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Montpellier
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Janvier 2019
TABLE DES MATIERES
GLOSSAIRE ................................................................................................................................................................ 5
I. INTRODUCTION ............................................................................................................................................ 12
EC.eau 3 Collecte EU / EP
IV.1.6. Les bassins d’écrêtement ................................................................................................................. 111
IV.1.6.1. Rôle ............................................................................................................................................................. 111
IV.1.6.2. Quelle terminologie ? .................................................................................................................................. 111
IV.1.6.3. Quelques principes de conception ............................................................................................................... 113
IV.1.7. Les bassins d’infiltration ................................................................................................................. 119
IV.1.8. Les dispositifs de filtration rapportés .............................................................................................. 121
IV.2. DIMENSIONNEMENT DES OUVRAGES D’ECRETEMENT DES DEBITS ............................................................. 123
IV.2.1. La « méthode des pluies » ............................................................................................................... 124
IV.2.2. La « méthode des volumes » ............................................................................................................ 127
IV.2.3. Méthode des débits .......................................................................................................................... 131
IV.2.4. Quelle méthode choisir ?................................................................................................................. 131
IV.3. CALCUL DU VOLUME DES BASSINS DE STOCKAGE DONT LE DEBIT DE FUITE N’EST PAS CONSTANT ............ 132
IV.4. DIMENSIONNEMENT DES BASSINS D’INFILTRATION ................................................................................... 133
IV.5. STRATEGIE D’IMPLANTATION DES TECHNIQUES ALTERNATIVES ................................................................ 134
IV.5.1. La perméabilité des sols : un contrainte incontournable ................................................................ 135
IV.5.2. La faisabilité technique de la limitation des débits rejetés : un autre contrainte forte ................... 139
IV.5.3. Le rôle de la collectivité : primordial ............................................................................................. 140
IV.6. TECHNIQUES ALTERNATIVES ET DEPOLLUTION DES EAUX PLUVIALES ....................................................... 141
IV.6.1. Abattement de la pollution particulaire .......................................................................................... 142
IV.6.1.1. Décantation ................................................................................................................................................. 142
IV.6.1.2. Filtration ...................................................................................................................................................... 150
IV.6.2. Pollution non particulaire ............................................................................................................... 157
IV.6.3. Macro-déchets, sables et liquides non miscibles ............................................................................. 158
IV.6.4. Pollutions accidentelles................................................................................................................... 158
V. MISE EN PLACE D’UNE POLITIQUE DE DEPOLLUTION DES EAUX PLUVIALES : QUELQUES
REFLEXIONS ......................................................................................................................................................... 160
Annexes
Annexe n°1 : Rappels sommaires d’hydraulique générale
Annexe n°2 : Un danger à ne jamais oublier : l’H2S...
Annexe n°3 : Estimation des débits d’eaux parasites à partir de la notion de rapport nycthéméral
Annexe n°4 : « Grille de description de la qualité des eaux et cours d’eau » de l’Agence de l’Eau Loire-
Bretagne (1990)
Annexe n°5 : Séparateurs à hydrocarbures / Séparateurs de liquides légers contenus dans les eaux
pluviales ou usées. Normes et performances.
Annexe n°6 : Schéma de chambre de dessablage et rétention de macro-déchets et surnageants.
Critères de dimensionnement.
Annexe n°7 : Réflexion « La législation des eaux pluviales en France : tout reste à faire ».
Bibliographie
CT : Coliformes Totaux
Les coliformes sont des bactéries pouvant se reproduire à 37°C, et donc
provenir d’intestins d’animaux à sang chaud. Cependant, certains peuvent
avoir une origine tellurique, et donc ne pas être systématiquement liés à une
contamination fécale.
CF : Coliformes Fécaux
Les coliformes fécaux sont ceux capables de se développer à 44°C,
contrairement aux souches non fécales. Les Escherichia Coli sont les
coliformes fécaux les plus « spécifiques » d’une contamination fécale, c'est-à-
dire issus de façon quasi certaine, d’intestins d’animaux à sang chaud (et pas
seulement de l’Homme : oiseaux…).
Colloïdes Les colloïdes (nom masculin) peuvent être des microparticules et/ou des
macromolécules organiques (albumine, gélatines…) ou minérales qui placées
dans l’eau, ne forment pas une solution mais une suspension colloïdale stable.
Elles ne décantent pas naturellement à la fois à cause de leur taille trop faible
(inférieure à 10 m) et de l’effet de répulsion électrostatique qui les
caractérise. Ces macromolécules sont en effet généralement
superficiellement chargées, négativement (humus, argiles, limons, …) ou
positivement (oxydes métalliques, amidon…). Ces suspensions colloïdales
peuvent être riches en protozoaires, microalgues, bactéries et virus qui ont
tendance à se lier avec les microparticules, et en métaux lourds et autres
micropolluants qui s’y adsorbent. Dans les eaux usées domestiques, on
estime qu’un tiers de la DBO5 est liée aux colloïdes. Les boues produites par
MV : Matières Volatiles. Elles représentent la fraction organique des MS. Plus leur
part est élevée, plus les boues sont fermentescibles, donc susceptibles
d’évoluer rapidement et d’être à l’origine de nuisances olfactives. Une part
importante de MV est un avantage en termes de qualité agronomique et de
valorisation par incinération.
Pt : Phosphore Total
P-PO4 : Phosphore lié aux Orthophosphates (PO4---)
Période de retour : Intervalle de temps moyen, estimé statistiquement, qui sépare deux
réalisations de cet évènement.
Bimensuel : Qui se produit deux fois par mois.
Bimestriel : Qui se produit une fois tous les deux mois.
Bisannuel : Qui se produit une fois tous les deux ans (syn. : biennal).
Décennal : Qui se produit une fois tous les dix ans.
Vingtennal : Qui se produit une fois tous les vingt ans (syn. : vicennal).
Centennal : Qui se produit une fois tous les cents ans .
Centile X ou Xème centile : Plus petite valeur d’un échantillon telle que X% des valeurs de
l’échantillon y soient inférieures ou égales.
Exemple : Dire que le centile 95 des concentrations en nitrates d’un cours d’eau est égal à 15
mg/l signifie que 95% des concentrations mesurées sont inférieures ou égales à 15 mg/l de
nitrates. On parle aussi de « percentile 95 ». Cette notion est utilisée réglementairement pour
évaluer les volumes à traiter par un système d’assainissement.
BY-PASS : Conduit conçu pour que les effluents contournent un ouvrage (bassin de
stockage, ouvrage de traitement, station d'épuration…), lorsque les débits y
affluant dépassent sa capacité ou pour en permettre l’exploitation ou
l’entretien.
Aérobie : Adjectif indiquant des conditions d’aérobiose (nom). « Aérobique », terme
souvent utilisé, n’existe pas en Français.
Aérobiose : Etat caractérisé par la présence dans un milieu, d’oxygène gazeux,
éventuellement dissous.
Anaérobie : Adjectif indiquant des conditions d’anaérobiose (nom). « Anaérobique »,
terme souvent utilisé, n’existe pas en Français.
Anaérobiose : Etat caractérisé par l’absence dans un milieu, d’oxygène gazeux,
éventuellement dissous, et d’oxygène lié aux nitrites et nitrates.
Anoxie : Etat caractérisé par l’absence dans un milieu, d’oxygène gazeux,
éventuellement dissous, mais avec présence possible d’oxygène lié aux
nitrites et nitrates.
Anoxique : Adjectif indiquant des conditions d’anoxie.
Ubiquiste « Se dit des espèces animales et végétales que l'on rencontre dans des
milieux écologiques très différents » (Larousse). Depuis peu, cet adjectif est
appliqué à des substances chimiques (micropolluants, substances prioritaires,
substances dangereuses prioritaires …) que l’on retrouve dans des milieux
différents. Cet emploi est inadapté, car cet adjectif se rapporte aux espèces,
animales ou végétales et caractérise en fait leur capacité d’adaptation à des
milieux différents. Des molécules ne s’adaptent pas à des milieux….
Exemple : « Les molécules ubiquistes sont des substances persistantes,
bioaccumulables et toxiques qui ont été très largement émises et qui
contaminent l’ensemble des milieux aquatiques » (Agence de l’Eau Loire-
Bretagne : Pour l’état chimique, quels sont les résultats pour le bassin Loire-
Bretagne sur l’année 2015 ?, AELB/DEP/EVAL 23/11/2016, www.eau-loire-
bretagne.fr/informations_et...et.../FQ-2015_Etat_Chimique.pdf).
CBPO Charge brute de pollution organique, correspond à la charge de DBO5 de la semaine de pointe
de l’année (charge la plus élevée de l’année évaluée sur une semaine) reçue par l’installation
La CBPO permet de définir la charge entrante dans la station d’épuration et la taille de l’agglomération au
sens réglementaire (cf. définition art. 2 de l’arrêté du 21 juillet 2015)
VCNn Pour un cours d’eau, débit minimal ("moyen") calculé sur n jours consécutifs
(source : http://www.hydro.eaufrance.fr/aide.php#vcn-qcn-resultats).
QCNn Pour un cours d’eau, débit-seuil ayant pour valeur le plus petit maximum de n débits
journaliers consécutifs (http://www.hydro.eaufrance.fr/aide.php#vcn-qcn-resultats).
QMNA-T Pour un cours d’eau, débit mensuel naturel minimal d’un cours d’eau caractérisé
par une période de retour T (exprimée en années). En France, la période de retour
considérée réglementairement est généralement de 5 ans.
Abréviations et acronymes
Biodiversité… Diversité du vivant. Ce mot "biodiversité" est mis à toutes les sauces, et
remplace maintenant les expressions qui étaient très utilisées comme "la
faune et la flore", "la nature", "le milieu naturel", "l'environnement", même s'il
n'en est pas synonyme. Il n'est qu'une propriété (la diversité) de "la faune et la
flore" dans certains milieux, quand ils sont peu impactés par l'activité humaine
ou d'autres perturbations. La biodiversité est naturellement élevée dans
certaines aires géographiques (par exemple les « hotspots1 » et naturellement
moindre, sans que l’Homme en soit la cause, dans d’autres. Ne faudrait-il
préserver que les zones où il y a une forte biodiversité ? Non, bien sûr. Il faut
simplement préserver l’environnement, la faune, la flore….
1
En 2007, 34 « hotspots » répartis sur 2,3% de la surface de la planète abritaient 50% des plantes vasculaires et 42%
des vertébrés terrestres connus… (L’Atlas de l’environnement, 2007, Le Monde Diplomatique, p51).
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 10 Collecte EU / EP
Ce mot fait irruption dans les documents écrits en Français vers 1988 et voit
alors sa fréquence d’emploi bondir2. Et à partir de l’année 2000, la fréquence
d’emploi des mots ou expressions « environnement », « protection de
l’environnement », « défense de l’environnement », chute. Celle de
l’expression « protection de la nature » a commencé à décroître dès les
années 1990.
Gestion Gestion des eaux pluviales, gestion des ressources humaines, gestion du
temps, gestion de fonds financiers, gestion de projet, gestion de patrimoine,
gestion de stocks, gestion d’une entreprise, gestion administrative, gestion
des problèmes…. Et si on essayait de ne plus utiliser dans les domaines
techniques ce triste mot ? On ne pourrait pas parler de la « maîtrise des eaux
pluviales » (par exemple) ? Faites travailler votre imagination !
Pour la plupart des termes ci-dessus cités ou employés dans le présent document, on
pourra utilement se reporter aux définitions qui en sont données dans l’ « Encyclopédie
de l’Hydrologie Urbaine et de l’Assainissement » (réf. : cf. bibliographie ci-jointe).
2
Cf. https://books.google.com/ngrams
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 11 Collecte EU / EP
I. Introduction
Le présent document a pour objet de présenter les stratégies qui sont le plus souvent
engagées pour gérer, au niveau urbain, les eaux usées et les eaux de ruissellement.
Le contexte législatif qui encadre cette gestion ne fait ci-après l’objet que de quelques rappels
généraux, car il justifierait, vu sa complexité, au moins en France, des développements
particulièrement longs. Cependant, quelques aspects de cet arsenal seront pointés, car très
lourds de conséquences en termes d’orientations techniques.
La sauvegarde, voire la reconquête de la qualité des milieux récepteurs passait donc par un
fonctionnement efficace à la fois des ouvrages d’épuration et des ouvrages de collecte,
l’ensemble constituant le « système d’assainissement ».
L’importance qu’il convient d’attribuer à la collecte des effluents apparaît de toute façon
évidente lorsque l’on cherche à concevoir puis dimensionner une station d’épuration : En effet
cette dernière peut être considérée comme une « boîte noire » dont les performances
souhaitées, puis le fonctionnement, vont résulter :
▪ de ce qui y entre : les effluents à traiter,
▪ de ce qui en sort : non seulement les effluents épurés mais aussi notamment les boues
résiduaires,
▪ du contexte lié à son implantation.
Le second point cité est bien souvent celui par lequel vont immédiatement apparaître les
premières idées que l’on va se faire de ce que sera la future station. Cependant, avec la prise
de conscience relativement récente de l’impact qu’a un faible taux de collecte effectif des
effluents générés par les réseaux, et encore plus récemment, de l’impact lié aux déversements
d’effluents par temps de pluie, la nécessité de bien appréhender ce qui risque d’arriver à la
station est devenu le point de départ obligé des réflexions préalables à la conception des
ouvrages d’épuration.
Le dernier point cité devient de plus en plus primordial, car, outre la nécessité d'identifier un site
présentant une surface disponible suffisante, bien placé par rapport aux réseaux de collecte
déjà existants, le poids des sujétions liées au contexte de l’implantation de la station devient
fréquemment le sujet le plus difficile à résoudre par les décideurs et les équipes techniques
chargées de les accompagner. En complément aux critères plutôt techniques afférant à la
nature des sols, à l'inondabilité des parcelles, à la présence possible de vestiges
archéologiques, la perception des futurs ouvrages par les populations concernées devient
souvent l’une des difficultés les plus difficiles à prendre en compte. Les éventuelles nuisances
de proximité comme le bruit, les odeurs, la circulation des véhicules d’exploitation, l’atteinte à la
qualité du paysage, servent de plus en plus souvent de support au syndrome « NIMBY4 », qui
consiste à vouloir mettre chez le voisin tout ce qui pourrait être susceptible d’engendrer la
moindre gêne…
En France, un premier arsenal législatif a été mis en place, à partir de 1964, avec une première
« Loi sur l'Eau », du 16 décembre 1964.
Cette première « Loi sur l'Eau » créait notamment (article 14), les « Agences Financières de
Bassin » qui étaient chargées de percevoir des redevances auprès de chaque pollueur, et de
subventionner la création d'équipements destinés à sauvegarder, voire à améliorer, la qualité
des ressources en eau.
Les textes d'application de la loi du 16 décembre 1964 qui s'échelonnèrent sur une quinzaine
d'années, finiront par bâtir une stratégie de limitation des pollutions rejetées, basée sur la
notion d’« objectifs de qualité » assignés aux milieux récepteurs, et notamment aux cours d'eau
(cartes d'objectifs de qualité5).
La circulaire du 4 novembre 1980 identifiera toute une série de niveaux de traitement dont les
appellations restent encore assez usitées aujourd'hui, malgré la « nouvelle Loi sur l'Eau » du 3
janvier 1992.
La seconde « Loi sur l'Eau » découle de la directive « relative au traitement des eaux urbaines
résiduaires » (« ERU ») publiée par le Conseil des Communautés Européennes le 21 mai 1991.
Sa « philosophie » reste très proche de la conception « française » de la dépollution des eaux
développée depuis 1964. Les objectifs de cette directive devaient être atteints, selon la taille
3
Le vocable d’ « épuration » est réservé au traitement des seules Eaux Usées. Il est complètement inadapté au
traitement des eaux destinées à la consommation, et il est préférable de ne pas l’appliquer aux traitements de
dépollution des eaux pluviales, tellement les techniques mises en œuvre pour ces dernières diffèrent de celles
généralement appliquées aux eaux usées.
4
Not In My BackYard.
5
Cf. exemple en annexe n°4.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 13 Collecte EU / EP
des agglomérations concernées et la sensibilité des milieux récepteurs, entre décembre 1998
et décembre 2005. Au 1er janvier 2011, 24 des 146 plus grosses stations d’épuration françaises
n’étaient toujours pas conformes aux niveaux fixés par la Directive « ERU » de 1991…
On pourrait aussi parler de la « 3ème Loi sur l’Eau », adoptée le 20 décembre 2006 après huit
années de tergiversations, et quasiment vide d’éléments susceptibles de devoir être pris en
compte dans la conception des systèmes d’assainissement collectif6.
6
Tout juste peut-on citer la possibilité pour les collectivités d’instituer une taxe sur les surfaces imperméabilisées
afin de donner des moyens à ces dernières pour tenter de maîtriser les ruissellements qu’elles génèrent…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 14 Collecte EU / EP
II. Les effluents à collecter
La collecte des premières a d’abord été historiquement initiée par le souci de les éloigner des
lieux habités, à cause des nuisances qu’elles engendraient, notamment quand la densité de
population alliée à un usage domestique grandissant de l’eau devenait élevée (villes, début du
XIXème siècle en Europe). Les « hygiénistes » du milieu du XIXème siècle vont être à l’origine de
la prise de conscience de la notion de « péril fécal », à savoir que les eaux usées7 véhiculent
des micro-organismes susceptibles d’engendrer la maladie (épidémies de choléra qui sévissent
régulièrement à Londres, Paris, etc…). C’est donc l’aspect qualitatif des effluents qui est
essentiellement à l’origine du souci de vouloir les éloigner.
Dans un second temps, les conséquences désastreuses de leur rejet direct dans les cours
d’eau, tant d’un point de vue sanitaire qu’environnemental, vont conduire à la nécessité de les
dépolluer avant rejet, et donc à la réalisation des premières stations d’épuration (fin du XIXème
siècle pour les plus grandes agglomérations, souvent après la seconde guerre mondiale pour la
plupart des villes, et années 1960-1980 pour les autres collectivités).
En ce qui concerne les eaux pluviales, le développement de leur collecte se justifie par la
nécessité de se protéger des inondations qui vont découler des quantités toujours
grandissantes qui résultent de l’imperméabilisation des sols. L’intérêt de devoir les dépolluer
dans certains cas n’est apparu que dans les années 1980-1990, et ne se traduit encore
souvent par aucune mesure, ou tout du moins aucune mesure efficace (« Invasion tous
azimuts » des séparateurs à hydrocarbures depuis une vingtaine d’années…).
7
Et notamment les « eaux vannes », c'est-à-dire les eaux provenant des toilettes, chargées en excréta.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 15 Collecte EU / EP
II.1. Les eaux usées
Ne sont abordées ci-après, que les eaux usées d’origine domestiques. Les quantités et
compositions des effluents qui proviennent d’installations industrielles étant spécifiques aux
procédés mis en œuvre, il convient de se référer à la bibliographie8 dédiée à ce thème.
8
Par exemple : « Ratios polluants en industrie dans le bassin Loire-Bretagne », AELB, 2010.
9
Ce délai peut être allongé si des bassins d’orage sont implantés sur le bassin-versant.
10
Certains utilisent l’appellation d’ « eaux claires parasites permanentes » ou « ECPP » pour les distinguer des
« eaux parasites météoriques ». Ces dernières qui n’étaient d’ailleurs pas à l’origine (années 1980) considérées
comme des « eaux parasites », ne le sont effectivement pas, ni au regard de leur cause (il s’agit tout simplement
d’erreurs de branchements), et donc ni encore moins au regard des solutions à mettre en œuvre pour les éliminer. Un
réseau peut être en bon état et admettre des eaux par temps de pluie.
11
Ces phénomènes sont souvent accrus par le rôle de drain que joue la tranchée grâce à la forte perméabilité des
matériaux utilisés en lit de pose et pour l’enrobage des canalisations…
12
Il est souvent difficile d’expliquer, et a fortiori de localiser, la provenance de ces eaux de ressuyage. Les
branchements « en attente » (mal obturés ou quelquefois pas du tout…) semblent dans certaines localités beaucoup
contribuer à ces apports d’eaux claires, tant pendant la précipitation qu’après, pendant plusieurs jours.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 16 Collecte EU / EP
Les débits que véhiculent les réseaux à l’exutoire de petits bassins versants, en seconde partie
de nuit, donnent généralement une bonne image de leur importance. Sur de plus grands
bassins versants, il est plus prudent de recourir à l’utilisation de la notion de rapport
nycthéméral 13 , car les temps de transfert des effluents sur de longs linéaires ainsi que
l’amortissement des pointes des débits rejetés conduisent, même dans des réseaux sains, à
des écoulements nocturnes « résiduels » significatifs.
La figure n°1 qui présente deux hydrogrammes mesurés dans un réseau d’eaux usées à deux
dates différentes, illustre la distinction entre des « eaux strictement usées » et des « eaux
parasites ».
Les débits maxima à évacuer, dits « débits de pointe » Qp, seront donc la somme des débits
d’eaux parasites (débit quasi-constant dans la journée) et des débits d’eaux strictement usées
(au moment où la valeur de leur débit est maximale).
Si Qm est le débit moyen horaire, égal à 1/24 du volume journalier, le débit horaire de pointe Qp
peut être évalué grâce à la formulation du coefficient de pointe Cp.
Avec :
Cp = Qp / Qm
Le débit de pointe généré par les seules eaux usées (« strictes ») pourra être alors calculé à
l’aide de cette formule dont l’origine est empirique et basée sur les valeurs observées dans les
systèmes de distribution d’eau potable (a = 2,5). Pour les réseaux d’eaux usées, on choisira
pour « a » des valeurs :
- comprises entre 2 et 2,5 pour des réseaux desservant des petites communes,
- et comprises entre 1 et 2 pour des réseaux desservant des villes.
13
Egal au rapport entre le débit moyen nocturne et le débit moyen horaire diurne, la période nocturne pouvant
s’étaler sur 5 à 8 heures, et un réseau sain étant caractérisé par des rapports nycthéméraux inférieurs ou au plus égaux
à 0,15 à 0,25. L’approche pourtant très répandue consistant à décréter que 90% du débit minimal nocturne
correspond au débit d’eaux parasites ne présente aucune justification (pourquoi pas 80% ou 95% ?).
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 17 Collecte EU / EP
Au niveau de petits quartiers (quelques dizaines à quelques centaines d’habitants), on limitera
Cp à 4.
On rajoutera aux valeurs de débit de pointe trouvées grâce à la méthode ci-dessus proposée,
le débit d’eaux parasites susceptible de venir s’ajouter aux eaux usées (il y a toujours des eaux
parasites…).
Les quantités d’eaux usées strictes – eaux vannes et eaux ménagères14 - actuellement émises
s’établissent entre 70 à 130 l/j par habitant, la valeur de 100 l/j par habitant étant souvent
réaliste.
Les valeurs de 150 litres, et a fortiori de 200 litres, d’eaux strictement usées par jour sont
irréalistes, mais sont usuellement adoptées dans les projets. Il faut alors les considérer comme
des valeurs qui intègrent déjà une part d’eaux parasites, ou bien d’autres effluents, toujours
difficiles à quantifier au niveau d’un projet, à savoir ceux liés aux commerces, petites activités
et établissements publics qui accompagnent toujours plus ou moins l’habitat.
On trouvera décrite en annexe n°2, la méthode d’évaluation des débits d’eaux parasites
reposant la notion de « rapport nycthéméral ».
14
Pourquoi parler comme c’est devenu la mode, d’ « eaux brunes » (pour les matières fécales), d’ « eaux jaunes »
(pour les urines), d’ « eaux noires » (pour les eaux vannes ») et d’ « eaux grises » (pour les eaux ménagères) ?
15
Diminution supérieure en France de 2% par an entre 2004 et 2008. Cf. site internet du Ministère de l’Ecologie, du
Développement Durable et de l’Energie, « observations et statistiques ».
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 18 Collecte EU / EP
En ce qui concerne les eaux parasites, phénomène qui fit l’objet d’une forte prise de
conscience dans les années 1980, une chasse systématique leur fut alors déclarée,
essentiellement justifiée par :
- le surdébit qu’elles génèrent dans les réseaux et les stations d’épuration, ce qui conduit
notamment à :
o limiter la capacité effective du réseau vis-à-vis des eaux strictement usées que
l’on souhaite collecter,
o faire fonctionner, par temps de pluie, plus souvent et sur de plus longues
périodes, les déversoirs d’orage et trop-pleins situés sur ces réseaux et les
postes de relèvement s’y trouvant, ainsi que les by-pass en tête de station
d’épuration,
o accroître la vitesse ascensionnelle des effluents sur les ouvrages de décantation
et clarification, et donc à diminuer leur performances, voire à hâter les départs
de boues biologiques vers les milieux récepteurs,
o consommer plus d’énergie électrique au niveau des ouvrages de pompage
situés sur les réseaux et stations d’épuration,
- les risques d’exfiltration d’eaux usées que le mauvais état des réseaux fait courir
pendant les périodes de temps sec où la nappe peut s’abaisser sous le niveau de la
canalisation,
- le signe de dégradation des réseaux qu’elles représentent, et donc la nécessité de ne
pas la laisser prendre de l’ampleur.
La dernière justification citée mérite incontestablement d’être prise en compte dans le cadre
d’une meilleure gestion du patrimoine.
Pour celle se référant aux risques d’exfiltration, il faut bien observer que si ce risque est réel, il
est somme toute, rare, et avec des impacts exceptionnellement significatifs.
Le problème posé par les surdébits est en fait celui qui focalise le plus l’attention des maîtres
d’ouvrages, et surtout des Agences de l’Eau et des services de Police des Eaux. Des sommes
énormes ont été englouties dans la lutte contre les eaux parasites depuis une vingtaine
d’années, mais avec des résultats très inégaux, et la plupart du temps, décevants. Le
développement remarquable des techniques de réhabilitation des réseaux a laissé dans un
premier temps espérer que ce mode d’intervention éviterait de devoir procéder au
remplacement pur et simple des réseaux, coûteux et souvent très gênant en milieu urbain. Mais
leur coût et la difficulté de les appliquer aux tronçons sur lesquels se trouvent de nombreux
branchements ont fortement contrarié cet espoir. Les bilans menés après travaux ont aussi
montré que la réduction des intrusions d’eaux parasites n’était souvent pas à la hauteur de ce
qui avait été envisagé dans le programme de réduction des eaux parasites16. La provenance
fréquente d’eaux parasites au niveau des branchements des particuliers17 peut représenter une
part significative, voire majeure, des apports d’eaux claires. Dans ce cas, une réhabilitation se
limitant aux réseaux de la seule collectivité, n’a évidemment qu’un faible résultat… La lutte
contre les apports diffus est en fait difficile et coûteuse.
Il semble que l’on commence à plutôt s’orienter vers la seule élimination des apports importants,
c'est-à-dire ponctuels (casses de réseaux, captages de sources ou fossés ou ruisseaux,
chasses coulant sans interruption…) et vraiment clairement identifiés. En dehors de ces
intrusions ponctuelles, l’élimination apparaît aujourd’hui rarement « rentable18 ».
16
La cause en est aussi à la quantification, aujourd’hui souvent réalisée au terme d’études de diagnostic extrêmement
courtes, alors que la variabilité dans le temps des apports d’eaux parasites est très forte…
17
Branchements mal réalisés, drainages et vide-caves, fuites d’eau potable…
18
Des seuils de rentabilité pour la réhabilitation des réseaux de l’ordre de 1200 litres par jour, par km et par cm de
diamètre avaient été avancés il y a quelques années… A titre de comparaison, le ratio au-delà duquel, lors d’essais
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 19 Collecte EU / EP
Il est alors plus efficace et beaucoup moins cher en termes d’investissement, de légèrement
surdimensionner les ouvrages de pompage et de clarification. Le faible coût de l’énergie ne
contribue pas non plus à limiter les volumes d’effluents à pomper 19 … En fait, le problème
majeur posé par la présence d’eaux parasites est le vieillissement accéléré du patrimoine que
représentent les réseaux, car leur non-étanchéité est souvent le signe précurseur de leur
dégradation : fissures qui vont s’aggraver, intrusions d’eau par les joints ou les fissures pouvant
être suivies d’intrusions de racines qui obtureront et/ou éclateront la canalisation, et bien sûr
casses de réseau…
d’étanchéité à l’eau, pratiqués lors des réceptions de réseau en béton armé, un réseau est non-conforme, s’établit à
0,15 l/m2 de surface intérieure de canalisation en 30 minutes (norme NF EN 1610). Ce débit d’infiltration équivaut à
un débit de 226 litres par jour, par km et par cm de diamètre. Il équivaut aussi, sur la base d’un linéaire de réseau de
5 ml par habitant, à un débit d’eaux parasites tolérable de 22,5 litres par hbt par jour.
19
Pour refouler 1 m3 d’effluent sur une hauteur manométrique totale (« HMT » : hauteur géométrique + pertes de
charge) de 1 m, sur la base d’un rendement de la pompe de 70%, il faut fournir 0,004 kWh, ce qui équivaut, pour un
coût du kWh de l’ordre de 0,1 €HT, à 0,04 centimes d’euros par m3 pompé…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 20 Collecte EU / EP
Figure n°1 : Hydrogrammes d'eaux usées mesurés en un même point à deux dates différentes
15
5
Eaux parasites
0
00 h 01 h 02 h 03 h 04 h 05 h 06 h 07 h 08 h 09 h 10 h 11 h 12 h 13 h 14 h 15 h 16 h 17 h 18 h 19 h 20 h 21 h 22 h 23 h
21
Débit moyen nocturne Qn = 21,7 m3/h 40
20
Volume journalier d'Eaux Parasites : 475 m3/j
0
00 h 01 h 02 h 03 h 04 h 05 h 06 h 07 h 08 h 09 h 10 h 11 h 12 h 13 h 14 h 15 h 16 h 17 h 18 h 19 h 20 h 21 h 22 h 23 h
Collecte EU / EP
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 22 Collecte EU / EP
II.1.1.2. Temps de pluie
Par temps de pluie, en réseau unitaire20, les débits véhiculés par le réseau de collecte sont
accrus suite à l’afflux des eaux de ruissellement (voiries collectives, privées, toitures…) qui y
sont envoyées. Lors d’évènements pluviométriques intenses, la conjugaison des charges de
pollution contenues dans les eaux de ruissellement et la remise en suspension des dépôts qui
se produisent dans les réseaux par temps sec peuvent contribuer à alors émettre des charges
de pollution très élevées sur de faibles pas de temps.
Le projet de « guide de définitions21 » émis le 23 juin 2006 par la Direction de l’Eau du Ministère
de l’Ecologie et du Développement Durable, pour l’application de la Directive 91/271/CEE
relative au traitement des Eaux Résiduaires Urbaines, indiquait (p7) que des valeurs de 54
gDBO5/j/habitant en zone urbaine et 47 gDBO5/j/habitant en zone rurale pouvaient être utilisées.
Il faut y ajouter les pollutions liées aux activités commerciales, artisanales et industrielles
lorsqu’elles sont significatives. Pour les grosses agglomérations (supérieures à 5 000
20
Réseau unitaire (anciennement et encore appelé « tout-à-l’égout ») : réseau conçu pour évacuer simultanément les
eaux usées et les eaux de ruissellement. Par opposition on parle de « réseaux séparatifs » lorsque deux réseaux
distincts ont été implantés, l’un dédié aux seules eaux usées, l’autres aux seules eaux de ruissellement (ou pluviales).
On parlait aussi de « réseau pseudo-séparatif » lorsque le rejet des eaux de ruissellement de surfaces difficilement
raccordables aux réseaux d’eaux pluviales (arrière-cours, toitures éloignées de la rue…) était toléré dans les réseaux
séparatifs. Aujourd’hui, l’usage est de parler de réseaux « pseudo-séparatif » lorsque le réseau d’eaux usées reçoit
plus ou moins d’eaux pluviales, alors qu’il a été conçu comme « réseau séparatif »… L’expérience montre en fait
qu’il n’y a pas de réseaux complètement séparatifs, et que des apports par temps de pluie doivent être intégrés dès la
conception des ouvrages (collecte et épuration).
21
Version définitive parue en novembre 2007, complétée par le « commentaire technique de l’arrêté du 22 juin 2007
en ce qui concerne l’assainissement collectif » paru le 14 février 2008 (MEEDDAT).
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 23 Collecte EU / EP
habitants ?), la prise en compte de ces activités 22 aboutit logiquement aux valeurs les plus
hautes ci-dessus citées.
La notion d’« Equivalent-Habitant » (« E.H. ») n’a pour définition, seule et unique, que celle qui
découle :
- de l’article 2, de la Directive Européenne Eaux Résiduaires Urbaines du 21 mai 1991 :
o « Un Equivalent-Habitant (EH) : charge organique biodégradable ayant une
Demande Biochimique d’Oxygène en 5 jours (DBO5) de 60 grammes d’oxygène
par jour »,
- et de son article 4, §4 :
o « La charge exprimée en EH est calculée sur la base de la charge moyenne
maximale hebdomadaire qui pénètre dans la station d’épuration au cours de
l’année, à l’exclusion des situations inhabituelles comme celles qui sont dues à
de fortes précipitations ».
La définition de celle « charge » est assez proche de celle qui était précisée à l’article 1er du
décret du 3 juin 1994 et qui figure à l’article R2224-6 du Code des Collectivités Territoriales
(CGCT) :
o « Charge brute de pollution organique : le poids d’oxygène correspondant à
demande biochimique d’oxygène en 5 jours (DBO5) calculé sur la base de la
charge journalière moyenne de la semaine au cours de laquelle est
produite la plus forte charge de substances polluantes dans l’année ».
On peut donc en conclure qu’un EH équivaut à une charge de 60 g DBO5/j mesurée en valeur
moyenne de la semaine de pointe annuelle.
On commet donc une grosse erreur lorsqu’on avance, pour une bassin-versant donné, un
nombre d’équivalents-habitants y résidant, en divisant par 60 g/j la charge journalière de DBO5
mesurée un jour quelconque de l’année.
La division d’une charge de pollution (exprimée en DBO 5) mesurée à n’importe quel moment de l’année
(c'est-à-dire en dehors de la semaine au cours de laquelle est produite la plus forte charge de substances
polluantes dans l’année), par un ratio de 60 gDBO5/jour aboutit donc à une « population équivalente » sous-
estimée.
Il est souvent recherché si on peut estimer la charge moyenne caractéristique de la semaine de pointe 23 à
partir des valeurs de percentiles auxquelles on aboutit quand on dispose d’un grand nombre de valeurs
journalières. La réponse à cette question est difficile à formuler, d’une part parce qu’elle dépend de la taille
de l’agglomération, et d’autre part, parce qu’il n’existe que très peu d’agglomérations de taille moyenne, et
a fortiori petite, non influencées par des rejets d’origine non domestique, et pour lesquelles on mesure
quotidiennement les charges journalières entrant sur la station d’épuration. Les quelques données en ma
possession semblent indiquer que la charge moyenne de la semaine de pointe correspondrait à celles
comprises entre les percentiles 85% et 95%, la valeur inférieure de cette fourchette correspondant plutôt
aux petites agglomérations, la valeur supérieure aux grandes agglomérations. Retenir le percentile 95%
comme valeur équivalente à la charge moyenne de la semaine de pointe annuelle est probablement
généralement sécuritaire…
Il n’y a pas de définition de l’« Equivalent-Habitant » en ce qui concerne les autres paramètres.
En ce qui concerne ces autres paramètres, pour des effluents de nature domestique, leur
valeur doit être cohérente avec celle représentative de la DBO5, cohérence devant s’appuyer
22
Hormis les industries particulièrement polluantes (agro-alimentaires, etc…). Pour mémoire : Lait : DBO5 = # 100
g/l, avec rapport DCO/ DBO5 = # 2 (la quantité importante de graisses et de protéines dans le lait ne rend pas
crédible les valeurs d’un tel rapport se situant autour de 1,3 ou 1,4 souvent mentionnées dans la littérature récente).
Sang DBO5 = # 150 à 200 g/l, avec rapport DCO/ DBO5 = # 2.
23
Donnée intéressante pour dimensionner des stations d’épuration à boues activées en aération prolongée…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 24 Collecte EU / EP
sur les ratios unanimement admis par les personnes qui se sont vraiment penchées sur la
composition des effluents urbains, et présentés au tableau n°1.
Il est hélas très fréquent de ne pas retrouver une telle cohérence dans les bilans réalisés en
tête de station d’épuration. Les causes peuvent en être :
- La présence d’effluents de nature non domestique en quantités significatives,
- Des méthodes de prélèvement qui conduisent à sous-estimer (ou surestimer) les MES,
leur surestimation conduisant alors à des valeurs plutôt faibles pour le NtK et
l’ammoniaque,
- Des méthodes d’analyses dont la fiabilité reste souvent sujette à caution (« micro-
méthodes », méthodes rapides de détermination de la DBO5,…).
Des valeurs « trop » faibles en DBO5 sont hélas de plus en plus courantes…
Les autres ratios souvent utilisés pour définir l’Equivalent-Habitant, et notamment ceux
qui suivent, n’ont aucune valeur technique et ne doivent en aucun cas servir de base à la
conception ou au dimensionnement d’une station d’épuration24 :
− 150 g DCO/j par équivalent-habitant,
− 57 g MO/j par équivalent-habitant25,
− 90 g MES/j par équivalent-habitant,
− 15 g NtK/j par équivalent-habitant,
− 4 g Pt/j par équivalent-habitant.
L’estimation d’une population équivalente reposant sur la division d’un volume journalier par
150 l/j/EH, ou 200 l/j/EH, ou n’importe quelle autre valeur, n’a aucun sens…
Enfin, lors d’un projet, cette quantification des pollutions à traiter doit être examinée de façon
prospective, démarche toujours difficile, techniquement et politiquement.
a) Micropolluants
Depuis une vingtaine d’années, certaines substances présentes à de très faibles
concentrations (de l’ordre du microgramme ou de quelques microgrammes par litre) dans les
24
Les textes qui en sont à l’origine sont des arrêtés et décrets qui découlent du décret 75-996 du 28 octobre 1975.
Les ratios ci-dessus indiqués multipliés par des « habitants » (et non des Equivalents-Habitants ») aboutissent aux
« assiettes » permettant le calcul des « redevances et primes » par les Agences de l’Eau (Art. 1). Ces ratios sont
beaucoup trop éloignés des quantités de pollution émises par un habitant (notamment en ce qui concerne les MES
et le Pt, voire le NtK).
25
MO : « Matières Oxydables », paramètre non utilisé pour des calculs techniques (dimensionnement d’ouvrages…),
mais « financier », servant de base au calcul par les Agences de l’Eau des redevances et « primes » : MO =
[DCO+2.DBO5]/3
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 25 Collecte EU / EP
eaux usées, même après leur épuration, sont avérées produire sur certaines espèces
faunistiques, des effets cancérogènes, mutagènes, tératogènes, et/ou susceptibles de modifier
leurs fonctions endocriniennes ("perturbateurs endocriniens26").
La plupart de ces substances que l'on retrouve, ainsi que leurs métabolites, à des
concentrations dans les milieux aquatiques allant du nanogramme par litre (ng/l) à quelques
microgrammes par litre (g/l), peuvent donc potentiellement se retrouver dans les eaux
destinées à la consommation humaine. Elles sont fréquemment classées comme suit :
- "PPCP" (pharmaceutical and personal-care products) qui regroupent :
o Les médicaments à usage humain (4000 molécules actives en Europe),
o Les produits cosmétiques et d'hygiène corporelle (comme les
déodorants, parfums, écrans solaires, crèmes et lotions…)
o Les médicaments vétérinaires.
- Perturbateurs Endocriniens, ces derniers regroupant de façon non exhaustive27,
des substances issues des familles suivantes :
o Hormones naturelles secrétées, essentiellement via les urines, par les
humains et les animaux (œstrogènes, progestérone, testostérone…) et
par certaines plantes (phyto-œstrogènes…), ainsi que d'autres
substances naturellement produites par certaines plantes et
champignons,
o Hormones synthétiques (contraceptives, ou prescrites en traitements
de substitution et traitements curatifs de certaines maladies, ou
utilisées comme additifs alimentaires destinés à l'élevage animal…),
- Micropolluants organiques volontairement synthétisés :
o Détergents et leurs molécules tensioactives, alkylphénols simples,
éthoxylés et alkylbenzènesulfonates linéaires ("LAS"),
o Phtalates, bisphénols A et autres plastifiants, et de nombreux additifs
de résines,
26
La Communauté Européenne a adopté la définition suivante : « Un perturbateur endocrinien est une substance ou
un mélange exogène altérant les fonctions du système endocrinien et induisant donc des effets nocifs sur la santé
d’un organisme intact, de ses descendants ou sous-populations » (Commission des communautés européennes,
« communication from the commission to the council and the european parliament, community strategy for endocrine
disrupters, a range of substances suspected of interfering with the hormone system of humans and wildlife »,
Bruxelles, 17 décembre 1999, COM 1999, 706 final.
27
553 substances synthétiques et 9 hormones naturelles ou de synthèse, suivant la liste établie en 2001 par la
Commission Européenne dans le cadre de la mise en oeuvre de la stratégie communautaire concernant les
perturbateurs endocriniens (cf. Communication de la Commission au Conseil et au Parlement Européen sur la mise
en oeuvre de la stratégie communautaire concernant les perturbateurs endocriniens, 14 juin 2001, COM 2001- 262
final. http:/ec.europa.eu/environnement/docum/01262_en.htm).
La législation impose28 la recherche d'un grand nombre de ces substances dans les effluents
admis dans les stations d'épuration et épurés pour les systèmes d'assainissement de plus de
100 000 EH depuis 2011 et de 10 000 EH depuis 2012.
28
Cf. notamment : Circulaire du 29 septembre 2010 relative à la surveillance de la présence de micropolluants dans
les eaux rejetées au milieu naturel par les stations de traitement des eaux usées.
29
14% selon la formule de Thistelthwayte (cf. « La problématique H2S : dispositions préventives et curatives », A.
Sadowski, TSM, janvier-février 2012).
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 27 Collecte EU / EP
dans le sud de la France, en saison estivale et dans les « pays chauds », une grande attention
doit être portée à ce problème lors de la conception des réseaux.
Pour des effluents dont la température dépasse 15°C, ou pour des temps de séjour dans la
canalisation de refoulement supérieurs à 6 heures, ou pour des vitesses d’écoulement
moyennes journalières dans la canalisation de refoulement inférieures à 0,5 m/s, les risques
liés à la formation de sulfures doivent être étudiés avec soin30.
c) Conductivité
La conductivité des eaux usées, assez rarement mesurée, s’étale généralement31 entre 1050 et
1170 S/cm. Des valeurs mesurées comprises entre 1195 et 1240 S/cm confirment les
précédents ordres de grandeur32.
30
D’après interprétation de la grille d’évaluation des risque de Fayoux (cf. « Corrosion des réseaux par l’H2S –
Expérience du SICTEUB de la Thève et de l’Ysieux », C. Fayoux, TSM, janvier 1988, et « La problématique H2S :
dispositions préventives et curatives », A. Sadowski, TSM, janvier-février 2012).
31
Spatial variability of the characteristics of combined wet weather pollutants loads in Paris. M. Kafi et al., Water
Research, n°42, p539-549, 2008.
32
Effluents de Vars-St-Marcellin (05), Cf. « Les procédés MBBR pour le traitement des eaux usées. Cas du procédé
R3F », J.P. Canler et J.M. Perret, documentation technique n°38, Irstea / AERMC, 2008 ( ?).
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 28 Collecte EU / EP
Tableau n°1 : Quelques ratios concernant les eaux usées de collectivités
sans activités industrielles marquantes.
Pour quelques villes de plus de 100 000 habitants, sans industries significatives :
Ville n°1
2003 1,9 1,0 1,9 4,0 30,6 7,6
2002 1,8 1,0 1,7 4,0 28,5 7,2
2001 1,8 1,0 1,7 4,2 28,0 6,7
2000 1,7 1,0 1,8 4,4 27,0 6,1
1999 1,7 1,0 1,7 4,4 27,6 6,2
1998 1,8 1,0 1,8 4,9 28,8 5,9
1997 1,6 1,0 1,5 4,8 28,0 5,8
moyenne : 1,8 1,0 1,7 4,4 28,3 6,5
Mémento Technique Degrémont (2005) 2,3 0,9 2,0 4,3 26,0 6,0
Etude Degrémont EIN n°285 (2006) 2,3 0,8 1,9 5,0 30,0 6,0
33
Article L2212-2 du Code Général des Collectivités Territoriales : La police municipale a pour objet d'assurer le
bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publiques. Elle comprend notamment : 1° Tout ce qui intéresse la
sûreté et la commodité du passage dans les rues, quais, places et voies publiques, (…) ; 5° Le soin de prévenir, par
des précautions convenables, et de faire cesser, par la distribution des secours nécessaires, les accidents et les fléaux
calamiteux ainsi que les pollutions de toute nature, tels que les incendies, les inondations, les ruptures de digues, les
éboulements de terre ou de rochers, les avalanches ou autres accidents naturels (…).
34
Les lois de décentralisation de 1982 ont en effet restitué aux collectivités territoriales les pouvoirs réglementaires
en matière d'assainissement, ce qui rend théoriquement obsolète l'Instruction Technique de 1977 relative aux réseaux
d'assainissement. Cependant, ce document reste tout à fait intéressant par bien de ses aspects…
Encouragées par la Loi sur l’Eau de 1992, les stratégies de gestion des eaux pluviales tendent
à:
- limiter le ruissellement occasionné par l’urbanisation,
- freiner les écoulements pour accroître les temps de concentration et ainsi diminuer les
valeurs de pointes des débits générés,
35
Les « normes » sont pour la plupart des documents de référence d’ « application volontaire », dans la mesure où
s’y conformer n’est pas une obligation. Elles ne sont donc pas contraignantes, contrairement aux textes
réglementaires tels que « loi », « décret » ou « arrêté ». Cependant, des textes réglementaires peuvent rendre une
norme « d’application obligatoire », ce qui est le cas pour à peu près 2% des normes françaises en vigueur (exemple :
L’arrêté du 26 mars 2004 a rendu la norme NF U 44095 d’ « application obligatoire » pour qu’un compost échappe
au statut réglementaire de « déchet » et puisse être valorisé en agriculture.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 31 Collecte EU / EP
- éviter la concentration des rejets, et même si possible, infiltrer l’eau là où elle tombe…
On verra ultérieurement que cette stratégie de gestion quantitative des écoulements converge
tout à fait avec les principes qui permettent la dépollution des eaux de ruissellement.
Au niveau de la parcelle, le rejet des eaux de ruissellement en provenant au réseau collectif, s’il
existe, n'est pas obligatoire. Il peut même être soumis à autorisation (nécessité d'écrêter les
débits émis, ou de pré-traiter les eaux…). En effet, l'Art. 35 de la Loi sur l'Eau de 1992 codifié
dans le Code Général des Collectivités Territoriales à l’article L2224-10 stipule que « les
communes ou groupements de communes délimitent après enquête publique :
- (…),
- les zones où des mesures doivent être prises pour limiter l'imperméabilisation des sols et
pour assurer la maîtrise du débit et de l'écoulement des eaux pluviales et de ruissellement,
- les zones où il est nécessaire de prévoir des installations pour assurer la collecte, le
stockage éventuel et en tant que de besoin, le traitement des eaux pluviales et de
ruissellement lorsque la pollution qu'elles apportent au milieu récepteur risque de nuire
gravement à l'efficacité des dispositifs d'assainissement ».
Cette délimitation des zones ci-dessus mentionnées, généralement dénommée « zonage Eaux
Pluviales » relève des communautés d’agglomération (et non des communes) si celles-ci
assument la compétence « assainissement des eaux usées » (article L. 5216-5 du Code
Général des Collectivités Territoriales).
La réalisation de ces plans de zonage Eaux Pluviales prescrits en 1992 n’a vraiment débuté
que dans les années 2010 / 2015. En l’absence d’une législation suffisamment développée sur
le sujet, ils sont la base de toute politique Eaux Pluviales que devrait adopter une collectivité. Il
est donc indispensable que chacune d’entre elles lance de tels plans de zonage, afin qu’ils
servent de programme pour les infrastructures à réaliser en matière de gestion quantitative et
qualitative des eaux pluviales. Ces plans peuvent alors être une contribution importante à
l’élaboration avisée des Plans Locaux d’Urbanisme, auxquels ils seront annexés.
Les règlements des services d'assainissement des collectivités, qui doivent être mis en
cohérence avec ces Plans de Zonage, précisent de plus en plus souvent les conditions de rejet
des eaux pluviales au réseau de la collectivité, tant d’un point de vue qualitatif que quantitatif.
A ce sujet, il est important de préciser que les limitations de débit aujourd’hui imposées à des
rejets provenant de parcelles privées au réseau collectif, ou dans les fossés et cours d’eau,
n’ont pas fait l’objet d’une justification environnementale approfondie et sont même pour
beaucoup, entachées d’illégalité au regard du contenu de l’article 640 du Code Civil. Il est en
effet fréquent d’observer que ces débits estimés par unité de surface (en litres par seconde et
par hectare de bassin versant urbanisé : l/s/ha) sont de l’ordre de quelques litres par seconde
par hectare (généralement entre 2 et 5 l/s/ha, voire 0,5 l/s/ha !...), sans même que soit précisée
la période de retour à laquelle se rapporte l’évènement pluviométrique pour lequel cette
limitation est imposée !
Or, il faut rappeler, parmi les servitudes imposées par le Code de l’Urbanisme et le Code Civil,
celle précisée à l’article 640 de ce dernier : « Les fonds inférieurs sont assujettis envers ceux
qui sont plus élevés, à recevoir les eaux qui en découlent naturellement sans que la main de
l’homme y ait contribué. Le propriétaire inférieur ne peut point élever de digue qui empêche cet
écoulement. Le propriétaire supérieur ne peut rien faire qui aggrave la servitude du fonds
inférieur ».
Cet article, pourtant généralement bien connu, indique donc qu’on ne peut pas imposer à un
propriétaire une réduction des débits ruisselés plus contraignante que ce que sont les
conditions qui prévalent sur son terrain avant urbanisation. Son contenu est cohérent avec
NB : On remarquera que de tels ordres de grandeur – 10 l/s/ha = 3,6 mm/h - sont déjà faibles,
comparés aux intensités pluviométriques constatées en France, et notamment en zone
méditerranéenne37.
Ainsi, dans sa partie nord38, les intensités de pluies décennales sont-elles de l’ordre de :
- Evènement de durée t = 15 mn : i = 72 mm/h, ce qui correspond39 à 200 l/s/ha,
- Evènement de durée t = 60 mn : i = 30 mm/h, ce qui correspond à plus de 80 l/s/ha …
Un écoulement de 10 l/s/ha correspondrait à des coefficients de ruissellement de l’ordre de 5 à
10% en cas d’évènement décennal de faible durée…
Et pour la zone méditerranéenne :
- Evènement de durée t = 15 mn : i = 111 mm/h, ce qui correspond à plus de 300 l/s/ha,
- Evènement de durée t = 60 mn : i = 60 mm/h, ce qui correspond à plus de 160 l/s/ha …
Un écoulement de 10 l/s/ha correspondrait à des coefficients de ruissellement de l’ordre de 3 à
6% en cas d’évènement décennal de faible durée… Or, il est admis dans cette zone, que les
coefficients de ruissellement, quel que soit le degré d’imperméabilisation des sols, présentent
lors d’évènements exceptionnels (décennaux et plus rares) des valeurs toujours élevées,
pouvant même approcher 100%... On mesure alors le non-sens de certaines valeurs
aujourd’hui imposées pour les débits autorisés à l’aval de nouvelles zones urbanisées 40 ,
notamment dans le sud de la France41…
36
Art2, 4°) du décret n°93-742 du 29 mars 1993, consacré aux « procédures » relatives aux opérations soumises à
Autorisation ou Déclaration au titre de la Loi sur l’Eau, modifié par les articles 3 et 18 du décret n°2006-880 du 17
juillet 2006.
37
Sur des petits bassins versants ruraux de l’ordre de la centaine d’hectares, les débits décennaux observés en zone
méditerranéenne s’étendent de quelques dizaines de l/s/ha à plus de 100 l/s/ha.
38
Région I de l’Instruction Technique de 1977.
39
1 mm/h équivaut à 2,78 l/s/ha.
40
1 à 3 l/s/ha fréquemment (sans que soit toujours précisée la période de retour pour laquelle cette limite est
imposée !) et jusqu’à 0,5 l/s/ha dans certaines collectivités de la région parisienne pour des pluies centennales !
41
5 à 7 l/s/ha en cas de pluie centennale dans certaines collectivités du Languedoc…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 33 Collecte EU / EP
Dans certaines régions, ces valeurs de débits maxima de rejet ont été imposées eu égard à
des capacités de réseaux insuffisantes à l’aval de grands bassins versants, et dans d’autres,
pour limiter les débits de crues générés au niveau de très grands bassins versants. Dans de
tels cas, les conséquences de l’urbanisation de territoires situés à l’aval des bassins versants
sont reportées sur ceux situés à l’amont : Dans le premier cas cité, les écoulements superficiels
(fossés, cours d’eau) ont été canalisés, et une amélioration de la situation est particulièrement
difficile à réaliser au niveau même des sites concernés ; dans le second, l’urbanisation non
maîtrisée en zones inondables – mais qui a pourtant un jour fait l’objet de permis de construire
délivrés par les Maires et dont l’instruction a bénéficié du concours des services des DDE…-
n’a pour solution que des actions curatives devant être menées plus en amont… On fait alors
supporter aux résidents des secteurs amont, l’urbanisation non maîtrisée des secteurs aval.
Ainsi, au sens de la Loi sur l’Eau comme de l’article 640 du Code Civil, on ne devrait pouvoir
imposer des mesures que pour ne pas aggraver l’écoulement naturel des eaux, mais pas au-
delà, par exemple pour résoudre des insuffisances occasionnées en d’autres endroits par la
main de l’homme. En pareil cas, il serait plus logique que la collectivité prenne elle-même en
charge la réalisation des ouvrages d’écrêtement des débits excédentaires, un écrêtement à
hauteur des valeurs de débits naturels ayant été préalablement imposé aux particuliers.
Il est vrai qu’il est difficile pour chaque collectivité de procéder elle-même à la détermination
des débits maxima autorisés à être rejetés dans les systèmes de collecte des eaux pluviales,
tant le sujet est complexe. Cependant, cela n’exonère en rien les collectivités à l’origine de
débits maxima autorisés dont la faible valeur est sans commune mesure avec les débits
naturels générés lors de fortes pluies42. Il serait donc souhaitable que de telles dispositions
fassent l’objet de recommandations techniques élaborées sérieusement à un niveau national
ou régional, et émanant de services compétents.
Il serait aussi souhaitable que les plans de zonage débouchent non pas sur des valeurs de
débit maxima pouvant être émis par unité de surface urbanisée (en l/s/ha), mais directement
sur des volumes de rétention à obligatoirement mettre en œuvre pour chaque m 2 nouvellement
urbanisé. Cela éviterait de devoir procéder pour chaque nouvel aménagement, à une étude –
souvent bien sommaire - visant à définir les volumes de rétention à créer, sur la base de
méthodes aussi diverses qu’il existe de bureaux d’études… Des coefficients
d’imperméabilisation maximale peuvent aussi être préconisés, quartier par quartier, en deçà
desquels les eaux pluviales peuvent être directement acceptées dans les réseaux de la
collectivité, et au-delà desquels des ouvrages d’écrêtement deviennent impératifs43.
Il arrive que le principe énoncé par l’article 640 du Code Civil soit remis en cause, sous couvert
de la prévalence d’autres textes législatifs par rapport à celui-ci. Il convient cependant
d’examiner si, vis-à-vis du milieu naturel, il est défendable que l’Homme, afin de préserver ses
biens immobiliers, ses infrastructures et ses activités économiques, s’autorise à réduire les
débits de crues des cours d’eau lors de précipitations exceptionnelles, ou simplement fortes, à
des valeurs qui seraient inférieures à celles naturellement atteintes. En effet, les crues, tant
qu’elles sont naturelles, participent à la configuration géomorphologique des cours d’eau et des
zones humides, ainsi qu’au fonctionnement normal des écosystèmes hydrographiques
(transport solide et limitation des accumulations de nutriments et autres polluants, mêmes
naturels, conditions de hautes eaux nécessaires à la migration et à la reproduction de certains
poissons, etc…). Limiter les débits naturels de crues et/ou diminuer leur fréquence peut donc
être aussi préjudiciable que de les accroître.
42
Cf. notes précédentes.
43
Méthode mise en place par la Ville de Rennes en 1998, cf. « Assainissement pluvial urbain. Présentation de la
démarche globale réalisée par la Ville de Rennes pour assurer la maîtrise de l’imperméabilisation des sols », Alain
Prenveille, Bulletin des Laboratoires des Ponts et Chaussées n°224, janvier février 2000, p87-96.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 34 Collecte EU / EP
II.2.1.2. Leur rejet au regard de leur impact qualitatif
Au regard de la Directive européenne Eaux Résiduaires Urbaines de 1991, on peut tenter, sur
la base des recommandations qui figuraient dans la circulaire du 12 mai 199544, émise en
application des arrêtés de décembre 1994, de résumer l’esprit de la Loi sur l’Eau de 1992
comme suit :
- Priorité à la dépollution des effluents véhiculés par les réseaux unitaires lors
de « pluies de faibles fréquences de retour (de l’ordre en général de la pluie
mensuelle45) »,
- Puis, « en tant que de besoin, traitement des eaux pluviales et de
ruissellement lorsque la pollution qu’elles apportent au milieu aquatique
risque de nuire gravement à l’efficacité des dispositifs d’assainissement46 ».
On peut comprendre que les expressions « eaux pluviales et de
ruissellement » concernent les effluents transitant dans des réseaux
strictement séparatifs…
Si les plans de zonage étaient à mettre en œuvre avant la fin 2005, il est clair que les
aménagements qui concernent la dépollution des eaux pluviales se situent « en dehors du
calendrier prévu par la directive 47 ». La circulaire rappelait l’intérêt présenté par les
« techniques alternatives » ou « solutions compensatoires », mais indiquait logiquement que
leur mise en œuvre dans le cadre d’une politique intégrée à celle de l’urbanisme, concrétisée
dans les POS, ne pouvait « porter effet qu’à moyen ou long terme48 ».
Enfin, on rappellera que les spécifications en termes de qualité assignée aux rejets d’effluents
qui figurent dans les arrêtés du 22 juin 2007 puis du 21 juillet 2015, qui ont successivement mis
à jour l’arrêté du 22 décembre 1994, ne s’appliquent pas aux effluents véhiculés et rejetés par
les « réseaux d’eaux pluviales des systèmes totalement séparatifs »49.
On notera aussi qu’en ce qui concerne la collecte et le traitement des eaux usées, la législation
en vigueur exprime clairement que la priorité de ces actions s’exerce par temps sec, et qu’il
relève des communes de déterminer les flux à traiter par temps de pluie50, de façon à ce que
ces actions puissent être réalisées « dans des conditions économiquement acceptables »51.
44
Cette circulaire et les arrêtés du 22 décembre 1994 n’ont plus cours depuis la parution de l’arrêté du 22 juin 2007.
Cependant, le contenu de la circulaire du 12 mai 1995 demeure tout-à-fait pertinent, et surtout techniquement
réaliste.
45
Circulaire du 12 mai 1995, §1.4.3.3
46
Circulaire du 12 mai 1995, §1.2.1
47
Circulaire du 12 mai 1995, §1.4.3.3
48
Circulaire du 12 mai 1995, fin du §1.2.1
49
Arrêté du 22 décembre 1994 (prescriptions techniques), Art. 1er, IV, 3ème alinéa.
50
Arrêté du 22 décembre 1994 (prescriptions techniques), Art. 3, d).
51
Circulaire du 13 septembre 1994, III, 3 ème §. Notion reprise sous les expressions de « coût excessif » (Cf. directive
Eaux Résiduaires Urbaines de 1991) et de « coût disproportionné » (Directive Cadre sur l’Eau d’octobre 2000),
abondamment rappelée dans l’arrêté du 21 juillet 2015.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 35 Collecte EU / EP
II.2.2. Aspects découlant de la « Directive Cadre sur l’Eau » du 23 octobre 2000
La « Directive Cadre européenne sur l’Eau » (« DCE ») du 23 octobre 2000, long texte
proposant une stratégie de reconquête de la qualité des milieux récepteurs, vise à atteindre
dès 2015, le « bon état » des masses d’eau. Cette directive a été transposée au niveau
français par la Loi du 21 avril 2004, dont le contenu se limite essentiellement52 à réaffirmer le
principe d’une politique basée sur la notion d’ « objectif de qualité ».
Il a fallu attendre janvier 2010 pour que se concrétise la nouvelle démarche basée sur une
appréciation de la qualité des « masses d’eau » s’établissant à partir de leur « état chimique »
et de leur « état écologique ». C'est aussi à cette date53 que paraissent les nouveaux critères
(paramètres, concentrations limites maximales et minimales des classes de qualité) permettant
d’apprécier l’« état écologique » des eaux douces de surface (ce dernier résultant de leur « état
physico-chimique » et de leur « état biologique »).
Remarque : Vis-à-vis de l’horizon 2015 fixé pour atteindre le « bon état », il ne restait
donc plus, lorsque sont parues les « règles du jeu » à satisfaire en 2010, que 6 années
pour entreprendre les études, investigations, maîtrises d’œuvre, procédures relatives au
Code des Marchés Publics, procédures d’autorisation et d’enquêtes publiques, demandes
d’aides au financement, nécessaires au lancement de travaux devant être achevés pour
la fin 2015… Une atteinte du « bon état » aux horizons 2021 et 2027 initialement prévus
comme pouvant relever de dérogations exceptionnelles, serait déjà un très bon
résultat54…
Pour les masses d’eau de la « catégorie rivières », l’état chimique se détermine par rapport à
des « Normes de Qualité Environnementales » (« NQE ») exprimées en « Concentrations
Moyennes Annuelles » maximales admissibles (AA-EQS) et « Concentration Maximales
annuellement Admissibles (MAC-EQS) vis-à-vis de certains micropolluants.
L’état physico-chimique s’apprécie par rapport à une grille fixant pour une liste d’éléments
physico-chimiques, des limites de classes d’état (« très bon », « bon », « moyen », etc…).
L’état biologique s’apprécie grâce à une grille fixant des limites de classes pour les indices
biologiques (« Invertébrés », « Diatomées » et « Poissons »).
Ces critères d’appréciations et leurs modes d’interprétation ont été définis dans les trois arrêtés
des 12 et 25 janvier 2010. Il faut d’emblée signaler qu’un suivi sur une période de 2 années
consécutives regroupant chacune les résultats d’au moins 6 prélèvements est nécessaire pour
situer l’état physico-chimique d’un cours d’eau. C’est le percentile 90 des résultats obtenus qui
est comparé aux valeurs seuils de la grille d’appréciation de l’état physico-chimique55.
On peut donc dépasser les concentrations maximales correspondant au bon état, 10% du
temps… Cette nouvelle législation est donc encore moins ambitieuse que celle qui prévalait
jusqu’alors…
52
Un des volets importants de cette directive touche aussi à la lutte à mener contre les « substances dangereuses
prioritaires ».
53
Des valeurs provisoires avaient été émises dans d’abord, une circulaire parue le 28 juillet 2005 et qui proposait un
référentiel relatif à la définition du « bon état » pour les eaux douces de surface, associé à une démarche à adopter
pendant la phase transitoire 2005-2007. Ensuite un « guide technique de l’évaluation des eaux douces de surface de
métropole » avait été édité par le « MEEDDAT » en mars 2009.
54
Vingt années après la parution de la Directive Eaux Résiduaires Urbaines (1991), ses objectifs sont encore loin
d’être atteints dans beaucoup d’agglomérations (temps de pluie), quoi qu’en dise l’Etat français…
55
On retient donc comme valeur représentative de la qualité d’une eau, pour un paramètre donné, la 11 ème valeur de
concentration la plus élevée sur les 12 mesurées.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 36 Collecte EU / EP
L’arrêté du 21 juillet 2015 qui remplace celui du 22 juin 2007 et la note technique du 7
septembre 2015 valident la tolérance de rejets par temps de pluie issus de réseaux unitaires si
ces rejets par temps de pluie n’excèdent pas 5% des volumes d’eaux usées ou 5% des flux de
pollution émis annuellement par l’agglomération d’assainissement, ou si les déversements n’ont
pas lieu à plus de 20 reprises par an sur chacun des déversoirs d’orage soumis à
l’autosurveillance réglementaire 56 . Les déversoirs de moindre capacité ne sont pas pris en
compte pour l’appréciation de la conformité du système de collecte57. Il s’agit d’un véritable
recul par rapport aux orientations qui avaient découlé de la DERU (circulaire du 12 mai 1995).
Le « bon état » n’est vraiment pas pour demain58.
Pour les masses « côtières et estuariennes », leur caractérisation repose sur des éléments de
qualité biologique (phytoplancton, macro-algues et angiospermes, macro-invertébrés
benthiques et, pour les eaux estuariennes, les poissons) et physico-chimique (oxygène dissous
seulement…). Les règles de mise en œuvre de cette caractérisation ne sont pas encore à ce
jour, toutes complètement précisément définies.
56
C’est-à-dire ceux au droit desquels il est mesuré par temps sec, une charge brute de pollution organique supérieure
à 120 kgDBO5/jour (soit 2 000 EH). « Sur chacun des déversoirs d’orage » : Le nombre annuel de déversements du
système de collecte peut donc, pour un même milieu récepteur, dépasser 20 jours / an.
57
On peut donc les multiplier et éviter de posséder un déversoir dont la capacité atteindrait 2 000 EH ? Et pour les
collectivités de quelques milliers d’EH, on a peu de risques de posséder des déversoirs de capacité supérieure à 200
EH, et donc d’être non conforme.
58
Pourtant, il est reconnu depuis de nombreuses années qu’un bon état des masses d’eau ne pourra être atteint si la
qualité des rejets urbains de temps de pluie n’est pas suffisamment maîtrisée. A titre d’exemple, le Directeur de
l’Eau et de la Biodiversité au Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie, déclarait (TSM
octobre 2013, p10) : « Il faut conserver les fondamentaux : gouvernance de bassin, (…). Mais cette réflexion a mis
en évidence des problèmes récurrents qui expliquent la faible progression de l’état des masses d’eau : pollutions
diffuses, agricoles notamment, conditions de rejet d’eaux usées par temps de pluie, hydromorphologie des cours
d’eau, pollutions émergentes, surexploitation de certaines ressources ». L’ampleur de la non-atteinte du « bon état »
des masses d’eau constatée à la fin 2015 vient confirmer de tels propos. Cette nécessité a aussi été lourdement actée
dans le rapport du CGEDD n°010159-01 établi en avril 2017…
59
Annexe n°3.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 37 Collecte EU / EP
tableau 1. Paramètres physico-chimiques des nouvelles grilles de l’arrêté du 25 janvier 2010
En ce qui concerne la quantification des impacts générés par des rejets d’eaux
strictement pluviales sur un milieu récepteur, on note que cette grille ne présente qu’un
intérêt très limité.
En effet, les paramètres reconnus comme étant les plus pertinents pour l’appréciation de la
pollution véhiculée par les eaux de ruissellement sont les MES, les micropolluants liés à ces
MES (métaux lourds, hydrocarbures, HAP, PCB…61) et les germes. La DCO peut aussi s’avérer
un indicateur intéressant. La DBO5 et le NH4+ lors des plus fortes charges épisodiquement
émises peuvent ne pas être négligeables. La pollution liée aux composants phosphorés et
autres composants azotés n’y est pas significative, sauf en cas de contamination par des eaux
usées.
D’autre part, même si les MES étaient prises en compte dans cette grille, leur relative bonne
décantabilité rendrait peu représentatif un prélèvement d’eau à l’aval de rejets. Pour cette
raison et à cause de la très importante variabilité qui affecte les concentrations en polluants liés
à ces MES, y compris ceux utilisés pour apprécier l’état chimique des eaux, il est évident que
l’impact des rejets ayant lieu par temps de pluie ne peut être apprécié grâce à la mesure de
concentrations portant sur l’eau des cours d’eau.
60
Cf. exemple de grille en annexe n°4.
61
Certains de ces micropolluants fortement liés aux MES émises par temps de pluie figurent dans la liste de ceux
utilisés pour apprécier l’état chimique des eaux.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 38 Collecte EU / EP
Les arrêtés des 12 et 25 janvier 2010 indiquent que la fréquence des prélèvements dans les
cours d’eau sur lesquels seront réalisées des analyses portant sur l’état physico-chimique, sera
au minimum de 6 par an 62, et que l’appréciation de l’état qui résultera des campagnes de
prélèvements se fera sur la base des données acquises durant deux années consécutives,
c'est-à-dire donc sur la base de 12 résultats par paramètre 63 . La classification s’établit en
comparant le percentile 90 de l’échantillon de données ainsi acquises aux valeurs limites des
classes d’état. Une telle méthode d’appréciation ne peut donc conduire à vérifier le
respect du « bon état » visé pour des conditions pluviométriques de période de retour T
élevée, c’est à dire supérieure à T = 10 jours à 2 semaines. Il n’est donc pas prévu de chercher
à évaluer la qualité des eaux qui peut résulter de pluies significatives (T > 1 mois). Cette
nouvelle législation est donc encore moins ambitieuse que celle qui prévalait jusqu’alors64…
L’estimation de l’état chimique des masses d’eau repose sur un nombre de mesures égal à 12
pendant 1 an lors de la phase de qualification de l’état de la masse d’eau considérée, puis à 1
mesure par an tous les 3 ans, dans le cadre du suivi de l’évolution de la qualité d’un milieu…
Donc, de la même façon que pour l’état physico-chimique, hormis peut-être lors de la phase de
qualification de l’état de la masse d’eau considérée, il ne permettra pas non plus d’évaluer la
qualité des masses d’eau qui peut résulter d’apports significatifs générés par temps de pluie.
En fait, l’état biologique d’un cours d’eau apparaît comme la composante la plus à même de
mettre en évidence l’existence de perturbations épisodiques affectant sa qualité. Cependant,
bien que l’état biologique des masses d’eau puisse n’être déterminé qu’à partir d’une seule
campagne annuelle, il est nécessaire de disposer, pour bien l’appréhender, d’un recul reposant
sur plusieurs années consécutives assorti de campagnes menées à différentes saisons. En
effet, les indices obtenus (IBD, IBG…) peuvent sensiblement varier avec les conditions
hydrologiques et météorologiques. D’autre part, de telles perturbations peuvent aussi ne pas
forcément relever de rejets de temps de pluie : Dysfonctionnements de stations d’épuration
(« départs de boues »…), débordements de réseau d’eaux usées, rejets industriels
occasionnels, pollutions « accidentelles » répétées, pollutions liées aux activités agricoles,
utilisation non agricole de produits phyto-sanitaires…
Un autre problème affecte aussi la prise en compte de ces paramètres biologiques : On peut
dire aujourd’hui, qu’on ne sait pas relier et surtout quantifier la relation de cause à effet qu’il y a
entre d’une part, le rejet de charges d’une pollution donnée et d’autre part, la valeur obtenue
pour les indices biologiques mesurés. Dans quelles proportions et vis-à-vis notamment de
quels paramètres, faut-il réduire une charge rejetée pour gagner 3 points d’indice ? Quelle est
la fréquence avec laquelle le rejet65 de telles charges paraît acceptable si on veut atteindre un
indice visé ? La réponse à de telles questions est extrêmement difficile à quantifier.
Il sera donc illusoire pour un tronçon de cours d’eau qui ne fait pas l’objet d’un suivi régulier de
dresser son état et de le justifier dans le cadre d’une étude ponctuelle lors de laquelle on ne
pourrait faire qu’une, deux ou trois campagnes de déterminations d’indices biologiques.
Un suivi de la qualité des sédiments aurait donc été tout à fait pertinent pour estimer l’impact
des rejets des MES et des polluants qui y sont liés, grâce à leur accumulation dans ces
62
Arrêté du 25 janvier 2010 établissant le programme de surveillance de l’état des eaux en application de l’art. R.
122-22 du Code de l’Environnement.
63
Une population de données aussi faible est complètement inappropriée pour que puissent être appréciés les
impacts dus aux rejets par temps de pluie. Une fréquence de mesure hebdomadaire ou semi-mensuelle (2 mesures par
mois) serait nécessaire (cf. « Modélisation du milieu naturel, mesures en continu et mesures ponctuelles : cas de
l’agglomération parisienne », J.P. Tabuchi and al., TSM n°2, 2008, p49-58).
64
Par exemple, la grille d’appréciation de la qualité des eaux et cours d’eau de l’Agence de l’Eau Loire Bretagne
indiquait (édition 1990) que « l’on pourra admettre un dépassement exceptionnel des limites (de cette grille) - sauf
pour l’oxygène dissous – durant une fréquence de 5 à 10% du temps (20 jours en année moyenne) ou lorsque le débit
descend en dessous d’une valeur critique, appelée débit de référence (…) ».
65
Rejet par temps de pluie par exemple, qu’il s’agisse d’eaux strictement pluviales ou d’effluents unitaires…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 39 Collecte EU / EP
sédiments. Le caractère « intégrateur66 » de cette approche n’est pas – pour l’instant – retenu
dans les démarches d’objectif de qualité.
II.2.3. Bilan
D’une façon plus générale, sur la question du respect des objectifs de qualité des cours d’eau
en situations de temps de pluie, la législation en vigueur n’apporte aucun élément précis et
quantifié.
En ce qui concerne les rejets des systèmes d’assainissement d’eaux usées, l’arrêté du 21
juillet 2015 se limite à indiquer que le non-respect des objectifs de traitement assignés aux
stations d’épuration ne peut être toléré que pour des débits supérieurs au débit de référence
dus à des « pluies inhabituelles »…
Un « guide de définitions » et un « commentaire technique » avaient été émis par la Direction
de l’Eau, comme l’annonçait la circulaire du 15 février 2008 relative à la mise en application de
l’arrêté du 22 juin 2007. Les indications formulées par ces deux documents vis-à-vis de la
pluviométrie à prendre en compte pour la définition du « débit de référence », et notamment de
la notion très floue de « pluie inhabituelle », demeuraient tout aussi imprécises.
Une note du MEEDDM datée du 7 septembre 2010 présentait une approche méthodologique
du « débit de référence » qui conduisait à considérer que ce débit correspondrait à celui atteint
lors d’une pluie mensuelle, voire à celui non dépassé 95% du temps…
On a vu ci-dessus que l’arrêté du 21 juillet 2015 n’apportait absolument aucune avancée pour
parvenir à une maîtrise plus performante des rejets issus par temps de pluie des systèmes
d’assainissement d’eaux usées.
Il est aussi souvent envisagé de « mettre en séparatif » des réseaux unitaires. La mise en
séparatif des réseaux unitaires est une stratégie contraire à l’objectif d’une bonne maîtrise des
eaux pluviales, au moins en termes de qualité. Si mise en séparatif il y a, elle doit satisfaire aux
limitations de débit qui s’imposent aux eaux pluviales, et surtout s’accompagner de mesures de
dépollution des eaux pluviales avant leur rejet au milieu. Sinon, il y a aggravation, au moins lors
de « petites pluies », des charges de pollution rejetées au milieu. L’un des projets de nouvel
arrêté devant remplacer l’arrêté du 22 juin 2007 avait logiquement exclu la simple mise en
séparatif des réseaux unitaires. Cette disposition n’a pas été retenue dans l’arrêté du 21 juillet
2015.
La problématique « temps de pluie », déjà pointée67 dans la circulaire du 3 juin 1983, n’a ainsi
fait l’objet d’aucune approche supplémentaire sérieuse depuis la parution de la circulaire du 12
mai 1995…
En ce qui concerne la maîtrise de la qualité des eaux strictement pluviales rejetées dans
les milieux récepteurs, la législation est complètement muette (cf. chapitre suivant). Il faudrait
donc pour chaque rejet d’eaux pluviales68, analyser sa contribution à la détérioration des eaux
du cours d’eau dans lequel elles sont émises, et en déduire le degré de dépollution à atteindre
pour que l’objectif de qualité attribué au cours d’eau, notamment en termes d’état biologique,
ne soit pas remis en cause.
66
Les sédiments sont, d’une certaine façon, la mémoire de l’histoire de la qualité d’un cours d’eau. On observe
fréquemment depuis quelques années, des résultats de campagnes qui témoignent de la présence de contaminants
dans les sédiments de cours d’eau, alors qu’on ne les détecte jamais avec les analyses d’eau…
67
Circulaire DPP/SE du 3 juin 1983 relative à l’assainissement des agglomérations. Cf. 3 ème §.
68
Dans le cadre des plans de zonage eaux pluviales ? Une telle procédure attribuée à chacun des rejets d’eaux
pluviales d’une agglomération équivaut à essayer de « refaire le monde », avec à la fois des données et des outils
(analyse des impacts) aujourd’hui tout à fait insuffisants.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 40 Collecte EU / EP
Il est pourtant établi depuis longtemps que des rejets même épisodiques peuvent fortement
contribuer à dégrader un écosystème aquatique, ce qui s’observera grâce aux mesures
d’indices biologiques qu’impose logiquement la nouvelle législation. Comment traduire alors, en
termes de qualité des eaux pluviales rejetées, les conditions d’un maintien d’un bon état
biologique ? Doit-on mener des approches aussi complexes69 au niveau de chaque rejet d’eaux
pluviales, ou tout du moins, au niveau de chaque collectivité, dans le cadre du plan de zonage
eaux pluviales ? Ceci est bien sûr absolument inenvisageable…
La détermination d’objectifs justifiés en matière de rejets par temps de pluie, passe donc par
des études spécifiques d’analyse de la sensibilité des milieux aux rejets de temps de pluie.
De telles études sont longues et coûteuses. Aussi, peu d’agglomérations françaises y ont-elles
procédé.
Les programmes de maîtrise des rejets par temps de pluie reposent donc généralement sur
des objectifs de réduction des charges de pollution émises par temps de pluie :
69
Il est encore bien difficile en l’état actuel des connaissances, de quantifier ce qui peut être toléré, en termes de
fréquences de rejet et de charges polluante pour l’ensemble des polluants concernés par l’évaluation de la qualité des
eaux pluviales, afin qu’un niveau de qualité biologique donné demeure garanti…
70
Pour les ICPE, eu égard aux pollutions spécifiques que certaines acticités peuvent émettre (chroniquement ou
accidentellement), la législation en vigueur précise, pour certaines d’entre elles, des contraintes (en termes de
concentrations et/ou flux) à respecter. Cependant, des valeurs plus contraignantes en fonction de la qualité des
milieux récepteurs ou de leurs usages peuvent toujours leur être imposées.
71
Et quelquefois à observer sur de longues périodes : alternances étiages – crues par exemples…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 41 Collecte EU / EP
- Non-rejet pour un évènement de période de retour donnée, ou limitation du nombre
annuel de rejets72,
- Réduction de la charge rejetée lors d’évènements pluviométriques de référence, pour
un ou quelques paramètres de référence (DBO573, MES74, N-NH4+75…), de façon, au
regard des paramètres en relation directe avec les « effets de choc », à satisfaire le
respect d’un objectif de qualité ou à limiter le dépassement d’un objectif de qualité à 1
« classe »76… Le souci que traduit une telle démarche répond donc à un vrai problème,
mais pour quels épisodes pluviométriques faut-il ainsi raisonner ? Pour des épisodes de
période de retour « 1 mois », ou « 1 an », ou davantage ? Et quelles hypothèses de
débit dans le cours d’eau faut-il y conjuguer : Débit d’étiage de période de retour
quinquennale, ou biennale, ou moyen annuel ? Comment prendre en compte les
apports des bassins versants adjacents dans ce cas, sur lesquels il va aussi
probablement plus ou moins pleuvoir ?
- Réduction de la charge annuellement rejetée, pour un ou quelques paramètres de
référence (MES 77 , DCO, micropolluants…), de façon à limiter l’accumulation de
polluants dans le milieu. L’ampleur de la réduction envisagée repose cependant
généralement sur aucune justification approfondie au regard de la préservation de la
qualité des milieux…
Vis-à-vis de telles questions, complexes, chaque collectivité, y compris les plus petites, doit-elle
« refaire le monde » à son seul niveau, ou bien ne devrait-on pas au niveau de documents de
portée plus large, établis au niveau d’entités hydrologiques homogènes, les guider de façon
pragmatique sur la base de méthodes et critères sérieusement étudiés ? On en est aujourd’hui
très loin, malgré des documents guides quelquefois établis au niveau de certains départements
ou DIREN, mais qui ne s’appuient pas sur des approches réellement justifiées en termes
d’impacts sur l’environnement :
- Concentrations maximales imposées inappropriées (DCO 78 = 25 mgO2/l, voire 20
mgO2/l, Hydrocarbures79 = 1 mg/l…),
- Respect de qualités 1A ou 1B dans de petits cours d’eau lors de rejets de période de
retour élevée (plusieurs mois ou plus d’1 an…), pour des paramètres comme la DCO80
ou les MES 81 , alors que dans de telles conditions, de telles valeurs ne sont pas
naturellement respectées dans de telles conditions hydrologiques…
Bien que le lien entre les objectifs de réduction des charges de pollution rejetées par temps de
pluie au milieu, déterminés tels que précédemment indiqué, et l’amélioration attendue de la
72
Cf. projet de SDAGE de l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne, notamment systématiquement pour les collectivités de
plus de 10 000 EH.
73
Ce paramètre est souvent retenu, car il est représentatif des pollutions organiques rapidement biodégradables et
donc susceptibles d’engendrer des effets de chocs par désoxygénation des eaux.
74
Les MES sont un important support des micro-polluants susceptibles de s’accumuler dans les milieux (métaux
lourds, hydrocarbures totaux et HAP, PBDE,…).
75
L’ion ammonium, en équilibre avec l’ammoniac, peut induire des mortalités piscicoles (toxicité à faibles doses
pour certaines espèces piscicoles – salmonidés -).
76
Cf. « Assainissement des agglomérations : Eléments méthodologiques relatifs aux objectifs de protection des
milieux par temps de pluie », J-L SALLERON, Agence de l’Eau Rhin Meuse, 1992
77
Paramètre souvent retenu, car important vecteur des micro-polluants susceptibles de s’accumuler dans les milieux
(métaux lourds, hydrocarbures, HAP, PBDE…).
78
L’analyse de ce paramètre en suivant la méthode normalisée NFT 90101 (méthode titrimétrique), dans sa dernière
version de février 2001, ne permet pas d’obtenir de résultats en deçà de la « limite de quantification » égale à 30
mgO2/l…
79
Quel procédé permet-il de respecter une telle valeur de concentration maximale ?
80
1A : 20 mgO2/l, 1B : 25 mgO2/l, “vert SEQ-eau” : 30 mgO2/l.
81
1B : 25 à 30 mg/l selon les Agences, “vert SEQ-eau” : 50 mgO2/l.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 42 Collecte EU / EP
qualité de ce milieu, reste généralement bien difficile à établir, les raisonnements un peu
« simplistes » ci-dessus évoqués vont peut-être dans « le bon sens ». Cependant, convaincre
des élus de procéder à des efforts financiers non imposés par la législation en vigueur, sans
très concrètement pouvoir justifier des améliorations attendues en termes de qualité biologique
des milieux récepteurs, est souvent peu aisé…
L’identification des milieux récepteurs les plus sensibles aux rejets de temps de pluie est aussi
une clef d’entrée dans cette réflexion. Tant que certains milieux sont lourdement affectés par
des rejets liés à un système de collecte des eaux usées défaillant ou à des installations
d’épuration obsolètes82, la maîtrise des rejets d’eaux pluviales n’est pas prioritaire.
On pourrait aussi se poser la même question pour les rejets d’eaux pluviales dans des cours
d’eau dont la qualité est déjà à leur amont fortement dégradée par les pollutions d’origine
agricole. A quoi bon investir massivement seulement en milieu urbain, si rien n’est fait à
l’amont ?
Des méthodes simplifiées peuvent s’avérer un premier pas pour déterminer les milieux les plus
vulnérables aux rejets de temps de pluie : Rapport surface active d’un bassin-versant / débit
d’étiage d’un cours d’eau s’y rejetant…
Une réflexion basée sur l’identification de priorités d’action au regard de la qualité des milieux
récepteurs apparaît aujourd’hui un préalable indispensable, afin de faire le meilleur usage des
compétences et moyens financiers disponibles.
En conclusion, une chose est certaine : la solution consistant à essaimer partout des
« séparateurs à hydrocarbures » est tout à fait inappropriée dans le cadre d’une politique
sérieuse de dépollution des eaux de ruissellement.
82
Bien qu’il s’agisse de budgets différents, faut-il investir dans une dépollution amitieuse des eaux strictement
pluviales dans les (trop nombreuses) collectivités où les rejets d’eaux usées par temps sec ne sont pas encore
maîtrisés, ou même lorsqu’à la moindre pluie, un grand nombre de déversoirs d’orage fonctionnent ?
83
Elles se réfèrent à des « capacités de rejet » (débits) ou des « flux totaux de pollution » bien difficiles à établir pour
un rejet d’eaux pluviales dont une des caractéristiques majeure est la variabilité des débits et charges émis…
(rubriques 2.2.1.0., 2.2.2.0., 2.2.3.0. …).
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 43 Collecte EU / EP
l’acceptation de nouveaux apports dans un collecteur pluvial peut se faire avec le simple accord
de la collectivité qui en est le propriétaire, si le rejet des eaux véhiculées par ce collecteur
pluvial a antérieurement fait l’objet d’une Déclaration ou d’une Autorisation intégrant
initialement les possibilités de futurs rejets pouvant provenir de surfaces qui n’étaient pas
encore aménagées au moment de l’instruction du dossier de demande d’Autorisation ou de
Déclaration. Ces aménagements doivent en principe aussi figurer dans le plan de zonage
adopté par la collectivité.
On peut même penser que tout rejet se faisant dans les conditions prévues au plan de zonage
devrait être automatiquement validé par l’Etat, nonobstant tout changement du contexte
pouvant survenir (caractéristiques quantitatives et/ou qualitatives du milieu récepteur, évolution
de la réglementation – SDAGE - …).
Ce paragraphe consacré à la législation est à compléter tant les procédures réglementaires
récentes vont plutôt à l’encontre des simplifications administratives réclamées de toutes parts.
Cependant, il faut encore insister sur le fait que cette partie de la réglementation n’a pour objet
que le contrôle par les services de l’Etat des créations d’ouvrages et de leur fonctionnement, et
qu’elle ne fixe d’aucune manière, des objectifs et performances à atteindre. Ces derniers
demeurent complètement absents de la législation84, d’où l’importance des plans de zonage
eaux pluviales.
84
Si ce n’est l’article 640 du Code Civil, dans les principes mais de façon non quantifiée. Cf. précédemment.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 44 Collecte EU / EP
II.2.4. Aspects qualitatifs
Le présent chapitre se rapporte à la qualité des eaux pluviales, que l’on restreindra ici aux
seules eaux de ruissellement en milieu urbain 85, non contaminées ou mélangées aux eaux
usées86, et à l’exclusion des eaux de ruissellement qui peuvent provenir de zones regroupant
des activités dont la nature est susceptible de fortement influencer leur composition.
La première caractéristique des eaux de ruissellement urbain est leur très grande variabilité,
fonction notamment :
− de la nature du bassin versant considéré,
− des caractéristiques de l’événement pluviométrique,
− du moment où l’on se situe à l’intérieur de l’événement pluviométrique,
− des conditions pluviométriques qui ont prévalu avant la pluie considérée87…
Une moins grande variabilité apparaît cependant quand on examine les charges de pollutions
émises par un bassin versant durant une longue période. Il en découle des ordres de grandeur
quant au cumul des charges qui peuvent être émises à une échelle annuelle ou pluri annuelle.
D’autre part, toujours sur de longues périodes, il a pu être appréhendé quelle part de ces
charges annuellement générées pouvait être mise en jeu lors d’un seul évènement
pluviométrique, cette part pouvant se révéler extrêmement forte puisqu’une seule précipitation
peut conduire à des flux de pollution équivalant à plus de 10% de la charge totale annuelle
mise en jeu88…
Les tableaux n°3 et n°4 indiquent des ordres de grandeur 89 usuellement rapportés par la
bibliographie spécialisée quant aux charges spécifiques annuelles et à la répartition statistique
des charges mises en jeu.
La conductivité des eaux strictement pluviales s’étale généralement90 entre 80 et 150 S/cm.
Le tableau n°3-bis, établi d’après une synthèse documentaire présente des ordres de
grandeur concernant la présence des pollutions azotées et phosphorées dans les eaux de
ruissellement. Des valeurs supérieures sont fréquemment rencontrées à cause des
raccordements non conformes (rejets d’eaux usées ou ménagères dans les collecteurs d’eaux
pluviales).
85
Il demeure encore aujourd’hui très difficile de quantifier, aussi bien en termes de débits qu’en termes de pollution
véhiculée, les eaux de ruissellement dans les zones rurales peu ou pas imperméabilisées.
86
Cas des réseaux unitaires, dont les effluents véhiculés par temps de pluies sont aussi appelés « effluents unitaires ».
87
Fameuse durée de temps sec qui a précédé la pluie…
88
Il est (hélas !) à noter que l’évènement que l’on peut considérer comme présentant une période de retour de 1 an
vis-à-vis de la charge de pollution qu’il va mettre en jeu, ne correspond généralement pas à celui que l’on peut
considérer comme présentant une période de retour de 1 an en termes de débits de pointe générés… Ce qui
complique bien les simulations que l’on peut chercher à réaliser dans le cadre d’études (cf. « Méthodes de
dimensionnement et ordres de grandeur des ouvrages de traitement des rejets urbains de temps de pluie », J.L.
Bertrand-Krajewski, Gh. Chebbo, TSM décembre 2003, 21 à 37).
89
On restera très prudent quant à l’application des valeurs citées dans ces tableaux, vu l’extrême variabilité qu’elles
peuvent revêtir selon les contextes où l’on se situe. Il ne s’agit donc bien que d’ « ordres de grandeurs ». En milieu
rural ou peu urbanisé, les valeurs aujourd’hui disponibles sont vraiment insuffisantes pour estimer de façon théorique
les charges de pollution que les ruissellements peuvent générer.
90
Spatial variability of the characteristics of combined wet weather pollutants loads in Paris. M. Kafi et al., Water
Research, n°42, p539-549, 2008.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 45 Collecte EU / EP
Le tableau n°3-ter, aussi établi d’après une synthèse documentaire, se rapporte aux éléments
traces métalliques (« ETM ») ainsi qu’aux hydrocarbures totaux et aux hydrocarbures
aromatiques polycycliques (« HAP »). Les valeurs qui y figurent ne sont à considérer que
comme des ordres de grandeur, vu la grande variabilité – spatiale et temporelle - des données
concernant ces paramètres et le manque de campagnes suffisamment longues91 pour mieux
cerner de telles données. Ces ordres de grandeur sont tout de même intéressants pour
apprécier, par exemple, les charges qu’un bassin-versant urbanisé peut annuellement émettre,
par comparaison à celles émises par une station d’épuration, des rejets d’eaux usées non
épurés ou bien la pollution agricole (cuivre…)…
Le tableau n°5 présente des fourchettes de concentrations que peuvent présenter les eaux de
ruissellement pour des pluies d’occurrence variable. Les caractéristiques usuelles des eaux
usées y ont aussi été apposées, ce qui permet de bien en distinguer les différences
fondamentales de composition :
- Les paramètres-clé utilisés pour analyser l’impact des eaux usées sur les milieux récepteurs
sont caractérisés en ce qui concerne les eaux pluviales par des concentrations très
nettement plus faibles : DBO5, NtK, Pt…
- Par contre, des micropolluants ne donnant généralement pas lieu à détermination dans les
eaux usées d’origine domestique sont régulièrement significativement présents dans les
eaux de ruissellement : métaux lourds, hydrocarbures totaux, HPA, PCB, etc…
- Les Matières en Suspension (« MES ») peuvent être présentes en très grandes quantités
dans les eaux pluviales.
En ce qui concerne les concentrations en germes, on peut retenir les ordres de grandeur
suivants :
- E.P. « strictes » : 104 à 105 en moyenne, pouvant atteindre 107 CT/100 ml,
103 à 104 en moyenne, pouvant atteindre 106 CF/100 ml,
102 à 103 en moyenne, pouvant atteindre 105 SF/100 ml,
- E.U. : 107 CF/100ml et 106 SF/100 ml,
- Effluents unitaires : 104 à 107 CF/100 ml.
Les eaux de ruissellement peuvent donc aussi être très chargées en germes92…
91
Beaucoup de ces données reposent sur des campagnes qui n’ont permis de rassembler que quelques échantillons
(rarement plus que la quinzaine dans le meilleur des cas…).
92
On rappellera les critères d’évaluation de la qualité des eaux de baignade Directive européenne n°2006/7/CE du
15 février 2006 :
− Eaux d’excellente qualité : moins de 500 E. coli/100ml pour les eaux intérieures et moins de 250 E. coli/100ml
pour les eaux côtières, à respecter pour le percentile 95,
− Eaux d’excellente qualité : moins de 200 entérocoques intestinaux /100ml pour les eaux intérieures et moins de
100 entérocoques intestinaux /100ml pour les eaux côtières, à respecter pour le percentile 95.
Définition des E. coli, coliformes fécaux (« CF »), entérocoques intestinaux et streptocoques fécaux (« SF ») : cf.
glossaire.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 46 Collecte EU / EP
Le tableau n°6 présente la part des polluants liée aux MES. On y découvre une autre
caractéristique importante des eaux pluviales : La majeure partie de la pollution est liée à ces
MES, ce qui signifie que la pollution dissoute y est beaucoup plus faiblement représentée que
dans les eaux usées.
Les conséquences en matière de dépollution des eaux de ruissellement vont directement
découler de ce constat fondamental, même si la majeure partie des polluants est liée aux
particules de plus petit diamètre granulométrique (< 50m).
DCO 630 342 390 438 1000 à 1029 (?) 120 à 350 400 à 600
DBO5 90 56 47 60 65 à 100
MES 665 414 402 606 50 à 800 600 à 2300 500 à 1700 105 à 630 815 400 à 600
15 20 6à9
DCO 112
DBO5
MES 196 200 à 7000 30 à 1000 100 à 600
Pt 0,3 0.2 à 4.6 0.1 à 0.5 0.02 à 0.4 0.25 à 1 0.25 à 1 0.25 à 1 0.25 à 1 0.1 à 0.3 0,01
Tableau n°3-ter : ETM, Hydrocarbures et HAP - Ordres de grandeur des concentrations et charges annuelles
émises dans les eaux de ruissellement
Tableau n°5 : Ordres de grandeur des concentrations des eaux usées et eaux de ruissellement
pour quelques paramètres usuels
Un rappel93 de ces effets et un aperçu des observations qui apparaissent aujourd’hui pouvoir
relier ces effets avec les critères préconisés par les arrêtés de janvier 2010 consacrés à
l’atteinte du bon état des masses d’eau sont ci-après présentés.
93
Cf. « Encyclopédie de l’hydrologie urbaine et de l’assainissement », Eurydice 92, coordonnateur B ; Chocat, Ed.
Lavoisier, 1997 (impacts des rejets sur les milieux récepteurs).
94
Paramètres qui figuraient déjà dans les grilles de qualité des eaux et cours d’eau de certaines Agences et qui ont
été repris pour la définition de l’ « état » des masses d’eau dans les arrêtés de janvier 2010 pris en application de la
DCE. Cependant, leur suivi pour les cours d’eau était très aléatoire, et la volonté d’atteindre de bonnes valeurs pour
ces indices rarement manifestée.
95
Temps de récupération de certaines populations de diatomées sont de l’ordre de plusieurs semaines.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 51 Collecte EU / EP
On remarque même que, pour de nombreux cours d’eau, l’atteinte du bon état écologique est
souvent compromise du fait que le bon état biologique n’est pas atteint, alors que l’état physico-
chimique semble au seul regard des critères et procédures utilisés pour l’évaluer, l’être.
Cependant, ces recommandations butent sur des questions qui demeurent actuellement
clairement sans réponse : A quelle fréquence faudrait-il abaisser les rejets par temps de pluie
et dans quelles proportions ? On ne sait pas aujourd’hui faire le lien entre l’amélioration visée
des indices biologiques (de combien de points ?) et la diminution quantifiée des rejets (en
termes de fréquence et de masses rejetées) qu’il faudrait préconiser pour y parvenir.
L’arrêté du 25 janvier 2010 relatif aux méthodes et critères d’évaluation des différents états
précisait dans son annexe 3, §.1.2. : « Les éléments physico-chimiques généraux interviennent
essentiellement comme facteurs explicatifs des conditions biologiques. Pour la classe « bon »
et les classes inférieures, les valeurs seuils de ces éléments physico-chimiques sont fixées de
manière à respecter les limites de classes établies pour les éléments biologiques, censées
traduire le bon fonctionnement des écosystèmes ». Les observations émanant des bureaux
d’études qui travaillent actuellement sur la qualité biologique des cours d’eau dans le cadre de
schémas directeurs semblent plutôt démontrer le contraire : On ne sait pas aujourd’hui
quantifier quel serait l’état physico-chimique auquel il faudrait parvenir pour que le « bon état »
biologique d’un milieu soit atteint. Trois raisons au moins pourraient expliquer ce constat de non
savoir :
- L’état biologique ne dépend pas que de l’état physico-chimique,
- La caractérisation de l’état physico-chimique telle qu’elle est effectuée selon les
procédures mentionnées dans les arrêtés de janvier 2010 n’est représentative que de
l’état qui prévaut en dehors de conditions particulières telles que par exemple les
situations de temps de pluie96.
- Les grilles décrivant les classes de qualité pour les paramètres physico-chimiques
(arrêté du 25 janvier 2010 relatif aux méthodes et critères d’évaluation des différents
états, annexe 3, § 1.2.1., tableau 4) font l’impasse sur ceux qui caractérisent les rejets
urbains par temps de pluie, puisque aucun n’est pertinent vis-à-vis des eaux strictement
pluviales, et que vis-à-vis des rejets unitaires, seule la DBO5 n’y est pas étrangère sans
qu’elle soit spécifiquement représentative d’un rejet de temps de pluie.
On rappellera qu’il existe un lien étroit entre la fréquence de fonctionnement des déversoirs
d’orage et l’importance des charges de pollution émises lors de chaque rejet par ces déversoirs.
L’importance des charges de pollution émises influe aussi beaucoup sur l’acuité de ces effets
chroniques. La diminution de la fréquence de fonctionnement des déversoirs, et par là-même
des quantités de pollution émises lors de chaque déversement, est donc un moyen important
pouvant conduire à une atténuation de ces effets chroniques.
96
L’appréciation de l’état physico-chimique des eaux des cours d’eau ne s’effectue que sur la base des données
obtenues durant deux années consécutives à partir de seulement 6 prélèvements par an. La probabilité de prendre en
compte les impacts de rejets significatifs s’effectuant par temps de pluie est donc extrêmement réduite… (cf.
procédures mentionnées en annexe 3 de l’arrêté du 25 janvier 2010 relatif aux méthodes et critères d’évaluation des
différents états et dans le tableau « c) » de l’annexe 1 de l’arrêté du 25 janvier 2010 relatif au programme de
surveillance de l’état des eaux »).
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 52 Collecte EU / EP
II.2.5.2. Les effets « de choc »
Les effets dus à un rejet de pollution sont considérés comme des « effets de choc » « si le
temps de récupération du milieu est inférieur à l’intervalle moyen qui sépare deux rejets
consécutifs97 ». Il s’agit d’effets immédiats ou à court terme, avec souvent des conséquences
graves pour le biote98, liées à l’importance de la charge de pollution émise et à la nature de la
dégradation du milieu (asphyxie due à une pollution très rapidement biodégradable, toxicité due
par exemple à l’ammoniaque..). Ces effets ne dépendent pas uniquement des caractéristiques
du rejet, mais aussi du contexte dans lequel les déversements ont lieu : faiblesse du débit du
cours d’eau – étiage -, température élevée du cours d’eau – concentration en O2 diminuée,
biodégradation accélérée…-.
Les effets dus à ce type de rejet sont liés aux concentrations (DBO5, NH4+…) qui vont en
résulter dans le milieu et on sait aujourd’hui assez bien les quantifier. On est capable d’assez
bien simuler 99 dans un schéma directeur ces effets de choc et d’en déduire le degré
d’atténuation des charges déversées qui permettrait de se préserver de ces effets de choc100.
Ainsi, pour un débit donné dans le cours d’eau, cette atténuation de la charge de pollution
rejetée peut découler de la limitation des quantités déversées (soit par l’accroissement de la
capacité hydraulique résiduelle offerte par les stations d’épuration aux effluents de temps de
pluie, soit par la construction de bassins d’orage et/ou la mise en place d’un traitement des
effluents déversés). Comme il l’a été précédemment rappelé, il existe un lien étroit entre la
fréquence de fonctionnement des déversoirs d’orage et l’importance des charges de pollution
émises lors de chaque rejet par les déversoirs. La diminution de la fréquence de
fonctionnement des déversoirs est donc un moyen conduisant à cette atténuation des effets de
choc.
Grâce à ce type de démarche, les schémas directeurs réalisés depuis plusieurs années
débouchent assez régulièrement sur une limitation des rejets unitaires au milieu, et qui
correspond généralement à des fréquences annuelles comprises entre six 101 et une
quinzaine102 de rejets.
Quand les charges de pollution déversées menacent des usages comme la conchyliculture ou
la baignade, les fréquences de rejet recommandées deviennent plus faibles : mensuelle,
bimensuelle, voire plus rare.
97
Cf. « Encyclopédie de l’hydrologie urbaine et de l’assainissement », Eurydice 92, coordonnateur B ; Chocat, Ed.
Lavoisier, 1997 (impacts des rejets sur les milieux récepteurs).
98
Il peut même ne plus y avoir de « récupération » du milieu…
99
Grâce aux nombreux outils de simulation disponibles sur le marché.
100
Cf. « Assainissement des agglomérations : Eléments méthodologiques relatifs aux objectifs de protection des
milieux par temps de pluie », J-L SALLERON, Agence de l’Eau Rhin Meuse, 1992.
101
Ville de Rennes.
102
Béziers, Rodez.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 53 Collecte EU / EP
A part pour le phosphore, les rejets par les déversoirs d’orage n’aggravent que très peu cette
problématique par rapport à une situation dans laquelle l’intégralité des eaux pluviales serait
collectée de façon séparative et rejetée dans les milieux sans traitement103.
Vis-à-vis de ces effets, l’absence dans la législation existante de critères permettant d’apprécier
la qualité des sédiments des cours d’eau est regrettable. En effet, les mesures réalisées sur
leurs sédiments sont très instructives pour apprécier l’impact des rejets de temps de pluie, car
leur qualité intègre les apports de pollution effectués sur de longues périodes antérieures. Vis-
à-vis des apports de temps de pluie, cette approche est d’autant plus précieuse que leur impact
est bien difficile à déterminer grâce à un prélèvement effectué de façon instantanée ou pendant
une courte durée sur la phase liquide :
- Il faudrait procéder à des prélèvements de la phase liquide au moment où il pleut
significativement104,
- Les micropolluants étant pour une grande partie adsorbés sur les MES, ils rejoignent
rapidement le fond des cours d’eau et ne demeurent qu’en très faibles quantités dans la
phase liquide…
103
Le caractère unitaire des réseaux peut même conduire à une limitation des charges de polluants spécifiques aux
eaux pluviales, grâce pour les petites pluies à l’admission de ces effluents sur les stations d’épuration.
104
Ce qui est statistiquement très improbable avec 6 prélèvements par an… D’autre part, cela nécessiterait la mise en
place de procédures de prélèvement extrêmement lourdes et coûteuses.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 54 Collecte EU / EP
II.2.6. Principes de dépollution des eaux pluviales
II.2.6.1. Généralités
La pollution des eaux de ruissellement étant en grande partie particulaire, ou bien adsorbée sur
ces particules, les techniques de séparation physique entre la phase liquide et ces particules
sont les plus adaptées :
- Décantation gravitaire des particules,
- Filtration.
105
De l’ordre de 1 m/h…
106
Lits plantés de macrophytes.
107
Phénomène notamment en évidence par CHEBBO en 1992, et largement confirmé depuis.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 55 Collecte EU / EP
revêtements bitumineux, et la remobilisation de leur fraction non évaporée ou non dégradée
(UV, microorganismes…) par les ruissellements apparaît faible et se faire essentiellement par
l’intermédiaire des matières en suspension déposées ou arrachées à ces sols.
Ces ordres de grandeurs sont cohérents avec ceux cités dans le « document d’orientation pour
une meilleure maîtrise des pollutions dès l’origine du ruissellement119 ».
Les concentrations en hydrocarbures sont notamment « faibles sur les parkings et voiries à
faible trafic120 ».
On en déduit qu’un séparateur ne peut avoir une efficacité que lors des plus fortes pluies de
l’année, c’est à dire s’il est dimensionné pour faire face à des pluies de périodes de retour
élevées (supérieures à 1 à 3 mois). Or, les capacités volumiques et débitmétriques à installer
108
Cette performance est prévue être atteinte dans les conditions d’un essai pour lequel la concentration de l’effluent
en entrée du séparateur est de 5 ml/l d’un fioul domestique de masse volumique égale à 0,85 g/cm3, ce qui
correspond à une concentration de 4250 mg/l…
109
Ed. Tec&Doc Lavoisier, p519, Eurydice 92, 1997.
110
Ed. Tec&Doc Lavoisier, tab 8, p769, Eurydice 92, 1997.
111
Octobre 1996.
112
Site internet du Sénat, « La qualité de l’eau et de l’assainissement en France », annexe n°8, établie après audition
de Mr G. RAIMBAULT et Mr M. LEGRET du LCPC de Nantes (fév. 2002).
113
Idem note précédente.
114
« Qualité des eaux de ruissellement urbaines », thèse EPF Lausanne, 1998.
115
« Base de données sur la qualité des rejets urbains de temps de pluie : Distribution de la pollution rejetée,
dimensionnement des ouvrages d’interception », thèse ENPC – CERGRENE, 1994.
116
« Etude sur l’émission et le transfert dans les eaux et les sols des éléments traces métalliques et des hydrocarbures
en domaine routier », thèse Univ. De Poitiers, 1999.
117
« L’eau et la route », volume 7, fiches 18 et 19, Service d’Etudes Techniques des Routes et Autoroutes, décembre
1997.
118
P23. Agence de l’Eau Seine-Normandie / LEESU, novembre 2011.
119
P23. Agence de l’Eau Seine-Normandie / LEESU, novembre 2011.
120
P23. Agence de l’Eau Seine-Normandie / LEESU, novembre 2011.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 56 Collecte EU / EP
seraient telles que ces ouvrages ne sont généralement dimensionnés, pour des raisons
d’encombrement et économiques, que pour des pluies de période de retour T = 2 mois : On en
déduit que pour les précipitations éventuellement susceptibles de présenter des concentrations
supérieures aux fatidiques 5 mg/l, une part importante des effluents en sera by-passée… Dans
tous les cas, vu le peu d’écart entre le niveau de rejet garanti et les concentrations ci-dessus
indiquées, les abattements obtenus resteront de toute façon bien faibles.
Il est à signaler qu’aucun texte de portée nationale ou européenne ne fixe de limite quant aux
concentrations en hydrocarbures à ne pas dépasser dans un rejet urbain d’eaux pluviales. Mais
de nombreuses collectivités en imposent pour la moindre surface imperméabilisée : Jusqu’à
des parkings extérieurs à partir de 5 places ! Question subsidiaire : que devient une goutte
d’essence ou de fuel qui tombe sur du macadam ? Attend-t-elle qu’une pluie survienne pour
être emportée ?
En ce qui concerne les séparateurs dits « particulaires » qui peuvent être préconisés pour
retenir ces micro-polluants, une étude sérieuse de dimensionnement doit être effectuée au
préalable, avec des hypothèses étayées de concentrations sur les effluents en entrée et sur le
niveau cible visé en sortie, tout ceci en fonction de la période de retour des évènements pour
lesquels on cherche à réellement intercepter les polluants.
En conclusion, il faut être sérieux : Soit on cherche à vraiment dépolluer les eaux de
ruissellement, soit on implante des ouvrages alibis dans le moindre lotissement pour rassurer
les services instructeurs de dossiers Loi sur l’Eau, puis on les oublie.
On notera que depuis juin 2011, l’ouvrage intitulé « repères à destination des instructeurs de la
Police de l’Eau et des milieux aquatiques » émis par le MEDDTL précise (p27) que « les
121
Patricia BRELLE, novembre 2005.
122
Problème déjà dénoncé par Y. Ruperd en… 1984.
123
AFNOR XP P 16-441, mai 1998 et XP P 16-442, août 2003.
124
Voir note précédente.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 57 Collecte EU / EP
séparateurs à hydrocarbures compacts sont réservés aux sites très pollués par des
hydrocarbures flottants ». Il n’est jamais trop tôt pour bien faire…
Enfin, on se reportera au verdict formulé dans le « document d’orientation pour une meilleure
maîtrise des pollutions dès l’origine du ruissellement125 », p35 :
« Séparateurs d’hydrocarbures :
Sauf activités spécifiques de stockage, distribution ou manipulation d’hydrocarbures, les
séparateurs d’hydrocarbures ne sont pas susceptibles de répondre à des objectifs de réduction
des apports d’hydrocarbures par les ruissellements de temps de pluie sur des surfaces
urbaines. En effet, contrairement à une idée préconçue les hydrocarbures véhiculés par les
eaux de ruissellement sont essentiellement particulaires c'est-à-dire fixés sur des matières en
suspension. Le moyen le plus efficace de les piéger ne consistera donc pas à les faire flotter
mais plutôt à créer des conditions favorables à leur décantation. Par ailleurs, les niveaux de
contamination des eaux de ruissellement atteignent très rarement 5 mg/l.
Les séparateurs d’hydrocarbures ne sont pas éligibles aux aides de l’Agence au titre de la
dépollution des rejets urbains par temps de pluie ».
125
Agence de l’Eau Seine-Normandie / LEESU, novembre 2011.
Les réseaux de collecte des eaux usées (E.U.) sont usuellement classés en 3 catégories :
▪ Réseaux séparatifs : 1 réseau pour les E.U. + 1 réseau pour les eaux pluviales (E.P.),
▪ Réseaux unitaires : 1 seul et même réseau E.U. + E.P.,
▪ Réseaux pseudo-séparatifs : On admet les eaux de toitures ou de cour d'immeuble dans le
réseau E.U. (car collectées dans un même réseau interne, ou en l'absence de réseau
pluvial).
La « supériorité » du concept de collecte séparative est aujourd'hui remise en cause, parce que,
d’une part, la pollution des eaux de ruissellement est désormais reconnue comme pouvant être
significative, et d’autre part, les réseaux réellement séparatifs sont bien rares… Beaucoup de
collectivités ont englouti des sommes importantes depuis les années1980 -2000, sans parvenir
à des résultats à la hauteur des objectifs qu’elles s’étaient fixés. La non-conformité de la partie
des réseaux située en domaine privé explique pour une bonne part la médiocrité des résultats
atteints.
Cette rareté des réseaux réellement séparatifs a plusieurs raisons, et notamment :
- Difficulté à maîtriser la conformité des branchements en domaine privé,
- Non vérification systématique des branchements aux réseaux publics (les eaux usées dans
les eaux usées, les eaux pluviales dans les eaux pluviales…)…
126
Ces plans de zonage auraient dû aussi intégrer un volet « eaux pluviales », ce qui n’a été que très rarement le
cas…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 59 Collecte EU / EP
Le dimensionnement des collecteurs peut ensuite s’effectuer à partir des grandeurs
précédemment indiquées au § II.1.1.1., en gardant bien à l’esprit que les volumes unitaires
d’effluents souvent cités par la bibliographie, à savoir 200 ou 250 litres par jour et habitant ne
se rapportent pas aux seules eaux usées émises par un habitant, et qu’ils sont donc très
excessifs. Par contre, il ne faut pas oublier :
- les apports d’eaux parasites et pluviales, existants ou à venir…
- les incertitudes liées à ce type d’évaluation prospective,
- et le fait que pour faire face aux risques d’obstruction liés à la présence de tout type
d’objet dans ces réseaux, le diamètre intérieur minimal d’un réseau posé sous domaine
public, ne doit jamais être inférieur à 200 mm.
Q = S x V = S x K x Rh 2/3 x J 1/2
avec :
- Q : débit (m3/s)
- S : surface mouillée dans la section de l'écoulement (m2)
- V : vitesse moyenne de l'écoulement (m/s) dans la section de surface mouillée S
- K : coefficient de rugosité
- J : pente du fond ou pente motrice de l'écoulement en régime uniforme (m/m)
- Rh : rayon hydraulique dans la section de l'écoulement (m); on a128 : Rh = S / Pm
- Pm : Périmètre mouillé (m).
En termes de pente, afin que les conditions d’autocurage soient garanties, la question de savoir
quelle est la pente minimale que l’on peut adopter se pose très fréquemment… Cette question
de l’autocurage rejoint d’ailleurs aussi la problématique des temps de transfert des effluents en
réseau. En effet, le développement de l’urbanisation conduit à des réseaux de plus en plus
longs et donc à d’importants temps de transfert de l’effluent jusqu’à la station d’épuration.
L’effluent séjourne alors pendant de longue durée dans des conditions anaérobies, propices à
127
Cf. annexe consacrée annexe 1 : « rappels sommaires d’hydraulique générale ».
128
Dans une section circulaire pleine : Rh= D/4 (idem si section remplie à moitié).
129
Cf. « Hydraulique des réseaux d’assainissement : de nouvelles données pour le concepteur », F. Dutruel, CERIB,
L’eau, l’Industrie et les Nuisances n°218.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 60 Collecte EU / EP
un abaissement progressif du rH130 et à la formation d’hydrogène sulfuré, « H2S ». Outre les
émanations de mauvaises odeurs, ce gaz est tout d’abord extrêmement dangereux131 : Toxique,
voire mortel pour l’homme, et précurseur de corrosion. Les dépôts de matière organique et
l’allongement des temps de transfert liés aux faibles pentes doivent donc être évités.
L’Instruction Technique de 1977 préconisait, en matière d’autocurage :
- V > 0,3 m/s pour le débit moyen journalier, avec J > 4 mm/m à l’amont du réseau si
possible, et J > 2 mm/m impérativement, dans les réseaux eaux usées séparatif,
- Des critères de vitesse pour des remplissages au 1/10ème et au 1/100ème de la section,
avec V > 0,9 ou 1 m/s dans les réseaux unitaires à pleine section.
La norme EN NF 752-4 précise que les conditions d’autocurage doivent être satisfaites au
moins lors de la pointe de débit journalière, et dès les premières phases du projet. Cette
stratégie rejoint celle précédemment citée pour le Royaume Uni.
Aussi, peut-on indiquer que des pentes minimales de 4 à 5 mm/m pour des canalisations de
diamètre minimal (200 mm) semblent souhaitables. Pour des collecteurs plus en aval et de plus
grand diamètre, c'est-à-dire transitant des débits plus élevés, des valeurs de 3 mm/m restent
conseillées, les conditions d’exécution des travaux rendant des valeurs plus faibles difficiles à
garantir. On indiquera aussi que le caractère « lisse » des parois de canalisation n’est pas
synonyme de moindre dépôt…
Pour l’écoulement des eaux usées en réseaux unitaires, ce sont les débits de projet calculés
pour l’évacuation des eaux pluviales qui vont permettre leur dimensionnement en termes de
section.
130
L’indice « rH » traduit le pouvoir oxydoréducteur d’un effluent. Les effluents sont généralement considérés
comme septiques lorsque leur rH est inférieur à 15. En deçà d’un rH égal à 13, le milieu est considéré comme
anaérobie.
131
Cf. annexe n°1.
132
http://www.mddep.gouv.qc.ca/eau/eaux-usees/municipal.htm
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 61 Collecte EU / EP
III.2. Dimensionnement des réseaux d’eaux pluviales
NB : Attention ! Peu de méthodes prennent en compte les écoulements liés à des fontes rapides de
neige accumulée dues à un réchauffement météorologique rapide 134 . Des valeurs de débit très
élevées peuvent être atteintes dans de telles conditions, que ce soit sur des bassins-versants urbains
ou ruraux. Les méthodes ci-après décrites sont donc clairement insuffisantes pour estimer les débits
liés à ces fontes brutales de neige. Un examen conjugué des chroniques météorologiques et des crues
ou inondations qui ont pu avoir lieu sur un site étudié est donc recommandé pour ne pas « oublier »
ces phénomènes...
Pour les bassins versants peu étendus et/ou de caractéristiques relativement homogènes, on
peut estimer les débits de pointe recherchés grâce à des méthodes de calcul relativement
simples, comme :
- la « méthode rationnelle »,
- la « méthode de Caquot ».
Pour les bassins versants plus grands, dont les caractéristiques sont souvent hétérogènes et
dans lesquels la structure des réseaux peut s’avérer complexe, on a généralement recours à
des méthodes basées sur une modélisation des phénomènes physiques que sont d’abord la
pluviométrie, l’apparition d’un ruissellement, puis les écoulements, surfaciques et dans les
infrastructures de transfert.
Les outils informatiques aujourd’hui disponibles ont grandement facilité de telles approches au
travers de logiciels qualifiés de « modèles », ce qui permet de prendre en compte un grand
nombre d’hypothèses.
133
Bassin-versant : « Partie de territoire dont les eaux de ruissellement sont acheminées vers une section donnée du
réseau hydrographique, dénommée exutoire », définition proposée par Greppi M. (Idrologia, Hoepli, p. 209, 1999,
référence citée par G. Petrucci dans sa thèse, cf. bibliographie) pour les bassins-versants relatifs à un réseau
hydrographique naturel. « Etant donné un réseau d’évacuation des eaux pluviales, naturel ou artificiel, enterré et/ou
de surface, on appelle bassin-versant l’ensemble constitué par ce réseau et les surfaces qui potentiellement
contribuent à l’alimentation de ce réseau, par ruissellement de surface des eaux d’origine météoriques (B. Chocat,
Encyclopédie de l’hydrologie urbaine et de l’assainissement, 1997). Cette seconde définition relève davantage de
l’hydrologie dite « urbaine ».
134
Non seulement en zones de montagne, phénomène assez fréquent (exemple du cours d’eau de la Clarée à Névache
en juin 2013), mais aussi quelquefois très loin des montagnes (cours d’eau de la Divette et inondations de Cherbourg
en décembre 2010).
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 62 Collecte EU / EP
Ainsi, ils permettent de prendre en compte des phénomènes dont l’importance croît rapidement
avec la surface du bassin versant, comme :
- l’abattement spatial des précipitations,
- les effets liés à la succession des précipitations, d’autant plus significatifs que les
capacités de stockage sont importantes (en réseau ou dans des ouvrages y étant
spécifiquement consacrés),
- l’hétérogénéité des caractéristiques des bassins versants (imperméabilisation, pente,
forme et longueur…),
- les ouvrages hydrauliques complexes (maillages des réseaux, déversoirs, variabilité des
sections d’ouvrages…)…
- les fluctuations de niveaux à l’aval des exutoires,
- etc…
Les résultats obtenus grâce à ces outils ne se limitent plus à un calcul de débit de pointe, mais
permettent une simulation de l’évènement, c'est-à-dire la description dans le temps des
fluctuations de débits, de niveaux atteints et de volumes stockés…, et ce pour un grand
nombre de points.
Il est aussi important d’avoir conscience, notamment dans le cadre de dimensionnements, que
l’objectif est de déterminer un ordre de grandeur du débit de pointe, car la standardisation des
diamètres de canalisations conduira bien souvent à mettre en place une capacité très
nettement supérieure au débit de pointe identifié…
On ne pourra donc que conseiller, si la taille et la nature des bassins versants concernés le
permettent, de préférer l’utilisation de méthodes simples, accompagnée d’une réflexion
poussée sur les hypothèses adoptées, avec un examen critique des résultats mené en ayant
conscience des limites de la méthode utilisée.
Dans le cas contraire, les commanditaires de méthodes sophistiquées devront s’assurer d’un
minimum de transparence vis-à-vis des hypothèses choisies, chercher à conforter les résultats
obtenus avec des données observées ou acquises grâce à des campagnes de calage, et veiller
à se préserver la possibilité de pouvoir réemployer ultérieurement136 les outils mobilisés avec
des hypothèses autres que celles adoptées.
Dans le cadre des prestations non plus de simple dimensionnement mais requérant pour les
contextes complexes précédemment indiqués, des simulations d’écoulements, il est bien sûr
évident que le recours à des modèles informatisés s’impose, tout en gardant à l’esprit que leur
capacité n’est pas synonyme de « bon résultat »…
135
Voire quelquefois de leur existence ou simplement de leur tracé…
136
En s’appropriant si possible eux-mêmes le logiciel utilisé et en s’assurant si possible que l’évolution des versions
informatiques ne le rendra pas rapidement obsolète…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 63 Collecte EU / EP
Le présent document ne s’étant pas donné pour objet d’inventorier et de présenter de façon
détaillée les principes sur lesquels reposent toutes ces méthodes et la façon de les utiliser137,
on trouve ci-après succinctement décrites, deux méthodes « simples » de calcul de débits de
pointe.
Hauteur de précipitation « h » : Rapport entre le volume d’eau et la surface sur laquelle il est
tombé. On peut l’exprimer en litres/m2, ou bien par une hauteur (« lame d’eau »), généralement
exprimée en mm.
Les hauteurs de précipitation peuvent être calculées à partir des volumes d’eau tombés dans
un « pluviomètre » et régulièrement mesurés. Cependant, la difficulté de procéder à des
137
Pour en savoir plus, se reporter à l’ « Encyclopédie de l’hydrologie urbaine et de l’assainissement », Ouvrage
collectif de l’association Eurydice 92, coordonnateur B. Chocat, collection Tec&Doc, Ed. Lavoisier. Voir aussi « La
ville et son assainissement. Principes, méthodes et outils pour une meilleure intégration dans le cycle de l’eau », CD
Rom, CERTU.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 64 Collecte EU / EP
relevés réguliers et rapprochés a conduit à installer des « pluviographes », puis des
« pluviomètres enregistreurs » qui permettent la constitution de hyétogrammes sur de longues
périodes, et qui facilitent leur exploitation.
b(T)
i(t ;T) = a(F) . t
- « i » est l’intensité moyenne de la précipitation dont la durée est égale à « t », pour une
période de retour « T » en un lieu donné.
- « a » et « b » sont appelés « paramètres de Montana » pour cette période de retour
« T » au lieu donné. Le paramètre « b » est négatif si on écrit « i = a.tb ». Attention, car il
est souvent donné sous forme positive, sous-entendant alors la formulation « i = a.t-b »
qui est à éviter.
Pour de grands bassins-versants (notamment ruraux), il est fréquent que t soit exprimé en
heures, avec alors i en mm/h. Il arrive aussi que i soit exprimé en mm/h mais que t soit
conservé en minutes (!)…
b=B
a = A / 60(1+B)
A = a . 60(1+B)
On dispose donc pour un poste pluviométrique donné, d’une série de couples (a,b) chacun
représentatifs d’une période de retour T donnée.
On doit aussi remarquer que le coefficient « b » étant négatif, plus la durée de l’évènement est
longue, moins l’intensité moyenne calculée sur cette durée est élevée, ceci pour une pluie de
période de retour donnée…
Ainsi avec l’exemple ci-dessus cité (Rennes), et une période de retour T = 10 ans, l’intensité
moyenne d’une pluie de durée t = 60 mn est de 0,4 mm/mn. L’intensité moyenne diminue
quand la durée croît140.
Il convient cependant, malgré le bel outil que représentent ces relations « intensité – durée –
fréquence », d’attirer l’attention sur ses limites, et en particulier sur les points suivants :
- Les paramètres de Montana découlent d’ajustements statistiques dont la validité est liée
à la qualité et à la plage couverte par ces données. Ainsi, pour qu’un couple durée –
intensité puisse se voir attribuer une période de retour donnée « T » avec une fiabilité
statistique suffisante, il est considéré 141 que l’ajustement doit avoir pour base une
population de données couvrant 5 à 7 fois la durée « T », et au grand minimum, 3 fois
cette durée… Cela signifie qu’il faudrait disposer de 50 à 70 années de mesures pour
138
Un tel évènement équivaut aussi à une hauteur h égale à 15 mm, tombée en 15 mn (h = i . t = a . t (1+b))
139
Soit 9 mm tombés en 30 mn…
140
Bien sûr, la hauteur de précipitation croît aussi avec la durée de la pluie : Pour t = 60 mn, on obtient h = 24 mm.
141
Cf. « La ville et son assainissement. Principes, méthodes et outils pour une meilleure intégration dans le cycle de
l’eau », CD Rom, CERTU, § 8.3.5.3.2. Météo-France indique, dans une annexe intitulée « durées de retour des
précipitations extrêmes » (Direction de la climatologie et des services climatiques, version 1.4 du 11/10/2016, p11)
qu’ « au-delà de 4 fois la longueur de la série de données, les valeurs fournies sont à prendre avec précautions ».
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 67 Collecte EU / EP
pouvoir affirmer le caractère « décennal » (T = 10 ans) d’une précipitation… On en est
encore bien loin dans beaucoup de stations météorologiques.
- Les ajustements sont souvent réalisés pour des pluies de faible durée « t », avec
généralement t < 2 heures. Par conséquent, il convient alors de ne pas extrapoler les
résultats obtenus avec les formules de Montana établies à partir de ces ajustements à
des durées supérieures (sous peine de complètement surestimer les résultats142).
- Il est de plus en plus fréquent de trouver des couples de coefficients de Montana qui
s’appliquent aux précipitations de longue durée, c’est-à-dire à celles qui relèvent
davantage d’épisodes océaniques ou convectifs (Languedoc) que d’épisodes orageux.
Vouloir disposer d’un seul couple (pour une période de retour donnée en un endroit
donné) de coefficients de Montana qui prendraient en compte les précipitations
découlant de phénomènes météorologiques de natures différentes conduit sûrement à
des estimations peu représentatives de la réalité. On peut, par exemple, rechercher des
couples qui balaieraient les plages suivantes : de 6 mn à 1 heure, de 1 heure à 24 ou 48
heures, de 24h à 96 heures( ?)… Mais une plage de 6 ou 15 mn à 48 heures ne peut
aboutir à de « bons » coefficients de Montana. La détermination de ces plages doit être
adaptée au contexte pluviométrique du lieu concerné.
On insistera sur le fait qu’en un lieu donné, deux évènements statistiquement considérés
comme « décennaux » peuvent tout aussi bien être séparés de quelques jours que de plusieurs
décennies, et que plus un territoire est étendu, plus le nombre d’évènements décennaux s’y
produisant durant une même année peut être élevé…
Les paramètres de Montana concourent à fortement adapter les méthodes de calcul de débits
de pointe au lieu pour lequel on recherche ces valeurs de débit 143 . Il est donc important
d’utiliser des coefficients de Montana déterminés en un lieu le plus proche de celui étudié. Il
existe maintenant en France un grand nombre de stations météorologiques pour lesquelles les
données pluviométriques sont acquises sur des pas de temps suffisamment courts pour que
ces coefficients puissent être calculés. Leur acquisition étant désormais payante144, on fera
attention en les commandant aux deux aspects suivants :
- Choix de leur méthode de détermination. Deux méthodes ont couramment été utilisées
par Météo-France pour élaborer les coefficients de Montana :
o La méthode « GEV » (Loi Généralisée des Valeurs Extrêmes) est, pour Météo-
France, une analyse statistique menée à partir d’un échantillon constitué des
seules valeurs maximales annuelles. Elle est considérée n’aboutir à des
résultats réellement représentatifs que si l’on dispose d’un grand nombre
d’années d’observations et si l’on ne s’intéresse qu’aux périodes de retour
supérieures à T = 1 an, et même nettement supérieures à cette période de
retour 145 . L’inconvénient de cette méthode réside dans le fait que pour les
années lors desquelles plusieurs évènements exceptionnels ont été observés,
on n’en retient qu’un seul, et que pour certaines années, on retient dans
l’échantillon des valeurs de précipitation qui n’ont aucun caractère
exceptionnel…
o La méthode « du Renouvellement » est une analyse statistique menée à partir
d’un échantillon constitué des toutes les valeurs supérieures à un seuil donné. Si
ce seuil n’est pas trop élevé, un nombre important de valeurs sera pour chaque
142
On aboutit déjà fréquemment à une surestimation très significative pour les durées supérieures à 1 heure…
143
On verra qu’il en est de même pour le calcul des volumes d’écrêtement ou des hydrogrammes.
144
Les notions de service public et d’intérêt général étant désormais dépassées par celle de rentabilité immédiate et à
petite échelle…
145
Mise en garde qui était déjà formulée dans la « synthèse nationale sur les crues des petits bassins-versants »,
Ministère de l’Agriculture / SRAE / CTGREF, janvier 1980.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 68 Collecte EU / EP
année pris en compte, ce qui écarte l’inconvénient précédemment mentionné
pour la méthode GEV. Elle permet aussi de rechercher, si ce seuil n’est pas trop
élevé, les caractéristiques d’évènements présentant des périodes de retour
pouvant être inférieures à T = 1 an146. L’obtention de coefficients de Montana
calculés avec la méthode « du Renouvellement » est à très fortement
conseiller147, surtout si on souhaite acquérir des coefficients représentatifs de
périodes de retour élevées (> 10 ans).
- Il vaut mieux acquérir les coefficients de Montana d’un site distant de quelques dizaines
de kilomètres148 mais pour lequel les données pluviométriques acquises couvrent une
période suffisamment longue (voir remarques précédemment) que celles du site même
si la chronique de données exploitées se limite à une dizaine ou une quinzaine d’années.
Il faut donc toujours préalablement se renseigner sur la durée de la chronique qui sert
de base à la détermination des coefficients de Montana que l’on cherche à acquérir.
Dans bien des cas, les coefficients cités dans l’Instruction Technique INT 77 284
publiée en 1977, bien que légèrement sécuritaires par définition, apportent une validité
aux calculs effectués bien suffisante en termes d’ordre de grandeur149.
- On peut aussi, si on a vérifié que les pluviométries sont comparables (pour les
évènements de durée cohérente avec les durées pour lesquelles les coefficients de
Montana sont calculés) rassembler les données de plusieurs postes pluviométriques
voisins et les traiter de façon appropriée. Cela compense une éventuelle faiblesse des
durées d’observation.
Enfin, pour de nombreux sites, seules les hauteurs journalières de précipitation font l’objet
d’enregistrements. On peut donc connaître pour ces sites la hauteur journalière de précipitation
représentative d’une période de retour donnée. Cette hauteur peut constituer un élément de
calage intéressant de coefficients de Montana se rapportant à un site proche caractérisé par un
contexte pluviométrique comparable. Cependant, les hauteurs journalières de précipitation sont
mesurées quotidiennement à des heures fixes (6 heures ou 8 heures temps universel…). Or
une précipitation peut s’étendre sur une durée « à cheval » sur l’heure de ces relevés. On en
déduit que la hauteur de précipitation journalière peut être inférieure à la hauteur de
précipitation tombée durant 24 heures consécutives, hauteur que nous permettent d’obtenir les
coefficients de Montana (hauteur mesurée sur des pas de temps « glissants » permettant
d’encadrer le maximum de précipitation tombée durant 24 heures consécutives).
Il existe une formule permettant de convertir des hauteurs mesurées sur des pas de temps à
heure fixe (Hdt heures fixes) en hauteurs mesurées sur des pas de temps glissants (Hdt
glissant), dite « formule de Weiss » :
n = Hdt glissant / Hdt heures fixes
146
Une telle recherche pourrait aussi être satisfaite avec la méthode « GEV » si on ne retenait par exemple, que la
plus forte valeur de précipitation observée chaque mois…
147
Météo-France semble avoir abandonné la méthode GEV depuis 2013-2014.
148
En faisant cependant attention aux particularités locales, notamment en termes de relief (exemple : secteur
compris entre les Cévennes et la Méditerranée où les gradients de pluviométrie sont extrêmement forts).
149
Il en est de même pour les coefficients de Colin et Bedel publiés à la même époque pour les précipitations de
durées comprises entre 1 heure et 48 heures, à utiliser pour le calcul des volumes d’écrêtement.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 69 Collecte EU / EP
Ainsi, par exemple, si une hauteur de précipitation journalière enregistrée à heures fixes de
période de retour décennale est égale à 50 mm, la hauteur de précipitation sur 24 heures
consécutives, de période de retour décennale, telle qu’elle peut être calculée avec une formule
de Montana s’élèvera à :
dt = 24 heures = 1 jour
=> n = 1 / (1 – 0,125) = 1,143
H 24 heures glissantes = 50 x 1,143 = 57,1 mm
La méthode rationnelle repose d’abord sur l’hypothèse que le débit d’eau précipitée « Qe » sur
un bassin versant va être transformé en un débit d’eau ruisselant « Qs », convergeant vers son
exutoire, qui lui sera proportionnel :
- Débit d’eau précipitée :
Qe = A . i
avec :
o A : surface du bassin versant,
o i : intensité de la précipitation.
La forme de cette expression indique que le débit émis à l’aval du bassin versant serait
proportionnel au débit d’eau précipitée, avec un coefficient de proportionnalité « C » appelé
« coefficient de ruissellement150 ».
Cela équivaut alors à considérer qu’une fraction de l’eau précipitée ne va pas contribuer au
ruissellement. Cette fraction qui ne ruisselle pas est celle qui va tomber sur des secteurs
perméables et qui va s’infiltrer, ou qui, sur les surfaces moins perméables, voire imperméables,
va être interceptée dans des dépressions superficielles, ou qui humidifiera ces surfaces. Pour
une pluie de forte intensité pour laquelle ces deux derniers phénomènes vont devenir moins
significatifs, on peut écrire que :
Qs = [C . A] . i
150
Il s’agit bien, dans le cadre de la formule rationnelle, d’un coefficient de « ruissellement », et non
d’ « imperméabilisation », ce dernier étant le rapport entre les surfaces revêtues et la surface totale du bassin versant.
Il suffit de se rappeler pour bien comprendre la différence, que pour des pluies de faible intensité, des surfaces
revêtues – surface bitumées par exemple – ne vont pas donner lieu à un ruissellement à 100% des eaux précipitées,
alors que pour des pluies longues et intenses, des surfaces non revêtues – pelouses, champs cultivés, prairies… -
peuvent occasionner un ruissellement très significatif…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 70 Collecte EU / EP
Cette hypothèse de proportionnalité entre ce qui tombe et ce qui va ruisseler, sous-entend
que :
- l’intensité de la précipitation est constante dans le temps et de répartition homogène sur
l’ensemble du bassin versant,
- la durée de la pluie est suffisamment longue pour que le débit des eaux ruisselées se
stabilise à la valeur calculée (« régime permanent »),
- que le coefficient de ruissellement demeure lui aussi, stable pendant la pluie, c'est-à-
dire notamment que les surfaces imperméables ou peu perméables interceptent durant
toute la pluie une part constante de la totalité des eaux qu’elles reçoivent,
- que les réseaux dans lesquels les eaux collectées cheminent, ne vont pas contribuer à
stocker une partie de l’eau les atteignant...
On voit donc que cette hypothèse de proportionnalité est hélas bien simpliste, et souvent bien
éloignée de la « réalité »…
Une dernière condition reste toutefois à satisfaire pour pouvoir appliquer la formule
précédemment présentée : On doit avoir atteint un « régime permanent », c'est-à-dire se
trouver dans des conditions permettant une stabilisation de l’écoulement à une valeur
proportionnelle à l’intensité « i ». Raisonnements et observations conduisent à énoncer que
cette stabilisation est atteinte quand la durée de la précipitation est au moins égale au temps
que met l’eau à rejoindre l’exutoire du bassin versant, quel que soit l’endroit où elle est tombée.
La durée mise par l’eau pour parcourir le plus long cheminement joignant un point du bassin
versant à son exutoire, est appelé « temps de concentration » du bassin versant (« tc »).
Ainsi, sur un bassin versant ayant une configuration proche de celle précédemment décrite,
pour toute pluie d’intensité constante « i » et de durée « t », telle que t > tc, on peut écrire :
Q=C.i.A
Nous avons vu précédemment que des relations permettent de relier l’intensité et la durée de
l’évènement, pour une période de retour donnée, relations dites « intensité – durée –
fréquence », comme, par exemple, celles de Montana :
b(T)
i(t ;T) = a(T) . t
Nous avons remarqué que plus la durée « t » de l’évènement était longue, moins l’intensité
moyenne « i » était élevée.
On en déduit que la valeur maximale de « i » dans la formule « Q = C . i . A » sera atteinte pour
la plus faible valeur de « t », pourvu que « t » soit supérieure à « tc », c'est-à-dire donc pour « t
= tc ».
Ainsi, en supposant que « A » soit connue, que « C » soit considérée comme constant
pendant la durée de l’évènement pluviométrique, et correctement estimé, on observe, pour une
pluie de période de retour donnée « T », que la valeur maximale du débit susceptible d’être
atteinte à l’aval d’un bassin versant, qu’on appellera « débit de pointe », « Qp », peut s’écrire :
Qp(T) = C . i(tc ;T) . A
avec :
b(T)
i(tc ;T) = a(T) . tc
Malgré les conditions énoncées quant à la validité des hypothèses qui se rattachent au
raisonnement suivi, notamment celles qui concernent la nature du bassin versant (petite
superficie, degré d’imperméabilisation significatif…) et l’intensité pluviométrique (qui est
supposée constante pendant toute la durée de la pluie…), l’expression ci-dessus présentée est
a priori séduisante puisque :
- la surface « A » est une grandeur liée au bassin versant qui peut être estimée avec un
faible degré d’erreur,
- le coefficient de ruissellement « C » peut, en milieu urbain et avec un degré d’incertitude
jamais négligeable, être approché pour des pluies intenses,
- les coefficients de Montana « a » et « b » pour des stations présentant un historique de
données suffisant et utilisés pour des durées situées à l’intérieur de leur domaine de
validité, sont maintenant disponibles pour un nombre important de sites en France.
Les formules s’appliquant aux bassins versants urbanisés conduisent à des résultats un peu
moins aléatoires, car les cheminements superficiels voient leur poids décroître au profit des
écoulements en réseaux, plus faciles à simuler.
Ces formules peuvent faire intervenir des caractéristiques liées au bassin versant, et des
caractéristiques liées à l’écoulement, et donc à la précipitation. Celles ne faisant intervenir que
des caractéristiques liées au bassin versant (« A », « C », « I », « L »…), conduisent à des
valeurs de temps de concentration qui seraient indépendantes de la pluie, ce qui est
manifestement faux, les écoulements étant bien sûr beaucoup plus rapides, aussi bien en
collecteur que superficiellement, pour une pluie décennale que pour une pluie « de tous les
jours »… Les formules plus élaborées prennent donc aussi en compte l’intensité de la pluie ou
le débit, généralement à l’exutoire du bassin versant.
La formule proposée par M. Desbordes en 1984, est de ce dernier type :
Qp = C . i(tc) . A
b
i(tc) = a . tc
Cette succession d’équations liées débouche donc sur une expression un peu compliquée :
151
Les écoulements se composent souvent d’écoulements superficiels puis canalisés, très influencés par la variabilité
spatiale et temporelle des pertes par infiltration et les stockages de surface ou dans les fossés… Pour les intensités les
plus fortes, quand les phénomènes d’infiltration et de stockage s’atténuent, apparaissent des écoulements « en
nappe », bien difficiles à simuler…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 73 Collecte EU / EP
Le recours à des feuilles de calcul disponibles sur des tableurs bien connus, permet en
procédant par itérations successives, de s’affranchir facilement de cette difficulté, et de
converger vers un couple unique (Qp ; tc), solution du problème posé.
Une feuille de calcul à cet effet est fournie en appui au cours.
Remarque importante : On observe que tout facteur concourant à une diminution du temps de
concentration conduit à une augmentation du débit de pointe généré. Pour un bassin versant
donné, donc de surface A fixée, et de caractéristiques pluviométriques connues (a,b), il en est
ainsi :
- du raccourcissement de la longueur du cheminement de plus long temps de parcours
« L »,
- de l’accroissement de la pente « I » suivie par les écoulements sur ce cheminement,
- de l’accroissement du coefficient de ruissellement « C ».
Il n’est alors pas difficile d’imaginer quelles sont les conséquences de l’imperméabilisation des
sols et d’une évacuation des eaux conçue pour les éloigner le plus rapidement grâce à des
infrastructures les plus rectilignes. Ralentir l’écoulement des eaux est la première des
stratégies que l’urbaniste doit poursuivre pour maîtriser les risques liés aux inondations…
On en a déduit que seul le contexte offert par de petits bassins versants présentant une
imperméabilisation significative et exposés à des pluies suffisamment intenses pouvait se
prêter avec une marge d’erreur acceptable, à l’emploi de cette méthode. Ainsi est-il estimé
qu’elle doit n’être utilisée que pour des bassins versants d’au plus quelques dizaines d’hectares
et présentant une imperméabilisation d’au moins 30 à 40%.
Le recours à une formulation du temps de concentration adaptée au contexte du bassin versant
conditionne de façon majeure la validité de la démarche, et grâce à la disponibilité de formules
élaborées et calées comme celle précédemment citée, offre un outil intéressant dans un
contexte urbain.
= i(d) / i0 = 1 - a.d
0,5
Fruhling
A(ha) = 10 100 1000 10000
d(m) = rayon = (A / 3,14)0,5 178 564 1785 5643
BV compacts a = 0,0052 0,93 0,88 0,78 0,61
BV allongés a = 0,006 0,92 0,86 0,75 0,55
=A
-
Bürkli-Ziegler
A(ha) = 10 100 1000 10000
Bürkli = 0,2 0,63 0,40 0,25 0,16
Caquot : = 0,178 0,66 0,44 0,29 0,19
INT77284 = 0,05 0,89 0,79 0,71 0,63
Gaudin : = 0,063 0,86 0,75 0,65 0,56
Recommandation : < 1000 ha
152
Cf. « Encyclopédie de l’Hydrologie urbaine et de l’Assainissement » (Réf. biblio en annexe).
153
Que l’on calculera par exemple grâce aux formules de Montana.
154
Que l’on calculera par exemple grâce aux formules de Montana.
155
Méthode utilisée pour estimer les débits de pointe générés à l’aval de bassins-versants ruraux de superficies
comprises entre 2 et 200 km2.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 75 Collecte EU / EP
III.2.3. La méthode superficielle
La formule superficielle, développée par Caquot en 1941 (« formule de Caquot ») permet, à
partir des caractéristiques d'un bassin versant et des coefficients de Montana relatifs à un site
donné, d'estimer le débit maximum pouvant être généré pour une période de retour donnée à
l'exutoire des réseaux de ce bassin versant.
Cette formule est à la base de la méthode développée par Michel Desbordes qui a été publiée
en 1977dans l’Instruction Technique INT 77 284. Elle repose essentiellement sur :
- la formule rationnelle : Qp = C . i(tc;T) . A
- les paramètres de Montana, pour une période de retour T donnée, tels que :
b(T)
i(t ;T) = a(F) . t
- un coefficient d'abattement spatial de la pluie, du type = A- ,
- des hypothèses liées au stockage et aux lois d'écoulement dans les collecteurs,
- une formulation du temps de concentration tc élaborée156 :
tc = 0,423 . L 0,69. I-0,41. A 0,184. Qp-0,354
- des conditions d'écoulement gravitaire avec des réseaux partiellement ou totalement
remplis, mais ne débordant pas,
- des réseaux quasiment vides au moment où la pluie de projet survient.
La description qu'en fait cette Instruction ne rend pas nécessaire de la reprendre; aussi est-elle
présentée telle quelle en annexe au présent document.
Cette méthode est d’un usage plus simple que la méthode rationnelle, notamment :
- parce que l’acquisition des données pluviométriques caractérisant le site étudié
n’est pas nécessaire, son appartenance à l’une des trois « régions »
pluviométriques figurée dans l’Instruction suffisant à choisir la formule à adopter,
- parce que le coefficient de ruissellement y est remplacé par un coefficient
d’imperméabilisation, rapport entre les surfaces revêtues et la surface totale du
bassin versant,
- et parce que la méthode permet d’obtenir une valeur du débit de pointe sans
avoir à d’abord calculer le temps de concentration du bassin versant.
Ainsi, la connaissance de la surface « A » du bassin versant, de son coefficient
d’imperméabilisation « Cimp », de sa pente moyenne « I », et de son cheminement hydraulique
de plus long temps de parcours « L », permet selon l’une des trois régions pluviométriques
dans laquelle est situé ce bassin versant, de calculer le débit de pointe susceptible d’être émis
pour des pluies de périodes de retour comprises entre 1 an et 100 ans.
156
Cf. « Modèle de Caquot – Révision de la correction des débits de pointe en fonction de l’allongement des bassins
versants », M. DESBORDES, revue TSM, juillet 1984, p381-385. Initialement, on avait dans l’Instruction
Technique : tc = 0,5 . I-0,41. A 0,507. Qp-0,287, pour un allongement M = L/A0,5 égal à 2.
157
Avec L exprimé en hm (hectomètres) et A exprimé en ha (hectares).
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 76 Collecte EU / EP
Les coefficients de Montana précisés pour chacune des trois régions pour différentes périodes
de retour sont généralement plutôt sécuritaires par rapport à la pluviométrie des sites pour
lesquels on les utilise. Contrairement à ce qui dit de plus en plus fréquemment, ils demeurent
tout à fait représentatifs des pluviométries actuelles bien qu’ils découlent de l’exploitation de
chroniques antérieures à 1977.
Pour des périodes de retour « T » supérieures à 10 ans, le débit de pointe Qp(T) peut être
approché grâce aux coefficients suivants :
- Qp20ans = 1,25 Qp10ans,
- Qp30ans = 1,4 Qp10ans,
- Qp50ans = 1,6 Qp10ans,
- Qp100ans = 2 Qp10ans.
Pour des périodes de retour « T » supérieures à 100 ans, le débit de pointe Qp(T) peut être
approché grâce à la relation :
Qp(T) = Qp(10ans) . [log(T) / log(10)]
avec pour Qp(10ans), la valeur de Qp calculée suivant les formules précédemment indiquées
pour une période de retour T = 10 ans.
Pour des périodes de retour « T » inférieures à 10 ans, le débit de pointe Qp(T) peut être
approché grâce à la relation :
Qp(T) = a Qp(10)
avec :
- pour T = 1 mois, a = 0,12,
- pour T = 2 mois, a = 0,2,
- pour T = 3 mois, a = 0,24,
- pour T = 6 mois, a = 0,34.
Les bassins versants de nature hétérogène quant à leurs caractéristiques (au regard de C et I)
doivent être découpés en sous-bassins homogènes. Le calcul des débits de pointe générés à
leur aval relève alors d’une technique d’assemblages, « en série » ou bien « en parallèle », qui
permet de calculer les caractéristiques représentatives (« Aeq », « Ceq », « Ieq », et « Eeq » = Meq
= Leq/Aeq0,5) du bassin versant composé de deux sous-bassins versants distincts.
158
Cf. notamment l’article cité dans la note précédente.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 78 Collecte EU / EP
On insistera sur la nécessité de prendre en compte les aménagements à la version initiale
(1977) de l’Instruction Technique, proposés159 par M. Desbordes :
- Nouvelle formulation du temps de concentration (vu précédemment),
- Prise en compte d’un facteur de correction « » des débits de pointe en fonction de
l’allongement du bassin-versant :
= (L/2.(A 0.5)) 0.7b (avec b < 0),
ou
= (M/2) 0.7b
ou encore = (E/2) 0.7b (avec b < 0),
- Et règles d’assemblage des bassins-versants telles que celles ci-dessus présentées.
159
Cf. article cité dans la note précédente.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 79 Collecte EU / EP
III.3. L’estimation des débits d’eaux pluviales à l’aval des bassins-
versants non urbanisés
La nature des sols et des sous-sols, la pente des terrains, la couverture végétale qui en
découle et qui est fortement influencée par le climat, les saisons et les antécédents
pluviométriques conduiraient à devoir préciser un très grand nombre de paramètres descriptifs
si l’on souhaitait caractériser d’une façon tout à fait déterministe et suffisamment précise les
écoulements suite à des précipitations.
Il n’existe donc pas de formule magique pour déterminer quels sont les débits, générés, et
même seulement quelle est la pointe de débit générée, à l’aval d’un bassin-versant non
urbanisé.
Quelle que soit la méthode qui sera finalement choisie, il est toujours recommandé de
rechercher si des données hydrologiques concernant des cours d’eau situés à proximité du site
sur lequel porte l’étude, sont disponibles (banque Hydro 161 ...). Elles peuvent ensuite être
adaptées à la taille du bassin-versant. De telles informations sont souvent utiles pour caler les
valeurs estimées ou au moins simplement apprécier leur vraisemblance.
160
Dans le cadre des dossiers Loi sur l’Eau, pour les calculs de mesures compensatoires, au regard de l’application
de l’article 640 du Code Civil : « Les fonds inférieurs sont assujettis envers ceux qui sont plus élevés, à recevoir les
eaux qui en découlent naturellement sans que la main de l’homme y ait contribué. Le propriétaire inférieur ne peut
point élever de digue qui empêche cet écoulement. Le propriétaire supérieur ne peut rien faire qui aggrave la
servitude du fonds inférieur ».
161
http://www.hydro.eaufrance.fr/
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 80 Collecte EU / EP
Celles recourant à l’utilisation de la formule rationnelle, reposant sur une évaluation réaliste du
coefficient de ruissellement du bassin-versant et un calcul de l’intensité de la pluie de projet
basé sur une estimation du temps de concentration du bassin-versant, aboutissent à des
résultats très incertains pour trois raisons essentielles :
- La nature hydraulique des écoulements n’est généralement pas la même sur toutes les
parties du bassin-versant (écoulements en nappes à l’amont, écoulements axiaux plus
en aval, écoulements dits « hypodermiques » entre certaines strates du sol ou du sous-
sol, voire « ondes déferlantes »…).
- L’évaluation du coefficient de ruissellement du bassin-versant est très difficile vu le
nombre de paramètres dont elle dépend (pentes du cheminement emprunté par les
ruissellements, nature du couvert végétal très influencée par d’une part le type de sol
sur lequel elle repose, et d’autre part, le climat, les saisons et les antécédents
pluviométriques, perméabilité du sol et du sous-sol, qui fluctue en fonction de la
saturation en eau de ces horizons…).
- L’estimation des temps de concentration est souvent réalisée à partir de formules très
disparates quant aux variables qu’elles font intervenir, et bien souvent inadaptées aux
contextes auxquels elles sont appliquées162.
Cette méthode de type dit « corrélatif » a été établie en France en 1980 par le Ministère de
l’Agriculture163. L’étude a été menée à partir de 630 bassins-versants pour lesquels on a pu
évaluer le débit décennal instantané. Ces différentes valeurs de débits ont été analysées au
regard des principaux facteurs pouvant les justifier. Parmi les plus significatifs, ont été retenus :
• S, surface du bassin-versant, en km2,
• P10, hauteur journalière de précipitation décennale164, en mm/j,
• R, coefficient régional.
Le débit maximal instantané de période de retour décennale Qd, exprimé en m3/s, est donné
par la relation :
Qd = S 0.8 (P10/80)2 R
R est égal à 1 sauf pour certaines régions indiquées sur la carte qui suit (extraite de la
publication du Ministère de l’Agriculture ci-dessus mentionnée).
162
Cf. « Estimation du temps de concentration tc pour des bassins-versants non urbanisés », EC.eau, analyse des
formules de temps de concentration menée à partir d’une étude bibliographique, travail de recherche interne à la
société, mai 2018.
163
Cf. « Synthèse nationale sur les crues des petits bassins-versants », Ministère de l’Agriculture (SRAE / CTGREF /
DASH), janvier 1980, fascicule 2 : « La méthode SOCOSE ».
164
Valeur non centrée, c’est-à-dire mesurée entre 6h et 6h le jour suivant, ou bien entre 8h et 8h le jour suivant.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 81 Collecte EU / EP
La gamme de superficies des bassins versants auxquels on peut appliquer cette formule est de
l’ordre de 10 à 200 km2.
Les bassins-versants situés en zones karstiques ou très perméables (Champagne crayeuse)
sont exclus de son domaine de validité.
Le recours à un coefficient correcteur « régional » qui présente une grande discontinuité
spatiale avec des valeurs variant de 0,13 à 1,75 pour des sites très proches165, apporte un
degré d’incertitude élevé à la méthode166.
165
Ce coefficient passe de 0,13 à Abbeville à 1 à Arras, ou de 0,67 à 1,75 quand on va de Limoges à Aurillac...
166
Intervalle de confiance de 90% pour Qd compris entre [Qd/2, 2Qd], et de 70% pour [2Qd/3, 3Qd/2]...
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 82 Collecte EU / EP
III.3.2. Méthode SOCOSE
En 1980, le Ministère de l’Agriculture a proposé une autre méthode d’estimation des débits de
crue sur des petits bassins versants. Cette méthode a été calée à partir de 5000 crues
observées sur 187 bassins-versants français de 2 à 200 km2.
Les bassins-versants situés en zones karstiques ou excessivement perméables sont exclus de
son domaine de validité, de même que les bassins-versants de haute montagne à l’origine de
crue mettant en jeu la fonte des neiges.
Cette méthode permet d’estimer débit décennal de pointe Qd d’un bassin-versant « rural ».
Elle s’appuie sur une pluie de projet dont la durée est égale à 2 D, « D » étant à la fois le temps
de montée du hyétogramme de projet et de l’hydrogramme généré.
La valeur « D », « durée caractéristique de crue de fréquence décennale », correspond aussi à
celle pendant laquelle le débit émis dépasse la moitié de la valeur du débit de pointe Qd, soit
Qd/2 comme illustré ci-dessous :
Avec :
- P(t) : hauteur de précipitation cumulée dans le temps au cours de la pluie de projet,
- R(t) : hauteur de ruissellement pendant la même durée,
- J : interception potentielle du bassin-versant pour une fréquence décennale.
167
Cf. § 1.2 du fascicule 4 « Etude des caractéristiques averses – crues », « Synthèse nationale sur les crues des petits
bassins-versants », Ministère de l’Agriculture (SRAE / CTGREF / DASH), février 1982.
168
Forme empruntée au Soil Conservation Service des USA, et d’où provient le nom de SO-CO-SE.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 83 Collecte EU / EP
o L : longueur du chemin hydraulique le plus long depuis l’exutoire jusqu’à la
périphérie du bassin-versant, en km,
- Données climatiques :
o P10 : pluie journalière décennale locale sur tout le bassin-versant, non centrée, en
mm/j,
o Pa : hauteur de pluie moyenne annuelle, en mm/an
o ta : température moyenne interannuelle ramenée au niveau de la mer, en °C,
o b : coefficient de la loi de Montana liant l’intensité i de la pluie décennale à sa
durée t, c’est-à-dire i = a t-b , avec a et b applicables à des précipitations dont la
durée est proche de D (avec b positif).
169
Cette formule est sensée aboutir à des valeurs de D plus faibles pour les bassins-versants à pente forte des zones
montagneuses. Cependant, les tes que nous avons effectués n’aboutissent pas à des valeurs plus faibles que celles
trouvées avec la formule « normale »…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 84 Collecte EU / EP
Pour pouvoir mener les calculs entièrement par tableur, sans avoir à lire l’abaque ci-dessus
présenté, le coefficient peut, si est compris entre 0,5 et 0,9 (plage courante), être très
correctement estimé grâce à la formule170 suivante :
1 + [( - 0,5).((1,3b5,7) - 0,2)]
(avec b positif).
170
Patrick Savary, approche personnelle.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 85 Collecte EU / EP
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 86 Collecte EU / EP
III.3.3. Formule rationnelle assortie d’une estimation du temps de concentration
adaptée
La formule rationnelle demeure aujourd’hui très utilisée par les bureaux d’études pour estimer
la valeur des débits de pointe générés à l’aval d’un bassin-versant non urbanisé. Pour rappel171,
la formule rationnelle s’exprime sous la forme :
Q = 1/6 . C . i . A
Avec :
- Q : Débit de pointe, en m3/s,
- A : Surface du bassin-versant, en ha,
- C : Coefficient de ruissellement, compris entre 0 et 1 (1 correspondant à 100%),
- i : Intensité moyenne de la précipitation (éventuellement calculée à l’aide des
coefficients de Montana) dont la durée est égale au temps de concentration du bassin-
versant, en mm/mn.
171
Cf. précédemment § III.2.2.
172
Phénomènes qui peuvent donner lieu de façon nette en limite de terrains cultivés par labourage, à des résurgences
quelquefois importantes semblant provenir de la limite entre le sol travaillé et son sous-sol.
173
Y compris, par exemple en forêts, avec la couverture du sol par une couche de déchets végétaux dans laquelle
peut s’accumuler une grande quantité d’eau.
174
La précipitation donnant lieu au ruissellement étudié survient-elle, ou pas, au terme d’une séquence pluvieuse qui
a saturé les matériaux constituants les sols et ses dépressions superficielles ? A quelle saison a lieu la précipitation,
sachant que la couverture végétale qui influe souvent grandement sur le devenir de l’eau précipitée y est étroitement
liée, a fortiori en zones de cultures ?
175
Sans parler, notamment si le bassin-versant s’il est étendu, de la répartition spatiale de cette pluie et de son
déplacement.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 87 Collecte EU / EP
et affecter les raisonnements menés d’une marge d’erreur importante. Par contre, le
choix de la durée de l’évènement pluviométrique à prendre en compte pour s’assurer
qu’on va pouvoir en déduire une valeur de débit qui correspondra à une valeur de pointe
s’avère assez difficile. La formule rationnelle est généralement couplée avec la notion
de « temps de concentration176 ». Mais comment définir le temps de concentration pour
un bassin-versant non imperméabilisé ?
Sur des surfaces imperméabilisées, pour des précipitations intenses177, le ruissellement débute
quasiment simultanément à la pluie. Donc si on choisit une précipitation dont la durée est égale
à celle que met une goutte d’eau pour parcourir le cheminement de plus long temps de
parcours, on s’assure que pour une précipitation dont la durée est égale au temps de
concentration du bassin-versant, la totalité du bassin-versant va contribuer à la formation de la
pointe de débit générée à son exutoire.
Par contre, sur des bassins-versants non imperméabilisés, le choix systématique consistant à
retenir comme précipitation de projet aboutissant au débit de pointe celle qui aurait une durée
égale au temps de concentration, risque d’aboutir à une surestimation des débits de pointe. En
effet, pour une telle précipitation, la première fraction de la lame d’eau tombée ne participera
pas à la formation du ruissellement, car elle sera piégée superficiellement ou infiltrée. Cela est
évident pour des bassins-versants peu pentus ou bien pour des bassins-versants au sol très
perméable et/ou offrant une forte capacité de piégeage superficiel de l’eau. Cela sera
cependant de moins en moins net si les lames d’eau précipitées sont très importantes (forte
période de retour, zones avec de très fortes intensités pluviométriques…).
On voit donc que l’emploi de la formule rationnelle pour la détermination des débits de pointe
émis par des bassins-versants non imperméabilisés se heurte à deux très grosses difficultés :
- L’évaluation du coefficient de ruissellement, qui, même basée sur un grand nombre de
paramètres géographiques, ne suffit pas. Ce coefficient est aussi dépendant du
contexte pluviométrique auquel s’adosse la détermination du débit de pointe.
- La durée de la précipitation conduisant à la formation de ce débit de pointe. D’une part,
le choix d’une durée égale au temps de concentration du bassin-versant tend à plus ou
moins surestimer les intensités calculées. D’autre part, l’estimation d’un temps de
concentration en tant que durée d’écoulement le long du cheminement de plus long
temps de parcours est difficile à mettre en équation. Les différentes formules
fréquemment employées ci-après citées en attestent :
Dans toutes ces formules, qui ne tiennent compte que de paramètres géographiques, il
convient de bien faire attention aux unités choisies :
- tc : Temps de concentration, en heures,
- A : Surface du bassin-versant, en ha,
- L : Longueur du chemin hydraulique le plus long depuis l’exutoire jusqu’à la périphérie
du bassin-versant, en km,
- I : Pente moyenne du bassin-versant, en m/m.
176
Cf. précédemment § III.2.2.2.
177
Celles généralement pour lesquelles on cherche à calculer des débits de pointe.
178
Même formule que celle de Turazza… ? NB : Turazza est aussi l’auteur d’une formule de calcul de débit de
pointe.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 88 Collecte EU / EP
La formule de Ven Te Chow fait intervenir la dénivelée « H » entre l’amont du bassin-versant et
son exutoire : tc(h) = (0,868 x L3 / H )0,385
Avec :
- L : Longueur du chemin hydraulique le plus long depuis l’exutoire jusqu’à la périphérie
du bassin-versant, en km,
- H : Dénivelée entre l’amont du bassin-versant et son exutoire, en m.
Le tableau ci-dessous présente les résultats d’un calcul de tc selon différents jeux de
caractéristiques du bassin-versant.
L a été choisi comme correspondant à un allongement égal à 2.
Les caractéristiques de la pluviométrie sont celles de Montpellier.
On observe que les tc calculés présentent des ordres de grandeurs très différents : La formule
de Nash aboutit à des valeurs très élevées. Celles de Ventura et Passini sont assez voisines, et
plus fortes, pour les grands bassins-versants, que celles de Kirpich et Giandotti. Pour les petits
bassins-versants, celles de Ventura, Passini et Kirpich sont proches et faibles.
Les valeurs obtenues avec SOCOSE (T = 10 ans) et Giandotti sont assez proches.
Mais quelle valeur choisir ? Sur la base de quelle justification ? Il est important de savoir que
les cinq formules de la partie gauche du tableau sont des formules qui ont été élaborées dans
des contextes spécifiques, et que leur généralisation à tout autre contexte est inappropriée.
Et que vaut le raisonnement qui consiste à prendre la moyenne des résultats obtenus avec 3, 4
ou 5 de ces formules, vu la dispersion des résultats auxquels elles parviennent ?
Rappel : Ces 5 formules ne tiennent absolument pas compte de la pluviométrie et notamment
du fait que lorsque la période de retour de l’évènement croît, le temps de concentration
diminue…
Le tableau ci-dessous a été construit pour les mêmes bassins-versants, mais avec, pour le
calcul du « D » de SOCOSE, les caractéristiques de la pluviométrie de Rennes.
Une autre formulation du temps de concentration prend à la fois en compte certains paramètres
géographiques du bassin-versant et le fait que le temps de concentration diminue
lorsqu’augmente l’intensité des précipitations à l’origine des écoulements. C’est par exemple le
cas de la formule d’Askew :
L’utilisation de ce type de formule n’est pas explicite, puisque Qmoy s’exprime en fonction de tc si
on adopte, par exemple, pour son expression, la formule rationnelle. D’autre part, il est
souhaitable de pouvoir la caler sur des observations faites pour des bassins-versants
présentant un contexte hydrologique comparable.
Conclusion
L’utilisation de la formule rationnelle basée sur des temps de concentration
calculés avec les formules ne relevant que de paramètres géographiques ainsi
que sur des coefficients de ruissellement complètement théoriques 179 , est à
déconseiller.
Pour les petits bassins-versants (inférieurs à 5 km2) on propose d’utiliser la formule rationnelle
qui s’écrit180 :
Avec :
- QP(T) : Débit de pointe de période de retour T, en l/s,
- C : Coefficient de ruissellement,
- i(tc,T) : intensité de la précipitation de période de retour T, de durée t égale au temps de
concentration tc du bassin-versant, en mm/h,
- A : Superficie du bassin versant, en ha.
179
Valeurs « forfaitaires » ou « a priori » telles que, par exemple : C(T = 2 ans) = 15%, C(T = 10 ans) = 30%, C(T =
30 ans) = 35%, C(T = 100 ans) = 40%... Pour des pluies décennales, il semble que bien souvent, les coefficients de
ruissellement adoptés sous-estiment la réalité.
180
Même formule que Q = 1/6 . CiA avec i en mm/mn et Q en en m3/s. Conversion de a et b exprimés en mm/mn à
A et B exprimés en mm/h : Cf. § III.2.1.1.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 90 Collecte EU / EP
Bien que très simple, cette formule suppose l’estimation de deux variables :
- le coefficient de ruissellement C,
- et le temps de concentration tc.
Ces deux variables sont de nature aléatoire :
- C dépend en effet de la pluie, de l’état de saturation des sols ainsi que de l’état du
couvert végétal, eux-mêmes résultant de la saison et des précipitations antérieures,
- tc dépend du débit de ruissellement.
Temps de concentration
On utilise une formule développée par Ph. Lefort et dérivée de celle d’Askew, soit :
avec :
- tc : temps de concentration du bassin-versant, en h,
- L : longueur du chemin principal d’écoulement, en km,
- I : pente moyenne des versants le long de ce chemin, en m/m,
- Rm : ruissellement net journalier, en mm.
Cette perte initiale ou seuil de ruissellement peut être estimée à partir des études réalisées
pour la construction des autoroutes et dont les valeurs sont données dans le tableau ci-
dessous, dérivé du guide « Recommandations pour l’assainissement routier » du LCPC.
Tableau dérivé du guide « Recommandations pour l’assainissement routier » du LCPC :
181
Valeur non centrée, c’est-à-dire mesurée entre 6h et 6h le jour suivant, ou bien entre 8h et 8h le jour suivant.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 91 Collecte EU / EP
On notera que l’importance des valeurs de P0 rend assez difficile l’application de cette formule
dans des régions où la pluviométrie est beaucoup plus modérée que celle des zones
méditerranéennes182. On observe aussi que pour des terrains sableux et peu pentus on a des
valeurs élevées de P0 qui pourraient être > Pj. Dans ces cas, il est proposé de retenir Rm = 1
mm.
Coefficient de ruissellement
Le coefficient de ruissellement se déduit d’un comportement à seuil et s’écrit :
C = 0,8 (1 – (P0/Pj))
Commentaire
On remarquera que le paramètre P0 (« perte initiale avant apparition d’un ruissellement
superficiel significatif dans les mini-réseaux de drainage superficiel ») n’est pas lié à une durée.
Cela serait souhaitable, car si on imagine qu’il s’agit de la perte initiale lors d’une précipitation
très intense de quelques heures, on peut penser que sa valeur n’est quand même pas la même
s’il s’agit de 1 à 2 heures ou s’il s’agit de 6 ou 12 heures…
La formulation d’une hypothèse étayée pour ce paramètre apparaît donc difficile, et se révèle
probablement le point faible de cette méthode. Elle peut alors relever d’une série d’hypothèses,
conduisant à une fourchette de débits calculés par cette méthode, ce qui permet d’y affecter un
niveau d’erreur probable…
En testant plusieurs valeurs « P0 » plausibles dans un contexte donné, on peut dresser un
graphique comme celui ci-dessous représenté à titre d’illustration et en déduire un ordre de
grandeur de Qp(T).
182
Ainsi, par exemple, à Rennes, la hauteur de précipitation journalière (non centrée) de période de retour décennale
est de # 45 mm/jour, et celle centennale de # 60 à 65 mm/jour… Or, on assiste assez fréquemment à du ruissellement
intense en zones rurales consacrées à l’élevage (prairie et non culture) et à de forts débits dans les ruisseaux pour des
précipitations non exceptionnelles (période de retour inférieure à 1 an…).
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 92 Collecte EU / EP
Débits spécifiques émis par des bassins-versants non urbanisés calciulés avec la "Formule des Experts"
Pluviométrie : Montpellier - Fréjorgues
T: 1 mois 2 mois 3 mois 6 mois 1 ans 2 ans 5 ans 10 ans 20 ans 30 ans 50 ans 100 ans
P0 = 25mm 0,0 0,1 1,1 6,1 12,4 18 27 37 49 57 69 87
P0 = 30mm 0,0 0,0 0,0 4,7 10,7 16 25 35 47 55 67 85
P0 = 40mm 0,0 0,0 0,0 2,0 7,4 12,2 21 31 42 51 62 80
P0 = 50mm 0,0 0,0 0,0 0,0 4,4 8,8 17 27 38 46 57 75
P0 = 60mm 0,0 0,0 0,0 0,0 1,6 5,5 13,5 22 34 42 53 71
P0 = 70mm 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 2,5 9,8 19 29 37 48 66
P0 = 80mm 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 6,4 15 25 33 44 61
100
Débit spécifique (l/s/ha)
90
Débit spécifique émis par des bassins-versants non urbanisés
(pente moyenne du BV : 1%)
80
T = 2 ans
T = 5 ans
70
60 P0 = 25mm
P0 = 30mm
50 P0 = 40mm
P0 = 50mm
40
P0 = 60mm
30 P0 = 70mm
P0 = 80mm
20
10
Les résultats ci-dessus présentés s’appuient sur un « P0 » que l’on a fait varier de 25 à 80 mm.
Si, par exemple, des valeurs de « P0 » comprises entre 30 et 60 mm apparaissent assez
représentatives du site étudié, on en déduira que le débit émis par le bassin-versant concerné
est probablement compris entre 13 et 25 l/s/ha.
30,0
y = -8,3138x + 37,997
R² = 0,3409
25,0
20,0
y = -9,3236x + 32,459
R² = 0,5245
15,0
10,0
5,0
On peut, par exemple, en déduire pour des bassins-versants dont la superficie S serait de 1 et
5 km2, que les débits spécifiques décennaux qs présentent les ordres de grandeur suivants :
- S = 1 km2 : 32 l/s/ha < qs < 38 l/s/ha,
- S = 5 km2 : 27 l/s/ha < qs < 33 l/s/ha.
On voit sur le graphique ci-dessus présenté qu’il s’agit d’ordres de grandeur, car pour une
même superficie de bassin-versant, les débits spécifiques décennaux peuvent être assez
variables. Le très fort gradient pluviométrique qui affecte certaine régions de la zone
183
La durée de la période d’observation est bien sûr un élément important pour en apprécier les résultats.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 94 Collecte EU / EP
concernées ainsi que la diversité des reliefs et configurations géologiques justifient
probablement pour une grande part, cette dispersion des résultats. Cependant, une telle
analyse permet tout de même de situer des ordres de grandeur.
La même approche réalisée en 2015 d’après les données de la banque Hydro recueillies pour
35 cours d’eau des départements de la Manche, des côtes d’Armor, du Morbihan et de l’Ille et
Vilaine dont la superficie du bassin-versant s’étalait de 9 à 153 km2 aboutit à :
- Des débits spécifiques de pointe décennale de l’ordre de 5 l/s/ha pour des bassins-
versants dont la surface serait de l’ordre de 1 km2,
- Des débits spécifiques de pointe décennale un peu supérieurs à 3 l/s/ha pour des
bassins-versants dont la surface serait de l’ordre de 10 km2,
- Des débits spécifiques de pointe décennale de 1 à 2 l/s/ha pour des bassins-versants
dont la surface serait de l’ordre de 100 km2.
6,0 Débits spécifiques de pointe décennale de cours d'eau des départements 22, 35, 50 et 56
EC.eau
Débit spécifique de pointe décennale
(litres/seconde/ha)
5,0
y = -1,4731x + 4,8841
4,0
R² = 0,255
y = -1,7645x + 5,0021
R² = 0,4894
3,0
2,0
1,0
La dispersion des points est moins forte que dans l’exemple précédent.
Le principe de la méthode est de considérer qu’au-delà d’une certaine hauteur d’eau précipitée,
c’est-à-dire d’un certain débit, toute l’eau précipitée participe à l’écoulement, c’est-à-dire que le
coefficient de ruissellement atteint 100% (les terrains sont saturés et les dépressions
superficielles qui participaient au stockage des premières eaux précipitées sont remplies).
Cette méthode repose aussi sur la considération selon laquelle la courbe de fréquence des
pluies est à décroissance exponentielle 185 , c’est-à-dire que les plus fortes hauteurs de
précipitation pendant une durée donnée croissent linéairement en fonction du logarithme de
leur période de retour. Par exemple, l’écart entre la hauteur de précipitation décennale (de
durée t) et la hauteur de précipitation centennale (de durée t) est le même qu’entre la hauteur
de précipitation centennale (de durée t) et la hauteur de précipitation millénale (de durée t).
On a donc une relation :
H(t ;T) = H(t ;T0) + LN(T/T0)
dans laquelle :
- le coefficient est appelé gradex pluviométrique,
- T est la période de retour pour laquelle on cherche à estimer le débit de pointe généré
par le bassin-versant,
- et T0 est la période de retour pour laquelle la valeur du débit de pointe du bassin-versant
est connue (déduite sur la base d’observations ou calculée de façon fiable) et pour
laquelle on suppose que le ruissellement intégral de la lame d’eau précipitée se produit
déjà.
184
Implantation plus dense des stations météorologiques et séries de mesures pluviométriques plus longues que
celles des débits mesurés sur les cours d’eau.
185
Sur un graphe de Gumbel, les plus fortes hauteurs de pluies représentées en fonction de la variable réduite sont
traduites par une droite ayant pour pente le GRAdient de cette distribution EXponentielle, d’où le nom de la méthode
GRADEX. NB : Pour les périodes de retour supérieures à T = 10 ans, les ajustements à une loi exponentielle et ceux
à une loi de Gumbel se confondent quasiment.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 96 Collecte EU / EP
Il est généralement admis186, pour les évènements pluviométriques caractérisés par
une fréquence au moins décennale, et dont la durée est au moins égale au temps de
concentration tc du bassin-versant ou bien à sa durée caractéristique de crue « D » (au
sens de SOCOSE), que les terrains sont saturés et que les dépressions superficielles qui
participaient au stockage des premières eaux précipitées sont remplies avant la fin de la
précipitation. Il en découle qu’une valeur de la période de retour T0 égale à 10 ans
peut être retenue.
L’ajustement des séries de pluies maximales et de débits extrêmes étant souvent réalisé à
l’aide de la loi de distribution dite de Gumbel, l’expression du gradex pluviométrique « »
devient :
186
S’il apparaît réaliste de considérer que les valeurs décennales des débits de pointe ou de crue générés par des
bassins-versants non imperméabilisés sont liés à des contextes où les sols sont parvenus à saturation, il est plus
difficile de considérer que toute pluie décennale (même de durée au moins égale à tc ou D) induit une telle saturation
des sols de tout le bassin-versant. Les caractéristiques du sol et du sous-sol, la pente du bassin-versant et les
antécédents pluviométriques peuvent en effet beaucoup influer sur cette saturation. La connaissance des contextes
géologiques, pédologiques et topographiques peut donc contribuer, selon les régions, à augmenter ou diminuer cette
période de retour « critique » T0.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 97 Collecte EU / EP
Les gradex pluviométriques sont souvent aussi disponibles pour des précipitations journalières
(et exprimés en mm/jour).
Exemples187 :
Il convient alors de les adapter à la durée des pluies qui sont à l’origine des débits maxima
générés sur le bassin-versant étudié, c’est-à-dire à une durée égale au temps de concentration
du bassin-versant ou bien à la durée caractéristique de crue « D » du bassin-versant (au sens
de SOCOSE).
Cette conversion se fera en deux temps :
- Passage de (1 jour) à (24h) grâce à la formule de Weiss, soit :
(24h) = 1,14 (1 jour)
avec :
o (1 jour)
étant le gradex calculé sur la base des précipitations journalières dites
« non centrées », c’est-à-dire enregistrées à des horaires fixes (6h ou 8h),
exprimé en mm,
o (24h) étant le gradex des plus fortes précipitations observées pendant 24
heures consécutives (hauteurs de précipitation dites centrées), exprimé en mm.
- Puis passage de (24h) à (D) (ou bien (tc)), en posant :
(D) = [D/24]1+b (24h)
avec :
o (D), gradex pour les précipitations de durée égale à D, exprimé en mm,
o D exprimé en heures,
o b, le coefficient de Montana de la formule i = atb, avec b < 0, le couple (a ;b)
devant être adapté à la durée D.
187
Extrait de l’annexe au fascicule 1 « Eléments de pluviométrie », « Synthèse nationale sur les crues des petits
bassins-versants », Ministère de l’Agriculture (SRAE / CTGREF / DASH).
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 98 Collecte EU / EP
De la même façon, celle du gradex des débits « a » devient :
QT = Q0 + a [LN(-LN(1-1/T0))- LN(-LN(1-1/T))]
Avec :
- QT est le débit de pointe correspondant à la période de retour T pour laquelle on cherche
à estimer le débit de pointe généré par le bassin-versant,
- Q0 est la valeur connue (déduite sur la base d’observations ou calculée de façon fiable)
du débit de pointe du bassin-versant (pour laquelle on suppose que le ruissellement
intégral de la lame d’eau précipitée se produit déjà),
- et a : gradex des débits.
Cette formule peut s’appliquer aussi bien aux débits de pointe qu’à des débits moyens dans la
mesure où le rapport entre le débit de pointe et le débit moyen de l’écoulement188 (pendant le
temps de base de l’hydrogramme, ou bien pendant la durée caractéristique de crue « D » au
sens de SOCOSE) est stable pour les périodes de retour concernées (T et T0).
avec :
- a : gradex des débits en m3/s,
- A : superficie du bassin-versant, en km2,
- D : durée caractéristique de crue du bassin-versant (au sens de SOCOSE), en heures.
- (ou bien : tc : temps de concentration du bassin-versant, en heures).
Commentaires
Il convient d’être prudent lors de l’application de la méthode du Gradex sur des bassins-
versants de grande superficie, car il est difficile d’imaginer qu’une pluie puisse affecter la
totalité du bassin-versant, et a fortiori de façon uniformément répartie avec des caractéristiques
semblables189.
Pour les évènements exceptionnels (période de retour supérieure ou égale à 1000 ans ?), la
méthode précédemment décrite est reconnue donner de bons résultats. Pour des évènements
dont la période de retour se rapproche de celle pour laquelle on a fait l’hypothèse que débutait
un ruissellement intégral de la lame d’eau précipitée, cette méthode tend à surestimer les
résultats. Pour de tels contextes, on se réfèrera à la méthode dite « du gradex esthétique ».
188
« Coefficient de forme ».
189
Si la pluie peut raisonnablement être supposée affecter la totalité du bassin-versant, on peut la corriger grâce à
l’emploi de coefficients permettant de prendre en compte son abattement spatial (cf. § III.2.2.4.).
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 99 Collecte EU / EP
III.4. Les limites de la collecte des eaux pluviales
La contamination des eaux de ruissellement par les eaux usées et les déchets ménagers a
conduit dans un premier temps à construire des infrastructures permettant d’éloigner à la fois
les eaux pluviales et les eaux usées en dehors des zones d’habitat : C’est la naissance du
« tout à l’égout », synonyme de progrès. L’apparition de structures de collecte séparatives
après la seconde guerre mondiale, en partie justifiée par la nécessité de ne plus rejeter les
eaux usées sans une épuration préalable dans les milieux récepteurs190, aboutit à la réalisation
de réseaux séparatifs pluviaux dans lesquels coulent des effluents qui vont longtemps être
considérés comme « propres ». Cependant, l’accélération de l’urbanisation après la 2nde guerre
mondiale conduit à des systèmes de collecte de capacité et de longueur de plus en plus
importantes. Les réseaux les plus anciens, construits en centre-ville 191 , vers lesquels vont
souvent devoir converger ceux les plus récemment construits, voient leur capacité devenir
insuffisante. La difficulté technique d’y remédier ou de construire des collecteurs toujours plus
grands, ainsi que les conséquences économiques de ces situations, conduisent à rechercher
d’autres solutions :
- le stockage des eaux pluviales pour les évacuer de façon différée, facilité par la qualité
des eaux de ruissellement, moins contraignante192 que celle des effluents unitaires,
- leur infiltration dans les contextes hydrogéologiques favorables.
Plus récemment, après avoir mis en évidence l’importance des pollutions qu’elles
véhiculaient 193 et l’aggravation de leur impact lorsque leurs rejets au milieu se trouvent
concentrés en un nombre limité de points, la nécessité de procéder à leur dépollution va aussi
conduire à devoir les stocker, étape presque toujours indispensable à leur traitement194.
Ces limites du « tout réseau » vont être à l’origine du développement à partir des années 80,
des « techniques alternatives » (au tout réseau), et des « solutions compensatoires » (vis-à-vis
des effets sur le cycle de l’eau engendrés par l’imperméabilisation des surfaces).
190
L’importance des débits générés par temps de pluie à l’aval des structures de collecte unitaire des grandes
agglomérations, y compris pour de petites pluies, réduisait significativement les performances épuratoires du système
dès la moindre pluie…
191
Les centres-villes étant souvent le long de cours d’eau qui vont rester les exutoires des réseaux et fossés construits
à leur périphérie…
192
Car faiblement chargées en pollution rapidement biodégradable et fermentescible.
193
Seconde partie des années 70.
194
Soit parce que le stockage crée des conditions favorables au traitement par décantation, soit parce que les autres
modes de traitement (filtration-infiltration ou floculation-coagulation-décantation ou filtration intensive…) ne
peuvent être dimensionnés pour fonctionner « au fil de l’eau », vu l’importance des débits générés.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 100 Collecte EU / EP
IV. Les techniques alternatives
L’écrêtement des débits peut être réalisé grâce à des modes de stockage variés :
- de façon superficielle à proximité immédiate du lieu de la précipitation :
o sur toitures stockantes,
o dans des noues195,
o en surface, sur voiries et parkings, pour des pluies exceptionnelles, si la sécurité
des personnes et des biens n’est pas menacée,
- dans des bassins situés à l’aval de systèmes de collecte des eaux de ruissellement,
- dans des structures poreuses caractérisées par un fort indice de vide : structures-
réservoirs (sous chaussées, sous parkings, en tranchées…),
o avec alimentation :
▪ localisée (par un réseau ou via un avaloir),
▪ ou répartie (via des enrobés drainants),
o et évacuation :
▪ localisée (vers un réseau ou cours d’eau, via un dispositif de régulation
de débit),
▪ ou répartie, c'est-à-dire par infiltration dans le sol.
L’infiltration des eaux de ruissellement peut se réaliser directement à travers la surface des sols
exposée au ruissellement grâce à des revêtements plus ou moins perméables (gravier, gazon,
195
Fossés conçus non seulement pour évacuer, mais aussi pour stocker.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 101 Collecte EU / EP
pavés autobloquants, enrobés drainants, béton poreux…), ou bien à partir d’un stockage
superficiel (noues, bassins…) ou enterré (structures réservoirs, puits d’infiltration…).
196
Cf. par exemple « Aménagement et eaux pluviales sur le territoire du Grand Lyon », guide à l’usage des
professionnels, Com. Urb. De Lyon, Direction de l’Eau, juin 2008. Idem dans le « Guide pour la gestion des eaux
pluviales urbaines en Seine Maritime » (édition du 22 fév. 2007), p 40 et 43. Idem dans le « Document
d’orientation pour une meilleure maîtrise des pollutions dès l’origine du ruissellement », p41, Agence de l’Eau
Seine-Normandie / LEESU, novembre 2011. MISE Hérault : K > 10-5 m/s de préférence et 10-6 m/s maximum (guide
fév. 2014). Communauté Urbaine de Bordeaux (« Les solutions compensatoires d’assainissement pluvial / Guide de
conception-réalisation à l’usage des professionnels », juin2014, p60) : K > 3. 10-6 m/s.
197
Ne pas oublier que la capacité d’infiltration de l’ouvrage sera à terme bien inférieure à la perméabilité naturelle
des sols initialement en place (notamment à cause de leur colmatage…).
198
Calculées avec les coefficients de Montana de l’Instruction Technique de 1977.
199
Pour mémoire, perméabilités des sols selon leurs constituants :
- Sables : 10-3 à 10-5 m/s,
- Limons : 10-5 à 10-8 m/s,
- Argiles : < 10-7 m/s…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 102 Collecte EU / EP
La capacité tampon peut être assurée :
- partiellement par la couche de forme elle-même grâce à sa porosité (enrobé drainant,
pavés poreux…),
- par le matériau de calage ou la couche de base :
o du sable grossier placé sous les pavés (ces derniers pouvant aussi présenter
une structure poreuse),
o un mélange de terre végétale et de sable favorisants la pousse de gazon entre
ces pavés,
o des graves concassées ou des matériaux traités avec des liants bitumineux ou
hydrauliques, ces milieux offrant des porosités importantes.
Selon la nature du trafic qui affecte les voiries, des couches de fondation et de forme
présentant aussi une forte perméabilité peuvent être à prévoir. Un géotextile sera à mettre en
place entre les milieux de granulométries différentes non liées, et au-dessus du sol support.
Il va de soi que les revêtements et couches de surface (enrobés drainants) doivent présenter
une capacité d’absorption élevée (de l’ordre de 1 cm/s).
On insistera aussi, remarque valable pour les autres techniques ci-dessous abordées, qu’il
convient d’être très prudent quant aux valeurs de capacité d’infiltration du sol qui seront
retenues dans les calculs de dimensionnement. Il est important de disposer d’un nombre
important de résultats de tests de perméabilité pratiqués sur les sites concernés par de tels
projets, pour bien appréhender l’éventuelle hétérogénéité de leurs sols. Il est ensuite
recommandé, lors des calculs de dimensionnement (débit d’infiltration disponible) de leur
affecter un coefficient de sécurité pour tenir compte de l’évolution dans le temps de ce
paramètre (colmatage, tassement du terrain lié au chantier ou au trafic, etc…). Ainsi est-il
d’usage de minorer les capacités d’infiltration obtenues lors des reconnaissances préliminaires
par des coefficients compris entre 0,5 et 0,1.
200
Région Ile-de-France par exemple : 50% de subvention plafonnés à 45 €HT/m2 de toiture…
201
Par exemple, par la Chambre syndicale de l’Etanchéité Rhône-Alpes (tél. : 04 72 44 15 15) par exemple…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 104 Collecte EU / EP
En cas de faible perméabilité des terrains naturels, on sera prudent lorsque des noues très
plates sont prévues être implantées à proximité d’immeubles dont les remblais implantés autour
des fondations constituent quelquefois la seule destination des eaux aboutissant à ces noues…
On peut illustrer les différents types de chaussées à structures réservoir, selon leur mode
o d’alimentation :
▪ localisée (par un réseau ou via un avaloir),
▪ ou répartie (via des enrobés drainants),
o et d’évacuation :
▪ localisée (vers un réseau ou cours d’eau, via un dispositif de régulation
de débit),
▪ ou répartie, c'est-à-dire par infiltration dans le sol.
202
Extrait de « Techniques alternatives en assainissement pluvial », Y. Azzout, S. Barraud, F.N. Cres, E. Alfakih, du
Laboratoire Méthodes de l’INSA de Lyon, Ed. Lavoisier, collection Tec & Doc, 1997.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 105 Collecte EU / EP
Modes d’injection et d’évacuation des eaux dans une structure réservoir
La structure réservoir peut être composée de matériaux divers : matériaux concassés, ballast,
cylindres creux en béton préfabriqué, caractérisés une granulométrie 203 offrant une porosité
élevée (25% est une porosité souvent atteinte ou dépassée), matériaux plastiques alvéolaires,
broyats de pneus…
203
Granulométrie caractérisée par des dimensions minimales « d » et maximales « D » des granulats telles que d = 10
à 20 mm, et D = 70 à 100 mm. D’autres caractéristiques doivent bien sûr être respectées pour que la structure
préserve dans le temps sa résistance aux charges roulantes, à la désagrégation, au gel, etc…
204
Schémas extraits de « Techniques alternatives en assainissement pluvial », Y. Azzout, S. Barraud, F.N. Cres, E.
Alfakih, du Laboratoire Méthodes de l’INSA de Lyon, Ed. Lavoisier, collection Tec & Doc, 1997.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 106 Collecte EU / EP
Modes d’évacuation des eaux de la tranchée
Le développement de ces techniques pourtant déjà mises en œuvre dès la fin des années 1980
reste encore aujourd’hui bien timide. Pourtant, des réponses existent face aux réticences les
plus souvent avancées pour justifier leur non-emploi :
Structures réservoirs
- Diminution des capacités d’absorption ou d’infiltration dans le temps
L’infiltration des eaux de ruissellement à travers le fond de la structure réservoir
conduit à une rétention de la pollution particulaire à l’interface structure - sol,
au niveau du géotextile. Il s’en suit inévitablement un certain colmatage,
évidemment beaucoup plus faible si l’eau a été admise dans la structure via un
enrobé drainant (voir ci-dessus). Ainsi, en cas de procédé à injection localisée
(via réseau ou avaloirs), la mise en œuvre d’ouvrages de prétraitement des
205
« Région III de l’Instruction Technique de 1977 ».
206
Voir ci-après le paragraphe « Techniques alternatives et dépollution des eaux pluviales »
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 108 Collecte EU / EP
eaux assurant une rétention des macro-déchets et un dessablage207 des eaux
avant qu’elles ne pénètrent dans la structure réservoir par l’intermédiaire de
drains est indispensable. Pour les ouvrages ainsi conçus, peu d’études
permettent aujourd’hui d’avancer des durées précises au terme desquelles le
colmatage devient réellement préjudiciable au bon fonctionnement de
l’infiltration. Vu que les premières structures réservoirs existent depuis près de
vingt ans, le problème posé par un degré de colmatage suffisant pour diminuer
leur capacité d’infiltration n’apparaît pas primordial… On recommandera donc
de ne pas négliger les dispositifs de prétraitement, en allant peut-être jusqu’à
recommander non seulement un dessablage des eaux y étant admises, mais
leur pré-décantation208…La mise en place de dispositifs permettant d’éviter aux
macro-déchets (feuilles mortes, plastiques, mégots…), de s’introduire dans les
drains d’injection est fortement recommandée209.
- Pollution de la nappe
Cet aspect très fréquemment évoqué sera abordé au paragraphe consacré
« Techniques alternatives et dépollution des eaux pluviales ».
L’encombrement du sous-sol est par contre dans les secteurs déjà urbanisés une contrainte
quelquefois difficile à contourner… On remarque aussi que l’implantation des techniques
alternatives linéaires est aussi, malgré des solutions techniques de cloisonnement qui restent
faisables, plus difficile dans les contextes de forte pente du terrain naturel.
207
On parle de « dessablage » lorsque la décantation a pour cible les particules d’un diamètre supérieur à 0,2 mm.
208
Des vitesses de l’ordre de 10 m/h permettent d’intercepter des particules de diamètre proche de 0,1 mm, et donc
une masse de MES évidemment supérieure, même si une fraction importante des MES véhiculées par les eaux
pluviales se caractérise par des diamètres inférieurs à 50 m…
209
Généralement par des dispositifs siphoïdes et/ou des grilles de filtration.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 109 Collecte EU / EP
IV.1.5. Les puits d’infiltration et d’injection
Les puits d’infiltration et d’injection n’ont pas été traités dans le cadre du présent chapitre. En
ce qui concerne les premiers cités, les principes sont semblables à ceux se rapportant aux
tranchées d’infiltration, à la différence que l’ouvrage n’est plus une structure linéaire et
superficielle, mais verticale. A surface de bassin-versant équivalente, il convient alors de
concevoir un puits suffisamment profond, effectué dans des horizons suffisamment perméables.
Les précautions à prendre quant aux risques de colmatage de l’ouvrage sont semblables – ou
un peu plus fortes ? - que celles citées pour les structures réservoirs surfaciques. Le critère du
maintien d’une zone non saturée entre le fond du puits et le niveau maximal susceptible d’être
atteint par la nappe, reste primordial. Cependant, il convient de redoubler de prudence vis-à-vis
de ce type d’ouvrage qui consiste tout de même à « injecter » profondément dans les sols un
effluent susceptible d’être plus ou moins pollué. La connaissance des utilisations potentielles de
la nappe et de son hydrodynamisme est donc préalablement fondamentale. Aussi comprendra-
t-on, même si une abondante bibliographie aborde aussi les « puits d’injection » (c’est-à-dire
sans filtration) d’eaux pluviales dans le sous-sol, que ce type d’ouvrage soit franchement
déconseillé dans cette présente note (il est interdit dans certains pays). On notera au passage
que l’argument de la non-recharge des nappes due à l’imperméabilisation des sols est très
fréquemment cité dans la bibliographie pour recommander la mise en œuvre de techniques
alternatives, mais qu’il est bien difficile de trouver des études qui témoignent de façon
quantifiée de ce problème…
Les puits doivent donc dans tous les cas être au minimum précédés de dispositifs
permettant une dépollution poussée des eaux qui y seront envoyées.
Ils sont à proscrire dès qu’ils sont un tant soit peu susceptibles d’être exposés à des
pollutions solubles et/ou accidentelles.
Qémis Qf faible...
Vstocké Qécrêté
Qf
Vdéstocké
Temps
Qémis
Vstocké Qf plus élevé...
Qécrêté
Qf
Vdéstocké
Temps
On peut bien sûr y rajouter, mais il n’y a pas d’ambiguïté possible sur ce terme211, les « bassins
d’infiltration » qui concernent les eaux pluviales, et qui allient les fonctions « stockage » et
« infiltration », cette dernière ne pouvant aussi 212 avoir lieu directement en ligne lors
d’évènements pluviométriques.
Tous ces bassins, à l’exception des « bassins-tampons », ont en commun leur fonction
d’écrêtement de débits générés par temps de pluie.
210
Le « bassin tampon » sert à homogénéiser un effluent (par exemple à l’aval d’une activité industrielle dont leur
qualité - pH…- est très fluctuante, ou bien en tête de station d’épuration…) mais pas à réguler des débits ou stocker
des volumes pour éviter leur rejet au milieu naturel.
211
Bien qu’à l’aval de certaines stations d’épuration, on puisse trouver des bassins assurant cette fonction pour des
effluents déjà épurés… Cependant, ils sont généralement plutôt appelés « bassins d’infiltration-percolation »…
212
Pour la même raison que la dépollution comme il l’a été dit précédemment pour les eaux pluviales.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 112 Collecte EU / EP
IV.1.6.3. Quelques principes de conception
Les principes qui sont ci-dessous abordés sont très loin d’être exhaustifs, amis se rapportent à
des problèmes souvent évoqués, ou des insuffisances de conception récurrentes.
213
Grâce à l’absence de matière organique rapidement fermentescible.
214
Une dépollution des eaux infiltrées dans le sol n’est efficace que si une épaisseur suffisante de sol non saturé est
toujours disponible (au moins 1 m).
215
Par exemple, dans le cas des nappes utilisées comme ressource en eau pour l’alimentation en eau potable des
populations…
216
Sécurité du personnel vis-à-vis des gaz toxiques et/ou explosifs qui peuvent s’y amasser, corrosion des matériaux
liée à l’atmosphère humide…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 113 Collecte EU / EP
Etanche ou pas ? On verra ci-après dans le paragraphe consacré « Techniques alternatives
et dépollution des eaux pluviales », que l’infiltration des eaux pluviales dans un sol
perméable et non saturé s’accompagne d’une dépollution très efficace. La règle devrait alors
être de concevoir systématiquement des bassins non étanches, sauf dans les cas où un
argument avéré justifie de les étancher. Quels peuvent être ces arguments qui peuvent
conduire à cette option ?
- La nature de la pollution véhiculée par les eaux de ruissellement. Elle doit d’abord être
bien appréhendée. Si ces eaux sont susceptibles de renfermer de façon plus ou moins
chronique des polluants qui ne seront pas interceptés par le mécanisme de filtration, ce
qui peut être le cas dans des zones industrielles (pollutions solubles, peu
biodégradables, toxiques…), elles doivent être collectées de façon séparée afin d’être
acheminée vers une filière de traitement qui leur est spécifique. Cette séparation entre
eaux pluviales strictes et eaux pluviales contaminées doit toujours être réalisée le plus
en amont possible afin de ne pas encourir le risque d’une dilution des polluants les plus
difficiles à traiter dans de grands volumes, ce qui conduit alors à des impasses en
termes économiques, voire techniques, pour les dépolluer. C’est le principe de
« collecte à la source », indispensable à une bonne gestion qualitative des polluants,
aussi bien valable pour les eaux de ruissellement que pour les eaux usées.
Les risques liés aux pollutions accidentelles doivent faire l’objet d’une approche
spécifique de façon à ce que les polluants en résultant soient gérés d’une façon
différente de celle concernant la pollution pluviale chronique. Ainsi, après avoir bien sûr
inventorier les substances susceptibles d’être émises et les lieux y étant exposés, on
prévoira des ouvrages de confinement pour les pollutions résultants d’accidents routiers,
liées aux eaux d’extinction d’incendie, ou émises lors de graves incidents industriels
(débordements ou ruptures de cuves, explosions…). Ces ouvrages de confinement
doivent être implantés au plus près des sources de pollution accidentelle concernées217,
afin de notamment minimiser, an cas de pluie se produisant simultanément avec
l’incident, les volumes d’eaux pluviales qui viendraient se mélanger avec l’effluent à
intercepter. En effet, les volumes alors interceptés doivent généralement être évacués
vers des centres de traitements spéciaux, et une telle solution n’est envisageable que
pour des volumes de quelques dizaines, voire quelques centaines de m3. La question
de la valeur de la hauteur de précipitation à prendre en compte de façon simultanée à
l’incident est toujours difficile à résoudre, puisqu’il s’agit d’un risque à encourir.
Cependant, au regard des solutions 218 qui apparaissent disponibles en matière de
traitement au regard de l’importance du volume intercepté, ces ouvrages sont
généralement conçus pour des hauteurs de précipitations correspondant à des pluies
courantes. Pour pallier à cette difficulté, les volumes de confinement sont plutôt
optimisés grâce :
o à la mise en place de plans d’intervention permettant une gestion immédiate des
effluents émis suite à un incident, par des personnes compétentes219,
o à une télésurveillance des infrastructures de collecte des eaux pluviales
(mesures de qualité en continu – conductivité, COT ?, Hydrocarbures ?...-),
o à des vannages asservis aux résultats de ces mesures pour confiner
automatiquement des effluents « anormaux »…
Il va de soi que les bassins de confinement devront être étanches. Cependant, vis-à-vis
de polluants comme les hydrocarbures, le long d’une route, un fossé ou un bassin
enherbés sur un substrat argileux offrent une rétention qui peut être satisfaisante. En
217
Cf. principe de « collecte à la source » ci-dessus énoncé.
218
Ou de l’absence de solution : un déversement accidentel se produisant au beau milieu d’un orage décennal
conduira à de tels volumes que des solutions réellement applicables peuvent être bien difficiles à appliquer…
219
Echange d’informations entre services des collectivités locales, du SDIS, de la DDE, de la DRIRE et des
établissements éventuellement concernés, gestion des astreintes, désignation des équipes de 1 ère intervention,
disponibilité de laboratoires d’analyses compétents, etc…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 114 Collecte EU / EP
cas d’accident, on procèdera alors au raclage et à l’évacuation des matériaux
superficiels contaminés.
Il est important de remarquer que l’étanchéité d’un ouvrage est une contrainte lourde
techniquement et donc financièrement. Combien de bassins réalisés en géomembrane, par
souci d’économie, s’en vont-ils aujourd’hui en lambeaux, au bout de seulement quelques
années de service ? Leur exposition au rayonnement solaire (effet liés aux UV et à la
chaleur…), les tassements du sol et des digues, le problème de l’étanchéité au niveau des
collecteurs y affluant, en sortant, et des ouvrages de génie civil y étant liés – ouvrages de
prétraitement, de régulation, de pompage, d’accès… -, le problème des sous-pressions
exercées par l’eau ou l’air sous la membrane…, sont des sujétions techniques à prendre en
compte de façon approfondie si l’on veut construire un vrai bassin étanche durablement, et
non un cloaque rapidement non étanche.
Quels que soient les choix adoptés au regard des précédentes options abordées, d’autres
principes de conception des bassins doivent systématiquement être examinés :
- Prétraitement des effluents admis. Outre bien sûr l’impact visuel déplorable présenté
par un grand nombre de bassins dans lesquels s’accumulent tous types de déchets
flottants, et la nécessité d’éviter leur rejet en mer ou dans les cours d’eau 222 , la
préservation d’un bon fonctionnement hydraulique du bassin (ouvrages de régulation,
instruments de mesures…) requiert impérativement223 une rétention par dégrillage des
macro-déchets préalablement à leur admission dans l’ouvrage. Le nettoyage de
l’ouvrage et le traitement des boues décantées en seront ainsi aussi facilités. On
cherchera à limiter le dimensionnement de ce dégrillage, qui peut être automatisé, en
prévoyant à son amont une surverse munie d’une cloison siphoïde afin que les flottants
220
Comme dans d’autres domaines (autosurveillance des réseaux d’assainissement, autosurveillance des stations
d’épuration…), un simple suivi ne suffit pas. Les résultats enregistrés doivent être régulièrement dépouillés, analysés
en termes de fiabilité par des personnes qui ont une bonne connaissance du terrain et des appareillages en place, puis
interprétés.
221
Sulfate de calcium hydraté.
222
L’article 5 de l’arrêté du 22 juin 2007 précise que les eaux déversées par les réseaux unitaires au milieu, dans des
« conditions habituelles » de fonctionnement, doivent être débarrassées de tout « objet flottant ».
223
Et a fortiori dans les bassins d’orage recueillant des effluents unitaires…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 115 Collecte EU / EP
soient finalement orientés vers le dégrillage. Un piège à cailloux, voire un dessableur
pour les sables grossiers, est à entrevoir pour les grands ouvrages et/ou dans les
contextes propices à des arrivées de sables importantes. Il est à noter qu’il a été
remarqué que les effluents surversés224 étaient en général peu chargés en sables, et
que leur dessablage était bien souvent inutile.
De nombreux ouvrages préfabriqués pour le stockage souterrain des eaux pluviales
sont aujourd’hui disponibles sur le marché. Il convient d’être très prudent quant à leur
emploi. L’une des caractéristiques majeures des eaux pluviales réside dans les déchets
et matières en suspension (MES) qu’elles contiennent, et qui se déposeront dans tout
ouvrage visant à stocker des eaux pluviales. Il faut donc toujours se poser la question :
« Comment évacuera-t-on ces déchets et dépôts ? ». Un accès à la fois aux hommes et
au matériel nécessaire à l’entretien est indispensable. Dans le cas contraire, la mise en
place de ces ouvrages préfabriqués doit être restreinte aux eaux de toitures.
- Régulation du débit de fuite (ou de vidange). Le débit qui s’écoule par un orifice ou dans
un tuyau à l’amont desquels le niveau de mise en charge varie n’est évidemment pas
constant. Il est proportionnel à la racine carrée de la hauteur de mise en charge225. Les
bassins étant généralement conçus sur la base d’un débit de fuite maximal admissible
ou autorisé, il conviendra de mettre en place un équipement de régulation rendant dès
une hauteur minimale, la valeur du débit évacué constante. Dans le cas contraire226, le
bassin présentera un volume inférieur à celui calculé. Les vannes à obturation
croissante lorsque le niveau dans le bassin s’accroît, sont des équipements qui
permettent de s’affranchir de cette difficulté et qui sont aujourd’hui couramment
commercialisés (type « hydroslide »).
- Nettoyage des dépôts. Que les bassins soient conçus pour assurer une décantation des
effluents ou pas, le stockage des eaux engendre inéluctablement des dépôts. Leur
évacuation doit absolument être prévue, d’une part pour empêcher leur accumulation et
le comblement du bassin, d’autre part pour éviter la fermentation des composants
organiques et les dégagements d’odeurs et de gaz, notamment 227 H2S. Dans les
bassins recueillant des effluents unitaires ou très chargés, bassins alors souvent en
béton, fréquemment enterrés, les procédés les plus fréquemment mis en œuvre à cet
effet sont le lavage par chasse, par hydroéjecteurs, ou, pour les bassins plus rarement
mis en eau, par intervention manuelle (usage de « lances incendie »). La conception
des ouvrages doit donc intégrer cette sujétion, rendre cohérente la forme de l’ouvrage
avec le procédé retenu, donner aux radiers des pentes adéquates aux écoulements
générés, et prévoir la récupération des eaux chargées. Généralement, ces eaux sont
acheminées vers les réseaux d’eaux usées afin d’être traitées sur les stations
d’épuration. Le déclenchement de ces lavages est parfois programmé uniquement
pendant les périodes nocturnes, à causes des charges conséquentes de pollution alors
envoyées vers les ouvrages d’épuration.
- Fonctionnement des ouvrages en cas de pluie exceptionnelle. Un ouvrage est
dimensionné pour pouvoir faire face à une précipitation caractérisée par sa période de
retour ou une chronique de pluies observée ou simulée. Une précipitation d’intensité
et/ou de durée supérieure à celle(s) adoptée(s) lors du projet peut donc toujours
survenir. Les hypothèses relatives au bassin versant peuvent aussi avoir été sous-
estimées lors du projet (coefficient de ruissellement…). Dans de tels cas, l’ouvrage sera
insuffisant, en termes de volume et/ou vis-à-vis des débits affluents. Il est donc
important de prévoir ce qui se passe en pareille situation, de façon à éviter la ruine de
224
Par des déversoirs latéraux. Cf. étude inter-agences "Inventaire et Typologie des bassins d'orage français", 1997.
225
Pour une orifice dénoyé à son aval : Q = m.S.(2gH)0,5 , S étant la section de l’orifice, H la charge à l’amont de
l’orifice, et m un coefficient de l’ordre de 0,6 selon la forme de l’orifice, l’épaisseur de la paroi et son inclinaison.
226
Débit maximal autorisé atteint uniquement quand le bassin est plein, alors que le bassin a été calculé avec un
débit de fuite constant, égal au débit de fuite maximal autorisé…
227
Cf. annexe n°1.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 116 Collecte EU / EP
l’ouvrage (déversement conduisant à la rupture d’une digue…) et ne pas provoquer
l’inondation d’endroits sensibles. Comme il l’est d’ailleurs demandé dans la constitution
des dossiers d’autorisation au titre de la « Loi sur l’Eau », de telles situations doivent
être examinées dès la conception de l’ouvrage, en y apportant des solutions techniques
(sur l’ouvrage lui-même ou bien, par exemple, en privilégiant des débordements vers
des secteurs peu vulnérables) et/ou en prévoyant des stratégies d’intervention (alerte,
plans d’évacuation, etc…). Les bassins de stockage ou les collecteurs y parvenant
devront donc être équipés d’un d’une surverse. Pour les bassins dont les digues sont
conçues en remblai, cette surverse sera dimensionnée pour pouvoir faire face à des
évènements de période de retour élevée (au moins T = 100 ans), voire très élevée selon
la nature de l’occupation des sols situés à leur aval (T = 1000 à 10 000 ans). On se
reportera à ce sujet à la législation la plus récemment parue, et notamment à celle
consécutive au décret n°2007-1735 du 11 décembre 2007 (qui renforce la nécessité de
mieux prendre en compte les notions de « danger » et « sûreté » et qui introduit les
« classes d’ouvrages 228 - A, B, C et D - ») et à la circulaire du 8 juillet 2008 du
MEEDDAT.
- Contraintes d’exploitation. Les dysfonctionnements d’ouvrages sont souvent liés à des
problèmes d’exploitation, inhérents à une conception initiale insuffisante. Les points qui
suivent doivent donc être considérés avec attention :
o Sécurité du personnel :
▪ Détection des éventuels gaz229 susceptibles d’être présents comme l’H2S,
le CH4, voire interdiction d’accès à l’ouvrage en l’absence d’une
ventilation effectuée préalablement pendant une durée fixée…
▪ attention aux automatismes en cas de dysfonctionnement ou de coupure
de l’alimentation électrique…,
o Accessibilité du personnel, du matériel et des véhicules,
o Dispositifs de stockage puis d’évacuation des déchets,
o Prise en compte des risques élevés de corrosion (Choisir des qualités de
matériaux adaptées au contexte humide, mise en place d’une ventilation…),
o Mise à disposition d’eau pour nettoyage (automatisé ou manuel),
o Facilitation des tâches d’entretien et de dépannage grâce à une conception en
plusieurs files parallèles des étages et équipements les plus sensibles
(dégrillage : 1 automatisé + 1 manuel, régulateurs de débit de vidange multiples
ou si vidange non gravitaire, pompes de secours, et pour les plus gros ouvrages,
bassins séparés en parallèle)…
o Télésurveillance des fonctions principales et accès…
- Accès et sécurité pour le public dans le cas de bassins à vocation multiple (bassins
paysagers, terrains de sport, vélodromes, aires de jeu…) : Une information du public230
concernant à la fois le rôle assigné à l’ouvrage et les dangers encourus en cas de forte
pluie, est évidemment indispensable. L’ouvrage peut aussi être situé dans une enceinte
soumise à heures de fermeture/ouverture. Il peut enfin être surveillé si les lieux
présentent une fonction de parc de loisirs, ou figurer dans les priorités d’intervention des
agents municipaux en cas de fortes pluies annoncées…
228
Les ouvrages de retenue dont la hauteur, mesurée verticalement entre le sommet de l’ouvrage et le terrain naturel
à l’aplomb du sommet, dépasse 2 mètres sont concernés par les nouveaux développements de cette législation.
229
Pour des raisons à la fois de toxicité et d’explosivité…
230
Au minimum par panneaux d’information implantés sur le site. Les contraintes liées à ces bassins peuvent aussi
figurer dans les règlements d’urbanisme ou de ZAC. Elles peuvent aussi être rappelées aux clubs et associations dont
l’objet peut être lié à l’existence du bassin : club sportif si le bassin à sec remplit la fonction de terrain de sport, clubs
de modélisme, associations de pêche, etc…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 117 Collecte EU / EP
- Suivi du fonctionnement. On peut aujourd’hui considérer qu’il s’agit d’une déficience des
ouvrages en place, qu’il s’agisse des bassins d’orage, de stockage-décantation ou
d’écrêtement. Peu de bassins font l’objet d’un suivi et d’un bilan de leur fonctionnement,
alors qu’ils ont représenté des investissements souvent importants. Leur efficacité aussi
bien en termes quantitatifs qu’en termes qualitatifs n’est donc généralement pas
connue :
o Combien de fois ont-ils été annuellement mis en eau ?
o Quelles sont les caractéristiques des évènements pluvieux qui ont conduit à ces
mises en eau ?
o Quels volumes y ont été stockés, alors qu’ils auraient été, en l’absence
d’ouvrage, rejetés au milieu ?
o Combien de fois ont-ils débordé, et pour quelles pluies ?
o Quelles ont été les charges de pollutions admises ? stockées ? déversées ?
o Quelle a été la qualité des effluents qui y ont été admis ? et celle de ceux
déversés vers le milieu ?
D’un point de vue exploitation, le nombre d’interventions pour entretien et nettoyage,
pour dépannage, etc…, n’est souvent guère mieux connu…
Il est donc absolument indispensable de prévoir dans les cahiers des charges une
instrumentation pertinente et complète des ouvrages projetés, le coût d’une telle
instrumentation étant sans rapport avec le montant des autres investissements. Les
contrats d’exploitation doivent aussi imposer des suivis, complets, non seulement en
termes d’acquisition et stockage de données, mais aussi en ce qui concerne la validation
puis l’interprétation de ces données, qui doivent être réalisées régulièrement, et donner
lieu à des bilans annuels.
On abordera aussi pour clore cette énumération non exhaustive des points de conception
les plus discutés, le problème lié à la réutilisation d’ouvrages existants… Les maîtres
d’ouvrages ont fréquemment, dans le cadre de projets, le souci – légitime – de chercher à
réutiliser au maximum les infrastructures en place. La création des bassins d’orage ou
d’écrêtement est plus particulièrement exposée à ce souci, le stockage des eaux générées
par temps pluie étant souvent assimilé à un simple volume à réserver. Aussi, combien
d’ouvrages de stations d’épuration aux formes les plus diverses, ne sont-ils pas pressentis,
et hélas souvent reconvertis, en « bassin d’orage »…Très rapidement, l’exploitant se trouve
alors confronté à des problèmes d’exploitation insolubles :
- Vidange complète de l’ouvrage impossible,
- Décantation dans des parties du bassin non prévues à cet effet, et nettoyage très
difficile ou impossible,
- Accès non prévus,
- Prétraitements absents ou inadéquats,
- Etc…
L’ouvrage devient alors quelquefois un vrai cloaque.
Les spécificités des ouvrages de stockage sont donc rarement compatibles avec la
réutilisation d’ouvrages non initialement conçus à cet effet. Les bassins dorage, de
stockage-décantation ou d’écrêtement doivent donc être considérés comme des ouvrages à
part entière, et techniquement complexes. Il faut donc être d’emblée, toujours très réticent
face à l’idée de réutiliser un ouvrage existant pour le convertir en bassin des gestions des
eaux de ruissellement.
Le risque de colmatage des surfaces par lesquelles l’infiltration a lieu, nécessite en premier lieu
de disposer d’effluents dont la concentration en MES a été préalablement significativement
réduite. Les bassins d’infiltration doivent donc souvent être précédés de bassins de stockage-
décantation, dont l’objectif sera :
- Ecrêter les débits affluents à des valeurs cohérentes avec celles admissibles dans le
bassin d’infiltration,
- Décanter ces effluents pour limiter les risques de colmatage du bassin d’infiltration.
Le bassin d’infiltration assurant aussi un stockage, le débit de vidange du bassin de stockage
décantation qui le précède pourra être supérieur au débit potentiel d’infiltration. Le calcul des
volumes de chacun d’entre eux s’appuiera donc :
- pour le bassin de stockage-décantation, sur le couple « débit traversier Q » (= débit de
vidange) / « surface Sd », de façon à ce que le rapport Q/Sd soit inférieur à la vitesse de
décantation souhaitée,
- pour le bassin d’infiltration, sur le couple Débit entrant Q / Débit d’infiltration Qinf. , ce
dernier découlant de la « vitesse d’infiltration » (ou « capacité d’absorption qab. ») et de
la « surface d’infiltration Sinf. ». Le calcul donne généralement lieu à itérations, car la
surface d’infiltration Sinf. va dépendre du volume du bassin, et de son rapport hauteur /
surface…
Selon le risque de colmatage de la surface d’infiltration, cette dernière se composera du fond
de l’ouvrage, ou bien du fond et des talus, voire seulement des talus si ce risque est important
(effluents admis chargés en MES et/ou en matière organique).
Les risques de colmatage apparaissent faibles231 lorsque le rapport entre surface d’infiltration et
surface active est supérieur à 1%.
231
Cf. « Document d’orientation pour une meilleure maîtrise des pollutions dès l’origine du ruissellement », p41-42,
Agence de l’Eau Seine-Normandie / LEESU, novembre 2011.
232
Détection automatique des paramètres caractérisant les pollutions accidentelles les plus probables, vannages de
dérivation des effluents pollués, asservissement de ces vannages, dispositifs d’alerte de l’exploitant…
233
Ouvrages de stockage permettant d’éviter l’envoi des effluents indésirables vers les ouvrages d’infiltration, ou
leur dilution dans de grands volumes d’eaux de ruissellement. Le volume de ces ouvrages est souvent difficile à
estimer, car il est lié à l’occurrence de la pluie qui pourrait survenir simultanément à la pollution accidentelle. De
plus, si un polluant se retrouve dilué dans de trop grands volumes d’eaux de ruissellement, le dimensionnement de
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 119 Collecte EU / EP
De telles procédures doivent être examinées et conçues dans le cadre des plans de zonage
« Eaux pluviales », en fonction des activités et vocations des bassins-versants, ainsi que de la
vulnérabilité des eaux souterraines concernées.
La conception du bassin d’infiltration doit permettre une infiltration uniformément répartie (et
ainsi éviter des cheminements préférentiels qui occasionneraient alors une filtration moins
performante), s’effectuant en zone non saturée, y compris en périodes de nappe haute. En
effet, l’infiltration en zone non saturée permet non seulement une filtration des effluents
(phénomène physique), mais aussi une épuration physico-chimique souvent significative grâce
aux processus d’adsorption et de biodégradation.
Pour satisfaire à ces contraintes, il est recommandé :
- de garantir en toutes circonstances, une épaisseur de zone non saturée minimale de 1
mètre,
- de rapporter un horizon artificiel filtrant d’une épaisseur de l’ordre de 40 à 50 cm, séparé
du sol en place par un géotextile,
- de couvrir cet horizon par une couche de gros gravier ou galets 234 qui préserveront
l’uniformité du fond, ou d’une couche enherbée.
Pour des effluents plus chargés en MES et matière organique, comme ceux issus de surverses
unitaires, des bassins filtrants plantés de macrophytes ont vu le jour ces dernières années235,
les macrophytes jouant avant tout un rôle majeur pour éviter le colmatage de l’horizon filtrant et
ainsi favoriser l’aération de ce milieu, dans lequel une épuration biologique de la matière
organique (fractions carbonées et azotées) va alors se développer. On peut donc entrevoir une
élimination partielle de la pollution dissoute et de certains micropolluants. Les bassins filtrants
plantés de macrophytes constitueront probablement dans les années qui viennent une réponse
bien adaptée à l’infiltration et au traitement des eaux de ruissellement.
Pour les bassins conçus pour recevoir et infiltrer des eaux de ruissellement, il est important de
vérifier qu’aucun apport par temps sec d’effluents chargés en matière organique biodégradable
(eaux usées par exemple) n’a lieu, car le développement d’une zooglée236 sur les matériaux
filtrants conduit alors à rapidement colmater cet horizon.
l’ouvrage de piégeage, l’enlèvement des effluents alors stockés et leur traitement deviennent difficiles à concevoir
dans des conditions techniques et économiques raisonnables…
234
Gravier 30/100 (Cf. « Document d’orientation pour une meilleure maîtrise des pollutions dès l’origine du
ruissellement », p42, Agence de l’Eau Seine-Normandie / LEESU, novembre 2011.
235
Cf. : « Impact de l’exploitation sur la qualité et la durée de vie de filtres plantés de roseaux à écoulement
horizontal pour le traitement des eaux pluviales », D.P.L. Rousseau, D. Horton, P. Griffin, P.A. Vanrolleghem, N.
DE Pauw, 9th International Conference on wetlands systems for water pollution control, Avignon, 26th-30th of
september 2004, volume n°2, p567-575. « Performances des sols filtrants de rétention (« RSF ») pour le traitement
des surverses de réseaux unitaires », Mathias Uhl, Ulrich Dittmer, T.G. Schmitt, Hydrosciences, décembre 2004,
p53-58. « Filtres plantés sur sol en place et/ou amendés (« RSF ») pour le traitement des surverses de déversoirs
d’orage », F.-B. Frechen, W. Schier, J. Felmeden, 9th International Conference on wetlands systems for water
pollution control, Avignon, 26th-30th of september 2004, volume n°2, p537-545. « Marais artificiels pour le
traitement des rejets de déversoirs d’orage – Point sur la pratique et la recherche en Allemagne », Mathias Uhl,
Ulrich Dittmer, 9th International Conference on wetlands systems for water pollution control, Avignon, 26th-30th of
september 2004, volume n°1, p21-29.
236
Biomasse se développant sur un support granulaire dans des conditions favorables (ici : milieu non saturé donc
aéré, approvisionné en substances biodégradables).
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 120 Collecte EU / EP
On observe 237 ce même phénomène au terme de quelques semaines en cas de périodes
pluvieuses prolongées. Aussi, une compartimentation des bassins, avec fonctionnement par
alternance de ces bassins, favorise-t-elle le maintien de leurs capacités d’infiltration initiales.
L’efficacité de la filtration des eaux pluviales par les sols étant cependant aujourd’hui reconnue
comme très bonne et suffisante vis-à-vis des milieux récepteurs, les solutions basées sur
l’implantation de systèmes de filtration s’insérant entre un bassin de stockage (et même si
possible de stockage - décantation) et un rejet dans le milieu récepteur (le sol pour les petites
pluies, des eaux superficielles pour les pluies plus intenses), semblent devenir « la » solution.
Les lits plantés de roseaux font l’objet d’un développement spécifique dans le cadre du
paragraphe ci-après consacré à la dépollution des eaux pluviales.
237
Cf. « Incidence de la réalimentation de nappe sur la qualité de la ressource », M. Detay, N. Dumoutier, H.
Haeffner, V. Vignier, Mieux gérer l’eau, Hydrotop 1994, p357-366, cités par M. Dechesne, « Connaissance et
modélisation des bassins d’infiltration des eaux de ruissellement urbain pour l’évaluation des performances
techniques et environnementales sur le long terme, thèse INSA Lyon, 2002.
238
Il est vrai que sur les bassins-versants avant urbanisation, de telles précipitations ne donnent pas lieu à
ruissellement et donc à des apports au cours d’eau. Donc, au regard de l’article 640 du Code Civil, il ne devrait pas y
avoir de rejet en milieu superficiel pour de telles précipitations…
239
Il semble ne pas exister de données qui monteraient que l’imperméabilisation des sols conduit à un abaissement
des nappes phréatiques, malgré la fréquence d’une telle affirmation…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 121 Collecte EU / EP
L’avantage de mettre en œuvre des matériaux rapportés permet d’en ajuster les
caractéristiques aux objectifs poursuivis et au contexte dans lequel les ouvrages sont implantés.
Une limitation de débit à leur amont ou à leur aval peut être facilement conçue.
Ce type de solution peut s’implanter à l’aval de bassins-versants de toutes dimensions : A la
parcelle, au niveau du lotissement, au niveau de grands bassins-versants.
Leur efficacité est proche de celles de dispositifs d’infiltration s’il s’agit de matériaux rapportés
fins (lit de sable sous couche d’humus engazonnée et au-dessus d’un matelas drainant).
Pour simplifier, on peut dire que trois méthodes de dimensionnement sont aujourd’hui
couramment utilisées :
- la « méthode des pluies » et la « méthode des volumes », faciles à mettre en œuvre,
préconisées dans l’Instruction Technique de 1977,
- les méthodes faisant appel à des outils informatiques de calcul, bien sûr beaucoup plus
efficientes en termes de précision des résultats, et recommandables si les hypothèses
(hydrogrammes se rapportant aux débits entrants et aux débits de fuite) sont connues
avec précision.
En ce qui concerne ces méthodes, les avertissements précédemment exposés pour le calcul
des débits de pointe, restent tout à fait valables… En effet, la précision des résultats obtenus
par les méthodes perfectionnées de calcul, n’est pas synonyme de fiabilité. Un calcul
sophistiqué avec des hypothèses fausses ou non adaptées à un contexte, aboutit à des
conclusions quelquefois dangereuses…
Une réflexion préalable doit donc d’abord conduire à l’examen des hypothèses qui vont
s’attacher au cas étudié :
Hydrogramme amont :
- Données pluviométriques, non seulement représentatives du site concerné, mais aussi
adaptées aux hypothèses de calcul. Ainsi, si le débit de fuite d’un bassin est faible, la
durée de sa vidange sera donc longue (plusieurs heures, à souvent plus d’une journée).
Il convient donc de disposer de données pluviométriques qui permettent de traduire
comment fonctionnera l’ouvrage si, alors que la vidange n’est pas achevée, une
nouvelle précipitation survient. Cela peut se faire soit sur la base de coefficients de
Montana valables pour des pluies de longue durée 241 , soit grâce à des simulations
basées sur des chroniques pluviométriques représentatives de la pluviométrie locale.
- Caractéristiques géographiques du bassin versant et dimensionnelles des ouvrages
existants.
- Coefficients utilisés pour caractériser le ruissellement.
Hydrogramme aval :
- Connaissance du débit de fuite en fonction de la hauteur d’eau dans le bassin. En effet,
la vidange n’atteindra sa valeur maximale projetée (autorisée dans le cas d’une vidange
dans un réseau superficiel, estimée dans le cas d’une infiltration) qu’à partir d’un niveau
minimal de remplissage, voir dans le cas d’un simple orifice ou d’une canalisation de
diamètre limité, que lorsque le bassin sera plein…Dans de tels cas, la prise en compte
240
L’appellation « débit de vidange » peut aussi être employée.
241
Des coefficients de Montana représentatifs de pluies longues (6h à 24h, 3h à 48h…) sont aujourd’hui disponibles
pour de nombreuses villes en France. Il est fondamental de ne pas utiliser des coefficients de Montana calés sur les
pluies de 6mn à 2h et de les extrapoler à des pluies de longue durée, ce qui conduit alors à des volumes d’ouvrages
généralement 2 à 3 fois plus élevés qu’avec des coefficients adaptés (erreur hélas fort répandue…). On notera aussi
que les intensités obtenues pour les pluies de durée supérieure à 1h avec la plupart des coefficients de Montana calés
sur les pluies de 6mn à 2h aboutissent souvent à des intensités supérieures à très supérieures aux observations.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 123 Collecte EU / EP
d’une loi de débit adaptée à la nature de la régulation projetée en sortie de l’ouvrage est
nécessaire.
- Prise en compte de conditions aval pénalisantes. On veillera à ce que les conditions
d’écoulement à l’aval du bassin n’induisent pas d’influence aval défavorable, c'est-à-dire
une mise en charge du réseau superficiel dans lequel la vidange a lieu, ce qui réduirait
le débit de vidange projeté…
242
Les articles 5 et 9 de l’arrêté du 22 juin 2007 indiquent que « les vidanges des bassins d’orage doivent être
réalisables en 24 heures maximum ».
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 124 Collecte EU / EP
• Ca : coefficient d’apport du bassin versant, tel que Ca = Vr / Vp qui est le
rapport entre le volume ruisselé Vr et le volume précipité Vp pendant
l’évènement243.
- Les volumes d’eau vidangés Vs (t,T), sont supposés l’être simultanément au
remplissage, et pendant cette même durée « t ». Le débit de vidange, appelé aussi
« débit de fuite » Qf, est une donnée et est considérée être constant dans le temps.
On a donc :
Vs = Qf . t
Rappel : La superficie du bassin (de stockage ou d’infiltration) est à intégrer dans la surface
active Sa rattachée au bassin !!!
La valeur du volume de stockage « V » que devra offrir le bassin d’écrêtement est alors
représenté par l’écart le plus grand entre Ve et Vs, obtenu pour une pluie de durée t0.
La résolution du problème posé peut être effectuée mathématiquement ou graphiquement :
Résolution mathématique
La résolution mathématique des équations ci-dessus présentées, aboutit à :
- t0 = [60.Qf / (10 A.Ca.a.(1+b))]1/b
- V = [10 . A . Ca . a . t0(1+b) ] – [60.Qf. t0]
243
Il va de soi qu’il est particulièrement difficile de cerner précisément la valeur de C a, « coefficient de ruissellement
moyen » pendant l’évènement considéré, notamment pour des pluies peu ou moyennement intenses, des pluies
brèves, et/ou des bassins versants peu ou moyennement imperméabilisés. Dans ces conditions citées, l’historique de
la pluviométrie peut fortement influencer la valeur du coefficient d’apport…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 125 Collecte EU / EP
Résolutions graphiques
a) Représentation de « Ve » et « Vs » en fonction de « t », ainsi que de la
différence « (Ve - Vs) » qui représente pour chacun des évènements
de durée « t », le volume de stockage dont il aurait fallu disposer, et
dont la valeur maximale représente le volume qui permettra de faire
face à tous les évènements quelle que soit leur durée, valeur
recherchée.
Exemple : La figure ci-dessous est établie pour un bassin versant
situé dans une localité244 de la en zone I, avec A = 40 ha et Ca = 50%,
et à l’aval duquel un débit de fuite maximal Qf de 115 l/s est imposé.
12 000
Volumes (m3)
8 000
Qf = 115 l/s
6 000
4 900
4 000
2 000
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24
3,5 Durée de la pluie (heures)
244
Pour T = 10 ans : a = 9,482 et b = -0,774
245
Attention : Cette courbe He(t) est une courbe dite « enveloppe » : elle ne représente pas l’évolution de la hauteur
précipitée lors d’un évènement donné, mais les hauteurs maximales de précipitations que l’on peut observer pour des
pluies de même période de retour « T » et de durée variable « t ».
246
En général, les débits de fuite imposés « qf » sont exprimés en l/s/ha de bassin versant. Dans le présent
raisonnement, le débit « qfa » représente le débit de fuite par hectare de surface active, soit qfa = qf / Ca.
Dans l’exemple présenté, on a donc :
- Qf = 115 l/s,
- qf = 115 / 40 = 2,9 l/s/ha,
- et qfa = 115 / 40 / 50% = 5,75 l/s/ha act.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 126 Collecte EU / EP
60
Hauteurs (mm)
He(t) Hs(t) He(t) - Hs(t)
50
40
10
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24
3,5 Durée de la pluie (heures)
Les hypothèses simplifiées sur lesquelles s’appuie le raisonnement suivi dans la « méthode des
pluies » limitent son domaine de validité, en particulier aux conditions suivantes :
- Débit de fuite de valeur à peu près constante dans le temps,
- Débit de fuite de valeur faible conduisant à une durée de pluie à l’origine du volume retenu,
suffisamment longue au regard du temps de concentration du bassin,
- Utilisation de coefficients de Montana valables pour des pluies de longues durées (au moins
24 heures si les débits de fuites sont faibles). Les « coefficients de Colin et Bedel » valables
pour des précipitations de durée comprise entre 1 heure et 48 heures et précisés dans
l’Instruction Technique pour chacune des trois régions pour différentes périodes de retour,
sont généralement plutôt sécuritaires par rapport à la pluviométrie des sites pour lesquels
on les utilise. Contrairement à ce qui dit de plus en plus fréquemment, comme ceux de
Montana utilisés avec la méthode de Caquot, ils demeurent tout à fait représentatifs des
pluviométries actuelles bien qu’ils découlent de l’exploitation de chroniques antérieures à
1977.
- Estimation suffisamment fiable247 du coefficient d’apport Ca…,
- Stockage dans le système de collecte limité248,
- Le bassin d’écrêtement est vide au moment où survient la pluie…
Cette méthode utilisée sur des bassins versants de quelques hectares à quelques dizaines
d’hectares, donne des estimations de volumes généralement plutôt sécuritaires.
L’hypothèse selon laquelle le bassin d’écrêtement est vide au moment où survient la pluie ne
correspond hélas pas toujours à la réalité… La « méthode des volumes », ci-après exposée,
vise à mieux prendre en compte cet aléa.
247
Son estimation est d’autant plus difficile que l’imperméabilisation du bassin versant est faible…
248
Avec évidemment aucun ouvrage de stockage déjà présent sur le bassin versant…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 127 Collecte EU / EP
que de forts cumuls de précipitations puissent survenir de façon rapprochée dans le temps
(question posée : le bassin a-t-il eu le temps de se vider, quand arrive une nouvelle
précipitation occasionnant son remplissage ?).
Pour chaque épisode, l’écart entre les hauteurs précipitées cumulées (en bleu sur illustration ci-
dessous) et la hauteur vidangée cumulée (en rose sur illustration ci-dessous) est quantifié
(segments verticaux en rouge sur illustration ci-dessous). La hauteur vidangée cumulée est
représentée par des droites dont la pente est égale à :
if (mm/h) = 0,36 / Ca . qf (l/s/ha)
400
Illustrationde
Illustration delala"méthode
"Méthodedes
desPluies"
Volumes"
350
200
150
100
50
0
0-janv. 5-janv. 10-janv. 15-janv. 20-janv. 25-janv. 30-janv. 4-févr. 9-févr. 14-févr. 19-févr. 24-févr. 29-févr.
La mise en œuvre de cette méthode nécessite de d’abord disposer, pour un lieu proche de
celui du site du projet étudié, de l'enregistrement de longues séries pluviométriques (d’autant
plus longues que la période de retour des évènements contre lesquels on souhaite se protéger
est importante…), à un pas de temps suffisamment fin (horaire ou bien à pas de temps variable
dans le cas des enregistrements automatiques couramment réalisés aujourd’hui). Cette
méthode est donc assez difficile à mettre en œuvre. Elle présente cependant l'avantage de voir
ses résultats pour les trois zones climatiques définies dans l'Instruction technique de 1977, être
présentés de façon simplifiée dans l’abaque ci-après reproduit249 , même si le faible nombre de
séries de données de durée suffisante qui en est à l’origine limite leur validité.
Comme la méthode des pluies, la méthode des volumes n’est applicable que pour des bassins
versants de taille modeste. La méthode des volumes conduit à des valeurs de stockage
249
Attention cependant, pour une application concernant des évènements de longue période de retour, car certaines
des séries analysées demeuraient assez courtes….
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 128 Collecte EU / EP
proches (généralement plutôt légèrement supérieures250) de celles résultant de l’emploi de la
méthode des pluies.
Comme pour la méthode des pluies, certaines des hypothèses simplifiées sur lesquelles
s’appuie le raisonnement suivi dans la « méthode des volumes » limitent pareillement son
domaine de validité :
- Débit de fuite de valeur constante dans le temps,
- Coefficient d’apport Ca constant dans le temps et difficile à estimer…
Rappel : La superficie du bassin d’infiltration est à intégrer dans la surface active Sa rattachée
au bassin !!!
Attention ! : L’abaque de l’Instruction Technique de 1977 basé sur cette méthode présente en
abscisse des débits de vidange (ou « de fuite ») exprimés en mm/h, ce qui correspond à une
intensité « if ». L’unité la plus couramment employée étant le l/s/ha (qf étant généralement la
contrainte imposée par les règlements d’assainissement ou les services de Police des Eaux),
voire le l/s/haact. si le débit de fuite est rapporté non pas à la surface du bassin versant, mais à
sa surface active (« qfa »), les erreurs de conversion sont fréquentes…
Pour rappel :
qfa (l/s/haact.) = qf (l/s/ha) / Ca.
avec Ca = coefficient d’apport du bassin versant,
et
if (mm/h) = 0,36 . qfa (l/s/haact.)
ou
qfa (l/s/haact.) = 2,78 . if (mm/h)
On remarquera que cet abaque n’est aujourd’hui quelquefois plus utilisable, vu la faiblesse des
débits de vidange de plus en souvent autorisés251, car l’abaque ne débute que pour une valeur
de 0,5 mm/h, ce qui correspond à 1,4 l/s/haact. …
250
Supérieures si on compare ses résultats à ceux qui seraient obtenus par la méthode des pluies avec des coefficients
de Montana représentatifs de la même période que celle des échantillons de pluies utilisés pour bâtir les abaques de
la méthode des volumes. Si on la compare à des résultats obtenus par la méthode des pluies avec des coefficients de
Montana représentatifs de périodes beaucoup plus longues, il est fréquent que les volumes issus de cette dernière
soient plus élevés que ceux issus de l’abaque de la méthode des volumes.
251
Cf. § II.1.2.1.1.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 129 Collecte EU / EP
Abaque de dimensionnement des bassins d’écrêtement par la « méthode des volumes » (INT 77 284)
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 130 Collecte EU / EP
IV.2.3. Méthode des débits
Il s'agit d'une méthode pouvant être utilisée dès que l'on connaît, ou que l'on peut approcher,
pour l’ouvrage étudié (à dimensionner ou à vérifier), les 2 courbes caractéristiques des
hydrogrammes affluents et de vidange.
L’hydrogramme ou les hydrogrammes affluents peuvent être obtenus grâce à l’utilisation de
modèles simulant la pluviométrie, le ruissellement et la propagation des débits sur le bassin
versant situé à l’amont du bassin d’écrêtement projeté. De nombreux bureaux d’études
spécialisés disposent aujourd'hui d'outils de calculs en ce sens.
L’hydrogramme de vidange est plus facile à simuler, puisqu’il peut découler :
- d’une courbe « hauteur de remplissage – volume stocké » de l’ouvrage projeté ou testé,
- d’une courbe liant le débit de vidange à la hauteur de remplissage du bassin252.
Le volume stocké découlera de l’écart obtenu, en fonction du temps, entre les volumes entrés
dans le bassin, et ceux dans un même temps vidangés…
Il ne s’agit donc pas d’ « une » méthode, mais de tout un ensemble de méthodes…
252
Attention en cas d’influence aval due à une possible mise en charge des réseaux récepteurs…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 131 Collecte EU / EP
Il est à remarquer que la faiblesse des débits de fuite aujourd’hui imposés contribue à
rehausser la validité des résultats obtenus avec la méthode des pluies, car une connaissance
précise de l’hydrogramme affluant devient inutile, la valeur du débit de fuite leur étant bien
inférieure à tout moment durant l’évènement…
Dans tous les cas, une bonne connaissance du site et de son contexte pluviométrique sont
indispensables, et ne peuvent être compensés par des méthodes de calcul sophistiquées et
souvent peu transparentes…
253
Le terme « régulateur » semble préférentiellement employé pour les équipements qui assurent un débit (à peu
près) constant en sortie de bassin, et dont la valeur ne croît pas avec la hauteur stockée dans le bassin (cf. loi
d’orifice en annexe). Dès les premiers décimètres stockés, la vidange a donc lieu au débit maximal autorisé. Leur
principe réside dans une obstruction progressive croissante de l’orifice au fur et à mesure que le niveau d’eau
augmente dans le bassin. Le terme « limiteur » semble plutôt s’appliquer aux orifices et équipements de type
« vortex »…
254
En deçà de 5 l/s…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 132 Collecte EU / EP
IV.4. Dimensionnement des bassins d’infiltration
Le dimensionnement des bassins d’infiltration, c'est-à-dire l’estimation des grandeurs « Surface
– Hauteur », et donc du volume, repose sur les hypothèses relatives aux débits d’effluents
admis et vidangés/infiltrés. Les hypothèses se rapportant aux débits admis sont semblables à
celles formulées pour les ouvrages d’écrêtement de débits vues précédemment, voire en
découlant si un bassin de stockage-décantation précède le bassin d’infiltration (Cf. §II.3.1.7.).
Pour les débits vidangés/infiltrés « Qinf. », ces derniers sont estimés grâce à une relation
généralement de la forme :
Qinf. = S . qab.
avec :
Qinf. : Débit infiltré dans le bassin (en m3/s),
S : Surface à travers laquelle l’infiltration est projetée (en m2),
qab. : Capacité d’absorption ou d’infiltration du sol (en m/s).
Cette dernière grandeur, « qab. », est représentative de la vitesse d’infiltration, c'est-à-dire la
vitesse à laquelle l’effluent s’écoulera sous le bassin construit. Elle est différente de la
perméabilité du sol « K », vitesse de filtration en milieu saturé pour un gradient hydraulique de
1 m estimée selon la Loi de Darcy255, caractéristique du matériau en place. En effet, pour tenir
compte des conditions d’écoulement et du degré de colmatage de l’horizon filtrant, il est
recommandé de minorer la perméabilité qui sera déterminée à partir des essais réalisés sur le
site préalablement au projet.
On a donc :
qab. = . K
255
Q = K.S.dH/L, dH étant la perte de charge générée par un débit Q percolant à travers un milieu granulaire saturé,
de perméabilité K, de section S et sur une longueur L.
256
- 0,5 à 0,3 en Suède (p262, « Techniques Alternatives en assainissement pluvial », S. Barraud, Y. Azzout, F. N.
Crès, E. Alfakih, Editions Tec & Doc, Lavoisier, 1994).
- 0,5 à 0,3 aux USA et en Suède (« Guide technique – Recommandations pour la faisabilité, la conception et la
gestion des ouvrages d’infiltration des eaux pluviales en milieu urbain », Programme MGD infiltration du
RCGU, document élaboré sous la coordination de S. Barraud et Y. Perrodin, janvier 2006).
- 0,5 si K mesuré in situ, 0,3 si K estimé, aux Pays-Bas,
- 0,5 en Allemagne en non saturé,
- 0,2 dans la Communauté Urbaine de Bordeaux (« Les solutions compensatoires d’assainissement pluvial /
Guide de conception-réalisation à l’usage des professionnels », juin2014).
On perçoit que la capacité d’absorption ou d’infiltration des sols va fortement influer sur la
surface d’infiltration qui sera une des caractéristiques majeures du bassin. Cette variable allant
découler de perméabilité « K » du sol en place, des valeurs trop faibles de celle-ci vont
rapidement rendre très difficile l’implantation de tels bassins, vu les surfaces dont il faudrait
disposer. Cette problématique est abordée ci-après au § IV.6.1.2.
Rappel : La superficie du bassin d’infiltration est à intégrer dans la surface active rattachée au
bassin !!!
257
Il serait préférable de plutôt utiliser l’expression de « maîtrise des eaux pluviales » plutôt que celle de « gestion
des eaux pluviales ». Si la problématique « eaux pluviales » dépasse aujourd’hui les limites étroites des domaines de
l’ingénierie et de la technique, ce qui est évidemment une grande avancée, il n’y a pas de bonne maîtrise des eaux
pluviales qui ne repose pas sur une faisabilité technique avérée. A une époque où on « gère » une entreprise, un
budget, le personnel…, il serait bon qu’on ne « gère » pas les eaux pluviales…
258
Cf. article 640 du Code Civil. Ce serait même en contradiction avec ce texte.
259
Soit une précipitation exceptionnelle par son intensité, soit par la succession d’une période de saturation des sols
(pluviométrie significative durant plusieurs semaines à plusieurs mois…) et d’un évènement seulement
« significatif » (précipitation de période de retour de 2 à quelques mois).
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 134 Collecte EU / EP
et à la compléter par une évacuation pour les pluies rares à exceptionnelles260. La capacité de
cette évacuation devrait d’ailleurs croître parallèlement avec la période de retour de la
précipitation261…
260
On remarquera d’ailleurs que les limitations de débit dont le rejet dans les réseaux superficiels est autorisé ne sont
généralement assorties que d’une période de retour T = 10 ans. Et que fait-on, ou prescrit-on pour des pluies de
période de retour supérieure ? C’est pourtant bien pour ces dernières que les enjeux les plus importants se posent, et
non pas pour la petite pluie « de tous les jours » !
261
Ce qui peut être approché par les ouvrages de vidange constitués d’orifices étagés, ceux les plus bas offrant une
faible capacité d’évacuation, ceux les plus haut une capacité de plus en plus élevée…
262
Ne pas oublier que le paramètre « capacité du sol à l’infiltration » utilisé dans le calcul des ouvrages d’infiltration
résulte du produit de la perméabilité mesurée par un coefficient de sécurité dont la valeur conseillée va de 0,5 à 0,1
(cf. § précédent).
263
Et non pas « évacuer dans le sous-sol »… Toute solution qui ne conduit pas à d’abord dépolluer efficacement les
eaux pluviales est à proscrire.
264
On ne trouve pas dans la littérature actuellement disponible d’étude démontrant que le niveau d’une nappe a
baissé à cause de l’imperméabilisation engendrée par l’urbanisation. Il convient aussi de ne pas oublier que d’une
part, il n’y a pas de nappes sous une partie importante du territoire français, et d’autre part, que lorsque des nappes
existent sous une zone urbanisée, leur surface d’alimentation excède souvent celle de cette zone…
265
Cf. chapitre précédent.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 135 Collecte EU / EP
La durée maximale de vidange « tv » du bassin de stockage à travers le fond duquel aurait lieu
l’infiltration a été prise à 2 jours, une fois la précipitation terminée (précipitation d’une durée
« t » de 24 heures).
Il est considéré que l’eau précipitée sur l’ouvrage d’infiltration doit aussi s’y infiltrer266.
160%
140%
120%
100%
80%
60%
40%
20%
0%
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8 1,9 2
On observe que pour une perméabilité de 0,65.10-6 m/s (ou 6,5.10-7 m/s), il faut disposer d’une
emprise dédiée à l’infiltration égale à la surface imperméabilisée pour maîtriser une pluie de
période de retour T = 10 ans. Pour une perméabilité de 10-6 m/s, il faut disposer d’une emprise
d’infiltration égale à quasiment 0,5 fois la surface imperméabilisée.
Si l’on ne vise que la maîtrise de précipitations de période de retour comprises entre T = 2 mois
et T = 1 an, on observe que même à partir de perméabilités de 0,3 à 0,5.10-6 m/s, les surfaces
requises deviennent très importantes.
Dans la plupart des régions françaises, généralement affectées par une pluviométrie plus
pénalisante que celle de Rennes, les limites déterminées pour la perméabilité minimale requise
pour procéder à de l’infiltration, seront donc plus élevées. Exemple, ci-dessous, Montpellier,
avec les mêmes hypothèses, sauf pour le temps de vidange qui a été porté à 72 heures.
266
Hypothèse souvent oubliée dans les calculs de dimensionnement !...
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 136 Collecte EU / EP
Emprise d'infiltration requise par rapport à la surface imperméabilisée
drainée, pour différentes capacités d'infiltration du sol
Sinf horiz / Simp
300%
280% Sinf horiz / Simp (T = 10 ans)
220%
200%
180%
160%
140%
120%
100%
80%
60%
40%
20%
0%
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8 1,9 2
La même approche pour des précipitations de période de retour plus élevée aboutit à la figure
ci-dessous
105%
90%
75%
60%
45%
30%
15%
0%
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
Un sol caractérisé par une perméabilité de 10-6 m/s dans le sud de la France requerra donc des
surfaces d’infiltration très étendues…
Les valeurs limites de perméabilité avancées par de nombreux acteurs et collectivités 267 en
France sont donc effectivement fondées.
267
Cf. précédemment introduction du § IV.1.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 138 Collecte EU / EP
IV.5.2. La faisabilité technique de la limitation des débits rejetés : un autre contrainte
forte
On a vu précédemment que lorsque les eaux de ruissellement peuvent être rejetées dans un
réseau superficiel (cours d’eau, fossé ou collecteur d’eaux pluviales), les limitations aujourd’hui
imposées par les différentes législations ou réglementations en vigueur sont fréquemment de
l’ordre de 1 à 3 l/s/ha.
Si de tels critères viennent à être appliqués à des parcelles individuelles (quelques centaines
de m2 jusqu’à 1000 à 2000 m2 au maximum en ville…), la valeur du débit autorisé à être rejeté
sera de l’ordre de quelques dixièmes de l/s…Les limiteurs de débit actuellement sur le marché
ne descendent qu’à une valeur théorique de 1 l/s (« vortex »). Un limiteur existe qui affiche une
valeur théorique de 0,42 l/s pour une charge amont réduite à 0,25 m. Il n’y donc pas au niveau
de la parcelle individuelle de solution technique disponible.
En termes de maintenance des dispositifs implantés chez les particuliers, le problème d’une
maintenance effective et efficace de leur part est posé par de nombreux services techniques de
collectivités. La nécessité d’un contrôle des dispositifs individuels est une condition sine qua
non de leur fonctionnement pérenne.
Face à ces difficultés, certaines collectivités et certaines MISE imposent un diamètre minimal
aux orifices destinés à limiter le débit : Souvent 100 mm. Un tel diamètre, soumis à une charge
hydraulique de seulement 45 cm au-dessus de la génératrice supérieure de l’orifice, conduit à
un débit de l’ordre de 15 l/s…
D’autres collectivités tolèrent qu’en deçà d’une certaine surface parcellaire (600 m2, 1000 m2…),
aucune limitation ne soit mise en place. Comme les parcelles de cette étendue représentent la
majorité des terrains dans de nombreux quartiers, la question de savoir à quelle échelle doit
s’effectuer une réelle maîtrise réelle des eaux pluviales se pose.
On rappellera enfin qu’un fonctionnement correct des régulateurs de débit268, c’est à dire à leur
valeur nominale de débit dès qu’ils sont en charge, est conditionné à un écoulement à leur aval
qui s’effectue à surface libre. Il faut donc vérifier lors de la conception des ouvrages de
stockage que la configuration du site offre un exutoire (fossé, réseau, cours d’eau..) qui lors
d‘un fort évènement pluviométrique, ne mettra pas en charge l’orifice de sortie du limiteur ou
régulateur envisagé…
Il en est de même avec les limiteurs de débit (orifices…) si on souhaite que la vidange se fasse
suivant une loi d’orifice Q = f(h) telle qu’imaginée lors du dimensionnement de l’ouvrage. Si il y
a mise en charge de l’exutoire, le « h » de la loi d’orifice sera beaucoup plus faible que celui
initialement imaginé (il sera approximativement égal à la différence qu’il y a entre le niveau qui
prévaut dans le bassin et celui qui prévaut dans le fossé ou la canalisation servant d’exutoire à
l’ouvrage).
268
Le terme « régulateur » semble préférentiellement employé pour les équipements qui assurent un débit à peu près
constant en sortie de bassin (débit nominal du régulateur), et dont la valeur ne croît pas avec la hauteur stockée dans
le bassin (contrairement aux orifices, cf. loi d’orifice en annexe). Dès les premiers décimètres stockés, la vidange a
donc lieu au débit maximal autorisé. Leur principe réside dans une obstruction progressive croissante de l’orifice au
fur et à mesure que le niveau d’eau augmente dans le bassin. Le terme « limiteur » semble plutôt s’appliquer aux
orifices et équipements de type « vortex »…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 139 Collecte EU / EP
IV.5.3. Le rôle de la collectivité : primordial
La mode est à une « décollectivisation » de l’hydraulique urbaine. Dans beaucoup de pays, le
XXème siècle a vu l’hygiène et l’état des cours d’eau commencer à s’améliorer, malgré une
démographie urbaine galopante. Les pays qui ont mis en œuvre, notamment en milieu urbain,
un approvisionnement en eau de leurs populations et un assainissement de leurs eaux usées
et pluviales ont atteint aujourd’hui, grâce notamment à une organisation collective et de lourds
investissements, une qualité environnementale que beaucoup de villes du tiers monde leurs
envient. Dans le domaine des eaux pluviales cependant, les limites d’un modèle qui consiste à
évacuer vite et loin apparaissent d’autant plus criantes que la taille des collectivités croît. Mais
une réponse individuelle, « à la parcelle », est-elle la solution ? Des connaissances, des savoir-
faire, une vision cohérente des actions à entreprendre, des moyens d’interventions importants
sont nécessaires.
Nous sommes actuellement très loin de répondre à ces nécessités, mais la mode est à la
dissémination des responsabilités et des actions.
La récupération individuelle des eaux pluviales est encouragée, voire quelquefois
subventionnée, alors que son impact sur les ressources en eau dans un contexte de
sécheresse demeure à démontrer. Elle contribue à renforcer le coût de l’eau potable pour les
personnes dont la configuration de l’habitat rend impossible la récupération des eaux pluviales.
En effet, les infrastructures dont le coût constitue la part la plus importante du prix de l’eau,
continuent à être conçues pour approvisionner totalement mais de façon épisodique ceux qui
consomment peu grâce à la récupération des eaux pluviales.
Le sujet de la récupération des « eaux grises », pourtant si difficiles et si coûteuses à traiter si
on veut vraiment atteindre une qualité leur permettant un large éventail de possibilité de
réemploi, a le vent en poupe, sur la base d’installations individuelles. La pérennité du bon
fonctionnement de telles installations et l’intérêt pour l’environnement de telles pratiques restent
pourtant largement à prouver.
On a vu précédemment que dans le domaine des eaux de ruissellement, les collectivités
étaient de plus en plus tentées par se délester de cette problématique et par ainsi la confier à
chaque administré, malgré des difficultés évidentes liées à la faisabilité technique des solutions
entrevues.
Les deux premiers thèmes cités ne font pas l’objet de la présente note. Mais, même si on
restreint la réflexion au dernier, certaines évidences apparaissent.
Une maintenance effective des ouvrages assurée par la collectivité en garantira un
fonctionnement pérenne.
Celle-ci est aussi en mesure d’assurer l’indispensable suivi visant à connaître les performances
des systèmes mis en place.
En termes d’investissement, la mutualisation des infrastructures est globalement moins
coûteuse que la somme des dépenses qu’auraient à effectuer chacun des foyers.
L’intégration de l’eau pluviale dans la Ville, en particulier au niveau des espaces verts, en
constitue une valorisation.
Il y a donc, entre d’une part un « tout-tuyau » à bout de souffle, et d’autre part, la tendance d’un
assainissement « à la parcelle » irresponsable et probablement dommageable à long terme
dans beaucoup de cas, un juste milieu. Une stratégie « semi-groupée » implantée en domaine
public, planifiée269 et sous contrôle de la collectivité, répond probablement dans beaucoup de
contextes, à cette orientation.
269
Dans le cadre de plans de zonage eaux pluviales, avec des volets quantitatifs et qualitatifs, établis à la bonne
échelle (le bassin-versant hydrographique).
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 140 Collecte EU / EP
IV.6. Techniques alternatives et dépollution des eaux pluviales
On a vu que les techniques alternatives précédemment examinées sous un angle quantitatif
s’appuyaient essentiellement sur deux principes qui tendent à minimiser les impacts négatifs
des écoulements superficiels :
- le stockage, qui permet d’atténuer les débits générés par la pluie, mais ne réduit pas les
volumes ruisselés appelés à être rejetés au milieu récepteur superficiel, et notamment
les cours d’eau,
- l’infiltration, qui minimise les écoulements superficiels, et réduit les volumes appelés à
être rejetés au milieu récepteur superficiel.
Ces deux fonctions ont aussi un impact fort sur la pollution particulaire contenue dans les eaux
de ruissellement :
- le stockage va favoriser la décantation des particules, grâce à la perte d’énergie
cinétique qu’elles vont subir (tranquillisation des écoulements),
- l’infiltration va permettre une filtration des effluents, et donc la rétention de particules
plus ou moins fines selon la nature des sols (ou des matériaux utilisés dans les
ouvrages ayant pour objet de la favoriser).
Nous avons vu que la pollution des eaux pluviales était liée, pour beaucoup de paramètres, aux
matières en suspension qu’elles véhiculaient. L’interception de ces matières en suspension, par
décantation ou filtration, va donc permettre une dépollution des eaux de ruissellement souvent
très efficace.
Cependant, la rétention des particules par ces procédés (décantation ou filtration) conduit à
leur accumulation, laquelle peut déboucher sur le comblement de l’ouvrage de stockage auquel
une fonction de décantation aura été assignée, ou au colmatage des couches filtrantes.
IV.6.1.1. Décantation
IV.6.1.1.1. Principe
Les ouvrages de décantation mis en œuvre pour dépolluer les eaux de ruissellement sont
généralement « à flux horizontal ». De façon schématique, on peut les représenter comme
suit :
L
S l
Q VL
h
Vh
avec :
- Q : débit traversier,
- S : surface utile de l’ouvrage270, avec S = L x l,
- L : Longueur de l’ouvrage parcourue par les effluents,
- l : Largeur de l’ouvrage,
- h : hauteur de la zone affectée à la décantation271,
- VL : vitesse longitudinale des effluents,
- Vh : vitesse de chute (ou vitesse de décantation) d’une particule considérée.
Cette particule sera piégée dans le décanteur si elle se dépose avant d’avoir atteint la sortie de
l’ouvrage, c'est-à-dire si son temps de chute tchute est inférieur au temps de traversée tséjour de
l’ouvrage par l’effluent. Cette condition peut s’écrire :
tchute < tséjour
ou encore : h / Vh < L / VL
ce qui donne : h . VL / L < Vh
soit encore : h . Q / h / l / L < Vh
et enfin : Q / S < Vh
Toutes les particules qui sont caractérisées par une vitesse de chute supérieure à Vh seront
donc théoriquement retenues par un ouvrage de surface S lorsqu’il est traversé par un débit Q
(« débit traversier »). La principale grandeur caractéristique d’un ouvrage de décantation est
270
Hors zone d’admission et de répartition des effluents, et hors zone de collecte (« goulottes »).
271
Zone de dépôt des particules interceptées non incluse…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 142 Collecte EU / EP
donc d’abord sa surface (et non son volume272…). Le diamètre des particules interceptées par
un décanteur dimensionné sur la base d’une vitesse Vh donnée, est appelé « pouvoir de
coupure » de l’ouvrage.
Les travaux de recherche notamment menés dans les années1980-1990 concluaient à une très
bonne décantabilité des eaux de ruissellement, tout en soulignant qu’il convenait de viser des
pouvoirs de coupure suffisamment bas pour que la rétention des polluants associés aux MES
soit performante, ces polluants étant essentiellement liés aux MES les plus fines (diamètre < 50
m). Une synthèse des études publiées dans les années 1990-1995275 aboutissait, pour des
eaux strictement pluviales, à des performances possibles en termes de décantation voisines de
celles présentées au tableau suivant276 :
272
Pourtant, combien de descriptifs de décanteurs citent-ils le volume de l’ouvrage, sans en spécifier la surface…
Bien sûr, le volume, et/ou la profondeur, et/ou le temps de séjour, sont aussi une caractéristique de l’ouvrage, comme
on peut le comprendre dans le schéma ci-dessus présenté…
273
Ce qui n’est pas le cas dans les ouvrages où la décantation est accélérée grâce au recours à des réactifs assurant
une coagulation floculation des matières en suspension…
274
« Protocole VICAS : Mesure de la vitesse de chute des MES dans les effluents urbains », Gh. Chebbo, M.C.
Gromaire, E. Lucas, TSM n°12, p39-49, décembre 2003.
275
Cf. notamment « Caractérisation des solides en suspension dans les rejets pluviaux urbains », Gh. Chebbo, A.
Bachoc, Effluents urbains par temps de pluie : Pollutions et nuisances, actes des 3èmes journées du DEA sciences et
techniques de l’environnement organisées les 14-15 mai 1992 à Paris, p45-57, Ed. des presses de l’ENPC, 1993.
276
Attention : Il convient d’être extrêmement prudent quant à la possibilité de réellement parvenir de façon fiable à
des abattements égaux ou supérieurs 80%...
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 143 Collecte EU / EP
Eaux strictement pluviales
VDécantation AbattementMES
(m/h) (%)
7,2 -50%
3,6 -60%
1,7 -70%
0,8 -80%
0,3 (-90% ?)
Pour les effluents véhiculés par les réseaux unitaires en temps de pluie, les vitesses de
décantation des particules les plus fines étaient plus faibles que celles observées pour les eaux
strictement pluviales.
Cependant, « les résultats les plus récents conduisent de plus en plus à tempérer quelque peu
le postulat de forte décantabilité des eaux pluviales en vogue depuis les années 1990 277 ».
Ainsi, les résultats des campagnes de mesures effectuées dans le quartier du Marais dans le
cadre de recherches menées par le CEREVE278 ont montré que les vitesses de décantation ci-
dessus citées étaient quelquefois très surestimées. Si les ordres de grandeur ci-dessus
présentés peuvent être utilisés au niveau d’études de faisabilité, il convient lors des études
d’avant-projet d’approfondir l’élaboration des critères qui serviront à concevoir et dimensionner
les ouvrages de décantation des eaux pluviales, en recourant à des mesures de vitesses de
chute des particules du réseau considéré279, et en s’appliquant à bien concevoir les ouvrages
d’un point de vue hydraulique et en termes d’exploitation.
277
« Vitesse de sédimentation des polluants particulaires des effluents unitaires de temps de pluie », Gh. Chebbo,
M.C. Gromaire, M. Kafi-Benyahia, J. Gasperi, M. Saad, R. Moilleron, TSM n°11, p51-62, décembre 2006.
278
50% des particules y ont été caractérisées avec une vitesse de chute inférieure à 1 m/h et 70% avec une vitesse de
chute inférieure à 3,6 m/h … Thèse de M.C. Gromaire, déc. 1998, CEREVE, Ecole Nationale des Ponts et
Chaussées, cité Descartes, 6-8 av. Blaise Pascal, 77 455 Marne la Vallée.
279
Cf. protocole VICAS développé par le CEREVE.
280
La profondeur des ouvrages de stockage étant généralement limitée par le souci de pouvoir en garantir une
vidange gravitaire, les bassins d’écrêtement présentent souvent de grandes superficies.
281
Cependant, vu la faiblesse des débits de fuite de plus en souvent imposés, c’est la fonction écrêtement qui est à
l’origine des superficies considérables qu’il faut allouer à la maîtrise des rejets d’eaux pluviales… (cf.
précédemment § II.1.2.1.1.).
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 144 Collecte EU / EP
un débit constant. Cela est plus ou moins le cas dans le domaine de l’épuration des eaux usées,
mais pas en traitement des eaux pluviales.
La partie du bassin dans laquelle doit avoir lieu la décantation est alors généralement
dimensionnée à partir de la notion de « débit traversier », pris égal au débit de fuite du bassin,
cette partie de l’ouvrage devant être conçue pour offrir des conditions propices à la décantation.
Une autre partie du bassin doit permettre une tranquillisation et une bonne répartition des eaux
amenées, notamment en cas de forts débits.
La partie consacrée à la décantation ayant pour vocation d’accumuler la pollution particulaire
s’y déposant, l’extraction des dépôts devra être prévue (notamment en termes d’accessibilité et
de pompage ou curage).
Face à ces critères de conception difficiles à décrire et à quantifier de façon précise, les
ouvrages « extensifs » et « en eau282 » s’avèrent souvent à la fois plus satisfaisants en termes
de performances et facilité d’exploitation.
Les ouvrages de décantation intensive ont pour objet de minimiser le volume alloué à
l’écrêtement quand le débit de fuite autorisé présente des valeurs élevées283. Leur surface est
donc directement liée au débit à traiter et aux performances de décantation visées (vitesse de
chute et/ou « pouvoir de coupure »). A l’aval de grands bassins versants, une simple
décantation physique aboutissant cependant à des emprises d’ouvrages encore importantes,
quelques infrastructures de décantation physico-chimique au travers de structures lamellaires
ont été mises en place ces dernières années dans certaines localités. Les vitesses de chute
des particules sont accrues 284 grâce à l’emploi de réactifs de floculation 285 , d’où la moindre
emprise des ouvrages et/ou leurs meilleures performances en termes de pollution interceptée.
Ces technologies couramment utilisées dans le domaine de l’épuration des eaux usées
apparaissent donc comme une alternative intéressante aux techniques extensives. Cependant,
l’injection de réactifs qui doit être asservie aux débits à traiter et à leurs fluctuations rapides
dans le temps, la consommation en réactifs et en énergie, le devenir des boues produites en
d’autant plus grandes quantités que l’ouvrage est performant, la technologie mise en place
sans comparaison avec la rusticité de bassins extensifs, et qui requiert maintenance et
exploitation qualifiée, en limitent le recours et la généralisation, malgré le marché potentiel qu’y
voient les entreprises spécialisées dans le traitement des eaux.
On trouve aussi sur le marché, des équipements appelés « séparateurs particulaires » qui ont
vu le jour quand le fait que les séparateurs à hydrocarbures étaient tout à fait inadaptés au
traitement des eaux de ruissellement urbain286. Il s’agit d’ouvrages préfabriqués de décantation
à structure lamellaire qui permettent à débit et performances données, de minimiser d’un
facteur proche de 5, les surfaces de décantation requises pour les eaux de ruissellement.
Cependant, avec des surfaces de structure lamellaire de l’ordre de 5 m2 par m3/h à traiter287, on
aboutit rapidement à des ouvrages de grand volume. Aussi, les fournisseurs de ces appareils,
voire certains bureaux d’études, préconisent-ils un tel traitement jusqu’à seulement des débits
correspondant au 20% du débit décennal, soit un débit de période de retour égale à 2 mois. Il
faut alors indiquer que cette « règle » ne repose sur aucune préconisation de la législation
actuellement en vigueur. D’autre part, même si il n’y a pas de relation entre la période de retour
de retour d’un débit de pointe généré par un évènement pluviométrique et celle concernant
282
Des parties exceptionnellement en eau ou « zones d’expansion » peuvent permettre de diminuer les emprises de la
partie en eau dans laquelle aura lieu le marnage lors des évènements courants. Elles peuvent alors être aménagées de
façon paysagère ou comme terrains de sport…
283
D’au moins 5 à 10 l/s/ha…
284
Vitesses portées aux alentours de 100 m/h avec des abattements proches de 80% sur les MES (procédés
« Actiflo » (OTV) ou « Densadeg » (Degrémont) par exemple).
285
FeCl3 ou Sulfate d’alumine, + polymères.
286
Cf. précédemment § II.1.2.3.2.
287
Si l’on veut obtenir des performances comparables avec celles découlant d’une vitesse de chute de 1 m/h.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 145 Collecte EU / EP
l’occurrence de la charge de pollution émise par ce même évènement 288, il est clair qu’une
interception efficace des charges de pollution annuellement émises ne peut reposer sur une
stratégie consistant à faire l’impasse sur la dépollution des plus forts débits émis au cours
d’une année. Enfin, beaucoup de ces appareils ne sont pas conçus pour une exploitation et un
entretien régulier, notamment vis-à-vis des macro-déchets et des boues susceptibles d’y être
retenus, sans parler des moyens de suivi de leurs performances. Très peu de bilans ont été
dressés quant à leurs performances réelles, lors de campagnes suffisamment longues pour
que leurs résultats puissent être jugés représentatifs. Il convient d’être donc d’être
particulièrement prudent quant au choix de tels équipements.
288
Cf. « Méthodes de dimensionnement et ordres de grandeur des ouvrages de traitement des rejets urbains de temps
de pluie », J.L. Bertrand-Krajewski, Gh. Chebbo, TSM décembre 2003, 21 à 37.
289
Par P. Savary
290
« Dimensionnement des ouvrages de traitement des rejets urbains de temps de pluie », J.L. Bertrand-Krajewski,
A. El Jawhari et Gh. Chebbo. INSA Lyon / CEREVE / AESN, 2000.
291
Ibidem.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 146 Collecte EU / EP
Réseaux séparatifs EP : Interprétation des efficacités en matière d'interception des masses de
MES décrites par J.L. Bertrand-Krajewski, A. El Jawhari et Gh. Chebbo (1)
Les valeurs de ce tableau ne sont représentatives que du bassin-versant concerné par l’étude
citée. Cependant, elles ont le mérite de donner des ordres de grandeur très intéressants, au
moins pour des contextes pluviométriques peu éloignés de celui de la région parisienne.
292
Par P. Savary EC eau
293
« Dimensionnement des ouvrages de traitement des rejets urbains de temps de pluie », J.L. Bertrand-Krajewski,
A. El Jawhari et Gh. Chebbo. INSA Lyon / CEREVE / AESN, 2000.
294
Ibidem.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 147 Collecte EU / EP
Réseaux séparatifs EP : Interprétation des efficacités en matière de traitement au fil de l'eau
des masses de MES décrites par J.L. Bertrand-Krajewski, A. El Jawhari et Gh. Chebbo (1)
On notera enfin les forts abattements de pollution particulaire et des polluants qui y sont liés,
observés dans les structures réservoirs et illustrés ci-dessous :
Abattements observés
Structure réservoir avec enrobé Structure réservoir avec injection
drainant par avaloirs
DCO 65-75% 50%
MES 85-95% 75%
HC 70-85% 30-50%
Pb 80-85% 65-80%
Zn 60-70% 60-70%
"Suivi expérimental de chaussées à structure réservoir à Verneuil-sur-Seine", résumé de la note
présentée à NOVATECH en 2001.
A. Daligault, J. Ranchet (LROP), N. Aires, F. Nougarède (AESN), E. Lucas (LdE), M. Ciccione
(Espace Conseil), A. Damour (DDE78), G.Raimbault (LCPC), JP. Teillot (Safège)
Les abattements en DBO5 seraient un peu inférieurs à ceux obtenus avec la DCO : -50% à -
65%,
A noter aussi les très faibles valeurs des concentrations en hydrocarbures (< 0,25 mg/l) et en
plomb (< 3 g/l) dans les effluents recueillis à la sortie de structures réservoirs posées sous les
parkings du centre Leclerc de St-Médard en Jalles (J-D. Baladès, CETE Sud-Ouest, 1996).
La décantation, alliée au piégeage de la pollution par la végétation 295 , joue aussi un rôle
important dans les abattements de pollution qui sont observés296 dans les fossés enherbés297 à
faible pente (< 1%), notamment pour ceux destinés à écouler des débits relativement faibles
(amont des bassins-versants) :
- MES : 50 – 60%,
- DCO et DBO5 : 40 – 60%,
- Hydrocarbures totaux : 50 – 70%,
- Zinc : 60 – 70%,
- Plomb : 65 – 75%.
IV.6.1.2. Filtration
La filtration peut se réaliser par infiltration dans un sol naturel ou reconstitué, ou bien sur des
filtres conçus à cet effet. Dans les deux cas, ses limites et ses performances vont de pair : plus
la rétention des matières en suspension sera importante, plus le colmatage du dispositif sera
rapide, avec au final, un arrêt plus ou moins quasi-complet du phénomène. Il y a donc a priori
deux solutions :
- prévoir la possibilité de décolmater les filtres,
- filtrer des effluents peu chargés afin de réduire la fréquence des opérations de
décolmatage…
295
Ainsi que les phénomènes de dégradation bactérienne et de photo-oxydation (notamment pour les hydrocarbures).
296
Rendements sur flux annuels.
297
Fossés enherbés avec une végétation conduisant à un coefficient de Manning-Strickler de l’ordre de 10, ou fossés
trapézoïdaux en terre à fond plat et enherbé conduisant à un coefficient de Manning-Strickler inférieur à 30… (cf.
fiche SETRA n°2 de « l’eau et la route », volume 7, 1997).
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 150 Collecte EU / EP
Dans le premier cas, on tombe dans des procédés technologiques sophistiqués, avec une
alternance rapide de phases de filtration et de phases de lavage des filtres, auxquelles il faut
associer un traitement des eaux de lavage dans lesquelles les charges particulaires polluées
interceptées se retrouvent concentrées. Un aperçu des procédés mis en œuvre dans les
domaines du traitement des eaux destinées à la consommation ou de l’épuration par procédés
à cultures fixées témoigne des lourdes contraintes techniques et financières qui s’attachent à
de tels procédés « intensifs », aussi bien en termes d’infrastructures que d’exploitation.
La filtration des eaux de ruissellement se limite donc généralement aux procédés extensifs
d’infiltration, réservés à des eaux dont la concentration initiale en matières en suspension a été
préalablement fortement diminuée.
Cette filtration peut donc être réalisée :
- dans des bassins d’infiltration, précédés de bassins de stockage-décantation,
- dans des dispositifs comme les structures réservoirs.
Elle a aussi lieu dans les noues et au travers de bandes enherbées le long des voiries.
Elle peut aussi avoir lieu dans les ouvrages de « biofiltration par systèmes végétalisés »,
encore maladroitement298 souvent dénommés « ouvrages de phytoépuration ». Ces ouvrages
font l’objet d’un chapitre spécifique ci-après.
Les principes de conception des ouvrages d’infiltration ont été précédemment cités (cf. §
II.3.1.7. et § II.3.1.4.) et les façons d’atténuer significativement les risques liés à leur colmatage
rapide, décrits.
Le choix de ces techniques se heurte néanmoins généralement à de fortes réticences à cause
des risques de pollution des eaux souterraines qu’ils feraient courir. Si ces risques sont réels
dans certains cas (à cause du contexte hydrogéologique - zones fracturées, karsts… -, ou vis-
à-vis de la pollution non particulaire…) ou si les enjeux liés à la nappe sont forts (nappes
utilisées pour la production d’eau potable…), il convient bien sûr d’être prudent. Cependant,
des bassins étanches sont bien souvent imposés dans des situations éloignées de ces
contextes, uniquement justifiables par une prudence excessive et la « peur de contaminer la
nappe »… Cette frilosité perdure alors que des études portant sur la migration des polluants
liée à l’infiltration d’eaux de ruissellement, réalisées pourtant depuis déjà une quinzaine
d’années299, ont montré qu’une fraction très importante des micropolluants est arrêtée dans les
couches les plus superficielles du sol dans lequel a lieu l’infiltration.
298
Cf. la conclusion de la synthèse bibliographique « Appréciation de la part de pollution piégée ou dégradée par les
plantes dans les systèmes de phytoépuration (eaux usées / eaux pluviales) », SALTO, septembre 2014.
299
W. Hogland, M. Larson, R. Berndtsson, « the pollutants build-up in pervious road construction », 1990 :
Accroissement de l’accumulation des polluants dans les MES interceptées au dessus du géotextile placé sur le fond
de forme des structures réservoirs. M. Legret, V. Colandini, G. Raimbault, LCPC Nantes, « Première approche des
effets des structures réservoirs sur la qualité des eaux pluviales et des sols », 1992 : Accumulation des métaux lourds
(Pb, Cu, Zn et Cd) à la surface des enrobés drainants et au niveau du géotextile placé sur le sol naturel, et sous la
chaussée, légère augmentation des teneurs en métaux lourds dans le sol en place sous la structure réservoir jusqu’à
25 cm de profondeur. Un constat identique a été mené dans les sables situés sous des structures réservoirs par J. D.
Baladès, H. Madiec, P. Bourgogne, M. Legret, D. Demare (« Evaluation de l’abattement des flux de pollution
transitant dans un type de solution compensatoire » et « Etude de la pollution par les métaux lourds sur un site
d’infiltration des eaux pluviales », 1992, Novatech.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 151 Collecte EU / EP
IV.6.1.2.1. Performances des ouvrages d’infiltration
Ainsi, on sait que la plupart des métaux lourds 300 restent liés aux matières en suspension
piégées au niveau du géotextile placé en fond de bassin ou dans les premiers centimètres de
sols, ou sont adsorbés par les premiers décimètres du milieu filtrant. Les hydrocarbures sont
rapidement piégés301 dans ces mêmes couches. La fraction organique soluble des effluents
ainsi que celle organique liée aux matières en suspension interceptées, subissent dans la
couche d’écoulement non saturé une biodégradation significative302. En effet, à l’effet physique
de filtration, s’ajoutent ceux de l’adsorption et de la dégradation biochimique liée à la zooglée
qui se développe dans le milieu interstitiel non saturé. Ainsi, même une certaine partie de la
pollution dissoute peut être oxydée (ammoniaque en nitrates…), et éliminée (matière organique
carbonée dégradée en eau et gaz carbonique).
Cette efficacité qualitative des procédés d’infiltration est très bien illustrée par les graphiques ci-
après présentés303.
300
Résultats nets et convergents pour le Plomb, le Zinc, le Cuivre, le Cadmium, plus aléatoires pour des métaux plus
labiles dans certaines conditions (Nickel…). Cf. aussi « Document d’orientation pour une meilleure maîtrise des
pollutions dès l’origine du ruissellement », p42-43, Agence de l’Eau Seine-Normandie / LEESU, novembre 2011.
301
Y compris les HAP…
302
En conditions aérobies. Remarque valable pour les hydrocarbures. Ces sujets font actuellement l’objet de
recherches (INSA Lyon, U.R. Génie Civil Hydrologie Urbaine et Laboratoire LAEPSI).
303
Les mesures à l’origine des résultats qui figurent sur ces graphiques ont été réalisées au terme de 15 années de
fonctionnement du bassin suivi. Les valeurs « NH cible » et « NH intervention » sont les niveaux de concentrations
citées par la législation hollandaise (Circulaire du 4 février 2000 sur les valeurs cible et d’intervention pour la
remédiation des sols), au-delà duquel la contamination du milieu est avérée mais acceptable, puis au-delà duquel une
dépollution du milieu contaminé doit être réalisée. En France, deux textes permettent d’apprécier les niveaux de
contamination des sols : Arrêté du 14 juin 2000 relatif aux « Niveaux de référence à prendre en compte lors d’une
analyse de sédiments marins ou estuariens présents en milieu naturel ou portuaire », et Arrêté du 9 août 2006 sur les
« Niveaux à prendre en compte lors d’une analyse de rejets dans les eaux de surface ou de sédiments marins,
estuariens ou extraits de cours d’eau ou canaux ».
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 152 Collecte EU / EP
Extrait de la fiche technique n°1 de l'OTHU se rapportant aux performances de l'infiltration mesurées sur le bassin
du "Site du centre routier de Bron", "Rapport d'analyse de sédiments du bassin d'infiltration du Centre Routier de
Bron », M. DECHESNE, S. BARRAUD, J.P. BARDIN, Document OTHU/Grand Lyon/URGC HU, 2002.
On voit cependant que, parmi ces causes de dysfonctionnement, certaines peuvent être évitées
grâce à une maîtrise poussée de la qualité des effluents soumis à infiltration :
- Décantation préalable des effluents,
- Bonne connaissance initiale et surveillance régulière de leur qualité.
Enfin, face aux problèmes posés par le colmatage des surfaces d’infiltration, il faut mentionner
le recours grandissant aux techniques de Lits Plantés de Macrophytes, notamment
intéressantes par leur aptitude à éviter le colmatage de la surface d’infiltration. On leur prête304
304
Peu d’études démontrent ces capacités à l’heure actuelle, malgré le terme de « phyto-remédiation » très à la
mode... De telles aptitudes sont largement utilisées dans la publicité pour les filtres plantés en matière d’épuration
des eaux usées, vis-à-vis des nutriments, alors qu’il a été montré depuis plusieurs années que la fraction d’azote et de
phosphore absorbée par les végétaux restait extrêmement faible au regard des quantités amenées par les eaux usées
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 153 Collecte EU / EP
aussi de grandes facultés à retenir les nutriments et micropolluants, grâce à leur absorption par
les végétaux.
Même s’il a pu être considéré que tous ces wetlands offraient une gamme de performances
comparable, il semble bien quand même que ceux à écoulement sous-surfaciques soient plus
efficaces notamment vis-à-vis des MES et polluants y étant liés306.
Les performances qui suivent se rapportent pour la plupart, à des lits plantés à écoulement
vertical recevant des eaux strictement pluviales.
Bien qu’il n’existe pas encore de critères de dimensionnement clairement validés pour les filtres
plantés verticaux destinés à recevoir des eaux pluviales, il semble 307 que les ordres de
grandeur suivants soient assez représentatifs308 des ouvrages aujourd’hui conçus en France :
sur une unité d’épuration… L’intérêt des filtres plantés dans le domaine de la filtration des eaux pluviales résiderait
plutôt dans leur aptitude à limiter le colmatage et à contribuer à maintenir le filtre en aérobiose.
305
Cf. par exemple « Aménagement et eaux pluviales sur le territoire du Grand Lyon », guide à l’usage des
professionnels, Communauté Urbaine de Lyon, Direction de l’Eau, juin 2008. Idem dans le « Guide pour la gestion
des eaux pluviales en Seine Maritime », 22/02/2007. MISE Hérault : K > 10-5 m/s de préférence et 10-6 m/s
maximum (guide fév. 2014).
306
UWRRC & URS, 1999, après exploitation de la banque de données US EPA 1999. Cf. Shutes et Al., 2004.
Urban and highway runoff treatment by constructed wetlands, Chapter20, Developments I, ecosystems, tome 1.
307
Extrait de la synthèse bibliographique « Appréciation de la part de pollution piégée ou dégradée par les plantes
dans les systèmes de phytoépuration (eaux usées / eaux pluviales) », SALTO, septembre 2014.
308 Cf. : « Modélisation simplifiée du fonctionnement hydraulique des filtres plantés de roseaux pour le traitement des eaux
pluviales », M. Marin, G. Lipeme Kouyi, A. Ross, Tim D. Fletcher, P. Molle, B. Chocat, Novatech 2013, et « Les massifs
filtrants plantés pour traiter les micropolluants issus des eaux de ruissellement urbain de trois bassins versants résidentiels », N.
Duclos, P. Molle, J. Laurent, A. Wanko, R. Mosé, Novatech 2013.
Le tableau ci-dessous présente les performances relevées dans le cadre d’une étude
bibliographique récente. Il est important d’indiquer qu’il ne s’agit que d’ « ordres de grandeur »,
tellement les données issues de suivis d’ouvrages in situ sont rares et insuffisantes.
Ordres de grandeurs des performances obtenues sur des filtres plantés à écoulement vertical
recevant des eaux de ruissellement urbain(*)
Les valeurs présentées dans ce tableau sont à considérer comme des valeurs indicatives, car
elles ne sauraient être considérées comme des critères de dimensionnement, tellement les
données sur la base desquelles elles reposent sont disparates :
- Filières dans lesquelles les ouvrages de filtration sont implantés, très diverses
(quelquefois, les filtres sont implantés derrière des bassins de stockage, voire de
décantation),
- Conception et dimensionnement des ouvrages souvent non précisé,
- Mesures souvent ponctuelles,
- Caractéristiques du bassin-versant et qualité des effluents admis souvent
insuffisamment appréhendée…
Il aurait été intéressant d’y faire figurer des valeurs concernant les abattements se rapportant
aux hydrocarbures et aux HAP, qui semblent pouvoir être élevées (80% ?). Cependant, le
nombre de références disponibles est trop insuffisant pour présenter de telles informations.
La synthèse bibliographique d’où sont extraites ces valeurs insiste sur le fait que l’importance
de la rétention des éléments traces métalliques (« ETM ») semble non seulement liée à
l’abattement des MES, mais aussi notamment à celui de la matière organique ainsi qu’au
contexte aérobie / anaérobie qui prévaut dans le système. Le relargage par re-dissolution de
309
Exception faite pour les pollutions colloïdales qui sont en grande partie interceptées par les ouvrages de
décantation physico-chimique.
310
Les stations d’épuration sont généralement conçues pour pouvoir admettre des débits maxima égaux à 3 fois le
débit moyen de temps sec émis par les réseaux y étant raccordés. Au-delà, même si des stations conçues pour aller
jusqu’à 6 fois ce débit moyen de temps sec ont déjà vu le jour (notamment en Allemagne), la conception, le
dimensionnement et l’exploitation de ces infrastructures devient beaucoup plus difficile…
311
Cette précaution adoptée depuis de nombreuses années a été formalisée par l’arrêté du 22 juin 2007 (cf. article 5,
dernier alinéa).
312
Cf. à ce sujet :
- « Marais artificiels pour le traitement des rejets de déversoirs d’orage – Point sur la pratique et la recherche
en Allemagne », Mathias Uhl, Ulrich Dittmer, 9th International Conference on wetlands systems for water
pollution control, Avignon, 26th-30th of september 2004, volume n°1, p21-29.
- « Filtres plantés sur sol en place et/ou amendés (« RSF ») pour le traitement des surverses de déversoirs
d’orage », F.B. Frechen, W. Schier, J. Felmeden, 9th International Conference on wetlands systems for
water pollution control, Avignon, 26th-30th of september 2004, volume n°2, p537-545.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 157 Collecte EU / EP
IV.6.3. Macro-déchets, sables et liquides non miscibles
De nombreux ouvrages, et notamment des « bassins d’orage », ont été construits depuis une
quinzaine d’années pour tenter de répondre aux problèmes liés à la pollution des effluents émis
par temps de pluie. Malgré souvent une attention forte prêtée aux thèmes ci-dessus évoqués,
beaucoup d’infrastructures pourtant lourdes en termes d’investissements financiers, n’ont pas
donné satisfaction. Outre les problèmes déjà évoqués 313 liés à une insuffisance forte en
moyens de suivi des ouvrages, une de leurs causes majeures de dysfonctionnement réside
dans la prise en compte insuffisante des macro-déchets et sables amenés par les effluents.
Cet aspect de la conception des bassins d’orage est donc fondamental314.
La mise en place de dégrillages conduisant souvent à des ouvrages de dimension importante,
difficiles à intégrer sous voirie, et présentant des risques de colmatage en cas d’embâcle
excessive conjuguée à une exploitation défaillante, des chambres, telles que celles illustrées en
annexe n°4 sont quelquefois mises en place315, avec pour objectif de retenir les macro-déchets
flottants ainsi que les graviers et sables. La récupération des sables et macro-déchets
s’effectue grâce à des camions hydrocureurs. Les matières enlevées considérées comme des
« PCR » (Produits de Curage des Réseaux ») sont envoyées sur les stations d’épurations
équipées d’ouvrages spécifiques en assurant le traitement.
313
Cf. précédemment § II.3.1.6.2.b).
314
Cf. précédemment § II.3.1.6.2.b).
315
Service Assainissement de la Communauté Urbaine de Cherbourg.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 158 Collecte EU / EP
interceptés. En effet, leur dilution turbulente va s’accompagner d’une adsorption sur les MES
qui rend rapidement toute interception par des séparateurs à hydrocarbures de plus en plus
partielle. La seule stratégie réaliste réside donc aussi dans leur confinement à des volumes les
plus faibles possibles.
On se posera enfin la question des moyens financiers que la Collectivité doit consacrer à une
stratégie de lutte contre les pollutions accidentelles comme celle qui s’est mise en place pour le
réseau routier depuis les années 90 en France : Floraison de « bassins » tous azimuts, avec
des volumes souvent énormes, et pour la plupart d’entre eux – hors autoroutes - non suivis,
peu ou pas entretenus. En effet, le risque de pollution accidentelle grave demeure faible : 200
accidents de matières dangereuses par an, essentiellement des hydrocarbures, une dizaine
d’entre eux concernant des produits toxiques. Le risque d’accident avec déversement de
matières dangereuses est316, pour 100 km de route, fréquentée à hauteur de 10 000 véhicules
par jour, de 2%.
On peut donc en déduire les occurrences résumées dans le tableau ci-dessous (pour 10 000
véhicules par jour) :
Probabilité d'observer un accident de véhicule transportant des
matières dangereuses par km d'autoroute
Afin d’éviter le mélange de ces substances avec les eaux de ruissellement, deux niveaux
d’intervention apparaissent devoir être visés :
- Urbanisation : à mener à partir d’une conception et d’une réglementation respectueuses
de l’environnement :
o Favorisant l’utilisation de matériaux inertes au regard des risques de pollution
des eaux pluviales qu’ils engendrent :
▪ en couverture d’immeubles,
▪ en façades,
▪ en aménagement routier…,
o Limitant le ruissellement,
o Basée sur une collecte sélective des eaux de ruissellement (éviter le mélange
des effluents classiques, avec ceux dont la composition est influencées par la
présence d’activités générant des pollutions spécifiques - zones industrielles…-,
et ceux émis de façon accidentelle…),
- Pratiques individuelles et municipales évitant la dissémination de polluants sur les
surfaces imperméabilisées et naturelles :
o « On ne jette rien » (mégots, paquets de cigarettes, et leur enveloppe,
emballages de nourriture à emporter et canettes, etc…),
o Nettoyage des voiries, des places de marchés,
o Désherbage (pb des pesticides),
o Traitements de façades et murs,
o Nettoyage des véhicules particuliers et professionnels induisant un rejet au
réseau d’eaux pluviales,
o Nettoyage des engins de chantier et engins agricoles (colmatage des voiries),
o Propreté des chantiers,
o Déverglaçage des voiries,
o Vidanges sauvages…
Le développement de ces pratiques passe par une « éducation » des populations, des… élus,
et bien sûr des techniciens des collectivités.
La définition des performances requises en matière de dépollution des eaux pluviales doit se
faire au regard des objectifs de préservation de la qualité des eaux des milieux récepteurs et de
leur vocations et utilisations. Le caractère épisodique des précipitations, la multiplicité des
contextes dans lesquels elles ont lieu, et l’évaluation des impacts rendent cette tâche bien sûr
ardue.
Il convient donc de préalablement chercher à cerner le mieux possible ces objectifs, grâce
notamment à une bonne connaissance de
o l’état des milieux récepteurs et leur vulnérabilité, non seulement d’un point de
vue physico-chimique, mais aussi, et surtout ( ?) biologique. Les rares études
s’appuyant sur une évaluation initiale de l’état biologique des milieux, grâce à
l’estimation des indices biologiques (IBG, IBD, Indices Poisson…) semblent
particulièrement intéressantes, notamment par le caractère intégrateur qu’ils
semblent revêtir vis-à-vis des pollutions épisodiques. De la même façon, au
regard des impacts des rejets par temps de pluie, la qualité physico-chimique
des sédiments apparaît-elle souvent plus riche d’enseignements que la qualité
physico-chimique des eaux…
o les usages et vocations que l’on cherche à préserver (AEP notamment).
Au regard de ces objectifs préalablement établis, on recherchera quels sont les modes
d’impacts sur lesquels il faut prioritairement faire porter les efforts de réduction des pollutions
rejetées :
o Effets ponctuels ou de choc (entraînant la mortalité rapide d’espèces
biologiques),
o Effets d’accumulation et d’action à longue durée,
o Effets de répétition (fragilisation des peuplements liée à la succession des
contaminations, diminution de leur aptitude à faire face à des pollutions
aiguës…).
A chacun de ses effets, on rappellera la nature des perturbations qui y sont associées :
- Asphyxie immédiate des milieux (rejet de substances rapidement biodégradables),
- Asphyxie indirecte des milieux (rejet de substances eutrophisantes, de façon continue
pendant de longues périodes, ou bien s’accumulant dans les sédiments),
- Intoxication directe et rapide (liée à la toxicité aiguë des substances rejetées),
- Intoxication lente liée à l’accumulation des substances toxiques (rejetées de façon
régulière ou continue pendant de longues périodes et s’accumulant dans les
organismes – substances hydrophobes ou lipophiles - , ou bien s’accumulant dans les
sédiments),
- Perturbation des processus biologiques (perturbateurs endocriniens, substances
mutagènes ?) généralement rejetées de façon régulière ou continue pendant de
longues périodes…
Ainsi, on éviterait de développer, pour chaque rejet d’eaux pluviales, des études se limitant à
l’impact de ce seul rejet, impact généralement examiné de façon bien superficielle… C’est
l’impact de la globalité des rejets par temps de pluie qui doit être appréhendé, sérieusement.
Il convient de se poser la question de la justification des recommandations (guides de DDT et
DDTM par exemple) qui incitent (obligent en réalité, car qui osera les contredire, faute d’une
étude que les bureaux d’études n’ont pas le temps de mener quand ils travaillent au niveau
d’une opération ponctuelle) à dépolluer les eaux pluviales pour des évènements pluvieux
caractérisés par des périodes de retour de 1 an, 2 ans, voire davantage, alors qu’un réseau
unitaire qui déverse 18 jours par an est jugé « conforme » en application de la note du 7
septembre 2015 ? On peut aussi mettre en regard de telles recommandations, les objectifs de
« bon état » physico-chimique qui sont appréciés sur la base du quantile 90… Il y a un vrai
problème dans la législation actuelle qui porte sur les performances de l’assainissement par
temps de pluie.
Une fois appréhendés les paramètres cibles sur lesquels il faut en priorité faire porter une
éventuelle dépollution des eaux de ruissellement, les principes des traitements en mesure d’y
répondre peuvent être définis à l’exutoire des bassins versants identifiés comme susceptibles
d’être à la fois plus particulièrement à l’origine des substances ciblées et situées à l’amont d’un
milieu particulièrement vulnérable à ces substances318 :
Interception des produits non miscibles :
- macro-déchets,
- liquides non miscibles,
- pollution particulaire (graviers, sables, MES), et pollutions associées,
Dégradation des substances dissoutes et colloïdales :
- oxydation biologique,
- absorption biologique,
- oxydation chimique,
- adsorption chimique,
- autres traitements chimiques,
Elimination de micro-organismes pathogènes319 (Désinfection)
- Biologique,
- Physique,
- Physico-chimique,
318
Comme en matière de traitement des eaux usées, la « boite noire » que constitue la filière de traitement, se
détermine en fonction des caractéristiques des polluants émis (problématique amont) et des milieux dans lesquels
leur rejet va se faire (problématique aval).
319
La préservation de la qualité des eaux de baignade est par excellence un domaine où la cohérence des actions
engagées à la fois en matière d’assainissement des eaux usées et de gestion des eaux pluviales est indispensable.
Mais que de sommes dépensées pour « préserver » la qualité des eaux de baignades vis-à-vis de germes supposés
pouvoir porter atteinte à la santé publique (cet objectif va désormais permettre de justifier le recours à des techniques
de clarification membranaire…), alors qu’il suffirait de simplement déconseiller la baignade quelques jours dans
l’année… N’y a-t-il pas plus prioritaires comme actions d’un point de vue environnemental, voire santé publique ?
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 162 Collecte EU / EP
Annexes
Les éléments qui suivent sont à considérer comme des "outils" permettant de résoudre une
grande partie des problèmes de dimensionnement posés. Toutefois, ils ne dispensent pas leur
utilisateur d'approfondir leurs connaissances et de vérifier leur adéquation au problème posé,
en se reportant à des manuels d'hydraulique générale qui préciseront leur domaine de validité
(cf. bibliographie en annexe).
Rappels :
Patm. = 1,013 bar
1 bar = 105 Pa
1 bar = 105 / g = 10,19 mce (mètres de colonne d'eau)
Patm. = 10,33 mce = 760 mmHg
NB :
V2/2g est généralement faible au regard de la charge piézomètrique
ex. : Si V = 1.5 m/s, V2/2g = 0.115 m
HA = HB + j
Il en découle que la charge décroît toujours de l’amont vers l’aval, comme l’illustre la figure ci-
dessous. Cependant, chacune de ses composantes (« z », « p/ », V2/2g ») peut
successivement croître, puis décroître, puis croître à nouveau…
La perte de charge j se compose des pertes de charge singulières (liées aux pertes d’énergie
lorsque le liquide franchit une vanne, un clapet, un changement de diamètre, un étranglement,
un changement de direction…) et des pertes de charge linéaires.
Les pertes de charge singulières sont transcrites par le sigle jsing.
Calculs de débits
Formule de Manning-Strickler :
Q = S x V = S x K x Rh 2/3 x J 1/2
avec :
Q : débit (m3/s)
S : surface mouillée dans la section de l'écoulement (m2)
V : vitesse moyenne de l'écoulement dans la section de surface mouillée S (m/s)
K : coefficient de rugosité (m1/3s-1)
J : pente du fond ou pente motrice de l'écoulement en régime uniforme, (m/m)
Rh : rayon hydraulique dans la section de l'écoulement (m); on a : Rh = S / Pm
Pm : Périmètre mouillé (m).
Pour caractériser la rugosité d'une section, les valeurs ci-après indiquées sont des ordres de
grandeur généralement admis :
NB : Dans les écoulements à surface libre, la surface de l'écoulement (ou « ligne d’eau ») se
confond avec la ligne piézométrique.
Des essais réalisés dès les années 90 en France et au Québec avaient montré que le choix des
matériaux constituant les canalisations d’assainissement ne devait pas reposer sur des critères de
rugosité, toutes (fonte, béton armé et PVC) présentant des performances de capacité hydraulique tout
à fait comparables.
320
Rappel : Les écoulements rencontrés dans le domaine de l’assainissement sont quasiment toujours de type
« turbulent » (par opposition à « laminaire »).
321
Diamètres allant de quelques décimètres à 2 ou 3 mètres, et vitesses d’écoulement allant de quelques décimètres
par seconde à 2 ou 3 mètres par seconde.
322
« Aide au choix des matériaux pour les canalisations d’assainissement routier », note d’information de janvier
2011.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 168 Collecte EU / EP
L’abaque ci-dessous, représentatif de collecteurs caractérisés par une rugosité K = 75 peut
être quasiment systématiquement employé pour calculer des collecteurs d’assainissement,
eaux usées comme eaux pluviales.
Pour des diamètres supérieurs à 600 ou 800mm, on pourrait même plutôt se rapprocher de
Vmax (m/s) = 1 + 1,5ø(m)…
V(m/s) = 1 + 2ø(m)
V(m/s) = 1 + ø(m)
La valeur de peut être obtenue grâce à un grand nombre de formules, parmi lesquelles la
formule de Colebrook qui est reconnue comme à la fois la plus précise et la mieux adaptée aux
contextes les plus variés (liquides caractérisés par leur viscosité).
la formule de Colebrook s’exprime comme suit :
La présence de dans les deux termes de l’égalité rend l’usage de cette formule peu aisé…
323
Hydraulique générale et appliquée, M. Carlier, Ed. Eyrolles, 1986. Cf. p222 et 234.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 171 Collecte EU / EP
Ecoulements dans collecteurs partiellement remplis
Le débit dans des collecteurs partiellement remplis peut être retrouvé à partir des formulations
ci-dessous illustrées, appliquées à des écoulements à surface libre :
Ø
R = Ø/2
R S(h) =(/2 . R2) - (Rcos/2.Rsin/2) = R2/2 . ( - sin/2)
Pm(h) = . R
h avec = 2 arccos[(R-h)/R]
Cependant, pour les sections circulaires ou ovoïdes normalisées, des abaques permettent une
approche rapide des valeurs recherchées, l'évaluation du débit nécessitant alors de connaître
la valeur du débit de la canalisation à pleine charge, et le degré de remplissage de la conduite.
L’abaque applicable aux sections circulaires est ci-dessous représenté.
Le schéma ci-dessous illustre ce qu’est la « pente motrice » lorsque l’on passe d’un
écoulement à surface libre à un écoulement en charge. Tant que l’écoulement est à surface
libre, l’accroissement du débit transité se fait grâce à un accroissement de la section
d’écoulement, c'est-à-dire de sa hauteur. Quand la section est complètement remplie, c’est
grâce à une augmentation de la pente motrice que le débit peut continuer à croître :
Q = S K RH2/3 J ½
J#p
ente d
el a can
alisat
ion
J = pente
de la cana
lisation
J = pente
de la cana
lisation
Le débit s’écoulant par un orifice circulaire en charge (noyé à l’amont) et dénoyé à l’aval est
donné par la formule :
Q = m.S.(2gh)0,5
Avec :
- Q : Débit,
- S : Section de l’orifice,
- h : Charge au-dessus de l’axe de l’orifice,
- m : Coefficient de débit de l’orifice.
On a324 m = 0,6 pour un orifice à mince paroi non arrondi ou chanfreiné. La valeur de m peut
se rapprocher de 0,95 à 0,98 si les bords sont arrondis (« veine moulée »).
Les pertes de charge h dues à une sortie de réservoir ou à une entrée dans un réservoir ou
milieu ouvert, ou plus généralement dues à un rétrécissement ou un élargissement brusques,
sont illustrées sur les croquis qui suivent325.
324
Cf. Carlier p167 à 177
325
Croquis extraits des formulaires « Pont-à-Mousson » puis « Degrémont 1978 »
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 174 Collecte EU / EP
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 175 Collecte EU / EP
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 176 Collecte EU / EP
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 177 Collecte EU / EP
k = [0,131 + 1,847 (d/2r)3,5] /90
avec en degrés.
jsing. = k V2/2g
On a donc globalement :
j = jlin. + jsing.
Dans le cas d'un fonctionnement "en cascade", les volumes de marnage ou "volumes utiles"
("Vu") à prévoir entre les niveaux PHE et PBE (ou entre Za et Zb) sont les suivants :
avec :
Qpi = Le débit maximal à refouler par la totalité des Np pompes installées,
Np = Le nombre de pompes susceptibles de fonctionner simultanément (sans y inclure la
pompe de secours),
Nd = Le nombre maximal horaire de démarrages.
Les constructeurs proposent des nombres maxima horaires de démarrages souvent importants.
Il est conseillé de les limiter à 10 par heure en deçà d'une puissance de la pompe inférieure à 4
kW, et à 6 par heure au-delà.
Lors d'une manœuvre "brusque" engendrant une variation de vitesse dans une canalisation en
charge dV, l'amplitude dH de la surpression ou dépression occasionnée est donnée par la
relation :
dH = a.dV / g
avec :
. dH : en m
. dV : en m/s
. a : Célérité de propagation de l'onde de coup de bélier, caractéristique du matériau
constituant la canalisation (en m/s)
. g : accélération de la pesanteur (= 9.81 m/s2)
L’H2S, ou sulfure d’hydrogène, ou encore hydrogène sulfuré, est un gaz fréquemment identifié
dans l’atmosphère des ouvrages d’épuration véhiculant ou stockant des effluents en conditions
anaérobies326, état dans lequel les composés soufrés vont en partie être présents sous forme
de sulfures (S--).
En fonction de la température et du pH327, une fraction plus ou moins importante de ces ions S-
-
va être en équilibre avec des molécules d’H2S. Cet hydrogène sulfuré peut alors être libéré
dans l’atmosphère des canalisations, bâches de pompage, bassins de stockage et des locaux y
accédant. Cette libération est accentuée lorsque l’effluent voit sa pression brutalement diminuer
ou lorsqu’il est pulvérisé : débouché de conduite de refoulement, chute d’eau, turbulences…
A noter aussi les perturbations en matière d’épuration liées à la présence d’H2S dans les
effluents : développement de bactéries filamenteuses pouvant conduire à des phénomènes de
bulking ou de moussage, accroissement des besoins en matière d’aération biologique…
On remarquera que lorsque le danger est maximal, l’homme ne perçoit plus l’odeur si
caractéristique de l’H2S. L’utilisation de détecteurs d’H2S est donc indispensable à toute visite
d’ouvrages d’assainissement ayant lieu dans une atmosphère confinée.
326
Potentiel rédox EH < -50 mV (électrode de référence : hydrogène), correspondant à peu près à un pouvoir
oxydoréducteur rH < 15 selon le pH de l’effluent.
327
Une température élevée et pH acide accélèrent la réduction des sulfates. Un pH acide favorise l’accroissement
d’H2S dissous.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 185 Collecte EU / EP
Une ventilation active, au moins préalable à toute intervention dans un tel milieu, est donc
indispensable. La conception des ouvrages d’assainissement doit toujours intégrer cette
préoccupation du risque H2S.
328
Les ions chlorures Cl- et sulfates SO4-- sont des « accélérateurs » de corrosion.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 186 Collecte EU / EP
Annexe n°3 : Estimation des débits d’eaux parasites à partir de la notion de
rapport nycthéméral
Les débits d’eaux parasites peuvent être estimés à partir de la notion de « rapport
nycthéméral ». Le rapport nycthéméral « n » est défini par :
n = Qn / Qj
avec :
Qn : Débit moyen nocturne par temps sec,
Qj : Débit moyen diurne par temps sec.
Le débit moyen nocturne est généralement établi sur une période de durée « dn » comprise
entre 6 et 8 heures. Le débit moyen diurne l’est alors sur une période de 18 à 16h. Pour des
réseaux longs et plats, une durée de 6 heures est mieux adaptée.
On peut relier la valeur du rapport nycthéméral à la proportion d’eaux parasites véhiculées par
le réseau grâce à la formulation suivante :
Vp / Vj = [24.(n - n0)] / [(24 - dn + n.dn).(1 - n0)]
avec :
Vp : Volume journalier d’eaux parasites véhiculé par temps sec,
Vj : Volume journalier d’effluents par temps sec,
n : Rapport nycthéméral,
n0 : Rapport nycthéméral représentatif d’un réseau sain (exempt d’eaux parasites),
dn : Durée de la période nocturne (en heures).
Les rapports nycthéméraux considérés comme représentatifs d’un réseau sain, se situent, par
expérience, aux alentours de :
- 0,12 à 0,15 pour dn = 6 heures,
- 0,20 à 0,25 pour dn = 8 heures.
Il est évident que l’approche de la proportion d’eaux parasites dans un réseau telle
qu’elle est ci-dessus présentée, c'est-à-dire à partir de la valeur du rapport nycthéméral,
ne peut pas être appliquée dans les cas suivants :
o journée avec précipitations, ou influencée par un fort ressuyage consécutif à une
pluie antérieure,
o réseaux recevant des effluents dont le débit est très influencé par le rythme
d’activité des établissements industriels s’y trouvant.
NB : Les effluents se déversant de façon continue dans un réseau (eaux de
refroidissement, de piscine,…) sont, par cette méthode, assimilés à des eaux parasites.
Il faut rappeler que l’estimation des débits d’eaux parasites qui repose sur le fait
de considérer qu’elles représentent 90% du débit s’écoulant aux heures de plus
faible débit, est n’a strictement aucun sens, hormis à l’aval de réseaux très courts
et drainant de faibles populations raccordées.
Les séparateurs à hydrocarbures sont des équipements ayant pour objet la rétention des
hydrocarbures susceptibles d’être présents dans des effluents comme les eaux de lavage, les
eaux de ruissellement ou des eaux résiduaires industrielles. Jusque dans les années 1990, les
hydrocarbures que l’on cherchait à intercepter étaient les hydrocarbures « libres », c'est-à-dire
soit ceux qui y sont présents sous forme d’émulsion, soit ceux qui flottent en surface (film
irisé…). C’est sur la base de la non-miscibilité des hydrocarbures avec l’eau et de la plus faible
densité de la plupart d’entre eux, que reposait donc le principe de séparation retenu, à savoir
leur flottation. La finesse et la relative stabilité des émulsions freinant quelquefois beaucoup
cette flottation, certains séparateurs étaient équipés d’un module coalescent (« filtre » ou
« structure lamellaire ») qui avait pour objet de grossir l’émulsion et ainsi de favoriser leur
flottation (La coalescence consiste en l’adsorption des gouttelettes non miscibles d’une
l'émulsion sur un média oléophile – « filtre coalesceur » - et ainsi en la formation de gouttelettes
plus grosses. Les forces de gravitation s’appliquant à ces dernières vont alors devenir
beaucoup plus fortes que celles liées aux phénomènes de tension superficielle, ce qui
provoquera leur flottation).
Cette conception des séparateurs repose donc sur une tranquillisation des effluents et un
dimensionnement assurant un temps de séjour suffisant pour que les hydrocarbures de densité
suffisamment faible remontent en surface et puissent y être piégés grâce à des cloisons
siphoïdes. Le perfectionnement des appareils consiste à éviter, grâce à des procédés
d’obturation, leur relargage lorsqu’ils seront pleins et/ou soumis à des débits traversiers trop
importants. La partie de l’appareil ayant pour objet cette flottation est généralement précédée
d’un compartiment dans lequel ont lieu un dégrillage et un débourbage (décantation des
sables, voire des matières en suspension les plus grossières).
Cette première génération de séparateurs fait l’objet de deux normes :
- Norme XP P 16-441 : Cette norme est « applicable aux débourbeurs et séparateurs de
liquides légers contenus dans les eaux pluviales ou usées (industrielles, domestiques)
à l’exclusion des eaux vannes ; La séparation des éléments est obtenue par gravité
et/ou coalescence ». Les « liquides légers » concernés sont les « liquides de masse
volumique inférieure ou égale à 0,95 g/cm3, pratiquement ou totalement insolubles ou
insaponifiables comme les hydrocarbures, le gazole, le fioul domestique et toute huile
d’origine minérale, à l’exclusion des huiles et graisses à usage alimentaire ». La « taille
nominale » des séparateurs correspond « approximativement à la valeur numérique du
débit maximal, exprimée en litres par seconde », traité par l’appareil. Leur efficacité,
quantifiée par la teneur résiduelle maximale en liquide léger « c » atteinte par l’effluent
après traitement, est traduite par la « classe » à laquelle ils appartiennent :
o Classe I : c = 5 mg/l,
o Classe II : c = 100 mg/l.
Ce classement est déterminé au cours d’un essai réalisé avec de l’eau contenant 5 ml/l
de liquide léger de densité égale à 0,85 et pour un débit égal au débit maximal
d’effluent ». La concentration massique en liquide léger de l’effluent utilisé pour ce test
est donc de 4,25 g/l.
Il découle des précisions indiquées dans ces deux normes et ci-dessus reproduites, que ces
séparateurs n’ont, pour plusieurs raisons, qu’une efficacité très limitée en matière de
dépollution des eaux de ruissellement urbain :
- les hydrocarbures qu’elles contiennent sont en très grande partie liés aux matières en
suspension,
- les performances qu’ils offrent, c'est-à-dire une concentration de l’effluent traité garantie
être inférieure à 5 mg/l d’hydrocarbures libres pour les appareils de classe I, ne sont pas
adaptées à la qualité des eaux de ruissellement, puisque ces dernières présentent des
concentrations en hydrocarbures totaux, et donc a fortiori en hydrocarbures libres,
souvent inférieures à 5 mg/l. De plus, l’essai permettant d’établir la classe du séparateur
est effectué sur un effluent contenant 4 250 mg/l d’hydrocarbures libres, ce qui n’a rien
à voir avec les concentrations observées dans les eaux de ruissellement urbain.
- L’essai ci-dessus mentionné est réalisé avec un liquide léger de densité égale à 0,85
alors que certains hydrocarbures comme les huiles lubrifiantes par exemple, présentent
une densité qui peut être significativement supérieure.
Ces appareils sont donc à réserver aux eaux fortement chargées en hydrocarbures libres,
c'est-à-dire à des effluents pouvant résulter du rinçage de surfaces très fortement contaminées
en hydrocarbures, ou de l’entraînement d’hydrocarbures déversés de façon accidentelle puis
entraînés vers un réseau. Les effluents issus d’aires sur lesquelles ont lieu des activités de
remplissage ou de distribution d’hydrocarbures, sont, par exemple concernées par de tels
procédés de traitement, comme l’indique dans son article 19, l’arrêté n°261 bis du 26 janvier
1983 applicable aux liquides inflammables issus d’installations de remplissage ou de
distribution de débit maximum supérieur à 1 m3/h mais inférieur à ou égal à 20 m3/h : « L’aire
de distribution ou de remplissage de liquides inflammables doit être étanche aux produits
susceptibles d’y être répandus et conçue de manière à permettre le drainage de ceux-ci. Les
liquides ainsi collectés devront, avant leur rejet dans le milieu naturel, être traités au moyen
d’un décanteur séparateur de liquides légers muni d’un dispositif d’obturation automatique. Ce
décanteur séparateur sera conçu et dimensionné de façon à évacuer un débit minimal de 45 l/h
par mètre carré de l’aire considérée sans entraînement de liquides inflammables ». L’article.
21b ajoute : « Les rejets provenant de l’aire de distribution ou de remplissage présenteront une
concentration inférieure à 20 mg/l (norme NF T 90-203), concentration obtenue par tout moyen
de décantation-séparation physique ».
La mise en évidence au début des années 1990 que les hydrocarbures, comme de nombreux
autres micropolluants, sont en grande partie liés dans les eaux de ruissellement urbain, aux
matières en suspension, a conduit à baser les procédés de dépollution de ce type d’effluent,
sur le principe de la décantation. Une nouvelle génération de séparateurs à hydrocarbures s’est
329
Mais que vaut une « norme », si elle ne porte qu’essentiellement sur les constituants de l’équipement, et si on ne
cherche jamais à vérifier si elle est respectée ?
330
Marché qui s’élèverait à plus de 10 000 équipements par an (?) en France…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 195 Collecte EU / EP
Annexe n°6 : Schéma de chambre de dessablage et rétention de
macro-déchets et surnageants.
Installations de piégeage
Le piégeage peut être réalisé lors d’un accident, à partir d’appareils fonctionnant en continu
(écrémage d’hydrocarbures en surface), ou sur intervention de l’homme. Il s’agit dans ce cas,
soit de bloquer331 l’effluent pollué répandu sur la voirie (ou toute autre surface imperméabilisée),
dans les chambres de dessablage, soit de le détourner vers une bâche où il pourra être isolé,
puis enlevé pour traitement spécifique.
C’est ce dernier cas qui est ci-après évoqué.
La quantité à intercepter va résulter de la quantité de polluant répandu, de l’ajout des eaux de
rinçage de la voirie, et s’il pleut, des eaux de ruissellement qui transitent dans le réseau d’eaux
pluviales au point d’engouffrement de la pollution dans ce réseau.
Il apparaît clairement qu’il est très difficile d’estimer de façon systématique quelle la quantité
d’eaux de ruissellement qui viendra diluer notre polluant.
Le volume de la bâche de piégeage doit donc au minimum correspondre à la somme des
volumes de polluant répandu et d’eaux de rinçage.
Il est ci-après proposé :
- 10 m3 de polluant (ordre de grandeur du volume d’une citerne),
- 15 m3 d’eaux de rinçage (1/4 d’heure de fonctionnement de lance d’incendie).
On aboutit donc au volume minimal de 25 m3.
Le bon fonctionnement de ces installations reste cependant suspendu à une procédure d’alerte
qui permettra la mise en service de cet ouvrage, grâce à une intervention consistant à se
331
Au moyen d’un vannage installé à la sortie de la chambre.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 198 Collecte EU / EP
rendre sur le site où a été implanté le piège, pour manœuvrer les organes de vannages qui
vont permettre de détourner les effluents vers la bâche devant les intercepter.
Ouvrages de dessablage
Ces ouvrages ont pour objet d’intercepter les macro-déchets flottants ainsi que les sables et
autres macro-déchets leur étant liés.
De tels ouvrages sont déjà en place à l’aval de certains réseaux d’eaux pluviales de certaines
collectivités. L’expérience acquise par le services en assurant l’exploitation valide leur
conception que l’on peut illustrer comme suit :
- Trémie de stockage des sables à parois inclinées pour faciliter leur récupération et éviter
leur durcissement dans les angles,
- Paroi siphoïde en sortie qui bloque à la surface de l’effluent, les macro-déchets surnageant,
ainsi que d’éventuelles pollutions accidentelles liquides non miscibles à l’eau et de densité
suffisamment inférieure à 1,
- Paroi transversale à l’écoulement en entrée de la chambre, brisant la vitesse du courant
lors de forts débits.
Le principe de conception de ces ouvrages a été repris, avec un dimensionnement basé sur
des vitesses de décantation des sables fixées à 50 m/h, appliquée à un débit de période de
retour 1 mois (calculé en partant du principe que le canalisation affluente était dimensionnée
pour pouvoir évacuer un débit décennal), ordre de grandeur couramment cité dans la littérature
pour l’interception des particules de diamètre équivalent supérieur à 0.2 mm.
L l H S V
ø(mm) (m) (m) (m) (m2) (m3)
Les chambres de dessablages pourront être équipées d’un vannage en sortie pour bloquer une
éventuelle pollution accidentelle.
Les tentatives de maîtriser les eaux pluviales 332 tant quantitativement que qualitativement,
reposent actuellement sur une quasi-absence de législation. Et on peut même dire sur aucun
élément du Code de l’Environnement. Hormis l’article 640 du Code Civil et plusieurs articles
figurant dans le Code Général de Collectivités Locales se rapportant aux responsabilités du
Maire (article L2212-2) et aux « zonages » eaux usées et eaux pluviales (article L2224-10), la
législation n’offre aucun support qui permettrait la mise en place d’une réelle politique de
maîtrise des eaux pluviales.
Les Directives européennes évoquent d’une façon très générale le fonctionnement des réseaux
d’eaux usées par temps de pluie (DERU 1991), ou « oublient » complètement la nécessité de
préserver une certaine qualité des milieux récepteurs y compris par temps de pluie. En effet,
dans la Directive Cadre sur l’Eau, la façon dont sont appréciées les notions de « bon état » ne
permet d’aucune façon d’appréhender les impacts des rejets ayant lieu lors de pluies
significatives.
En effet, le « bon état » physico-chimique d’un cours d’eau est apprécié333 sur la base d’un
percentile 90 généralement appliqué aux résultats d’une douzaine de campagnes par an334. Il
est facile de montrer que la probabilité statistique de voir les résultats d’une campagne
effectuée par temps de pluie influer sur cette interprétation est particulièrement ténue… En ce
qui concerne l’appréciation de la qualité chimique des eaux, la faiblesse du nombre de
campagnes qu’imposent les arrêtés de janvier 2010 diminuent encore plus nettement la
probabilité d’effectuer une mesure qui serait représentative du temps de pluie. Quant à la
qualité biologique des milieux (évaluées grâce aux indices de type IBD, IBG…), le très faible
nombre de campagnes qui permettent de l’estimer et plus encore, la quasi-impossibilité de lier
un mauvais indice à une cause précise de pollution telle que par exemple les émissions de
temps de pluie, rendent cette série de paramètres inopérante vis-à-vis des pressions liées au
temps de pluie. Or, on sait, notamment depuis les années 90 qu’un bon état des milieux ne
peut être atteint si l’on ne maîtrise pas un minimum les pollutions émises dans de tels contextes,
et notamment lors de pluies significatives, donc très épisodiques.
On pourrait admettre que la prise en compte d’impacts aussi épisodiques que ceux découlant
de précipitations significatives relève d’une réelle difficulté. Pourtant, le temps de pluie laisse
332
La présente note ne concerne que les eaux « strictement pluviales ». La question de la maîtrise par temps de pluie
des effluents collectés par les réseaux unitaires (vis-à-vis desquels la législation existante s’avère tout aussi
problématique) n’y est pas abordée.
333
Cf. § 1.2 de l’annexe 3 de l’arrêté du 25 janvier 2010 relatif aux méthodes et critères d’évaluation de l’état
écologique (…) des eaux de surface (…).
334
Remarque n°1 : Pour les eaux douces superficielles, le nombre annuel minimal de contrôles portant sur les
paramètres physico-chimiques est de 6 / an (Cf. annexe 1.C, de l’arrêté du 25 janvier 2010 établissant le programme
de surveillance de l’état des eaux (…)). Remarque n°2 : Pour les masses d’eau de surface, l’état est évalué à partir
des résultats de 2 années consécutives (Cf. annexe 9.2 de l’arrêté du 25 janvier 2010 relatif aux méthodes et critères
d’évaluation de l’état écologique (…) des eaux de surface (…)). La législation juge donc qu’on peut évaluer l’état
d’un cours d’eau à partir des résultats de 12 campagnes réparties sur 2 années consécutives. La probabilité
d’intercepter durant ces 12 campagnes des évènements pluviométriques significatifs devient bien faible…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 201 Collecte EU / EP
des « traces » dans les environnements aquatiques. Certains organismes accumulent des
polluants dont, hormis la présence d’activités industrielles assez spécifiques, la provenance est
grandement liée aux émissions de temps de temps de pluie : métaux lourds dans les
bryophytes par exemples. Le milieu lui-même accumule certains des polluants émis
épisodiquement : C’est le cas des sédiments qui vont piéger la pollution véhiculée par les eaux
pluviales, dont une partie majeure est de nature particulaire. Mais l’appréciation de la qualité
des milieux ne prend pas en compte la qualité des sédiments et ne repose que très rarement
sur celle des bryophytes. Des profils en long de la qualité des sédiments dans les cours d’eau
lors de traversées d’agglomérations sont pourtant très parlants335…
Les SDAGE évoquent les situations de temps de pluie mais ne précisent aucun objectif
quantifié, si ce n’est, pour deux d’entre eux, des consignes de limitation du débit d’eaux
pluviales émis par les bassins-versants nouvellement aménagés. On verra ci-après que ces
mesures sont bien peu pertinentes d’un point de vue hydrologique, quand elles ne sont pas tout
bonnement carrément inadaptées à certains contextes.
Quant aux SAGE, vis-à-vis des eaux pluviales, outre la reprise de recommandations issues des
SDAGE, leur contenu demeure généralement toujours très vague, aussi bien en matière
d’objectifs (non quantifiés) que d’aménagements préconisés (énoncés sans la moindre
justification de leur efficacité réelle).
335
Exemples : La Vire dans sa traversée de l’agglomération saint-loise, la Divette et les petits cours d’eau de
l’agglomération cherbourgeoise, Le Blosne, petit cours d’eau de l’agglomération rennaise…
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 202 Collecte EU / EP
Les limitations de débit imposées à l’aval des bassins-versants à
urbaniser
La justification principale des limitations de débit imposées à l’aval des bassins-versants à
urbaniser réside probablement dans l’article 640 du Code Civil qui stipule que « les fonds
inférieurs sont assujettis envers ceux qui sont plus élevés, à recevoir les eaux qui en découlent
naturellement sans que la main de l’homme y ait contribué. Le propriétaire inférieur ne peut
point élever de digue qui empêche cet écoulement. Le propriétaire supérieur ne peut rien faire
qui aggrave la servitude du fonds inférieur ». L’application de ce principe à l’échelle du bassin-
versant semble pertinente, si on suppose que l’état « naturel » des choses est l’état que l’on
doit préserver quand la main de l’homme vient modifier, et même souvent bouleverser,
l’occupation du sol d’un bassin-versant. D’un point de vue hydrologique, cela revient, en
simplifiant, à rechercher une absence d’écoulement lors de « petites pluies », puis à tolérer
pour des pluies plus longues et/ou plus intenses, des écoulements, qui seraient pour des
précipitations exceptionnelles, caractérisés par de très fortes valeurs de débit.
En effet, pour de tels évènements, il arrive un moment où la quasi-totalité de l’eau précipitée
ruisselle :
- Les sols sont plus ou moins saturés et l’infiltration qui s’y produit devient négligeable. Le
sol se comporte comme s’il était quasiment imperméable.
- Les dépressions naturelles qui ponctuent sa surface sont remplies et n’interceptent plus
les eaux précipitées.
- Si la pluie dure au-delà du temps de concentration du bassin-versant, la totalité de ce
bassin-versant contribue au débit généré à son aval, ce qui aboutit alors à des débits
qui peuvent être très élevés et proportionnels à l’intensité alors précipitée.
Plus la surface du bassin-versant est faible, plus son temps de concentration est réduit. La
fréquence des débits générés par une intensité forte et affectant simultanément la totalité du
bassin-versant est plus élevée et la valeur atteinte lors de pluies exceptionnelles d’autant plus
grande.
Ainsi, il est clair qu’à l’aval de bassins-versants caractérisés par une superficie de quelques
hectares à quelques dizaines d’hectares, et dont la couverture n’a pas été modifiée par
l’Homme, les débits de période de retour décennale sont très nettement supérieurs au « 1
l/s/ha » mentionné dans le SDAGE Seine-Normandie et au « 3 l/s/ha » mentionnés dans le
SDAGE Loire-Bretagne, ou plus généralement, aux valeurs qu’imposent les DDT et DDTM
lorsque les SDAGE sont muets sur ce sujet.
336
Départements du Var et de la Manche.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 203 Collecte EU / EP
Il est évident que pour des bassins-versants de quelques dizaines d’hectares, les débits de
période de retour décennale sont bien supérieurs aux limitations actuellement imposées.
Cependant, on pourrait par un raccourci – simpliste – imaginer que « qui peut le plus, peut le
moins », et donc penser que des objectifs de réduction se traduisant par des limites plus
sévères que celles observées dans la nature vont dans le bon sens vis-à-vis du principe sur
lequel repose l’article 640 du Code Civil.
Ce serait oublier que les limitations imposées par les SDAGE précédemment cités, ne
s’appliquent qu’aux pluies décennales. Cela signifie qu’en limitant à l’aval d’un bassin-versant,
à une valeur unique représentative de précipitations décennales, les débits émis pour des
pluies courantes, on ne maîtrise d’aucune façon les ruissellements générés lors de « petites
pluies », alors que la situation naturelle se caractérisait par une absence de ruissellement.
D’autre part, pour des pluies plus rares que celles décennales, on limite dans un premier temps
les débits émis à des valeurs qui se voudraient caractériser une pluie décennale, puis que, une
fois le bassin d’écrêtement rempli, on tolère subitement et sans plus aucune limite, des
écoulements bien supérieurs à la limitation imposée.
Une limitation à une valeur unique de débit déterminée pour une précipitation de période de
retour donnée, ne répond donc d’aucune façon à l’objectif de rapprocher les écoulements
générés après aménagement d’un bassin-versant à ce qu’ils étaient avant aménagement.
Le schéma présenté dans un ouvrage récent337 illustre bien l’insuffisance d’un critère unique de
limitation des débits, quelle que soit la superficie des bassins-versants concernés.
337
« L’Ingénierie écologique », ASTEE 2013.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 204 Collecte EU / EP
Quelles conséquences ? Le schéma ci-dessous illustre338 les écoulements que l’on observerait
à l’aval d’un bassin-versant naturel et de ce même bassin-versant urbanisé et soumis au
principe de limitation de débit précédemment évoqué (en admettant que la valeur de limitation
de débit soit réellement équivalente au débit décennal émis par le bassin-versant avant
aménagement).
3000
Débit (l/s)
Débit émis par un BV "naturel"
2500
Débit émis par un BV urbanisé
SANS limitation
Débit émis par un BV urbanisé
2000 AVEC limitation
1500
1000
500
es s s an s s
oi oi an an
ain m m =
1
10 0
se
m =
1
=
3 T = 10
2 T T T =
= T
T
Dans tous les cas, la régulation en termes de débits de pointe atteints demeure éloignée de
celle qui prévalait avant aménagement du bassin-versant. D’autre part, les volumes
annuellement écoulés sont fortement accrus. Si la totalité du bassin-versant d’un petit cours
d’eau était aménagée sur ce principe, on assisterait à une « régularisation » de son régime
hydrologique.
Toutes les conséquences en découlant sont difficiles à inventorier, mais on notera que cela
conduit inéluctablement à une modification des conditions dans lesquelles se produisent le tri
granulométrique qui affecte les fonds du lit mineur et les phénomènes d’érosion / dépôt. La
morphologie du cours d’eau est donc impactée, tout comme les biotopes339. On ne concourt
pas du tout avec une telle mesure à l’atteinte d’un « bon état hydromorphologique ».
En termes d’impact(s) sur le cours d’eau récepteur, la nécessité de limiter les débits émis par
un bassin-versant appelé à être urbanisé se justifie d’autant plus qu’il s’agit d’un petit cours
338
Valeurs purement indicatives. Seule l’allure respective des courbes les unes par rapport aux autres est à observer.
Attention ! Il n’y a pas correspondance entre la période de retour d’un évènement pluviométrique donné et la période
de retour du débit de pointe généré par un bassin-versant, notamment quand une part importante du bassin-versant
n’est pas urbanisée. Ainsi, sur le schéma présenté, les débits indiqués pour une même période de retour indiquée en
abscisse ne sont pas générés par le même évènement pluviométrique, et la période de retour de cet évènement
pluviométrique est probablement encore différente (notamment à cause, pour les bassins-versants ruraux, du poids
du contexte pluviométrique antérieur à cet évènement).
339
Cf. le très bon article paru dans « Adour-Garonne », n°123, septembre 2013, p20-21 : « Rivières en crue, quels
effets, quels bienfaits ? », Anne Cittério, AEAG.
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 205 Collecte EU / EP
d’eau dont les débits seront fortement modifiés par les rejets d’eaux pluviales. Par contre, quel
est l’impact du rejet issu d’un bassin-versant urbanisé de quelques hectares ou dizaines
d’hectares s’opérant dans un cours d’eau dont la superficie s’élève à des centaines ou milliers
de km2 ou davantage, et pour lequel les débits usuels340 s’expriment en m3/s ? Les crues du
cours d’eau ne sont pas liées aux épisodes pluviométriques les plus intenses qui affectent la
surface aménagée (épisodes « orageux »), mais à de longues séquences pluviométriques,
voire aux antécédents pluviométriques qui précèdent ces séquences.
Ainsi, par exemple, un orage sur un quartier de Rennes sera quasiment sans effet sur le
débit de la Vilaine à l’aval de Rennes, et les épisodes pluviométriques à l’origine des crues de
la Vilaine à l’aval de Rennes ne génèreront probablement à l’aval d’un tel quartier, que des
débits d’eaux pluviales bien limités.
Les limitations de débit visant à une maîtrise des eaux pluviales émises par un bassin-versant
destiné à être aménagé doivent donc être entrevues en fonction de l’hydrologie du milieu
récepteur de ces eaux pluviales.
Toutes ces remarques montrent donc qu’imposer de façon systématique un écrêtement des
eaux pluviales n’est pas hydrologiquement pertinent.
340
Hormis dans un contexte climatique méditerranéen…
341
On ne développera pas ici les conséquences des valeurs de limitation de débit aujourd’hui adoptées en termes de
durée de vidange des bassins d’écrêtement. Ces durées peuvent être telles qu’elles peuvent aboutir en cas de
succession d’évènements non exceptionnels, à tout de même remplir ces bassins (ce qui justifiait la fameuse
« méthode des volumes » de l’INT 77284…)
342
Cf. Encyclopédie de l’Hydrologie Urbaine, Eurydice 92, coordination B. Chocat, 1997, collection TEC&DOC
Editions Lavoisier, p98.
343
On remarquera que de tels dossiers ne sont requis, si on applique strictement le contenu de la rubrique 2.1.5.0.
que pour les rejet d’eaux pluviales « dans les eaux douces superficielles ». Or la réalisation de tels dossiers est
quasiment systématique pour tout aménagement dont les eaux pluviales débouchent dans des collecteurs d’eaux
pluviales existants ! (au motif que le rejet des effluents collectés par ces collecteurs n’a pas fait l’objet d’une
autorisation ?...).
EC.eau / Veolia S Eisenstaedt 206 Collecte EU / EP
réflexion sérieuse sur la façon de gérer quantitativement les eaux pluviales quand la capacité
d’infiltration des sols est faible et que des rejets en milieu superficiel sont inévitables.
L’atteinte d’un bon état des cours d’eau vis-à-vis des pressions liées au temps de pluie ne peut
manifestement pas reposer sur des objectifs de qualité des eaux, tellement les variations de
qualité qui en découlent sont épisodiques. La recherche de paramètres « intégrateurs »
s’impose, accompagnée de références à satisfaire. Des références de qualité existent pour les
sédiments dans plusieurs pays (Pays-Bas, Etats-Unis..). Elles permettent la mise en évidence
des contextes dans lesquels la pollution des sédiments est significative et probablement
impactante. Le recours à de telles grilles de références permettrait, dans le cadre des zonages
eaux pluviales, d’identifier avec une certaine fiabilité les cours d’eau significativement impactés
par les rejets d’eaux pluviales, et donc de préconiser des mesures compensatoires quand cela
se justifie (interception de la pollution particulaire). La dépollution des eaux pluviales de façon
systématique, quel que soit le milieu récepteur, quelle que soit le type d’urbanisation
(lotissements !...) n’est pas envisageable de façon performante et financièrement acceptable.
Les études de zonage doivent permettre de délimiter les contextes dans lesquels la dépollution
des eaux pluviales est une priorité environnementale.
A lire aussi :
Rachel CARSON et Houghton MIFFLIN, « Silent Spring », New York, 1962. « Printemps
silencieux », Editions Wildproject, Marseille, 1994, à partir de la Traduction de J.F. Gravrand en
1963 pour les éditions Plon.