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Introduction - Vos capacités dépassent votre imagination : l’auto-
hypnose vous les restitue
Partie I - L’AUTO-HYPNOSE POUR MIEUX SE COMPRENDRE ET MIEUX SE
CONNAÎTRE
Commencez par faire l’inventaire de vos facultés. Apprenez à
mieux vous connaître. Expérimentez vos capacités à entrer en état
d’hypnose. Prenez conscience de cet extraordinaire potentiel qui
est en vous.
1 - « UN POTENTIEL ILLIMITÉ »
Vous en savez plus que vous ne croyez
Les mauvais ouvriers ont toujours de mauvais outils
La longue course de l’apprentissage
Un retour aux sources
En physiologie comme en psychologie, la génération
spontanée n’existe pas
Le développement de l’enfant : une histoire de stades
Quand pensez-vous que vous allez entrer en état d’hypnose ?
Common everyday transe ou l’état hypnotique du quotidien
Les deux facettes d’un même esprit
Les deux pièces de ta maison
Les petits plus
2 - JE VOIS CE QUE JE CROIS
Et je sais maintenant que…
Les pouvoirs exceptionnels du génie
Qui a peur des araignées ?
Pourquoi « faire un effort » ne marche pas
La solution ? reprogrammer le robot
Que la force soit avec toi
L’illusion du contrôle ? une terrible impasse !
Tirer sur l’herbe ne la fait pas pousser plus vite
L’entre-deux monde
Petit exercice amusant
Le génie et parkinson
L’essentiel : l’association automatique entre le déclencheur et
la réponse
Je crois ce que je vois
Je vois ce que je crois
3 - LA PUISSANCE DE L’IMAGINATION
Comprendre qu’entre raison et imagination, le plus fort n’est pas
celui qu’on croit
Exercice amusant dans tous les sens
Le chaînon manquant
Petite démonstration
Le cinéma mental
Exercice des ballons et du sable
Pourquoi les fantasmes négatifs marchent mieux
La majorité des cinq sens ou la porte d’entrée du vakog
Un protocole en trois phases
Au cœur de la cible
4 - SUGGESTION, RÉPÉTITION
Félicitations !
Suis-je vraiment en état d’hypnose
Quelques situations hypnotiques courantes
À force d’y penser…
Premier approfondissement
Créer des images dans sa tête
Un petit dessin vaut mieux qu’un long discours
La suggestion : un art et un état d’esprit
Partie II - L’AUTO-HYPNOSE POUR RÉPONDRE À LA QUESTION :
COMMENT JE PEUX VIVRE MIEUX ?
L’auto-hypnose ne se fait pas sans but : que voulez-vous
transformer pour améliorer votre confort dans la vie ?
5 - ICI ET MAINTENANT
Ou les aventures de nos automatismes
De la relativité du temps
Sans hiver, pas de printemps
Rassurer son ego
Un « et », un « ou » et un « jardin »
Chassez le naturel, il revient au galop
Le passé et l’avenir dans un cône
Le sanctuaire intérieur
La théorie détermine l’observation
Savoir n’est pas pouvoir
6 - APPRENDRE À VOIR
Qu’est-ce que je fais maintenant ?
Sans problème, pas de solution
Reconnaître le problème et refuser qu’il soit insoluble
En science, la vérité d’aujourd’hui est – parfois – le mensonge
de demain
Même le vilain petit canard a pris son envol
Ça se passe en dehors de moi
Quelques coïncidences
Il n’est jamais trop tard pour avoir une enfance heureuse
Si tu l’as fait une seule fois, alors tu peux le refaire ;-)
7 - LE SYMPTÔME, C’EST LA SOLUTION
La face cachée de mon problème court-elle après plus de plaisir
ou moins de souffrance ?
Là où pousse le poison, pousse aussi l’antidote
Transformer le plomb en or
Savoir n’est pas pouvoir
Notre plus grande force est aussi notre plus grande faiblesse
Gare à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain
Quand les ombres du passé se projettent sur l’instant
présent…
Partie III - L’AUTO-HYPNOSE POUR VIVRE UN AVENIR LIBÉRÉ DES
OMBRES DU PASSÉ ET ENRICHI DE MES NOUVELLES CAPACITÉS
Libérer le présent des conditionnements du passé et s’ouvrir aux
potentialités de chaque instant
8 - LA PUISSANCE DE L’ESPRIT
Qui mène la danse dans mon cerveau ?
Nous adhérons à nos comportements
La vie a plus d’imagination que nous
Inventer les premier pas possibles
Ne lutte pas contre la gêne
L’important, c’est le processus
Apprendre à lâcher prise
La vie fonctionne comme une montgolfière
Le symptôme ? une transe négative
De la transe négative à la transe positive
Encore quelques exercices avec la cible
9 - LE TEMPS DE L’ENVOL…
Ce qui se fait de mieux au monde…
Les paysages extérieurs sont le reflet des paysages intérieurs
Changer les causes pour changer les effets
Faire confiance à l’oubli
Pratiquer le détachement
Que s’est-il installé dans l’esprit ?
Accepter les poisons pour s’en libérer
Les chiens aboient, la caravane passe
10 - AUTO-HYPNOSE ET PLEINE CONSCIENCE
D’abord, les points communs
Auto-hypnose et méditation : seulement deux pratiques
différentes ?
La pleine conscience peut aider à mincir
Bien des pratiques différentes
Conclusion
Fais-toi confiance
Bibliographie
Remerciements
Introduction
L’AUTO-HYPNOSE POUR
MIEUX SE COMPRENDRE
ET MIEUX SE CONNAÎTRE
Installé dans son rocking chair, à l’ombre, le jeune garçon observe sa petite sœur
jouant à la balle devant la maison. Cet été, il n’aide pas sa famille aux travaux de la
ferme. Il en est incapable. Terrassé par une crise de poliomyélite foudroyante, il est
tétraplégique et ne peut plus guère bouger que les yeux. L’avis des médecins est très
réservé ; il est fort probable que le jeune Milton – c’est son nom – ne remarchera plus
jamais ailleurs que dans ses rêves…
Pas de chance, Milton ; dès le départ, il a accumulé les problèmes et les handicaps. Il
ne voit pas les couleurs. Le monde est pour lui une espèce de noir et blanc
permanent, avec parfois un peu de violet. Et il est sévèrement dyslexique. Impossible
de trouver un mot dans le dictionnaire, à moins de démarrer par le premier, et de le
comparer au mot qu’il cherche, puis de faire la même chose avec le mot suivant, et
ainsi de suite… jusqu’à voir sous ses yeux le mot exactement semblable à celui qu’il
recherche – c’est long, amusant au début, et long, très long…
Comme cet été où il lui est impossible de bouger – contrairement à sa petite sœur qui
joue à la balle et apprend à marcher ; et il l’observe, Milton, il l’observe des heures
durant – il n’a que ça à faire, bloqué dans son fauteuil !
Et en même temps qu’il l’observe, il rentre à l’intérieur de lui-même, il rêve, il
imagine ; il se fait son cinéma, dans sa tête. Il imagine qu’il est passé par là, lui aussi
– il a appris à marcher et à jouer à la balle. Alors, à 17 ans, cet handicapé condamné
à rester dans une chaise toute sa vie s’amuse à imaginer chaque sensation, infime et
imperceptible, dans ses doigts, dans ses mains. Il imagine comment un enfant tout
jeune apprend à s’approprier son corps – pendant que lui, Milton, cherche à se ré-
approprier le sien.
Et un jour, le « miracle » se produit : un doigt a bougé ! Certes, à peine ; certes, ce
n’est qu’un début… et c’est un début, précisément. Car l’histoire continue. Le jeune
Milton, à force de rêver comme il faut, retrouve l’usage de ses jambes. Fasciné par
cette expérience hors du commun, cette personne dyslexique étudie, encore et
encore. Elle étudie tant qu’elle devient médecin, psychiatre très exactement. Au cours
de ses études, cherchant à comprendre ce qui avait bien pu se passer pour lui,
comment il avait guéri alors qu’il n’aurait pas dû – ce n’était pas logique et contraire
à tous les pronostics de l’époque – il comprend qu’il a pratiqué dans son fauteuil, ce
fameux été, sans le savoir, de l’auto-hypnose.
Alors il se passionne pour l’hypnose, à tel point qu’il hypnotisera toute sa vie,
d’arrache-pied, plus de 25 000 personnes. Avec, parfois (et même souvent) de
véritables miracles à la clé. Monsieur Erickson 1, ou plutôt sa légende, était née, et
avec elle cette extraordinaire (re)découverte de l’hypnose et des trésors qu’elle
permet de révéler en chacun de nous.
C’est ce sur quoi j’aimerais attirer ton attention, cher lecteur2, dès le
début. Tu possèdes le plus extraordinaire potentiel à la surface de ce
globe, et ce potentiel, tu peux – à condition de bien t’y prendre – t’en
servir à merveille.
J’ai aidé des milliers de fumeurs à arrêter de fumer ; comme ça, du
jour au lendemain, en une seule séance d’hypnose. Tout fumeur sait à
quel point ce genre d’entreprise peut s’avérer extraordinairement
difficile si on ne s’y prend pas correctement. (Pour ceux et celle qui
n’ont jamais fumé de leur vie, d’abord ne changez rien – on dira ce
qu’on voudra, ça fait du bien de ne pas fumer.)
Pour mesurer le côté extraordinaire de la chose – arrêter de fumer
du jour au lendemain sans problème – retenez simplement que,
chaque jour, dans notre pays, des dizaines de personnes tout à fait
censées et intelligentes meurent de la consommation de cette plante
toxique et vénéneuse qu’est le tabac.
Lorsque je reçois le(a) fumeur(euse) dans mon cabinet, je dois
d’abord l’aider à retrouver cette conviction (qui, sur le papier bien
sûr, est une évidence) que tout le monde peut arrêter de fumer du jour
au lendemain.
Bien sûr, la personne en question est toujours d’accord avec cette
affirmation… pour les autres ! En ce qui la concerne évidemment,
c’est une autre histoire ; et le travail commence, toujours fascinant.
L’étendue du potentiel humain est extrêmement vaste. Pour un
esprit un peu imaginatif et rêveur, il peut même sembler sans limites.
Et bien souvent nous n’entretenons pas trop de doutes là-dessus. En
revanche, il est fréquent – et légitime – de douter de ses propres
capacités – capacités à être, faire, avoir, apprendre, ressentir,
rebondir, imaginer, rêver, etc.
Si d’aventure tu as des doutes là-dessus, ce n’est pas grave, et nous
verrons plus tard dans cet ouvrage comment faire pour arranger les
choses. Toutefois, je t’invite dès maintenant à envisager les choses de
la façon suivante : tu possèdes toutes les ressources nécessaires à ton
développement, ton épanouissement et ton expression. Le champ des
possibilités se trouvant à ta disposition est si vaste qu’on pourrait
presque se laisser aller à dire qu’il est illimité. Ce point est tellement
essentiel que je te propose d’en faire le premier principe de la
méthode que tu as entre les mains.
Principe no 1
Ton potentiel est illimité.
EN PHYSIOLOGIE COMME
EN PSYCHOLOGIE,
LA GÉNÉRATION SPONTANÉE N’EXISTE PAS
Une personne qui a peur des araignées, par exemple, se retrouve en
situation de déclencher une réaction apprise, et ce dès qu’elle aperçoit
un membre de la famille des arachnides. Bien souvent, cette personne
a l’impression que tout se passe « en dehors » d’elle, tant cette peur
des araignées lui semble pénible, inutile et, surtout, automatique et
indépendante de sa volonté. Pourtant, un enfant qui arrive sur cette
terre n’a pas peur des araignées ; et même, il ne connaît pas ces
émotions qui gâchent la vie de certains comme l’anxiété, la
culpabilité ou la jalousie.
Toutes ces réactions émotionnelles sont en réalité des
apprentissages qui commencent très tôt, dès la tendre enfance, selon
ce processus d’intégration et d’adaptation : l’apprentissage.
Et ce processus d’apprentissage se déclenche à chaque situation
nouvelle, par définition si fréquente durant l’enfance. Chaque fois
que tu as expérimenté une situation qui ne pouvait pas se rattacher à
une situation précédente, déjà connue et répertoriée quelque part en
toi, tu as déclenché, souvent même sans t’en rendre compte, cette
savante opération dont l’aboutissement fut un « programme » : une
séquence comportementale du plus simple au plus complexe
s’activant automatiquement dès lors que le bon déclencheur est
détecté. Par comportement, comprends action ou ré-action affective,
émotionnelle ou même hormonale (avant de se brûler, un enfant ne
sécrète pas de cortisol, l’hormone du stress, à la vue d’une flamme).
Aujourd’hui, le téléphone sonne, et tu décroches. Lorsque tu as
soif, si une bouteille d’eau et un verre se trouvent à ta disposition, tu
te sers un verre d’eau avant de le porter à tes lèvres et de le boire.
Dans ces deux exemples extrêmement simples de la vie quotidienne,
une foule de tâches complexes ont été réalisées. Avant de te servir un
verre d’eau, tu as dû saisir la bouteille, puis l’ouvrir, dosant
savamment – en fait, automatiquement – la force nécessaire pour
dévisser le bouchon. Puis tu as activé un processus complexe de tests
pour verser l’eau dans le verre sans que ça ne déborde, etc.
Ces programmes élémentaires que tu déclenches sans y penser dès
que nécessaire sont tous le fruit d’un apprentissage ; observe un petit
enfant qui verse ses premiers verres d’eau et qui en met partout, ou
ces ingénieurs en robotiques qui sautent de joie lorsqu’un de leur
« jouet » évite un obstacle que le plus maladroit d’entre nous ne ferait
jamais tomber !
Tu as dû tout apprendre : comment agir et réagir en telles et telles
circonstances, dans quels cas prendre une information au sérieux et
dans quels cas la relativiser genre « humour ».
Observe les enfants autour de toi, vois leur regard tout neuf sur le
monde, écoute leurs questions tellement naïves et pertinentes à la
fois. À chaque instant, ils découvrent, explorent et expérimentent.
Pour eux, chaque instant est une première fois. Tu as été comme ça,
cher lecteur, il n’y a pas si longtemps. Sans t’en rendre toujours
compte, tu as appris en permanence, et ce disque dur vierge dans ta
boîte crânienne s’est enrichi de milliers de programmes, élémentaires
d’abord, puis de plus en plus complexes… et te voilà :-).
LE DÉVELOPPEMENT DE L’ENFANT :
UNE HISTOIRE DE STADES
« On ne connaît un objet qu’en agissant sur lui et en le
transformant. »
Jean Piaget
Principe no 2
Vouloir = Échouer.
Que faire alors en cas de bdl subit (bdl pour « mot sur le bout de la
langue » bien sûr) ? Tu l’as déjà expérimenté, c’est certain : lâcher.
Passer à autre chose, tourner la page, bref faire « next » dans la tête et
alors… Alors la situation manifestement se débloque quelque part en
toi et le mot cherché en vain revient spontanément, peut-être même
au moment où tu t’y attends le moins…
Principe no 3
Ton esprit inconscient est ce qui décide vraiment de ta destination.
En fait, ce génie répond vraiment à vos vœux et il est vrai que les
ressources qu’il déploie alors pour répondre à vos demandes donnent
parfois l’impression de flirter avec de la « magie ».
Évidemment, il est toujours possible de trouver une explication
rationnelle. Aujourd’hui, tous les fans de sports aiment bien rappeler
qu’en 1998 ils étaient sûrs que la France deviendrait championne du
monde de football. Pourtant à cette époque-là, juste avant la
compétition – les moins jeunes s’en souviennent sans doute – il était
extrêmement difficile de trouver des spécialistes osant affirmer que
la France avait toutes ses chances dans la compétition – et même,
c’était plutôt le contraire…
Il y a toujours moyen d’expliquer rationnellement l’inexplicable.
Certainement Philippe avait vu plusieurs fois le livre en question
dans sa bibliothèque, l’image de sa couverture et même de son titre
en avait imprégné sa rétine, mais pas sa mémoire – du moins pas sa
mémoire consciente.
Et c’est là que le bon génie intervient : dès lors que tu lui
demandes correctement de t’aider, il le fait – il est là pour ça. Et ce
qui avait toujours été là, et pourtant invisible à l’esprit conscient –
apparaît enfin, comme… par magie, précisément :-).
Apprendre et pratiquer l’auto-hypnose, c’est précisément
apprendre à mieux communiquer avec ce génie – ton esprit
inconscient. C’est apprendre à travailler avec lui et non plus contre
lui. C’est aussi apprendre à l’aider pour qu’il t’aide encore mieux en
retour. Car souviens-t-en, en arrivant sur cette terre, le disque dur de
ton cerveau est vierge. Le bon génie n’a pas encore reçu de demandes.
Mais très vite le disque dur se programme, des demandes arrivent
de toutes parts aux oreilles du génie – elles ne proviennent pourtant
bien souvent pas de toi, mais de ton environnement. L’éducation, les
idées reçues, les préjugés, chaque expérience de vie se propage à ton
esprit conscient, certes, et aussi à ton esprit inconscient. Et le bon
génie dès lors se met à l’œuvre, croyant bien faire : il répond à toutes
tes demandes – même lorsque ces demandes n’émanent pas de toi, il
suffit que lui, le bon génie, le croit.
C’est pourquoi avant d’aller plus loin dans la compréhension du
fonctionnement de ton Esprit (esprit conscient + esprit inconscient),
il est temps de pratiquer le premier exercice – la base.
Car, tu l’as compris, le bon génie est à l’écoute, en permanence ; il
est là pour toi, pour te servir et répondre à tes demandes. Toutefois –
et c’est ce que nous allons aborder bientôt – il lui arrive de ne pas
faire le distinguo entre ce qui vient de toi et ce qui ne vient pas de toi.
Rappelle-toi les deux pièces de ta maison : le bon génie et toi êtes
toujours séparés par la cloison, c’est la règle. Et lorsqu’il y a plein de
monde chez toi, le bon génie a bien du mal à différencier tes propres
paroles – tes propres demandes – de celles des autres.
Alors pour commencer, tu dois apprendre à laisser le calme
s’installer dans la pièce principale ; et pour cela, il existe quelque
chose de magique. Ce principe magique, c’est…
… le silence.
Je me souviens d’une dame très bien qui était venue me voir pour régler ses troubles
du comportement alimentaire qui polluaient son existence depuis longtemps.
C’était une dame enjouée, ayant beaucoup d’humour, et d’allure assez souriante et
enthousiaste.
Alors que je lui proposais cet exercice à pratiquer chez elle quotidiennement, elle
m’arrêta en me disant : « Vous savez Jean, si je reste chez moi toute seule dans le
silence et sans rien faire plus de 5 minutes, c’est sûr que je fonds en larmes ! ».
Nous avons convenu ensemble des étapes qui pouvaient être les siennes pour
apprivoiser cette pratique délicieuse – en plus, cet échange fut l’occasion pour nous
d’aborder ensemble ce qui se passe entre « Je ne fais rien, n’entends rien et ne vois
rien » à « Je fonds en larme ».
Très vite cette dame a pris goût à la pratique quotidienne du silence. Comme par une
espèce d’enchantement étrange, le goût pour ce silence quotidien a semblé se
substituer au goût immodéré qu’elle éprouvait pour certains aliments, et qui lui
gâchait l’existence. Les troubles du comportement alimentaire ont disparus,
progressivement et en douceur…
Principe no 4
En cas de conflit entre la volonté et l’automate, l’automate gagne toujours.
Aucune exception à cette règle, rien ni personne n’y déroge :
l’automate gagne toujours. Ton automate est infiniment plus fort que
ton cerveau rationnel – n’en déplaise à l’orgueil de ce dernier. À cela
deux explications aussi simples qu’imparables. D’abord, ton cerveau
rationnel se fatigue ; il doit dormir la nuit et même le jour, lorsqu’il
est parfaitement frais et dispo, il doit faire des pauses. Même le plus
zen d’entre nous ne peut se concentrer sur une même tâche trop
longtemps.
Ton automate, lui, est infatigable ! C’est un robot ! Il ne s’arrête
jamais, et même la nuit quand tu dors, il continue à travailler –
assurant la respiration, les battements du cœur, etc.
Autre point qui rend ton automate infiniment plus puissant que ton
cerveau rationnel : il peut faire plusieurs choses en même temps ! En
bon robot, il effectue toutes les tâches pour lesquelles il a été
programmé. Ton cerveau rationnel, lui, est monotâche – les hommes,
paraît-il, en savent quelque chose ;-). Essaie donc de décompter
depuis 1002 de trois en trois à haute voix tout en tournant sur toi-
même les yeux ouverts et en collant l’attribut « rouge » au chiffre que
tu viens de prononcer lorsque tu vois la fenêtre et « vert » lorsque tu
vois le canapé… (je sais bien que les plus persévérants d’entre vous y
arriveront… chapeau !).
Lorsqu’il y a conflit entre ton cerveau rationnel et ton automate, à
la longue, ton automate gagnera toujours. Il est infatigable et peut
faire une infinité de choses en même temps. Même si la force de ta
volonté peut te donner l’illusion de bloquer pour un temps le travail
du robot, à la moindre baisse d’attention, la moindre distraction, le
moindre oubli, le robot reprendra son travail ; il est comme une
machine qui avance de façon imparable, comme un ordinateur
branché sur une batterie inépuisable.
LA SOLUTION ? REPROGRAMMER
LE ROBOT
Comment faire alors pour transformer ce qui ne te convient pas ?
Changer les programmes du robot bien sûr ! Et comment faire pour
ça ? Regarde le schéma plus haut : tu remarqueras qu’il y a un trou
entre ton cerveau rationnel et ton automate. Et comme tu l’imagines
peut-être, il y a quelque chose dans la réalité qui comble ce trou, et
qui le comble de façon admirable. C’est quelque chose d’absolument
extraordinaire ; ce quelque chose extraordinaire, c’est…
L’ILLUSION DU CONTRÔLE ?
UNE TERRIBLE IMPASSE !
Bien au-delà de ce que tu penses – à propos de tel ou tel sujet, tel ou
tel symptôme – c’est bien ce que tu ressens dans ton cœur qui compte
en ce sens que c’est le juge de paix qui décide en dernier lieu de ce
que tu fais, même lorsque tu n’y penses pas – surtout lorsque tu n’y
penses pas.
Lorsque toute la force de ta volonté est mobilisée sur un objectif
précis, ton cerveau robot est bloqué momentanément – un peu comme
une machine en pilote automatique qui repasserait momentanément
en pilotage manuel.
Pendant ce temps-là, ton cerveau émotionnel enregistre les données
qui serviront à enrichir son immense base de données déjà existante.
C’est dans ces moments de pilotage manuel que ton cerveau rationnel
peut avoir l’illusion de « contrôler » ou même envisager que le
chemin de la volonté est le bon – celui à explorer car il semble porter
ses fruits.
Tout fumeur pratiquement a connu ces périodes de frustration
permanente, cette lutte perpétuelle avec soi-même pour se retenir de
fumer. N’importe quelle personne en surpoids a pratiqué au moins
une fois dans sa vie ces supplices appelés régimes qui, dans le
meilleur des cas, ne changent rien et dans le pire préparent dans
l’ombre la reprise des kilos si durement perdus avec en plus les
intérêts de retard. Toute personne phobique de l’eau a expérimenté –
selon les degrés de phobie – ces expositions forcées à grands coups
de « tu peux le faire ! » n’apportant qu’usure, mépris de soi et jets
d’éponge.
Pourtant, les plus persévérants aiment voir dans ces vaines
tentatives l’espoir d’une volonté un jour triomphante – s’imaginant
devenir un jour l’ascète ou la personne courageuse qu’ils ne seront
jamais ailleurs que dans leurs rêves ou dans leurs pires cauchemars,
c’est selon.
Et le fumeur abstinent qui replonge, épuisé après le calvaire de la
privation, se dit selon qu’il est enthousiaste ou fataliste : « j’arrêterai
quand je voudrai » ou bien « autant se faire une raison ».
La personne en surpoids constatant après son énième régime que ce
coup-ci n’était pas encore le bon s’appuie sur cette courte période où
l’amincissement était bel et bien là et s’en veut d’autant plus d’avoir
loupé le coche de cette arlésienne qu’est « la stabilisation ».
Quant à la personne phobique encore traumatisée par cette
exposition « à l’ancienne » à l’objet de sa phobie, elle se dénigre
davantage encore et se dit que si elle avait ne serait-ce « qu’un tout
petit peu plus » de volonté, elle y arriverait. Combien de générations
d’élèves furent ainsi traumatisées par ces odieuses séances de piscine
alors que l’Éducation nationale elle-même stipule aujourd’hui dans
ses textes que le but de la piscine à l’école n’est surtout pas
d’apprendre à nager, mais bien de familiariser le bambin à l’élément
aquatique :-).
Tu comprends, cher lecteur, que le piège que ton cerveau rationnel
se tend à lui-même, c’est de se donner l’illusion qu’il contrôle – et il
contrôle, momentanément.
Principe no 5
La réalité est inaccessible.
LE GÉNIE ET PARKINSON
Les ressources de ton génie intérieur sont absolument inouïes,
véritablement incroyables. La maladie de Parkinson est une atteinte
dégénérative du système nerveux central. Une piste de solution
médicamenteuse consiste à administrer aux patients souffrant de cette
maladie de la L-Dopa. Lorsque l’organisme du malade dégrade la L-
Dopa, elle se transforme en dopamine, réduisant alors les symptômes
de la maladie de Parkinson.
Depuis très longtemps en pharmacologie, un phénomène aussi
fascinant que mystérieux est connu sous le nom d’effet placebo. Ce
nom désigne le phénomène par lequel une substance neutre (genre de
l’eau colorée) provoque chez le patient à qui elle est administrée des
réactions identiques à la prise d’un médicament actif.
Bien sûr, le patient à qui le placebo est administré ne sait pas qu’il
s’agit d’un produit neutre et croit sincèrement prendre un
médicament.
Ce phénomène est très étudié car il tend à démontrer l’action de
l’esprit sur le corps. Une piste d’explication réside dans la
psychologie du conditionnement. En effet, imagine quelqu’un qui
prend depuis longtemps de l’aspirine lorsqu’il a mal à la tête.
Imagine qu’un jour de mal de tête, cette personne prend un cachet
d’aspirine, comme d’habitude. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que le
cachet qu’elle prend – et qui ressemble à l’œil nu à son cachet
habituel – ne contient aucun produit actif (les cachets ont été
substitués pour les besoins de l’expérience).
Cette personne pourtant voit son mal de tête diminuer, exactement
comme quand elle prend vraiment de l’aspirine. Voilà l’effet placebo,
prouvant l’effet de l’esprit sur le corps.
Toutefois, il existe un point de vue qui invalide l’idée d’une action
de l’esprit sur le corps. Ce point de vue est celui du conditionnement :
lorsque la personne prend son cachet, son organisme déclenche en fait
une réponse apprise, conditionnée – comme le chien de Pavlov qui
salive au seul son de la clochette ! Le stimulus déclencheur est la
prise du cachet. Tout le reste ensuite est une réaction en chaîne,
provoquée par ce conditionnement.
Pourtant, de récentes recherches sur la maladie de Parkinson
précisément viennent d’invalider la seule piste du conditionnement :
en effet, des chercheurs canadiens ont administré dans une population
de malades de la L-Dopa dans un cas et un placebo dans l’autre. Ces
patients n’avaient jamais pris de L-Dopa auparavant, l’hypothèse
d’une réponse conditionnée est donc impossible à envisager. Contre
toute attente, ces chercheurs ont observé de la production de
dopamine chez tous les patients, notamment ceux qui n’avaient pris
qu’un placebo !
Prend le temps nécessaire pour mesurer toute la portée de ce
résultat : des personnes, ne sachant même pas ce qu’est la dopamine
ni quel mécanisme la sécrète chez eux, et n’ayant jamais activé une
surproduction de dopamine par une quelconque aide médicamenteuse,
parce qu’ils se sont vus « suggéré » de façon adéquate quelque chose,
ont produit – leur système nerveux autonome a produit – une
substance chimique qu’ils ne savaient plus produire avant la
suggestion !
L’ESSENTIEL : L’ASSOCIATION
AUTOMATIQUE ENTRE LE DÉCLENCHEUR
ET LA RÉPONSE
Lorsqu’il fait chaud, notre système nerveux autonome envoie
davantage de sang dans les vaisseaux cutanés, afin de refroidir le
corps en même temps qu’il déclenche la sudation, toujours dans le
même but. Tu n’as pas besoin de savoir comment il fait ça, il le fait,
c’est suffisant :-).
Et lorsqu’un hypnothérapeute suggère à une personne hypnotisée
qu’il fait chaud, celle-ci se met à déclencher spontanément les même
réactions qu’en cas de « vraie » chaleur. C’est comme ça que nous
fonctionnons.
De la même façon, lorsqu’il fait froid dehors et que tu es chez toi,
tu fermes la fenêtre. Même si une réaction est purement automatique
dans un cas, et volontaire dans l’autre, ce sont des Ré-Actions. Ce
sont les données acquises dans le monde extérieur – en l’occurrence,
le froid – qui déclenchent toute la suite du processus.
Revenons précisément sur ce processus permanent :
1 – Acquisition des données
2 – Traitement
3 – Résultat
4 – Décision
Lorsque tu pratiques l’auto-hypnose, tu agis à la fois au niveau 1 et
au niveau 2, ce qui change le niveau 3 et donc par « effet domino » le
niveau 4 : en fait, tu transformes tout, et tu le fais élégamment,
suivant la loi du moindre effort – car tu utilises « La Force ».
Alors pour continuer ton apprentissage, regardons d’un peu plus
près ce qui se passe au niveau 1 : l’acquisition des données…
LE CHAÎNON MANQUANT
Revenons d’abord sur la figure 2.1 et complétons-la correctement.
Principe no 6
En cas de conflit entre réel et imaginaire, l’imaginaire gagne toujours.
PETITE DÉMONSTRATION
Bien sûr un tel énoncé ne peut se suffire à lui-même, et il mérite
quelques explications – pour ne pas dire quelque démonstration :-).
Imagine un séminaire d’une centaine de personnes qui s’initient à
l’auto-hypnose. Tout le monde est réuni dans une grande salle de
séminaire, très haute de plafond, genre gymnase ou salle des fêtes.
L’enseignant propose au groupe un jeu tout simple. Une assistante
apporte une longue planche de 3 m de long sur 20 cm de large et la
pose sur le sol. L’intervenant explique alors que le jeu consiste à
marcher sur toute la longueur de la planche sans mettre une seule fois
le pied par terre.
Tout le monde passe, et tout le monde réussit :-). Puis l’assistante
apporte alors trois tréteaux d’une hauteur de 80 cm. Avec l’aide d’un
participant, elle pose la planche sur les tréteaux.
La planche se trouve maintenant à 80 cm de hauteur. Le principe du
jeu est toujours le même : marcher sur la planche sans mettre le pied
par terre – en l’occurrence, désormais, sans tomber ;-).
D’un point de vue purement rationnel, tout le monde devrait réussir
là aussi : les participants sont les mêmes, ils possèdent donc tous les
même capacités que celles qu’ils possédaient lors de la première
phase de jeu – notamment celle de marcher sur une planche de 20 cm
de large sur une distance de 3 m.
Pourtant comme tu l’auras sans doute deviné, nombreux sont ceux
qui ont chuté lors de cette phase, devant s’y reprendre à plusieurs fois
avant de traverser la planche sans tomber.
D’un point de vue purement rationnel, les résultats auraient dû être
les mêmes. Certes, il y a désormais du vide de part et d’autre de la
planche, mais cela ne change absolument rien. Un robot ayant été
programmé pour accomplir cette tâche – évoluer sur une planche de
20 cm de large – pourrait le faire dans n’importe quelle circonstance.
Bien sûr, la seule chose qui change réellement ici, c’est le monde
intérieur des participants – leur imagination. C’est l’idée d’une chute
possible, en imagination, qui interfère dans le processus (le même
que celui du chapitre 2), lors du traitement : quelque chose du genre
« attention à ne pas tomber », qui induit des questions qui ne
traversent même pas l’esprit quand la planche est par terre !
Des questions du genre « que dois-je faire avec mes yeux, regarder
au loin ou regarder par terre ? », et aussi « mes bras, je les laisse le
long du corps ou bien je m’en sers de balancier ? », etc.
Ce principe est essentiel. N’hésite pas à le remettre en question, car
il est fondamental que tu le ressentes pleinement tout au fond de tes
tripes. N’aie jamais le moindre doute là-dessus, comprends-le,
admets-le, accepte-le : en cas de conflit entre réel et imaginaire,
l’imaginaire gagne toujours.
J’entends déjà des complaintes ou même des rires goguenards :
« Je ne comprends pas, j’imagine très très fort que je mesure 3,12 m,
et bein quand même, j’ai besoin d’une échelle pour changer
l’ampoule ! » :-).
Tu as raison de m’aider à préciser ce propos – car la
compréhension (et bientôt, l’utilisation) de cette règle est vraiment
fondamentale. En fait, lorsque tu souhaites appliquer cette règle à une
capacité (ce qui est le cas ici : changer l’ampoule qui se trouve en
hauteur) tu dois comprendre que ton imagination bien employée te
sert précisément à trouver une solution. Là où le cerveau rationnel dis
« Tu ne peux pas changer l’ampoule car tu n’es pas assez grand »,
c’est ton imagination qui active ce processus par lequel tu penses
spontanément à te servir d’une échelle – permets-moi au passage de
préciser que c’est ce même processus qui a permis à tes ancêtres de
l’inventer, l’échelle ;-).
Et lorsque, en premier examen, la chose n’est pas possible – peut-
être justement parce que la technologie adéquate n’a pas encore été
inventée, c’est l’Imagination d’abord qui produit des Miracles. Il
arrive juste que ce soit alors un tout petit peu plus long. Par exemple,
imagine les tout premiers ingénieurs qui ont un jour envisagé la
possibilité de voler.
Il va sans dire que pour l’époque, le concept semble purement
impossible. Et pourtant, des personnes comme vous et moi ont nourri
leur Imagination d’abord, activant ainsi leur extraordinaire créativité,
faisant naître progressivement de plus en plus d’idées toutes plus
délirantes les unes que les autres. Leur esprit rationnel, dans un
deuxième temps seulement, s’est mis à faire le tri, à rationaliser et à
perfectionner, et aujourd’hui, il est plus simple et plus rapide de
trouver un billet d’avion qu’un trèfle à quatre feuilles :-).
Alors retiens bien cette règle pour le moment, et souviens-toi que,
même lorsqu’elle semble ne pas s’appliquer, elle s’applique quand
même !-). Elle s’applique toujours, en tous lieux et en toutes
circonstances : lorsqu’il y a un conflit entre imagination et réalité,
l’imagination l’emporte toujours.
Il est essentiel que tu t’appropries bien cette règle car elle est la
base, le fondement même de l’hypnose. Quand une personne est
hypnotisée, dans un camping (ou une grande école, au choix), au
cours d’un spectacle pour amuser le public, et qu’elle se met à jouer
de la guitare à fond comme si elle donnait un super concert, ce n’est
pas parce qu’elle est simple d’esprit ou complice de l’hypnotiseur !
C’est simplement parce qu’à ce moment-là, dans son imagination,
elle vit cette situation irréelle à fond :-). Les suggestions de
l’hypnotiseur « font mouche », et lorsqu’il déclare « vous êtes une
rock star et vous jouez de la guitare devant la foule en délire », la
personne « s’y croirait » et mime les gestes du musicien, de bonne
foi.
Et toi-même, tu as déjà connu ce genre de phénomène, c’est
certain ! Et oui, même si cela te surprend peut-être, tu as déjà
expérimenté dans ta vie exactement le même genre de processus que
la personne qui joue de la guitare dans le vide au camping.
Par exemple, je suis sûr que tu es déjà allé au cinéma. Et même, je
suis quasi certain qu’il t’est déjà arrivé, au moins une fois, lors d’un
film, « d’écraser une larme » comme on dit, n’est-ce pas ? Pourtant,
d’un point de vue rationnel, tu sais bien que c’est de la fiction, et que
la dame du film n’est pas morte « en vrai » !-).
C’est là toute la magie de l’imagination – et du cinéma, par la
même occasion. Dès lors que tu rentres dedans, comme on dit, il se
passe quelque chose qui l’emporte sur ta rationalité ; et cela provoque
des réactions émotionnelles, qui elles-mêmes engendrent des
réactions physiologiques. Lorsque tu pleures au cinéma, même si la
raison de tes larmes est pure fiction, tes glandes lacrymales pleurent
vraiment.
Évidemment, lorsque le film est vraiment trop triste ou lorsque tu
ne veux vraiment pas « te laisser embarquer » tu « sors » de l’histoire
ou même tu ne rentres pas dedans une seule seconde. Et puis il y a ces
films qui te happent, ils te cueillent dès les premières secondes du
générique. Et alors tu ne décolles pas de l’écran, tu ne vois plus le
temps passer, tu passes du rire aux larmes et tu ressors bouleversé,
changé, peut-être même profondément transformé : tu as été
hypnotisé, pour ton plus grand bien :-).
Voilà ce qu’est l’hypnose : c’est cet état dans lequel tu rentres au
cinéma ou même devant la télévision. Ça active des processus en toi
auxquels ta seule volonté ne peut pas accéder. Ça touche ton cerveau
émotionnel, directement, et ça utilise élégamment ta plus grande
capacité sur cette terre : ton imagination.
Pratiquer l’auto-hypnose, c’est apprendre à activer toi-même ces
facultés d’imagination, sans avoir recours à un film de cinéma ni
même à un hypnotiseur.
Bien sûr le cinéma est une expérience très hypnotique. Tu fermes
la lumière et te retrouves complètement dans le noir. Et puis tu mets
de la musique, et alors que des images rentrent dans ton cerveau, une
voix commence à te raconter une histoire. Et tu es assis, sans
bouger… relax !-) Ne cherche pas plus loin : tu as là tous les
ingrédients d’une excellente séance d’hypnose. Et c’est bon ! L’état
d’hypnose – lorsque l’on s’y prend bien (et c’est le cas lorsque tu vas
voir « un bon film ») – a la particularité d’être extraordinairement
confortable.
LE CINÉMA MENTAL
Pratiquer l’auto-hypnose, c’est apprendre à pratiquer un cinéma
mental de qualité. Et qu’est-ce qu’un cinéma mental de qualité ?
C’est un cinéma intérieur auquel tu crois assez pour qu’il déclenche
chez toi des réactions émotionnelles.
J’attire ton attention sur le fait qu’il n’est pas nécessaire pour cela
d’être un gogo quelconque croyant à tout et n’importe quoi. Il n’est
même pas nécessaire de prendre tes rêves pour des réalités. Souviens-
toi de la personne qui pleure au cinéma : évidemment qu’elle sait très
bien que ce qu’elle voit n’est pas « réel ». Et ça n’a pas
d’importance ! La réaction émotionnelle est là, malgré tout. Et il y a
des films qui changent la vie. Tu n’as pas besoin de confondre ton
imagination avec la réalité pour que ça marche. C’est une règle très
utile dont il est bon de se souvenir :-)
En effet, j’entends parfois des personnes qui se désespèrent de ne
pas assez « croire » ce qu’elles imaginent. Cela n’a en réalité aucune
importance, et ce n’est pas à ce niveau que se situe le problème – si
problème il y a. Ton cerveau est assez vaste, intelligent et
perfectionné pour faire le distinguo entre réel et imaginaire, et cela
est très bien comme ça – souviens toi du principe numéro 6 !-). Et
note bien le principe suivant : pour être efficace, l’imagination n’a
pas besoin de supplanter la réalité.
Principe no 7
Pour être efficace, l’imagination n’a pas besoin de supplanter la réalité.
AU CŒUR DE LA CIBLE
Pour commencer, assieds-toi confortablement – sans pour autant
t’avachir. Il s’agit plutôt d’adopter une posture tranquille, le dos bien
droit, les épaules relâchées, comme si ta colonne vertébrale est
devenue un axe à la fois rigide et fluide autour duquel le corps peut se
reposer.
Fixez-le intensément
Tu vas constater qu’à force de fixer intensément le centre de la cible,
le corps relax et la respiration calme et régulière, ta vue va se troubler
sur la cible : soit tu vas la voire floue, soit tu vas loucher et voir deux
centres, soit tu vas « perdre » le centre…
C’est très bon signe, c’est que tu commence à entrer en état
d’hypnose ! Alors bien sûr, peut-être vas-tu te dire quelque chose du
genre « Et bien non, décidément, il ne se passe rien, je vois la cible et
rien ne se trouble, c’est mort, je n’y arriverai jamais, etc., etc. ».
Alors souviens-toi bien que l’état d’hypnose est un état naturel
dans lequel tu rentres spontanément en permanence, c’est imparable !
Félicitations !
La télévision
La télévision est une expérience hyper hypnotique – encore plus que
le cinéma. Les théories sur le pourquoi divergent. Certains
psychologues modernes pensent que cela vient du fait que, à la
télévision, la source lumineuse est placée devant le spectateur – c’est
la télé qui projette l’image sur le public, alors qu’au cinéma, c’est
l’inverse : la source lumineuse est placée derrière le public, et la
lumière se reflète alors sur l’écran blanc du cinéma.
Si tu étudies un jour les grands principes de l’hétéro-hypnose
(l’hypnose à deux : un hypnotiseur et un hypnotisé), et notamment les
caractéristiques du fameux « regard hypnotique », tu remarqueras que
cette explication semble tout à fait sensée.
Donc la télé est très hypnotique, et tu peux t’amuser à observer les
personnes qui la regardent. Je crois que les phénomènes les plus
spectaculaires s’observent sur les enfants. Regarde de jeunes enfants
devant un poste de télévision, tu les verras littéralement hypnotisés
par le petit écran – de moins en moins petit soit dit en passant.
Le rythme de leur respiration change, leur regard est fixe – ils
clignent très peu des paupières, ou alors font par moment plein de
clignements avant de reprendre un regard fixe et même un peu
vitreux.
Ils sont dans une économie de mouvements ; si tu leur parles, ils ne
te répondront pas – même s’ils sont bien élevés – tout captés qu’ils
sont par l’hypnose télévisuelle.
L’état d’hypnose a la particularité de nous rendre plus suggestibles.
Souviens-toi de l’expérience du cinéma au chapitre précédent. Nous
aborderons bientôt l’art de la suggestion, et de l’auto-suggestion.
C’est capital pour le travail d’hypnose. Retiens pour le moment que
lorsque tu es hypnotisé, ton cerveau est plus suggestible, il
« imprime » mieux en réalité. En quelque sorte, il est plus
« réceptif ».
Ce n’est pas un hasard si les espaces publicitaires télévisuels sont
les plus onéreux du marché. Sur la première chaîne juste après le
journal, les tarifs moyens étaient il n’y a pas si longtemps de 75 000
euros pour 30 secondes ! Et une légende dit qu’à l’époque de la coupe
du monde de football de 2006 en Allemagne, une close stipulait que
si l’équipe de France participait à la finale – ce qui fut le cas –, les 30
secondes d’espace publicitaire seraient alors facturées 250 000 euros
(ce qui fut manifestement le cas !).
Monsieur Patrick Lelais, alors président d’une grande chaîne
télévisée privée, présentait il y a quelques années son travail en ces
termes (à un journal culturel) : « Je vends [aux annonceurs] du temps
de cerveau humain disponible ». En fait, c’est ça : lorsque tu es
hypnotisé, ton cerveau est disponible. Et tu as la possibilité de choisir
ce que tu veux faire de cette disponibilité ;-).
La lecture
Lorsque tu lis quelque chose qui t’intéresse, il y a toujours un
moment où tu bascules en état d’hypnose ; l’extérieur est toujours là,
mais il est moins présent que d’habitude. S’il y avait du bruit au
dehors au début de ta lecture, il y en a désormais moins – en fait, tu
ne l’entends plus. Même ton corps est entré dans une espèce de
sommeil spécial : tu « tiens la pose » sans vraiment te fatiguer et,
bien sûr, si ce que tu lis t’intéresse, « tu y es ». Tu ressens la peur en
lisant un thriller, tu écrases une larme lors de retrouvailles
poignantes, tu te mets en colère contre un ignoble salaud.
La rêverie
Lorsque tu rêvasses, que tu es « dans la lune » comme on dit, tu
expérimentes un état d’hypnose naturel. Pour les plus contemplatifs
d’entre nous, ce sera souvent lors de l’observation d’un paysage,
genre coucher de soleil ou panorama splendide.
Les moments de rêverie peuvent aussi intervenir sans crier gars,
comme quand tu « décroches » en cours ou lors d’une réunion un peu
« soporifique ». Tu comprends mieux pourquoi l’idée de sommeil est
depuis si longtemps associée à l’état d’hypnose. Même si ces deux
états sont absolument différents, dans toutes les situations où quelque
chose – ou quelqu’un – t’endort un peu, tu es susceptible de basculer
tout seul en état d’hypnose.
Toutefois, attention : tu entendras parfois certains spécialistes te
présenter l’hypnose comme s’il s’agissait d’un état intermédiaire,
entre veille et sommeil précisément. Cela est absolument faux dans le
sens où cette conception des choses est très réductrice : oui, tu peux
être hypnotisé lorsque tu es entre veille et sommeil, et tu l’es aussi
dans bien d’autres circonstance de ta vie !-).
Observe un jour des mômes dans une rave party. Certes, certains
connaissent manifestement de bons « pharmaciens », toutefois, il en
est qui ne boivent que de l’eau et ne sucent que du sucre – si, si :-).
Tu les verras pourtant tous hypnotisés, en transe. Écouter de la
musique répétitive très fort et entrer dans une répétition de
mouvements est une véritable autoroute vers l’état d’hypnose ! C’est
le principe utilisé par les derviches tourneurs d’Orient qui atteignent,
à force de tourner sur eux-mêmes, des états de transe purement
extatiques.
À FORCE D’Y PENSER…
Retiens bien ces moments d’hypnose de la vie quotidienne et amuse-
toi à en trouver d’autres. Par ce moyen, tu vas commencer à créer une
réalité nouvelle dans ton esprit. En effet, nommer les choses
contribue à les rendre réelles. Commence dès maintenant à mettre
dans ta tête l’étiquette « hypnose » pour tous ces moments-là. Ainsi,
une partie de toi va commencer à identifier l’état hypnotique et,
lorsque tu chercheras à le provoquer, la destination existera dans ton
cerveau, ce qui est bien plus commode.
De plus, le fait de penser à une situation hypnotique a tendance à
provoquer spontanément l’état d’hypnose. Ce principe est même à la
base d’une technique d’induction chez les hypnothérapeutes : évoquer
« correctement » une situation hypnotique crée les premiers signes de
transe ; ensuite l’opération consiste à approfondir, en douceur.
PREMIER APPROFONDISSEMENT
Revenons, si tu veux bien, sur les différentes étapes d’une séance
d’auto-hypnose vues au chapitre précédent :
1 – Induction. Pour commencer une séance d’auto-hypnose, la
première étape est bien sûr d’entrer dans ce fameux état.
2 – Phase de travail. C’est dans cette deuxième phase que tu vas
appliquer tes propres suggestions – nous allons bientôt aborder
l’art de suggérer. C’est bien sûr la phase la plus différente d’une
séance à une autre.
3 – Sortie. C’est la phase qui consiste à sortir de l’état d’hypnose, et
retrouver ton fonctionnement habituel. C’est comme de se
réassocier, se « réveiller » si tu as utilisé des métaphores de
sommeil lors de la phase 2.
Comme nous l’avons vu plus haut, il est fréquent de se demander
au début si l’état d’hypnose était bien là. Pratiquer l’hypnose à deux
avec un professionnel est une chose, s’aventurer seul à la découverte
de soi en est une autre !-).
Je te propose alors l’exercice suivant pour « approfondir » un état
d’hypnose léger. Je mets des guillemets à « approfondir » car tu peux
très bien imaginer au contraire « monter » un peu plus haut en état
d’hypnose : comme nous le verrons bientôt, les images sont le
langage qui te parle le mieux et il s’agit d’utiliser celles qui te
conviennent bien.
Cet exercice est un grand classique de l’hypnose moderne.
Longtemps, l’induction hypnotique a consisté en une fixation intense
(souvent les yeux de l’hypnotiseur) en répétant « avec conviction »
quelque chose du genre « vos paupières sont lourdes, de plus en plus
lourdes, encore plus lourdes, toujours plus lourdes, tellement lourdes
qu’elles commencent à se fermer, etc. ». C’est cet hypnotiseur
américain Milton Erickson qui a popularisé cette induction très
différente. Je t’en propose ici une version qui s’adapte bien à la
pratique solitaire.
Exercice : lévitation de la main
Commence par t’asseoir confortablement. Pour cet exercice, tu n’as même pas besoin
de la cible. Choisis juste une de tes deux mains, et fixe-la intensément.
Comme avec la cible du chapitre précédent, tu dois veiller à fixer intensément la main
tout en restant relax. L’idéal serait même que tu observes la main que tu as choisie avec
curiosité. Parce que c’est vrai que c’est curieux une main :-). J’aimerais que tu sois
curieux de voir comment un doigt bouge, par exemple. Le truc, bien sûr, c’est d’aller
très lentement. Tu peux même être curieux de comment un doigt peut bouger le plus
lentement possible… En fait, j’aimerais que tu te prépares à lever la main, la décoller de
la jambe. Et j’aimerais que tu le fasses le plus lentement possible. Et pendant que tu
penses à lever la main, c’est-à-dire pendant que ton cerveau s’occupe de lancer des
impulsions électriques dans les neurones du système nerveux central afin de déclencher
une longue réaction en chaîne, j’aimerais que tu sois curieux du doigt qui va se décoller
en premier de la jambe parce que franchement, tu n’en as aucune idée ;-).
Et même je ne serais pas étonné que tu ne te sois jamais posé la question ! Quand tu
décides de lever la main d’ordinaire, j’imagine que tu lèves la main, et puis c’est tout.
Pourtant, il y a bien un doigt qui décolle en premier, c’est sûr. Ce serait quand même
très étonnant que les 5 doigts se décollent de la jambe en même temps ! Bien sûr qu’à
vitesse réelle, c’est l’impression que ça fait, mais lorsque tu ralentis 100 fois, 1 000 fois,
10 000 fois… sûr qu’un doigt se décolle très légèrement de la jambe avant un autre, et
puis un autre…
Et même, je te parle de doigts, et peut-être c’est le creux de la main qui va commencer
à se décoller de la jambe – et avant de commencer à se décoller, il va s’alléger, parce
que les zones de charge vont commencer à se répartir différemment.
Je t’invite à sentir tout ça et à l’observer, avec curiosité – une curiosité sincère, non
feinte. Souhaitant pratiquer l’auto-hypnose, tu dois apprendre à t’intéresser à toi – dans
le bon sens du terme bien sûr.
Alors comme tu l’imagines, tu vas mettre un certain temps (pour ne pas dire un temps
certain ;-) pour que la main soit complètement détachée de la jambe. Tu dois mettre
longtemps. C’est pendant cette phase de concentration et d’observation, avec curiosité,
que tu bascules en état d’hypnose. Et lorsque la main est complètement détachée de la
jambe – observe bien quelle partie de la main se décolle de la jambe en dernier – reste
un moment à l’observer, « flottant » dans l’air.
Et continue alors à mobiliser ta curiosité, tout en t’assurant de rester relax. Prends le
temps de faire une pause dans la concentration, te relâcher un peu. Puis concentre bien
ton attention à nouveau pour la suite du parcours : observe la main qui continue de
monter, et assure-toi que là, la main monte très lentement. En fait, c’est un peu comme
si la main s’approprie une existence propre, et tu la regardes qui monte, un peu comme
un spectateur.
Tout le long du travail, assure-toi de mobiliser :
1 – détente – tu dois te sentir bien confortable pour l’exercice, c’est essentiel ;
2 – curiosité – tu dois vraiment tout observer de ce qui se passe, tout en étant à l’écoute
de chaque sensation, de chaque micro-mouvement ;
3 – concentration – rien ne doit t’échapper, du moindre changement dans le rythme de
ta respiration jusqu’à la tension qui apparaît dans un muscle du visage juste avant que,
l’ayant observé, tu le relâches toi-même, consciemment.
Lorsque tu as terminé – et que la main est à une hauteur qui te semble confortable,
prends un moment et apprécie cet instant spécial. Tu peux même fermer les yeux, si ce
n’est déjà fait. En effet, cet exercice est propice à de lointains voyages hypnotiques, et
tu peux très bien fermer les yeux en cours de route, et laisser la main continuer de
monter à son rythme. Car comme tu le verras, il y a un moment où tu ne sais plus si
c’est toi qui fait monter la main ou si c’est la main qui continue de monter sans que tu
ne lui demandes rien.
Après avoir bien apprécié ce moment particulièrement relax, reviens à l’intérieur de toi-
même, et réassocie-toi bien. Étire-toi plusieurs fois, au besoin bâille, et remets la juste
tension dans tes mains, tes jambes, etc.
Créer des images dans ta tête – dans ton monde intérieur – les rend
déjà réelles, dans ton esprit. Même le plus rationnel et terre à terre
des ingénieurs doit d’abord projeter dans son esprit sa future
réalisation. Sans imagination, pas de création. Sans création, demain
ressemblera à hier, toujours.
Tu dois d’abord créer dans ton esprit les images de ce que tu
souhaites vivre, créer et expérimenter. Pour cela, tu dois apprendre à
i-ma-gi-ner !-). Alors, un exercice très simple – c’est toujours bien de
commencer par quelque chose de simple :-).
Exercice : le salon virtuel
Prends juste le temps de bien t’installer, de t’intérioriser. Ferme les yeux tranquillement.
Tu peux prendre deux ou trois bonnes inspirations. Et puis imagine ton salon, chez toi.
Tu peux même faire l’exercice déjà dans ton salon, le truc, c’est de fermer les yeux, et
de l’imaginer. Regarde, dans ton esprit, les meubles, leurs couleurs, leurs formes. Fixe
cette image dans ton esprit, et amuse-toi à te promener dans ton salon, un peu comme
tu le ferais avec un logiciel de conception assisté par ordinateur semblable à ceux
qu’utilisent les architectes.
Prends bien conscience que ce salon n’existe pas ailleurs que dans ton esprit. Bien sûr
tu as déjà vu l’original, peut-être même l’avais tu sous les yeux à l’instant même ;-).
Mais celui que tu es en train de visiter est virtuel, un peu comme la représentation de
ton salon sur l’écran d’un ordinateur. Un ordinateur surpuissant d’ailleurs, puisqu’il
s’agit de ton cerveau !-).
UN PETIT DESSIN VAUT MIEUX QU’UN
LONG DISCOURS
Il est désormais temps d’assembler tout ce que tu as vu jusqu’à
maintenant. Et pour cela, commençons à étudier ce langage si
important : celui de ton cerveau émotionnel. Souviens-toi du
diagramme du chapitre précédent, avec le cerveau rationnel et
l’automate. Il y avait aussi celui avec le monde extérieur et le monde
intérieur. En fait tu peux en faire la synthèse suivante (figure 4.1).
Ruben et la Pomme
Il y a quelques années, j’ai reçu un artiste de talent qui venait pour soulager des
douleurs physiques. Il m’était envoyé par son médecin et son kinésithérapeute. Suite
à une maladie ayant nécessité un traitement lourd, Ruben souffrait de douleurs
épouvantables qui l’empêchaient de répéter – ce qui était indispensable chaque jour
dans son métier.
D’après l’équipe soignante, les douleurs étaient davantage liées à l’état émotionnel et
affectif de Ruben qu’à un problème organique. Très affecté par l’épreuve qu’il avait
dû traverser, il avait du mal à « remonter la pente ».
Lorsque je l’ai vu pour la première fois, Ruben n’était effectivement pas dans un
grand état de forme physique et psychique. Manifestement, toutes les tentatives qu’il
avait expérimentées jusqu’ici avaient pris le problème « de front » et n’avaient pas
donné de résultats très satisfaisants.
Alors j’ai discuté avec Ruben ; nous avons parlé de choses et d’autres, sur le ton
d’une aimable conversation. Et puis, à force de digressions, nous avons évoqué New
York ; dès que notre échange est arrivé sur cette ville, j’ai saisi une étincelle dans
l’œil de Ruben.
Manifestement, l’image de « la Grosse Pomme » réveillait chez Ruben quelque chose
d’intéressant.
Alors j’ai emmené Ruben à New York ; en fait nous y sommes allés ensemble – en
rêve bien sûr, appliquant ces bons vieux principes 6 et 7 :-). Alors que j’évoquais les
couleurs de la ville, l’atmosphère sonore et tous ces détails particuliers qui rendent
cet endroit à nul autre pareil, j’ai vu le visage de Ruben s’éclairer alors que
j’évoquais le petit matin.
Alors que j’aidais Ruben à « en rajouter » dans l’intensité du confort que déclenchait
cette situation, son visage et tout son corps se détendaient à vue d’œil jusqu’à ce que
Ruben atteigne un état visiblement « au top » du bien-être.
Alors j’ai demandé à Ruben s’il était d’accord pour fixer cette image dans son esprit
et à en faire la nouvelle toile de fond du film de sa vie. Comme il était d’accord, je
l’ai aidé à installer cette image au premier plan de son monde intérieur, là où s’étaient
installés les nuages noirs de la période précédente (pourtant toute aussi révolue que
les autres, simplement plus récente).
En repartant, Ruben était comme sur « un petit nuage » (ce sont ses propres termes).
Plus tard, j’ai appris par son kiné que son état continuait de s’améliorer depuis ce
jour-là, et que la rééducation n’avait jamais aussi bien porté ses fruits que depuis ce
voyage imaginaire.
Principe no 8
Ton cerveau est sensible à la suggestion.
Alors bien sûr, nous pouvons penser que, dès le départ, Charles
n’est vraiment pas bien ce matin-là ; il « couve » comme on dit. Et
ses collègues, qui le connaissent bien, l’ont remarqué tout de suite.
Et puis un autre point de vue est d’envisager que ce matin-là,
Charles pète le feu. Et c’est Hortense qui ne se sent pas très bien ; du
coup, elle transforme sans s’en rendre compte la réalité et a
sincèrement l’impression que Charles ne va pas bien – première
affirmation.
Puis Albert arrive, qui a entendu la réflexion d’Hortense –
prononcée soit dit en passant avec une réelle conviction. Alors sans
même s’en rendre compte, il voit la même chose qu’elle, et parle à
Charles avec la même sincérité – deuxième affirmation.
Et puis il y a l’intervention de Jacqueline, le « coup de grâce » en
quelque sorte. Charles aime bien Jacqueline, elle est amusante.
Collègue plus expérimentée, célibataire enjouée, elle a tiré Charles
d’affaires à plusieurs reprises en reprenant des bourdes lorsqu’il
débutait. Il sait qu’elle l’aime bien et qu’il peut compter sur elle. Lui
aussi l’aime bien, il lui fait confiance – troisième affirmation.
Alors tu l’auras noté, Charles n’est pas tombé malade à la première
affirmation d’Hortense. Et même, il est tout à fait possible de penser
que les suggestions directes des collègues de travail de Charles ne
sont pour rien dans sa maladie. Toutefois, il a été constaté à maintes
reprises que le stress prolongé affaiblit le système immunitaire. Il est
aisé d’imaginer le stress induit par des collègues qui rabâchent sans
cesse que vous avez l’air malade.
Mais il a fallu plusieurs affirmations des collègues de Charles –
trois en l’occurrence. Il est bien évident que dans bien des cas, une
seule suggestion ne suffit pas– sauf dans certaines situations
spéciales que nous aborderons bientôt. C’est un point lui aussi très
important, qui constitue le 9e principe de ce cours : ton cerveau est
sensible à la répétition.
Principe no 9
Ton cerveau est sensible à la répétition.
Bien sûr la douleur de Joseph partira comme elle est venue. Avez-
vous même remarqué à quel point, dès le rendez-vous pris chez le
dentiste, ça va presque déjà un peu mieux ? Étonnant non ? Pourtant,
nous avons tous connu ce genre de situation où tout va si mal que tout
espoir semble impossible. « Il faudrait un miracle » se dit-on – et
bien sûr, nous ne croyons pas aux miracles.
Lorsque Joseph se répète intérieurement qu’il n’a pas mal, alors
que ce qu’il ressent lui dit le contraire, il ne fait qu’amplifier la
douleur elle-même. Pourquoi ? Parce que nous sommes tous pareils,
nous n’aimons pas les non-sens. Imaginez qu’il pleuve des cordes et
que vous croisiez quelqu’un qui vous dise : « quel temps magnifique,
n’est-ce pas ? Gare aux coups de soleil ! ». Vous le prendriez à coup
sûr soit pour un doux dingue, soit pour un imbécile.
Alors ne t’inflige pas à toi-même ce genre de jugements. Lorsque
tu t’apprêtes à utiliser la répétition, assure-toi d’abord que ce que tu
t’apprêtes à répéter est bien une suggestion, faite dans les règles de
l’art, et non une affirmation en désaccord total avec la réalité. Bien
sûr, nous verrons plus loin que, dans certains cas particuliers, une
affirmation dénuée de tout fondement peut « finir par entrer » à force
de répétition. Mais il convient de procéder par étapes et pour
l’instant, retiens ceci : c’est l’association d’une suggestion et d’une
répétition régulière qui imprime ton cerveau émotionnel – et donc qui
programme ton robot en conséquence.
Allons donc voir ensemble ce qui est déjà imprimé dans ton esprit,
et comment le transformer – si tu veux bien !-).
Partie
II
L’AUTO-HYPNOSE POUR
RÉPONDRE À LA QUESTION :
COMMENT JE PEUX VIVRE
MIEUX ?
« L’avenir m’intéresse,
c’est là que j’ai l’intention
de passer mes prochaines années. »
Woody Allen
5
ICI ET MAINTENANT
« Apprends comme si
tu devais vivre toujours,
vis comme si tu devais mourir demain. »
Proverbe tibétain
DE LA RELATIVITÉ DU TEMPS
Je te propose d’ailleurs de prendre un instant pour mesurer à quel
point la notion de temps est une notion essentielle, dès lors que tu
entreprends d’améliorer par l’hypnose quelque chose dans ta vie. Car
d’un point de vue rationnel, seul l’instant présent existe. Le passé
n’existe plus – il n’est qu’une vague idée dans ton monde intérieur –
et l’avenir n’existe pas encore – même s’il existe aussi sous forme de
fantasmes, de rêves et de craintes dans ton MI.
En fait, si tu reprends la figure 4.1, tu remarqueras que le monde
extérieur est le monde du temps présent – celui de la réalité factuelle.
Même un archéologue observe des vestiges qui sont le résultat
présent de l’épreuve du temps. En fait, pas besoin d’être un
scientifique de renom pour comprendre ce concept simple : le temps
est une vue de l’esprit.
Les vétérinaires expliquent que les animaux n’ont pas la même
perception du temps que nous car, en fait, c’est ça le truc : le temps
est histoire de perception. Comme disait Albert Einstein, père de la
théorie de la relativité de l’espace et du temps justement, pour
expliquer cette notion de relativité du temps de façon simple : une
minute passée auprès de sa petite amie est beaucoup plus courte
qu’une même minute passée assis en short sur une plaque
chauffante !-).
S’il n’y a pas d’esprit rationnel (souviens-toi, c’est lui qui est
branché sur le monde extérieur), il n’y a pas de temps. Je ne pense
pas que le temps paraisse long pour un caillou, une montagne ou
même une galaxie. Pourtant des scientifiques sont là pour nous
rappeler que, d’après eux, cela fait très longtemps qu’ils sont là !
Alors tu imagines peut-être que je vais t’expliquer que comme le
ME est le lieu d’un éternel présent où le temps n’existe pas, le MI est
forcément le lieu où le temps existe… et bien non ! Le MI est aussi
un lieu où le temps n’existe pas. En fait, c’est normal puisque je te le
rappelle, le temps est une vue de l’esprit rationnel. La notion de
temps n’existe pas en dehors de ton esprit rationnel.
La différence essentielle entre le ME et le MI par rapport au temps,
c’est que dans le MI, tout existe en même temps. Tout se passe comme
si ton MI est le réservoir de toutes les images de ta vie, celles du
présent bien sûr, mais aussi celles du passé et même celles du futur !
Je te rassure, il ne s’agit pas de science-fiction, mais bien de notre
mode de fonctionnement. Nous nous projetons en effet en
permanence dans l’avenir, c’est tout à fait normal et même
nécessaire. Lorsque tu prépares une quiche lorraine ou même quand
tu t’habilles, tu es bien obligé de t’y prendre dans l’ordre. Et, à moins
d’être particulièrement distrait, ça doit faire bien longtemps que tu ne
t’es pas surpris à enfiler tes chaussures avant ton pantalon !-).
C’est grâce à notre aptitude à nous projeter dans l’avenir que nous
sommes aptes à évoluer dans notre environnement. Et ton cerveau
émotionnel possède des images de ton avenir, il les infère sur la base
de tes expériences passées et de tes modèles. Nous y voilà, bien sûr :
l’avenir est inféré, c’est-à-dire qu’il est déduit de ton passé par ton
cerveau émotionnel – nous reviendrons bientôt sur ce point essentiel.
Retiens bien pour le moment que la perception du temps est
l’apanage de ton cerveau rationnel ; pour ton cerveau émotionnel
comme pour ton robot, le temps n’existe pas : d’ailleurs regarde, seul
ton cerveau rationnel a besoin de dormir ; ton cerveau émotionnel et
ton robot, eux, ne se reposent jamais. Même lorsque tu dors
profondément, ton robot fort heureusement continue de travailler et
d’assurer la respiration, le bon taux de glycémie et la bonne pression
artérielle. Et pendant que ton cerveau rationnel dort bien
profondément, ton cerveau émotionnel crée et invente des rêves – qui
te semblent parfois encore plus réels que la réalité elle-même !-).
Le temps n’existe que pour ton esprit rationnel ; et ton esprit
rationnel est un peu comme le faisceau lumineux d’une lampe torche
qui éclaire plus ou moins bien ce sur quoi elle se concentre. La
plupart du temps ton esprit rationnel est concentré sur le monde
extérieur et la lampe torche éclaire le périmètre du faisceau
lumineux.
Et lorsque tu te concentres sur toi-même, sur tes états d’âme, tes
rêves, tes désirs, tes souvenirs, alors tu orientes naturellement le
faisceau de la lampe torche sur ton monde intérieur. Et dans ton
monde intérieur, le temps n’existe pas. Toutes les images de ta vie y
sont stockées, certes pas au même endroit, mais toutes y sont. Et ces
images ne comportent pas forcément d’indication de temps, un peu
comme les fichiers d’un ordinateur dont on ferait la liste sans choisir
l’option d’affichage « date de dernière modification » ou « date de
création ».
En fait, dans ton monde intérieur, tu observes toutes les images de
ta vie en même temps. Elles ne sont pas classées par date mais plutôt
par ordre d’importance – nous y reviendrons bientôt.
Le fait que le temps n’existe que pour ton esprit rationnel explique
de façon simple et satisfaisante ces distorsions du temps si
spontanées lors d’une expérience hypnotique.
UN « et », UN « ou » ET UN « JARDIN »
Bien sûr, la première à laquelle tu te connectes est ton ego du
moment, et c’est bien normal : tu vois avec ton regard habituel
d’aujourd’hui celui ou celle que tu étais au moment des faits. C’est à
ce moment-là que des réflexions pas forcément sympathiques
peuvent surgir de ton ego, car l’ego est assez prompt à juger – c’est
parce qu’il a très peur, souviens-toi, et la peur a tendance à rendre
assez agressif ou jugeant. Évite de juger ou de blâmer la personne que
tu fus par le passé parce que cette personne, c’est toi. Apprends dès
maintenant à réunir plutôt qu’à séparer, nous reviendrons plus tard
sur ce principe.
Plus tu vas réunir la personne que tu as été et celle que tu es
aujourd’hui, plus tu vas entrer en état d’hypnose. Et c’est justement la
deuxième instance à laquelle tu peux te connecter avec un peu de
patience : la personne que tu étais au moment des faits – ton ego de
l’époque en quelque sorte.
Les deux ego ensemble font des étincelles car ils fonctionnent
plutôt sur le rejet. Un jour, lors d’une séance d’hypnose, une dame
m’a rapporté qu’elle regrettait d’être restée si longtemps avec son ex-
mari car cette union avait « échouée » (c’est le terme qu’elle
employait). Elle finit même par me dire « Franchement le jour où je
l’ai rencontré, j’aurais mieux fait de me casser une jambe ! ». Je lui
proposais une autre façon de voir les choses : elle avait été
éperdument amoureuse de cet homme. Juger aussi sévèrement celle
qu’elle était à ce moment-là de sa vie semait des graines de
dépréciation et de culpabilité peu propices à l’épanouissement.
Le raisonnement du « Je » de « Je pense » – le « Je » de l’ego – est
exclusif : il fonctionne en permanence dans le « ou » et jamais dans le
« et ». Au contraire, ton moi profond réunit et fonctionne dans le
« et ». C’est même encore mieux que ça : ton moi profond ne connaît
pas le « ou », c’est un concept étranger à son mode de
fonctionnement.
C’est précisément la troisième instance qui regarde elle aussi le
film de ta vie : ton moi profond ;-). En fait, imagine un jardin. Un très
beau jardin, avec des fleurs multicolores, de l’herbe verte, des
fontaines et des cascades et des arbres centenaires.
Ce jardin change au cours des saisons. Mais c’est toujours le même
jardin. Tout le monde dans le quartier le connaît. Même si un jour le
jardin change de nom, c’est toujours le même jardin.
Il arrive que des arbres meurent dans ce jardin, pendant que
d’autres arbres sont plantés (par les jardiniers de la ville s’il s’agit
d’un jardin municipal, par les agents des eaux et forêts ou même par
le propriétaire du jardin si c’est un jardin privatif).
Et bien ton moi profond, c’est ce jardin précisément. Il est
atemporel, il ne change pas. Bien sûr, à l’œil nu, ce jardin change : il
peut être plus ou moins florissant, luxuriant ou en friche. Mais c’est
toujours le même jardin, c’est la même terre, tout aussi fertile. Et
cette terre fait pousser tout ce que tu y sèmes.
Au plus profond de toi-même, tu es ce jardin. Ton esprit
inconscient, c’est ce terreau fertile qui fait pousser tout ce qui y est
semé. Et ton esprit conscient, c’est le jardinier. C’est lui qui sème, qui
met de l’ordre et qui au besoin retire les mauvaises herbes.
Il arrive aussi que le jardinier ne fasse rien, se désespérant devant
un jardin en friche. Alors, il ne faut pas blâmer le jardinier – ni le
jardin bien sûr. Il se peut que le jardinier ne sache pas comment s’y
prendre. Peut-être n’a-t-il pas les outils adéquats pour retirer les
mauvaises herbes… Et peut-être ne sait-il pas où trouver les
semences pour transformer un jardin en friche en un havre de paix
luxuriant où la Nature s’exprime à son plus haut degré de
perfection :-).
Lorsque tu te concentres sur l’instant présent, tu entres en relation
avec le jardin. Quelles que puissent être les transformations de
surface, le jardin est toujours le même, dans le fond. Même si un jour
le jardin est remplacé par un parking, le jardin est toujours là ; et les
anciens commentent : « de mon temps, ici, il y avait un jardin
magnifique ; les enfants y jouaient et les adultes venaient y trouver
un peu de calme… ». Tant qu’il y a des anciens pour se souvenir du
jardin, le jardin vit encore à travers eux – et peut renaître, un jour, là
où il y avait un parking ;-).
La dame du lac
Une dame très chic d’une soixantaine d’années m’avait été envoyée par son médecin
car elle souffrait de graves insomnies depuis longtemps. Elle m’expliqua comment
elle avait perdu le sommeil. Au cours de son adolescence, elle avait vécu dans un
pays en guerre. Sa famille était recherchée et elle avait dû se cacher pour ne pas être
prise – et subir manifestement des traitements peu enviables.
À cette époque, elle avait appris à se déplacer la nuit pour trouver d’autres cachettes
et dormir le jour, dans la peur et l’angoisse permanentes.
Depuis, elle dormait si mal que même la chimie classique ne parvenait plus à lui
assurer deux ou trois heures de répit quotidien.
Après lui avoir expliqué comment fonctionnent nos esprits conscients et inconscients,
je l’ai aidée à se connecter à « ici et maintenant ». Je l’ai ensuite aidée à dissoudre
toutes les peurs et les angoisses inutiles, après m’être bien assuré que toutes les
leçons utiles de l’expérience avaient été intégrées.
Nous avons imaginé ensemble un grand lac au clair de lune. Tout était paisible autour
de ce lac, et nous entendions le doux rythme de la nature en sommeil qui se régénère
avant l’aurore. Puis nous avons imaginé que ce lac était comme une espèce de lac
magique dans lequel elle pouvait dissoudre toutes les idées noires qui traversaient
parfois son esprit sans crier gare.
Avant de dissoudre chaque image, chaque sensation désagréable, chaque sentiment
diffus de malaise, elle prenait le temps de lui dire « au revoir », sans colère, sans
haine et sans violence, comme on peut dire au revoir un jour à un chagrin qui nous a
accompagné longtemps et dont on sent un jour qu’il n’est plus nécessaire au
souvenir.
Nous avons convenu ensemble qu’elle retrouverait ce lac au clair de lune, à chaque
fois qu’elle en éprouverait le désir ou le besoin. Et nous avons prévu de nous revoir
le mois suivant.
C’est une amie de cette dame qui a frappé à ma porte la fois suivante : ayant retrouvé
« miraculeusement » le sommeil depuis notre séance, elle avait « offert » son rendez-
vous à son amie :-).
J’eus encore plus tard la confirmation par son médecin qu’elle n’avait désormais plus
besoin de somnifères ni d’anxiolytiques pour dormir.
Tout est confondu dans ton monde intérieur : passé, présent et futur.
Car le temps n’est pas un critère de tri pour ton cerveau émotionnel –
c’est toujours bon à savoir ;-).
LE SANCTUAIRE INTÉRIEUR
Tu peux, comme cette dame, apprendre à te recueillir dans ton
sanctuaire intérieur. Bien sûr, le terme même de sanctuaire est en soi
une image, et si cette dernière ne te convient pas, alors évidemment
change-la :-). Appelle alors ce lieu spécial et personnel ton « cabinet
personnel » ou ta « salle de jeux » ou encore ton « boudoir » ou même
ton « jardin secret ».
La première étape consiste à créer ce lieu précieux, dans ton esprit.
Tout est autorisé, et il n’y a pas de limites puisque tout se passe –
comme toujours d’ailleurs – dans ton imagination. Pour aider ta
créativité, tu peux te poser les questions suivantes :
• Est-ce l’image d’un lieu réel ou d’un lieu imaginaire ?
• Est-ce à l’intérieur ou à l’extérieur (ou bien les deux et toi
pouvant passer de l’un à l’autre) ?
• Si c’est à l’intérieur, qu’il y a-t-il de remarquable (genre table
basse, cheminée, billard, bibliothèque, boule de cristal
magique…) ?
• S’il y a une fenêtre, que voit-on au travers ?
• S’il n’y a pas de fenêtre, qu’il y a-t-il autour de cette pièce
particulière ; es-tu dans une espèce d’abri antiatomique à 200 m
sous terre, dans un grenier ou même dans une capsule spatiale en
orbite quelque part dans l’espace – souviens-toi, tout est
possible !-) ?
Lorsque tu as une idée, même approximative, de ce à quoi peut
ressembler ce lieu, alors installe-toi confortablement et entre en état
d’hypnose – de la façon qui te convient le mieux. Par exemple, utilise
la technique du salon vue dans l’exercice du chapitre 4. Visualise ton
salon, dans ton esprit, puis imagine un passage magique – genre porte
dérobée, tunnel type 4e dimension (la série télévisée d’il y a
longtemps) ou même passe à travers le miroir comme Jean Marais
dans l’Orphée de Jean Cocteau ;-).
Dès lors que tu es dans ton « sanctuaire personnel », prends le
temps de faire travailler ton imagination afin de le nourrir de tous les
détails qui le rendront de plus en plus crédible dans ton esprit.
Une autre technique est de partir d’une photo : un endroit
absolument idyllique à la surface du Globe, ou alors une maison
incroyable photographiée dans l’une de ces revues spécialisées sur les
demeures d’exception. Observe bien la photo, puis ferme les yeux et
imagine-toi dans l’endroit paradisiaque. Au besoin, transforme-le
afin de le rendre précisément exactement à ton goût.
Le but de l’opération est d’avoir en tête un lieu imaginaire qui soit
synonyme pour toi de confort, sécurité, calme et tranquillité. Tu peux
même t’inspirer de la formule de Baudelaire dans son invitation au
voyage : « Là tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté ».
Comprends bien qu’il n’y a pas de formule toute faite : l’essentiel
est que les symboles, les ingrédients que tu mettras dans ton
« paysage idéal » soient adaptés à toi et déclenchent chez toi des
sensations de calme, de quiétude et de paix de l’esprit.
C’est toute la limite des textes censés apporter ce dont le lecteur ou
l’auditeur a besoin. Bien sûr, certains symboles sont plus partagés
que d’autres, et nous sommes plus nombreux à trouver un lever de
soleil sur la mer à la fois enthousiasment et apaisant plutôt que le
bruit des Formules 1 qui tournent sans fin sur le circuit de
Magnicourt ou d’ailleurs.
Mais tout existe en ce bas monde, et c’est une démarche essentielle
que celle de te demander quels sont les symboles les plus efficaces
pour toi. Pratiquer l’auto-hypnose signifie avant tout apprendre à te
connaître mieux. Toute démarche de travail personnelle implique
d’apprendre à mieux se connaître.
La connaissance de toi signifie d’abord et avant tout apprendre
comment tu fonctionnes. Avant même de comprendre pourquoi tu
fonctionnes comme ceci ou comme cela, tu dois identifier comment
tu fonctionnes. Tu peux par exemple prendre le temps de répondre
pour toi-même, sur un cahier personnel (apprends à utiliser un carnet
personnel, c’est essentiel, nous en reparlerons plus tard) aux
questions suivantes :
Quelles images évoquent pour toi la sécurité ? Est-ce que c’est un
lieu, une personne, un concept… ?
• Quelles sont les musiques qui t’apaisent ?
• Quelles sont les musiques qui te donnent la pêche ?
• Quelles sont les images qui te donnent la pêche ?
• Quel parfum évoque pour toi au mieux les bons souvenirs
d’enfance ?
• Quel genre de symbole évoque pour toi les heures les plus noires
de ton histoire personnelle (un lieu, un film, un plat cuisiné, une
personne vivante ou morte, un produit qui se boit, se mange ou
se fume…).
• Quel symbole évoque le plus ta force personnelle (un diplôme
que tu as obtenu, un enfant que tu as fait et/ou dont tu t’es
occupé sans compter, une plante que tu as arrosée régulièrement,
de l’argent que tu as gagné, une vie que tu as sauvée ou
contribué à rendre moins dure…) ?
• Quelles sont les histoires réelles ou de fiction qui t’ont le plus
marqué jusqu’à présent (des fables de La Fontaine, des films au
cinéma, le divorce de ton cousin Jules ou la guérison
miraculeuse de ta cousine Pauline…) ?
En faisant ce genre d’inventaire, tu détailles en quelque sorte une
espèce de cartographie personnelle. Je te rappelle que le pourquoi est
une autre histoire, une toute autre histoire. Apprends d’abord à
comprendre comment tu fonctionnes.
Le monde extérieur contient tout un tas de déclencheurs. Chaque
élément que tu croises déclenche, sans que tu t’en rendes compte, des
réactions émotionnelles et affectives en toi. Tu as l’impression que
ces états d’âme sont le fruit du hasard – du genre « il y a des jours
avec et des jours sans, n’est-ce pas ? ». Comment pourraient-ils être
le fruit du hasard ? Le hasard a du sens lorsque tu lances une paire de
dés ou que tu distribues des cartes, il ne devrait jamais, d’un point de
vue rationnel, avoir droit de cité sur ton humeur.
C’est d’ailleurs la plupart du temps ce qui nous pousse à faire des
investigations personnelles : comment se fait-il que je n’ai pas le
moral ? Tout va pourtant bien – sur le papier, comme on dit. Et
chacun cherche alors à comprendre pourquoi ? Pourquoi je me sens
triste, pourquoi je n’ai pas confiance en moi, pourquoi je dors si
mal ?
Chercher le problème
J’ai reçu un jour une jeune femme qui se désespérait de ses problèmes
professionnels ; elle se trouvait trop dilettante, pas assez investie. Alors que je lui
demandais en quoi cette situation la dérangeait vraiment, je constatais son embarras,
tant il lui était difficile de justifier en fin de compte le prétendu problème.
Le discours de cette dame – au demeurant tout à fait « d’aplomb » (elle était à son
compte depuis suffisamment longtemps pour avoir fait la preuve qu’elle était
« capable » de s’assumer et de travailler assez pour subvenir à ses besoins) était
ponctué de « Il faut » et de « Normalement ». Du genre « Normalement quand on fait
mon métier, on l’aime et on s’investit », « Il faut que je gagne ma vie » ou encore
« c’est pas normal de se laisser aller comme ça ». Comme si cette dame se référait en
permanence à une norme qu’elle ne s’était jusqu’à maintenant jamais vraiment
appropriée.
Longtemps durant la séance, nous avons avancé ensemble autour de cette question
« Où est le problème ? ». Nous avons continué le travail durant quelques séances, à
chaque fois ponctuées d’expériences hypnotiques ayant pour but – entre autres –
d’ouvrir les possibilités et d’activer ses ressources conscientes et inconscientes.
Les résultats obtenus après quelques séances furent stupéfiants – c’est un état
dépressif sévère qui avait conduit son psychiatre à envoyer cette personne dans mon
cabinet.
La cravate et l’ingénieur
Lorsque j’étais jeune ingénieur chez IBM, une boutade circulait chez les
collaborateurs de « la Grande Bleue » : dès qu’un jeune commercial signait sa
première grosse affaire, il avait dès lors tendance à porter la même cravate à chaque
négociation importante.
Le plus amusant est que cette observation se vérifiait assez bien empiriquement. Et
même, de nombreux commerciaux étaient tout à fait lucides sur le sujet et parlaient
volontiers de leur « cravate porte-bonheur ».
Principe no 10
Les jugements bloquent le changement.
QUELQUES COÏNCIDENCES
« Il n’y a rien qu’une transe hypnotique ne puisse au moins
partiellement arranger. »
Richard Bandler
Le trauma de Sophia
Sofia est une jeune femme en apparence épanouie et intelligente. À 20 ans, elle est en
cagne et prépare l’ENS de philosophie. Sociable, extravertie, cette – déjà – ancienne
sportive de haut niveau (elle a fait beaucoup de danse) semble croquer la vie à
pleines dents ;-).
Pourtant, secrètement, Sofia est extrêmement malheureuse. Souffrant de graves
troubles du comportement alimentaire, elle se gave et se fait vomir 4 à 6 fois par jour.
Ça a commencé à l’adolescence, par un petit régime avant l’été. Sofia parvenait à
bien gérer à l’époque ; et puis ses parents lui ont loué une chambre pour lui éviter la
fatigue des transports dès son entrée en hypocagne. Et c’est là que tout s’est emballé.
Aujourd’hui, dès qu’elle est seule chez elle, c’est plus fort qu’elle ; comme une force
irrépressible, contre laquelle elle ne peut rien (bonjour Robot chéri).
Manifestement, Sofia sait comment faire pour se sentir en sécurité dès qu’elle est
avec du monde ou en société. Elle ne sait pas, d’un point de vue rationnel, comment
elle le fait, et à un niveau émotionnel, elle le sait – son cerveau émotionnel le sait.
Même avec une terrible boule d’angoisse dans le ventre, elle parvient à passer tous
les caps difficiles lorsqu’elle n’est pas seule.
C’est un apprentissage qui permettra à Sofia de retrouver une vie normale et
épanouissante. Apprendre à se sentir bien et en sécurité, même lorsqu’elle est toute
seule chez elle. Car lorsqu’elle est avec du monde, c’est elle – son cerveau
émotionnel – qui déclenche cette sensation de confort et de sécurité. Le sentiment de
sécurité n’est pas présent sous forme de molécules dans l’air qu’elle respire à ce
moment-là. C’est elle, Sofia, qui déclenche inconsciemment, à partir de ce qu’elle
voit, entend, respire (à travers toutes les données traversant son VAKOG) qui,
automatiquement, déclenche sans le savoir ce doux sentiment de confort et de
sécurité qui lui font même, l’espace d’un instant, oublier ses problèmes ;-).
Bien sûr, il peut sembler évident de regarder ce qui se passe
lorsque ça ne va pas, afin de comprendre la mécanique du problème.
Toutefois, imagine un garagiste qui apprendrait la mécanique
uniquement sur des moteurs montés à l’envers ou dans lesquels il
manque des pièces : ça ne marcherait pas. Tout mécanicien apprend
d’abord à observer des moteurs en parfait état de marche. Ainsi,
lorsqu’ils travaillent sur un moteur endommagé, c’est la différence
qu’ils observent entre « comment c’est quand ça marche » et
« comment c’est quand ça ne marche pas » qui leur permet d’établir
un plan pour passer de « ça ne marche pas – ou plus » à « maintenant
ça fonctionne ».
Ce dont a besoin le cerveau émotionnel de Sofia, c’est de se
remplir de toutes les données conscientes et inconscientes concernant
les moments où ça va bien. Alors seulement les conditions d’un
apprentissage seront réunies : tous les apprentis du monde apprennent
de cette façon : ils se rendent tous les jours à l’atelier et observent les
« pros » travailler. Ainsi, par une espèce de capillarité un peu
mystérieuse, ils apprennent les gestes et les habitudes qui
fonctionnent et feront d’eux bientôt des professionnels chevronnés à
leur tour.
Tu as en toi un professionnel et un apprenti. Le professionnel, c’est
quand « tout va bien, il n’y a pas de problème ». L’apprenti, c’est
celui qui se débat avec son symptôme sans savoir comment faire.
Bien sûr, à vue d’œil, l’apprenti ne sait pas comment faire : il ne voit
pas les différences. Alors tu dois l’aider à observer. C’est cette
démarche qui a amené Steeve de Schazer à développer sa fameuse
« question miracle ». Je te propose de faire de cette « question
miracle » le dernier exercice de ce chapitre, avant d’effectuer un pas
supplémentaire vers la solution ;-).
Exercice : la question miracle de Steeve de Schazer
Munis-toi de ton cahier personnel et fait en sorte de te sentir bien. Au besoin, prends un
moment pour bien te centrer et lire cette question « miracle » progressivement, comme
si tu étais ton propre thérapeute ;-).
Tu vas te poser une question particulière, et même assez inhabituelle, une question qui
demande un peu d'imagination...
Prends le temps de bien te centrer, rentre un peu en toi-même.
Et Suppose...
Respire calmement et tranquillement.
Suppose…
Après que tu as fait cet exercice, tu refermes ce livre et puis tu reprends tes occupations
habituelles, tu fais tout comme d'habitude, etc., puis tu vas te coucher et tu t’endors...
Et, pendant ton sommeil, un miracle se produit...
Et, les problèmes qui t’ont amené à faire ce travail sont résolus, juste comme ça! ...
Mais, ça s’est passé pendant ton sommeil, et tu ne peux pas savoir ce qui s’est passé.
Une fois que tu es réveillé le matin, a) Comment vas-tu te rendre compte que ce miracle
s’est produit pour toi ? et b) Comment ton(ta) meilleur ami(e) saura-t-il (elle) que ce
miracle s'est produit pour toi ?
Prends tout ton temps pour écrire ta réponse sur ton cahier…
Puis souviens-toi du moment le plus récent (peut-être en jours, en heures, en semaines)
où les choses étaient plutôt comme ce jour après le miracle…
Puis, sur une échelle de 0 à 10, avec 10 représentant comment les choses sont le jour-
après-le-miracle et 0 pour comment elles étaient le jour où tu as décidé d’arranger ça,
où – entre 0 et 10 – penses-tu te situer en ce moment?
Sur la même échelle, où penses-tu que ton(ta) meilleur ami(e) dirait que tu te situes en
ce moment ?
Sur la même échelle, où dirais-tu que les choses se situaient lorsqu'elles étaient plutôt
comme ce jour après le miracle ?
Dans les jours qui viennent, amuse-toi à évaluer la situation avec cette échelle de 0 à10
– c’est plus amusant de procéder à l’évaluation sans regarder à combien tu l’avais
évaluée lors de ta précédente séance de travail ;-).
Et en douceur, si tu le souhaites, bien sûr, continue ta lecture ;-).
7
LE SYMPTÔME, C’EST
LA SOLUTION
Comme tu le sais désormais, à ton arrivée sur cette terre ton robot
n’est pas encore programmé, même si ton cerveau émotionnel, lui,
possède une espèce de « mémoire » intuitive de ceux et celles qui
t’ont précédé – ce qui bien sûr influence ses réactions, donc
l’apprentissage de l’automate.
Toutefois, tu dois garder présent à l’esprit qu’au départ, pas de
problème, pas de symptôme. Et puis il y a les événements de la vie
qui passent par là, tes expériences, les situations heureuses et les
situations difficiles, l’observation intuitive des personnes qui
t’entourent, l’école, le collège… et puis un jour, parfois très tôt, les
premiers symptômes apparaissent…
LÀ OÙ POUSSE LE POISON,
POUSSE AUSSI L’ANTIDOTE
Ce sur quoi j’aimerais attirer ton attention, cher lecteur, c’est que le
symptôme émerge pour une raison, et que cette raison est toujours
bonne. Pour mieux comprendre ce point essentiel, revenons, si tu
veux bien, sur ton schéma de fonctionnement :
TRANSFORMER LE PLOMB EN OR
Alors voilà, ça se passe de la façon suivante : ton cerveau émotionnel
stocke une colossale quantité d’informations sous formes d’images
ou même pourrait-on dire d’icônes. Ces icônes ne sont pas triées par
dates, elles sont classées par type. Certaines sont regroupées sous
l’étiquette « agréable » alors que d’autres se retrouvent sous
l’étiquette « désagréable » ; certaines se retrouvent sous l’étiquette
« danger » alors que d’autres sont rangées dans un tiroir du genre « tu
peux y aller les yeux fermés ».
Comme dans toutes les bases de données sophistiquées – et notre
cerveau est la plus ingénieuse de toutes, conservant encore
d’incroyables et étonnants mystères – une même icône peut se
retrouver sous plusieurs étiquettes en même temps – on imaginera
volontiers le résultat renvoyé par la requête « simple, efficace,
agréable, tu peux y aller les yeux fermés » ;-).
Ton cerveau émotionnel active en permanence un processus
ancestral ; ce sont les résultats de ce processus qui, en temps réel,
sont transmis au robot sous forme de séquences très simples (genre
des lignes de 0 et de 1 comme dans un ordinateur). Et alors le robot
active ou inhibe un certain nombre de programmes précédemment
intégrés.
Charles regarde son émission préférée à la télévision lorsque tout à
coup le son devient trop fort à son goût ; sans même la chercher des
yeux – il la range toujours au même endroit – sa main saisit la
télécommande et baisse le son. Il a agi comme ça, par automatisme,
sans même réfléchir.
Ce processus ancestral que ton cerveau émotionnel active en
permanence est le suivant : il consiste à rechercher le plaisir et à
éviter la douleur. Retiens bien ce processus, car il est essentiel et se
projette sur tout ce que tu fais – et tout ce que tu ne fais pas – aussi
bien à des niveaux conscients qu’à des niveaux inconscients. Tout,
absolument tout ce que tu fais, se ramène à ce mouvement essentiel :
rechercher le plaisir ou éviter la douleur.
Ce principe est tellement essentiel qu’il constitue le onzième point
de cette méthode, car tu dois le conserver à l’esprit, aussi bien dans
un sens que dans l’autre : selon les circonstances et les situations,
c’est soit la recherche de plaisir qui prime, soit l’évitement de la
douleur. Note au passage que ce n’est pas forcément la même
chose ;-).
Principe no 11
Absolument tout ce que tu fais revient soit à rechercher le plaisir, soit à éviter
la douleur.
Du contexte
De tous les critères de classement qui permettent à ton cerveau émotionnel de
ranger les icônes dans ton monde intérieur, le contexte tient une place très
importante. Aussi une spécialité de l’hypnose consiste-t-elle en ce que l’on
nomme en hypnothérapie le « transfert de compétences ». Pour le fumeur,
certaines situations « appellent » littéralement la cigarette, le dépressif sera
« plombé » par telle musique ou telle lumière et le timide se sentira
parfaitement à l’aise avec quelques – rares, trop rares – personnes.
Comme tu l’as vu plus haut, chacun possède en soi les facultés utiles et
nécessaires à ce que « tout se passe bien ». Mais dans certains contextes,
certaines situations, tout se passe comme si la personne en souffrance n’a pas
accès à ces capacités particulières.
Des émotions
Chacune des icônes de ton monde intérieur a la possibilité de se teinter
d’émotion ; c’est une possibilité, car ce n’est pas obligé. Énormément
d’icônes ne contiennent pas d’émotion – et les concepts de table et de chaise
par exemple sont souvent dénués de toute émotion chez nos congénères – à
moins qu’ils n’entretiennent avec ces objets des relations toutes particulières,
et ça s’appelle alors – ou peut s’appeler, selon les cas – une obsession.
L’AUTO-HYPNOSE POUR
VIVRE UN AVENIR LIBÉRÉ
DES OMBRES DU PASSÉ
ET ENRICHI
DE MES NOUVELLES
CAPACITÉS
La détente
C’est par là que nous avons commencé, car c’est la base. Sans
détente, pas de bonne transe – au sens thérapeutique du terme. J’attire
ton attention sur tous ces moments de la vie où tu es hypnotisé, mais
pas « relax ». Ce n’est pas un hasard si tous les hypnothérapeutes du
monde entier commencent toujours par dire quelque chose du genre
« installez-vous confortablement ».
La concentration
Comme nous l’avons vu précédemment, la concentration est une
excellente porte d’entrée de l’état hypnotique et c’en était même,
jusqu’au début du XX e siècle, l’entrée principale. Nous avons tous en
tête, à juste titre, ces images d’Épinal d’hypnotiseurs agitant un
pendule ou une montre à gousset devant les yeux de leurs patients
(souviens-toi de Tintin et des 7 boules de cristal ;-), demandant de
fixer un métronome ou ce tout simple « regardez-moi dans les yeux ».
La concentration sur un point fixe, le centre d’une cible, la flamme
d’une bougie, ou même un son répétitif (genre
hôôôôôôôôôôômmmmmmmmm ;-) est un excellent moyen d’entrer
en état d’hypnose. C’est ce que l’on appelle le mono-idéisme, c’est-à-
dire se concentrer sur une seule idée, qui prend toute la place. C’est
un peu comme si tu avances dans un cône dont l’extrémité se resserre
encore et encore jusqu’à l’arrivée du col et alors derrière tu
expérimentes :
L’ouverture
Si tu ajoutes les ingrédients d’une bonne transe dans l’ordre dans
lequel ils sont présentés ici, c’est à ce moment-là que tu commences
à ressentir qu’il faut bien être « un peu barré » pour expérimenter en
même temps la concentration sur un seul et unique point et
l’ouverture – sur l’extérieur, le présent le passé l’avenir, etc.
Bien sûr, il y a au cours d’une expérience, des translations qui
s’opèrent : la concentration se fait au départ sur le centre de la cible
par exemple – le centre physique de la cible – et se translate
progressivement vers ce que symbolise ce centre pour toi : une
solution, une guérison, un progrès.
Il est possible d’entrer en état d’hypnose par ouverture, ce
qu’Olivier Lockert1 appelle « Induction par expansion de
conscience ».
La curiosité
La curiosité décrit ici cette espèce d’état d’esprit particulier qui
cherche avec plaisir quelque chose sans forcément savoir ce que
c’est. C’est un peu comme la curiosité d’un enfant qui découvre un
nouveau jouet – tu remarqueras d’ailleurs cher lecteur que l’enfant en
question est alors relax, concentré et ouvert ;-).
C’est cette curiosité qui cherche à comprendre davantage avec son
cœur et ses mains qu’avec sa tête. C’est un peu primitif l’état
d’hypnose, ça peut sembler paradoxal pour l’esprit conscient et
rationnel et c’est bien normal car le cerveau émotionnel ne connaît
pas les paradoxes et il possède cette aptitude bizarre d’être à même
de tout expérimenter en même temps. Le jour et la nuit en même
temps, dedans et dehors en même temps, primitif et évolué en même
temps.
Le dernier ingrédient indispensable à un bon état d’hypnose nous
renvoie lui aussi au monde de l’enfance puisqu’il s’agit de…
L’enthousiasme
Tu peux réunir les quatre points précédents, si tu n’y ajoutes pas ce
dernier point, tu ne seras pas dans un « bon » état d’hypnose, c’est-à-
dire un état d’hypnose qui agit profondément sur toi et avec toi, ce
genre d’état qui transforme littéralement le plomb en or et qui fait
qu’il y a systématiquement un avant et un après ; il se passe quelque
chose de spécial lorsque tu expérimente un « bon » état d’hypnose.
C’est ce qui crée cet espace spécial en toi, capable d’accueillir le
symptôme d’hier afin de le transformer en ressource de demain. Car
tout symptôme contient en son sein les germes de quelque chose de
plus grand et de plus vaste qu’avant.
Il y a une dimension artistique dans l’hypnothérapie. Pour Steeve
Guilligan, pratiquer l’hypnothérapie, c’est comme de rendre humain
un élan pulsionnel à la fois indispensable et dangereux tant qu’il n’a
pas été « humanisé ». Un musicien de mes clients m’a expliqué un
jour que c’est comme ça qu’il voit la musique. Il me citait l’exemple
des Afro-Américains à l’époque où ils étaient opprimés et réduits en
esclavage. Il y avait cette détresse, et aussi cette colère et parfois
même cette rage et tout ça cherchait un moyen de s’exprimer, de
s’extérioriser et ça a donné le blues. Le blues ne signifie pas qu’il n’y
a plus de problème ou que tout va bien, il est simplement le premier
pas vers la suite, le premier pas vers la solution et la libération.
Si tu te sens parfois l’âme un peu mélomane, tu peux te dire que
pratiquer l’auto-hypnose c’est un peu comme de composer ta propre
musique intérieure, ton blues, et transformer ce qui était sauvage et
dangereux pour aller vers plus d’harmonie et de clarté, passer du
tumulte à l’apaisement. Les notes sont les mêmes avant et après,
simplement tu les as réorganisées, réarrangées. Pour cela, il a fallu
que tu les regardes, que tu les acceptes, et c’est comme ça que tu
composes ta propre musique personnelle. En fait travailler en auto-
hypnose peut se voir de la façon suivante : mobiliser toutes tes notes
intérieures, tout ton talent, et passer de la cacophonie d’hier à
l’harmonie de demain – et tu dois mettre toutes les notes dans ta
musique personnelle – même celles qui semblent en trop ou inutiles ;
tu dois les mettre toutes, même quand cela implique d’importants
efforts de créativité. Et il arrive si souvent que cette note, cette fichue
note, cette espèce de sale note qui fiche tout le reste par terre, cette
note dont tu as toujours eu l’impression qu’elle te gâchait l’existence
et dont tu as toujours rêver de te débarrasser, cette note, une fois à sa
place, donne toute son âme à ta musique, et fait de ta mélodie
intérieure un air singulier, unique, qui manquait au monde avant
toi ;-).
En fait, tu peux t’amuser à identifier ce qui te manque lorsque tu es
avec ton symptôme pour être dans une « bonne » transe hypnotique.
Car lorsque le symptôme est là, tu es en transe, c’est sûr. Le
migraineux est concentré par exemple (il ne pense qu’à sa douleur et
ne peut penser qu’à ça) et il n’est ni relax ni curieux… Le fumeur est
souvent relax ou concentré, il n’est pas curieux de ce qui se passe
vraiment ; l’anxieux est ouvert, trop ouvert sur l’extérieur et sur
l’avenir, pas assez concentré sur l’instant présent.
Amuse-toi à faire l’inventaire des ingrédients d’une « bonne »
transe que tu possèdes déjà lorsque le symptôme se déclare, et amuse-
toi à introduire progressivement les éléments manquants désormais à
chaque fois que le symptôme se déclenchera. Tu peux d’ores et déjà
te dire que le jour où tu parviendras à rajouter systématiquement,
dans tous ces moments d’hypnose de la vie, tous les ingrédients
nécessaire à une « bonne » transe, alors ce jour-là, il n’y aura plus de
symptôme :-).
Vu !
Barbara sort de chez son médecin ; elle vient d’apprendre qu’elle est enceinte !
Heureuse comme tout, elle se voit déjà annonçant la nouvelle à Marc, son
compagnon. Depuis quelques jours, ils s’en doutaient tous les deux et avaient déjà
commencé à rêver à ce nouvel avenir à trois ;-).
En montant dans le bus, elle rit intérieurement en voyant deux femmes enceintes
assises – manifestement, c’est pour bientôt ! Et en descendant du bus, une autre au
feu rouge, et cette dame à l’arrêt dans son auto : enceinte aussi ! Incroyable, à croire
qu’il y a déjà un effet de mode dans le quartier !
Robert a toujours fumé comme une cheminée ; il a bien essayé d’arrêter, un paquet
de fois même, toujours sans succès. Au pire, lorsqu’il y arrivait quelques heures, il
devenait tellement exécrable que même ses enfants lui demandaient de reprendre.
Depuis quelque temps toutefois, il essaie de réduire et y arrive étonnamment ; alors il
se dit que le prochain palier pour fumer moins serait peut-être bien de se mettre à la
pipe. C’est sympa, la pipe, ça fait un look ; et puis comme ça il fumera moins, c’est
sûr !
Quelques jours plus tard, ça y est, il fait partie de ce « club » un peu spécial des
amateurs de bouffarde, dans la grande lignée des capitaines Haddock et autres vieux
loups de mer de son enfance. Ce qui est particulièrement drôle dans cette histoire,
c’est que le serveur du café où il s’arrête tous les matins depuis bien longtemps fume
la pipe lui aussi – il ne l’avait jamais remarqué auparavant – et depuis qu’il s’est
offert son premier « brûle-gueule », il croise chaque jour au moins un « fumeur de
pipe », si ce n’est plus – à croire qu’ils se sont passés le mot !
Il est impossible d’éviter quelque chose tant que l’on ne sait pas où
ça se trouve. C’est une telle évidence qu’il est presque gênant de le
rappeler. Pourtant, j’entends encore parfois ici et là des personnes par
ailleurs tout à fait pertinentes dans leurs propos habituels, prendre
pour de la « pensée magique » cette lapalissade : les pires peurs du
monde intérieur se projettent dans le monde extérieur. Le processus
est simplissime : le robot est programmé pour protéger, il cherche
alors toutes les situations à risque – pour mieux les éviter – et comme
« qui cherche trouve » (autre lapalissade) chacun, comme ce pauvre
Job, expérimente ses pires angoisses.
Principe no 12
Ce sur quoi je me concentre se développe.
Les icônes les plus intenses de ton monde intérieur, celles qui
« s’allument » le plus fort, et le plus souvent, ont tendance, « comme
par magie » (souviens-toi de la femme enceinte et du fumeur de
pipe ;-) à se multiplier dans ton monde extérieur. La nature de
l’émotion associée à l’icône, les notions de « bon /pas bon » n’ont
aucune importance, c’est le principe numéro 12, mets-le en doute si
tu le souhaites, fais-lui subir l’épreuve de ton esprit critique et tu
verras : « Ce sur quoi je me concentre se développe ».
Il fut un temps où je proposais l’exercice suivant : compter chaque
jour les voitures vertes – le faire consciencieusement, en notant
chaque soir dans son carnet le nombre de voitures vertes comptées
dans la journée. Le faire pendant 10 jours – c’est quand même peu 10
jours non ? Bien sûr, même après les 10 jours, quiconque a fait
l’exercice sérieusement se surprend à noter « dans sa tête » à chaque
fois qu’il voit une voiture verte – et le « pli » ainsi pris dure
longtemps, incroyablement longtemps… pour 10 jours ! Et pour des
voitures vertes ! Imagine le même exercice, en remplaçant les
voitures vertes par un concept, une image un peu « plus forte en
émotion » et les 10 jours par 100 jours, 1 000 jours ou même, allez,
soyons fous, 10 ans ! Bien sûr que l’enfance ça marque – ça peut
même marquer longtemps.
Et « Ce sur quoi je me concentre se développe », tu comprends
d’autant mieux pourquoi il est si important, après avoir effectué le
travail nécessaire, d’oublier, autant que faire se peut, le symptôme ;
car à trop observer le problème, il finit par devenir de plus en plus
fort, littéralement de plus en plus fort. C’est d’ailleurs le corollaire
du point 12, appelons le 12 bis :
Principe no 12 bis
Ce contre quoi je résiste persiste.
PRATIQUER LE DÉTACHEMENT
Parmi les caractéristiques des icônes de ton monde intérieur, il en est
une toute particulière, aux propriétés étonnantes. Cette caractéristique
peut même être utilisée parfois par ton cerveau émotionnel comme
critère de tri des icônes. Pour comprendre quelle est cette
caractéristique, prends l’exemple de la chute au cinéma, certainement
le plus vieux gag de l’histoire du septième art – avec la tarte à la
crème. Déjà Charlie Chaplin, lorsqu’il faisait Charlot, possédait cet
art tout particulier de choir sans se blesser, et ça faisait se tordre de
rire les salles de cinéma de l’époque. Aujourd’hui encore, les
cascadeurs de Jackass utilisent le même ressort comique, et ça
fonctionne.
Pourtant, personne ne rit quand il – ou elle – tombe ; au contraire
même, ce n’est pas agréable de glisser et de tomber – et en plus, pour
peu que tu ne tombes pas comme il faut, tu peux même te blesser et te
faire mal. Alors comment se fait-il qu’une même situation déclenche
le rire dans un cas et la douleur dans l’autre, te demandes-tu peut-être
(ou pas ?-). Évidemment la réponse est évidente : dans le cas qui fait
rire, ce n’est pas toi qui tombe, mais bien quelqu’un d’autre ! Tu es
étranger à l’action, pas concerné en quelque sorte, juste « spectateur »
de ce qui se passe. Lorsque tu tombes, tu es l’acteur principal de ce
qui se passe et tu ressens dans ta chair le choc de la chute.
Et bien c’est exactement la même chose pour les icônes de ton
monde intérieur : il y a des icônes qui contiennent des situations dont
tu ne fais plus vraiment partie ; lorsque tu t’y connectes, tu en es
spectateur. Prends un moment, et identifie une situation de ce type,
une situation dont tu te sens spectateur. En fait, c’est assez simple à
identifier, dans la mesure où tu ne sens rien justement. Prends le
temps de distinguer les caractéristiques de l’icône en question :
comment sont les couleurs – brillantes ou mates ? Et si l’image bouge
à la manière d’un film, comment sont les mouvements – rapides,
lents, saccadés, fluides, ralentis… ? Quelle est la taille de l’image, la
distance entre elle et toi, et sa place si tu l’imagines autour de toi –
devant toi, au-dessus, en-dessous, à gauche, à droite ?
Dans ton cahier, note toutes ces caractéristiques dans le détail.
Idem pour les caractéristiques sonores. Tu sauras comme ça de quelle
façon ton cerveau émotionnel code les icônes dont tu ne fais plus
partie. C’est une connaissance très utile car tu peux t’en servir pour te
détacher des icônes dont tu fais encore partie, et qui t’accrochent
encore en quelque sorte à un passé dont tu as besoin de te défaire pour
mieux avancer dans ta vie. Car le processus fonctionne dans les deux
sens : lorsque tu te détaches d’une icône, ses caractéristiques de
VAKOG changent dans ton monde intérieur, et par le même processus
inversé, lorsque tu appliques ces caractéristiques à une icône dont tu
faisais jusque-là partie, tu t’en détaches automatiquement.
Le terme consacré dans le métier est « dissocié ». Il y a des scènes
de ton monde intérieur auxquelles tu es « associé » et d’autres dont tu
es « dissocié ». La dissociation d’une icône provoque spontanément
l’extinction de l’émotion qui y était alors associée. Il s’agit bien sûr
d’une extinction, car si tu observe l’icône trop longtemps, elle va
déclencher une réaction émotionnelle chez toi, un peu à la manière
d’un film. Mais c’est une émotion provoquée par le spectacle de
l’icône, elle n’est plus contenue dans l’icône comme c’est le cas pour
les icônes dont tu fais encore partie. Les réactions déclenchées par le
spectacle des icônes dont tu t’es détaché le sont précisément à la
manière des réactions que tu ressens en voyant un film au cinéma :
elles peuvent être très fortes et intenses et, en même temps, tu sais
que c’est un film, tu es « à la juste distance » – et c’est essentiel la
distance juste.
Digérer une icône source d’inconfort
Lorsque je participe à des conférences sur l’hypnose, je fais souvent monter
quelqu’un sur scène afin de montrer à quel point il est simple de rentrer à l’intérieur
de soi-même pour se détacher d’une situation désagréable – ce genre de situation qui
fait « tache d’huile » et qui pollue le monde intérieur (comme dans le chapitre 7).
Les yeux fermés, la personne sur scène commence par évaluer l’inconfort déclenché
par la situation en question, sur une échelle de 1 à 10 (1 signifiant aucun inconfort et
10 un inconfort absolument insupportable). Puis le travail consiste à identifier où se
trouve l’image de la situation autour de la personne. Puis identifier les
caractéristiques de cette image, comme tu l’as fait tout à l’heure pour les icônes dont
tu es déjà détaché. Alors, la personne qui fait l’exercice prend le temps d’intégrer
toutes les informations utiles pour elles à l’intérieur de cette situation particulière –
souviens-toi de ne jamais jeter le bébé avec l’eau du bain, sinon, ça ne marche pas !
L’opération consiste alors à modifier une par une les caractéristiques de l’image. Par
exemple, si l’image est en couleur, la transformer progressivement en une image en
noir et blanc. Puis, à chaque opération, évaluer le nouvel inconfort – ce qui implique
de rester à l’écoute de chaque sensation pendant l’opération de transformation.
Alors bien sûr, si l’inconfort est plus fort après la transformation qu’avant, il est
essentiel de vite revenir à la situation précédente ; en revanche, si l’inconfort a baissé,
fais une pause (comme un palier ;-) puis change une autre caractéristique (par
exemple la position de l’image autour de toi – éloigne-la de toi, déplace-la sur la
gauche ou vers le bas…). Continue l’opération jusqu’à ce que l’inconfort soit au plus
bas – tu peux même imaginer l’image qui s’éloigne derrière toi et devient alors de
plus en plus petite jusqu’à s’évanouir dans l’obscurité…
Lors d’une conférence où j’avais effectué cet exercice sur scène, j’ai appris plus tard
qu’une dame présente dans le public avait suivi ces mêmes étapes – ce qui est très
souvent le cas : dès que nous observons quelqu’un entrer en état d’hypnose, nous
avons tendance à basculer nous-mêmes dans cet état, et suivre les mêmes étapes. En
l’occurrence la personne m’a appelé plusieurs semaines après la conférence, pour me
faire part de son expérience et me raconter son histoire ; elle avait perdu son emploi
plusieurs années auparavant, dans des conditions difficiles. Depuis, elle dormait très
mal et faisait des cauchemars récurrents. De plus, elle avait développé depuis cette
époque-là de l’eczéma sur les mains.
Tous ces symptômes avaient progressivement disparu depuis la conférence, depuis
qu’elle avait suivi les étapes de cet exercice en partant de cette situation spéciale
lorsqu’elle s’était entendu dire qu’elle devait quitter son poste. Pratique toi aussi
régulièrement ces exercices : le nettoyage de la maison, la transformation des icônes
attachées à une situation difficile du passé et dont tu sens qu’elle n’est pas
complètement ‘digérée’.
Principe no 13
Accepter n’est pas renoncer. Au contraire.
AUTO-HYPNOSE ET MÉDITATION :
SEULEMENT DEUX PRATIQUES
DIFFÉRENTES ?
Depuis le début de ce chapitre nous envisageons ensemble deux
possibilités et deux états, d’une part la pratique de l’auto-hypnose,
rattachée à l’état hypnotique, et d’autre part l’état de pleine
conscience, découlant de la pratique de la méditation. Or cette
distinction n’est déjà pas très fine, et on peut facilement repérer dans
chacune de ces pratiques des sous catégories bien différentes les unes
des autres. Si l’on commence par l’hypnose, il n’est pas nécessaire de
faire dix ans d’étude pour conclure intuitivement que l’expérience
vécue par un spectateur volontaire lors d’un spectacle d’hypnose de
cabaret qui se retrouve à imiter sur scène la démarche d’un orang-
outan et celle vécue par le patient d’un praticien en hypnose
éricksonienne seront évidemment bien différentes – sans doute même
n’auront-elles rien à voir ! Et même si certains spécialistes avancent
l’idée qu’en fin de compte, bien que les effets soient en apparence
différents, au départ l’état est le même, tu conviendras que la
démarche et même les objectifs sont ici profondément différents.
De la même façon sur la méditation, il suffit de naviguer quelques
minutes sur internet pour constater qu’il existe bien des pratiques
différentes les unes des autres – avec chacune leurs conseils à propos
de la « meilleur » façon de pratiquer : combien de temps, combien de
fois par jour, dans quelle position, les yeux ouverts ou fermés, dans le
silence ou avec un mantra, etc.
Aussi semble-t-il important de faire ici un (modeste et non
exhaustif ;-) inventaire des différentes pratiques que l’on trouve sous
le (large) chapeau du terme « méditation » et de définir, si tu veux
bien, la grille de lecture dont nous nous servirons pour notre
classification .
La pratique la plus largement diffusée ces derniers temps en
occident est la méditation dite de « pleine conscience », popularisée
par les travaux de Jon Kabat Zin. Ce médecin américain pratiquait
depuis longtemps la méditation bouddhiste. Confronté dans le cadre
de son travail et de ses recherches aux souffrances de ses patients, et
connaissant pour les avoir expérimentés lui-même les bienfaits de
cette pratique, il s’est dit qu’il serait intéressant de débarrasser la
pratique classique de son aspect religieux, afin de développer une
pratique laïque de la méditation accessible au plus grand nombre.
Aussi à la fin des années 70, les premières expérimentations eurent
lieux au Massasuchets Hospital. Le principe était simple et procédait
du schéma classique en méthode expérimentale. Des patients aux
difficultés comparables étaient séparés en deux groupes de taille
équivalente. Dans le groupe dit « expérimental », les patients
pratiquaient chaque jour une séance de méditation d’une vingtaine de
minutes, ce qui n’avait pas lieu dans l’autre groupe, dit « groupe
contrôle ». Avant le début de l’étude, les patients de chaque groupe
évaluaient un certain nombre de paramètres tels que le stress,
l’anxiété ou même la douleur, à l’aide d’outils de mesure
standardisés. Au bout de douze semaines, ces paramètres étaient à
nouveau mesurés dans chacun des deux groupes. Comme tu
l’imagines sans doute cher lecteur, les résultats furent si
encourageants que ce fut le début d’une large diffusion de la
méditation dite de « pleine conscience » et aujourd’hui de plus en
plus de psychologues, de médecin et de psychiatres se forment à sa
pratique et à son instruction.
Il serait possible de parler pendant des heures de cette pratique, les
ouvrages qui l’abordent sont nombreux, et souvent de qualité. Le
principe de base de cette approche consiste à apprendre à développer
une qualité d’attention particulière à l’instant présent, en absence de
toute attente et de tout jugement. De façon pratique, tu retrouveras
cher lecteur des points communs avec ton premier exercice .
Comme toujours, le point de départ consiste à s’accorder du temps
pour ne rien faire de particulier, et s’installer dans un silence de
mouvements et de paroles.
La méditation de pleine conscience présente au moins deux
avantages. D’abord, elle est extrêmement simple à pratiquer. Comme
dirait Tich Nath Ann, moine bouddhiste célèbre pour ses nombreux
ouvrages à succès sur le sujet, « si vous respirez, alors, vous savez
méditer » . Un autre avantage notable de la méditation de pleine
conscience est qu’elle fait l’objet depuis quarante ans maintenant de
nombreuses études scientifiques, pour la plupart très encourageantes
quant à la pertinence de sa pratique dans de nombreuses prises en
charges et aux résultats observables et mesurables qu’elle engendre.
Ce dernier point est vraiment important dans la mesure où encore
aujourd’hui certains médecins intelligents ne réalisent pas à quel
point l’esprit possède de véritables capacités de guérisons. Ils
considèrent alors que tout ce qui implique une approche
psychologique n’a pas grand intérêt si ce n’est de faire « plaisir » aux
patients qui réclament ce genre de pratique. Cette lacune vient d’un
manque de connaissance assez simple à comprendre. Les recherches
sur le cerveau avancent à pas de géants, et il n’est pas toujours facile
pour un praticien de se tenir informé et de se former. Aussi les
nombreuses études sur l’efficacité de la méditation pleine conscience,
et son succès de plus en plus populaire, sont une aide précieuse pour
tous les soignants souhaitant élargir leur arsenal thérapeutique.
Notons par ailleurs qu’en plus de toutes les recherches concernant
la pratique de la méditation de pleine conscience se trouvent
également les importants travaux se rattachant à l’état de pleine
conscience. La pratique de la pleine conscience et l’état de pleine
conscience sont en effet à distinguer l’un de l’autre, et il est bon de
noter que la pratique de la mindfullness est censée aider le méditant à
se connecter plus souvent et plus rapidement à l’état de pleine
conscience.
C’est à Ellen Langer que nous devons l’initiative des travaux sur
l’état de pleine conscience. Après l’obtention de son doctorat de
psychologie sociale à Yale (prestigieuse université américaine) elle a
enseigné la psychologie à Harvard, et s’est très tôt intéressée à nos
différents modes de fonctionnement. Notamment, Ellen Langer
distingue la conscience absente et la conscience présente – qu’elle
nomme la conscience pleine, c’est-à-dire « mindfullness » dans la
langue de Shakespeare.
Le lecteur connaisseur de la psychologie sociale sait à quel point le
contexte est un excellent prédicteur de comportements – c’est lui qui,
la plupart du temps, déclenche les réactions de notre automate, pour
le meilleur comme pour le pire. Les importants travaux scientifiques
d’Ellen Langer sur le sujet montrent que la bascule d’un état de
conscience absente à un état de pleine conscience permet de sortir en
douceur de ce « pilotage automatique ».
Par exemple, lors d’une de ses recherches, elle a classé les
participants de son expérimentation en différents groupes qui
n’appréciaient pas certaines activités, comme regarder un match de
football ou une œuvre d’art. Avec ses collaborateurs, ils ont demandé
aux sujets de l’expérience de s’adonner à cette « corvée », en
respectant différentes consignes selon les groupes. À un groupe il
était juste demandé de faire ce qu’ils n’aimaient pas (regarder un
match ou une œuvre d’art), tandis que la consigne donnée au
deuxième groupe était de repérer une chose nouvelle à propos de cette
activité, trois choses nouvelles pour le troisième groupe et six choses
nouvelles pour le dernier groupe. Que pensez-vous qu’il se passa ?
Les chercheurs observèrent que plus les sujets devaient repérer des
choses nouvelles, plus ils évaluaient positivement l’activité en
question !
En réalité, nous mettons des étiquettes sur certaines catégories
(d’activités, de gens, de lieux), et ces étiquettes nous empêchent de
voir le réel. La pratique de l’état de pleine conscience permet de
retrouver un regard neuf sur le monde, et nous ouvre alors des portes
de changement extraordinaires.
2 VOULOIR = ÉCHOUER
Fais-toi confiance