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Introduction
‘’Retour à une concurrence saine’’ est ce qui était attendu par les entreprises et les consommateurs
marocains après la décision de condamnation de ‘’Maroc Telecom’’ à une sanction pécuniaire de 3,3
milliards de dirhams par l’ANRT et qui devrait être versée au Trésor Public.
Il s’agit d’une affaire qui a bouleversé le monde des affaires marocain dans la mesure où le
montant de l’amende constitue approximativement 10 % du chiffre d’affaire de la société. La
décision de régulateur a été incitée par une saisine déposée par ‘’Wana Corporate’’ à l’encontre
de l’opérateur historique pour des comportements imputés à ‘’Maroc Telecom’’, ayant pour
objectif d’empêcher et de retarder l’accès des concurrents au dégroupage de la boucle locale en ce
qui concerne le marché du téléphone fixe et d’internet.
Des comportements jugés en tant que pratiques anticoncurrentielles et plus spécifiquement
qualifiés en tant que abus de position dominante, qui ont motivé l’ANRT à rendre sa décision à
noter qu’elle s’agit de l’organe compétent à réguler la concurrence dans le secteur des
télécommunications.
Cette décision a constitué une victoire pour les entreprises et les consommateurs marocains dans
un contexte marqué par la hausse des prix et par l’absence d’une concurrence réelle dans le
marché.
En effet, dans une sphère économique marquée par la liberté d’entreprendre et la libre
concurrence, les différents opérateurs économiques cherchent à conquérir le maximum de
clientèle ce qui provoque donc une concurrence de plus en plus intensifiée dans divers secteurs
d’activités. Cependant, certaines entreprises choisissent de recourir à des pratiques qui faussent
le jeu de la concurrence à leurs profits (comme l’augmentation de part de marché, éviction d’un
concurrent…) et cela au détriment d’un agent plus faible qui est le consommateur.
On parle spécifiquement des ‘’pratiques anticoncurrentielles’’ qui peuvent se définir comme étant
des comportements ayant pour objectif de porter atteinte à l’intérêt général de la concurrence entre
les entreprises afin d’entraver le bon fonctionnement du marché. Cependant, il ne faut pas
confondre entre la concurrence déloyale et les pratiques anticoncurrentielles. L’ancienne présidente
de la chambre commerciale de la Cour de cassation française madame ‘’Claire Favre’’ considère la
première comme un phénomène qui est strictement jurisprudentiel c’est-à-dire reconnue au cas par
cas par les juges alors que la deuxième est régie par le droit parce qu’elle met en scène un ordre
public économique négativement défini qui est de la libre-concurrence.
La concurrence est légitime mais peut dans certaines mesures devenir un acte déloyal par
l’utilisation de moyens et d’outils contraire aux pratiques du commerce et de la bonne foi.
Au sein de cette partie nous allons mettre la lumière dans un premier temps sur les pratiques
anticoncurrentielles par rapport au marché, par rapport à l’exploitation ainsi que par rapport au cout
du prix, et dans un deuxième temps nous allons étudier les infractions assimilables aux pratiques
anticoncurrentielles.
L’entente peut être définie comme l’action concertée ayant pour objet ou pouvant avoir pour
effet de limiter l’accès au marché, ce que réalise précisément la discrimination illicite, ce sont
des actions, des conventions, des ententes express ou tacites, ou même coalitions qui ont un
effet anticoncurrentiel.
L’article 6 se contente d’en énumérer une liste indicative. Selon ledit article on distingue 4
types d'entente :
* Limiter l'accès au marché ou le libre exercice de la concurrence par d'autres entreprises ;
Par exemple la distribution sélective quand un fournisseur choisi les distributeurs en fonction
d'une image qualitative pour faire la promo de son produit.
*Faire obstacle à la fixation des prix par le libre jeu du marché en favorisant artificiellement
leur hausse ou leur baisse ;
Exemple La diffusion d'un barème de prix par des organismes professionnels qui va
entraîner un alignement des prix participants à l'entente.
On peut remarquer que le texte de loi retient une notion extensive de l’entente, quelque que soit
son appellation, sa forme expresse ou tacite, son mécanisme contractuel ou institutionnel, son
motif légitime ou illicite ou immoral. L’entente tombe sous l’interdiction et partant la sanction,
même quand elle ne porte pas automatiquement atteinte à la liberté. En effet, dès qu’elle peut
avoir des conséquences attentatoires à cette liberté, elle devient illicite.
Autrement dit, la majeure partie des ententes ont à la fois pour objet et pour effet de nuire à la
concurrence, on peut remarquer que, selon l’article précité, ce cumul n’est pas nécessaire
pour que la pratique en cause revêtisse le caractère illicite. L’intention anticoncurrentielle, en
l’occurrence l’objet, suffit à elle seule à conférer ce caractère même en l’absence d’effet
attentatoire à la concurrence et, de la même manière, un effet anticoncurrentiel est réprimé
même s’il n’a pas été recherché par les auteurs de l’entente.
Les pratiques anticoncurrentielles par rapport à l’exploitation (abus de position
dominante)
Une position dominante est une position de force économique qui permet à l’entreprise
qui en bénéficie d’empêcher le maintien d’une concurrence effective sur le marché en
cause, en lui conférant le pouvoir de se comporter de manière appréciablement
indépendante de ses concurrents et, finalement, des consommateurs. Selon L’article
7de la loi 104-12 :« Est prohibée, lorsqu'elle a pour objet ou peut avoir pour effet
d'empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence, l'exploitation abusive
par une entreprise ou un groupe d'entreprises :
1-d'une position dominante sur le marché intérieur ou une partie substantielle de celui-ci
2-d'une situation de dépendance économique dans laquelle se trouve un client ou un
fournisseur ne disposant d'aucune autre alternative». Pour que l’article 7 s’applique, la
position dominante doit exister sur le marché marocain ou une partie substantielle de
celui-ci. Dans la pratique, la condition de détenir une partie substantielle du marché
marocain ne devrait pas poser problème dans la mesure où les entreprises dominantes
sont généralement les plus grandes entreprises nationales ou des groupes
multinationaux.
Afin d’attirer les consommateurs, les professionnels ont recours à la réduction des prix. Or
un tel procédé est souvent un moyen fallacieux pour les tromper, tout en étant mal vu par les
concurrents. Ainsi aux termes de l’article 8 de la loi 104-12 prohibe «les offres de prix
abusivement bas par rapport aux couts de production, de transformation et de
commercialisation, dès lors que ces offres ou pratiques ont pour objet ou peuvent avoir pour
effet d’éliminer un marché, ou d’empêcher d’accéder à un marché, une entreprise ou l’un de
ses produits» Cette pratique était déjà interdite par la loi 06-99 qui la considérait comme une
forme d’abus de position dominante. La nouvelle loi, quant à elle, traite des prix abusivement
bas comme pratique anticoncurrentielle à part entière. Elle se trouve de ce fait interdite sans
qu’il soit nécessaire de prouver la position dominante de son auteur. Par exemple, en
annonçant aux consommateurs qu’un produit sera mis en vente à un prix « imbattable », un
commerçant incite le consommateur à faire des achats inconsidérés de ce produit. Par
ailleurs, il faut remarquer que l’abus et la sanction de prix anormalement bas ne
représentent pas à vrai dire une protection suffisante pour les concurrents du fait que le
législateur ne fait pas spécifiquement allusion à la vente à perte ou à prix abusivement bas
dans le cadre des pratiques restrictives mais seulement à l’article 6 réprimant les ententes
abusives et les abus de position dominante alors qu’en France la loi n° 96-588du 1erjuillet
1996 a inséré dans l’ordonnance du 1erdécembre 1986 un article 10-1prohibant la pratique
du prix abusivement bas.
Le stockage est réglementé par les articles 55 et 59 de la loi sur la liberté des prix et de la
concurrence, ces deux articles citent des situations dans lesquelles le stockage devient illicite,
il s'agit bien évidement de la spéculation, de la pratique de l'activité commerciale tout en
n'étant pas immatriculé au registre de commerce ou en n'ayant pas la qualité d'artisan.
a) Le stockage spéculatif :
L'alinéa 4 du même article essaie de montrer que les agriculteurs qui détiennent un stock ne
relevant pas de leur principale activité ainsi que toutes autres personnes qui détiennent des
stocks à des quantité exagérés, leur intention ne pourrait être de bonne foi.
Concentration économique
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Le Maroc s'est doté d'un Conseil de la concurrence en 2009, mais ses pouvoirs étaient limités. De
ce fait, il est incontestable que pour lutter contre les pratiques anticoncurrentielles, il faut offrir á
l’institution qui s’en occupe, des moyens et pouvoirs nécessaires à cet effet. Or, les moyens et les
outils dont disposait, sous l’égide de la loi 06-99 n’étaient pas de la même importance que ceux
dont dispose aujourd’hui.
*Il a d'abord, la possibilité de mener des études sur le degré de concurrentiabilité des principaux
secteurs d'activité économique.
*Il a pour tâche, en second lieu, de mener des actions de sensibilisation, de communication et de
formation destinées à divulguer et à faire rayonner la culture de la concurrence auprès des
différentes institutions qui peuvent demander son avis.
* En troisième lieu, et c'est là où réside son rôle consultatif et sa fonction essentielle, le conseil
est habilité à émettre des avis et des recommandations suite à des consultations émanant des
autorités gouvernementales, des commissions du parlement, de la justice, des régions, des
associations professionnelles, des chambres de commerce, des syndicats et des associations de
consommateurs reconnues d'utilité publique.
Toutefois, la perfection des textes juridiques ne peut pas, à elle seule, contraindre les
opérateurs économiques, actifs sur le marché marocain, à se conformer aux règles de jeu en la
matière. Il faut que le conseil, avec tous les pouvoirs dont il dispose aujourd’hui et en tant
qu’institution de régulation de la concurrence de faire preuve d’une volonté réelle dans tout ce
qui concerne la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles en usant de ses pouvoirs.
S’agissant des sanctions pénales, ça se caractérise non pas par l’inexécution d’un engagement,
mais plutôt par la commission d’un acte interdit par un texte légal. En ce qui concerne les
pratiques anticoncurrentielles, la loi 104-12 a réservé un chapitre à part entier qui traite seulement
les sanctions pénales. C’est ainsi qu’on analysera schématiquement à travers un tableau illustratif,
chaque acte interdit avec bien sur la sanction à son encontre.
Les différentes infractions ainsi que leurs sanctions respectives :
Toute personne physique qui aura pris une part personnelle et déterminante dans la conception,
l’organisation, la mise en oeuvre ou le contrôle des pratiques anticoncurrentielles, de façon
frauduleuse ou en connaissance de cause, il sera sanctionné de 2 mois à 1 an de prison plus une
amande de 10.000 à 500.000 DH ou l’une des deux peines (Article 75 de la loi 104-12).
Selon l’article 76 de la même loi, La divulgation d’informations mensongère ou calomnieuses
en jetant sur le marché des offres destinés à troubler les cours ou les suroffres faites aux prix
demandés par les vendeurs et cela selon les moyens empruntés pour la divulgation, Ainsi que
l’opération ou la tentative d’opération sur la hausse ou la baisse artificielle du prix des biens ou
des services ou des effets publics ou privés est une infraction sanctionné de 2 mois à 2 ans de
prison plus une amande de 10.000 à 500.000 DH ou l’une des deux peines.
Si la hausse ou la baisse des prix était portée à l’égard des denrées alimentaires, des grains,
produits pharmaceutiques, engrais commerciaux, la sanction est de 1 à 3ans de prison et une
amande de 800.000 DH, et d’un an à 5 ans de prison et une amande allant jusqu’à 1.000.000 DH
en cas ou les denrées alimentaires ou les marchandises faisant objet de hausse ou baisse de prix
ne rentrent pas dans l’exercice habituel de la profession du contrevenant.
Une amande de 100.000 à 500.000 DH plus 2 mois à 2 ans de prison, sur les stockages
clandestins prévu aux articles 62 et 66 de cette loi, et sur la détention par des commerçants
industriels, artisans ou agriculteurs de stocks de marchandises ou des produits qui sont dissimulés
par eux à des fins spéculatives et en quelque local que ce soit, ainsi que sur la détention, le
transport ou la vente de produits subventionnés dans des préfectures ou provinces autres que
celles pour lesquelles ces produits sont destinés.
En cas de commission d’une infraction pendant la période de la fermeture des magasins ou
interdiction d’exercer sa profession, une amende de 1200 à 200.000 DH et un emprisonnement de
1 mois à 2 ans est prévue par l’article 81, et la fermeture des magasins ou bureau du condamné
pour une durée ne dépassant pas 3 mois, plus interdiction de l’exercice de la profession du
condamné voir même l’exercice de tout acte de commerce pendant une durée de 1 an suite à une
condamnation suite à un stockage clandestin.
Selon l’article 82 de la même loi, un emprisonnement de 1 mois à 2 ans plus une amande de
1200 à 200.000 DH pour toute interdiction d’être un employé des magasins ou bureaux qu’il
exploitait même après les avoir vendus ou loués,. Ainsi l’article 83 de cette même loi prononce
que toute personne qui fait opposition aux fonctions des enquêteurs, ou qui refuse de leur
communiquer les documents afférents à l’exercice de leur activité ainsi que la dissimulation et la
falsification de ces documents, et toute personne qui donne des faux renseignements ou fait des
fausses déclarations aux organismes habilités à constater les infractions ou qui refuse de les
fournir les informations qu’elle a connaissance ou qu’elle a seulement la garde d’un
emprisonnement de 2 mois à 2 ans plus une amande de 5.000 à 200.000dh
Il convient de rappeler que les infractions et sanctions prévues par la loi 104-12 sont nombreuses,
on a essayé d’énumérer les plus importantes. Selon les dispositions de l’article 85, une fois une
condamnation est prononcée, elle devient irrévocable et ne peut, en aucun cas, faire l’objet d’un
recours. Et puis un extrait du jugement sera adressé au Président du conseil de la concurrence à
titre d’information. Après cela, le tribunal peut ordonner la publication de sa décision et cela en
vertu de l’article 86 de la loi 104-12 portant sur la liberté des prix et de la concurrence.