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« La Franc-Magonnerie se réclame d'un but philanthropique, hu- ‘manitaire et progressiste. Elle veut guider le développement spirituel et moral de I'humanité en dehors et au-dessus de toute différence de classe, de nationalité et de religion. « Qui ne se sentirait pris de respect et d'émotion a 'énoncé de ces belles formules ? Nous verrons par la suite avec quelle hypocrisie et quelle habileté elles ont été rédigées dans leur imprécision harmonieuse et voulue de fagon a masquer une activité profondément destructrice. « Secte politico-religieuse, la F.--M.°. veut refaire le monde sur des bases nouvelles, fort différentes des anciens principes chrétiens et monarchistes qui ont été pendant deux mille ans les assises de la civi- lisation occidentale. Ceux-ci, dit-elle, ont fait leur temps et ne répon- dent plus aux conditions de I'existence moderne. Il faut done commencer par détruire cette ancienne civilisation pour ériger sur ses ruines le Temple de 'humanité magonnique future. » Extraits de Ueewvre. « Léon de Poncins expose méthodiquement les prineipes et méthodes magonniques. II insiste sur les deux courants, complémentaires et iné- ¢gaux, marquant lidéologie magonnique ; l'un réservé aux bas grades, le rrationalisme, l'autre beaucoup plus fondamental, Poccultisme. » « [...] Par la diversité des sujets traités A propos de Ia franc-ma- connerie, le livre de Léon de Poncins se trouve étre l’un des plus com- plets en ce domaine. » Extraits de la préface inédite ‘Arnaud de Lassus. wow.chire tr Wh Ih | ol razast 24€ so1eo4 Léon de PONCINS Exploitant agricole, né& Civens (Loire) le 3 novembre 1897. Spécialisé dans "étude des ‘mouvernents révolutionaires contemporain, et eonvaincu de Vin luence des sociétés seerétes sures grands bouleversements politiques et s0- ciaux, L. de PONCINS a conseeré a ee pro bléme plusieurs ouvrages qui eure un certain fetentissement a Tetranger oi ils furenttaduits dans plusieurs pays (Grando-Bretagne, Alle- ‘magne, Portugal, Espagne, Italie, Hongri, Bul- gare, US.A., Brésil) Le premier pant en 1928 sous Ie tte Les forces seers dela Revolution. Vinrent ensuite une qunzsine de livres dont les plus cents Civistinisme et Frane-Magonne- rie (1969, ré6d. 2011), La Frane-Maconnerie apres ses documents secrets, Top Secret, se- rts Bat anglo-américains (1972) et Histoire «La Fo-M.. est le liew ott les diverses sectes puisent leurs éléments ; c'est pour elles une école préparatoire, un {filtre, une discipline, Les Martinistes exigent que leurs mem- bres soient Maitres Macons. «Les meilleures recrues des autres groupes sont issues de la F.-M., Inversement, les opinions, les réveries, les élucubrations de ces chapelles pseudo-mystiques, de ces ane tres de folie, pénétrent dans le grand corps de la F.-M.. par leurs membres. Ceux-ci, nimbés de leur autorité init tique, se croyant appelés d révolutionner le monde, ayant assisté d des scénes d’évocation qui les ont détraqués, ou bien tout simplement fanatisés, préchent d leur tour Uen- sseignement recu. «Et tout cela : théosophie, occultisme, frane-magon- nerie, sectes secrétes ou mystico-policieres, n’a qu’un but commun : assurer Ia libération de "homme, lui re- tirer tout sens moral traditionnel afin de pouvoir “Ias- servir” au mieux des intéréts visés, ce qu’ils appellent Paffranchir (28), «Il existe donc une morale, une “ascése” maconnique. Cela peut surprendre quelques-uns qui ne voient dans cette ssecte qu un grossier matérialisme ; c'est n’avoir pas connais- ssance des subtils compartiments de cette grande maison dont bien des habitants s'ignorent entre eu ; il existe une contre- Eglise avec ses écritures, ses dogmes, ses prétres, et la Frane-Magonnerie en est un des aspects visibles, 1! faut (@7) Oswald Wirth —Ldéal initiatique,p. 58 (28) J. Margués-Rivitre Op. elt, p. 233, OCCULTISHE ET FM. n découvrir cette fausse dogmatique, cette pseudo-mystique quiattirent plus d'dmes qu'on ne le eroitet dont les dangers sont aussi réels que cachés.. «s+. Cette mystique est bien le grand secret magon- nique, Ia supréme initiation, car de ce principe découlent Jes applications logiques dont nous avons déja vu les fruits, Cette initiation est d’ailleurs antique et de tous les ‘emps, elle est vieille comme ce vieux monde (29), ‘« Tous les peuples ont conservé le souvenir de l'dge dioret la promesse de l'avénement du régne de Dieu sur la terre. A notre époque, la conscience humaine s'est tournée avec frénésie vers le monde matériel, négligeant les réalités spirituelles (30). » La F-M.". est, daprés ses statuts, une institution es- sentiellement humanitaire. C’est la une de ces formules vagues dont il importe de préciser le sens magonnique. «En derniére analyse, les franes-macons dirigeants entendent par Li que Phomme est son propre maitre et qu’ll existe aucune autorité infra ou supra-humaine. End autres termes I Humanitarisme est le principe de Vau- tonomie morale et spirituelle de l'homme libéré de toute au torité supérieure et ¢’est 1A la base fondamentale de toute ‘vraie frane-magonnerie. «Cette conception ne laisse naturellement aucune place pour un Dieu personnel extérieur au monde, ni au- ‘ume place pour une forme de gouvernement stable reposant sur une base divine. Poussée a ses conclusions extrémes, ete conception doit aboutir d l'anarchie totale et au com- (25) 1. Marquis Rivigre— Op. cit, p.242 (G0) 5 Marques Rivitre Op. cit p. 248 n LA FRANC-MAGONNERIE bat de tous contre tous, car sans ordre moral & base divine, toute organisation légale, étatiste et sociale manque de fon- dement réel. «I est vrai que dans bien des pays la F-.-M~. ne tire pas de ses principes fondamentaux leurs ultimes consé- quences, que la plupart de ses membres d’ailleurs ne soup- ‘onnent pas, mais cela ne change rien au fond du probleme, « Ainsi définie, Pessence de la F.--M.. nous fait aus- sit6t comprendre les affinités qui Punissent au libéra- lisme ; on peut méme dire que la F.-M.-. est le libéralisme organisé dont elle forme le grand Etat-Major. Toutefois le libéralisme se borne & la reconnaissance du principe hu- ‘manitaire dont il veut rejeter les conséquences. Beaucoup plus logique, le Socialisme, issu du libéralisme, n'hésite pas @ aller au bout de ses propres principes et a les appliquer effectivement partout oit il le peut «Le principe maconnique humanitaire ne méne pas seulement 4 la révolution mais il est la révolution et il a trouvé son expression politique dans les “Droits de Homme” de la Révolution frangaise de 1789. «La parenté spirituelle qui unit la Franc-Maconnerie au libéralisme et au socialisme explique aussi ce fait éton- nant que le riche frane-macon ou libéral se trouve malgré tout dans le camp du prolétariat socialiste en lutte contre a conception conservatrice du monde. « L’observation de l'essence profonde de la maconne- rie nous explique encore une autre parenté : celle qui unit la Loge au Judaisme, Le juif moderne penche, d peu d’ex- ceptions prés, vers une conception libérale du monde qui s'éloigne de plus en plus de la base solide d'une religion positive... et dans les écrits des juifs dirigeants nous trou- “QCCULTISME ET F-M: B vyons les mémes phrases que la Franc-Maconnerie emploie sans cesse (31). « [lest donc parfaitement compréhensible que le ju- daisme se soit tourné de bonne heure vers la Franc-Magon- erie et que grice d ses remarquables facultés d'adaptation ily ait pris une influence croissante. On ne se trompe guére en affirmant qu ‘aujourd hui la plus grande partie des Loges ‘est soumise a l'influence juive et qu'elles forment les troupes dassaut spirituelles du judaisme. «Si nous jetons encore une fois un regard sur l'essence profonde de la pensée magonnique, nous constatons que le principe humanitaire n’est au fond rien d’autre que Pantique Non Serviam qui depuis la chute originelle ré- ssonne sans cesse au caeur de l'homme, en lutte perpétuelle avec son meilleur moi (32). » Et c’est dans organisation internationale des Loges quill a trouvé depuis le XVII siécle ses moyens d’action révolutionnaire. Aupoint de vue religieux, la F-.-M.. propage done des principes dont le triomphe signifierait la destruction du christianisme. Entre les deux, « La réconciliation n'est plus possible. Il ne peut y avoir que lutte, une lutte sans merci, qui finira par le triomphe de la science et de la conscience. C'est inutile d'insister: Le macon est un homme libre ; le catholique est G1) Un chapitre spécial est consacré& Iétude des afinités judéo-magon- igues. (32) Freiherr von Stotzingen ~ Die Freimaurer und ihre Weltanschauung, verlag der geben Hefte, Munich (1930 environ). ” 1A FRANC-MACONNERIE un esclave soumis d une discipline forcée de l'esprit et rien n'est plus incompatible avec l'esprit maconnique (33). » « Apparat et se synthétise alors la lutte éternelle oi se sscinde en deux camps l’humanité entidre... D'un c6té les re- ligions, Jésus, Mahomet, le Veau d'Or, peu importe le nom, ancrées dans leur volonté de stagnation et de conservation ; de l'autre ceux qui veulent aller plus loin vers un avenir meilleur et vers un idéal d’'imperfection moindre (34). » Et le F.-. occultiste Oswald Wirth écrit : « Le serpent inspirateur de désobéissance, d’insu- bordination et de révolte fut maudit par les anciens théo- ‘erates alors qu’il était en honneur parmi les initiés... « Rendre semblable dla Divinité, tel était l'objet des anciens mysteres... de nos jours le programme de I'Initia- tion n'a pas changé (35). » Au point de vue religieux, la situation est done trés nette, Les francs-magons représentent au point de vue chrétien ’orgueil de Phomme, esprit du mal, la révolte contre Dieu (36). » (G3) Quartier-fe-Tente - Tivo centuries offeemasonry. (G4) D’ Raymond Corbin. — Symbolesinitiatiques et mystéres chrétiens, p. 121 G5) Oswald Wirth. ~ Le Livre du compagnon, p. 74. CE. sur ce point Hymne Satan, du FJ. Carducci, citép, 140 dudt livre, (66) Gustave Bord La F-M.~ en France, p.. La F.. M-. dans la politique ‘Au point de vue religieux la situation est done trés nette. Bile ne I’est guére moins au point de vue politique. lest bien évident qu’on ne peut propager de pareilles théories : émancipation de ’humanité délivrée de toute au- {orité spirituelle et temporelle, sans qu’elles aient de pro- fondes repercussions sociales, politiques et religicuses. En poursuivant le réve d’une libération totale de I’hu- ‘manité, la magonnerie tend a la déification de homme qui ‘est en germe dans les théories de Rousseau. Or, Ia forme politique de Pindividualisme a un nom : c'est In démocratie. Celle-ci «Dvailleurs... N’est pas seulement une forme poli- tigue ; elle s'accommode de diverses formes d’institutions. Certaines monarchies sont aussi démocratiques que des ré- publiques. Elle est une mystique politique : /a mystique d'une société idéale ott les individus souverains sont par- venus @s affranchir de toute autorité qui ne soit pas émanée deux-mémes, «La souveraine dignité de l'individu suppose sa par JSaite liberté ; c'est dire par la méme qu'il doit se soustraire 4 toute autorité qui s’impose d lui. L’homme libre ne peut ‘admettre qu’il existe une autorité politique autonome tirant 4a puissance dun principe supérieur & U'individu... C’est 16 TA FRANC-MAGONNERIE donc avec une parfaite logique que les philosophes du XVIIF sidcle engagent le combat contre V'autorité monar- chique... Elle est le type méme du pouvoir supérieur d Uin- dividu... Elle est done une sorte d'attentat @ la liberté... Elle doit disparattre... L’homme libre et bon dans son es- sence ne peut recevoir de lois que de lui-méme. Ne sera juste que la loi qu'il se sera lui-méme imposée (1). «Le systéme démocratique est directement issu de Vindividualisme qui forme le fond commun de la pensée judéo-magonnique. Il a une si étroite concordance d'idée entre la conception de toute institution démocratique et la métaphysique des sectes, que la démocratie apparait ‘comme devant étre, a priori, le régime de choix des judéo- ‘magons et comme étant de fait celui qu ils ont toujours ap- pelé de leurs vaeux (2). » De fait « La frane-magonnerie francaise a, dans le passé, été trop intimement liée aux bouleversements historiques dont est sorti le monde moderne et les principes fondamentaux du régime démocratique pour qu elle puisse étre ignorée (3). (1) Les théories humanitares patent d'un principe tes discutable ear «I est trop évident que le peuple ne peut conférer un pouvoir qu'il ne posse pas lui-méme ; le pouvoir véritable ne peut venir que den haut, et «est pourquoi, disons-Ie en passant, i ne peut re Léitimé que par la sanc- ton de quelque chose de supérieur ordre social, cesti-dire dune autorit spirituelle ; s'il en est autrement, ce n'est plus qu’une contrefagon de pou voir, un état de fait qui est injustifiable par défaut de principe, et od il ne peut y avoir que désordre et confusion » (René Guénon, La Crise du Monde moderne, p. 156 et 161). (@)P. Loyer—Anicle de la Revue internationale des société seertes, 1930, p.45-351, (@)E, Planiagenet-— La Frane-Magonnerie francaise, p. 76 {TA PeeMc DANS LA POLITIQUE n «Nous n ‘avons done pas d étre surpris de la voir de prime ‘abord imprégnée de ce méme esprit qui, parla Révolution, fenfanta un monde nouveau et qui est si spécifiquement pro- (pre d la France qu aujourd'hui il n'est point une nation op- pprimée qui ne tourne les yeux vers elle, qu'il n'est pas un peuple qui ne s affranchit, qui ne conquiert sa liberté ou son indépendance si ce n'est au son de la Marseillaise (4). » En France, « Tous les franes-magons des trois obédiences (5), en rapport d’amitié, appartiennent a ce que Ia politique ap- pelle “la gauche”. Les nuances de doctrine ne sont pas telles qu'elles empéchent l'accord de régner entre tous les membres (6). » Au point de vue politique, la F..-M.-. continentale joue un role considérable, De quelle fagon s'exeree son in- fluence ? «La F-.-M.., écrit le frane-magon Quartier-la-Tente, nest ni équipée ni organisée pour l'action. Son organisation et le secret qui l'enveloppe ne lui permettent pas de se jeter dans la mélée et d'agir en corps en dehors du Temple. Son influence n’en est pas moins considérable et puissante... Elle prépare les réformes et les accomplit par Pidée avant qu’elles ne soient réalisées en fait —seule méthode qui uisse rendre ces réformes durables et efficaces (7). » (@E Plantagenet. La Franc-Maconnerie francaise, p. 30. (6) Le Grand-Orient La Grande Loge ~La Magonnerie mixte du Droit hu main. (6) Gaston Martin, ~ Manuel d'histoire de la Fo-M.:,p. 252. () Quartir-l- Tene... - Tio centuries of Freemasonry. 1 1A FRANC MAGONNERIE. «L institution, écrit de son c6té Albert Lantoine, existe pour préparer constamment l'avenir par l'étude du présent, ‘non pour imposer une idée par l'éphémére pouvoir de son influence. C’est aux organisations profanes, mieux outil- Kees que Pordre maconnique, & poursuivre la réalisation de cette idée, et son échee ne pourrait atteindre la Franc- Maconnerie adroitement retranchée dans son rle spé- culatif... Aussi ce ne serait pas de la politique militante comme le Grand Orient a la prétention et le tort d’en faire et par lequel la Grande Loge, contrairement d son intérét bien compris, a parfois a faiblesse de se laisser influencer, mais de la politique philosophique (8). » Le rdle que la Magonnerie s’attribue dans I’Etat est l'étude des grands problémes individuels et sociaux. « Etudiés par les techniciens en loge, en congrés régio- naux, au convent enfin, ces problémes qui tous intéressent la démocratie et l’humanité, offrent d la représentation na- tionale des solutions miries, préparées par des compé- tences. Celle-ci demeure toujours libre de les accueillir ou de les rejeter. Comité consultatif de la République, fa Frane-Maconnerie n'exerce ni tyrannie ni dictature (9). » « Presque tous les grands problémes du temps ont é1é ainsi examinés depuis que, la paix faite, le pays a repris sa stabilité, problémes de la défense nationale, problémes de Tenseignement, problémes de production et de répartition des rrichesses, problémes de la paix entre les hommes et entre les peuples. Sur tous ces points des solutions ont été envisagées... (8) Albert Lantoine.-.— Hiram couronné d’épines, tM, p. S58. (9) Gaston Martin. ~ Manuel, p, 246. TAB s-Mc. DANS LA POLITIQUE » etadoptées aprés une discussion aussi passionnée que cour- wise, le plus souvent d une quasi-unanimité (10), « Que l'on ne dise pas non plus qu’elles sont dépour- es de force politique faute de moyens de contrainte et de mandataires qualifiés. La magonnerie compte parmi ses membres nombre d’hommes qui ont été, sont ou pour- ront étre des conseils du gouvernement... Un projet ainsi étudié présente au minimum une base de décision d'une rare solidité. Le parlementaire qui en a suivi la genése au ‘cours de séances non moins ardentes, mais plus courtoises que celles du Parlement, ne peut guére qu'incliner vers son adoption. I! devient spontanément le défenseur de cette these, il bénéficie pour la soutenir des arguments mémes dont s‘alimente la discussion en loge, au congrés ou au convent. Comme bien souvent, nous l'avons vu, opinion moyenne de la maconnerie coincide avec l'opinion de la majorité éclairée, il a des chances trés sérieuses de faire dominer son point de vue. Ratifié par les élus de la Nation, Te projet magonnique est devenu une loi de I'Etat (11). » La Franc-Magonnerie ne bore d’ailleurs pas son acti- vité Ala politique philosophique, et elle n’hésite pas faire de la politique militante toutes les fois qu’elle le juge né- cessaire. Les magons philosophes comme Albert Lantoine le déplorent, les autres l’encouragent ou I’excusent ; ¢’est ainsi qu’Oswald Wirth écrit en parlant d’une époque ré- cente : celle qui va de 1870 4 1914, «La cause de la F.--M.", fut identifige avec celle de la République, e¢ si les luttes électorales ont pu parfois (10) Nous verrons plus loin par des textes précis que les hommes politiques ffanes-magons sont tenus d’obéir aux directives maganniques. (11) Gaston Martin, - Manuel 80 LA FRANC-MACONNERIE tenir une trop grande place dans les préoccupations des Loges, c'est que I'étendard magonnique avait rallié tous leg amis du progres qui s'entendirent pour déjouer les em. biiches de la réaction et du cléricalisme (12). «Si a ces heures de détresse civique, les Loges s'en étaient tenues & ce que l'on peut appeler leur travail normal du temps de paix, elles auraient mangué é leur devoir le plus ssacré, en se refusant @ défendre le patrimoine des libertés conquises par de vaillants ancétres. Il est d leur gloire d avoir rompu avec la régle, pour aller au plus pressé en se Jancant @ corps perdu dans la politique. Pour sauver la Ré- publique elles se transformérent en comités électoraux, ou. blieux momentanément de la haute philosophie humanitaire dont la culture est l'objectif essentiel de la F'.-M.. (13). » II nous faut signaler ici "importance grandissante des ‘Suprémes Conseils du Rite Ecossais. Rappelons briévement ce que sont les Suprémes Conseils. Les F.-, du 33° grade du Rite Ecossais (en France c’est Ja Grande-Loge qui travaille selon le Rite Ecossais alors que le Grand-Orient travaille selon le Rite Frangais), élisent dans chaque pays une Assemblée de membres du 33° qui prend le nom de Supréme Conseil Les membres de cette assemblée sont nommeés a vie, leur nombre ne peut étre inférieur & 9 ni supérieur & 33. Dans chaque pays les Suprémes Conseils ont Ia haute main sur les ateliers supérieurs de la F.--M.°. qui vont du 4° a 33°, (12) Oswald Wirth, —Le Livre de lapprenti, p80 (13) Oswald Wirth. —"Tdéal iniiaique, p. 82. AR eM, DANS LA POLITIQUE at Les principaux Suprémes Conseils du monde sont sedérés internationalement et tiennent des réunions se- erétes quinquennales. La demnidre en date a eu lieu cette année a Bruxelles. Les statuts de la Confédération des Suprémes Conseils ont été établis définitivement par l'accord du Convent de Lausanne en 1875, qui consacre I’ « Unité de vue et d’ac- tion de tous les Suprémes Conseils » (14). Le Congrés de Paris de mai 1929 réunit les délégués de 27 Suprémes Conseils : Fiats-Unis (Juridiction Sud). Ftats-Unis (Juridiction Nord). France, Espagne. Belgique. Brésil. Pérou. Turquie. Colombie. Equateur. Portugal. Yougoslavie. ‘Uruguay. Pays-Bas, ‘Argentine. Pologne: Cuba. Tehéco-Slovaquie Mexique. Roumanie. Autriche. «Les Suprémes Conseils d’Ecosse, de Gréve et de Pa- ‘nama s"excusérent pour des raisons diverses de ne pouvoir venir & Paris affirmer leur entigre solidarité avec les obé- diences participantes (15). » (14) Albert Lantoine La F-M Beossaive en France, Pais, E. Nourry, 1930, p. 239, (15) Albert Lantoine —La F--M-. Beossaise, op. cit, p. 240, 8 2 TA FRANC-MACONNERIg J_M: DANS LA POLITIQUE ibre 1875. L'idée en revient au Supréme Conseil de ance qui, en 1783, avait créé le Supréme Conseil de se, Il eut alors l'idée dinviter les Suprémes Conseils ‘Comme on peut le voir par!’énumération ci-dessus, le ‘Suprémes Conseils de la F..-M.-. Ecossaise anglo-saxonn délibérent avec ceux de la F.-.-M.-. Ecossaise continentale, Nous devons, écrit J. Marqués-Riviére dans une récente Publication : ‘assentiment et 9 furent présents @ Lausanne, ceux d'An- wre, Belgique, Colon, Cuba, France, Hongrie, Italie, «Mentionner la puissance de plus en plus grande de Portugal et Suisse (I7).» “Suprémes Conseils Ecossais” d travers le monde. On n't est pas encore @ une direction unique puisqu il nes agit e core que d'un “Convent international” soumis aux lois de votes, des élections et des influences nationales, mais ily 4 14 une menace précise qui, avec la fameuse “Associatio Maconnique Internationale”, doit tre soigneusement noté par les Francais. Ce sont des ossatures international qui se forment en ce moment et gui peuvent étre, demain, une menace précise contre les intéréts nationaux... «Au-dessus des divers Grands-Orients et Grandes. Loges nationaux, dont la susceptibilité patriotique est trés curieuse et qui ne songent qu’d se disputer, il existe une confraternité supérieure, une association secréte interna. tionale, agissante et toute-puissante, une “Université ma- connique”, ainsi que l'appelle le F:. Jacques Maréchal ; est le Corps Confédéré des Suprémes Conseils (16). » ce qu ils auront semé et ce sera justice. _ «Mais n'oublions pas que la valeur spirituelle du Grand-Orient est nulle et, méme dans a Frane-Maconne- , la suffisance, le matérialisme et V'ignorance de la inde obédience francaise sont devenus classiques. Le ennemi dangereux que doivent combattre les Fran- est le Rite Ecossais dont les rituels, la hiérarchie, le ‘sens traditionnel, l’obéissance fanatique sont des fac- teurs qu’on aurait grand tort de négliger. » Pendant une trentaine d’années, les résultats ne furent médiocres, mais l'année 1907, en Belgique, et ’an- 1912, aux Etats-Unis, marquérent de sérieux progrés. «Les autres rites, ajoute l'auteur, sont des dérivés, des ” du Grand Rite Ecossais qui, tort ou & raison, re- teen ce moment la grande et seule puissance macon- Le premier Supréme Conseil fut fondé en 1801 i Char- Jeston, dans la Caroline du Sud. C’était a premiére pierre de. immense édifice qui s’étend aujourd’hui au monde entier «Le fait le plus remarquable dans la vie de ces divers Suprémes Conseils fut le Convent réuni é Lausanne en sep- (16) J. Marqués-Rivire — Qui conduit 'Europe d la guerre ? Brochure ik Justrée publige en 1936 parla F.N. C., 31, boulevard de Latout-Maubourg, 4 Pars, (I) Margate vise — Op. cit DANS LA POLITIQUE as “4 LA FRANC-MACONDERIB Fo shonarisme, tui, était plus actif, plus populaire, plus ae- sible aux intelligences moyennes et inférieures. Lune rd vers des idéals plus vastes, l'horizon de l'autre est plus sreint. Celle-ld poursuit des fins plus lointaines, celui-ci immédiates ; le carbonarisme fut un prolongement atique de organisation maconnique (19). » «Ne cherchons pas, continue notre auteur, des mati cachés et redoutables, des directeurs omnipotents et oc. cultes ; ils sont ld, devant nos yeux, derriére ces personnas lités politiques et financiéres qui énervent les peuples travaillent les nations comme en pleine pate. «x. Lorsque nous marquons du triangle les deux ti des assistants de toutes les conférences internationales, lorsque nous savons, de source certaine, que la plupart de Jfonctionnaires de la 8. D. N. sont francs-macons, que le bu: reau du B.I. T. est presque exclusivement magonnique que Geneve est une citadelle avancée de la Frane-Macon- erie, on ne peut que trembler devant les périls que cow les peuples dans leurs droits et leurs libertés (18). » En fait, et d’une fagon ou d’une autre, la F.-M.". a joué r6le considérable dans toutes les révolutions des XIX*et sigcles. Réle que nous allons briévement examiner. Enfin, pour elore le cycle de activité politique de la Magonnerie, montrons par un exemple précis quels sont les rapports de la Magonnerie et des organisations nettem¢ révolutionnaires. Prenons le cas du carbonarisme italien, «La magonnerie qui est la fin eut le carbonarisme comme moyen pour la continuer ; elle a des caracteres universels, elle est école, doctrine, culte. Ses principes sont applicables & tous les liewx et @ toutes les manifestations de 4a pensée humaine : le carbonarisme a des caracteres par- ticuliers ; on pourrait dire qu'il est une maconnerie qui des- cend de Vidée & Vaction, de Vabstrait au coneret, de Vénoncé des principes a leur application dans la vie réelle. «Les dewx associations ne furent jamais rivales. La Maconnerie, plus antique et plus aristocratique, ne fut ja- ‘mais une organisation de masses, mais un choix dintellec- tuels, hommes de pensée plutét que d'action. Le (19) Joseph Leti..— Charbonnerie et maconnerie, p. 9. — Cet ouvrage est Je fauréat d'un prix mayonnique. Il est plein de renseignements précieux sur activité révolutionnaire de la FM. en Italie, mas il est ws difficile & seprocurer, (18) J. Marqués-Rivigre— Op, cit. Les origines de la franc-magonnerie Les origines premiéres de la F.-.-M.-. sont multiples et «Une certitude vaudrait mieux ; Vhonnéteté historique e de reconnaitre qu'elle n'existe pas et les chances ‘minimes pour qu'elle puisse désormais étre établie que jour (1). » s loges anglaises se réunirent & Londres et fondérent Grande Loge d Angleterre », premigre en date de toutes ‘grandes loges de l'univers. James Anderson fut chargé de Nee! et organisée en Angleterre, la F..-M.*. ne tarda pas se répandire sur le continent oi elle pénétra dans la pre- moitié du XVIIE siécle. Les circonstances historiques et la date de Ia fondation de grande Loge d’Angleterre, premiére en date de toutes les andes Loges de univers, sont bien connues mais cela ne i apprend pas grand-chose sur l’origine de la Magonnerie. ) Gaston Martin. — Manuel d histoire de la FM.» francais, p. 7. 8 LA FRANC-MAGOWNERI Laissons de cété les origines fantaisistes telles que celles qui font remonter la F.-M.*. 4 Adam, ou qui en at tribuent la fondation aux jésuites, et arrivons aux origines plausibles. I y en a au moins une douzaine parmi lesquelles nous citerons : 1° L Origine paienne. — La F..-M. : dériverait des an cciens mystéres religieux de Gréce et d’gypte. 2° L'Origine templiére. — L’ordre des Templiers se se- rait perpétué scorétement et revivrait dans la F.--M. 3°L Origine rosicrucienne.—La F..-M.-. proviendrait de ordre occultiste des Rose-Croix et le philosophe Bacon en aurait élaboré les bases. 4° L’Origine corporative. ~ La F.-.-M.-. proviendrait des confréries de magons corporatifs du moyen age dont elle aurait gardé le langage symbolique. 5° L’Origine stuartiste. — La F.-.-M.-. aurait &é créée par le prince Charles Stuart dans un but politique. 6° L ‘Origine déiste. La F-.-M.°. dériverait des théo- ries de I’école anglaise déiste dont John Toland fut le prin- cipal représentant. 7° L’Origine protestante. — La F.-.-M.°. serait l’inter= nationale protestante «’origine calviniste et puritaine, 8° L Origine occultiste, — La F.».-M.*. aurait sa source dans les différentes sectes occultistes, elles-mémes inspirées de la Cabbale juive. 9 L’Origine juive. ~ Les juifs auraient eréé de toutes pices la F.-M.-. dans un but de domination mondiale occult, ‘Aucune de ces origines, i elle seule, ne donne une ex- plication satisfaisante, et a la base de la magonnerie il y a certainement un mélange de plusieurs de celles que nous venons d’énumérer. ORIGINES DE LA FRANC-MACONNERIE 8 «La Franc-Magonnerie, écrit G. Bord, n'est pas née tanément, elle n'est pas non plus une société secréte ayant traversé et dirigé l'humanité depuis des sié- Jes, et qui ne s'est (rakie que lorsque son succes s'est ma- ifesté d'une maniére indiscutable. Elle est née lentement, ivant tour @ tour des buts différents (2). «Deux magonneries se succédérent : l'une, la plus an- e, conposée de gens de métier, de constructeurs et que nous appellerons corporative, L’autre, celle qui la rem- placa, composée d amateurs de philosophie et de sciences, nous appellerons spéculative. » Cette transformation se fit progressivement au cours du III sicle. 4 Lorsque la F.-M.- spéculative s'établit en Angleterre, elle a eu évidemment le souci de ne pas alarmer les pouvoirs publics ; elle avait intérét d laisser croire qu’elle était la continuation normale d’une association existant depuis un immémorial, toujours protégée par les chefs dEtat. « C'est pour cela qu'avec un soin jaloux elle conserva tout ce qui pouvait avoir rapport G l'ancienne corporation -des macons travailleurs. «Elle eut l'habileté de tromper les autorités. «En réalité il n'y avait pas eu continuation, mais subs- ‘itution (3). «Les précurseurs intellectuels directs de la F.-M.. fie rent les alchimistes et les kabalistes, en donnant d ce premier ‘mot son sens le plus complet. Pendant le XVIIF siecle, en @)G. Bord Op. cit, p. XI. @)G, Bord ~ Op. cit, p.2. 0 ‘Ld FRANC-MACONNE RE effet, le macon cherche, comme lalchimiste, la pierre phic losophale, la panacée universelle, et Varbre de la science du bien et du mal révélant le mystére de la création (4). » « Pour comprendre la science magonnique, écrit le frane-magon occultiste Papus, il vous faut pénétrer intellecs tuellement dans ces mystéres anciens ; il vous faut décou. vrir le lien qui, depuis les temples de Thebes, & travers les fraternités pythagoriciennes, les Esséniens, les premiers Jo. ‘hannites, les gens échappés de Constantinople & la chute de ceue ville, descend jusqu’é nous par les troubadours, le francs-juges, les alchimistes, es templiers, les illuminés et Tes modernes rites magonniques (5). » Les magons spiritualistes prétendent que fa F.-.-M.-. est Ja continuation ininterrompue des mystéres pains, Ils pré- tendent détenir une science ésotérique secrete dérivée des anciens mystéres d’Eleusis et de I’ Egypte, dont la tradition Jeur aurait été transmise par la Kabale juive, Cette ancienne religion qui, d’aprés eux, donnerait a ses adeptes une puis- sance occulte aurait été détrOnée par le christianisme, mais se serait conservée en secret et revivrait aujourd’hui dans la Maconnerie. «La Frane-Maconnerie, écrit le F-. Corbin, a recueilli Uhéritage des sociétés qui l'ont précédée ; elle a reeu d'elles l'essentiel de ses symboles et elle dit aux profanes qui veulent entrer chez elle : “Si vous venez ici, c'est pour continuer I'cewvre commencée en Chaldée, en Egypte, aux Indes et en Perse, en Judée et en Gréce ; si vous venez ici, c'est pour mener plus loin la route qu'ont défrichée et em- () G.Bord— Op. cit, p.9. (5) Papus ~ Ce que doit savoir um matire-magon. 55 ORIGINES DE LA FRANC-MACONNERIE 1 nos mattres, les initiés des ages passés : vous serez xs dans vos efforts, libres dans vos pensées, mais vous vous engager a ce que ces efforts et ces pensées ten- ‘aparfaire la grande wuvre de I'Humanité que ceux-la ‘commencée” (6).» « Depuis toujours, depuis I'Inde, depuis l'Egypte, de- puis les mystéres pythagoriciens ou alexandrins, la méthode initiatique a posé ses bases de raisonnement : l'Eglise n'a des nombres établissaient d'une fagon symbolique, scientifique (2), elle a fait un mystére qu Elle déclare préhensible et dont Elle refuse d la Raison humaine Je chercher méme I'explication, alors que e'est la Raison maine qui l'a créé et qui l'a inventé. «Cette interdiction de comprendre, ce souci d’obscu- 6 sont d’ailleurs pour le christianisme autant de vitales essités > comment pourrait-il abriter son autorité sous lle d'un Dieu s'il avouait lui-méme que ce Dieu est une auyre humaine ? (7) » Cette prétention de la Magonnerie ne repose sur aucune donnée historique. C’est simplement une perversion de la doctrine chrétienne, perversion consciente chez les me- neurs, inconsciente chez les autres et les magons ont élaboré ‘peta peu toute une parodie du christianisme. C'est ainsi que le docteur Corbin écrit: «L Initiation maconnique, représentation de homme Imourant é la vie profane et ressuscitant dans la vie magon- (6 D’ Raymond Corbin. Symbotes initiatigues et myséres chrtins, Lic Irie Mag. Gloton, 1930. OD Corbin, op. cit, p. 102. 2 LA FRANC-MACOWNE LBS ORIGINES DE LA FRANC-MACONNERIE 2 soups éjaculateurs sont conservés. On retrouve d'ailleurs nique, se rapproche totalement du mystere chrétien de ‘asperger une partie du radical sperme (10). > rrésurrection de Jésus et du baptéme. « Le mythe d'Hiram lui-méme n’est-il pas, a quelques variantes qui le rendent plus élevé, et le spiritua. lisent (22), le rite méme de la résurrection du Christ (8). » La prétention de détenir une science secréte ésotérique ‘est absolument contraire a l’esprit du Christianisme. « Quant & sa destinée derniére, dont la connaissance est fige pour Uhomme d la connaissance de lui-méme et a la aissance de Dieu, i est juste et naturel que toute dme de 1e volonté puisse en savoir l'essentiel. C'est une concep- d'un intolérable orgueil que de réserver @ une élite la Et le F.-. occultiste anglais Wilmshurst écrit de s, Coté: « Lors de son initiation, le candidat nait & la Lumiére et est dorénavant un étre régénéré. «Le premier grade (apprenti) correspond au sacrement du baptéme... Le second est équivalent au rite de la confi Decultismes, Des savants nous ont déclaré qu'il n'y a pas ‘mation... Le troisiéme grade marque l'entiére sanctifica i icme hindow. Ce qui est certain, c'est qu'il weiss tion. L’ensemble des trois grades est le processus complal pas de christianisme ésotérique, de christianisme réservé, de la régénération humaine (9). » aique les théosophes aillent répétant, Jésus l'a proclamé jéme. “J'ai parlé ouvertement au monde ; j'ai toujours seigné dans la synagogue et dans le temple, oft tous les été le F.:. anglais Ward que « une fois macon, touje ifs s‘assemblent et je n'ai rien dit en secret (saint Jean).” macon » (Ward, Ist Degree-Handbook, p. 54), cette perver doctrine est commune ; elle s'adresse & tous. Chacun la sion ne recule pas devant les formes les plus venimeuses, pénétre sous la lumiére de Dieu, selon les dispositions de son C’est ainsi que le F. J.M. Ragon, dans son ouvrage La e. La principale de ces dispositions, c'est la simplicité de Messe et ses mystéres, écrit : “Je vous bénis, Pére, Seigneur du Ciel et de la Terre Si efficaces sont ces sacrements rituels, écrit de son « Aux mystéres de Mithra, la prétresse trempait un ra ‘meau, symbole du Phallus, dans du lait, dont elle aspergeai les assistants par trois petits coups souvent réitérés, po imiter I'Saculation séminale, embléme de la fécondité unt verselle, Aussi le goupillon de nos prétres est le lingam o phallus ; Veau lustrale remplace le lait, et les trois peti Les assertions magonniques, a ce sujet, sont de simples ations qui ne reposent sur aucune donnée sérieuse. (10) J.M, Rayon. —La Messe et ses Mystéres comparés aux Mystéres an- ens, p. 52. (11) RP. Roure, 8.1. —Au Pays de Faceutisme, p83 (8) D'Cotbin, op. cit, p. 86. (9) W.L. Wilmshurst - The Meaning of Masonry. Co 1A FRANC-MAGONNE LORIGINES DE LA FRANC-MACONNERIE 9s rots populaires contre l'empiétement royal et pontifical, . J'ai beau savoir de science sire tout ce nu'un tel jugement comporte d'erreurs graves et de contre- ans historiques et psychologiques ; s'il reste dans le rituel quelque grade une trace templiére, je Vaccueillerai, non e de ce que furent au vrai les chevaliers du Temple, is @ cause de ce que nous révons qu ils ont été (13). » Mais si, historiquement, Ia Frane-Maconnerie ne monte pas au-dela du XVIIF siecle, par contre esp qui ’anime est fort ancien. Crest ainsi que, d’aprés I’historien Webster, on trouve déja chez certaines sectes gnostiques du IP sigele : « Cette tendance vers la déification de ’humanité s préme doctrine des sociétés secrétes et des socialistes vi sionnaires de nos jours. La guerre commence alors entre les deux principes opposés : la conception chrétienne de Uhomme s'élevant jusqu ‘a Dieu et la conception des socié 4és secrétes de l'homme étant Dieu ne nécessitant aucu révélation d’'en haut et aucun autre guide que la loi de sa propre nature. Et du moment que cette nature est en elle. ‘méme divine, tout ce qui en vient est digne d’éloge et les actes qui sont habituellement considérés comme des péchés, ne doivent pas étre condamnés. Par cette ligne de raison. s par le gouvernement bavarois, celui-ci explique com- nement les Carpocratiens étaient arrivés @ peu prés aux ‘ment il a élaboré de toute pice cette théorie. Devant le ‘mémes conclusions que les communistes modernes eu égard ‘suecés remporté par cette invention I’un des hauts adeptes au systéme social idéal (12). » eVilluminisme Spartacus écrit 4 Platon : Le rénovateur de l’occultisme en France, Eliphas Lévy, un renégat du catholicisme qui prétend détenir table esprit du christianisme ? Dans les écrits des Illuminés, nous saisissons sur le vif gine de pareilles légendes, Eux aussi prétendaient dé- ir une science secréte ésotérique. Or, dans les écrits de ishaupt, qui, comme nous l'avons dit, furent saisis et pu- «Le plus extraordinaire est que beaucoup croient que I'Illuminisme contient le véritable esprit du chris- tianisme. Oh ! hommes ! que ne peut-on vous persuader ! jen ‘aurais jamais cru que je deviendrais le fondateur d'une elle religion (14). » Presque toutes les sociétés secrétes qui se sont depuis Jors succédées ont montré cette tendance et ont prétendu relier aux anciens mystéres pafens, La F.--M.-. n'y ap manqué elle non plus, Sur la fameuse origine Templigre de la F.--M.., ke F-. Gaston Martin écrit ces lignes qui éclairent notre suj Cela est trés important, car les écrits des Illuminés sont ‘es seuls que I’on posséde intégralement. Pour une fois ot Pon connait les dessous d'une société secréte, on y voit clai- — (13) Cité par J. Marques-Rivitre— La Trahisonspirielle dela F'-M4. 3. (14) Cité parN.H. Webster Socet Societies and subversive movements, p. 218. « Quimporte qu'il y ait peu de chances, ou pas du tout, ‘pour que les Templiers soient nos ancétres. Ils nous ont légué le souvenir d'une association égalitaire, de défenseurs des’ (12)N. H. Webster — Secret Societies and subversive movements, p. 30. 96 1A FRANC-MAGONNER ORIGINES DE LA FRANC-MACONNERIE 7 jtes de Baviere. En 1784, au congrés de Wilhemsbad, luminés jouérent un role prépondérant et inculquérent ‘Maconnerie leurs principes d’activité politique mili- La F--M.*, modeme était eréée et les grands boule- rement que les fameux mystéres n’étaient qu’ un plan po tique de destruction des trénes et des autels, et il en est méme dans la Magonnerie. Celle-ci ne posséde pas un science secréte antique, mais ce qui est ancien, c’ est I’espy de révolte qui l’anime « Cette lutte contre tout principe d ‘autorité n'est cert as nouvelle ; au moyen age, les passionnés de religion n turelle avaient déjé pris toutes les formes : métaphysicie ils s étaient jeté dans la Kabbale, savants dans I'alchin| ‘médecins dans Vempirisme, astronomes dans l'astrologie, Plus tard, ces assoiffés de liberté absolue, d'égalité chim rique, de libre examen ont fait la Réforme, le Jansénis 1Encyclopédisme, la Maconnerie et le Jacobinisme (15), "La Papauté avait bien vu le péril ; en temps utile elle ait signalé: «Eile ne fut pas crue ; en France elle ne fut méme pas iée, Les parlements refusérent d'enregistrer les bulles pontificales qui, n’étant pas fulminées, ne pouvaient avoir nucun effet utile, Un monde allait disparaitre (18). » La Magonnerie a ses débuts trouva de puissants ali et des adeptes parmi les encyclopédistes dont la plupa Gtaient franes-magons. Leur collaboration fit de l'Ordre grande puissance philosophique, mais la ne se borna pas action et la Magonnerie s’orienta peu aprés dans une nouvelle : celle de la politique militante. influence de I'Hluminisme contribua a cette évotution Une société politique secréte, I'Illuminisme, venait d se constituer en Allemagne, sous l’infatigable impulsion un homme doug du génie de la conspiration : Adam Wet shaupt. Celui-ci, aidé de plusieurs collaborateurs conus et ayant a ses cétés des collaborateurs et peut-étre des insp rateurs occultes, avait monté une vaste société secréte ab anarchiste destructeur de toute monarchie, de toute religion et de toute autorité. Il avait rempli les cours d°Allemagn de ses adeptes et entre autres avait réussi a faire chasser les Depuis lors, 1a Franc-Magonnerie n’a fait jusqu’a nos que se développer et s’étendre en s’adaptant aux cir- ‘eonstances mais sans modifications essentielles. rhe. En'786 un des hats adepes de cet soc ft app pari id Raton. ana oo aol a relent compromctants qe Ion aa es rnp mem Decors cvotrsas cpus tees Socmens cmemnant cosas io. Cepenar Ie chet Weisaup val pu enue depres histori tapi Wee gu'xconer epciaement ct td, amine nuit pase dt, mis oon, seat maine sree, Hing’ no urs come bance ei magomei 417) G. Bord, op. cit., p. 194. (18) G. Bord, op. cit, p. 196. (15) G. Bord, op. cit, p. 13, La F-. M.. et la Révolution de 1789 La F-M.-. a maintenant plus de deux siécles d’exis et au cours de cette période déja longue et passable- veloppement des idées modernes et dans les grands bou- sements révolutionnaires qui en ont été la conséquence. ‘Sa grande ceuvre restera toujours la Révolution de 1789 le il faut en fin de compte faire remonter toutes les syolutions contemporaines, y compris le bolchevisme. erat par trop simpliste de faire de la F--M.°. P'animateur jortance. Tous les historiens modernes qui ont étudié fe question sont d’accord sur ce point, qu’ils soient les saires de la F.M.-. comme Augustin Cochin, Gustave ord et N. H. Webster, ou ses défenseurs comme Albert nstructif a cet égard est le récent ouvrage de ce demier écri- ain: La F.-M-. et la préparation de la Révolution fran- Or, aujourd’hui, la Frane-Magonnerie reconnait ouver- it la Révolution frangaise pour son ceuvre. 100 LA FRANC-MACONNERIB EN 1789 101 \dérant que la Magonnerie a tenu pendant toute la durée ela Révolution. Voici le témoignage du franc-magon Bon- t,orateur du Convent du Grand Orient de France en 1904. A la Chambre des députés, séance du 1* juillet 1904, M, le marquis de Rosanbo prononga les paroles suivantes : La Franc-Maconnerie a travaillé en sourdine maig d'une maniére constante préparer la Révolution. M, Jumel. ~ C'est en effet ce dont nous nous vantons M. Alexandre Zévaés. — C'est le plus grand éloge que ‘vous puissiez en faire. M. Henri Michel (Bouches-du-Rh6ne). — C'est la raf «Au XVILE siécle la glorieuse lignée des encyclopé- distes a trouvé dans nos temples un auditoire fervent qui ait alors seul @ invoquer la radieuse devise encore incon- rue de la foule : “Liberté, Egalité, Fraternité”. La semence évolutionnaire a vite germé dans ce milieu d’élite, Nos il- ae jusires F..F°. d'Alembert, Diderot, Helvétius, d’Holbach, son ger Keele vor vee canis le ees, tare, Condorcet, ont achevé l’évolution des esprits, pré- M. de Rosanbo. ~ Nous sommes donc parfaliemel] é les temps nouveaux, Et, quand s’est écroulée la Bas- d accord sur ce point que la Maconnerie a été le seul auteur ill, la Frane-Maconnerie a eu le supréme honneur de de la Révolution, et les applaudissemenis que je recuell g de la gauche, et auxquels je suis peu habitué, prouvent, Messieurs, que vous reconnaissez avec moi qu'elle a fait la Révolution frangaise. M. Jumel. ~ Nous faisons plus que de le reconnaiire, nous le proclamons. «C'est notre F. de La Fayette qui, le premier, a pré- té “le projet d’une déclaration des droits naturels de ‘homme et du citoyen vivant en société” pour en former le emier chapitre de la Constitution. Le 25 aott 1789, In \stituante, dont plus de 300 membres étaient Macons, ‘adéfinitivement adopté, presque mot pour mot, tel qu’il ayait été longuement étudié en loge, le texte de Pimmor- telle déclaration des Droits de I’Homme. A cette heure, décisive pour la civilisation, la Franc-Maconnerie fran- gaise a été Ia conscience universelle et, dans les diverses improvisations et initiatives des Constituants, elle n'a cessé dapporter le résultat réfléchi des lentes élaborations de ses ateliers. » Les premiéres loges furent installées en France de 1720 4.1730. Les philosophes avaient élaboré une doctrine ab tuaite, la F-M.-., de 1773 & 1788, met ces doctrines point et en rend possible application pr ainsi la Révolution de 1789. ‘LE ROLE REVOLUTIONNAIRE DE LA FRANC-MAGONNERIE DE 1789 A 1792 Laffirmation est suffisamment nette et explicite pour rendre superflu tout commentaire. Tout le monde connait la préparation révolutionnaire Parmi les documents qui montrent la préparation révo- des Encyclopédistes. Ce qu’on ne sait pas, ¢’est le role pre 10 1A FRANC-MACOND ERIS pea: EN 1789 105 Jutionnaire magonnique, ceux des illuminés sont les pl Pour passer de la préparation & action, il se fit un tra~ complet. il d'organisation et de concentration magonnique. Un grés européen magonnique s’ouvrit & cet effet a Wil- de Franefort, en 1784. Les Illuminés y joué- ‘ment bavarois fit saisir Munich les archives de la secte d 2 ee mirant. On y décida le marche cate V"Illuminisme le 11 octobre 1786, Le chef Weishaupt p BO inns eters, ony anadtdiseut In tmort de s"échapper. Lors de la perquisition, on découvrit un plan d sre xVIet de Gustave TI de Suede, révolution mondiale avec force détails, (Tous les document BPP en avons des témolgnages privés : ceux de Mira- furent réunis sous lettre Eerits originaux de Vordre et d dy comte de Haugwitz, du comté de Virieu, du Ja secte des Illuminés, et publiés chez A. Frangois, impr. 4 eee eo: ‘Le comte de Haugwitz, ministre de Prusse au congrés de Lame de Passociation était son chef Weishaupt. Lo en 1822, ylutun mémoire od il avouait avoir été franc- Blanc, révolutionnaire assez, pur pour que ses paroles on et chargé de réunions magonniques en divers pays soient pas mises en doute, a, dans son Histoire de la Ré En voici un extrait : lution, caractérisé ainsi son euvee : ‘Nous avons vu en quelles citconstances le gouverne «C'est en 1777 que je me chargeai de la direction des « Par le seul attrait du mystére, la seule puissance de res de Prusse, de Pologne et de Russie. association, soumettre d une méme volonté et animer dt « J’y ai acquis la ferme conviction que tout ce qui est ‘méme souffle des milliers d’hommes dans chaque contrée du ivé en France depuis 1788, la Révolution francaise, monde, mais d'abord en Allemagne et en France ; faire de ‘enfin, y compris l’assassinat du Roi avec toutes ses hor- ces hommes, au moyen dune éducation lente et graduée, des ;,non seulement avait été décidé dans ce temps-Ia, mais tres entiérement nouveaux ; les rendre obéissants jusqu au que tout avait 616 préparé par des réunions, des instruc- délire,jusqu'té la mort, & des chefs invisibles et ignorés ; avee tions, des serments et des signaux qui ne laissent aucun tune légion pareille peser secrétement sur les curs, envelop: doute sur l'intelligence qui a tout préparé et tout conduit. » per les souverains, diriger d leur insu les gouvermements et > mener l'Europe & ce point que toute superstition (lisez reli Le comie de Virieu avait été délégué a Wilhelmsbad gion) fit anéantie, toute monarchie abattue, tout privilége de comme représentant de la loge M.~. des Chevaliers bienfai- naissance déclaré injuste, le droit méme de propriété aboli ; sants de Lyon. De retour a Paris, épouvanté par ce qu'il tel tut le plan gigantesque de I'Muminisme, » avait appris, il déclara : Uns: dbstee prcsone oh a a oe 6 ne vous dira! pas les secrets que ’apporte, mais chee Chie (redo de 2013). ae ce que je crois pouvoir vous dire, c'est qu'il se trame une pds EN 1789 105 «Ce n'est pas tout ; ils constatent encore que, dans les ents émanant de ce groupe qui fonctionnait en Bour- , il est usé d’un jargon que nous connaissons bien aintenant, le jargon maconnique. Et enfin, pour que rien e manque a leur démonstration, nos deux auteurs, éten- conspiration si bien ourdie et si profonde qu il sera diffci 4 la religion et au gouvernement de ne pas succomber. La Frane-Magonnerie dirigea d’une maniére invisibl Ja campagne électorale de 1789. MM. Cochin et Charpen. 7 idés em. tier, dans leur étude publiée le 1* et le 16 novembre 19¢ it leurs oe ae a dans la Revue d’Action francaise, sont atrivés cette to, yout com posder dlémentssemblables, agi. conclusion vérifiée par toutes leurs recherches que, dan; hin . 4 ire, obéi dans. , obEis- état de dissolution oi étaient tombés tous les anciens comp ge 2 Jo méne hewe, de la méme maniére o a ae, équent au méme mot d’ordre et parlant ce indépendants : provinces, ordres ou corporations, ila été fy Si ison si spécial et si roconnaissable, prouan ain ndép Fel ate fargo , a 4 un parti organisé de s’emparer de l’opinion et de la Bic d'ondre était ranemis parla Franc Magonnerie, iriger De telle sorte, écrivent MM. Cochin et Charpentier, qu'il M, Copin-Albancelli, dans son ouvrage, Le Pouvoir oo BP pas un seu! mouvement dit populaire de 1787 & 1795 culte contre la France, analyse l'étude de MM. Cochin et lui de Vendée excepté — qui I’ait été réellement ; que Charpentier ; voici ce qu’il en dit: ont été décidés, organisés, déterminés dans tous leurs {sails par les chefs d'une organisation secréte, agissant rout en méme temps et de la méme maniére faisant exé- ‘partout le méme mot d'ordre. » « Ces deux écrivains ont compulsé les documents des archives municipales et nationales de 1788 et 1789, Ils ont trouvé les traces innombrables de l'action magonnique; Par exemple, ils se sont appliqués d'une maniéve toute spé ciale @ Vétude électorale de 1789 dans la province de Bour gogne, et voici quel a été le résultat de leur étude : «Ils ont constaté que les principales demandes contenues dans les cahiers de cette province avaient été rédigées non ar les états, non par les corporations de la province, mais ar une infime minorité, par un petit groupe composé dune douzaine de membres, médecins, chirurgiens, procureurs et avocats. Non seulement ce groupe rédigeait les propositions, ‘mais il manceuvrait pour les faire accepter successivement par chacune des corporations ; il usait de ruses, de subterfuges pour arriver d ses propres fins. N’y réussissait-il pas, il allait jusqu’é falsifier au besoin les voewx adoptés. Or, sur le réle de la F.--M.-. dans la préparation de la olution, ouvrage récent et d’ailleurs remarquable du M.-. G. Martin nous fournit une claire et abondante do- entation (2). G. Martin accuse tous les adversaires de TaF-M.-. dire de mauvaise foi ; cela coupe court & toute iscussion. Il dit : « La Frane-Magonnerie n’est pas subver- sive, elle a le respect du roi, de la religion et des lois », «mais il convient d’ajouter que cette obéissance se refuse Aa passivité, Les lois sont respectables, mais non intangi- bles» (p. 43). Esprits éclairés, les magons se réservent de (9G Marin ~ a Frone-Maconere angie eta préparation del Ré- Yolo, Pas, Pets universe de rns, 1926, Cet onwage ce pes rasonnigue Anus Mile

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