Je me souviens
GUIDE PEDAGOGIQUE PAR JOHAN FAERBER
SOMMAIRE
Le sujet 20
Analyse des documents et plans pour la synthèse
de documents et pour l’écriture personnelle 28
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Les deux premières parties du guide pédagogique sont consacrées à l’utilisation des
documents de l’anthologie. Si elle s’organise en trois grands chapitres traitant chacun des
problématiques inhérentes au thème, l’anthologie peut être exploitée de différentes manières
que nous proposons ici.
Un premier temps peut consister à entrer dans le sujet par les sections initiales CINÉ &
Cie : le film visionné en classe ouvre à des discussions, débats et questionnements productifs
chez les étudiants.
Dans un second temps sont proposés quatre parcours pédagogiques afin de préparer les
étudiants aux différentes problématiques. Chacun de ces quatre parcours se construit autour
de la préparation de sujets blancs de BTS. On trouvera à la fin de chacun des parcours le
corrigé de la synthèse de documents et de l’expression personnelle des « sujets blancs
guidés » de l’anthologie.
Partie I
Entrer dans le thème par un film ( CINÉ & Cie)
Deux films sont ici proposés à l’étude qui, portant tous les deux sur la vie du couturier
Yves Saint Laurent, permettent d’étudier les mécanismes du souvenir et le rôle de la mémoire
dans un genre cinématographique qu’il est désormais convenu d’appeler le biopic. Yves Saint
Laurent de Jalil Lespert et Saint Laurent de Bertrand Bonello, sortis en 2014, constituent
aussi une introduction aux problématiques de la mémoire individuelle.
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1. Par quel procédé Jalil Lespert met-il en scène l’évocation des souvenirs de Pierre
Bergé ?
S’appuyant sur les souvenirs de Pierre Bergé et la biographie autorisée par ce dernier,
le film de Jalil Lespert recourt, pour présenter la vie de Saint Laurent, au procédé de la voix
off. C’est Pierre Bergé, amant de Saint Laurent, qui raconte et guide le récit rétrospectif et
linéaire des événements marquants du parcours du couturier.
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reconstruction permanente qui donne de Saint Laurent une image d’homme fragmenté et
changeant.
3. Comparez les deux scènes finales où chaque réalisateur met en scène le fameux défilé
russe de 1976. En quoi sont-elles révélatrices de la manière dont les metteurs en scène
interrogent les souvenirs dans chaque biopic ?
Aussi différents soient-ils dans leur reconstitution de la vie de Saint Laurent, chacun
de ces deux films s’achève sur le même triomphal défilé russe du couturier qui consacra sa
gloire en 1976. Mais leur traitement révèle comment chacun des réalisateurs traite le thème du
souvenir.
Ainsi, chez Lespert, le défilé est présenté comme le couronnement de la carrière du
styliste et le dénouement d’un récit linéaire. Ultime étape d’une success-story aux accents
hollywoodiens, le défilé est filmé étape par étape, des affres de la création aux essayages des
mannequins au succès, marqué par les ovations du public.
Tout autre est le traitement de Bonello qui, s’il en fait également le couronnement de
la carrière de Saint Laurent, en profite surtout pour montrer, par le procédé du splitscreen
(écran partagé), combien les souvenirs du couturier sont disparates. Le réalisateur dévoile à la
manière d’un tableau de Mondrian une vie en kaléidoscope, faite de fragments d’écran où il
est difficile de tirer un fil unique ou de produire un biopic linéaire.
Traitant du même sujet, les films Lespert et Bonello livrent pourtant deux conceptions
contrastées des souvenirs, l’une lumineuse et traçant un destin, l’autre sombre, énigmatique et
déstructurée.
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« Voyage au centre de la mémoire », qui livre une piste d’interprétation pour le film ainsi
qu’un résumé de l’histoire.
1. Quel est le slogan de la société Recall ? Pourquoi fait-il immédiatement sens pour
Doug Quaid ?
Vue à plusieurs reprises dans le métro ou à la télé par Doug Quaid, la publicité de la
société Recall repose sur un jeu de mots simple : « to recall » signifie en anglais « se
souvenir ». Elle joue immédiatement sur la nouveauté de la technologie proposée : offrir aux
clients de Recall de se faire implanter des souvenirs d’expériences jamais vécues.
La publicité marque Quaid car elle montre des images de la planète Mars qui
l’interpellent. Il désire alors se faire implanter des souvenirs de Mars, pensant n’y être jamais
allé, alors que, précisément, sa mémoire étant mal effacée, ces images de Mars font appel en
lui à des souvenirs vécus mais diffus, soulignant le rôle ambigu et central joué par l’oubli
dans le processus mémoriel.
On pourra visionner ici avec la classe l’intégralité de la publicité tournée par
Verhoeven et seulement partiellement diffusée dans le film : https://vimeo.com/55088211
2. Observez l’utilisation des lumières dans le film : expliquez les choix de Paul
Verhoeven.
Deux tons de couleurs dominent et s’opposent par leur radicalité :
● En premier lieu, les teintes sombres et froides dominent la Terre et le monde autour de
Quaid dans la première partie du film. Elles suggèrent que le personnage, parce qu’il a eu ses
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souvenirs effacés, est comme mort à lui-même et qu’il évolue dans un monde mécanisé et
déshumanisé. Le personnage de Sharon Stone, blonde, ou le chauffeur de taxi-robot incarnent
cette part froide du monde de l’oubli.
● La seconde gamme de couleurs est chaude et renvoie explicitement au rouge des montagnes
de Mars. Ces couleurs, en dégradé d’orange et de rouge, renvoient de manière symbolique à la
chaleur des souvenirs et de l’humanité incidemment retrouvés sur la planète Mars. Rachel
Ticotin, qui interprète la brune Melina, incarne la part vivante et lumineuse de la vie et des
souvenirs de Quaid.
3. Dans quelle scène Quaid décide-t-il de partir pour Mars ? Retrouve-t-il alors la
mémoire ?
C’est lors de sa cavale pour fuir le personnage de Michael Ironside que Quaid
découvre une valise apportée par un agent dans laquelle se trouve une vidéo lui intimant
l’ordre d’aller sur Mars pour retrouver sa mémoire. La vidéo ne peut que troubler le
personnage puisqu’il s’agit d’une vidéo de lui-même enregistrée quelque temps auparavant et
est censée le prévenir, si les choses tournent mal, de ce qu’il devrait faire pour retrouver la
mémoire.
Au cours de son voyage tumultueux sur Mars, Quaid retrouve progressivement la
mémoire.
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● Elle ressemble à une bulle de bande dessinée, précisément celle utilisée quand on veut
montrer ce que pense un personnage. Persepolis est en effet adapté du roman graphique
éponyme de Marjane Satrapi.
● La bulle évoque aussi un souvenir d’enfance sous la forme d’une image à laquelle Marjane
adulte repenserait. Ce souvenir, d’apparence individuel, prend une valeur collective : il est
d’abord familial puisque c’est de l’ensemble de sa famille dont il est question sur l’image.
Mais ce souvenir appartient sans doute à une collectivité plus large que les arabesques en haut
et en bas à droite viennent souligner : c’est du destin national de l’Iran qu’il sera aussi
question dans le film.
2. Quel rôle joue la grand-mère de Marjane ? Pourquoi est-elle présente tout au long du
film ?
Personnage omniprésent dans l’enfance de Marjane, la grand-mère assume une triple
fonction auprès de l’héroïne et dans la conduite même du film :
● une fonction sentimentale et affective : la grand-mère joue le rôle d’un repère familial d’une
infaillible stabilité au milieu des événements nationaux et intimes si mouvementés ;
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● une fonction narrative : présente tout au long du film, elle permet à Satrapi et Paronnaud
d’assurer une continuité narrative et de rythmer le récit en revenant de séquence en séquence ;
● une fonction symbolique : traversant tous les événements, la grand-mère représente comme
l’oncle la rencontre du destin individuel avec la mémoire nationale. Se souvenir de sa grand-
mère revient ainsi à raconter un passé aussi bien intime que collectif.
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Partie II
Quatre parcours guidés
pour utiliser les documents de l’anthologie
OBJECTIFS
Trois objectifs président à cette séquence de découverte de la question des liens entre
souvenirs et identité :
1/ examiner le rôle des souvenirs dans la construction de la personnalité et se demander
comment le passé peut être formateur ;
2/ tisser des liens entre mémoire individuelle et mémoire collective, et souligner leur intime
articulation ;
3/ apprendre à nuancer son propos en vue de l’expression personnelle en mettant en lumière le
rôle de l’oubli dans la construction d’une identité.
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celui-ci est encore actif et vivant. Dans le cas de Le Clézio, son amour toujours vivace pour
l’Afrique s’explique notamment par ses souvenirs d’enfance.
DOC 9 : M. A. CONWAY ET P. PIOLINO, « Tous les rouages de notre identité » (p. 33)
Cet article, signé par deux chercheurs sur la mémoire, est à lire en contrepoint du texte
de Le Clézio : il peut constituer un appui théorique pour définir quels rouages de l’identité
sont en jeu dans la mémoire. Le souvenir a une fonction existentielle sinon ontologique : il
ouvre à la connaissance de soi.
DOC 10 : B. MALLEVRE, « Les souvenirs d’enfance s’invitent à l’âge adulte » (p. 37)
Articulé au précédent, cet article est plus illustratif et montre concrètement le rôle joué
par le rappel du passé et de l’enfance dans la vie adulte. Chacun se construit dans le présent
en accord avec son passé.
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n’est que l’écho d’une mémoire collective que tous ceux qui ont vécu à la même époque
partagent et que Brasseur veut transmettre.
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OBJECTIFS
Trois objectifs président à ce deuxième parcours qui vise à mettre en évidence l’oubli
comme droit. Il s’agit de :
1/ mettre en lumière le rôle fondateur de l’oubli dans la mémoire ;
2/ distinguer les différents rôles de l’oubli et souligner sa nécessité ;
3/ montrer la mise en œuvre morale puis juridique de l’oubli comme droit.
DOC 23 : F. GAILLARD, « J’ai une excellente mémoire, j’oublie tout » (p. 76)
Venant appuyer les deux textes précédents, cet entretien avec Simon-Daniel Kipman
pose l’idée de l’oubli comme vertu. Loin d’être négatif, il devient une chance de vivre comme
on le désire et constitue un élément moteur du fonctionnement mémoriel. Oublier, c’est vivre.
Au-delà de l’aspect citoyen, l’oubli peut revêtir une dimension politique. Oublier les
crimes d’une dictature, c’est réclamer la possibilité de recommencer à vivre sans ouvrir des
débats fratricides qui jetteraient le pays dans un nouveau chaos.
I. L’oubli, un outil
a. L’oubli, un outil à la connaissance de soi
b. L’oubli, un droit civique
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OBJECTIFS
Trois objectifs président à ce nouveau parcours pédagogique autour de la question de
la mémoire nationale et, notamment, son culte commémoratif. Il faudra examiner :
1/ ce qu’il faut entendre par mémoire nationale et collective et voir comment elle s’articule à
la mémoire individuelle et intime ;
2/ comment le culte de la mémoire s’organise en hommages et commémorations ;
3/ la question de l’abus et chercher à la nuancer.
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I. La mémoire, un devoir ?
a. Lieu et devoir de mémoire
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I. De la mémoire à l’hyper-mémoire
a. Réparer l’oubli par le devoir de mémoire
b. La nécessité du devoir de mémoire
c. Assumer le passé et se repentir
OBJECTIFS
Trois objectifs président à cet ultime parcours qui traite des mécanismes permettant à
la mémoire de demeurer vive et présente :
1/ montrer combien la mémoire n’appartient pas au passé mais œuvre à chaque instant au
présent ;
2/ observer et étudier ce qui permet de conserver un souvenir toujours présent ;
3/ s’interroger sur les buts et les fonctions de l’entretien de la mémoire individuelle et
collective.
et d’assigner une triple fonction à la mémoire vivante : une fonction sentimentale (chérir ses
parents disparus) ; une fonction morale (rendre hommage à ses parents disparus et leur
indéfectible affection) ; enfin, une fonction existentielle (expliquer de qui l’on tient tel ou tel
trait de caractère).
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Partie III
Traiter le sujet d’annales 2015
Le sujet
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Document 1
Dans cet essai, trois arguments majeurs se détachent sur la question du vintage :
● Le vintage est une mode récente née dans les années 2000. Elle consiste à multiplier les
objets rétro, datant des années 1950 pour l’essentiel. Cette mode appartient à la génération
dite Y, née dans les années 1980.
● Le vintage témoigne d’un culte de l’objet et d’une fascination pour le passé à la manière
d’une nostalgie.
● Le vintage traduit enfin une incompréhension générationnelle et un fossé de valeurs entre
les baby boomers, les parents, et la génération Y, leurs enfants, génération dite des digital
natives : aux premiers la révolte sociale et intellectuelle, aux seconds la création et le
conformisme économique. Le vintage se donne ainsi comme une nouvelle manière d’aborder
le monde et la société, entre passé et modernité.
Document 2
Dans cet entretien de Didier Ludot, spécialiste de mode, trois nouveaux arguments
permettent de venir préciser une définition de la notion de vintage et de ses usages :
● Le vintage s’impose comme une valeur qui permet de se rassurer devant une modernité
toujours plus vague. On pourrait parler d’une valeur refuge.
● Le vintage s’offre comme un trésor : une pièce permet de se distinguer dans l’attitude et
l’allure. Chercher l’objet rare revient à cultiver la singularité de son identité contre
l’uniformisation.
● Enfin, le vintage atteste qu’il n’y a plus de mode : c’est même une anti-mode, le temps et
l’histoire ont valeur de savoir-faire contre l’éphémère de la modernité.
Document 3
Dans ce texte romanesque de Nathalie Sarraute, trois nouvelles idées viennent
compléter une approche du goût pour certains objets rares et précieux :
● Une opposition se dessine entre objets esthétiques et objets pratiques : Gisèle veut des objets
purement fonctionnels quand le fils désire allier le beau à l’utile.
● Un conflit de générations se dessine, comme pour le vintage, entre une mère et son fils dont
elle ne comprend pas les goûts.
● Le culte de l’objet vire à la manie, à la frénésie sinon à la folie. Ce goût pour la bergère
d’époque se développe au détriment du reste, et cela jusqu’à perdre le sens des réalités.
Document 4
Cette affiche pour une manifestation sportive met également en avant le goût pour le
vintage dit ici « mode rétro ». Trois idées principales peuvent être dégagées :
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● Le couple au centre de l’affiche donne l’impression d’un bonheur partagé. Leurs vêtements
attestent également d’une allure vintage : ils évoquent les années 1950-1960 et, incidemment,
une certaine idée de la joie de vivre.
● Il ne s’agit pas ici d’une course de vélo mais d’une « rando » : la compétitivité cède la place
au pur plaisir et la joie du partage. L’insouciance est de mise : l’esthétique de l’affiche, très
années 1950, renvoie également au temps idéalisé des Trente Glorieuses où n’existait pas la
menace permanente du chômage.
● Enfin, la mode rétro permet d’échapper au présent en présentant cette randonnée comme un
âge d’or que chacun voudrait revivre. Le rétro n’est plus ici seulement un divertissement, il
est aussi bien un art de vivre qu’une réponse idéologique à la morosité actuelle.
Compte tenu des différentes orientations des documents, on peut suggérer le plan de
synthèse suivant.
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