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Special Issue - Strategic Change -Challenging the legitimacy assumption in entrepreneurship View project
All content following this page was uploaded by Frank Janssen on 29 December 2015.
Introduction
Depuis deux décennies, de nouveaux champs d’investigation en entrepreneu-
riat connaissent un fort engouement : l’entrepreneuriat social et l’entrepreneuriat
durable. Ces concepts sont au centre de l’attention car les mondes politique, éco-
nomique et académique, ainsi que la presse se sont fortement intéressés aux ques-
tions sociales et environnementales ces dernières années (Dey, 2006 ; Nicholls,
2008 ; Shepherd et Patzelt, 2011 ; Short, Moss et Lumpkin, 2009 ; Stryjan, 2006b ;
Weerawardena et Sullivan Mort, 2006).
Plusieurs exemples de cet enthousiasme pour ces deux types d’entrepreneuriat nous
viennent à l’esprit. Au niveau institutionnel, la Commission européenne (2013b) a
créé un Fonds social européen visant à soutenir l’emploi auprès de ses pays membres.
Les budgets sont considérables et représentent plus de 10 milliards d’euros pour la
France et plus de 2 milliards pour la Belgique (Commission européenne, 2013c). Outre
sa volonté d’agir sur la qualité et l’équité des offres d’emplois pour les citoyens de
l’Union européenne (Commission européenne, 2013b), le FSE soutient aussi active-
ment la création d’entreprises sociales ayant pour but d’offrir du travail aux groupes
en difficultés tels que les jeunes chômeurs de longue durée, les personnes ayant un
handicap ou les citoyens de communautés rurales (Commission européenne, 2013d).
La Commission européenne (2013a) s’est également intéressée au développement
durable. Bon nombre d’études ont été réalisées à ce sujet concernant, entre autres,
CHAPITRE
À titre d’exemple, citons le Groupe SOS créé en 1984 par Jean-Marc Borello en France. Il
s’agit d’un « groupement diversifié d’associations et d’entreprises à vocation sociale, avec
trois milles salariés et un budget de deux cents millions d’euros » (Borello, 2011). La diver-
sification des activités de ce groupe s’est réalisée naturellement en cherchant à répondre
le mieux possible aux besoins de leurs publics cibles, dont voici quelques exemples.
L’aventure a commencé par l’association SOS, offrant un lieu aux toxicomanes (consom-
mant des drogues dures par voie intraveineuse) pour sortir de leur addiction. Il s’est avéré
que ces personnes ont été fortement contaminées par le VIH. Aucune structure existante
ne pouvant les accueillir, Jean-Marc Borello a alors fondé un petit centre de soins palliatifs
pour les prendre en charge. Par la suite, il a créé une deuxième association SOS Habitat et
Soins pour répondre au problème du relogement des personnes cumulant des difficultés
sanitaires et sociales. Les actions de ce groupe d’association ne s’arrêtent pas là. Des mai-
sons de retraite médicalisées fonctionnant avec les tarifs de l’aide sociale ont également
vu le jour afin d’offrir un logement aux personnes âgées sans revenu. Le groupement
comprend une troisième association SOS Insertion et Alternatives constituée de plusieurs
entreprises d’insertion par l’activité économique, embauchant des personnes précarisées
au niveau de l’emploi pendant une période de maximum deux ans afin de leur offrir un
tremplin vers un emploi dans une entreprise traditionnelle.
À titre d’exemple, l’entreprise belge Isohemp (2013) propose depuis 2012 des produits
d’isolation thermique écologique à base de chanvre pour de nouvelles et d’anciennes
constructions. Ces produits, issus de l’agriculture locale et confectionnés en Belgique,
sont 100 % naturels et neutres au niveau de la santé. Ils sont composés uniquement de
chaux, d’eau et de chanvre. Aucun produit chimique n’entre dans leur composition. Les
•••
L’entrepreneuriat social est centré sur la création de valeur sociale via une activité com-
merciale, dans le cadre de l’entrepreneuriat de développement durable, des considé-
rations environnementales et communautaires viennent s’ajouter. Ces deux concepts
semblent donc liés. Cependant, l’on peut s’interroger sur la nature des liens qui les
unit : L’entrepreneuriat de développement durable est-il une branche de l’entrepre-
neuriat social ? Ou s’agit-il de deux disciplines bien distinctes présentant certaines
connexions entre elles ? Nous tenterons de répondre à ces questions dans la deuxième
partie de cette section.
À l’étude de la littérature, l’on s’aperçoit que les termes d’entrepreneuriat social, entre-
preneuriat environnemental, entrepreneuriat vert ou encore écopreneuriat (Dixon et
Clifford, 2007 ; Isaak, 2002 ; Linnanen, 2002 ; Schaltegger, 2002 ; Schaper, 2002) ont été
utilisés indifféremment pour évoquer l’entrepreneuriat durable. Pour éviter ces amal-
games et confusions, des auteurs tels que Tilley et Young (2009) et Shepherd et Patzelt
(2011) ont cherché à délimiter le champ de l’entrepreneuriat de développement durable.
Plusieurs chercheurs considèrent une activité entrepreneuriale comme durable
lorsqu’elle intègre de manière holistique des buts économiques, sociaux et environne-
mentaux qui perdurent dans le temps (Gibbs, 2009 ; Schlange, 2009 ; Tilley et Young,
2009). Il faut donc que la forme de génération de richesse soit également stable dans
le temps pour qu’une organisation puisse être considérée comme entreprise de déve-
loppement durable. Pour Tilley et Young (2009), les entrepreneurs durables sont de
réels modèles de création de richesses sociale et environnementale car ils sont capables
de concilier des enjeux parfois divergents comme des préoccupations sociales et
environnementales avec des objectifs économiques. Le principe de suffisance, c’est-
à-dire la réduction de la consommation excessive par la promotion du « vivre bien
avec moins », en est un bon exemple. Ce principe de suffisance a une grande valeur
de durabilité, car pratiquer la suffisance peut être considéré comme une solution aux
problèmes moraux, sociaux et environnementaux engendrés par une consommation
excessive. Pour résumer leur pensée, la richesse de l’entrepreneuriat de développement
durable réside dans le bénéfice net global qu’il représente pour l’économie, la commu-
nauté et l’environnement.
L’entrepreneuriat durable est, aux yeux de Tilley et Young (2009), la seule voie qui per-
mette d’accomplir un développement durable. Les entrepreneurs économiques, envi-
ronnementaux ou sociaux peuvent chacun y contribuer partiellement. Cependant, à
eux seuls, ils ne répondent pas, à terme, à tous les défis du développement durable.
Premièrement, les entrepreneurs et leurs entreprises doivent être financièrement
durables pour survivre. Une organisation centrée uniquement sur l’environnement
CHAPITRE
type d’organisation peut être dommageable pour l’environnement en raison du trans-
port de ces biens à travers le monde, contribuant ainsi aux changements climatiques
et à l’impact négatif de ces processus de production sur l’environnement. Par consé-
quent, pour Tilley et Young (2009), seuls les entrepreneurs qui tiennent compte de ces
trois éléments peuvent être appelés « entrepreneurs de développement durable ».
Le point de vue de Tilley et Young (2009) suppose donc que l’entrepreneuriat de déve-
loppement durable et l’entrepreneuriat social sont bien distincts : le premier recouvre
des considérations environnementales et sociales en plus de préoccupations écono-
miques, alors que le second traite uniquement des enjeux sociaux et économiques.
Dans leur définition de l’entrepreneuriat de développement durable, abordée précé-
demment, Shepherd et Patzelt (2011) ajoutent une quatrième composante : la dimen-
sion communautaire.
Par son caractère multidimensionnel, l’entrepreneuriat de développement durable est
lié à plusieurs champs de recherche (Shepherd et Patzelt, 2011). Premièrement, il s’ins-
crit dans la lignée des travaux sur l’écopreneuriat (l’entrepreneuriat écologique). Ces
recherches cherchent à comprendre comment l’action entrepreneuriale peut contribuer
à préserver l’environnement naturel (Pastakia, 1998 ; Schaper, 2005). L’écopreneuriat
est cependant une partie de l’entrepreneuriat durable, mais il n’en est pas un synonyme
parce qu’il ne recouvre pas explicitement la durabilité des communautés et le déve-
loppement de gains non économiques pour les individus et les sociétés. Par ailleurs,
il est proche du concept d’entrepreneuriat social qui inclut les activités et les proces-
sus entrepris pour découvrir, définir et exploiter des opportunités afin d’améliorer la
richesse sociale en créant de nouvelles entreprises ou en gérant des organisations déjà
existantes d’une manière innovante (Zahra, Gedajlovic, Neubaum, et Shulman, 2009).
La recherche en entrepreneuriat social recouvre donc le développement de gains (non-
économique) pour les individus et les sociétés, mais n’inclut pas de manière durable
les états actuels de la nature ainsi que des sources de soutien de vie et de communauté.
Finalement, l’entrepreneuriat durable inclut des aspects de responsabilité sociale des
entreprises (RSE), qui fait référence aux actions de promotion des biens sociaux, au-
delà de l’intérêt de l’entreprise (McWilliams et Siegel, 2001). Cependant, la RSE n’est
pas nécessairement liée à l’action entrepreneuriale et à l’innovation, mais se limite sou-
vent à un engagement sociétal des entreprises (songeons par exemple au financement
de club de sports ou à des donations pour des organisations sociales).
CHAPITRE
Même si l’angle d’approche pour conceptualiser l’entrepreneuriat social est différent
d’un courant de pensée à l’autre (Bacq et Janssen, 2011b), les termes utilisés pour le
décrire expriment une même idée, celle de centralité de la mission sociale, tandis que
les diverses terminologies dédiées à l’entrepreneuriat de développement durable ne
2009 Shepherd et Patzelt,
relèvent pas toujours d’une même idée (Tilley et Young, 2009 ;
2011). En effet, l’entrepreneuriat vert ou environnemental se concentrent davantage
sur un objectif écologique (Schaltegger, 2005), alors que les entrepreneurs de déve-
loppement durable tiennent compte à la fois d’objectifs sociaux, environnementaux et
économiques. Certains auteurs, tels que Choi et Gray (2008), utilisent le terme d’entre-
preneuriat de développement durable pour évoquer de manière interchangeable les
entrepreneurs suivant deux ou trois des objectifs cités.
Il n’est donc pas toujours aisé de s’y retrouver. Cette diversité pourrait être influencée,
en tout cas pour l’entrepreneuriat social, par l’origine géographique des chercheurs
qui s’y sont intéressés (Bacq et Janssen, 2011b). Ces différences peuvent s’expliquer
par le fait que, de part et d’autre de l’Atlantique, ces diverses écoles de pensée pour-
raient avoir des conceptions distinctes du capitalisme et du rôle du gouvernement.
Or, on constate qu’aux États-Unis deux écoles de pensées ont une approche distincte
de l’entrepreneuriat social, l’une étant d’ailleurs proche du courant de pensée euro-
péen. Cela laisse penser que ces conceptions sont principalement basées sur de fortes
convictions sociales et qu’il est impératif de tenir compte des facteurs contextuels
dans lesquels une entreprise sociale émerge (Bacq et Janssen, 2011b).
On peut citer en guise d’exemples Newman’s Own créée par l’acteur multi-oscarisé Paul
Newman, le fondateur de Stonyfield Farm, Gary Hirschberg (éducateur et activiste en-
vironnemental) ou encore la créatrice des magasins The Body Shop, Anita Roddick, qui
n’avait ni expérience en gestion d’entreprise, ni dans le milieu des cosmétiques.
Par ailleurs, selon Shepherd et Patzelt (2011), les personnes ayant suivi une forma-
tion en agronomie, en océanographie ou encore en tourisme sont plus susceptibles de
CHAPITRE
mental, peut être interprétée en action entrepreneuriale au travers de deux étapes. La
première étape se caractérise par le passage de l’ignorance à la croyance de l’existence
d’une opportunité pour quelqu’un (ce que les auteurs appellent la croyance d’une oppor-
tunité pour une tierce personne) et la seconde se réfère à la croyance que cette opportu-
nité en est une pour soi-même (ou la croyance d’une opportunité pour soi-même). Ces
deux étapes sont influencées par les connaissances (Rensink, 2002) et les motivations
antérieures (Tomporowski et Tinsley, 1996) des individus. Cela signifie que, bien que des
individus estiment ne pas avoir les connaissances suffisantes pour poursuivre personnel-
lement des opportunités sociales ou de développement durable, ils sont plus susceptibles
d’en détecter s’ils se soucient de l’environnement naturel ou social.
En outre, si les individus perçoivent cette opportunité comme étant réalisable et dési-
rable, alors ils seront plus susceptibles de se lancer dans une activité entrepreneuriale
(Krueger, 1993). Pour qu’une opportunité soit réalisable, il faut notamment un cer-
tain niveau de connaissances. Les individus vont évaluer leurs connaissances, leurs
capacités et compétences à exploiter une opportunité. Cette évaluation peut être dif-
férente selon que cette opportunité soit mue par un objectif social ou de développe-
ment durable ou de gains personnels. Des connaissances préalables peuvent être plus
importantes dans le cadre d’opportunités de développement durable que dans le cadre
d’opportunités uniquement commerciales.
CHAPITRE
Le CEO de GreenWorks, Crooks, avait remarqué que les grandes entreprises, délocalisant
leurs bureaux dans un autre pays, jetaient leur surplus de matériel de bureau, pourtant
encore exploitable. Son désir de réduire ces déchets de matériel de bureau et son identi-
fication d’un problème dans le système en place lui ont permis de créer son entreprise et
de recycler ce matériel « indésirable ».
CHAPITRE
développement durable doivent créer, assez tôt dans leur processus entrepreneurial,
une marque d’entreprise différenciable (Choi et Gray, 2008). Ils axent également leur
stratégie sur la qualité de leurs produits et leur caractère innovant.
Le cas du Groupe SOS illustre bien la volonté de distribuer les bénéfices uniquement à la
mission sociale. La structure de ce groupe est délibérément dépourvue d’actionnaires.
Par conséquent, les recettes des trois associations qui le composent sont automatique-
ment mises en réserve afin d’assurer la pérennité du groupe ou injectées dans leurs acti-
vités pour le développement de nouveaux projets (Borello, 2011).
Les stratégies de sortie constituent également un grand défi pour les entreprises
sociales et de développement durable. Les options de sortie pour ces entrepreneurs
sont contraintes par les buts sociaux et environnementaux qu’ils s’imposent, ce qui
est une situation bien différente des entrepreneurs dits classiques (Bacq et Janssen,
2011a ; Choi et Gray, 2008). Ces contraintes sociales et environnementales limitent à
leur tour leur croissance (via la poursuite d’investissements, des acquisitions ou des
offres publiques) ou la réplicabilité de leur modèle économique.
Au travers de leur mission sociale ou de développement durable, ces deux types d’en-
trepreneurs s’inscrivent naturellement dans une logique temporelle puisque le but est
que leur entreprise leur survive (Bacq et Janssen, 2011a). Considérant cette volonté de
pérennité, les entreprises sociales ou de développement durable sont plus concernées
par la transmission/reprise de leur entreprise que des entreprises traditionnelles. Cette
transmission/reprise est considérée comme un enjeu critique (Elkington et Hartigan,
2008 ; Imperatori et Ruta, 2006) car les valeurs et la mission sociale de ce type d’entre-
prise sont intrinsèquement liées à l’entrepreneur lui-même. La transmission/reprise,
dans ce cas-ci, renvoie à deux difficultés principales (Bacq et Janssen, 2011a). La pre-
mière est de trouver un repreneur partageant les mêmes convictions que le cédant et
garantissant le maintien d’un bon équilibre entre les enjeux sociaux et économiques.
La seconde concerne la détermination du prix de vente de l’entreprise sociale, rendue
complexe par la difficulté d’en évaluer la performance monétairement.
Pour clôturer cette section, il nous semblait intéressant de mentionner à quel point
la mesure de la performance d’un entrepreneur social ou de développement durable
constitue un réel défi, comparée à celle d’un entrepreneur commercial (Austin et al.,
2006 ; Tilley et Young, 2009). En effet, un entrepreneur commercial utilise des mesures
relativement tangibles et quantifiables au travers d’indicateurs financiers, de la part
CHAPITRE
ensemble ordonné d’indicateurs complémentaires, quantitatifs et qualitatifs, moné-
taires et non monétaires, sectoriels et transversaux » (Mertens et Marée, 2013, p. 117).
Actuellement, il n’existe pas encore de mesure adéquate pour évaluer la contribution
d’une entreprise à la richesse sociale et environnementale de la communauté, car notre
société a tendance à juger les succès uniquement sur la base de mesures quantitatives
(Tilley et Young, 2009). Un entrepreneur social ayant pour but de favoriser la consom-
mation de nourriture saine parmi les enfants des milieux défavorisés crée une richesse
sociale significative, mais comment pouvons-nous la mesurer ?
Niveaux Entrepreneuriat
Critères Entrepreneuriat social
d’analyse de développement durable
Plusieurs termes pour Plusieurs termes mais n’expriment pas
une même idée : toujours une même idée :
entreprise dont la – Entrepreneuriat vert ou environnemental
Au niveau mission centrale est impliquant 2 missions (écologique et
Termes
conceptuel sociale. économique).
– Entrepreneuriat de développement
durable recouvrant 3 missions
(environnementale, sociale et économique).
Origine de l’idée Idéalisme du fondateur.
Le fondateur n’est pas toujours un individu isolé, parfois il est le porte-
Porteur du projet
parole d’un groupe de citoyens.
Ces deux types d’entrepreneurs n’ont souvent que peu ou pas
Expérience
d’expérience pertinente dans le monde des affaires.
Au niveau
de l’individu Certaines études (agronomie, océanographie, tourisme, sciences
Type d’études humaines) permettent de détecter plus d’opportunités sociales ou de
développement durable que d’autres.
Vivre dans un environnement où des préoccupations sociales
Milieu de vie et/ou environnementales sont présentes peut favoriser ces deux types
d’entrepreneuriat.
Mission
Une mission centrale
sociale.
Une mission double : sociale
et environnementale. 3
Certains auteurs ajoutent aussi une mission
CHAPITRE
communautaire.
Il y a un réel engouement pour ces deux types d’entrepreneuriat sur
Au niveau Engouement les scènes politique, économique, scientifique et dans le monde de la
environne- presse.
mental Soutien et De nombreuses organisations de soutien et de promotion ont vu le
promotion jour.
Tension constante entre Tension constante entre objectifs
Tension des
objectifs sociaux et environnementaux, sociaux et
enjeux
économiques. économiques.
Non applicable. Ils la réduisent en utilisant des procédés de
Empreinte
fabrication et de transport respectueux de
écologique
l’environnement.
La vision n’est pas unanime : certains disent que les profits doivent
Distribution des être réinvestis entièrement dans la mission sociale, d’autres pensent
bénéfices qu’une partie limitée de ces profits peuvent revenir aux propriétaires et
travailleurs et d’autres encore n’imposent aucune contrainte.
Ces deux types d’entrepreneuriat ne sont pas limités à une forme
Type
juridique spécifique et ont ouvert la voie à de nouvelles formes
d’organisation
hybrides d’organisations.
Au niveau Pour pallier une rémunération du personnel moins compétitive que
Ressources
organisa- dans les entreprises classiques, le bien-être des employés est souvent
humaines
tionnel plus pris en compte.
Ils se différencient de leur concurrence en promouvant leurs valeurs
sociales et/ou environnementales et en se positionnant sur un marché
Marketing
haut de gamme (avec des produits de haute qualité, innovants et à des
prix élevés).
Dans ces deux types d’entrepreneuriat, le public visé n’est pas la
Clients
majeure partie de la population.
Stratégies Elles sont contraintes par leurs objectifs sociaux et/ou
de sortie et environnementaux.
de croissance
Elle est un enjeu critique : il faut trouver un successeur qui partage les
Succession
mêmes convictions.
La difficulté d’évaluer la performance de ces entreprises en termes
Performance
d’impacts sur la société et/ou l’environnement.
CHAPITRE
Finalement, au niveau contextuel, il faudrait s’interroger sur la manière dont les pou-
voirs publics peuvent permettre à ce type d’entreprise d’exister et de subsister. Par
exemple, les pouvoirs publics doivent-ils favoriser la création de ce genre d’entreprise
en mettant en place des mécanismes d’aide ? Les organismes de soutien doivent-ils
différer selon le profil social ou de développement durable de l’entreprise ?
Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons tenté de tracer une frontière entre l’entrepreneuriat
social et l’entrepreneuriat de développement durable. Au sein des deux champs de
recherche, la terminologie utilisée est loin de faire l’unanimité. Pour ne pas simplifier
les choses, certains auteurs emploient le même terme pour les deux concepts. Nous
sommes partis des définitions de Tilley et Young (2009) et de Shepherd et Patzelt
(2011). L’entrepreneuriat social et l’entrepreneuriat de développement durable sont
bien deux concepts distincts à ne pas confondre entre eux ou avec d’autres avec les-
quels ils présentent des similitudes telle que, par exemple, la responsabilité sociétale
des entreprises.
Dans un second temps, nous avons exploré les similitudes et les divergences entre ces
deux concepts au travers des quatre niveaux d’analyse de Gartner (1985). Il en est res-
sorti que les deux concepts présentent des similitudes et se distinguent uniquement
quant à leurs buts, l’entrepreneuriat de développement durable ayant un but environ
environ-
nemental venant s’ajouter aux objectifs social et économique qu’il a en commun avec
l’entrepreneuriat social.
La confusion entre les deux concepts peut aussi s’expliquer par le fait qu’aucune étude
comparative n’a encore été menée. C’est pourquoi, afin d’alimenter les recherches
futures, nous avons adressé une série de questions relatives aux caractéristiques de
l’entrepreneur, aux processus rythmant la vie de ce type d’entreprise, aux caractéris-
tiques organisationnelles, ainsi qu’au contexte environnemental dans lequel ces entre-
prises évoluent. Nous pensons que des études empiriques comparatives permettraient
de tracer des limites plus claires entre ces deux nouveaux types d’entrepreneuriat.
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