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La méthode est-elle nécessaire à la science ?

Approche spécifique ? Comment on sait ce qu'on sait ?


 Méthode expérimentale hypothético-déductive traditionnelle: 
 1- méthode pour formuler l'hypothèse : on part des observations. 
 2- méthode pour vérifier l'hypothèse : l'expérimentation (toujours active). 
Crédibilité, reproductible.
Protège de la subjectivité du chercheur. 

« Ils comprirent que la raison n’aperçoit que ce qu’elle produit elle-même d’après ses
propres plans, qu’elle doit  prendre les devants  avec les principes qui déterminent ses
jugementssuivant des lois constantes et forcer la nature à répondre à ses questions, au lieu de
se laisser conduire  par elle comme à la lisière ; car autrement des observations accidentelles
et faites sans aucun plan tracé d’avance ne sauraient se rattacher à une loi nécessaire, ce
que cherche pourtant et ce qu’exige la raison. Celle-ci doit se présenter à la nature tenant
d’une main ses principes, qui seuls peuvent donner à des phénomènes concordants l’autorité
de lois et de l’autre les expériences qu’elle a instituées d’après ces mêmes principes »
(Kant, Critique de la Raison pure).

Pas de hasard, vérification. Aucun inattendu dans la nature. Il faut une planification pour un
résultat scientifique, jamais par hasard (≠sérendipité).
Observations accidentelles : ne peuvent se rattacher à une loi nécessaire, aucune valeur
scientifique.
cf Poincaré, Claude Bernard

 Observations accidentelles = observations qui n'entrent pas dans le cadre d'un


dispositif expérimental. 
 Quel statut pour les observations accidentelles ? Quelle considération ?

- elles vont nous distraire (Descartes). ex : les maths seraient faciles si nous n'étions pas
distraits = on s'en tient à la méthode qui fait tout dans la découverte. 
- peuvent être propices à de nouvelles découvertes = la méthode ne fait pas tout pour
découvrir. 

L'origine du néologisme « sérendipité » est expliquée par Walpole dans sa lettre du 28 janvier


1754 à Horace Mann : « J’ai lu il y a quelque temps un conte de fées idiot, qui s’appelle Les
trois princes de Serendip : alors que leurs Seigneuries voyageaient, elles faisaient sans cesse
des découvertes, par accident et sagacité, de faits qu’elles ne cherchaient pas ». 
C’est l’histoire de trois frères qui décrivent, dans le menu détail, un animal qu’ils n’ont jamais
vu, grâce à ses traces : des fourmis et des mouches agglutinées au bord du chemin indiquent
que la bête portait du beurre et du miel, une empreinte de pied et une flaque révèlent qu’une
femme enceinte l’avait prise pour monture… 
Horace MANN ne nous dit rien du degré de connaissance préalable sur l’objet de la
découverte qu’implique la serendipity ; ainsi, les parts respectives de « l’accident » et de la «
sagacité » restent indéfinies.

Problème : quelle est la part de l'accident ? de la sagacité ? dans les sciences.


 Sérendipité : l'art de faire des découvertesfortuites. Trouver ce qu'on ne cherchait pas.
 Méthode : on trouve ce qu'on cherche.
 Sagacité : art de saisir l'opportun.

R.K.MERTON (Théorie sociale et Structure sociale): c'est l'observation de faits étonnants qui


semble contradictoire avec la théorie établie. Il parle d'"Anomalie stratégique"= qqchse de
contradictoire avec ce qu'on pensait. 
"l'influence de données inattendues aberrantes et capitales sur l'élaboration d'une
théorie". 

3 éléments de déf :
1.  qqchse d'inattendu : on est parti pour vérifier une hypothèse, puis se passe qqchse de
pas programmé dans le processus. intervient qqchse d'imprévu dans le processus de
vérification de l'hypothèse.
2. une donnée aberrante/surprenante : on ne s'y attendait pas ! qqchse qui ne devrait pas
figurer. Le scientifique va être amené à s'interroger sur l'apparition de ce phénomène aberrant.
3. cette donnée doit être capitale : le scientifique va devoir en tirer qqchse. Là intervient la
sagacité ! modification de la théorie avec l'utilisation de cette donnée aberrante.
ex de Freud : capable de saisir des faits (lapsus, trous de mémoire,…) pour en faire des
données capitales dans sa théorie de l'inconscient.
-> la sérendipité peut être source de créativité.Nourrit la curiosité du chercheur.

Warning (1) : Il faut faire attention à ne pas penser que c'est seulement le hasard qui est
l'auteur de la découverte. 

ex de Poincaré (par R.K.Merton) : « Au départ, il y a un doute. Quelque chose qui vous
poursuit, jour et nuit. Un travail inconscient se fait  : il se révèle alors qu’on ne s’y attend
pas. Ce sont les illuminations que décrivent Walter Cannon et Henri Poincaré. »  Merton. 
Poincaré : « Au moment où je mettais le pied sur le marchepied, l’idée me vint, sans que rien
dans mes pensées antérieures parût m’y avoir préparé »,  1908. Il découvre les fonctions
fuchsiennes en mathématiques en montant dans l'autobus. 

Il y a donc bien un travail inconscient dans les maths -> pas de méthode. impression que l'on a
fait la découverte sans méthode (occasion fortuite). // inspiration dans le domaine de la
création artistique.

Warning (2) : ce n'est pas non plus un total mysticisme. c'est juste une méconnaissance du
cerveau humain. 

Exemple (1) La pénicilline. 
·      Le 3 septembre 1928, le biologiste écossais Alexander Fleming « s’aperçoit que la
culture de staphylocoques sur laquelle il travaillait s’est dissoute au voisinage d’une
moisissure qui l’avait incidemment contaminée », écrit Sylvie Catellin. Extraordinaire? Non,
banal: «Il est arrivé à tout bactériologiste de se trouver en présence de cultures contaminées
par une moisissure.» Mais à la différence de ses confrères, qui «ont vraisemblablement jeté
les cultures», Fleming, lui, se passionne pour ce moisi: il le laisse se développer, l’interroge
expérimentalement et découvre ainsi la pénicilline. 
 L’enjeu est de taille: « Les grandes découvertes ont été faites le plus souvent par
deschercheurs libres de suivre les pistes que le hasard ou la chance leur ont fournies »,
affirme Fleming. Dans la recherche fondamentale, poursuit-il, «vous pouvez commencer à
chercher quelque chose et découvrir finalement tout à fait autre chose. Ce type de
recherche ne peut pas être dirigé.»
 -> il ne faut pas une direction trop rigide du chercheur. Le chercheur doit disposer d'une
liberté intellectuelle. 

Exemple (2) Découverte des rayons X. 


·      Le 8 novembre 1895, alors qu’il travaille sur les rayons cathodiques, le physicien
allemand Wilhelm Röntgen s’arrête net en apercevant une fluorescence inopinée. Processus
sérendipien. «C’est bien le résultat d’uneconfiguration accidentelle de son appareillage qui a
fourni à Röntgen le premier indice», mais «d’autres chercheurs ont vu cette lueur sans rien
découvrir», écrit Sylvie Catellin. Röntgen, lui, interrompt sa recherche en cours, change de
route. «Il lui faudra plusieurs semaines de recherches acharnées, pendant lesquelles il ne sort
guère de son laboratoire», avant de comprendre que ces rayons sont d’un genre inconnu. D’où
leur nom: X…

Exemple sympathique (3) La tarte Tatin :).

=> Quel est le rôle de la méthode dans la science.


-> est-elle nécessaire ?
- à la production d'énoncés scientifiques.
- à leur vérification, justification.
Distinction : Hans Reichenbach contexte dedécouverte/contexte de justification. 
contexte de découverte : comment les théories scientifiques sont élaborées.
contexte de justification : comment je m'assure que l'énoncé en question est bien l'énoncé
scientifique.
Cf Aristote : contexte de découverte = l'induction. Contexte de justification = le syllogisme
scientifique.

A quel moment de la science elle est nécessaire ? 


- pour enseigner la science ?
- Pour découvrir 
- engager une recherche. 
nécessaire et suffisante. est-ce que la méthode si elle peut sembler nécessaire du pdv de la
mise en oeuvre de la recherche, elle n'est pas toujours suffisante pour effectuer la découverte ?

Reichenbach il "n'existe pas de règles logiques en termes desquelles une "machine à


découverte" pourrait être construite, qui se charge de la fonction créative du génie "
La méthode fonctionnerait si elle était suffisante comme une machine à découvertes. Mais, il
n'y a pas de machines à découvertes… . Pour autant, le scientifique à besoin d'une méthode
rigoureuse. Programme de rechercheLAKATOS : 
ce qui caractérise la science c'est l'élaboration d'un programme de recherche.

Le philosophe des sciences Dominique Lecourt" qu'il n'y a pas de méthode scientifique, du


moins considérée abstraitement comme un ensemble de règles fixes et universellesrégissant
l'ensemble de l'activité scientifique".  La méthode scientifique est toujours mouvante. En
science ce qui est nécessaire c'est que la méthode se réajuste continuellement. (ex. Préface
au Traité du Vide: on n'utilise plus la méthode des anciens, métaphysique, mais une méthode
expérimentale -> changement de méthode tout en continuant avec une méthode).

=> la méthode est amenée à évoluer. Elle doit être ouverte et évolutive. (nécessaire mais pas
suffisante). Ne peut pas être une ‘‘machine à découverte'' et définitivement fixée.
Enjeu : je ne peux pas livrer la science à n'être que la production irrationnelle et
incompréhensible d'un génie (v. Goodman : la science est une manière de faire un monde)
mais on ne peut pas penser non plus qu'il existe une machine à faire des découvertes.
-> si la méthode pas nécessaire : science = irrationnelle.
-> si méthode nécessaire absolument : science = facile (possibilité de machine à découverte)
(v. Descartes). (note : méthode de Descartes plus une méthode de justification que de
découverte).

Poincaré : « la méthode, c'est précisément le choix des faits, il faut donc se préoccuper
d'abord d'imaginer une méthode, et on en a imaginé beaucoup, parce qu'aucune ne
s'imposait ». La méthode va me dire quel fait je vais considérer comme significatif. Je ne
peux pas savoir à priori si le fait est significatif ou pas.

PLAN DU SUJET.

 I - La méthode est précisément ce qui caractérise la science par opposition à l’opinion.


 (la méthode nécessaire à la science car sans méthode pas de science).
 
1/ La science est ce qui peut s’enseigner, elle suppose une méthode que chacun peut
reparcourir. C’est ce qui la distingue de l’opinion vraie. La méthode est ce qui attache
l’énoncé à notre esprit. Le Ménon de Platon.(opinions vraies socle des statues). 
2/ C’est la méthode qui permet de démêler l’écheveau du réel, de mettre de l’ordre. Idée
cartésienne : au moyen de la méthode on va diviser les difficultés pour pouvoir les résoudre
progressivement (grandes chaînes de raison).
3°/ La méthode est ce sur quoi la science peut réfléchir pour se
perfectionner. L’épistémologieréfléchit à la méthode de la science pour permettre de définir
ce qu’est une science et ce qui ne l’est pas. C’est la méthode qui distingue la science
des fausses sciences.

TR : Mais suffit-il de mettre en œuvre la méthode pour faire des découvertes


scientifiques ? 
 
 
II – La méthode peut stériliser la science, la science est une libre création de l’esprit
humain. Il n’y a pas de méthode pour faire des découvertes scientifiques.

1/ Il faut prendre en compte le rôle del’imagination dans la découverte scientifique.(Popper :


il n'y a pas de méthode la découverte, mais qu'une méthode de la vérification,
falsificationnisme). 
2/ La serendipité en science. (comment des esprits sagaces dévient de leur programme de
recherche ?)
3/ Il y a une proximité entre le scientifique et l’artiste. Il crée aussi un
monde. Goodman,Manières de Faire des Mondes.

TR : Cependant la science ne s’adresse pas à la sensibilité des sujets comme l’art, mais à
leur rationalité. Elle ne peut être totalement identifiée à la création mystérieuse d’un
génie. 

 
III – Cependant même s’il n’y a pas de méthode pour faire des découvertes scientifiques,
dans le contexte de justification, la méthode reste nécessaire. Il faut une méthode de
vérification.
 (+programme de recherche).
 
1/ Il faut distinguer le contexte de découverte et le contexte de justification. (contexte de
justification : méthode nécessaire ; contexte de dévouverte : méthode nécessaire au
programme de recherche mais pas à la découverte elle-même).
2/ Il faut une méthode pour vérifier les énoncés de la science : la méthode expérimentale.  Il
faut une méthode pour vérifier que la science est bien scientifique Popper.
3°/ La méthode est nécessaire mais pas suffisante. Elle doit être ouverte et évolutive.(les
programmes de recherche ne doivent pas être trop rigides, la méthode doit être mouvante au
fil des découvertes).

Rappel des trois niveaux de méthode : 


    - enseignement
    - découverte
    - justification

ANNEXE (1) : QUESTIONNEMENTS. 

1. Question : Quid quand l'observation est impossible ? On ne peut pas réduire la


méthode scientifique à l'observation, si ?L'observation peut être indirecte. Il y a toujours
observation en science.
2. Question  : mais à ce moment les mathématiques, c'est pas vraiment une
science ? Oui et non !
- Si pythagoricien : la structure du réel est mathématique CQDF les maths parlent du réel.
- Si normal (donc pas pythagoricien), position majoritaire : les mathématiques = langage
rigoureux pour parler du réel.
3. L'exemple de Sadi Carnot, la cascade et la thermodynamique est plus analogique que
hasardeuse.
4. Duhem et la sérendipité : est-ce que le chercheur va estimer que les faits sont de nature à
remettre en question la théorie ? le chercheur peut écarter comme insignifiants toute une série
de faits. 

ANNEXE (2) : DÉFINITIONS.

 Sérendipité : l'art de faire des découvertes fortuites.


 Observations accidentelles = observations qui n'entrent pas dans le cadre d'un
dispositif expérimental. 
 Sagacité : art de saisir l'opportun. 
 "Anomalie stratégique'' (Robert King Merton) : qqchse de contradictoire avec ce
qu'on pensait.
 contexte de découverte : comment les théories scientifiques sont élaborées.
 contexte de justification : comment je m'assure que l'énoncé en question est bien
l'énoncé scientifique.

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