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Un des modèles d'écoulement que nous avons vu, c'est le modèle de l'écoulement uniforme. Mais,
dans la réalité, ce modèle est assez exigeant et il faut se poser la question : "que se passe-t-il quand
les conditions de l'écoulement uniforme ne sont pas réalisées, entre autres quand la ligne d'eau n'est
pas parallèle au fond.
Cela veut dire que nous n'aurons plus, cette fois-ci, le parallélisme entre le fond, la ligne d'eau et la
ligne d'énergie. Et cette situation, en fait, se présente souvent dans la réalité. Même dans une
rivière relativement calme, comme la Seine à Paris. A fortiori dans une rivière où il y a différents
ouvrages hydrauliques qui régulent la ligne d'eau. Et plus encore quand on approche par exemple de
chutes, nous aurons un écoulement qui n'a plus rien d'un écoulement uniforme.
Alors l'idée, c'est justement d'essayer d’étudier ce qui se passe quand l'écoulement uniforme n'est
pas réalisable.
On va d'abord définir l'écoulement non uniforme, donner les hypothèses.
Nous allons introduire quelques notions qui vont être très utiles par la suite, la notion d'énergie
spécifique, et la notion de profondeur et de régime critique. Puis nous verrons comment plus ou
moins calculer une ligne d'eau, et comment tout cela peut s'appliquer à une rivière naturelle.
Nous allons d'abord préciser la définition, elle est très simple : un écoulement non uniforme c'est un
écoulement dont au moins une des conditions de l'écoulement uniforme n'est pas réalisée, par
exemple, la ligne d'eau n'est pas parallèle au fond ou les sections ne sont pas prismatiques. Et
l'hypothèse dont nous aurons besoin, c'est l'hypothèse sur les pertes de charge. Et en fait l'idée de
base, c'est de dire que la perte de charge dans un écoulement non uniforme, est la même que celle
d'un écoulement uniforme dans des conditions similaires. En pratique, qu'est-ce que cela veut dire ?
Nous avons ici, nous rappelons l'équation de l'écoulement uniforme. On peut retourner cette
équation en l'exprimant en S0 ou en Sf et par exemple, dans le cas de l'écoulement uniforme, nous
avons l'équation qui est entourée en bleu. Cette équation-là, elle est valable si nous avons de fait
affaire à une profondeur uniforme. Si nous avons une profondeur qui n'est pas la profondeur
uniforme, on va écrire exactement la même équation, mais nous allons l'écrire en fonction du h réel
et non plus de la profondeur uniforme.
On peut déduire quelque chose d'intéressant de ces expressions, parce que si on compare justement
les deux, on voit que si la profondeur est plus grande que la profondeur uniforme, nous avons que Sf,
la pente de la ligne d'énergie, est plus petite que S0, la pente de fond. Donc, cela veut dire qu'on
perd moins d'énergie par mètre de longueur que la pente de fond nous offre comme énergie
disponible. Et bien sûr, c'est exactement l'inverse si la profondeur est plus petite que la profondeur
uniforme : cette fois-ci, Sf est plus grand que S0, on perd plus d'énergie que la rivière ne nous en
offre par sa pente de fond.
Ceci va nous permettre d'introduire une notion intéressante qui est la notion d'énergie spécifique.
Alors, la définition de l'énergie spécifique, c'est quelque chose de très simple : en fait, c'est tout
simplement le niveau de la ligne de charge, le niveau de la charge dans une section, mais exprimée
non pas par rapport à un plan de référence fixe, mais par rapport au plan de référence qui passe par
le pied de cette section. Ce qui veut dire qu'en pratique, l'énergie spécifique, grand E, est en fait la
somme de la profondeur, mais projetée sur une verticale, et de l'énergie cinétique. Si maintenant,
on essaie d'exprimer le débit en fonction de la profondeur pour une énergie spécifique donnée, on
reprend la même équation, mais cette fois-ci, on met alpha Q²/2g dans le premier membre, et bien
entendu, cela veut dire que le débit va être nul au même moment que Q²/2g, il va être maximum au
même moment que Q²/2g. Et précisément, en analysant cette fonction, on s'aperçoit que le débit
est nul si la profondeur est nulle, c'est assez logique. Ou si la profondeur occupe l'entièreté de
l'énergie disponible. Il y a donc un maximum, et nous dirons que ce maximum intervient quand la
profondeur est ce que l'on appelle la profondeur critique. Et on peut démontrer que cette
profondeur critique est la profondeur qui répond à l'équation entourée de rouge. alpha*Q²*L (L,
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c'est la largeur de la surface libre) / (g*A³ (A, c'est toujours l'aire de la section)); l'aire de la section,
est égale à racine de (1-S0)², c'est-à-dire égale au cosinus de l'angle du fond de la rivière.
Si maintenant, on prend un autre point de vue, c'est-à-dire si on représente l'énergie spécifique en
fonction de la profondeur d'eau, cette fois-ci pour un débit donné. Là, on peut garder l'équation telle
quelle, on va juste la diviser par racine de (1-S0²) pour la facilité, et cette équation-là, c'est une
équation qui a la forme suivante : elle part de l'infini, elle retourne à l'infini en étant asymptotique à
une droite à 45°. Une fois de plus, nous aurons cette fois-ci un minimum, minimum dont on peut
démontrer qu'il a lieu exactement pour la même profondeur critique que celle que nous avions
définie dans le cas du débit maximum pour une énergie spécifique donnée. Nous voilà donc avec
une deuxième définition de la profondeur critique, et toujours la même équation, celle qui est
entourée de rouge. On peut montrer maintenant que cette profondeur critique qui correspond à un
régime critique et dont nous allons voir qu'elle est importante dans la pratique, on peut la calculer.
On peut voir qu'elle a de l'influence sur le type de ligne d'eau que l'on va rencontrer. Et on va voir
qu'il y a un lien entre cette profondeur critique et la célérité de l'information, ce qui va être
important dans la pratique.
Comment calculer la profondeur critique ? On prend le cas ici d'une section trapézoïdale, on a
l'équation qui est toujours entourée de rouge; on sait que l'aire mouillée est la somme d'un rectangle
et de deux triangles; la largeur de la surface libre peut se calculer comme la somme de la largeur au
plafond plus deux fois p*h. Cela veut dire que toutes ces fonctions sont des fonctions de la
profondeur, et nous avons donc en mettant en évidence h³, une équation du type h = fonction de h,
que nous allons pouvoir résoudre par itération, exactement de la même manière que pour la
profondeur uniforme. Prenons un exemple : nous avons le canal trapézoïdal qui est représenté ici.
Et nous introduisons dans le second membre une profondeur supposée, et puis nous allons calculer
le premier membre, réintroduire cette valeur dans le second membre, et ainsi de suite ...
On suppose par exemple 2 mètres, on va trouver 3,21 m, on introduit 3, 21 m dans le second
membre, on va trouver 3, 07 m, qu'on réintroduit dans le premier membre, et ainsi de suite et on
voit que l'on tend vers une valeur de 3, 087 comme profondeur critique.
Il est intéressant de se rappeler que la profondeur uniforme en fonction de la pente était très
variable : elle partait de l'infini pour une pente nulle et puis elle diminuait de manière importante. Il
n'en va pas de même pour la profondeur critique, parce que la profondeur critique, elle, dépend du
cosinus de l'angle, cosinus qui varie à peine pour des pentes habituelles de rivière, mais du coup cela
va nous permettre de définir ce qu'on appelle la pente critique, celle pour laquelle hu et hc sont
égales. Et de définir ce qu'on va définir des pentes hydrauliquement faibles et hydrauliquement
fortes, qu'on va désigner par les initiales M et S qui correspondent aux mots anglais « Mild » et
« Steep », et nous allons voir que nous pouvons vraiment distinguer les lignes d'eau comme étant
des lignes d'eau de faible pente ou de forte pente.
Autre chose intéressante, c'est que, à ce régime critique, correspond en fait la célérité de
l'information. Si on suppose que l'on a exactement la profondeur critique, et donc une vitesse qu'on
va appeller la vitesse critique, on va retomber exactement sur la même équation que celle de la
profondeur critique. Ca veut dire qu'en pratique, si nous avons une profondeur qui est plus grande
que la profondeur critique et donc une vitesse plus petite que la vitesse critique, on va appeler cela
un cas "subcritique", ou un cas fluvial, on va avoir en fait la vitesse de l'eau qui est plus petite que la
vitesse de l'information, et donc l'information est capable de remonter le courant.
Si par contre h est plus petit que hc, on a un écoulement supercritique, torrentiel, la vitesse de l'eau
étant plus grande que la vitesse de l'information, l'information n'est pas capable de remonter de
l'aval vers l'amont.
Cela veut dire que, dans le premier cas, on va avoir une ligne d'eau qui va dépendre de l'aval, une
ligne d'eau d'aval; et dans le second cas, nous aurons une ligne d'eau qui dépend obligatoirement de
l'amont.
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Justement, comment peut-on calculer ces lignes d'eau ? Nous allons voir d'abord quelles sont les
équations des lignes d'eau, nous allons voir quelles sont les types de lignes d'eau qui correspondent,
et puis voir des éléments de calcul.
Pour cela, première considération, c'est regarder l'évolution de l'énergie spécifique. Si on additionne
les deux quantités en rouge à gauche, on voit qu'elles sont égales aux deux quantités en bleu à
droite, et on peut traduire cela sous la forme d'une différence d'énergie spécifique qui est égale à S0
moins Sf, multiplié par Delta s, la longueur entre la section 1 et la section 2. Qu'on peut mettre sous
une forme différencielle, dE/ds=(S0-Sf). Cela veut dire que le signe de l'évolution de E, croissant ou
décroissant, va dépendre de la position relative de la pente de fond, et de la pente de la ligne
d'énergie.
Or nous avons vu justement que cette position dépendait du fait que l'on soit au-dessus ou en-
dessous de la profondeur uniforme. Si on est au-dessus, Sf est plus petit que S0, et donc E va
augmenter. Si on est en-dessous de hU, Sf est plus grand que S0 et donc l'énergie spécifique va
diminuer.
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profondeur hc, et pour chacun des demi intervalles, on va calculer N, D, en déduire « Delta Sé, en
déduire le s, donc en déduire l'abscisse du point en question. Ce qui va nous donner par points, la
ligne d'eau qui est donc bien une ligne M3 dans ce cas-ci.
Pour les rivières naturelles bien sûr, comme les hypothèses que nous avons utilisées ne sont pas
tout-à-fait remplies, on va avoir quelque chose de similaire, mais pas tout-à-fait, pas exactement
pareil. Si on prend ici le cas d'une rivière au Benin, on constate que en calculant la ligne d'eau à
partir de 3 positions à l'aval qui diffèrent d'un mètre, on voit que les lignes d'eau convergent vers une
profondeur commune à l'amont. On retrouve en fait quelque chose qui ressemble aux axes M1, Mu
et M2.
Merci de votre attention, bon courage pour les quiz qui vont suivre. A bientôt.
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