquelle il montrera ses voies.
C'est cet esprit qui se manifeste avec tant de beauté
dans chacune des trois femmes appelées Marie. Tout
d'abord dans celle dont la seule réponse à la plus extra­
ordinaire révélation qui ait jamais été faite à un être
humain fut : " Voici la servante du Seigneur; qu'il me
soit fait selon ta parole » ( Luc 1 v. 38) et dont il est
écrit, tandis que les événements se multipliaient autour
d'elle: " Marie conservait toutes ces choses, et les
repassait dans son coeur » ( Luc 2 v. 1 9).
Ensuite dans cette autre Marie qui « s 'assit aux pieds
du Seigneur, et qui écoutait sa parole » ( Luc 1 O v. 39)
et qui, l'oignant pour sa sépulture (Jean 12 v. 7), montra
quelle avait pénétré dans le mystère de sa mort plus
profondément que le disciple bien-aimé lui-même.
Enfin dans cette troisième Marie enfin qui cherchait la
présence de son Seigneur jusque dans la maison du
pharisien, avec des larmes plus éloquentes que des
paroles ( Luc 7 v. 38).
Une âme qui se tient en silence devant Dieu, telle est
la meilleure préparation pour connaître Jésus et être
capable de saisir fermement les bénédictions qu'il nous
accorde. Quand l'âme se tait, dans l'adoration et le res­
pect silencieux, devant la sainte présence qui se révèle
en elle, alors elle entend la voix douce et paisible de
l'Esprit béni.

131
Par conséquent, mon frère bien-aimé, que chaque
première pensée soit : « Oui, mon âme, fais silence
devant Dieu ! Car de lui vient mon espérance»
( Psaume 62 v. 6). Désires-tu véritablement réaliser cette
merveilleuse union avec le cep céleste? Sache que "ni
la chair ni le sang ne peuvent te révéler cela mais
seulement le Père qui est dans les cieux» (Matthieu
1 6 v. 1 7). " Cesse d 'y appliquer ton intelligence»
(Proverbe 23 v. 4).
Il suffit que tu t'inclines, en confessant ton ignorance et
ton impuissance. Le Père céleste se réjouira de t'ensei­
gner par le Saint-Esprit. Si seulement tes oreilles sont
ouvertes, si tes pensées sont tenues dans la soumis­
sion, si ton coeur est préparé à s'attendre à Dieu en
silence, afin d'entendre quand i! te parler2, 3.lors il te
révélera ses secrets.
L'un des premiers secrets, ce sera une vision plus
approfondie de cette vérité: si tu te courbes profondé­
ment devant lui, reconnaissant ton néant et ton impuis­
sance, dans le silence et la tranquillité d'une âme qui
cherche à saisir le plus léger murmure de son amour,
alors tu recevras une connaissance que tu n'as jamais
pu obtenir auparavant dans le bruit et l'agitation de tes
pensées et de tes efforts propres. Tu apprendras à quel
point ton seul effort est d'écouter, d'entendre, de croire
ce qu'il a promis, de veiller, d'attendre, de voir ce qu'il
fait et puis, dans la foi, l'adoration et l'obéissance, de
t'abandonner à sa main qui travaille puissamment en toi.
On pourrait croire qu'il n'y a pas de message plus
beau et mieux accueilli que celui-ci: vous pouvez rester
dans la paix et le repos et votre Dieu travaillera pour
vous et en vous. Et cependant, c'est bien loin d'être le

1 32
cas! Combien il faut de temps à la plupart des chrétiens
pour apprendre que le repos est une bénédiction, que le
repos est une force, que le repos est la source d'une
activité intense, le secret d'une véritable habitation en
Christ! Essayons d'apprendre cela et veillons à écarter
tout ce qui pourrait y faire obstacle.
Nombreux sont les dangers qui menacent la paix de
l'âme. Il y a d'abord la dispersion de l'âme qui s'intéres­
se trop profondément et sans nécessité aux choses de
ce monde. Chacun de nous a un appel divin. Nous
avons le devoir de nous, intéresser à notre travail et à ce
qui en dépend, à l'intérieur d'un cercle établi par Dieu
lui-même. Mais, dans ce cercle même, le chrétien doit
user de vigilance et de sobriété.
Plus encore, nous avons besoin d'une sainte modéra­
tion au sujet des choses qui ne nous sont pas absolu­
ment imposées par Dieu. Si demeurer en Christ est vrai­
ment notre but essentiel, faisons attention à ne pas nous
passionner inutilement. Veillons, même en ce qui
concerne les choses normales et nécessaires, sachant
qu'elles ont la puissance d'occuper nos pensées à tel
point qu'il reste peu de place ou de goût pour la commu­
nion avec Dieu. Le soin et le souci des choses terrestres
entraînent aussi le trouble, l'anxiété. Tout cela ronge la
vie de la foi et l'âme devient comme une mer agitée où
l'on ne peut plus entendre le doux murmure de l'Esprit
consolateur.
Non moins nocif est l'esprit de crainte et de méfiance
quant aux choses spirituelles. Les appréhensions et les
efforts nous empêchent d'entendre ce que Dieu veut
nous dire. Par-dessus tout, il y a cette agitation qui pro­
vient de la recherche, par nos propres efforts et selon

133
nos propres voies, des bénédictions spirituelles qui ne
peuvent venir que d'en haut. Le cœur occupé de ses
propres plans, de ses propres résolutions pour accom­
plir la volonté de Dieu et s'approprier la bénédiction de
demeurer en Christ échouera toujours. Notre ingérence
est un empêchement à l'œuvre de Dieu. Il ne pourra
faire parfaitement son œuvre que lorsque notre âme
cessera de s'en mêler. Il agira puissamment dans l'âme
qui l'honore en s'attendant à lui pour produire le vouloir
et le faire ( Philippiens 2 v. 1 3).
En dernier lieu, même quand l'âme cherche réelle­
ment à entrer dans la voie de la foi, nous rencontrons
l'impatience de la chair qui juge de la vie et des progrès
spirituels, non d'après la mesure divine, mais selon u ne
mesure humaine.
A cause de cela et pour bien d'autres raisons encore,
béni soit l'homme qui apprend la leçon du repos et
accepte pleinement la Parole de Dieu: "C 'est dans le
calme et la confiance que sera votre force» (Esaïe
30 v. 15). Chaque fois qu'il écoute la parole du Père ou
qu'il demande au Père d'écouter ses propres paroles, il
n'ose commencer à lire sa Bible ou à prier sans obser­
ver d'abord un moment d'arrêt et d'attente jusqu'à ce
que son âme soit prosternée en présence de la Majesté
éternelle. Il sait bien que le moi est toujours prêt à s'af­
firmer et à s'introduire dans les moments les plus saints,
avec ses pensées et ses efforts.
Alors, sentant que Dieu est tout proche, il se soumet,
dans un acte de paisible abandon, à l'enseignement et
au travail de l'Esprit divin. En paix, il attend dans u n
saint silence, jusqu'à c e que tout soit calme e n lui et prêt
à recevoir la révélation de la présence et de la volonté

1 34
divines. Lire et prier, c'est alors vraiment pour lui s'atten­
dre à Dieu, les oreilles et le cœur ouverts et purifiés, afin
de recevoir pleinement ce qu'il va dire.
"Dem eurez en Christ». Que person ne ne s'imagine
pouvoir le faire s'il n'a pas, chaque jour, ce moment pai­
sible, ce temps de méditation et d'attente devant Dieu,
car c'est ainsi que le croyant pourra cultiver une attitude
de l'âme telle, qu'au milieu même du monde dont les
occupations absorbent son esprit, « /a paix de Dieu qui
surpasse toute intelligence pourra garder son coeur
et ses pensées» ( Philippiens 4 v. 7) .
C'est dans ce repos de l'âme que la vie de la foi peut
pousser de profondes racines, que le Saint-Esprit peut
dispenser son enseignement béni, que le Père peut
accomplir son œuvre glorieuse. Que chacun de nous
appren ne à répéter jour après jour " En vé rité, m on âm e
s e tient en s ilence devant Dieu». Et si nous ressentons
quelque difficulté à y parvenir, que ce soit une raison de
plus pour regarder à lui, pour faire confiance à celui dont
la présence change même la tempête en un grand
calme (Matthieu 8 v. 26).
Cultivez le repos comme l'un des moyens de demeu­
rer en Christ et le fruit que vous pouvez attendre de
cette habitation en Christ sera un calme céleste dans
votre âme, une paix de plus en plus profonde.

1 35
19
DEMEUREZ EN CHRIST
DANS LA PEINE ET DANS L'ÉPREUVE

Tout sarment qui porte du fruit,


il l 'émonde afin qu'il porte encore plus de fruit
(Jean 15 v. 2).

Dans tout le monde végétal, on ne trouverait pas d'ar­


bre qui don ne une image aussi fidèle de la relation de
l'homme avec Dieu , que la vigne. Il n'y en a aucun dont
le fruit et le jus soient aussi vivifiants, stimulants, remplis
d'esprit en q uelque sorte. Mais il n'en est aucun , d'autre
part, dont la tendance naturelle soit aussi foncièrement
mauvaise, aucun dont la croissance aboutisse si vite à
faire du bois qui ne peut servir à rien, sinon à être jeté
au feu. De toutes les plantes, aucune n'a besoin du
sécateur de façon aussi impitoyable et aussi incessan­
te. Aucune n'est aussi dépendante des soins de celui
qui la cultive, mais d'autre part, aucune n'assure au
vigneron une aussi riche rétribution de son travail.
Dans cette merveilleuse parabole, le Sauveur, d'un
simple mot, rappelle ce besoin de la vigne d'être émon­
dée et la bénédiction qui en résulte pour elle. Mais par
ce simple mot, quel fleuve de lumière se déverse sur ce
monde obscur, si rempli de souffrance et de tristesse
1 37
pour les croyants ! Quel trésor d'enseignement et de
réconfort, à l'heure de l'épreuve, pour le sarment bles­
sé : « Tout sarment qui porte du fruit, il l'émonde afin
qu'il porte encore plus de fruit». Son peuple est si
prompt, quand vient l'épreuve, à être ébranlé dans sa
confiance et à sortir de sa position en Christ. Pourtant
elle l'a préparé à reconnaître, dans chaque affliction, la
voix d'un messager venant l'inciter à demeurer encore
plus près de lui. Oui, croyant, dans les temps d'épreuve
plus particulièrement, demeure en Christ.
Demeurer en Christ ! Tel est véritablement le but du
Père quand il envoie l'épreuve. A force de tempêtes, l'ar­
bre enfonce plus profondément ses racines dans le sol.
Pendant l'ouragan, les habitants d'une maison restent à
l'intérieur et se réjouissent d'être à l'abri . Ainsi, par la
souffrance, le Père veut nous conduire à pénétrer plus
profondément dans l'amour de Christ. Nos coeurs sont
continuellement enclins à errer loin de lui. La prospérité
et la jouissance nous satisfont trop facilement. Elles
éteignent notre perception spirituelle et nous rendent
incapables d'une communion totale avec lui.
C'est à cause de sa miséricorde ineffable que le Père
s'approche de nous avec sa correction. Il rend le monde
qui nous entoure sombre et dépourvu d'attraits, il nous
conduit à ressentir plus profondément notre nature de
péché et à perdre pour quelque temps notre joie dans ce
qu'elle pouvait avoir de dangereux. Il le fait en espérant
que, lorsque nous aurons trouvé notre repos en Christ
pendant ce temps d'épreuve, nous aurons appris à choi­
sir pour unique privilège de demeurer en Christ. Quand
l'affliction se retirera, nous serons affermis en lui de telle
sorte que, dans la prospérité, il pourra demeurer notre
seule joie. Son coeur tient tellement à cela que, bien qu'il
1 38
n'ait aucun plaisir à nous attrister, Dieu ne nous épargne
pas le châtiment, si douloureux soit-il, s'il n'a que ce
moyen pou r ramener à la maison son enfant bien-aimé
et le faire demeurer dans son Fils bien-aimé. Chrétien,
prie en demandant la grâce de discerner, dans chaque
difficu lté grande ou petite, le doigt du Père qui te montre
Jésus et t'invite à demeurer en lui.
Demeure en Christ, alors tu auras part aux riches
bénédictions que Dieu a préparées pou r toi au travers
de l'affliction. Le dessein de la sagesse de Dieu devien­
dra clair pou r toi, ton assurance dans son amour immua­
ble se fortifiera et la puissance de son Esprit accomplira
en toi la promesse : " Dieu nous corrige pour notre
véritable intérêt, afin de nous faire participer à sa
sainteté » ( H ébreux 1 2 v. 1 0)
Demeu re en Christ et ta croix deviendra un moyen
d'être en communion avec sa croix, de pénétrer dans
son mystère - le mystère de la malédiction qu'il a portée
pour toi, de la mort au péché que tu as subie avec lui,
de l'amour avec lequel il prend part à tes douleurs , en
Souverain Sacrificateu r compatissant.
Demeure en Christ : si tu deviens plus conforme à ton
Seigneu r dans ses souffrances, une expérience plus
profonde de la réalité et de la tendresse de son amour
te sera donn ée.
Demeure en Christ : dans la fournaise tu verras,
comme jamais auparavant, l'homme dont l'aspect res­
semble à celui d'un fils des dieux (Daniel 3 v. 25). Les
scories seront éliminées, l'affinage de l'or sera accompli
et la ressemblance à Christ lui-même se reflétera en toi.
Oh, demeure en Christ : la puissance de la chair s'atté­
nuera , l'impatience et la volonté propre de ta vieille natu-

1 39
re seront rabaissées pour faire place à la douceur et à la
bonté de Christ. Un croyant peut passer au travers de
beaucoup d'afflictions et n'en retirer que peu de béné­
diction. Demeurer en Christ est le secret pour recueillir
tout ce que le Père désire que ce châtiment nous appor­
te.
Demeure en Christ : en lui tu trouveras ta consolation ,
certaine et abondante. Pour celui qui est affligé, la
consolation vient souvent en premier, le profit qui résul­
tera de l'affliction vient ensuite. Le Père nous aime de
telle façon que, pour lui, c'est notre profit réel et durable
qui est son premier objet, mais il n 'oublie pas non plus
de nous réconforter. Et quand il réconforte, c'est afin que
le cœur blessé se tourne vers lui et reçoive la bénédic­
tion de la communion quand il nous refuse le réconfort :
le but est toujours le même !
C'est en nous rendant participant de sa sainteté qu'il
nous apporte la véritable consolation. Le Saint-Esprit est
le Consolateur, non seulement parce qu'il nous suggère
des pensées réconfortantes concernant l'amour du
Père, mais beaucoup plus parce qu'il nous rend saints et
nous amène à une union intime avec Christ et avec
Dieu. Il nous enseigne à demeurer en Christ et, parce
que nous y trouvons Dieu, nous y trouvons aussi la véri­
table consolation.
En Christ le cœur du Père nous est révélé et il ne peut
pas y avoir de plus grand réconfort que de se reposer
dans le sein du Père. En lui, la plénitude de l'amour de
Dieu nous est révélée, alliée à la tendresse d'une com­
passion maternelle et quoi d'autre pourrait réconforter
comme cela ? En lui nous discernons qu'il nous est
donné mille fois plus que ce que nous avons perdu, que
Dieu nous a retiré juste ce qu'il fallait pour faire place à
140
ce qui est bien meilleur afin que nous le recevions de lui.
En lui la souffrance est sainte et devient l'avant-goût de
la gloire éternelle. Dans la souffrance, l'Esprit de Dieu,
l' Esprit de gloire vient reposer sur nous. Croyant, dési­
res-tu être consolé dans l'affliction? Demeure en Christ.
Demeure en Christ: ainsi tu porteras beaucoup de
fruit. Dès qu'une vigne est plantée, son propriétaire
pense au fruit, rien qu'au fruit. D'autres arbres peuvent
être plantés pour servir d'ornement, donner de l'ombre,
fournir du bois. Mais pour la vigne, c'est uniquement
pour le fruit.
Pour chaque plant le vigneron se demande sans
cesse comment il pourrait produire davantage de fruit,
beaucoup de fruit. Croyant, demeure en Christ au temps
de l'affliction et tu produiras davantage de fruit! Une
expérience plus profonde de l'amour de Christ et de la
tendresse du Père te pressera de vivre pour la gloire de
Dieu. Le renoncement à toi-même et à ta volonté propre
dans la correction que tu vis va t'assouplir et te rendre
capable de devenir, comme Jésus l'était, le serviteur de
tous. En t'émondant, le Père manifeste qu'il attend du
fruit de toi, et cette pensée va te conduire à te consacrer
à lui, à nouveau et plus que jamais, à déclarer que tu
n'as plus qu'un but dans la vie: faire connaître aux hom­
mes son merveilleux amour et le leur transmettre.
Tu apprendras l'art béni de t'oublier toi-même et d'in­
tercéder pour le bien des autres, au sein même de l'af­
fliction, tirant justement parti de ce que tu te trouves en
marge de la vie courante. Chrétien, dans l'affliction,
demeure en Christ. Quand tu la vois s'approcher, sois
en Christ pour la rencontrer. Quand elle est là, prends
conscience de ce que tu es davantage en Christ qu'en

141
elle, car le Seigneur est plus près de toi qu'aucune
épreuve ne pourra jamais l'être. Quand elle s'éloigne,
continue à demeurer en lui. Que l'unique pensée du
Sauveur quand il parle d'émondage, le seul désir du
Père quand il le réalise soient aussi les tiens: tout sar­
ment qui porte du fruit, il l'émonde, afin qu'il porte enco­
re plus de fruit.
Alors le temps de ton affliction deviendra une période
de bénédiction toute spéciale, de préparation à une
fécondité accrue. Ainsi, tu seras un vase purifié, utile à
son M aître, propre à toute oeuvre bonne (2 Timothée
2 v. 2 1 ). Tu seras conduit à une communion plus étroite
avec le Fils de Dieu et une expérience plus profonde de
son amour et de sa grâce. Tu seras établi dans l'assu­
rance bénie que, lui et toi, vous appartenez l'un à l'au­
tre. Tu seras plus complètement satisfait par lui et plus
entièrement livré à lui que jamais auparavant ta propre
volonté crucifiée tout à nouveau, et ton coeur en plus
parfaite harmonie avec la volonté de Dieu.
Croyant sincère, efforce-toi d'apprendre cette vérité
bénie: dans l'affliction le premier, le seul appel, l'appel
béni qu'il t'adresse c'est: demeure en Christ, da vantage
en Christ, en lui s eul. Méfie-toi des consolations et des
distractions que les amis apportent si souvent. Que
Jésus-Christ lui-même soit ton principal compagnon et
ton réconfort. Réjouis-toi dans la certitude qu'une union
plus intime avec lui et un fruit plus abondant au travers
de lui seront le résultat assuré de l'épreuve que tu tra­
verses, parce que c'est le vigneron lui-même qui t'émon­
de et qui accomplira sûrement le désir de l'âme qui
s'abandonne avec amour à l'oeuvre qu'il est en train
d'accomplir.

142
20
DEMEUREZ EN CHRIST
AFIN DE PORTER
BEAUCOUP DE FRUIT

Celui qui demeure en moi, comme moi en lui,


porte beaucoup de fruit. . .
Mon Père est glorifié en ceci :
que vous portez beaucoup de fruit.
(Jean 15 v. 4,8).

Vous savez tous ce qu'est le fruit. C'est le produit de


la branche par lequel les hommes sont désaltérés et
nourris. Le fruit ne sert pas à la branche mais à ceux qui
viennent le cueillir. Aussitôt que le fruit est mûr, la bran­
che l'abandonne, commence à nouveau son bienfaisant
travail, se met à préparer le fruit de la saison prochaine.
Un arbre fruitier ne vit pas pour lui-même mais pour
ceux à qui son fruit apporte le rafraîchissement et la vie.
De même la branche n'existe qu'en vue du fruit. Rendre
heureux le cœur du vigneron, tel est son but, sa sécuri­
té et sa gloire.
Quelle belle image du croyant qui demeure en Christ !
Il ne se contente pas de croître en force, son union avec
le cep devenant de plus en plus solide et sûre, mais
143
encore il porte du fruit, et même beaucoup de fruit. Il a
la possibilité de l'offrir aux autres, afin qu'ils puissent en
manger et en vivre. Au milieu de ceux qui l'entourent, il
ressemble à un arbre de vie auquel ils peuvent venir
goûter et qui les désaltère. Dans son environnement, il
est un centre de vie et de bénédiction, et cela tout sim­
plement parce qu'il demeure en Christ, qu'il reçoit de lui
! 'Esprit et la vie qu'il peut ensuite faire partager aux
autres.
Apprenez donc, si vous désirez apporter aux autres
une bénédiction, à demeurer en Christ car, si vous
demeurez en lui, vous deviendrez certainement une
bénédiction. Aussi vrai qu'une branche appartenant à un
cep fécond porte du fruit, aussi sûrement plus sûrement
même une âme demeurant en Christ, source inépuisa­
ble de bénédiction, deviendra elle-même bénédiction.
Il est facile d'en comprendre la raison. Quand Christ,
la vign e céleste, a fait du croyant un de ses sarments,
alors il s'est engagé, par la nature même des choses, à
lui fournir la sève, la vie, la nourriture qui lui permettront
de produire du fruit. « C'est de moi que vient ton fruit "
(Osée 1 4 v. 9). Ces paroles donnent un sens nouveau à
notre parabole. Une seule chose est nécessaire à
l'âme: demeurer en Christ, étroitement, complètement,
totalement. C'est lui qui donne le fruit. Il fournit au
croyant tout ce qu'il lui faut pour qu'il devienne une
bénédiction.
En demeurant en lui, tu reçois de lui son esprit
d'amour, de compassion à l'égard des pécheurs et cet
esprit va te rendre désireux de rechercher leur bien. Par
nature, le coeur est rempli d'égoïsme. Même chez le
croyant, son propre salut et son bonheur sont trop sou-

1 44
vent sa seule préoccupation. Mais lorsque vous demeu­
rez en Jésus, vous entrez en contact avec son amour
infini son feu commence à brûler dans votre coeur, vous
découvrez la beauté de l'amour. Vous apprenez à consi­
dérer le fait d'aimer, de servir, de sauver les autres hom­
mes comme le plus grand privilège que puisse avoir un
disciple de Jésus.
Lorsque vous demeurez en Christ, votre coeur
apprend à ressentir la détresse du pécheur qui est enco­
re dans les ténèbres et la gravité de l'injure qui est faite
à votre Dieu. Avec Christ vous commencez à porter le
fardeau des âmes, le fardeau de péchés qui ne sont pas
les vôtres. Dans la mesure où vous êtes plus étroite­
ment uni à lui, un peu de cette passion qui l'a conduit au
calvaire commence à vous soulever et vous voici prêt à
suivre ses pas, à renoncer à la quiétude de votre propre
bonheur, et à consacrer votre vie à gagner les âmes que
Christ vous a appris à aimer. Le véritable esprit de la
vigne, c'est l'amour. L'esprit d'amour coule dans le sar­
ment qui lui demeure attaché.
Le désir d'être une bénédiction n'est que le commen­
cement. Dès que vous vous mettez au travail, vous pre­
nez conscience de votre faiblesse et des difficultés du
chemin. Les âmes ne sont pas sauvées à votre deman­
de. Vous voilà prêt à vous décourager et à relâcher votre
effort. Mais si vous demeurez en Christ, vous allez rece­
voir à nouveau le courage et la force pour travailler.
Parce que Christ l'enseigne, vous croyez que c'est L U I
qui, à travers vous, donne s a bénédiction a u monde.
Vous savez bien que vous n'êtes qu'un faible instrument
par lequel la puissance cachée de Christ fait son oeuvre.
Sa force s'accomplit dans votre faiblesse et cette oeuvre

145
en est glorifiée. Un grand pas est accompli quand le
croyant accepte sa propre faiblesse et en a constam­
ment conscience, mais pourtant continue à travailler
fidèlement, dans la pleine certitude que son Seigneur
est à l'œuvre à travers lui. Il se réjouit de ce que l'effica­
cité de la puissance vienne de Dieu et non de lui.
Sachant qu'il est un avec son Seigneur, il ne s'occupe
plus de sa propre faiblesse mais il compte sur la pro­
messe de celui qui agit en lui de façon cachée mais cer­
taine. C'est cette certitude secrète qui donne tant de
rayonnement à son aspect, tant de douce fermeté au
son de sa voix, une telle persévérance dans ses efforts,
choses qui par elles-mêmes contribuent efficacement à
influencer ceux qu'il cherche à gagner. Il va de l'avant
dans l'état d'esprit de celui qui est sûr de la victoire:
"Car voici la victoire qui triomphe du monde : notre
foi» ( 1 Jean 5 v. 4).
Il ne considère plus comme un acte d'humilité de dire
que Dieu ne peut pas bénir ses misérables efforts. Il
réclame la bénédiction et il compte sur elle parce que ce
n'est pas lui qui travaille mais Christ en lui. En demeu­
rant en Christ, nous apprenons un grand secret: nous
acquérons la conviction profonde que nous ne sommes
rien et qu'il est tout. Quand nous savons cela, nous pou­
vons croire, sans que cela nous semble paradoxal, que
notre faiblesse n'est pas un obstacle à sa puissance sal­
vatrice.
Le croyant qui s'abandonne entièrement au service de
Christ dans un esprit de confiance simple, enfantine,
produira assurément beaucoup de fruit. Il n'aura pas
peur de proclamer qu'il croit à cette merveilleuse pro­
messe : " Celui qui croit en moi fera, lui aussi, les

1 46
oeuvres que moi je fais, et il en fera de plus grandes
parce que je m'en vais vers le Père" (Jean 1 4 v. 12).
Il ne s'imagine plus qu'il ne puisse pas recevoir de
bénédiction et qu'il faille rester stérile afin de demeurer
humble. Il constate que ce sont les branches les plus
chargées de fruits qui s'inclinent le plus bas. Demeurant
en Christ, il a donné son plein accord à la convention
passée entre le cep et les sarments: toute la gloire du
fruit revient au vigneron, au Père béni.
Nous avons deux leçons à apprendre. La première est
que si nous demeurons en Christ, mettons-nous au tra­
vail. Cherchons d'abord à exercer notre influence sur
ceux qui nous entourent dans la vie quotidienne.
Acceptons clairement et joyeusement le saint appel qui
nous est adressé de vivre dès maintenant au service de
l'amour de Jésus envers les hommes, nos compagnons.
L'objet de notre vie quotidienne doit être de disposer
favorablement le cœur des gens à l'égard de Jésus.
Quand on regarde un sarment, on voit immédiatement
qu'il ressemble à la vigne. Il nous faut vivre de telle
façon que la sainteté et la douceur de Jésus rayonnent
de nous en quelque mesure. Il nous faut vivre pour être
son représentant. Comme il le fit quand il était sur la
terre, la vie doit préparer la voie de l'enseignement.
L'Eglise et le monde ont, tous deux, besoin d'hommes et
de femmes remplis du Saint-Esprit et d'amour qui, étant
l'incarnation de la grâce et de la puissance de Christ,
témoignent de lui et de la puissance qu'il déploie en
faveur de ceux qui croient en lui.
Si nous vivons ainsi, désirant de tout notre cœur que
Jésus soit glorifié dans les âmes qu'il cherche, offrons-

1 47
nous à lui pour un travail immédiat. Il y a du travail dans
notre propre maison. Il y a du travail parmi les malades,
les pauvres, les marginaux. Il y a du travail dans des
centaines de directions que l'Esprit de Christ ouvre
devant ceux qui lui permettent de les guider. Il y a peut­
être du travail pour nous dans une direction où person­
ne ne s'est encore engagé. Nous demeurons en Christ,
donc nous devons travailler. Ne travaillons pas à la
façon de ceux qui se contentent de ne pas suivre la
mode ou de prendre une petite part à quelque œuvre
religieuse. Non, travaillons comme étant de ceux qui
croissent à la ressemblance de Christ parce qu'ils
demeurent en lui, de ceux pour qui, comme pour lui,
gagner des âmes pour le Père c'est déjà la joie et la gloi­
re du ciel sur cette terre.
Et voici la seconde leçon: si tu es au travail, demeure
en Christ. L'une des bénédictions du travail accompli
dans le véritable esprit, c'est qu'il dépend étroitement de
notre union avec notre Seigneur béni. Le travail te fait
découvrir ta faiblesse et te précipite vers sa force. Il va
te stimuler à prier davantage. Lorsque, s'oubliant soi­
même on prie pour les autres, c'est alors que l'âme croît
inconsciemment dans la profondeur de Christ. Ce qu'est
la véritable nature de la vie d'un sarment va devenir plus
claire pour toi: sa dépendance absolue et en même
temps sa glorieuse plénitude, son indépendance à
l'égard de toute autre chose parce quelle dépend de
Jésus.
Si tu es au travail, demeure en Christ. Il y a des tenta­
tions et des dangers. Il arrive que le travail pour Christ
éloigne de Christ et prenne la place de la communion
avec lui. Le travail peut parfois conduire à une sorte de

1 48
piété sans puissance. Si tu travailles, demeure en
Christ. Crois que Christ travaille en toi et que cette foi
vivante soit la source secrète de toute ton activité. Cela
te donnera humilité et courage tout à la fois. Que le
Saint-Esprit de Jésus habitant en toi soit l'Esprit de sa
tendre compassion et de sa divine puissance.
Demeure en Christ et offre-lui librement et sans réser­
ve toutes les facultés que tu possèdes afin qu'il les
sanctifie pour lui. Si Jésus est réellement à l'œuvre au
travers de nous, il faut que notre consécration soit entiè­
re et chaque jour renouvelée. Comprenons donc main­
tenant que c'est cela demeurer en Christ. C'est cela qui
est notre merveilleux privilège et notre bonheur.
Être un sarment portant beaucoup de fruit - rien de
moins, rien de plus - que cela soit notre seule joie.

149
21
DEMEUREZ EN CHRIST
AFIN D'A VOIR DE LA PUISSA NCE
DANS LA PRIÈRE

Si vous demeurez en moi


et que mes paroles demeurent en vous,
demandez tout ce que vous voudrez,
et cela vous sera accordé
(Jean 15 v. 7).

La prière est à la fois l'un des moyens et l'un des fruits


de notre union avec Christ. En tant que moyen , son
importance est incommensurable. Tout ce qui concerne
la foi, tous les élans de nos désirs, tous nos soupirs vers
un plus parfait abandon, tous nos aveux d'échecs ou de
péché, tous les efforts de l'âme pour abandonner le moi
et s'attacher à Christ - tout trouve son expression dans
la prière.
Dans chaque méditation sur le fait de demeurer en
Christ, nous avons pu saisir quelque nouvel aspect de
ce que !'Ecriture nous enseigne concernant cette vie
bénie. Et à chaque fois, le premier mouvement du
croyant est de se tourner vers le Père, d'épancher son
cœ.Jr dans le sien et de lui demander une pleine com-
1 51
préhension et une pleine appropriation de ce qu'on lui a
fait apercevoir dans la Parole. Le croyant qui va vérita­
blement croître et se fortifier en Christ, est celui qui ne
se contente pas d'exprimer tout simplement son espé­
rance mais qui prend le temps d'attendre, en secret,
dans la prière, jusqu'à ce qu'il ait reçu et saisi ce qu'il a
découvert.
Si une âme habite en Christ, si imparfaitement que ce
soit, sa prière sera entendue et elle trouvera dans la
prière l'un des meilleurs moyens d'y demeurer plus
abondamment. Mais ce n'est pas seulement un moyen.
Le Seigneur en parle aussi, dans la parabole de la
vigne, comme fruit de notre habitation en lui. Il ne pense
pas tellement à la prière - ce qu'hélas nous faisons trop
souvent - comme moyen d'obteni r une bénédiction pour
nous-mêmes, mais comme étant l'un des canaux par
lesquels les bénédictions de la rédemption vont être
déversées sur le monde, au travers de nous qui som­
mes ouvriers avec Dieu.
En plaçant devant lui et devant nos yeux la gloire du
Père par l'extension de son royaume, il nous montre
pour quelle raison il a fait de nous des sarments et il
nous certifie que, si seulement nous demeurons en lui,
nous sommes des « Israël », vainqueurs dans la lutte
avec Dieu et avec les hommes (Genèse 32 v. 29). Notre
prière sera la prière agissante du juste, d'une grande
efficacité, comme celle d'Elie en faveur de sa nation infi­
dèle (Jacques 5 v. 1 6, 1 7). Une telle prière est le fruit de
notre habitation en Christ et le moyen pour nous de por­
ter beaucoup de fruit.
Chez le chrétien qui ne demeure pas pleinement en
Jésus, les difficultés liées à la prière sont parfois telles

1 52
qu'elles le privent, du réconfort et de la force que la priè­
re pourrait lui apporter. Avec une apparence d'humilité,
il se demande comment quelqu'un d'aussi indigne que
lui pourrait avoir quelque influence sur le Dieu Très
Saint. Il pense à la souveraineté de Dieu, à la perfection
de sa sagesse et de son amour et il ne voit pas com­
ment sa prière pourrait jamais avoir quelque effet réel. Il
prie, mais c'est surtout parce que, sans la prière, il n'a
pas le repos. Il ne prie pas avec amour et foi en l'exau­
cement de sa prière.
Mais l'âme qui vraiment demeure en Christ est déli­
vrée de toutes ses questions et perplexités. Quelle
bénédiction! Elle comprend de mieux en mieux que, si
nous sommes acceptés et écoutés, c'est parce que
nous sommes en réalité spirituellement un avec Christ.
L'union avec le Fils de Dieu est une union vivante: nous
sommes littéralement un avec lui et notre prière monte
à Dieu comme si c'était sa prière. C'est parce que nous
demeurons en lui que nous pouvons demander ce que
nous voulons et que cela nous est donné.
Il y a beaucoup de raisons pour qu'il en soit ainsi.
L'une d'elles est que, si nous demeurons en Christ et
que ses paroles demeurent en nous, nous apprenons à
prier en accord avec la volonté de Dieu. Dans cette
habitation en Christ, notre volonté propre est maîtrisée,
les pensées et les désirs naturels sont rendus captifs
des pensées et désirs de Christ. Notre esprit devient de
plus en plus semblable à l'esprit de Christ. Tous nos
vouloirs et faire s'harmonisent avec les siens. Notre
cœur se sonde souvent à nouveau lui-même pour véri­
fier si la soumission est vraiment totale. Notre prière fer­
vente à !'Esprit qui sonde les cœurs, c'est que rien ne

153
soit conservé par devers nous. Tout est livré à la puis­
sance de sa vie en nous afin qu'il puisse, par son
influence, sanctifier jusqu'aux désirs et aux souhaits les
plus ordinaires. Son Esprit Saint souffle sur tout notre
être et, sans que nous sachions comment, nos désirs,
tels le souffle de la vie divine, sont en conformité avec la
volonté de Dieu et sont exaucés. Demeurer en Christ
renouvelle et sanctifie notre volonté: nous demandons
ce que nous voulons et cela nous est accordé.
Voici une autre pensée en relation avec la première:
le croyant qui demeure en Christ apprend à ne recher­
cher dans la prière que la gloire de Dieu. Quand il pro­
met d'exaucer la prière, la seule pensée de Christ est
celle-ci (voir Jean 1 4 v. 1 3): que le Père soit glorifié dans
la Fils. Quand il intercède sur terre (Jean 1 7), c'est aussi
son unique désir, sa seule requête. Quand il intercède
au ciel, c'est toujours ce qu'il a en vue. Quand le croyant
demeure en Christ, le Sauveur insuffle ce désir en lui.
Cette pensée: POUR LA SEULE GLOIRE DE DIEU
devient la dominante d'une vie cachée en Christ.
Tout d'abord, l'âme subjuguée, apaisée, redoute pres­
que d'éprouver un désir, de peur qu'il ne soit pas à la
gloire de Dieu. Mais quand la royauté de Christ a été
acceptée, que tout lui a été soumis, cette suprématie se
manifeste puissamment pour élever et élargir notre
cœur, lui faire découvrir le vaste champ qui nous est
ouvert pour glorifier Dieu. Quand nous demeurons en
Christ, l'âme apprend, non seulement à désirer mais
aussi à discerner .spirituellement ce qui servira à la gloi­
re de Dieu.
La première condition pour que notre prière soit
agréée est remplie lorsque notre pensée tout entière est

1 54
en harmonie parfaite avec celle du Fils de Dieu disant :
« Père, glorifie ton nom». Tel est le fruit de notre union
avec Christ.
Plus encore, c'est en demeurant en Christ que nous
pouvons vraiment nous prévaloir du nom de Christ.
Demander au nom de quelqu' un d'autre signifie que
cette personne m'y a autorisé, qu'elle m'a envoyé
demander quelque chose et veut être considérée
comme demandant elle-même : c'est elle qui désire ce
que nous demandons. Bien souvent les croyants
essayent de penser au nom de Jésus et à ses mérites
afin de se persuader eux-mêmes qu'ils vont être exau­
cés, tout en ressentant douloureusement qu'ils ont bien
peu de foi en son nom. Ils ne vivent pas pleinement
dans le nom de Jésus.
C'est seulement quand ils commencent à prier qu'ils
cherchent à s'emparer de ce nom pour s'en servir. Cela
ne peut se faire. La promesse : « Tout ce que vous
demanderez en mon nom» (Jean 1 4 v. 1 3) ne peut pas
être séparée du commandement : « Quoique vous fas­
siez, faites tout au nom du Seigneur Jésus» (Colos­
siens 3 v. 17). Pour pouvoir disposer entièrement du
nom de Christ afin de m'en réclamer pour tout ce que je
désire, il faut nécessairement que je me sois d'abord
mis moi-même entièrement à sa disposition pour qu'il
me gouverne librement et totalement.
C'est le fait de demeurer en Christ qui donne le droit
d'utiliser son nom avec confiance et d'en voir la puissan­
ce. À Christ, le Père ne refuse rien. Quand je demeure
en Christ, je viens au Père en étant un avec lui. Sa jus­
tice est en moi, son Esprit est en moi, le Père voit le Fils
en moi et accède à ma demande. Ce n'est pas - comme

155
beaucoup le pensent - par une sorte d'attribution que le
Père nous regarde comme si nous étions en Christ alors
que nous ne le serions pas. Non, le Père veut nous voir
vivre en lui. C'est alors que notre prière aura réellement
de la puissance et comptera pour quelque chose. Le fait
de demeurer en Christ, non seulement renouvelle notre
volonté et nous amène à prier de la bonne façon, mais
encore nous assure la possession totale de ses mérites.
Ajoutons encore ceci : demeurer en Christ produit en
nous la foi qui seule peut obtenir une réponse : « Qu'il
vous soit fait selon votre foi» (Matthieu 9 v. 29) , telle
est l'une des lois du royaume. « Croyez que vous
l'avez reçu et cela vous sera accordé» (Marc
1 1 v. 24). La foi repose sur la Parole et s'y enracine,
mais c'est quelque chose de très supérieur à un simple
raisonnement logique: Dieu a promis, donc j'obtiendrai.
Non, la foi est un acte spirituel qui dépend de paroles
habitant en nous comme une puissance vivante. Elle est
liée à l'état de toute notre vie intérieure.
Sans le jeûne et la prière (Marc 9 v. 29), sans l'humili­
té et la vie spirituelle (Jean 5 v. 44), sans une application
de tout le coeur à faire ce qui lui est agréable ( 1 Jean
3 v. 22), il ne peut y avoir cette foi vivante. Mais quand
l'âme demeure en Christ et que grandit la conscience de
son union avec lui, qu'elle découvre à quel point c'est
par lui seul qu'elle-même et sa prière peuvent être
agréées de Dieu, alors elle ose réclamer l'exaucement
parce qu'elle sait n'être qu'un avec lui. C'est par la foi
qu'elle a appris à demeurer en lui, et si elle peut accé­
der à une foi plus grande en tout ce que Dieu a promis
d'être et de faire, c'est encore là un fruit de cette foi. Elle
apprend à murmurer sa prière avec une certitude pro-

1 56
fonde, paisible, confiante : "Nous savons que nous
possédons ce que nous lui avons demandé» ( 1 Jean
5 V. 1 5).
D'autre part, demeurer en Christ nous maintient sur le
terrain où l'exaucement peut nous être accordé.
Certains croyants demandent la bénédiction avec fer­
veur mais, quand Dieu vient les chercher pour les bénir,
il ne les trouve plus. Il ne leur est jamais venu à l'idée
qu'il ne suffit pas de demander une bénédiction mais
qu'il faut l'attendre et la recevoir dans la prière.
Demeurez en Christ, c'est là que vous recevrez
l'exaucement. Hors de lui, cela pourrait être un danger
pour nous : nous pourrions tout dépenser pour nos pas­
sions (Jacques 4 v. 3). La plupart des riches exauce­
ments : grâces spirituelles, puissance pour travailler et
pour être en bénédiction à d'autres, ne peuvent venir
que sous forme d'une expérience plus profonde de ce
que Christ a été fait pour nous, de par Dieu.
La plénitude est EN LUI. Demeurer en Christ est la
condition de la puissance dans la prière parce que
l'exaucement est conservé précieusement pour être
accordé en lui.
Croyant, demeure en Christ, car c'est là l'école de la
prière, de la prière puissante, efficace, suivie d'exauce­
ment. Demeure en lui et tu apprendras ce qui est caché
à tant d'autres.
Le secret de la prière de la foi, c'est la vie de la foi, une
vie qui réside en Christ seul.

1 57
22
DEMEUREZ EN CHRIST
ET DA NS SON AMOUR

Comme le Père m 'a aimé,


moi aussi, je vous ai aimés.
Demeurez dans mon amour
(Jean 15 v. 9).

Seigneur béni, éclaire nos yeux pour que nous puis­


sions discerner combien ces merveilleuses paroles sont
glorieuses. Tandis que nous méditons, ouvre-nous la
chambre secrète de TON AMOUR. Que nos âmes y
pénètrent et découvrent que c'est là leur demeure éter­
nelle. Comment pourrions-nous connaître autrement la
moindre parcelle de cet amour qui surpasse toute
connaissance? Avant de prononcer les paraboles qui
nous invitent à demeurer dans son amour, le Sauveur
nous dit d'abord de quel amour il s'agit. Et ce qu'il en dit
va donner encore plus de force à son invitation et rendre
difficile l'idée même de la refuser: « Comme le Père
m 'a aimé, moi aussi, je vous ai aimés ! ». Comme le
Père m 'a aimé ! Nous ne sommes pas capables de nous
représenter exactement cet amour. Seigneur, enseigne­
nous!

1 59
Dieu est amour. L'amour est son être même. L'amour
n'est pas un attribut mais l'essence même de sa nature,
le centre autour duquel gravitent tous ses autres attri­
buts glorieux. C'est parce qu'il est amour qu'il est le Père
et qu'il y a un Fils.
Il faut à l'amour un objet auquel il puisse se donner,
dans lequel il puisse se perdre, avec lequel il puisse ne
faire qu'un. Parce que Dieu est amour, il faut qu'il y ait
un Père et un Fils. L'amour du Père pour le Fils est cette
tendresse divine par laquelle il se réjouit dans le Fils et
déclare: « Celui-ci est mon Fils bien aimé en qui j'ai
mis toute mon affection» (Matthieu 3 v. 1 7).
L'amour divin est un feu ardent. Dans toute son inten­
sité, son infinitude, il n'a qu'un unique objet, qu'une uni­
que joie: le Fils unique. Quand nous considérons l'en­
semble tous les attributs de Dieu, son infinitude, sa per­
fection, son immensité, sa majesté, sa toute puissance
et que nous voyons en eux comme les rayons de gloire
de son amour, il manque toujours quelque chose dans
la conception que nous pouvons avoir de ce que peut
être cet amour, car c'est un amour qui surpasse toute
connaissance.
Et pourtant, ô mon âme, cet amour de Dieu pour son
Fils est le miroir dans lequel tu peux apprendre ce qu'est
l'amour de Jésus pour toi. Puisque tu es un de ses
rachetés, tu fais ses délices et tous ses désirs vont vers
toi, avec l'ardeur d'un amour qui est plus fort que la
mort, avec une soif que beaucoup d'eau n'arriverait pas
à étancher ( Cantique 8 v. 6,7). Son cœur te cherche,
désirant ta communion et ton amour. S'il le fallait, il pour­
rait mourir à nouveau pour te posséder. Comme le Père
aime le Fils, ne pourrait vivre sans lui, ne pourrait être le

1 60
Dieu bienheureux sans lui, c'est ainsi que Jésus t'aime.
Sa vie est liée à ta vie. Tu es pour lui infiniment plus
nécessaire et précieux que tu ne puis l'imaginer. Tu es
un avec lui. « Comme le Père m 'a aimé, moi aussi je
vous ai aimés"· Quel amour !
C'est un amour éternel. Dès avant la fondation du
monde - c'est la Parole de Dieu qui nous l'enseigne - le
dessin que Dieu s'était proposé, c'est que Christ soit la
tête de l'Eglise et qu'il ait un corps dans lequel sa gloire
soit manifestée ( Ephésiens 1 v. 4, 12). De toute éternité,
le Fils aime et désire ceux qui lui ont été donnés par le
Père et quand, venu sur terre, il dit à ses disciples qu'il
les aime, il ne s'agit pas d'un amour terrestre et tempo­
rel, mais d'un amour enraciné dans l'éternité. C'est avec
ce même amour infini que ses yeux se posent sur cha­
cun de ceux qui, parmi nous, désirent demeurer en lui.
Dans chaque souffle de cet amour, il y a vraiment la
puissance de l'éternité. « Je t'aime d'un amour éter­
nel» (Jérémie 31 v. 3}.
C'est un amour parfait. Il donne tout et ne retient rien
pour lui. « Le Père aime le Fils et a tout remis dans sa
main" (Jean 3 v. 35). Et c'est de la même façon que
Jésus aime les siens: tout ce qu'il possède est à eux.
Quand il l'a fallu, il a abandonné pour toi son trône et sa
couronne. Il n'a pas considéré que son sang et sa vie
étaient un prix trop élevé à payer pour toi. Sa justice,
son Esprit, sa gloire et même son trône sont à toi. Son
amour ne retient rien, ne garde rien, mais il te fait un
a vec lui d'une manière telle qu'aucun esprit humain ne
peut le concevoir. Quel merveilleux amour ! Nous aimer
comme le Père même l'a aimé et nous offrir cet amour
pour que nous puissions vivre en lui tous les jours!

161
C'est un amour doux et tendre. Quand nous pensons
à l'amour du Père pour le Fils, nous voyons que, dans le
Fils, tout est infiniment digne de cet amour. Quand nous
pensons à l'amour de Christ pour nous, nous savons
bien, au contraire, qu'il ne peut trouver en nous que
péché et indignité. Et nous nous posons cette question :
Comment l'amour qui se manifeste au sein de la vie divi­
ne et de ses perfections, peut-il être comparé à l'amour
déversé sur des pécheurs? Est-ce vraiment le même
amour? Béni soit Dieu, nous savons qu'il en est bien
ainsi.
La nature de l'amour ne change pas, si différents
qu'en soient les objets. Christ ne connaît pas d'autre loi
d'amour que celle de l'amour du Père envers lui. Notre
détresse met seulement en évidence la beauté de
l'amour plus distinctement qu'elle ne peut se voir dans le
ciel. Avec la compassion la plus tendre, il se penche sur
notre faiblesse ; avec une patience inconcevable il sup­
porte nos lenteurs ; avec une bonté affectueuse il vient
au secours de nos craintes et de nos sottises. C'est
l'amour du Père pour le Fils, embelli, glorifié, parce qu'il
condescend à l'adapter merveilleusement à nos
besoins.
Et c'est un amour immuable. « Jésus, qui avait aimé
les siens qui étaient dans le monde, les aima jus­
qu'au bout » (Jean 1 3 v. 1 ). « Quand les montagnes
s 'ébranleraient, quand les collines chancelleraient,
ma bienveillance pour toi ne sera pas ébranlée »
(Esaïe 54 v. 1 0). Et quand l'amour commence son œu­
vre dans une âme, c'est avec cette promesse: « Je ne
t'abandonnerai pas avant d'avoir accompli ce que je
te dis » (Genèse 28 v. 15). C'est à cause de notre

1 62
détresse qu'il s'est tout d'abord approché de nous et, de
la même façon , le péché qui l'offense si souvent et qui
nous incite à craindre et à douter, est pour lui une nou­
velle raison de s'attacher davantage à nous. Pourquoi?
Il n'y a pas d'autre raison que celle-ci: « Comme le Père
m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés».
Cet amour n'est pas seulement la motivation mais
aussi la mesure de notre abandon pour demeurer en lui.
L'amour donne tout mais exige tout. Et s'il le fait, ce n'est
pas parce qu'il a donné à regret mais parce que, sans
cela, il ne peut pas nous posséder entièrement et nous
remplir de lui-même. Dans l'amour du Père pour le Fils
il en est ainsi. Dans l'amour de Jésus pour nous il en est
ainsi également. Et quand nous entrons dans son amour
pour y demeurer, il faut encore qu'il en soit ainsi.
La mesure de notre abandon à lui ne peut pas être
autre que celle de son abandon pour nous. Oh, puis­
sions-nous comprendre que l'amour qui nous appelle
est pour nous la source d'infinies richesses et d'une plé­
nitude de joie. Ce que nous abandonnons pour lui nous
sera rendu au centuple dans cette vie ( Marc
1 Ü V. 29,30).
Puissions-nous comprendre au moins que c'est un
AMOUR dont la hauteur, la profondeur, la longueur, la
largeur, surpassent toute connaissance (Ephésiens
3 v. 1 8-1 9). Alors disparaîtra de notre esprit toute idée de
renoncement ou de sacrifice et notre âme s'émerveille­
ra de ce privilège indicible: être aimé d'un tel amour,
être admis à venir demeurer en lui pour toujours.
Et si le doute vient à nouveau susurrer cette question:
"Est ce possible ? Puis-je demeurer dans son amour

163
pour toujours ?» écoutez comment cet amour lui-même
pourvoit au seul moyen de demeurer en lui: c'est la foi
dans cet amour qui nous rendra capables de demeurer
en lui. Si cet amour est vraiment divin, si c'est une pas­
sion intense et brûlante, alors je peux compter sur lui
pour me garder et me tenir fermement.
Toute mon indignité et ma faiblesse ne pourront l'en
empêcher. Si cet amour est vraiment divin et dispose de
la puissance infinie, j'ai certainement le droit de croire
qu'il est plus fort que ma faiblesse, que son bras tout
puissant me serrera contre son sein et ne me laissera
plus partir. Je comprends que c'est la seule chose que
Dieu demande de moi. Il me traite en être raisonnable,
doué du pouvoir merveilleux de vouloir et de choisir.
Il ne me donnera pas ses bénédictions de force, mais
il attend que j'y consente de tout mon cœur. Et dans sa
grande bonté, il a voulu que le signe de ce consente­
ment soit la foi. La foi par laquelle le pire des pécheurs
se jette dans les bras de l'amour pour être sauvé, et le
croyant le plus faible pour être gardé et devenir fort.
ô amour infini ! Amour par lequel le Père aime le Fils.
Amour avec lequel le Fils nous aime. Je peux te faire
confiance. Je te fais confiance. Oh, garde-moi en toi !

1 64
23
DEMEUREZ EN CHRIST
COMME CHRIST DA NS LE PÈRE

Comme le Père m'a aimé,


moi aussi je vous ai aimés.
Demeurez dans mon amour
comme je demeure dans son amour
(Jean 15 v. 9, 10).

Christ a enseigné à ses disciples que demeurer en lui,


c'est demeurer dans son amour. L'heure de sa passion
est proche, il ne pourra plus guère leur parler. Ils ont cer­
tainement quantité de questions à lui poser sur ce que
signifie: demeurer en lui et dan s son a mour. Il prévient
leur demande et leur présente SA PROPRE VIE comme
le meilleur commentaire de son commandement.
Désirent-ils un exemple et des règles pour demeurer
dans son amour? Qu'ils regardent comment Jésus
demeure dans l'amour du Père. A la lumière de son
union avec le Père, leur union avec lui va s'éclairer. Sa
vie dans le Père est la loi de leur vie en lui.
Cette pensée est si élevée que nous pouvons à peine
la saisir et pourtant elle est si clairement révélée qu'il est
impossible de la mettre de côté. N'avons-nous pas lu

1 65
dans Jean 6 v. 57: « Comme je vis par le Père, ainsi
celui qui me mange vivra par moi ». Et la prière du
Sauveur est si claire: « Qu 'ils soient un comme nous
sommes un, moi en eux et toi en moi » (Jean
1 7 v. 22). C'est l'union bénie de Christ et du Père et sa
vie en lui qui doivent orienter tout ce que nous pensons
et attendons quant à notre vie et notre habitation en lui.
Pensons d'abord à l'origine de la vie de Christ dans le
Père. Ils étaient U N, une unité de vie, une unité d'amour.
C'est là que son habitation dans le Père est enracinée.
Bien qu'il vécût sur la terre, il savait qu'il était un avec le
Père, que la vie du Père était en lui et que son amour
reposait sur lui. Sans cette certitude, il lui aurait été
absolument impossible de demeurer dans le Père et
dans son amour.
C'est ainsi, seulement ainsi, que nous pouvons
demeurer en Christ et dans son amour: en sachant que
nous sommes un avec lui, par une unité de nature. Par
sa naissance, il est devenu homme, il a pris votre natu­
re afin de pouvoir être un avec vous. Par votre nouvelle
naissance, vous êtes devenus un avec lui, rendus parti­
cipants de sa nature divine. L'anneau qui vous relie à lui
est aussi réel et aussi étroit que celui qui le relie au Père
- c'est l'anneau de la vie divine. Vous pouvez vous
réclamer de lui aussi sûrement, aussi légitimement qu'il
se réclamait du Père. Votre union avec lui est aussi
étroite.
Et parce que c'est l'unité de la vie divine, c'est aussi
l'unité de l'amour infini. Dans sa vie d'humiliation sur
cette terre, le Sauveur a goûté toute la bénédiction et la
force de se savoir l'objet d'un amour infini et de demeu­
rer en permanence dans cet amour. Par son propre

1 66
exemple, il vous invite à apprendre que là se trouve le
secret du repos et de la joie. Vous êtes un avec lui,
abandonnez vous maintenant à son amour. Ouvrez vos
yeux et votre cœur à cet amour qui rayonne et vous
presse de toutes parts.
Demeurez dans son amour. Pensez maintenant à la
manière dont Christ demeure dans l'amour du Père car
cela doit être aussi la loi de votre vie: « J'ai gardé les
commandements de mon Père et je demeure dans
son amour» (Jean 15 v. 1 0). Sa vie fut une vie de sou­
mission et de dépendance, et pourtant, une vie extraor­
dinairement bénie. Pour notre nature orgueilleuse et
égoïste, l'idée de dépendance et de soumission s'iden­
tifie à l'idée d'humiliation et de servitude.
Dans la vie d'amour que vivent le Père et le Fils et à
laquelle nous sommes invités, c'est au contraire le
secret de la bénédiction. Le Fils ne craint pas de perdre
quoi que ce soit en abandonnant tout au Père car il sait
que le Père l'aime et ne peut dissocier son intérêt de
celui de son Fils bien-aimé. Il sait que la communication
par le Père de tout ce qu'il possède est tout aussi com­
plète que sa propre dépendance à l'égard du Père.
C'est pourquoi, quand il dit: « Le Fils ne peut rien faire
de lui-même, mais seulement ce qu'il voit faire au
Père», il ajoute immédiatement: « et tout ce que le
Père fait, le Fils aussi le fait également, car le Père
aime le Fils et lui montre tout ce qu'il fait» (Jean
5 V. 1 9-20).
Le croyant qui étudie la vie de Christ en y voyant le
modèle et la promesse de ce que la sienne peut être,
apprend à discerner que: « Sans moi vous ne pouvez
rien faire» (Jean 15 v. 5) ne fait qu'ouvrir la voie à « Je

1 67
puis tout par celui qui me fortifie" ( Philippiens
4 v. 1 3). Il apprend à se glorifier de ses faiblesses, à se
plaire dans les infirmités, les privations, les angoisses
pour Christ, car « quand je suis faible, c 'est alors que
je suis fort" (2 Corinthiens 1 2 v. 9 , 1 0).
Il s'élève au-dessus de la tonalité habituelle à tant de
chrétiens qui parlent de leur faiblesse en s'y résignant.
Pour lui, il a appris de Christ que, dans la vie de l'amour
divin, se vider de soi-même et sacrifier sa volonté propre
est le plus sûr moyen d'obtenir tout ce que nous pou­
vons souhaiter ou vouloir. Pour le chrétien comme pour
Christ, la dépendance, la soumission, le sacrifice de soi
sont le chemin béni de la vie. Comme Christ a vécu au
travers de son Père et en lui, le croyant vit au travers de
Christ et en lui.
Comme cette vie de Christ dans l'amour du Père est
glorieuse ! Parce qu'il s'est donné lui-même totalement
pour la gloire du Père et pour faire sa volonté, le Père l'a
couronné de gloire et d'honneur. Il l'a désigné comme
son seul représentant. li l'a fait participer à sa toute puis­
sance et à son autorité. I l l'a élevé en le faisant asseoir
avec lui sur son trône divin. Ainsi seront élevés ceux qui
demeurent dans l'amour du Christ.
Lorsque Christ nous trouve disposés à confier notre
personne et nos intérêts à son amour, à lui abandonner
avec confiance le soin de nos désirs et de notre hon­
neur, à mettre notre gloire à reconnaître et pratiquer en
toutes choses notre absolue dépendance de lui et à être
heureux de n'avoir d'autre vie qu'en lui, alors il fait pour
nous ce que le Père a fait pour lui. Il fait reposer sa gloi­
re sur nous afin que le nom de notre Seigneur Jésus­
Christ soit glorifié en nous et en lui (2 Thessaloniciens

1 68
1 v. 12). Il nous reconnaît comme ses dignes et vérita­
bles représentants, il nous revêt de sa puissance, il nous
admet dans son conseil, il permet à notre intercession
d'influencer la manière dont il gouverne l'Eglise et le
monde, il exerce à travers nous son autorité et son
influence sur les hommes. De tels croyants sont les
seuls en qui son Esprit puisse habiter, les seuls instru­
ments qu'il recherche pour accomplir son œuvre divine.
Qu'elle est bénie la vie de l'âme qui demeure dans
l'amour du Christ, comme il demeure dans l'amour du
Père !
Croyant, demeure dans l'amour de Christ. Etudie sa
relation avec le Père et considère-la comme le gage de
ce que la tienne peut devenir. Ta vie en lui peut être
aussi bénie, aussi puissante, aussi glorieuse que sa vie
dans le Père. Accepte avec foi cette vérité qu'enseigne
l'Esprit et elle fera disparaître toute trace de crainte: il
est impossible que demeurer en Christ puisse être un
souci ou un effort pénibles!
A la lumière de sa vie dans le Père, que cette union
avec lui devienne à tes yeux un repos béni, une source
débordante de joie et de force. Demeure dans son
amour, son puissant amour qui te sauve, te garde, te
comble de la même façon que Christ demeurait dans
l'amour du Père. L'immensité même de cette invitation
nous montre bien que cela ne peut pas être un travail à
accomplir par nous-mêmes. Pour nous comme pour lui,
cela ne peut résulter que du débordement spontané de
notre vie intérieure et de l'action puissante de l'amour
qui vient d'en-haut. Une seule chose est nécessaire:
prenons le temps d'étudier la vie divine dans l'amour, vie
dont le Christ a déployé l'image devant nous. Que nos
âmes, en paix devant Dieu, contemplent cette vie de
169
Christ dans le Père jusqu'à ce que la lumière du ciel
nous illumine et que nous entendions la voix de notre
Sauveur vivant et bien-aimé murmurer pour nous, à
notre oreille, ce qu'il a enseigné à ses disciples. Que
nos âmes écoutent en paix, que toute autre pensée
fasse silence jusqu'à ce que ces mots aient pénétré
notre cœur: « Mon enfant, je t 'aime comme le Père lui­
même m 'a aimé. Demeure dans mon amour comme je
demeure dans l'amour du Père. Ta vie sur terre, en moi,
sera le parfait reflet de ma vie dans le Père "·
Et si cette idée vient traverser ton esprit: Certaine­
ment, c 'est trop grand pour moi. Cela pourrait-il être
vrai? - rappelle-toi seulement que la grandeur de l'objet
qu'il a en vue justifie la grandeur du privilège. Christ a
été la révélation du Père sur cette terre. Il n'aurait pas pu
l'être s'il n'y avait pas eu la plus parfaite unité, la plus
entière communication au Fils de tout ce que le Père
possède. Il a pu l'être parce que le Père l'aimait et qu'il
demeurait dans son amour. Les croyants sont la révéla­
tion de Christ sur cette terre. Ils ne peuvent l'être que s'il
y a unité parfaite, afin que le monde sache qu'il les aime
et qu'il les a envoyés. Ils peuvent l'être parce qu'en véri­
té Christ les aime de cet amour infini qui se donne avec
tout ce qu'il possède et parce qu'ils demeurent dans cet
amour.
Seigneur, montre-nous ton amour. Que nous puis­
sions comprendre, avec tous les saints, l'amour qui
surpasse toute connaissance (Ephésiens 3 v. 18-19).
Seigneur, montre-nous au travers de ta propre vie bénie
ce que signifie demeurer dans ton amour. Et cette vision
remportera la victoire : il ne nous sera plus possible de
rechercher, ne fût-ce qu'un seul moment, une autre
façon de vivre que de demeurer dans ton amour.
170
24
DEMEUREZ EN CHRIST
EN OBÉISSANT A SES
COMMA NDEMENTS

Si vous gardez mes commandements,


vous demeurerez dans mon amour,
comme j'ai gardé les commandements de mon Père
et que je demeure dans son amour
(Jean 15 v. 10).

Il nous est très clairement enseigné ici la place que les


œuvres bonnes doivent occuper dans la vie du croyant.
Christ, le Fils bien-aimé, demeurait dans l'amour du
Père. Il gardait ses commandements, et c'est pourquoi il
demeurait dans son amour.
De même le croyant, indépendamment des œuvres,
reçoit Christ et est en lui. Il garde ses commandements
et ainsi il demeure dans son amour. Le pécheur, lorsqu'il
vient à Christ, cherche à se rendre agréable par des
œuvres, mais la voix de l'Evangile proclame: "Ce n'est
pas par les oeuvres» ( Ephésiens 2 v. 9). Lorsqu'il est
en Christ et que la chair cherche à faire mauvais usage
de ces paroles: "Ce n'est pas par les oeuvres», la
voix de l'Evangile proclame tout aussi fort: "Nous
1 71
avons été créés en Jésus Christ pour des oeuvres
bonnes» (Ephésiens 2 v. 1 0) . Pou r le pécheu r qui ne
connaît pas encore Christ, les œuvres peuvent consti­
tuer un obstacle majeur qui l'empêche de réaliser l' union
avec le Sauveur.
Au chrétien qui est en Christ, les œuvres apportent
force et bénédiction car c'est par elles que la foi est ren­
due parfaite (Jacques 2 v. 22). L'union avec Christ est
cimentée et l'âme établie et enracinée de plus en plus
profondément dans l'amour de Dieu . « Si quelqu'un
m'aime, il gardera ma parole et mon Père l'aimera»
(Jean 1 4 v. 23). « Si vous gardez mes commande­
ments, vous demeurerez dans mon amour» (15
v. 10).
Il est facile de comprendre la relation entre le fait de
garder les commandements de Christ et celui de
demeurer dans son amou r. Notre union à Jésus-Christ
n'est pas une question de pensée ou de sentiment, mais
une union réelle et fondamentale du cœu r et de la vie.
La vie sainte de Jésus avec ce qu'il ressent et ce qu'il
désire est insufflée en nous par le Saint-Esprit. Le
croyant est appelé à penser, sentir, vouloir exactement
ce que Jésus pense, sent et veut. Il souhaite participer
non seulement à la grâce mais aussi à la sainteté de son
Seigneur, ou plutôt il découvre que la sainteté est la
beauté suprême de la grâce. Vivre la vie de Christ c'est,
pou r lui, le seul moyen d'être délivré de l'esclavage
d'une volonté personnelle corrompue.
Le croyant ignorant ou paresseux fait une grande dif­
férence entre les promesses et les commandements de
!'Ecriture. Il se repose volontiers sur les premières et en
fait sa nou rriture. Mais celui qui cherche réellement à

1 72
demeurer dans l'amour de Christ, attache autant de prix
aux commandements. Tout autant que les promesses,
ils sont pour lui une révélation de l'amour divin, un guide
vers une expérience plus profonde de la vie divine, une
aide bénie sur le chemin d'une union plus intime avec le
Seigneur. Il comprend que l'harmonisation de notre
volonté avec la volonté divine est l'un des principaux
éléments de notre communion avec Dieu.
La volonté est la faculté centrale dans la personne
divine comme dans la personne humaine. La volonté de
Dieu est la puissance qui gouverne le monde moral
aussi bien que le monde naturel. Comment pourrions­
nous être en communion avec lui si sa volonté ne fait
pas notre joie? Tant que le salut n'est, pour le pécheur,
rien de plus qu'une sécurité personnelle, l'accomplisse­
ment de la volonté de Dieu ne le tourmente pas. Mais
dès que !'Ecriture et le Saint-Esprit lui révèlent en quoi
consiste réellement le salut : la restauration de la com­
munion avec Dieu et de la ressemblance avec lui - alors
il sent que la loi la plus belle et la plus normale est celle­
ci: garde les commandements de Christ et ainsi tu
demeureras dans son amour.
Au plus profond de son âme, il donne son accord aux
paroles de son Seigneur bien-aimé qui fait dépendre
entièrement l'effusion du Saint-Esprit, la communion du
Père et du Fils avec le croyant, de l'observation par
celui-ci des commandements (Jean 14 v. 1 5, 16,2 1 ,23).
Il y a encore un autre élément qui prépare le croyant à
comprendre plus profondément cette vérité et à l'accep­
ter du fond du cœur: c'est de cette façon et pas autre­
ment que Christ lui-même demeure dans l'amour du
Père. Dans la vie que Christ a menée sur terre, l'obéis-

1 73
sance a été une réalité très seneuse. La puissance
méchante et ténébreuse qui a conduit l'homme à se
révolter contre Dieu est venue le tenter, lui aussi. En tant
qu'homme, les propositions du diable visant à sa propre
satisfaction ne le laissaient pas indifférent. Pour pouvoir
les refuser, il lui a fallu jeûner et prier. Dans la souffran­
ce aussi, il a été tenté. Il parle de ne pas rechercher sa
volonté propre comme d'un abandon qu'il doit renouve­
ler sans cesse. Il a fait de l'obéissance aux ordres de
son Père l'objet précis de sa vie et c'est ainsi qu'il a
demeuré dans son amour.
Ne nous dit-il pas: « Je ne fais rien de moi-même,
mais je parle selon ce que le Père m'a enseigné.
Celui qui m'a envoyé est avec moi; il ne m'a pas
laissé seul parce que moi, je fais toujours ce qui lui
est agréable» (Jean 8 v. 28,29). Il nous ouvre ainsi la
seule voie vers la bénédiction d'une vie vécue sur terre
dans l'amour du ciel. Et lorsque l'Esprit provenant du
cep coule dans les sarments, garder les commande­
ments est l'un des éléments les plus constants et les
plus élevés de la vie qu'il inspire.
Croyant, si tu veux demeurer en Christ, applique-toi à
garder ses commandements. Serre-les avec amour
dans ton cœur. Ne te contente pas de pouvoir t'y repor­
ter dans ta Bible mais qu'ils soient gravés sur la table de
chair de ton cœur par une étude attentive, par la médi­
tation et la prière, par l'acceptation fervente, par l'ensei­
gnement de l'Esprit. Ne te contente pas de retenir quel­
ques-uns des commandements, ceux qui sont le plus
habituellement reçus par les chrétiens, alors que les
autres restent méconnus ou négligés.
Il est certain que les privilèges de la Nouvelle Alliance
ne doivent pas nous maintenir en deçà des saints de
1 74
l'Ancien Testament qui proclamaient: "En tout je
considère tous tes statuts comme droits» ( Psaume
1 1 9 v. 1 28). Vous pouvez être sûrs qu'il y a, dans la
volonté du Seigneur, beaucoup de choses que vous
n'avez pas encore comprises. Faites vôtres, pour vous
et pour tous les croyants, la prière de Paul pour les
Colossiens: " que vous soyez remplis de la connais­
sance de sa volonté, en toute sagesse et intelligen­
ce spirituelle» ( Colossiens 1 v. 9) et celle d'Epaphras
qui ne cesse de combattre "afin que, parfaits et plei­
nement convaincus de la volonté de Dieu, vous
teniez ferme» (Colossiens 4 v. 12).
Rappelez-vous qu'un des plus puissants facteurs de
votre croissance spirituelle, est la connaissance profon­
de de la volonté de Dieu à votre égard. Ne vous n'ima­
ginez pas que la consécration entière soit l'achèvement.
Ce n'est que le commencement d'une vraie vie de sain­
teté. Voyez comment l'apôtre Paul enseigne tout
d'abord aux croyants " à offrir leurs corps comme un
sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu» ( Romains
12 v. 1 ), puis enchaîne immédiatement, au verset sui­
vant, en leur expliquant en quoi consiste une vie livrée
sur l'autel: « être transformés par le renouvellement
de l'intelligence, afin que vous discerniez quelle est
la volonté de Dieu: ce qui est bon, agréable et par­
fait».
Le renouvellement par le Saint-Esprit conduit progres­
sivement notre esprit à croître dans la ressemblance de
Christ. Alors notre perception spirituelle s'affine, notre
âme acquiert, dans la crainte du Seigneur, la sainte
faculté de saisir rapidement la signification des com­
mandements du Maître et leur application à la vie quoti-

1 75
dienne, d'une façon qui reste cachée pour beaucoup de
chrétiens. Que ces commandements habitent richement
en vous ! Gardez-les cachés au fond de votre cœur et
vous trouverez le bonheur promis à l'homme « qui trou­
ve son plaisir dans la loi de l'Eternel, et qui médite
sa loi jour et nuit» ( Psaume 1 v. 2). Par amour, vous
assimilerez les commandements dans votre être inté­
rieur comme une nourriture céleste. Ils ne vous semble­
ront plus une loi hostile et extérieure à vous mais une
puissance vivante qui, transformant votre volonté, l'har­
monisera parfaitement avec tout ce que votre Seigneur
désire.
Et gardez votre vie dans l'obéissance. Votre vœu
solennel a bien été, n'est ce pas, de ne plus tolérer le
moindre péché ? « Je jure, et je Je tiendrai, d'observer
les ordonnances de ta justice» ( Psaume 1 1 9 v. 106).
Lutte sérieusement, dans la prière, pour te tenir parfai­
tement et complètement dans la volonté de Dieu.
Demande-lui sincèrement de te révéler tout péché
secret en toi ou tout ce qui ne serait pas en parfaite har­
monie avec la volonté de Dieu. Avance avec la lumière
que tu as, fidèlement, pieusement, t'abandonnant dans
une consécration sans réserve afin d'obéir à tout ce que
le Seigneur a dit. Quand Israël fit ce vœu (Exode 1 9 v. 8
et 24 v. 7), ce ne fut que pour le rompre presque immé­
diatement.
La Nouvelle Alliance donne la grâce de faire un voeu
et de l'accomplir (Jérémie 3 1 v. 3 1 -33). Veillez à ne pas
désobéir, même dans les toutes petites choses. La dés­
obéissance endort la conscience, assombrit l'âme,
engourdit nos énergies spirituelles. C'est pourquoi,
garde les commandements de Christ avec une obéis-

1 76
sance totale. Sois un soldat qui ne demande rien d'au­
tre que les ordres de son chef.
Et s'il arrive que, par moments, un commandement te
semble pénible, rappelle-toi seulement qui en est l'au­
teur. Ce sont les commandements de celui qui t'aime. Ils
sont tous amours, ils viennent de son amour, ils te
conduisent à son amour.
Chaque fois que tu abandonnes quelque chose pour
garder ses commandements, que tu sacrifies q uelque
chose en les gardant, cela te conduit un peu plus loin
dans l'union avec la volonté, l'esprit, l'amour du
Sauveur. En retour tu obtiendras une double récompen­
se : tu entreras davantage dans le mystère de son
amour, tu vivras davantage en conformité avec sa vie. Et
tu apprendras à apprécier ces mots comme un précieux
trésor : « Si vous gardez mes commandements, vous
demeurerez dans mon amour, COMME j'ai gardé les
commandements de mon Père et que je demeure
dans son amour».

177
25
DEMEUREZ EN CHRIST
AFIN QUE VOTRE JOIE
SOIT COMPLETE

Je vous ai parlé ainsi,


afin que ma joie soit en vous
et que votre joie soit complète
(Jean 15 v. 11).

Demeurer pleinement en Christ, c'est vivre dans une


joie merveilleuse et débordante. A mesure que Christ
prend possession de nous plus complètement, l'âme
entre dans la joie de son Seigneur. Cette joie, la joie du
ciel, devient la sienne, en abondance et de façon per­
manente. Partout dans le monde on met en relation la
joie et le fruit de la vigne. De même la joie est la carac­
téristique essentielle de la vie d'un croyant qui demeure
pleinement en Christ, la vigne céleste.
Nous savons tous apprécier la joie. Elle seule atteste
que ce que nous avons satisfait réellement notre cœur.
Tant que je suis motivé par le devoir, l'intérêt personnel
ou quelqu'autre chose, nul ne peut savoir combien l'ob­
jet que je poursuis ou que je possède a de valeur pour
moi. Mais quand cela me donne de la joie, quand on voit
179
que cela me réjouit, alors on sait que, pour moi tout au
moins, cela a beaucoup de valeur. C'est pourquoi il n'y
a rien d'aussi attirant que la joie. Aucune prédication
n'est aussi efficace que la vue d'un cœur rempli de joie.
Le bonheur est un élément important du caractère du
chrétien. Il n'y a pas d'autre preuve de la réalité de
l'amour de Dieu et de la bénédiction qu'il accorde, que
la joie de Dieu qui triomphe de toutes les épreuves de la
vie. Et cela, les gens qui nous entourent en ressentent
immédiatement la valeur.
Cette joie est également nécessaire à la prospérité du
chrétien lui-même. La joie du Seigneur est sa force. La
confiance, le courage, la patience trouvent leur source
dans la joie. Quand le cœur est rempli de joie, aucun
travail ne nous fatigue, aucun fardeau ne nous accable.
Dieu lui-même est notre force et notre chant (Psaume
1 1 8 V. 14).
Ecoutons bien quand le Sauveur nous parle de la joie
de demeurer en lui. Il nous promet sa propre joie. "Ma
joie». Toute la parabole se réfère à ce que sera la vie
des disciples en lui quand il sera remonté au ciel. Cette
joie est donc celle de sa vie de résurrection. Cela ressort
clairement des paroles qu'il ajoute alors: "Je vous ver­
rai de nouveau, votre coeur se réjouira, et nul ne
vous ôtera votre joie» (Jean 1 6 v. 22). Ce n'est
qu'avec la glorieuse résurrection que commença la pos­
sibilité d'une vie qui ne périt jamais. C'est seulement en
elle qu'a pu apparaître la joie qui ne cesse jamais. C'est
en elle qu'a été accomplie cette parole: "C'est pour­
quoi, ô Dieu, ton Dieu t'a oint d'une huile de joie, par
privilège sur tes compagnons» (Psaume 45 v. 8). Le
jour de son couron nement a été le jour de la pleine satis-

1 80
faction de son cœur. La joie qui fut la sienne, c'était la
joie de l'œuvre accomplie, achevée pour l'éternité, la
joie du retour dans le sein du Père et la joie d'avoir
racheté des âmes.
Tels sont les éléments de sa joie et nous devenons
participants de tout cela en demeurant en lui. Le croyant
partage entièrement sa victoire et sa parfaite rédemption
de sorte que sa foi chante sans cesse le chant du vain­
queur: " Grâces soient rendues à Dieu qui nous fait
toujours triompher» (2 Corinthiens 2 v. 14). Le fruit qui
en résulte, c'est la joie de demeurer continuellement
dans la lumière de l'amour du Père, sans qu'un nuage
l'obscurcisse, si toutefois cette communion n'est pas
interrompue. Et aussi, accompagnant cette joie dans
l'amour du Père, la joie de l'amour des âmes, amour que
nous recevons de lui et qui nous conduit vers les perdus
dans une joyeuse expectative.
Demeurer en Christ, pénétrer au plus profond de sa
vie et de son cœur, rechercher une unité toujours plus
parfaite, voilà les trois courants du flot de joie qu'il fait
couler dans nos cœurs. Que nous regardions en arrière
pour contempler l'œuvre qu'il a accomplie, vers le haut
pour voir la récompense dont il jouit dans l'amour du
Père qui surpasse toute connaissance, ou en avant pour
nous réjouir continuellement de ce que des pécheurs
sont ramenés à la maison du Père, alors sa joie est la
nôtre. Ainsi, quand nous gardons les pieds posés sur le
calvaire, les yeux fixés sur le visage du Père et que nos
mains aident les pécheurs à revenir à la maison, alors
sa joie devient vraiment la nôtre.
Il parle aussi de cette joie comme d'une joie qui
demeure une joie qui jamais ne cesse ni ne s'interrompt

1 81
un instant. " Que ma joie soit en vous" - " Nul ne
vous ôtera votre joie"· Beaucoup de chrétiens ne peu­
vent pas comprendre cela. Pour eux, la vie chrétienne
est une succession de variations : tantôt la joie, tantôt la
tristesse. Et ils en appellent aux expériences d' un
homme comme l'apôtre Paul pour prouver qu'il peut y
avoir, pour le chrétien, beaucoup de larmes, de tristes­
se, de souffrances.
Ils n'ont pas remarqué que Paul, justement, manifeste
de façon évidente cette joie incessante. Il a compris que
le paradoxe de la vie chrétienne, c'est qu'il peut fort bien
y avoir, au même moment, dans un cœur, coexistence
de toute l'amertume de la terre et de toute la joie du ciel.
" Comme attristés, et nous sommes toujours
joyeux" (2 Cori nthiens 6 v. 1 0).
Ces précieuses paroles sont en or ! Elles nous ensei­
gnent comment la joie du Christ peut surmonter la tris­
tesse du monde, nous faire chanter tout en versant des
larmes et maintenir dans notre cœur la conscience pro­
fonde d'une allégresse ineffable et glorieuse ( 1 Pierre
1 v. 8), même. quand nous sommes abattus par les
déceptions ou les difficultés. La seule condition, la voici :
" Je vous verrai de nouveau, votre coeur se réjouira
et nul ne vous ôtera votre joie"·
La présence de Jésus, clairement manifestée, ne peut
que donner de la joie. Demeurant constamment en lui,
l'âme pourrait-elle ne pas se réjouir et être heureuse ?
Même lorsqu'on pleure à cause des péchés des autres,
ou des âmes perdues, il y a toujours une source de bon­
heur qui jaillit parce que nous avons foi en sa puissance
et en son amour pour apporter le salut.

1 82
Cette joie qui est la sienne et qui habite en nous, il
veut qu'elle soit complète. Au cours de cette dernière
nuit, notre Sauveur a parlé trois fois de joie complète.
Une première fois, ici, dans la parabole de la vigne :
« Je vous ai parlé ainsi afin que. . . votre joie soit
complète» (Jean 15 v. 1 1 ). Lorsqu'on approfondit la
bénédiction merveilleuse que d'être le sarment d'une
telle vigne, on y voit la confirmation de ces paroles.
Puis il parle de la joie en relation avec l'exaucement
de nos prières : « Demandez et vous recevrez, afin
que votre joie soit complète" (Jean 1 6 v. 24). Pour
l'homme spirituel, la prière exaucée n'est pas simple­
ment l'obtention d'une certaine bénédiction, mais quel­
que chose de beaucoup plus élevé. C'est le gage de
notre communion avec le Père et le Fils dans le ciel, de
leur approbation sur nous. Cela signifie que notre voix a
été entendue et que nous avons été admis dans ce mer­
veilleux échange d'amour du Père et du Fils tenant
conseil et décidant de la façon dont ils vont guider, jour
après jour, les enfants de Dieu sur cette terre. Une âme
qui demeure en Christ, qui soupire après les manifesta­
tions de son amour, qui a appris à donner à un exauce­
ment de prière sa vraie valeur spirituelle, à le considérer
comme une réponse venant du trône de la g râce à
apprécier toutes les expressions de son amour et de sa
foi, éprouve alors une joie absolument inexprimable.
C'est la vérification de ces paroles: « Demandez et
vous recevrez afin que votre joie soit complète"·
Plus tard le Sauveur dit, en adressant au Père sa priè­
re sacerdotale : « Je parle ainsi dans le monde afin
qu'ils aient en eux ma joie parfaite" (Jean 1 7 v 1 3).
Nous voyons là le Souverain Sacrificateur toujours

1 83
vivant entrer pour nous dans la présence du Père pour
intercéder et continuer son œuvre bénie dans la puis­
sance d'une vie éternelle. Cela supprime toute cause
possible de crainte ou de doute et nous donne l'assu­
rance et l'expérience d'un parfait salut. U n croyant dési­
re-t-il posséder la pleine joie de demeurer en Christ
selon l'enseignement de Jean 1 5, la pleine joie de la
prière exaucée selon Jean 1 6? - Qu'il se hâte de paNe­
nir à Jean 17 et là, qu'il écoute comment faire partie de
la vie du sarment. La joie n'en est pas le premier ou le
principal élément, mais c'est la preuve bénie que Christ
suffit à satisfaire tous les besoins de l'âme. Sois heu­
reux, cultive l'allégresse!
Il y a des moments où cela vient tout seul et où le
cœur jouit d'une joie inexprimable dans la présence de
son Sauveur. Dieu soit loué pour ces moments.
Cherchons à les conserver. Mais si, à d'autres
moments, tu te sens triste et n'expérimentes pas la joie
autant que tu le voudrais, loue encore le Seigneur pour
la vie de bénédictions ineffables pour laquelle tu as été
racheté. En cela aussi la Parole s'accomplira: « Qu'il te
soit fait selon ta foi» (Matthieu 8 v. 1 3). Comme pour
tous les autres dons de Jésus que tu réclames, réclame­
le aussi, non pour ton propre bien, mais pour la gloire de
Christ et du Père. « Ma joie en vous», « que ma joie
demeure en vous», « qu'ils aient en eux ma joie par­
faite», sont les propres paroles du Seigneur. Il est
impossible de saisir Jésus, totalement, de tout cœur,
sans saisir également sa joie. Par conséquent,
« Réjouissez vous toujours dans le Seigneur, je le
répète, réjouissez-vous» ( Philippiens 4 v. 4).

184
26
DEMEUREZ EN CHRIST
ET DANS L'AMOUR
ENVERS LES FRÈRES

Voici mon commandement:


Aimez-vous les uns les autres,
comme je vous ai aimés
(Jean 15 v. 12).

cc COMME le Père m'a aimé, MOI AUSSI je vous ai

aimés; COMME je vous ai aimés, VOUS AUSSI


aimez-vous les uns les autres ». Dieu s'est fait
homme. L'amour divin a commencé à couler au travers
d'un cœur humain et est devenu ainsi l'amour d'un être
humain pour un autre. L'amour qui remplit le ciel et
l'éternité va désormais pouvoir être vu quotidiennement
ici bas, dans la vie terrestre et temporelle.
" Voici mon commandement, dit le Sauveur, aimez­
vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ». Il
a parlé plusieurs fois des commandements, mais
l'amour qui est l'accomplissement de la loi ( Romains
1 3 v. 10) les inclut tous et c'est pourquoi il l'appelle
« mon commandement», un commandement nouveau.

Cela va devenir la grande réalité mise en évidence par


1 85
la Nouvelle Alliance, la puissance de la vie nouvelle
révélée en Jésus-Christ.
Cela va devenir la marque indiscutable et persuasive
du disciple. « A ceci tous connaÎtront que vous êtes
mes disciples» (Jean 1 3 v. 35). « Qu'eux aussi soient
un afin que le monde croie. . . » (Jean 1 7 v. 21 ).
« Qu'ils soient parfaitement un et que le monde
connaisse que tu les as aimés comme tu m'as
aimé» (Jean 1 7 v. 23). Pour le croyant qui aspire à
demeurer en Christ, le fait de garder ce commandement
est la preuve immédiate et bénie de ce qu'il demeure en
lui et cela le conduit à une union plus entière et plus par­
faite encore.
Essayons de comprendre comment cela se fait. Nous
savons que Dieu est amour et que Christ est venu nous
le révéler, non comme une doctrine mais en vivant cet
amour. Sa vie, dans son merveilleux abaissement jus­
qu'au sacrifice de soi, fut par-dessus tout l'incarnation
de l'amour divin. Il a montré aux hommes comment Dieu
les aimait par des manifestations tellement humaines
qu'ils pourraient enfin comprendre. En aimant les indi­
gnes et les ingrats, en se dépouillant lui-même pour
marcher parmi les hommes comme un esclave, en
devenant obéissant jusqu'à la mort, il a vécu en mettant
simplement en pratique l'amour divin qui était dans le
cœur de Dieu. Il a vécu et il est mort pour nous montrer
l'amour du Père.
Et désormais, tout comme Christ a mis en évidence
l'amour de Dieu, il faut que les croyants mettent en évi­
dence pour le monde l'amour du Christ. C'est à eux de
prouver au monde que Christ aime les hommes et qu'en
aimant, il les remplit d'un amour qui n'est pas de cette

1 86
terre. C'est à eux d'être les témoins perpétuels de
l'amour qui s'est donné jusqu'à la mort, en vivant et en
aimant comme il l'a fait. Il a tant aimé Lazare que les
Juifs se sont écriés, à Béthanie: « Voyez comme il l'ai­
mait » (Jean 11 v. 36). Il faut que les chrétiens vivent de
telle manière que les gens soient obligés de dire:
" Voyez comme ces chrétiens s'aiment les uns les
autres"· Dans leurs rapports mutuels de tous les jours,
les chrétiens sont en spectacle à Dieu, aux anges et aux
hommes. C'est dans la mesure où leur amour mutuel
ressemble à celui de Christ qu'on saura de quel esprit ils
sont animés.
Dans toute la diversité des caractères, des cultures,
des langages ou des situations, ils ont à démontrer que
l'amour a fait d'eux les membres d'un seul corps, qu'ils
sont membres les uns des autres, qu'ils ont appris à
s'oublier eux-mêmes et à se sacrifier pour le bien des
autres. Leur vie d'amour est la meilleure façon de prou­
ver au monde qu'ils sont des chrétiens, que Dieu a réel­
lement envoyé Christ, et qu'il a répandu en eux l'amour
même dont il les a aimés. C'est ce qui prouve de la
manière la plus puissante et la plus convaincante que
l'on est chrétien.
Cet amour des disciples de Christ les uns pour les
autres se place entre leur amour pour Dieu et leur
amour pour les hommes. C'est tout d'abord un gage de
leur amour pour « Dieu qu'on ne voit pas » ( 1 Jean
4 v. 20). L'amour pour quelqu'un qu'on ne voit pas peut
si facilement n'être que pure sentimentalité ou imagina­
tion. Dans les relations entre enfants de Dieu, l'amour
pour Dieu est réellement appelé à l'action et il se mani­
feste par des actes que le Père agréera comme s'il en

1 87
était lui-même l'objet. C'est le seul moyen de prouver
que cet amour est véritable. L'amour pour les frères,
c'est la fleur et le fruit d'une racine cachée au fond du
cœur: l'amour pour Dieu. Et ce fruit devient à son tour
une semence d'amour pour tous les hommes. Les rela­
tions entre chrétiens sont l'école où les croyants sont
exercés et fortifiés pour aimer les autres hommes, ceux
qui n'appartiennent pas encore à Christ.
Cet amour n'est pas seulement une amitié qui repose
sur des points communs, mais un saint amour qui
accepte l'être le plus indigne et supporte le plus dés­
agréable pour l'amour de Jésus. L'amour des uns pour
les autres en tant que disciples est toujours mis en évi­
dence comme le maillon qui relie l'amour pour Dieu seui
et l'amour pour les hommes en général.
Dans les relations de Christ avec ses disciples, nous
trouvons la règle de conduite de cet amour fraternel. Si
nous étudions son indulgence et son pardon envers ses
amis, dont la limite va jusqu'à soixante-dix fois sept fois
( Matthieu 1 8 v. 22), si nous regardons sa patience inlas­
sable, son humilité infinie, si nous contemplons sa dou­
ceur et l'abaissement avec lequel il cherche à gagner
une place de serviteur, entièrement dévoué au service
des siens, alors nous accepterons joyeusement cet
ordre: « faites comme moi je vous ai fait» (Jean
1 3 v. 1 5). Selon son exemple, chacun de nous ne vit plus
pour lui-même mais pour les autres. Une loi de bonté
règne sur la langue car l'amour a fait vœu de ne jamais
laisser une parole désobligeante franchir ses lèvres.
L'amour refuse non seulement de dire, mais même d'en­
tendre ou de penser du mal de quelqu'un. Il est plus
jaloux de l'honneur et de la réputation de ses frères que

1 88
des siens propres. Je puis abandonner au Père le soin
de ma réputation, mais celle de mon frère m'est confiée.
L'amour divin a été répandu dans le cœur des chrétiens
afin qu'il rayonne, comme il a rayonné dans la vie de
Jésus, sous tous ses aspects : l'amabilité, l'affection, la
courtoisie, la générosité, le sacrifice de soi, les bienfaits
de toutes sortes : une vie de bénédiction et de beauté.
Chrétien, que penses-tu de ce glorieux appel à aimer
comme Christ ? Ton cœur ne bondit-il pas à la pensée
de ce privilège inexprimable d'être ainsi rendu sembla­
ble à l'Amour éternel ? Ou vas-tu encore te mettre à sou­
pirer en considérant comme inaccessible le degré de
perfection auquel tu es appelé à t'élever ? Mon frère,
cesse de soupirer car tel est en vérité le but suprême de
l'amour du Père : il nous appelle à être semblables à
Christ dans notre amour, tout comme Christ a été sem­
blable au Père dans son amour.
Comprends enfin que celui qui t'a donné cet ordre,
étroitement lié à son enseignement sur la vigne et à son
invitation à demeurer en lui, te donne par cela même
l'assurance qu'il te suffit de demeurer en lui pour être
capable d'aimer comme lui. Accepte ce commandement
comme une nouvelle motivation pour demeurer plus
parfaitement en Christ. Considère plus que jamais que
demeurer en Christ, c'est demeurer dans son amour.
Enraciné et fondé quotidiennement dans un amour qui
surpasse toute connaissance, tu recevras de sa plénitu­
de et tu apprendras à aimer.
Quand Christ habite en toi, le Saint-Esprit répand
l'amour de Dieu dans ton cœur ( Romains 5 v. 5) et tu
aimes les frères, même ceux qui sont difficiles à suppor­
ter et peu aimables, d'un amour qui n'est pas le tien

1 89
mais celui de Christ en toi. Alors le commandement d'ai­
mer nos frères n'est plus un fardeau mais une joie si tu
l'associes, comme Jésus l'a fait, à son propre amour
pour toi: "Demeurez dans mon amour; aimez-vous
les uns les autres comme je vous ai aimés».
" Voici mon commandement : aimez-vous les uns
les autres comme je vous ai aimés». Quand Jésus a
annoncé que nous porterions davantage de fruit, n'est­
ce pas aussi de cela dont-il parlait? Oui, c'est en vérité
une grappe de ces raisins d'Echkol par laquelle nous
apportons aux autres la preuve de ce que la terre promi­
se est vraiment un bon pays (Nombres 13 v. 23).
Essayons donc, en toute simplicité et honnêteté, de tra­
duire peur ceux qui nous entourent, le langage de ia foi
sublime et de l'enthousiasme céleste en une prose toute
simple que chacun puisse comprendre: celle du com­
portement de tous les jours.
Que notre caractère soit gouverné par l'amour de
Jésus. Il n'est pas seulement capable de le soumettre,
mais il peut aussi nous rendre aimable et patient.
Déposons à ses pieds avec confiance le vœu qu'on
n'entende jamais aucune parole blessante sortir de
notre bouche. Que nos rapports avec tous soient mar­
qués de cette affabilité qui ne s'offense de rien, excuse
tout, pense et espère toujours ce qu'il y a de meilleur.
Que notre but, en demeurant en Jésus, soit l'amour qui
ne cherche pas son intérêt mais qui est toujours prêt à
laver les pieds des autres, et même à donner sa vie pour
eux. Que notre vie soit une vie d'oubli de soi, recher­
chant toujours le bien des autres et trouvant sa plus
grande joie à être pour eux une bénédiction. Et, tandis
que nous apprenons l'art divin de faire du bien, aban-

1 90
donnons-nous, comme des élèves obéissants, à la
conduite du Saint-Esprit.
Par sa grâce, la vie la plus banale peut être transfigu­
rée et acquérir l'éclat d'une beauté céleste, parce que
l'amour infini inhérent à la nature divine rayonnera au
travers de notre frêle condition humaine. Mon frère,
louons Dieu ! Nous sommes appelés à aimer comme
Jésus aime, comme Dieu aime.
"Demeurez dans mon amour et aimez comme je
vous ai aimés». Béni soit Dieu, c'est possible. La nou­
velle et sainte nature que nous avons reçue et qui se for­
tifie tandis que nous demeurons en Christ, notre vigne,
peut aimer comme lui. Chaque fois que nous découvri­
rons la méchanceté de notre vieille nature, chaque fois
que nous désirerons ardemment obéir à l'ordre du
Seigneur, chaque fois qu'aimer de l'amour de Christ
nous aura apporté puissance et bénédiction, nous nous
sentirons pressés d'accepter avec une foi nouvelle l'or­
dre béni: "Demeurez en moi, et moi en vous, demeu­
rez dans mon amour ».

191
27
DEMEUREZ EN CHRIST
AFIN DE NE PAS PECHER

Il n 'y a pas de péché en lui.


Quiconque demeure en lui ne pèche pas
(1 Jean 3 v. 5, 6).

" VOUS LE SAVEZ, dit l'apôtre, le Seigneur est


apparu pour ôter les péchés ». Il indique ainsi que
c'est avant tout pour nous sauver du péché que le Fils
de Dieu a été fait homme. Le contexte montre claire­
ment que « ôter les péchés» ne concerne pas seule­
ment l'expiation et la délivrance de la culpabilité, mais la
libération de la puissance du péché, afin que le croyant
ne le commette plus. C'est dans la sainteté de la per­
sonne de Christ que réside la puissance d'accomplir ce
dessein. I l admet les pécheurs dans une union vivante
avec lui et il en résulte que leur vie devient semblable à
la sienne. "· · · il n 'y a pas de péché en lui. Quiconque
demeure en lui ne pèche pas ». Aussi longtemps qu'il
demeure, et dans la mesure où il demeure, le croyant ne
pèche point. La sainteté de notre vie a ses racines dans
la sainteté de la personne de Christ. " Si la racine est
sainte, les branches le sont aussi » ( Romains
1 1 v. 1 6) .
1 93
Une question se pose aussitôt : comment cela s'accor­
de-t-il avec ce que la Bible enseigne de la corruption
attachée à notre nature humaine, ou avec ce que Jean
lui-même dit: " nous nous séduisons nous-mêmes si
nous déclarons que nous n 'avons pas de péché,
que nous n 'avons pas péché " (voir 1 Jean 1 v. 8, 1 0).
C'est justement ce passage qui va nous enseigner à
bien comprendre notre texte, si nous l'examinons soi­
gneusement.
Remarquez la différence entre les deux expressions:
verset 8 " si nous disons que nous n 'avons pas de
péché " et verset 1 0 " si nous disons que nous
n 'avons pas péché "· Les deux expressions ne peu­
vent pas être équivalentes ou alors la seconde ser ait
une répétition inutile de la première. Avoir du péché (v. 8)
n'est pas la même chose que commettre le péché
(v. 10). Avoir du péché, c'est avoir une nature pécheres­
se. Le croyant le plus sanctifié doit confesser à tout
moment que le péché est attaché à lui, à sa chair plus
exactement, dans laquelle n'habite rien de bon
(Romains 7 v. 18). Pécher ou commettre le péché, c'est
tout à fait autre chose: c'est se soumettre à la nature
pécheresse qui est en nous et tomber dans une trans­
gression effective.
Nous avons ici deux réalités que tout véritable croyant
doit admettre. La première, c'est qu'il y a toujours en lui
cette nature de péché (v. 8). La seconde, c'est que ce
péché s'est manifesté autrefois dans des actions mau­
vaises (v. 10). Aucun croyant ne peut dire «je n 'ai pas de
péché en moi», ni «je n 'ai Jamais péché dans le
passé». Si nous disons que nous n'avons pas actuelle­
ment de péché ou que nous n'avons pas péché dans le

1 94
passé, nous nous trompons nous-mêmes. Mais, bien
que le péché soit actuellement en nous, cela ne signifie
pas que nous devions confesser que nous commettons
actuellement le péché.
La confession des péchés effectifs concerne le passé.
On voit au chapitre 2 v. 1 que cela peut arriver aussi
dans le présent, mais ce n'est pas une norme à laquel­
le il faille s'attendre. Nous voyons aussi comment la pro­
fonde repentance concernant un péché passé (tel Paul
pour avoir persécuté l'Eglise : 1 Corinthiens 1 5 v. 9) et la
conscience profonde de posséder toujours une nature
vile et corrompue peuvent cœxister avec une louange
humble et joyeuse à l'égard de celui qui peut nous pré­
server de toute chute.
Mais comment est-il possible qu'un croyant qui a le
péché en lui, et nous savons quelle est la terrible puis­
sance et la vitalité intense de ce péché qui habite notre
chair, comment donc ce croyant qui a du péché peut-il
néanmoins ne pas commettre de péché ? Voici la répon­
se: En Christ, il n'y a pas de péché et celui qui demeu­
re en lui ne pèche pas. Quand l'âme demeure en Christ
de façon étroite et ininterrompue, quand elle vit moment
après moment en parfaite union avec le Seigneur qui la
garde, alors il tient en soumission la puissance de la
vieille nature de telle sorte qu'elle ne peut reprendre sa
domination sur l'âme.
Nous avons vu que nous pouvons demeurer en Christ
à plusieurs niveaux. Chez la plupart des chrétiens ce
niveau est si bas et si fluctuant que le péché reprend
sans cesse son ascendant et soumet l'âme à sa puis­
sance. Dieu a fait une promesse à notre foi: « /e péché
ne dominera pas sur vous » ( Romains 6 v. 1 4) mais

1 95
avec la promesse il a donné ce commandement : " Que
le péché ne règne donc pas dans votre corps mortel,
et n 'obéissez pas à ses convoitises» (Romains
6 v. 1 2) . Le croyant qui s'appuie avec foi sur la promes­
se a le pouvoir d'obéir au commandement et le péché
est contraint de renoncer à sa suprématie. I gnorer la
promesse, manquer de foi ou de vigilance, voilà qui
ouvre la porte au règne du péché.
Et c'est ainsi que la vie de beaucoup de croyants est
une succession continuelle de faux pas et de chutes.
Mais si le croyant cherche à demeurer complètement,
de façon permanente, en Jésus, celui qui est sans
péché, alors la vie de Christ le préserve de toute trans­
gression effective. " If n 'y a pas de péché en iui.
Quiconque demeure en lui ne pèche pas"· Jésus le
sauve réellement du péché, non en ôtant sa nature de
péché mais en le préservant d'y être assujetti.
J'ai entendu parler d'un jeune lion que rien ne pouvait
effrayer ni soumettre, sauf le regard de son dompteur.
Avec ce dompteur, vous pouviez vous approcher de lui
et il se couchait en tremblant à ses pieds mais sa natu­
re sauvage, cruelle, assoiffée de sang était inchangée.
Aussi longtemps que le dompteur était avec vous, vous
pouviez poser le pied sur son cou , mais l'approcher en
l'absence du dompteur aurait signé votre arrêt de mort.
C'est de la même façon que le croyant peut avoir du
péché et cependant ne pas pécher. La vieille nature, la
chair, est toujours inimitié contre Dieu, mais la présence
de Jésus en nous la tient assujettie.
Par la foi, le croyant se remet lui-même sous la garde
du Fils de Dieu en qui il demeure. Il sait qu'il demeure en
Jésus et Jésus en lui. Cette communion est le secret

1 96
d'une vie sainte. « Il n'y a pas de péché en lui et celui
qui demeure en lui ne pèche pas».
Une autre question se pose alors. Etant bien entendu
que le fait de demeurer en celui qui est sans péché nous
préseNe du péché, cette habitation complète et conti­
nuelle est-elle possible ? Avons-nous le droit d'espérer
que nous serons capables de demeurer en Christ,
disons, pour un jour seulement, de telle sorte que nous
soyons gardés de toute transgression ?
Examinons sérieusement cette question et elle fourni­
ra elle-même la réponse. Quand Christ nous a comman­
dé de demeu rer en lui et nous a promis une si riche pro­
duction de fruit à la gloire du Père, une telle puissance
dans l'intercession , de quoi voulait-il parler sinon d'une
union complète, vigoureuse, pleine de santé entre le
sarment et le cep ? Lorsqu'il a promis que, si nous
demeurions en lui, il demeurerait en nous, que voulait-il
dire sinon que la réalité de la puissance et de l'amour
divins accompagnerait son habitation en nous ?
Le moyen par lequel il nous sauve du péché n'est-il
pas précisément ce qui va le glorifier, nous garder conti­
nuellement humbles et impuissants, dans la conscience
de notre nature mauvaise, vigilants et attentifs parce
que nous en connaissons le terrible pouvoir, mais aussi
dépendants et confiants parce que nous savons que sa
seule présence peut maintenir le lion couché. Oh,
croyons que, lorsque Jésus dit : « Demeurez en moi
comme moi en vous», il veut réellement dire que, bien
que nous ne puissions nous attendre à être délivrés du
monde et de ses tribulations, de notre nature de péché
et de ses tentations, il y a du moins une bénédiction qui
nous est assurée : la grâce de demeurer pleinement et

1 97
entièrement dan s notre Seigneur et en lui seul.
Demeurer en Jésus donne la possibilité d'être préservé
de tout péché effectif et c'est Jésus lui-même qui nous
donne la possibilité de demeurer en lui.
Chrétien bien aimé ! Que la promesse de notre texte
puisse te paraître trop sublime ne m'étonne pas. Ne lais­
se pas, je t'en prie, ton attention se disperser. La ques­
tion de savoir s'il est possible d'être gardé sans péché
toute une vie, ou pour un certain nombre d'années est
vaine. La foi n'a jamais à s'occuper que du moment pré­
sent. Demande-toi seulement : A cet instant où j'habite
en lui, Jésus peut-il me garder de telle ou telle trans­
gression précise qui a pesé sur ma vie quotidienne et l'a
souillée? Tu répondras ce rtainement : Bien sûr qu'ii le
peut!
Saisis donc Jésus en ce moment présent et dis-lui:
« Jésus, garde -moi maintenant, sau ve-moi mainte­
nant». Remets-toi à lui dans une prière fervente et plei­
ne de foi, afin qu'il te garde en lui tandis qu'il demeure
en toi et tu passeras de là au moment suivant et aux
heures qui se succèdent dans cette assurance constam­
ment renouvelée. Aussi souvent que l'occasion s'en pré­
sente, entre deux occupations, renouvelle ta foi dans un
élan de piété: Jésus me garde maintenant, Jésus me
sauve maintenant. Que les défaillances et les péchés
passés ne te découragent pas, mais au contraire te
pressent davantage de rechercher ta sécurité en
demeurant dans celui qui est sans péché.
Demeurer en lui est une grâce dans laquelle tu peux
progresser merveilleusement, si seulement tu te sou­
mets complètement une bon ne fois et persévères en sui­
te en t'attendant toujours davantage à lui. Considère

1 98
que c'est son travail de te garder en lui et son travail de
te garder du péché. C'est aussi ton travail que de
demeurer en lui, mais c'est également le sien, en tant
que cep, de porter et de tenir le sarment. Fixe tes
regards sur sa nature humaine sainte car c'est cela qu'il
te propose de partager avec lui - et tu découvriras alors
qu'il y a quelque chose de plus grand et de meilleur
encore que d'être gardé du péché, ce qui revient seule­
ment à juguler le mal, - la bénédiction positive, bien plus
grande encore, c'est d'être un vase purifié, sanctifié,
rempli de sa plénitude, un croyant qui met en évidence
la puissance, les bénédictions et la gloire de Dieu.
Note: PECHER CHAQUE JOUR, EST-CE UNE
NÉCESSITÉ INEVITABLE ?
Comment se fait-il, alors que nous possédons un
Sauveur dont l'amour et la condescendance sont infi­
nis, que nous soyons si souvent remplis de crainte et
de découragement? Notre esprit est las et abattu
parce que nous ne fixons pas nos regards sur Jésus
qui est l'auteur de la foi et qui la mène à la perfection,
(Hébreux 12 v. 2) lui qui est assis à la droite de Dieu,
Celui dont la toute puissance règne sur le ciel et la
terre et qui manifeste sa force et sa puissance dans
ses faibles enfants.
Nous passons notre temps à nous rappeler notre
infirmité, oubliant que sa puissance suffit à tout.
Nous avons bien conscience de ce que, en dehors
de Christ, nous ne pouvons rien faire mais cela ne
nous amène pas au sommet - ou au plus profond -
de l'humilité chrétienne: « Je puis tout par celui qui
me fortifie » ( Philippiens 4 v. 1 3). Nous nous
confions bien dans la puissance de la mort de Jésus

1 99
pour effacer la culpabilité de notre péché, mais dans
le même temps nous n'exerçons pas notre foi, en
comptant sur la toute puissance d'un Sauveur vivant
pour nous délivrer de l'esclavage et de la puissance
du péché dans notre vie quotidienne. Nous oublions
que Christ travaille puissamment en nous et que,
étant un avec lui, nous possédons assez de force
pour surmonter toute tentation.
Nous sommes capables de deux attitudes contra­
dictoires: tantôt nous oublions que nous ne sommes
rien et nous nous imaginons pouvoir suivre sans
pécher le cours de notre vie quotidienne, accomplir
les devoirs et supporter les épreuves de chaque jour
par nos propres forces, tantôt, ne nous réclamant
pas de la toute puissance de Jésus à qui toutes cho­
ses sont soumises et qui peut nous garder des chu­
tes et des faiblesses quotidiennes, nous sommes
prêts à les considérer comme une nécessité inévita­
ble. Si nous dépendons réellement de Christ pour
toutes choses et en tout temps, alors nous aurons la
victoire pour toutes choses et en tout temps par celui
dont la puissance est infinie et que le Père a choisi
pour être le Prince de notre salut (Hébreux 2 v. 1 0).
Alors toutes nos actions seront accomplies non seu­
lement devant Dieu mais en lui. Alors nous ferons
toutes choses à la gloire de Dieu le Père, au nom
puissant de Jésus qui est notre sanctification.
Rappelons-nous que tout pouvoir lui a été donné
dans le ciel et sur la terre (Matthieu 28 v. 1 8) et
vivons en exerçant constamment notre foi en sa
puissance. Croyons de plus en plus fermement que
nous n'avons rien et ne sommes rien, qu'à l'homme

200
cela est impossible, que nous n'avons pas en nous
mêmes de vie qui puisse porter du fruit. M ais croyons
aussi que Christ est tout et que, si nous demeurons
en lui et que sa Parole demeure en nous, nous por­
terons du fruit à la gloire du Père.
(Tiré de « Christ et l 'Eglise » sermons par Adolph
Saphir).

201
28
DEMEUREZ EN CHRIST
VOTRE FORCE

Tout pouvoir m 'a été donné


dans le ciel et sur la terre
(Matthieu 28 v. 18).
Fortifiez-vous dans le Seigneur
et par sa force souveraine
(Ephésiens 6 v. 10).
Ma puissance s 'accomplit dans la faiblesse
(2 Corinthiens 12 v. 9).

Parmi les chrétiens sérieux, il n'y a pas de vérité plus


généralement acceptée que celle de notre totale impuis­
sance. Et cependant il n'y a pas de vérité plus mal com­
prise et plus mal utilisée. Ici comme partout, la pensée
de Dieu est infiniment au-dessus des conceptions
humaines.
Le chrétien essaie souvent d'oublier sa faiblesse mais
Dieu désire que nous y pensions, que nous la ressen­
tions profondément. Le chrétien désire vaincre sa fai­
blesse et en être délivré, mais Dieu désire que nous
demeurions dans cette faiblesse et même que nous

203
nous en réjouissions. Le chrétien se lamente sur sa fai­
blesse mais Christ enseigne à son serviteur à dire : « Je
me glorifierai donc bien plus de mes infirmités . . . Je
me plais dans les faiblesses» (2 Corinthiens 12 v. 9, 10).
Le chrétien pense que sa faiblesse est une entrave capi­
tale dans sa vie et dans le service de Dieu, mais Dieu
nous dit que là réside le secret de la force et de l'effica­
cité. C'est notre faiblesse, acceptée du fond du cœur et
continuellement présente à notre esprit qui nous pousse
à réclamer et à saisir la force de celui qui a dit: "Ma
puissance s'accomplit dans la faiblesse».
Alors que notre Seigneur s'apprêtait à aller prendre sa
place sur le trône, une de ses dernières paroles fut:
" Tout pouvoir m 'a été donné dans !e ciel et sur la
terre». Prendre place à la droite de la puissance de
Dieu était quelque chose de nouveau et, en fait, un véri­
table pas en avant dans l'histoire de l'homme Dieu. Il en
était de même du revêtement de puissance dont il parle
ici. L'omnipotence était conférée à l'homme Christ
Jésus, afin qu'elle puisse désormais mettre en œuvre sa
puissante énergie au travers de canaux humains.
C'est pourquoi Christ a établi un lien entre la révéla­
tion de ce qu'il va recevoir et la promesse de la part qui
en reviendra à ses disciples: "Quand j'aurai été élevé,
vous recevrez la puissance d'en haut» (voir Luc
24 v. 49 / Actes 1 v. 8). C'est dans la puissance du Sau­
veur omnipotent que le croyant doit trouver sa force
pour vivre et pour travailler.
Il en fut ainsi avec les disciples. Pendant dix jours, ils
se sont tenus au pied du trône dans l'attente et dans
l'adoration. Ils lui exprimaient leur foi en tant que
Sauveur, leur adoration en tant que Seigneur, leur

204
consécration et leur désir de travailler pour lui en tant
que Maître. Jésus-Christ était l'unique objet de leurs
pensées, de leur amour, de leurs délices. Dans une telle
ferveur de foi et d'adoration, leurs âmes sont parvenues
à une communion intense avec celui qui est sur le trône
et, quand ils ont été prêts, ils ont reçu le baptême de
puissance. La puissance était à la fois en eux et autour
d'eux.
La puissance leur a été donnée afin de les qualifier
pour l'œuvre à laquelle ils s'étaient déjà consacrés eux­
mêmes : être, par leur vie et leurs actes, les témoins de
leur Seigneur devenu invisible. Pour certains, le témoi­
gnage essentiel devait être celui d'une vie sainte révé­
lant le ciel et Christ qui en était la source. La puissance
leur a été donnée pour établir le royaume au-dedans
d'eux, leur donner la victoire sur le péché et le moi. Elle
les rendra aptes, par une expérience vécue, à témoigner
de la puissance qu'a Jésus sur le trône pour faire vivre
saintement des hommes dans ce monde. D'autres
allaient se consacrer entièrement à parler au nom de
Jésus mais tous avaient besoin du don de puissance et
tous l'ont reçu.
li leur fallait prouver que, maintenant que Jésus a reçu
de son Père le royaume, toute puissance dans le ciel et
sur la terre lui a vraiment été donnée et qu'il la partage
avec les siens, selon leurs besoins, que ce soit pour
vivre une vie sainte ou pour le servir efficacement. Ils ont
reçu ce don de puissance pour prouver au monde que
le Royaume de Dieu, auquel ils déclaraient appartenir,
ne consistait pas en paroles mais en puissance
(1 Corinthiens 4 v. 20).
Ayant la puissance en eux, ils avaient aussi la puis­
sance en dehors d'eux et autour d'eux. Cette puissance
205
de Dieu était ressentie même par ceux qui ne voulaient
pas s'y soumettre (Actes 2 v. 43 / 4 v. 1 3 / 5 v. 1 3) .
Ce que Jésus fut pour ses premiers disciples, i l l'est
aussi pour nous maintenant. Toute notre vie et notre
appel en qualité de disciples dépendent de ces mots :
« Tout pouvoir m 'a été donné dans le ciel et sur la
terre ». Ce qu'il fait envers nous et pour nous, il le fait
avec ce pouvoir illimité. Ce qu'il demande ou exige, c'est
lui qui l'accomplit par ce même pouvoir. Tout ce qu'il
donne, il le donne avec puissance. Chaque bénédiction
qu'il accorde, chaque promesse qu'il accomplit, chaque
grâce qu'il déploie - tout, absolument tout est fait avec
puissance. Tout ce qui vient de ce Jésus assis sur le
trône de la puissance porte la marque de la puissance.
Lorsqu'un croyant, si faible soit-il, demande à être
gardé du péché, à croître dans la sainteté, à porter
beaucoup de fruit, il peut compter en toute certitude sur
la divine puissance pour répondre à ses prières. La puis­
sance est en Jésus. Jésus nous « appartient » , avec
toute sa plénitude et c'est en nous, membres de son
corps, que cette puissance va travailler et se manifester.
Voulez-vous savoir comment cette puissance nous est
assurée ? - C'est très simple. Jésus-Christ met en nous
sa puissance en mettant en nous sa vie même.
Beaucoup de croyants s'imaginent qu'il prend le peu de
vie qu'il trouve en eux et leur communique un peu de
force pour les aider dans leurs timides efforts. Pas du
tout, c'est sa propre vie qu'il met en nous et c'est ainsi
qu'il nous donne sa puissance. Le Saint-Esprit qui est
descendu sur les disciples venait directement du cœur
de leur Seigneur glorifié et il déversait en eux la vie du
ciel dans lequel il était entré. Voilà pourquoi son peuple

206
est invité maintenant à être fort dans le Seigneur et à
s'appuyer sur sa force toute puissante. Quand il fortifie
ses enfants, il ne leur ôte pas la conscience de leur fai­
blesse pour la remplacer par une sensation de puissan­
ce. N ullement. Mais il agit de façon merveilleuse pour
laisser subsister et même accroître la conscience de
leur totale impuissance tout en leur donnant la certitude
d'être forts en lui. "Nous portons ce trésor dans des
vases de terre, afin que cette puissance supérieure
soit attribuée à Dieu, et non pas à nous » (2 Corin­
thiens 4 v. 7).
La faiblesse et la force demeurent côte à côte. Si l'une
grandit, l'autre grandit aussi jusqu'à ce que nous com­
prenions cette parole : "Quand je suis faible, c'est
alors que je suis fort; je me glorifierai donc bien
plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissan­
ce de Christ repose sur moi » (2 Corinthiens 1 2 v. 9, 1 0).
Il nous faut apprendre à regarder à Christ, Christ assis
sur le trône, Christ tout puissant, comme étant notre vie
même. Etudions cette vie dans sa pureté, sa perfection
infinie, dans sa force et dans sa gloire. C'est la vie éter­
nelle demeurant dans le Fils de l'homme, glorifié. Et
quand nous pensons à notre propre vie intérieure, à nos
aspirations à la sainteté, à une vie qui soit agréable à
Dieu, à la puissance qu'il nous faut pour faire les œu­
vres du Père, alors regardons en haut et réjouissons­
nous de ce que Christ est notre vie. Alors nous pourrons
nous attendre à ce que cette vie accomplisse merveil­
leusement en nous tout ce dont nous avons besoin. La
puissance de Christ est à la mesure de notre attente,
qu'il s'agisse de grandes ou de petites choses, d'être
gardés du péché heure après heure comme il nous a

207
appris à l'envisager, ou d'être secourus quand nous
sommes aux prises avec quelque difficulté ou quelque
tentation particulière. Notre vie sera joyeuse et bénie,
non parce que notre faiblesse aura disparu mais parce
que, tout en demeurant dans une totale impuissance,
nous accepterons que notre puissant Sauveur travaille
en nous, en nous attendant à ce qu'il le fasse.
Ces réflexions nous enseignent, concernant notre vie
pratique, des leçons simples mais bien précieuses.
La première c'est que toute notre force est en Christ.
C'est là qu'elle repose, attendant que nous l'utilisions. Il
y a là une vie toute puissante, résidant en lui pour nous,
prête à se déverser dans la mesure où elle trouvera des
canaux libres. Mais que son débit soit fort ou faible,
quelque expérience que nous en ayons, elle est là, en
Christ. « Tout pouvoir . . . dans le ciel et sur la terre».
Prenons le temps de réfléchir à cela. Que notre esprit
soit rempli de cette pensée: Jésus peut être pour nous
un Sauveur parfait, le Père lui en a donné le pouvoir.
C'est pourquoi il peut subvenir à tous nos besoins : la
toute puissance du ciel domine toutes les puissances de
la terre, toutes les puissances de la terre dans notre
cœur et dans notre vie aussi.
Et voici la seconde leçon: la puissance coule en nous
quand nous demeurons en étroite union avec lui. Si
cette union est médiocre, si nous l'avons insuffisamment
mise en valeur et cultivée, le courant de la puissance
sera faible. Quand nous nous réjouissons de notre union
avec Christ comme étant notre plus grand bien, quand
nous sommes prêts à tout sacrifier pour la conserver,
alors la puissance est à l'œuvre. « Ma puissance s'ac-

208
complit dans la faiblesse». Notre seule préoccupation
doit donc être de demeurer en Christ, notre force. Notre
seul devoir est de nous « fortifier dans le Seigneur et
par sa force souveraine» (Ephésiens 6 v. 1 0).
Exerçons notre foi à saisir toujours plus clairement,
plus largement, « la grandeur surabondante de sa
puissance envers nous qui croyons " (Ephésiens
1 v. 1 9) , la puissance de Christ ressuscité et glorifié par
laquelle il a triomphé de tout ennemi. Que notre foi
accepte ce plan de Dieu, merveilleux et béni : en nous il
n'y a que faiblesse, toute force est en Christ mais elle
est à notre portée aussi sûrement que si elle était en
nous.
Jour après jour, notre foi s'échappe du moi et de la vie
propre pour pénétrer dans la vie de Christ et mettre tout
notre être à sa disposition pour qu'il œuvre en nous.
Par-dessus tout, que notre foi se réjouisse dans l'assu­
rance confiante qu'il va réellement, avec sa force toute
puissante, achever son œuvre en nous. Tandis que
nous demeurons ainsi en Christ, le Saint-Esprit, l'Esprit
de sa puissance va travailler merveilleusement en nous
de sorte que nous chanterons : « L'ETERNEL, l'Eternel
est ma force et mon chant. Il est devenu mon salut»
(Esaïe 1 2 v. 2). « En /'ETERNEL seul résident pour
moi les actes de justice et la force» (Esaïe 45 v. 24).
« Je puis tout par celui qui me fortifie» (Philippiens
4 V. 1 3).

209
29
DEMEUREZ EN CHRIST
ET NON EN VOUS-MEMES

Ce qui est bon n 'habite pas en moi,


c'est-à-dire dans ma chair
(Romains 7 v. 18).

Avoir la vie en soi est la prérogative de Dieu seul, et


du Fils auquel le Père l'a aussi conférée. L'honneur
suprême de la créature, c'est de rechercher la vie, non
en elle-même mais en Dieu. Vivre de soi et pour soi,
c'est la folie et la culpabilité du pécheur. Vivre pour Dieu
en Christ, telle est la bénédiction du croyant.
Perdre sa propre vie, la renier, la haïr, l'abandonner,
voilà le secret de la vie de la foi : « Ce n 'est PLUS MOI
qui vis, c'est Christ qui vit en moi » (Galates 2 v. 20),
« Non PAS MOI, toutefois, mais la grâce de Dieu qui
est avec moi » ( 1 Corinthiens 1 5 v. 1 0). Voilà le témoi­
gnage de tout homme qui a découvert ce que c'est
qu'abandonner sa propre vie et recevoir en échange la
vie bénie de Christ en lui. Le seul chemin qui conduise
vraiment à demeu rer en Christ est celui sur lequel notre
Seigneur a marché avant nous : le chemin de la mort.

21 1
Il en est peu qui comprennent cela dès le début de leur
vie chrétienne. Dans la joie du pardon, on se sent géné­
ralement poussé à vivre pour Christ et on compte sur
l'aide de Dieu pour être capable de le faire. On ignore
encore qu'il existe une terrible inimitié entre la chair et
Dieu et que, même dans le croyant, la chair refuse abso­
lument de se soumettre à la loi de Dieu ( Romains 8 v. 7).
Ces chrétiens ne savent pas encore que la mort seule
peut amener la vie de Dieu à se manifester en eux avec
puissance, dans un renoncement total à tout ce qui vient
de notre nature. Mais l'amère expérience de l'échec va
bientôt leur enseigner combien insuffisante est la
connaissance qu'ils ont eue jusque-là de la puissance
salvatrice de Christ. Alors s'éveille dans le cœur le désir
profond de le connaître davantage. Avec amour, Jésus
leur montre la croix. Il leur rappelle que c'est là, dans la
foi en sa mort substitutive, qu'ils ont trouvé leur raison
de vivre.
Et c'est encore là qu'ils vont pénétrer dans une expé­
rience plus profonde. Il leur demande s'ils désirent vrai­
ment boire la coupe qu'il a dû boire, être crucifiés et
mourir avec lui. Il leur enseigne qu'en lui ils ont déjà été
crucifiés et qu'ils sont morts. Qu'ils le sachent ou non, à
leur conversion ils sont devenus participants de sa mort.
Ce qu'il leur faut maintenant, c'est consentir avec toute
leur intelligence à ce qu'ils ont reçu autrefois sans com­
prendre. Il leur faut choisir, par un acte personn el de
volonté, de mourir avec Christ.
Parmi les exigences de Christ, celle-ci est d'une extrê­
me gravité. Elle fait reculer plus d'un croyant car il a du
mal à comprendre. Il s'est tellement accoutumé à une
vie de continuelle défaite qu'il souhaite à peine sa déli-

212
vrance et ose encore moins l'espérer. La sainteté, la
parfaite conformité à Jésus, la communion incessante
avec son amour sont des éléments qui ne peuvent
guère être comptés comme faisant partie de sa confes­
sion de foi. Lorsqu'il n'y a pas un désir intense d'être
totalement gardé du péché, d'être amené à la plus étroi­
te communion possible avec le Sauveur, l'idée d'être
crucifié avec lui ne peut trouver accès en nous.
Elle n'évoque que souffrance et honte. Un tel croyant
est heureux de ce que Jésus ait supporté la croix à sa
place et ait ainsi gagné pour lui la couronne qu'il espère
bien porter un jour. Mais le croyant qui cherche réelle­
ment à demeurer pleinement en Christ regarde cela
sous un tout autre jour. Une expérience amère lui a
enseigné que le plus grand ennemi est le MOI, qu'il
s'agisse de soumission totale ou de simple confiance en
Dieu. Tout d'abord parce que le moi refuse d'abandon­
ner sa volonté propre, puis parce qu'il travaille véritable­
ment à entraver l'œuvre de Dieu. Tant que la vie du moi,
avec ses désirs et ses actions, n'a pas été remplacée
par la vie de Christ, avec ses désirs et ses actions,
demeurer en Christ est une chose impossible.
C'est alors que se présente la question solennelle,
posée par celui qui est mort sur la croix: « Es-tu prêt à
livrer ton moi à la mort ? » Tu es déjà, toi - la personne
vivante qui est née de Dieu - mort au péché et vivant
pour Dieu ( Romains 6 v. 1 1 ). Mais es-tu prêt maintenant,
dans la puissance de cette mort, à offrir tes membres, à
abandonner entièrement ton moi pour qu'il meure sur la
croix et qu'il y reste jusqu'à ce qu'il soit totalement
détruit ? C'est une question qui sonde jusqu'au plus pro­
fond du cœur.

213
Suis-je prêt à déclarer que le vieux moi n'aura plus
jamais son mot à dire, qu'il ne lui sera plus permis
d'avoir une seule pensée propre, si naturelle soit-elle, un
seul sentiment personnel aussi agréable soit-il, pas un
désir, pas une action, même parfaitement légitime ?
Est-ce vraiment cela qu' il réclame? L'artisan de notre
nature, n'est-ce pas Dieu lui-même et nos possibilités
naturelles ne peuvent-elles pas être sanctifiées à son
service? Certes elles peuvent et doivent l'être. Mais il
faut que vous preniez conscience de ceci: la seule
manière dont elles puissent être sanctifiées, c'est qu'el­
les soient soustraites à la puissance du moi et placées
sous la puissance de la vie de Christ. Ne pensez pas
que ce travail soit à votre portée parce que vous le dési­
rez ardemment et parce que vous êtes véritablement un
des rachetés du Seigneur. Non, il n'y a pas d'autre
moyen de consécration, sur l'autel, que la mort.
Offrez-vous vous-même en sacrifice sur l'a utel de
Dieu c omme un vivant revenu de la mort (Romains
6 v. 1 3 / 1 2 v. 1). Alors les talents, les dons, les biens que
vous possédez et qui doivent être effectivement sancti­
fiés pour le Seigneur, ainsi que toutes les forces de votre
nature, seront arrachés à la puissance du péché et du
moi, déposés avec vous, sur l'autel afin d'être consumés
par le feu qui y brûle continuellement (Lévitique 6 v. 6).
C'est par l'anéantissement, la mise à mort du moi,
que seront libérées les merveilleuses possibilités dont
Dieu vous a équipé pour le servir. Ainsi offertes à Dieu
dans un abandon total, elles seront agréées, sanctifiées
et utilisées par lui. Alors, bien qu'il soit inimaginable -
aussi longtemps que vous demeurez dans cette chair -
de pouvoir dire que le moi est mort, lorsque vous per-

214
mettrez à la vie de Christ de prendre pleinement le pou­
voir, le moi peut être maintenu crucifié en son lieu et
soumis à la sentence de mort prononcée contre lui. Ainsi
il n'aura sur vous aucun pouvoir, même pour un seul ins­
tant. Jésus Christ est devenu votre second moi (Galates
2 v. 20).
Croyant, veux-tu vraiment habiter pleinement en
Christ? Alors prépare-toi à rejeter à jamais ton moi, à lui
refuser le droit d'intervenir dans ta vie intérieure, même
un seul instant. Si tu veux vraiment te libérer de ton moi
et permettre à Jésus-Christ de devenir ta propre vie pro­
fonde, d'inspirer toutes tes pensées, tes sentiments, tes
actes, tant dans les choses spirituelles que dans les
choses matérielles, alors il est prêt à te prendre en char­
ge. Il veut être ta vie au sens le plus large et le plus com­
plet que ce mot puisse avoir. Il s'occupera des mille cho­
ses qui constituent ta vie quotidienne, même les plus
insignifiantes. Pour le faire, il ne demande qu'une
chose: dégage-toi de ton moi et de ta vie propre,
demeure en Christ et dans la vie de Christ, et Christ sera
ta vie. La puissance de sa sainte présence chassera ton
ancienne vie.
Pour y parvenir, abandonne ton moi tout de suite et
pour toujours. Si tu n'as jamais osé le faire, par crainte
de faillir à ton engagement, fais le mainten ant.
Considérant la promesse que Christ t'a faite de rempla­
cer ta vieille vie par la sienne, essaie et constate, bien
que le moi ne soit pas mort, que tu es réellement mort
au moi. Le moi est encore fort et vigoureux mais il n'a
aucun pouvoir sur toi. Toi - ta nature renouvelée, ton
nouveau moi, régénéré en Jésus de mort qu'il était - tu
es vraiment mort au péché et vivant pour Dieu. Ta mort

215
en Christ t'a libéré complètement de la domination du
moi. Il n'a plus de pouvoir sur toi, à moins que tu ne
consentes, par ignorance, incrédulité ou manque de
vigilance, à te soumettre à son autorité usurpée. Viens
et accepte par la foi, simplement et de tout ton cœur, la
glorieuse position que tu as en Christ. Tu es de ceux qui,
en Christ, sont morts au moi, de ceux qui ont été libérés
de la domination du moi et ont, en échange, reçu la vie
divine pour animer et inspirer les bases mêmes de ta
vie.
Avance-toi donc hardiment et pose ton pied sur le cou
de ton ennemi qui est aussi celui du Seigneur. Aie bon
courage. Crois seulement. N'aie pas peur de franchir le
pas décisif et de déclarer que tu as, une fois pour tou­
tes, livré ce moi à la mort pour laquelle il a été crucifié
en Christ (Romains 6 v. 6). Compte sur Jésus, le cruci­
fié, pour maintenir ton moi sur la croix et pour le rempla­
cer par sa propre vie bénie de résurrection. Dans cette
attitude de foi, demeure en Christ. Attache-toi à lui, repo­
se-toi sur lui, espère en lui.
Renouvelle chaque jour ta consécration. Accepte cha­
que jour à nouveau ta position merveilleuse: la rançon a
été payée pour t'arracher au tyran et faire de toi un vain­
queur. Considère chaque jour avec une sainte frayeur
ton ennemi, le moi, se débattant pour échapper à la
croix, cherchant à t'amener à lui rendre un peu de liber­
té, ou à te tromper en proclamant qu'il veut maintenant
s'employer à servir Christ. Rappelle-toi bien ceci: le moi
est plus dangereux quand il cherche à servir Dieu que
lorsqu'il refuse de lui obéir. Considère-le avec une sain­
te frayeur et cache-toi en Christ: en lui seul est ta sécu­
rité. Demeure donc en lui. Il a promis de demeurer en
toi, il t'apprendra à être humble et vigilant. Il t' apprendra
216
à être joyeux et confiant. Tout ce qui t'intéresse dans la
vie, toutes les puissances de ta nature, le courant inces­
sant de pensées, de désirs, de sentiments qui constitue
ta vie, apporte tout cela à Christ et compte sur lui pour
prendre la place que le moi occupait auparavant, si sim­
plement et si naturellement. Jésus-Christ va vraiment
prendre possession de toi et habiter en toi. Dans la paix,
le repos, la grâce de la vie nouvelle, tu vas recevoir une
joie permanente. Voilà le merveilleux échange qui t'est
proposé: sortir de ton moi afin de demeurer en Christ
seul.
NOTE :
Marschal, dans son livre sur la sanctification, au cha­
pitre 1 2 sur « La sainteté par la foi seulement », met
avec beaucoup de force l'accent sur le danger que cou­
rent les chrétiens qui cherchent à réaliser la sanctifica­
tion par leur effort personnel, avec l'aide de Christ, au
lieu de s'attendre pour cela à Christ seul et à la recevoir
de lui par la foi. Il nous rappelle qu'il y a deux natures
chez le croyant, donc deux manières de chercher la
sainteté, selon qu'il se laisse conduire par les principes
de l'une ou de l'autre nature.
L'une d'elles est la manière charnelle où nous mettons
en oeuvre au maximum nos efforts et notre volonté,
comptant sur Christ pour nous aider à le faire. L'autre, la
voie spirituelle, c'est de nous appliquer uniquement à
recevoir Christ en nous jour après jour, à le laisser vivre
et agir en nous pas à pas, puisque nous sommes morts
et ne pouvons rien faire.
N'espérez pas purifier la chair ou l'homme naturel de
ses tendances et désirs mauvais. Ne comptez pas par­
venir à la sainteté par votre volonté, vos résolutions de
217
faire au mieux tout ce qui est en votre pouvoir, tout en
comptant sur la grâce de Dieu et sur Christ pour vous
aider à tenir vos résolutions et à réussir dans vos tenta­
tives. Reposez-vous plutôt sur Christ pour produire en
vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir.
Ceux qui sont convaincus de leur nature de misère et
de péché pensent souvent qu'il faut d'abord dompter la
chair, soumettre et déraciner ses convoitises, transfor­
mer par la lutte et la contrainte leur nature corrompue en
une nature meilleure, disposée à la sainteté. Il suffirait
alors qu'ils aient dans leur cœur une pleine détermina­
tion à agir au mieux de leurs capacités. Ils espèrent ainsi
paNenir à mener à bien cette grande entreprise: vaincre
leurs convoitises et accomplir tous leurs devoirs, même
les plus difficiles. Beaucoup de théologiens déploient
tout leur zèle, par leurs écrits et leurs prédications, à
susciter de telles résolutions chez le peuple de Dieu.
C'est leur but principal car là se situe, pour eux, le vira­
ge de la vie de péché à la vie de sainteté. Ils ne pensent
pas que cela s'oppose à la vie de la foi puisqu'ils se
confient à la grâce de Dieu en Christ pour aider le
croyant dans ses résolutions et ses efforts. C'est pour­
quoi ils essaient de réformer leur ancienne condition et
de devenir parfaits dans la chair, au lieu de la rejeter et
de marcher en nouveauté de vie en Christ. Ils mettent
leur confiance dans les choses charnelles inférieures
pour atteindre la sainteté par la mise en œuvre de leur
volonté propre, leurs intentions, résolutions et tentati­
ves, au lieu de se fonder sur Christ. Ainsi ils comptent
sur Christ pour les aider dans cette voie charnelle! La
vraie foi leur aurait enseigné qu'ils ne sont rien et qu'ils
se donnent de la peine en vain.

218
30
DEMEUREZ EN CHRIST
LE GARA NT D'UNE ALLIANCE
MEILLEURE

Jésus est devenu par cela même


le garant d 'une alliance meilleure
(Hébreux 7 v. 22).

De l'ancienne alliance, !'Ecriture dit qu'elle n'a pas été


irréprochable (Hébreux 8 v. 7). Dieu déplore qu'Israël
n'ait pas persévéré dans cette alliance, aussi ne s'est il
pas non plus soucié d'eux (Hébreux 8 v. 9). L'Alliance
n'a donc pas réalisé ce qui, de toute évidence, était son
objet: unir Israël à Dieu. Israël a abandonné Dieu et
Dieu ne s'est plus soucié d'Israël.
Pour cette raison Dieu a promis d'établir une nouvelle
alliance qui ne présenterait plus les défauts de la pre­
mière et qui atteindrait le but quelle se propose. Si elle
doit parvenir à cette fin, il faut qu'elle garantisse la fidé­
lité de Dieu à son peuple et la fidélité du peuple à Dieu.
Les termes mêmes de cette nouvelle alliance précisent
que ces deux objectifs seront atteints : « Je mettrai mes
lois dans leur intelligence» (Hébreux 8 v. 10). Par là
Dieu propose d'assurer la fidélité immuable de son peu-
219
pie envers lui. " Je ne me souviendrai plus de Jeurs
péchés" (Hébreux 8 v. 1 2). Par là Dieu proclame sa
fidélité immuable envers son peuple. Un Dieu qui par­
donne et un peuple qui obéit, Voilà les deux éléments
qui vont se rejoindre et rester éternellement unis dans la
nouvelle alliance.
Ce qu'il y a de plus meNeilleux dans cette nouvelle
alliance, c'est celui qui en garantit l'accomplissement de
part et d'autre: Jésus est devenu le garant de cette
alliance meilleure. A l'égard de l'homme, il est devenu le
garant de ce que Dieu serait fidèle pour accomplir la part
qui lui incombe. Ainsi, l'homme peut s'attendre avec
confiance à ce que Dieu pardonne, accueille et n'aban­
donne plus jamais son peuple. A l'égard de Dieu, Christ
est devenu le garant de ce que l'homme accomplirait
fidèlement sa part, de sorte que Dieu puisse déverser
sur lui les bénédictions promises par l'alliance.
Et comment honorera-t-il cette garantie? Etant un
avec Dieu et possédant la plénitude de la divinité au
sein de sa nature d'homme, Christ est personnellement
le garant pour l'homme de ce que Dieu accomplira. Il en
a pris l'engagement. Tout ce que Dieu possède est mis
en réseNe pour nous en l'homme qu'il est. D'autre part,
parce qu'il est un avec nous et qu'il nous a pris pour faire
de nous les membres de son corps, il est pour Dieu le
garant de ce qu'il sera pris soin de ses intérêts. En lui se
trouve l'assurance de tout ce que l'homme doit être et
accomplir.
Ce qui fait la gloire de la nouvelle alliance, c'est que
sa garantie éternelle, son assurance, se trouvent dans
la personne de l'Homme Dieu. On comprend facilement
que les objectifs et les bénédictions de cette alliance se

220
réaliseront en nous dans la mesure où nous demeure­
rons en lui, le garant de l'alliance.
Nous comprendrons mieux encore en examinant cela
à la lumière de l'une des promesses de la nouvelle
alliance. Prenons celle de Jérémie 32 v. 40: "Je
conclurai avec eux une alliance éternelle, je ne me
détournerai plus d'eux, je leur ferai du bien, et je
mettrai ma crainte dans leur coeur afin qu'ils ne
s'écartent pas de moi ». Voyez avec quelle merveilleu­
se condescendance le Dieu infini se penche sur notre
faiblesse.
Il est le Fidèle et l'i mmuable dont la parole est la véri­
té et pourtant, afin de prouver mieux encore aux héritiers
de la promesse l'immuabilité de ses desseins, il se lie
lui-même par ce contrat, s'engageant à ne jamais chan­
ger: "Je conclurai avec eux une alliance éternelle, je
ne me détournerai plus d'eux ». Heureux l'homme qui
a pleinement saisi cette promesse et a trouvé son repos
dans l'alliance éternelle avec le Fidèle!
Mais dans cette alliance, il y a deux parties.
Qu'arrivera-t-il si l'homme est infidèle et rompt le
contrat? Pour que le contrat soit en tout point bien
ordonné et que son application soit certaine, il faut aussi
que cela ne puisse se produire et que l'homme aussi
demeure fidèle. Un homme ne pourra jamais s'engager
à donner une telle assurance. Mais voici que Dieu vient
encore pourvoir à cela. Non seulement il certifie, par
cette alliance nouvelle, qu'il ne se détournera pas de
son peuple, mais encore il atteste qu'il mettra sa crainte
dans leur cœur et qu'ils ne s'écarteront pas de lui. En
plus des obligations qui lui incombent comme étant l'une
des parties du contrat, il se charge aussi des obligations

22 1
de l'autre : « JE FERAI que vous suiviez mes pres­
criptions et pratiquiez mes ordonnances» (Ezéchiel
36 V. 27).
Heureux l'homme qui saisit aussi cette seconde partie
du contrat ! Il voit que sa sécurité ne réside pas dans le
contrat qu'il a passé avec Dieu et qu'il ne pourrait man­
quer d'enfreindre continuellement. Il découvre qu'il s'agit
d'un contrat par lequel Dieu répond, non seulement de
lui-même mais aussi de l'homme. Il s'empare de cette
vérité bénie que sa part dans le contrat consiste à
accepter ce que Dieu a promis de faire et à s'attendre à
l'accomplissement certain de ce à quoi Dieu s'est enga­
gé : assurer la fidélité du peuple envers son Dieu. "Je
mettrai ma crainte dans leur coeur afin qu'ils ne
s 'écartent pas de moi ».
C'est là qu'intervient l'œuvre bénie, la garantie de l'al­
liance par celui que le Père a désigné pour veiller à ce
qu'elle soit respectée et pleinement accomplie. C'est à
lui que le Père a dit : "Je t'établis pour faire alliance
avec le peuple» (Esaïe 42 v. 6) et le Saint-Esprit attes­
te : "Et toutes les promesses de Dieu ont trouvé leur
oui dans SA PERSONNE. Aussi est-ce par L UI que
nous disons amen à Dieu pour sa gloire "
(2 Corinthiens 1 v. 20). Le croyant qui demeure en lui
possède une assurance divine quant à l'accomplisse­
ment de toutes les promesses de l'alliance.
Christ est devenu le garant d'une alliance meilleure.
Christ est notre Melchisedek et, par là, notre sécurité
(voir H ébreux 7). Aaron et ses fils ont disparu, mais de
Christ il est dit qu'il est vivant (v. 8). Il est sacrificateur par
la puissance d'une vie impérissable (v. 1 6). Parce qu'il
demeure éternellement, il possède le sacerdoce non

222
transmissible (v. 24). Et parce qu'il est toujours vivant
pour intercéder, il peut sauver parfaitement (v. 25), il
peut sauver complètement. C'est parce qu'il est le
Vivant qu'il est une garantie si efficace de l'alliance. Il est
toujours vivant pour intercéder donc il peut sauver entiè­
rement.
A tous moments s'élèvent, dans la sainte présence du
Père, d'incessantes supplications. C'est ainsi que la
puissance et les bénédictions de la vie céleste sont
assurées à son peuple. A tous moments descendent de
lui vers son peuple les puissantes influences de son
intercession continuelle, lui apportant sans interruption
la puissance de la vie céleste. Garant pour nous des
faveurs du Père, il ne cesse de prier et de nous présen­
ter devant lui. Garant pour le Père, en ce qui nous
concerne, il ne cesse de travailler à révéler le Père au­
dedans de nous.
Le mystère du sacerdoce de Melchisédek que les
Hébreux n'étaient pas capables de comprendre
(Hébreux 5 v. 1 0, 1 4) , c'est le mystère de la vie de résur­
rection. La gloire de Christ, comme garant de l'alliance,
consiste en ce qu'il est toujours vivant. Il accomplit son
œuvre dans le ciel avec la force d'une vie divine, toute
puissante. Il est toujours vivant pour prier. Pas u n
moment ne s'écoule sans qu'il élève vers Dieu des priè­
res afin de nous assurer l'accomplissement de ce que le
Père a promis dans l'alliance dont il est le garant. Il
accomplit son œuvre sur terre avec la force de cette
même vie.
Pas un moment ne s'écoule sans que l'exaucement
de ses prières la puissance du monde céleste ne des­
cende vers nous afin d'assurer pour le Père l'accomplis-

223
sement par nous de l'autre partie du contrat. Dans la vie
éternelle, il n'y a pas de pause, pas un seul moment d'in­
terruption. Chaque moment renferme la puissance de
l'éternité. Christ vit pour prier, toujours, à tout moment. Il
vit pour bénir, toujours, à tout moment. Il peut sauver
parfaitement, complètement, totalement, parce qu'il vit
et prie toujours.
Croyant, tu peux comprendre maintenant que la pos­
sibilité de demeurer en Jésus à tout moment t'est assu­
rée par la nature même de ce sacerdoce perpétuel! Il
est ta sécurité. Instant après instant, tandis que son
intercession s'élève, son efficacité descend sur toi.
Jésus a promis de réaliser le contrat: « Je mettrai ma
crainte dans leur coeur afin qu 'ils ne s 'écartent pas
de moi" (Jérémie 32 v. 40). Donc il n'est pas possible
qu'il t'abandonne un seul instant à toi-même. Il ne pour­
rait le faire sans faillir à son engagement. Ton incréduli­
té peut te faire manquer la bénédiction mais lui ne peut
être infidèle. Fixe les regards sur lui, sur la puissance de
cette vie impérissable par laquelle il est devenu et
demeure notre Souverain Sacrificateur. Alors ta foi gran­
dira et tu arriveras à croire qu'il n'attend rien de moins
pour toi qu'une vie qui demeure en lui, d'une manière
ininterrompue, immuable, sans fin.
En voyant ce qu'est Jésus, ce qu'il est pour nous,
demeurer en lui sera le résultat naturel et spontané de
la connaissance que nous aurons acquise de sa person­
ne. Si instant après instant sa vie s'élève vers le Père en
notre faveur et redescend du Père vers nous sans
cesse, alors il est simple et facile de demeurer en lui,
instant après instant. Chaque fois que tu peux reprendre
consciemment contact avec lui, dis-lui simplement :

224
"Jésus, ma sûreté, mon gardien, mon Sauveur toujours
vivant dans la vie de qui j'habite, je demeure en toi"·
Chaque fois que tu te trouves dans le besoin, l'obscuri­
té, la crainte, dis-lui encore : "Ô toi, Souverain Sacri­
ficateur, dans la puissance d 'une vie immuable, impéris­
sable, je demeure en toi"· Et chaque fois que la commu­
nion consciente, directe avec lui doit céder la place à
des occupations indispensables, tu peux faire confiance
à la sécurité qui est en lui, à son sacerdoce perpétuel, à
sa divine efficacité, à la puissance par laquelle il nous
sauve parfaitement.
En ce moment encore, il te garde en lui.

225
31
DEMEUREZ EN CHRIST
LUI QUI EST DANS LA GLOIRE
Votre vie est cachée avec le Christ en Dieu.
Quand le Christ, votre vie, paraÎtra,
alors vous paraÎtrez aussi avec lui dans la gloire
(Colossiens 3 v. 4)

Celui qui demeure en Christ, le Crucifié, apprend ce


que signifie être crucifié avec lui et être réellement mort
au péché en lui. Celui qui demeure en Christ, ressusci­
té et glorifié, devient de la même manière participant de
la vie de résurrection et de la gloire dont il est mainte­
nant couronné dans le ciel. Des bénédictions inexprima­
bles résultent pour l'âme de cette union avec Christ
dans sa vie glorifiée.
Cette vie est une vie de parfaite victoire et de repos.
Avant sa mort, le Fils de Dieu a dû souffrir et lutter. Il a
pu être tenté et troublé par les assauts du péché. Mais
ressuscité, il a triomphé du péché. G lorifié, son humani­
té même est devenue participante de la gloire divine. Le
croyant qui demeure en lui comme tel est amené à
constater que la puissance de la chair et du péché est
effectivement détruite. Il prend conscience de plus en

227
plus clairement de sa délivrance complète et définitive.
Le repos béni et la paix prennent possession de sa vie.
Ce sont là les fruits de la conviction qu'il possède : la vic­
toire et la délivrance sont des faits accomplis.
Demeurant en Jésus avec qui il est ressuscité et assis
dans les lieux célestes (Ephésiens 2 v. 6), il reçoit cette
vie glorieuse qui s'écoule de la Tête au travers de cha­
cun des membres du corps.
C'est une vie de pleine communion dans l'amour et la
sainteté du Père. Jésus a souvent insisté sur cette idée
avec ses disciples. Mourir, pour lui, c'était aller au Père.
Il priait: " Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la
gloire que j'avais auprès de toi » (Jean 1 7 v. 5). Quand
le croyant demeure en Christ le glorifié et cherche à
comprendre et s'approprier ce qu'implique son union
avec Jésus assis sur le trône, il découvre que la plus
grande gloire de Christ c'est la resplendissante lumière
de la présence du Père, et que c'est également sa part
à lui, croyant. Il apprend l'art béni de demeurer sans
cesse dans l'intimité de la présence du Père, en com­
munion avec notre Chef glorifié. Plus encore: quand
Jésus était sur la terre, la tentation pouvait l'atteindre,
mais dans la gloire tout est saint, en parfaite harmonie
avec la volonté de Dieu. De même le croyant qui habite
en lui fait l'expérience, dans cette haute communion,
d'une sanctification de son esprit, croissant dans l'har­
monie avec la volonté du Père. La vie céleste de Jésus
est la puissance qui chasse le péché.
C'est une vie d'amour actif et efficace. Assis sur le
trône, Jésus dispense ses dons, répand son esprit et ne
cesse jamais de travailler pour les siens et de veiller sur
eux avec amour. Le croyant ne peut demeurer en Jésus,

228
le Glorifié, sans se sentir lui-même fortifié et poussé à
travailler. L'Esprit et l'amour de Jésus lui insufflent le
désir et la possibilité d'être en bénédiction aux autres.
Le désir de Jésus en remontant au ciel était d'y rece­
voir la possibilité de bénir plus largement encore. Il ne le
fait, lui, la vigne céleste, qu'au travers de son peuple qui
en constitue les sarments. Par conséquent, quiconque
demeure en lui, le Glorifié, porte beaucoup de fruit car
c'est de son Seigneur magnifié qu'il reçoit l'Esprit et la
puissance de la vie éternelle. Il devient le canal par
lequel se déverse en bénédiction sur ceux qui l'entou­
rent toute la plénitude de Jésus qui a été élevé à la
dignité de Prince et de Sauveur.
Voici encore une pensée concernant la vie du Glorifié,
cette vie qui est la nôtre en lui. C'est une vie d'espéran­
ce et d'attente merveilleuses. Il en est ainsi pour Christ.
Il est assis à la droite de Dieu, attendant que ses enne­
mis deviennent son marchepied (Hébreux 10 v. 1 3). Il a
les regards tournés vers le jour où il recevra sa pleine
récompense, où sa gloire sera manifestée et où son
peuple bien-aimé sera pour toujours avec lui dans la
gloire.
L'espérance de Christ est aussi celle de ses rachetés :
« Je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que
là où je suis vous y soyez aussi » (Jean 1 4 v. 3). Cette
promesse est aussi précieuse pour Christ qu'elle peut
l'être pour nous. La joie de la rencontre n'est sûrement
pas moindre pour l'Epoux qui vient que pour l'épouse
qui attend. La vie de Christ dans la gloire est une arden­
te espérance: sa gloire n'atteindra sa plénitude que lors­
que ses bien-aimés seront avec lui.

229
Le croyant qui demeure étroitement uni à Christ parta­
ge aussi cet esprit d'attente. Il ne pense pas à l'accrois­
sement de son bonheur personnel mais, dans sa fidélité
enthousiaste envers son Roi, il aspire à le voir revenir
dans sa gloire, régner sur tous ses ennemis, achevant
ainsi de révéler l'amour éternel de Dieu. « Jusqu'à ce
qu 'il vienne» ( 1 Corinthiens 11 v. 26), tel est le mot d'or­
dre de tout croyant sincère. « Quand le Christ, votre
vie, paraÎtra, alors vous paraÎtrez aussi avec lui dans
la gloire» ( Colossiens 3 v. 4 ).
On peut envisager la promesse de sa venue de diver­
ses manières. Pour l'un, ce sera simplement le jour où il
viendra soudain en personne pour régner sur la terre et
cette apparition soudaine est son espérance et son
appui. Pour un autre qui aime tout autant la Bible et son
Sauveur, la venue de Christ évoque seulement le jour du
jugement, le passage solennel du temps à l'éternité, le
dernier mot de l'histoire sur la terre, le commencement
du ciel. La pensée de la manifestation de son Sauveur
dans la gloire est également sa joie et sa force. C'est
Jésus, Jésus qui revient, Jésus qui nous prend avec lui,
Jésus adoré comme Seigneur de tout qui est pour
l'Eglise entière le centre et la totalité de son espérance.
C'est en demeurant en Christ, le Glorifié, que le
croyant restera en éveil, dans une attente réellement
spirituelle de son retour, attente qui seule apporte à
l'âme une vraie bénédiction. On peut s'adonner à l'étu­
de des choses à venir avec une passion telle qu'on
manifeste son appartenance à telle école de pensée
bien plus qu'a l'école de la douceur de Christ! Les
conflits d'opinion, la condamnation des frères et sœurs
sont alors plus évidents que les signes de la gloire à

230
venir. Seuls les humbles désirent apprendre quelque
chose de ceux qui ont d'autres dons qu'eux mêmes, qui
ont reçu des révélations plus profondes de la vérité.
L'amour parlant toujours avec amabilité et tendresse de
ceux qui ne voient pas les choses comme nous, le
caractère céleste révélant que celui qui revient est vrai­
ment déjà notre vie, voilà qui convaincra l'Eglise et le
monde que cette foi que nous avons n'est pas sagesse
des hommes mais puissance de Dieu.
Pour attester que notre Sauveur revient, il nous faut
demeurer en lui et porter l'image du Glorifié. Ce qui nous
préparera à le rencontrer, ce n'est pas la justesse des
vues que nous pouvons en avoir, ni le sérieux avec
lequel nous les défendrons, mais le fait de demeurer en
lui. C'est ainsi seulement que notre manifestation dans
la gloire avec lui pourra réaliser ce que Dieu en attend:
une transfiguration, une explosion, un éclat resplendis­
sant de la gloire intérieure qui attendait en nous le jour
de la révélation .
Quelle vie bénie! Vie cachée avec Christ e n Dieu
(Colossiens 3 v. 3), établie en Christ dans les lieux céles­
tes ( Ephésiens 2 v. 6): demeurer en Christ, le Glorifié !
On demandera encore: un faible enfant de la poussière
peut-il réellement demeurer en communion avec le Roi
de Gloire? Voici de nouveau la réponse bénie qu'il faut
donner: le maintien de cette union est l'œuvre même
pour laquelle Christ a, à sa disposition, tout pouvoir
dans le ciel et sur la terre. La bénédiction sera donnée
à celui qui fait confiance à son Seigneur pour cela, qui
ne cesse de s'abandonner à lui dans la foi et dans une
attente confiante, afin d'être entièrement un avec lui.
Quand l'âme s'est donnée pour la première fois à son
Sauveur, ce fut un acte de foi merveilleux et tout simple.
231
Cette foi devient de plus en plus claire et saisit toujours
plus fermement cette vérité de Dieu que nous sommes
un avec lui dans sa Gloire.
Dans cette même foi, merveilleusement simple et mer­
veilleusement efficace, l'âme apprend à s'abandonner
entièrement pour être gardée par la force toute puissan­
te de Christ et par l'efficacité de sa vie éternelle.
Sachant que l'Esprit de Dieu qui habite en elle peut lui
communiquer tout ce que Christ est, elle ne considère
plus cela comme un fardeau ou un travail, mais elle per­
met à la vie divine de faire son chemin, d'accomplir son
œuvre. Par la foi s'accomplit le renoncement croissant
au moi, l'attente et l'acceptation de tout ce que l'amour
et la puissance du Glorifié peuvent accomplir. Par la foi
se trouve maintenue u ne communion i ninterr ompue et
nous devenons de plus en plus conformes à lui. A l'ima­
ge de Moïse, la commu nion avec Dieu nous rend parti­
cipants de la gloire et la vie commence à resplendir
d'une lumière qui n'est pas de ce monde.
Quelle vie bénie ! Elle nous appartient parce que
Jésus est à nous. Quelle vie bénie ! Nous en possédons
en nous la puissance cachée et nous avons devant
nous la perspective de la gloire suprême. Que nos vies
quotidiennes soient la preuve éclatante et bénie de la
puissance cachée qui habite en nous et qui nous prépa­
re pour la gloire qui va être révélée. Que demeurer en
Christ, le Glorifié, nous rende capables de vivre à la gloi­
re du Père et nous prépare à partager la gloire du Fils.
« Et maintenant, petits enfants, demeurez en lui
afin qu'au moment où il sera manifesté nous ayons
de l'assurance et qu'à son avènement nous n'ayons
pas honte devant lui» ( 1 Jean 2 v. 28).

232
QUELQUES ETA PES DE LA VIE
D'A NDREW MURRA Y

9 mai 1 828 : Naissance d'Andrew Murray à Graaf­


Reinet, petite ville d'Afrique du Sud.
1 928- 1 938 : Enfance. Il rencontre David Livingstone et
Robert Moffat.
1 938 : Andrew et son frère envoyés à Aberdeen en
Ecosse, chez leur oncle, pour y suivre des études.
1 840 : Il rencontre l'évangéliste William C. Burns qui
aura une forte influence sur sa vie spirituelle.
1 844 : Andrew Murray diplomé du collège Marischal,
entreprend des études de théologie et de hollan­
dais à l'université d'Utrecht aux Pays Bas.
Lors de congés scolaires il voyage en Allemagne
et rencontre Blumhardt.
1 948 : Andrew Murray est ordonné pasteur de l'Eglise
Néerlandaise Réformée à La Haye.
Retour en Afrique du Sud. Il est nommé pasteur
dans la région de Bloemfontein . Son ministère est
essentiellement itinérant.
1 852 : Interprète lors du traité de Sand River qui recon­
nait l'indépendance des boers au nord du Vaal.
1 856 : Il épouse Emma Rutherfoord, fille d'un homme
d'affaire de Cape Town ( Le Cap). Onze enfants
nailront de cette union.
1 856 : Il participe à la création du Grey Collège de
233
Bloemfontein, dont il devient le premier recteur.
1 860 : Pasteur à Worcester. Un réveil spirituel éclate en
Afrique du Sud. Après quelques réticences il finit
par se rallier au mouvement.
Il participe à la fondation du Theological Seminary
de Stellenbosch.
1 862 : Andrew Murray est élu modérateur du synode de
l'Eglise Néerlandaise Réformée (idem en 1 876,
1 883, 1 890 et 1 894). Il prend position contre le
courant libéral.
1 864 : Il est nommé pasteur à Cape Town.
1 865 : Andrew Murray nommé président de la Y. M . C .A.
1 87 1 : Nommé pasteur à Wellington. Réveil spirituel .
1 874 : Il fonde le Huguenot Seminay de Wellington.
1 877 : Il crée une école missionnaire en vue de promou-
voir l'évangélisation des tribus africaines.
Voyage aux Etats- Unis. Orateur de plusieu rs
conventions chrétiennes.
1 879 : Suite à une maladie il perd sa voix et ne peut plus
prêcher pendant deux ans. Temps de désert.
1 88 1 : Andrew Murray séjourne à Londres. Guérison
miraculeuse de sa voix.
1 882 : Participation à la convention de Keswick.
1 888 - 1 91 7 : Président de la South-Africa general Mission.
1 895 : Orateur à la convention de Keswick et de
Northfield.
1 898 : Docteur honoris causa de l'université d'Aberdeen.
1 904 : Décès de sa femme Emma.
1 906 : Retraite du ministère pastoral.
1 907 : Docteur honoris causa de l'université du Cap .
1 8 janvier 1 9 1 7 : Décès d'Andrew Murray.

234
LES LIVRES D 'ANDREW MURRA Y
Livres d'Andrew Murray en anglais

La bibliographie complète des oeuvres d'Andrew Murray dépasse 250


titres. Nous ne mentionnons ici que ceux qui dépassent 1 00 pages.
L'œuvre d'Andrew Murray est encore abondamment éditée en anglais
et bon nombre de ces titres sont encore disponibles.

Abide in Christ, 1 864, Cape Town, 22 1 p.


Absolute surrender, 1 895, London, 188 p.
Adresses in the Cloister Church, 1 894, The Hague, 107 p.
Adresses in Ho/land and England, 1 896, Brussels, 272 p.
Aids to devotion, 1 909, London, 134 p.
A message from our heaven/y father, 1 893, Amsterdam,
1 72 p.
A triple bond, 1 899, Neerbosch, 536 p.
Be perfect, 1 893, London, 1 56 p.
Children for Christ (the), 1 886, London, 448 p.
Complete salvation (the), 1 896, Cape Town, 262 p.
Divine healing, 1900, Nyack, 2 1 7 p.
Divine indwelling (the), 1 896, London, 128 p.
Dying to self, 1 898, London, 1 1 1 p.
Fruit of the Vine (the), 1 898, London, 103 p.
Full b/essing of Pentecost (the}, 1 907, London, 1 82 p.
Godly lite (the}, 1 904, Cape Town, 243 p.
Grow in grace, 1876, Cape Town, 175 p.
Have mercy upon me, 1 895, London, 1 97 p.
Holiest of ail (the}, 1 894, London, 552 p.
Ho/y in Christ, 1887, London, 302 p.
Ho/y within, 1897, London, 1 1 0 p.
Humility, 1895, London, 99 p.
lnner chamber (the), 1 905, Cape Town, 173 p.
lnner lite (the), ????, Cape Town, 152 p.

235
Jesus-Christ, prophet priest, 1 895, London, 84 p.
Key to missionary problem (the), 1 901 , London, 204 p.
Kingdom of Gad is within you (the), ????, Amsterdam,
1 80 p.
Let us draw near, 1 894, London, 1 49 p.
Like Christ, 1884, London, 256 p.
Looking unto Jesus, 1893, Amsterdam, 542 p.
Lords table (the), 1875, Cape Town, 1 37 p.
Master 's indwelling (the), 1 895, New York, 1 40 p.
Ministry of intercession (the), 1 897, London, 226 p.
Modern unbelief, 1 868, Cape Town, 354 p.
Ne w life (the), 1 885, Cape Town, 246 p.
Not my wi/1, 1 896, Amsterdam, 1 46 p.
Out of his fullness, 1 900, London, 1 97 p.
Power of the blood of Jesus (the), 1 894, Amsterdam,
208 p.
Power of the Spirit (the), 1 895, London, 2 1 8 p.
Power of prayer (the), 1 904, Wellington , 1 1 9 p.
Prayer life, 1 91 3, London , 1 53 p.
Prayer life and the inner room, 1912, Cape Town , 1 1 0 p.
Promise of the father (the), 1 9 1 1 , Cape Town , 1 1 2 p.
School of obedience (the), 1 898, London, 1 26 p.
School of prayer (the), 1 884, Neerbosch, 253 p.
Spirit of Christ (the), 1 888, London, 394 p.
Spiritual condition of the church (the), 1 91 5, Cape Town,
1 90 p.
Spiritual life (the), 1 895, New York, 243 p.
State of the church (the), 1 91 1 , London, 1 52 p.
Thy wi/1 be done, 1 900, London, 1 96 p.
Trumpet sounds (the), 1 899, Nijmegen , 1 41 p.
True wine (the), 1 897, London , 1 72 p.
Two covenants (the), 1 898, London, 1 90 p.
Waiting on Gad, 1 896, London, 1 5 1 p.

236
Waiting upon God, 1 900, Nijmegen, 1 55 p.
What sha/1 become of this little child, 1 863, Cape Town,
230 p.
Whol/y for God, 1 893, London, 328 p.
Why do you not believe, 1 867, Amsterdam, 1 65 p.
Working and waiting, 1 902, London, 302 p.
Working for God, 190 1 , London, 1 6 1 p.

Livres d'Andrew Murray traduits en français


Editions récentes

Comme Christ (Like Christ), Mission Prière et Réveil,


1 988, 300 p. - Epuisé.
Confie-toi en l 'Eternel, Distributions Evangéliques du
Québec, 1 989, 1 30 p. - Version papier et audio dis­
ponibles.
Demeurez en Christ (Abide Christ), Editions de la
Colline, 201 0, 240 p. - Disponible.
Humilité, beauté de la sainteté (Humility, the journey
toward holiness), Editions Emmanuel, 1 985, 108 p.
- Disponible.
Jésus guérit les malades, Editions Viens et Vois, 1 982,
1 50 p. - Disponible.
Soyez parfaits (Be perfect), Editions Vida, 1 987, 1 58 p.
- Epuisé.
Vie intérieure {la) (The in ner lite), Editions Vida, 1 988,
160 p. - Epuisé.
Voici donc comment vous devez prier, Distributions
Evangéliques du Québec, 1 97 p. - Version papier
épuisée, version audio disponible.
Voile déchiré {le) (The h oliest of all), Editions
Emmanuel, 1 953, 364 p. - Disponible

237
Livres d'Andrew Murray traduits en français
Editions anciennes

A l 'école de la prière, (With Christ in the school of


prayer), S. Delattre, 1 933.
Attends-toi à Dieu, (Waiting on God), S. Delattre, 1 920.
Bénédiction de la Pentecôte (la), Delachaux et Niestlé,
1 908.
Christ notre vie (Absolute surrender 2ème partie),
Editions Rose France, 1 951.
Entière consécration, (Absolute surrender 1 ère partie),
Editions Rose France, 1 949.
Esprit de Christ (/ '), (The Spirit of Christ), Beroud et
Jehéber, 1 890, 500 p.
Secret de la puissance d'En-Haut (le), Editions Rose
France, 1 956, 72 p.
Un certain nombre de ces titres épuisés peuvent être téléchargés gra­
tuitement sur le site 456-Bible. com.

Biographies d'Andrew Murray

J. du Plessis, The lite of Andrew Murray of South Africa,


London, 1 9 1 9.
W. M. Douglas, Andrew Murray and his message,
London, 1 926.
William Lindner, Andrew Murray, collection Men of Faith,
Bethany House, 1 996.
Leona Chay, Andrew Murray the authorized biography,
Golden Morning, 2004

238
TABLE DES MATIERES

Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Jean 1 5 v. 1 - 12 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
DEMEUREZ EN CHRIST. ..
. . . vous tous qui êtes venus à lui (Jour 1 ) . . . . . . . . . . 9
... et vous trouverez du repos pour vos âmes (Jour 2) .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15
. . . en lui faisant confiance pour vous garder (Jour 3 ) 23
...comme les sarments dans le Cep (Jour 4) . . . . . .29
. . . vous êtes venus à lui, par la foi (Jour 5) . . . . . . . . 35
... car Dieu lui-même vous a uni à lui (Jour 6) . . . . .43
. . . votre sagesse (Jour 7) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .49
... votre justice. (Jour 8) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
... votre sanctification (Jour 9) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
... votre rédemption (Jour 1 0 ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
... le crucifié (Jour 1 1 ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
... car Dieu lui-même vous affermit en lui (Jour 12) .81
... à tout moment (Jour 13) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
...jour après jour (Jour 14) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
... en ce moment (Jour 1 5) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105

239
... en abandonnant tout pour lui (Jour 1 6) . . . . . . . . 1 1 3
. . . par le Saint-Esprit (Jour 1 7) . . . . . . . . . . . . . . . . 1 2 1
. . . dans le repos de l'âme (Jour 1 8) . . . . . . . . . . . . 1 29
. . . dans la peine et dans l'épreuve (Jour 1 9) . . . . . 1 37
. . . afin de porter beaucoup de fruit (Jour 20) . . . . . 1 43
. . . afin d'avoir de la puissance dans la prière (Jour 2 1 )
· · · · · · · · · · · . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 51
. . . et dans son amour (Jour 22) . . . . . . . . . . . . . . . . 1 59
... comme Christ dans le Père (Jour 23} . . . . . . . . . 1 65
. . . en obéissant à ses commandements (Jour 24) . 1 7 1
. . . afin que votre joie soit complète (Jour 25) . . . . . 1 79
. .. et dans l'amour envers les frères (Jour 26) . . . . 1 85
. . . afin de ne pas pécher (Jour 27) . . . . . . . . . . . . . 1 93
. . . votre force (Jour 28) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
. . . et non en vous-même (Jour 29} . . . . . . . . . . . . . 2 1 1
. . . le garant d'une alliance meilleure (Jour 30) . . . . 2 1 9
. . . lui qui est dans la gloire (Jour 31 ) . . . . . . . . . . . . 227

Quelques étapes d� la vie d'Andre w Murray . . . . . 233


Les oeuvres d 'Andre w Murray . . . . . . . . . . . . . . . . 235

240
L:image du cep et des sa rments est l'une des plus pa rlantes et des plus riches
des évangi les. Elle est aussi l'ill ustration la plus parfaite d'une des clefs de
voûte de la vie chrétienne : Demeurer en Christ.
Pendant sa vie terrestre, qua nd Jésus parlait avec ses disciples des
relations qu'ils devaient avoir avec lui, il employait souvent l'expression
Suivez-moi. Mais au moment de les quitter pour retourner au ciel,
il préféra exprimer l'un ion plus intime et plus spirituelle qu'ils
aura ient a lors avec lui en disant : Demeurez en moi. ----

Il est à craindre que le sens de cette expression, comme


l'expérience bénie qu'elle promet, reste caché pour beaucoup
de disciples sincères de Jésus . . . (extrait de l'introduction)
Or la vie chrétienne ne peut s'établir et s'approfondir qu'au
travers de la relation suivie avec Christ. Il est donc vital de bien
comprendre la nature et les implications pratiques d'une telle
relation. Cette richesse ne peut se découvrir en une fois.
C'est pourquoi Andrew Murray nous propose de le faire
au travers de 3 1 méditations. Ainsi, chaque jour, vous pourrez
faire un pas de plus vers une meil leure compréhension et
mise en pratique de ce qui est au cœur de la vie chrétienne
épanouie : notre habitation en Christ.
Andrew Murray (1 828-1 91 7) est l'une des grandes figures
chrétiennes de la seconde moitié de XIXème siècle. Au travers
de plus de 200 ouvrages, il a exercé une influence considérable
dans son pays (l'Afrique du Sud) et dans le monde anglo-saxon.
Son enseignement fiche et systématiqueÎcentré sur la personne
et l'œuvre de Christ; a été l'un des berceaux qui ont permis le
réveil du Pays de Galles.
Constamment réédité depuis 1 846 {dans sa version anglaise),
Demeurez en Christ a été en bénédiction pour de nombreuses
générations de croyants.

ISBN : 978-2-91 8495-03-1 l l lll l�l l l llllllllllliIIII II III!lilllli!II IIII I IIIIIIII


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