RESSOURCES DE L'ENTREPRISE
Philippe Boistel
2008/3 n° 17 | pages 9 à 25
ISSN 1768-5958
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2008-3-page-9.htm
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Résumé
Afin de montrer que le management de la réputation est essentiel, l’auteur
présente d’abord une réflexion visant à l’inscrire dans les courants actuels
développés en management stratégique. Ensuite, il s’intéresse à l’impact
de la réputation sur les principales fonctions de l’entreprise (stratégie,
marketing, ressources humaines, finances) dans le but d’exposer l’effet de
la réputation sur les ressources de l’entreprise.
Abtract
In order to show that the management of the reputation is essential, the
author presents initially a think aiming to register it in the actual currents
developed in strategic management. Then, it is interested in the impact of
the reputation on the principal functions of the company (strategy, marketing,
human resources, finances) with an aim of exposing the effect of the
reputation on the entrepreneurial resources.
La réputation est un concept majeur qui ne fait pas pour l’instant l’objet d’une
définition admise de tous. La réputation est ce qui est généralement connu ou
considéré au sujet du caractère d’une personne1 selon Bromley (1993). Certains
auteurs considèrent qu’elle est constituée de perceptions (Fombrun, 1996)2,
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reconnaîtraient au fait qu’ils possèdent au moins l’un des trois attributs suivants
: le pouvoir de peser sur les décisions organisationnelles, le degré de légitimité
dans les relations avec l’entreprise, le caractère urgent de droits qu’ils peuvent
prétendre exercer sur l’entreprise.
Jusqu’à présent, ces approches sont linéaires et reposent sur une vision
unilatérale et statique des relations dans le temps. Or, il est possible de prendre
en compte, non plus les relations où la firme est le centre d’un nœud de contrats
implicites et explicites, mais les liaisons multilatérales où les parties prenantes
établissent des contacts multilatéraux (Rowley, 1997). De même, en considérant
que les relations ne sont pas figées mais se modifient dans le temps, le poids
des parties prenantes peut évoluer au cours des relations établies (Kochan et
Rubinstein, 2000).
L’idée fondamentale est que l’entreprise ne peut négliger ses parties prenantes
influentes. Il existerait un contrat social entre l’organisation et les parties prenantes,
contrat constitué par l’acceptation des valeurs et attentes de la société. L’entreprise
doit en permanence justifier de l’utilité de son activité à la société ainsi que des
conséquences (positives ou négatives) qui en découlent, sans quoi le contrat est
rompu. Le rôle de la communication est alors fondamental pour montrer comment
l’organisation tient compte des valeurs des stakeholders et pour démontrer que
ses pratiques ne sont pas contraires à celles-ci. Les conséquences dans ce cas
peuvent être fortes et variées (boycott des consommateurs, taxation supérieure,
baisse de l’attrait de la société vis-à-vis du marché du travail, des fournisseurs, du
marché des capitaux…). Hogner indique que l’entreprise est alors contrainte de
diffuser des informations sociétales. Savage a montré qu’il convient de distinguer
les mesures symboliques (actions de communication fondées sur la gestion des
discours et des images, sur la mise en scène graphique des documents…) et
les mesures substantielles qui visent à faire évoluer l’organisation en fonction
des attentes et valeurs de la société. Là encore, ne surestimons pas l’impact
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management stratégique car elle est considérée comme un capital (Caves et Porter,
1977). Dowling (2002) précise que « le challenge de construire une réputation
commence au sommet de l’organisation ». « Le noyau stratégique établit une
vision et une stratégie et façonne globalement la culture de son entreprise ». C’est
pourquoi cette variable permet de se constituer un avantage compétitif (Greyser,
1996 ; Maathuis, 1993 ; Frombrun et Shanley, 1996) en favorisant la loyauté des
publics influant sur le devenir de l’entreprise (Balmer, 1995) qui peut aller jusqu’à
la réalisation d’un avantage concurrentiel à travers la constitution d’une image
(Boistel, 1994). La réputation dépasse l’activité commerciale pour s’inscrire dans
une perspective de long terme. Elle est associée à la réflexion sur la mission
et apporte, lorsqu’elle est positive, trois bénéfices stratégiques majeurs: une
préférence pour l’entreprise lorsque la qualité et les prix sont considérés comme
semblables sur un marché ; un soutien de l’entreprise en période de polémique ;
une meilleure valorisation boursière (Greyser, 2003).
La réputation apparaît être aussi une barrière à l’entrée dans la mesure où
l’entreprise est difficilement imitable (Balmer et Greyser, 2003). Elle est difficile
à dupliquer puisqu’elle se construit à partir de dispositifs internes à l’entreprise
(Boistel, 2006). Elle décourage les concurrents quand une position dure est
adoptée (Weigelt et Camerer, 1988) car la réputation joue le rôle d’un signal
de marché (Herbig et Milewicz, 1995) qui met en avant tant les croyances de
l’entreprise que sa manière d’agir et de réagir. Elle constitue un élément structurel
de marché puisque l’entreprise circonscrit les actions et les réactions de ses
concurrents et intervient comme une valeur intangible. Des études empiriques
ont en effet montré que, même confrontés à des informations négatives, les
stakeholders ont du mal à changer leur évaluation de la réputation de l’entreprise
(Wartick, 1992).
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4. La France compte 1 700 analystes financiers membres de la SFAF en 2001. La Financial Analysts Federation dénombre 23 000
analystes.
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* Cet index comprend les dix valeurs les plus réputées à la suite d’une enquête préalable effectuée par Datops.
Les valeurs sont L’Oréal, Air Liquide, Danone, LVMH, Sanofi Aventis, Société Générale, Carrefour, Total, Vivendi
Universal et Elf (devenu Total ensuite).
Conclusion générale
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