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Classiques & Cie BTS Je me souviens

Je me souviens
GUIDE PEDAGOGIQUE PAR JOHAN FAERBER

SOMMAIRE

PARTIE I. ENTRER DANS LE THÈME PAR UN FILM ( CINE & Cie) 2

 Chapitre 1 : Yves Saint Laurent de Jalil Lespert et Saint Laurent de Laurent


Bonello 2
 Chapitre 2 : Total Recall de Paul Verhoeven 5
 Chapitre 3 : Persepolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud 7

PARTIE II. QUATRE PARCOURS GUIDES POUR UTILISER LES DOCUMENTS


DE L’ANTHOLOGIE 10

 Parcours 1 : « Se souvenir, est-ce se construire ? » 10


Objectifs pédagogiques 10
Corpus commenté 10
Corrigé du sujet blanc n° 1 12

 Parcours 2 : « L’oubli, un droit ? » 13


Objectifs pédagogiques 13
Corpus commenté 13
Corrigé du sujet blanc n° 2 14

 Parcours 3 : « Un culte de la mémoire ? » 15


Objectifs pédagogiques 15
Corpus commenté 15
Corrigé du sujet blanc n°3 16

 Parcours 4 : « Comment garder la mémoire vivante ? » 17


Objectifs pédagogiques 17
Corpus commenté 17
Corrigé du sujet blanc n° 4 19

PARTIE III. ANNALES : LE SUJET FRANCE METROPOLITAINE 2015


ET SON CORRIGE 20

 Le sujet 20
 Analyse des documents et plans pour la synthèse
de documents et pour l’écriture personnelle 28

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Les deux premières parties du guide pédagogique sont consacrées à l’utilisation des
documents de l’anthologie. Si elle s’organise en trois grands chapitres traitant chacun des
problématiques inhérentes au thème, l’anthologie peut être exploitée de différentes manières
que nous proposons ici.
Un premier temps peut consister à entrer dans le sujet par les sections initiales CINÉ &
Cie : le film visionné en classe ouvre à des discussions, débats et questionnements productifs
chez les étudiants.
Dans un second temps sont proposés quatre parcours pédagogiques afin de préparer les
étudiants aux différentes problématiques. Chacun de ces quatre parcours se construit autour
de la préparation de sujets blancs de BTS. On trouvera à la fin de chacun des parcours le
corrigé de la synthèse de documents et de l’expression personnelle des « sujets blancs
guidés » de l’anthologie.

Partie I
Entrer dans le thème par un film ( CINÉ & Cie)

Aborder un thème nouveau pose toujours la question du « comment faire ? » sans en


dévoiler trop, en suscitant la curiosité, sans effrayer les étudiants par l’ampleur du sujet.
Aborder chaque aspect majeur du thème par des films et leur analyse permet à l’enseignant de
dédramatiser le sujet tout en évitant l’écueil de l’abstraction et de propos trop généraux.
À ce titre, « Je me souviens » est un thème qui peut être envisagé selon trois angles : le
mécanisme du souvenir, le rôle de l’oubli et la place de la mémoire collective. Les films
proposés offrent à chaque fois des leviers problématiques et pédagogiques que l’on pourra
utiliser avec profit.
Nous nous proposons ici d’indiquer des pistes pour l’utilisation de l’analyse filmique
des différents chapitres. Chaque analyse opère en trois temps :
● le visionnage du film avec la classe ;
● l’analyse de l’affiche du film qui permet de faire des rappels et invite à des débats ;
● l’illustration du thème par le film.
Pour chacune des analyses d’affiches et de films, nous suggérons ici quelques pistes de
réponses.

 CHAPITRE 1 : Je me souviens : le rôle du souvenir


 Yves Saint Laurent de Jalil Lespert (France, 2014)
 Saint Laurent de Bertrand Bonello (France, 2014)

Deux films sont ici proposés à l’étude qui, portant tous les deux sur la vie du couturier
Yves Saint Laurent, permettent d’étudier les mécanismes du souvenir et le rôle de la mémoire
dans un genre cinématographique qu’il est désormais convenu d’appeler le biopic. Yves Saint
Laurent de Jalil Lespert et Saint Laurent de Bertrand Bonello, sortis en 2014, constituent
aussi une introduction aux problématiques de la mémoire individuelle.

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 Yves Saint Laurent de Jalil Lespert


OBJECTIF 1 : Lire l’image
Faites observer l’affiche du film (2e de couverture de l’anthologie) et relire la rubrique CINÉ
& Cie (p. 12-13). Puis demandez aux étudiants de répondre aux questions.

1. Quelles sont les composantes de l’image ?


Il faut distinguer deux éléments :
● En premier lieu, le dessin en nuances de noir de la silhouette de Saint Laurent interprété par
Pierre Niney. Le personnage se présente sous la forme d’une photographie retravaillée comme
une esquisse. En attestent les quelques taches d’encre autour des cuisses. La silhouette est
également traversée du monogramme de la marque du couturier permettant, en plus du titre
du film, d’affirmer l’identité du personnage.
● La vie présentée sera celle de Saint Laurent, ce que vient renforcer le second élément
majeur de l’image, à savoir l’arrière-plan qui ne consiste qu’en un fond blanc d’où la
silhouette noire se détache avec d’autant plus de force.

2. Pourquoi la couleur blanche domine-t-elle cette affiche ?


L’arrière-plan blanc revêt deux significations majeures :
● Par jeu de contraste avec la silhouette noire de Saint Laurent, le fond blanc consiste à
souligner que le biopic se focalise uniquement sur la vie du couturier.
● De manière plus symbolique, le fond blanc montre que le cinéaste mettra en lumière les
souvenirs de Saint Laurent en braquant les projecteurs sur les événements majeurs de son
destin. La caméra de Jalil Lespert est un projecteur qui éclaire toutes les zones d’ombre pour
les livrer au spectateur.

3. Le personnage de Saint Laurent est redessiné. Comment l’interprétez-vous au regard


du rôle des souvenirs dans ce biopic ?
Deux interprétations du dessin sont possibles :
● La première consiste à montrer par les traits du croquis que Saint Laurent est le modèle du
film.
● La seconde signification de cette silhouette redessinée tend à suggérer combien, en fait,
chaque souvenir, même objectif, est l’objet d’un travail de la mémoire, que la mémoire
redessine chaque instant du passé pour produire une image, peut-être infidèle, mais toujours
proche du ressenti.

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 Saint Laurent de Bertrand Bonello

OBJECTIF 1 : Lire l’image


Faites observer l’affiche du film (4e de couverture de l’anthologie) et relire et la rubrique
CINÉ & Cie (p. 12-13). Puis demandez aux étudiants de répondre aux questions.

1. Quelles sont les composantes de l’image ?


Trois éléments sont à distinguer :
● Le profil de trois quarts d’Yves Saint Laurent, plus reconnaissable à ses lunettes qu’aux
traits de son visage dissimulés par la pose.
● Le fond de l’image elle-même dominée par un violet sombre qui rappelle l’une des couleurs
fétiches du couturier.
● Enfin le nom de Saint Laurent se détachant avec énergie et netteté par son rose fuchsia,
couleur également phare du couturier.

2. Comment interprétez-vous les teintes sombres dominantes de l’affiche ?


Le violet profond qui domine l’affiche et l’assombrit indique au spectateur le
traitement qui sera fait du souvenir : si l’affiche de Lespert privilégie la pleine lumière,
Bonello interrogera avant les zones d’ombre et les souvenirs oubliés de la vie du styliste.

3. Pourquoi ne voit-on pas Saint Laurent de face ? Comment l’interprétez-vous au


regard du rôle de la mémoire dans le film ?
Le profil de trois quarts du couturier cherche à traduire la manière dont Bonello va
traiter le personnage de Saint Laurent : explorer la face cachée, ce que l’on ignore de sa vie et
ce qui s’est dérobé à la biographie officielle. C’est une manière d’indiquer comment Bonello
va traiter la mémoire dans son film : il va interroger la part d’oubli de la mémoire, les
souvenirs qui ne remontent pas aisément à la conscience.

OBJECTIF 2 : Comparer les deux films


Visionnez avec vos étudiants les deux films puis amenez-les à les comparer en répondant aux
questions.

1. Par quel procédé Jalil Lespert met-il en scène l’évocation des souvenirs de Pierre
Bergé ?
S’appuyant sur les souvenirs de Pierre Bergé et la biographie autorisée par ce dernier,
le film de Jalil Lespert recourt, pour présenter la vie de Saint Laurent, au procédé de la voix
off. C’est Pierre Bergé, amant de Saint Laurent, qui raconte et guide le récit rétrospectif et
linéaire des événements marquants du parcours du couturier.

2. De quelle manière Bertrand Bonello souligne-t-il les lacunes de la mémoire ?


À l’opposé du biopic linéaire de Lespert, Bonello fait un film en forme de mosaïque et
de labyrinthe où, à plusieurs reprises, se conjuguent et se télescopent différentes périodes de
la vie de Saint Laurent. Bonello invente une forme éclatée de biopic pour dire combien la
mémoire est traversée de zones d’ombre, de manques et d’oublis. La mémoire est chez lui une

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reconstruction permanente qui donne de Saint Laurent une image d’homme fragmenté et
changeant.

3. Comparez les deux scènes finales où chaque réalisateur met en scène le fameux défilé
russe de 1976. En quoi sont-elles révélatrices de la manière dont les metteurs en scène
interrogent les souvenirs dans chaque biopic ?
Aussi différents soient-ils dans leur reconstitution de la vie de Saint Laurent, chacun
de ces deux films s’achève sur le même triomphal défilé russe du couturier qui consacra sa
gloire en 1976. Mais leur traitement révèle comment chacun des réalisateurs traite le thème du
souvenir.
Ainsi, chez Lespert, le défilé est présenté comme le couronnement de la carrière du
styliste et le dénouement d’un récit linéaire. Ultime étape d’une success-story aux accents
hollywoodiens, le défilé est filmé étape par étape, des affres de la création aux essayages des
mannequins au succès, marqué par les ovations du public.
Tout autre est le traitement de Bonello qui, s’il en fait également le couronnement de
la carrière de Saint Laurent, en profite surtout pour montrer, par le procédé du splitscreen
(écran partagé), combien les souvenirs du couturier sont disparates. Le réalisateur dévoile à la
manière d’un tableau de Mondrian une vie en kaléidoscope, faite de fragments d’écran où il
est difficile de tirer un fil unique ou de produire un biopic linéaire.
Traitant du même sujet, les films Lespert et Bonello livrent pourtant deux conceptions
contrastées des souvenirs, l’une lumineuse et traçant un destin, l’autre sombre, énigmatique et
déstructurée.

 CHAPITRE 2 : J’ai oublié… : la nécessité de l’oubli ?


 Total Recall de Paul Verhoven, États-Unis, 1990

OBJECTIF 1 : Lire l’image


Faites observer l’affiche du film (cahier couleur p. III) et relire la rubrique CINÉ & Cie (p.
64-65). Puis demandez aux étudiants de répondre aux questions.

1. Quelles sont les composantes de l’image ?


Trois éléments se distinguent :
● Le visage d’Arnold Schwarzenegger dont une seule partie apparaît, ne laissant voir qu’un
œil qui regarde droit devant. Le reste du visage est coupé mais les contours de la partie du
visage qui apparaît sont rejetés dans l’ombre.
● Si la tonalité générale de l’affiche est sombre et en grande partie noire, une image en bas à
gauche attire l’attention par ses couleurs chaudes. Il s’agit d’une pyramide dont les contours
sont visibles grâce au contre-jour d’une flamme ou du Soleil et autour de laquelle tourne la
Terre. Il s’agit en fait de la pyramide de glace qui, sur Mars, permet de produire de l’air en
fondant, pyramide qu’avait trouvée Quaid avant d’avoir la mémoire effacée.
● Enfin, le troisième élément est le titre du film et le nom de l’acteur qui se détachent en
lettres blanches sur ce fond noir. Le titre est accompagné d’un sous-titre à valeur de slogan,

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« Voyage au centre de la mémoire », qui livre une piste d’interprétation pour le film ainsi
qu’un résumé de l’histoire.

2. Quelle est la totalité dominante des couleurs ? Pourquoi ?


La tonalité dominante de l’affiche est le noir et le dégradé des teintes sombres, passant
du gris foncé au bleu acier et glacial. Il s’agit pour Paul Verhoeven de suggérer que ce
« voyage au centre la mémoire » est une exploration des zones d’ombre de celle-ci. Les
ténèbres qui gagnent le visage de Schwarzenegger suggèrent que le travail du réalisateur
consistera à la fois à mettre en évidence l’oubli à l’œuvre dans tout souvenir mais aussi à
mettre en lumière les souvenirs oubliés. C’est ce que vient aussi suggérer le halo de lumière
autour de la pyramide en bas à gauche.

3. Comment est représenté le personnage d’Arnold Schwarzenegger ? Comment


l’interpréter au regard du rôle de l’oubli dans le film ?
Le visage de l’acteur est coupé de moitié et jeté pour une part dans l’ombre de manière
à souligner que l’oubli, représenté par les ténèbres, détermine son existence. Mais c’est
l’occasion également de suggérer que, sans souvenirs, l’homme ne peut savoir qui il est, que
la part d’ombre de l’oubli cache sa véritable identité. Le « voyage au centre de la mémoire »
est une odyssée de l’identité au bout de laquelle l’homme se connaîtra enfin, à la fin du film,
quand son amnésie aura cessé.

OBJECTIF 2 : Commentez le film


Visionnez avec vos étudiants le film et amenez-les à le commenter en répondant aux
questions.

1. Quel est le slogan de la société Recall ? Pourquoi fait-il immédiatement sens pour
Doug Quaid ?
Vue à plusieurs reprises dans le métro ou à la télé par Doug Quaid, la publicité de la
société Recall repose sur un jeu de mots simple : « to recall » signifie en anglais « se
souvenir ». Elle joue immédiatement sur la nouveauté de la technologie proposée : offrir aux
clients de Recall de se faire implanter des souvenirs d’expériences jamais vécues.
La publicité marque Quaid car elle montre des images de la planète Mars qui
l’interpellent. Il désire alors se faire implanter des souvenirs de Mars, pensant n’y être jamais
allé, alors que, précisément, sa mémoire étant mal effacée, ces images de Mars font appel en
lui à des souvenirs vécus mais diffus, soulignant le rôle ambigu et central joué par l’oubli
dans le processus mémoriel.
On pourra visionner ici avec la classe l’intégralité de la publicité tournée par
Verhoeven et seulement partiellement diffusée dans le film : https://vimeo.com/55088211

2. Observez l’utilisation des lumières dans le film : expliquez les choix de Paul
Verhoeven.
Deux tons de couleurs dominent et s’opposent par leur radicalité :
● En premier lieu, les teintes sombres et froides dominent la Terre et le monde autour de
Quaid dans la première partie du film. Elles suggèrent que le personnage, parce qu’il a eu ses

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souvenirs effacés, est comme mort à lui-même et qu’il évolue dans un monde mécanisé et
déshumanisé. Le personnage de Sharon Stone, blonde, ou le chauffeur de taxi-robot incarnent
cette part froide du monde de l’oubli.
● La seconde gamme de couleurs est chaude et renvoie explicitement au rouge des montagnes
de Mars. Ces couleurs, en dégradé d’orange et de rouge, renvoient de manière symbolique à la
chaleur des souvenirs et de l’humanité incidemment retrouvés sur la planète Mars. Rachel
Ticotin, qui interprète la brune Melina, incarne la part vivante et lumineuse de la vie et des
souvenirs de Quaid.

3. Dans quelle scène Quaid décide-t-il de partir pour Mars ? Retrouve-t-il alors la
mémoire ?
C’est lors de sa cavale pour fuir le personnage de Michael Ironside que Quaid
découvre une valise apportée par un agent dans laquelle se trouve une vidéo lui intimant
l’ordre d’aller sur Mars pour retrouver sa mémoire. La vidéo ne peut que troubler le
personnage puisqu’il s’agit d’une vidéo de lui-même enregistrée quelque temps auparavant et
est censée le prévenir, si les choses tournent mal, de ce qu’il devrait faire pour retrouver la
mémoire.
Au cours de son voyage tumultueux sur Mars, Quaid retrouve progressivement la
mémoire.

 CHAPITRE 3 : Nous nous souvenons : entre mémoire et oubli


 Persepolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronaud, France, 2007

OBJECTIF 1 : Lire l’image


Faites observer l’affiche du film (cahier couleur p. V) et relire la rubrique CINÉ & Cie (p.
114-115). Puis demandez aux étudiants de répondre aux questions.

1. Quelles sont les composantes de l’image ? Comment expliquez-vous le choix des


couleurs ?
Trois éléments se distinguent :
● Le visage du personnage de Marjane adulte vu de profil qui, les yeux fermés, semble être
pensif. Peut-être faut-il y voir Marjane qui repense à son passé et repasse mentalement des
images de son enfance.
● La bulle centrale, par endroits cernée de turquoise, au sein de laquelle prennent place cinq
personnages sur le canapé de l’appartement familial à Téhéran : en haut, de gauche à droite, la
mère et le père de Marjane, son oncle ; sur le canapé, la grand-mère adorée de la jeune
Marjane assise à ses côtés.
● Enfin le titre dont les lettres blanches se détachent nettement du fond noir qui domine
l’ensemble de l’affiche.

2. Que représente la bulle ? Quel message livre-t-elle ?


La bulle assume une double fonction :

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● Elle ressemble à une bulle de bande dessinée, précisément celle utilisée quand on veut
montrer ce que pense un personnage. Persepolis est en effet adapté du roman graphique
éponyme de Marjane Satrapi.
● La bulle évoque aussi un souvenir d’enfance sous la forme d’une image à laquelle Marjane
adulte repenserait. Ce souvenir, d’apparence individuel, prend une valeur collective : il est
d’abord familial puisque c’est de l’ensemble de sa famille dont il est question sur l’image.
Mais ce souvenir appartient sans doute à une collectivité plus large que les arabesques en haut
et en bas à droite viennent souligner : c’est du destin national de l’Iran qu’il sera aussi
question dans le film.

3. Observez le visage du personnage de Marjane à gauche de l’affiche : que remarquez-


vous ? Quelle est la portée symbolique de cette attitude ?
Marjane, vue de profil, a les yeux fermés. Trois interprétations sont possibles :
● On peut y voir un personnage méditant et réfléchissant à son existence : Persepolis invite à
une réflexion sur l’interaction de la mémoire individuelle et la mémoire collective à travers le
destin de Marjane.
● Ce personnage peut aussi être en train de dérouler le film intérieur de ses souvenirs. Marjane
repense aux épisodes clés de son existence qui lui ont permis d’être l’adulte qu’elle est
devenue.
● Enfin, on peut comprendre que le personnage de Marjane ferme symboliquement les yeux et
refuse de voir les épisodes les plus douloureux de son existence, comme les morts de sa
grand-mère et son oncle. Peut-être l’exercice du souvenir se révèle-t-il une épreuve
insoutenable tant elle reste habitée par le chagrin.

OBJECTIF 2 : Commentez le film


Visionnez avec vos étudiants le film puis amenez-les à le commenter en répondant aux
questions.

1. Pourquoi certaines scènes sont-elles en couleur ?


Persepolis alterne des scènes en couleur et en noir et blanc selon une distinction
symbolique qui souligne le fonctionnement de la mémoire :
● Les scènes récentes sont en couleur, attestant de la vivacité du présent.
● Selon une convention cinématographique établie, les scènes du passé sont traitées en noir et
blanc.
Le jeu d’alternance entre couleur et noir et blanc permet à Satrapi et Paronnaud de
souligner combien passé collectif et présent individuel ne cessent d’agir l’un sur l’autre.

2. Quel rôle joue la grand-mère de Marjane ? Pourquoi est-elle présente tout au long du
film ?
Personnage omniprésent dans l’enfance de Marjane, la grand-mère assume une triple
fonction auprès de l’héroïne et dans la conduite même du film :
● une fonction sentimentale et affective : la grand-mère joue le rôle d’un repère familial d’une
infaillible stabilité au milieu des événements nationaux et intimes si mouvementés ;

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● une fonction narrative : présente tout au long du film, elle permet à Satrapi et Paronnaud
d’assurer une continuité narrative et de rythmer le récit en revenant de séquence en séquence ;
● une fonction symbolique : traversant tous les événements, la grand-mère représente comme
l’oncle la rencontre du destin individuel avec la mémoire nationale. Se souvenir de sa grand-
mère revient ainsi à raconter un passé aussi bien intime que collectif.

3. Quelle réflexion sur le souvenir suggère la scène finale ?


Arrivée à l’aéroport d’Orly, Marjane, prend un taxi qui la mène de nouveau à Paris. En
couleur, la séquence s’interrompt brusquement pour céder la place à un écran noir où ne
résonnent que les voix de Marjane enfant échangeant avec sa défunte grand-mère. Le film
s’achève donc sur un mouvement de retour qui est celui du souvenir : à la manière d’une
boucle, Marjane engagée dans ce taxi repense à cette scène d’enfance qui va faire surgir toute
la mémoire individuelle et avec elle la mémoire de l’Iran et de ses vicissitudes historiques.
Scène finale, cette séquence n’est peut-être que le point de départ du récit du souvenir.

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Partie II
Quatre parcours guidés
pour utiliser les documents de l’anthologie

En plus de l’organisation thématique en trois chapitres de l’anthologie, réunissant près


de 50 documents, nous proposons ici quatre parcours pédagogiques guidés à travailler avec
vos étudiants. Répartis en quatre questions clés, posées dans la rubrique « Sujets blancs
guidés » de l’anthologie (p. 169-172), chacun de ces parcours comprend trois objectifs
pédagogiques à atteindre avec les étudiants pour mieux cerner les problématiques et enjeux de
du thème au programme.
Chacun de ces parcours s’appuie sur 8 ou 9 documents qui, en plus des trois questions
proposées dans l’anthologie, offre des pistes de travail à l’enseignant afin de préparer
l’étudiant à la recherche d’arguments et d’exemples précis, utiles tant pour la synthèse de
documents que pour l’expression personnelle.
Ces quatre parcours se concluent par le corrigé, sous forme de plans détaillés, des 4
sujets blancs guidés proposés dans l’anthologie (p. 169-172). Pour réussir la synthèse de
documents et l’écriture personnelle, les étudiants pourront s’appuyer sur les deux premières
fiches méthodologiques qui figurent dans l’anthologie (« Construire une synthèse de
documents » et « Traiter un sujet d’écriture personnelle », p. 173-177). Ils pourront aussi
consulter avec profit les autres fiches méthodologiques (Analyser un texte d’idées »,
« Analyser une image », « Les différentes formes de discours », p. 178-183).

 PARCOURS 1 : SE SOUVENIR, EST-CE SE CONSTRUIRE ?

OBJECTIFS
Trois objectifs président à cette séquence de découverte de la question des liens entre
souvenirs et identité :
1/ examiner le rôle des souvenirs dans la construction de la personnalité et se demander
comment le passé peut être formateur ;
2/ tisser des liens entre mémoire individuelle et mémoire collective, et souligner leur intime
articulation ;
3/ apprendre à nuancer son propos en vue de l’expression personnelle en mettant en lumière le
rôle de l’oubli dans la construction d’une identité.

CORPUS : 8 DOCUMENTS DE TRAVAIL


 DOC 5 : J. M. G. LE CLEZIO, L’Africain (p. 25)
Par l’examen du texte de Le Clézio, il s’agit de mettre en évidence le rôle introspectif
et explicatif du souvenir : revenir sur le passé ne consiste pas revenir sur ce qui est figé, car

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celui-ci est encore actif et vivant. Dans le cas de Le Clézio, son amour toujours vivace pour
l’Afrique s’explique notamment par ses souvenirs d’enfance.

 DOC 9 : M. A. CONWAY ET P. PIOLINO, « Tous les rouages de notre identité » (p. 33)
Cet article, signé par deux chercheurs sur la mémoire, est à lire en contrepoint du texte
de Le Clézio : il peut constituer un appui théorique pour définir quels rouages de l’identité
sont en jeu dans la mémoire. Le souvenir a une fonction existentielle sinon ontologique : il
ouvre à la connaissance de soi.

 DOC 10 : B. MALLEVRE, « Les souvenirs d’enfance s’invitent à l’âge adulte » (p. 37)
Articulé au précédent, cet article est plus illustratif et montre concrètement le rôle joué
par le rappel du passé et de l’enfance dans la vie adulte. Chacun se construit dans le présent
en accord avec son passé.

 DOC 11 : G. PEREC, Je me souviens (p. 41)


Perec liste ici les souvenirs qui, en cascade, lui reviennent de son enfance. Ces 480
souvenirs lui permettent de dresser, à travers les souvenirs communs à une génération, son
autoportrait indirect et fragmenté.

 DOC 22 : A. DUPEREY, Le Voile noir (p. 73)


Anny Duperey, qui ne peut retrouver ses souvenirs d’avant la mort de ses parents,
souligne ici combien l’oubli est, au même titre que la mémoire, fondateur et participe à la
construction de soi.

 DOC 26 : B. CYRULNIK, Je me souviens… (p. 86)


Articulés au précédent texte d’Anny Duperey, ces souvenirs du neurologue Boris
Cyrulnik constituent le nécessaire contrepoint au rôle de la mémoire dans la détermination
identitaire. Se développe ici l’idée centrale de la résilience, le nécessaire oubli revêt une
dimension thérapeutique qui permet à celui qui s’y livre de se construire sans être mis en
danger par de terribles souvenirs.

 DOC 34 : ARBRE GENEALOGIQUE DE LA FAMILLE HABSBOURG (p. 120)


Ce document développe un dernier aspect, central, pour la question du souvenir et de
la formation de l’identité : l’articulation de la mémoire individuelle et de la mémoire
collective. L’arbre généalogique témoigne de la mémoire familiale : faire partie d’une famille,
c’est se souvenir de son passé mais aussi subir l’influence exercée par les souvenirs de ses
autres membres. Être soi, c’est partager une mémoire plurielle.

 DOC 35 : R. BRASSEUR, Je me souviens encore mieux de Je me souviens : notes pour Je


me souviens de Georges Perec à l’usage des générations oublieuses et des celles qui ne
l’ont jamais lu (p. 121)
Libre variation sur le texte de Perec, ce texte de Brasseur développe à partir de Je me
souviens un portrait non plus personnel mais générationnel. La mémoire individuelle de Perec

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n’est que l’écho d’une mémoire collective que tous ceux qui ont vécu à la même époque
partagent et que Brasseur veut transmettre.

SUJET BLANC GUIDE N° 1 : SE SOUVENIR, EST-CE SE CONSTRUIRE ? (→ Anthologie,


p. 169)
DOC 5 : J. M. G. LE CLEZIO, L’Africain (p. 25)
DOC 10 : B. MALLEVRE, « Les souvenirs d’enfance s’invitent à l’âge adulte » (p. 37)
DOC 11 : G. PEREC, Je me souviens (p. 41)
DOC 35 : R. BRASSEUR, Je me souviens encore mieux de Je me souviens : notes pour Je me
souviens de Georges Perec à l’usage des générations oublieuses et des celles qui ne l’ont
jamais lu (p. 121)

Plan de la synthèse de documents

I. Se souvenir, un exercice pour se connaître ?


a. La connaissance de soi par le souvenir
b. L’interaction permanente du passé avec le présent

II. Le souvenir d’enfance fondateur


a. Aux origines de l’individu
b. Fonction explicative du souvenir

III. Se souvenir : construire le lien social ?


a. Se souvenir : un exercice collectif ?
b. Se souvenir, un geste social

Plan de l’écriture personnelle

I. Le souvenir, outil de l’identité


a. La connaissance de soi par le souvenir
b. La fonction sentimentale du souvenir
c. De la mémoire individuelle à la mémoire collective

II. L’oubli, élément clef de la mémoire


a. Oublier, c’est vivre
b. Oublier, c’est se protéger
c. Lutter contre l’oubli, c’est se souvenir et se construire

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 PARCOURS 2 : L’OUBLI, UN DROIT ?

OBJECTIFS
Trois objectifs président à ce deuxième parcours qui vise à mettre en évidence l’oubli
comme droit. Il s’agit de :
1/ mettre en lumière le rôle fondateur de l’oubli dans la mémoire ;
2/ distinguer les différents rôles de l’oubli et souligner sa nécessité ;
3/ montrer la mise en œuvre morale puis juridique de l’oubli comme droit.

CORPUS : 9 DOCUMENTS DE TRAVAIL


 DOC 16 : A. COHEN, Le Livre de ma mère (p. 52)
Ce premier texte autobiographique d’Albert Cohen idéalise ses souvenirs d’enfance en
les embellissant. Mais le mensonge est peut-être ici un voile permettant de recouvrir le passé
et d’oublier ce qui pouvait faire souffrir ou faire honte. Oublier, ce serait se protéger.

 DOC 17 : S. FREUD, Le Roman familial des névrosés (p. 54)


Pour Freud, les souvenirs idéalisés prennent une valeur curative. Remplacer ses
parents par une autre image permet d’occulter sinon oublier ce qui fait souffrir l’individu dans
la vie réelle. L’oubli devient le moteur du roman familial et permet à chacun de vivre selon
l’image qu’il veut donner de lui-même.

 DOC 23 : F. GAILLARD, « J’ai une excellente mémoire, j’oublie tout » (p. 76)
Venant appuyer les deux textes précédents, cet entretien avec Simon-Daniel Kipman
pose l’idée de l’oubli comme vertu. Loin d’être négatif, il devient une chance de vivre comme
on le désire et constitue un élément moteur du fonctionnement mémoriel. Oublier, c’est vivre.

 DOC 27 : M. GONDRY, Eternal Sunshine of The Spotless Mind (p. 89)


Le film de Michel Gondry présente un cas concret d’oubli concerté : l’héroïne choisit
d’oublier une relation amoureuse afin de commencer une nouvelle vie. En écho à l’entretien
de Kipman, l’oubli n’est pas ici une fatalité mais une seconde chance de vivre.

 DOC 29 : CHARTE DU DROIT A L’OUBLI (p. 94)


Ce texte explore le versant juridique du droit à l’oubli face à l’hypermnésie permise
par Internet. Réclamer à être oublié peut être une nécessité pour que la vie en société se
déroule en bonne harmonie.

 DOC 31 : C. LUMET, « Droit à l’oubli : j’ai disparu pendant un an » (p. 101)


Cet article, s’appuyant sur la collecte de témoignages, est à la jonction des
préoccupations ontologique et citoyenne à l’œuvre dans la revendication du droit à l’oubli. Si
certains désirent se faire oublier et recommencer leurs existences, il leur faut un cadre
juridique qui leur permette de se protéger et d’effacer leur précédente vie.

 DOC 46 : T. ALJIBE, « Dictature Marcos : le président philippin Benigno Aquilino


plaide pour l’oubli (p. 153)
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Au-delà de l’aspect citoyen, l’oubli peut revêtir une dimension politique. Oublier les
crimes d’une dictature, c’est réclamer la possibilité de recommencer à vivre sans ouvrir des
débats fratricides qui jetteraient le pays dans un nouveau chaos.

 DOC 47 : M. AUGE, Les Formes de l’oubli (p. 156)


À la manière d’une synthèse, Marc Augé réclame non un droit à l’oubli mais un devoir
d’oubli dont il affirme la nécessité, qu’elle soit ontologique, politique ou artistique.

 DOC 49 : C. TASSEL, « Paul Ricœur, la juste mémoire » (p. 162)


Ultime texte de ce parcours, cet article consacré à Paul Ricœur apporte un contrepoint
sur l’oubli que l’étudiant pourra utiliser pour l’expression personnelle comme dépassement
des oppositions. Pour Ricœur, l’oubli ne doit pas être une force venant remplacer la mémoire
mais doit permettre à la mémoire d’œuvrer au pardon et à l’éclosion d’une juste mémoire.

SUJET BLANC GUIDE N° 2 : L’OUBLI, UN DROIT ? (→ Anthologie, p. 170)


DOC 27 : M. GONDRY, Eternal Sunshine of The Spotless Mind (p. 89)
DOC 29 : CHARTE DU DROIT A L’OUBLI (p. 94)
DOC 46 : T. ALJIBE, « Dictature Marcos : le président philippin Benigno Aquilino plaide
pour l’oubli (p. 153)
DOC 47 : M. AUGE, Les Formes de l’oubli (p. 156)

Plan de la synthèse de documents

I. L’oubli, un outil
a. L’oubli, un outil à la connaissance de soi
b. L’oubli, un droit civique

II. L’oubli, une vertu


a. L’oubli, une manière de se protéger
b. L’oubli, une vertu politique

III. L’oubli, un droit ou un devoir ?


a. L’oubli, une nécessité contemporaine
b. Le devoir d’oubli contre l’euphorie de la mémoire

Plan de l’écriture personnelle

I. L’oubli, de la défaillance à l’outil


a. Dépasser le rôle négatif de l’oubli
b. L’oubli, cœur de la mémoire
c. L’oubli, un outil existentiel et politique

II. Le devoir d’oubli

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a. Lutter contre les abus de la mémoire


b. L’oubli comme droit de l’homme
c. Vers la définition d’une juste mémoire, entre souvenir et oubli

 PARCOURS 3 : UN CULTE DE LA MEMOIRE ?

OBJECTIFS
Trois objectifs président à ce nouveau parcours pédagogique autour de la question de
la mémoire nationale et, notamment, son culte commémoratif. Il faudra examiner :
1/ ce qu’il faut entendre par mémoire nationale et collective et voir comment elle s’articule à
la mémoire individuelle et intime ;
2/ comment le culte de la mémoire s’organise en hommages et commémorations ;
3/ la question de l’abus et chercher à la nuancer.

CORPUS : 9 DOCUMENTS DE TRAVAIL


 DOC 14 : M. PROUST, Du côté de chez Swann (p. 46)
Ce premier extrait permet de faire un point de définition sur la différence entre
mémoire individuelle et mémoire collective. Proust convoque ici la mémoire involontaire
dont le mécanisme rappelle combien la mémoire naît d’abord, paradoxalement, de l’oubli.

 DOC 15 : P. VERLAINE, « Chanson d’automne » (p. 51)


Ce poème de Verlaine permet de poser une nouvelle limite au sujet : si la mémoire
joue un rôle fondateur et formateur dans les existences individuelles et collectives, elle
comporte une limite. L’homme peut s’y enfermer, être victime de nostalgie. La mémoire doit
alors toujours s’accompagner d’un regard critique sous peine de commettre des erreurs
d’appréciation du passé et de passer à côté du présent.

 DOC 25 : J. ANOUILH, Le Voyageur sans bagage (p. 83)


Cet échange théâtral permet de montrer que loin d’être toujours un bienfait, la
mémoire peut être un poids dont certains, à l’image du protagoniste, cherche à se débarrasser.
Quel rôle doit jouer l’oubli dans le processus mémoriel ? Telle est la question que doivent se
poser les étudiants avant de réfléchir à l’importance de la restauration de la mémoire d’un fait
sombré dans l’oubli.

 DOC 36 : J. -P. GUENO, Paroles de poilus. Lettres et carnets du front (1914-1918)


(p. 124)
Ces lettres de Poilus de la Grande Guerre permettent de voir comment la mémoire
individuelle glisse vers la mémoire collective et nationale. Célébrer l’événement, c’est rendre
hommage et justice à l’ensemble des soldats qui, individuellement, y ont participé. Le devoir
de mémoire n’est donc pas uniquement collectif mais renvoie à des enjeux personnels.

 DOC 39 : P. NORA, Les Lieux de mémoire (p. 131)

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Fondateur, ce texte de l’historien Pierre Nora définit le concept de lieu de mémoire en


détachant la mémoire du lieu physique pour l’ériger en rite plus large de nos sociétés
contemporaines. Rendre hommage fait partie du devoir des nations et a pour objectif de
fédérer le peuple autour de son histoire.

 DOC 40 : D. REVAULT D’ALLONNES, « En Guadeloupe, Hollande rappelle la “nature


irréparable” du crime de l’esclavage » (p. 134)
Cet article de presse offre un cas concret de devoir de mémoire qui permet d’illustrer
le texte de Nora. Le mémorial de l’esclavage offre à la France la chance de revenir sur un
crime dont elle reconnaît la responsabilité. Évoquer la culpabilité constitue l’élément clef du
devoir de mémoire.

 DOC 44 : M.-V. BERNARD, « Pourquoi les hommes politiques tiennent-ils tant au


devoir de mémoire » (p. 144)
Cet entretien permet de mettre en lumière les réserves et les limites à avoir quant au
devoir de mémoire. S’il a pu être une nécessité devant le silence des autorités, le devoir de
mémoire est une pratique qui, plus que citoyenne, est devenu un instrument politique dont
usent et abusent les hommes d’État.

 DOC 45 : T. TODOROV, Les Abus de la mémoire (p. 150)


Dans cet extrait de son essai volontiers polémique, Todorov montre combien les lois
mémorielles peuvent faire sombrer le devoir dans l’excès. À trop se souvenir peut-on vivre le
présent ? Le passé ne fait-il pas écran à l’avenir ? Ne peut-on pas parler d’une nouvelle
religion d’État qui repose sur le culte de la culpabilité et empêche de regarder vers le futur ?

 DOC 48 : O. ABEL, Le Pardon, la dette et l’oubli (p. 159)


Ce dernier texte s’offre comme le contrepoint à l’ensemble des réflexions offertes
précédemment sur le devoir de mémoire, son culte et ses limites. Loin de se fermer sur la
question des abus et dérives, il offre un dépassement de la question par la notion de pardon
qui permet, lors de l’expression personnelle, de trouver des éléments d’argumentation propres
à relancer le débat.

SUJET GUIDE BLANC N° 3 : UN CULTE DE LA MEMOIRE (→ Anthologie, p. 171)


DOC 39 : P. NORA, Les Lieux de mémoire (p. 131)
DOC 44 : M.-V. BERNARD, « Pourquoi les hommes politiques tiennent-ils tant au devoir
de mémoire » (p. 144)
DOC 45 : T. TODOROV, Les Abus de la mémoire (p. 150)
DOC 48 : O. ABEL, Le Pardon, la dette et l’oubli (p. 159)

Plan de la synthèse de documents

I. La mémoire, un devoir ?
a. Lieu et devoir de mémoire

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b. Les lois mémorielles

II. Un culte du devoir de mémoire ?


a. La mémoire, nouvelle religion de d’État ?
b. L’éternelle repentance

III. Vers l’oubli et le pardon


a. Le devoir d’oubli
b. Oublier la dette morale : le pardon

Plan de l’écriture personnelle

I. De la mémoire à l’hyper-mémoire
a. Réparer l’oubli par le devoir de mémoire
b. La nécessité du devoir de mémoire
c. Assumer le passé et se repentir

II. Le devoir d’oubli


a. Les dérives et limites du devoir de mémoire
b. Vers un devoir d’oubli ?
c. Le pardon : la notion de « juste mémoire »

 PARCOURS 4 : COMMENT GARDER LA MEMOIRE VIVANTE ?

OBJECTIFS
Trois objectifs président à cet ultime parcours qui traite des mécanismes permettant à
la mémoire de demeurer vive et présente :
1/ montrer combien la mémoire n’appartient pas au passé mais œuvre à chaque instant au
présent ;
2/ observer et étudier ce qui permet de conserver un souvenir toujours présent ;
3/ s’interroger sur les buts et les fonctions de l’entretien de la mémoire individuelle et
collective.

CORPUS : 9 DOCUMENTS DE TRAVAIL


 DOC 3 : H. BERGSON, Matière et mémoire : essai sur la relation du corps à l’esprit
(p. 19)
Dans cet essai, Bergson définit le caractère vivant de la mémoire. Elle n’est pas un
simple stockage de données, car les souvenirs sont une permanente reconstruction, mais une
synthèse active où le passé est tout sauf passif.

 DOC 6 : G. SAND, Histoire de ma vie (p. 27)


Cet extrait des mémoires de George Sand offre une illustration concrète du rôle que
peut revêtir la mémoire au présent. Écrire ses mémoires permet de transmettre ses souvenirs
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et d’assigner une triple fonction à la mémoire vivante : une fonction sentimentale (chérir ses
parents disparus) ; une fonction morale (rendre hommage à ses parents disparus et leur
indéfectible affection) ; enfin, une fonction existentielle (expliquer de qui l’on tient tel ou tel
trait de caractère).

 DOC 8 : A. ERNAUX, photo extraite d’Écrire la vie (p. 32)


Cette photo constitue un souvenir de famille cher à Annie Ernaux qui pose ici avec sa
mère devant le café-épicerie de ses parents. Ce document permet à l’étudiant de comprendre
que la photographie est pour beaucoup un outil du déclenchement du souvenir, mais aussi
l’outil le plus répandu de sa conservation : photographier, c’est transmettre un souvenir.

 DOC 22 : A. DUPEREY, Le Voile noir (p. 73)


Ce texte d’Anny Duperey permet d’apporter un contrepoint à la conservation de la
mémoire : tout passé procède de l’oubli et sa place demeure centrale dans le processus
mémoriel, qu’il s’agisse d’un oubli désiré ou subi. L’oubli est au cœur de la question de
l’existence de la mémoire.

 DOC 28 : A. ERNAUX, Les Années (p. 91)


Ce texte d’Annie Ernaux met l’accent sur l’hyper-mémoire de notre époque, reflet de
la mémoire sans limite de l’ordinateur et du Web. Pour Ernaux, cette dénonciation repose
d’abord sur cette mémoire qui n’est qu’artifice et ne génère, paradoxalement, que de l’oubli.
C’est pourquoi, implicitement, l’auteur œuvre à une écriture qui, elle seule, peut conserver et
retenir la vie dans et par le souvenir.

 DOC 38 : VIRGILE, L’Énéide (p. 129)


Ce texte épique fait état de l’un des premiers lieux commémoratifs de l’histoire : la
stèle pour rappeler la mort de Palinure. Conserver la mémoire, c’est l’entretenir, la faire vivre
dans le présent en en gardant témoignage : la pierre dressée est ici le signe du passé. La
commémoration participe alors de la mémoire vivante.

 DOC 41 : J. SEMPRUN, L’Écriture ou la vie (p. 138)


Le témoignage de sa vie dans les camps fut écrit par Jorge Semprun près de quarante
ans après sa terrible expérience. Pour l’auteur, écrire participe du travail de mémoire, du
témoignage contre l’oubli en faisant connaître l’effroyable vie dans les camps. Témoigner
entretient une mémoire vive du passé.

 DOC 42 : P. MODIANO, Dora Bruder (p. 141)


Dans le même esprit que le texte de Semprun, Modiano travaille à la conservation de
la mémoire à travers la figure de Dora Bruder. Il veut retrouver les traces de cette jeune
femme pour ne pas perdre le souvenir des souffrances et les garder vives dans leur douleur.
Conserver la mémoire et retrouver des souvenirs assumerait alors une double fonction :
didactique car on apprend toujours du passé ; existentielle car le souvenir vient alimenter le
présent et le guider.

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 DOC 49 : C. TASSEL, « Paul Ricœur, la juste mémoire » (p. 162)


Cet ultime article qui évoque la pensée de la mémoire chez Paul Ricœur permet à
l’étudiant de cerner combien il doit toujours pondérer son discours et puiser dans les textes
des arguments permettant de nuancer son propos dans l’expression personnelle. La mémoire
ne peut demeurer vivante que si on n’abuse pas du devoir de mémoire. Se souvenir, c’est
savoir aussi pardonner, sans oublier, pour maintenir du passé dans une vision juste.

SUJET BLANC GUIDE N° 4 : COMMENT GARDER LA MEMOIRE VIVANTE (→ Anthologie,


p. 172)
DOC 6 : G. SAND, Histoire de ma vie (p. 28)
DOC 22 : A. DUPEREY, Le Voile noir (p. 73)
DOC 41 : J. SEMPRUN, L’Écriture ou la vie (p. 138)
DOC 49 : C. TASSEL, « Paul Ricœur, la juste mémoire » (p. 162)

Plan de la synthèse de documents

I. Le passé, force active


a. La fonction sentimentale du souvenir
b. La fonction vitale du souvenir

II. Témoigner pour vivre


a. Se souvenir, c’est survivre
b. Se souvenir, c’est refuser d’oublier

III. La mémoire par-delà les morts


a. La fonction morale du souvenir : rendre hommage
b. Se souvenir pour être juste

Plan de l’écriture personnelle

I. La mémoire, outil du présent


a. La fonction vitale du souvenir
b. La fonction sentimentale du souvenir
c. La fonction émancipatrice et libératoire du souvenir

II. La mémoire, outil de l’avenir


a. La mémoire, un devoir de vivre
b. Retenir les leçons du passé
c. Oublier, pardonner : les leçons de l’avenir

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Partie III
Traiter le sujet d’annales 2015

Cette dernière partie du guide pédagogique présente le sujet donné en métropole à


l’examen en 2015. Il est accompagné d’une analyse des documents et de la suggestion d’un
plan pour la synthèse de documents et d’un plan pour traiter le sujet d’écriture personnelle.

 Le sujet

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 Analyse des documents et plans pour la synthèse de documents et pour


l’écriture personnelle

1. Présentation des documents et mise en évidence des idées

Document 1
Dans cet essai, trois arguments majeurs se détachent sur la question du vintage :
● Le vintage est une mode récente née dans les années 2000. Elle consiste à multiplier les
objets rétro, datant des années 1950 pour l’essentiel. Cette mode appartient à la génération
dite Y, née dans les années 1980.
● Le vintage témoigne d’un culte de l’objet et d’une fascination pour le passé à la manière
d’une nostalgie.
● Le vintage traduit enfin une incompréhension générationnelle et un fossé de valeurs entre
les baby boomers, les parents, et la génération Y, leurs enfants, génération dite des digital
natives : aux premiers la révolte sociale et intellectuelle, aux seconds la création et le
conformisme économique. Le vintage se donne ainsi comme une nouvelle manière d’aborder
le monde et la société, entre passé et modernité.

Document 2
Dans cet entretien de Didier Ludot, spécialiste de mode, trois nouveaux arguments
permettent de venir préciser une définition de la notion de vintage et de ses usages :
● Le vintage s’impose comme une valeur qui permet de se rassurer devant une modernité
toujours plus vague. On pourrait parler d’une valeur refuge.
● Le vintage s’offre comme un trésor : une pièce permet de se distinguer dans l’attitude et
l’allure. Chercher l’objet rare revient à cultiver la singularité de son identité contre
l’uniformisation.
● Enfin, le vintage atteste qu’il n’y a plus de mode : c’est même une anti-mode, le temps et
l’histoire ont valeur de savoir-faire contre l’éphémère de la modernité.

Document 3
Dans ce texte romanesque de Nathalie Sarraute, trois nouvelles idées viennent
compléter une approche du goût pour certains objets rares et précieux :
● Une opposition se dessine entre objets esthétiques et objets pratiques : Gisèle veut des objets
purement fonctionnels quand le fils désire allier le beau à l’utile.
● Un conflit de générations se dessine, comme pour le vintage, entre une mère et son fils dont
elle ne comprend pas les goûts.
● Le culte de l’objet vire à la manie, à la frénésie sinon à la folie. Ce goût pour la bergère
d’époque se développe au détriment du reste, et cela jusqu’à perdre le sens des réalités.

Document 4
Cette affiche pour une manifestation sportive met également en avant le goût pour le
vintage dit ici « mode rétro ». Trois idées principales peuvent être dégagées :

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● Le couple au centre de l’affiche donne l’impression d’un bonheur partagé. Leurs vêtements
attestent également d’une allure vintage : ils évoquent les années 1950-1960 et, incidemment,
une certaine idée de la joie de vivre.
● Il ne s’agit pas ici d’une course de vélo mais d’une « rando » : la compétitivité cède la place
au pur plaisir et la joie du partage. L’insouciance est de mise : l’esthétique de l’affiche, très
années 1950, renvoie également au temps idéalisé des Trente Glorieuses où n’existait pas la
menace permanente du chômage.
● Enfin, la mode rétro permet d’échapper au présent en présentant cette randonnée comme un
âge d’or que chacun voudrait revivre. Le rétro n’est plus ici seulement un divertissement, il
est aussi bien un art de vivre qu’une réponse idéologique à la morosité actuelle.

2. Suggestion d’un plan détaillé pour la synthèse de documents


et d’un plan détaillé pour l’écriture personnelle

Compte tenu des différentes orientations des documents, on peut suggérer le plan de
synthèse suivant.

Plan de la synthèse de documents

I. Le rétro, une mode


a. Un goût cultivé et culturel pour les objets du passé et le passé comme objet
b. Éloge du goût : le vintage comme trésor

II. Le vintage : une valeur révélatrice


a. Le vintage : cultiver sa personnalité contre l’uniformisation des objets
b. Le vintage comme marqueur générationnel

III. Le vintage comme valeur refuge


a. Un refuge dans le passé
b. Une réponse à la morosité actuelle

Plan de l’écriture personnelle

I. Le rétro, une simple mode ?


a. La recherche de l’objet rare
b. Le snobisme du vintage
c. Cultiver sa personnalité

II. Le rétro, une valeur profondément idéologique


a. Au-delà de la mode : un révélateur social et économique
b. Un marqueur générationnel
c. Une valeur refuge contre la morosité du présent

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