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Hiérarchie des normes juridiques et rapport de système - Modèles de justice constitutionnelle (américain /
européen) – Contrôle de constitutionnalité – Techniques de contrôle (a priori / a posteriori / abstrait /
concret / par exception / préjudiciel) – Conseil constitutionnel – Contrôle de constitutionnalité de la loi –
Question prioritaire de constitutionnalité (QPC) – Ecran législatif (infranchissable ou transparent) – Contrôle
de conventionnalité de la loi – Monisme / dualisme - Droit international, droit européen, droit de l’UE -
Droit originaire et droit dérivé de l’UE – Clause de réciprocité en droit international – Ratification et
approbation des traités et accords internationaux – Contrôle de constitutionnalité des lois de ratification
Séquences et objectifs
3 séances de TD valant 3 séquences pédagogiques qui se succèdent de manière logique.
Séquence 1 = séance 04 >> lecture d’arrêt et fiche d’arrêt avec identification d’écrans législatifs en
matière constitutionnelle et conventionnelle. Il s’agit de poser lors de cette séquence la situation
juridique (le décor) dans laquelle se trouve un juge ordinaire vis-à-vis du contrôle de la loi applicable
au litige. Il peut se trouver face à un écran législatif.
Objectifs :
Deuxièmement, sur le plan du fond du droit, comprendre l’écran législatif et être en mesure
de comparer un écran législatif en matière constitutionnelle et un écran législatif en matière
conventionnelle.
Séquence 2 = séance 05 >> Résolution d’un cas pratique mettant en scène un écran législatif et une
procédure de question prioritaire de constitutionnalité (QPC). Il s’agit d’étudier quelle est la réponse
actuelle de notre système juridique lorsqu’une loi applicable à un litige paraît contraire à la
Constitution >> La QPC.
Objectif :
1
Séquence 3 = séance 06 >> comprendre l’article 55 de la Constitution et le contrôle de
conventionnalité des lois. Il s’agit d’étudier la réponse actuelle qu’offre notre système juridique
lorsque la loi applicable à un litige paraît incompatible avec une source externe : le contrôle de
conventionnalité fondé sur l’article 55.
Objectifs :
Deuxièmement, comprendre comment un texte (l’article 55) qui indique une hiérarchie
(Traités supérieur aux lois) peut, par l’effet d’une interprétation jurisprudentielle, impliquer
également un contrôle juridictionnel (appelé contrôle de conventionalité) et une compétence
juridictionnelle pour le juge ordinaire. A cette occasion, il est fondamental de bien saisir la
distinction du contrôle de constitutionnalité et du contrôle de conventionalité, mais aussi ce
qu’implique la logique moniste de notre système juridique, à savoir le risque de conflits entre
les normes internes et les normes externes.
2
Indications méthodologiques : le cas pratique
Ces indications valent pour la résolution du cas pratique de la séance 5 (séquence 2).
Le cas pratique appartient à la catégorie des exercices pratiques que l’on retrouve aujourd’hui dans des
concours tels que celui d’avocat. Il est souvent pratiqué en droit privé. Il peut aussi parfois se retrouver en
droit public mais de manière plus sporadique. Le cas pratique est surtout l’occasion pour un étudiant de se
confronter davantage à la réalité du droit.
La particularité du cas pratique est constituée par une plus grande souplesse et liberté dans la
présentation formelle du devoir. Toutefois, cela ne signifie pas un abaissement des exigences quant à la
précision et la présentation de l’argumentation juridique.
L’introduction : elle ne ressemble pas à celle d’une dissertation ni à celle d’un commentaire. Vous devez
vous attacher à restituer les faits principaux et utiles du cas. Evitez alors la paraphrase ! Cela vous oblige
donc à établir des qualifications juridiques. Mais attention ! Vous ne devez pas disserter à cette occasion.
L’introduction s’achève parfois par une problématique englobant les différentes questions posées et une
annonce des parties de votre devoir qui correspondent en réalité à chaque question posée. Mais cela n’est pas
toujours le cas. L’important est d’avoir présenter correctement le cas sous un angle juridique.
Le plan : vous vous efforcez de suivre scrupuleusement le déroulé des questions posées. Mais pour chaque
question, vous devez énoncer un titre précis. La réponse à chaque question est donc construite sous forme de
plan.
Ex. : pour la question n°1 >>>> réponse articulée de la façon suivante :
ou
Notez qu’il est parfaitement possible d’avoir 3 sous-parties dans un titre et qu’il y aura autant de parties et
titres de partie que de questions posées. La construction du plan est donc bien plus aisée.
3
Les développements ou contenu du devoir : il est généralement apprécié que vos réponses s’efforcent
d’être construites de manière logique sous la forme d’un syllogisme juridique :
Evidemment, toutes les questions d’un cas ne se prêtent pas toujours à une parfaite présentation
syllogistique. La MAJEUR (règle de droit) devra être souvent commentée, précisée et illustrée ; la MINEUR
(les faits) donnera lieu à des qualifications juridiques et même parfois vous amènera à envisager plusieurs
situations juridiques car le cas demeurera volontairement ambigu ou imprécis ; la CONCLUSION (votre
solution) pourra être double ou triple et présenter des options possibles.
Ainsi, dans tous les cas, vous devez :
1/ partir des faits qui révèlent une question juridique, une difficulté juridique
2/ présenter le droit applicable en justifiant et illustrant vos propos
3/ revenir aux faits du cas en confrontant ceux-ci au droit présenté
4/ conclure en présentant votre (vos) solution(s). Il peut y en avoir plusieurs. S’ouvre parfois une
alternative en fonction des faits disponibles.
Chapeaux, transitions et conclusions : comme pour tout devoir juridique, vous annoncez vos sous-parties.
Vous vous efforcez ensuite de relier les parties et sous-parties par des transitions. Il n’est pas interdit de
conclure chaque partie de manière synthétique.
En conclusion, trois opérations intellectuelles sont capitales lors du traitement d’un cas pratique :
Une bonne lecture/compréhension/sélection des faits pertinents
La qualification juridique des faits pertinents qui constitue l’opération pivot de votre raisonnement.
Sans qualification vous prenez le risque d’un oubli, de demeurer superficiel ou, pire, d’être hors-
sujet.
Analyser la portée concrète des règles de droit mobilisées.
4
Exercices des séances
Pour chaque arrêt reproduit ci-dessous, vous identifierez le type d’écran législatif présent. Pour ce
faire, vous remplirez le tableau joint ci-dessous en précisant le ou les actes administratifs attaqués, la
ou les dispositions législatives qui font écran ou non au contrôle du juge administratif, le ou les
dispositions constitutionnelles/conventionnelles invoquées et le type d’écran législatif.
Le schéma des types d’écran législatif, présentés ci-dessous, vous sera utile.
Exercices séquence 2 (S 05) : résolution du cas pratique relatif à une procédure de question
prioritaire de constitutionnalité (QPC).
Article 55 de la Constitution
Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès
leur publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve,
pour chaque accord ou traité, de son application par l'autre partie.
NB : Il vous sera nécessaire de vous appuyer sur au moins trois références jurisprudentielles : la décision
IVG du Conseil constitutionnel, l’arrêt Jacques Vabres de la Cour de cassation et l’arrêt Nicolo du Conseil
d’Etat. Cela appellera une compréhension formelle et une lecture logique de ces trois décisions.
6
o Guy Scoffoni, « La légitimité du juge constitutionnel en droit comparé : les
enseignements de l’expérience américaine », in Revue Internationales de Droit Comparé,
1999, pp.243-280.
o Georges Bergougnous, « Le Conseil constitutionnel et le législateur », in Nouveaux
Cahiers du Conseil constitutionnel, 2013, n° 38, p. 7.
7
Arrêts relatifs à l’écran législatif (exercice séquence 1)
Pour chacun des arrêts qui suivent, vous identifierez précisément l’existence ou non d’un écran
législatif faisant obstacle au contrôle de constitutionnalité/conventionnalité du règlement par le juge
administratif. Pour ce faire, reportez-vous au tableau ci-dessous et aidez-vous de votre cours et du
schéma joint à la présente de fiche de TD.
Vu la requête, enregistrée le 28 juillet 1988 au secrétariat du Contentieux du Conseil d'Etat, présentée par M.
Jean X..., demeurant ... ; M. X... demande que le Conseil d'Etat :
1°) annule le jugement du tribunal administratif de Rennes du 18 mai 1988 rejetant sa demande d'annulation
de la décision du préfet du Finistère du 15 novembre 1985 lui accordant un certificat d'urbanisme négatif ;
2°) annule ladite décision ;
3°) subsidiairement, renvoie l'affaire devant la cour européenne des droits de l'homme ;
Vu la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ;
Vu le code des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel ;
Vu l'ordonnance n° 45-1708 du 31 juillet 1945, le décret n° 53-934 du 30 septembre 1953 et la loi n° 87-
1127 du 31 décembre 1987 ;
Sur les conclusions tendant à l'annulation de la décision du préfet du Finistère en date du 13 novembre 1985
accordant un certificat d'urbanisme négatif à M. X. :
Considérant qu'aux termes du deuxième alinéa de l'article L. 410-1 du code de l'urbanisme : "Lorsque toute
demande d'autorisation pourrait, du seul fait de la localisation du terrain, être refusée en fonction des
dispositions d'urbanisme et, notamment, des règles générales d'urbanisme, la réponse à la demande de
certificat d'urbanisme est négative" ; qu'aux termes de l'article R. 111-14-1 du même code : "Le permis de
construire peut être refusé ou n'être accordé que sous réserve de l'observation de prescriptions spéciales si
les constructions sont de nature, par leur localisation ou leur destination, a) à favoriser une urbanisation
dispersée incompatible avec la vocation des espaces naturels environnants, en particulier lorsque ceux-ci
sont peu équipés ... c) à compromettre les activités agricoles ou forestières, notamment en raison de la valeur
agronomique des sols, des structures agricoles, de l'existence de terrain produisant des denrées de qualité
supérieure ou comportant des équipements spéciaux importants" ;
Considérant que ces dispositions réglementaires ont été prises sur le fondement de l'habilitation conférée au
pouvoir réglementaire par l'article L.111-1 du code de l'urbanisme pour édicter "les règles générales
applicables en dehors de la production agricole en matière d'utilisation du sol, notamment en ce qui concerne
la localisation, la desserte, l'implantation et l'architecture des constructions" ; qu'elles ne sont contraires ni au
principe constitutionnel du droit de propriété ni aux stipulations de l'article 1° du premier protocole
additionnel à la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ;
Considérant qu'il ressort des pièces du dossier que le terrain pour lequel M. X... demandait un certificat
d'urbanisme était situé dans une zone rurale à plusieurs kilomètres de l'agglomération la plus proche ; que le
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préfet du Finistère a fait une exacte application des dispositions précitées en estimant que la construction des
maisons d'habitation envisagée par le requérant était de nature à entraîner les effets mentionnés dans les
dispositions précitées de l'article R.111-14-1 a) et c) du code de l'urbanisme ; que, dès lors, ledit préfet était
tenu de délivrer au requérant un certificat d'urbanisme négatif ; qu'il suit de là que les autres moyens de la
requête sont inopérants ;
Considérant qu'il résulte de ce qui précède que M. X... n'est pas fondé à soutenir que c'est à tort que, par le
jugement attaqué, le tribunal administratif de Rennes a rejeté sa demande d'annulation de la décision du
préfet du Finistère du 15 novembre 1985 lui délivrant un certificat d'urbanisme négatif ;
Décide :
Article 1er : La requête de M. X... est rejetée.
Vu la requête et le mémoire complémentaire, enregistrés au greffe de la cour les 9 mai et 9 juin 2005,
présentés pour M. Chain X représentant son fils mineur Ranjit X, demeurant …, par Me Beauquier, avocat ;
M. Chain X demande à la cour :
1°) d’annuler le jugement n° 050767, en date du 19 avril 2005, par lequel le Tribunal administratif de Melun
a rejeté sa demande tendant à l’annulation de la décision du 10 décembre 2004 par laquelle le recteur de
l’académie de Créteil a confirmé la mesure d’exclusion définitive de Ranjit X du lycée Louise-Michel de
Bobigny (93000), prononcée le 5 novembre 2004 par le conseil de discipline du lycée ;
2°) d’annuler cette décision pour excès de pouvoir ;
3°) de condamner l’Etat à lui verser une somme de 1 000 euros au titre de l’article L. 7611 du code de
justice administrative ;
Considérant que le conseil de discipline du lycée Louise-Michel de Bobigny (93000) a, lors de sa séance du
5 novembre 2004, prononcé la sanction de l’exclusion définitive sans sursis de l’établissement de Ranjit X,
élève de première, pour ne pas avoir respecté la loi n° 2004-228 du 15 mars 2004 encadrant, en application
du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles,
collèges et lycées publics ; que, par une décision du 10 décembre 2004, prise après avis de la commission
académique d’appel, le recteur de l’académie de Créteil a maintenu cette sanction ; que M. Chain X, agissant
en qualité de représentant de son fils mineur Ranjit X, relève appel du jugement du 19 avril 2005 par lequel
le tribunal administratif de Melun a rejeté sa demande d’annulation de la décision rectorale susmentionnée ;
Sur la légalité de la décision du 10 décembre 2004 :
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Considérant qu’aux termes de l’article L. 141-5-1 du code de l’éducation issu de la loi n° 2004-228 du 15
mars 2004 : « Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les
élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. / Le règlement intérieur rappelle
que la mise en œuvre d’une procédure disciplinaire est précédée d’un dialogue avec l’élève » ;
Considérant que Ranjit X s’est présenté lors de la rentrée scolaire 2004 au lycée Louise-Michel avec un
sous-turban, ou keshi sikh, dont il ne conteste pas qu’il présente un caractère religieux ; que, bien que ce
sous-turban soit d’une dimension plus modeste que le turban traditionnel et qu’il soit de couleur sombre, il
ne peut être qualifié de signe discret ; qu’en le portant dans une enceinte scolaire l’intéressé a manifesté
ostensiblement son appartenance à la religion sikhe, alors même que son intention n’était pas d’extérioriser
sa foi ; qu’il a ainsi adopté une attitude contraire aux dispositions législatives précitées ; qu’à elle seule cette
violation de l’interdiction légale, jointe au refus réitéré d’y renoncer, rendait son auteur passible d’une
sanction disciplinaire, même si elle ne s’était accompagnée d’aucun acte de prosélytisme et en admettant
même qu’elle n’ait entraîné aucun trouble à l’ordre public ; qu’il s’ensuit qu’en confirmant la sanction
disciplinaire contestée le recteur de l’académie de Créteil a légalement tiré les conséquences de la violation
par Ranjit X de l’article L. 141-5-1 du code de l’éducation ;
Considérant que la décision attaquée a été prise pour assurer le respect de l’article L. 141-5-1 du code de
l’éducation et que le recteur n’a pas méconnu les conditions d’application de ces dispositions législatives ;
que dès lors les moyens tirés de la violation de l’article 10 de la Déclaration de droits de l’homme et du
citoyen et de l’article 1er de la Constitution du 4 octobre 1958 sont inopérants ;
Considérant que la décision litigieuse n’a pas non plus porté atteinte à la dignité de la personne du
requérant ;
(…)
Requête de l'union démocratique du travail tendant à l'annulation du décret du 28 février 1979 portant
application de la loi du 7 juillet 1977 relative à l'élection des représentants a l'assemblée des communautés
européennes ; vu le code électoral ; la loi n 77-729 du 7 juillet 1977 relative à l'élection des représentants a
l'assemblée des communautés européennes ; l'ordonnance du 31 juillet 1945 et le décret du 30 septembre
1953 ; la loi du 30 décembre 1977 ;
Sur les moyens tirés de la violation de la constitution, de son préambule et du traite instituant la
communauté économique européenne :
Considérant que, à l'appui de ses conclusions tendant à l'annulation du décret du 28 février 1979 portant
application de la loi du 7 juillet 1977 relative à l'élection des représentants à l'assemblée des communautés
européennes, le requérant soutient que les dispositions de ce décret ont été prises en application d'une loi
inconstitutionnelle, qu'elles sont contraires à la constitution et a son préambule, notamment aux principes
d'indivisibilité de la république, d'intégrité de l'état, d'indépendance et de souveraineté nationales ; qu'enfin
elles méconnaissent l'article 138 du traite, en date du 25 mars 1957, instituant la communauté économique
européenne en vertu duquel l'élection au suffrage universel direct des représentants à l'assemblée doit avoir
lieu selon une procédure uniforme dans tous les états membres ; cons. D'une part qu'il n'appartient pas au
juge administratif d'apprécier la constitutionnalité de la loi du 7 juillet 1977 ; cons. D'autre part que le décret
attaque se borne à appliquer les dispositions de cette loi en précisant les règles d'organisation de l'élection,
notamment celles relatives aux déclarations de candidature, a la propagande et au déroulement des
opérations électorales ; que, par suite, les moyens tires de ce que le décret pourrait être contraire à la
10
constitution, aux principes consacres par son préambule et à l'article 138 du traite précité tendant
nécessairement à faire apprécier par le juge administratif la constitutionnalité des dispositions de la loi et
leur conformité a ce traite ; que ces moyens ne peuvent donc être accueillis et, que, dans ces conditions, la
saisine de la cour de justice des communautés européennes, demandée a titre subsidiaire par le requérant en
application de l'article 177 du traite n'est pas nécessaire ;
(…)
Considérant, qu'il résulte de ce qui précède que l'union démocratique du travail n'est pas fondée à demander
l'annulation du décret du 28 février 1979 ; rejet.
11
IDENTIFICATION D’UN ÉCRAN LÉGISLATIF
Disposition(s)
Décision(s) constitutionnelles(
Disposition(s)
Arrêt administrative(s) s) ou Type d’écran
législative(s)
attaquée(s) conventionnelle(s)
invoquée(s)
Quintin (CE,
1991)
Singh (CAA,
2005)
UDT (CE,
1979)
NB : il y a
deux cas dans
cet arrêt
12
Schéma sur l’écran législatif en matière constitutionnelle
La flèche bleue signale le contrôle du juge opéré sur l’acte réglementaire attaqué
Constitution
Absence
de tout
LOI LOI écran
Ecran législatif Ecran législatif
infranchissable transparent
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Cas pratique relatif à une QPC (exercice séquence 2)
Les faits :
Monsieur de la Possession se voyait déjà couler des jours paisibles dans sa villa neuve avec piscine lorsqu’il
obtint, le 22 août 2020, l’autorisation de construire (permis de construire), délivrée par la commune Saint-
Just, sur un vaste terrain dont il se portait acquéreur. C’était sans compter sur la prérogative exorbitante dont
bénéficie la commune au titre de l'article L. 332-6-1 du code de l'urbanisme, en vertu de laquelle elle exigea
la cession à son profit de 10 % du terrain concerné par l'opération. En effet, Monsieur de la Possession
découvre, à ses dépens, que l'alinéa 2-e de cette disposition autorise l'administration communale à exiger du
bénéficiaire d'un permis de construire la cession gratuite de voies se trouvant sur le terrain, en vue d'utiliser
celles-ci pour l'élargissement, le redressement ou la création de voies publiques.
Monsieur de la Possession n’entend pas se laisser faire. S’octroyant les services d’un jeune avocat
chevronné, Maître Montpensier, il entend contester cette décision administrative en date du 15 janvier 2021
dont la commune refuse, d’ailleurs, de lui fournir les motifs exacts (c'est-à-dire concrètement les opérations
de voiries auxquelles la partie en cause de son terrain est destinée). Le 1 er février 2021, il saisit alors le
tribunal administratif compétent d’un recours en annulation de la décision communale et d’un recours
accessoire en réparation du préjudice subi résultant de l'abandon de son projet de construction suite à la
décision litigieuse (préjudice évalué à 10 000 euros équivalent aux frais d’architecte).
A l’occasion de ce litige, Maître Montpensier entend développer dans sa requête différents moyens, dont
celui de l’inconstitutionnalité de la décision de la commune au regard du principe inscrit à l'article 17 de la
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen qui subordonne la légalité d'une dépossession réalisée par la
puissance publique au versement d'une « juste et préalable indemnité », après que la nécessité publique de la
dépossession a été légalement constatée.
Questions :
1/ A quelle difficulté sera confronté en l’espèce le Tribunal administratif lors de son contrôle de
constitutionnalité de la décision de la commune ?
2/ A ce stade de la procédure, comment doit concrètement procéder Maître Montpensier pour que le moyen
d’inconstitutionnalité, qu’il entend soulever, puisse prospérer ?
3/ Décrivez les étapes qui seront franchies par la question de constitutionnalité posée par Maître
Montpensier pour aboutir, le cas échéant, devant le Conseil constitutionnel.
4/ Dans l’hypothèse où l’inconstitutionnalité de la disposition législative serait avérée, quelles seraient alors
les effets de la déclaration de non-conformité à la Constitution sur le litige pendant devant le Tribunal
administratif ?
Document fourni :
La décision du Conseil constitutionnel ci-jointe est uniquement destinée à vous aider à structurer votre
raisonnement et à résoudre le cas pratique. Néanmoins, afin que le cas pratique reste opératoire et garde
son caractère fictif, cette décision devra être considérée comme n’ayant jamais été adoptée par le Conseil
constitutionnel.
Cons. const., n° 2010-33 QPC, 22 sept. 2010, Société Esso SAF
LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL,
Vu la Constitution ;
Vu l'ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 modifiée portant loi organique sur le Conseil constitutionnel ;
Vu le code de l'urbanisme ;
14
Vu la loi n° 85-729 du 18 juillet 1985 relative à la définition et à la mise en œuvre de principes d'aménagement ;
Vu le règlement du 4 février 2010 sur la procédure suivie devant le Conseil constitutionnel pour les questions prioritaires de
constitutionnalité ;
(...)
1. Considérant qu'en vertu du e du 2° de l'article L. 332-6-1 du code de l'urbanisme, constituent des contributions aux dépenses
d'équipements publics, à la charge des bénéficiaires d'autorisations de construire, « les cessions gratuites de terrains destinés à
être affectés à certains usages publics qui, dans la limite de 10 % de la superficie du terrain auquel s'applique la demande,
peuvent être exigées des bénéficiaires d'autorisations portant sur la création de nouveaux bâtiments ou de nouvelles surfaces
construites » ;
2. Considérant qu'aux termes du premier alinéa de l'article 61-1 de la Constitution : « Lorsque, à l'occasion d'une instance en
cours devant une juridiction, il est soutenu qu'une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés que la Constitution
garantit, le Conseil constitutionnel peut être saisi de cette question sur renvoi du Conseil d'État ou de la Cour de cassation qui se
prononce dans un délai déterminé » ; que la méconnaissance par le législateur de sa propre compétence ne peut être invoquée
dans le cadre d'une question prioritaire de constitutionnalité que dans le cas où est affecté un droit ou une liberté que la
Constitution garantit ;
3. Considérant qu'aux termes de l'article 17 de la Déclaration de 1789 : « La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne
peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une
juste et préalable indemnité » ; qu'aux termes de l'article 34 de la Constitution : « La loi détermine les principes fondamentaux ...
de la libre administration des collectivités territoriales, de leurs compétences et de leurs ressources ... du régime de la
propriété ... » ;
4. Considérant que le e du 2° de l'article L. 332-6-1 du code de l'urbanisme permet aux communes d'imposer aux constructeurs,
par une prescription incluse dans l'autorisation d'occupation du sol, la cession gratuite d'une partie de leur terrain ; qu'il attribue à
la collectivité publique le plus large pouvoir d'appréciation sur l'application de cette disposition et ne définit pas les usages publics
auxquels doivent être affectés les terrains ainsi cédés ; qu'aucune autre disposition législative n'institue les garanties permettant
qu'il ne soit pas porté atteinte à l'article 17 de la Déclaration de 1789 ; que, par suite, le législateur a méconnu l'étendue de sa
compétence ; qu'il s'ensuit que, sans qu'il soit besoin d'examiner les griefs invoqués par la requérante, le e du 2° de l'article L. 332-
6-1 du code de l'urbanisme doit être déclaré contraire à la Constitution ;
5. Considérant qu'aux termes du deuxième alinéa de l'article 62 de la Constitution : « Une disposition déclarée inconstitutionnelle
sur le fondement de l'article 61-1 est abrogée à compter de la publication de la décision du Conseil constitutionnel ou d'une date
ultérieure fixée par cette décision. Le Conseil constitutionnel détermine les conditions et limites dans lesquelles les effets que la
disposition a produits sont susceptibles d'être remis en cause » ; que la présente déclaration d'inconstitutionnalité prend effet à
compter de la publication de la présente décision ; qu'elle peut être invoquée dans les instances en cours à cette date et dont l'issue
dépend de l'application des dispositions déclarées inconstitutionnelles ;
DÉCIDE :
Article 1er- Le e du 2° de l'article L. 332-6-1 du code de l'urbanisme est déclaré contraire à la Constitution.
Article 2.- La déclaration d'inconstitutionnalité de l'article 1er prend effet à compter de la publication de la présente décision dans
les conditions fixées par son considérant 5.
Article 3.- La présente décision sera publiée au Journal officiel de la République française et notifiée dans les conditions prévues à
l'article 23-11 de l'ordonnance du 7 novembre 1958 susvisée.
15
Textes constitutionnels français relatifs au contrôle de
constitutionnalité
→ Constitution du 22 frimaire an VIII (17 décembre 1799)
(Extrait)
TITRE III - Du pouvoir législatif
Article 25. - Il ne sera promulgué de lois nouvelles que lorsque le projet en aura été proposé par le gouvernement, communiqué au
Tribunat et décrété par le Corps législatif.
(...)
Article 27. - Le Tribunat est composé de cent membres âgés de vingt-cinq ans au moins ; ils sont renouvelés par cinquième tous
les ans, et indéfiniment rééligibles tant qu'ils demeurent sur la liste nationale.
Article 28. - Le Tribunat discute les projets de loi ; il en vote l'adoption ou le rejet. - Il envoie trois orateurs pris dans son sein, par
lesquels les motifs du vœu qu'il a exprimé sur chacun de ces projets sont exposés et défendus devant le Corps législatif. - Il défère
au Sénat, pour cause d'inconstitutionnalité seulement, les listes d'éligibles, les actes du Corps législatif et ceux du
gouvernement.
(...)
Article 37. - Tout décret du Corps législatif, le dixième jour après son émission, est promulgué par le Premier consul, à moins que,
dans ce délai, il n'y ait eu recours au Sénat pour cause d'inconstitutionnalité. Ce recours n'a point lieu contre les lois
promulguées.
Le Comité examine la loi, s'efforce de provoquer un accord entre l'Assemblée nationale et le Conseil de la République et, s'il n'y
parvient pas, statue dans les cinq jours de la saisie. Ce délai est ramené à deux jours en cas d'urgence.
16
Il n'est compétent que pour statuer sur la possibilité de révision des dispositions des titres Ier à X de la présente Constitution.
Article 93. - La loi qui, de l'avis du Comité, implique une révision de la Constitution est renvoyée à l'Assemblée nationale pour
nouvelle délibération.
Si le Parlement maintient son premier vote, la loi ne peut être promulguée avant que la présente Constitution n'ait été révisée dans
les formes prévues à l'article 90.
Si la loi est jugée conforme aux dispositions des titres Ier à X de la présente Constitution, elle est promulguée dans le délai prévu à
l'article 36, celui-ci étant prolongé de la durée des délais prévus à l'article 92 ci-dessus.
Article 57
Les fonctions de membre du Conseil constitutionnel sont incompatibles avec celles de ministre ou de membre du Parlement. Les
autres incompatibilités sont fixées par une loi organique.
Article 58
Le Conseil constitutionnel veille à la régularité de l'élection du Président de la République.
Il examine les réclamations et proclame les résultats du scrutin.
Article 59
Le Conseil constitutionnel statue, en cas de contestation, sur la régularité de l'élection des députés et des sénateurs.
Article 61 (modifié par LOI constitutionnelle n°2008-724 du 23 juillet 2008 - art. 28)
Les lois organiques, avant leur promulgation, les propositions de loi mentionnées à l'article 11 avant qu'elles ne soient soumises au
référendum, et les règlements des assemblées parlementaires, avant leur mise en application, doivent être soumis au Conseil
constitutionnel.
Aux mêmes fins, les lois peuvent être déférées au Conseil constitutionnel, avant leur promulgation, par le Président de la
République, le Premier ministre, le Président de l'Assemblée nationale, le Président du Sénat ou soixante députés ou soixante
sénateurs.
Dans les cas prévus aux deux alinéas précédents, le Conseil constitutionnel doit statuer dans le délai d'un mois. Toutefois, à la
demande du Gouvernement, s'il y a urgence, ce délai est ramené à huit jours.
Dans ces mêmes cas, la saisine du Conseil constitutionnel suspend le délai de promulgation.
17
Article 61-1 (Créé par LOI constitutionnelle n°2008-724 du 23 juillet 2008 - art. 29)
Lorsque, à l'occasion d'une instance en cours devant une juridiction, il est soutenu qu'une disposition législative porte atteinte aux
droits et libertés que la Constitution garantit, le Conseil constitutionnel peut être saisi de cette question sur renvoi du Conseil
d'État ou de la Cour de cassation qui se prononce dans un délai déterminé.
Une loi organique détermine les conditions d'application du présent article.
NB : La loi organique n° 2009-1523 du 10 décembre 2009 relative à l'application de l'article 61-1 de la Constitution a été publiée
au Journal officiel du 11 décembre 2009.
Article 62 (Modifié par LOI constitutionnelle n°2008-724 du 23 juillet 2008 - art. 30)
Une disposition déclarée inconstitutionnelle sur le fondement de l'article 61 ne peut être promulguée ni mise en application.
Une disposition déclarée inconstitutionnelle sur le fondement de l'article 61-1 est abrogée à compter de la publication de la
décision du Conseil constitutionnel ou d'une date ultérieure fixée par cette décision. Le Conseil constitutionnel détermine les
conditions et limites dans lesquelles les effets que la disposition a produits sont susceptibles d'être remis en cause.
Les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d'aucun recours. Elles s'imposent aux pouvoirs publics et à toutes les
autorités administratives et juridictionnelles.
Article 63
Une loi organique détermine les règles d'organisation et de fonctionnement du Conseil constitutionnel, la procédure qui est suivie
devant lui, et notamment les délais ouverts pour le saisir de contestations.
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Modèles de justice constitutionnelle : américain et européen
Le schéma se lit du bas vers le haut en suivant les flèches
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Conseil constitutionnel, décision n° 74-54 DC du 15 janvier
1975, Loi relative à l’IVG
(…)
Vu la Constitution, et notamment son préambule ;
Vu l'ordonnance du 7 novembre 1958 portant loi organique sur le Conseil constitutionnel, notamment le chapitre II du
titre II de ladite ordonnance ;
Ouï le rapporteur en son rapport ;
1. Considérant que l'article 61 de la Constitution ne confère pas au Conseil constitutionnel un pouvoir général
d'appréciation et de décision identique à celui du Parlement, mais lui donne seulement compétence pour se prononcer
sur la conformité à la Constitution des lois déférées à son examen ;
2. Considérant, en premier lieu, qu'aux termes de l'article 55 de la Constitution : "Les traités ou accords régulièrement
ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, pour chaque
accord ou traité, de son application par l'autre partie." ;
3. Considérant que, si ces dispositions confèrent aux traités, dans les conditions qu'elles définissent, une autorité
supérieure à celle des lois, elles ne prescrivent ni n'impliquent que le respect de ce principe doive être assuré dans le
cadre du contrôle de la conformité des lois à la Constitution prévu à l'article 61 de celle-ci ;
4. Considérant, en effet, que les décisions prises en application de l'article 61 de la Constitution revêtent un caractère
absolu et définitif, ainsi qu'il résulte de l'article 62 qui fait obstacle à la promulgation et à la mise en application de
toute disposition déclarée inconstitutionnelle ; qu'au contraire, la supériorité des traités sur les lois, dont le principe est
posé à l'article 55 précité, présente un caractère à la fois relatif et contingent, tenant, d'une part, à ce qu'elle est limitée
au champ d'application du traité et, d'autre part, à ce qu'elle est subordonnée à une condition de réciprocité dont la
réalisation peut varier selon le comportement du ou des Etats signataires du traité et le moment où doit s'apprécier le
respect de cette condition ;
5. Considérant qu'une loi contraire à un traité ne serait pas, pour autant, contraire à la Constitution ;
6. Considérant qu'ainsi le contrôle du respect du principe énoncé à l'article 55 de la Constitution ne saurait s'exercer
dans le cadre de l'examen prévu à l'article 61, en raison de la différence de nature de ces deux contrôles ;
7. Considérant que, dans ces conditions, il n'appartient pas au Conseil constitutionnel, lorsqu'il est saisi en
application de l'article 61 de la Constitution, d'examiner la conformité d'une loi aux stipulations d'un traité ou
d'un accord international ;
8. Considérant, en second lieu, que la loi relative à l'interruption volontaire de la grossesse respecte la liberté des
personnes appelées à recourir ou à participer à une interruption de grossesse, qu'il s'agisse d'une situation de détresse
ou d'un motif thérapeutique ; que, dès lors, elle ne porte pas atteinte au principe de liberté posé à l'article 2 de la
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ;
9. Considérant que la loi déférée au Conseil constitutionnel n'admet qu'il soit porté atteinte au principe du respect de
tout être humain dès le commencement de la vie, rappelé dans son article 1er, qu'en cas de nécessité et selon les
conditions et limitations qu'elle définit ;
10. Considérant qu'aucune des dérogations prévues par cette loi n'est, en l'état, contraire à l'un des principes
fondamentaux reconnus par les lois de la République ni ne méconnaît le principe énoncé dans le préambule de la
Constitution du 27 octobre 1946, selon lequel la nation garantit à l'enfant la protection de la santé, non plus qu'aucune
des autres dispositions ayant valeur constitutionnelle édictées par le même texte ;
11. Considérant, en conséquence, que la loi relative à l'interruption volontaire de la grossesse ne contredit pas les
textes auxquels la Constitution du 4 octobre 1958 fait référence dans son préambule non plus qu'aucun des articles de
la Constitution ;
Décide :
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Article premier : les dispositions de la loi relative à l'interruption volontaire de la grossesse, déférée au Conseil
constitutionnel, ne sont pas contraires à la Constitution.
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CE, Ass., 20 octobre 1989, Nicolo
Vu la requête, enregistrée le 27 juin 1989 au secrétariat du Contentieux du Conseil d'Etat, présentée par M. Raoul
Georges Nicolo, demeurant 26, avenue de Joinville à Nogent-sur-Marne (94130), et tendant à l'annulation des
opérations électorales qui se sont déroulées le 18 juin 1989 en vue de l'élection des représentants au Parlement
européen,
24
Conseil d’Etat, Ass., 30 octobre 1998, Sarran et Levacher
Vu 1°), sous le n° 200 286, la requête, enregistrée le 7 octobre 1998 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat,
présentée par M. Claude XU..., demeurant ... ; M. XU... demande au Conseil d'Etat :
- d'annuler le décret en date du 20 août 1998 portant organisation de la consultation des populations de la Nouvelle-
Calédonie prévue par l'article 76 de la Constitution ;
- de décider qu'il sera sursis à l'exécution de ce décret ;
- d'enjoindre à l'Etat, sous astreinte de 1 000 000 F par jour de retard, de procéder à la rectification de la liste
électorale et à sa publication avant le 29 octobre 1998 ;
Vu 2°), sous le n° 200 287, la requête, enregistrée au secrétariat du Contentieux du Conseil d'Etat le 7 octobre 1998,
présentée par M. François XB..., (…) les autres requérants demandent au Conseil d'Etat :
- d'annuler le décret en date du 20 août 1998 portant organisation de la consultation des populations de la Nouvelle-
Calédonie prévue par l'article 76 de la Constitution ;
- de décider qu'il sera sursis à l'exécution de ce décret ;
- d'enjoindre à l'Etat, sous astreinte de 1 000 000 F par jour de retard, de procéder à la rectification de la liste
électorale et à sa publication avant le 29 octobre 1998 ;
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décret attaqué ; qu'ainsi, les articles 3 et 8 dudit décret, loin de méconnaître l'article 76 de la Constitution en ont
fait une exacte application;
Considérant que l'article 76 de la Constitution ayant entendu déroger aux autres normes de valeur constitutionnelle
relatives au droit de suffrage, le moyen tiré de ce que les dispositions contestées du décret attaqué seraient contraires
aux articles 1er et 6 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, à laquelle renvoie le préambule de la
Constitution ou à l'article 3 de la Constitution ne peut qu'être écarté ;
Considérant que si l'article 55 de la Constitution dispose que "les traités ou accords régulièrement ratifiés ou
approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois sous réserve, pour chaque accord ou
traité, de son application par l'autre partie", la suprématie ainsi conférée aux engagements internationaux ne
s'applique pas, dans l'ordre interne, aux dispositions de nature constitutionnelle ; qu'ainsi, le moyen tiré de ce
que le décret attaqué, en ce qu'il méconnaîtrait les stipulations d'engagements internationaux régulièrement
introduits dans l'ordre interne, serait par là même contraire à l'article 55 de la Constitution, ne peut lui aussi
qu'être écarté ;
Considérant que si les requérants invitent le Conseil d'Etat à faire prévaloir les stipulations des articles 2, 25 et
26 du pacte des Nations unies sur les droits civils et politiques, de l'article 14 de la Convention européenne de
sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales et de l'article 3 du protocole additionnel n° 1 à
cette convention, sur les dispositions de l'article 2 de la loi du 9 novembre 1988, un tel moyen ne peut qu'être
écarté dès lors que par l'effet du renvoi opéré par l'article 76 de la Constitution aux dispositions dudit article 2,
ces dernières ont elles-mêmes valeur constitutionnelle ;
Considérant enfin que, dans la mesure où les articles 3 et 8 du décret attaqué ont fait une exacte application des
dispositions constitutionnelles qu'il incombait à l'auteur de ce décret de mettre en oeuvre, ne sauraient être utilement
invoquées à leur encontre ni une méconnaissance des dispositions du code civil relatives aux effets de l'acquisition de
la nationalité française et de la majorité civile ni une violation des dispositions du code électoral relatives aux
conditions d'inscription d'un électeur sur une liste électorale dans une commune déterminée ;
(…)
Considérant que de l'ensemble de ce qui précède, il résulte que les conclusions tendant à l'annulation du décret doivent
être rejetées ;
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droits civils et politiques et à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés
fondamentales doit être écarté ;
D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;
PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur le premier moyen auquel Mlle X... a déclaré renoncer:
REJETTE le pourvoi.
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- les directives communautaires (CE, Ass., 28 février 1992, S.A. Rothmans International France et
S.A. Philip Morris France).
- les principes généraux du droit communautaire (CE, 03 décembre 2001, SNIP)
- Toutefois, il refuse de faire bénéficier du régime de l’article 55 les normes internationales issues de
la coutume (CE, Ass., 6 juin 1997, Aquarone).
- à la Convention européenne des droits de l’homme (ConvEDH) dans CE, Ass., 21 janvier 1990,
Confédération nationale des associations familiales catholiques.
- Concernant le contrôle des conditions inscrites à l’article 55 C de la supériorité des traités et accords sur les lois, les
juridictions ordinaires ont progressivement fait évoluer leur jurisprudence :
- existence et régularité de la ratification/approbation : CE, 18 décembre 1998, SARL parc d’activité de
Blotzheim puis CE, 23 février 2002, Bamba Dieng : le juge administratif doit vérifier l’existence et la
régularité de la ratification ou de l’approbation d’un traité. Ainsi, le juge contrôle le respect des exigences des
articles 53 et 55 de la Constitution.
- examen de la clause de réciprocité : CE, Ass., 9 juillet 2010, Chériet-Benseghir : le Conseil d’Etat accepte
enfin de réaliser lui-même le contrôle de l’application réciproque par les parties à un traité international sous
la pression de la Cour européenne des droits de l’homme (CourEDH). Cet arrêt est un revirement de l’arrêt
CE, Ass., 9 avril 99, Chevrol-Benkeddach.
La clause de réciprocité ne s’applique pas à certains traités :
- Les traités et conventions internationales relatives à la protection des droits et libertés de la personne
humaine qui créent des obligations pour l’Etat partie, en elle-même, indépendamment de l’attitude des autres
parties. Ex. Convention européenne des droits de l’homme (caractère objectif de la CEDH, Cour EDH, 18
janvier 1978, Irlande c/ RUNI)
- Conseil constitutionnel, décision du 22 janvier 1999, Cour pénale internationale : « Considérant qu'il
résulte de ces textes de valeur constitutionnelle que le respect de la souveraineté nationale ne fait pas
obstacle à ce que, sur le fondement des dispositions précitées du préambule de la Constitution de 1946, la
France puisse conclure des engagements internationaux en vue de favoriser la paix et la sécurité du monde et
d'assurer le respect des principes généraux du droit public international ; que les engagements souscrits à
cette fin peuvent en particulier prévoir la création d'une juridiction internationale permanente destinée à
protéger les droits fondamentaux appartenant à toute personne humaine, en sanctionnant les atteintes les plus
graves qui leur seraient portées, et compétente pour juger les responsables de crimes d'une gravité telle qu'ils
touchent l'ensemble de la communauté internationale ; qu'eu égard à cet objet, les obligations nées de tels
engagements s'imposent à chacun des Etats parties indépendamment des conditions de leur exécution par les
autres Etats parties ; qu'ainsi, la réserve de réciprocité mentionnée à l'article 55 de la Constitution n'a pas
lieu de s'appliquer ; »
- Attention ! Les rapports Constitution / droit de l’Union européenne sont aujourd’hui traités différemment :
- Conseil constitutionnel, décision n°2004-496 DC du 10 juin 2004, Loi pour la confiance en l’économie
numérique
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- Conseil constitutionnel, décision n° 2004-505 DC du 19 novembre 2004, Traité établissant une
Constitution pour l’Europe
- Conseil constitutionnel, décision n° 2006-540 DC du 27 juillet 2006, Loi relative au droit d'auteur et aux
droits voisins dans la société de l'information
- CE, Ass., 8 février 2007, Société Arcelor
Il ressort de cet ensemble jurisprudentiel que le droit de l’UE est en quelque sorte intégré à la Constitution via l’article
88-1 de la Constitution. En cas de conflit entre une norme constitutionnelle et une norme du droit dérivé de l’UE (une
directive par exemple), le juge (administratif ou constitutionnel) doit vérifier si le droit de l’UE (traités constitutifs et
les principes généraux du droit de l’UE dégagés par la Cour de justice) et la Constitution telle qu’interprétée par le
Conseil constitutionnel sont en accord (théorie de la protection équivalente). Dans ce cas, la norme de droit dérivé de
l’UE est alors réputée conforme à la Constitution. En revanche, s’il n’y a pas accord et qu’est en cause un principe
inhérent à l’identité constitutionnelle de notre Etat, alors le juge doit faire primer la Constitution sur le droit de l’UE.
Ainsi, la règle de conflit est différente par rapport à celle qui prévaut dans les arrêts Sarran et Fraisse. La primauté de
la Constitution sur le droit de l’UE est donc réduit à des hypothèses très strictes. Le bloc de constitutionnalité
s’enrichit du droit européen qui, dans certains cas s’imposera comme la norme suprême de l’ordre juridique interne ;
chaque fois que n’y feront pas obstacle des dispositions inhérentes à notre identité constitutionnelle, selon la formule
du Conseil constitutionnel, ou des principes constitutionnels n’ayant pas d’équivalant en droit de l’UE, selon celle du
Conseil d’Etat.
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