ASPECTS THEORIQUES
On trouve de nombreuses définitions pour cette notion mais toutes répondent à une même
préoccupation : celle d’ajuster l’enseignement à la diversité des élèves.
En effet, tout enseignant constate, dans la pratique quotidienne, combien le groupe d’élèves
(la classe) est hétérogène : hétérogénéité d’âge, de niveau de développement (moteur,
cognitif, affectif), d’origine socioculturelle.
La raison principale en est l’« hétérogénéité ». (Parce que tous les élèves sont différents).
Mais en quel sens peut-on dire des classes qu’elles sont hétérogènes ? Plus précisément,
qu’est-ce qui fait que les élèves sont dits « hétérogènes » ?
Il existe chez les élèves une grande hétérogénéité dans le degré d’acquisition des
connaissances exigées et dans la richesse de leurs processus mentaux où se combinent
représentations, stades de développement, images mentales (On se réfère là essentiellement à
la théorie des « profils pédagogiques » d’Antoine de la Garanderie : certains ont une
intelligence visuelle tandis que d’autre en ont une auditive voire kinesthesiste ou
manipulatoire), mode de pensée, stratégie d’apprentissage.
Les élèves ont des valeurs, croyances, habitudes, histoires familiales, codes de langages, types
de socialisation différents
Le vécu, ainsi que la personnalité de chaque apprenant, influent sur leur motivation, volonté,
attention, créativité, curiosité, énergie, plaisir, équilibre, rythmes, relation maître/élève
(relation pédagogique), relation élève/élève.
Ainsi on différencie :
➢ Pour répondre à des besoins préalablement identifiés chez les élèves (parce que les
élèves ne progressent pas à la même vitesse, parce qu’ils ne possèdent pas le même
répertoire de comportements, parce qu’ils ne sont pas motivés pour atteindre les
mêmes buts…).
➢ Pour permettre à chaque élève de maîtriser les connaissances et les compétences du
socle commun.
➢ Pour lutter contre le décrochage scolaire, mais aussi amener chaque élève au
maximum de son potentiel.
2 – différenciation simultanée
Elle consiste à distribuer à chaque élève un travail correspondant précisément à un moment donné du
programme, à ses besoins et à ses possibilités. Ainsi, on fait travailler en même temps des élèves qui
s’adonnent à des activités diverses, utilisent des ressources variées, voir différentes, afin
d’atteindre un objectif commun en termes de construction du savoir.
Complexe à mettre en œuvre car nécessite une évaluation des élèves afin de déterminer le
niveau de chacun sur un des points du programme, on pourra éviter la dispersion en instaurant
des plans de travail individuel ou des contrats.
V. Quand différencier ?
1. Tester : avant de mettre un objet d’enseignement à l’étude, il peut être utile de tester les
pré requis de certains élèves pour lesquels on ne situe pas précisément le niveau.
2. Réactiver : le fait de réactiver les notions utiles pour l’enseignement qui va suivre peut
constituer une aide efficace pour certains élèves.
3. Préparer : l’enseignant peut préparer certains élèves à une activité en leur fournissant des
clés d’accès, des repères avant l’activité (ex : table d’appui).
La table d’appui repose sur l’idée de matérialiser dans la classe un espace – table spécifique
où l’enseignant pourra réunir un sous-groupe d’élèves pour un besoin spécifique. La table
d’appui permet : de recueillir des informations précieuses sur les forces et faiblesses des
élèves afin de les faire progresser (analyse des erreurs pour proposer une régulation,
entretien d’explicitation pour que les élèves commentent leurs démarches de résolution a
posteriori, description à voix haute des actions en temps réel) et d’accompagner les élèves
vers l’autonomie en leur fournissant des clés pour apprendre et en stimulant chez eux une
réflexion sur les méthodes d’apprentissage et les démarches de résolution.
1. Soutenir : l’enseignant peut soutenir/étayer les élèves (ex : aide individuelle ou interaction
guidée)
L’aide individuelle est la forme d’aide différenciée la plus courante. Elle permet d’offrir une
aide à certains élèves lors de la réalisation d’exercices individuels. L’enseignant peut
procéder à des adaptations de la tâche (repères complémentaires, consignes allégées) et
planifier le retrait progressif de ces aides.
Dans un premier temps, l’interaction guidée laisse les élèves débuter seuls une tâche
individuelle. Dans un deuxième temps, l’enseignant regroupe les élèves « repérés » en
difficultés qui poursuivent l’activité sous la forme d’une interaction guidée. Les interventions
de l’enseignant ont pour but de favoriser les échanges, les comparaisons et le débat entre
élèves sur la tâche en jeu.
3. Évaluer : il n’est pas toujours nécessaire de recueillir l’information pour chaque élève,
mais de cibler les élèves dont la progression pose problème.
1. Exercer : tous les élèves ne sont pas égaux face à l’automatisation des procédures apprises
et certains auront besoin d’un temps de consolidation (ex : plan de travail).
Le plan de travail consiste à mettre en place une série de tâches/activités en lien direct avec
des contenus déjà travaillés en classe. L’aspect différencié tient au fait que chaque élève est
libre de choisir dans quel ordre et à quel rythme les effectuer, à condition de respecter
l’échéance fixée. L’enseignant peut qualifier certaines tâches d’obligatoires et d’autres de
facultatives. Durant ce travail individuel, l’enseignant peut se rendre disponible pour aider
les élèves en difficulté. Il offre ainsi un mode de travail autogéré pour la majorité des élèves
et un format d’interaction proche de l’enseignement individualisé pour les élèves en difficulté.
2. Revoir : les difficultés d’un élève ne sont pas celles d’un autre et la révision de certains
éléments non acquis sera ciblée sur les difficultés effectives des élèves (ex : groupes de
besoins).
En effet, tous les élèves ne font pas la même chose au même moment (certains consolident des
objectifs non maîtrisés et d’autres poursuivent une tâche en cours), le matériel mis à la
disposition des élèves n’est pas le même pour tous (ex : proposer des textes différents sur un
même sujet) dans le but de rendre accessibles à tous les savoirs visés.
* Bour Pol. Vers la mise en œuvre des pratiques de pédagogie différenciée. L’éducateur, n° 9,
avril 2002, 68 p
* Rey, Bernard & Issy-les Moulineaux : ESF (1998). Faire la classe à l'école élémentaire.
(Pratiques & enjeux pédagogiques, 15). - ISBN 2-7101-1258-2 371B REY F. Comprend un
chapitre sur la pédagogie différenciée : p.105-123.
* Przesmycki, Halima & Peretti, André de.- Paris : Hachette (1991). Pédagogie différenciée.
(Pédagogies pour demain. Nouvelles approches). - ISBN 2-01-017963-3 371A PRZ P.
* Perrenoud, Philippe & Issy-les Moulineaux : ESF (2004). Pédagogie différenciée : des
intentions à l'action. (Pédagogies). - ISBN 2-7101-1674-X. Ce livre tente de faire le point sur
l'état des principaux chantiers de la pédagogie différenciée. Chacun est confronté au même
dilemme : comment tenir compte des différences sans enfermer chacun dans sa singularité, son
niveau, sa culture d'origine ? 370A PER P.
* Meirieu, Philippe, Hameline, Daniel [préf.] & Issy-les Moulineaux : ESF (2004). L'école,
mode d'emploi : des "méthodes actives" à la pédagogie différenciée ; Postface : la pédagogie
différenciée est-elle dépassée ? - (Pédagogies). - ISBN 2-7101-1666-9 370A MEI E.