Vous êtes sur la page 1sur 14

Faculté de Philologie de Belgrade

Département d’études romanes


Chaire de français

LE PARNASSE

Professeur: Branka Geratovic etudiante: Ana Vujic

Belgrade, 2007.
LA NOTION DU MOT PARNASSE

Sur le Mont Parnasse, situé en Grèce à proximité de Delphes, s'assemblaient, selon la


mythologie, les neuf Muses, sous la conduite d'Apollon. Parnasse du grec Παρνασσός (parnassos) est
lieu symbolique de la poésie qui donna le nom à un mouvement littéraire français de la deuxième
moitié du XIXe siècle qui jura de « remonter » l'art poétique sur le Parnasse. Par extension, le mot
« Parnasse » sert à désigner le lieu de réunion des poètes. En le choisissant, les initiateurs de ce
mouvement poétique veulent se placer sous le double patronage de la Muse poétique et de la
tradition grecque (apollinienne). Donc le mot Parnasse représente un mouvement littéraire,
essentiellement poétique (parfois considéré comme une école, c'est-à-dire un ensemble plus structuré
qu'un simple mouvement) de la seconde moitié du XIXème siècle. Les Parnassiens sont partisans de
l'Art pour l'Art. Ils reprochent aux Romantiques d'avoir fait prévaloir le contenu (le sentimentalisme,
l'engagement social et politique) sur la forme (la beauté et la perfection de la langue). Ils se
reconnaissent dans la doctrine professée par Gautier dans la Préface de Mademoiselle de Maupin
(1834) : « Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien; tout ce qui est utile est laid,
car c'est l'expression de quelque besoin, et ceux de l'homme sont ignobles et dégoûtants,
comme sa pauvre et infime nature ». En conséquence de quoi ils recherchent par dessus tout la
qualité formelle, la virtuosité technique dans la composition du poème et la facture du vers. Sur le
plan des thèmes, ils affectionnent l’étrange, l’antique ou l’exotique. À l'épanchement personnel, les
Parnassiens opposent un souci d'impersonnalité qui leur fait fuir les facilités du lyrisme. Leurs
métaphores, constamment empruntées au domaine de la sculpture, prônent le travail poétique,
résolument asservi au culte d'une forme parfaite. Comme les plus représentatives parnassiens on peut
mentionner : Leconte de Lisle, Théodore de Banville, François Coppée, José-Maria de Hérédia, Sully
Prudhomme, Catulle Mendès. Loin de l'engagement social des Romantiques, ils se prononcent enfin
pour une retraite hautaine, tout entière vouée à la célébration d'une Beauté divinisée. Ces tendances
se prolongeront dans le Symbolisme.

« Oui, l'œuvre sort plus belle Mais les vers souverains


D'une forme au travail Demeurent
Rebelle, Plus forts que les airains.
Vers, marbre, onyx, émail. Sculpte, lime, cisèle ;
(...) Que ton rêve flottant
Les dieux eux-mêmes meurent. Se scelle
Dans le bloc résistant ! »

(Extrait du poème l'Art de Théophile Gautier faisant partie du recueil Émaux et camées)

La Naissance du Parnasse

Théophile Gautier publie en 1852 Émaux et Camées qui ouvre la voie à une "écriture artiste".
Ce "poète impeccable" qui sera le dédicataire des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, s'est d'abord
tourné vers les arts avant de se consacrer à la littérature et à la critique artistique. Il lègue aux futurs
parnassiens son culte de l'art en même temps qu'il réaffirme une liberté créatrice sans jamais
renoncer à l'exercice d'une profonde ironie qui, de Baudelaire à la fin du siècle en passant par
Flaubert, Villiers de l’Isle-Adam et Mallarmé, va profondément marquer la littérature. Théodore de
Banville, célébré aussi par Baudelaire, influence une poétique de la forme et de la rime riche de
même que Leconte de Lisle. Plus précisément l’acte de naissance du Parnasse peut être fixé à 1866,
quand l'éditeur Alphonse Lemerre a publié une anthologie poétique intitulée Parnasse
contemporain. Les trois séries successives du Parnasse contemporain (1866, 1871, 1876) verront les
noms de Sully Prudhomme, Léon Dierx, Louis Ménard, Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé, Charles
Cros et Anatole France rejoindre ceux de leurs illustres aînés. Même si les poètes parnassiens
continuent de publier par la suite, la fin du Parnasse, en tant que mouvement littéraire coïncide avec
la parution du troisième et dernier recueil en 1876 (il y en aura eu auparavant un second en 1871).

La Poétique parnassienne

Un des principaux inspirateurs du Parnasse est Théophile Gautier (1811-1872), dont le nom est
associé à une doctrine appelée l'Art pour l'Art, et qui souhaitait fonder une poésie qui n'ait pour
finalité qu'elle-même, sans épanchement lyrique, et se caractériserait par le simple culte de la beauté
et de la forme.

Les principes essentiels :

A) Le culte du travail

La poésie pour les Parnassiens est un art ; elle réclame l'apprentissage d'une technique et
l'exigence de l'effort. Le poète, souvent comparé à un sculpteur, doit transformer une matière
difficile, le langage, en beauté, grâce à un patient labeur. Ce qui prime, ce n'est donc pas l'inspiration,
mais le travail sur la forme. De fait, les poètes parnassiens ne transigent pas avec la rime, avec le
respect des formes fixes et des règles de la poésie classique. Ils insistent sur le respect des
contraintes. Leur technique elle-même est encore une exagération. Voulant être impeccables, presque
jusqu'à l’excès, ils prennent comme une forme de prédilections le sonnet, qui exige la perfection. 1 Ils
sacrifient parfois le fond à la forme et semblent préférer aux autres qualités la sonorité musicale du
vers.2

B) La religion du Beau

Profondément déçus dans leurs aspirations révolutionnaires, les Parnassiens ont manifesté le
souci de sortir l'Art de l'arène politique et, plus généralement, des visées sociales que lui assignait le
Romantisme. Leur célébration du Beau trouva dès lors un équivalent acceptable dans la beauté
plastique de la statuaire hellénique, dont la chaste perfection, alliée au gage que lui donne la durée
temporelle, s'oppose aux contingences de l'Histoire. Pour exprimer ce «rêve de pierre», les images et
les symboles deviennent systématiques : cygnes immaculés, statues impassibles, pics neigeux,
saltimbanques amoureux des étoiles. Grâce à la perfection formelle permise par le travail, ils ont pu
s’approcher à l'idéal parnassien : l'irréprochable beauté. Les poètes parnassiens cherchent l'équilibre
des formes. La poésie n'est pas un divertissement, elle vise à atteindre les sommets de l'art. Elle est
ainsi destinée à une élite cultivée, seule susceptible de la recevoir et de la comprendre.

« L'art, dont la Poésie est l'expression éclatante, intense et complète, est un luxe intellectuel,
accessible à de très rares esprits. », Leconte de Lisle, en 1864

La fréquentation de la beauté crée une aristocratie du goût qui, détournée des réalités triviales
du monde, suppose un mépris du bourgeois et de la société. Indifférent à l'argent, à la politique et aux
progrès scientifiques, le poète parnassien voue un culte à l'art pur, fondé sur l'érudition et la maîtrise
technique.

C) Le refus du lyrisme

Contre l'épanchement lyrique des Romantiques, jugé impudique et ridicule, les Parnassiens ont
cultivé la distance et l'objectivité. «Le thème personnel et ses variations trop répétées ont épuisé
l'attention», note Leconte de Lisle. Ceci conditionne la thématique parnassienne, volontiers tournée
vers l'évocation des civilisations anciennes, les paysages pittoresques, la méditation philosophique ou
scientifique. La poésie parnassienne se veut « impassible » ; elle rejette les excès de la sensibilité. De
1
Doumic, R.D.D.-M.,15 mars 1904, p.454
2
Rettinger, Histoire de la littérature Française du Romantisme a nos jours, p. 12.
là une poésie neutre, distanciée, nourrie du froid héritage de la mythologie. Les Parnassiens veulent
que la poésie filtre lentement dans l’imagination de l’écrivain, comme l’eau des sources glaciales
dans le sol, et qu’elle ne reflète pas la figure du poète1.

A coté du Parnasse

Quelques individualités très distinguées, comme Baudelaire, Verlaine, Mallarmé ou même


Rimbaud, aussi se retrouvèrent plus ou moins dans ce mouvement.

Théophile Gautier - [1811-1872] L'image que l'on retient aujourd'hui de Gautier est celle
d'un partisan presque fanatique de Victor Hugo et d'un romantique échevelé. Mais Gautier se
distingue nettement des autres romantiques par son souci formaliste, qui annonce celui de
Baudelaire. Il est le premier modèle des parnassiens et il inaugure leur esthétique avec ces idées sur
l’art pour l’art2. Malgré ses difficultés matérielles, Théophile Gautier devint un poète presque officiel
à la fin de sa carrière, sous l'Empire; en 1868, il fut nommé bibliothécaire de la princesse Mathilde.
En effet, dans l'ensemble de l'oeuvre de Gautier, le sujet importe moins que les mots et le plaisir de
raconter : davantage encore qu'un partisan de l'art pour l'art, il fut un esthète, privilégiant d'une
manière provocatrice l'esthétique au détriment des autres fonctions de l'oeuvre, en particulier de ses
fonctions morales. Son recueil «Émaux et Camées» (1852), qui se situe à la croisée du romantisme
et de la poésie parnassienne, illustre idéalement les principes esthétiques de Gautier et son exigence
de perfection.

Charles Baudelaire [1821-1867] – il se dégage de Romantisme et ses relations avec le


Parnasse commencent de bonne heure. Depuis 1843. il aime et estime Banville. Tout en annonçant
un art nouveau, Les Fleurs du Mal, ont encore quelque chose de romantique, notamment leur
satanisme, mais à cote de ça on voit apparaître dans ces recueil certains genres qu’on croyait crées
par le Parnasse. Il a remis à la mode le sonnet, qui lui sembler une quintessence d’art ; il en expliqua
les beautés, la puissance à Fraisse, le 19 février 1860: « parce que la forme est contrainte, l’idée
jaillit»3. La poésie de Baudelaire aussi ramène les parnassiens au vers classique et c’est cette
influence, généralement ignorée qu’un Anatole France admire très profondément. Rejetant le
réalisme et le positivisme dont il est contemporain, Baudelaire est héritier de « l'art pour l'art » du
1
M. Souriau, Histoire du parnasse, Editions Spes,Paris (1929) p.63.
2
Marsan, La Bataille Romantique, II, 208.
3
M. Souriau, Histoire du parnasse, Editions Spes,Paris (1929) p.32.
mouvement parnassien. Il sublime la sensibilité et cherche à atteindre la vérité essentielle, la vérité
humaine de l'univers, ce qui le rapproche en termes philosophiques du platonisme

Paul Verlaine – [1844-1896] Il fréquente les cafés et salons littéraires parisiens puis, en
1866, collabore au premier Parnasse contemporain et publie les Poèmes saturniens. On y sent
l'influence de Baudelaire, cependant que s'y annonce déjà l'« effort vers l'Expression, vers la
Sensation rendue » (Lettre à Mallarmé du 22. novembre 1866.) qui caractérise sa meilleure poésie.

Stéphane Mallarmé - [1842 -1898] Il se lie avec le milieu littéraire parisien, notamment
avec Leconte de Lisle et José-Maria de Heredia. Il commence à publier des articles et des poèmes
dès 1861, dans Le Papillon et dans L'Artiste. En 1869 débute la rédaction d'Igitur; en 1871 les
débuts d'Hérodiade paraissent dans Le Parnasse contemporain. Il fréquente alors assidûment les
milieux parnassiens et symbolistes. Il était ami avec Verlaine, Rimbaud, Manet (qui peignit son
portrait en 1876), Gauguin, Whistler…

Arthur Rimbaud – [1854-1891] La revue collective, Le Parnasse contemporain, initie


Arthur Rimbaud, à la poésie de son temps. Dans une lettre du 24 mai 1870, envoyée au chef de file
du Parnasse Théodore de Banville1, Arthur, alors âgé de 16 ans, qui cherche à se faire publier dans
Le Parnasse contemporain, affirme dans sa lettre de présentation vouloir devenir « Parnassien » ou
rien. Il y joint trois poèmes : Ophélie, Par les soirs bleus d'été, […] et Credo in unam. Banville lui
répond, mais les poèmes en question ne sont pas, ni alors, ni plus tard, imprimés dans Le Parnasse.

Les poètes parnassiens les plus célèbres

Charles Marie René Leconte de Lisle [1818-1894]

Naquit à l'île Bourbon (Réunion) le 22 octobre 1818. Il vient, à dix-huit ans, poursuivre ses
études en France, à Rennes. Il étudie le droit, mais abandonne très vite pour sa passion: la poésie; dès
lors, sa famille lui coupe les vivres. Battu aux élections de 1848, il vécut longtemps de leçons
particulières, de travaux non signés, de traductions, d'emprunts, de quelques prix et subsides avant de
recevoir une pension, sous l'Empire, puis d'être nommé bibliothécaire adjoint au Sénat sous la IIIe

1
Certains auteurs nomment Théodore de Banville l’un des chefs du groupe Parnassien (l’autre est Leconte de Lisle),
Mais bien qu’il soit incontestable que, pendant 10 ans au moins, il fait partie du Parnasse, puisqu’il collabore aux trois
tomes du Parnasse Contemporaine d’après M. Souriau il est surtout le partisan du Romantisme et l’admirateur de V.
Hugo et il n’est pas un véritable parnassien.
République. Leconte de Lisle est l'un des chefs de file de l'école du Parnasse, qui prônait notamment
la supériorité du beau sur l'utile. À ce titre, il a dès 1860 des disciples comme Villiers de l'Isle-Adam,
Mallarmé, Sully Prudhomme ou Hérédia. En 1887, il succède à l'Académie française au fauteuil de
Victor Hugo, dont il avait été jadis l'un des protégés. L'oeuvre poétique de Leconte de Lisle est
dominée essentiellement par trois recueils de poèmes, les «Poèmes antiques» (1852), les «Poèmes
barbares» (1862) et les «Poèmes tragiques» (1884), qui tous recherchent le foisonnement d'une
matière poétique au sein du passé, pour dire le «temps où l'homme et la terre étaient jeunes et dans
l'éclosion de leur force et de leur beauté». Dès la préface des Poèmes antiques (1852), Leconte de
Lisle choisit de se poser en chef d'une nouvelle école fondée contre la pratique romantique. Pour lui,
la poésie doit exprimer, dans des formes adéquates, le «fonds commun à l'homme et au poète», «la
somme de vérités morales et d'idées dont nul ne peut s'abstraire». Or seuls Homère et les tragiques
grecs – auxquels Leconte de Lisle associe les auteurs des grandes épopées hindoues – peuvent
fournir des modèles dans cette matière. Selon lui, il faut donc remonter aux sources antiques et faire
resurgir les voix des civilisations disparues. Il fit également publier de 1861 à 1885 de nombreuses
traductions des auteurs grecs antiques dont l'Odyssée d'Homère. Dans sa poésie, impeccablement
cadencée et rythmée, parfois déclamatoire, l'exotisme en vogue reste cependant secondaire par
rapport à cette recherche d'une voix originelle. La génération littéraire de 1820, avec Flaubert,
Baudelaire et Leconte de Lisle, s’élève contre le romantisme, taxé d’impuissance, et l’école du «bon
sens», taxée de médiocrité. Cependant, plus d’un lien rattache le Parnasse au Romantisme: Leconte
de Lisle est fortement marqué par Lamartine et par Vigny et estime Théophile Gautier. En réalité,
grâce à Leconte de Lisle, l’énergie passionnelle, l’interprétation symbolique de la nature, le goût de
la couleur et de l’exotisme, la liberté dans la fantaisie passent du Romantisme au Parnasse.

Considéré comme l'un des poètes français les plus importants du XIXe siècle, ses Poèmes
antiques et leur préface (également admirée de Victor Hugo) ouvrirent une influence qui dura plus de
trente ans. Il meurt en 1894 et est enterré au cimetière du Montparnasse, à Paris. Ses restes
mortuaires seront transférés au cimetière marin de Saint-Paul en 1977, conformément à son vœu de
reposer en terre réunionnaise exprimé dans ses poèmes le Manchy et Si l'Aurore.

Théodore de Banville [1823-1891]


Né le 14 mars 1823. à Moulins, dans l'Allier, mort le 13 mars 1891, à Paris, à son domicile rue de
l'Éperon. S’opposant vigoureusement à la nouvelle poésie réaliste, il professe un amour exclusif de la
beauté: Les Cariatides (1842) ainsi que «Les Stalactites» (1846) sont l’expression de cet art. Selon
lui, la poésie est d’abord affaire de langage, l’émotion et le sentiment ne pouvant naître que du travail
sur le style, les mots, les mètres et les rimes. Il veut obtenir une forme parfaite et se compare
volontiers au sculpteur qui lentement découvre, après bien des hésitations, le geste, le mouvement
qui, de surcroît, se trouvera être l’expression d’un sentiment. Il refuse le lyrisme facile et larmoyant
d’un bas romantisme effusif et emphatique; comme nombre de romantiques entre 1850 et 1870, il
met l’accent sur les exigences de la technique pour réagir contre ce qu’on peut considérer comme
une trahison de l’originalité romantique. Il se désigne comme un précurseur du Parnasse, tant par ses
thèmes que par sa foi en la pureté formelle de l’acte poétique. Encouragé par Victor Hugo et par
Théophile Gautier, il se consacre à la poésie, fréquente les milieux littéraires. Il collabore aussi
comme critique dramatique et chroniqueur littéraire aux journaux le Pouvoir (1850) puis le National
(1869) et devient une figure très importante du monde littéraire. Il est le membre le plus écouté de la
Revue fantaisiste (1861), où se retrouvent les poètes qui seront à l’origine du Parnasse et de tous les
mouvements du siècle. Banville aura une influence déterminante sur des auteurs aussi différents que
Mallarmé, Leconte de Lisle, Verlaine, François Coppée, Catulle Mendès, qu’il recevait
régulièrement chez lui.

Catulle Mendès [1841] - [1909]

Originaire de Bordeaux, poète parnassien, imitateur de Baudelaire, de Banville, de Leconte de


Lisle, de Gautier (dont il épousa la fille, Judith), fonde en 1860. La Revue fantaisiste puis, à partir
de 1866, donne son élan au Parnasse contemporain, aux côtés de Leconte de Lisle, de Coppée et de
Heredia. Héritier du romantisme, admirateur de Gautier et de Wagner, qu'il tente de faire connaître
en France (Richard Wagner, essai, 1886; L'Œuvre wagnérienne en France, essai, 1899), Mendès est
un écrivain représentatif du style «fin de siècle» : son souci formel, qui ménage les effets un peu
faciles d'une syntaxe complexe et d'un lexique rare, confine à la préciosité. Il se fait aussi remarquer
par l’aspect très recherché et vaguement décadent de sa poésie. Son oeuvre d’homme de lettres est
abondante et s'il connaît en son temps un succès tant public que critique, il a souvent été accusé de
superficialité, de manquer de rigueur, de trop sacrifier aux modes successives et de se laisser aller à
des productions par trop commerciales. Outre des poèmes : Philoméla, 1863; Hespérus, 1869,
épopée inspirée de Swedenborg; Contes épiques, 1870, on lui doit des romans estimés licencieux,
pimentés d'érotisme :Les Mères ennemies, 1880; le Roi vierge, 1881; Zo'har, 1886; Robe montante,
1887; La Première Maîtresse, 1887; Gog, 1896, des nouvelles :le Boudoir de verre, 1884; Pour lire
au bain, 1885 et des pièces de théâtre, notamment des comédies en vers :la Part du roi, 1872; la
Reine Fiammette, 1898; Scarron, 1905; Ariane, 1906. Il a écrit également feuilletons de critique
dramatique et musicale, essais :Légende du Parnasse contemporain, 1884; L’Œuvre wagnérienne en
France, 1899, des livrets d'opéra, tels Gwendoline (1886) pour Emmanuel Chabrier et Isoline (1888),
pour André Messager. Mais son apport le plus précieux à la littérature reste peut-être la création,
avec Villiers de l'Isle-Adam, de La Revue Fantaisiste (1860), où sont publiés les premiers
Parnassiens. La Légende du Parnasse contemporain, que Catulle Mendès a publiée en 1884, retrace
l'histoire du groupe du Parnasse.

Sully Prudhomme [1839-1907]

Leconte de Lisle l'appelle «médiocre élève»: trop souvent la forme de son oeuvre est, en effet,
abstraite, pénible et prosaïque. Cet analyste, parfois exquis, de la vie passionnelle, conquit à vingt-
quatre ans une gloire de salon avec son élégie, du «Vase brisé», poème à la tonalité lyrique très
connu de son premier recueil, Stances et poèmes (1865); Le Vase brisé est récité partout; il est
notamment apprécié par Sainte-Beuve et par la critique, et au sein du milieu littéraire parisien.
Caractérisé par son extrême élaboration esthétique, sa poésie lui ouvre aussitôt les portes de la revue
du Parnasse fondée par Leconte de Lisle. C'est un penseur profond et un amant de la science: par ce
dernier trait seulement, il est bien du Parnasse. L'influence du mouvement parnassien devient très
sensible dans ses oeuvres suivantes, comme les Épreuves (1866), «les Solitudes» (1869), recueil où il
tente de réconcilier lyrisme et formalisme et plus tard les Destins (1872), recueil où la poésie se met
essentiellement au service d'une pensée dont elle tente de traduire le cheminement et les expériences.
Avec «les Vaines Tendresses» (1875), recueil élégiaque sur un amour inquiet et malheureux, il
revient momentanément à la tonalité plus lyrique et mélancolique de ses débuts, mais, par la suite, il
compose des oeuvres amples à visée quasi scientifique, où il se donne pour but l'expression de la
vérité philosophique de la façon la plus objective possible : «la Justice», premier de ces ouvrages,
sorte d'enquête morale et sociale, paraît en 1878, et est suivi du Bonheur en 1888, vaste épopée
symbolique. Ces textes sont des chefs-d'œuvre de subtilité analytique, même si la virtuosité du style
semble parfois s'y exhiber au détriment de la pensée. Tour à tour à l'école de Platon, de Spinoza, de
Darwin, il veut faire sortir de la science une esthétique nouvelle: «La beauté de l'idée, dit-il, peut se
passer de métaphore.» Parallèlement à son oeuvre de poète, Sully Prudhomme traduit un ouvrage de
Lucrèce, De la nature des choses (1869), dont la préface lui permet de définir son «art poétique». Il
était le premier auteur à recevoir le prix Nobel de littérature, le 10 décembre 1901, il consacra
l'essentiel de la somme reçue à cette occasion à fonder un prix de poésie décerné par la Société des
Gens de Lettres.

José-Maria de Heredia [1842] - [1905]

Ses études à La Havane puis à Paris, à l'école de Chartes (1662-1865) favorisent une culture
historique et un goût de l'érudition qui marqueront toute son oeuvre. Dès 1861, il s'installe
définitivement en France et commence à composer des poèmes très influencés par la toute récente
école parnassienne qui prône le réalisme exact et la perfection absolue de la forme. Il publie ses
premières oeuvres dans diverses revues, puis apprend de Leconte de Lisle l'art des vers et devient
ainsi son premier et plus fidèle disciple. Puis, Leconte de Lisle lui permet de collaborer au journal
littéraire, le Parnasse contemporain (1866). En 1893, il regroupe dans un recueil, «les Trophées»,
toute sa production poétique (quelque cent dix-huit sonnets auxquels il travaille depuis un quart de
siècle) ce recueil, qui parut comme le chef-d’œuvre de l’esthétique parnassienne, lui ouvrit aussitôt
les portes de l’Académie française. Les Trophées comprennent cinq parties. Les quatre premières
parties de ce recueil traitent de l'histoire mondiale depuis les temps helléniques jusqu'à la
Renaissance, et la dernière, de la nature et des rêves: «La Grèce et la Sicile», vues à travers
l’Anthologie; «Rome et les Barbares», domaine négligé par Leconte de Lisle; «Le Moyen Âge et la
Renaissance» dont les titres, «Émail», «Rêve d’émail», «Vitrail», etc., entendent suggérer par des
mots les réalités précieuses qu’on touche et qui brillent; enfin, après «L’Orient et les Tropiques», «La
Nature et le rêve» atténuent les teintes trop uniformément éclatantes des Trophées. Fidèle à la
doctrine parnassienne, Heredia a ciselé à la perfection la forme de ces sonnets, et la thématique
«obligée» – histoire, légendes et nature – est propice à des descriptions qui sont autant d'exercices
de style. Dans tous ses poèmes, Heredia présente en outre les événements dramatiques avec
exactitude, évitant tout commentaire personnel et toute implication philosophique. Maître incontesté
du sonnet français, il fut élu à l'Académie française en 1894, mais ne produisit plus d'oeuvre
importante jusqu’à sa mort en 1905.
Heredia offre l’image parfaite du poète artiste tout entier consacré à « l’amour de la poésie pure
et du pur langage français»1. Son salon que fréquentaient de jeunes écrivains comme Paul Valéry,
André Gide, Marcel Proust, est resté célèbre.

François Coppée [1842-1908]

Débute comme petit employé au ministère de la Guerre et connait le succès en 1869. avec une
pièce de théâtre, Le Passant. François Coppée subit l’influence de Victor Hugo et, plus encore, de
Leconte de Lisle et de Théodore de Banville; ainsi il est tout d'abord parnassien comme en témoigne
son premier recueil, à l'écriture austère le Reliquaire (1866),qui le plaçait au sein du mouvement
poétique du Parnasse, mais puis, délaissant le Parnasse, il s’oriente bientôt vers une forme de poésie
moins grandiloquente et moins exotique, plus proche des réalités quotidiennes, des mille tableaux
familiers, drôles ou touchants, que propose la grande ville moderne, une poésie intimiste et petite-
bourgeoise, où l’émotion se fait prosaïsme et cliché sentimental, ce qui lui vaudra les railleries et
parodies des pièces de l’«Album zutique» attribuées à Rimbaud : «Les Intimités» (1868), les
Humbles (1872), le recueil le mieux connu et le plus caractéristique, le Cahier. Mais, c'est surtout au
théâtre qu'il remporte ses plus grands succès publics, avec des pièces comme la comédie en vers Le
Passant (1869) ou le drame historique Pour la couronne (1895). Il est élu à l'Académie française en
1884. Après une grave maladie, il revient au catholicisme et publie La Bonne Souffrance (1898),
roman inspiré de cette expérience.

Conclusion

Pris entre le Romantisme et le Symbolisme, le Parnasse n’est pas écrasé, tant qu’il est solide.
Il n’a ni système ni la religion, mais il a tout de même son unité artistique, car il a prêché et réalisé la
perfection du grand vers. La beauté de l’art parnassien s’impose avec telle évidence que même Zola
s’inclinait : « on ne saurait leur refuser un don merveilleux, celui de la forme, ils ont pussé la science
du vers à une perfection incroyable…la langue française sous leurs doigts a été travaillée comme
une matière précieuse1.
1
Dédicace des Trophées
1
Documents littéraires, ZOLA EMILE, p.177.Edité par CHARPENTIER, Paru en 1926
« Grâce à nous qui avons proclamé et démontré la nécessite de ne pas compter sur
l’inspiration seule, de l’exalter par le travail, et de l’épurer par la soumission aux règles secrets, grâce
à nous les poètes nouveaux pourront se développer sans entraves. Nous avons préparé la besogne, ils
l’achèveront » : dit Catulle Mendès2. Et bien qu’il fût d’opinion que la valeur du Parnasse est surtout
dans son avenir, il avait eu tort. Officiellement ce mouvement n’a pas dure que dix ans (1866-1876)
et même qu’il ait eu beaucoup de sympathisants, dont les uns rentreront au Romantisme et les autres
se retrouveront dans le Symbolisme, les vraies parnassiens comme Leconte de Lisle ont été vraiment
très rares.

Table des matières


2
La légende du Parnasse, p. 303
LA NOTION DU MOT PARNASSE…………………………………….1

LA NAISSANCE DU PARNASSE……………………………………….2

LA POÉTIQUE PARNASSIENNE………………………………………2
Les principes essentiels
A) Le culte du travail
B) La religion du Beau
C) Le refus du lyrisme

A COTÉ DU PARNASSE…………………………………………4

Théophile Gautier

Charles Baudelaire

Paul Verlaine

Stéphane Mallarmé

Arthur Rimbaud

LES POÈTES PARNASSIENS LES PLUS CÉLÈBRES……………..5

Charles Marie René Leconte de Lisle

Théodore de Banville

Catulle Mendès

Sully Prudhomme

José-Maria de Heredia

François Coppée

CONCLUSION………………………………..…………………………10

LA LITTERATURE :
1. Maurice Souriau, Histoire du Parnasse, « Editions Spes », Paris, 1929.
2. Pierre Martino, Parnasse et Symbolisme, Armand Colin, 1925.
3. Catulle Mendes, La légende du Parnasse contemporain, Eauforte de Fernard Besnier,
Edition : 2e éd. Publication : Bruxelles : A. Brancart, 1884.
4. J.-H Rettinger, Histoire de la littérature Française, du Romantisme a nos jours, 2e
édition. Grasset, 1911.
5. J. Marsan, La Bataille Romantique, Hachette, 1912.
6. www.antologie.free.fr
7. www.poets.com
8. www.serieslitteraires.org
9. www.ed4.web.collegium.qc.ca

Vous aimerez peut-être aussi