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p. 2 / La biographie
C’est à Kobe (Japon) qu’Amélie Nothomb voit le jour. Elle est le troisième enfant d’un
ambassadeur belge et petite-nièce de l’homme politique Charles-Ferdinand Nothomb. Amélie est
la descendante d’une illustre famille bruxelloise qui apporta autrefois la province du
Luxembourg au royaume de Belgique. Cependant, cette enfant est différente des autres.
Dans ce Japon aux multiples saveurs, qui sera le décor des trois premières années de sa vie,
Amélie découvre des êtres indispensables (sa soeur Juliette) ou totalement inutiles (les
garçons !). Elle découvre également l’imperfection du monde au travers des trois carpes qu’elle
doit nourrir quotidiennement. C’est dans la gueule des monstres que l’enfant se précipitera à
l’annonce de la mutation de son père en Chine, esquissant sa première et dernière tentative de
suicide.
Arrivée en Chine, la famille Nothomb s’installe dans le quartier européen de Pékin. Amélie
découvre un pays détruit par les « ventilateurs » (les communistes). Les autres enfants du ghetto
ont eux aussi quitté leur jardin natal. Ils expriment leur révolte par la reconstitution, à leur
manière, du conflit mondial de 39-45.
La famille Nothomb continue par la suite ses tribulations à travers le monde : à New York, au
Bangladesh, en Birmanie et au Laos. De cette vie mondaine, Amélie garde le souvenir d’une
terrible solitude.
A 17 ans, Amélie Nothomb découvre son pays d’origine, la Belgique. Elle étudie la philologie à
Bruxelles. C’est aussi l’époque où elle commence à écrire. Très vite, cela devient une «nécessité
vitale». Cette période sera caractérisée par une incompréhension et un rejet total de son
entourage.
Dans les années ’90, Amélie retourne au Japon et devient record mondial de « descension » du
mont Fuji : 3776 mètres dévalés en quarante minutes ! Elle entre au service d’une multinationale
japonaise en qualité de stagiaire. Au quarante-quatrième étage de la tour Yumimoto, société au
fonctionnement pyramidal, la jeune fille motivée essuie les pires humiliations et se voit reléguée
au rang de dame-pipi. Après cette expérience au Japon, elle publiera son premier roman
« Hygiène de l’assassin ».
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Les pages renvoient au syllabus.
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Annexes : pistes pour une approche créative de la littérature – I. Haentjes / B. Lamote
Amélie Nothomb, qui écrit plus qu’elle ne publie, sort avec une régularité de métronome un livre
par an. Après «Le Sabotage amoureux», elle écrit un dialogue, «Les combustibles».
Parallèlement, son premier roman, «Hygiène de l’assassin», est adapté à la scène.
Avec son approbation, François Ruggieri «trahit librement» «Hygiène de l’assassin» pour le
cinéma. En septembre, elle publie «Stupeur et tremblements», où elle évoque les humiliations
qu’elle a vécues, en 1990, dans l’une des principales entreprises de Tokyo. Ce roman, vendu à
plus de 400 000 exemplaires, fait un «tabac» et obtient le grand prix du Roman de l’Académie
française.
Le risque, c’est la vie même. On ne peut risquer que sa vie. Et si on ne la risque pas, on ne vit pas.
Sans ennemi, l’être humain est une pauvre chose. Sa vie est une épreuve, un accablement de néant et
d’ennui.
On se moque des enfants qui justifient leur mauvais coups par ce gémissement : « C’est lui qui a
commencé! ». Or, aucun conflit adulte ne trouve sa genèse ailleurs.
L’esprit humain souffre d’une carence intellectuelle fondamentale: pour qu’il comprenne la valeur
d’une chose, il faut le priver de cette chose.
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Annexes : pistes pour une approche créative de la littérature – I. Haentjes / B. Lamote
p. 4 / Sommaires de quelques livres d’Amélie Nothomb
Hygiène de l’assassin Prétextat Tach, Prix Nobel de littérature, n’a plus que deux mois à
(1992) vivre. Misanthrope, il reste reclus depuis des années. Seuls cinq
journalistes vont le rencontrer. Les quatre premiers fuient épouvantés.
La cinquième, Nina, lui tient tête et il se prend au jeu.
Le Sabotage amoureux Aucun journal, aucune agence de presse, aucune historiographie n’a
(1993) jamais mentionné la guerre mondiale du ghetto de San Lin Tun, qui
dura de 1972 à 1975. J’ai vécu l’héroïsme, la gloire, la traîtrise,
l’amour, l’indifférence, la souffrance, l’humiliation. C’était en Chine,
j’avais sept ans.
Les Combustibles (1994) C’est la guerre, il fait froid. Dans l’appartement du Professeur se sont
réfugiés son assistant et Marina, l’étudiante. Ils n’ont pour faire du feu
et se réchauffer que des chaises et une immense bibliothèque. Mais
quels livres brûler ?
Péplum (1996) Pompéi n’aurait pas été détruite par hasard. En provoquant l’éruption
du Vésuve, des scientifiques du futur auraient voulu préserver un
joyau historique de l’humanité. Après avoir émis cette hypothèse, la
narratrice se retrouve transportée six siècles plus tard.
Mercure (1998) Une île. Un vieil homme et une jeune fille y vivent isolés, à l’abri de
tout reflet. Une infirmière survient pour soigner la jeune fille. Tandis
que des relations de plus en plus confiantes se nouent entre elles,
l’infirmière découvre les éléments d’un mystère et d’un drame.
Stupeur et tremblements Amélie se met elle-même en scène, retraçant son année passée au sein
(1999) d’une entreprise nipponne, où, pour bien faire, elle se plie aux rites les
plus insensés et à la volonté de sa supérieure qui la fascine. Une
véritable descente aux enfers. Ce livre a été distingué par le Grand Prix
du roman de l’Académie française.
Métaphysique des tubes Jusqu’à deux ans et demi, Amélie se décrit comme un tube digestif,
(2000) inerte et végétatif.
Cosmétique de l’ennemi C’est dans le hall d’un aéroport que tout a commencé.
(2001) Il savait que ce serait lui. La victime parfaite. Le coupable désigné
d’avance. Il lui a suffi de parler. Et d’attendre que le piège se referme.
C’est dans le hall d’un aéroport que tout s’est terminé. De toutes
façons, le hasard n’existe pas.
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Annexes : pistes pour une approche créative de la littérature – I. Haentjes / B. Lamote
p. 7 / L’analyse du titre Le sabotage amoureux
Conclusion
Le sabotage amoureux que nous raconte Amélie Nothomb se révèle être double.
D'
une part, Elena sabote l'
amour que lui porte Amélie
"L'
éclaireur éclairait moins", p. 88
L'
intervention de la mère d'
Amélie
"J'
avais quand même réussi un sacré sabotage." , p. 184
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Annexes : pistes pour une approche créative de la littérature – I. Haentjes / B. Lamote
On pourrait aussi arriver à une telle analyse par le détour d’un schéma à compléter :
Et il serait aussi intéressant d’amener les élèves à chercher eux-mêmes les passages du livre pour justifier
une telle analyse. La démarche inverse nous semble toute aussi valable, elle consisterait à donner aux
élèves les phrases clés et à demander aux élèves de trouver le rapport ou la progression thématique entre
elles.
Amélie
Amélie
o 5 ans
o 7 ans
o 8 ans
En Chine, elle s’amuse
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Elena
Elena est
o un frère (Amadeo)
o une sœur (Jinah)
o un frère (Claudio)
o l’indifférence, l’égoïsme
o la méchanceté, l’indifférence
o l’amabilité, la gentillesse
Elena
Les enfants
Les enfants des diplomates sont
o abandonnés à leur sort par les adultes et s’amusent à jouer à la petite guerre
o entourés d’esclaves qui les suivent partout
o conduits à l’école pour y apprendre à lire et à écrire
Les Allemands de l’Est sont déclarés ennemis
L’histoire
o commence par l’arrivée de la famille Nothomb en Chine et se clôt sur leur
départ pour les Etats-Unis
o se déroule entre 1972 et 1976
o raconte la guerre entre la coalition franco-italo-belge et les Allemands de l’Est
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Annexes : pistes pour une approche créative de la littérature – I. Haentjes / B. Lamote
Les sentiments absents du récit sont
o l’héroïsme, l’humiliation, la jalousie
o la passion, l’indifférence, la traîtrise
o la frivolité, la tendresse, la compassion
Le titre
Pour Amélie, le sabotage amoureux consiste à
Introduction
Remue-méninges
Mettez-vous en groupes (de max. 5 personnes) et essayez de vous imaginer comment serait évolué le
monde au XXVIe siècle. Voici quelques mots-clés, quelques sujets sur lesquels vous devez réfléchir :
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Lecture de quelques extraits
Extrait p.5-11
Extrait p.13-17
QUI?
OÙ?
QUAND?
POURQUOI?
HUMOUR •
(5 exemples) •
3. Le début de ce livre annonce déjà que beaucoup de choses ont changé au XXVIe siècle. Les pays que
nous connaissons existent-ils encore? Expliquez.
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Extrait p.19-22
Petit à petit, la jeune femme écrivain se rend compte de tout ce qui a changé depuis 1995. Ce que
Celsius lui raconte a souvent un air de science-fiction. Pourtant Celsius ne cesse pas de lui répéter que,
selon lui, les choses n’ont pas tant changé « Notre époque s’est contentée de rendre officiel ce qui ne
l’était pas » (p.22).
les vêtements
l’énergie Celsius trouve que les gens à l’époque d’A.N. étaient .....................................................
Extrait p.33-36
Celsius est tellement fier de l’ensevelissement de Pompéi qu’il essaie à tout prix d’expliquer comment il
a pu le réaliser. Il commence donc à raconter comment il « envoie en migration temporelle » des objets
et même des êtres humains. Il explique que « Pour déplacer un point, il est nécessaire de désintégrer ses
coordonnées ». La chose la plus difficile à « désintégrer », c’est le « moi ».(p.34)
1. Pourquoi est-ce qu’on n’arrive pas à faire « migrer » quelqu’un qui dort, par exemple?
2. Quel «état» faut-il alors pour faire « migrer » des personnes? Explique aussi pourquoi ça marche.
3. Que Celsius révèle-t-il donc à A.N.? Pourquoi trouve-t-il ses larmes ridicules?
Travail personnel
Péplum est un long dialogue virulent entre A.N., jeune auteur et Celsius, scientifique du XXVIe siècle.
La jeune femme se trouve propulsée dans le futur après avoir supposé à haute voix que la destruction de
Pompéi était l’oeuvre des archéologues du futur. Elle doit alors convaincre Celsius de la retourner dans
son siècle. Jusqu’au bout, elle défendra les valeurs qui sont les siennes.
Celsius fait partie de l’élite sociale et politique. Il est l’instigateur de la destruction de Pompéi.
Péplum est un récit déroutant et captivant qui présente une vision sarcastique et noire de l’avenir mais
toujours avec un petit clin d’oeil au lecteur.
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1. Que signifie le mot « péplum »? Indique la (les) réponse(s) correcte(s). Pourquoi Amélie Nothomb
aurait-elle choisi ce titre?
(p.43)
(p.45-47)
le gouvernement
(p.57)
le mariage (p.58)
A partir de tout ce que Celsius raconte, A.N. retrace les faits les plus importants de l’histoire entre 1995
et 2580. Dans le tiers monde la pauvreté s’est accrue, une horrible guerre mondiale a éclaté au XXIIe
siècle et a causé une absence d’énergie. Ces conséquences matérielles ont eu des effets politiques : d’où
la tyrannie, l’oligarchie. La disparition des pays est donc aussi une conséquence de cette guerre : d’où
les deux orientations, le Ponant et le Levant.
Pourtant, A.N. s’étonne de l’importance de l’axe Est-Ouest par rapport à l’axe Nord-Sud.
a) Pourquoi A.N. avait-elle toujours pensé que l’axe Nord-Sud était plus important que l’axe Est-
Ouest ?
b) Pourquoi dit-elle : « Il n’y aura jamais d’équivalent des Lettres persanes pour le Sud » ?
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Annexes : pistes pour une approche créative de la littérature – I. Haentjes / B. Lamote
c) Lis maintenant les extraits de l’article « Trop nombreux pour survivre » (Le Vif / L’Express, édition
spéciale du 9 novembre ’99). Compare les passages de Péplum qui parlent du Sud à cet article. Voici
quelques questions pour t’aider :
5. Lis les extraits de l’article « Energie : le soleil pourrait suffire » (Le Vif / L’Express, édition spéciale
du 9 novembre ’99). Recherche maintenant toi-même deux passages de Péplum qui parlent également
d’énergie (note les pages des passages que tu as choisis !) et compare-les aux extraits de l’article. Voici
quelques questions pour t’aider :
p. 22 - 24 / Partir des expériences des élèves pour mieux comprendre la thématique du livre… : Stupeur et
tremblements
Je n’ai retenu que deux éléments, deux fils rouges pour creuser le livre avec les élèves par souci de ne pas
décourager les élèves . D’une part, la difficulté de vivre la diversité culturelle et d’autre part l’implacable
rigueur de l’autorité dans une entreprise japonaise. (Ce sont les deux idées maîtresses que les élèves peuvent
découvrir en lisant le sommaire du livre.)
- Avez-vous déjà passé plus de trois semaines d’affilée à l’étranger ? Pour les vacances, pour
travailler, pour rendre visite à des amis étrangers, ... ? Vous étiez seul ? Qu’est-ce qui vous
manquait le plus ?
- Est-ce important de parler la langue du pays que l’on visite ? Que faire si vous ne parlez pas la
langue ? Comment vous faire comprendre ? Est-ce difficile ? Y a-t-il souvent des
malentendus ?
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Annexes : pistes pour une approche créative de la littérature – I. Haentjes / B. Lamote
- Avez-vous déjà vécu des situations de conflit à l’étranger ou connaissez-vous de telles
expériences vécues par d’autres personnes ? Qui avait alors provoqué l’incident ? Vous parce
que vous n’aviez pas respecté certains codes, règles ou principes ou les étrangers parce qu’ils
vous avaient mal compris ?
Comme introduction, le prof pourrait souligner qu’Amélie nous raconte un Japon inhumain et absurde
mais que c’est peut-être qu’en tant qu’interprète, elle croit comprendre la culture japonaise - puisqu’elle
comprend la langue - sans se rendre compte que la connaissance d’une culture ne se limite évidemment
pas à la seule maîtrise de sa langue.
Il pourrait ensuite expliquer qu’ilexiste des pays à contexte culturel riche – ce qui veut dire que le
langage contient une grande partie de « non dit » et qu’on cherche la signification de ce qui n’est pas dit
parce qu’ il y a une importante communication non verbale, un langage corporel, silencieux – et des
pays à contexte culturel pauvre où la plus grande partie de la communication passe par les mots.
Ensuite, il serait intéressant de comparer les 4 dimensions que distingue Hofstede (voir l’article de
Zeeger) pour parler de diversité culturelle, aux péripéties d’Amélie.
Donnez des exemples de maladresses commises par Amélie par manque de connaissance
des règles implicites qui jouent à ces 4 niveaux.
Faites à ce propos le schéma des tâches dévolues à Amélie, l’erreur qu’elle commet et les
réactions de l’entourage.
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Annexes : pistes pour une approche créative de la littérature – I. Haentjes / B. Lamote
Dimensions culturelles pour expliquer ces erreurs et ces réactions :
3. l’individualisme
4. la masculinité (Si les rôles des sexes sont bien différenciés, la société met davantage en valeur
les traits masculins, comme au Japon.)
Quelle stratégie Amélie propose-t-elle pour résoudre ces conflits (culturels) ? Fubuki est-elle du même
avis ? (ex. : sans discussion pas de solution ↔ parler risque d’aggraver la situation)
Le quiz de l’interculturel : faites un quiz où vous présentez à chaque fois une situation de
conflit interculturel (éventuellement tirée du livre) puis proposez des réactions.
Assurez-vous qu’une seule réaction convient.
- Avez-vous déjà vécu des situations où un rapport hiérarchique vous paraissait trop poussé ? A la
maison, à l’école...
- Jusqu’où est-ce que vous iriez dans le respect de ces rapports d’autorité pour terminer un projet qui
vous tient à coeur ?
Exemple : vous voulez vraiment vous acheter une moto parce que votre petite amie habite assez
loin. Pour financer cet achat vous vous êtes inscrit dans un bureau de travail. Quel job voudriez-
vous bien faire, lequel ne feriez-vous en aucun cas ? Pourquoi pas ?
soigneur au Zoo d’Anvers – guide dans votre ville – dégustateur – promo boy / girl –
testeur de médicaments – cueilleur de fruits en France – figurant (film / publicité) –
pom pom girl – papysitter - ...
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Annexes : pistes pour une approche créative de la littérature – I. Haentjes / B. Lamote
... pour mieux comprendre le livre
Dès le début du livre, Amélie nous présente la hiérarchie à l’intérieur de l’entreprise Yumimoto.
Pourquoi ce début ?
Tout au long du livre, Amélie entretient des relations ambiguës avec ses supérieurs et surtout avec sa
supérieure directe Fubuki. Donnez des exemples du livre d’où ressortent bien ce cocktail aigre doux de
soumission et de résistance.
Ce cocktail paraît toutefois de plus en plus explosif... au point d’installer entre les deux femmes un
rapport d’autorité malsain.
- Essayez de résumer les différentes étapes de ce bras de fer entre les deux. Quel est l’élément pivot
qui fait basculer leur relation ?
- Qu’est-ce qui pourrait tellement agacer Fubuki ? Pourrait-ce être le fait qu’Amélie accepte de faire
des tâches sans aucun rapport avec sa compétence et qu’elle joue son rôle avec brio (cf tourneuse
des calendriers, scène samouraï)... ?
L’acceptation de l’autorité se double d’ambiguës relations personnelles entre Fubuki et Amélie. Amélie
voulait être l’amie de Fubuki, celle-ci devient son bourreau, un bourreau haï et aimé en même temps.
Expliquez. Comment interprétez-vous la fin du livre ?
Vous avez profondément indisposé la délégation de la firme amie! Vous avez servi le café avec
des formules qui suggéraient que vous parliez le japonais à la perfection!
- Mais je ne le parle pas si mal, Saito-san. (p.20)
Je livrai le paquet à l’avaleuse de la photocopieuse, qui effectua sa tâche avec une rapidité et
une courtoisie exemplaires. (p.31)
...; j’obtins, pour chaque calcul, mille résultats différents. J’avais du génie. (p.74)
Un beau jour, nous entendîmes au loin le tonnerre dans la montagne: c’était monsieur Omochi
qui hurlait. (p.108)
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Annexes : pistes pour une approche créative de la littérature – I. Haentjes / B. Lamote
Recherchez maintenant vous-mêmes dix exemples de figures de style (au moins trois
figures de style différentes) dans Stupeur et tremblements.
Non seulement l’emploi de figures de style est remarquable chez Amélie Nothomb.
Souvent, c’est le choix des mots ou le ton ironique qui nous fait rire.
« Elle marcha vers moi, avec Hiroshima dans l’oeil droit et Nagasaki dans l’oeil gauche. »
« Travailler ! Va travailler ! Et s’il devenait chômeur ? »
« Nous étions des traîtres, des nullités, des serpents, des fourbes et - sommet de l’injure - des
individualistes. », ...
Pourquoi cet humour, cette ironie ? D’une part, il y a là sans doute le style Nothomb, mais d’autre part,
l’on pourrait aller plus loin pour découvrir que ce style ironique et ce ton distancié se révèlent
fonctionnels, en d’autres termes, qu’il y a correspondance entre le contenu et la forme2...
Le prof pourrait engager une conversation avec ses élèves… Que faites-vous si le cours vous ennuie
terriblement ? Comment faire pour échapper à cette torture ? Avouez que vous filez doucement vers un
ailleurs bien plus agréable, ni vu ni connu. A moins que vous ne commenciez à faire obstruction en
racontant des blagues en classe ou à ton voisin. La « défenestration », l’humour, le commentaire
personnel comme échappatoire...
Comment, a fortiori, réagir alors dans des situations de conflits d’autorité ? Genre le prof qui vous passe
le savon du siècle parce que vous daignez marquer votre ennui par un clin d’oeil moqueur à votre voisin
d’en face. Qu’allez-vous faire ? Miner le système de l’intérieur, suivre le cours et l’interrompre par
toutes vos questions qui frôlent l’impertinence ? Obéir aveuglément pour vous récupérer ? Refuser
d’intégrer le système, donner un commentaire peu ambigu et vous faire flanquer à la porte ? Comment
réagir dans une situation de conflit ?
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Dans les cours de littérature, j’insiste toujours sur cette relation (de correspodance ou de d’opposition) pour
sensibiliser les élèves à ce qui pourrait être un critère parmi d’autres pour distinguer littérature et lecture.
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Annexes : pistes pour une approche créative de la littérature – I. Haentjes / B. Lamote
... pour mieux comprendre le livre
Amélie ne veut pas perdre la face ; elle a signé un contrat d’une année, elle est bien déterminée de le
respecter en entier. Il faut donc survivre. Mais comment survivre dans des situations où toute logique
semble perdue, où vos cadres de référence sont volés en éclats ? Comment faire face aux règles que
vous ne connaissez pas, que vous devez deviner ?
« Comment tenir le coup pendant un an dans une fonction inattendue voire humiliante ? »
« (...) Quand la situation est devenu un vrai cauchemar, j’ai décidé de vivre tout cela dans la
dérision, de ne voir que l’aspect comique de la situation. Ce système japonais est monstrueux
et, en même temps, tellement caricatural qu’il en devient désopilant. » (Amélie, Madame Pipi des
Nippons) ( cfr. p. 136 du livre)
Voici deux extraits de livres d’Amélie Nothomb : un extrait de « Les Combustibles » (pp. 21 – 23) et un
extrait de « Hygiène de l’assassin » (pp. 92 – 93). Lisez les deux extraits. Ensuite, cherchez trois
ressemblances entre ces deux extraits : comparez les personnages, le thème de la conversation et le
style. Expliquez chaque fois d’abord quelle est la ressemblance. Puis, justifiez par un exemple trouvé
dans le texte.
les
personnages
le thème de la
conversation
le style
- Pour une fois, nous sommes d’accord. Ce prix Nobel est un sommet dans l’histoire des malentendus.
M’attribuer, à moi, le prix Nobel de littérature équivaut à donner le prix Nobel de la paix à Saddam
Hussein.
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Annexes : pistes pour une approche créative de la littérature – I. Haentjes / B. Lamote
- Normal, on ne me lit pas. Si on me lisait, je serais plus nocif et donc plus célèbre que lui.
- Seulement voilà, on ne vous lit pas. Comment expliquez-vous ce refus universel de vous lire?
- Vous trouvez toujours des explications flatteuses pour vous. Et si on ne vous lisait pas tout simplement
parce que vous êtes ennuyeux?
- Je ne vois pas la nécessité de s’en tenir à un langage ordurier. Mais n’éludez pas ma question, cher
monsieur.
- Suis-je ennuyeux? Je vais vous donner une réponse éblouissante de bonne foi: je n’en sais rien. De
tous les habitants de cette planète, je suis l’être le moins bien placé pour le savoir. Kant pensait
certainement que Critique de la raison pure était un livre passionnant, et ce n’était pas de sa faute: il
avait le nez dessus. Aussi me vois-je dans l’obligation, mademoiselle, de vous rendre votre question
toute nue: suis-je ennuyeux? Si sotte que vous soyez, votre réponse a plus d’intérêt que la mienne,
même si vous ne m’avez pas lu, ce qui est hors de doute.
- Erreur. Vous avez devant vous l’un des rares êtres humains à avoir lu vos vingt-deux romans, sans en
avoir sauté une ligne.
- Impossible. Si vous aviez tout lu de moi, vous ne seriez pas telle que je vous vois.
- Prétendez-vous distinguer ce qui se passe dans la tête de cette petite femelle insignifiante?
- Comment, il se passe quelque chose, dans votre tête? Tota mulier in utero.
- Hélas, ce n’est pas avec mon ventre que je vous ai lu. Vous serez donc forcé de subir mes opinions.
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Annexes : pistes pour une approche créative de la littérature – I. Haentjes / B. Lamote
- Allez-y, voyons un peu ce que vous appelez “opinion”.
- Avant tout, pour répondre à votre première question, je ne me suis pas ennuyée un seul instant en
lisant vos vingt-deux romans.
- Comme c’est étrange. Je pensais qu’il était assommant de lire sans comprendre.
Le Professeur (tentant de le lui reprendre, mais elle le garde coincé sur son ventre). Marina! Si c’est
pour le brûler, ne prenez pas celui-ci.
Marina (se retournant vers lui). Ah non? Vous avez peut-être des ouvrages plus combustibles?
Marina (riant). Je vais enfin savoir quels étaient les bouquins que vous faisiez semblant d’aimer.
Le Professeur (explorant la bibliothèque). C’est précisément ce dont nous parlions avant votre
intrusion... Voilà! Ça, vous pouvez prendre. (Il se hisse et attrape deux volumes.) Le Journal de
Sterpenich. (Il les lui tend, elle ne bouge pas.) Eh bien?
Le Professeur. Comment? Je vous en donne deux à la place d’un seul, petite garce.
Marina. Vous déraisonnez, Professeur. Un Kleinbettingen vaut plus que deux Sterpenich.
Daniel. Marina!
Marina. A vous de fixer la valeur de Kleinbettingen, Professeur. La question est d’une réelle envergure
littéraire. (Sourire perplexe. Le professeur regarde les rayons.)
Le Professeur. Puisque nous avons commencé par Sterpenich, vous m’embarquerez aussi ces Combats
éternels et les trois tomes de sa correspondance avec Belinda Bartoffio. (Il a à présent six gros volumes
entre les bras.) Vous feriez mieux de trouver ça suffisant, vous seriez incapable d’en tenir plus dans vos
bras fluets.
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Annexes : pistes pour une approche créative de la littérature – I. Haentjes / B. Lamote
Marina. Je n’ai pas confiance. Posez-les par terre. (Il le fait, les livres sont en une pile, Marina s’assied
dessus.) Voilà votre Kleinbettingen! (Il le reprend. Marina se lève et attrape les six volumes. Elle éclate
d’un rire adorable.) Sterpenich! Quand je pense que vous m’avez forcée à le lire en première année!
Marina. Mais si, Professeur. Je n’ai jamais été assez intelligente pour faire semblant d’avoir lu un livre.
J’ai tout lu de Sterpenich.
Le Professeur (se tournant vers Daniel). Vous vous rendez compte, Daniel? Nous avons des étudiants
qui lisent les livres que nous leur demandons de lire! Si j’avais su, j’aurais eu quelques scrupules en
dictant des listes de lectures obligatoires! Ma pauvre petite, je suis désolé. (Il s’est retourné vers elle.)
Marina. Ne soyez pas désolé. Vous n’imaginez pas avec quelle jubilation je le jetterai au feu. Quand je
l’ai lu, il y a quatre ans, c’était la paix et c’était le printemps: j’ai gaspillé des jours de printemps et de
paix à assimiler ces pages illisibles dont vous nous disiez tant de bien au cours. Jamais autodafé ne sera
aussi légitime que celui-ci. Au revoir, Professeur. A ce soir, Daniel. (Elle fuit.)
p. 24 / Commentaires
http://www.fluctuat.net/livres/chroniques/stupeur.htm
On remarque avec plaisir que la critique, pour une fois, suit le grand public dans l'
accueil chaleureux
qu'il réserve chaque année au nouveau roman d' Amélie Nothomb. Avec le dernier-né, Stupeur et
tremblements, nous sommes à la compagnie tokyoïte Yumimoto. La couverture du livre indique qu' il
s'agit d'un roman mais il n'
est pas permis de douter que les faits qui y sont consignés soient
généralement véridiques, à l'exclusion des noms et des lieux peut-être, par coquetterie. Amélie
Nothomb y relate un stage qu' elle fit au Japon au début des années 90.
Aucun des familiers de cette oeuvre ne s' étonnera des monstruosités de l'expérience. Une illustration de
l'
enfer absolu. Jusqu'à maintenant, Amélie Nothomb travaillait dans l' imaginaire. On pouvait à la
rigueur chicaner sur son goût marqué pour l' anormal, le difforme, le trouver excessif et complaisant,
douter de l'
authenticité de sa passion exclusive pour d' infâmes rebuts humains torturés par la
méchanceté ou atteints de maux rarissimes et incurables. On se gardera bien, avec cette dernière oeuvre,
de mettre en doute la sincérité du portrait qui nous y est brossé du Japon moderne et de son peuple. C' est
bien connu : un témoignage humain vaut toujours mieux que n' importe quelle savante étude
sociologique.
Dans ces pages, rien ne nous est épargné : l'entreprise comme microcosme mortifère d' un pays désigné
longtemps dans le monde entier comme un archétype d' intelligence, de progrès, de courage. Nothomb
nous livre sa version de la petite boutique des horreurs : le sort de la Nipponne et celui du Nippon, guère
mieux loti que sa compagne. On est toujours surpris d' entendre affirmer que le Japon est le pays au
monde où les taux de suicides sont les plus élevés. Il nous est dit ici que le seul étonnement qu'on
pourrait avoir, en définitive, c'
est qu'
on ne s'y suicide pas davantage.
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Annexes : pistes pour une approche créative de la littérature – I. Haentjes / B. Lamote
Comment, interpellé par le propos de la narratrice, le lecteur s'étonnerait-il de la lente déchéance qu' elle
connaîtra elle-même au fil des missions auxquelles elle se retrouvera successivement désignée dans la
fameuse compagnie ? A croire que seul le contraire de ce qui s' accomplit peu à peu sous nos yeux,
succession inexorable d' insultes et d'
humiliations dont la jeune Occidentale est un prétexte de choix,
serait stupéfiant, invraisemblable. Quant aux bourreaux, comment s' étonneraient-ils, au petit matin, que
leur victime se soit endormie durant la nuit sous le contenu d' une poubelle renversée ? Telles sont les
conclusions qu' Amélie Nothomb tirera d' un épisode parmi d' autres :
"Singulièrement, il y a une logique à cela : les systèmes les plus autoritaires suscitent, dans les nations
où ils sont d'application, les cas les plus hallucinants de déviance - et, par ce fait même, une relative
tolérance à l'égard des bizarreries humaines les plus sidérantes. On ne sait ce qu' est un excentrique si
l'
on n' a pas rencontré un excentrique nippon. J' avais dormi sous les ordures ? On en avait vu d' autres.
Le Japon est un pays qui sait ce que craquer veut dire."
N'allez cependant pas croire que le ton de Stupeur et tremblements soit à la tristesse ou le masque de la
stagiaire figé par la morgue. Pas du tout : vous vous tromperiez. Peu de livres d'horreurs suscitent à ce
point l'
hilarité.
Didier Hénique
http://www.nuitblanche.com/commentaires_77/f_nothomb_a.htm
AMÉLIE NOTHOMB
Stupeur et tremblements
Tokyo vue par Amélie-san est à des années-lumière de la ville intime, triste et magique de Kitchen de
Banana Yoshimoto. La jeune romancière belge née au Japon raconte ici Tokyo de l' intérieur de la
forteresse, au quarante-quatrième étage de la grande entreprise japonaise Yumimoto. Engagée pour sa
connaissance du japonais, la narratrice ira de bévues en bévues, ses élans d' Occidentale se heurtant aux
mœurs nippones au point de la précipiter dans une foudroyante chute sociale qui ne réussira pourtant
pas à lui faire « perdre la face ». Sorte de Gaston La Gaffe au féminin, la jeune femme désœuvrée
prendra un plaisir pervers et délicieux à tenter de surmonter l' ennui des tâches de plus en plus futiles que
sa supérieure hiérarchique, une beauté japonaise au cœur de pierre, lui confie avec condescendance.
Étrange petit roman à l' action confinée aux bureaux de l'entreprise et aux vues en plongée sur la ville,
Stupeur et tremblements pousse l' irrévérence jusqu'à mettre en scène une anti-héroïne mimant l' ancien
protocole impérial nippon qui veut qu' un courtisan s'adresse à l'
Empereur dans un état altéré destiné à
montrer qu' il n'
est rien du tout devant la majestueuse personne de l'Autre. C'est à cet abaissement rituel
de sa personne que se livre la jeune Blanche devant la Japonaise de haute taille convaincue de la
supériorité non seulement de sa propre position dans l' organigramme de l' entreprise, mais aussi de celle
du « cerveau japonais » sur le « cerveau occidental ». On rit de bon cœur des courbettes de soubrette
auxquelles se livre une Amélie-san très zen, qui se fait un point d' honneur d'honorer son contrat d' un an
dans l'entreprise, acceptant toutes les humiliations avec l'esprit de macération d'une carmélite.
Personnalité médiatique connue pour son amour du « pourri » et des fruits blets, Amélie Nothomb se
livre à un délictueux exercice de profanation des exigences de la « qualité totale » japonaise. Le
contraste entre la propension à la dérision de la jeune étoile des lettres françaises et la camisole de force
de supériorité morale de cette demoiselle Mori, qui en d' autres temps voulut lui faire comprendre sa
nullité, nous réjouit comme au cirque les pitreries du clown rouge devant le clown blanc autoritaire.
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Annexes : pistes pour une approche créative de la littérature – I. Haentjes / B. Lamote
Esprit frappeur espiègle, Amélie Nothomb s' autorise ici, pour notre plus grand plaisir, un allègre crime
de lèse-majesté face à la culture intimidante du pays qui l' a vue naître.
Yolande Villemaire
http://karoshi.report.free.fr/Karoshi.php3?kr=45
La semaine dernière, alors que je réglais les derniers petits détails avant le lancement (tonitruant, il faut
le dire) du nouveau site des karoshi reports, je me suis retrouvé à rédiger le texte de ma page d' accueil,
un texte que je voulais un peu comme une profession de foi :
« [...] j'
ai ressenti le besoin de partager mon expérience, d' essayer de faire découvrir ce Japon dont on ne
parle jamais, parce qu' il est loin, parce qu'
il est différent, parce qu'on le comprend mal. [...] Avec
toujours le souci de poser sur le Japon un oeil dépourvu de préjugés, un regard qui découvre sans juger.
»
Or, depuis le début de l'année, on m' a demandé à trois reprises ce que je pensais d'
un livre qui traitait du
Japon, un livre qui était sensé relater une expérience vécue, une histoire vraie. Médiatisé, critiqué,
primé, il s'
agit bien sûr de Stupeur et tremblements, d' Amélie Nothomb, paru l' année dernière.
Celui qui voudrait y trouver un reflet de la vie dans une entreprise nipponne (et au Japon en général, tel
qu'Amélie Nothomb laisse l' entrevoir au détour de quelques passages) en reviendrait stupéfait – mais
convaincu. Les situations décrites sont tellement énormes, tellement incroyables, qu' elles ne peuvent
être que vraies. D'
ailleurs, l'
auteur en a toujours revendiqué l'authenticité.
Pour ma part, je n'ai découvert dans ce livre que les aventures tragi-comiques d' une sale gosse arrogante
se croyant tout permis. Parlant pourtant le japonais, le personnage de ce roman (Amélie Nothomb elle-
même ?) démontre involontairement que la connaissance d' une culture ne se limite pas seulement à la
maîtrise de la langue.
Ainsi, son ignorance du « langage silencieux » qui régit tous les échanges interpersonnels la mène
souvent à adopter un comportement à l' opposé de ce que l'on attend d'
elle, accumulant gaffes et bévues.
Mais au lieu de chercher à comprendre ses erreurs pour ne plus les reproduire, la demoiselle rejette la
faute sur ces japonais qui osent mal la juger, et s'
étonne que l'
on la punisse de son effronterie. Et, avec
une persévérance qu' il faut lui reconnaître, s'
acharne encore à provoquer ses collègues dès que
l'
occasion s'en présente.
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Annexes : pistes pour une approche créative de la littérature – I. Haentjes / B. Lamote
là, plutôt que de s'
excuser et de montrer son embarras (ce que ferait naturellement un employé
japonais), elle continue à se présenter la bouche en coeur et le visage insouciant. Une telle attitude serait
déjà difficilement acceptable en Occident, mais elle équivaut au Japon à une rébellion ouverte et
affirmée, presqu’une insulte à l'intention de son employeur. Et l' ingénue Amélie de s'étonner de la
réaction de ses supérieurs, forcément mécontents.
Mais l'incompréhension dont fait preuve Amélie Nothomb va plus loin, et semble surprenante chez
quelqu' un qui a vécu au Japon et en parle la langue. En effet, lorsqu' elle décrit mademoiselle Mori,
laissant entrevoir ses opinions sur la vie des Japonais, elle fait preuve d'un ethnocentrisme caricatural et
borné, incapable d' envisager que les valeurs de ces derniers (les éléments qui définissent le bonheur ou
la réussite selon leur culture) puissent différer des siennes.
Jugeant, généralisant, condamnant tous et toutes du haut de son arrogance, assaisonnant le tout d' une
pointe d'ironie grâce à un style caustique mais indéniable, elle profite de l'identification du lecteur à
cette Occidentale perdue au milieu de Japonais mal connus pour s' attirer sa sympathie. Et au lieu d'y lire
l'
étroitesse d'
esprit d'une petite gourde belge, on y voit un portrait effrayant du Japon et de sa culture.
Décrire une autre culture est toujours un exercice difficile, surtout quand elle est aussi éloignée de la
nôtre que peut l'être celle du Japon. Ne pouvant la juger qu' à l'aune de notre propre expérience, nous
avons tôt fait d'
ignorer ou de mal interpréter tel ou tel signe, tombant dans le piège du faux-sens ou de la
généralisation hâtive.
Dans cette rencontre, ce choc culturel, il faut souvent accepter de se remettre en question, de prendre du
recul par rapport à ce que l'
on estimait acquis pour pouvoir comprendre l' autre – une démarche dans
laquelle les maîtres-mots restent respect et humilité. Et, au fil de cet apprentissage, c'
est également sa
propre culture que l'on découvre.
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Annexes : pistes pour une approche créative de la littérature – I. Haentjes / B. Lamote
75 ways to share a book (Suzanne Barchers )
reference: http://www.slonet.org/global/education/slcusd/75.html
The U.S. President has learned that you’ve read this book and wants to know one thing a main character
discovered about life that you think all Americans should know. What would you tell him? Why?
Describe the main character in 64 words.
Choose a character you’d like (or not like) to have as a friend. Tell why.
Make believe you were one of the minor characters.How would you describe a main character?
Role play one of the characters.
Plan an appropriate meal for a main character.
Do a cartoon strip based on a character.
Write a few pages in a diary as if you were a character.
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Annexes : pistes pour une approche créative de la littérature – I. Haentjes / B. Lamote
Write a poem about a character.
Design costumes for some of the characters.
Dress as one of the characters.
For stories that took place in another time, tell how one of the characters would act today, or would
respond to a present day situation.
Tell why one of the characters should have a different role.
Tell what your home would be like if it belonged to one of the main characters.
Write a biography of one of the characters.
Write an interview between a character and the author, or between two characters.
Create paper dolls of the main characters.
Pick a book you think each of the main characters would enjoy reading. Tell why.
Prepare flannel board characters.
Develop a game of charades based on the characters.
Make puppets of the characters. Set up dialogue.
Pantomime a character and ask the class to guess the book.
Guess what would have happened if a character had made an important decision differently.
Become the author and tell why you wrote this book.
Plan the questions you’d use in a conference call interview with the author.
The author has written to you and wants to know how this book would have been improved. How
would you answer?
Write a letter of appreciation to the author, asking questions and sharing thoughts.
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