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SOMMAIRE
Introduction
Section 2 : Nature des risques encourus par les Institutions financiers islamiques
Conclusion
Bibliographie
1
INTRODUCTION
Les institutions financières et plus précisément les institutions bancaires sont devenues un acteur
inéluctable de l’économie, vu qu’elles agissent comme intermédiaire entre deux entités, la première
est celle qui détient les fonds alors que la deuxième est celle qui tend vers la première afin d’en avoir
un financement.
Cependant la finance islamique est arrivée à révolutionner dans un nombre de pays comme une
alternative concrète à la finance conventionnelle, or pendant les années 50, elle n’était qu’un simple
rêve académique préoccupant les musulmans les plus cultivés et expérimentés. Mais de nos jours,
elle est devenue une mode qui séduit pareillement les banques occidentales, autrement dit, les
institutions financières islamiques ont été créés comme une alternative aux institutions financières
conventionnelles au cours du dernier quart du 20ème siècle afin d’offrir des opérations
d’investissement, de financement ou de commerce selon les principes de la charia.
La gestion des risques est au cœur de l’actualité financière mondiale avec la crise que subit
précédemment l’ensemble du secteur financier. Dans un tel contexte, toutes les institutions
financières doivent augmenter leur surveillance, leur contrôle et leur gestion des risques, mesures qui
n’échappent pas aux Institution Financière Islamique, mieux encore, elles ne sont pas seulement
sujettes aux mêmes catégories de risques que leurs consœurs conventionnelles, mais de surcroit, elles
font face à une série de risques spécifiques vu la manière et le mode des transactions, et les piliers de
ses contrats.
La mise en application des mécanismes de gestion des risques par les IFI devra être effectuée en
conformité avec la Charia et dans le respect du cadre juridique établi par les juridictions dans
lesquelles les IFI exercent leurs activités, en veillant à ce que cette mise en œuvre soit adaptée à la
taille, à la complexité et à la nature de chaque IFI .
2
Alors ce rapport a pour but de présenter, dans Le premier axe une présentation générale et globale de
la gestion des risques en finance islamique et les risques communs avec les banques conventionnels
ainsi que les risques spécifiques encourus par les banques islamiques. et Le deuxième axe portera sur
le processus de cette gestion et de même que les mesures et les méthodes de leur gestion.
Cependant dans les banques et autres instituts de financements, la gestion des risques ne se résume
pas à la suppression simple et nette de l’ensemble des risques auxquels les instituts financiers doivent
faire face. En effet, celles-ci doivent déterminer un niveau de risque qu’ils jugent tolérables, en
cherchant par la suite à maximiser leur profit tout en faisant attention à ne pas dépasser ce niveau en
termes d’exposition. Pour ceci, il est nécessaire d’identifier et d’évaluer ces risques, afin d’en
atténuer l’impact.
Pour ce qui est des banques islamiques, la gestion des risques a la même importance que pour sa
consœur classique. En effet, et dans les deux cas, le management de risque se trouve au cœur de
l’activité bancaire. Toutefois, il existe des différences émanant de la spécificité des modes
opératoires, entre les mécanismes de fonctionnements des différents produits de financement. Dans
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les points qui suivent, nous listons les principaux risques partagés avec les banques classiques, et
ceux qui font la spécificité des banques islamiques.
Section 2 : Nature des risques encourus par les Institutions financiers islamiques
2.1- Risques communs avec les banques conventionnelles :
🠶 Risque du crédit :
Le risque de crédit est lié au défaut de paiement se manifestant lorsqu’une partie du contrat avance
des fonds (e.g. contrat Salam ou Istisnaâ) ou délivre une marchandise (e.g. contrat Mourabaha)
avant de recevoir la contrepartie de son financement et s’expose, donc, à des pertes potentielles.
Dans le cas des modes de financement participatifs (Moucharaka ou Moudharaba), le risque de
crédit se manifeste par le non-paiement par l’entrepreneur de la part revenant à la banque lorsque
celle-ci devient exigible. Ce problème devient encore pertinent en cas d’asymétrie d’information liée
à la méconnaissance des profits réels réalisés par l’entreprise. Concernant les contrats Mourabaha, le
risque de crédit prend la forme d’un risque de contrepartie dû à la mauvaise performance du
partenaire. Cette mauvaise de performance peut être d’origine externe due à des causes
systématiques.
🠶 Risque Marché :
Dans les banques islamiques, et vu l’illicéité d’une grande partie des instruments financiers utilisés
par les banques conventionnelles, les risques de marché, tels que pratiqués par les banques
conventionnelles, émanent de deux sources principales : d’un côté, la variation des taux de changes
des devises, ainsi que les prix des actifs financiers et les biens détenus par les banques, et d’un autre
côté, la variation des prix de la marchandise financée.
En effet Le risque de marché est le risque qu’une banque subisse des pertes en raison des
mouvements défavorables du prix de marché. Cette perte est suite aux mouvements défavorables soit
:
▪ Du taux de rendement ou taux de référence : vu que les banques islamiques ne sont pas
soumises au risque de taux dans la mesure où les transactions ne sont pas basées sur le taux
4
d’intérêt, elles font recours à CT à une alternative qui est le taux de rendement basé sur
certaines références de marché tel le LIBOR. Ces taux de référence sont utilisés afin d’ajuster
les rendements des PSIA aux taux créanciers des banques conventionnelles. Ainsi, l’évolution
du taux de référence aura des conséquences sur les banques islamiques, et si cette évolution est
négative elle entraînera un risque de marge.
▪ Des cours des actions : c’est un risque résultant de la dépréciation des actifs détenus en actions
par l’investisseur. Les contrats concernés sont la Moudaraba où l’investisseur est le seul qui
subit les risques car il est le seul qui participe au capital et non l’investisseur ; la Moucharaka
dégressive où la partie qui s’engage à racheter tout le capital en action s’expose à un risque
maximum
contrairement aux autres parties ; et enfin la Moucharaka fixe où toutes les parties participent au
capital donc aux pertes.
▪ Des prix : car les banques islamiques sont sensibles à la variation des titres qu’elles détiennent
tout comme les banques conventionnelles, mais aussi elles sont sensibles à la variation des prix
de marchandises suite à certains facteurs comme la variation du taux de change, l’inflation, la
spéculation, les coûts de production, la capacité de livraison, …
🠶 Risque de liquidité :
Le risque de liquidité bancaire est le fait qu'une banque n'ait pas assez de liquidités pour répondre à
ses engagements à court terme. La banque n'est alors plus solvable. Elle est dans l'incapacité de
répondre aux demandes de retraits de ses clients. Il faut savoir qu'une banque se finance
généralement à court terme. Elle emprunte de l'argent à sa banque centrale (La BAM dans MAROC)
ou auprès d'autres banques. Cela lui permet d'accorder des prêts souvent à long terme à ses clients.
En faisant cela, la banque s'expose au risque de liquidité bancaire. En effet, si elle n'arrive plus à
emprunter à court terme et si ses clients ne déposent pas assez d'argent, la banque peut se retrouver à
court de liquidités. Si on veut définir le risque de liquidité précisément, nous allons dire que c’est la
capacité de la banque à faire face à ses obligations de trésorerie suivant leur échéance, elle est définie
de deux façons :
5
🠶 Liquidité de marché financier : La capacité des banques à liquider un actif non monétaire.
C’est différent de La liquidité macroéconomique que les agents économiques non financiers
veulent conserver dans leurs portefeuilles.
🠶 Pour les banques islamiques, elles tendent à avoir une base concentrée de dépôts et d’actifs. La
concentration des dépôts cause un important risque de liquidité exigeant une plus grande position
liquidité. Par ailleurs, faute d’exploitation des atouts de la diversification géographique et des
produits, la concentration des financements entraîne une vulnérabilité aux chocs cycliques dans
des secteurs particuliers, ce qui, en retour, accroît le risque de liquidité
Selon Michel DABADIE, Inspecteur Général de la Banque de France, « la finance islamique, c'est
d'abord de la finance, qui n'est pas fondamentalement différente de la finance traditionnelle. Les
risques qu'elle génère sont donc en grande partie connus. Néanmoins, aux risques habituels s'ajoutent
un certain nombre de risques spécifiques à la finance islamique1 qui nous allons présenter comme
suit :
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et ne peuvent être modifiés après contractualisation avec le client, les institutions financières
participatives utilisent un taux de référence (taux de benchmark) pour déterminer ce niveau de
profit. L’utilisation de ce taux de référence a été autorisée par les juristes musulmans, comme
utilisation ponctuelle servant à définir la marge avant la signature du contrat. Ceci dit, Les
banques islamiques doivent donc faire face au risque émanant de la variation du taux de
référence.
Donc il s'agit du risque lié à une évolution défavorable des facteurs de marché affectant le taux
de rendement des actifs (ROA) de la banque islamique, en comparaison avec le taux de
rendement attendu par les détenteurs de comptes d'investissement.
🠶 Risques liés au stock : Ce risque émane de la spécificité du mode de financement des banques
islamiques, mode qui repose sur des opérations d’achat/vente sous forme d’une Murabaha, ou de
location sous forme d’une Ijara, afin de pouvoir réaliser des gains, alors que tout surplus ou gain
issus d’une opération de prêts classiques, est considéré comme du Riba. Ce qui implique la
2
IFSB, 2005, Rapport sur les institutions financières islamiques, Norme 76.
3
Banque Islamique de Développement, La gestion des risques, analyse de certains aspects liés à l’industrie de la finance
islamique, Document occasionnel N 5, page 60
7
constitution d’un stock de biens pour les banques, qui va servir par la suite aux opérations de
Murabaha pour la vente, ou d’Ijara pour la location. La constitution de ce stock sera bien
évidement accompagnée d’un risque de gestion, un risque de perte des produits stockés, un risque
de livraison pour les clients, ou même un risque de non-conformité par rapport aux besoins
exprimés initialement par le client.
🠶 Risque d’investissement : Les banques islamiques, offrent un financement sous les principes du
partage de profit et des risques avec ses déposants. A ce titre, Le risque d’investissement dans les
banques islamiques découle des choix de placement de la banque, puisqu’en investissant en
capital, la banque encourt le risque d’une perte de ses apports, perte qu’elle partage, avec ses
déposants.
🠶 Le risque d’abandon des opérations de financement : est un autre exemple des spécificités du
mode de financement des banques participatives, notamment via les produits Mourabaha et Ijara.
En effet, les banques, et afin de réduire les autres risques, notamment liés au stock, privilégient
l’achat du bien objet de financement, sur demande du client. Cependant, si le client décide
d’abandonner l’opération après que le bien soit acheté par la banque, cette dernière devra trouver
un autre acheteur pour le bien, au risque de le vendre à un prix inférieur à son coût.
Alors nous en distinguerons dans ce chapitre que Les risques encourus par les institutions financières
islamiques peuvent être classés en deux catégories : les risques communs avec les banques
traditionnelles en tant qu’intermédiaires financiers et les risques propres aux banques islamiques liés
à leur conformité aux règles de la Chari’a.
8
Cette phase concerne les objectifs généraux et la stratégie globale de la banque vis-à-vis du risque et
les choix de politique de sa gestion. Le Conseil d’Administration détient la responsabilité de choisir
les objectifs globaux, les politiques et les stratégies de gestion des risques pour chaque institution
financière. Les objectifs globaux relatifs à chaque risque doivent être communiqués à travers
l’ensemble de l’institution. Ne se limitant pas à l’approbation des politiques globales de la banque
concernant les risques, le conseil d’administration doit s’assurer que les gestionnaires prennent les
mesures nécessaires pour identifier, mesurer, surveiller et contrôler ces risques. Le Conseil doit être
régulièrement informé sur les différents risques encourus par la banque à travers des rapports
périodiques
Les banques doivent avoir des systèmes de gestion d’information pour mesurer, surveiller, contrôler
et faire des comptes-rendus réguliers sur les risques encourus. Les étapes à franchir à ce niveau sont
l’établissement de normes pour revoir et classer par catégorie les risques, une évaluation et une
cotation consistantes de ces risques. La définition de risque standardisé et la rédaction de rapport
d’audit à l’intérieur de l’institution sont aussi importantes. Les actions à prendre à cet égard sont la
création de normes standard et la classification des éléments d’actif par catégorie de risques, la
production de rapports concernant la gestion des risques et l’audit. La banque peut aussi recourir aux
9
sources externes pour évaluer les risques, en utilisant par exemple la notation de crédits (credit
rating), les critères d’évaluation et de contrôle des risques comme le CAMELS.
Les risques encourus par les banques doivent être surveillés et gérés d’une manière efficace. Les
banques doivent faire des stress testing pour voir les effets sur le portefeuille résultants de
changements futurs potentiels. Les banques doivent examiner les effets de retournement dans une
industrie ou une économie, les risques de marché et l’état de liquidité de chaque banque. Le stress
testing doit être conçu pour déterminer les conditions dans lesquelles la position de la banque est
vulnérable et identifier les réponses possibles face à ces situations. Les banques doivent avoir des
plans de contingence pour répondre aux divers cas d’urgence.
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Afin d’évaluer les différents risques, les banques islamiques peuvent faire recours à des techniques
qui sont semblables à celles utilisées par les banques conventionnelles.
Pour les IFI, le risque de liquidité est d'une importance particulière. En effet, sachant que les
emprunts à intérêt sont prohibés par la Gharia, les banques islamiques ne peuvent pas recourir à ce
mécanisme pour se ressourcer en argent liquide. De même la Gharia n'autorise pas la vente d'une
créance en dehors de sa valeur nominale. Par conséquent, il est exclu pour les institutions financières
islamiques de s'alimenter en argent liquide en vendant des actifs financiers (BID, 2002. p.59). Ainsi
la finance islamique ne dispose pas d'un marché secondaire4 lui permettant de se refinancer sur un
marché de gré-à-gré
Cependant pour les IFI, c'est très délicat de gérer ce risque par manque de préteur de dernier recourt
ou bien un marché interbancaire permettant de se refinancer ainsi les IFI ont beaucoup d'actifs qui
sont de courts et moyens termes car les comptes de dépôts sont majoritaires et pour réduire le risque
de maturité des actifs, elles ont développé des capacités pour le financement et l'investissement, ce
qui augmente la maturité moyenne des actifs, mais le refinancement demeure essentiellement à court
terme. Il est nécessaire d'apporter des solutions efficaces pour la gestion ALM (gestion actif-passif).5
C'est ainsi qu'en 2008, La Banque Centrale de Bahreïn (BCB) a lancé un nouvel instrument financier
islamique nommé l'Islamic Sukuk Liquidity Instrument (ISLI) permettant l'amélioration de la
liquidité à court-terme. En effet, ce produit est conçu pour permettre aux IFI et aux banques
conventionnelles d'avoir accès à une liquidité à court terme contre des Soukouk Ijara souverains.
Le but de la stratégie de la BCB est de créer un marché Soukouk plus profond et plus liquide, ce qui
devrait stimuler et promouvoir un marché financier islamique plus actif.
4
Le marché secondaire est celui sur lequel sont échangés des titres financiers déjà créés (sur le marché primaire). En
assurant la liquidité des investissements financiers, le marché secondaire assure la qualité du marché primaire et
l'évaluation des titres financiers. VERNIMMEN. www.vernimmen.net
5
Asset Liability Management
11
Une banque peut renouveler un emprunt d’argent sur les marchés tous les trois mois pour financer des
crédits hypothécaires sur 30 ans. Les différentes échéances adossées aux deux types d’emprunt (l’un
à court terme et l’autre à long terme) permettent aux banques de dégager une certaine marge.
Autrement dit, plus le crédit accordé sera long, plus la marge de la banque sera significative.
Cependant, ce mécanisme de transformation, s’il est poussé à l’extrême, peut engendrer des
difficultés de refinancement pour la banque en cas de contraction sur les marchés. C’est ce que l’on
appelle le risque de liquidité.
Pour pallier ce risque, le Comité de Bâle intègre dans son dispositif de régulation la mise en place de
deux ratios de liquidité :
Cette norme a été établie dans le but « d’assurer que la banque dispose d’un niveau adéquat d’actifs
liquides de haute qualité non grevés pouvant être convertis en liquidité pour couvrir ses besoins sur
une période de 30 jours calendaires en cas de graves difficultés de financement » (source : BRI).
Ces graves difficultés de financement font référence au scénario de la crise financière de 2007/2008.
Le système bancaire mondial a connu de fortes tensions à la suite de déclassements importants de
notations de plusieurs établissements de crédit. Ces déclassements ont entamé la confiance du public
et des marchés dans ces établissements et se sont traduits par des retraits partiels de dépôts et par des
pertes de financements.
Le ratio impose ainsi aux banques de disposer d’une certaine quantité d’actifs liquides leur
permettant de couvrir les sorties nettes d’argent pendant au moins 30 jours. Il se définit de la façon
suivante :
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Le ratio structurel de liquidité à long terme (ou NSFR pour Net Stable Funding Ratio) complète le
ratio de liquidité de court terme. Son but est d’assurer à tout établissement financier un «
financement stable qui lui permette de poursuivre sainement ses activités pendant une période de 1
an dans un scénario de tensions prolongées ». Il se définit de la façon suivante :
Le NSFR implique que les postes du passif composant les ressources stables soient pondérés de
façon dégressive en fonction de leur stabilité à horizon d’un an, la pondération dépendant toutefois
du type de ressource mais aussi de la contrepartie
❖ Les IRR sont un type de réserves recommandées par l’AAOIFI et l’IFSB, c’est une réserve pour
risque d’investissement. Elle est calculée à partir des profits attribués seulement aux détenteurs
des comptes d’investissement après le calcul de la part du Moudarib. Son objectif est de couvrir
13
❖ Les PER sont un autre type de réserves qui est aussi recommandé par l’AAOIFI et l’IFSB, c’est
une réserve de péréquation des résultats. Elle a pour objectif de garder un certain niveau de profit
pour les comptes d’investissements. Elles sont calculées à partir du revenu brut de la banque
islamique avant l’allocation des profits entre les actionnaires et les titulaires des comptes
d’investissements et le calcul de la part du Moudarib. - L’abandon de la commission de gestion
(dite du Moudarib) : Les banques islamiques peuvent décider de renoncer à leurs parts des profits
et donc dissuader les déposants à retirer leurs fonds. Cette pratique peut affecter défavorablement
le capital propre de la banque, ce qui engendrera après un risque d’insolvabilité dans les cas
extrêmes.
2.2- Traitement du risque de crédit selon les approches SCORING, IRB et RAROC :
● Méthode Scoring : le crédit scoring est définit par MESTER6 comme étant : « une méthode
statistique pour prédire la probabilité qu’un demandeur de prêt (débiteur) fasse défaut ». Ainsi son
objectif comme expliqué par VAN PRAAG7 est : « de déterminer un score. C’est-à-dire un niveau
sensé être la représentation d’un certain risque pour le prêteur. Ce score est obtenu par la prise en
compte de différents paramètres dont le choix est important quant à la capacité prédictive du
système. Après la réalisation de cette évaluation chiffrée, il suffit d’intégrer le score obtenu dans une
grille d’appréciation préalablement étalonné. La lecture d’un score suppose en effet la détermination
d’une grille de risque, laquelle permettra l’interprétation du chiffre obtenu qui aidera à la prise de
décision finale du prêteur ».
D’une façon claire, le crédit scoring est un outil qui permet aux banques d'évaluer le risque
représenté par le demandeur de prêt. En d'autres termes, il permet à l'établissement de crédit de
garantir la solvabilité du candidat au prêt. Un établissement de crédit cherchera toujours à limiter les
risques de non remboursement des crédits qu'il octroie. Ainsi, le crédit scoring permet à la banque de
limiter ces derniers en se basant sur un certain nombre de critères. Les critères mis en avant
6
MESTER L.J (1997), «What’s the point of credit scoring»
7
Van PRAAG, N, (1995). « Crédit management et crédit scoring », Paris, Economica, Collection gestion poche
14
15
systèmes renforcent les méthodes d’évaluation des risques par le recours à des organismes externes
et des agences de rating spécialisées, ce qui aboutira nécessairement à un allégement des exigences
en matière de provision en capital propre et à une réduction de coûts de crédits.
L’approche IRB de la gestion des risques de crédit présente un certain nombre d’avantages. En
premier lieu, elle rend la régulation des exigences de capitaux plus tournée vers le risque – les
banques à risque auront besoin de plus de capitaux propres, alors que l’inverse est vrai pour les
banques à moins risque. L’approche IRB est supposée être très efficace à cet égard. En second lieu, il
est attendu que l’approche IRB servira à promouvoir davantage les systèmes de gestion des risques.
En incitant les banques à développer leur propre système interne de gestion des risques, le Nouvel
Accord reconnaît les ratings internes pour l’affectation du capital destiné à couvrir les risques de
crédit. L’Accord offre deux approches alternatives de rating interne, à savoir « l’approche de la
fondation IRB et l’approche IRB avancée »8. Une approche de notation interne simple où seule la
probabilité de défaut (PD) est estimée par la banque alors que les autres paramètres sont fournis par
les autorités de régulation. Et une approche de notation avancée où tous les paramètres sont estimés
par la banque, or la banque qui adopte cette approche avancée ne peut avoir des exigences en fonds
propres inférieures à 90% de celles calculées avec l’approche simple. Actuellement, la majorité des
banques islamiques sont capables d’initier une forme de mesure interne de risque de crédit pour
chaque emploi séparément, ce qui peut contribuer en moyen et long terme à remplir le déficit en
matière de gestion des risques et faciliter leur notation par les autorités monétaires et les agences
externes d’évaluation de crédit
● Méthode RAROC : La méthode du RAROC développée par la Bankers trust vers la fin des années
soixante-dix du siècle écoulé, quantifie le risque en considérant le choix entre le risque et le bénéfice
dans différents actifs et activités. A la fin des années 90, le RAROC était considéré comme « la
principale méthode de mesure de performance ajustée au risque »9. Il s’applique pour déterminer le
capital propre à assigner aux différents modes de financement qui ont des profits de risque différents.
8
HASSOUT Hasnaa, AAJLY Abdellah "International Journal of Business and Technology Studies and Research"
page:8
9
TARIQULLAH KHAN & HABIB AHMED « la gestion des risques analyse de certains aspects liés à l’industrie
de la finance islamique »
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Où le rendement ajusté au risque est égal au revenu total moins les charges et les pertes attendues
(PA), et le capital à risque est la somme réservée pour couvrir les pertes imprévues au niveau de
confiance donné. L'application de la méthode RAROC dans la gestion du risque de crédit apporte de
nombreuses solutions aux préoccupations quotidiennes du gestionnaire. Plusieurs banques de
renommée internationale ont témoigné de son efficacité et de son importance non seulement en
matière de gestion du risque de crédit mais aussi comme outil de mesure de performances.
Cependant, l'adoption d'une telle approche en plus qu'elle requiert des procédures préalables
incontournables et très coûteuses à mettre en place, elle suppose que la banque doit être éveillée des
limites techniques, humaines et environnementales qui peuvent être à l'origine d'une mauvaise
application de cette méthode. Elle suppose également que l'intégration de l'outil RAROC au sein de
l'établissement doit se faire avec prudence et d'une manière progressive. En dehors des dispositions
relatives à sa mise en place, RAROC comme tout modèle de gestion doit être considéré comme un
outil supplémentaire d'aide à la prise de décisions. Ses résultats ne peuvent en aucun cas se substituer
à l'avis du gestionnaire, si ce dernier juge qu'ils sont erronés. En définitif, l'efficacité de l'outil
RAROC et la qualité de ses résultats dépendent de la manière dont il sera utilisé.
Pour que les banques islamiques puissent atténuer et gérer le risque de crédit, elles font recours à des
techniques similaires à ceux utilisées au sein des banques, mais divergent en quelques points :
o Les clauses contractuelles pour atténuer le risque : Le Gharar ou l’incertitude peut être modéré ou
inévitable, mais peut aussi être excessif et provoquer des défauts de paiement. Ainsi, les clauses
contractuelles peuvent diminuer le Gharar qui est prohibé par l’Islam. Dans certaines situations, ces
10
John Hull, C.G et M.M « gestion des risque et institutions financières » p :437.
17
accords contractuels jouent le rôle de celui des techniques de contrôle des risques. Par exemple, pour
le contrat d’Istisnaa, les fouqahas ont autorisé l’adoption d’une clause sous le nom de « Band
Al-Jazaa » afin de venir à bout des risques de contrepartie résultant du non-respect des spécifications
qualitatives.
2.3.Traitement du risque de marché selon les approches stress testing et la Valeur à risque :
Le risque de marché peut être évalué selon les banques islamiques deux méthodes majeures, le
stress-testing et la Value at Risk.
🠶 Le stress testing :
les risques de marché encourus par les banques islamiques doivent être surveillés et gérés d’une
manière efficace. Les banques doivent faire des stress-testing. Le genre de test constitue une série
de simulations de crise qui permettent de connaître le montant des pertes potentielles du marché en
cas de fluctuation dangereuse, ces scénarios de Stress permettent de répondre à la question suivante
: « Quel est le montant de perte auquel la banque doit faire face lors de la prochaine crise si le
portefeuille de négociation ne change pas ? ». Ainsi, la méthode du Stress testing est assez
différente de la VaR, car elle fait référence à un maximum est non pas à un quantile. Son but réside
dans le fait qu’elle soit un complément pour les dispositifs de mesure des risques.
🠶 La Value at Risk :
La valeur à risque est une mesure statistique du niveau de risque d'une institution financière ou d'un
portefeuille d'actifs. La valeur à risque est probablement la mesure du risque la plus utilisée en
finance, elle est un indicateur complet : elle représente la perte potentielle maximale qu'un
portefeuille peut subir avec une probabilité donnée dans un horizon de temps donné.
Précédemment, le besoin en fonds propres était calculé à partir de base forfaitaire, mais désormais
la méthode la plus utilisée est la VaR à 99 % sur 10 jours après élimination des occurrences les plus
défavorables. Ainsi la valeur en risque (en français) est la mesure de la perte potentielle qu’une
institution financière peut subir à la suite des fluctuations des prix de marché. C’est un indicateur
simple et qu’on peut interpréter facilement, car la représentation du risque se fait par un chiffre ce
qui est facile à appréhender.
18
Cependant, deux éléments sont indispensables afin d’interpréter la VaR : dans un 1er lieu, on a la
période de détention T (horizon temporel) qui concerne la période sur laquelle la variation de la
valeur du portefeuille est mesurée. Plus la durée de détention est longue, plus la perte potentielle peut
être importante. Dans un second lieu, le seuil de confiance (alpha) de la VaR, il correspond à la
probabilité de ne pas dépasser cette mesure de risque. Il existe principalement trois méthodes11 de
calcul de la VaR ;
▪ Méthode historique :
La simulation historique est une approche couramment utilisée pour estimer la VaR. Cette méthode se
base sur les données historiques de marché. Il est donc nécessaire de connaître la valeur passé du
portefeuille à partir du prix des différents actifs et de la composition actuelle du portefeuille.
▪ Méthode paramétrique :
Cette deuxième Simulation est également connue sous le nom de méthode de variance-covariance. Elle
est basée sur des calculs statistiques et elle consiste avant tout à définir une formule décrivant la
distribution des pertes et des profits. Cette méthode suppose que les rendements des facteurs de
risque sont normalement distribués, que les corrélations entre les facteurs de risque sont constantes et
le delta (ou la sensibilité des prix aux variations d'un facteur de risque) de chaque constituant du
portefeuille est constant.
▪ Méthode des simulations de Monte Carlo :
C'est la méthode la plus sophistiquée qui vous permet d'envisager des outils alternatifs, mais cela prend
beaucoup de temps de calcul. Elle consiste à simuler un grand nombre de fois les comportements
futurs possibles des facteurs de risque selon un certain nombre d’hypothèses, et d’en déduire une
distribution des pertes et profits à partir de laquelle on estime finalement un fractile.
Afin de gérer les risques de marché les banques islamiques utilisent des méthodes outre que celles
présentées précédemment :
o Gestion du risque de taux de référence : ici les banques islamiques font recours à des swaps licites
qui sont sous forme de contrat. Comme les contrats à taux flottants, les contrats à deux étapes et
l’analyse différentielle qui a pour but de mesurer le revenu net et sa sensibilité par rapport à un point
de référence donné.
11
EL BOUAZAOUI OMAR-Mémoire d’obtention du diplôme master en finance « L’évaluation du risque de marche »
page :37
19
o Gestion du risque lié au prix des marchandises et des actions : Les banques islamiques peuvent faire
recours à plusieurs techniques qui s’avèrent utiles pour la gestion de ce risque : comme le Salam et
les marchandises livrées à terme où les contrats à terme donnent la possibilité aux parties
contractantes de fixer les prix futurs selon leurs propres anticipations, et aussi ils disposent d’un
grand potentiel en matière de gestion des risques. Ainsi que Bai Al-Tawrid avec Khiyar Al-Shart qui
sont deux méthodes qui rendent le contrat plus juste et réduira le risque pour les deux parties.
o La gestion du risque de change : le risque de change doit être réduit suite à différentes méthodes,
comme en évitant les risques de transactions mais ce n’est pas toujours possible d’éviter les
monnaies instables, ce qui peut avoir comme conséquence la perte d’une part de marché. Les
banques peuvent aussi faire recours à des contrats synthétiques de devise à terme qui ont été proposé
par Iqbal (2000) comme une alternative aux devises et valeurs à terme ; et le but de cette proposition
est de créer une devise à terme sans faire recours aux contrats de valeurs devises à terme
Dans les développements qui précèdent nous avons essayé de décrire le processus de la gestion
des risque en finance islamique ainsi d’analyser et traiter les différents méthodes et mesures qui
évaluent les risques encourus aux IFI .
Conclusion
20
La finance islamique est une part du secteur financier qui est en pleine croissance et ébullition d’où
l’encours financier des actifs islamiques est de 2 650 milliards de dollars en 2018, et qu’il est estimé
mondialement à 3 000 milliards de dollars en 2020. En effet, elle n’est pas limitée aux pays
musulmans seulement, mais elle s’est propagée là où une communauté musulmane existe ; par
exemple, il existe au Royaume-Uni cinq banques islamiques, une société d’assurance Takaful et plus
de vingt autres institutions financières qui proposent des services financiers. Et récemment, cette part
de marché a attiré l’attention du marché financier conventionnel, où il existe 194 institutions
financières conventionnelles avec des fenêtres islamiques.
Ce qui fait distinguer les institutions financières islamiques des autres institutions est principalement
le rejet des transactions financières basées sur l’intérêt, mais aussi du fait d’être régie par la loi
islamique qu’est la charia. Cependant, le recours aux modes de financement participatifs ne met pas
le système financier islamique à l’abri des abus auxquels est exposé le système financier
conventionnel.
En effet, les institutions financières islamiques s’exposent à deux types de risques : des risques
communs, partagés avec les institutions financières conventionnelles, et les risques spécifiques, qui
sont uniques et nouveaux et qui sont provoqués par la structure actif-passif des institutions
financières islamiques.
21
Bibliographie
Ouvrages et Articles :
Mémoires
🠶 Moussa DIOP « L'analyse des produits financiers islamiques et la gestion des
risques. Cas de la Moucharaka et de la Mourabaha » (par Université Cheikh
Anta Diop de Dakar - Master 2 monnaie finance et banque 2013
Webographie
-h ps://fr.slideshare.net/AdeMed/le-risque-de-liquidit-des-banquesislamiques-62574
347
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Abréviations
▪ BAM : Bank-Al-Maghrib
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INTRODUCTION 2
Chapitre 1 : Cadre général et conceptuel de la gestion des risques de marché en Finance
islamique 3
Section 1 : L’enjeu de la gestion des risques dans l’industrie financière islamiques 3
Section 2 : Nature des risques encourus par les Institutions financiers islamiques 3
2.2- Traitement du risque de crédit selon les approches SCORING, IRB et RAROC : 13
2.3.Traitement du risque de marché selon les approches stress testing et la Valeur à
risque : 16
Conclusion 19
24
Bibliographie 20
Abréviations 21
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