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CHP IV 

: LES MODELES D’INDUSTRIALISATION

INTRODUCTION :

Le fait que les pays développés soit appelés pays industrialisés montre l’importance de
l’industrie dans le développement économique d’un pays. Le débat a longtemps tourné au tour
de deux questions :
 Faut-il privilégier l’industrie ou l’agriculture ?
 Faut-il un modèle d’industrialisation autocentré c’est-à-dire orienté vers un marché
intérieur ou un modèle extraverti qui cherche à tirer profit des échanges
internationaux ?
Sur ce rapport, il existe deux modèles prédominants : l’Industrialisation par Substitution
aux Importations (ISI) et l’Industrialisation par Substitution aux Exportations (ISE)
I. DEVELOPPEMENT PAR L’INDUSTRIALISATION PAR SUBSTITUTION
AUX IMPORTATIONS (ISI)
L’ISI est le cas typique d’un modèle qui a été pratiqué avant d’être théorisé. En effet la crise
des années 30 et la crise des rentrées des devises ont poussés certains pays essentiellement
latino-américains a se tournés vers le marché intérieur, c’est par la suite qu’il fera l’objet de
réflexion théorique sous l’influence du courant de la dépendance
I.1 L’idée de base : remplacer les importations par une production locale
Le principe de l’ISI c’est de remplacer des biens précédemment importés par des biens
produits localement. L’ISI présente un certains nombres d’avantages en effet, car elle permet
notamment de réduire la dépendance vis-à-vis des produits finis provenant des pays
développés et de diversifier la production domestique. L’ISI favorise aussi l’acquisition
de technologie tout en formant la main d’œuvre. Autres avantages, cette stratégie peut
diminuer la tendance à la détérioration des termes de l’échange.
Dans son déroulement, l’Etat est appelé à jouer un rôle très importante en mettant notamment
en place le système de protection nécessaire à ce modèle (cota, droit de douane élevé,
surévaluation du taux de change qui vise réduire en monnaie nationale des moyens des
productions importés) qui doit filtrer les importations en fonction des besoins prioritaires
I.2 Schéma classique de substitution: des secteurs les plus légers aux secteurs les
plus lourds
La mise en œuvre de l’ISI repose sur une certaine chronologie dans son déroulement :
 Première étape : concerné est celui des industries légère de biens de consommations
simples qui requiert peut de technologie et utilise des matières premières locales
(produit alimentaire, textile, cuivre, …en général). Ce secteur est en principe plus
accessible techniquement et financièrement aux entrepreneurs nationaux.
 Deuxième étape : Le développement du secteur des biens de consommation légère va
faire naitre une demande solvable pour les biens intermédiaires (chimie, caoutchouc et
plastique, raffinerie etc.) qui sera le second secteur concerné par la substitution
d’importation.
 Troisième étape : Les industries complexes c’est-à-dire les biens d’équipements ou
biens de productions comme l’imprimerie d’une manière générale les machines
constituent le troisième secteur dans le processus de remonter des filières. Ce secteur
favorise le développement de la métallurgie et de la sidérurgie.
 Quatrième étape : concernera les biens de consommation durable (radio, automobile,
etc.) dans la mesure où le pays fabrique des machines permettant de produire ces biens
de manière autonome.
On parle ainsi de remontée des filières
Le choix d’un secteur en particulier est guidé par l’apparition d’une demande solvable
immédiate, demande satisfaite préalablement par les importations.
Ainsi dès qu’un seuil critique ou seuil d’importation est atteint en termes de quantités
importés, une production nationale devient rentable. Il revient alors aux autorités de créer les
conditions d’une rentabilité des investissements mais aussi de permettre à ce secteur de se
développer à l’abri de concurrence étrangère afin d’atteindre les niveaux de maturité
nécessaire. Cela fait référence «  protectionnisme éducateur de Fréderic Nietz », le
protectionnisme est cependant sélectif car la mesure concernera essentiellement les biens
faisant l’objet d’une substitution, tandis que l’importation de certains biens de production
(machine) est facilité.
La stratégie de remontée des filières se fait dans la mesure où dès qu’un secteur arrive à
maturité, on passe au secteur en aval.
I.3 Les limites de l’ISI :
L’une des limites auxquels se heurtent l’application de l’ISI est la dimension limitée du
marché, la demande solvable est souvent restreinte au couche social privilégié ; des que ce
marché est atteint on constate souvent que la croissance industrielle tend à stagner. Seul
l’élargissement du marché par le biais de l’intégration régional peut permettre de lever cette
contrainte pour les petits pays.
De même malgré l’objectif affiché au départ, le choix de l’ISI peut être le synonyme de
maintien de la dépendance en termes de biens d’intermédiaires et pièces de rechanges
(machines). En effet dans la première étape le pays aura besoin de machines mais aussi de
biens intermédiaires ce qui fait que cette phase est très couteuse en importation donc en
devises (le manque de devise a été l’un des plus grand problèmes rencontrés par les pays).
L’une des plus grandes faiblesses de l’ISI est également liée aux effets négatifs de la
protection des secteurs concernés ; elle est un effet tendance à créer des situations de rentes et
quelques fois des monopoles qui ne poussent pas les entrepreneurs à chercher l’efficacité
(productivité) et la performance (modernisation de l’appareil productif avec le
réinvestissement des bénéfices…) gage de compétitivité ce qui fait que le besoin de
protection est quasi en permanant et la maturation des secteurs difficile.
Aujourd’hui avec l’OMC, il est difficile d’utiliser les barrières tarifaires pour mettre en œuvre
l’ISI ce qui constitue un handicap majeur pour l’industrialisation des pays du sud.
II. INDUSTRIALISATION PAR SUBSTITUTION D’EXPORTATION  (ISE) :
2.1. L’ISE : UN MODEL DE CROISSANCE EXTRAVERTIE :
L’ISE qui est un modèle de promotion des exportations consiste à substituer l’exportation
de produits manufacturés à l’exportation de produits de base, autrement dit à substituer
l’exportation de produits à fortes valeur ajoutée à l’exportation de produits à faibles valeur
ajoutée (on remplace les produits primaires par les produits industrialisés).
Les fondements théoriques de cette stratégie relèvent de la théorie des avantages comparatifs
qui veut que l’on se spécialise dans la production où on est le plus avantagé à la production où
on est le moins avantagé; de ce fait, l’ouverture au commerce international permet de
bénéficier des effets positif de la croissance du commerce mondiale: c’est la théorie de la
croissance transmise. Contrairement donc à l’ISI, l’ISE préconise une insertion au commerce
internationale en jouant sur un avantage comparatif de ressources naturelles, de coûts etc.
C’est la raison pour laquelle on parle de croissance extravertie. Ici la spécialisation se fera sur
l’avantage que représente une main d’œuvre abondante pas trop chère.
L’ISE présente un certains nombres d’avantages parmi lesquels :
 La diversification de la production avec notamment la remontée des filières permise
surtout par les revenus tirés des exportations compétitives (devises).
 Les ventes ne sont pas freinées par la taille du marché intérieur car elles se font au
niveau du marché mondial plus vaste, ce qui permet de réaliser des économies
d’échelles.
 et de rentabilisés des investissements.
 L’implantation des firmes étrangères qui accompagne souvent ce type de politique
et leurs apports sur le plan technique permet généralement de faire un transfert
technologique et d’élever la qualification de la main d’œuvre.
2.2. Les limites de l’ISE :
L’ISE favorise l’implantation de multinationales mais il n’est pas rare qu’elles se retirent
brusquement d’un pays quand les conditions sont moins favorables comme c’était le cas à
Singapour dans la période 1979-81 suite à une hausse des salaires. En outre l’un des risques
lié à l’ISE est la vulnérabilité aux chocs externe.
L’ISE peut aussi être confronté à l’obstacle lié à la saturation des marchés mais également à
la concurrence entre pays en développement. Enfin le protectionnisme déguisé de certains
pays développés est devenu un sérieux obstacle.
2.3. L’expérience des pays d’Asie
Des pays comme le Brésil (dans un premier temps) mais surtout nombre de pays émergents
d’Asie du Sud-Est ont adopté à différentes périodes de leur développement cette politique de
substitution avec un certain succès. Ainsi, l’ISE a été largement exploité par les Nouveaux
Pays Industrialisés (NPI) comme la Corée du Sud qui a pu assoir une véritable industrie
nationale en exploitant d’abord l’avantage de la main d’œuvre dans le textile puis a coupler
des stratégies de remonter des filières des diversifications de tissus industriels par branches.
Cependant dans la totalité des cas, l’Etat a joué un rôle décisif notamment dans les incitations
pour l’orientation des investissements par le crédit (exemple : le crédit préférentiel en Corée
du Sud), la stimulation de la recherche technologique et de l’innovation, l’organisation du
système financier, la gestion de la force de travail (politiques antisyndicales et formations),
autres points commun aux expériences asiatique : la révolution verte accompagnée d’une
réforme agraire qui leur a permis d’avoir un marché intérieur solvable. Autres points
communs aux expérience asiatiques, la Révolution Verte accompagné d’une réforme agraire
qui leur a permis d’avoir un marché solvable avec l’exode rurale des populations rurales
acceptant un bas salaire.
III. Finalement des options complémentaires :
Dans la pratique, beaucoup de ces pays ont commencé par l’ISI le temps d’assoir une base
industrielle avant de se lancer dans une stratégie de substitution d’exportation. De même, les
pays qui ont plus misé sur l’import-substitution ont en un certain moment diversifié leurs
exportations. En définitive, sans accroissement des exportations, aucune stratégie
d’industrialisation ne peut réussir à tel enseigne que les deux options sont complémentaires.
En réalité, il est difficile d’affirmer la supériorité d’un sur l’autre dans la mesure où la plus
part des pays qui ont optés pour l’orientation extérieur ont remplacé les importations par des
productions domestique, alors que la plus part des pays a « import-substitution » (Chine, Inde)
ont en un certains moment diversifier leurs exportation. Sans accroissement des exportations,
aucune stratégie d’industrialisation ne peut en définitive réussir en tel enseigne que les deux
options sont complémentaires

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