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du contrôle de gestion :
les apports pour la banque
Le contrôle de gestion connaît Gérard Naulleau Michel Rouach
Professeur Directeur du budget
d’importants développements dont de gestion et du contrôle
il convient d’évaluer l’intérêt pour École européenne de gestion
des affaires (EAP) Groupe BNP
les banques. Certaines de ces
nouvelles méthodes présentent
des limites et des risques.
D
epuis une dizaine d’années, liens entres les ressources et les activi- quement acceptable. C’est une limite
certains des dispositifs tradi- tés qu’est apparue la méthode de importante à ce type de démarche. On
tionnels du contrôle de ges- BBZ. Cette méthode propose une ap- notera que le BBZ préfigure, par cer-
tion* sont soumis à des pres- proche radicale de l’allocation des res- taines de ses caractéristiques, l’ap-
sions pour se renouveler. C’est le cas sources aux services de support. Trois proche plus récente du reengineering.
notamment de la procédure budgé- séries de critères sont pris en compte Celui-ci a pour avantage, en compa-
taire, de la comptabilité analytique et pour déterminer l’opportunité d’al- raison, de ne pas se dérouler en sui-
de l’organisation en centres de res- louer des ressources à ces services : le vant la logique des services et des or-
ponsabilité. Le secteur bancaire est coût, la qualité et la pertinence straté- ganigrammes, mais en suivant les
concerné au premier plan par ces évo- gique des activités et des missions réa- processus des opérations.
lutions. Cet article a pour objet de lisées. La pertinence stratégique est
présenter les nouvelles pratiques de définie comme le degré de proximité
contrôle de gestion et d’en discuter les d’une prestation aux métiers ou com-
Le benchmarking :
conditions d’applicabilité au secteur pétences clés de l’entreprise. Dans la des résultats positifs
bancaire. Si certaines ont déjà fait pratique, une telle procédure est assi-
leurs preuves dans l’environnement milée à une action de réorganisation. Le benchmarking est une adap-
bancaire comme la budgétisation à Le BBZ débouche en effet sur des tation au contrôle de gestion d’une
base zéro (BBZ), le benchmarking ou propositions d’externalisation de cer- pratique de marketing stratégique. Il
le reengineering, il n’en est pas de taines prestations internes de support conduit à mettre en place un système
même pour les méthodes ABC et en recourant à de la sous-traitance ou de comparaison automatique de la
ABM pour lesquelles les risques tech- à différentes formes de partenariats performance d’un service, d’une ac-
niques et organisationnels ne doivent comme le co-sourcing pour les activi- tivité ou d’une fonction avec des ré-
pas être sous-estimés. tés informatiques, à la délégation aux férents internes ou externes à l’en-
services utilisateurs des prestations treprise.
réalisées jusqu’alors par les centres de Dans l’environnement bancaire et
Budgétisation à base zéro : support ou enfin à la détermination financier nord-américain, la méthode
des succès variables d’objectifs de réduction de coût ou est pratiquée depuis plusieurs années :
d’amélioration de la qualité des pres- les comparaisons portant sur la renta-
C’est en réponse aux difficultés tations maintenues dans les services bilité des actifs ou la rentabilité des
d’allocation des ressources aux ser- en question. fonds propres font l’objet d’échanges
vices «indirects», pour lesquels il est De nombreuses banques ont re- directs entre les grands établisse-
difficile d’identifier avec précision des couru à ce type de méthode avec des ments. De même, des échanges régu-
succès variables, la difficulté princi- liers d’expériences sur les «meilleures
pale résidant dans la mise en œuvre du pratiques de gestion» sont organisés
* Les auteurs publient la 3e édition de leur ou-
vrage «Le contrôle de gestion bancaire et finan- diagnostic, celui-ci n’étant pas tou- par filière de spécialité. En France, de
cier» Banque éditeur, à paraître en mars 1998. jours organisationnellement ou politi- nombreuses expériences ont été réali-
Niveau de Méthode ancienne Usage confirmé dans En cours de Approches non Usage confirmé
maturité de Arbitrages les entreprises leaders normalisation (ABC) normalisées dans les entreprises
la méthode coûts/résultats du BBZ Diffusion dans certaines Usage confirmé industrielles
sont discutés entreprises industrielles
Applicabilité Bonne en théorie Bonne mais encore Discutée Bonne Usages ponctuels
au secteur Souvent limitée par peu développée dans Pas d’applications Des expériences et limités
bancaire les rigidités le contexte français probantes en secteur probantes
et financier bancaire
Risques de Ne débouche pas N’est pas soutenu par Complexité et coût Traumatisant. Peut Peu de risques
la méthode sur la mise en œuvre des dispositifs de de la démarche amputer les bases du
du diagnostic transferts d’expérience Démotivation développement futur
Conditions Implication de la Organisation des trans- Réalisme des ambitions Implication de la Gestion performante
de réussite hiérarchie pour mise ferts d’expériences et de la démarche direction en mode projet
en œuvre Soutien positif Adaptation des Gestion performante
du management organigrammes en mode projet
risque de technocratisation de l’entre- Bien délimitée et conduite par des in- Les opérations de reengineering
prise pouvant résulter de l’introduc- tervenants externes, l’opération affiche ont généralement donné de bons ré-
tion de l’ABC et de l’ABM. clairement des objectifs de réorganisa- sultats, du moins à court terme. Une
tion. Les attentes sont précises : le suc- opération bien conduite permet à la
cès de la méthode est identifiable en fois de réduire des coûts tout en amé-
Le reengineering : termes de simplification de l’organisa- liorant certaines phases du processus,
une technique efficace tion et de recalage sur les processus comme la réduction des délais ou la
à court terme opérationnels. Autre avantage : les ré- diminution des incidents critiques.
sultats sont obtenus rapidement. Il Nulle formule magique ne se cache ce-
Le principe du reengineering est de s’agit en fait plus d’une méthode de ré- pendant derrière la méthode : celle-ci
repenser l’organisation d’une fonction organisation que d’une méthode de repose sur l’informatisation et l’auto-
ou d’un processus en analysant systé- gestion et de management. Par consé- matisation, la simplification des réfé-
matiquement les activités et en éva- quent, il est moins exposé aux risques rences, la réduction des niveaux hié-
luant leurs performances et leur perti- d’enlisement qui ont été évoqués pour rarchiques et enfin la standardisation
nence du point de vue des clients, qu’ils les méthodes ABC et ABM. des activités. C’est à ce prix que réduc-
soient finaux (marché) ou internes (en- tion des coûts et augmentation de la
treprise). L’opération conduit ainsi à valeur peuvent être obtenues.
améliorer des activités, à supprimer Mais le reengineering est contro-
celles qui ne sont pas valorisables au- versé quant à ses résultats à moyen et
près des clients, ou externaliser celles long termes. A trop réduire les coûts,
qui ne sont pas réalisables en interne L’avantage du reengineering certaines entreprises ont amputé les
suivant des normes de performances réside dans le caractère bases de leur développement futur. Le
acceptables. L’approche de l’entreprise débat a été lancé aux États-Unis dans
est transversale, comme pour les mé- «coup de poing» de les années 1995-1996 avant d’être ré-
thodes ABC et ABM qui viennent d’être l’opération. Bien délimitée percuté en France. Ainsi, selon cer-
décrites. La méthodologie de mise en […] elle affiche tains observateurs, la moitié des opé-
œuvre en est assez proche : la diffé- clairement des objectifs rations de reengineering peuvent être
rence essentielle réside dans le carac- considérées comme des échecs (6). Les
tère «coup de poing» de l’opération. de réorganisation. études d’évaluation sur les effets du
(1) L’approche transversale de l’entreprise peut être la complexité d’une offre commerciale, décembre 1996, p. 48-50.
adopte le point de vue de l’enchaînement des l’hétérogénéité d’une classe de clientèle, ou en- (5) Dans un article publié en 1992, l’un des
opérations et des activités (appelé processus) qui core le taux d’incidents critiques nécessitant un précurseurs de l’ABC reconnaissait lui-même
permet de fournir une prestation à un client. traitement administratif (par le back-office) non que la méthode n’avait d’intérêt que si elle
Cette approche se veut en rupture avec les ap- routinier. L’inducteur de coût n’est pas une était couplée à une large réflexion sur l’impli-
proches fonctionnelles spécialisées. simple mesure volumétrique comme le sont les cation du management car «l’ABC et l’ABM
(2) Les objets de coût sont les entités pour les- unités d’œuvre traditionnelles représentées par installés technocratiquement renforcent le
quelles on calcule des coûts : un produit, une des mesures aisément disponibles comme le pouvoir du sommet hiérarchique». Cf. T. John-
prestation, un centre de profit, une classe de nombre de produits vendus ou les charges ou ef- son, «It’s time to stop overselling Activity-Ba-
clientèle, etc. fectifs d’un service. sed concepts», Management Accounting, sep-
(3) Les inducteurs de coût sont des mesures plus (4) R. Demeestère, P. Lorino, J.-P. Wacogne, tembre 1992.
complexes que les unités d’œuvre. Par exemple, J.-P. Bouchet, «Une nouvelle dimension pour le (6) P.-A. Lecointe «Les écueils du BPR»,
dans une activité de service, un inducteur de coût contrôle de gestion bancaire», Banque, n° 576, Échanges, n° 116, octobre 1995, p. 27-29.