Si le thème du premier numéro était rassembleur et très ouvert, celui-ci a imposé une
coordination très supérieure et un véritable travail d’équipe sur un sujet pointu. Réussir à respecter
la vraisemblance « historique » tout en offrant des articles ludiques et agréables à lire, c’était une
gageure. Je tiens d’ailleurs à préciser que toutes les approximations sont de mon fait, parce qu’il
fallait les calmer, ces passionnés !
Ce fut un véritable cauchemar : textes en retard – ces auteurs ! – relectures interminables, débats
acharnés sur les règles – on espère qu’elles vous plairont, parce qu’alors là, on pourra dire qu’elles
nous auront fait suer ! Sans parler des auteurs emportés par leur inspiration et qui vous pondent
12 pages là où on en attendait 3… Vous avez remarqué ? Le premier numéro aurait du faire 80
pages, il en fait 86. Le second… 94 ! Et en plus il y a des thèmes connexes traités sur le site...
Bref rien n’aura été épargné au pov’rédac’chef cette fois-ci. Mais ne vous inquiétez pas, je me suis
bien vengé ! On pourra dire que je les ai fait pleurer, les povs auteurs et illustrateurs. D’ailleurs,
je tiens à adresser une mention toute particulière aux illustrateurs qui ont, eux, parfaitement
tenu leurs délais, et tout spécialement à Maud qui nous a offert encore une fois une magnifique
couverture et de superbes cartes. Et qui a même réussi à supporter mes innombrables remarques
sur la carte de l’Harmonde !
Quoi qu’il en soit, régalez-vous bien... en attendant une grosse surprise pour Noël !
A l’abordaaaaaaaaaaaage !
Thabanne
Crédits
Rédacteur en chef Correcteur en chef
Rédacteurs Correcteurs
Guillaume Bourassé, Pierre Coppet, Grégory Guillaume Bourassé, Pierre Coppet, Grégory
Dardonville, Fabrice De Boni, Julien Desse-Baude, Dardonville, Fabrice De Boni, Nadège Debray, Julien
Vivien Féasson, Nicolas Grevet, Jérôme Isnard, Stéphane Desse-Baude, Vivien Féasson, Nicolas Grevet, Jérôme
Magnan, Frédéric Ruysschaert, Fabrice Vincent Isnard, Stéphane Magnan, Frédéric Ruysschaert,
Stéphanie Sesquière, Fabrice Vincent
Couverture et Logo
Maquette
Maud Chalmel
Nicolas Grevet, Jérôme Isnard
Illustrations intérieures
Webmestre
Maud Chalmel, Boris Courdesses, Angélique Grevet,
Guillaume Poux Nicolas Grevet
Remerciements spéciaux à David Nérot, Julien H. et Stéphanie S-I
Agone est un jeu de rôles de Mathieu Gaborit et Stéphane Marsan édité par Ubik – Tous droits réservés
Est-il besoin de préciser que les textes et illustrations publiés dans ce fanzine sont la propriété de leurs auteurs ? Toute
reproduction ou diffusion à titre gratuit ou onéreux est interdite.
3
Jour – le site, et le fanzine. Ben oui, c’est le rédac’chef.
4
des océans aux œuvres immortelles. Voyageur,
explorateur, marchand, protecteur des opprimés. Il
connaissait chaque pays et il n’était pas une plage
que ses pieds n’avaient foulée. Hélas, en dépit de ses
exploits toujours plus nombreux et de sa renommée
sans cesse grandissante, il n’était pas heureux : la
solitude était son lot ; il n’avait pas d’ami et nulle
femme ne possédait son cœur, la médiocrité des
mortels n’ayant pour lui aucun attrait.
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pigments rares. Peu à peu, les phrases devinrent des vieillit. Sa peau se fit sèche, racornie. Le sel creusa
lettres. De longues tirades amoureuses dérivaient dans son visage de profonds sillons. Il ne fit bientôt
désormais le long des océans, finissant leur course plus attention à ses habits qui devinrent troués,
en se déchirant le long de navires anonymes. Deux rapiécés, ternis. Il perdit son poste de capitaine
courtes années passèrent ; le cœur des hommes se ainsi que tous ses biens, à l’exception d’un vieux
lasse même du bonheur, et Vendécume souffrait de navire errant sur les flots avec pour seul passager ce
n’avoir jamais vu sa belle. La dame de ses pensées héros usé. Un pâle matin d’automne, il flottait ainsi,
répugnait à le voir, ignorante qu’elle était sans doute solitaire, sa morne route le menant inexorablement
de la fière beauté du capitaine ! Il la pressait sans là où son âme avait péri. Les flots charriaient encore
cesse, l’appelant de ses cris désespérés, l’accusant de les lettres éparses de poèmes oubliés. Les eaux
le faire souffrir par jeu et cultivant en elle le remords autrefois bleues arboraient désormais un noir lourd
de cette cruauté. de menaces, et le ciel était si pâle qu’on l’aurait cru
sur le point de s’éteindre. Alors, tandis que l’esquif
Cédant enfin aux caprices du héros, la sirène lentement parvenait aux lieux funestes du drame,
accepta de se montrer aux yeux du monde. Pour les vents cessèrent de souffler et le navire s’arrêta.
Vendécume, c’était la fin de la souffrance, les
prémices d’une union que dans ses rêves il avait Dans un silence de cathédrale, le temps s’écoulait
déjà si souvent consommée. Déjà l’équipage n’avait avec indolence, un pâle soleil suivant lentement son
plus qu’un seul mot à la bouche : mariage. Ce n’est chemin dans le ciel. Bientôt la nuit tomba sur cet
que lorsque le soleil rougissant s’effaça derrière les océan de solitude ; aucun bruit, aucune présence
flots apaisés qu’elle apparut sur le pont, comme ne troublait le calme oppressant. Vendécume, la
déposée par les océans. C’est alors que le capitaine patience brisée, se mit à hurler sa rage aux flots.
découvrit une femme ordinaire, ni belle ni laide, Il injuria cette sorcière qui avait détruit sa vie, la
vêtue de haillons poisseux, autant dénuée de magie maudissant de toutes ses forces, mais les mots
que les crasses orphelines de Lorgol. Ses rêves de disparaissaient aussi vite qu’ils étaient prononcés :
sirène brisés, son amour alla rejoindre les poèmes ni les vents ni les flots n’auraient porté semblables
d’écume et finit éparpillé le long de quelque récif paroles. Le silence retomba bientôt sur la tombe
inconnu. Il l’accusa de l’avoir trompé, d’avoir pris océane. Les jours se suivaient sans que rien ne se
son amour pour en retour n’offrir qu’une ordinaire passe ; la fougue du vieillard disparue, aucun son
laideur. L’âme desséchée, il ordonna à son équipage ne sortait plus de ses lèvres, ensanglantées par le
de jeter avec violence cette vulgaire créature dans les vent. Lentement, la vie quittait ses membres et le
flots, dans l’espoir qu’inconsciente elle finisse par s’y laissait pourrissant sur son navire branlant. C’est
noyer. Son navire quitta alors ces lieux funestes pour alors qu’un dernier souffle s’apprêtait à quitter sa
ne plus y retourner. On raconte que Vendécume, le bouche, qu’on l’entendit murmurer, si faiblement
cœur brisé, se fit pirate, mettant à feu et à sang les qu’une brise eût tôt fait de l’emporter, un mot, un
côtes qui autrefois scandaient son nom. seul : Pardon.
Mon histoire n’est pas terminée. Quelle morale Alors la femme surgit des eaux et l’emporta. »
serait sienne s’il en était ainsi ? Comme dans toutes
les histoires vraies, le temps passa. Vendécume Mangelune
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Royaumes
d’écume et de
brumes
Des confins du septentrion aux mystères de l’Automne, les mers sont les frontières inconstantes et infinies de l’œuvre
des Muses. Si les rêveurs ne savent rien des quatre Créatrices, que n’imaginent-ils pas découvrir au-delà des vagues et
de l’horizon ?
Les mers de l’Harmonde sont le havre des pirates et des sirènes, des abîmes oubliés, des cités englouties et des trésors
cachés. Elles sont l’aventure, le mystère, la terreur.
Géographie des couverture), cette présentation n’en sera que plus claire.
7
La mer de l’Aurore • La mer Écarlate est la plus chaude de l’Harmonde.
Parfois désignée sous le terme ancien d’océan, cette Loin des principaux courants, elle abrite, paisible, ce
mer immense s’étend des plages glacées des Parages aux que nombre de poètes nomment une perfection : entre
brûlantes jungles de Bokkor, du golfe d’Ébène à la mer les rouges barrières de coraux keshites et bokkori errent
Écarlate. Généralement pacifique, elle est cependant les fragiles felouques de pêche. Les pêcheurs de perles
réputée pour ses colères meurtrières et connue comme et de coraux y rivalisent d’audace pour y trouver ces
l’écrin des merveilles exotiques, de l’art primitif des splendeurs qui font le ravissement des plus belles femmes
Parages, des mystérieuses épices de Bokkor, des roufs et de l’Harmonde.
des innombrables criques, passes et îlots de la mer de
Rigello. La mer Échancrée
Innombrables sont les légendes de trésors pirates, d’îles Les marins disent que les eaux du ponant sont plus
oubliées, de cités englouties – de l’île du Noir au cap glacées que les marches du Septentrion, car elles
Livarien – ou de mystères plus anciens que l’humanité pourraient éteindre le soleil lui-même.
– le Primarbre lui-même ne sommeille-t-il pas au cœur La mer Échancrée se brise sur les impassibles falaises de
du golfe d’Ébène ? la République mercenaire et s’engouffre dans le Croissant,
La mer de l’Aurore assista à la naissance de la vie et à entre la Corne australe et l’Urguemand, pour venir mourir
la mort des poucets, elle est la maîtresse inconstante, dans les havres de Ronde-Cité. Les courants chaotiques
l’errante magnifique. Elle incarne à elle seule tous les qui s’affrontent entre les falaises de la Corne et celles
symboles. De brumes et d’écume, de coraux en abîmes, de d’Urguemand, la Muraille, haute de plusieurs centaines
Tortage à Sasmiyana. de mètres, expliquent sans doute l’audace et le talent des
marins urguemands – sans parler des vents, de la pluie ou
• Le golfe d’Ébène impose aux marins un respect même de la neige.
intemporel. Dans bien des légendes, il est la mer – la La péninsule de Rochronde offre le seul passage vers
mère ? – primordiale. Pourtant, il s’agit de la cadette de les baronnies, dont profitèrent trop souvent les sinistres
l’Harmonde. Ses eaux abritent le plus vaste des tombeaux, flottes des croisades ; elle abrite également la légendaire
l’abîme qui vit se perdre le berceau de toute vie. Ce rivale de Sasmiyana, Lorgol aux Mille Tours. Ces eaux
respect s’exacerbe au creux des Parages, cette terre vierge violentes, contaminées sans doute par la rage des
qui incarne, comme le golfe, toute la beauté originelle de tarasques, s’apaisent, comme enchantées, lorsqu’elles
l’harmonie sauvage. Ici les équipages se recueillent, les plus viennent à baigner les douces plages de Cyniel à Laedysse.
superstitieux caressent leurs amulettes ou murmurent Pourtant, le courant glacial du septentrion vient plus
quelques prières. Le silence du golfe d’Ébène est attentif et au modéhant se heurter aux chaudes eaux de la mer
patient : pesant. Le poids de la faute des Dames. d’Azurée, donnant naissance à de redoutables tempêtes.
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prisés des méduses les moins férues de jeux du cirque.
LES GIVRINES
Veillant sur leur quiétude, les puissantes galères de Sénéca
arpentent le golfe en implacables gardiennes, sous l’œil Ces créatures du Septentrion seraient le fruit des
vigilant des tours de feu, ces jumelles flamboyantes situées expériences d’élémentalistes flamboyants. Épaulards
de part et d’autre du détroit qui marque l’entrée de cette mythiques nés de la fusion d’orques et d’hivernins de
mer protégée. Vestiges militaires aux troubles origines, les glace, ces prédateurs marins aux reflets d’obsidienne et
deux phares illuminent chaque nuit les dangereux récifs de marbre sont capables de broyer l’étrave d’un navire.
de la passe, alors que les méduses étudient avec l’Équerre Leur peau de givre, cependant, les rend très vulnérables
la construction d’une immense barrière de chaînes aux flèches enflammées et les équipages croisant dans
tendues entre les deux tours, capables de sceller l’entrée la mer d’Orion ou dans les marches du Septentrion
du golfe. savent l’importance de trois vigies consacrées à ce
danger mortel.
La mer Scintillante
Domaine autoproclamé de la puissante flotte TAI : +2, MV : 8
janrénienne, la mer Scintillante – plus connue en
Janrénie sous le nom de mer des Justes – est le joyau Caractéristiques primaires
du septentrion. Les contes prétendent que la lueur des AGI : 5, FOR : 12, PER : 6, RÉS : 9
étoiles y est incomparable, et que la lune elle-même en
fit son miroir. Plus encore que le reflet des astres dans ses Caractéristiques secondaires
eaux limpides, le fascinant scintillement des vagues, cette MÊL : 7, PdV : 90, SBG : 30, SBC : 45, BD : +12
poussière d’étoile que nul ne peut saisir mais qui fascine
tous les marins du septentrion, a donné son nom à la mer
Compétences
Scintillante.
Crocs 8
• Les marches du Septentrion sont un chaos de Épreuves : Athlétisme 7, Vigilance 8.
glaces éternelles. La banquise s’avance loin des côtés de la Maraude : Chasse 9
Lyphane jusque dans la mer d’Orion, à tel point que les
géographes discutent toujours son appartenance à l’Orion Combat
ou à la Scintillante. Les Génies des temps anciens évoquent Initiative : 11, crocs 9
les splendeurs du premier empire, de la mythique Coronis Attaque au contact : crocs 16
aux palais de jade et de glace de Cristanse. C’est ici que
seraient tombées les dernières Lueurs, leurs cendres se ARMES
mêlant indéfectiblement aux glaces pour se dissoudre Arme Init. Att. Déf. Dom+BD TAI
au fil des éons dans la mer Scintillante et lui conférer sa Crocs -2 +1 - +15 (P) +2
limpidité et son étrange iridescence.
Cette mer boréale est traîtresse et dangereuse. S’il n’est
nul besoin d’y craindre les hauts-fonds et les récifs, il n’est
pas rare que de lourds blocs se détachent de la banquise, ou
qu’un navire imprudent se retrouve prisonnier des glaces.
Les historiens prétendent que l’empire des glaces n’a
cessé de croître depuis l’Éclipse, comme si cet événement
mystérieux avait refroidi les eaux de l’Harmonde…
Seuls les puissants galions janréniens et les habiles
goélettes boucanières peuvent croiser dans ces eaux
traîtresses, bien loin des côtes, des montagnes de glace
flottantes et des sombres givrines.
LES OCeans
Ce terme désuet n’apparaît plus que dans les contes et
récits du temps d’avant.
Avant quoi ? Lorsque le Masque transforma
l’Harmonde pour l’enfermer dans le Voile de
l’Automne (cf. Dramatis Personae p. 104), il détruisit
les océans, ces étendues d’eau infinies où les rêves des
capitaines s’incarnaient quand eux-mêmes entraient
dans leurs songes. Éminence, les mystères des confins
de l’Harmonde seront abordés dans un prochain
numéro du Souffre-Jour.
9
Les mers maudites
Les cinq souffles de
La mer d’Orion
La sinistre mer d’Orion est un désert aux eaux obscures.
Perpétuellement balayée par les vents venus des marches
Stance
du Septentrion, ces mêmes vents qui donneront les
glacials blizzards paragéens, elle charrie les immenses
blocs de glace des marches au fil du vent des flots, rendant Lorsque Stance prit la parole pour conter l’Harmonde,
la navigation particulièrement dangereuse. Certains y son souffle naquit et se propagea aux confluents de
voient la colère du dernier des titans, noyé dans ces eaux l’histoire. Chaque événement crée une onde dans l’œuvre
sournoises alors qu’il aurait pu devenir le roi du monde, des Muses, qui, en rencontrant ses semblables, provoque
s’élevant parfois telle une montagne de glace au-dessus l’apparition de ce que les mortels nomment « vents ».
des flots pour détruire les navires imprudents. Les pixies savent du souffle du passé pressentir le vent de
l’avenir, et lire ainsi la trame de l’histoire qui reste à écrire
(cf. Les Automnins p. 95).
Le sang des Tarasques Ces automnins distinguent ainsi cinq grands vents, dont
Dans les eaux bouillonnantes au large des Cornes le plus puissant et le moins connu – sauf des marins – est
se trouve une mer redoutée des marins, le sang des celui des flots. Chacun de ces vents, aérien ou marin, est
Tarasques. Ici naissent les deux courants du vent des flots, la somme de myriades de courants nés des rameaux de
dans cette mer perpétuellement balayée par typhons et l’histoire.
tornades qui contribuèrent à la réputation des Cornes.
La rage destructrice des Excellences luttant dans les
profondeurs serait à l’origine de ces puissants vents Le vent des flots
marins, des tourbillons et des tempêtes. L’on évoque
la lutte des tarasques contre démons et krakens, leurs C’est ainsi que les érudits nomment ce courant double
batailles fratricides… L’on parle également à mots couverts qui contourne l’Harmonde depuis le sang des Tarasques
de ces équipages disparaissant dans les brumes et de ces jusqu’à la mer Mancrine. Les pixies le nomment « chemin
nefs des temps passés surgissant parfois tels des spectres. de l’exil » (cf. p. 65). Les traditions en font le vent des
Seuls les fous et les Janréniens osent naviguer sur le morts, celui qui naît lorsque s’arrête une vie, porteur des
sang des Tarasques, franchir le cap Corne qui le sépare regrets, des haines, des joies et de tous les événements qui
de la mer Scintillante, là où le vent des flots est le plus causèrent et suivirent le décès.
puissant, indomptable courant chaud se heurtant aux Le vent des flots est un courant chaud qui naîtrait de
eaux glaciales. Les légendes ont fait d’eux des héros et la la colère des tarasques. Dans sa route septentrionale, il
mer, de leurs enfants, des orphelins. se refroidit dans les eaux de la mer Scintillante et sous
les marches du Septentrion pour emporter des blocs de
La mer Mancrine banquise sur la mer d’Orion. Devenu glacial, il trace une
Là où les sages des décans placent l’île de l’Automne, les route froide et sombre au large de la mer de l’Aurore pour
marins fuient la mer Mancrine. Cette mer que nul vent mourir dans la mer Mancrine.
ne vient jamais troubler est, selon les marins, le cimetière Dans son trajet modéhant, le vent des flots baigne de
des navires, la mer des morts et des vaincus. Les équipages ses eaux tièdes les côtes urguemandes et mercerines, ainsi
pris au piège de ses eaux trop calmes et trop silencieuses que le ponant de la Marche modéhenne, adoucissant le
ne parviennent que rarement à les quitter. Il est dit que climat de ces nations tempérées. Au large de Madénie, le
les seuls sons qui y résonnent sont les chants des sirènes vent des flots rencontre les eaux trop chaudes de la mer
venues accompagner les derniers instants des futurs d’Azurée pour faire renaître tempêtes et cyclones puis,
mourants. D’autres légendes évoquent ces mystérieuses comme son jumeau septentrional, vient mourir dans la
nefs charnelles venues chercher leur cargaison de défaites mer Mancrine.
et de rancœur pour les mener en leur dernière demeure…
Les quatre vents
Tempetes et typhons
• Le grand canal souffle depuis les montagnes glacées
Les marins racontent que ces tempêtes des Parages jusque dans les forêts modéhennes. Ce vent
qui naissent lorsque se heurtent les eaux de froid est, hormis le vent des flots, le plus puissant de
températures différentes sont dues aux tarasques l’Harmonde. Il est le vent des traditions, celui qui naît de
perturbées par ces variations brutales. Comme chacune de ces actions qui font le quotidien des royaumes
crépusculaires. Selon les chroniques, ce vent ne cesse de
chacun sait, les tempêtes sont le fruit de la colère
s’intensifier depuis l’Éclipse, alors que les humains se
de ces inimaginables Excellences, leur rage la plus figent dans des cultures archétypales et immuables,
sauvage étant capable de créer les typhons… éteignant le souffle bouillant de la créativité et de la
10
nouveauté tout en portant le froid sur les royaumes. Il De l’eologie a l’eomancie ?
ne s’étend que très peu sur les mers de l’Harmonde et ne
concerne donc pas les marins. Il est primordial pour les marins de prévoir comment
évolueront les vents lorsqu’ils préparent un voyage.
• Le souffle avide est un vent aride qui balaye les Devinant depuis longtemps la relation entre l’histoire
jungles et savanes de Bokkor avant de s’abattre sur les et les vents, il importe donc de se renseigner sur les
dunes de Keshe. Il ramène les goélettes boucanières au guerres, les grandes tractations diplomatiques ou
bercail – ceux-ci le nomment sifflotin – et les trirèmes commerciales afin de prévoir quelle sera la puissance
carmes sur les côtes ophidiennes. Ce vent est celui des des vents dans les semaines à venir. Évidemment, les
passions et de l’imagination qui enflamment les cœurs et immuables évolutions saisonnières dans les actions des
transforment les mortels, pour le meilleur comme pour le mortels agissent aussi sur le cycle annuel des vents…
pire. Il naît de l’enthousiasme des explorateurs mais aussi L’on sait que tel courant sera puissant quand les paysans
du chagrin des amantes délaissées, c’est un vent cruel et du ponant sèmeront leurs champs.
puissant, un vent égoïste. Il ramène les marins du levant Les meilleurs marins sont donc aussi ceux qui sont
dans leurs foyers. Les têtes brûlées n’ont de cesse de lutter les mieux renseignés, d’où l’importance des réseaux
contre lui pour poursuivre leurs rêves, pour oublier ceux boucaniers, janréniens et urguemands sur leurs
qui les espèrent, l’alimentant par leurs aventures mais puissance maritime. Quant aux méduses, leur affinité
plus encore par les actes de ceux qu’ils abandonnent. naturelle avec la divination couplée à l’exceptionnel
réseau de renseignement que constitue leur sororité
• La brise des larmes est un vent très doux baignant ouvre des perspectives inquiétantes pour les autres
les terres du ponant. Si les terriens l’apprécient pour sa puissances. Il ne leur reste plus qu’à acquérir le savoir-
fraîcheur, les marins se méfient de ses pièges. Enjôleur, faire maritime pour dominer les mers de l’Harmonde.
il peut à tout instant vous balayer d’une brusque
bourrasque, déchirer vos voiles et vous drosser contre les
récifs. La brise des larmes porte l’histoire des ruses et des Les climats de l’Harmonde
subterfuges, c’est un vent subtil qui naît des actions de
ceux qui manipulent leurs semblables. Comme les actes S’il semble aux mortels que les climats de l’Harmonde
qui lui prêtent vie, il est le plus souvent doux et discret, sont immuables, une créature éternelle se souviendrait
mais ses colères et ses ruses peuvent être terribles. Au sans peine des jours d’avant l’Éclipse, alors que le froid
cœur de l’hiver, lorsque les Mercerins fournissent leurs manteau crépusculaire ne voilait pas encore les feux de
armes et leurs manigances, il devient tempête de glace Diurne. Peut-être se souviendrait-elle même de cet âge
balayant la république, les redoutés vents blancs. où la République mercenaire n’était pas encore une
terre stérile mais une marche de Moden’Hen au climat
• La route des tempêtes, qui balaie le cœur tempéré, à peine plus fraîche que le reste de l’empire.
de l’Harmonde, est le plus imprévisible des vents. Certains prétendent que la catastrophe s’abattit sur ces
Contrairement à ses frères, il n’est nulle régularité dans terres alors que le Feu des Origines ravageait l’autre
ses colères et il peut disparaître pour des semaines, voire versant des monts Drakoniens. Mais comment cela
des mois. La route des tempêtes est le vent des guerres, serait-il possible alors que les collines des futures
qui apparaît lorsque les mortels sont submergés par leurs Terres veuves ont été épargnées ? La magie des
émotions et cessent de se fier à leur raison. Concentrant sa harmonistes de Moden’Hen a-t-elle échoué à sauver les
rage sur les terres, il n’importe pas vraiment aux marins. terres de la future République alors qu’elle a sauvé le
modéhant de l’empire ?
Éminence, il paraît aujourd’hui difficile d’imaginer
ce que fut l’Harmonde avant les Guerres des Décans.
Depuis des millénaires, ce sont les Dames qui ont
façonné les climats en étendant leur discrète influence
sur « leurs » terres. Il suffit d’observer la carte pour
comprendre où dorment les dames du Printemps, de
l’Été et de l’Hiver… Quant à celle de l’Automne, les
plus sages l’imaginent reposant sur l’île perdue abritée
par la mer Mancrine. Pour d’autres, elle dort au cœur
de l’Armgarde, sous les eaux brumeuses de la mer des
Tristes. La douceur pluvieuse de ces royaumes n’est-
elle pas celle de l’automne ?
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Les marins de la Flamboyance furent des poètes-
explorateurs défrichant l’inconscient de l’harmonie pour
incarner leurs rêves dans l’infini idéal des Muses. Qui sont
les capitaines d’aujourd’hui pour prétendre rivaliser avec
ces Flammes ?
Éminence, les royaumes crépusculaires vivent depuis
quelques siècles une nouvelle épopée. Depuis Rigello, de
grands capitaines ont redécouvert le vent des flots et il
n’est pas une puissance de l’Harmonde qui ne comprenne
les enjeux de ce Drame, l’aventure maritime.
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répétées des pirates ont redonné aux soldats de l’armada
Du commerce maritime
leur prestige d’antan, même si la Loge feint de ne les
reconnaître qu’à travers leur fonction d’escorte. D’aucuns Les routes maritimes sont, dans l’Harmonde, une
voient dans le retour d’une aristocratie militaire une composante mineure du commerce en regard du
porte ouverte pour la noblesse rebelle, mais renoncer formidable réseau commercial keshite. Cette situation
à leur expérience reviendrait à offrir les galions aux étrange tient en partie au talent des hommes du désert
Boucaniers… à attiser les tensions entre puissances maritimes afin de
Le partage des mers entre Janréniens et Boucaniers n’est préserver leur monopole.
qu’une illusion dont les deux royaumes sont parfaitement La seule vraie caravane marine est celle qui relie
conscients. Les Boucaniers harcèlent plus que jamais la Bokkor au continent, via Mésirah principalement, mais
flotte janrénienne. Et la situation se complique car les Princéens et Carmes tentent aujourd’hui de contourner
pirates tentent désormais d’attiser la haine entre leurs le désert…
rivaux et la Province liturgique en maquillant leurs
attaques grâce aux navires volés.
que rares galères destinées à décourager les pirates trop
impudents, voiliers de plaisance et navires de pêche.
Les puissances secondaires Désormais s’ouvre la route vers Bokkor et ses richesses…
Le port principal des Terres veuves est Estezia, mais de
• Urguemand : la tradition maritime urguemande nombreuses cités côtières possèdent un port de pêche et
est très forte dans les baronnies côtières, notamment parfois, de plaisance. En outre, Sénéca a commandé la
Rochronde et Émelgance. construction d’une ville nouvelle, Aquella, au pied des
Si l’infranchissable muraille constituée par les falaises montagnes d’Areza, dont l’objectif avoué est d’abriter la
urguemandes ne permet que trop rarement l’établissement future flotte de guerre carme et ses chantiers navals…
d’un port, même minuscule, Rochronde abrite le plus
grand port de l’Harmonde. De plus, depuis une décennie,
les barons côtiers lorgnent sur le patrimoine de la Corne
Australe et ses baies protégées. La flotte urguemande qui se
résumait donc il y a vingt ans à quelques navires s’enrichit
depuis de nombreux vaisseaux légers et puissants, proches
Les séides de la terre
de ceux de l’Enclave. Étant donnée la difficulté à naviguer
dans les eaux du Croissant sous la sournoise brise des
larmes, peu tentent de contester aux Urguemands le
Prendre la mer ?
nord de la mer Échancrée. De très profitables accords
ont par ailleurs été établis avec Ronde-Cité et l’Enclave, • La Province liturgique a depuis longtemps
appuyant les relations tendues d’Urguemand avec ses entrepris de bâtir une flotte capable de rivaliser avec les
frères armgarites. L’alliance boucanière est d’autant plus traîtres urguemands et janréniens. L’évangélisation de
importante que les barons tiennent aux taxes qu’ils l’Harmonde passe aussi par la conquête des sept mers.
imposent aux caravanes keshites… Ainsi que la puissance militaire et commerciale, ce qui
n’est pas négligeable. Les chantiers navals liturges sont
• Les Terres veuves sont aujourd’hui l’une des parmi les plus actifs de l’Harmonde, et leurs navires sont
puissances montantes de l’Harmonde, et Sénéca semble appréciés à leur juste valeur par les Mercerins comme par
vouloir dominer les royaumes crépusculaires tant sur les Boucaniers qui se sont récemment portés acquéreurs
terre que sur mer. La culture esclavagiste des Carmes de leurs frégates légères, les épinglettes.
favorise comme dans l’Enclave boucanière l’usage de
puissantes galères, peu maniables mais destructrices. Si • Les Communes princières, fidèles à leur individualité
le golfe des Lambris est patrouillé de jour comme de nuit et leur isolationnisme, ne voient pas l’intérêt d’une flotte.
par ces vigilantes gardiennes, les côtes du levant restent L’exception est bien entendu Sasmiyana, perle rivale de
encore très exposées aux raids boucaniers. Devant la Lorgol, dont les galères noires ont établi depuis longtemps
haine inextinguible de la souveraine carme, les Boucaniers d’importants contacts maritimes avec les Terres veuves, au
ont d’ailleurs tendance à faire taire rivalités et luttes grand dam des Keshites. Les Boucaniers, eux, ont compris
intestines pour offrir un front unique et ravageur. Autant qu’il ne fallait pas se risquer à attaquer des navires
la Hunette, les forbands et la Confrérie du Poulpe nouent protégés par des hordes démoniaques…
des alliances disparates et parfois incompatibles, autant
le défi représenté par les méduses amuse et excite les
Boucaniers. À se demander si ce royaume n’en vient pas à
se définir dans sa lutte contre ses ennemis…
Les Terres veuves semblent par ailleurs découvrir les
potentialités commerciales d’une telle flotte. Il n’y a de
cela que quelques années, les navires carmes n’étaient
13
• La République mercenaire envisage aujourd’hui
Sombreconge
de développer sa puissance militaire maritime. D’autant
que les contacts avec Sombreçonge nécessitent désormais Lorsque son âme fut perdue aux mains de la
l’existence d’une telle flotte… Dame de l’Automne, la mélancolie du Déclin gagna
Le petit port de pêche de Brisécume se transforme pour Sombreçonge et elle choisit de suivre le chemin de
devenir le havre de la nouvelle flotte mercerine, dont les l’exil. Sa population, frustrée et découragée par son
premiers navires ont été achetés à la Province liturgique. incapacité à sauver la cité, décida de tirer parti de ce
Et les exilés janréniens apportent leur savoir-faire. coup du destin et de profiter de sa chance : ne devenait-
elle pas aussi insaisissable que l’Invisible-Demeure
en se perdant sur le vent des flots ? La plupart des
châtelains ont compris que son potentiel pourrait
changer la face de l’Harmonde, aussi maintiennent-
ils toujours des liens très forts avec leur ancienne cité
fluviale.
14
Des contes des royaumes
La Source-aux-pleurs
Notre mer était autrefois le plus profond des gouffres.
Jusqu’aux Abysses infernaux, qu’elle descendait ! Là, au cœur
de l’Harmonde, les âmes des morts rejoignaient l’au-delà. Un
La mer jour, une dame d’une grande beauté perdit tous ses enfants.
Triste à en mourir, elle s’approcha du gouffre et voulut s’y jeter
pour rejoindre les siens. Clouée par la peur, elle ne trouva
jamais le courage de se donner la mort. Alors elle pleura et
des Tristes
pleura jusqu’à se changer en une source intarissable dont les
flots inondèrent l’abîme, et les âmes défuntes se fondent depuis
dans les eaux de la mer des Tristes.
Aliévin Fricaste,
pêcheur de la baronnie de Frimaspre
15
Ce conte, très ancré dans le folklore janrénien, fait navires dans les courants sans repérer le sillage des
de la mer des Tristes le purgatoire des âmes défuntes. boucaniers.
Certains la craignent, d’autres la révèrent, et tous prêtent
à ses produits des vertus diverses, tantôt maudites et
tantôt protectrices. Quant à la cité engloutie, on la dit
inaccessible, mais les plus aventureux n’entendent pas se
laisser arrêter par une vulgaire nappe d’eau. Décors
Le Léviathan Vaste lac d’eau saumâtre, la mer des Tristes s’étend au nord
Malheureux celui qui s’abîmera en mer des Tristes ! Ses eaux des hauts plateaux urguemands, et envahit les plaines liturge et
traîtresses ont déjà dévoré tant de valeureux fidèles… En elles janrénienne qu’elle inonde partiellement. Pour beaucoup, elle
vit le Léviathan, monstre se nourrissant de vies égarées, reflet rappelle davantage un marigot montagnard qu’une mer.
incarné d’Urguemand-le-noir. Il arrache vive l’âme des marins,
dont le navire est aussitôt englouti par les flots. À chaque repas, Arqueforne Vannelant,
le Léviathan exsude l’eau saumâtre dissimulant son domaine. cartographe janrénien
Un jour, elle débordera et submergera nos terres. Comment s’en
prévenir? Prie, mon enfant, et saint Neuvêne nous viendra en
aide ! Sites
Neuvien d’Eldremer, Les remparts d’Odebrume
prêtre liturge Les berges modéhannes de la mer des Tristes sont
urguemandes. On les nomme « remparts d’Odebrume »
Les enfants ont peur du Léviathan. Il effraie comme en référence à l’unique cité qui les domine. Les eaux y
un diable et poursuit ceux qui manquent aux Saintes heurtent et rongent les contreforts des monts Ocrelune,
écritures. On lui attribue l’érosion des côtes et les lesquels laissent place à de puissantes falaises se fondant
inondations, ainsi que moult naufrages. Les Liturges dans les brouillards de la région.
évitent d’ailleurs la mer des Tristes et les noms de ceux Plusieurs histoires content comment maints navires
qui ont nourri de leur malchance la panse du Léviathan vinrent heurter les murailles rendues invisibles par la
sont maudits. brume. La baronnie a d’ailleurs fait ériger plusieurs phares
pour guider les pêcheurs d’Odebrume-la-basse et de
Les royaumes et la mer Grondeaux, seuls ports urguemands de la mer des Tristes.
Est-il besoin de préciser le rôle militaire qui peut avoir été
secrètement prévu pour ces tours frontalières ?
À qui appartient la mer des Tristes ? À l’Harmonde,
évidemment !
La Maremme Liturge
La mer des Tristes est fille d’Armgarde. Depuis les Lorsque enfin les contreforts urguemands s’agenouillent
Fratricides (cf. AGONE p. 20), elle refuse de s’offrir à l’un et meurent, loin au septentrion d’Odebrume, une partie
ou l’autre des royaumes et chaque tentative d’annexion des eaux s’insinue dans les terres sur des centaines de
s’est soldée par un échec. On n’y pêche que près des
berges et les navires ne s’éloignent jamais des côtes. Même Le royaume des frimas
les puissants galions janréniens craignent les dangereux
phénomènes qui hantent ces eaux et la rumeur prétend D’épaisses brumes glaciales recouvrent im-
que ceux qui s’enfoncent vers le cœur de la mer des Tristes perturbablement la mer des Tristes, même par les plus
n’en reviennent pas. belles journées d’été. Frimaspre, comme plusieurs
De toute évidence, les maîtres de la mer des Tristes autres domaines côtiers, est largement envahie par
ne sont pas les royaumes, mais les enchantements qui ces étranges frimas dont elle tire son nom. Depuis
la peuplent. On parle de monstres et de fantômes, les remparts d’Odebrume, on peut ainsi admirer ce
de morts et de démons, de brumes et de maléfices… paysage onirique qui laisse les voyageurs ébahis devant
La République mercenaire se rit de tant de couardise, une féerique mer de nuages.
oubliant trop souvent la disparition inexpliquée d’une de Ceux qui vivent dans les brumes leur attribuent une
ses compagnies au large d’Odebrume… vie propre, certaines volutes adoptant parfois des
Récemment et contre toute attente, la souveraineté formes humaines ou animales. On dit même, à mots
sur la mer des Tristes a été revendiquée par une flottille couverts, que la brume guide ses enfants et perd les
boucanière. On ignore tout des moyens qu’elle emploie êtres malveillants.
pour survivre et passer inaperçue dans ces eaux Plusieurs légendes tentent d’expliquer la présence
dangereuses, mais les royaumes prennent cette menace obsédante de la brume. Souffle du Léviathan pour
très au sérieux. L’armada janrénienne ne parvient pas certains, elle est pour d’autres le linceul des disparus, ou
à débusquer les outrecuidants et a déjà perdu plusieurs encore l’esprit fondateur de la baronnie de Frimaspre.
16
lieues pour se déverser dans la mer échancrée. Point de mortuaire, surgissant à l’envi pour se charger d’âmes et
rivières cependant, mais une région entière de marécages les convoyer vers la nécropole immergée. L’apercevoir
insalubres, large frontière entre Urguemands et Liturges. est de mauvais augure, l’accoster serait suicidaire. Cette
Ici, seuls résistent au sel quelques arbustes, des îlots de opportunité ne s’est jamais présentée, le cloître semblant
salicornes et de moutardes, et les cahutes sur pilotis de fuir les vivants.
rares pêcheurs et saliniers.
On retrouve ce décor à l’extrême septentrion de la mer
des Tristes et le long du fleuve Tanis. Les herbes y sont Villes
plus rases encore, contrariées par le froid qui règne en
ces contrées, et seul un fin velours d’émeraude émerge en Odebrume
coussins des sillons saumâtres. Odebrume , fief des Mélancoles, s’étend autour des
chutes de l’Emborde, cours d’eau dévalant les monts
Les landes Ocrelune pour se jeter par-dessus les falaises, rejoignant
On ne peut évoquer la mer des Tristes sans mentionner la mer une centaine de mètres plus bas. Ces cascades sont
les douces campagnes à fleur d’eau qui encadrent la coupées en leur milieu par le Cor, puissante roche dressée
plus grande partie du bassin. Les flots y caressent avec au-dessus du vide dans laquelle a été bâti le manoir
langueur les champs et les villages, tandis qu’une prairie seigneurial. Le seul pont franchissant l’Emborde, dit pont
d’herbe grasse et salée nourrit les troupeaux. De vastes de Cent Empans, sert également de madrier au pont-
bosquets abritent les bêtes pendant les rares tempêtes, levis du manoir. Sur chacune des rives se mêlent divers
et fournissent du bois pour bâtir chaumières et esquifs. quartiers aux hautes maisons couvertes d’ardoise, dont
Plusieurs bourgades rurales prospèrent sur ces terroirs, les murs fortifiés empiètent parfois sur la chaussée. Les
vendant leur bétail et les produits de leur pêche, ainsi rues sont sombres et les façades des maisons en vis-à-vis
qu’un sarrasin au goût corsé. Les plus anciennes ont su se touchent presque, quand elles ne sont pas jointes par
se munir de fortifications, mais les places fortes restent des ponts servant d’arcs-boutants. Odebrume-la-basse
anecdotiques en ces lieux. Tout au plus dispose-t-on d’un est le quartier portuaire blotti au pied des falaises, que
ponton de pierre et d’une tour de guet. l’on atteint par une dangereuse route bâtie et creusée au-
dessus de l’à-pic.
Des îles mouvantes
Aucune île ne ponctue la mer des Tristes, à l’exception
des fameuses îles mouvantes. Au gré des courants, ces
lopins de tourbe se détachent de rivages bien connus sur
lesquels il vaut mieux ne pas bâtir sa chaumière. Ainsi,
Neuvêne n’est aujourd’hui qu’à une douzaine de lieues
du rivage, alors que les écrits anciens la placent à vingt L’etang de Tainlame
bonnes lieues. « Le Léviathan dévorera not’ bon pays ! »,
L’emplacement de Tainlame est gardé par des
témoigne un Liturge dont la maison a longtemps erré
frimas égarant les curieux, à tel point que le lieu est
avant de s’enfoncer dans les flots.
aujourd’hui oublié. Cet étang paresse pourtant non loin
La légende du cloître d’Hippogée est-elle née de telles
de Grondeaux, sur les pentes mourantes des remparts
anecdotes ? Ce vestige de la cité engloutie serait apparu
d’Odebrume.
à plusieurs navires, sombrant toujours à leur approche.
Dans un paysage forestier, ce bassin d’où naissent
Les Janréniens prétendent qu’il est une antichambre
les brumes creuse le sol de l’Harmonde, parfaitement
visible malgré la profondeur d’eau. En fait, l’eau y
De la faune
semble inconsistante, et les poissons nagent dans de
La faune n’est pas ici celle qui peuple les autres mers. lourdes volutes d’où émanent les frimas. Nulle source
N’oublions pas que la mer des Tristes est, pour ainsi n’alimente le bassin et lui-même jette son flot nébuleux
dire, un lac de montagne ! Ses eaux saumâtres abritent dans une crique de la mer des Tristes.
différentes espèces de poissons, dont la majorité dérive Nuence elle-même n’avait pas prévu les effets
du saumon. Les prises les plus fréquentes, truites qu’aurait le Déclin sur la réflexion. Lorsque l’Automne
lunerées et ombles courtoisés, nourrissent aussi bien s’approcha de Tainlame pour contempler sa nouvelle
les hommes que les oiseaux qui survolent la région. parure de brume, le sortilège de Décorum se brisa.
Certains pêcheurs repèrent les bancs de poisson en Le Pays Sans-Teint enfanta le reflet de la Dame et les
voyant fondre un balbuzard empourpré sur ses proies, premières morganes s’assirent au côté de leur mère (cf.
et les villageois se sont résolus à partager leurs bourgs Les Automnins p. 23).
avec les gypaètes écailleurs, rapaces friands des La réflexion ne s’est jamais remise de cet
déchets retirés des filets. La seule mouette que vous accouchement et Tainlame en est depuis privé. De cet
pourriez rencontrer est celle ornant l’enseigne de La accroc à l’œuvre de Nuence pourrait venir la fin du
Rieuse impromptue, un estaminet trempant dans la Pays Sans-Teint, qui n’est ici qu’un souvenir (cf. Des
baie de Marbrigues ! courants d’Iréoles p. 19).
17
Grondeaux
Grondeaux est une cité solidement fortifiée dont les
fondations s’ancrent loin dans la vase des marais. Les
Dramatis Personae
ponts de pierre enjambent les rigoles fangeuses et l’on
accède aux demeures par l’étage, les rez-de-chaussée
N’allez pas croire qu’on ressemble à notre mer, Messire ! On
s’enfonçant à demi dans l’argile. Les quais s’avancent dans
est fils de marins, alors vous pensez si on sait s’amuser !
les flots, portés par de puissantes arches immergées, et
de nombreux navires de pêche s’y amarrent chaque soir.
Guillère Lassalne,
Il faut dire qu’en ces lieux, seuls les produits de la mer
salinier de Grondeaux
permettent de s’assurer une vie confortable.
Puissamment fortifiée, la ville ressemble à un lourd La cour marine
pavé couronné. Dépassant des murailles, les demeures se
dressent comme autant de colonnes s’enlisant sous l’effet Le prince de l’écume
de leur propre poids. Les architectes de l’Équerre officiant Un jour que des morganes se tenaient, emplies de
en ces lieux prétendent que les fondations sont aussi désespoir, au bord de la mer des Tristes, un jeune homme
profondes que la tour est haute, question d’équilibre. leur apparut. Aidé d’une troupe de pêcheurs et armé de
filets magiques, il captura les ondins vivant en ces eaux et
éonides les confia aux saisonines. Les morganes libérèrent alors les
éonides-la-janrénienne s’étend sur une péninsule. Sur Merveilles qui, attendries et amoureuses, leur offrirent le
les contours d’un rocher se sont appuyés les remparts de secret de la respiration aquatique.
la forteresse armgarite et sur la lande paresse une ville aux La cour marine se rappelle encore ce vagabond qui
ruelles embrouillées. Dans l’eau de la baie trempent les leur offrit la liberté, cet homme à la voix éraillée qu’elles
bâtiments du seul chantier naval janrénien ne donnant nomment prince de l’écume. Les morganes règnent
pas directement sur la mer Scintillante. aujourd’hui sur la mer des Tristes, et peuvent se gausser
éonides est ancienne, mais la Révolte des Femmes et du maître d’Albandisse.
l’entrée dans l’ère des techniques l’ont profondément
affectée. Les hangars encombrent les quais et des quartiers Les maîtres de la mer des Tristes
entiers ont été rasés pour ouvrir quelques vastes avenues La cour marine siège à Sinistrelle, Vestige flamboyant de
menant droit au port, bordées de hauts bâtiments fort mauvaise réputation. On y rencontre indifféremment
bourgeois que l’on occupe à plusieurs familles. morganes, ondins et humains serviles, transis d’amour et
Au large de la ville se profile l’ombre de Sinistrelle, une aux ordres des belles. La centaine d’âmes, sous l’autorité
ancienne prison aujourd’hui inondée que l’on dit maudite de la dauphine – toujours une morgane –, est en contact
et hantée par les esprits de ses bagnards. avec l’extérieur par un complexe réseau d’information
– auquel participent les gypaètes écailleurs, fameux
Marbrigues espions et messagers – et dirige depuis son repaire ses
Construite autour de l’écluse flamboyante séparant la œuvres en Janrénie. Infiltrations, meurtres et enlèvements
mer des Tristes du fleuve Tanis, Marbrigues est partagée sont les principales actions de la cour marine, qui vérole
entre Janrénie et Province liturgique. Les clochers lentement le pouvoir des femmes et se l’approprie.
se mêlent aux fabriques, les ingénieurs côtoient les La cour cultive le mystère, ignore la pitié et installe ses
dévots. Les mentalités s’opposent ou se complètent et pions. Le plus précieux d’entre eux, Ambigalant d’Éonides,
les politiques s’assouplissent pour éviter les guerres de est né chevalier puis s’est mué femme lors de la révolte de
quartiers. 1415. Maire de talent, la morgane siège depuis à la Loge,
Cette cité cosmopolite étonne par les intrigues qui s’y défendant en secret les intérêts de la cour marine.
nouent. En ses murs se tient un infâme commerce dans
lequel femmes et saisonins s’échangent contre mages
et Danseurs. Les politiques intolérantes des royaumes Les Dames de la Melancolie
profitent à Marbrigues, qui s’enrichit grandement sur Qui sont ces femmes légendaires aux corps nacrés ?
le dos des réfugiés et s’imagine parfois indépendante, Sirènes pour certains, femmes sublimées par un amour
devenant une seconde Abyme ou une Commune disparu pour d’autres, elles sont encore souvent vues
princière. comme de mauvais esprits attirant les navires vers les
récifs et les jeunes gens vers les eaux profondes.
Ceux qui ont survécu aux dames de la mélancolie
parlent d’êtres magiques aux visages d’une tristesse
infinie. Leur chant envoûte et enivre ; l’on se sent
porté vers elles tandis qu’elles s’éloignent. Elles ne
fuient cependant jamais assez pour disparaître, et ne
s’éclipsent que si leur victime résiste trop ardemment
à leur appel.
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La Saunerie Les frères d’Eaux-vives
Des marais salants Des larmes des naufragés
Le sel de la mer des Tristes est des plus savoureux et En mer des Tristes, les flots s’agitent d’étranges courants
pare de ses fins cristaux coques de navires et hampes de cristallins disloquant les reflets et permettant d’entrevoir
salicornes. La production salinière reste pourtant rare les fonds marins. Ces visions éphémères attirent les
dans la région, cette activité demeurant réprouvée. curieux en quête d’Hippogée, ainsi que les pêcheurs de
Sel maudit chez les Liturges, il n’est utilisé en Janrénie larmes des naufragés.
que dans quelques rites superstitieux. De vieilles femmes Nommées perles de sérénité par les médicastres, ces billes
prétendent qu’un sachet de sel placé sous l’oreiller iridescentes se mêlent à l’écume. Cueillies par de grands
d’un nourrisson assure à ce dernier la bienveillance échassiers avançant à fleur d’eau, elles sont utilisées pour
de ses aïeux. De même, en répandre devant une porte traiter certains cas de démence. Les apothicaires de Ranne
maintiendrait les mauvais esprits hors de la demeure. prétendent que ces défuntes consciences cristallisées
Seuls les Urguemands peuvent, sans atteinte à la morale, peuvent rendre la raison à ceux qui l’ont perdue. Les
extraire et commercialiser ce condiment fort apprécié des visions qu’elles procurent attirent aussi d’autres styles de
gastronomes. consommateurs…
19
Brume
Apparence
Une allégorie de la mer des Tristes… Brume est sublime, gracile et presque irréelle. Sa peau
laiteuse habille des courbes qui damneraient toute
Histoire créature éveillée aux plaisirs des sens. Une mantille de
Brume est l’être protecteur de Tainlame. Morgane feuilles roussies naît sur son front et chute sur ses épaules
première-née de l’étang, elle garde la nostalgie de son fragiles avant de s’enrouler sur sa poitrine généreuse et
berceau, retenue ainsi par essence en ces lieux. Depuis ses hanches délicates. Ses longs doigts de nacre semblent
des millénaires, elle n’a que rarement quitté son étang, fendre la brume qu’elle façonne à son passage, laissant
exception à la versatilité de son décan. Les haruspices ne comme un écho d’elle-même dans son sillage.
l’ont jamais trouvée car son lien avec Tainlame est si fort
que leurs essences s’entremêlent. Elle est Brume, mais elle
est aussi la brume. Vitrance a depuis longtemps compris
que les brouillards féeriques de Frimaspre dissimulent sa Des courants d’I reoles
proie. Mais comment la retrouver, alors que l’odeur de
son nom couvre des milliers d’hectares ? Les courant cristallins baignant les larmes des
naufragés sont des courants d’Iréoles. Liés à l’étang de
Tainlame dont les eaux privées de réflexion s’écoulent
Personnalité vers la mer des Tristes et s’y mêlent, ils fendent sur
Brume est la gardienne des traditions. Elle a l’éternité leur passage le sortilège de Nuence. Les pigments
devant elle et guide ses enfants pour lutter contre un brusquement refoulés se cristallisent en larmes des
avenir incertain, s’opposant ainsi au Semblant pour la naufragés, déchirant inexorablement le Tableau-monde.
gloire de l’Automne. Ses spectres de brume hantent son Ces courants sont pour Brume plus que des flots
domaine, guidant ses alliés et perdant ses opposants, familiers : ils sont à la fois les racines qui la lient à la
allant parfois jusqu’à conseiller les puissants. réflexion et le symbole de son appartenance au Déclin
Ses plans s’échafaudent sur des générations, et l’un qui étend son domaine en rongeant son berceau.
d’entre eux a vu la naissance de Frimaspre. Elle a pour Les courants d’Iréoles sont, pour le Pays Sans-
cette occasion quitté Tainlame et offert des enfants à son Teint, de véritables Tempêtes de néant dévorant son
chevalier servant, dont le sang coule toujours dans les essence, mais aussi une porte ouverte entre les deux
veines de certaines lignées. mondes. Voguant sur l’onde calme, un navire peut
voir brusquement son reflet se désagréger et sa carène
s’enfoncer dans les flots. Plusieurs embarcations et
leurs équipages se sont ainsi retrouvés prisonniers
des champs de Sempiternelle, victimes des courants
d’Iréoles.
Brume
Origine : Tainlame Caractéristiques Vigilance 8. (spé : haruspices) 6,
Peuple : morgane secondaires Maraude : Camouflage Harmonie 7.
Sexe : féminin ART : - EMP : - (spé : brumes) 8,
Âge : très ancien MÊL : 7 TIR : 9 Chasse 7, Discrétion (spé : Avantages, Bienfaits,
Taille : 1,69 m (TAI 0) PdV : 48 SBG : 16 brumes) 8, Fouille 6, Défauts, Peines
Poids : 53 kg SBC : 24 BD : +0 Intrigue (spé : mer des Abri secret, Amour
MV : 4 Tristes) 7, Poisons 5. disparu, Réputé mort
Points d’Héroïsme : 0 Société : Baratin 7, Diplo-
Caractéristiques Pouvoirs de Flamme: matie 6, Éloquence 9, Antélumie
Flamme : 0/0 Aucun Us & coutumes : POT d’Antélumie : 22
Pouvoirs de saisonin : Urguemand 7. Grâce au lien qu’elle
Corps : 0/0 Amour tragique, Savoir : Géographie conserve avec le Pays
Bonus de Corps : 0 Antélumie (spé : mer des Tristes) 6, Sans-Teint, Brume
AGI : 9 FOR : 4 Perfidie : 0 Histoire & légendes maîtrise la voie de la
PER : 10 RÉS : 5 Ténèbre : 0 (spé : mer des Tristes) 8, Lumière menteuse, dont
Esprit : 0/0 Pouvoirs corrompus: Langue : urguemand 8, elle peut utiliser sans
Bonus d’Esprit : 0 Aucun Langue : armgarite 8, faillir tous les charmes
INT : 8 VOL : 10 Langue : keshite 5, dans les frimas qui lui
Âme : 0/0 Compétences Saison : Automne 8, sont liés, sans limitation
Bonus d’Âme : 0 Épreuves : Esquive 8, Stratégie 5. de portée.
CHA : 14 CRÉ : 5 Natation 9, Survie 7, Occulte : Démonologie
20
Mandilemme des Mélancoles Apparence
Une simple robe de lin blanc couvre le corps menu de
Un petit baron en jupons… l’héritière des Mélancoles, dont les hanches soutiennent
une fine ceinture de sinople velouté portant une rapière.
Histoire Sur ses épaules fragiles repose une cape herminée retenue
Mandilemme est l’héritière du chevalier des Mélancoles. par une broche d’argent, et de longs cheveux dans lesquels
Elle a toujours étonné par sa curiosité et son ouverture s’attardent d’étranges reflets – mélange subtil de noir et
d’esprit, doublées d’une force de caractère sans égal. Sa de roux. Son visage gracieux s’orne d’un petit sourire
défunte mère lui laissa en charge un père meurtri par les mélancolique et de grands yeux aux changeantes couleurs
guerres, qu’elle seconda dès son plus jeune âge dans la marines, d’une profondeur telle que l’on s’y noierait.
gestion du vaste fief que régente Odebrume.
À seize ans, lors d’une partie de chasse, elle s’égara et Ochrace d’Hastepasse
découvrit l’étang de Tainlame. Elle y rencontra Brume, Ochrace est Inspiré. Contraint, devant l’insistance
et son immense héritage lui fut révélé : son affiliation de celle-ci, d’épouser Mandilemme, il a longtemps
à la morgane, qui se présenta à elle comme l’esprit de fui cette relation qui mettait en danger son secret et
Frimaspre. Depuis, pour chaque décision d’importance, cette attendrissante terne. Mandilemme est aujourd’hui
elle en réfère à son aïeule, l’appelant de ses vœux dans le informée que son époux porte la Flamme et épaule
secret de sa chambre. l’Inspiration dès qu’elle le peut.
Madilemme a récemment épousé Ochrace d’Hastepasse,
un nobliau voisin bien plus âgé qu’elle. Assez vif pour Prismati le
lui assurer une vie conjugale heureuse, il sait délaisser
Odebrume pour se consacrer à la chasse et aux voyages, D’étranges événements ébranlent les esprits.
faisant de sa femme le véritable maître de Mélancoles. En Odebrume rôde une curieuse bossue qui se dit
« touchée par les quatre grâces ». Aux yeux de tous,
Personnalité elle fait naître le soleil entre ses mains, polit l’acier
Mandilemme se cherche encore. Son accession précoce et gomme les blessures. Mais la vieille femme a perdu
aux responsabilités en a fait une véritable politicienne, l’esprit, ne vivant que de rares moments de lucidité, et
mais en elle sommeille la fille rêveuse de sa jeunesse. peut dit-on s’avérer dangereuse.
Brume veut en faire une protectrice des traditions, Prismatile est une éveillée des plus puissantes. Depuis
mais Mandilemme brûle de connaître les merveilles de sa fuite de la confrérie d’Eaux-vives, elle pense sa vie
la Révolte des Femmes. Tantôt traditionaliste, tantôt en danger. Rendue folle par la consommation excessive
novatrice, elle étonne par ses décisions mais agit toujours de perles de sérénité, elle est aujourd’hui certaine que
pour le meilleur, même si souvent le peuple cerne mal la ses frères veulent lui dérober ses pouvoirs. La rumeur
justesse de ses choix. Peut-être ses obscures ascendances se répand dans la ville : des tueurs hanteraient les
voilent-elles ses talents aux yeux de ses pairs ? rues…
21
Lescrine Belqueste et les Flamboyance. Il n’hésite jamais à innover et ses astuces
ont souvent sorti les escumiaires de l’impasse.
escumiaires Réputé pour ses excentricités, Lescrine dilapide sa
fortune pour vivre un rêve. Il reste toujours optimiste
Le riche excentrique d’éonides… et parvient à persuader son entourage qu’Hippogée est
proche.
Histoire Lescrine veut être de ce monde le jour où les murs de
Lescrine a quitté Ranne depuis longtemps. Ce fils de marbre bleuté d’Hippogée surgiront de la mer des Tristes,
copiste y a fait fortune en quelques années, son nom étant ramenant avec eux les secrets d’un passé lumineux.
lié aux premiers ateliers d’imprimerie du royaume. Il a
pourtant toujours préféré les salles d’archives aux riches
Apparence
boudoirs, exhumant des bibliothèques mille indices sur
Ce quinquagénaire discret et rabougri, à peine plus
Hippogée. Lorsque vint le temps des prospections, il
grand qu’un lutin, ferme ses bras sur un lourd tome relié
partit pour Éonides qui lui offrit matériaux et main-
de cuir où sont inventoriés les moindres détails de sa
d’œuvre. Bientôt, inondés par l’argent des Belqueste, les
quête. Son visage glabre, aux petits yeux pétillant derrière
escumiaires de Lescrine se lancèrent sur la piste de la cité
des besicles, est dénué d’expression. Ses rares cheveux gris,
engloutie et de son fameux cloître.
longs, tentent de garnir une nuque maigre émanant d’un
Prêt à tout pour retrouver Hippogée, Lescrine a fini par
habit digne d’un ambassadeur abymois. Quelle étrange
vendre son âme à Belphégor, Haut Diable des Inventions.
allure pour un armateur !
Nul ne se doute de cette sombre allégeance, même si
les idées du bourgeois sont de plus en plus étranges et
inquiétantes…
Récemment, Lescrine a obtenu de son maître l’arme Les escumiai res
qui enfin abattrait les dernières défenses d’Hippogée : Ces marins aguerris reçoivent une solde confortable
le Nautile, une invention démoniaque permettant de pour servir les plans de Lescrine Belqueste. Habitués
s’enfoncer vers les fonds marins… des pêches en mer, ils se sont laissés séduire par la
passion et la verve du « vieux sage », comme ils
Personnalité l’appellent. Ils disposent de deux goélettes légères
Belqueste est avant tout un érudit. Il a un avis sur tout, amarrées dans un ancien hangar du chantier naval, ainsi
maîtrise tant l’horlogerie que les langues anciennes ou que de complexes instruments destinés à scruter les
l’architecture et excelle dans l’étude des Vestiges de la profondeurs de la mer des Tristes.
Lescrine Belqueste
Origine : Janrénie Caractéristiques Savoir-faire : horlogerie expérimenté, Inventif.
Peuple : humain secondaires 7, Us & coutumes :
Sexe : masculin ART : - EMP : - Janrénie 5. Défauts et Peines
Âge : 56 ans MÊL : 4 TIR : 5 Savoir : Alphabet : Arthrite, Cauchemars,
Taille : 1,51 m (TAI 0) PdV : 43 SBG : 14 Armgarde (spé : œuvres Démon facétieux,
Poids : 40 kg SBC : 21 BD : +0 anciennes) 6, Astronomie Déviance sexuelle,
MV : 4 5, Géographie 5, Histoire Diablotin farceur,
Points d’Héroïsme : 0 & légendes (spé : Insomniaque, Jumeau
Caractéristiques Pouvoirs de la Flamme : Hippogée) 6, Langue : démoniaque, Malingre,
Flamme : 0/0 Aucun janrénien 9, Langue : Mépris, Obsession :
Pouvoirs de saisonin : keshite 9, Navigation 4, Hippogée, Scarifications
Corps : 0/3 Aucun Zoologie 4. lunaires, Somnambule.
Bonus de Corps : +3 Perfidie : 0 Occulte : Démonologie 7,
AGI : 4 FOR : 4 Ténèbre : 70 Harmonie 3. Combat
PER : 6 RÉS : 5 Pouvoirs corrompus : Initiative : 13, canne 13
Esprit : 0/6 Aucun Avantages et Bienfaits Attaque au contact : canne
Bonus d’Esprit : +6 Bourgeois, Conjuration 14
INT : 9 VOL : 6 Compétences Cercle I, Conjuration Esquive : 11
Âme : 0/0 Épreuves : Arme : canne Cercle II, Conjuration Parade : canne 14
Bonus d’Âme : 0 6, Esquive 4, Natation 4. Cercle III, Diablotin Défense à distance : 5
CHA : 5 CRÉ : 9 Maraude : Fouille (spé :
bibliothèques) 7. ARMES
Société : Éloquence 5, Arme Init. Att. Déf. Dom+BD TAI
Étiquette : bourgeoisie 6, canne +0 +1 +1 +2 (C) 0
Intendance 6, Négoce 6,
22
Nogard Nogard
Le Léviathan existe… Éminence, Nogard est un monstre des temps anciens,
un être étrange d’une puissance incommensurable.
On ne peut lui survivre que dans la fuite, et il n’est
Histoire
guère que l’Olphide (cf. p. 85) pour un jour, peut-être,
Nogard n’a aucun souvenir de son passé. Il ignore la
anéantir ce tyran. Heureusement, son domaine est
créature qu’il a été, reflet d’un dragon aux nobles allures,
confiné aux courants d’Iréoles…
ainsi que les innombrables victimes qu’il a condamnées à
une mort horrible ou à l’errance dans le Pays Sans-Teint.
Nogard survit depuis des siècles dans les Tempêtes de Les écrits perdus de l’Automne, œuvre du Mérou
néant. Peut-être sa résistance lui vient-elle de celui qu’il masqué, sont disponibles sur Royaumes…
fut, à moins que ses années passées sur les champs de http://www.boriscourdesses.com
Sempiternelle et son accoutumance aux tempêtes ne lui
aient finalement permis de survivre au sein même des
courants destructeurs.
Personnalité
Nogard n’est qu’un prédateur silencieux. Depuis les
courants d’Iréoles, il guette ses proies – quelquefois
un galion entier – avant de les saisir dans ses serres
démesurées, les attirant vers un funeste destin. Certaines
morganes voient en lui une manifestation de la bête du
miroir (cf. Les Écrits perdus de l’Automne).
Apparence
Créature titanesque aux écailles barbelées, Nogard
scrute l’Harmonde de son regard d’azur. Sa monstrueuse
silhouette saurienne, palette de couleurs irisées se
mouvant au rythme des flots, se fond à merveille parmi
les remous, tandis que ses serres d’ivoire fendent les
courants. Ses ailes le portent sur les courants comme un
rapace est porté par les vents, et il sait disparaître dans les
profondeurs insondables sans même que l’onde frémisse.
Stellione
La mer des Tristes effraie, et bien peu osent investir dans
un navire qui finira certainement happé par les flots. Les
transports maritimes étaient peu développés jusqu’au
rachat de Stellione par un certain Algrefin Cornifleur. Très
ancienne compagnie ayant longtemps relié Grondeaux à
éonides, elle est devenue sous l’impulsion de son nouveau
propriétaire un véritable réseau commercial semblant
éviter les dangers qui guettent dans les flots.
Stellione est bien connue des domaines côtiers et
des bourgeois, qui l’utilisent pour convoyer leurs
marchandises. La Saunerie a récemment passé un contrat
avec maître Cornifleur, et la Janrénie lui a déjà vendu
plusieurs galions.
Il semblerait qu’Algrefin ait su dompter la mer des
Tristes. Certains donneraient cher pour connaître ses
secrets ou voler ses cartes maritimes, et les bureaux de
Stellione ont déjà souffert de plusieurs cambriolages. La
compagnie maritime possède aujourd’hui des hommes
dans trois ports : Grondeaux, Marbrigues et Éonides.
23
Avantages et défauts Saunier (2, Charge)
La Saunerie commercialise vos produits et fait de votre
commerce l’un des plus rentables de la région, vous
assurant un revenu journalier de 10 pièces d’or.
Avantages Pré-requis : Négoce 5, Savoir-faire : salines 7
Enfant des brumes (3, Saison) Sujet de la cour marine (3, Charge)
Vous descendez de l’union entre Brume et son Un gypaète assure votre lien à la cour, de laquelle vous
chevalier servant. Tainlame hante vos rêves et Brume recevez ordres et assistance.
peut communiquer avec vous, se manifestant parfois Pré-requis : Intrigues 7, Baratin 5, Saisons : Automne 5
sous forme spectrale. Elle a pour vous la plus haute
considération et n’hésite pas à vous aider si la cause lui
sied. En revanche, vous faites partie de ses plans et feriez
Défauts
mieux de ne pas la décevoir.
Frère d’Eaux-vives (1-5, Âme)
Pré-requis : morgane ou humain possédant le défaut
Votre vision du monde est altérée, la réalité vous apparaît
« Sang de l’Automne » (cf. AGONE p. 107).
fade. Pour 1 point, vous n’êtes qu’un consommateur
occasionnel de perles de sérénité. Pour 3 points, vous ne
Éveillé (3, Art)
pouvez vous en passer plus d’une journée, ce qui vous
L’œuvre de Nuence coule dans vos veines, et vous
oblige à en transporter en quantité suffisante lors de vos
entrevoyez la trame même de l’Harmonde. Sur un jet
voyages. Pour 5 points, vous ne supportez plus la réalité
d’ART contre DIFF 25, vous êtes en mesure de subtilement
et subissez des malus de – 3 à toutes vos actions si vous
modifier cette trame – définissez avec votre EG en quoi ce
n’êtes pas sous l’emprise des perles de sérénité.
pouvoir consiste.
Pré-requis : Frère d’Eaux-vives à 5.
Le Pays sans-Teint
Aux temps de la création, la Muse Nuence, déçue de l’imperfection de l’Harmonde, décida de compléter l’œuvre de
ses sœurs. De ses plus belles couleurs, elle peignit un reflet de l’Harmonde afin que ses habitants puissent prendre la
mesure de leurs grandeurs et de leurs faiblesses et qu’ils puissent eux aussi tendre vers la Perfection. Pour protéger
cet endroit, elle le dota d’un sortilège à nul autre pareil : la réflexion, qui assurerait qu’aucun mortel ne puisse jamais
pénétrer ce monde. Toute chose qui se mirerait dans une surface réfléchissante verrait son reflet, créature vouée à tout
jamais à reproduire l’apparence et les actions de son modèle.
De nos jours, mille cinq cents ans après l’éclipse, le Pays Sans-Teint reste autant qu’autrefois un mystère. Les
habitants de l’Harmonde sont habitués à se voir dans les surfaces réfléchissantes, sans imaginer le pays de brumes et
de fièvres qui se cache derrière les reflets de leurs miroirs. Là, les reflets suivent leurs volontés propres, maudissant
le sortilège qui les enchaîne à leurs modèles, qu’ils considèrent bien souvent comme indignes d’eux-mêmes. Certains
attendent le jour où un concours de circonstances leur permettra de traverser la glace et d’échanger leur place avec
celle de leur original, devenant ainsi des fiévriols. Les autres patientent en espérant que leurs originaux n’oublient pas
de se mirer régulièrement, sous peine de succomber à la Fièvre.
La Fièvre est le fléau du Pays sans-Teint, la marque de l’oubli. En effet, là où les lieux ne sont jamais réfléchis
par quelque miroir ou cours d’eau, le pays s’oublie. Les distances se contractent ou se dilatent alors que les droites
deviennent des courbes folles. Lentement, la brume s’installe et le paysage tout entier devient fou. Il ne fait pas bon
s’écarter des villes et de leurs nombreuses glaces et vitres. Là où la réflexion ne discipline pas le Pays sans-Teint, celui-
ci n’est que paysages hallucinés emplis de créatures aussi folles que souffrantes. Quant aux mortels qui ne font pas
assez attention à leur apparence, ce sont leurs reflets qui en subissent les conséquences. On appelle tordus ces créatures
déformées, emplies de haine envers leurs modèles négligents et envers leurs maîtres.
En effet, le Pays sans-Teint dans ce qu’il a de civilisé et de stable – les villes – est gouverné par une véritable tyrannie
nommée dictature de l’apparence. Les créatures qui la dominent sont les morganes, passées de l’autre côté du miroir
pour échapper à leurs tourmenteurs et rendues redoutables par leur magie de lumière et d’illusion, souveraine en cette
terre de chimères. Leur règne est celui de la beauté et leur arme principale est le pouvoir qu’elles ont d’influencer les
événements au-dessus du miroir.
Les tordus et les autres créatures qui vivent en ce lieu n’ont qu’une alternative à la servitude : la Fièvre, mais la
révolte gronde. Dans les quartiers de Logrol, là où les hommes-guêpes tissent leurs toiles de salive et de sang, on dit
que la dictature de l’apparence ne saurait durer. Les tordus deviennent toujours plus fous et, des bas-quartiers, l’on
murmure et crie qu’une femme réelle serait prête à les guider.
La guerre a peut-être déjà éclaté mais dans leurs palais fantasmagoriques, les morganes sans visages ne le savent
pas encore.
(cf. Les Automnins et le Violon de l’Automne)
24
Voiles
de l’Harmonde
voile unique carrée ou au tiers. On y trouve également
six à huit trous de nage, utilisés pour les rames lors des
manœuvres délicates ou par manque de vent. L’eskif, de
taille très variable, dispose d’une cale très étudiée qui
permet le transport tant des marchandises lourdes que
Les navires de
volumineuses. Manœuvrée à la voile, elle permet d’aller
contre les courants contraires, et à l’aviron d’aller contre le
vent de face, une fois la vergue descendue du mât.
• La caravelle est un petit bâtiment à trois mâts de
l’Harmonde
moyen tonnage. Elle porte le plus souvent trois voiles
triangulaires montées sur antennes. Pour les voyages
d’exploration on l’équipe d’une voile carrée de misaine et
une autre au grand-mât, qui porte aussi un hunier. L’aspect
de la caravelle est typique du fait de son château arrière
souvent crénelé. La caravelle est l’instrument privilégié
des découvertes, né d’importantes transformations et
d’apports techniques de tout l’Harmonde. Son bordage
aux joints serrés, son avant relevé, son faible tirant d’eau
facilitant les manœuvres côtières, sa force propulsive
Adonaë et Thabanne
aisément maîtrisée, en font un navire léger et rapide.
On appelle les caravelles « filles du port » et on les
et expéditions
Une question de vocabulai re
La marine possède un vocabulaire riche et complexe.
Un lexique est disponible pour aider la lecture sur le
Voyages et découvertes site du Souffre-Jour http://www.souffre-jour.com
Les connaissances des cartographes et les expériences
passées montrent que l’on connaît aujourd’hui les côtes
Les choralliandes
du continent. On ne sait rien de ce qui est « de l’autre côté Ces caravelles constituent l’arme ultime des princes
», certes, mais c’est parce que personne n’en est jamais pirates boucaniers. Les organistes du rouf où se
revenu. Les querelles conséquentes à certains échecs, développent ces coraux conduisent la croissance des
comme ceux d’Herdignac de Blanc-corail et de Cristobal formations coralliennes autour desquelles les plus
Junior, ont fini d’éteindre la considération portée aux habiles charpentiers de l’Enclave conçoivent la coque
grands voyages d’exploration. Ce genre d’expédition n’est du navire. Ces étranges nefs à la silhouette minérale
donc presque plus financé et les navires encore utilisés voient leurs sabords occupés par les bouches de
sont des petites nefs de haute mer, peu coûteuses et qui l’orgue corallien. Le concepteur de la choralliande
demandent peu d’hommes à la marche... lie son destin à celui de la nef car lui seul connaît
les caresses et les accords capables de faire naître le
• L’eskif n’existe presque plus. Originaire des Parages, chant de la choralliande. Cette symphonie, écho au
elle servit pour découvrir les terres du septentrion. chant des baleines, se révèle capable de disloquer la
Malgré les apparences, c’est un navire adapté au grand coque des navires adverses par la puissance de ses
large propulsé principalement avec une unique harmoniques…
25
• La caraque est un bâtiment très proche de la • Le brig est gréé comme un trois-mâts (une misaine et
caravelle dans son aspect. Elle est montée à trois mâts, deux huniers), bien que n’ayant qu’un mât de misaine et
avec une hune au grand-mât, et voilée comme la caravelle. un grand-mât. Ce qui caractérise le brig est que ce grand-
La caraque présente également un haut château arrière et mât porte également une voile semblable à l’artimon des
une plate-forme avant crénelée. Elle varie par sa membrure trois-mâts, montée sur une bôme et appelée brigantine.
plus robuste, ses formes plus arrondies, ses dimensions - Ainsi le brig possède une grande prise au vent. Sa taille est
30 mètres sur 8 au moins - ainsi que par sa capacité de assez remarquable mais sa maniabilité reste importante,
transport, qui atteint les 110 tonneaux, et son tirant d’eau ce qui en fait un navire de choix pour les pirates, qui
plus profond. Une caraque peut charger jusqu’à quinze peuvent facilement l’armer lourdement et le faire passer
mois de rations de vivres et six mois d’eau. pour un navire marchand.
• La goélette se distingue par une coque plus élégante,
Transport et marchandises mais plus fragile. Ses mâts n’ont pas de grandes voiles
carrées mais des voiles auriques installées sur corne.
Commercialement, les routes qui sillonnent l’Harmonde
Sur le grand-mât, la brigantine est montée sur gui, et on
suffisent aux royaumes crépusculaires. Néanmoins,
ne lui hisse qu’une voile de fortune supérieure. Le mât
certaines denrées ou matières premières nécessitent
de misaine quant à lui porte tout de même un hunier.
d’être amenées « à bon port », par voie maritime.
La goélette est particulièrement adaptée aux longues
Stratégiquement, le transport des hommes par la mer
traversées rapides et va supérieurement au plus près. Elle
peut également s’avérer important.
est pour cela appréciée des pirates. C’est elle qui apparaît
sur la bannière de l’Enclave boucanière (cf. AGONE p. 36).
• La cogue est l’héritière de l’eskif qui finit par servir
pour les activités de commerce. Elle est utilisée dans tout
• La tartane est un petit navire de style septentrien,
l’Harmonde par les petits marchands indépendants. En
l’équivalent du silithien (cf. infra) pour le transport
élargissant la coque, la cogue acquit un fort tirant d’eau
de marchandises. Elle est utilisée par les Keshites dans
permettant une capacité de cargaison élevée tout en
leurs caravanes maritimes qui rejoignent Bokkor, et les
conservant sa navigation aisée. Des tours crénelées furent
Lyphaniens qui relayent les caravansérails vers l’extérieur.
ensuite levées à la poupe, et parfois à la proue, servant de
Elle porte deux mâts, chacun gréé d’une grande voile
cabines arrières et de plates-formes de défense pour les
latine de taille considérable, et d’un mât de tapecul qui
archers embarqués. Elle reste, comme l’eskif, un navire à
porte aussi une voile triangulaire de petite dimension.
un mât et à grande voile carrée unique. Son haut bord
C’est donc un navire rapide au plus près du vent. Un bout-
et son pont lui ont néanmoins fait perdre l’usage des
dehors imposant sert du beaupré et supporte un ou deux
avirons.
focs. Ce bas-mât est transformé en éperon sur le silithien.
La tartane peut éventuellement être armée d’une dizaine
• Le brig et la goélette sont les deux navires marchands
de lance-pierres et de quelques archers abrités à l’arrière
les plus couramment utilisés de tout l’Harmonde. Le brig
sous une galerie.
est originaire de la marine marchande janrénienne et la
goélette une innovation boucanière née de celui-ci. Ils sont
facilement repérables par leur gréement caractéristique :
ils portent deux mâts légèrement inclinés et un beaupré
voilé de trois focs. Escadres et corsaires
Flottes marchandes et convois
La distinction entre navires marchands et navires Chasses et courses
de guerre est parfois difficile et relative. Il arrive que
l’on modifie un navire marchand pour l’inclure à une On appelle « chasse » la course d’un bâtiment de
flotte guerrière, ou que l’on déguise un navire de guerre guerre ayant pour but d’en rattraper un autre. Le premier
en embarcation de commerce. De même, une flotte donne ou appuie la chasse, et le second reçoit ou prend
marchande est toujours accompagnée et protégée par une chasse. Il en est certaines, devenues légendaires et
une escorte de navires de guerre, tout comme chaque racontées dans tous les ports, qui ont duré des semaines
expédition de guerre a besoin de faire transporter des entières à travers toutes les mers connues. Mais le
marchandises. Les Janréniens, par exemple, escortent plus souvent on parle simplement de course, comme
de leurs galions tous leurs navires marchands afin de pour désigner une petite chasse « à vue » de l’ennemi ;
se prémunir des pillages boucaniers. Les navires de spécialité des corsaires et des pirates, et qui a pour proie
guerre sont repérables généralement à leur voilure et la marine marchande.
leur maniabilité remarquable, imposées par les besoins
tactiques et l’indépendance face au climat. La présence • Le brigandin est le navire pirate par excellence.
d’avirons en soutien à la voilure, notamment, est très D’origine boucanière, c’est le navire adapté à la course le
caractéristique de certains d’entre eux. plus léger de l’Harmonde. Son nom vient de ses voiles
26
brigantines et du fait qu’il est une réplique du brig, en Lignes de bataille et divisions
plus petit. Sa voilure tient à la fois du brig et de la goélette.
Au mât de misaine a été ajoutée une voile aurique qui
Les navires de guerre les plus gros sont ceux susceptibles
se borde au pied du grand-mât, dont la grand-voile a
d’être mis en rang - en ligne - dans une armée navale. Une
été retirée. En dépit de la prise au vent et au profit de la
armée navale comporte au moins trois escadres de trois
maniabilité, seule est laissée la brigantine, surmontée de
divisions, distinguées du corps de réserve et des escadrilles
huniers. Le brigandin est un navire extrêmement léger
d’observation. Chaque division est formée d’au moins
à la marche et habile à gagner le vent. Son exercice de
trois bâtiments de guerre, et au plus de neuf. Une escadre
manœuvre au plus près est inégalée par les autres navires
compte donc de neuf à vingt-sept navires. Les escadrilles
de sa catégorie. Des dispositions permettent parfois
sont formées de frégates et corvettes qui servent à la
d’utiliser des avirons pour assister la voilure et rattraper
transmission des ordres et à l’appui tactique.
celui qui reçoit la chasse.
• Le galion est le fleuron des navires de l’Harmonde,
• L’épinglette est un navire de guerre léger d’origine
l’héritage de l’Armgarde flamboyant dont seuls les
liturge. Les Mercerins et les Boucaniers en ont acquis
Janréniens surent exploiter la science. C’est un vaisseau
pour ses qualités de course et de manœuvre, mais celles
de ligne aux dimensions supérieures qui comporte deux à
des Liturges sont reconnaissables à leur teinte d’un blanc
trois ponts et deux gaillards, un à l’avant et un à l’arrière
immaculé. Ce bâtiment prend rang après le galion et son
au-dessus de la couronne. Le galion est gréé de trois
gréement à trois mâts est semblable ; ses dimensions
mâts et d’un beaupré. Le mât de misaine et le grand-mât
réduites ne comprennent néanmoins qu’un pont et
gréent uniquement des grandes voiles carrées - misaine et
un faux-pont. L’épinglette rachète néanmoins cette
grand-voile - et des huniers, perroquets et cacatois. Le mât
infériorité par une élégance et une harmonie des formes
d’artimon possède, quant à lui, une voile brigantine, dite
qui, sans compromettre sa solidité, assurent la vitesse de
voile d’artimon, à la place de sa voile carrée. Le beaupré
sa marche et la facilité de ses évolutions. Les Liturges et
supporte une trinquette et jusqu’à trois focs, ainsi qu’un
les Boucaniers savent que graisser la coque d’Anglue (cf.
petit hunier sur un mât de hune dressé à l’extrémité du
Le Bestiaire p. 27) ou de graisse de phoque permet aussi
bout-dehors. Comme tous les trois-mâts gréés ainsi, c’est
d’augmenter la vélocité dans les manœuvres et la course.
un navire qui marche plutôt bien et résiste aux mers les
plus tempétueuses de l’Harmonde. Mais ce sont surtout
• Le silithien est un petit bâtiment de guerre d’origine
la taille, l’armement et l’effectif qui caractérisent le galion.
septentrienne, comme la tartane, sa cousine commerciale.
Ils sont manœuvrés par des équipages très expérimentés
C’est notamment le navire armé que les Keshites et les
Lyphaniens utilisent en escorte à leurs convois afin
de protéger les navires marchands. Les Princéens lui Les nefs de cendre
préfèrent leurs galères noires. Quant aux Boucaniers, ils Ces navires fantomatiques et décharnés hantent la
ne sous-estiment pas ses qualités, mais ils ne s’en servent mer de Cendre (cf. AGONE p. 54). Leurs voiles sont
guère, par manque d’habitude. Le silithien peut pourtant déchirées et leurs vergues en pantenne, leur structure
naviguer sur toutes les allures grâce à ses trois mâts gréés a subi des avaries importantes suite à des combats
en voiles triangulaires, portées sur antenne, et ses vingt à ravageurs, et leur pavillon, en signe de deuil, est laissé
trente avirons de soutien. Bien que léger, le silithien est à mi-mâts. On raconte que des pirates défunts - des
équipé d’une vingtaine de bombardes et d’un fort éperon. revenants - sillonnent la mer de Cendre en contant
Son arrière est terminé par une galerie qui s’avance loin en leurs exploits et méfaits sous forme de poèmes et de
dehors de l’arcasse et qui abrite quatre à six moucheurs. versets de chansons. Seuls ceux qui leur répondraient
Le silithien est communément appelé « diable des mers » en ajoutant un nouveau couplet dans les mêmes rimes
car une légende prétend qu’un petit diable, le goguelin, se ou la même prose, pourraient alors passer à travers la
cache dans les parties les plus obscures du bâtiment et fait mer sans n’être plus inquiétés...
l’objet d’effroi pour les mousses. Il est en fait l’incarnation
des pannes et des problèmes de manoeuvre, des avaries Les esquisses flamboyantes
soudaines et du mauvais entretien du navire. D’autres y
voient une légende héritée de la fréquence des pièges- Des légendes tenaces évoquent d’étranges nefs aux
pestes (cf. p. 49) dans ces navires septentriens. dimensions fantastiques entraperçues par les marins
de l’Harmonde. Leurs voiles étranges qui semblent
Les moucheurs boire la lumière, leurs audacieuses proportions et leurs
structures incompréhensibles alimentent les contes à
Les moucheurs sont des arbalétriers d’élite boucaniers.
la veillée. On y évoque l’âge d’or de la marine auquel
Usant d’une très puissante arbalète montée sur un pivot,
l’Harmonde rendrait un dernier hommage, un souvenir
ils déciment avant l’abordage les officiers et mages des
ému. Certains harmonistes y voient des manifestations
navires adverses, les privant ainsi de leur organisation
élémentaires, d’autres les conséquences d’œuvres
et de leur puissance de feu avant la bataille.
de Geste mal contrôlées, certains enfin d’éphémères
ergastules prisonnières des embruns…
27
Les nefs vegetales
Riveverte est une cité végétale en équilibre entre la jungle et la mer d’Azurée. Le tronc en spirale de son immense
arbre-roi culmine 150 mètres au dessus des flots. Ses branches accueillent d’innombrables demeures lutines mais
c’est près de son faîte que se dissimule le véritable trésor de la cité, l’écrin où naissent les nefs végétales. Après une
lente croissance sous les soins constants des plus grands jardiniers, les nefs quittent leur berceau en voguant sur les
écluses vivantes enroulées autour du tronc de l’arbre-roi.
Les rameaux, fragiles esquifs à deux mâts et aux voiles foliacées, sont les nefs les plus frêles et nécessitent une
saison pour arriver à maturité. Ils sont si légers qu’ils se jouent des courants contraires de la mer d’Azurée mais
affrontent difficilement ses colères. Les lutins s’en servent pour leurs joutes nautiques ou pour leurs échanges avec
les ports carmes et modéhens. Avec leur très faible tirant d’eau, ils sont plus adaptés à la navigation fluviale et au
cabotage qu’à la navigation hauturière. On les rencontre rarement sur les autres mers de l’Harmonde.
Les lierranes sont les nefs végétales typiques de l’imaginaire populaire. Longues de 80 mètres, seules les mers
les plus froides leur résistent. Leur structure est plus complexe que celle des rameaux puisqu’elles sont constituées
lianes, lierres et autres plantes grimpantes. Des trois mâts tombent des grappes de vigne, de clématites et d’orchidées
dont les fines tiges entrelacées constituent les voiles : ces nefs sont de véritables jungles flottantes noyées d’une
chape de brumes et de pollens. L’on prétend que leur coque cache de redoutables ronces capables de hérisser toutes
les structures du navire et de se jeter à l’attaque des fous qui oseraient menacer la nef. La lierrane, comme l’aranéef,
nécessite deux ans de croissance et de grandes quantités de pollen pour arriver à maturité.
Les aranéefs sont si rares que beaucoup les tiennent pour une légende. Longues de 50 mètres, elles incarnent
l’harmonie entre le décan printanier et la nature. Elles sont en effet le fruit d’une alliance végétale et arachnéenne.
Leur coque, aussi légère que celle des rameaux, est protégée par une fine résille de toile perlée. Les mâts très inclinés
portent des voiles de soie d’araignée, somptueuse dentelle aux motifs complexes et dont les circonvolutions invitent
les vents à les porter au dessus des flots. Certains prétendent avoir vu ces nefs s’envoler alors que les vergues
s’allongeaient jusqu’à devenir de véritables ailes de soie et de lierre.
qu’aucune autre flotte ne peut se vanter d’avoir pour La bombarde
équivalent.
La bombarde est une arme ancienne, issue de l’empire
• Le galion-forteresse est un bâtiment monumental d’Armgarde post-écliptique. Elle équipe principalement
sans équivalent. Il en existe seulement une poignée les navires urguemands, janréniens et plus récemment
dans les arsenaux janréniens, qui n’a pas servi depuis mercerins. Constituées d’une lourde armature de
les Fratricides. Ce navire a la silhouette d’un galion cuivre tubulaire enroulée sur elle-même et terminée
surdimensionné, notamment au niveau de sa largeur. Il est par un large pavillon, les bombardes disposent d’un
monté sur six ponts et possède un quatrième mât, réplique astucieux système capable d’emmagasiner le souffle
du grand-mât. Son gréement est comme celui d’un galion de l’artificier sous la forme d’un son grave et puissant.
mais avec un hunier supplémentaire en haut de chaque Brutalement libéré, ce souffle propulse presque à la
mât. Malgré cela il faut reconnaître que sa progression verticale, avec une puissance phénoménale mais une
est difficile et lente car son tirant d’eau est important médiocre précision, une mitraille censée s’abattre sur
(environ 15 mètres). A l’origine le galion-forteresse a été les navires adverses et déchirer corps et voiles.
inventé pour transporter des engins de siège et attaquer
les villes portuaires depuis la mer. Il est armé en sus de L’epinette
l’armement classique de broyeurs articulés pour rompre L’épinette janrénienne se présente comme un coffre
les navires adverses, de barges de débarquement, de protégeant un très complexe mécanisme de cordes
véritables catapultes à longue portée pour pulvériser les tendues à l’extrême, prolongé par un éventail de cuivre.
murailles des cités assiégées, et notamment des fameux Chacune de ces cordes est celle d’un arc projetant avec
feux grégeois extrêmement destructeurs – dont le secret une grande puissance les terribles aiguilles des fameux
de fabrication est jalousement gardé par les Janréniens. sapins janréniens, les aiguillards. Lorsque l’on ouvre le
On sait que ces forteresses flottantes recèlent d’autres coffre d’une épinette, on observe un réseau de cordages
armes étonnantes et inconnues, mais elles resteront proche de celui d’un clavecin. Seuls certains ingénieurs
cachées encore longtemps. Au niveau de la coque, celle- spécialisés, les accordeurs, sont capables de régler avec
ci a été renforcée et cuirassée de lames de métal pour la précision ces mortelles mécaniques.
protéger des assauts de béliers. Son haut bord rend les Les aiguilles ont une portée assez limitée mais font
abordages classiques inefficaces. L’équipage d’un galion- des ravages dans l’équipage adverse et détruisent les
forteresse, dont l’effectif est le double d’un simple galion, voiles. Certains accordeurs ont créé des épinettes
est composé d’experts en compétences nautiques et en sophistiquées qui a la sortie du coffre sont enduites
épreuves guerrières. Les capitaines janréniens qui sont à de liqueur de Mortencre, très inflammable, puis
la tête de ces bâtiments sont des héros et des légendes embrasées… les voiles adverses n’ont aucune chance
vivantes. D’après les chroniqueurs, aucun galion-forteresse d’y échapper. Enfin, l’on prétend que le navire amiral
n’a été coulé ou pris par un autre navire. Le feu même n’a de l’armada, le célèbre galion d’épines, possèderait des
pas su entamer le bois des arbres multicentenaires qui ont épinettes élémentaires…
servi à leur construction. Le son caractéristique des épinettes a inspiré un
luthier du XIIème siècle qui a inventé un curieux
• La trirème est un bâtiment de guerre lourd dont instrument capable de reproduire le son de ces armes
les origines sont aujourd’hui perdues. On sait qu’elle est de mort, et baptisé lui aussi épinette…
une variante du pentecontor, un ancien navire à aviron
de la mer d’Orion. Les architectes navals ont augmenté Le Galion d’epines
sa puissance en ajoutant des rameurs, sur des bancs
superposés pour éviter qu’il se brise en deux, et en le Le Galion d’épines est l’invaincu navire amiral de
dotant d’un bélier à la proue. La trirème est mue par 150 l’armada janrénienne. Les secrets de sa fabrication ont
avirons et trois voiles carrées, chacune montée sur un été perdus avec l’Éclipse mais d’anciens tomes content
mât. Les premières furent construites dans les arsenaux l’œuvre aujourd’hui incompréhensible des artistes-
carmes, il y a quelques années seulement. Sur la demande charpentiers flamboyants. Sa taille et sa structure en
de Séneca, leurs plans d’origine septentrienne furent font le fleuron des galions-forteresses mais sa coque
obtenus auprès des Abysses par les anciennes des tours est constituée d’une myriade d’épines mouvantes
noires. Aujourd’hui les trirèmes sont des navires de guerre rassemblées par des forces élémentaires. Cette coque
par excellence. Un gaillard arrière protège les officiers et mouvante s’ouvre pour laisser passer d’immenses
des plates-formes montées sur les bordées portent des épinettes et le concert né du feu du Galion d’épines
balistes et des petites catapultes. La tactique de combat couvre le fracas des batailles d’une symphonie mortelle.
naval d’une trirème se résume à l’utilisation de projectiles L’on sait qu’autrefois son capitaine seul suffisait
enflammés, du bélier de proue et de volées de flèches. Le à la manœuvre du Galion d’épines, mais l’accord
corps à corps est assez rare, le but de la trirème étant de a été perdu avec les siècles… Les officiers royaux
couler les navires ennemis, l’abordage étant laissé au savent que seul un « capitaine accordé », comme le
dromon. Bien entendu les rameurs sont enchaînés et nomment les anciennes chroniques, pourrait redonner
subissent toujours le sort du navire, qu’il soit pris, au Galion d’épines toute sa gloire et redéployer toute
qu’il coule ou qu’il brûle... sa puissance.
29
Le Titan passé. Elle ressemble à un petit bâtiment léger, long et fin,
qui navigue à l’aide de deux voiles latines ou d’avirons. Sa
La reine Sénéca a ordonné la construction d’une arme cale dispose d’un vivier pour conserver le poisson.
secrète dans un arsenal caché des montagnes d’Areza,
une galère colossale capable de se mesurer aux galions- • Le curragh est une petite embarcation utilisée
forteresses janréniens. Ce monstre des mers est doté essentiellement pour le commerce et le transport côtier
d’une double coque semblable à celle d’un catamaran. en Marche modéhenne. On le trouve parfois sur les
Ces deux coques, occupées par les rameurs, sont abords des côtes lyphaniennes. Ce bateau est construit
surmontées par un vaste pont qui les relie. On rapporte à partir de peaux d’animaux étirées sur une charpente
qu’elle mesure 140 mètres de longueur et 20 de largeur. de bois. Ces peaux sont enduites de poix pour les rendre
Les avirons du 3ème rang font 18m de long. On lui étanches. Incroyablement léger, le curragh est manœuvré
compte 4000 rameurs, 400 hommes d’équipage et près à l’aide d’une gouverne, d’une petite voile montée au tiers
de 3000 soldats embarqués. On ignore encore si ce et de huit avirons. Lors d’intempéries, la vergue de la voile
navire est davantage destiné à la parade qu’à un usage peut être descendue et le revêtement de peaux peut être
guerrier pratique... rabattu et refermé, afin de rendre le bateau étanche et
relativement insubmersible.
• Le dromon est une version évoluée de la galère légère.
Il est utilisé par les Terres veuves, l’Enclave boucanière
Patrouilleurs
et les Communes princières et représente la galère de
• La galiote est un bâtiment qui sert au cabotage de
ligne la plus répandue et la plus utilisée. Le dromon
patrouille. On l’utilise en Janrénie et Urguemand pour
caractéristique est long et étroit afin d’obtenir une
décourager les assauts des pillards côtiers et contre les
vitesse de marche très rapide. La propulsion est assurée
naufrageurs qui veulent attirer à eux - et aux récifs - les
par 200 rameurs, deux par aviron, et deux voiles latines.
navires égarés. La galiote est d’un petit tirant d’eau, de
Un mât est placé au milieu de la partie avant du navire,
formes arrondies, et porte deux mâts, un principal et
l’autre au milieu de la partie arrière. Un crochet est fixé
un arrière. De profil elle ressemble à un petit trois-mâts
à la proue, et remplace le bélier, permettant ainsi de
privé de son mât de misaine, afin de céder de l’espace
harponner les vaisseaux ennemis et d’obliger l’abordage.
à l’avant, pour l’installation de bombardes. La galiote
Des plates-formes sont construites au centre, à la poupe
marche avec lenteur malgré son gréement : des voiles
et à la proue du navire, depuis lesquelles des archers et des
auriques et deux huniers avant, ainsi que deux focs et une
balistes peuvent tirer sur l’ennemi avant le corps à corps
trinquette supportés par un fin beaupré. La galiote peut
final. Des passerelles sont ensuite lancées pour procéder à
être transformée en petite galère allant à la fois à la voile
l’abordage. L’équipage du dromon est comme celui d’une
et à rames. Le port de la galiote étant de 50 tonneaux,
trirème, outre le fait qu’il comporte entre autre dix fois
complètement chargés de munitions, cela en fait un petit
plus de soldats.
navire surarmé et très dangereux à l’approche. Certaines
sont également armées d’épinettes, permettant ainsi de
lutter contre les archers ennemis.
Cabotage
• La galère légère est le plus familier des anciens
navires de guerre. C’est un navire élancé, deux fois plus
petit qu’un dromon, muni d’un éperon acéré recouvert
de cuivre pour défoncer les flancs des navires ennemis, et
Cabotage côtier d’un armement plutôt léger d’une dizaine de balistes et de
quelques moucheurs adroits. Cette galère n’a qu’un mât
Le cabotage est une façon de naviguer qui consiste à et une voile carrée unique qui peut être montée au tiers.
aller le long des côtes, de cap en cap, de port en port. Les Boucaniers en possèdent un nombre considérable,
Le marchand qui pratique le cabotage est dit « maître ainsi que les Terres veuves qui les utilisent encore pour
cabotier » ou « pilote côtier », le distinguant du « chef protéger leurs côtes.
timonier » ou « pilote hauturier » qui pratique la
véritable navigation. Certains navires au long cours et Les soffreurs
bâtiments de guerre embarquent des maîtres cabotiers
Les soffreurs sont des esclaves carmes fanatisés
pour l’approche des côtes ; ils sont alors rattachés à la
et prêts à mourir pour leurs maîtresses. Gavés de
timonerie une fois en haute mer.
souffreau keshite pour leur ultime sacrifice, ils sont
catapultés depuis les grandes galères sur les navires
Pêche et petit commerce adverses pour y mourir dans une explosion de viscères
• La felouque, comme le silithien et la tartane, est capable d’endommager les plus solides galions… sans
d’origine septentrienne. C’est un petit bateau de pêche parler de l’horreur ressentie par les victimes de ces
côtier dont l’usage s’est répandu jusqu’en Terres veuves, projectiles humains.
où on le trouve principalement. La felouque est utilisée
dans le golfe d’Ébène, mais beaucoup moins que par le
30
Les galeres noi res réputés pour leur vitesse. Du fait de sa petite taille et de
sa fragilité le catamaran n’est utilisé que dans les régates
Les très redoutées galères noires de Sasmiyana organisées par les cités côtières des Terres veuves. Son
sont, selon la légende, armées et mues par des hordes avance technique, issue des nains de l’Équerre exploités
démoniaques. Ces rameurs infatigables, qui ne par les Carmes, est indéniable, mais très peu reconnue
demandent ni repos ni nourriture, pourraient faire de encore dans le reste de l’Harmonde.
la perle du levant la maîtresse des sept mers si une telle
ambition l’effleurait… • Le voilier de plaisance carme est une embarcation
pontée et bas de bord. Sa cale est aménagée pour en
Les bagnes faire un lieu habitable. Sa première fonction étant d’être
L’Enclave boucanière, les Terres veuves et Sasmiyana un bâtiment de plaisance, on le grée très simplement à
utilisent certaines de leurs galères comme bagne pour un mât monté d’une voile latine et haute, et avec une
ses prisonniers de droit commun. Souvent les peines trinquette fixée sur un bout-dehors fin. C’est donc en
encourues sont de plusieurs années, sachant que quatre général un bon marcheur au près du vent. On distingue
à cinq ans suffisent largement pour y mourir, étant le voilier de plaisance par le soin particulier que l’on a
donné les conditions alimentaires, d’hygiène et de mis à le construire et à l’équiper, par ses figures et la
traitement dans lesquelles les prisonniers sont retenus. recherche d’ornements qu’il arbore. A l’intérieur tout est
Cette destinée peut être également réservée aux disposé pour la plus grande commodité du passager. Les
femmes - qui, il faut le reconnaître, sont traitées sans nobles s’en servent pour la promenade, pour pavoiser ou
aucun égard de valeur - comme le raconte l’histoire même comme carrosse lors de petits déplacements. Les
tragique de Néréïthilde de Blanc-corail (cf. Dramatis ambassadeurs carmes se déplacent en voilier de plaisance,
Personae p. 74). bien entendu sous bonne escorte.
Petit cabotage et cabotage • Le remorqueur abymois est une embarcation à
fonction très particulière. Il sert, comme l’indique son
portuaire appellation, à remorquer les navires arrivant en Abyme,
afin de les guider sur le canal menant à la Halle aux
Le petit cabotage a pour principe, par rapport au Embruns et ses embarcadères. Un remorqueur ressemble
cabotage côtier, de rester en vue de terre, et en général de à une grosse barque haute aux formes enflées - comme
s’attacher à une baie, une rade ou un port. On parle de une petite péniche - dirigée par un pilote, emmitouflé
cabotage portuaire, parfois de batellerie de rade. sous une capeline épaisse et dont le visage parcheminé
est à demi caché sous un chapeau à larges bords. Ce pilote
• Le catamaran de régate carme est un bateau manœuvre silencieusement le remorqueur à l’aide de
particulier du fait de sa forme et exceptionnel du fait de chaînes qu’il manipule comme des rênes et qui musèlent
ses capacités. C’est une embarcation non pontée à laquelle des créatures aquatiques lentes et dociles (du moins
est associée une seconde coque pleine qui fait office de semble-t-il !). Sans ces remorqueurs aucun navire ne
flotteur, en point d’appui, et de contre-balancier en cas parviendrait à se faufiler au sein des murs de la Cité des
de vent puissant. Le catamaran possède un mât unique Ombres.
monté à l’avant ou au milieu de l’embarcation. Sur ce mât,
une voile triangulaire gigantesque et ronde est attachée à
un gui, comme pour une voile brigantine, et permet de Les chalands et les gabares
prendre le vent dans presque toutes les directions, que ce
soit au plus près ou en pleine toile. Un gouvernail arrière La batellerie est un univers présent dans l’Harmonde,
et très large sert au barreur pour changer de cap. Avec mais relativement discret. Les bateaux utilisés à cet effet
cette voilure le catamaran est un coureur remarquable et sont très typiques et se ressemblent. Il en existe de
impressionnant qui laisse sur place de nombreux navires deux sortes remarquables, les chalands et les gabares. Le
chaland est une allège avec une voile au tiers, à fond plat, à
côtés droits, et dont l’avant est en saillie. C’est un magasin
flottant utilisé sur les fleuves et les rades pour alimenter
les navires en mouillage. Des avirons peuvent l’aider à
remonter le courant. La gabare est une sorte de péniche
gréée à un ou deux mâts, elle circule davantage sur les
canaux, sur des distances plus longues que le chaland et
remonte jusqu’aux rivières les plus lointaines grâce aux
écluses d’antan, faisant des escales dans les embarcadères
des villes traversées. Plus qu’un outil de commerce et de
transport, le propriétaire d’une gabare s’en sert aussi
comme habitat.
31
Caractéristiques
Caractéristiques primaires :
Le navire possède une RÉSistance et une AGIlité
représentant respectivement sa résistance structurelle et
sa manœuvrabilité. Les navires possédant des avirons ont
deux valeurs d’AGI, la première pour la voile et la seconde
Navigation et
pour l’aviron. En cas de propulsion mixte, le plus petit
score d’AGI est limitant.
L’équipage détermine la PERception, et la VOLonté,
indice de moral et de discipline.
Le capitaine donne les caractéristiques d’INTelligence
Caractéristiques secondaires :
L’équipage : l’effectif d’un navire permet de définir la
caractéristique Points d’Équipage, ou PdÉ.
L’Effectif permet de calculer ÉQuipage (ÉQ = PdÉ/
10, arrondi au supérieur), pour lequel trois seuils
Adonaë, L’EGM, Encelant, Thabanne et toute l’équipe sont définis par type de navire : ÉQuipage minimal, en
deçà duquel la manœuvre est impossible, ÉQuipage de
manœuvre, et ÉQuipage maximal, nombre maximal de
Ce système propose des règles complètes permettant
personnes pouvant être accueilli dans des conditions
de gérer la navigation et le combat naval dans Agone en
normales sur le navire.
s’appuyant sur les règles classiques. Un navire possède,
comme un personnage, des caractéristiques et des
Exemple : La Gibbeuse est une galère légère boucanière
compétences permettant de gérer une entité dont nous
avec un effectif de 76 personnes. Elle possède donc 76 PdÉ,
distinguerons trois aspects : le navire proprement dit,
son ÉQ est de 8. Ses seuils d’effectif, comme indiqués dans le
l’équipage et le capitaine.
tableau, sont de 20 pour le minimal, 50 pour la manœuvre
Ce système se compose de règles de base simples et
et 120 au maximum, ce qui implique donc des seuils d’ÉQ
d’options avancées, signalées par ce logo.
minimal de 2, de manœuvre de 5 et maximal de 12.
Les caractéristiques techniques des différents types
de navires sont regroupées p. 93. Une feuille de navire
Les vitesses s’expriment en nœuds – 1 nœud équivaut
permet de récapituler ces données pour vos navires (cf.
à 1,85 km/h., soit 30 mètres par tour. Si vous n’utilisez
p. 94).
pas les règles avancées, considérez la vitesse donnée pour
le largue (cf. encart).
La LONgueur est un équivalent de la TAIlle, mais Les dégâts sont matérialisés par deux échelles : l’une
dans une échelle différente adaptée aux navires. La concerne le navire lui-même, ce sont les Points de
LONgueur est le dixième de la longueur arrondi à l’unité Structure ou PdS, l’autre l’équipage, ce sont les Points
supérieure. d’Équipage ou PdÉ. Chacune possède son Seuil de Blessure
Grave – (PdS ou PdÉ)/6 – et de Blessure Critique – (PdS
Le tirant d’eau est la profondeur minimale pour ou PdÉ)/4.
naviguer, en mètres. Une perte de PdÉ ne signifie pas forcément une mort
d’hommes : le navire perd un PdÉ lorsqu’un homme est
Les tonnages utile et maximal définissent le volume mis hors d’état de combattre ou de manœuvrer, qu’il soit
disponible pour la cargaison dans le navire – un tonneau blessé, inconscient ou mort.
équivaut à 2,8 m³. En deçà de la première valeur, on est
en tonnage « facile », entre les deux valeurs en tonnage MÊL et TIR se déduisent des caractéristiques de
« difficile ». Au-delà, le niveau de flottaison trop élevé ne l’équipage – leur calcul demande un peu de souplesse
permet pas de naviguer, et la charpente risque de céder puisqu’elles devront être définies en fonction des
sous le poids. membres d’équipage utilisant effectivement les
armes.
32
Compétences fait pas de doute… à moins que le capitaine de la Gibbeuse
ne décide d’user des avirons, auquel cas sa vitesse sera de
Pour la résolution des actions, on utilise selon les 6x2+9=21. Évidemment, le vent d’une tempête risque fort de
besoins les compétences de l’équipage ou du capitaine, tourner et le changement d’allure pourrait profiter au galion
les plus utilisées étant Armes, Astronomie, Navigation, et si le capitaine de la Gibbeuse fait l’erreur de prendre le vent
Vigilance. au grand largue ou à l’arrière, perdant ainsi l’avantage des
Les marins possèdent un nouveau domaine de la avirons. Gageons que les pirates savent ce qu’ils ont à faire.
compétence Savoir-faire : Manœuvre nautique (cf.
encart).
La manœuvre
33
ÉQuipage Exemple : la trirème carme Perle de Searella – vitesse 16
– décide d’éperonner une épinglette boucanière – vitesse 12
La caractéristique secondaire ÉQ constitue un –, la Cendrée. Le capitaine de cette dernière tente d’esquiver
bonus aux jets de manœuvre, de tir à l’arme légère l’attaque en se fixant un seuil de 20. Il réussit son jet d’AGI
et de combat rapproché. Elle simule ainsi la supériorité + Savoir-faire : manœuvre nautique. La manœuvre est
– ou l’infériorité – numérique. Notez que si le capitaine audacieuse mais efficace. Suffisamment proche pour pouvoir
choisit d’affecter 50% de ses troupes à l’archerie et le reste éperonner l’épinglette par l’arrière dans ce tour, la Perle
à la manœuvre, seul 50% de ce bonus d’ÉQ devra être obtient un résultat de 21 sur son jet de AGI + Savoir-faire :
comptabilisé pour le bonus au jet de tir. Notez que la manœuvre nautique. L’éperonnage est réussi. Le différentiel
manœuvre sera peut-être compliquée si trop d’hommes de vitesse est de 16-12=4 en faveur de la Perle, ces navires
sont affectés à l’attaque, en regard des seuils d’ÉQ sont de même LON. La coque est sévèrement endommagée,
minimal et d’ÉQ de manœuvre. l’épinglette perd 40% de ses PdS soit 260 PdS et va continuer
à perdre 1d10+10 PdS par tour si rien n’est fait…
La Perle réussit à se dégager sans encombre.
Manœuvres
Exemple : la trirème carme – vitesse 16 – a cette fois décidé
Les manœuvres se résolvent à l’aide d’un jet d’AGI + d’éperonner une galère légère boucanière. L’attaquant par le
Savoir-faire : manœuvre nautique. travers, elle réussit sans problème son jet d’AGI + Savoir-faire :
manœuvre nautique DIFF 15. Le différentiel de LON est cette
Éperonner fois de 6-3=3. Cette fois l’attaque inflige théoriquement une
Condition : avoir un éperon, DIFF 15, 10 pour les navires blessure de 16+3=19. La galère légère est pulvérisée mais le
à avirons. choc est si violent que la trirème encaisse des dégâts sévères
Un éperonnage réussi est une manœuvre dévastatrice car elle a manqué son jet d’AGI + Savoir-faire : manœuvre
qui inflige automatiquement une blessure de la table nautique DIFF 25 : elle aurait du faire perdre 190% de ses PdS
d’éperonnages et une perte de 10% de ses PdS de base par a l’adversaire, elle en perdra donc 19%.
niveau de blessure. En cas d’incohérence, considérer l’un
des dégâts adjacents en conservant le pourcentage de PdS
perdus.
Cette table se lit en additionnant le différentiel de
vitesse et de taille entre les navires. En choc frontal ou
« contre-bord droit » la catastrophe est celle des vitesses
additionnées. Par l’arrière on soustrait la vitesse du navire
cible à celle du navire attaquant, par le travers on ne
considère que celle de l’attaquant.
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Glisser au vent Les armes lourdes sont des armes de TAI au moins
Condition : DIFF 25 égale à +3, comme la baliste (cf. AGONE p. 188). Elles sont
Cette manœuvre consiste à placer son navire derrière suffisamment puissantes pour endommager la structure
celui de l’adversaire afin d’éviter le feu de ses armes d’un navire et peuvent donc entraîner une perte de PdS
lourdes et l’aborder au dernier moment. comme de PdÉ – leur répartition étant à la discrétion
de l’EG en fonction de la situation. Contrairement aux
Glisser par le travers armes légères, les attaques des armes lourdes sont gérées
Condition : DIFF 15 individuellement selon les règles classiques (cf. AGONE p.
Cette manœuvre consiste à se mettre perpendiculaire 174), à condition de disposer de suffisamment de servants
au gaillard arrière de l’adversaire pour l’attaquer à l’arme – ce qui peut influencer grandement l’ÉQ disponible pour
lourde avec un bonus de +5. le tir aux armes légères et la manœuvre : chaque arme
lourde nécessite en effet deux servants. Le bonus d’ÉQ ne
Couper le vent s’applique pas aux armes lourdes – il ne sert à rien d’avoir
Condition : DIFF 15 15 personnes autour d’une catapulte…
Cette manœuvre consiste à se mettre en écran entre De nouvelles armes lourdes sont décrites p. 24-29, leurs
l’adversaire et le vent afin de lui couper sa propulsion et caractéristiques techniques sont regroupées en encart.
fuir plus facilement.
La magie est gérée à part et relève de l’arbitrage de
35
l’Éminence Grise. Le nombre de mage est suffisamment Il sort alors du combat de masse et est géré selon les
faible et leur impact suffisamment important sur la règles classiques (cf. AGONE p. 174). Éminence, atteindre
bataille pour qu’il soient gérés individuellement. une personne précise dans un combat naval relève de
l’héroïsme, n’hésitez pas à appliquer de sévères malus au
Exemple : les flèches pleuvent depuis la Gibbeuse jet du tireur.
et le capitaine du Vigilant ordonne aux hommes non Les conséquences d’un tir réussi seront à gérer au cas par
indispensables à la manœuvre de se mettre à couvert. Sur les cas : en perdant leur capitaine ou un leader charismatique
600 hommes qui étaient sur le pont, seuls 400 vont y rester – les Inspirés ? –, les hommes d’équipage devront faire
pour conserver l’ÉQ de manœuvre. L’EG estime que cela un jet de moral ; sans le garde-chiourme, les esclaves
équivaut à une couverture partielle selon les règles d’AGONE pourraient tenter de se rebeller, etc.
p. 174 et l’EG inflige donc un modificateur de -2 au tir. Le
capitaine de la Gibbeuse, par contre, choisit de se concentrer
sur l’attaque et fait tirer 56 archers pour rester au-dessus du
« A l’abordage ! »
seuil minimal d’ÉQ, qui est de 2 – soit 20 hommes – pour
une galère légère. Abordage
Le jet de tir des archers de la Gibbeuse : TIR + Arme : arc + Condition : être plus rapide que le navire adverse
ÉQ - 2+ 1d10 (O) contre une DIFF de 20 – 60 m séparent les DIFF : X, -5 si utilisation de grappins ou d’autres moyens
deux navires – soit 5+5+6-2+8=22. équivalents.
Le tir inflige donc une perte de MR + Dommages de l’arme Cette manœuvre permet de poser le pied sur le pont
= 2+7 PdÉ. adverse. Bien qu’indispensable à la prise du navire, elle
peut se révéler dangereuse car elle soumet le navire au feu
Exemple : Au tour suivant, le capitaine de la Gibbeuse adverse…
choisit de faire donner sa catapulte. La manœuvre peut être gênée par des dispositifs de
Le jet de tir : TIR + Arme : baliste + Attaque de l’arme - 3+ cordages ou de filets qui pourront au plus généré un
1d10 (O) contre une DIFF de 15 – 40 m séparent désormais malus de 5.
les deux navires – soit 5+7-3-3+9=15.
Le tir inflige donc une perte de MR + Dommages de l’arme La mêlée
= 0+20 points de dégâts répartis pour moitié – selon le choix Les combats se résolvent à l’aide d’un jet unique de MÊL
de l’EG – entre les PdS et les PdÉ. En effet, un rocher de + Arme + ÉQ affecté à l’abordage. Les dégâts sont soustraits
catapulte va forcément infliger des dégâts à la structure et des PdÉ, dont la diminution entraîne en conséquence une
il semble logique d’imaginer que des hommes seront blessés diminution du bonus d’ÉQ… Comme pour le combat à
lorsque le rocher roulera sur le pont, traversera un plancher, distance, la magie est gérée à part et relève de l’arbitrage
etc… – contrairement à une baliste, dont la flèche pourrait de l’Éminence Grise.
simplement balayer les hommes sur le pont, ou au contraire À moins que l’adversaire ne vise spécifiquement le
se planter dans la coque. capitaine, on considère toujours que celui-ci est le dernier
à mourir…
Viser
Un tireur d’élite, comme les célèbres moucheurs (cf. Le feu
p. 26), peut tenter de viser certains individus clefs de Le feu est l’ennemi ultime des navires. Les voiles
l’équipage adverse : le pilote, le capitaine, un mage, etc. comme la structure de bois sont si vulnérables
qu’il peut en un instant embraser un navire et son
Le moral équipage.
Comme dans toute bataille, le moral peut jouer Le feu inflige à chaque tour autant de dégâts que son
un rôle majeur dans la victoire… ou la défaite. POT (cf. AGONE p. 193). Ces dégâts sont répartis pour
Suite à une Blessure Grave ou Critique – PdÉ et/ou moitié entre l’équipage et le navire. Le POT augmente
PdS – l’équipage doit réussir un jet de VOL ou être à chaque tour de 5 à moins que POT/5 points d’ÉQ
démoralisé. La difficulté est de 8 par Blessure Grave, soient affectés à circonscrire l’incendie, auquel cas le
12 par Blessure Critique, les deux étant cumulables. POT diminue de 2 à chaque tour.
Les malus infligés par ces blessures interviennent bien
sûr dans le jet. Exemple : Les flèches enflammées qui ont balayé le pont
Le capitaine peut conférer un bonus à ces jets de du Vigilant ont amorcé plusieurs départs de feu, que l’EG
moral en y consacrant une action, sa MR au jet de décide de fixer à un POT initial de 10. Le feu inflige en sus
moral servant de bonus à celui de l’équipage. Il peut des dégâts provoqués par les flèches une perte de 5 PdÉ et
également tenter de le rallier s’il est démoralisé en de 5 PdS. Au tour suivant, le capitaine affecte une partie
réussissant un jet de CHA + Navigation à la difficulté de ses hommes à l’incendie ce qui lui permet de réduire
du jet raté par l’équipage, la MR négative de l’équipage le POT à 8. Une perte de 4 PdÉ et 4 PdS est cependant
venant se soustraire à son propre jet. encaissée. Espérons que la pluie de flèches et les dégâts
Un équipage démoralisé se consacre à fuir le dus à l’incendie ne diminueront pas trop l’équipage,
navire… et qu’aucun jet de moral ne sera manqué… le feu
s’étendrait vite !
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Degats critiques de structure
1 Voie d’eau mineure. Une voie d’eau mineure apparaît et entraîne la perte de 1d10 PdS par tour si aucune
réparation ni écopage n’est réalisé – mobilisant un point d’ÉQ. La voie d’eau sera colmatée dès que le
combat aura cessé.
2 Gouvernail endommagé. AGI réduite de 2 points.
3 Pont dévasté. Des débris ou des trous dans le pont compliquent la tâche de l’équipage. Le navire est donc
plus difficile à manœuvrer et l’AGI est réduite d’un point. Si des armes lourdes se trouvaient sur le pont, la
moitié d’entre elles est hors d’usage.
4 Perte d’un mât secondaire. -3 sur tous les jets de manœuvre et vitesse réduite d’un tiers.
5 Voie d’eau moyenne. Idem 1 mais la perte est de 1d10+10 PdS par tour et il faut mobiliser 2 ÉQ.
6 Cordages rompus. Les seuils d’ÉQ de manœuvre et d’ ÉQ minimal sont majorés de moitié.
7 Perte du grand mât. -6 sur tous les jets de manœuvre, vitesse réduite de moitié et l’équipage se voit
infliger une Blessure Grave supplémentaire.
8 Voie d’eau majeure. Idem 1 mais la perte est de 1d10+30 PdS par tour et il faut mobiliser 3 ÉQ.
9 Gouvernail détruit. Toute manœuvre est impossible.
10 Explosion ! La force de l’impact disloque le navire au-delà de tout espoir. Il coule immédiatement,
emportant avec lui la majeure partie de son équipage.
37
L’ostrogonte
Alraune
Dédale, mon ami.
Suite à votre demande, voici les renseignements que j’ai pu réunir sur l’ostrogonte, dont vous auriez distingué la
silhouette au large des côtes bokkoris, lors de votre voyage en compagnie du ténébreux nain Codevrigg (cf. Souffre-jour
1). Notez que certaines de mes informations proviennent de Thiarré d’Herbeline avec qui j’ai moi-même voyagé les
mois derniers pour le compte du Conseil (cf. Souffre-jour I) : il prétend, à qui veut l’entendre, avoir été capitaine sur ce
navire dans une jeunesse boucanière. Je laisse votre bon sens faire le tri nécessaire dans les dires d’un satyre à la langue
bien – trop ? – pendue.
On ne saurait dire si l’ostrogonte marqua plus les légendes par sa taille ou son allure. Ses proportions dépasseraient
celles des plus grands galions janréniens, à tel point qu’on le prétend incapable d’approcher les côtes tant son tirant
d’eau serait important. Thiarré m’a parlé d’un bon kilomètre de la proue à la poupe et de cinq cents mètres de bâbord
à tribord. Une entière communauté pourrait installer des maisons sur le pont supérieur et vivre sous le cliquetis des
milliers de petits carillons suspendus et ballottés au gré du vent. Leur véritable rôle reste obscur, mais j’ai lu que la
pratique d’une haute éologie serait accessible à celui qui saurait déchiffrer leurs mélodies. Certaines peintures qui
ornent la bibliothèque de l’Onde en Moden’hen représentent le navire à l’image d’un immense violon aux flancs
bombés, percé sur le pourtour de huit ouvertures de cuivre, rappelant des embouchures de trompettes.
Sous le beaupré dont l’arabesque rappelle le manche du violon, une bouche béante d’argent, le larynx, est ouverte
dans la coque et produit le chant de l’ostrogonte. Car vous l’aurez certainement compris, à l’image de ce qu’il inspire, ce
bateau est un fabuleux instrument marin. La forme caractéristique de sa coque le désigne comme une énorme caisse de
résonance permettant de produire une note grave courant sur plusieurs milles. Les ouvertures qui jalonnent ses flancs
dissimulent de complexes mécanismes, visant à aspirer l’air pour la rejeter puissamment par un système de soufflets,
à l’intérieur du bateau. La pression enverrait ensuite l’air par le larynx où des cordes vocales de tarasque tressées
vibreraient en produisant un unique accord. J’ai croisé le récit du chant de l’ostrogonte dans de nombreux grimoires où
des auteurs glosent sur son utilité, mais son mystère reste entier.
Thiarré d’Herbeline aurait néanmoins détourné le chant à des fins pécuniaires à la suite d’une découverte : l’étrange
accord plongerait les sirènes en état de transe. Le satyre en aurait profité pour en capturer et fournir les plus grandes
maisons closes des Communes princières. Je dois dire que l’on peut en effet retrouver la trace de l’ostrogonte dans les
chroniques de la mer de Rigello aux alentours de 1437, dirigé par un capitaine d’origine caprine au surnom d’Adonis. Le
bougre aurait réaménagé le fantastique château arrière en bordel ambulant et aurait fait fortune en vendant les services
de prostituées exotiques aux marins de pleine mer.
Thiarré affirme que six mâts creux munis d’escaliers orneraient le pont et que le plus haut, la misaine, soutiendrait
un observatoire muni de télescopes à la précision fantastique. Une des salles du château arrière serait consacrée à un
journal de bord, dont le texte s’inscrirait de lui-même dans une langue antique sur les murs. Une tradition voudrait
qu’une fois cette pièce remplie par le journal, le bateau sans futur sombre sous les flots. Une autre salle serait consacrée
à une gigantesque boussole. Il suffirait de deux personnes pour commander l’ostrogonte : le capitaine, la main sur la
boussole, rentrerait en résonance avec le navire pour le diriger. Le second serait au clavier d’un orgue étrange, dont
les mélodies libéreraient – ou attiseraient – les vents nécessaires aux gigantesques voiles. La cadence des morceaux
réglerait la vitesse. L’équipage serait inexistant sur le pont supérieur et tous les gréements actionnables par impulsion
harmonique, depuis la boussole. Les ponts inférieurs seraient peuplés de pantins de bois en livrée, responsables de
l’entretien des cabines et du bon fonctionnement du larynx. Leur création échappe à la Cyse de notre époque…
Les origines d’un tel navire restent bien entendues confuses et là encore les légendes se succèdent : Vestige flamboyant,
navire de l’au-delà des mers, instrument d’Orphèle, vaisseau des Muses… l’ostrogonte est un navire mystérieux qui
recèle encore bien des secrets dans le fond de ses cales. Comme celui du moyen de jouer de plus complexes mélodies
avec le larynx. Il serait passé entre les mains de nombreux capitaines et chacun en aurait tiré un usage et un accord
différent. Entre chaque histoire de leur vie, les annales maritimes perdent la trace du bateau de façon mystérieuse… Et
si j’en me remettais à mon instinct de fée grise, je vous dirais, Dédale, que ce navire choisit ses occupants.
Thiarré d’Herbeline soutient que l’ostrogonte se serait échoué sur un récif de la mer Mancrine il y a dix ans. Un traître
aurait brisé la boussole sur un cap qui le mena au large de l’île de l’Automne où il subit la vengeance des sirènes… dont
il réchappa.
Il est donc assez surprenant que vous ayez aperçu l’ostrogonte dans les brumes de l’aube. Mais s’il s’agissait bien
de lui, il serait de la plus haute importance d’en prendre les commandes : imaginez l’usage que pourrait en faire une
marionnette du Vagabond ?
Je me propose donc, en compagnie du satyre d’Herbeline, de mener un groupe à sa recherche.
En souhaitant, mon bel ami, que votre nouvelle vie de sigile minotaure se déroule pour le mieux, j’attends de vos
nouvelles.
Vous me manquez.
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Les amantes cardinales
Bref ! Puisqu’on m’a refusé la création d’une chaire de
chanson de marine, entrons dans le vif du sujet. Comment donc
garderez-vous votre cap sur les mers de l’Harmonde, garçons ?
À l’aide d’une boussole, bien sûr, mais encore vous faudra-t-
il la choisir avec discernement si vous ne voulez pas drosser
votre bâtiment jusqu’au nez des tarasques ! Car voyez-vous,
les boussoles sont constituées de différentes matières naturelles
Les boussoles en
qui présentent toutes la même propriété : elles ont tendance
à s’orienter selon une direction privilégiée aussitôt qu’elles le
peuvent. Mais attention ! Selon la matière, la direction sera
différente. Il n’en reste pas moins que si vous fixez par le milieu
une fine tige de l’un de ces matériaux – c’est la façon la plus
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de sang. Bien peu de ces pins pleureurs s’adaptèrent aux convaincre l’utilisateur qu’il transportera ni plus ni moins
climats des Royaumes Crépusculaires et l’on n’en trouve qu’une relique du saint homme pour lui indiquer sa route
plus guère aujourd’hui que dans les montagnes de la – et veiller sur son navire s’il en respecte les préceptes.
République mercenaire et de la Marche modéhenne. Les D’après les rumeurs il ne s’agirait que de matière profane
mortels de ces deux royaumes découvrirent bientôt que le enchantée par de puissants jornistes du clergé. Grâce
pistil des fleurs d’étain de cet arbre constitue une amante à l’Emprise, d’autres mages devraient théoriquement
cardinale, qui indique la direction du golfe d’Ébène. On pouvoir créer de semblables amantes. Pourtant aucun
peut donc l’utiliser efficacement comme boussole dans d’entre eux n’a encore mis au point de boussole aussi
toutes les mers du modéhant et ponant de l’Harmonde. durablement fiable que celle des Liturges.
Les boussoles de l’équerre (900 PO) Les éfémères noires (EN - 700 PO)
Il y a bien longtemps que les artisans de l’équerre ont Les éfémères sont de charmantes petites fées dont
découvert le moyen de créer artificiellement des amantes l’espérance de vie ne dépasse pas la journée. Elles
cardinales. Constituées d’une infime par d’éclat enchanté, apparaissent au creux des pétales de certaines fleurs
elles indiquent le Vestige dont elles sont issues. Elles modéhennes mais celles qui naissent de roses noires sont
peuvent ainsi pointer vers un lieu situé au milieu du maléfiques et le venin de leur morsure est un poison
continent ; dès lors leur fiabilité ne dépend plus guère de foudroyant (AGONE p. 48). Ce que l’on sait moins, c’est
la mer fréquentée – mais elles ne sont très précises nulle que ces éfémères noires peuvent vivre plusieurs dizaines
part. Ces objets sont toujours d’une finition remarquable d’années, à condition de les nourrir de sang frais. Il
qui en fait des objets d’art très prisés des nantis. s’avère en outre qu’une telle créature, éloignée de sa fleur
En voici trois exemples : d’origine, se comporte comme une amante cardinale :
La flammèche de Mirevoix (FM) se présente sous forme elle cherche à toute force à se diriger vers le lieu qui l’a
d’un minuscule feu follet dans un globe de verre cerclé vu naître et tend ses petits bras dans sa direction. Tenue
d’une bande de cuivre graduée. en captivité et convenablement nourrie, une telle créature
L’œil du dragon (OD) est une bille de cristal aux couleurs constitue une boussole assez efficace loin de la Marche
changeantes qui roule librement dans une vasque. modéhenne, bien que son maniement ne soit pas sans
La nature du Vestige qu’elle indique, dans les Monts risque.
Drakoniens, reste un secret de l’Équerre.
Le souffle de Hurlemont (SH) est une brume grise
emprisonnée sous une cloche de verre abritant une
Les boussoles abymoises (BA - 800 PO)
L’exceptionnelle cité d’Abyme se devait de se distinguer
girouette. Elle produit fréquemment de sinistres
une fois encore du reste de l’Harmonde : les boussoles
gémissements.
qu’elle produit fonctionnent à l’inverse des autres. Elles
sont d’autant plus fiables que l’on s’approche de la Cité
Les boussoles harmoniques (BH - 2000 PO) des Ombres et perdent en précision si l’on s’en éloigne.
Ce sont des objets rares considérés comme des Vestiges de On raconte que ce fut Boëssœylh, un ingénieux Carmin,
la Flamboyance. Leur matière première, peut revêtir toutes qui eut le premier l’idée d’emporter hors d’Abyme une
les formes imaginables, aucune amante harmonique n’est pierre migrante du quartier des Hasards. Il s’avéra que la
semblable à une autre. Contrairement à la croyance la pierre cherchait à rejoindre son quartier d’origine en se
plus répandue, il ne s’agit pas d’éclat puisqu’elle date de mouvant dans sa direction. En emprisonnant un fragment
la Quête de l’Ultime Perfection des Muses. Toutefois, son de la pierre dans une cage, Boëssœylh en fit une boussole
utilisation dans des boussoles ne s’est développée qu’après capable d’indiquer la route d’Abyme. Cette découverte
l’éclipse. Depuis cet événement celles-ci indiquent un fit sa fortune – l’instrument lui doit d’ailleurs son
point situé au moden-levant de l’Harmonde qui ne peut nom. Aujourd’hui bien des échoppes d’Abyme vendent
qu’être la résidence actuelle des Muses elles-mêmes. Ces de telles boussoles, mais ceux qui les confectionnent
amantes cardinales ont en effet toujours pointé vers savent que Boëssœylh reviendra tôt ou tard réclamer les
les éternelles. Et c’est vers la redoutable mer Mancrine dividendes. Il faut toutefois mentionner un défaut qui
qu’elles se tournent aujourd’hui. n’est pas sans danger. Les pierres de ces boussoles restent
des pierres du hasard : régulièrement, elles sont soumises
La boussole liturgique (BL - 995 PO) à des mouvements aléatoires. Tant que ces errances sont
Pour des raisons politiques et religieuses, les Liturges flagrantes, il suffit d’attendre que la pierre se stabilise
proposent leur propre boussole. L’amante cardinale utilisée pour pouvoir l’employer à nouveau sans risque, mais si
serait une écharde issue de l’un des bâtons de marche de l’erreur de direction est plus progressive l’utilisateur peut
Saint Neuvêne. Cette boussole est sensée indiquer la dérouter son navire sur de très longues distances avant de
position du corps du martyr, quelque part en Province découvrir la méprise.
liturgique, c’est pourquoi les Liturges eux-mêmes ne s’en
servent guère mais elle devient de plus en plus populaire
dans les mers du levant. La vente de l’objet s’accompagne
d’un sermon emprunt d’un vif prosélytisme, afin de
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espérer devenir enseigne de vaisseau, puis lieutenant
de vaisseau. Les officiers supérieurs sont les capitaines
de frégate et les capitaines de vaisseau et les officiers
généraux comptent des grades tels que contre-amiral et
vice-amiral – l’amiral assurant le commandement de
toute une flotte.
Marins La maistrance
Ce terme désigne les différents officiers mariniers. Selon
leur statut hiérarchique, on distingue sur les navires
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patrons de chaloupe, patrons de canots, et les maîtres reflétée par le niveau de leur paye.
d’équipage dont le rôle est de coordonner l’action de Au plus bas de l’échelle se trouvent les esclaves et les
chaque équipe de matelots, organiser les quarts, etc. Le forçats condamnés à servir sur un navire, le plus souvent
bosco est le premier et le plus important d’entre eux comme rameurs sur une galère. Viennent ensuite les
(parfois le seul). C’est lui qui relaie directement les ordres apprentis et autres hommes de peine sans qualifications
du capitaine. Sur une galère, le chef de nage est chargé de particulières dont le salaire se résume souvent au gîte
donner la cadence aux rameurs. et au couvert pendant la traversée. Ne les distinguent
Le timonier tient la barre et contrôle la direction du des esclaves que la possibilité de toucher des primes, la
navire, tandis qu’un pilote prendra le navire en main jouissance d’une liberté toute théorique mais surtout
pour assurer la manœuvre dans les situations délicates. la possibilité d’apprendre le métier pour obtenir une
Les plus adroits d’entre eux sont de véritables virtuoses, promotion. Le mousse est un marin de cette catégorie,
capables de « ranger à l’honneur « un navire ennemi désigné ainsi tant qu’il n’a pas atteint l’âge des quinze ans.
en cas de bataille navale, ou un récif dans une passe Les ratiers y figurent également malgré leur occupation
dangereuse. très spécialisée.
Les mieux reconnus sont les matelots spécialisés tels
Les officiers armuriers sont ceux qui commandent aux que les amarreurs qui manipulent les lourdes ancres
différents groupes de guerriers présents et qui encadrent et autres amarres, ou encore les vigies responsables de
la manœuvre des armes lourdes dont le navire peut être l’observation de l’environnement du navire. Les gabiers,
équipé (cf. p. 24-29). Sur une galère, la chiourme désigne capables de grimper dans les mâtures et les gréements par
l’ensemble de rameurs, qu’ils soient hommes libres, tous les temps, sont l’élite des matelots.
forçats ou esclaves, d’où le terme de gardes-chiourme
les officiers chargés de leur discipline.
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+3 si les effets du sort sont eux-mêmes liés à la mer. En voir vos déplacements limités à une zone trop réduite, cela
revanche, le bonus d’Emprise de votre danseur est minoré vous procure un sentiment d’incarcération insupportable.
d’un point à l’intérieur des terres. L’appréciation des circonstances qui provoquent votre
état d’anxiété est laissée à l’appréciation de l’EG : elle est
Inspiration marine (3, Art) fondamentalement irrationnelle et subjective. Lorsque
« Ô combien de marins, combien de capitaines… » vous en souffrez vous devenez irritable et agressif, tous
furent soumis à cette fascination qu’exerce la mer ? les jets de VOL destinés à rester maître de vous-même et
Pour certains artistes, elle est exacerbée. Ainsi la mer tous vos jets dans les compétences de Société sont frappés
vous inspire-t-elle plus que tout autre : vous bénéficiez d’un malus de –2.
d’un bonus de +3 pour tout jet en rapport avec la mer et
mettant en jeu la CRÉ et les compétences d’Art profane. Mal de mer (1, Corps)
Ce bonus s’applique aux Œuvres d’art improvisé à Vous souffrez de mal de mer, la houle et le tangage
condition que leurs effets soient liés à la mer d’une façon mettent à mal votre estomac et vous font tourner la tête.
ou d’une autre. Cependant une rêverie vous saisit et vous Vous souffrez d’un malus de –2 pour toutes vos actions
impose un malus de –1 en Vigilance chaque fois que vous sur un navire, même par temps calme. En cas de tempête
voyez la mer. ou de coup dur, vous n’êtes plus bon à rien et endurez un
malus de –5 à toutes vos actions.
Amante intérieure (3, Flamme)
Votre Flamme agit comme une amante cardinale,
semblable à une boussole harmonique (cf. p. 39). Vous
êtes donc toujours capable de vous orienter par rapport à
la direction de l’Île de l’Automne et vos jets d’orientation
Marins d’exception
peuvent s’effectuer avec les bonus de ce type de boussole,
même en l’absence de l’instrument lui-même.
Le mage de navire
Défauts Suivant la coutume boucanière, de plus en plus
d’équipages se dotent d’un mage de navire. Celui-ci a
Claustrophobie (1, Esprit) pour tâche de mettre son savoir en matière d’emprise au
Vous détestez résider dans un lieu clos tel qu’un navire et service de la sécurité et de la bonne marche du navire.
Charges
Charge Coût Minimum requis
Amiral 5 Navigation 8, Stratégie 7, Diplomatie 6
Officiers supérieurs 4 Navigation 8, Stratégie 6, Diplomatie 4
Capitaine 3 Navigation 7, Stratégie 5
Second 2 Navigation 7
Navigateur 2 Navigation, Géographie et Astronomie 6
Bosco 2 Navigation 5, Savoir-faire : manœuvre nautique 8
(modifie la charge du Codex des Minotaures p. 10)
Premier maître de la Maistrance 2 Navigation 4, Savoir-faire concerné 7
Premier maître armurier 2 Navigation 3, Arme utilisée 7
Contremaître de la Maistrance 2 Navigation 2, Savoir-faire concerné 6
Mage de navire 2 Navigation 4 (…et être mage !)
Aumônier liturge 2 Culte : saint Neuvêne 5, Éloquence 4
âme de vaisseau 2 PER ou CHA 6, Saison : hiver ou Vigilance 5
Marin spécialisé 1 Savoir-faire : manœuvre nautique (avec une spécialité) 6
Maître Coq 1 Savoir-faire : cuisine 6, Us & coutumes : marins 5
Chef de nage 1 Navigation 4, Musique : tambour 5
Membre de la Confrérie du Poulpe 1 Baratin 6, Négoce 5.
Porte-parole des ratiers 1 Discrétion ou Arme : épinglette 5, Langue : argot ratier 4, Us &
coutumes : ratiers 4.
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Les trois obédiences de la MR du jet.
On attend d’un obscurantiste, bien sûr, qu’il constitue
une force de frappe importante, mais aussi qu’il joue Amadouer les vents
de l’aura de terreur qu’il distille pour impressionner un Obédience : jorniste
équipage adverse ou pour assurer la discipline à bord. Seuil : 20
Malgré ces avantages certains, les obscurantistes ne Portée / Zone d’effet : l’environnement d’un voilier
sont pas les plus représentés parmi les mages de navire Durée : un jour
en tant que tel : on préfère souvent les employer en tant Danse : 5 tours
que guerriers mercenaires aux attributions bien définies. Ce sort permet de modifier les vents afin de les rendre
C’est que la présence d’un obscurantiste – personnage plus favorables au navire. Techniquement, la vitesse du
dangereux et généralement très indépendant – comme voilier est augmentée de deux nœuds.
officier sur un navire met mal à l’aise bien des capitaines,
qui redoutent de ne pas toujours pouvoir s’en faire obéir Navire vivant
sans risque. Il est vrai que quiconque voudrait revendiquer Obédience : jorniste
le pouvoir à bord d’un navire abritant un obscurantiste Seuil : 25
devra s’assurer du soutien de celui-ci pour espérer en Portée / Zone d’effet : un navire
garder la jouissance. Durée : MR + 2 Tours de combat naval
Danse : 5 tours
Un jorniste au contraire saura se faire apprécier de tout Ce sort apporte à un navire des soins surnaturels.
un équipage. Il est fréquent qu’il cumule la fonction de Comme s’il s’agissait d’une entité vivante dotée de
médecin de bord avec celle de mage de navire. Ses talents capacités de régénération magique, le navire ciblé voit
magiques sont multiples : il peut prodiguer des sorts les dommages qu’il a subit réparés : les mâts arrachés
de soin et guérir les maladies, il est souvent capable repoussent, les voiles déchirées se suturent, etc. Pendant
de multiplier les vivres en cas de carence imprévue, et toute la durée du sort, il régénère à chaque tour de
enfin son pouvoir sur les conditions climatiques facilite combat naval 10 + MR Points de Structure (PdS) perdus
grandement la navigation. Le revers de la médaille est que pendant la durée du sort ou auparavant.
l’équipage, peu sensibilisé à l’idée de ménager l’endurance
d’un danseur, comprend parfois assez mal pourquoi les Équipage symbiotique
prodiges dispensés par un mage si altruiste peuvent avoir Obédience : éclipsiste
leurs limites. Seuil : 15
Portée / Zone d’effet : un équipage
Les éclipsistes sont les plus représentés parmi les mages Durée : 5 tours de combat marin
de navires : moins dangereux que les obscurantistes, ils Danse : 3 tours
plaisent aux capitaines trop fiers pour s’en remettre à la L’équipage ciblé par ce sort acquiert une forme de
magie des jornistes pour dompter les éléments. La magie clairvoyance des actes de chacun des marins qui le
des éclipsistes est en effet plus subtile : ils n’interviennent compose. Ses actions sont alors mieux coordonnées,
sur les éléments que pour en tirer d’astucieux effets, la discipline coule de source et chaque marin trouve
des manipulations inusitées. Leur art de l’illusion, qu’il immédiatement sa place dans la manœuvre, ce qui facilite
s’agisse de modifier l’apparence du navire pour effrayer grandement la tâche des officiers. En termes techniques,
d’éventuels adversaires ou de lui assurer une paisible toutes les manœuvres qui relèvent de l’action de l’équipage
discrétion durant le voyage, ne joue pas sur la navigation tout entier bénéficient d’un bonus de +MR du jet.
elle-même mais peut rendre d’inestimables services.
Enfin, leurs facultés de manipulation des esprits ont bien Labyrinthe de brume
souvent permis d’obtenir le meilleur d’un équipage. Obédience : éclipsiste
Seuil : 20
Quelques sorts utiles Portée / Zone d’effet : à vue / MR miles marins
Certains danseurs, très recherchés par les mages Durée : MR Tours de combat marin
de navire, connaissent des danses spécifiques, Danse : 5 tours
particulièrement adaptés à l’environnement marin. En Ce sort génère autour du navire des bancs de brume
voici quelques exemples. épaisse et fort opaque. Ces langues de brouillards suivent
un dessin dont la complexité dépend de la MR obtenue
Apaiser les tempêtes mais que le mage choisit librement. Un navire dont le
Obédience : jorniste commandant connaît l’agencement de ces bancs de
Seuil : 15 brume peut s’y cacher, naviguer sous leur couvert et
Portée / Zone d’effet : à vue / l’étendue de la tempête resurgir quand bon lui semble. Aussi la MR du sort sert-
Durée : instantané elle de bonus pour toutes les manœuvres qui exploitent ce
Danse : 2 tours brouillard surnaturel, qu’il s’agisse par exemple de fuir un
Ce sort a pour effet de calmer une tempête dans laquelle navire ennemi ou de l’aborder par surprise.
serait pris un navire. Le POT de tempête est ainsi réduit
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Trois mages marins
Fred le Farfelin
Le capitaine du brig Le Bienventru crut un jour fort malin d’engager trois mages de navires à la fois. Bien mal lui
en prit : Torgüez l’obscurantiste nain, Yanuil le farfadet jorniste et Vanessia la belle éclipsiste ne supportèrent pas la
promiscuité avec des membres d’une autre obédience. Le voyage fut un enfer ! Leurs disputes faillirent faire sombrer le
navire plus d’une fois. Finalement, Torgüez tenta d’organiser une mutinerie, contré de justesse par Yanuil qui délivra ses
Danseurs, lesquels furent aussitôt dérobés par Vanessia qui s’enfuit alors à bord d’une chaloupe conduite par quelques
marins qu’elle avait charmés…
Cette expérience acquit Yanuil à la cause des jornistes qui tentent d’obtenir la mainmise sur l’enseignement de
l’emprise (cf. L’art de la Magie p.84) afin de favoriser leur obédience. Selon lui, la formation les mages de navires se
devait d’être aussi prise en compte dans le schéma de cette calme et sereine prise de pouvoir. Aussi se procura-t-il un
brigantin – La Plume – pour y fonder une académie jorniste itinérante, aujourd’hui officiellement reconnue par la
Haute Demeure boucanière. Yanuil en est le principal et une dizaine de jornistes y font office de maîtres. Le reste de
l’équipage est constitué de matelots, dont de nombreux lutins et farfadets, et d’hommes d’armes en quantité suffisante
pour assurer sa sécurité. La Plume est un magnifique bâtiment, gréé de voiles blanches ornées de rubans, de girouettes
et de mobiles sur lesquels s’ébattent une grande quantité de Danseurs, la moitié encore sauvages. Plus qu’une académie,
ce navire est un centre de recherche dans lequel s’élaborent les nouveaux sorts du Trait Blanc qui faciliteront demain la
manœuvre des navires de l’Harmonde. La Plume marque et vend de nombreux Danseurs destinés aux mages de navire
jornistes. Il est reconnu comme l’un des plus hauts lieux d’étude sur les relations entre les Danseurs et l’environnement
marin et attire de nombreux jeunes mages ambitieux.
De son côté, Torgüez vécut très mal l’humiliation que lui avait infligée le farfadet. Il en fit son ennemi juré et
s’insurgea contre la reconnaissance de cette académie flottante. Après avoir milité en vain auprès de la Haute Demeure
pour qu’elle y impose au moins la présence d’un obscurantiste, Torgüez décida d’affréter son propre navire, une galère
nommé La Faucheuse. Il fit appel à des membres de sa famille artisans de l’équerre, ainsi qu’à des nains de la nuit, pour
l’adapter tout entier à la pratique du Supplice. Le pont supérieur de ce dromon de cauchemar supporte plusieurs armes
lourdes et peut abriter un corps d’arbalétriers derrière ses créneaux, tandis que le pont inférieur cache les rameurs. Au-
dessus d’eux sont entravés plusieurs Danseurs, emprisonnés dans un complexe réseau de chaînes et de lames. D’autres
sont pendus aux mâts ou encore écrasés contre le gouvernail. L’ensemble de ces liens est relié à un complexe système
d’engrenages et de poulies commandé par plusieurs roues et leviers situés sur l’accastillage. De cette position, un mage
obscurantiste spécialisé est capable de jouer sur tout le dispositif afin de torturer les Danseurs pendant les manœuvres
et lancer ainsi une quantité de sorts afin de gonfler les voiles d’un vent surnaturel, de semer en pluie sur les rameurs
des étincelles noires destinées à décupler leurs capacités physiques ou encore d’enflammer les traits des balistes, et bien
d’autres violents prodiges…
L’obsession de Torgüez reste de se venger de l’affront infligé par Yanuil dont il traque sans cesse l’insaisissable académie.
En attendant, il a entrepris une belle carrière de corsaire. La simple vue de son dromon peuplé d’obscurantistes et
d’hommes d’armes vêtus de noir sème la panique à bord des navires qu’il prend en chasse.
Quant à Vanessia, son expérience à bord du Bienventru lui donna également des idées : elle pratique aujourd’hui la
piraterie dans le but de s’emparer – entre autres richesses – des gemmes et des Danseurs des mages de navires. Elle
propose aux armateurs les services de mages de navires qu’elle a formés en marge des académies officielles, ou qu’elle
a contactés par ailleurs, et dont les tarifs sont d’autant plus bas que ces renégats ont souvent besoin de s’éloigner des
agents du Cryptogramme officiant à terre et donc de « prendre le large »…
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Feu Saint Elme la flotte liturge lors de la dernière croisade contre Agone
Obédience : éclipsiste de Rochronde. Il consiste à rendre provisoirement sa
Seuil : 25 liberté au Danseur afin de le laisser évoluer dans l’écume
Portée : celle d’une baliste et les vagues… pour l’abattre soudainement, et mêler sa
Durée : MR + 2 Tours de combat marin sanguine aux étincelles. L’assassinat pratiqué dans ces
Danse : 3 tours circonstances a pour effet de détruire l’image – et donc
La légende veut que Robert Elme d’Artois, mage et rendre invisible – un élément présent sur les flots : navire,
amiral liturge canonisé en 1262, soit l’inventeur de ce récif, etc.
sort. Il crée l’illusion d’un petit brasier de flammes bleu-
vert au sommet ou à la proue d’un navire, qui brille
pendant toute la durée du sort, nimbant le navire d’une
aura surnaturelle impressionnante mais sans danger La taverne boucaniere de
réel. Son principal intérêt réside dans la capacité qu’à le
Rody Locoeur
mage de le diriger contre un navire ennemi. L’équipage
sera dès lors persuadé qu’un incendie s’est déclaré sur « Tavernier ! A boire ou je tue le chien ! »
la partie du navire touché et mettra toute son énergie à ...
l’éteindre… en vain tant que la durée du sort n’aura pas Le vieux Rody Locoeur détient depuis des lustres
expiré. Si l’équipage – suivant par exemple les ordres d’un une taverne très connue dans la flotille de Croc-
commandant insensible à l’illusion – était poussé à ne pas Baleine : la Mouette Stridente. Plus qu’une taverne
tenir compte de l’incendie qu’il perçoit pourtant, ses jets c’est un comptoir qui accueille un « tour du rhum »
de manœuvre subiraient les malus correspondant à une de l’Harmonde. Chacun peut alors y commander un
blessure grave, tant l’esprit des marins serait malgré tout plateau sur lequel des petits verres sont disposés sur
affecté. un parcours dessiné en forme de continent. Ces petits
verres contiennent chacun un rhum parfumé avec
Bourrasque Fantôme une spécialité fruitière. On trouve des fruits de tous
Obédience : Obscurantiste les royaumes crépusculaires, et Rody Locoeur est le
Seuil : 15 seul à offrir cela, ce qui par conséquent le rend très
Portée / Zone d’effet : un voilier riche aujourd’hui. Quand on demande d’où il tient ces
Durée : 2 tours de combat marin bouteilles de rhum, il répond en rigolant que sur les
Danse : 2 tours fonds sablonneux, aux larges des côtes, scintillent des
Grâce à ce sort, le mage gonfle les voiles du navire coffres chargés de ces trésors, et que, là, une taverne
d’un vent surnaturel, peuplé de sinistres silhouettes immense, tapissée d’algues et équipée de vieilles
fantomatiques. L’effet ne dure que peu de temps mais le banquettes, a pour clients des squelettes dansants.
vent est dirigé dans le sens le plus favorable au navire – qui D’après son histoire, c’est là que se rendent les âmes
acquiert ainsi instantanément une vitesse phénoménale : des pirates morts au combat, chantant et claudiquant au
la MR du jet est alors ajoutée à la caractéristique vitesse rythme d’éternelles beuveries...
du navire. Mais avec les pirates fantômes, Rody a fait un pacte :
il lui était accordé de se servir en bouteille de rhum,
dans les coffres engloutis, afin d’en faire fortune et
Sillage de tempête
de gagner une grande renommée, tant qu’il acceptait
Obédience : obscurantiste
tous les soirs de chantonner un air lancinant à l’oreille
Seuil : 20
de ses clients. Rody accepta. Il apprit donc la chanson
Portée / Zone d’effet : La route tracée par le navire
par coeur et depuis la fredonne chaque jour pendant
durant la durée du sort
les heures d’ouverture de sa taverne. Les effets du
Durée : MR + 5 Tours de combat marin
rhum se faisant vite sentir, la mélodie lance alors un
Danse : 3 tours
charme étrange qui permet aux âmes des pirates morts
Une dizaine de coudées derrière le navire soumis à ce
de remonter à la surface et de venir prendre place, pour
sort, les vents forcent, les courants tourbillonnent et les
un soir, dans les corps des clients ivres. C’est alors que
vagues enflent… si bien que tout poursuivant sera pris
l’on voit des marins dociles s’exprimer comme des
dans une tempête dont le POT vaudra la MR du sort.
forbans et raconter des histoires d’antan comme s’ils
La zone de turbulence s’étend sur toute la distance
les avaient vécu eux-mêmes. Des bandes de filous se
parcourue par le navire pendant la durée du sort.
forment, complotent et se lancent des défis, ou des
comptes se règlent en coulisse sans que personne ne
Sanguine d’écume
suppose qu’agissent en vérité et en secret des âmes
Obédience : obscurantiste
défuntes. Puis quand les effets de l’alcool s’estompent
Seuil : 25
ou quand l’aurore belle vient à les rappeler au sommeil
Portée / Zone d’effet : un élément présent sur la mer
éternel, les fantômes des pirates s’effacent et laissent
Durée : MR heures
les esprits de leurs hôtes revenir à eux. La mémoire les
Danse : 10 tours avant la mise à mort du danseur.
trahissant, aucune vérité ne ressurgit vraiment...
Ce puissant sort fut utilisé avec le succès que l’on sait par
46
Les ratiers les plus insalubres du bateau. En outre, la tâche n’est pas
sans danger : une bande de rats acculés peut devenir très
Les rats sont un fléau qui peut porter sérieusement agressive et les ratiers sont très souvent mal équipés, en
atteinte à la sécurité d’un navire : ces rongeurs s’attaquent armes comme en protections personnelles. Leur salaire ne
aux cordages, pillent les vivres, véhiculent des maladies, se négocie généralement qu’à la fin du voyage : la règle
etc. La solution la plus ancienne pour s’en débarrasser est de les nourrir – chichement – tant que le navire est en
consiste à peupler le navire de chats : les félins jouent mer, mais de ne les payer – une misère – qu’à l’arrivée, à
leur rôle de prédateurs et régulent la population de rats. condition que leur travail ait été jugé efficace a posteriori.
Hélas, aucun mage – simple passager ou mage de navire – Mais l’aspect le plus difficile à surmonter pour les
n’acceptera de monter à bord d’un vaisseau abritant un apprentis ratiers sera sans doute la défiance et le mépris
chat. La plupart des capitaines ont donc abandonné cette que les marins entretiennent à leur égard. Leur obscur
solution naturelle. La tâche de poursuivre les rongeurs est rôle de traqueur de vermine n’inspire généralement que
alors généralement confiée à des mortels appelés ratiers, le dégoût, et de très nombreuses et sinistres légendes
matelots spécialisés dans cette pratique peu reluisante. Il courent sur leur compte.
s’agit principalement de farfadets ou de jeunes enfants, Il faut avouer que leur apparence ne joue pas en
plus rarement de lutins ou de nains – les seuls à bénéficier leur faveur. Les ratiers sont par nature petits et furtifs
d’une taille assez réduite pour pouvoir se faufiler, armés mais leurs conditions de vie les rendent rapidement
d’épinglettes, jusque dans les moindres recoins du navire, squelettiques, en dépit de leur grande agilité. Après
là où nichent et rôdent les rongeurs. C’est pourquoi les quelques années, un ratier aura en outre du mal à se
ratiers sont également ceux qui connaissent le mieux tenir droit et courra volontiers dans une posture presque
l’architecture du vaisseau et tout ce qu’il transporte. Un quadrupède. Il est certain que les ratiers qui survivent
passager clandestin aurait peu de chances d’échapper à longtemps s’adaptent à leur occupation : il est avéré qu’ils
leur vigilance. Pourtant, leur discrétion – pour ne pas dire développent une ouïe et un odorat hors du commun et
leur mutisme – est proverbiale. Leur rôle est de détruire les qu’ils deviennent progressivement nyctalopes.
rats ; tout le reste doit rester hors de leurs préoccupations,
il en va de la sécurité et de la crédibilité de l’ensemble de A force d’humiliations et d’ostracisme, les ratiers en
la profession. sont vite venus à cultiver eux-mêmes leur différence.
Autant le dire tout net, le rôle de ratier est le pire poste Ils emploient par exemple un argot spécifique à leur
qui se puisse trouver dans un équipage. Leurs chasses le profession que les marins ne comprennent pas. Ils
plus souvent nocturnes ne leur laissent guère l’occasion s’échangent des conseils et s’enseignent mutuellement
de voir le soleil et leur imposent de fréquenter les parties des techniques de chasse adaptées aux navires mais
répugnent à évoquer ces « secrets « devant des tiers,
« Chique une aube, garcon ! »
entretenant ainsi une certaine aura de mystère autour de
La plupart des ratiers chiquent, mais ce n’est pas leurs activités. Cette attitude a peut-être le mérite de leur
du tabac qu’ils mâchent. Il s’agit d’une sorte de offrir un semblant d’importance aux yeux des profanes
champignon qui ne pousse que dans l’obscurité, sur mais elle renforce également la méfiance, le dégoût voire
du bois exposé à une forte humidité – les cales des la peur qu’ils inspirent. Les plus cyniques officiers ne s’en
navires lui offrent donc un substrat bien adapté. Les cachent pas : les ratiers font aussi office de bouc émissaire
savants nomment ce champignon bulbe de Diurne et à bord, ils sont ceux que les marins aiment mépriser et
les marins aube des fers, en raison de la faible aura humilier, et cette ségrégation est un facteur de cohésion et
phosphorescente qu’émettent les nodules chitineux d’ordre au sein du reste de l’équipage.
de la plante. Cette luminescence blafarde suit le cycle
du soleil, elle est presque vive à midi et s’éteint à la
tombée du jour pour ne réapparaître qu’au matin. Les poulpes
Mâcher régulièrement ces nodules infects permet
d’accroître son agilité tout en affinant son corps et de Rappelons que tout capitaine d’un navire marchand,
développer une faculté de nyctalopie, mais les effets pour peu qu’il soit prévoyant et bien renseigné, aura
ne se font sentir que progressivement et à condition pris à son bord un membre de la Confrérie du Poulpe
de ne pas être touché par la lumière du soleil pendant (cf. AGONE p. 39). Sa présence sera le gage que les pirates
la prise de cette drogue. Car il s’agit bien d’une les plus soucieux de ne pas déplaire à la Hunette ne s’en
drogue : outre ses effets à long terme, elle procure sur prendront pas au navire. Mais tous les pirates ne sont
l’instant un sentiment d’euphorie calme, une sérénité pas des Boucaniers et quand bien même ils le seraient…
artificielle que rien n’entame – c’est la consommation après tout, qu’y a-t-il à craindre d’un abordage illicite
de cette substance qui donne aux ratiers ce regard du moment que le poulpe présent à bord n’est plus
perdu et cette anormale nonchalance qui effraient en état de témoigner après les combats et que l’on est
tant les autres marins – mais elle cause aussi une sûr de la complicité de son propre équipage ? C’est un
dépendance. À long terme, les effets bénéfiques jeu dangereux auquel les pirates boucaniers les plus
s’estompent mais la morphologie du consommateur libertaires se livrent plus souvent que la Confrérie du
continue d’en accuser les plus néfastes : c’est ainsi Poulpe voudrait bien le faire croire. Bref, avoir un poulpe
que les plus vieux ratiers finissent par ressembler à bord est une condition nécessaire mais jamais suffisante
eux-mêmes à des rongeurs… pour voyager à l’abri des pirates.
47
L’aumônier liturge l’initiative de réconforter les marins malheureux, au
risque – s’il s’agit d’une séduisante méduse – de susciter
Un navire liturge ne saurait prendre la mer sans compter des amours impossibles et bien souvent malheureuses…
à son bord un membre du clergé de Saint Neuvêne. Celui- Les âmes de vaisseau les plus compétentes sont celles
ci aura pour tâche d’attirer sur le bâtiment les bonnes qui se sont attachées à un navire en particulier et ne le
grâces du Martyr et pour se faire, de s’assurer que les quittent plus, quelque en soit l’équipage et le capitaine.
marins respectent bien les préceptes liturges. Une messe Cette charge est principalement l’apanage de méduses
par semaine, célébrée sur le pont devant tous les marins, plus ou moins mystiques mais on trouve également
est une obligation sacerdotale mais les responsabilités pour l’exercer des fées noires ou des farfadines, plus
d’un aumônier de navire sont souvent plus subtiles. Il rarement d’autres saisonines et de façon exceptionnelle
est désigné par le clergé du port d’attache du navire, des saisonins de sexe masculin. Quelques âmes de navire
son choix ne relève en rien du capitaine. Celui-ci – qu’il ont fait preuve d’un pouvoir de prophétie certain et des
soit lui-même un religieux ou non – peut très bien capitaines peuvent payer des fortunes pour que de telles
s’entendre avec l’aumônier, qui sera alors un soutien non célébrités officient sur leur navire. D’autres ne sont là que
négligeable pour assurer la discipline à bord. Il prendra pour respecter la tradition, ces âmes font toutefois office
sur lui de la faire respecter au nom de Saint Neuvêne de mascottes, les marins les apprécient et les défendent
et si des sanctions importantes devaient être prises, la alors comme un régiment protège sa bannière : quelle que
rancœur des marins sera dirigée contre l’aumônier sans soit la raison de l’incident, il est de très mauvais augure
que l’autorité du capitaine soit jamais remise en cause. pour un équipage de perdre l’âme de son navire. Suite
Sans aller même jusque là, la présence d’un religieux dans à un tel drame, on a vu des équipages se mutiner afin
un équipage suffisamment fanatisé est en soi un facteur d’exiger le retour immédiat du bâtiment vers le port le
d’ordre. Pour autant, la présence à bord d’un agent de ce plus proche. De telles révoltes furent souvent réprimées et
que l’on pourrait qualifier de police politique autant que menèrent les navires impliqués au carnage ou au naufrage,
religieuse – capable de lui tenir tête et de lui imposer sa les marins responsables furent ainsi les agents du désastre
volonté mais souvent dénué de la moindre compétence qu’ils redoutaient… preuve des méfaits de la superstition
de navigation – est une situation qu’un capitaine liturge ou de l’ironie d’un destin implacable ?
doit savoir endurer, ce qui n’est pas sans générer quelque
tensions…
Le faiseur de vent
L’âme de vaisseau Certains personnages parviennent à se faire engager
sur un navire en tant que faiseur de vent, forts d’une
Il est de tradition sur les navires carmes que l’équipage prétendue capacité magique à se faire obéir des vents de
comporte une personne de première importance : l’Harmonde, qu’il s’agisse de les attiser ou de calmer leur
celle que l’on désigne comme « l’âme « du navire. Elle courroux. Certains sont d’authentiques élémentalistes
n’effectue aucune tâche liée à la navigation proprement capables de conjurer ces étranges créatures que sont les
dite mais son rôle revêt un caractère quasi sacré. élémentäs (cf. Souffre-Jour I p. 43) et d’offrir au navire
Historiquement, cette charge est issue du culte de la un aide surnaturelle efficace. La plupart ne sont toutefois
Dame de l’Hiver et du pouvoir de prophétie des méduses que de beaux parleurs, des charlatans qui profitent sans
(cf. le Codex des Méduses p. 21) mais certains navigateurs vergogne de la crédulité de certains capitaines. Que des
d’autres royaumes adoptent peu à peu cette coutume. pixies offrent souvent leurs services comme faiseurs de
La fonction d’une âme de vaisseau est plus ou moins vent n’est pas non plus de nature à rassurer les sceptiques.
magique : elle doit ressentir l’état du navire – par une Quelques individus, néanmoins, ont montré de réelles
communion de l’esprit et de l’âme, comme si le navire capacités à influencer les vents du large mais la nature et
était une personne sensible – pour s’assurer qu’il se la source de leurs pouvoirs reste un mystère.
porte bien et pressentir les dangers qu’il va rencontrer.
Elle prend le pouls de l’équipage, évalue le moral à bord
– sa fonction la plus pragmatique, bien que ce rôle proche
de l’espionnage ne soit jamais évoqué en ces termes,
est de prévenir les mutineries –, prédit les tempêtes
et déjoue les courants contraires encore
inconnus, suspecte les défauts
cachés de l’équipement, avertit
de la possibilité d’une attaque
de pirates, etc. Pour se faire, elle
flâne, elle hume, elle écoute, et
vagabonde en tout lieu du navire
sans avoir d’autre responsabilité
que de dire ce qu’elle veut à qui
elle veut. Elle prend parfois
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Des conjurateurs des Abysses à l’équipage qu’ils emploient, en passant
avec lui un contrat particulier. Toutefois, les services
Les conjurateurs sont fréquemment employés pour d’un tel notaire démoniaque sont chers et sa présence
apporter une aide matérielle importante à la manœuvre met souvent le reste de l’équipage mal à l’aise. L’autre
d’un navire mais leur contribution est diversement solution est alors de s’en remettre aux Advocatus Diaboli
acceptée selon les royaumes. Les Liturges, bien sûr, ont qui sillonnent les mers sur leurs propres navires. De tels
proscrit le recours aux démons dans la marine comme personnages naviguent sur des bateaux manœuvrés par
ailleurs. Les Communes princières au contraire n’ont des cohortes de démons et de pauvres hères rongés de
aucun scrupule à employer des démons à bord des Ténèbre qui n’ont plus rien d’humain. Il n’est pas rare que
redoutables galères noires, alors que les Boucaniers des Ambrés ou des Safrans invoqués dans les ports exigent
préfèrent les cantonner aux travaux de déchargements ou pour prix de leur connivence que le conjurateur s’engage
d’artisanats pratiqués dans les ports. Partout ailleurs, dès à servir plusieurs mois sur l’un de ces navires… un rôle
lors que les conjurateurs ne sont pas frappés d’infamie, qui permet de faire des progrès fulgurants dans la voie de
le recours aux démons reste une pratique relativement la Ténèbre ! De tels Advocatus navigateurs savent mettre
marginale sans être exceptionnelle pour autant. à profit leurs réseaux d’informateurs ténébreux, autant
Le principal problème auquel devra faire face un que les ressources de démons invoqués, pour croiser
conjurateur à bord d’un navire sera de présenter ses providentiellement la route d’un navire de conjurateurs,
connivences à temps auprès d’un Advocatus Diaboli. non sans l’inciter alors à pratiquer l’art sombre pour
Les plus riches des armateurs portés sur la conjuration profiter de cette rencontre…
on résolu le problème en incluant l’un de ces agents
À son arrivée en Abyme, Enzo Lasarazen s’est réfugié dans le quartier des Marche-en-biais. Sa petitesse et quelques
opérations chirurgicales l’ont bien tôt rendu vulnérable. Après amputation de ses deux jambes, Enzo s’est alors greffé
le reste du corps sur le ventre d’une ogresse consentante : Orna Gräme. Depuis, ils sont évidemment indissociables
et partagent la même vie. Enzo exerce son métier d’armateur tandis qu’Orna se préoccupe de sa sécurité, comme s’il
était son fils, dans un esprit d’éternelle grossesse.
En installant une cambusière sur la Place de la Flotteuse, qui lui sert de comptoir et de point de stockage, de relais
et livraison, Enzo s’est considérablement enrichi. Dès lors, il est devenu un personnage autant respecté - notamment
par ses hommes - que détesté - entre autres par la concurrence. Il pense que les foires et les marchés abymois sont
les plus extraordinaires de l’Harmonde et qu’ouvrir une route commerciale par la mer est une priorité. Pour ce faire,
Lasarazen se bat énergiquement, et parce qu’il sait ne pas pouvoir réussir seul, il s’est fait quelques associés. Ainsi
il loue d’abord les services des remorqueurs pour permettre l’acheminement des navires depuis le chenal jusqu’à la
Halle ; puis là, il s’offre les talents partagés des guildes des ventilliers (cf. ABYME p.18). Pour la sécurité des biens et
la discrétion à apporter aux vues de certaines marchandises, Enzo « arrose » les miliciens qui surveillent les quais. Il
assure également sa position en payant des taxes volontaires à la cité et une protection politique auprès des Gros (cf.
ABYME p.29), friands des diversités culinaires que les royaumes crépusculaires peuvent apporter. Il finance même
parfois les réparations des navires qui reviennent en pantenne ou ont subi des avaries importantes, afin que leurs
propriétaires ne puissent refuser à l’avenir un nouveau contrat de nolissement.
Lasarazen semble de loin comme de près intouchable, mais il a sur le dos un sénéchal du Palais d’Acier - Arman
d’Aranis - qui a ordonné à des espions de la Milice des Sens de trouver des preuves des ses infractions à la loi et
de ses actes de contrebande. Son élimination étant trop risquée, à cause de la protection furieuse d’Orna et de ses
alliés mercerins, Arman compte sur la justice pour enfermer Enzo, greffé ou non, à la Place des Libertins. Et depuis
quelques mois, le sénéchal a découvert bien des choses...
Il semblerait, en effet, que Lasarazen recrute des marins contre leur gré, à la sortie des tavernes notamment, qui
dans l’ivresse signent leurs engagements à bord sans en être conscient. Des doutes sérieux règnent également sur
une pratique lâche et malhonnête de l’armateur : il ferait charger des navires de caisses et de sacs emplis secrètement
de sable et de déchets qu’il enverrait ensuite en mer pour attirer les pirates côtiers et les patrouilleurs liturges. Une
fois ces ennemis écartés, les appâts sont rattrapés et sabordés, et la vraie cargaison est reroutée mystérieusement
sans que les commerçants, à qui appartient la marchandise qu’ils croient pillée, ne soient tenus au courant.
Mais Enzo Lasarazen n’est pas naïf et n’ignore pas qu’Arman d’Aranis le guette de près...
49
Solon Klictekonte, maitre-artisan charpentier de marine
Mon cher cousin,
Voici un courrier, comme promis, pour te faire part de mon arrivée à Aquella.
J’ai pris mes quartiers dans les logements de fonction du chantier naval dans la nuit. Quand je suis venu me présenter aux
portes de la propriété je suis tombé sur un géant monumental, qui gardait là l’accès aux forges et vastes ateliers. De quoi faire
renoncer les curieux indésirés. Dès le lendemain, le fracas des martèlements et des manouvriers du chantier a commencé à l’aube
pour ne s’apaiser que tard dans la nuit. Et c’est ainsi chaque jour. Un seul individu dirige tout, maître Solon Klictekonte. C’est,
comme je le pensais, un nain de l’Équerre qui ne ménage personne et mène les travaux d’une main de fer. Il ressemble à un
bonhomme trapu et gras du bide, bien qu’il soit très grand pour un saisonin de son décan. Il circule sans arrêt, toujours vêtu de
sa salopette de cuir aux moultes poches et de son chapeau à plumes, et est sur tous les fronts à la fois.
Il m’a expliqué qu’il travaillait pour un projet immense de la reine Sénéca, qui demandait de garder le secret, au risque de
représailles expéditives. Mais ma nature de farfadet m’a poussé à en savoir plus. J’ai donc accepté d’être son assistant et d’offrir
mes talents.
Il est vrai que maître Klictekonte est un des plus grands architectes et charpentiers de marine de l’Harmonde. Et il le sait.
Son orgueil est démesuré et ses clients le flattent bien justement. Il ne travaille qu’avec les Carmes, dans les arsenaux réguliers
de leur armée navale, et dessine lui-même les plans des navires qu’il élabore ensuite. Je vois bien qu’il s’emploie à user des
secrets de l’Équerre pour concevoir des charpentes à la mire et un bordage jugé à la ligne. Je crois même qu’une partie de son
travail est obtenue par l’art sombre, car les formes du navire projètent des ombres étranges. De plus, une sorte de diablotin le
suit partout et semble l’incommoder. Je pense que mon rôle est lié en partie à ce petit monstre. Klictekonte a su apprécier mes
qualités et ma supériorité dans l’art de construire des bâtiments recélant des issues secrètes et des compartiments cachés. À cette
occasion, il semble qu’il cherche à retenir prisonnier son indécrottable boulet... dans la structure même du navire. J’ignore si ses
commanditaires seront au courant, mais je resterai discret à ce propos.
Quant au navire qui est en construction, c’est un bâtiment fabuleux et inimaginable. Maître Klictekonte le nomme déjà Le
Titan, avant même de l’avoir baptisé. C’est une sorte de galère immense qui dépasse tout ce que j’ai jamais vu auparavant.
Même les galions-forteresses janréniens ne font pas sa démesure. Mais t’en parler plus dans ce courrier risquerait fort de me faire
perdre la tête ; sans doute en ai-je déjà trop dit. Je peux seulement t’assurer que les mers de l’Harmonde se souviendront du talent
de ce maître-artisan si son projet abouti.
Tu comprendras que mon temps est bien trop court pour t’écrire plus longuement pour l’instant. Patience ! Je donnerai de
mes nouvelles bientôt. Transmets bien entendu mes amitiés à toute la compagnie, et dis-leur qu’une visite de leur part serait
bienvenue...
Ton cousin, Joac
Avantages de navire ont déjà équipé leurs galères. Servant à solidariser les esclaves
Coque jugée à la ligne (3, Navire) à leurs avirons, elles sont habitées d’une conscience noire
Les coques qui reçoivent le jugement de la ligne par un capable d’animer le corps de ceux qui s’y abandonnent. Les
maître d’œuvre de l’Équerre voient leur vitesse augmentée de rameurs s’en trouvent horriblement plus forts et l’on dit que
2 dans chaque allure, et leur AGIlité est majorée de 2. la conscience des chaînes de sempervirence a même ramené à
quai des galères dont la chiourme, d’épuisement, était depuis
Charpente de maître (2, Navire) longtemps morte…
Les navires aux membrures renforcées par un maître-artisan Ténèbre : 60
de l’Équerre voient leur tonnage pondéreux augmenté de Effroi : DIFF 25
moitié sans malus, tant que l’espace réel le permet. Gain : 10
50
Harmoniques
océanes
plupart du temps dans les grandes profondeurs, aidant
les tarasques et les autres enfants des Muses à combattre
les créatures de l’Ombre qui errent dans l’obscurité
des océans. Elle est néanmoins obligée de remonter
régulièrement à la surface pour se réchauffer au soleil
Mœurs
du Couchant L’antalice ne chasse pas pour survivre. Elle n’en a
pas besoin car la lumière du soleil constitue sa seule
nourriture. Elle possède la capacité de l’emmagasiner
dans ses écailles et de la libérer à volonté. Elle peut ainsi
illuminer les profondeurs marines comme le ferait une
étoile tombée du ciel et terrasser en un instant des hordes
51
seule une demi-douzaine d’antalices a survécu jusqu’à nos
jours. Étant donné leur mode de vie, il est exceptionnel
d’en apercevoir une. Les rares apparitions observées ont
donné naissance à des légendes sur les serpents de mer.
L’île du couchant
Les alchemistes informés du pouvoir des antalices Encelant
cherchent ardemment à se procurer quelques-unes de
leurs écailles et sont prêts à les payer à prix d’or.
Histoire
Durant la guerre des Éternels eut lieu une terrible
ANTALICE bataille maritime. Elle opposa une antalice, des ondins
TAI : +3 et des lueurs à des navires cadavériques, faits d’os, de
MV : 12 (dans l’eau)/6(en vol) peaux et de tendons, appuyés par quelques créatures
volantes. L’antalice, en luttant contre un dragon perfide,
Caractéristiques fut grièvement blessée et ne dut la vie qu’à l’intervention
AGI : 14 (dans l’eau)/6 (en vol), FOR : 20, PER : 8, d’une très puissante lueur. La bataille se poursuivant sans
RÉS : 22 répit, ce fut bientôt au tour de l’enfant de Diurne d’être
INT : 7, VOL : 11 défaite et de chuter vers les flots. Résolue à acquitter sa
CHA : 7, CRÉ : 7 dette, l’antalice se précipita pour l’absorber dans ses
écailles. Mais ce sauvetage eut un prix car, peu après la
Caractéristiques secondaires victoire des défenseurs des Muses, l’Excellence découvrit
ART : 7, EMP : -, MÊL : 16/10, PdV : 200, SBG : 66, qu’elle était incapable d’expulser la lueur.
SBC : 100, BD : +43 Pendant la Flamboyance, Jormund, un navigateur
Luminescence : 120 armgarite, rencontra l’antalice et usa de l’Accord pour
apprendre son histoire. Ému par le dévouement de
Compétences l’Excellence envers un enfant de Diurne, il décida d’aider
Morsure 10, Queue 8 ces deux êtres qui souffraient de partager le même corps.
Épreuves : Acrobatie (spé : aquatique) 6, Esquive Ne désirant pas que la lueur meure au crépuscule, il fit
(spé : en mer) 6, Natation 12, Vigilance 6. élever, sur la petite île qu’il occupait avec sa famille, un
Maraude : Discrétion (spé : approche en eau profonde) phare destiné à la préserver des ténèbres nocturnes. Érigée
6 par la Cyse, cette tour servirait également de monument
Occulte : Harmonie 6 rendant hommage à tous les enfants de Diurne tombés
pour les Muses. Sitôt libérée par la magie des arts anciens,
Combat la lueur prit place dans une pièce aveugle tapissée de
Initiative : 22/14, morsure 22/14, queue 21/13 miroirs qui concentrèrent sa lumière avant de la projeter
Attaque au contact : morsure 27/21, queue 24/18 au sommet du phare. Malgré cette délivrance, l’antalice
Esquive : 21/12 ne parvint pas à s’éloigner de l’île. Jormund n’avait en
Défense à distance : 10/6 effet pas réussi à complètement dissocier son âme de
celle de la lueur, et ce fut ainsi que l’Excellence devint la
ARMES gardienne – ou la prisonnière – de l’île du Couchant.
Arme Init. Att. Déf. Dom+BD TAI
Vint l’Éclipse. Ne désirant pas léguer l’héritage de son
ancêtre à ses enfants ternes, Harben, le dernier Inspiré
Morsure 0 +1 0 +8(P/T) -
de la lignée de Jormund, contacta le Conseil des Décans
Queue -1 0 0 +10(C) +3 afin de protéger l’île de la convoitise de l’Ennemi. Après
que toute trace écrite pouvant guider des indésirables
Armure jusqu’à l’île fut détruite, le sigile ogre prit les choses en
Armure naturelle main. Protéger une lueur constituant pour sa race autant
Complète, Malus 0, Prot. 12 un devoir qu’un honneur, il n’eut aucun mal à trouver
un clan ogre qui accepta de s’installer à demeure sur l’île
Note : l’antalice n’engage pas le combat avec les pour entretenir le phare.
démons des cercles inférieurs, se contentant de sa Jusqu’en 1140, l’île du Couchant fut un havre pour
luminescence pour les dissiper à distance. Lorsqu’elle le Conseil des Décans et quelques Inspirés triés sur le
est confrontée à un démon insensible à la lumière volet. Lorsque le Conseil des Décans faillit disparaître, la
(opacité au moins égale à 15), l’antalice utilise position de l’île fut perdue, car ce secret était détenu par
sa luminescence d’une autre manière. Mordant le seul sigile ogre. A partir de cette date, les ogres présents
férocement son ennemi, elle introduit quelques écailles sur l’île vécurent coupé du reste du monde et finirent par
de son museau sous la peau de Ténèbre pour éclairer le oublier leur rôle dans la guerre pour l’Inspiration. Avec
démon de l’intérieur (cf. L’Art de la conjuration p. 75). le temps, ils finirent même par croire qu’ils veillaient la
Ce dernier subit alors des dégâts comparables à ceux lueur par la volonté de Diurne et développèrent un culte
infligés par un feu de POT 15. à la gloire de l’Éternel.
52
Il y a cinq ans, un navire découvrit l’île du Couchant Le culte de Diurne
après avoir perdu sa route suite à une tempête. Deux
ogres inspirés – Kragaar et Rayir – étant à son bord, Dès son arrivée sur l’île, Rayir modifia profondément le
l’antalice ne le coula pas et le laissa accoster. De retour sur culte sommaire que les veilleurs rendaient à Diurne. En
le continent, les deux saisonins s’empressèrent d’éliminer faisant la démonstration de ses pouvoirs d’Inspiré, il se fit
les humains qui composaient l’équipage, préservant ainsi passer auprès d’eux pour un émissaire de la Belle. Il leur
le secret du couchant. parla de l’Ombre et la rendit responsable de la fin de la
nation ogre, de la disparition de Diurne et de la fuite des
Dames. Puis il leur annonça avec fougue un second âge
Les lieux d’or pour l’Été. Si les enfants de la Belle reconnaissaient
Diurne pour leur seul roi, la lueur serait investie d’un
La superficie de l’île du Couchant n’excède pas 1000 ha.
pouvoir divin et conduirait la guerre finale contre
Elle se situe à 100 miles au large de la République
l’Ombre. Voyant l’accomplissement de leur tâche sacrée
mercenaire, sur le même parallèle que Sombreçonge. Sa
dans les paroles de l’Inspiré, les veilleurs le reconnurent
surface est recouverte d’une dense forêt, peuplée d’une
comme un messie.
faune variée, dont les arbres servent à la fabrication des
Lorsque Rayir rapporta l’existence de la lueur et
barques et des cabanes des veilleurs. Au moden-ponant
propagea la nouvelle foi sur l’Harmonde, il présenta
se trouvent les ruines des bâtiments ayant appartenus à
Cinyura comme la dirigeante du culte afin de ne pas trop
la famille de Jormund et l’anse qui abrite le port où sont
attirer l’attention des anciens sur lui. Les chefs de clans
amarrées des barques de pêches.
choisis par Rayir pour devenir les officiers de l’armée de
La tour ronde du phare se dresse à la pointe modéhanne,
l’Été comptent parmi les rares à connaître l’existence de
sur un récif isolé à moitié immergé dans lequel les
l’île du couchant. Les plus sceptiques ont été emmenés sur
harmonistes de la Cyse sculptèrent des vagues de pierre qui
l’île pour admirer la splendeur de la lueur ; fascinés par
se mêlent au déferlement de la mer. Un pont couvert qui
cette vision, ils se sont converti sans plus de discussion,
enjambe le vide sur une cinquantaine de mètres relie l’île
devenant de véritables fanatiques.
au récif. Le phare est fait de blocs de pierre parfaitement
Un membre du culte prie Diurne à l’aube, à midi et au
imbriqués ; ces derniers sont noirs à la base de la tour
crépuscule. Il doit porter avec fierté un soleil stylisé – que
puis s’éclaircissent peu à peu pour devenir immaculés à
ce soit sous la forme d’un bijou, d’une broderie ou d’un
son sommet, 35 mètres plus haut. Là, quatre statues de
tatouage – et assister tout autre adorateur de Diurne en
lueurs, silhouettes d’or faisant face aux points cardinaux,
difficulté. Il a également l’obligation de lutter par tous
soutiennent de leurs mains tendues un immense globe
les moyens contre les séides de l’Ombre – démons et
de cristal qui resplendit d’un éclat aveuglant – cette
conjurateurs – et de convertir un maximum de saisonins
lumière blesse les démons comme le soleil. Un escalier en
de l’Été. Malgré leurs origines et leurs accointances avec
colimaçon permet d’accéder au sommet ainsi qu’au foyer
les succubes, les minotaures peuvent rejoindre le culte
de la lueur.
tant qu’ils n’usent pas de leurs dons ténébreux.
53
trésor de guerre. De vastes entrepôts construits sur l’île éliminer les Inspirés qui lui sont inutiles, soit tous ceux
par les veilleurs permettent de conserver les richesses qui ne sont pas de sa saison. Cette chasse aux Inspirés
accumulées, les marchandises volées et quelques réserves débutera aussitôt après que Rayir aura rallié Itchekar, un
de vivres. jeune ogre donneur de Flamme, à sa cause. En bon fils
Rayir, craignant que ses matelots s’épanchent en de Diurne qui rêve de restaurer la gloire de son peuple,
s’enivrant ou en courant les filles dans les ports de ce dernier se laissera bientôt séduire par les plans de son
l’Harmonde, fit de l’île l’unique port d’attache des frère de sang…
goélettes et y amena de quoi distraire leur équipage.
C’est ainsi qu’il paya généreusement une trentaine Le royaume de l’ete
de courtisanes humaines pour qu’elles quittent la Lorsque le moment sera venu, Cyniura viendra sur
République et fondent sur l’île une maison close – dans l’Harmonde – avec la lueur si la chasse aux Inspirés
le dernier bâtiment flamboyant encore debout – qui fait donne les résultats escomptés. Elle rassemblera tous
aussi office de maison de jeux et de taverne. Les veilleurs, les membres du culte sous le commandement de Rayir.
en particulier les ogresses, apprécient peu la proximité Cette invincible armée attaquera plusieurs domaines
de ces femmes de petite vertu qui passent leur temps de la République, les uns à la suite des autres, jusqu’à
à folâtrer sur les plages ou dans la forêt en attendant le annexer un sixième du pays. Ces terres conquises
retour de la flottille. seront placées sous l’autorité de la grande prêtresse du
Tous les trois mois, Kragaar se rend à Brisécume pour culte, toujours conseillée par Rayir, et deviendront le
rencontrer Rayir et recevoir ses instructions. refuge de tous les décans de l’Été.
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pas à se produire : le Feu des Origines sonna le glas de
l’empire. Après la catastrophe, la prophétesse et ses
compagnons abandonnèrent leur refuge.
Les muirènes
L’arrivée des saisonins
Un groupe de saisonins, nains et méduses, s’empara de
Osselmahyla la cité quelques années plus tard. Leurs écrins avaient été
détruits par le Feu des Origines et Osselmahyla, par amitié
pour leurs peuples, leur avait indiqué la position de sa cité
sous-marine. Les saisonins s’installèrent et baptisèrent
leur nouveau foyer du nom de la prophétesse.
Les nains qui avaient suivi les méduses remarquèrent
que le dôme de la cité montrait des signes de fragilité : la
construction réalisée à la hâte supportait mal le passage
des années. En quelques générations, il cèderait et
engloutirait la cité. Se refusant à quitter leur nouvel écrin,
les nains œuvrèrent pour préserver certaines sections. Il
ne devait s’agir que d’un prélude avant la construction
d’un nouveau dôme mais la rencontre avec les Merveilles
L’EGM des environs changea rapidement la donne.
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corps avec les éléments, elles devenaient des femmes efforts des Esayhides dans leur traque des renégates.
nouvelles lavées du doute. Rapprochant ces visions de Bien entendu, elles ne se considèrent pas comme des
celles de Noxe qui avaient amené la transformation du habitantes de seconde zone et aimeraient faire ravaler aux
décan originel (cf. Le Codex des Méduses), le décan ophidien originelles leur arrogance et leur mépris.
comprit que pour s’adapter à son nouvel environnement,
il devait à nouveau changer. Bientôt, les armes ?
Ainsi, les méduses suivirent leurs amants et s’unirent à Les ondins sont belliqueux, ce fait est bien connu des
eux dans les tourbillons. Leur amour fusionnel avec les navigateurs. A leur contact, les muirènes ont hérité en
Merveilles les métamorphosa. Redevenant enfants, les partie de ce caractère bouillonnant, abandonnant la
épouses-filles perpétuelles des ondins s’unirent à chaque plupart des manières froides des méduses.
génération aux Merveilles et changèrent progressivement, Les ondins ont également changé : la défense de leur
les ondins laissant une empreinte de plus en plus Perfection est devenue secondaire au profit de celle de
marquée à chaque renaissance. Leurs serpents devinrent leurs filles-épouses.
ceux du littoral et du fond des océans, leur peau changea La cohabitation est difficile, la promiscuité pesante. Une
pour s’adapter à la vie aquatique et même leurs doigts guerre sororicide couve… Pour le moment, les muirènes
devinrent palmés. s’en tiennent à des éclats de voix et des regards mauvais,
Quand toutes les méduses eurent connu une renaissance, mais une guerre impliquant les Merveilles pourrait
la communauté décida de se trouver un nouveau nom, éclater. Cela semble impossible, mais, Éminence, le Drame
pour marquer à la fois leur lien au reste du décan et pourrait naître ici, sous l’influence du Semblant…
le fossé les en séparant : les méduses d’Osselmahyla
devinrent ainsi les muirènes.
L’Ennemi
Aujourd’hui, la cité abrite près de cent cinquante
Ceolth a décidé de faire venir à elle des gens de la surface,
muirènes, et autant de leurs amants.
ambassadeurs pour les royaumes crépusculaires. Portant
secours à un navire perdu, les ondins lui ont amené
Sous l’écume, le chaos une vingtaine de survivants, principalement des nains
de l’Équerre et des marins. L’arrivée des nains pourrait
Les renégates des Terres veuves changer la situation car la matriarche songe à leur faire
Depuis quelques générations, le nombre de muirènes agrandir la cité et ses dômes qui protègent les rares parties
augmente sensiblement, celles-ci sauvant les méduses habitables pour ceux de la surface.
renégates précipitées du haut des falaises du golfe des Malheureusement, le leader des marins, ces futurs
Lambris. En quelques générations, la surpopulation ambassadeurs, est un mage corrompu. Sinisprose
menaça la cité. Dextrefin compte mettre à profit sa survie inespérée. Sous
Par la même symbiose qui leur confère certaines son influence, les marins ont déjà relâché leur discipline
caractéristiques des ondins, les muirènes ont acquis et peu s’en faudrait pour que les hôtes deviennent des
un lien harmonique à leur cité semblable à celui des prisonniers. Grâce à l’emprise, Sinisprose est de plus le
Merveilles pour leurs Perfections, et ne peuvent pour seul membre du groupe capable de se mouvoir dans
la plupart plus la quitter. Certaines ont encore assez de toute la cité et il a compris les relations houleuses entre
volonté pour s’en éloigner, et la matriarche Ceolth les originelles et rescapées.
envoie alors sur l’Harmonde, à la fois pour faire office
d’espionnes et pour soulager la pression démographique.
L’exécution par noyade ayant été abandonnée au début
du règne de Sénéca au profit de méthodes plus utiles – les
galères –, très peu de nouvelles muirènes sont apparues
Pierre et écaille
récemment. Mais les tensions perdurent même si la
population d’Osselmahyla s’en est retrouvée stabilisée.
La cité sous la mer
Des clivages dépassés
La barrière de corail forme un rempart protégeant
Avec les tensions dues à la promiscuité, les muirènes
les Terres veuves des assauts boucaniers : même une
se sont divisées en deux camps : les originelles, muirènes
barque doit l’approcher avec précaution. Au modéhant
accomplies descendant des toutes premières méduses, et
de la barrière, à des dizaines de mètres de fond, se
les rescapées, sauvées des flots par leurs cousines et ayant
cache Osselmahyla, dont les voies d’accès sont fort bien
tout juste entamé le processus de transformation.
dissimulées et protégées par une faune hostile. Qui
Les originelles ont longtemps œuvré pour l’arrêt du
croirait, devant l’antre du kraken des Lambris, qu’il s’agit
sauvetage des renégates. Un peu moins ouvertement,
d’un portail vers une cité marine ?
elles souhaitent également le départ des « intruses » qui
mettent en danger leur paradis.
Les rescapées, elles, militent pour une infiltration plus
importante de l’Harmonde et proposent de contrer les
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La cité bras, les épaules, les pommettes et le haut du front. Leurs
pieds et leurs mains sont palmés.
La cité marine n’a pas été conçue pour être inondée. Les muirènes gagnent en agilité, avec un corps plus
Les allées sont pavées, les murs lisses et décorés et même fin et souple que celui de leurs cousines de la surface.
si l’eau de mer et les algues effacent ça et là l’œuvre des Pleinement développées, elles sont parfaitement adaptées
harmonistes, leur talent est encore perceptible. au milieu marin : respiration aquatique, résistance à
Sous l’éclairage d’étranges sphères projetant une lumière la pression, nyctalopie mineure et maîtrise parfaite du
perpétuelle, la cité est dominée par des motifs d’ondins, langage ondin.
de sirènes, de tarasques et de dauphins, sous la forme Le besoin de fusionner avec leurs amants, autant
de gravures, mosaïques ou peintures subsistant sous les spirituel que physique, est irrépressible. La métamorphose
dômes. On entraperçoit parfois les vestiges d’un atelier ou est progressive et au début, l’autonomie de la muirène
d’une forge, depuis longtemps reconvertis en habitations. dans le milieu marin reste limitée. Les muirènes les
plus récentes doivent régulièrement partager le baiser
Osselmahyla comptait à l’origine cinq dômes assez de leurs pères-époux : le même ondin au fil des siècles,
grands pour contenir chacun une petite ville, mais trois toujours. À chaque renaissance, le don s’amplifie jusqu’à
seulement ont survécu aux siècles. Deux sont recouverts devenir permanent alors que se perd progressivement la
d’algues qui filtrent la lumière venant de plus haut, faculté de respirer à l’air libre. Au bout d’environ trois
donnant lieu à un éclairage vert pour le moins étrange. renaissances, les serpents muent et se transforment en
Le dernier a été entièrement nettoyé par les muirènes espèces exotiques et sous-marines au venin dangereux
pour leurs invités : les dômes étant les lieux les plus hauts affectant leur caractère : finies la candeur et la froideur
de la ville, l’éclairage est bon le jour et l’on peut même du décan originel, les muirènes deviennent passionnées
apercevoir les navires qui frôlent la barrière de corail. et énergiques. Elles abandonnent leurs projets (cf. le
Quand le soleil est à son zénith, les nouveaux arrivants Codex des Méduses) pour une vie simple et cèdent à leurs
peuvent contempler un spectacle marin à couper le pulsions beaucoup plus facilement. L’hiver, lentement,
souffle. relâche son emprise sur elles. « Passion » est le maître mot
L’air des dômes se reproduit de lui-même grâce à un pour les définir, que ce soit dans leurs ébats, leurs projets
enchantement conçu à la construction. Depuis l’Éclipse, et leurs relations entre elles, le tout teinté, peut-être, d’un
la magie s’est muée en Éclat : la présence de la substance brin de naïveté.
magique n’est pas très importante mais de nombreux
marins ont déjà succombé aux émotions de peur/
émerveillement qu’il distille…
Le palais de Ceolth
Le plus impressionnant des palais d’Osselmahyla est
encastré dans le récif. Sa façade de pierre bleue est décorée
de statues d’ondins en armure, de poissons monstrueux
crachant de l’eau et d’une humaine magnifique portant
un bandeau sur les yeux.
Les portes du palais sont toujours grandes ouvertes,
mais l’eau n’y pénètre jamais, faisant de ce lieu le Vestige
le mieux conservé de la cité. Il s’agit de la demeure de
Ceolth, puissante et solitaire matriarche des muirènes.
Ces dernières, respectant l’intimité de leur souveraine, ne
pénètrent jamais l’endroit.
Ce Vestige abrite des trésors de l’art ancien préservés
par l’atmosphère magique des lieux : Tableaux-mondes,
statues animées et autres merveilles flamboyantes
que Ceolth partage volontiers avec toutes les enfants
d’Osselmahyla.
Des habitantes
Les muirènes
La beauté et la finesse des traits des muirènes évoquent
infailliblement les méduses. Leurs serpents, cependant,
appartiennent à de rares espèces aquatiques, et leur peau
au lustre bleuté, aussi lisse que celle d’un dauphin, se
couvre de fines écailles sur le dessus des mains et des
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Ceolth, la matriarche chatoyantes dont les couleurs changent au gré de ses
La matriarche des muirènes est en réalité une mélusine, humeurs, passant du bleu azur au carmin. Elle s’habille
l’enfant authentique de l’amour d’une méduse et d’une armure de corail blanc et quitte rarement l’Éperon,
d’un ondin. Sa mémoire remonte aux premiers temps une relique ayant appartenu à son géniteur immortel. Ses
de la colonie saisonine et ses pouvoirs sont uniques : serpents sont d’une finesse exceptionnelle et possèdent
à l’inverse des ondins, qui peuvent transmettre le une couleur dorée unique : les propriétés de leurs venin
pouvoir de respiration aquatique, elle peut conférer à sont encore inconnues.
un habitant des mers le don de vivre en surface. Elle Détentrice des secrets de la cité et initiée à l’histoire
désigne ainsi les muirènes avec une volonté suffisante des Éternels, elle connaît cependant mal l’Harmonde où
pour quitter Osselmahyla, en faisant des observatrices elle n’a jamais vécu. Mal informée, elle a une perception
informant leur reine de l’évolution de l’Harmonde. Les naïve des habitants de la surface et le choix de ses futurs
récents bouleversements de la Sentence de l’Aube l’ont ambassadeurs s’en ressent.
convaincue de choisir des ambassadeurs en surface afin
de préparer l’Harmonde à l’existence d’Osselmahyla. Les ondins
Ceolth ressemble à une sirène d’une stature Les muirènes ne sont pas les seules à avoir changé
exceptionnelle : son corps entier est recouvert d’écailles à Osselmahyla. Le comportement des ondins s’est
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lentement altéré au fil des ans. Moins agressifs et plus permettre de chanter pour ce qui dort d’un sommeil
ouverts, la plupart connaissent un ou deux langages de troublé, en dessous de la cité. Le Saigneur des Squales
la surface. n’aspire qu’au repos, malgré la punition que lui ont
Le lien émotionnel entre les muirènes et les ondins est infligée les Muses. Le chant des sirènes l’a apaisé, tout
très important et les époux-pères sont reliés par empathie comme l’art des harmonistes flamboyants. Enfin, les
à l’esprit de leurs filles-épouses quelle que soit la distance muirènes et leur vie insouciante et aimante l’ont aidé à
qui les sépare. ne pas succomber à la frénésie sanguinaire de ses enfants.
Cependant les tensions récentes et l’odeur de la Perfidie
Ambassadeurs par accident perturbent son sommeil millénaire, ce qui se traduit par
Pour la plupart heureux de ne pas avoir péri lors de brève et inoffensives secousses sismiques.
de leur naufrage, les élus sont mitigés quant à leur Si la Perfidie devait se répandre dans le cœur des
situation présente : les nains, clairement enthousiastes, muirènes et des ondins, si les Merveilles devaient
imaginent déjà les plans nécessaires à un agrandissement s’entredéchirer, le Maestre-requin pourrait déchaîner à
d’Osselmahyla. Les marins, eux, ne perçoivent pas les nouveau sa fureur, détruire la cité et la Perfection toutes
implications de leur découverte : la plupart ne voient que proches. Très vite, les flots deviendraient écarlates…
leur isolement, les fruits de mer à tous les repas – sans
alcool – et des créatures splendides mais inaccessibles. Le Sanctuaire caché
Le temps commence à être long. Certains pensent en
outre qu’à défaut de faire de bons ambassadeurs aux yeux Le palais de Ceolth cache, à l’insu de tous, le Sanctuaire
des muirènes, leur sort risque fort d’être scellé – ils ont de la prophétesse. Son art lui avait permis de traverser la
tort car Ceolth peut « rendre à la mer » leurs souvenirs Flamboyance sans vieillir mais l’harmoniste avait fini par
d’Osselmahyla. comprendre que le cataclysme qu’elle avait prédit deux
Heureusement que Sinisprose, lui, leur remonte le mille ans auparavant était encore à venir : elle échappa
moral ! Il a su se faire apprécier de tous : les nains à l’Éclipse et se mua en Génie, emportant dans sa cité
apprécient son esprit vif, les marins en ont fait leur les Flammes de ses dix plus proches compagnons. Seule
porte-parole, et il s’entretient souvent avec les muirènes, Ceolth connaît l’existence du Génie et le cachera aussi
apportant son regard « neuf » sur la situation opposant longtemps que nécessaire : le secret reste sa meilleure
originelles et rescapées… protection.
Profitant de ses pouvoirs, Sinisprose a l’intention de En terme de jeu, le Sanctuaire est inactif (POT d’Éveil
se procurer de l’alcool afin d’enivrer les marins et de les de 2 – ses premiers Harmoniums seront dédiés à la
pousser à l’erreur : les discréditer auprès des muirènes Geste et à la Cyse), mais secret, difficile d’accès et
renforcerait sa situation et lui permettrait de confiner les bien protégé. Si Sinisprose apprend son existence, il
nains là où ils sont les plus efficaces, à la construction. abandonnera sûrement ses plans actuels pour se focaliser
sur sa destruction : éveiller le Sanctuaire conduirait
probablement les muirènes dans le camp de l’Inspiration.
Le Drame
Les espionnes venues des eaux
Ceolth, afin de garder un œil sur l’Harmonde, a envoyé
des muirènes en surface. Grâce à des rituels qu’elle
seule connaît, les espionnes peuvent redevenir méduse
en apparence, jusqu’à ce qu’elles ressentent à nouveau
Les ennemis de Sinisprose
l’appel de leur père-époux.
Des Inspirés peuvent parfaitement percer à jour le Félon boucanier, Sinisprose s’est attiré les foudres
secret de ces espionnes en les prenant pour des agents d’une compagnie d’Inspirés. En prenant la mer
du Masque. Ils auront alors une occasion de découvrir pour leur échapper, il ne pouvait deviner qu’une
une civilisation unique et peut-être de déjouer les plans tempête et des muirènes allaient lui sauver la vie.
de Sinisprose. Malheureusement pour lui, les Inspirés ont compris
qu’il avait survécu grâce au témoignage de rescapés
évoquant des créatures marines emportant les nains et
Un sommeil troublé quelques-uns de leurs camarades – « et ce mage bizarre
qui causait pas beaucoup ». La compagnie continue à
Osselmahyla abrite un hôte caché. Certaines zones de mener l’enquête, et pense à contacter les ondins.
la cité préexistaient à la venue des Inspirés. Construites Et s’il s’agissait de vos Inspirés, Éminence ?
par des sirènes à la fin de l’Agonie, elles devaient leur
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L’emprise
Les Danseurs aiment s’ébattre sur les crêtes des vagues et
improviser de splendides chorégraphies à fleur d’écume,
leurs pas si légers effleurant à peine les embruns.
Si certains d’entre eux ont pris goût au jeu toujours
renouvelé des courants, et composent dans les fonds
marins de lents ballets inconnus des mortels, la grande
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dans n’importe quelle direction. Elle octroie également La conjuration
une protection de MR+2 points contre les projectiles non
magiques. Les démons détestent être conjurés en milieu marin.
Nul n’a aujourd’hui réussi à expliquer ce phénomène
Quelle eau ? (éclipsiste) mais ceux-ci se montrent nerveux et agressifs, impatients
Seuil : 20 de finir leur tâche ou d’une exigence démesurée sur leur
Portée/zone d’effet : personnelle part des connivences. Certains avancent même – loin des
Durée : 3 minutes oreilles des démons les plus puissants – qu’ils auraient
Danse : 5 tours peur (cf. p. 60). Mais de quoi, ou de qui ?
Ce sort permet au mage d’agir en milieu marin comme Certains conjurateurs sont cependant parvenus à
s’il n’y avait pas d’eau autour de lui : il conserve sa vitesse appeler des démons capables de les emmener sous les
de déplacement normale, ne craint pas la noyade, ne subit eaux.
aucun malus à ses actions, etc. Le sort n’affectant pas le
Danseur, celui-ci reste soumis aux contraintes habituelles Détendeur
(cf. ci-dessus). Cet étrange démon ressemble à un masque prolongé
par une amphore munie de griffes ridiculement longues.
Nihilonde (obscurantiste) Après avoir emmagasiné des quantités d’air énormes qu’il
Seuil : 15 semble concentrer dans son « organisme », il se place sur
Portée/zone d’effet : personnelle le visage et obstrue les voies respiratoires. La sensation est
Durée : spécial particulièrement désagréable et l’air fourni méphitique,
Danse : spécial mais le conjurateur obtient grâce à lui la capacité de
Le mage s’entoure d’étincelles bleutées qui détruisent respirer sous l’eau pendant 2 heures.
l’eau à leur contact, ne laissant que de l’air respirable. Cette
protection joue également contre la pression de l’eau et les
éventuels curieux auxquels elle inflige 5 points de dégâts
Propulseur
Ce démon filiforme offre à son conjurateur un
par tour. Le sort empêchant le contact entre l’eau et le corps
« squelette externe » augmentant sa force et accélérant
du mage, celui-ci subit un malus de 5 à ses jets de Natation.
La durée initiale de la danse est de trois tours, mais le Propulseur
danseur doit rester continuellement en mouvement par la
suite – sous le contrôle permanent du mage qui ne peut Sexe : féminin
donc effectuer d’autre action – chaque point d’endurance Origine : opalin, démon de premier cercle
perdu correspond à une heure de tranquillité.
DIFF 19/Noirceur 1 ;
DIFF 13/Noirceur 3 ;
Les arts magiques DIFF 12/Noirceur 7 ;
DIFF 11/Noirceur 9
La Cyse peut être pratiquée sous l’eau sans difficulté
– les harmonistes d’antan n’ont-ils pas érigé les grandes TAI : 0
barrières de coraux ? Outre la Cyse, seul l’Accord du MV : 1
tambour est adapté au milieu sous-marin.
Caractéristiques
L’orbe des ondes (Cyse) AGI : 5, FOR : 8, PER : 2, (RÉS : 4)
Seuil : 20 INT : 2, VOL : 2
Portée/zone d’effet : contact/sphère de 1 m de rayon CHA : 2, CRÉ : 2
Durée : spécial
Modelage : spécial Caractéristiques secondaires
Sous ses doigts, l’harmoniste qui s’enfonce dans les MÊL, TIR et BD : N.A.
vagues sculpte l’eau pour emprisonner l’air qui l’entoure. Densité : 20, Opacité : 0
Celle-ci devient plus visqueuse et crée une véritable
membrane souple qui suit les mouvements imprimés Compétences :
par l’Inspiré. Celui-ci peut donc la déplacer (MV : 1) sur Épreuves : Natation 10
les fonds marins ou la forcer à quitter la surface pour les
profondeurs. Cette bulle est cependant très fragile et si Note : la FOR et la compétence de Natation de l’opalin
elle s’adapte au contact du fond, une simple dague ou remplacent celles de son conjurateur dans les calculs. Il
l’attaque d’un requin suffit à la détruire… La bulle cesse n’est par contre d’aucun secours dans les mouvements
d’exister dès que l’harmoniste abandonne le modelage, complexes – comme le combat – en raison de sa lenteur
qui nécessite, en outre, ses deux mains. à réagir aux mouvements initiés par le conjurateur, et
son AGI intervient comme limitant de tous les jets
d’AGI du conjurateur.
61
ses mouvements, ce qui lui permet d’agir sous l’eau exhibent des métamorphoses pour le moins singulières,
presque comme à l’air libre – à condition de pouvoir y leur permettant de s’exiler dans les canaux les plus
survivre ! Il n’est par ailleurs pas capable de tenir debout sombres de la ville : à coup sûr, c’est là que la prochaine
sans s’appuyer sur son conjurateur. Certains l’utilisent en étape des expériences devra être tentée.
surface afin d’accroître leur force.
Les pratiquants de l’alchemie (cf. Souffre-Jour I p.
53) s’intéressent également à la mer et à ses mystères.
Les autres moyens S’adapter à un environnement qui ne vous est pas naturel
est un défi qui galvanise ces érudits désireux de s’élever au-
L’élémentalisme (cf. Souffre-Jour 1 p. 43) est depuis
dessus de leur simple condition de mortels, sans compter
longtemps une voie d’étude majeure du milieu aquatique,
les secrets enfouis sous les flots qui n’ont de cesse d’attirer
l’utilisation d’élémentäs d’eau – bus, injectés ou inhalés
leur intérêt. La formule du Don de la sirène est l’une des
– octroyant des pouvoirs liés à cet élément. Les sujets de
nombreuses réalisations en ce sens.
certaines expériences ne s’en sont pas remis mais certains
y travaillent encore… De plus, certains alteraës d’Abyme
Les Merveilles et Excellences, et plus généralement
le bestiaire marin, peuvent également être une porte
pour le fond des mers : les ondins peuvent donner le
don de respirer sous l’eau, bien que les convaincre soit
pour le moins ardu. Ayant réussi à dérober ce pouvoir,
les morganes marines peuvent également être sollicitées
dans se sens. Ne dit-on pas aussi que l’abbé des épées
(cf. Éclat de sang) a voyagé au fond des mers sur le dos
d’une tarasque ? Quant à l’amour… l’amour d’une sirène
permet de s’affranchir de la barrière séparant les deux
mondes comme le content tant de récits romantiques (cf.
Le Violon de l’automne).
Le combat
Combattre dans ou sous l’eau est une gageure mais
qui sait ce qui peut attendre des Inspirés suivant une
sirène ou tentant de découvrir des trésors oubliés de la
Flamboyance ?
Tout d’abord, le bouclier est inutilisable ou presque :
malus de -6. L’esquive est impossible, à moins, peut-être,
d’user d’un point d’Héroïsme pour pouvoir faire un jet
assorti d’un malus de -10.
Les armes contondantes sont parfaitement inexploitables
sous l’eau tant les coups sont ralentis. Le jet d’attaque
subira un malus de -8. Les armes tranchantes sont à peine
meilleures, avec un malus de -6.
Les armes perforantes, par contre, révèlent dans
ces conditions d’inégalables qualités, puisqu’elles
ne seront utilisées qu’avec un malus de -2.
Dans le cas d’armes de type mixte, comme tranchant/
perforant, ne perdez pas de vue la manière dont vos Inspirés
utilisent leurs armes afin de déterminer correctement
quels malus s’appliquent.
Les armes de tir sont inutilisables et les armes de jet
voient leur portée et leur puissance drastiquement
diminuées. Seules les armes de lancer les plus lourdes sont
utilisables sous l’eau – lances, tridents – et leur portée est
réduite à FOR (cf. AGONE p. 186).
Un combattant peut se spécialiser dans le combat sous-
marin.
62
L’hippocampe Habitat
Les hippocampes sont rares mais on les trouve dans
toutes les mers chaudes et tempérées de l’Harmonde. Ils
À certains de prétendre que l’hippocampe est le fruit de affectionnent les eaux peu profondes mais ne dédaignent
l’esprit tordu des mages d’antan. L’harmonie de cet hybride pas s’enfoncer dans les abîmes.
serait plutôt l’enfant chéri de leur génie !
Mœurs
Apparence
Les hippocampes sont fiers et orgueilleux. Ils sont
Quelle vision glorieuse que celle de l’hippocampe l’incarnation de l’esprit sauvage de l’océan, cruel et
émergeant de l’écume ! Une tête chevaline, fine magnifique. Ce sont de redoutables prédateurs à la
et anguleuse, dont les ganaches se prolongent personnalité destructrice. Les érudits prétendent que seul
d’excroissances membraneuses protégeant ses ouïes. le chant de la mer les apaise, et que les plus talentueux
L’encolure, puissante et racée, naît d’un garrot souple et musiciens, capables de comprendre et d’interpréter les
luisant, d’un torse musculeux prolongé par une queue et harmoniques maritimes peuvent gagner leur respect, à
une nageoire puissantes, évoquant celles des cétacés. Ses défaut de leur amitié. Quant à prétendre les dompter…
sabots de nacre piaffent d’impatience dans le varech alors
que se retire la marée. Sa peau souple et luisante enchante
en interprétant toutes les nuances de l’océan, mais
Drame
l’obscurité de son regard reflète d’inquiétants abîmes où
Les hippocampes ne dédaignent pas devenir les montures
se mêlent vertige et malice.
de ceux et celles qui ont su leur montrer le respect qui leur
est dû. À la croisée des arts équestres et de la musique, les
contes évoquent l’alliance des hippocampes et des peuples
marins – sirènes, morganes – et même, peut-être, d’un
clan lyphanien séduit par ces montures de l’écume. Que
ne pourrait obtenir un cavalier accordé ?
Hi ppocampe
TAI : +1
MV : 6
Caractéristiques
AGI : 6, FOR : 12, PER : 5, RÉS : 12
Caractéristiques secondaires
MÊL : 8, PdV : 82, SBG : 27, SBC : 41, BD : +10
Compétences
Crocs 5, sabots 7
Épreuves : Athlétisme 7, Esquive 4, Vigilance 6.
Maraude : Chasse 6
Combat :
Initiative : 11, crocs 8, sabots 10
Attaque au contact : crocs 15, sabots 14
Esquive : 10
ARMES
Arme Init. Att. Déf. Dom+BD
Crocs -3 +2 - +11
Sabots -1 -1 - +11
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Dissonances
marines
Habitat
Les mers du ponant et du levant sont l’habitat préféré
des dauphins. S’ils dédaignent les rivages les plus
septentriens et modéhants de l’Harmonde, tous les
peuples connaissent leur existence pour peu qu’ils vivent
des produits de la dame bleue.
En Province liturgique, c’est un animal saint ; en Marche
modéhenne, ce sont des emblèmes au même titre que
Mœurs
Le dauphin vit en groupe allant d’une unité familiale
– couples et petits – à des rassemblements de près d’une
trentaine d’individus, même si ces derniers tendent à
se raréfier. Il se nourrit exclusivement de poisson, qu’il
L’EGM attrape « au vol » grâce à sa rapidité stupéfiante ou qu’il
assomme pour apprendre à ses petits à chasser.
La légende des dauphins sauvant des hommes de la
L’anymal estait semblable à quelque gros specimen de noyade est très loin de la réalité : combien d’hommes
poisson, avec toutefois de grandes dystinctions : sa nageoyre désespérés ont été soulagés d’apercevoir l’aileron familier
caudale estait horizontale et non point verticale comme sans même savoir que l’animal allait les tuer, sans doute
pourrait l’attester n’importe quesl marin d’esperience. Son pour son seul plaisir ? Ce genre d’attaque n’est pas
musel pointu comme peut l’estre celui de certayns oyseaux, et systématique, car le dauphin suit avant tout son caprice :
sa forme allongée en faysaient un nageur très rapyde, capable il peut porter secours à un équipage entier avant de
de distancer mesme les navyres des pyrates. A chaque foys s’acharner sur un pauvre hère sans d’autres motifs que
qu’icelui sort de l’eau, l’animal en expulse de l’eau par un trou son envie du moment.
de chesminée au-dessus des yeuls, lequel luy a valu le surnom Le dauphin est doté d’une intelligence aiguë qui lui
d’escouffleur parmi les gens de la mer. permet de mettre au point des stratagèmes surprenants
Si la vue de sa nageoyre dorsale estait capable de desclencher pour arriver à ses fins : simuler sa mort pour attaquer par
la plus grande peur chez les marins la prenant pour quelque surprise, se sacrifier pour offrir une ouverture au groupe.
aileron de requin, la simple vue du sourire qu’arbore la On le dit compagnon favori des sirènes avec qui il partage
créature les rassure et les emplyt de joy. En response, la créature un amour des chants sous-marins.
pousse souvent des cris joyeuls comme ceuls d’un petit chyen .Le Chaque année, des groupes entiers de dauphins viennent
plus estonnant chez ce maestre parmi les anymaux de la mer, s’échouer sur les côtes de l’Harmonde : ce phénomène
c’estait l’estrange couleur de l’eau qu’il laissait dans son silhage intrigue et inquiète ceux qui croient en sa beauté. Malgré
comme si un peyntre avait culversé ses précieuls pygments dans tous les efforts que ces sauveteurs déploient, les animaux
les flots… reviennent inévitablement pour mourir à leurs pieds.
Extrait de In memorandum anatomia
Par Philistène Antérigarr, naturaliste d’Armgarde
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Le Drame des équipages « mal intentionnés », ayant percé à jour
sa vraie nature, se lancent parfois dans la chasse de ce
Le dauphin est un animal corrompu, séide du Masque monstre : se faire prendre est la meilleure façon de voir le
depuis la Guerre des Éternels. Il n’escorte les navires que royaume se liguer contre soi.
pour les espionner pour le compte de son maître : ce ne Les morts massives de dauphins intervenant à quelques
sont pas les sirènes qu’il contacte, mais des morganes années d’intervalles ne sont qu’un clin d’œil cruel du
marines – de préférence les plus perfides d’entre elles – Masque : en effet, malgré leur Perfidie, ces animaux n’ont
auxquelles il transmet les messages du continent. Sa rien perdus de leur immense beauté. Les échouages sont
capacité à sentir venir les tempêtes vient de son ancien un moyen pour lui de dire « la beauté de l’Harmonde sera
rôle de messager des tarasques, qu’il craint plus que tout. mienne, et rien ne m’empêche de la faire disparaître ».
Le sillon de couleur qui traîne derrière un dauphin Personne n’ayant compris son message, cela rend la farce
n’est pas un phénomène harmonique, quoiqu’en pense bien plus savoureuse…
le Conseil des Décans qui le considère comme un animal
enchanté, mais son sang, qui suinte d’une blessure
perpétuelle. Cette plaie est l’héritage de la mort de leur
Maestre-animal, un symbole de leur détermination à
combattre les Muses ; des Inspirés sont tombés en croyant
aux contes pour enfants...
La mort du Maestre-dauphin eut une répercussion
sur toute l’espèce : aujourd’hui encore, nul ne peut Dauphin
assister à l’agonie d’un de ces glorieux animaux sans
ressentir un violent sentiment d’horreur et de honte, TAI : 0
comme si l’on mutilait l’idéal marin lui-même. Des gens MV : 12
particulièrement sensibles, ou des Inspirés croyant en
la nature magique de l’animal, peuvent se comporter Caractéristiques
de manière extrêmement violente pour le protéger. La FOR : 7, AGI : 12, RES : 8, PER : 10
Hunette a interdit la chasse de cet emblème, même si INT : 3, VOL : 5
CHA : 10, CRE : 5
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Aujourd’hui, les arbres sont morts mais le sel et les
créatures de la mer les ont gardés intacts, plus solides que
jamais. Le vent des flots écume les côtes de l’Harmonde
dans un cycle annuel. Toutes les pixies exilées qui trouvent
leur chemin jusqu’à la mer sont les bienvenues à son
bord, ainsi que ceux qui y mettent le prix et en prennent
le risque.
La forêt pétrifiée
Le vent des flots reste une forêt de type tropical. Ses
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Lieux
Les voiles
Les essaims
Chaque essaim possède un territoire, marqué par une
voile. Grands tissus rouges, ces voiles s’étendent comme
des toiles d’araignées entre les grands arbres de la Mode de vie
mangrove, faisant avancer la forêt minérale selon le vent.
Pourtant, là n’est pas leur dessein : tissées par d’énormes Il n’existe que peu d’éomanciennes sur la mangrove. En
araignées alchimiques, elles servent essentiellement à effet, la vacuité de l’océan a conduit les premières sibylles
récolter la rosée du matin, seule source d’eau douce sur la à abandonner cet art au profit de l’alchimie : l’éomancie
mangrove, et à améliorer l’ordinaire des essaims avec les ne prédit, et ne cause, que des catastrophes, car sur la mer
créatures volantes qui s’y prennent. la seule chose à observer reste la mangrove.
L’alchimie est pratiquée par les prêtresses dans
l’obscurité des terriers. Chaque royaume traversé oblige
Le dédale entrelacé
bien entendu les prêtresses à renouveler leurs formules,
Le sous-sol de l’île est un véritable labyrinthe de galeries
mais l’on peut sentir dans toutes l’influence de la mer.
et de cavernes aménagées entre les racines. De-ci de-là on
Poudres de Sème-tempêtes, Appel du léviathan, liqueur de
trouve quelques anciens navires ou demeures agglutinées
Saline et Fleur des marées sont les noms des élixirs du vent
à la masse des racines, ou les cordes anciennes qui
des flots. On pourrait aussi citer le Vent miroitant qui
servirent jadis à garantir la cohésion des arbres.
permet à l’essaim de Poupevolte de faire venir à ses pixies
C’est ici que se trouvent les bas-reliefs des prophéties
les cohortes de poissons volants qui traînent la mangrove
les plus obscures, avalés par les racines ou sculptés par
dans sa remontée du courant du levant, après la semaine
des pixies craintives. Nombre de ces cavernes ne sont
sanglante. Cet élixir fait même double usage puisqu’après
accessibles qu’à partir de galeries noyées et de siphons
s’être épuisés à remorquer la mangrove sur des lieues les
immergés, certains empiétant sur les territoires d’essaims
poissons volants se prennent souvent dans les voiles de la
vindicatifs ou conspirateurs.
poupe et sont dévorés par leurs cruelles maîtresses.
Outre ces différences « mystiques », la caste des
La clairière du puits escobrettes est remplacée sur le vent des flots par des
Véritable centre social des essaims de l’île, la clairière groupes de harponneurs de talent. Ceux-ci chassent
du puits est le lieu où les essaims se rassemblent pour baleines et dauphins pour nourrir leurs essaims ou
échanger leurs marchandises et jouer leurs jeux de chevauchent les tempêtes pour attaquer les navires
pouvoirs. C’est également ici que sont pratiqués les rites ennemis sous le couvert de leurs poudres d’orages.
de la caravane. Située au centre de l’île, la clairière est un Une fois par mois, ces guerrières accomplissent
endroit où les racines des arbres s’effacent pour laisser également de plus sombres tâches. En effet, la tradition
place à un gouffre d’une vingtaine de mètres de diamètre veut que le vent des flots fasse une pause dans chaque
au fond duquel, dix mètres plus bas, clapote la mer. royaume au cours de son périple annuel. Sous la direction
C’est ici que l’on trouve les arbres les plus hauts et les des prêtresses des essaims, les pixies se rendent à terre et se
voiles les plus grandes. Les essaims dont le territoire ceint présentent à un village, toujours différent, pour y exercer
le puits sont donc les plus riches et les plus puissants. Ils leurs talents. Si elles sont de bonne humeur, les habitants
jouent également le rôle de vigies pour la mangrove. du village n’auront à déplorer que de nombreuses rapines
et à s’émerveiller de leurs tours de baladins et d’alchimistes
itinérantes. Si elles sont d’humeur hargneuse, il ne restera
que des maisons brûlées lorsque revient l’aube.
Les refugiees
Outre s’approprier de la nourriture et des objets
En théorie, toute pixie exilée rejoignant le vent des précieux – entreposés dans les troncs d’arbres morts
flots est susceptible de lui demander asile et d’en qui composent la mangrove – ces vols permettent aux
intégrer un essaim. En vérité, l’intense compétition pixies d’élire leur dirigeant : le prince des larrons. Ils sont
que se livrent les essaims a abouti à une société fermée également pour les exilées un excellent moyen de se faire
et jalouse de l’extérieur. Les arrivantes sont souvent remarquer et désirer par les essaims.
forcées de s’installer sur les plates-formes attachées
à la traîne de la mangrove jusqu’à ce que leurs actes
les fassent remarquer par l’un des essaims. Il s’ensuit Coutumes
fréquemment une lutte d’influence dans laquelle les
autres essaims tentent de dérober la candidate, ou de Le prince des larrons
la supprimer pour qu’elle échappe à leurs adversaires. L’enjeu des pillages va au-delà de la simple survie
Quand les essaims de la clairière entrent dans ce jeu, la alimentaire. Tous les ans, au début de l’été, les essaims
lutte devient d’autant plus acharnée… choisissent en effet celui qui deviendra le maître du vent,
le prince des larrons. À cet effet, chacun présente les dix
plus belles pièces dérobées au cours de l’année. La plus
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belle fait gagner à son voleur le titre tant convoité et lui pixie et la conduisit à vouloir brûler les voiles de mangrove
octroie le pouvoir incroyable de guider le mouvement de alors que celle-ci était encore prisonnière des glaces.
la mangrove par de simples murmures chuchotés aux
racines. Les objets présentés sont ensuite jetés dans le
puits sacré.
Invités
Si les murmures du prince ne peuvent écarter la
Malgré l’omniprésence des essaims, il existe quelques
mangrove de sa course séculaire, ils sont suffisants pour
représentants des autres peuples sur la mangrove. En
stopper son trajet le temps d’organiser un pillage ou
effet, les essaims acceptent parfois des voyageurs ou
le faire dévier de sa course pour broyer sous sa masse
des ambassadeurs espérant profiter de la capacité à se
quelque vaisseau ennemi. Inutile de dire que les essaims
déplacer en toute sécurité du vent des flots. Ambassadeurs,
n’ont de cesse d’espionner leurs rivaux et de tenter de
aventuriers, pions du Masque, ces invités sont libres de se
dérober leurs trésors.
déplacer où ils veulent dans la mangrove, hormis dans les
terriers des essaims. On les loge donc en général dans des
La semaine écarlate navires agglomérés à la structure du vent des flots, dans
Une fois par an, en automne, la mangrove du vent des les temps anciens où le bois vivait encore, et emménagés
flots cesse sa course une semaine, à quelques encablures de en auberges. Ce voyage est souvent très éprouvant. En
l’île de l’Automne. Cette semaine est l’occasion de ripailles effet, bien qu’acceptés par les pixies, ils n’en sont pas
silencieuses pour les pixies. En effet, des bancs de sirènes moins considérés comme des espions et des ennemis
viennent s’agglutiner autour de la forêt pétrifiée pour potentiels, ainsi que des cibles toutes trouvées pour leur
chanter et tenter de charmer les pixies, bienvenue aux humour macabre.
alentours de l’île comme tous les automnins. Hélas, les
essaims ont pris l’habitude de se boucher les oreilles à la
cire et de se préparer au massacre des sirènes, désespérées
mais fidèles à leur devoir. Pendant une semaine, elles se
repaissent de chair et de sang de Merveilles avant de saler L’ame des racines
les cadavres restant et de reprendre le voyage.
Comment le vent des flots fait-il pour accomplir la
moitié de sa course en remontant le courant qui encercle
Le mur des glaces l’Harmonde sur son flanc du levant ? La réponse est à
Le printemps est sans doute la saison la plus difficile chercher entre ses racines. Là vit une très vieille pixie,
pour les pixies du vent des flots. En cette saison, la née au cours des premières générations d’habitants de
mangrove traverse le septentrion en plein dégel et ses la mangrove. Attirée par l’éomancie et amoureuse de la
eaux hantées par la banquise et les icebergs. Les pixies, très mer, son attention se porta très vite vers les vents des
sensibles au froid, doivent envoyer les essaims charmer les fonds marins, les courants. Son esprit tourmenté se prit
créatures des glaces – morses, ours polaires, Lyphaniens de passion pour le destin pourrissant qui attendait les
ou givrines – et leur faire tirer la mangrove ou briser la mortels au fond des océans et la fit s’installer dans une
glace des mers. tanière de racines située au centre de l’île, juste sous
Certains icebergs cachent d’étranges surprises : il advint la clairière du puits. Elle n’a plus jamais quitté ce lieu.
un jour qu’un mur de glace, en fondant, libère une Les racines de son corps se sont implantées dans celles
musique étrange qui prit racine dans l’esprit d’une jeune du sol et l’ont maintenue en vie : c’est désormais de
l’eau de mer qui coule dans ses veines et qui irrigue son
L’i le des Pendus nodule tout incrusté de sel et de nacre. Chaque année,
elle manipule les racines des arbres de la clairière pour
La mangrove devrait passer bientôt au large de l’île recueillir les plus belles pièces lancées dans le puits lors
des Pendus. Sur celle-ci poussent des arbres dont les de l’élection du roi des larrons. Lorsque ce dernier lui
fruits ne sont autres que les corps pourrissants des murmure son amour, c’est elle qui infléchit le trajet de
capitaines jugés traîtres à la Légende par les aînés la mangrove. En effet, elle possède le trésor du vent des
boucaniers. Sous les collets des arbres-gibets de l’île, flots, l’axe de l’éolabe qui lui permet de fléchir vents et,
un capitaine peut voir sa pendaison durer des années à dans une moindre mesure, courants.
hurler alors que les arbres le maintiennent en vie pour Dans sa caverne, la prophétesse attend patiemment
se repaître de sa détresse tout en l’étouffant lentement. que son prince vienne lui demander que la mangrove
Certains obscurantistes boucaniers récupèrent même rejoigne les fonds océaniques. Elle sait que cela doit
les bourgeons des plantes pour infliger un supplice arriver. Le véritable vent des flots, celui qui serpente
quasi permanent à leurs Danseurs et ainsi créer les sous les mers le lui a dit. Tout comme il lui a soufflé
danses les plus longues qui aient été faites. d’accueillir ses nouveaux courtisans, les poissons
Qui sait ce qui se passerait si une pixie mal luminescents des fosses marines qui se prétendent
intentionnée délivrait certains de ces individus ? En ambassadeurs du dessous.
tant qu’anciens capitaines ils détiennent bien des
secrets et leur haine de l’Enclave est grande.
68
La légende des mancrines
Encelant
J’en viens maintenant à traiter de terribles créatures dont l’existence est mise en doute par mes nombreux confrères
spécialistes du milieu maritime. Je veux parler des mancrines, que d’aucuns surnomment les algues tueuses. Bien que
ces dernières soient uniquement évoquées dans des légendes transmises de père en fils, quelques-uns de ces récits
recoupent des témoignages de marins que je considère comme suffisamment crédibles pour consigner ici la somme des
connaissances que j’ai pu amasser sur le sujet.
Les mancrines doivent leur surnom à leur ressemblance avec certaines algues : aussi longues que le bras d’un ogre, leur
forme est celle d’un filament de la couleur des feuilles mortes. Elles se déplacent uniquement dans les mers chaudes,
se réunissant en bancs comptant plusieurs milliers d’individus. Le jour, elles dérivent à la surface des eaux, inertes et
inoffensives, attendant la nuit pour s’éveiller et révéler leur véritable nature : celle d’implacables prédateurs. Sous le
regard de la lune, elles ondulent au-dessus des flots, tel un voile grouillant soulevé par un vent funeste, et remontent
les courants les plus forts, en quête d’un navire assez imprudent ou malchanceux pour traverser leur territoire. Si les
Abysses veulent qu’elles trouvent une proie, elles s’approchent en silence de son étrave avant de s’y cramponner et de
ramper vers le bastingage à la manière d’une légion de serpents. Sur leur passage, elles laissent une traînée acide qui
ronge le bois et le fer. Arrivées sur le pont, elles grimpent aux mâts et s’insinuent dans le moindre interstice, recouvrant
le navire d’un linceul brunâtre. Bientôt, les gémissements de la coque et des gréements accompagnent les hurlements de
douleur des marins. Il est trop tard pour fuir, bien trop tard. La curée a commencé et rien ne l’arrêtera. Les mancrines
se régalent de leurs victimes dissoutes par l’acide. Au petit matin, plus aucune trace ne peut témoigner de l’horrible
carnage nocturne. Pas une planche, pas un os à ronger pour les requins. Juste un banc d’algues qui dérive mollement
au gré des vents et des courants.
Des multiples histoires contradictoires circulant sur l’origine des mancrines, je n’évoquerai que la version que j’ai
découverte dans le journal d’un explorateur modéhen ayant vécu au vie siècle. D’après ce texte, les algues brunes sont
nées d’un drame qui s’est déroulé alors que le monde était jeune et l’Éclipse lointaine. En ce temps vivait Mancile, une
jeune femme à la magnifique chevelure brune. Elle aimait passionnément Amwan, un capitaine parmi les plus grands.
Hélas, ce dernier était incapable de résister à l’appel de l’océan et, tiraillé entre sa pressante maîtresse et son irrésistible
passion, il quitta un jour la première pour s’abandonner à la seconde. Délaissée, Mancile fut terrassée par un chagrin
qui assécha son cœur. Consumée par une haine qui avait étouffé sa conscience, elle se rendit dans une crique isolée
où résidait une sirène réputée pour exécrer les hommes. Elle plaida si bien sa cause que la sirène épousa son envie de
revanche et accepta de la transformer en un invincible monstre des profondeurs. Sous sa nouvelle forme, Mancile se
lança dans une poursuite effrénée au cours de laquelle elle sillonna les mers connues et inconnues comme un ouragan,
déchaînant sa colère sur les bateaux qui eurent l’infortune de croiser sa route. Lorsque le navire d’Amwan fut enfin à sa
portée, elle fondit sur lui avec la puissance d’un raz de marée et le fit chavirer. Fouillant du regard les débris du navire,
elle vit son ancien amour qui surnageait en essayant de regrouper les survivants de son équipage. Là, n’éprouvant
nulle pitié, elle poussa un cri de fureur et se jeta sur lui pour l’avaler. Cet acte accompli, le sortilège de la sirène cessa
et Mancile reprit sa forme humaine. Privée de raison de vivre et promise à la noyade, elle se laissa aller par le fond sans
lutter. Elle ne mourut pourtant pas complètement. Sa haine à l’encontre des hommes était si pure que ses longs cheveux
bruns s’en firent l’écrin et lui survécurent. Ils s’animèrent et se détachèrent de son corps pour remonter à la surface et
se multiplier. Depuis, les mancrines perpétuent la folle vengeance qui les a engendrées, traquant impitoyablement tous
ceux qui, à l’égal d’Amwan, cèdent aux charmes de la mer.
Mancrines
MV : 0 (le jour) / 10 (la nuit)
PdV : entre 40 et 140 (varie suivant la taille du banc).
Les mancrines sont invulnérables à tous les types de dégâts sauf ceux infligés par le feu, mais le froid les paralyse
(cela arrive lorsqu’elles sont exposées à une température inférieure à 5° C). En outre, elles sont insensibles aux
illusions et à l’Accord puisque dénuées d’esprit.
POT d’Acide : 22 (tant que les mancrines recouvrent une surface, ce POT ne diminue pas).
69
glisse à la surface des royaumes – née de l’Effroi ou de
la corruption, plus rarement de la mort d’un démon –
est immanquablement attirée par l’appel du Moloch-
an-Arion et de la mer de Ténèbre qui coulent dans les
entrailles de l’Harmonde. Quittant son corps ou son lieu
d’origine, une part de cette Ténèbre entame alors une
lente et invisible migration jusqu’aux rivages des océans,
pour se laisser couler sur les fonds et ramper au plus près
des Abysses, dans les abîmes sous-marins. C’est ici qu’elle
arrête sa course et qu’elle se tapit, mauvaise, en attendant
son horrible renaissance. Ces lugubres précipices où la
D’ombre et
lumière agonise dans une sombre clarté sont appelés les
noxymores.
La migration des ombres la plus belle femme du royaume ; plus rarement, c’est la
capture de démons de Vitrance qu’ils demandent. Sache
également qu’ils n’ont aucun respect pour les traditions
qui nous lient aux Abysses et qu’il te faudra compter
Oublie tout ce que tu connais sur les enfants du prisme, sur ta seule sagacité pour les convaincre de t’écouter. En
oublie les Abysses, leurs geôliers et leur tyran, les encres et revanche, si la connivence est apposée de leur marque, ils
les connivences, car les démons des fosses sont d’un tout seront indéfectiblement liés aux lois démoniaques, bien
autre genre. Contrairement aux superstitions populaires, que peu d’entre eux aient véritablement conscience du
les abîmes qui jalonnent le fond des océans s’ouvrent risque qu’ils prendraient à trahir leurs engagements.
rarement sur les royaumes de l’Ombre. Les démons qui y
rampent n’ont jamais connu le courroux des minotaures,
ni la dictature de la Bête et leur nature est plus obscure Ténèbres marines
encore que celle de leurs cousins abyssaux.
Les démons marins naissent sur les fonds des océans, Si les fils des abîmes sont si différents des démons
d’un phénomène indépendant de la volonté des conjurés, c’est que leur nature puise sa particularité
éternels : la migration des ombres. La Ténèbre qui dans un phénomène encore mal connu de nos jours :
70
sous l’action du soleil, le sel marin dissocie la Ténèbre
de l’empreinte que les humains lui apposèrent lors des
premières conjurations, alors que leur psyché transformait
la nature des premiers démons (cf. L’Art de la conjuration
Silith
p. 7). La Ténèbre ainsi « purifiée » donne naissance à
des créatures semblables aux démons primordiaux, ne Naissance
singeant pas l’humanité dans de grotesques tentatives. On
leur prêterait à ce titre une organisation de fourmilière La Ténèbre primordiale, répartie au fond des abîmes, n’a
où leur personnalité disparaîtrait sous leur tâche. Certains que rarement été capable de faire naître des créatures plus
conjurateurs émettent également l’hypothèse d’une puissantes que des démons de troisième cercle. Pourtant,
obscure conscience de groupe qui pousserait les démons les océans abritent aujourd’hui un Haut Diable aux
marins vers d’incompréhensibles objectifs, directement origines obsidiennes…
liés aux projets de l’Ombre. Orphelins, ils témoigneraient Les nains content que le cataclysme de la forêt d’Ébène
d’une sorte de culte à leur mère inconnue. N’ayant ouvrit un passage de l’Harmonde aux Abysses. Les
jamais vécu auprès d’elle, ils voueraient à l’Éternelle une légendes prétendent que les méandres du Moloch-an-
adoration visant à apaiser les tourments qui marquèrent Arion se mêlèrent un instant aux eaux destructrices du
la naissance de la Ténèbre, grâce à de lugubres hommages. golfe d’Ébène, avant que les éboulements ne rebouchent
à jamais cette faille. Une fois les flots apaisés, l’immense
masse de Ténèbre vint se blottir dans un abîme du golfe,
Sous le regard de la lune donnant naissance à une conscience plus vive que celles
des autres noxymores. Elle prit alors corps dans un unique
Les plus érudits pourront te raconter que dans obsidien et la funeste Silith s’éveilla à la vie.
l’isolement des fonds, la Ténèbre marine changea Sombre sirène, silhouette mantelée à la couronne
lentement : la lune et l’influence de ses cycles sur le épineuse, femme à la chevelure de mancrines et aux
monde sous-marin perturbaient sa nature. De ces jambes s’égaillant en tentacules meurtriers, Silith intrigue
changements naquirent les premières générations de par la diversité de ses traits. Sa puissance mit à genoux les
démons, qui s’éveillèrent à la pratique dégénérée d’un démons des océans et sema la mort sans relâche dans les
amour reporté sur l’Ombre. Les enfants des abîmes vivent rangs des ondins. Née de la Ténèbre abyssale, l’obsidien
avec la lune dont les cycles influencent leurs émotions. s’avéra insensible aux cycles lunaires. Silith jouissait d’une
En grandissant, celle-ci les pousse à combler leur solitude. totale autonomie et d’une liberté véritable : Janus n’avait
Les premières victimes furent les sirènes, ce qui valut pas encore énoncé sa sentence empêchant les démons de
aux démons marins la haine millénaire des ondins qui vivre en surface.
gardent, depuis, les noxymores. L’attirance de la Ténèbre
marine pour la lune est telle qu’elle entraîne une variation
du niveau des mers provoquant la montée progressive de L’oeil de Janus ?
la marée sur les côtes.
Éminence, Noxe devint l’Ombre bien avant la
C’est quand la lune paraît pleine dans le ciel que leurs
naissance de Janus. Les mythes rapportent qu’après
sentiments les submergent : les abîmes vomissent alors
sa transformation, l’Éternelle quitta la lune, palais
leurs légions, dont les combats contre les tarasques
céleste qui illuminait la nuit en hommage et souvenir
gardiennes font naître tempêtes et typhons. Ceux qui
de Diurne. Il est dit que Janus investit l’astre peu après
parviennent à tromper la vigilance des Excellences se
son abandon pour surveiller l’Harmonde et qu’il en fit
précipitent vers les rivages et emportent les couples
son « œil ».
venus s’enlacer au bord des vagues, pour les chérir dans
l’obscurité glaciale de leur antre. Olkalisien d’Ambrefeuille,
lutin de Préceptorale, rapporte à ce titre une légende La memoire de l’Ombre
janrénienne qui décrit les abîmes comme hérissés de Éminence, l’étrange comportement des démons
corps, que de longues chaînes retiendraient attachés à la marins s’explique par la pureté primordiale de la
noirceur des fonds, flottant en décomposition vers une Ténèbre qui les constitue. Ayant perdu l’empreinte
surface lointaine. C’est dans ces disparitions les nuits de des mortels, ces enfants de l’Ombre renouent avec les
pleine lune que cette légende et l’hypothèse d’un culte de émotions qui participèrent à la naissance de la Ténèbre.
l’Ombre ont vu le jour chez les plus érudits. D’instinct, ils se souviennent que l’astre lunaire fut le
À la lune descendante, les démons marins sont envahis symbole de la nuit et des rêves, le royaume de leur
par la mélancolie et regagnent les abîmes, en proie à une Mère. Devenue ténèbres et cauchemars, l’Ombre
incontrôlable langueur qui leur ouvre les yeux sur la garda dans les remous de son inconscient le souvenir
solitude de leur espèce. Les fonds deviennent alors plus de ses souffrances, qu’elle imprima à sa Ténèbre.
calmes en apparence. Et la marée redescend. Sous l’influence de la lune, ces démons éprouvent des
sentiments qu’ils ne peuvent appréhender, un amour
impossible et une solitude, une mélancolie née de la
« trahison » de Diurne et de sa disparition.
71
Vitrance de cette réaction, la lancèrent simplement aux trousses du
démon dissident.
Il ne nous appartient pas ici de conter pourquoi Vitrance Silith entreprit de traquer et de détruire le moindre
fut rejeté des Abysses, bien que l’on murmure que son démon de Vitrance, se jurant d’un jour brandir sa tête à
départ aurait un rapport avec la transformation de Noxe bout de bras. Elle finirait par posséder son maître de gré
en Ombre et qu’il fut le premier à trahir la nuit (cf. Les ou de force. Sa quête fit naître désastres et destructions,
Automnins p. 115). Alors que la bataille de la forêt d’Ébène attirant l’attention de Janus. C’est pourquoi d’une
faisait rage en surface, la mer de Ténèbre se préparait à sentence il fit d’elle le Haut Diable des Mers et proscrit les
mettre au monde Silith, que les marées obscures dédiaient démons marins et leur reine à la frontière des rivages. Il
à l’incarnation du désir exclusif et destructeur : Vitrance, lui incombait désormais de reprendre en charge tous ces
Haut Diable de la Possession. Les plus fous supposent que démons qu’elle avait soumis puis abandonnés, et de cesser
l’influence de la lutte pour la possession du Primarbre en son œuvre de destruction aveugle.
surface n’aurait pas été étrangère à la conception d’un Les démons marins éprouvent depuis une haine
obsidien de Vitrance dans les Abysses… Exerçant sur farouche envers les haruspices et leurs semblables. C’est
ses démons une emprise maladive, comparable à une pour ces raisons que les morganes marines ont trouvé
version déformée de l’amour, il fit probablement naître refuge sous les flots des océans, protégées de Vitrance par
un démon féminin pour flatter son ego sans limites. les sbires de Silith (cf. Les Automnins p. 117).
Bien qu’accidentellement née hors des Abysses, Silith L’Ombre pardonna à Silith la naïveté dont elle avait fait
n’échappait pas à la règle et rendue folle par la séparation, preuve en se laissant manipuler par son fils renégat et
elle quitta les mers pour se lancer en quête de son maître, le Haut Diable des Mers compte de nos jours parmi ses
alors que celui-ci espionnait l’Harmonde à travers ses préférés, car la pureté de la Ténèbre marine résonne en elle
yeux. La naissance imprévue de Silith en surface était une comme l’écho d’un lointain souvenir.
aubaine pour Vitrance.
C’est le Maître du Semblant qui montra à Silith
Conjuration et demons
les portes d’Albandisse assiégées par les ogres, car le marins
Vagabond savait que derrière son regard, le Haut Diable L’invocation des démons marins est impossible.
découvrirait l’existence des morganes et de Morkanelle Cependant, quelques conjurateurs prétendent qu’il
Douçamère. C’est alors que Vitrance comprit que par leur existerait un moyen de cercler une ombre sur l’eau sans
pouvoir de créer l’amour, si proche du sien, les morganes que les encres se diluent et d’appeler à soi les créatures
lui permettraient de fuir les Abysses où les gardiens le des abîmes. Personne à ce jour n’y est encore parvenu.
retenaient prisonnier et de rester à la surface à jamais. Les connivences qu’il est néanmoins possible de passer
Certains Inspirés prétendent que ce fut le Masque lui- avec eux sont le seul moyen de leur permettre de quitter
même, observant l’influence de la lune sur les démons l’environnement marin. Malheureusement, l’expérience
marins et leurs émotions, qui comprit que l’amour s’avère souvent décevante, car leur apparence est
maintenait les fils du prisme en surface. Il aurait révélé rarement compatible avec le milieu terrestre…
sa découverte à Vitrance lors d’une sombre entrevue dont Un autre problème est celui du « retour au bercail »
peu connaissent les motifs. À d’autres de prétendre que (cf. L’Art de la conjuration p. 81) qui s’applique
l’amour serait une création du Masque… également aux démons marins depuis la sentence de
Les plus anciens tomes de la Bibliothèque opaline Janus en -3000. Ce phénomène explique leurs sorties
rapportent que le Maître du Semblant vint trouver Silith uniquement nocturnes pour éviter les ombres solaires
et lui révéla où se trouvait celui qui la hantait. L’obsidien susceptibles de les rappeler aux Abysses à tout instant.
se rendit dans les Abysses mais ne sachant pas que les À noter que si un démon marin est détruit, c’est bien
démons de Vitrance étaient maintenant honnis par dans la mer de Ténèbres qu’il renaîtra, amnésique.
leurs pairs, elle manqua d’être détruite par les gardiens.
De nombreux minotaures trouvèrent la mort ce jour- Les marees noires
là et Vitrance en profita pour lancer ses haruspices, Ces phénomènes rares et étranges, assombrissant
écorcheurs, démembreurs, sanguins invisibles et autres les flots et piégeant la faune marine pour la détruire
chambellans funèbres à l’assaut de l’entrée empruntée ou la corrompre, trouveraient leur origine dans les
par Silith. Profitant de la confusion, il parvint à s’enfuir noxymores. Un navire pris dans une telle marée
avec quelques démons et se rendit en Albandisse, pour n’aurait que peu de chances de s’en sortir, car la
être envoûté par Morkanelle. Quant à Silith, elle fut faite masse ténébreuse corrode tout ce qui se trouve à son
prisonnière et paya pour la fuite de son maître. contact. À certains d’y voir l’œuvre des mancrines…
(cf. p. 68) Leurs origines sont aujourd’hui encore mal
connues : à ceux qui les considèrent comme l’œuvre
La Sentence des Rivages des abîmes s’opposent ceux qui y voient le fruit
d’une obscure pratique conjuratoire, visant à infecter
Le séjour prolongé de Silith sous la coupe des Hauts
un environnement par la Ténèbre. D’autres encore y
Diables modifia profondément sa raison et changea son
voient la signature du Cercle Écarlate…
manque en rancœur. Abandonnée par Vitrance, son esprit
vacilla et elle jura de se venger. Les Hauts Diables, satisfaits
72
Ebauche
pétrification dès qu’elle serait reine. Mais cette promesse
ne vaut pas plus que le vent, car Llayissya ne veut pas
que ses complices actuelles puissent la faire chanter une
fois que Sénéca aura été écartée du pouvoir. Elle a donc
falsifié des documents qui impliquent les anciennes
La Nef noire dans une sombre affaire politique, puis les a livrés, sous
couvert d’anonymat, à une matriarche du Conseil qui
en présentera bientôt le contenu devant ses pairs. Vos
Inspirés ont-ils intercepté ces papiers ? Connaissent-ils la
matriarche les ayant reçus ? Leur confiera-t-on l’enquête
sur Yesmedia ?
Pour affréter la Nef noire, les anciennes ont dû prendre
contact avec Silith (cf. p. 70), qui a accepté d’associer
Aenur et Malthus certains de ses démons aux plans de la tour noire en
73
échange d’informations sur le lieu de captivité de l’Âme L’ame des vagues
des vagues. Les Inspirés auront-ils vent de cette inhabituelle Il fut un temps où les vagues étaient des êtres portant
connivence ? Les anciennes leur demanderont-elles de le souffle des Muses sur l’infinie création marine. Lors
retrouver l’Âme des vagues, ou en entendront-ils parler de la Guerre des Éternels, le Masque emprisonna leur
ailleurs ? âme dans la Perle d’ébène. L’on conte que la destruction
de cette relique pourrait faire renaître les océans infinis
[…]Le prince des masquards s’avança alors sur la plage où (cf. p. 8). La Perle d’ébène est aujourd’hui perdue et
l’attendait la Nef. Avant d’embarquer, il se retourna pour personne, pas même le Masque, ne sait qu’elle repose
embrasser l’Harmonde d’un dernier regard. Arborant les deux au creux de la Nef charnelle. Le Vagabond l’y a
symboles de son pouvoir passé, le sceptre des Stellines et la malencontreusement laissée tomber lors de son voyage
Perle d’âme vague, il monta à bord et quitta ses enfants pour vers l’île de l’Automne (cf. Le Violon de l’automne),
toujours. et lui-même pense qu’elle a sombré dans les flots de la
Prose attribuée à Rekheim, -3000 ? mer Mancrine.
74
Les Chants de
l’Amer Blanchécrin
Algrefin Cornifleur, le
marin des Amertumes
donnent le pouvoir à un sang, un sexe ou une croyance.
La révolution, sa révolution, libérera les peuples qui
le porteront sur le trône de l’empire qu’il aura forgé.
Impossible ? Vous plaisantez ! Agone de Rochronde y a
réussi, alors pourquoi pas lui ?
Le chef d’orchestre…
Histoire Apparence
Le teint hâlé, Algrefin séduit par son parfum d’exotisme.
Algrefin est le bâtard rejeté de Morcène de Tourbières, Ses cheveux noirs bouclent, même pris dans un catogan,
chevalier urguemand. Après une rude jeunesse dans les et retombent parfois en torsades sur son visage aimable.
coulisses de Grondeaux, il partit vers l’Enclave boucanière Extravagant et raffiné, il martèle le sol de ses lourdes
où le Vagabond l’initia à sa philosophie. chausses, parle fort et appuie son propos d’amples gestes.
Devenu mystérieusement riche, il revint au pays et Algrefin est plaisant, et l’on ne peut qu’apprécier son
racheta la compagnie Stellione (cf. p. 22), laquelle devint franc-parler et le mélange de styles qui fait son unicité.
grâce à lui un empire financier prospère autant admiré
que jalousé. Note liminai re
Éminence, ce Drame se déroule sur plusieurs
Personnalité semaines, et fait intervenir maints domaines
appartenant à trois royaumes différents. Il propose à
Pour l’ignorant, Algrefin est un parfait convive. Beau et vos joueurs de s’investir dans la guerre des Tristes, et
avenant, délicat envers les femmes, diplomate et stratège. demande pour cela un travail de préparation important
Une mascarade… et adapté aux actions et plans des Inspirés. Plusieurs
Épier et découvrir l’inavouable sont ses principaux pistes sont proposées aux meneurs de jeu, ainsi qu’une
atouts. Il sait des secrets honteux sur chacun, et tient trame générale permettant de démasquer le félon à
l’honneur de plusieurs lignées entre ses mains. Nombreux l’origine de la guerre.
le voudraient mort – son père le premier –, mais nul n’ose En d’autres termes : la préparation de ce Drame va
s’opposer à ce machiavélique intrigant. vous demander autant de temps qu’il m’en a fallu pour
Les ambitions du félon sont démesurées. Il veut abolir le concevoir, mais estimez-vous heureux : vous, vous
ces privilèges qui vérolent les fils d’Armgarde et n’avez pas de rédac’chef sur le dos !
75
Premières notes d’une prévu d’accoster sur de vastes îles mouvantes, et les premiers
pillages offrirent à mes hommes de quoi vivre et bâtir Fort-
Dérive, fortin à l’armature carénée…
sombre partition… Il ne fallut pas longtemps pour que l’on parle des attaques
boucanières… Je revois encore le visage du baron de Frimaspre,
de passage en Odebrume, lorsqu’au cours d’un banquet on lui
apporta la lettre dans laquelle mes hommes réclamaient la
Il fallut plus d’une année à Algrefin pour préparer son souveraineté sur la mer des Tristes ! Quelle soirée !
Drame – on ne laisse rien au hasard lorsqu’on prépare La Loge le prit encore moins bien, d’autant que les
sa consécration ! Pourtant, des ombres planaient déjà sur Boucaniers s’acharnaient sur les côtes janréniennes – à dessein,
l’œuvre du félon… évidemment. Malgré les efforts de l’armada, Fort-Dérive ne fut
jamais découvert, et l’on parvint même à s’emparer de deux
La mesure boucanière galions. Leurs malheureux capitaines furent aimablement
reconduits vers Ranne, en plusieurs morceaux… Les femmes
Il est certains hommes dont on ne soupçonne les talents. Ces sont hystériques, mais la Hunette dément être liée à ces
Boucaniers sont comme moi, prêts à suivre un capitaine dans agressions… Vers quel ennemi se tourner ?
ses rêves de conquêtes… J’ai eu bien du mal à les faire entrer en Je vais bientôt leur servir Urguemand sur un plateau, et je ne
mer des Tristes. Leur ancien capitaine ? Son cadavre fut ravi de doute pas de ce qu’elles en feront…
me céder sa place ! La difficulté résidait en Marbrigues. Après
avoir leurré les passeurs de Lorum, l’écluse restait un problème Algrefin Cornifleur
de taille… Du moins le croyais-je, car il ne me fallut que
quelques jours pour faire des éclusiers mes serviles marionnettes
!
Cette nuit-là, quinze navires pénétrèrent en mer des Tristes,
près de deux ans avant la bataille de Marbrigues. J’avais déjà
76
Les premiers couplets de Les membres d’équipage, apprentis et cartographes ne sont,
eux, que des idiots sans la moindre idée du Drame dont ils sont
Stellione les premiers figurants…
Vilmère de Brilambre,
Grand maître de la Sixième croisade
La complainte morganine
Pourquoi m’ont-ils choisie, moi ? Je n’ai rien d’une dirigeante,
et porte un inavouable fardeau. Les ondins, par mon sacre, ont
signé l’arrêt de mort de la cour marine…
Je suis éprise d’un homme… comme beaucoup parmi nous,
peut-être, mais le mien ne peut m’offrir que des bouquets de roses
noires gorgées du sang de mes sœurs… Pourquoi, et comment,
Vitrance a-t-il pu s’emparer de moi ? Prisonnière de son cœur
de Ténèbre, je suis aujourd’hui contrainte de lui livrer les clefs
de Sinistrelle. Il ne peut y faire valoir sa loi tant qu’ondins et
démons abyssaux habiteront les eaux qui nous abritent, mais
la guerre des profondeurs dont il a eu l’idée saura abattre les
dernières murailles qui nous protègent de son courroux.
Quand je pense que c’est moi-même, sous sa domination, qui
ai donné l’ordre aux ondins d’attaquer les démons abyssaux…
Noyée dans mon chagrin, je n’ai plus qu’à attendre que mes
sœurs, ne se doutant pas encore de ma trahison, se fassent
arracher le cœur par d’infâmes haruspices… Je ne peux les
prévenir, ma voix se perd dans ma gorge, et pourtant je porte
l’horrible responsabilité du carnage à venir…
77
Les chroniqueurs s’accordent pour dire que la guerre
des Tristes a commencé avec la bataille de Marbrigues. En
ce jour de peine, les noires fumées de la guerre viennent
souiller les brumes immaculées de la mer des Tristes…
L’antienne aux remonté le Tanis pour en finir avec mes Boucaniers. L’écluse
de Marbrigues ne les laissera pourtant pas passer, les rouages
semblent endommagés et demandent d’urgentes réparations…
Bloqués entre les deux portes de l’œuvre flamboyante, les
navires libèrent alors leurs équipages pour une escale forcée…
78
78
froidement puis l’achevons. Ne reste plus qu’à déguiser ce Dans les ruines fumantes du cloître des Hardis, on
meurtre en légitime défense… peut découvrir le sabre d’officier du capitaine disparu,
La tension monte entre citoyens janréniens et liturges. et peut-être aussi plusieurs flacons fondus ayant pu
Stellione est prise d’assaut par l’équipage du Fils des mers, contenir du souffreau. Le mendiant du coin se souvient-
manifestement décidé à venger son capitaine. La rumeur d’un il du jeune officier janrénien ayant amené un lourd sac,
tueur noir envahit les esprits, on parle de la mort des Bleuets et qui est ressorti du bâtiment juste avant l’incendie, les
– sans rapport avec notre affaire, cette rumeur évoque la mains vides ? éminence, c’est cet officier corrompu qui a
disparition d’Estamine Clochêtre, un trafiquant lutin spécialisé assassiné son supérieur pour prendre le commandement
dans l’accueil de mages clandestins –, d’incendiaires déments, du navire et servir ainsi les plans de Stellione.
de complots liturges et de démons traqueurs… Les Janréniens Algrefin a tué le capitaine du Fils des mers dans son
accusent les Liturges, lesquels leur reprochent la venue de bureau, prétendument pris en flagrant délit de rapine. La
nombreuses troupes en mer des Tristes, « probablement pas là lutte aurait été difficile, et l’homme se serait brisé le cou
pour pêcher la truite » ! dans les escaliers. Aucune ouverture n’a cependant été
Lorsque à la veille de la première bataille, un troisième forcée, et le cadavre souffre de bien peu de contusions,
capitaine janrénien est retrouvé mort – empoisonné par malgré sa nuque effectivement rompue. Algrefin ne saurait
son second –, des rixes éclatent dans les rues, les citadins se être inquiété, contrairement à son apprenti Bonnaire (cf.
barricadent chez eux et les hommes de l’armada décident de profil Marionnettes d’Algrefin p. 91). S’il est soupçonné,
regagner leurs navires, seul endroit où ils se sentent à l’abri… celui-ci tentera de fuir, révélant éventuellement sa
Quelle erreur ! condition de marionnette dans un combat à mort contre
La nuit suivante, alors que « les réparations de l’écluse les Inspirés. Seront-ils inquiétés pour ce meurtre difficile
touchent à leur fin », comme le disent mes chers éclusiers, une à justifier ?
explosion engloutit deux navires de l’armada et en enflamme L’empoisonnement ne mène pas plus loin qu’une
un troisième. Une dizaine de Janréniens réchapperont du herboriste innocente. La bile de wyvern ayant été utilisée
brasier – mes hommes, évidemment… provient de la réserve personnelle d’Algrefin, et seule une
fouille minutieuse permettra de découvrir ce flacon caché
Comment cette explosion s’est-elle produite ? Qui en est
dans un coffre du félon.
l’auteur ? Les enquêteurs ne le sauront jamais. Alors que l’aube
Mille disputes peuvent prendre à parti les Inspirés dans
se lève sur une ville apeurée, les brumes dévoilent une véritable
ce climat propice à la guerre civile.
escadre boucanière prête à faire feu. En quelques minutes, les
L’explosion des galions permet aux marionnettes
quais sont en flammes, puis les toitures, puis les murs… Même
d’Algrefin de se débarrasser des derniers opposants à leur
l’eau semble vouloir brûler !
cause. Le félon a décidément bien œuvré…
Tandis que les Boucaniers accostent et que débute le pillage
Lorsque les Boucaniers (cf. p. 91) jaillissent des brumes,
de Marbrigues, les galions janréniens rescapés, nouvellement
il est trop tard. Rien ne peut plus arrêter la guerre. Les
acquis à ma cause, ouvrent le feu sur la ville. La garde est
galions seront-ils tombés aux mains des perfides, ou les
débordée, et les quartiers liturges eux-mêmes se retournent Inspirés ont-ils su démanteler les plans des marionnettes,
contre la Janrénie. au grand dam d’Algrefin ?
Marbrigues se couvre d’un linceul de fumée, et les malheureux Finalement, il faudra fuir la ville – peut-être à bord d’un
survivants fuient en masse, par la mer ou vers les terres… navire de Stellione, solution que propose Algrefin si les
Mon couronnement est proche ! Inspirés s’en sont fait un allié – ou être fait prisonnier –
par les Boucaniers, ou par les Liturges ?
Algrefin Cornifleur
NB : L’écluse n’a jamais été en panne, mais ce prétexte
Jouer la partition d’Algrefin permet aux éclusiers de retenir l’armada en ville. Il serait
Éminence, ce Drame se présente sous une forme évident de constater la supercherie, mais l’accès au bâtiment
atypique. La guerre est partout, et seule une vaste trame est extrêmement surveillé et strictement réservé aux éclusiers. Y
parsemée d’anecdotes vous est fournie. Qu’en feront pénétrer par effraction relève de l’absurde.
vos Inspirés ? Impossible de le dire. Chaque bataille
se prépare, se pense et s’organise. Toute stratégie
s’échafaude, tout plan se défend face à ses opposants.
Plusieurs camps tenteront de s’allouer les services des
Inspirés ou de les éliminer…
Comme dans tout conflit, de nombreux héros seront
portés par les foules. Vos Inspirés en seront, mais de
nombreux ternes également. Quelles actions seront
celles de vos joueurs ? Quels retentissements auront
leurs gestes sur le devenir des royaumes ? Eux seuls
détiennent la réponse…
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La Sixième croisade, du capitaine, rejoindre Fort-Dérive pour la suite des
opérations. Un Inspiré a-t-il surpris cette conversation ?
Pourquoi les Boucaniers n’attaquent-ils pas, alors
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moindre indice de son identité a eu valeur de preuve […]. Je ne peux rappeler les ondins, mais les remords m’ont fait
Au neuvième jour de la guerre, le vote a donc tranché, et attirer vers Sinistrelle de nouveaux alliés. Pris au piège des
l’invasion d’Urguemand se prépare. La Hunette se dit prête à charmes automnins, plusieurs vaillants guerriers nous ont
s’unir à nous, courroucée qu’un royaume ait entaché son nom rejointes, au détriment de la défense d’éonides, et j’ai lancé mes
de la sorte… Qui va défendre le septentrion, par lequel les gypaètes en quête de renforts.
Liturges s’infiltrent dans nos campagnes ? Les milices de Lorum Déjà, des rumeurs marines m’annoncent que la guerre des
et Jorline seront-elles à la hauteur ? profondeurs tourne au cauchemar. Les ondins ne seront pas de
Urguemand, réputé pour soutenir secrètement les taille face à certains démons. Comment donc de tels monstres
montagnards, va payer bien cher son immobilisme ont-ils pu échapper à la surveillance de l’olphide ? L’Excellence
diplomatique face aux femmes. La baronne de Frimaspre serait-elle morte ? Les ondins n’auraient pas dû négliger leur
elle-même, informatrice secrète pour la Loge, est certaine de mission et se prélasser dans nos bras…
la coalition entre Boucaniers, Urguemands et montagnards…
Si je n’ai pu infléchir la décision de mes pairs – et du roi – Colchique, dauphine de la cour marine
concernant la guerre, mon rôle au service de la paix m’a permis
d’imposer l’un de mes plus fidèles alliés à la tête des armées, le En éonides, plusieurs disparitions inquiètent la
général élavise. Celui-ci en découvrira-t-il suffisamment pour population. Le maître d’armes est parti, plusieurs miliciens
interrompre l’invasion d’Urguemand et changer le cours de la se sont enfuis…
guerre ? Les Inspirés suspecteront-ils ces quelques démons que
l’on a aperçus récemment – des serviteurs de Lescrine
Ambigalant d’éonides, Belqueste – et qui hantent la rade ? Ceux-ci ont, il y a
Journal d’une maire quelques jours, cambriolé un chantier naval pour
s’approprier les dernières pièces nécessaires à leur maître…
On entend, depuis des mois, parler de la menace Le cadavre découvert sur les lieux est un « incident de
boucanière. La Loge a-t-elle chargé les Inspirés d’enquêter parcours », les démons ne sont pas responsables des
sur ces mystérieux « souverains de la mer des Tristes » ? autres disparitions…
Ont-ils fait partie de leurs victimes et ont-ils dû en S’intéresseront-ils aux Dames de la mélancolie, lesquelles
témoigner devant les maires ? semblent vouloir les guider vers les ruines d’un fort que
Des Boucaniers seront-ils envoyés en Janrénie par la l’on dit maudit ? Seront-ils repérés par un gypaète de
Hunette pour en savoir davantage sur ces usurpateurs ? Colchique, et suivront-ils cet étrange oiseau sauvage qui
En Urguemand, mille questions se posent. Pourquoi les harcèle ?
la Janrénie attaquerait-elle ? Que nous reproche-t-on ? La venue des Inspirés en Sinistrelle contrariera-t-elle les
Mon nouveau voisin serait-il un espion janrénien ? Un plans de Vitrance ? Hourras démoniaques nous le dira.
meurtre ? Sûrement un coup des Janréniens infiltrés… La mer des Tristes est en guerre. Les Inspirés, à la faveur
« De toute façon, c’est la baronne qui nous a vendus ! » des courants d’Iréoles (cf. p. 19), entrevoient-ils déjà les
Peut-être bien, mais qu’y peuvent les Inspirés ? combats qui agitent les profondeurs ? Un navigateur
Dans le sud de la Janrénie, la vie n’est guère meilleure. habitué de ces eaux constatera-t-il les étranges tourbillons
Les milices recrutent, les Mercerins dressent leurs qui sévissent depuis peu ? Le navire sera-t-il pris dans
campements, les forgerons redoublent d’ardeur et déjà une étrange tempête, l’eau s’écartant brusquement pour
les fourches s’échangent contre masses et fléaux… Les laisser apparaître une horrible créature démoniaque aux
Inspirés feront-ils partie du flot meurtrier éventrant les proportions démesurées, harponnée par plusieurs ondins
frontières urguemandes, ou tenteront-ils de retenir le et dégoulinant d’un sang d’écume sombre ? Les massacres
bras armé de la Janrénie ? de démons provoqueront-ils une marée noire de Ténèbre ?
La faune locale en sera-t-elle à jamais corrompue ?
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de ces quelques bastions vont peut-être surgir ceux qui
changeront le cours des grandes batailles.
Molnièvre d’Oustrefange
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Depuis les rives du Tanis, on peut venir en aide aux On peut participer de bien des manières à l’effort de
Liturges ou aux Janréniens, selon ses convictions. L’armada guerre. Bras armés ou discrets messagers, stratèges ou
sera-t-elle arrêtée, ses galions échoués encombrant le espions, quels rôles les Inspirés endosseront-ils ?
lit du fleuve ? Les archers liturges seront-ils massacrés ? Tuer les vicaires pourrait déstructurer la Province
Une infiltration au cœur des troupes croisées sera-t-elle liturgique d’outremer. Chacun gère un camp fortifié,
envisagée ? le plus souvent bâti à la hâte autour de structures
Molnièvre d’Oustrefange (cf. p. 92) est l’un des piliers villageoises préexistantes. Chaque attentat est un véritable
de l’avant-garde liturge. On peut l’apprendre d’une défi dont il faut résoudre les différents problèmes : gardes,
conversation épiée ou de tout prisonnier de guerre murailles, lieu de vie du vicaire, moyens de l’approcher,
coopératif. Le vicaire minotaure commande ses hommes évasion après le meurtre…
depuis la tour de Salicornes, un beffroi en ruine. Entouré Le destin de Sarenge dépend également des Inspirés.
de trois de ses pairs, il répand par divers moyens – pigeons Des troupes janréniennes (cf. p. 91) venues du Tanis se
voyageurs, coursiers, jornistes, élémentalistes nains – ses sont réfugiées dans ce petit village fortifié, massacrant les
ordres le long du fleuve. Toute la défense du Tanis Liturges sur les lieux. Le lendemain, vingt-sixième jour,
s’organise en Salicornes… une offensive de miliciens de Jorline leur vient en aide
Assassiner Molnièvre n’est pas chose facile. Le beffroi – provoquant la « Traînée de Saint Sang » – mais leur
est bien défendu, et l’on n’abat pas quatre minotaures retraite est coupée par les croisés. Sans aide extérieure,
comme cela… La confrontation directe sera-t-elle un Sarenge va disparaître de la carte après un court siège, et
succès ? Sera-t-il préférable de jeter le discrédit sur les des centaines de valeureux Janréniens (cf. p. 91) mourront
minotaures – qui restent des démons dans l’esprit de lors de l’assaut final. Les Inspirés se rendront-ils à Sarenge
nombreux gueux – en interceptant leurs messages ou en pour une charge épique ou un sauvetage en douceur ?
répandant de fausses rumeurs ? L’atteindront-ils à temps ?
La chute de Molnièvre porterait un coup fatal à la Il faut également fédérer les villages. Les Inspirés seront-
hiérarchie liturge locale, désorganisant les troupes et ils engagés dans ce processus de résistance, allant de
accélérant l’incursion des galions sur le fleuve. Marbrigues hameau en hameau pour organiser l’effort de guerre ?
en serait reconnaissante… Peut-être seront-ils à l’origine du réveil des chênais, dont
les armes végétales peuvent être très utiles, comme on
janrénienne
Liturges, se réveille un matin encerclée par une forêt
d’aubépine. Ceux qui approchent la ville ne peuvent
qu’entendre d’horribles cris de souffrance, tandis que les
fines fleurs immaculées se teintent lentement de carmin…
On retrouvera bientôt les Liturges de Cottiges, empalés
Les croisés ont pris possession de bien des domaines janréniens, sur d’énormes épines, saignés à blanc… Une anecdote
et brûlé leurs maires. Le front s’est lentement stabilisé, les bien intrigante qui attire la curiosité des résistants… Cette
Liturges manquant de renforts et nos miliciens affluant vers la aubépine, domestiquée, serait bien plus efficace que leurs
région, depuis Jorline notamment. barricades de fortune !
Au vingt-troisième jour, les premières troupes amenées par
les navires blancs atteignent le front septentrional. Croisés
Le vivat d’éonides
et miliciens tiennent la nouvelle frontière tandis que les
vicaires remodèlent l’arrière-pays. Au vingt-cinquième jour est
annoncée la naissance de la Province liturgique d’outremer…
Le lendemain, la « Traînée de Saint Sang » oppose nos troupes
et nos résistants à l’envahisseur liturge. Un demi-millier de
dévots périront […]. Neuvième jour de guerre : les navires boucaniers ont pris
S’étendant vers le modéhan, le front septentrional finit par d’assaut le port. Un épais brouillard a envahi le champ de
arriver en vue d’éonides, le trente-sixième jour de la guerre. bataille quelques minutes après les premiers assauts, et les
Ma cité est puissante et le front extrêmement vaste, aussi les navires ont disparu dans la brume. Un vaisseau boucanier a
croisés sont-ils en nombre insuffisant pour tenter une attaque. heurté Sinistrelle et s’est échoué ce jour-là. Les hurlements des
[…] La Janrénie tout entière se dresse maintenant contre malheureux ont résonné tard dans la nuit – on parle de spectres
l’envahisseur. Des villages tombent, d’autres sont libérés. De ayant dévoré l’âme des Boucaniers pris au piège de Sinistrelle.
vaillants meneurs d’hommes fédèrent les villages et préparent Dixième jour : un autre assaut a été lancé. Une partie du
embuscades et coups montés. Il paraît même que les lutins chantier naval a été détruite, mais les galions d’éonides ont
de Cottiges auraient servi la Loge, d’une façon tout à fait fait des ravages parmi les lignes boucanières. Le soir venu,
surprenante… faute d’avoir pu accoster, les Boucaniers battent de nouveau
en retraite. Les quais sont en flammes et plusieurs épaves
Ambigalant d’éonides encombrent le port.
Onzième jour : Éonides s’inquiète des disparitions d’hommes
83
d’armes, ses défenses sont affaiblies. Belqueste d’utiliser son engin contre les carènes des
Quinzième jour : des Boucaniers ont accosté Sinistrelle navires ennemis…
dans l’intention d’y établir une tête de pont. Les brumes se
sont levées une fois encore, ne s’effilochant que pour laisser un
navire s’abattre, dirigé par un équipage mort, sur les quais de
la ville… Un vaisseau est cependant toujours ancré à proximité
du vestige…
Vingt-sixième jour : les navires blancs sont en vue d’éonides.
Le triolet urguemand
La ville résiste vaillamment.
Mon amour,
Trentième jour : après s’être vaillamment défendue, notre
cité menace de tomber. L’approche des troupes à pied, par le
Comme toujours tu es loin de ton domaine lorsqu’il a besoin
septentrion, ne va pas arranger nos affaires…
de toi… Cela fait trente jours que la guerre des Tristes a
débuté, et Frimaspre est au plus mal.
Lescrine Belqueste,
Dès le douzième jour, des Boucaniers ont débarqué en
Journal
Odebrume-la-basse. Stoppés dans leur ascension par nos
archers, ils ont fini par battre en retraite le seizième jour, tout
Outre les étranges disparitions, qui les mèneront tôt ou
en maintenant un blocus sur le port.
tard vers Sinistrelle – de même que le navire ancré près du
Les milices janréniennes, le dix-huitième jour, ont profité de
Vestige à partir du quinzième jour –, les Inspirés auront à
charge de repousser les assauts boucaniers, puis liturges. notre épuisement pour envahir le levant de la baronnie. Ils ont
Sans une prompte aide extérieure et maritime, la ville atteint Odebrume le lendemain.
devrait tomber le trente-deuxième jour. Des émissaires Leur général, un certain Élavise, a demandé par
rejoindront-ils Ranne ? Une trêve avec Urguemand sera-t- l’intermédiaire d’un héraut la reddition sans condition de la
elle envisagée ? Les Inspirés décideront-ils – suprême ironie baronnie, afin que soit prouvée la culpabilité urguemande
– de partir vers Grondeaux quérir l’aide d’Algrefin ? dans les pillages côtiers de ces derniers mois. Devant notre
Peut-être découvriront-ils une arme imparable cachée refus, la bataille d’Odebrume a été déclarée.
en éonides même ? La piste des démons aperçus en En cinq jours, la Janrénie a envahi plus de la moitié de la
ville peut y conduire, ainsi que les dires de certains ville et renforcé ses positions, mais a été bloquée par le fleuve
armateurs. Plusieurs entrepôts du chantier naval ont qui ne peut être traversé que par le pont de Cent-empans.
été cambriolés, des arceaux de fer ont disparu, et même Les derniers Urguemands libres, à l’abri des tourelles et des
des seaux entiers de rivets… On parle à mots couverts herses, protègent le Cor et le ponant de la ville… Infiltrations,
de Boucaniers infiltrés – ou peut-être d’Urguemands ? prises d’otages, incendies et siège ne feront pas fléchir notre
L’enquête conduit pourtant naturellement sur la piste baron, à l’abri des monts Ocrelune et peu soucieux du sort de
d’un démon – plusieurs témoins l’ont vu… Mais qui cette Odebrume qui lui fait de l’ombre. Nous enverra-t-il ses
est donc le conjurateur ? L’orfèvre est persuadé que son troupes une fois Mélancoles en cendres ?
concurrent est un sorcier, un bourgeois dénonce l’amant Vingt-neuvième jour… Les navires blancs sont arrivés en
de sa femme… renfort. Odebrume est prise à revers, et s’effondre. Le front met
C’est finalement un certain Lescrine Belqueste (cf. p. 21) désormais face à face trois puissances : au ponant les croisés, au
qui devrait attirer l’attention. Nul ne côtoie l’homme, levant les Janréniens et au centre, sur un territoire se limitant
mais on connaît le hangar où il réside et les hommes au pont et au Cor, le pouvoir urguemand.
qui travaillent pour lui. Ceux-ci idolâtrent leur maître Nous sommes assiégés de tous côtés, mais résistons
– constatera-t-on la forte présence de diablotins autour vaillamment. Et puis, Liturges et Janréniens se disputent déjà
d’eux ? les quartiers de la ville, alors peut-être s’entretueront-ils avant
Le seul moyen de rencontrer Belqueste est de pénétrer que nous n’ayons le temps de préparer l’insurrection ?
son hangar, lequel révèle alors, dans la pénombre, la J’espère que tu me reviendras bientôt, ton appui nous serait
fameuse arme imparable : le Nautile… Reste à convaincre d’un grand secours,
Le Nauti le
Ta Mandilemme
Création de Belphégor, le Nautile est une horrible
machinerie démoniaque. Son corps est celui de Celui- Lettre de Mandilemme des Mélancoles
qui-fend-l’eau, un démon marin aux nombreuses à Ochrace d’Hastepasse
nageoires particulièrement tranchantes. Ses yeux ont
été arrachés et remplacés par deux globes d’acier, de Est-il réellement besoin d’en dire plus ?
bois et de verre qui servent d’habitacle. On y trouve des Les Inspirés tenteront-ils de soutenir l’un ou l’autre des
manettes fichées dans le crâne du démon, permettant de camps ? Parviendront-ils à renverser le cours de la guerre
manœuvrer l’engin, et un hublot donnant sur l’avant. en Odebrume ? Feront-ils partie des émissaires envoyés
Le Nautile reste très archaïque, la réserve d’oxygène de par le royaume pour obtenir l’aide des barons ?
constituée par les globes étant très faible et ceux-ci Les envahisseurs seront-ils repoussés avant que le
ayant rapidement tendance à prendre l’eau… siège ne s’installe ?
84
Hourras démoniaques Nature : Vestige
Richesse : 8
Sinistrelle
85
La symphonie de l’étrange splendeur. Le rêve prend aussitôt fin.
Les Inspirés sont réveillés par une vibration… Toute la
structure corallienne s’ébranle de la mélodie du rêve,
86
C’en est fini des grandes batailles. Plusieurs combats
sont encore à venir, mais la guerre s’essouffle. Il est
maintenant temps pour elle de mourir sans heurt,
lentement, comme la houle regagne la mer après s’être
abattue sur les côtes…
La Sixième croisade,
Acte Troisième : Psalmodia ultima
Le Requiem des Enfin je vais rencontrer ce chien d’Algrefin. Pour qui se prend
cet indigent manœuvrant à sa guise les troupes de la Sainte
croix ? Il a peut-être berné un primat et permis la Sixième
croisade, mais nous voyons clair dans son jeu… Il n’affaiblira
Vilmère de Brilambre,
Grand maître de la Sixième croisade,
À la caravane noire.
87
NB : Sans l’aide des Inspirés, Vilmère de Brilambre sera
Le Masque ne veut pas d’une guerre dispersant un probablement tué par Algrefin. Le félon restera en Fort-Dérive
royaume né pour lutter contre l’Ombre. Algrefin, en pour fédérer ses troupes et ne pas perdre cette pièce maîtresse,
impliquant la Province liturgique dans le conflit, a déçu à moins que les Inspirés ne le forcent à fuir. Mais peut-être
le Semblant, et Vilmère de Brilambre va le lui faire savoir. ceux-ci n’ont-ils pas encore compris la culpabilité d’un
Cette rencontre peut avoir lieu à tout moment, selon les Algrefin enjôleur et bonimenteur, qui leur affirmera s’être
besoins du Drame. retrouvé en Fort-Dérive « par un malheureux hasard », et
Au petit matin, quatre navires blancs accostent sur leur demandera de fuir « pour leur propre sécurité » – clin
l’île des Cordages. Plusieurs émissaires sont accueillis d’œil complice.
solennellement par les forbans et conduits vers l’île des
Retraites. Algrefin débarque quelques heures plus tard
et rejoint les Liturges dans le fortin. Après quelques
minutes, les combats éclatent tandis que les navires à
quai se mettent à brûler – ce feu est un signal, et bientôt
de nouvelles épinglettes abordent Fort-Dérive. S’ils étaient
Rondeau en Marbrigues
prisonniers, les Inspirés se retrouvent libres.
Participeront-ils aux combats ? Se rallieront-ils aux Molnièvre assassiné, voilà que nous perdons Marbrigues ! Le
Liturges, aux Boucaniers ou mettront-ils le camp à feu sort s’acharne-t-il contre nous ? Les eaux maudites de la mer
et à sang ? Profiteront-ils de la confusion pour fouiller le des Tristes nous ont-elles une fois de plus montré la malice qui
camp et trouver de précieuses preuves – ordres manuscrits sommeille en elles ?
d’Algrefin dévoilant une partie de ses plans, journaux de Un incident est survenu près de l’écluse, et son fonctionnement
bord boucaniers…– à remettre aux royaumes ? Fuiront-ils est depuis compromis. Ajoutez à cela la venue de galions de
tout simplement dès que possible ? Fort-Dérive sera- l’armada – la bataille de la Maremme n’ayant pas survécu
t-il entièrement détruit ou simplement secoué par cet à d’Oustrefange – et vous comprendrez la raison principale
événement ? de notre échec. Sans l’écluse ni Marbrigues, nous n’avons pu
conduire de nouveaux renforts sur les fronts principaux, et nos
À l’issue de cette bataille, le pacte entre Boucaniers et valeureux croisés ont fini par céder…
Liturges est évidemment rompu…
Vilmère de Brilambre,
Grand maître de la Sixième croisade,
Rapport au Premier Liturge
Fort-Derive
Le sabotage de l’écluse de Marbrigues peut seul arrêter
Fort-Dérive est le repaire secret des Boucaniers.
la venue de nouveaux navires blancs en mer des Tristes.
Bâti sur trois îles mouvantes solidarisées par ponts
La guerre ne cessera pas tant que Marbrigues sera sous
et cordages, il abrite navires d’assaut et familles de
autorité liturge.
flibustiers, dans un bric-à-brac de bois et de toiles
Marbrigues est, depuis le deuxième jour de la guerre,
formant huttes et murailles.
contrôlée par les vicaires. Certaines maisons fument
encore – auxquelles on peut ajouter quelques bûchers
L’île des Gamelles –, mais la vie a repris son cours sous l’œil délateur des
Ce vaste lopin de tourbe est le lieu de vie commune. dévots.
On y entrepose les vivres, prépare la pitance, loge les Pénétrer dans cette ville occupée demande une solide
familles et fait la fête. Tout est organisé autour d’un couverture – tabards et armures liturges assortis de
feu qui brûle sous surveillance permanente, tentes et l’accent adéquat, au moins ! La population ne sera
cahutes s’approchant timidement de ce dangereux mais pas toujours coopérative envers les intrus, par peur
chaleureux voisin. des vicaires. Un orateur talentueux pourra-t-il lever le
peuple contre l’oppresseur ? Sera-t-il mis à mort en place
L’île des Retraites publique pour tentative d’insurrection et hérésie ?
Le fortin est le siège politique de la colonie Tenter l’incursion armée semble difficile. Les Inspirés
boucanière. On y prend les décisions et on y partage les trouveront-ils une flotte assez vaillante et puissante pour
butins. Toute la vie de Fort-Dérive est régie dans cette atteindre Marbrigues ? Reconquerront-ils la campagne
place fortifiée aux remparts carénés. janrénienne jusqu’à finalement atteindre le Tanis ?
Attendront-ils l’arrivée des galions de l’armada, lesquels
L’île des Cordages raseront la ville s’il le faut, pour tenter d’atteindre l’écluse
Ce petit tertre n’est que pieux d’amarrage. Les filins à la faveur de cette diversion ?
et cordages s’entrecroisent sans jamais s’emmêler, et Comment saboter l’écluse ? Les engrenages sont
plusieurs hommes se relaient pour surveiller ce quai renforcés par d’anciens sorts de Cyse, mais il est possible
de fortune où la moindre erreur d’attache peut coûter de les souder – les Inspirés en sont-ils capables ? Un lutin
plusieurs navires. pourra-t-il faire croître une plante géante dans les
88
rouages pour les bloquer ? De façon plus brutale, on peut débat par les Inspirés seront bienvenus, et pourraient
choisir de refermer l’écluse sur un navire engouffré dans profiter aux partisans de l’alliance.
le passage, broyant ainsi sa carène mais endommageant Les Mandiliens suivent les idées de Mandilemme des
les portes par la même occasion… Mélancoles (cf. p. 20), qui prône l’union avec la Loge
contre les Liturges, tandis que les Ocressiens, animés
brume
Frimaspre dans cette affaire pourrait bien lui coûter le
pouvoir, quelle que soit l’issue de la guerre.
En ville, la situation est sensiblement la même. « Les
bottines », fondées par Oratio (cf. p. 92), répandraient
l’information avec discrétion – et un satyre discret
Les Urguemands sont assiégés… Enfin disons que d’autres masque ses bruits de pas caprins en portant des bottines…
sont sur leurs sièges ! Seul le Cor résiste, ainsi qu’un groupuscule Ce groupuscule organise et coordonne la révolte, dans
nommé « les bottines ». À leur tête, un troubadour du nom laquelle s’opposent Mandiliens et Ocressiens.
d’Oratio, distrayant peuple et occupants dans les tavernes de la Les deux nobles se cachent parmi la population et
ville. Ses poèmes sont emplis de bon sens mais également, pour tentent de rallier les suffrages. Oratio et Tormentine,
qui sait les entendre, de secrets qui lui viennent d’une fée noire tous deux Mandiliens, pourraient bien avoir raison des
proche du pouvoir, Tormentine. Il paraît que Mandilemme des Ocressiens. Complots, intérêts politiques, escarmouches
Mélancoles n’est pas morte et nous soutient ; on dit qu’Encyste nocturnes, messages codés… Comment réagiront les
d’Ocressienne est dans la place… Certes non, pas dans le Cor, Inspirés ? Qui choisiront-ils de soutenir ? Seront-ils les
mais parmi nous… ses troupes nous viendront en aide contre instigateurs d’un troisième mouvement ?
les Liturges, et l’on dit que le noble en profiterait pour renverser Si une alliance est envisagée – sans quoi la baronnie
le Baron de Frimaspre, par trop désintéressé de notre sort… Les deviendra janrénienne à la fin de la guerre, un conflit
Janréniens ? On murmure qu’une alliance est encore possible… direct n’ayant aucune chance d’aboutir –, les Inspirés
pourront se proposer comme émissaires. Mandilemme
Oratio, satyre troubadour, sera évidemment de la partie, et tous rejoindront dans
Prose pour les héros de la guerre le plus grand secret le campement janrénien – Oratio en
profitera pour chanter dans toutes les tavernes la Victoire
Résister, pour les Urguemands, est un mode de vie. Le de la mordorée sur le loup…
peuple d’Odebrume a plié, mais ne s’est pas résigné. S’ils Le général élavise (cf. p. 20) accepte de recevoir la
étaient en ville avant l’assaut, les Inspirés sont désormais délégation. L’homme – la morgane – est fort courtois
assiégés ou soumis… et s’enquiert des motifs pouvant sceller une alliance
Des Inspirés reclus dans le Cor doivent trouver un mutuellement profitable entre Urguemand et Janrénie.
moyen de lever le siège. Peut-être œuvrent-ils aux côtés de Une bonne connaissance du conflit et la découverte de
Tormentine, fée noire archiviste – et Inspirée – profitant tout ou partie des plans d’Algrefin pourra dévoiler la
de la nuit pour quitter le manoir et voleter en ville, servant supercherie, et élavise satisfait approuvera alors l’alliance
de messagère à la résistance. Au sein du manoir, plusieurs – attention toutefois, car certaines clauses de l’alliance
conseillers s’opposent sur la conduite à tenir. Faut-il ou concernent l’autorité future de Frimaspre et les relations
non tenter de s’allier à la Janrénie, qui selon certains a à venir entre celle-ci et la Loge.
été abusée et combat sans conviction ? De cette décision Plusieurs hommes partiront sur l’heure en avertir la
dépend l’avenir de la baronnie. Les éléments versés au Loge – qui sera fort surprise d’apprendre la vérité sur
l’affaire boucanière.
L’ecluse Face à l’union entre Urguemands et Janréniens, les
Nature : Vestige Liturges finiront par reprendre le large…
Richesse : 6
Émotion primaire : ordre
Émotions secondaires : rigueur, appréhension
Description : un bâti de marbre bleuté aux jointures
invisibles sertit quatre portes d’un bois aussi dur que
l’acier. Les structures sont creusées de tunnels et
autres chambres permettant d’atteindre les complexes
engrenages, commandés depuis les vigies de cristal et
de marbre surplombant chaque porte.
Pouvoir : Tout visiteur bénéficie d’un bonus de
+5 en Cyse, horlogerie et architecture. De plus, le
fonctionnement de l’écluse paraît instinctif, inné.
89
Le requiem des héros du Léviathan (cf. p. 22), qui les emporta vers les
profondeurs de la mer des Tristes. Des tempêtes magiques
faillirent les briser tous, mais ils furent finalement
vomis dans un monde étrange, curieux reflet tordu de
l’Harmonde. Algrefin y fut enfin vaincu, mais les héros
La fin est proche, je le sens… Père, pourquoi m’as-tu trahi ? restèrent prisonniers à jamais de ce pays qu’on dit caché
Mon empire aurait servi ton nom, et la grisaille aurait repris derrière les miroirs… En reviendront-ils un jour ?
place dans le cœur de tes fils. Les Liturges m’ont trahi, les
Janréniens ont cessé de croire à mes histoires, et Urguemand n’a
finalement été qu’effleuré par mon coup de poignard… Même
les Boucaniers doutent de moi, à présent. Un diable marin
a déchaîné des tempêtes et fait jaillir des bêtes démoniaques
se livrant une guerre acharnée, balayant sur leur route mes
Dénouement
navires, et une bande d’illuminés a fait front en tous lieux,
avec succès ! Quelques hommes ont su retenir mes armées ! C’en est fini de la guerre des Tristes. Algrefin Cornifleur
Mes affaires ont été emportées, et Stellione meurt ce soir. est mort avec ses ambitions, et son nom restera dans
J’abandonne mon bureau et me retire en Fort-Dérive. Là où l’histoire comme le dernier impérialiste armgarite connu.
tout a commencé, là où tout finira… Combien de temps a-t-elle duré, cette guerre ? Plusieurs
mois, avant que les derniers conflits ne laissent la place
Algrefin Cornifleur, aux bâtisseurs, enfin…
Journal, dernière page
90
Ainsi s’achève une nouvelle guerre crépusculaire… Des
braves sont morts, d’autres sont devenus des héros dont
les lignées mêleront leur sang à l’histoire de l’Harmonde.
Les hommes pleurent leurs seigneurs, d’autres enterrent
Intrigues :
Comprendre ce qui se trame en Marbrigues avant la guerre 3-5
Démasquer les faux éclipsistes des navires de Stellione 1
Comprendre la connivence entre Liturges et Boucaniers 2-5
Comprendre le quiproquo entre Janrénie et Urguemand 3-5
Réaliser l’existence de la guerre des profondeurs 1-3
Comprendre le mystère des disparus d’éonides 2-3
Discréditer Molnièvre sans combattre 3
Exploiter la magie lutine pour défendre la Janrénie 3
Découvrir le Nautile et l’utiliser pour détruire les navires ennemis 2
Comprendre la trahison de Colchique 2
Percer les mystères de Chorallienne et réveiller l’olphide 3-5
Comprendre la lutte masquarde à l’origine de la bataille de Fort-Dérive 3-4
Parvenir à saboter l’écluse de Marbrigues 4-5
Parvenir à allier Janrénie et Urguemand 5-10
Comprendre les plans d’Algrefin 5-10
Comprendre la nature d’Algrefin 3-5
Épopées :
Participer à une bataille (en tant que fantassin) 1
Remporter une bataille (en tant que général) 2-3
Reconquérir la campagne janrénienne 3-5
Tuer Molnièvre 2
Secourir Sarenge 2-4
Protéger les morganes de la menace des haruspices 2
Lutter contre les démons abyssaux et atteindre Chorallienne 2
Détruire Fort-Dérive 3-5
Libérer Odebrume 3-5
Libérer Marbrigues 3-5
Tuer une marionnette d’Algrefin 2
Tuer Algrefin Cornifleur 4-6
91
héritage de cette guerre. Des chorales se lèvent pour est des lieux et des êtres qui resteront d’horribles vestiges
acclamer les vainqueurs, des opéras mettent en scène les de la guerre des Tristes. Doit-on parler de ces nouveaux
batailles, et les rayonnages de bibliothèques s’alourdissent oiseaux ténébreux, enfants des marées démoniaques
des trois tomes des Chroniques d’une guerre crépusculaire : remontées des profondeurs ? Ou peut-être de la crique
la Guerre des Tristes. Il faudra longtemps pour que s’effrite saline, ou chaque jour viennent s’entasser des dizaines
le souvenir tenace de ces heures sombres… d’Esprits de sel (cf. p. 18) vomis par les vagues ? Nos
La terre est rouge, l’écume est noire. Les hommes un enfants oublieront-ils un jour pourquoi le lac d’Escarmine
jour oublieront, mais l’Harmonde n’effacera jamais les a des eaux teintées de sang ?
stigmates de la guerre. Comme le Noirbosque de Grisaie Les Inspirés sont venus et ont vaincu…
témoignera éternellement des guerres de Rochronde, il Doivent-ils s’en réjouir ? L’Harmonde est chaque jour
Figurants
Croisés Troupes Morts Marionnettes
Boucaniers Haruspices
liturges janréniennes d’Algrefin d’Algrefin
Épreuves 16 16 16 13 12 15
Maraude 5 14 7 - - 15
Société 12 10 14 - - 9
Savoir 14 12 13 - - 10
17, griffes 14,
Initiative 8, épée 9 16, sabre 17 13, épée 14 10, poings 6 15, épée 16
crocs 12
griffes 14,
Attaque épée 17 sabre 17 épée 17 poings 13 épée 16
crocs 15
Parade épée 17 sabre 17 épée 17 - - épée 16
Esquive 8 16 13 13 12 15
griffes +1,
Dom+BD épée +5 (P/T) sabre +4 (P/T) épée +5 (P/T) poings -6 épée +4 (P/T)
crocs +2
Protection 11 - 5 Opacité 5 - -
PdV 45 48 42 Densité 35 30 50
épée, cotte
épée, cuir et
Notes de mailles sabre Griffes, crocs - épée
métal partielle
partielle
Croisés liturges
Les chevaliers de la Sixième croisade sont des hommes de tous horizons unis sous la bannière de la foi. De
type généralement liturge, ces grands bruns contemplent d’un air austère, appuyés sur la garde de leurs épées, les
conquêtes à venir.
Boucaniers
Les Boucaniers sont des hommes couturés au teint sombre et aux forts relents exotiques, couverts de vêtements
rapiécés de toutes origines sous lesquels on devine un corps musculeux et tatoué.
Troupes janréniennes
Ces hommes, simples conscrits ou mercenaires pour la plupart, portent des uniformes janréniens de simple facture,
mais qui donnent à leurs rangs une allure indéniable.
Les haruspices
Sbires de Vitrance, ces démons limiers sont d’horribles parodies humaines aux attributs prédateurs (cf. Les
automnins p. 137)
Morts d’Algrefin
Algrefin se plait à réanimer ses ennemis. Ces carcasses vides le secondent dans les tâches les plus besogneuses,
vêtues de lambeaux et bleuies par la mort. Le félon affectionne particulièrement les cadavres de noyés, leurs chairs
violacées se gorgeant d’eau de mer jusqu’à leur donner l’apparence de Gros abymois...
Marionnettes d’Algrefin
Comment les décrire, eux qui sont omniprésents autour de la mer des Tristes ? Ils peuvent être éclusiers,
miliciens, capitaines ou simples paysans, et rien ne les différencie de leurs pairs.
92
plus marqué par le Drame. Les hommes, ternes, ne esprits des puissants. Deux royaumes innocents ont failli
peuvent rien contre les sbires de l’Ennemi. Les royaumes s’entre-tuer pour de simples malentendus. La cause des
sont saufs, mais est-ce le mieux ? Algrefin, malgré sa Inspirés est-elle la bonne ou simplement un leurre ? Le
mégalomanie, avait-il totalement tort ? Un Harmonde Conseil des Décans est-il un protecteur d’idéaux ou un
crépusculaire mais meilleur est-il envisageable ? simple réfractaire au changement ?
L’Ennemi est-il toujours celui qu’on croit ? Les morganes Dans l’esprit des Inspirés, une seule chose reste sûre :
ont servi les royaumes. Lescrine le ténébreux a été d’un une nouvelle guerre crépusculaire, c’est un nouveau pas
grand secours. Celui que nul ne soupçonnait préparait vers la Nuit éternelle…
savamment son complot, vérolant les institutions et les
Acteurs
Molnièvre Vilmère de
Colchique Oratio Général Élavise
d’Oustrefange Brilambre
Épreuves 18 13 14 12 16
Maraude 4 15 8 12 12
Société 15 16 16 16 12
Savoir 16 2 16 14 14
Occulte - 14 10 - 12
12, hache 13, 12, poings 8,
Initiative 13, aiguillon 11 10, épée 11 13, rapière 15
cornes 11 sabots 12
hache 18, cornes poings 13, sabots
Attaque aiguillon 15 épée 15 rapière 18
19 11
Parade hache 17 aiguillon 12 épée 15 - rapière 17
Esquive 12 13 11 12 15
hache +20 (T), poings -3,
Dom+BD aiguillon 0 (P) épée +4 (P/T) +3 (P/T)
cornes +15 sabots+4
Protection 9 - 7 - 3
PdV 82 44 50 45 48
POT Antélumie POT Antélumie
Magie - - -
19 12
hache double, épée, armure
rapière, veste de
Notes armure d’écailles aiguillon d’écailles harpe
cuir et métal
partielle partielle
Molnièvre d’Oustrefange
Molnièvre est un minotaure à la lourde ossature engoncé dans une armure de plaques complète, dont le plastron est
frappé de la croix liturge. Son regard de braise est insoutenable, et son charisme est tel que nul n’oserait discuter l’un
de ses commandements. On ne l’a jamais vu utiliser sa lourde hache, et l’on prie pour que ce jour n’arrive pas…
Colchique
La beauté morganine de Colchique est ternie par une mélancolie maladive, et l’on lit sur ses traits tirés la résignation
d’une dirigeante démissionnaire. Elle n’en reste pas moins la plus belle des femmes, mais les formes généreuses
qu’exhibe sa nudité permanente ne parviennent à effacer la grisaille dans ses yeux.
Vilmère de Brilambre
Vilmère de Brilambre, Malicié, est un homme fort charismatique d’une trentaine d’années, toujours vêtu de la toge
blanche frappée de la croix liturge.
Oratio
Oratio est la coqueluche du peuple. Aimable et avenant, il sait aussi bien se hisser sur une scène pour déclamer de
doux poèmes ou jouer de la harpe que s’asseoir à une table pour une partie de cartes ou ripailler.
élavise
élavise, morgane mâle, est un petit homme à l’air juvénile, aux cheveux roux en bataille et à la peau claire,
aimant porter de riches houppelandes sur son pourpoint de cuir.
93
Navi res de l’Harmonde
Caractéristiques :
Navire Équipage Capitaine
RÉSistance PERception INTelligence
AGIlité VOLonté CHArisme
CRÉativité
MÊLÉE TIR
Compétences Dégâts
Armes* : PdS SBG : SBC :
• ......................... (.........................) ____ Blessures graves et critiques
• ......................... (.........................) ____
• ......................... (.........................) ____
• ......................... (.........................) ____
PdÉ SBG : SBC :
• ......................... (.........................) ____
Blessures graves et critiques
Astronomie (.........................) ____
Navigation (.........................) ____
Savoir-faire* : (.........................) ____
• Manoeuvre nautique (.........................) ____ DIFF jet de moral :
• ......................... (.........................) ____
Équipement :
Vigilance (.........................) ____
....................................... (.........................) ____
...................................... (.........................) ____
Vitesse
Grand Vent
Allure Près Largue
largue arrière
Voile
Dans tous les royaumes crépusculaires, les puissants s’agitent et s’inquiètent. Ils
entrevoient le Drame qui se prépare sur les mers de l’Harmonde. Vos Inspirés seront-
ils de ces capitaines intrépides qui tissent la Légende ? Découvriront-ils les merveilles
cachées sous les flots depuis la Flamboyance ? Ou affronteront-ils les ténébreux secrets des
noxymores ou la menace des vents marins pixies ?
D
e brumes et d’écume est le deuxième numéro du Souffre-Jour, un prozine dédié
à Agone et réalisé par une équipe mêlant amateurs et professionnels du jeu de
rôles. Que vos aventures soient centrées sur les mers ou qu’elles ne constituent
qu’un interlude dans les voyages de votre Compagnie, ce numéro offre toutes les clefs
nécessaires à la navigation, au combat naval et à l’exploration sous-marine. En sus d’un
descriptif des navires et des métiers de la mer, tous les thèmes d’Agone y sont abordés du
point de vue maritime : les royaumes crépusculaires et la mer, l’atlas marin, la Menace,
les décans, etc.
Dans les Chants de l’Amer, vos Inspirés devront démêler l’écheveau des manigances
d’un Félon prêt à entraîner les trois royaumes héritiers d’Armgarde dans une nouvelle
guerre fratricide. Des escarmouches aux plus grandes batailles, de la mer des Tristes
aux forteresses des seigneurs urguemands, nos héros seront-ils généraux, diplomates,
espions ou résistants ? Cette trame très ouverte leur donnera un rôle à la mesure de leurs
ambitions, et de leurs actions dépendra l’avenir de trois royaumes !
Deuxième impression
ISBN : 2-9522657-1-2