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Décrypter les comportements de recherche d'emploi des jeunes diplômés

Article  in  Revue de Gestion des Ressources Humaines · July 2011


DOI: 10.3917/grhu.081.0039

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Yasmina Jaidi
Université Panthéon-Assas Paris 2
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© Éditions ESKA, 2011

DÉCRYPTER
LES COMPORTEMENTS
DE RECHERCHE D’EMPLOI
DES JEUNES DIPLÔMÉS
Yasmina JAÏDI
Sorbonne Universités / Panthéon-Assas

Sébastien POINT
École de Management Strasbourg

leurs attentes en termes de carrière et de contrat


REMERCIEMENTS psychologique (Bender, 2010 ; Broadbridge,
Maxwell & Ogden, 2007 ; Hurst & Good, 2009).
Les auteurs remercient Serge Perrot, Profes- A contrario, très peu de travaux s’interrogent sur
seur à l’Université Paris – Sud 11 et les deux les comportements de recherche d’emploi de ces
évaluateurs de la revue, pour leurs remarques jeunes issus de la génération Y, à quelques ré-
constructives qui ont permis d’enrichir les ver- centes exceptions près (Kim, Knight & Crutsin-
sions précédentes de notre article. ger, 2009 ; Terjesen, Vinnicombe & Freeman,
2007). Au sein de cette génération, cette contri-
bution s’intéresse à une population bien particu-
INTRODUCTION lière : les jeunes diplômés des grandes écoles de
management ; à l’aube du choix de leur futur
employeur, nous nous intéressons à leurs com-

C
es dernières années, de nombreux auteurs
tentent de cerner les comportements en portements de recherche d’emploi. Les entre-
vogue au sein de la nouvelle génération prises ont en effet besoin de mieux cerner ce qui
de talents, tout juste entrés sur le marché du tra- amène ces derniers à rejoindre une entreprise…
vail (Sheahan, 2005 ; Sujanski & Ferri-Reed, plutôt qu’une autre.
2009). Les études sur les valeurs de cette nou- En effet, la littérature s’est depuis longtemps
velle génération (dite génération Y ou gen Y1) intéressée aux critères des emplois recherchés,
sont de plus en plus fréquentes mais proposent tant les stratégies d’attractivité des candidats
pour l’heure des résultats encore contradictoires. constituent un élément fondamental dans une
La littérature rend explicite leurs attentes et leurs politique de recrutement (Rynes & Barber,
styles de vie, voire leurs interactivités avec les 1990 ; Wanous, 1992). La littérature souligne la
générations précédentes (Smola & Sutton, nécessité de mieux comprendre le processus et
2002). Les travaux s’intéressent également à la dynamique des choix en matière de recrute-

1
La « génération Y » renvoie aux jeunes nés à la fin des années 70 jusqu’au début des années 90. Par leurs désirs et
modes de fonctionnement, les sociologues les distinguent des générations précédentes. Voir par exemple les articles
de Saba (2009) et de Kowske, Rasch et Wiley (2010) qui proposent une large présentation des différentes générations.

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ment (Breaugh & Starke, 2000 ; Wrzesniewski


& Dutton, 2001) mais aussi les facteurs favori-
1. JEUNES DIPLÔMÉS ET PREMIER
sant l’attraction des candidats (Powell & Goulet, EMPLOI : DE L’ATTRACTIVITÉ
1996). Les attributs organisationnels jouent un AU COMPORTEMENT PLANIFIÉ
rôle important dans cette attractivité, tout
comme les premières perceptions des candidats La littérature sur la génération Y est très ré-
sur l’entreprise (Turban, Forret & Hendrickson, cente et propose encore des résultats variés,
1998). voire contradictoires. En comparaison des autres
générations, certains travaux s’attachent à mon-
L’objectif de cet article est de s’interroger sur trer quelques similitudes des valeurs (Saba,
la construction de ces premières perceptions en 2009), des attitudes ou des motivations au travail
identifiant les critères qui conduisent les jeunes (Wong et al., 2008). D’autres en revanche
diplômés à postuler pour leur premier emploi (Kowske, Rasch et Wiley, 2010) mettent en ex-
auprès d’une entreprise plutôt qu’une autre. En ergue les spécificités de la génération Y; celle-ci
prenant comme objet de recherche des jeunes di- semble plus flexible, confiante, polychrone, et
plômés d’une grande école de management, semble vouloir travailler plus vite et plus dure-
nous souhaitons identifier les facteurs sous-ja- ment afin de gravir les échelons le plus rapide-
ment possible dans l’entreprise (Terjesen,
cents à leurs comportements de recherche d’em- Vinnicombe et Freeman, 2007). Cette génération
ploi. A ce jour et à notre connaissance, ces se caractérise également par le besoin de réussir,
perceptions du premier emploi n’ont pas fait de défis intellectuels, tout en étant à la recherche
l’objet de recherche dans le contexte français ; d’un équilibre vie privée / vie professionnelle
les études existantes relèvent davantage de la so- (Hurst et Good, 2009). Parallèlement, elle reste
cialisation des jeunes dans l’entreprise, une fois en quête d’un employeur susceptible de leur ap-
le processus de recrutement abouti (Dufour & porter un véritable développement professionnel
Lacaze, 2010 ; Perrot, 2001, 2008). L’apport de ou encore une véritable reconnaissance au tra-
ce travail est véritablement de s’intéresser aux vail (Hinault, 2006 ; Saba, 2009). Tous ces élé-
ments nous amènent à mieux saisir les
toutes premières étapes de la recherche d’em- comportements et les valeurs au travail de cette
ploi. En utilisant la théorie du comportement génération Y. Reste que la littérature ne s’est ja-
planifié (Ajzen, 1985, 1991 ; Ajzen et Fishbein, mais penchée sur le décryptage du comporte-
1980), notre travail se focalise sur les croyances ment lors de la recherche du tout premier
(beliefs) mobilisées par les jeunes diplômés pour emploi.
atteindre leurs objectifs. Dans quelle mesure les
croyances des jeunes diplômés influencent-elles
leur comportement de recherche d’emploi ? 1.1. L’attractivité perçue d’une entreprise
Quels sont ces facteurs sous-jacents qui influen-
cent les comportements de ces jeunes pour can- En phase de recherche d’emploi, les candi-
didater à leur premier emploi ? Comment se dats tentent d’obtenir le plus d’informations pos-
construisent les premières perceptions des sibles sur les entreprises susceptibles de les
jeunes diplômés face à leur premier emploi ? employer (Wanous, 1992). A ce stade, les pré-
mices du contrat psychologique qui unira le
Dans un premier temps, nous explorons la lit- futur employé et son employeur commencent à
térature sur l’attractivité du premier emploi et se tisser, dans une dynamique toujours plus ap-
les études antérieures sur les comportements de profondie, tout au long du processus de recrute-
recherche d’emploi ; nous introduisons égale- ment (De Vos, De Stobbeleir & Meganck, 2009).
ment la théorie du comportement planifié Ce « pré-contrat psychologique » se nourrit d’un
ensemble de croyances parcellaires sur l’entre-
(Ajzen, 1985, 1991 ; Ajzen & Fishbein, 1980)
prise, premier cadre de la relation d’emploi
qui constitue la base de notre cadre théorique. (Mabey, Clark & Daniels, 1996).
Dans un deuxième temps, nous présentons notre
démarche méthodologique puis dans un troi- Le contrat psychologique est un ensemble de
croyances relatives aux obligations réci-
sième temps, nos résultats. Enfin, nous consa- proques concernant la relation entre le salarié et
crons une quatrième partie à la discussion de nos son employeur (Rousseau, 1995). Une récente
résultats sur le plan théorique comme managé- étude (Bender, 2010) tente de cerner les contours
rial, avant de présenter, en conclusion, les limites du contrat psychologique de jeunes salariés une
et les perspectives futures de notre étude. fois embauchés. Leur motivation semble davan-

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Décrypter les comportements de recherche d’emploi des jeunes diplômés

tage ancrée sur un contrat relationnel (relation valeurs, les besoins, les personnalités et les ca-
d’emploi à long terme) privilégiant des évolu- pacités des individus. Kristof (1996), dans une
tions de carrière possibles, que sur un contrat vision plus holistique, recommande d’opter pour
transactionnel (relation d’emploi à court terme), une définition élargie, englobant ces différentes
remis en cause par des décalages relatifs aux sa- facettes. A l’instar de Perrot (2009), nous distin-
laires d’embauche ou encore à une non progres- guons trois formes d’adéquation : l’adéquation
sion salariale. ». Dans le contexte de recherche P – O (de l’anglais Person – Organization) ca-
du premier emploi, compte tenu de la faible ractérise ainsi la perception globale de la com-
quantité d’information que les candidats possè- patibilité entre un individu et son organisation ;
dent sur les entreprises, la décision initiale de l’adéquation P – J (Person – Job), la perception
faire acte de candidature repose sur ces percep- globale de compatibilité entre l’individu et son
tions générales, relatives à l’attractivité même de travail et l’adéquation P – G (Person – Group),
l’organisation (Rynes & Barber, 1990 ; Turban la perception globale de la compatibilité entre
et al., 1998). L’attractivité organisationnelle peut un individu et son groupe de travail. Concernant
se définir comme l’ensemble des bénéfices per- cette recherche, l’adéquation P – O nous semble
çus par un salarié potentiel à travailler pour une la plus à même d’être évoquée ici car les per-
entreprise. Il s’agit d’une attitude ou d’un état sonnes interrogées sont au début de leur re-
d’esprit positif envers une organisation, consi- cherche d’emploi et ne sont pas encore fixées
dérant celle-ci comme particulièrement désira- sur le travail qu’elles auront dans le cadre de leur
ble (Aiman-Smith, Bauer & Cable, 2001). La premier emploi et encore moins sur le groupe de
perception de l’image est fonction de l’informa- travail dans lequel elles évolueront. Nous
tion disponible à un moment donné (Gatewood, sommes encore à un stade où cette dimension
Gowan & Lautenschlager, 1993). Selon, ces au- reste inconnue des personnes rencontrées ici.
teurs, les premiers choix pour un poste donné Ainsi, la théorie de l’adéquation entre l’indi-
sont donc prioritairement reliés à l’image de vidu et l’organisation, ou adéquation P – O
l’organisation que possèdent les candidats. fonde l’attractivité de l’entreprise sur la compa-
Dans une méta-analyse de la littérature sur la tibilité entre les caractéristiques de l’organisa-
recherche d’emploi établie à partir de 71 études, tion et les caractéristiques personnelles des
Chapman et al. (2005) montrent que les indivi- candidats à l’embauche (Chatman, 1989, 1991).
dus à la recherche d’un emploi évaluent diffé- S’inscrivant dans la lignée du modèle ASA (At-
remment les caractéristiques d’une entreprise, traction-Sélection-Attrition ; Schneider, 1987),
en fonction du stade d’avancement du processus cette théorie stipule que les individus à la re-
de recrutement2. Au démarrage du processus, cherche d’un emploi sont attirés par des entre-
deux variables semblent prépondérantes aux prises correspondant à leurs propres attributs ;
yeux des candidats : le contenu du travail et réciproquement les entreprises tendent à sélec-
l’image de l’organisation. Par contre, au moment tionner des individus dont les caractéristiques
de choisir un employeur, l’environnement de tra- correspondent aux personnes qu’elles emploient
vail prévaut sur le contenu du travail ou sur les déjà (Backhaus, 2003). En s’appuyant sur ce
premiers contacts avec l’entreprise (Ibid, p.935). modèle, Judge et Cable (1997) ont par exemple
Cela les amène, à ce stade final du processus de montré que des candidats potentiels à l’em-
recrutement, à plutôt rechercher des informa- bauche particulièrement extravertis étaient plus
tions pratiques sur leurs futures conditions de attirés par des entreprises privilégiant une cul-
travail que sur le contenu même du travail. Par ture de travail en équipe.
conséquent, la décision finale des candidats et Pour autant, si la perception de cette adéqua-
l’attractivité organisationnelle sont fortement tion avec l’entreprise reste capitale pour les can-
liées à la qualité de l’information donnée par didats à l’embauche (Wanous, 1992), la théorie
l’employeur potentiel et à l’adéquation des va- du « fit » s’attarde sur les derniers pans du pro-
leurs du candidat avec celles de l’entreprise cessus du recrutement. De même, la théorie de
(Rynes & Barber, 1990). la socialisation anticipée se focalise sur la pé-
Cette notion d’adéquation a fait l’objet de riode où l’individu se prépare à entrer dans l’or-
nombreux développements dans la littérature. ganisation (Feldman, 1976 ; Louis, 1980). Ces
Saks et Ashforth (1997) ont par exemple distin- deux théories ne s’adaptent donc pas parfaite-
gué quatre formes d’adéquation fondées sur les ment au contexte de notre recherche, dans la me-

2
Le recrutement s’entend ici comme l’ensemble des pratiques et activités conduites par une organisation dans le but
premier d’identifier et d’attirer des employés potentiels (Barber, 1998).

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sure où nous nous intéressons aux tous premiers terminé par une intention de le réaliser. L’inten-
moments de la recherche d’emploi, lorsque les tion est entendue ici comme une orientation
étudiants ne sont pas encore fixés sur l’entre- mentale tournée vers l’action, pour, in fine, bas-
prise qui les recrutera. De fait, nous leur préfé- culer dans le concret. Selon la théorie du com-
rons la théorie du comportement planifié, portement planifié, l’intention se forme sous
récemment mobilisée dans des problématiques l’effet conjoint de trois variables principales: 1)
connexes sur la première recherche d’emploi l’attitude vis-à-vis du comportement, 2) la sen-
(Van Hooft et al. 2004 ; Arnold et al., 2006 ; sibilité aux normes et à la pression sociale, et
Schreurs et al., 2009) ; cette théorie permet d’ap- enfin 3) la perception de la capacité à réaliser
procher les mécanismes cognitifs en jeu chez les son comportement (Ajzen, 1985, 1991 ; Ajzen
candidats dans les toutes premières phases du re- & Fishbein 1980). La Figure 1 présente la théo-
crutement. rie du comportement planifié appliquée à notre
problématique : la recherche du premier emploi.
Appliquée à notre problématique, la théorie
1.2. La théorie du comportement planifié du comportement planifié présente ainsi l’inten-
comme cadre théorique tion de postuler dans une entreprise comme l’an-
técédent direct du comportement de recherche
La théorie du comportement planifié (Ajzen, d’emploi3. L’intention de postuler dans une en-
1985, 1991 ; Ajzen & Fishbein, 1980) propose treprise est elle-même sous l’influence directe
un éclairage sur les perceptions individuelles à de trois variables :
l’origine du comportement humain. Elle met 1. l’attitude envers le fait de trouver son pre-
surtout en évidence les antécédents de ces com- mier emploi dans une entreprise donnée: cette
portements. En effet, tout comportement est dé- variable indique si l’individu évalue de façon po-

Figure 1 : La théorie du comportement planifié pour la recherche du premier emploi (adapté d’Ajzen, 1991)

3
Par comportement de recherche d’emploi, nous entendons la somme de comportements spécifiques par lesquels l’in-
dividu consacre des efforts et du temps pour acquérir de l’information sur l’entreprise dans laquelle il souhaiterait
trouver ce premier emploi et sur les opportunités qu’elle peut lui offrir (Bretz, Boudreau et Judge, 1994).

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sitive (ou négative) le fait de travailler dans l’en- Les croyances normatives. Dans le même
treprise choisie ; esprit, la norme sociale perçue renvoie à l’en-
2. la norme sociale perçue : cette variable semble des croyances normatives saillantes. Ces
correspond à la perception d’une éventuelle croyances naissent à la fois de la prise en compte
pression sociale liée au fait d’effectivement tra- de l’avis de référents (ses parents, ses amis, ses
vailler dans l’entreprise choisie ; camarades de promotion…) et de la motivation
à suivre l’avis de ces derniers.
3. le contrôle perçu : cette variable caracté-
rise la confiance de l’individu envers sa capacité Les croyances de contrôle. Enfin, le
à être effectivement embauché par l’entreprise contrôle perçu renvoie à l’ensemble des
qu’il convoite. croyances de contrôle. Celles-ci correspondent
à la combinaison entre la perception par l’indi-
Postuler ou non dans une entreprise pour y vidu des ressources dont il dispose et l’évalua-
trouver son premier emploi relève par ailleurs tion par l’individu de l’importance de cette
d’un certain nombre de croyances à l’égard des ressource pour atteindre son objectif. Les
entreprises qui embauchent (Cable et al., 2000). croyances de contrôle s’appuient non seulement
Sur ce point, la théorie du comportement plani- sur la propre expérience de l’individu, mais éga-
fié permet également d’approcher les croyances lement sur des informations acquises de façon
sous-jacentes à tout comportement. Ces indirecte via les expériences d’autrui (Ajzen,
croyances (ou « beliefs » selon Ajzen, 1991), 1991). Plus l’individu a le sentiment de posséder
correspondent à un ensemble d’informations « de ressources et qualités adéquates pour réaliser
saillantes» (Ajzen, 1985, 1991) : elles sont an- son objectif, plus son sentiment de contrôle sur
crées dans l’esprit de l’individu au moment de le comportement s’accroît.
la manifestation du comportement. Seules cer-
taines croyances (les plus saillantes) jouent le Nous privilégions ici une approche qualifiée
rôle de déterminants indirects de l’intention et d’ « indirecte » (Ajzen, 1991), afin de décrypter
du comportement adopté. l’intention des jeunes diplômés de postuler pour
une entreprise particulière (cf. figure 1). En effet,
Les variables attitude, norme sociale perçue deux options sont possibles pour approcher l’in-
et contrôle perçu sont ainsi respectivement dé- tention et le comportement :
terminées par des croyances saillantes dites « de
comportement », « normatives » et « de • l’approche dite « indirecte » renvoie à un tra-
contrôle » (Ajzen, 1991) : vail préliminaire exploratoire consistant à iden-
tifier les croyances associées au comportement
Les croyances de comportement. Selon étudié puis à les évaluer dans le cadre d’un
Fishbein et Ajzen (1975), tout comportement a questionnaire. Cette approche a été privilégiée
des conséquences, qui font l’objet de croyances. par exemple dans les travaux de Van Hooft et
Dans le cadre de la recherche d’emploi, ces De Jong (2009), pour identifier les croyances
croyances peuvent concerner le niveau de sa- sous-jacentes au désir de travailler à temps par-
laire, l’équilibre vie professionnelle/vie privée, tiel.
les opportunités de carrière à l’étranger, etc.
Selon les cas, ces différentes croyances sont plus • l’approche dite « directe » renvoie à une me-
ou moins incitatives pour l’individu. Selon sure des variables de la théorie du comporte-
Ajzen (1991), pour un comportement donné, la ment planifié (attitude, norme sociale perçue,
variable attitude naît à la fois : contrôle perçu, intention) au travers d’échelles
pré-établies et éprouvées par la littérature, sans
• de la probabilité d’occurrence des résultats se préoccuper des croyances sous-jacentes au
(obtention du salaire espéré, capacité à équili- modèle (voir par exemple Arnold et al., 2006).
brer sa vie professionnelle, opportunités de
carrières à l’international, etc.). Si elle reste peu mobilisée en gestion des res-
sources humaines, certains auteurs ont souligné
• du caractère plus ou moins incitatif pour l’in- la pertinence de la théorie du comportement pla-
dividu de chacun de ces résultats (importance nifié dans le cadre du choix d’emploi (Chapman
du salaire, importance d’équilibrer sa vie pro- et al., 2005). D’autres l’ont d’ailleurs même tes-
fessionnelle, importance de bénéficier d’op- tée en ce sens: Van Hooft et al. (2004) l’ont mo-
portunités à l’étranger, etc.). bilisée pour étudier les comportements de
Ces deux éléments interagissent : à chaque recherche d’emploi de populations immigrées
« représentation saillante » sont ainsi associées aux Pays-Bas. Arnold, et al. (2006) se sont ap-
une probabilité d’occurrence et une évaluation puyés sur cette théorie pour étudier l’intention
plus ou moins favorable de celle-ci par l’indi- de postuler dans les services de santé publique
vidu. britanniques. Enfin, Schreurs et al. (2009) ont eu

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recours à celle-ci pour établir un lien entre les diants en dernière année de cycle Master d’une
attentes des candidats à la suite de pré-tests de grande école de management, six mois avant
sélection dans l’armée belge et leur comporte- l’obtention de leur diplôme. Par écrit et en ré-
ment effectif de recherche d’emploi. Cependant, pondant à des questions semi-ouvertes, les ré-
si la robustesse de cette théorie a pu être testée pondants ont exprimé leurs croyances de
au travers de ces récentes analyses centrées sur comportement, normatives et de contrôle asso-
le phénomène de recherche d’emploi auprès de ciées à un employeur idéal ou, en revanche, à un
populations variées, aucune recherche, à notre employeur non souhaité. Les questions concer-
connaissance et à ce jour, ne l’a mobilisée pour naient les conséquences positives ou négatives
analyser les comportements de recherche d’em- liées au fait de travailler dans l’entreprise dési-
ploi des jeunes diplômés. Il s’agit ainsi de mo- gnée, ainsi que les sources d’influence sociales
biliser une dimension complémentaire de cette et les éléments pouvant faciliter ou nuire leurs
théorie – les croyances – qui permettent de met- perspectives d’embauche par l’entreprise citée.
tre en exergue les facteurs sous-jacents aux com- Ces données qualitatives ont ainsi été traitées de
portements des jeunes diplômés. De surcroît, manière exhaustive. En effet, compte tenu du
cette recherche se focalise sur la population es- faible nombre de répondants (22 étudiants), nous
tudiantine française et a été mise en œuvre dans avons sélectionné l’ensemble des croyances
un contexte réel de recherche d’emploi, alors mentionnées au lieu de ne retenir que les plus
que la majeure partie des études ont davantage fréquemment citées (Elliott, Armitage & Baug-
recours à des simulations dans le contexte nord- han, 2005). A l’issue de cette première analyse,
américain. nous avons identifié 34 croyances de comporte-
L’objectif de cette contribution est donc de ment, six croyances normatives et huit croyances
comprendre les comportements de recherche de de contrôle4.
premier emploi des jeunes diplômés : quelles Ces premiers éléments nous ont servi de base
sont les croyances (de comportement, norma- pour l’élaboration d’un questionnaire, adminis-
tives ou de contrôle) qui influencent leurs inten- tré en ligne à 1 238 étudiants, en dernière année
tions de faire acte de candidature pour leur de cycle Master de cette même école, six mois
premier emploi ? avant l’obtention de leur diplôme. Nous avons
recueilli 179 questionnaires entièrement et cor-
rectement remplis, soit un taux de retour de
2. MÉTHODOLOGIE 14,5%. En avant-propos, notre questionnaire de-
mandait aux étudiants de lister un maximum de
quatre entreprises pouvant potentiellement les
2.1. Procédure et échantillon intéresser en tant que premier employeur. Parmi
ces entreprises, les étudiants devaient ensuite en
La collecte des données a été effectuée en désigner une qui les attirait particulièrement
deux temps, suivant les recommandations d’Aj- pour répondre à l’ensemble de nos questions.
zen (1991) concernant l’application de son mo- L’âge moyen des étudiants ayant participé à la
dèle et lorsqu’une approche dite « indirecte » en seconde collecte de données est de 24 ans
est faite. Une première étape, de nature qualita- (␴ =1,22). Le test du chi-deux réalisé entre ré-
tive, a permis de faire émerger les croyances les pondants et non-répondants révèle une réparti-
plus prégnantes concernant le premier em- tion hommes/femmes identique dans notre
ployeur potentiel. Une seconde étape, quantita- population de répondants que dans celle des
tive, s’est traduite par un questionnaire fondé sur non-répondants, soit 46,4% d’hommes et 53,6%
les croyances identifiées lors de la première de femmes (p = 0,315 > 0,05). La population des
étape ; Il s’agit de mesurer la relation entre les répondants présente en proportion plus de per-
trois types de croyances (croyances de compor- sonnes ayant la nationalité française comparée
tement, normatives et de contrôle), l’attitude, la à la population des non-répondants (74,3% sont
norme sociale perçue, le contrôle perçu et l’in- de nationalité française seule ou associée à une
tention. autre nationalité). Parmi nos répondants, 66,5%
Dans un premier temps, nous avons donc ef- sont issus de concours des classes préparatoires
fectué une enquête ouverte auprès de 22 étu- et 33,5% sont issus d’autres concours d’entrée.

4
Le détail des croyances identifiées est disponible sur demande auprès des auteurs.

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Décrypter les comportements de recherche d’emploi des jeunes diplômés

ou utile de postuler dans l’entreprise choisie.


2.2. Opérationnalisation des variables Pour chacun de ces trois items, nous avons uti-
(second questionnaire) lisé une échelle de Likert à 5 points ; la moyenne
des réponses sert de mesure directe de la varia-
Les croyances de comportement. En vertu ble attitude. La norme sociale perçue a été me-
des recommandations d’Ajzen (1991), pour cha- surée en utilisant l’échelle validée de Giles et
cune des 34 croyances identifiées suite à l’en- Rea (1999) et de Vinokur et Caplan (1987).
quête ouverte (par exemple, avoir des missions Cette échelle était constituée des items suivants :
intéressantes, travailler avec des collaborateurs « Mon (ma) partenaire pense que je devrais pos-
d’un excellent niveau), deux questions ont été tuler dans cette entreprise pour y décrocher mon
posées. Pour évaluer la vraisemblance de leur premier emploi » et « Les gens qui comptent
croyance comportementale, nous avons de- pour moi pensent que je devrais chercher du tra-
mandé aux étudiants dans quelle mesure ils pen- vail dans cette entreprise, pour mon premier em-
saient que cette croyance serait ou non vérifiée ploi ». Enfin, le contrôle perçu a été mesuré en
en cas d’embauche dans l’entreprise choisie. En- utilisant une échelle composée de 5 items (dont
suite, pour chacune de ces 34 croyances de com- par exemple : « Je pense que je serai capable de
portement, les étudiants ont évalué le caractère convaincre les recruteurs de cette organisation
incitatif de ces croyances sur la base d’une de mes compétences », « Le fait de trouver ou
échelle de Likert (de pas du tout (1) à la valeur non un emploi dans cette organisation dépend
tout à fait (5)). complètement de moi ») validée dans les travaux
Les croyances normatives. L’enquête ou- de Davis et al. (2002), Van Ryn et Vinokur
verte a permis d’identifier (par exemple la fa- (1992)5. Pour chacune de ces échelles, l’alpha
mille, les amis, les anciens de l’école) pouvant de Cronbach s’élève respectivement à 0,82 pour
influencer le choix du premier emploi des jeunes l’attitude, 0,80 pour le contrôle perçu et 0,70
diplômés. Pour mesurer les croyances norma- pour la norme sociale perçue dont l’épuration a
tives, nous avons posé deux questions aux étu- été rendue délicate du fait d’un nombre restreint
diants sur : i) l’approbation de leurs référents à d’items dès le départ.
travailler dans l’entreprise choisie ; ii) la moti- L’intention de postuler dans une entre-
vation des étudiants à suivre l’avis de leurs ré- prise pour y trouver son premier emploi.
férents. A chaque fois, des échelles de Likert ont L’intention se définit comme la motivation
été mobilisées (de pas du tout (1) à la valeur tout d’une personne à réaliser une action donnée (ici,
à fait (5)). postuler dans une entreprise) et l’effort qu’elle
Les croyances de contrôle. L’enquête ou- souhaite fournir en ce sens (Ajzen, 1991). Pour
verte a permis d’identifier huit croyances de mesurer cette variable, nous avons utilisé une
contrôle. Parmi elles, nous pouvons par exemple échelle composée de quatre items (exemples
citer le fait d’avoir développé des compétences d’items : « Je vais m’informer plus amplement
valorisées par l’entreprise, de connaître des per- sur cette organisation », « Je vais essayer de dé-
sonnes travaillant dans l’entreprise souhaitée ou crocher mon premier emploi dans cette organi-
de chercher du travail à un moment où l’entre- sation »), mise en œuvre par Aiman-Smith et al.
prise recrute. Nous leur avons successivement (2001) et Giles et Rea (1999).
demandé (en utilisant toujours des échelles de
Likert à 5 points) : i) d’évaluer si chacune des
huit croyances s’appliquait à leur cas ; ii) de pré- 2.3. Analyse des données
ciser pour chacune des croyances si elles pou-
vaient contribuer à leur embauche. Selon les recommandations de French et
Mesure des variables de la théorie du com- Hankins (2003), nous avons mené une série
portement planifié (attitude, norme sociale d’analyses de régression hiérarchiques dans un
perçue, contrôle perçu). A l’instar des travaux double but : d’une part, pour identifier les
ayant utilisé la théorie du comportement planifié croyances saillantes contribuant à expliquer la
dans le contexte de recherche d’emploi (Van variance des variables de la théorie du compor-
Hooft et al., 2004 ; Vinokur & Caplan, 1987), tement planifié ; d’autre part, pour expliquer la
l’attitude a été mesurée en demandant aux ré- variance de l’intention de postuler dans une en-
pondants de juger s’il était judicieux, intéressant treprise. Aussi, pour chacun des types de

5
Le détail des échelles de mesure utilisées est disponible sur demande auprès des auteurs.

45
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Décrypter les comportements de recherche d’emploi des jeunes diplômés

croyance (croyance de comportement, croyances six croyances normatives et huit croyances de


normatives et de contrôle), nous avons succes- contrôle préalablement identifiées) ;
sivement : 2. effectué une première série de régressions hié-
1. sélectionné les items présentant une corréla- rarchiques en intégrant à chaque fois une va-
tion significative avec la variable de la théorie riable de la théorie du comportement planifié
du comportement planifié qu’elles détermi- donnée (respectivement : l’attitude, la norme
nent (attitude, norme sociale perçue, ou sociale perçue puis le contrôle perçu) comme
contrôle perçu) et l’intention. Plus précisé- variable dépendante. Les croyances saillantes
ment, dans le cas des croyances de comporte- correspondantes ont alors été introduites dans
ment, une série d’analyses de corrélations a l’équation de régression en tant que variables
été réalisée entre les mesures de ces explicatives. Ceci a donc permis d’étudier
croyances, la mesure de l’attitude et celle de successivement la relation entre les croyances
l’intention. Il s’agit de ne sélectionner, parmi de comportement et l’attitude, les croyances
les 34 items de départs, que les croyances de normatives et la norme sociale perçue et enfin,
comportement ayant une relation significative la relation entre les croyances de contrôle et
avec l’attitude et/ ou l’intention. Dans cette le contrôle perçu (A1, B1 et C1 dans la fi-
perspective, seuls les items avec les corréla- gure 2) ;
tions les plus significatives ont été retenus 3. réalisé une seconde série de régressions hié-
(p < 0,05). La même approche a été employée rarchiques intégrant cette fois-ci l’intention
pour les croyances normatives (en relation comme variable dépendante dans l’équation
avec la norme sociale perçue et l’intention) et de régression et les croyances saillantes
dans le cas des croyances de contrôle pour comme variables explicatives. Ces régressions
étudier leur lien avec le contrôle perçu et l’in- ont été réalisées les unes à la suite des autres
tention. Cette première étape a ainsi conduit pour étudier la relation entre croyances de
à la sélection de 20 croyances comportemen- comportement et intention, puis la relation
tales (tirées des 34 initialement identifiées), entre croyances normatives et intention et
quatre croyances normatives et quatre enfin la relation entre croyance de contrôle et
croyances de contrôle (respectivement sur les intention (A2, B2 et C2 dans la figure 2).

Figure 2 : Les relations étudiées dans le cadre de cette recherche

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Décrypter les comportements de recherche d’emploi des jeunes diplômés

Tableau 1 : Analyses de régression hiérarchique pour les croyances de comportement

Enfin, pour éviter les problèmes de colinéa- En premier lieu, la variance de l’attitude
rité entre variables, celles-ci ont été centrées et s’explique par la volonté d’être intégré dans une
réduites avant de procéder aux analyses de ré- grande entreprise, tout en bénéficiant de la sou-
gression hiérarchiques (Aiken & West, 1991). plesse et de la flexibilité d’une petite structure
(␤=0,16 ; p < 0,05). Les résultats traduisent éga-
lement un attachement des étudiants au prestige
3. RÉSULTATS de leur métier (␤=0,17 ; p < 0,05) et à une cer-
taine équité quant à l’évaluation de leurs perfor-
En vertu de la théorie du comportement pla- mances et la récompense de celle-ci (␤=0,17 ;
nifié, les mesures de l’attitude, de la norme so- p < 0,08). Deux items nous ont toutefois surpris
ciale perçue et du contrôle perçu ont présenté par leur relation négative avec l’attitude : l’évo-
une corrélation positive et significative avec l’in- lution de carrière rapide (␤= - 0,21 ; p < 0,05) et
tention (r=0,62, p<0,01 ; r=0,30, p<0,01 et le fait de pouvoir évoluer dans un environnement
r=0,18, p<0,05 respectivement pour la relation motivant (␤= - 0,18 ; p < 0,05).
avec l’attitude, la norme sociale perçue et le Ensuite, l’intention de postuler dans une en-
contrôle perçu). treprise pour y trouver un premier emploi est dé-
terminée par cinq items : l’intérêt de la mission
confiée (␤ = 0,26 ; p < 0,05), le prestige du mé-
3.1. Les croyances de comportement tier (␤ = 0,16 ; p < 0,05) et l’équité des processus
d’évaluation (␤ = 0,07 ; p < 0,05). A contrario,
A la suite de nos analyses, un total de huit obtenir rapidement des responsabilités
croyances de comportement expliquent la va- (␤ = - 0,19 ; p < 0,05) et apprendre beaucoup
riance de l’attitude et/ ou celle de l’intention (cf. (␤ = -0,25 ; p < 0,05) ne semblent pas être pré-
tableau 1). pondérants pour ces jeunes diplômés.

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N° 81 - JUILLET - AOÛT - SEPTEMBRE 2011
Décrypter les comportements de recherche d’emploi des jeunes diplômés

3.2. Les croyances normatives choix du premier emploi, tout comme les an-
Quatre référents apparaissent comme expli- ciens de l’école (␤ =-0,24 ; p < 0,05). Notre ana-
catifs de la norme sociale perçue et de l’intention lyse met par contre davantage en exergue
de postuler dans une entreprise pour y trouver l’importance des amis dans l’intention de pos-
son premier emploi : la famille (parents, frères tuler dans une entreprise pour y trouver son pre-
et sœurs, oncles, tantes…), les amis, les anciens mier emploi (␤ =0,26 ; p < 0,01).
de l’école, le corps enseignant et les étudiants
rencontrés en stage (cf. tableau 2).
Nos analyses montrent que les référents les 3.3. Les croyances de contrôle
plus prégnants dans la formation de la norme so-
ciale perçue sont les anciens de l’école Nos analyses mettent en évidence quatre
(␤ =0,52 ; p < 0,05) et les professeurs (␤ =0,20 ; croyances ayant un impact significatif sur le
p < 0,05). Ceci témoigne peut-être du fait que contrôle perçu et/ ou sur l’intention de postuler
les étudiants seraient enclins à suivre l’avis de dans une entreprise pour y trouver son premier
leurs aînés et de leurs enseignants pour se faire emploi (cf. tableau 3):
une première opinion sur les entreprises en tant
qu’employeurs. Cependant, l’étude de la relation A l’issue de nos analyses de régression hié-
entre croyances normatives et intention de pos- rarchiques, quatre items expliquent significati-
tuler dans une entreprise montre que l’avis de la vement la variance du contrôle perçu : 1) le
famille est plutôt négativement pris en compte développement de compétences valorisées par
par les étudiants (␤ =-0,27 ; p < 0,05) pour le l’entreprise visée et donc la construction de son

Tableau 2 : Analyses de régression hiérarchique pour les croyances normatives

Tableau 3 : Analyses de régression hiérarchique pour les croyances de contrôle

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Décrypter les comportements de recherche d’emploi des jeunes diplômés

Figure 3 : Bilan des croyances prépondérantes identifiées

parcours en conséquence (␤ =0,33 ; p < 0,01) ; chant à comprendre les phénomènes apparais-
2) la capacité à établir un dossier de candidature sant en aval, comme la socialisation des jeunes
« vendeur », mettant en avant ses compétences dans l’entreprise (Dufour & Lacaze, 2010 ; Per-
clés (␤ =0,23 ; p < 0,01) ; 3) arriver au bon mo- rot, 2001, 2008). La mobilisation de la théorie
ment sur le marché de l’emploi (␤ =0,20 ; du comportement planifié pour ce type de pro-
p < 0,01) ; 4), avoir réalisé un stage dans le sec- blématique constitue également un apport.
Enfin, notre approche permet de compléter les
teur d’activité de l’entreprise (␤ =0,20 ; travaux connexes sur les attentes de la généra-
p < 0,05). Le développement de compétences
tion Y en termes de carrière, ou, plus largement,
valorisées par l’entreprise constitue également de contrat psychologique (Broadbridge et al.
une variable explicative de l’intention 2007 ; Hurst & Good, 2009). La figure 3 dresse
(␤ = 0.35 ; p < 0.01). une synthèse des croyances prépondérantes
identifiées grâce à nos analyses. Nous ne faisons
ici apparaître, au travers des flèches entre cer-
4. DISCUSSION ET IMPLICATIONS taines variables du modèle, que les relations si-
gnificatives effectivement identifiées après
MANAGÉRIALES traitement des données.
i) Un rapport mesuré et calculé à l’entre-
4.1. Apports théoriques prise
Si nos résultats corroborent l’importance de
Très peu de travaux s’attachent à comprendre certains attributs organisationnels dans l’attrac-
les origines des comportements de recherche tivité des futurs diplômés (Rynes & Barber,
d’emploi des jeunes diplômés. Cette contribu- 1990; Wanous, 1992), ces attributs apparaissent
tion tente de pallier le manque de littérature dans aussi comme des « obligations » que les étu-
ce domaine en explorant les toutes premières diants attendent d’un futur employeur : avoir des
phases de recrutement ; en ce sens, elle complète missions intéressantes, être évalué à partir des
– dans le contexte français – les travaux cher- résultats individuels, bénéficier de la stabilité

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Décrypter les comportements de recherche d’emploi des jeunes diplômés

d’une grande entreprise, tout en étant intégré valorisées par l’entreprise, notamment au travers
dans une petite équipe. de son parcours de stages. D’autres croyances
ii) La valeur symbolique du premier em- de contrôle relèvent de la capacité à maîtriser
ployeur des facteurs externes pouvant influer sur la réa-
lisation du comportement (Conner & Armitage,
Le prestige de l’employeur apparaît égale- 1999). On retrouve ici, par exemple, le fait de
ment comme un critère déterminant la recherche chercher un emploi à un moment où l’entreprise
d’emploi. Cette croyance explique à la fois une recrutera effectivement. Ce résultat contribue
partie de la variance de l’intention et celle de ainsi au débat sur la nature et la définition du
l’attitude. Le premier emploi revêt donc une di- contrôle perçu. Ajzen (1991) l’envisage comme
mension particulièrement symbolique pour les un construit unidimensionnel se rapprochant de
jeunes diplômés ; cette dimension a d’ores et la définition de Bandura (1982). D’autres cher-
déjà été soulignée par Gatewood et al. (1993) cheurs vont plutôt dans le sens de nos résultats
mais aussi par Highhouse, Thornbury et Little et présentent cette variable comme la conjonc-
(2007). Selon ces auteurs, l’attractivité des en- tion de deux sous-variables (Conner & Armi-
treprises – à offres égales – repose sur cette di- tage, 1998 ; Terry & O’Leary, 1995) : l’efficacité
mension symbolique et sur les représentations personnelle et la maîtrise de facteurs environne-
des jeunes diplômés de l’entreprise. Dans le mentaux externes.
même esprit, Lievens et Highhouse (2003) sou-
lignent que l’intention de rejoindre une entre-
prise repose davantage sur l’image qu’elle
véhicule (innovante ou a contrario austère) que 4.2. Implications managériales
sur des dimensions purement matérielles telles
que la rémunération ou les perspectives d’évo- i) Un rôle différencié des référents, en fonc-
lution. Dans cette perspective, des travaux ont tion du stade de la recherche d’emploi
d’ailleurs montré que les individus sont plutôt Sur le plan managérial, nos résultats mettent
attirés par des entreprises qui contribuent, par en exergue deux enjeux principaux en GRH.
leur image, à rehausser l’image qu’ils ont d’eux- Tout d’abord, l’étude des croyances normatives
mêmes, sous réserve qu’il y ait un public ex- montre que ce ne sont pas les mêmes référents
terne, pour approuver socialement le choix de qui interviennent dans la formation de la norme
l’individu (Scott & Lane, 2000). sociale perçue et dans l’intention de postuler
Parallèlement à cela, il est également intéres- dans une entreprise. En effet, le stade de forma-
sant de noter que la croyance relative à l’exer- tion de la norme sociale perçue constitue un mo-
cice de responsabilités et la rapidité de la ment de réflexion où les étudiants engrangent les
avis des uns et des autres pour se forger une idée
carrière enregistre un résultat négatif (␤= -0, 21, générale sur les entreprises pressenties. A ce mo-
p < 0,05). Les jeunes diplômés interrogés sem- ment précis, l’avis du corps enseignant et/ou des
blent donc attirés par le prestige de leur premier anciens reste important. En revanche, au stade
employeur, même s’ils pensent qu’ils n’auront de l’intention (c’est-à-dire le moment où un
pas rapidement des responsabilités ou une évo- futur jeune diplômé décide d’envoyer sa candi-
lution de carrière rapide dans cette organisation. dature à des employeurs potentiels), l’émotion
Ceci s’explique par le fait, qu’en moyenne, les dévient prépondérante ; les référents les plus ex-
étudiants ont répondu en citant le nom de plicatifs sont les plus chargés émotionnellement:
grandes entreprises, faisant référence dans leur l’avis dissuasif des parents, la valorisation des
secteur d’activité. Dans ce cas, le prestige de conseils des anciens de l’école et, surtout, des
l’employeur semble être privilégié comparé à la amis. Ce dernier point plaide donc, sur le plan
prise de responsabilité et la rapidité de progres- des pratiques RH, en faveur de la mise en place
sion de la carrière, ces étudiants étant prêts à at- de recrutements en partie fondés sur la coopta-
tendre un peu sur ce point. tion.
iii) Des croyances de contrôle articulées au- En termes de « pré-contrat psychologique »
tour de deux dimensions (De Vos et al., 2009)., notre étude met en
Nous constatons ensuite que les croyances de exergue des croyances fondées sur le prestige de
contrôle mises en avant par notre recherche s’ar- l’employeur, plutôt que sur un « pré-contrat »
ticulent autour de deux dimensions. Certaines purement transactionnel (salaire) ou relationnel
relèvent de l’efficacité personnelle (Bandura, (promesse de carrière). C’est avant tout la valeur
1982), fondée sur la maîtrise de ressources in- symbolique de ce premier employeur qui semble
ternes : savoir mettre en valeur son propre par- jouer un rôle prépondérant dans le choix de re-
cours, avoir développé des compétences cherche du premier emploi. Pour le DRH, il est

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Décrypter les comportements de recherche d’emploi des jeunes diplômés

donc important de rendre l’entreprise particuliè- nover : en donnant une description précise du
rement « visible » notamment via les réseaux - poste auquel le candidat aspire à faire acte de
sociaux, beaucoup moins sollicités que les pages candidature, le futur salarié (une fois en poste)
recrutement des sites web des entreprises, mais sera plus satisfait et sera moins à même de quit-
aujourd’hui incontour-nables dans la construc- ter l’entreprise volontairement (Ibid). Cepen-
tion des croyances normatives. Force est de dant, force est de constater que la distorsion
constater que les jeunes diplômés ont une mé- (in)volontaire des informations existe dans l’ob-
connaissance des métiers auxquels ils aspirent à jectif de présenter l’organisation d’une manière
candidater ; des efforts ont alors déjà été entre- particulièrement positive (Wanous, 1992).
pris par les DRH pour communiquer sur le sec-
teur d’activité de leur entreprise et leurs métiers
afin de donner sens aux emplois proposés.
CONCLUSION : LIMITES ET
ii) Pour un réalisme des informations don-
nées en phase de pré-recrutement
PERSPECTIVES DE NOTRE RECHERCHE
Ensuite, nous avons mis en évidence un en- Cette contribution proposait de décrypter les
semble de faisceaux de croyances - qui caracté- origines de comportement de recherche d’em-
risent la période antérieure à l’entrée des jeunes ploi des jeunes diplômés d’une grande école de
diplômés dans l’entreprise ; cette phase critique management. Si la littérature devient abondante
dans la recherche d’emploi constitue un vérita- sur la génération Y, très peu de recherches s’in-
ble processus social où chercheurs d’emploi et téressent aux toutes premières étapes de re-
entreprises collectent de l’information et nour- cherche d’emploi. En fondant notre approche
rissent des croyances mutuelles les uns envers sur le modèle du comportement planifié, nous
les autres (Barber, 1998). Du côté des futurs di- avons mis en exergue trois types de croyances
plômés, comme des employeurs potentiels, des qui influencent l’intention de postuler pour une
attentes réciproques se forment et se précisent, entreprise particulière : les croyances de com-
souvent en décalage les unes des autres, parfois portement, les croyances de contrôle et les
même conflictuelles (Perrot, 2001). La réduction croyances normatives. In toto, c’est une quin-
de ces décalages durant la phase de pré-recrute- zaine de critères expliquant les comportements
ment constitue une clé essentielle pour assurer de recherche d’emploi – parmi les plus signifi-
la bonne intégration et la pérennité des nouvelles catifs le prestige, le rôle des amis ou la valorisa-
recrues dans l’entreprise. En effet, au regard des tion de la performance individuelle – à prendre
coûts associés au départ prématuré des nou- en considération tant pour les directions des res-
veaux embauchés, il est important pour l’entre- sources humaines que les futures recherches
prise d’être consciente des croyances des jeunes académiques connexes à notre problématique.
diplômés sur leur future relation d’emploi avec
elle (De Vos et al., 2009). Le réalisme des infor- Néanmoins, de notre analyse émergent un
mations données par les candidats comme par certain nombre de limites relatives à 1) notre
les entreprises en phase de pré-recrutement joue échantillon, 2) notre méthodologie et 3) nos ré-
ici un rôle important (Wanous, 1992). Il s’agit sultats de recherche.
de donner aux candidats des informations les Tout d’abord, les réponses obtenues dans le
plus réalistes possible pour choisir leur em- cadre de la première collecte de données sous
ployeur en toute connaissance de cause plutôt format papier auprès de 22 étudiants, auraient
que de les attirer à tout prix par des descriptions pu être complétées par la conduite d’entretiens
trop avantageuses (Powell & Goulet, 1996). Sur semi-directifs auprès de chacun d’eux. Ceci au-
le plan RH, les entreprises ont intérêt à explici- rait permis d’enrichir ainsi les réponses obte-
ter, avec le plus de transparence possible, le nues. De prochaines recherches recourant à cette
contenu des offres d’emploi et des parcours pro- méthodologie pourront donc veiller à renforcer
fessionnels qu’elles proposent aux jeunes diplô- le dispositif de recueil de données exploratoires
més. En ce sens, de nombreux travaux ont insisté par ce type d’entretiens. La particularité du ter-
sur la crédibilité et le réalisme de l’information rain de recherche mérite également d’être souli-
divulgué. Par exemple, Le Realistic Job Preview gnée, les jeunes diplômés issus de la grande
met en exergue la nécessité de communiquer à école de management choisie étant moins
la fois les aspects désirables et indésirables d’un confrontés au chômage et au déclassement que
travail avant que le candidat n’accepte celui-ci les autres jeunes diplômés. Par conséquent, les
(Breaugh, 1983). Pour certains types de poste, il croyances qui influencent ces jeunes diplômés
est admis que le Realistic Job Preview peut avoir ne sont pas forcément transposables aux diplô-
un impact significatif sur la diminution du tur- més issus d’autres systèmes de formation.

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N° 81 - JUILLET - AOÛT - SEPTEMBRE 2011
Décrypter les comportements de recherche d’emploi des jeunes diplômés

Ensuite certains items ont donné des résultats instrumentale des savoirs qui ne servent qu’à ob-
étonnants ; sans doute que ces derniers auraient tenir des bonnes notes, puis des diplômes. Ainsi,
parfois gagné à être plus explicites. Par exemple, ayant été conduits à des postes de prestige non
le verbe « apprendre » de l’item intitulé « Beau- pas en raison de l’intérêt qu’ils portent aux mé-
coup apprendre » a-t-il été perçu comme référant tiers mais en raison des bonnes notes qu’ils ont
à un apprentissage purement scolaire, rejeté par obtenues durant leurs études, ils sont tout natu-
les étudiants rencontrés en phase exploratoire? rellement amenés à faire leurs choix en fonction
L’environnement « motivant » désigné par un du prestige qu’ils attribuent aux postes. Ensuite,
des items de notre questionnaire a-t-il été perçu la durée et la difficulté des études qu’ils ont sui-
comme un environnement compétitif, alors que vies peuvent les amener à adopter une « logique
nous faisions référence à la qualité de cet envi- d’amortissement » : le choix d’un poste à pres-
ronnement, notamment au niveau des collabora- tige serait alors guidé par la volonté d’amortir
teurs directs du répondant? Cet item, à la l’investissement scolaire. En d’autres termes,
formulation finalement assez générale, aurait par n’ayant pas connu un autre système que celui de
ailleurs sans doute gagné à être affiné, notam- la course aux notes et de la course aux diplômes,
ment au travers d’une réduction par analyse fac- ils entrent tout naturellement dans le jeu de la
torielle qui aurait limité d’éventuelles course aux compétences et de la course aux em-
colinéarités avec d’autres items. L’échelle de plois prestigieux.
mesure de la norme sociale perçue pourrait,
quant à elle, être étoffée pour renforcer sa qua- Il serait également intéressant, pour aller plus
lité. Sur le plan méthodologique ensuite, d’au- loin, de creuser les croyances ainsi identifiées et
tres méthodes d’analyse des données pourraient d’établir un lien éventuel entre les informations
être aussi mobilisées pour identifier les diffusées aux étudiants par les entreprises et
croyances sous-jacentes au comportement de re- l’émergence de ces croyances. Nombreuses sont
cherche d’emploi. Le choix méthodologique que en effet les actions de communication menées
nous avons fait au travers de l’usage d’analyses par les entreprises sur les campus des grandes
de régression se réfère à des travaux précédents écoles, ceci en accord avec l’administration de
ayant eu recours à cette méthode (French & ces institutions. Ces actions contribuent à créer
Hankins, 2003) mais le recours aux méthodes une perception générale sur l’entreprise, positive
d’équations structurelles dans un contexte simi- ou non. En jouant par exemple sur les actions de
laire pourrait être aussi envisagé. communication sur les campus estudiantins, ou
encore en sponsorisant un événement sportif, les
Le caractère général de cette étude ne permet entreprises favorisent leur image dans les esprits
par ailleurs pas de distinguer les spécificités de des étudiants, bientôt en quête de leur premier
certaines franges de la population des jeunes di- emploi. Il serait intéressant d’étudier ces formes
plômés. Dans une perspective de recherches fu-
de « conditionnement » dans la continuité de ce
tures, il serait utile de distinguer les répondants
travail de recherche. Enfin, de futures recherches
par sexe et de proposer une analyse plus appro-
fondie à l’instar de Terjesen et al. (2007). Le sec- pourront reprendre la problématique de notre
teur d’activité peut également être un élément travail à l’aune d’un contexte économique de
déterminant tant certains secteurs ont une image crise, bien différent de l’environnement dans le-
plus ou moins attractive ; les travaux menés sur quel évoluaient les étudiants rencontrés lorsque
le secteur de la distribution (Broadbridge et al., nous avons réalisé cette recherche. La probléma-
2007 ; Hurst & Good, 2009) laissent entrevoir tique de recherche d’emploi mérite d’être davan-
d’autres voies de recherches futures selon l’at- tage analysée, quelles que soient les multiples
tractivité du secteur étudié. En effet, sous une contingences inhérentes à la gestion.
homogénéité apparente, mettant en exergue une
attractivité évidente pour le secteur du conseil
ou de la banque/assurance, on distingue des par- RÉFÉRENCES
cours de stages différenciés mais aussi des at-
tentes et représentations spécifiques, notamment AIKEN, L. & WEST, S. (1991). Multiple regres-
en fonction du secteur d’activité dans lequel les sion: Testing and interpreting interactions. Newbury
jeunes diplômés souhaitent évoluer. De plus, Park: Sage.
l’analyse des croyances normatives fait abstrac- AIMAN-SMITH L., BAUER, T. & CABLE, D.
tion de la pression liée au système scolaire ; il (2001). Are you attracted? Do you intend to pursue?
se peut que le système d’évaluation scolaire ren- A recruiting policy-capturing study. Journal of Busi-
force une importance excessive aux notes chez ness and Psychology, 16, 219-237.
ces jeunes issus à de concours de classes prépa- AJZEN, I. (1985). From intentions to actions: A
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REVUE DE GESTION DES RESSOURCES HUMAINES
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N° 81 - JUILLET - AOÛT - SEPTEMBRE 2011
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REVUE DE GESTION DES RESSOURCES HUMAINES

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