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Rabat
N° d’ordre 2748
THÈSE DE DOCTORAT
Présentée par
RAJI Otmane
Président :
El Bachir JAAIDI………...PES, Université Mohammed V de Rabat, Maroc.
Examinateurs :
FACULTÉ DES SCIENCES, 4 AVENUE IBN BATTOUTA B.P. 1014 RP, RABAT
TEL : + 212 (0) 5 37 77 18 34/35/38, FAX : + 212 (0) 5 37 77 42 61, http://www.fsr.ac.ma
Avant-propos
Les travaux présentés dans cette thèse ont été effectués sous la co-direction du Professeur Saida NIAZI
du Groupe de Recherche « Environnements Côtiers et Changements Climatiques (E3C) » -Laboratoire
d’Océanologie, Géodynamique et Génie Géologique (LOG3) au Département Des Sciences de la Terre
et de l’Univers, Faculté des Sciences de Rabat, Université Mohammed V- (Maroc) et le Professeur
Laurent DEZILEAU du Groupe de Recherche « Risques » du Laboratoire Géosciences Montpellier à
l’Université Montpellier 2 (France). Les travaux de cette thèse ont été financés par les projets PHC-
Volubilis MA/11/253 (coord. L. Dezileau & M. Snoussi) et MISTRALS/PALEOMEX (coord.:
Marie Alexandrine Sicre ; partie WEATHER : coord. L.Dezileau).
Et bien voilà ! Cette fois c’est vraiment la fin ! Dur d’y croire après tant d’années à courir derrière ce rêve de
voir ses fabuleux résultats se poser sur du papier A4, … Enfin ! S’épanouir en tant que chercheur… !
Avant tout développement de cette étude, il apparaît opportun de commencer ce travail, par des
remerciements, à ceux qui ont permis cette thèse, à ceux qui sont intervenus et m’ont beaucoup appris au
cours de cette recherche, ceux pour qui j’éprouve un grand respect et une grande gratitude pour leurs
apports considérables.
Je tiens à remercier ma directrice de thèse, le Professeur Saïda NIAZI, d’abord de m’avoir fait confiance en
tant que doctorant et pour avoir suivi de très près ce travail. Je la remercie amplement pour ces précieux
conseils, ses encouragements continus et aussi pour ces remarques critiques et constructives qui ont abouti au
bon déroulement de ce doctorat. Je la remercie pour son soutien moral, ses relectures et ses conseils
pertinents quant à l’organisation du manuscrit, sa collaboration, fructueuse et essentielle à l’élaboration des
articles et aussi de m’avoir facilité le bon déroulement des délicates campagnes de terrain aussi bien de
carottage que de la sismique. Je lui exprime ma gratitude et mes respectueux remerciements, pour son aide
précieuse et sa patience durant les corrections de cette thèse.
Bien entendu, je n’aurais également pas pu réaliser cette thèse sans mon chef ! Le Professeur Laurent
DEZILEAU, qui m’a toujours épaulé, conseillé, encouragé pour soutenir mon dossier au lancement, et aussi
pour m’avoir encadré tout au long de ces années. Mes vifs remerciements lui sont adressés pour avoir
accepté de codiriger ce travail, de m’accueillir dans son unité de recherche à l’Université de Montpellier,
d’avoir permis le financement des analyses de laboratoire et faciliter la mobilité entre le Maroc et la France
ainsi que vers d’autres Universités françaises ( Bordeaux, Paris-Sud et Caen). Je souhaite également le
remercier chaleureusement pour sa disponibilité, son optimisme et son enthousiasme. Avec lui j’ai pu
bénéficier d’un encadrement efficace, sérieux et humain, auquel je dois une bonne partie de ma
progression, l’aboutissement de cette thèse et l’envie de poursuivre l’aventure.
Je tiens également à remercier les membres du jury qui m’ont fait l’honneur d’examiner et de juger ce
travail :
ii
Mes remerciements vont tout particulièrement au Professeur Naima HAMOUMI du Département des
Sciences de la Terre et de l’Univers pour l’intérêt qu’elle montre pour ce travail en acceptant de l’examiner
et siéger à mon jury, qu’elle trouve ici ma profonde reconnaissance.
Je remercie très chaleureusement le Professeur Hocein BAZAIRI, du département de biologie pour ses
encouragements, ses nombreux conseils, ses qualités humaines et son aide amicale concernant la partie
d’étude de la malacofaune. C’est pour moi un honneur de le voir siéger dans mon jury de thèse.
En plus des membres de jury, J’adresse ma profonde reconnaissance envers le Professeur Maria SNOUSSI,
pour son soutien, ses conseils et surtout pour m’avoir attribué l’occasion de bénéficier des échanges
universitaires dans le cadre du projet volubilis, j’espère que j’ai été digne de sa confiance.
Bien entendu, je remercie vivement le Professeur Christophe COLLIN de l’Université Paris-Sud, qui a bien
accepté de me recevoir dans son unité de recherche et de m’initier aux analyses des argiles. Je le remercie
également pour son aide et ses conseils dans l’interprétation des données obtenues.
Je remercie très sincèrement Mathild Pantel pour son aide à la manipulation des préparations des
carottes sédimentaires et des échantillons pour la granulométrie laser au Laboratoire Géosciences de
Montpellier.
Je remercie également tous les techniciens qui ont intervenus dans les travaux de cette thèse chacun dans
son domaine, je pense particulièrement à E. REGNIER (Technician, LSCE - IPSL, Paris) ; O. THER (OASU,
U. Bordeaux) et O. DUFAURE (IDES, Université de Paris-Sud).
Mes remerciements s’adressent aussi aux autorités locales de la province de Nador notamment Mr. Le
Gouverneur, son Secrétaire général, les représentants de la Gendarmerie Royale, de la Sureté Nationale
et les agents de la Douane du Port de Beni Nsar, qui nous ont assuré les meilleures conditions de travail
dans la lagune. Je tiens également à remercier vivement Monsieur Said ZARROU, le Directeur général de
iii
l'Agence d’aménagement du site de la lagune Marchica et Président du Directoire de MarchicaMed, pour
son aide et son accord pour accéder à la lagune, site dont le pourtour est en chantier.
Je ne pourrai oublier de remercier vivement les responsables de l’association des pêcheurs dans la lagune de
Nador qui nous ont précieusement aidé par la mise à notre disposition des embarcations et nous faciliter
ainsi le déplacement à l’intérieur de la lagune lors des différentes missions. Un grand merci à tous les
pêcheurs qui nous ont aidés.
Je remercie également Pr. Ana Macias BEDOYA (Université de Cadix, Espagne) responsable du Master
européen GIAL (Gestión Integrada de Áreas Litorales) de m’avoir accepté pour suivre les modules d’une
importante formation sur les zones côtières lors de ma première année de thèse, m’initiant alors au monde
de la recherche. Mes remerciements vont également au Pr. Laura DEL RÍO et au Pr. Javier GRACIA
(Groupe Géologie Marine et Géophysique Littoral, Université Cadix) qui m’ont encadré durant mon séjour
en Espagne sur les risques côtiers et avec qui j’ai collaboré dans le cadre des projets MICORE (EU grant
202798) et RESISTE (Spanish CGL 2008-00458/BTE) pour l’étude du risque de l’inondation par les tempêtes
côtières par les données lidar (Publiée en 2011 dans Journal of Coastal Research).
Faisant partie de la Faculté des Sciences de Rabat, je tiens à remercier chaleureusement toutes les personnes
qui m’ont facilité les taches pour les papiers administratives. Et un grand merci à tous les
étudiants/amis/collègues qui m’ont accompagné au cours de ces années de thèse. Un merci spécial à Abdou
KHOUAKHI, avec qui j’ai partagé tous les meilleurs et aussi difficiles moments passés durant les années de
thèse, nos discussions et franches rigolades. Je pense aussi à Nasreddine FAHCHOUCH que j’ai eu le
plaisir de connaitre durant les années de Master STME et depuis, notre amitié n’a cessé d’accroitre. Merci
également à Louise SLATER, Merci pour sa disponibilité ainsi que pour son aide inestimable concernant les
corrections d’anglais des articles scientifiques.
Ce travail ne pourrait pas être accompli sans le soutien quotidien de mes parents et de mes amis, et sans «
leur injection morale » chaque fois que j’étais pessimiste.
iv
Résumé
Dans le contexte actuel du réchauffement climatique, une meilleure compréhension du
régime des événements extrêmes du passé (tempêtes, crues et tsunamis) et de l’évolution paléo-
environnementale des systèmes côtiers est essentielle pour fournir des scénarii évolutifs fiables
et préserver ces zones des aléas côtiers. À cet égard, les dépôts lagunaires livrent des
informations clés sur ces aspects du passé. Dans cette étude, nous présentons le cas de la lagune
de Nador, la plus grande au Maroc ; elle présente des caractéristiques physiques qui en font un
écosystème vulnérable aux phénomènes de haute énergie, en particulier sa partie nord-ouest.
Une étude multi-proxies des carottes sédimentaires issues de cette zone de la lagune a été
entamée à travers des analyses granulométriques, faunistiques, géochimiques (XRF) et des
minéraux argileux, associées à des données chronologiques (14C, 210Pb, 137Cs) et à la sismique
réflexion THR. Les résultats obtenus révèlent que : (1) la colonne sédimentaire récupérée ne
dépasse pas 2 m, profondeur à laquelle le carottier Uwitec fût bloqué par une unité évaporitique
gypseuse ; le taux de sédimentation, variable dans le temps et dans l’espace, y est estimé entre
+0.04 cm/an et +0.34 cm/an ; (2) en termes d’âge, l’accumulation des sédiments couvre les 1200
dernières années ; (3) la sismique THR révèle une épaisseur de dépôt au-delà de quatre mètres
avec 7 unités nettement identifiables ; (4) la reconstitution des paléo-évènements extrêmes,
pionnière au Maroc, a permis d’identifier des paléo-tempêtes marines et des paléo-crues
torrentielles intenses, ayant affecté la région durant les 500 dernières années ; et (5) le
changement paléo-environnemental de cet écosystème, évalué durant les 1000 dernières années,
montre trois phases évolutives: (i) de type sebkha (avant 1000 A.D.) ; (ii) un système lagunaire
ouvert sur la mer (1000-1440 A.D.) ; et (iii) une lagune très dynamique contrôlée par des
apports de tempêtes et de crues (1440-Actuel) avec une nette influence anthropique plus récente.
Ces résultats viennent enrichir les données sur les événements extrêmes à l’échelle de la
Méditerranée occidentale et sur l’histoire passée de la lagune de Nador qui reste un site potentiel
pour l’étude du remplissage sédimentaire de l’Holocène.
v
Abstract
In the present context of global warming, a better understanding of past extreme events
(storms, floods and tsunamis) and of the paleoenvironmental evolution of coastal systems is
essential to provide scalable, reliable scenarios and to protect these areas from future coastal
hazards. In this respect, lagoonal deposits can provide valuable information on these
aspects of the past. Here we present the case of the Nador lagoon, which is the largest lagoon
along the Mediterranean coast of Morocco. The lagoon is vulnerable to high-energy phenomena,
especially in the north-western region, due to its physical characteristics. A multiproxies study of
the Nador lagoon sediments characterised the grain size, fauna, geochemistry (XRF) and clay
content of these sediments alongside chronological data (14C, 210Pb, 137Cs) and seismic survey
(THR). The obtained results revealed that: (1) the sampled sedimentary column does
not exceed 2 metres in depth because the Uwitec coring system was blocked by a gypsum
evaporite deposit, and the sedimentation rate is variable in both space and time, ranging from
0,04 cm to 0,34 cm/yr; (2) in terms of age, the sediment column covers the last 1200 years; (3)
the sediment depth is of over four meters, with 7 identifiable seismic units, as documented
through seismic reflection; (4) the reconstruction of paleo-extreme events – a first in Morocco –
identified the marine paleo-storms and paleo-flash floods that have affected the region in the last
500 years; and (5) the paleo-environment in the lagoon of Nador, assessed during the last 1200
years, witnessed three evolutionary phases: (i) sebkha environment (before 1000 AD); (ii) a
lagoon system open to the sea (1000-1440 AD); and finally (iii) a very dynamic lagoon
controlled by storms and floods inputs (1440-today) with a clear anthropogenic influence much
more recently. These results expand upon currently available datasets of extreme events for the
western Mediterranean area and for the past history of Nador lagoon, which remains an
important site for the study of Holocene sedimentary fill.
vi
Production scientifique
-Raji, O., Dezileau, L., Von grafenstein, U., Niazi, S., Snoussi, M., et Martinez P.,
(2015): Sea extreme events during the last millennium in North-East of Morocco. Natural
Hazards and Earth System Sciences. 15, 203–211 pp.
-Raji, O., Niazi, S., Snoussi, M., Dezileau, L., et Khouakhi, A. (2013).Vulnerability
assessment of a lagoon to sea level rise and storm events: Nador lagoon (NE Morocco),
Journal of Coastal Research, special issue N°. 65, 802-807 pp.
- Khouakhi A., Snoussi M., Niazi S., et RAJI O., (2013). Vulnerability assessment of Al
Hoceima bay (Moroccan Mediterranean coast): a coastal management tool to reduce
potential impacts of sea-level rise and storm surges. Journal of Coastal Research, special
issue N°. 65, 968-973 pp.
-Raji, O., Del-Río L., et Gracia, F.J., (2011): The use of LIDAR data for mapping coastal
flooding hazard related to storms in Cádiz Bay (SW Spain). Journal of Coastal Research,
special issue N°. 64, 1881-1885 pp.
-Khouakhi A., Snoussi M., Niazi S., & Raji O., (2011) : Le Système d’Information
Géographique (SIG) : un outil pour l’évaluation des terres à risque d'inondation côtière
liée aux changements climatiques : Cas du littoral de Mohammedia. Travaux de l’Institut
Scientifique, Rabat, série Géologie & Géographie physique, N°23, 1-8 pp.
-Snoussi M., Niazi S., Khouakhi A., et O. Raji (2010). A GIS-Based Vulnerability
and Impact Assessment, The case of the Moroccan Coast In: Maanan M. & Robin M.
(dir.) Geomatic solutions for coastal environments. Nova Science Publishers.
-Khouakhi A. Niazi S., Raji O., El-Fahchouch A.N (2015): Vulnerability Assessment of
Seawater Intrusion using hydro‐geological indices in Moroccan Mediterranean aquifers.
International Journal of Hydrology Science and Technology. In press.
vii
Table des matières
Avant-propos........................................................................................................................ ii
Résumé ................................................................................................................................... v
Abstract ................................................................................................................................. vi
Production scientifique................................................................................................. vii
Table des matières..........................................................................................................viii
Introduction..................................................................................................................... 1
V. PROCESSUS HYDRODYNAMIQUES.......................................................................................................... 20
V.1. MAREE.................................................................................................................................................... 20
V.2. CIRCULATION DES EAUX .............................................................................................................................. 20
V.3. HOULES ................................................................................................................................................... 22
IX. CONCLUSION...................................................................................................................................... 25
viii
Chapitre II : Vulnérabilité de la lagune de Nador aux
événements extrêmes
I. INTRODUCTION...................................................................................................................................... 27
IV. VULNERABILITE DU LIDO FACE A LA HAUSSE DU NIVEAU MARIN DUE AUX EVENEMENTS METEO-MARINS
EXTREMES. ..................................................................................................................................................... 33
VI. CONCLUSION......................................................................................................................................... 46
ix
IV.3. DATATION PAR RADIOCARBONE .................................................................................................................... 61
V. ETUDE DE LA MALACOFAUNE................................................................................................................. 62
VI. CONCLUSION......................................................................................................................................... 63
VI. CONCLUSION......................................................................................................................................... 93
x
Chapitre V: Reconstitution des événements extrêmes du
dernier millénaire.
I. INTRODUCTION...................................................................................................................................... 95
II. CARACTERISATION DES SOURCES D’APPORTS SEDIMENTAIRES DANS LA LAGUNE DE NADOR ............... 95
IV. PALEO- EVENEMENTS D’ORIGINE CONTINENTALE – CAS DES CRUES INTENSES- .................................. 115
IV.1. TRAÇAGE DES FLUX TERRIGENES ASSOCIES AUX CRUES. .................................................................................... 115
IV.2. PALEO-CRUES DE HAUTE ENERGIE ............................................................................................................... 117
III. ETUDE DE LA MALACOFAUNE DES ARCHIVES SEDIMENTAIRES DE LA LAGUNE DE NADOR .................. 128
xi
III.2.4. Carotte sédimentaire MC45 ....................................................................................................... 134
III.2.5. Carotte sédimentaire MC44 ....................................................................................................... 135
V. CONCLUSION........................................................................................................................................ 139
xii
Introduction générale
Introduction générale
1
Introduction générale
L’étude de l’histoire géologique holocène a reçu une attention croissante au cours des
dernières décennies par la communauté scientifique. L'analyse pluridisciplinaire des carottes
prélevées dans les lagunes côtières, les estuaires, les marais salants ou les deltas a révélé de
précieuses informations non seulement sur l’évolution paléo-environnementale de ces
écosystèmes, mais également sur la paléoclimatologie, les changements globaux ou régionaux
du niveau du littoral, les paléo-événements extrêmes et enfin sur les effets des actions
anthropiques passées et récentes (Vilanova et al., 2006 ; Selby et Smith, 2007).
Dans le contexte actuel du changement climatique, ces études sont plus que jamais
nécessaires. En effet, le réchauffement du climat mondial induit par l'homme est un enjeu
scientifique et sociétal majeur. Devenu actuellement une réalité attestée par l’augmentation de
la température de la surface de la Terre (une moyenne de 0,6 °C au cours des dernières
décennies), les perturbations dans les cycles de vie des animaux, la migration de la flore et de
la faune à des latitudes et altitudes plus élevées, ou encore le retrait des fronts glaciaires sont
les conséquences de la hausse de la température du climat du globe (Saier, 2007 ; May, 2007).
Les conséquences de ce réchauffement apparaissent ainsi comme une menace pour de
nombreux écosystèmes, et affectent directement les sociétés humaines. L'instabilité du
système atmosphérique engendrée par ce réchauffement est supposée être la cause de
l’augmentation de l'intensité et de la fréquence des événements météorologiques extrêmes tels
que les ouragans, les sécheresses intenses, les inondations majeures, etc. (GIEC, 2014).
Les lagunes côtières sont des systèmes très dynamiques et évolutifs en fonction des
changements des conditions climatiques, eustatiques et hydrodynamiques (Paskoff, 2001). Il
s’agit d’écosystèmes côtiers largement distribués sur l’ensemble du globe et constituent
environ 13 % des étendues côtières mondiales (Berryhill et al., 1969). Les lagunes actuelles
sont généralement peu profondes et isolées de la mer, souvent par un cordon dunaire traversé
par une ou plusieurs passes (Kjerfve, 1994). Ils servent de réceptacle aux matériels terrigènes
de différentes tailles (argile, limon, sable, microfossiles, et des restes de mollusques, etc.).
Les apports des sédiments sont principalement contrôlés par les événements
météorologiques tels que les crues du bassin versant et les tempêtes marines qui ramènent du
sable marin dans les lagunes (Dezileau et al., 2005).
Les lagunes sont parmi les écosystèmes côtiers à préserver le plus, puisque, comme
d’autres zones humides, elles peuvent protéger contre les événements climatiques extrêmes.
Elles ont la capacité d’atténuer la puissance des tempêtes, la force et la vitesse des vagues.
Les protéger peut, à ce titre, être une mesure d’adaptation, et permettrait de réduire la
vulnérabilité des populations aux impacts de ces aléas. Dans ce sens, la reconstitution des
2
Introduction générale
paléo-environnements et des événements extrêmes du passé est essentielle pour fournir des
scénarios évolutifs fiables et préserver les lagunes côtières, particulièrement dans le contexte
du réchauffement climatique et l'élévation accélérée du niveau de la mer prévue dans les
prochaines décennies (Chapman, 2012). L’étude du passé constitue ainsi un observatoire pour
le futur.
La lagune de Nador, une des plus grandes en Méditerranée occidentale, constitue un
écosystème très riche, générateur d’une importante biodiversité marine et classé comme un
important site d’intérêt biologique et écologique (SIBE) ; elle offre également d’importantes
opportunités aux populations côtières en termes de moyens de subsistance. Toutefois, cet
écosystème court de nombreuses menaces, liées principalement à la croissance
démographique et à l’augmentation des besoins des populations en eau, en ressources et en
espace, etc. La fragilité de ce système paralique risque d’accentuer sa vulnérabilité d’une part,
aux effets néfastes de l’anthropisation croissante que connait le site et d’autre part, aux aléas
climatiques et côtiers (événements tempétueux extrêmes, érosion côtière, inondations). En
outre, toutes ces pressions croissantes risquent d’y être renforcées dans le futur proche, vu
l’important développement économique que connait le pourtour de la lagune axé sur le
mégaprojet touristique MarchicaMed. Celui-ci a mobilisé d’importants investissements et vise
l'aménagement de sept cités balnéaires sur les rives de la lagune. C’est un projet réalisé par le
gouvernement marocain via l'Agence d’Aménagement de Marchica
(http://www.agencemarchica.com) qui ambitionne à améliorer la qualité de l'environnement
de la lagune et à en faire une station méditerranéenne pour le nautisme et cible surtout la
transformation de la région de Nador en une destination touristique nationale et internationale.
De par sa situation au niveau d’une plaine subsidente, les caractéristiques naturelles de
cette lagune et de son arrière-pays géologique aussi diversifié que complexe, de nombreux
chercheurs se sont intéressés à son étude, et cela sous différents angles disciplinaires (Ex.
Erimesco, 1961 ; Tesson, 1977 ; Brethes & tesson, 1978 ; Saubade, 1979 ; Guillemin et
Houzay, 1982 ; Irzi, 1987, 2002 ; Mahjoubi, 1991, 2001 ; Inani, 1995 ; El-Alami et al., 1998 ;
Hilmi, 2005 ; Louaya et Hamoumi, 2006, 2010 ; Hamoumi, 2012). Cependant, les travaux
qui visent à étudier le mode de genèse et de fonctionnement de la lagune de Nador sont encore
rares. Nous pouvons citer notamment Irzi (1987 ; 2002) qui a étudié l’aspect
sédimentologique et microfaunistique de la lagune. Elle a mis en évidence la relation entre la
répartition des ostracodes et des foraminifères avec les courants intralagunaires et les facteurs
anthropiques. Mahjoubi (1991, 2001) a étudié les caractéristiques sédimentologiques,
géochimiques et minéralogiques des sédiments au niveau de la lagune et de son bassin versant
3
Introduction générale
4
Introduction générale
5
Présentation générale
Chapitre
I
I. INTRODUCTION ........................................................................................................................................ 7
V. PROCESSUS HYDRODYNAMIQUES.......................................................................................................... 20
IX. CONCLUSION...................................................................................................................................... 25
6
Présentation générale
I. INTRODUCTION
Les lagunes côtières sont des écosystèmes riches, dynamiques et très évolutifs, elles
profitent aux populations humaines. Ces systèmes se trouvent généralement dans des
situations critiques et courent de nombreux risques tant naturels qu’anthropiques.
Actuellement ces lagunes suscitent beaucoup d’intérêt scientifique et sont étudiées sur tous les
plans, particulièrement sur les aspects de reconstitution des paléo-événements extrêmes et de
l’histoire paléo-environnementale.
La lagune de Nador a suscité l’intérêt des scientifiques depuis les années 1950. Elle a fait
l’objet de nombreuses études qui ont concerné les diverses composantes de l’écosystème
(faune, flore, pollution de l’eau et des sédiments, caractérisation des sédiments, etc.). En
raison de sa situation géographique en Méditerranée occidentale, ses caractéristiques
géomorphologiques et son rôle de réceptacle de matériels terrigènes provenant des bassins
versants en période de crues et de sables transportés par la mer en période de tempêtes, elle
constitue un élément clé dans l’identification et la reconstitution paléo-climatique des
événements extrêmes de la rive sud de la Méditerranée occidentale.
7
Présentation générale
Les lagunes fermées caractérisées par l'absence de courants de marée, ce qui est
l'indice d'un faible marnage, et par des effets de chasse d'origine fluviale.
Figure I- 1 Classification des lagunes selon Nichols et Allen (1981) ; a : lagune estuarienne,
b : lagune ouverte, c : lagune semi fermée, d : lagune fermée.
Les lagunes actuelles se sont formées durant l'Holocène suite à une remontée du niveau
marin (transgression flandrienne, environ 10 000 ans BP) et sous l'action de
l'hydrodynamisme littoral (Dias et al., 2000), elles peuvent évoluer suivant deux scénarii
(Oertel et al., 1992) :
Le premier scénario considère que le niveau marin reste stable et que les marées
sont de faible amplitude. Le cordon littoral va se refermer passant ainsi d'une
lagune ouverte à une lagune fermée et l'évolution géomorphologique de la
lagune est alors le comblement progressif ;
Le second scénario suppose que le niveau marin augmente ou que l'amplitude des
marées est suffisante pour maintenir le cordon littoral ouvert. L'évolution est alors
étroitement liée aux conditions locales telles que les caractéristiques
morphologiques de la lagune, le climat, et l'importance de la vitesse de
sédimentation par rapport à celle de l'élévation du niveau marin. La lagune peut
alors demeurer dans un état stable si les conditions d'équilibre sont maintenues.
Les lagunes côtières servent de réservoirs pour des sédiments de différentes tailles (argile,
limon, sable, microfossiles, etc.). Les apports sont alors de quatre types : 1) terrigènes du
bassin versant, 2) de sédiments marins, 3) éoliens et 4) endogènes internes à la lagune
(activité biologique et précipitation chimique) (Fig. I-2). Ils sont principalement contrôlés par
les événements météorologiques tels que les crues du bassin versant et les tempêtes marines
(Dezileau et al., 2005), mais aussi par une productivité biologique interne.
8
Présentation générale
9
Présentation générale
10
Présentation générale
11
Présentation générale
temps induisant à chaque fois une nouvelle dynamique lagunaire. La figure I-5 montre
l'emplacement de ses différentes passes. La dernière passe ouverte naturellement s’est faite en
1981 suite à une grande tempête. En 2011, dans le but d’améliorer le renouvellement des eaux
de la lagune et l’accès aux bateaux de plaisance, une nouvelle passe a été ouverte dans le
cadre du projet MarChica-Med ; elle fait 300 m de largeur et 6 m de profondeur. Ses digues,
de 1200 m de longueur chacune, atteignent des fonds de -7 m côté mer. Quant à l’ancienne
passe, elle a été fermée par crainte de déstabilisation du cordon littoral et sera aménagée en
port de plaisance.
Figure I- 6 Bathymétrie de
la lagune de Nador
(Source : Agence
MarchicaMed, 2007).
12
Présentation générale
Le massif de Beni-Bou-Iffrour
Au sud-ouest de la lagune, le massif de Beni-Bou-Iffrour s’allonge dans la direction NE-
SW. Les chainons des Beni-Bou-Ifrour et des Kerker se seraient soulevés pendant le Tertiaire,
délimitant une cuvette synclinale qui fût ultérieurement comblée par différents sédiments. Les
terrains y sont marneux et schisto-gréseux calcaires d’âge jurassico-crétacé et sont affectés
par un léger métamorphisme (Mahjoubi, 2001).
La plaine de Bou-Areg
La plaine de Bou-Areg longe la lagune au sud depuis la ville de Nador à l’ouest jusqu’à
Kariet Arkmane au sud-est ; elle est couverte par des terrains essentiellement d’âge néogènes
(Mahjoubi, 2001). Il s’agit d’une dépression synclinale Néogène limitée au nord-ouest et à
l'ouest par les montagnes de Gourougou et de Béni Bou-Ifrour, au sud par le couloir de
Selouane qui assure la liaison avec la plaine du Gareb et au Sud-Est par les chaînes des
Kebdanas. La limite nord coïncide avec la forme arquée de la lagune de Nador.
Le Massif de Kebdana
Au niveau de la bordure sud-est de la lagune, le massif de Kebdana culmine sur une
hauteur de 937 m ; il est constitué par une série de jurassique complète allant du Lias au
Malm reposant en discordance angulaire sur des formations du Miocène (Mahjoubi, 2001).
13
Présentation générale
b. Formation de la lagune
L’histoire géologique de la lagune de Nador s’inscrit dans le cadre de l’histoire du bassin
littoral méditerranéen nord oriental du Maroc. L’évolution géologique de cette partie du Rif
nord-oriental est caractérisée par l’influence conjointe de la tectonique et du volcanisme
(Azdimousa et Bourgois, 1993). Au Jurassique-Crétacé, les deux massifs de Kebdana et Beni-
Bou-Iffrour se sont formés en premier, ensuite, l'ensemble de la région a subi une série de
cycles de transgression/regression, et des mouvements tectoniques liés aux principaux
mouvements orogéniques du Rif (Choubert et al., 1966 ; Guillemin et Houzay, 1982). Cette
dynamique s’est traduite par la formation de bassins dans les zones en distension et par des
plissements parfois intenses dans les zones en compression, depuis le Tortonien jusqu'à
14
Présentation générale
l’actuel. Ces phases de déformation sont accompagnées d'un volcanisme calco-alcalin (9 à 6,6
Ma), shoshonitique (7 à 5,4 Ma) et alcalin (4.7 à 2.6 Ma) (Hernandez et Bellon, 1985 ; El
Bakkali et al., 1998 ; El Azzouzi et al., 1999 ; Roger et al., 2000). Cette activité volcanique a
contribué à la formation du massif du Gourougou (NW). Selon Guillermin et Houzay (1982),
la succession des mouvements tectoniques comprend : (i) une phase d’extension synchronique
au Tortonien qui contribue à l’individualisation des bassins et à la subsidence de la plaine de
Bou Areg par le jeu des failles normales ; (ii) Une phase de compression à partir du
Quaternaire ancien qui engendre un rejeu de certains accidents et se manifestant par une
activité sismique notable.
En général, le bassin de Melilla a enregistré trois cycles sédimentaires majeurs : un cycle
tortonien supérieur, un cycle messinien et un cycle pliocène (Guillemin et Houzay, 1982).
L’épaisseur de la séquence sédimentaire à Kariet Arekman par rapport aux formations
sédimentaires de la bordure du bassin témoigne de la subsidence qu’a subie cette zone (Fig. I-
8).
Figure I- 8 Profil géologique SW-NE corrélant les formations de bordure de bassin avec
celles du sondage de Kariat-Arekman, qui montre la subsidence au niveau de la plaine
BouAreg. 1. Volcanisme du Miocène supérieur ; 2 Tortonien supérieur : marnes vertes; 3.
Marnes grises sur le conglomérat de base du Messénien ; 4. Cinérites; 5. Marries grises
a banes de grés fins; 6. Sables quartzo-bioclastiques sur «hard-ground» ; 7 Série laguno-
lacustre du Pliocène ; 8. Conglomérat grossier du Villafranchien; 9. Limons, sables et
graviers du Quaternaire ; 10. Limons (encroûté en amount) du quaternaire récent et moyen.
(Guillemin et Wernli, 1987).
Au Quaternaire récent, un affaissement par le jeu des failles NW-SE à la fin du Pliocène a
entrainé la subsidence de la plaine de Bou Areg et l'installation de la lagune de Nador
(Guillemin et Houzay, 1982). L’île barrière qui va contribuer à l’isolement de la lagune a été
édifiée selon deux phases d’après Irzi (2002) : (i) une phase anté-holocène qui a probablement
commencé au Pléistocène supérieur. Cet édifice correspondait à l’époque, à des barres
subtidales de chenal à l'embouchure de l'oued Selouane ; ensuite (ii) une seconde phase
15
Présentation générale
holocène, marquée par l’émersion des barres estuariennes et la formation d'un sol dont l’âge
est de 3000 ans B.P. (Irzi, 1987). Mahjoubi (1991) a essayé de proposer un modèle de la
genèse de la lagune de Nador par une tectonique en blocs basculés qui est contrôlée par un jeu
des failles normales listriques (Fig. I-9). Cette tectonique différentielle a été proposée en
étudiant la différence d’altitude du support continental entre le cordon dunaire (où il est atteint
à -1 m environ selon le sondage de Kariet Arekmane) et le centre de la lagune (où le même
support des sédiments lagunaires se localise à -9 m).
En se basant sur une étude géomorphologique de la zone, Fernández Navarro (1911) avait
déjà proposé un modèle d’effondrement en blocs pour expliquer la genèse de la lagune.
Cependant, à la différence de celui de Mahjoubi (1991), il représente un modèle
d’effondrement vertical (Fig. I-10).
16
Présentation générale
.
Figure I- 10 Explication théorique de la dépression Mar Chica (Fernández Navarro, 1911)
A, B, C : paquets de la roche volcanique primitive, M.M : Mer Méditerranée, M.Ch : Mar
Chica, D : dunes, D’ : Alluvions de l’oued Selouan.
La lagune de Nador est située dans une région jouissant d’un climat de type
méditerranéen semi-aride à saisons contrastées.
IV.1. Température
Les températures moyennes annuelles sont comprises entre 16,9°C et 18.8°C (Khattabi et
al., 2007). Ceci montre une régularité interannuelle avec deux saisons bien différenciées : la
première est qualifiée de période chaude ; elle s’étale de mai à septembre, et la seconde
couvrant la période d’octobre à avril, est caractérisée par des températures fraîches (Fig. I-11).
17
Présentation générale
IV.3. Vents
Dans la région de Nador, deux directions dominantes des vents peuvent être distinguées :
du N à NE et W à WSW (I-13). Les vents les plus intenses sont de secteur ENE d’intensité
moyenne variant entre 4.6 à 6.2 m/s (Hilmi, 2005). Les vents constituent la force physique
majeure ayant un impact visible sur les courants de surface de la lagune et contribuent au
renouvellement de ses eaux surtout au cours des évènements atmosphériques extrêmes (en cas
de tempêtes) (Hilmi, 2005).
18
Présentation générale
19
Présentation générale
V. PROCESSUS HYDRODYNAMIQUES
V.1. Marée
La marée est de type semi-diurne (du type M2 de période 12.42 h), variant entre 0,5 m
(vives eaux) et 0,1 m (mortes eaux) et ses courants sont nets (bidirectionnels et alternatifs). A
l'entrée de la lagune de Nador, la phase de la marée est retardée d'environ trois heures ; elle
perd de son amplitude en passant de 13 cm à l’extérieur de la lagune près de la passe à 3 cm à
l’intérieur de la lagune (Hilmi, 2005).
20
Présentation générale
21
Présentation générale
V.3. Houles
Les houles les plus fréquentes sont celles qui proviennent du NE, ENE et W (Fig. I-18),
Elles sont fortement liées à la circulation générale des vents dans la région
Figure I- 18 Rose des houles à Nador durant la période 1996-2012 (d’après les données de
www.puertos.es).
Figure I- 19 Champs des vagues au large de Nador : L1 Houle de direction 60°N et R3 Houle
de direction 345°N) (Letizia et al. 2008).
Les houles influent fortement les transits sédimentaires au niveau du cordon littoral. Les
plus dominantes (de directions NE et ENE) induisent une dérive résultante SE-NW mobilisant
22
Présentation générale
environ 68 015 m3 de sable annuellement (Inani, 1995). Ces transits de matériel sédimentaire
qui causaient l’ensablement et la fermeture de la passe, sont actuellement interrompus par la
présence de jetées en enrochements au niveau du goulet de la nouvelle passe.
VI. SEDIMENTOLOGIE
La lagune de Nador est encadrée par des formations à faciès très variés, et les apports du
matériel sédimentaire sont hétérogènes. Ces derniers sont à dominance détritique d'origine
locale dont témoignent la minéralogie et la granularité des dépôts. Ils reflètent fidèlement la
minéralogie des formations du bassin versant, les apports marins auxquels s'ajoutent les
minéraux biogènes et authigènes (gypse) formés in situ ainsi que les aérosols (Tesson &
Gensous 1978, El-Alami et al., 1998 ; Mahjoubi, 2001 ; Bloundi, 2005). Les sédiments
superficiels de la lagune de Nador (Fig. I-20) sont des vases et des sables fins moyens avec
une phase biodétritique conséquente (Tesson et Guensous, 1978 ; Guélorget et al., 1987 ;
Irzi,1987). Le taux de sédimentation y est quatre fois plus élevé au centre (68 cm/1000 ans)
qu’à la périphérie (Mahjoubi, 2001). Selon Bloundi (2005), l’enrichissement en éléments
chimiques du sédiment a une double origine, l’une naturelle et l’autre anthropique (décharges
sauvages, eaux usées et rejets miniers…etc.).
23
Présentation générale
est reconnue en tant que site d’intérêt biologique et écologique (SIBE de priorité 1) dans le
Plan Directeur des Aires Protégées au Maroc depuis 1996, et est déclarée site RAMSAR
depuis 2005 (Dakki et al., 2011).
La valeur patrimoniale de cet écosystème repose sur : (i) sa singularité sur la côte
méditerranéenne marocaine (unique lagune de cette façade du Maroc, la plus grande des
lagunes marocaines et deuxième grande lagune du Maghreb) ; (ii) sa particularité en tant que
système lagunaire méditerranéen (prédominance des eaux libres en comparaison avec les
zones de végétation et la rareté de chenaux étroits) et (iii) son importance écologique.
24
Présentation générale
cités touristiques au pourtour de la lagune (la Cité d’Atalayoun, la Cité des Deux Mers, la
Ville Nouvelle de Nador, la Baie des Flamants, Marchica Sport, les Vergers de Marchica et le
Village des Pêcheurs), le tourisme va connaitre un grand essor.
IX. CONCLUSION
La lagune de Nador est un écosystème important dans la Méditerranée occidentale, elle
présente un intérêt aussi bien sur le plan scientifique que sur le plan socioéconomique. Il
s’agit d’un système fragile et dynamique, hautement évolutif. En plus, la région de Nador est
considérée comme tectoniquement active et c’est une zone où les événements
météorologiques extrêmes sont fréquents.
Compte tenu de l’évolution démographique et économique autour cet important
écosystème lagunaire, les événements extrêmes (tempêtes, crues et tsunamis) constituent un
risque majeur. Les submersions marines, bien qu’exceptionnelles, peuvent avoir des
conséquences catastrophiques sur la zone. Appréhender la notion de vulnérabilité liée : (i) aux
évènements météo-marins (déclencheur des aléas côtiers) et (ii) aux crues intenses du bassin
versant, permettrait d’établir les stratégies pour une meilleure gestion du risque dans le futur
pour cette région.
25
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
Chapitre
II
I. INTRODUCTION ...................................................................................................................................... 27
IV. VULNERABILITE DU LIDO FACE A LA HAUSSE DU NIVEAU MARIN DUE AUX EVENEMENTS METEO-
MARINS EXTREMES. ....................................................................................................................................... 33
VI. CONCLUSION...................................................................................................................................... 46
26
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
I. INTRODUCTION
Le nouveau rapport du GIEC (GIEC, 2014) a souligné que le réchauffement global va
augmenter la fréquence et l’intensité des évènements extrêmes avec notamment une
multiplication des périodes de canicule et une extension des zones d’inondation et de
sécheresse. Selon Giorgi et Lionello (2008), le bassin méditerranéen est l’une des régions du
monde où le changement climatique sera le plus marqué. Les résultats des modèles
climatiques régionaux sur cette zone prévoient une hausse moyenne des températures de 2 à
6,5 °C, une baisse quasi-générale des précipitations et une plus grande occurrence des
évènements extrêmes d’ici 2100. Ces modifications climatiques attendues perturberont de
manière importante les écosystèmes, les interactions écologiques, les aires de distribution et la
dynamique des espèces, et affecteront aussi la morphologie de la côte (Parry et al. 2007). De
ce fait, la problématique grandissante des impacts de tous ces changements sur les zones
côtières, notamment par la hausse du niveau de la mer et l’augmentation de la fréquence et de
l’intensité des événements climatiques extrêmes, constitue une préoccupation majeure pour
les gouvernements et la population riveraine du littoral.
Sur la rive sud de la Méditerranée occidentale, la lagune de Nador est un patrimoine
naturel reconnu ainsi qu’un enjeu essentiel pour les activités économiques. Son évolution
morphologique est donc une question importante dans le contexte actuel des changements
climatiques et environnementaux. La forte concentration urbaine et les nombreuses
infrastructures programmées au pourtour de la lagune soulèvent la question de la vulnérabilité
côtière face à une hausse du niveau de la mer, aux phénomènes météorologiques de forte
amplitude et aux évènements météo-marins constitutifs des aléas côtiers. Par ailleurs,
l'évaluation de la vulnérabilité aux changements climatiques fait la distinction entre celle du
système naturel et celle du volet socioéconomique, même si elles sont clairement reliées et
interdépendantes. Cependant, comme l'analyse de la vulnérabilité côtière commence toujours
par la réponse du système naturel, nous aborderons dans cette étude la vulnérabilité physique :
une composante unidimensionnelle.
27
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
Figure II- 1 Répartition du nombre total de cyclones en été (gauche) et en hiver (droite)
(Campins et al., 2006).
28
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
L’analyse des valeurs extrêmes des amplitudes de la houle dans la région de Nador durant
la période de 1996 à 2012 (Fig. II-2a), ainsi que la fréquence des houles d’amplitude
supérieure à 2 m, pour la même période (Fig. II-2b), nous a permis de déterminer les mois
pendant lesquels la lagune est fortement exposée aux houles de tempêtes : il s’agit de la
période qui s’étale d’octobre à décembre et de janvier à avril.
Figure II- 2 Amplitudes des houles significatives au large de la lagune de Nador : a- Valeurs
extrêmes des houles durant la période 1996-2013 ; b- Fréquence des houles supérieurs à 2
m ; c-Variation des amplitudes des houles en 2013. (Point SIMAR 2050063,
http://www.puertos.es).
29
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
NNE à W, alors que la direction du vent qui coïncidait avec le maximum de la houle
significative était du NNE à N avec une vitesse moyenne allant jusqu’à 13 m/s.
30
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
Figure II- 5 Carte de localisation montrant les grilles globales et détaillées en plus des
sources des tsunamis potentiels (Gonzalez et al., 2010).
En appliquant une approche probabiliste pour une période de retour de 500 ans, Gonzalez
et al. (2010) montrent également que sur huit points le long de la côte de la mer d'Alboran,
les zones les plus vulnérables sont situées à proximité d’Adra, de Malaga et de Melilla. La
figure II-6 montre en effet la simulation de la propagation d’un tsunami généré au niveau de
la faille 5 (Ms = 7,5).
31
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
Figure II- 7 Le risque : une combinaison de la probabilité d’occurrence d’un aléa et des
conséquences potentielles sur les éléments vulnérables d’un milieu donné (Garitte, 2006).
32
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
Figure II- 8 Géomorphologie du cordon littoral de la lagune de Nador (d’après Lillo, 1995).
33
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
Sur ces trois secteurs, l’occupation du sol est marquée particulièrement par des voies de
communication (pistes) et des zones résidentielles avec en moyenne 356 unités identifiées, à
ce jour, sur la base des photos aériennes récentes de Google Earth. Elles occupent environ 3
% de la superficie totale du cordon littoral. La population résidente est estimée à partir du
nombre de ménages recensés et la moyenne nationale de personnes par ménage (soit 6
personnes). Environ 2136 habitants sont répartis sur trois villages (Fig. II-9) : (i) Oulad Zahra
du secteur septentrional avec 618 personnes, (ii) Oulad Issa situé dans la partie sud du secteur
central avec en moyenne 888 personnes et (iii) Tadzirt du secteur méridional avec 630
résidents.
Les occupants permanents du cordon littoral sont actuellement des familles de pêcheurs
néanmoins des changements démographiques et économiques vont nettement intéresser le
lido. En effet, le programme de développement de la lagune de Marchica, déjà lancé,
34
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
ambitionne d'aménager une grande station balnéaire et constitue un défi pour faire de la
région de Nador un pôle touristique méditerranéen.
Figure II- 9 Pistes (couleur noire) et zones résidentielles (couleur blanche) cartographiées
sur le cordon littoral de la lagune de Nador.
35
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
Figure II- 10 Emplacement des 3 cités programmées sur le cordon littoral de la lagune de
Nador. (http://www.marchicamed.com)
36
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
facteurs essentiels: i) l'applicabilité à l'échelle locale - zone d'étude- et ii) la disponibilité des
données.
Ainsi le PVI a été développé sur la base de cinq variables physiques :
La Largeur du lido qui donne une indication sur le degré de protection du lido. La largeur
critique est celle en dessous de laquelle le cordon littoral commence à être plus susceptible
aux processus d’overwash. C’est un concept relation avec les processus de submersion ; il a
été étudié depuis les années 1970 par Leatherman (1976 ; 1979) et adoptée plus tard par
d’autres auteurs (Jiménez et Sánchez-Arcilla 2004 ; Rosati et Stone, 2007).
La lithologie du cordon littoral, basée quant à elle sur le fait que le type de lithologie du
substratum rocheux affecte la sensibilité à l’érosion, en se basant sur le principe que les
formations friables s’érodent plus facilement alors que d’autres types de roches offrent une
résistance maximale à cet aléa côtier (Abuodha et Woodroffe, 2010).
La largeur de la végétation est déterminée comme étant la distance de la végétation
derrière la plage. Le choix de cette variable est basé sur la corrélation négative entre la
distance occupée par la végétation et la vulnérabilité (Palmer et al., 2011).
Le pourcentage des zones basses est celui des zones à risque de submersion dans un
secteur donné du lido. Nous avons choisi une élévation topographique de 7 m comme étant le
seuil critique ; ce niveau d'inondation a été adopté comme le pire scénario sur la côte
méditerranéenne marocaine selon des travaux de Snoussi et al. (2008).
La dynamique est le taux d'érosion/d’accrétion le long du lido. La vitesse du déplacement
du trait de côte a été calculée automatiquement à l'aide d’un outil SIG (Digital Shoreline
Analysis System DSAS) développé par Thieler et al., (2009) sur la base des photographies
aériennes historiques à l'échelle de 1/30. 000 de 1984 et 2003 ; elles sont obtenues auprès de
l'Agence Nationale de la Conservation des Terres, du Cadastre et de la Cartographie à Rabat.
Chaque variable a été quantifiée et les scores appropriés ont été attribués sur une échelle
allant de 1 à 5 (1 étant la plus faible contribution à la vulnérabilité, 5 la plus élevée) pour
chacune des variables (Tab. II-1). Avant de cartographier ces scores, nous avons alors créé
une base de données géographiques pour les différentes variables. Pour ce faire, le lido a été
divisé en cellules de grille orthogonale de largeur 30 m le long du rivage. Le but de cette étape
est de faciliter l'utilisation des SIG dans le calcul et la cartographie de l'indice final PVI. En
effet, l'utilisation des outils SIG est reconnue pour être couramment adoptée pour le calcul du
risque côtier ou des indices de vulnérabilité (Cooper et McLaughlin, 1998).
37
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
Variables Physiques 1 2 3 4 5
sédiments sédiments
Lithologie
consolidés meubles
Largeur de la végétation > 400m 300 – 400m 200- 300m 100 – 200m < 100m
Déplacement du trait de côte > (+2m) (+2) – (+1m) (+1) – (-1m) (-1) - (-2m) > (-2m)
Le calcul du PVI est effectué dans un logiciel SIG (Arc GIS) comme la racine carrée du
produit représenté par l'équation (1).
(1) (W * L *V * P * S ) / 5
Où W est la largeur du lido, L est la lithologie, V est la distance de la végétation, P est le
pourcentage de faible surface et S est le taux d'érosion/accrétion du rivage.
La combinaison de toutes les variables citées donne un PVI variant de 0,4 à 25.
Figure II- 11 Cinématique du trait de côte du lido entre 1984 et 2003. (1) passe fermée en
2011- Lagune de Nador-
38
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
Les scores sont divisés en 4 catégories de risque : faible, modéré, élevé et très élevé, et cela en
se basant sur la méthode des quartiles. Les valeurs inférieures à 5,4 sont affectées à la
catégorie de faible risque, celles entre 5,4 et 13,8, représente un risque modéré ; pour des
valeurs comprises de 13,8 à 15,8, il est élevé, et pour celles supérieures à 15,8, le risque est
alors considéré comme très élevé.
La représentation cartographique des valeurs du PVI obtenues montrent qu’environ la
moitié supérieure du lido allant de l’ancienne passe jusqu’à Beni Nsar présenterait une
vulnérabilité élevée à très élevée (Fig. II-13). Ainsi les zones de forte à très forte vulnérabilité
forment 42 % de l’île barrière et se situent particulièrement dans la partie nord-ouest de la
lagune ; elles intercalent les secteurs côtiers qui se caractérisent par des zones à basse altitude,
et de faible largeur ainsi qu’une une végétation réduite par rapport au reste du lido.
39
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
fortement rétrécie qui présenterait alors une forte vulnérabilité physique aux submersions
marines marin dues aux évènements extrêmes (Fig. II-13).
40
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
Figure II- 14 Types de cours d’eau, mécanismes de transport solide et types de crues.
(Besson, 1996)
Dans le cas d’événements météorologiques intenses, le risque est directement : (i) aux
précipitations dues soit aux orages d’été, violentes et localisées, ou aux perturbations
41
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
orageuses d’automne à effet plus régional, auxquelles vient s’ajouter parfois la fonte des
neiges à effet amplificateur ; et (ii) à la taille du bassin versant qui peut d’une part, répondre
par divers types de crues en fonction de l’intensité, de la durée et de la répartition des
précipitations et d’autre part, amplifier la menace, et cela selon la pente, la couverture
végétale qui accélère ou ralentit les écoulements, les capacités d’absorption et d’infiltration
des sols et aussi, selon l’action anthropique. L’homme modifie alors les conditions de
ruissellement par des travaux dans les lits habituels, ou s’installe dans des zones
particulièrement vulnérables. Par conséquent, dès que la pente s’accentue, les écoulements
deviennent de plus en plus chargés, et acquièrent une capacité érosive importante, à l’origine
d’affouillements et de glissements de berges ; ensuite, ils débouchent à forte vitesse sur la
partie aval du bassin versant à pente plus faible, et y déposeraient des matériaux en cône de
déjection (Fig. II-15) et pouvant même jusqu’à provoquer des débordements (inondations).
Cette partie plus plate, où le torrent rejoint la vallée, constitue aussi une des zones les plus
convoitées par les populations, pour sa topographie plane, la proximité et l’accessibilité facile
à l’eau.
Figure II- 15 Schéma représentatif d’un bassin versant torrentiel (Tacnet, 2009).
Pour une vue prospective du risque d’inondation, durant des épisodes pluvieux les plus
intenses, susceptibles de se produire par débordement des cours d’eau, l’analyse de la
documentation sur les évènements passés, particulièrement des crues à caractère historique,
est incontournable car elle fournit des éléments très utiles pour établir le zonage de l’aléa.
42
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
43
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
La documentation sur les évènements météorologiques passés durant les siècles derniers
dans la zone d’étude, particulièrement les crues à caractère historique, est pratiquement
inexistante mais la présence de cônes de déjection dans certaines zones du bassin versant de la
lagune, témoigne de l’impact des événements de haute énergie dans la région.
Figure II- 17 Occupation du sol, pente (en %) et localisation des cônes de déjections dans
bassin versant de la lagune de Nador.
44
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
Le bassin versant de la lagune de Nador d’une superficie d’environ 700 Km² est traversé
par un réseau hydrographique très dense ; les cours d’eau sont à écoulement non permanent
et leur fonctionnement se limite aux périodes de fortes crues (Fig. II-17a). Quant à la variation
spatiale de la pente (Fig. II-17b), à l’exception de certains endroits de la plaine de Bou-Areg,
la majorité du territoire présente une pente supérieure à 6 %, et de ce fait ces cours d’eau sont
des torrents. Les valeurs maximales se trouvent naturellement au niveau des zones
montagnardes où la pente dépasse généralement les 20 %, et le secteur NW de la zone d’étude
qui donne directement sur la lagune, en fait partie.
La couverture végétale forestière qui joue un rôle dans la lutte contre l’érosion et diminue
alors le risque de crues torrentielles, reste spatialement très faible et limitée à quelques zones
forestières dispersées au niveau de Gourougou (Fig. II-17d). En général, le couvert forestier
ne représente que 6 % de la superficie de la province et plus de 1000 ha de forêt sont perdues
annuellement dans la province (Khattabi et al., 2007).
En l’absence de données historiques des crues torrentielles anciennes ayant affecté la
région dans le passé, nous avons cartographié des cônes de déjection caractéristiques des
laves torrentielles, à partir de la carte géologique 1/50.000éme de Nador. Ces dépôts se
concentrent principalement en deux zones : la première, au SE du bassin vers la chaîne de
Kebdana et la seconde, dans la région NW entre Bni-Bou-Ifrour et Gourougou. Toutefois il
est à noter que ce dernier territoire est le plus peuplé et le plus urbanisé de tout le bassin
versant de la lagune (Fig. II-17c). Les conditions socioéconomiques plus concentrées y ont
joué un rôle dans la dégradation du couvert végétal, et ont augmenté ainsi les risques face aux
phénomènes hydro-météorologiques.
Au Maroc, une étude a été réalisée pour classer les sites à fort risque d’inondation due aux
événements météorologiques, et en effet, comme le montre la figure II-18, parmi les 300 sites
répertoriés sur l’ensemble du territoire, quatre se situent dans le bassin versant de la lagune de
Nador. Ils sont recensés comme à risque élevé dont ceux traversés par les cours d’eau
torrentiels Akhandouk de la commune Beni Nsar et dont les exutoires sont dans la partie NW
de la lagune ainsi que le Chariat qui se déverse au niveau de Nador.
Le recensement des sites à fort risque d’inondation due aux forçages
hydrométéorologiques, la cartographie des cônes de déjection au pourtour de la lagune,
l’analyse préliminaire des pluies intenses au cours des quarante dernières ainsi que celle des
traces, des témoignages et des articles de presse, attestent tous de la sensibilité de toute la
zone NW de la lagune de Nador aux inondations, principalement par débordements de cours
d’eau suite aux crues torrentielles.
45
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
Figure II- 18 Localisation des sites à risques d’inondation par les crues : (a) au Maroc
(Données DPSR, 2008) et (b) au secteur Nord-Ouest de la lagune de Nador.
VI. CONCLUSION
Le complexe lagunaire de Nador situé en Méditerranée occidentale, apparaît
particulièrement vulnérable aux risques d’inondations en cas d’événements extrêmes. En
effet, la cartographie de la vulnérabilité physique du lido, l’unité de vie de cet écosystème
lagunaire, montre de nombreuses zones vulnérables aux événements extrêmes dont la partie
nord-ouest de la lagune ; celle-ci présente un degré très élevé de vulnérabilité côtière. De
point de vue socio-économique, 20 % des constructions actuelles- auxquelles viendraient
s’ajouter celles prévues dans le futur (cité de deux mers)- se trouvent dans une situation de
très haut risque. Du côté du bassin versant, cette même région NW présenterait aussi de
nombreux éléments de sensibilité face aux événements de crues torrentielles. Cette zone
connait une très forte présence humaine, particulièrement suivant l’axe urbanisé de Nador à
Beni Ensar.
Les résultats obtenus constituent un outil important d’aide à la prise de décision en termes
de gestion de risque des événements extrêmes. Cependant, il n’est généralement pas possible
de préciser localement cette menace, à partir d’informations qui restent très éparses et
qualitatives. Tout d’abord, parce que même les événements plus récents échappent souvent
aux réseaux de mesure. En outre, quand elles existent, les données concernent généralement
une période qui ne remonte pas à plus d’un demi-siècle. De plus, les informations sur les
événements extrêmes anciens sont très limitées, et les témoignages qui ne couvrent que la
46
Vulnérabilité de la lagune de Nador aux événements extrêmes
période moderne, ne permettent d’identifier -en général- que les dates ou les événements les
plus dévastateurs. Ce qui reste assez court au regard de la période de retour, supposée, des
phénomènes intenses. De ce fait, les archives sédimentaires préservées à l’intérieur des
lagunes, offrent la possibilité de remonter plus loin dans le temps et de donner ainsi des
informations sur ces événements du passé. Dans une optique de prévention des risques,
l'analyse des événements extrêmes retrouvés dans les archives sédimentaires des lagunes
semble donc primordiale.
47
Matériel et méthodes
Chapitre
III
Matériel et méthodes
I. INTRODUCTION ...................................................................................................................................... 49
V. ETUDE DE LA MALACOFAUNE................................................................................................................. 62
VI. CONCLUSION...................................................................................................................................... 63
48
Matériel et méthodes
I. INTRODUCTION
La reconstitution des paléo-événements et paléo-environnements basée sur l’étude des
archives sédimentaires nécessite une panoplie d’analyses toutes complémentaires. Comme
cela a été réalisé dans des études similaires (Dezileau et al., 2005 ; Matias et al., 2008 ;
Sabatier, 2009 ; Dezileau et al., 2011) et afin de caractériser des cônes de tempête du passé
dans les archives sédimentaires du complexe lagunaire de Nador, nous nous sommes
intéressés à leur identification par différentes méthodes (carottage, sismique réflexion) et à
travers divers indicateurs (granulométrie, géochimie, minéraux argileux et malacofaune). En
outre, pour établir une échelle chronologique des événements sédimentologiques passés, une
210 137
datation par des radioéléments a été réalisée ; elle est basée sur le Pb, le Cs et le radio-
14
carbone C dont les propriétés chimiques (réactivité vis-à-vis des particules) et physiques
(périodes de désintégrations, rayonnement gamma) permettent une datation relativement
précise. En outre, des analyses granulométrique, géochimique et celles des minéraux argileux
ont été effectuées sur des sédiments superficiels prélevés sur le lido et dans le bassin versant
pour caractériser en surface la nature du matériel sédimentaire autour et dans la lagune.
49
Matériel et méthodes
Figure III- 2 Localisation des sites de carottage dans la lagune de Nador (étoiles rouge) et
des sédiments superficiels prélevés (cercles) sur le lido.
50
Matériel et méthodes
51
Matériel et méthodes
résolution verticale optimale est de 25 centimètres. La pénétration dans les sables est
d’environ 20 mètres et 80 mètres dans les argiles.
52
Matériel et méthodes
53
Matériel et méthodes
54
Matériel et méthodes
III.2.2. Géochimie
L’analyse géochimique a été réalisée par la fluorescence-X. Pour les carottes
sédimentaires, l’analyse géochimique a été accomplie à l’aide de l’appareil XRF Core-Scaner
(Photo III-4a et b). Ce dernier permet l’analyse non destructive à très haute résolution des
carottes de sédiment (avec 0,5 mm dans notre cas). Ce système est basé sur les propriétés
spectrales des éléments chimiques, qui lors d’une exposition à une source de rayons X,
émettent un rayonnement de fluorescence X. Ce dernier est alors capté par un détecteur (XRF)
placé à 45° par rapport à la surface du sédiment. Le traitement du signal enregistré est alors
compilé par un puissant logiciel de modélisation qui permet de connaître les variations
d’abondance (aires de pics) des éléments chimiques au cours du temps. Chaque niveau de la
carotte est alors caractérisé par un assemblage d’éléments chimiques, correspondant à une
image de l’état du milieu au moment de leur incorporation dans la couche sédimentaire de la
surface lagunaire. Pour les sédiments superficiels, l’analyse géochimique a été réalisée à
l’aide d’un générateur à fluorescence-X mobile (Niton XL3t) à Géosciences Montpellier
(Photo III-3c).
Photo III- 3 Appareils XRF : (a,b) core scanner utilisé pour l’analyse géochimique à
l’Université de Bordeaux I ; (c) Générateur à fluorescence-X mobile (Niton XL3t) de
Géosciences Montpellier.
55
Matériel et méthodes
56
Matériel et méthodes
de fond, équipé d’un détecteur Germanium type puits (BE Ge 3825) (Photo III-4) Le matériel
est aménagé au sous sol pour diminuer le bruit de fond.
Photo III- 4 Spectromètre gamma à très bas bruit de fond, équipé d’un détecteur BE Ge 3825
du Laboratoire Géosciences de Montpellier 2.
57
Matériel et méthodes
Figure III- 5 Chaîne de désintégration du 238U et retombées de 210Pb, retrouvé en excès dans
les sédiments des milieux aquatiques.
L’utilisation du 210Pbex pour la datation des sédiments est maintenant une technique bien
établie depuis les travaux de Goldber, (1963). Actuellement, il est largement utilisé dans
d’autres domaines pour l’élaboration des modèles d’âge et notamment en domaine lacustre et
210
lagunaire. Cette technique de datation est basée sur la détermination de l’activité du Pb dit
« en excès », ce dernier n’est présent que dans les sédiments récents. Il n’est plus détectable
dans les sédiments anciens (dont l’âge est supérieur à 4 ou 5 fois sa période radioactive
d’environ 22,3 ans c’est-à-dire environ 100 ans).
210 210
L'activité du Pb en excès est estimée par la différence entre l'activité totale du Pb et
226 210
l'activité du Ra en équilibre dans les sédiments. La décroissance de l’activité du Pb
en excès dans la colonne sédimentaire est gouvernée par la loi de désintégration radioactive
selon l’équation (1) suivante :
0
∁ =∁ ℮ Equation (1)
0
Où ∁ (mBq.g de poids sec) est l’activité initiale du radionucléide en excès dans le
58
Matériel et méthodes
de sédimentation constante » où l’on considère que les facteurs qui gouvernent l’accumulation
de sédiments sont constants.
La vitesse de sédimentation peut être exprimée en cm.a -1 par :
=
où
ω est la vitesse de sédimentation,
x la profondeur en cm
et t le temps écoulé depuis le dépôt.
0
∁ =∁ ℮ Ou encore ∁ = ∁ − Equation (2)
Quand la relation de l’activité du 210Pbxs est représentée sur une échelle logarithmique en
fonction de la profondeur x, le profil en 210Pb sera une droite dont la pente est exprimée par λ
/ω. La vitesse de la sédime ntation moyenne peut donc être déterminée à partir de la constante
210
de désintégration du Pb (λ = 0,03114 a-1) et de la pente. L’âge des sédiments est alors
déduit en fonction de la profondeur et de la vitesse de sédimentation.
IV.1.2. Modèle CRS (Constant Rate of Supply)
Le modèle CRS à flux constant a été d’abord appliqué à des sédiments de lacs par
Appleby et Oldfield (1978). Dans ce modèle, les apports de 210Pb sont supposés être constants
210
dans le temps. Ainsi, la concentration de Pb diminue lorsque les apports de matière et le
210
taux de sédimentation augmentent. Ce modèle se base ainsi sur l’inventaire du Pbxs sur
210
toute la colonne sédimentaire. L’inventaire (en mBq.cm²) du Pbxs en excès à partir d’une
profondeur x (déposé au temps t) jusqu’au fond de la colonne sédimentaire est défini selon
l’équation suivante:
210
Où A(0) est l’inventaire complet du Pbxs de la colonne sédimentaire, F (mBq.cm). Le
210
flux constant du Pbxs et λ la constante de désintégration du 210Pb (0,03114a-1).
210
La relation entre l’inventaire complet et le flux Pb est exprimée par :
59
Matériel et méthodes
où, A(x) est l’inventaire intégré en-dessous de la couche x jusqu’au fond de la carotte
sédimentaire.
IV.1.3. Modèle CIC (Constant Initial Concentration)
Ce modèle suppose que les sédiments ont une concentration initiale de 210Pbxs constante.
Il assume que même si le flux du 210Pbex ou le taux de sédimentation varient, leurs variations
sont opposées (Pennington et al., 1976). Dans ce modèle, l'âge est calculé d’après l’équation
suivante :
∁( )
( ) = (0) Et = ln Equation (6)
∁( )
210 210
où C(0) (mBq.g-1) est l’activité du Pbxs en surface et C(x) l’activité du Pbxs dans
l’horizon x.
Dans le cadre sédimentaire des environnements terrestres et côtiers, les exigences du
modèle CIC sont extrêmement rares. Cependant, dans des systèmes tels que l'océan profond
où les nuances et les variations du système sont mis en sourdine, le modèle CIC peut être
applicable.
60
Matériel et méthodes
61
Matériel et méthodes
14
entraînant un rajeunissement des datations C effectuées, d'autant plus important que l'on
remonte dans le temps. Des corrections ont été réalisées à partir de mesures sur les cernes de
croissance d'anciens arbres. Deux tables de corrections ont été établies (Stuiver et Reimer,
1993). La première concerne le matériel d'origine continentale et elle est utilisée pour les
charbons de bois. La seconde tient compte de l'effet âge-réservoir du milieu marin et elle
concerne les coquilles (marines ou lagunaires).
14
La conversion des dates C en années calendaires, par l'intermédiaire de courbes de
calibration, conduit à des dates classiques exprimées dans le texte par la terminologie
conventionnelle BC (Before Christ) ou AD (Anno Domini).
14
Dans le cadre de cette thèse, de nombreuses datations C ont été réalisées ; elles ont
portées principalement sur des coquilles de type lagunaire (Cerstoderma, loripes). Les
14 14
échantillons ont été envoyés pour des analyses du C au Laboratoire de Mesure du C
(LM14C) sur ARTEMIS Accelerator Mass Spectrometry (Accélérateur pour la Recherche en
sciences de la Terre, Environnement, Muséologie Installé à Saclay) à l'Institut CEA
(Commissariat à l'énergie atomique) à Saclay. Ces analyses ont été effectuées avec la
procédure standard décrite par Tisnérat-Laborde, (2006).
V. ETUDE DE LA MALACOFAUNE
La malacofaune est un bon indicateur paléo-environnemental. Elle est couramment
utilisée dans l’analyse de conditions environnementales actuelles ou dans la reconstitution des
paléo-environnements durant l’Holocène. Il existe plusieurs domaines d’application dans
lesquels ce bioindicateur est utile, tel le cas des mollusques fossiles dont l’assemblage est
souvent utilisé en complément de la micropaléontologie pour tracer les variations eustatiques
et celles de salinité (Ivanova et al., 2012). La malacofaune est également un très bon
indicateur de l’état de confinement des lagunes. Cependant il faut noter que la plupart des
espèces malacofauniques sont généralement connus par leur faible sensibilité écologique,
elles sont souvent utilisées pour évaluer les tendances à des échelles temporelles relativement
longues.
Pour cette étude nous avons exploré l’utilisation de la distribution de la malacofaune pour
reconstituer les paléo-environnements et les paléo-événements extrêmes. Ainsi l’analyse de la
malacofaune a été réalisée sur des échantillons issus des sondages carottés de la lagune de
Nador, avec un pas de 2 cm pour chaque carotte sédimentaire. L’observation de la
macrofaune benthique dans ces échantillons a été effectuée sur la fraction supérieure à 500
62
Matériel et méthodes
µm. Par la suite, la reconnaissance et le dénombrement des espèces présentes dans chaque
échantillon ont été effectués en se basant sur les travaux déjà réalisés dans la zone. Les
résultats obtenus devraient être croisés avec d’autres paramètres mis en œuvre auparavant,
notamment les données sédimentologiques et géochimiques. Pour cela, le nombre des
individus recensés a été représenté en fonction de la profondeur.
Dans la reconstitution des événements extrêmes, l’analyse se base sur le gradient de la
répartition des espèces en allant de la mer vers l’intérieur de la lagune. En outre, la différence
de l’abondance des espèces typiquement lagunaires et celles du milieu marin est utilisée pour
tracer les périodes d’ouvertures de grau suite à une tempête majeure (Sabatier, 2009).
L’utilisation d’autres indicateurs notamment la granularité permet aussi de mettre en évidence
des pics d’espèces marines juste après les paquets de sables.
Plusieurs échantillons de malacofaune ont été sélectionnés le long des différentes carottes
sédimentaires prélevées et ce pour effectuer des datations 14C (Cf. Cadre chronologique).
VI. CONCLUSION
Dans la présente étude, une série de méthodes à haute résolution allant de l’analyse
granulométrique, géochimique, de minéraux argileux et de bio-indicateur, à la datation
isotopique (210Pb, 137
Cs et 14
C), ont été appliquées sur les sédiments après carottage et
prospection sismique de la lagune de Nador. En outre, dans le but de corréler les apports
(terrigènes et marins) avec les dépôts lagunaires, des analyses granulométrique et
géochimique et celles des minéraux argileux ont été réalisées sur des sédiments superficiels
prélevés sur le lido (mer-dune-lagune) et sur le bassin versant, particulièrement dans la partie
NW de la lagune. Celle-ci est la plus vulnérable aux événements extrêmes, elle est marquée
par la présence d’importants cônes de tempêtes sur le lido et de cônes de déjections, témoins
de l’effet les crues torrentielles dans cette zone.
Basée sur toutes ces analyses, une approche multi-proxies est utilisée afin de reconstituer
les paléo-événements extrêmes et les paléo-environnements voire le remplissage global de cet
écosystème côtier.
63
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
Chapitre
IV
Etude du remplissage sédimentaire de la
lagune de Nador
I. INTRODUCTION ...................................................................................................................................... 65
VI. CONCLUSION...................................................................................................................................... 93
64
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
I. INTRODUCTION
De nombreuses études récentes ont abordé la question du remplissage de la lagune de
Nador (Inani, 1995 ; Irzi, 2002 ; Mahjoubi, 2001 ; Hamoumi, 2012), néanmoins la structure
interne du dépôt reste inconnue. Les quelques carottes analysées par ces auteurs ne
dépassaient pas les 100 cm de longueur.
Dans la présente étude, des carottages couplés à une prospection de sismique réflexion
sont réalisés dans cet écosystème et ont permis de nous apporter des renseignements sur le
remplissage sédimentaire de la lagune. Les carottes prélevées ont des longueurs variées dont
la plus importante fait environ 180 cm ; de plus, la prospection réalisée est pionnière
puisqu’aucun levé sismique n’a avait été effectué auparavant dans la lagune. Ces archives
sédimentaires analysées (description sédimentologique, granulométrie laser, radioscopie X,
datations par les éléments radio-isotopiques) représentent des témoignages inestimables de
l’histoire du bassin lagunaire de Nador.
Figure IV- 1 Longueur des carottes sédimentaires prélevées dans la lagune de Nador.
65
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
66
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
67
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
68
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
69
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
70
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
gastropodes. Similaire à la carotte MC45, cette unité se termine par un faciès avec
de nombreuses lamines plus fines et silteuses, de couleur rouge et brun-claire.
Cette structure laminée est quatre fois plus épaisse que celle rencontrée dans
MC45.
L’unité sédimentaire supérieure 1 (90 - 15 cm) : elle est dominée par un faciès
sableux grisâtre qui se trouve interrompu par des passages de sable silteux.
L’unité sédimentaire supérieure 2 (15 - 0 cm) : elle est constituée par un faciès de
sable silteux noirâtre et très riche en matière organique et aussi en fragments de
coquilles.
71
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
Photo IV- 1 Photos prises sur les sédiments de la base de la carotte MC44 : (a) les cristaux
de gypse et (b) fragments de roches volcaniques. (c) nodules et plaquettes carbonatées.
210
L’activité du Pb a été déterminée sur les horizons superficiels pour deux carottes
sédimentaires, la MC45 et la MC22, prélevées respectivement dans la partie NW et centrale
de la lagune (Tabl. IV-1). Les profils du 210Pbxs en fonction de la profondeur sont représentés
sur la figure IV-7 ; ils sont classiques et avec des activités plus importantes en surface (100 à
130 mBq.g-1 pour la carotte MC45 et 60 à 67 mBq.g-1 pour la carotte MC22). Ensuite, une
diminution est visible en fonction de la profondeur jusqu’à ce que le 210Pbex disparaisse vers
29 cm de profondeur dans la MC45 et à 20 cm dans la MC22.
Les taux de sédimentation sont calculés en considérant les hypothèses du modèle CFCS
(constant flux, constant supply). Bien que la vitesse de sédimentation ne reste pas constante au
cours du temps, Sabatier et al., (2008) ont montré qu’il est possible d’utiliser ce modèle CFCS
sur les intervalles sédimentaires lagunaires non perturbés par les événements extrêmes. De
210
plus, la décroissance exponentielle de l’activité en Pb dans les couches de surface suppose
un régime de sédimentation suffisamment stable pour permettre l’application de ce modèle. Il
faut noter aussi que lors de l’ouverture de carottes ne n’avons pas observé de figures de
72
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
bioturbation (traces de vers, mélange de sédiments…etc.) ; ceci est également confirmé par
l’observation des images radio X.
Tableau IV- 1 Résultats du comptage gamma pour le 226Ra, 210Pb et 137Cs des carottes
sédimentaires MC 4.5 et MC 2.2.
Figure IV- 7 Profils du 210 Pb en excès dans les sédiments des carottes MC45 et MC22 en
fonction de la profondeur (en cm).
73
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
137
Le Cs est analysé sur les mêmes carottes sédimentaires (MC45 et MC22). Les profils
de la distribution de cet isotope sont présentés sur la figure IV-8. Ils montrent des horizons qui
137
marquent l’historique de la contamination des sédiments par le Cs. Dans l'hémisphère
137
Nord, les concentrations faibles voire nulles en Cs, caractérisent la période antérieure à
celle des premiers apports anthropiques de cet élément radioactif (avant 1950), alors que le
137
pic de l'activité du Cs est associé à des niveaux de retombées maximales liés à la période
des essais nucléaires aériens en 1963.
137
Les profils du Cs sont utiles pour une éventuelle validation ou un ajustement des
datations effectuées par le 210Pb. Le profil de 137
Cs de la carotte MC45 présente un pic
important avec des activités allant jusqu’à 37 mBq.g-1 vers 16 cm de profondeur que nous
137
associons à la période de 1963. Le taux de sédimentation estimé grâce au Cs est d’environ
0.34 cm/an. Cette valeur, est à peu près en accord avec le taux obtenu par la datation au 210Pb.
Quant à la carotte MC22, les activités maximales (~11 mBq. .g-1) sont situées vers 3 ou
4cm de la surface avec un maximum à 3,5 cm. Ceci signifie que le taux de sédimentation est
de l’ordre de 0,073 cm/an. Cette valeur confirme le faible taux de sédimentation déjà révélé
210
par la datation au Pb au niveau de la MC22.
Figure IV- 8 Profil de l’activité du 137Cs dans les sédiments carottés du MC45 et MC22.
74
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
datations sont des coquilles appartenant aux espèces Cerastoderma glaucum, Loripes lacteus,
Parvicardium exiguum…etc (voir Tab. IV-3).
III.2.1. Estimation de la correction d’âge réservoir (∆R)
Les organismes marins sont exposés à différentes concentrations de la teneur originelle en
14
C contrairement à leurs homologues dans l'atmosphère. Les carbonates dissous dans l'eau de
mer ne sont pas en équilibre avec l'atmosphère, pour le 14C, car les échanges avec le domaine
marin et au sein des masses d'eau sont plus complexes et plus lents. Ainsi, il en résulte un
vieillissement ou « âge apparent » d'environ 400 ans (Stuiver et Reimer, 1993). Ce
vieillissement est appelé « effet réservoir ».
14
En revanche, l’âge C du réservoir marin peut présenter une variation spatiale
considérable. Certains endroits peuvent voir leur datation vieillie de plusieurs siècles, c’est le
cas par exemple :
des zones de remontées d’eaux profondes (upwelling) qui n’ont pas échangé avec
l’atmosphère depuis que ces eaux ont quitté la surface de l’océan. L’âge réservoir peut
atteindre jusqu’à -1200 ans comme au large du Chili et du Pérou (Fontugne et al.,
2004) ;
des milieux côtiers fortement influencés par les apports en eau douce provenant de
fleuves côtiers et dont le bassin versant est presque exclusivement constitué de
calcaire ancien à faibles teneurs en 14C. C’est le cas des lagunes Palavasiennes au sud
de la France qui présentent un âge réservoir allant jusqu’à 953 ± 25 (Sabatier, 2009).
La différence entre l'âge 14C maritime d'une région précise et celui modélisé de la surface
de l'océan mondial est exprimée par le terme ∆R (Fig. IV-9). Les valeurs de ∆R pour les
régions océaniques mondiales -hors océan Austral - varient de moins 200 à plus 800 années
(Reimer et Reimer, 2001). Il faudra donc tenter d'évaluer l'âge apparent de l'eau de mer du
site étudié en mesurant généralement des coquilles prélevées vivantes avant l'effet des
premières explosions atomiques (les échantillons postérieurs à l'année 1950 ne peuvent être
14
calibrés à cause de la concentration incertaine de la teneur en C due aux bombes
nucléaires). Dans notre cas, l'âge apparent est estimé à partir de l'âge de radiocarbone situé
210
dans le domaine chronologique du Pb. Deux échantillons (à des profondeurs de 21 et 22
14
cm) datés par le C de la carotte MC45, répondent à cette condition (Tabl. IV-2).
75
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
Figure IV- 9 : Conversion des âges 14C conventionnels en âges calendaires calibrés pour
les échantillons de sub-surface (courbe du bas) et marins (courbe du haut).
Selon les résultats obtenus, la lagune de Nador présente un ∆R négatif pour les deux
échantillons. Ce type de résultat est courant dans les régions océaniques peu profondes ou
dans les lagunes fermées ; cette valeur négative peut être expliquée par (i) un faible mélange
avec les eaux océaniques profonds appauvries en 14C et (ii) plus d’échange avec l’atmosphère,
14
ce qui engendre des teneurs en C plus élevées dans le carbone inorganique dissous (DIC)
que la moyenne mondiale de l’océan (Dutta, 2008).
Dans notre cas, comme l’âge 14C qui correspond à la profondeur 21cm est inversé, seul le
∆R obtenu pour la profondeur 22 cm est pris en compte. La valeur de -218 est aussi
conservée, néanmoins, elle doit être considérée avec prudence, en raison d’une part, de la
variation inter-coquilles de l’âge radiocarbone qui peut être significatif (~ 200 ans) (Jones et
al., 2007) et d’autre part, des variations possibles avec le temps suivant l'évolution paléo-
environnementale de la lagune (soit l’ouverture ou la fermeture) comme cela a été expliqué
par Sabatier et al., (2010).
76
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
Une fois que le ∆R est estimé, les dates ont été calibrées en âges calendaires (cal. BP)
avec le logiciel Calib7.0.0 (Stuiver et Reimer, 1993) en utilisant la courbe de référence
marine13 (Reimer et al. 2013) et un ∆R de -218. Sur le tableau IV-3, les dates calibrées sont
exprimées en années cal. AD.
Au niveau des carottes MC45 et MC34, quelques inversions d’âge sont constatées. Ceci
est normalement observé dans les carottes lagunaires due aux changements paléo-
environnementaux dans le temps, et l’arrivée possible de vieilles coquilles dans le sédiment.
Toutefois les datations au radiocarbone réalisées dans cette étude, montrent que les carottes
enregistrent, en général, le dernier millénaire. En effet les bases des sédiments carottés
montrent un âge fluctuant entre 800 à 1000 ans cal.AD.
13 14
Code lab Espèce datée Echant Prof (cm) mg C d C PMc Age C (BP) correction ΔR Age Cal (AD)
SacA 28609 Loripes lacteus 22 1,5 4,8 97,14 ± 0,25 235 ± 30 1875±74
SacA 26943 Cerastoderma glaucum 32 0,8 2,4 91,31 ± 0,29 730 ± 30 1392±65*
SacA 26944 Cerastoderma glaucum 46 0,7 0,7 93,08 ± 0,27 575 ± 30 1538±86
SacA 26945 Cerastoderma glaucum 50 0,9 2,4 92,48 ± 0,28 630 ± 30 1476±59*
SacA 28610 MC45 -218
Cerastoderma glaucum 56 1,3 3,8 92,26 ± 0,27 645 ± 30 1468±58*
SacA 28611 Parvicardium exiguum 64 1,4 4 92,55 ± 0,25 620 ± 30 1485±65
SacA 26946 Acanthocardia mucronata 91 0,3 4,4 84,65 ± 0,29 1340 ± 30 834±107*
SacA 26947 Cerastoderma glaucum 104 0,4 6,5 87,93 ± 0,29 1035 ± 30 1149±95
SacA 31692 Cerastoderma glaucum MC44 155 1,1 5,6 85,11 ± 0,22 1295 ± 30 -218 885±103
SacA 28612 Cerastoderma glaucum 17 1,4 4,7 93,44 ± 0,24 545 ± 30 1557±85*
SacA 28613 Cerastoderma glaucum 76 1,3 2,7 90,84 ± 0,24 770 ± 30 1373±64*
SacA 28614 MC34 -218
Acanthocardia mucronata 106 1,4 7,9 93,01 ± 0,24 580 ± 30 1534±85*
SacA 28615 Acanthocardia mucronata 119 1,4 4,8 93,26 ± 0,26 560 ± 30 1548±86
SacA 31690 Cerastoderma glaucum MC33 117 1 0,4 90,21 ± 0,22 825 ± 30 -218 1346±66
SacA 28609 Cerastoderma glaucum MC22 48 1,3 5,1 85,74 ± 0,24 1235 ± 30 -218 941±95
SacA 28617 Cerastoderma glaucum **
Surface 0 1,2 3,6 103,75 ± 0,26 ± ** **
Tableau IV- 3 Résultats des datations au radiocarbone dans certains niveaux des carottes
sédimentaires MC 4.5- MC44-MC34 et MC22.-Lagune de Nador- (**) datation impossible ;
(*) âge inversé.
77
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
Figure IV- 10 Modèle âge-profondeur mené dans CLAM (Blaauw, 2010) des carottes MC22
et MC45. Paramètres de CLAM : interpolation linéaire ; 1000 itérations pondérés par des
probabilités calibrées à 95% d’intervalle de confiance et une résolution de 1 an.
78
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
sommet se situe entre 1000 et 1200 ans AD ; (ii) l’unité inférieure 2 qui va jusqu’à 1500 ans
AD, elle est silteuse pour les carottes sédimentaires du transect 2 en plus de la carottes MC22
mais sableuse pour la MC33 ; (iii) l’unité médiane généralement sableuse à l’exception des
carottes proches du bassin versant (MC22 et MC45), va pratiquement jusqu’au 20ème siècle et
enfin (iv) l’unité sommitale constituée généralement par des vases sableuses riches en
coquilles, elle correspond à des sédiments déposés depuis le 20ème siècle jusqu’à l’Actuel.
79
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
Figure IV- 12 Carte des positions des profils de sismique THR et position des carottes
sédimentaires dans la lagune de Nador.
80
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
Figure IV- 13 Terminaisons des strates observées au-dessus ou en-dessous d'un profil
sismique (Mitchum et Vail, 1977).
Figure IV- 14 Les différentes configurations des réflecteurs sismiques (Proust et al., 2005).
81
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
Une fois que les limites des unités sismiques et leur structuration interne sont définies, la
morphologie externe en 3D de ces unités est étudiée. L’ensemble de ces données permet alors
de déterminer l’environnement de dépôt (géométrie et nature des corps sédimentaires), la
provenance des sédiments (direction de migration ou de progradation) et le cadre géologique
(position dans le « bassin », relation avec le substratum).
Dans la zone couverte par la sismique, le remplissage sédimentaire montre une épaisseur
variable et 7 unités sont identifiables le long des profils sismiques.
Figure IV- 15 Profil sismique 10, brut (en haut) et traité (en bas). Les substratums
volcanique et continental sont bien visibles. U4 et U5 : unités 4 et 5.
82
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
IV.3.2. Unité 1
Cette unité qui ne dépasse pas 3 mètres d’épaisseur, se rencontre exclusivement au niveau
d’une dépression traversée par les profils sismiques 09, 14 et 16 au nord d’Atalyoun. Cette
unité est clairement identifiable sur le profil 16 (Fig. IV-18). Elle est caractérisée par un
faciès acoustique constitué par des réflecteurs sub-horizontaux parallèles et continus d’une
amplitude faible à moyenne. Sa base est difficilement observable et son toit est une surface
d’érosion.
Figure IV- 16 Profil sismique 09, brut (en haut) et traité (en bas). U= Unité
Figure IV- 17 Profil sismique 20, brut (en haut) et traité (en bas). U= Unité
83
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
IV.3.3. Unité 2
Elle correspond à un faciès souvent chaotique. Néanmoins par endroit, les réflecteurs sont
parallèles ou tangentielles obliques ; ils dessinent parfois des formes de chenaux et des
formes d’écoulements (mini-slumps) (Fig. IV- 19 et Fig. IV-20).
La base est généralement érosive, cependant parfois des terminaisons en « Downlap »
sont visibles, par exemple en contact avec l’unité 1 (Fig. IV-18). Au sommet, elle se trouve
souvent en contact en « Toplap ». Quant aux profils perpendiculaires sur le lido, l’unité 2 s’y
présente sous forme d’un lobe plus large vers le cordon dunaire qui laisse penser à un apport
de sédiments marins.
Figure IV- 18 Profil sismique 16 brut (en haut) et traité (en bas).
Figure IV- 19 : Profil sismique 01 brut (en haut) et traité (en haut). U= Unité
84
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
IV.3.4. Unité 3
La caractérisation de l’unité 3 est faite également par un faciès chaotique avec des
réflecteurs de forme sigmoïdale et sinueux, parfois désorganisés et discontinus.
La base de cette unité n’est pas aisément identifiable, elle se trouve en downlap sur l’unité
1 et présente un contact en onlap sur l’unité 2. Son sommet est érosif et elle constitue avec
l’unité 1 le remplissage de la dépression topographique observée au niveau des profils 09, 14
et 16 au Nord d’Atalayoun (Fig. IV-27).
Figure IV- 20 Profil sismique 03 brut (en haut) et traité (en bas). U= Unité.
Figure IV- 21 Profil sismique 12 brut (en haut) et traité (en haut). U= Unité
85
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
IV.3.5. Unité 4
Elle montre des réflecteurs sismiques caractérisés par une forte amplitude, parallèles,
souvent subhorizontaux et continues. D’une épaisseur variable allant de 0.5 à 5m, cette unité
présente un sommet en toplap et elle est en contact soit avec les unités 5, 6 ou 7 (Figures IV-
15 à IV-24). De même, elle présente une base érosive avec l’unité 3 et se termine en onlap
avec l’unité 2 et les deux substratums continental et volcanique. Au sud d’Atalayoun, il est
impossible de distinguer les structures en-dessous de cette unité (Ex. sur les figures IV-17,
IV-23 et IV-24).
Figure IV- 22 Profil sismiques 17 brut (en haut) et traité (en bas). U= Unité
Figure IV- 23 Profil sismiques 18 brut (en haut) et traité (en haut). U= Unité
86
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
IV.3.6. Unité 5
Cette unité est rencontrée au nord d’Atalayoun uniquement du côté du bassin versant
(Fig. IV-16 et IV-29). Elle est également rencontrée au sud d’Atalayoun, pratiquement dans
tous les profils de cette zone (Ex. Figures IV-17 ; IV-19 ; IV-21 ; IV23 et IV-24). D’une
épaisseur variable allant jusqu’à 2 m, parfois elle se présente sous forme d’un lobe plus large
du coté du bassin versant. Au-dessus de l’unité 4, elle présente deux faciès relativement
distincts :
(i) Au nord d’Atalayoun, l’unité 5 est caractérisée par un faciès chaotique avec des
réflecteurs d’amplitude faible à moyenne.
(ii) Au sud d’Atalayoun, elle présente un faciès « sourd » transparent sans
réflecteurs, bien identifiable.
Figure IV- 24 Profil sismiques 21 brut (en haut) et traité (en bas). U= Unité
IV.3.7. Unité 6
Cette unité est bien identifiable dans la plupart des profils proches du lido. Elle présente
un faciès généralement chaotique mais localement avec des réflecteurs subhorizontaux
discontinus, par endroits développant des formes sigmoïdales à tangentielles obliques voire
des formes de progradations. Celles-ci sont principalement soit NW-SE ou encore NE-SW
(Fig. IV-25).
L’épaisseur de l’unité 6 est variable (maximum 3 m) mais montre une diminution en
allant du lido vers le bassin versant. En effet, dans les profils perpendiculaires au lido, elle se
présente en forme de lobe plus large vers le cordon dunaire. En outre, dans les profils
parallèles à cette barrière (Ex. Figure IV- 26) une forme d’escalier est nettement visible, celle-
87
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
Figure IV- 26 La forme en escalier à la surface de l’Unité 6 notée dans le profil sismique 13.
88
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
Tableau IV- 4 Caractéristiques des faciès acoustiques observés sur les profils sismiques à
l’intérieur de la lagune de Nador.
89
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
Figure IV- 27 Reconstitution en 3D des unités sismiques à partir des profils sismiques 03, 08,
09, 14 et 16.
Afin de pouvoir associer les faciès sismiques et sédimentaires, une calibration des
données de sismique réflexion par les carottages a été réalisée. Les figures IV-28 et IV-29
représentent le croisement des carottes sédimentaires avec les profils sismiques
correspondants.
En général les logs sédimentaires couvrent quatre unités sismiques et s’arrêtent tous sur la
partie sommitale de l’unité sismique 4.
L’unité 7 correspond à la partie sommitale des carottes sédimentaires, il s’agit en
général des vases silto-sableuses lagunaires.
L’unité sismique U6 dont les dépôts sont dominés par des sables.
L’unité sismique U5 est rencontrée au niveau des carottes MC44 et MC45. Elle
constitue une unité plus ou moins homogène, principalement à granularité très fine
et se termine dans sa partie supérieure par un niveau très laminé.
L’unité U4, n’est recoupée par les carottes sédimentaires que dans sa partie
sommitale. Il s’agit de l’unité au niveau de laquelle le carottage semble se bloquer.
La partie récupérée par le carottier, montre un sédiment laminé fin et grossier,
riche en cristaux de gypse. Le fait qu’on ne voit plus grand chose en-dessous de
cette unité dans le bassin sud, est probablement du à la présence du gypse et/ou du
gaz qui fait écran (sans doute les deux, si un niveau de sel épais bloque le gaz).
90
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
Figure IV- 28 Corrélation du profil 03 avec les carottes sédimentaires MC34 et MC33.
Figure IV- 29 Corrélation du profil 08 avec les carottes sédimentaires MC44 et MC45.
91
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
Malgré le fait que les carottages et les datations associées ne couvrent que la période très
récente du comblement lagunaire de Nador, grâce à la vision générale donnée par la
reconnaissance géophysique, il est possible de tirer des interprétations et mettre en évidence
les faits remarquables suivants, concernant l’évolution morphodynamique des fonds
lagunaires :
Durant une phase anté-holocène au Mio-Plio-Pleistocène, une importante activité
volcanique a donné naissance au strato-volcan de Gourougou ; le substratum volcanique est
visible dans les profils sismiques réalisés à proximité d’Atalayoun. Sur ce socle sont
sédimentés des dépôts continentaux (substratum continental) qui constituent la base du
remplissage actuel lagunaire de Nador.
Irzi (1987) estime que le remplissage lagunaire holocène, de Nador a démarré assez
récemment à 3000 ans BP. Nous n’avons pas pu vérifier cette hypothèse. Cependant, vu
l’épaisseur de ce remplissage sédimentaire au niveau de certains endroits, nous pensons que le
début du remplissage pourrait être beaucoup plus ancien que 3000 ans BP, il devra être
confirmé avec plus de datations à la base du remplissage lagunaire. En tout cas, il est possible
de mettre en évidence les faits marquants suivants :
(i) Une première phase de remplissage d’une paléo-vallée située au nord d’Atalayoun
avec l’unité 1. Ensuite, les deux unités exclusives à la partie NW de la lagune 2 et
3. L’unité 2 semble être d’origine marine, alors que l’unité 3 est d’origine bassin
versant.
(ii) Une seconde phase correspondant à l’installation d’un système de sebkha qui a
donné lieu à l’unité 4. La partie sommitale de cette unité atteinte par les carottes
sédimentaires et représentée par les dépôts évaporitiques. Cette phase semble être
majeure dans l’évolution de la lagune puisqu’elle s’étale pratiquement sur
l’ensemble de l’écosystème lagunaire et dure jusqu’à 1000 - 1200 ans BP.
(iii) Enfin, une troisième phase où la lagune de Nador prend probablement sa forme
actuelle ; une phase durant laquelle les apports les plus dominants sont
essentiellement marins, sous forme de sable apportés par la houle des tempêtes du
côté lido, mais aussi des dépôts de type lagunaire fin, du côté bassin versant.
Il est à noter que ce scénario d’évolution du remplissage holocène est tiré uniquement des
données disponibles et que la seule possibilité pour proposer un scénario plausible serait
une couverture sismique sur l’ensemble de la lagune et un carottage sédimentaire
calibrant l’ensemble des faciès sismiques.
92
Etude du remplissage sédimentaire de la lagune de Nador
VI. CONCLUSION
Les carottes sédimentaires récupérées dans la lagune de Nador sont dominées par la phase
sableuse et sablo-silteuse ; elles ne dépassent pas les 180 centimètres de longueur. L’analyse
sédimentologique révèle que la base de ces carottes est détritique et évaporitique riche en
cristaux de gypse. Cette base grossière et gypseuse explique probablement le blocage du
système de carottage à ce niveau. Le taux de sédimentation défini est variable dans le temps et
également dans l’espace ; en général, il varie de + 0.04 à +0.34 cm/an.
Les datations au radiocarbone montrent que les sédiments au-dessus de cette base
évaporitique ne dépassent pas les 1200 dernières années et par conséquent l’intégralité du
remplissage holocène de la lagune n’a pas été traversée par les carottages. L’exploration
sismique a permis de caractériser le remplissage sédimentaire de la lagune de Nador,
particulièrement la partie NW. Les donnés montrent que l’épaisseur des sédiments dépasse
généralement les 4 m et plusieurs unités sismiques ont été identifiées en couplant les données
sismiques, sédimentologiques et chronologiques et enfin un modèle d’évolution a été proposé.
Cependant, il faut noter que cette méthode de prospection géophysique nécessite une
calibration par des carottages qui dans notre cas restent insuffisants en terme de pénétration en
profondeur dans la colonne sédimentaire de la lagune.
93
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
Chapitre
V
I. INTRODUCTION...................................................................................................................................... 95
II. CARACTERISATION DES SOURCES D’APPORTS SEDIMENTAIRES DANS LA LAGUNE DE NADOR ............... 95
IV. PALEO- EVENEMENTS D’ORIGINE CONTINENTALE – CAS DES CRUES INTENSES- ............................... 115
IV.1. TRAÇAGE DES FLUX TERRIGENES ASSOCIES AUX CRUES. .................................................................................... 115
IV.2. PALEO-CRUES DE HAUTE ENERGIE ............................................................................................................... 117
94
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
I. INTRODUCTION
La reconstitution des événements extrêmes du passé est devenue une étape majeure dans
l’étude et la compréhension de ces phénomènes afin d’essayer de prévenir leurs impacts. En
effet, l’étude du passé peut fournir de précieux renseignements par rapport à leur fréquence et
leur intensité. De plus, dans le cadre du changement climatique, ces informations sont d’une
grande utilité puisqu’ils permettent de clarifier la relation entre l’augmentation de la
fréquence et de l’intensité des événements météorologiques avec le réchauffement climatique.
Comme déjà mentionné auparavant, les archives textuelles ne couvrent que la période
récente, alors que l’étude des dépôts sédimentaires permet de couvrir une échelle de temps
plus large. Les archives sédimentaires représentent donc une source d’informations précieuses
pour la reconstitution des événements extrêmes du passé. L’utilisation de celles prélevées
dans des lacs et des lagunes est aujourdhui une méthode bien établie par plusieurs études (Liu
et Fearn 1993 ; Collins et al., 1999 ; Nott, 2004 ; Dezileau et al., 2005 ; Donnelly et
Woodruff, 2007; Scipelly et Donnelly, 2007 ; Sabatier et al., 2008 ; Das et al., 2013).
D’après notre étude, la partie nord-ouest de la lagune de Nador, présente une forte
vulnérabilité face aux phénomènes de submersion. De ce fait, elle est la plus appropriée pour
tenter d’identifier les événements extrêmes du passé. D’ailleurs, plusieurs cônes de tempête
sont nettement visibles sur le lido et du côté continental (surtout au Nord du Gourrougou), de
nombreux mini-cônes de déjection y sont également présents ; ils sont laissés par d’anciennes
crues.
Par ailleurs, la colonne sédimentaire analysée couvre les 1200 dernières années, et
montrent d’importantes variations de faciès sédimentaires en fonction de la profondeur.
L’objectif de cette étude est de reconstituer les évènements extrêmes du passé (tempêtes,
crues et tsunmais) en adoptant une approche multi-proxies.
95
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
fréquences unimodales. Celles-ci s’étalent sur une classe granulométrique de 100 à 300 µm
dont 90 % ont une taille comprise entre 133-282 µm (Fig.V-1).
Figure V- 1 Courbes de fréquences du sable prélevé selon le transect mer- cordon dunaire,
dans la zone NW de la lagune de Nador.
Une représentation graphique de cette même classe de sable (133-282 µm) prélevé
suivant deux transects : Mer (plage)-Lido (cordon dunaire)-Lagune (sommet des carottes)
montre qu’il s’agit d’une population caractéristique de sable marin dont le pourcentage
diminue en allant de la mer vers la lagune (Fig. V-2). Ces résultats, bien que non exhaustifs,
confirment les conclusions du travail de Mahjoubi (2001) qui distinguent entre des apports
marins à faciès généralement sableux avec une granulométrie fine à moyenne, et d’autres
continentaux à faciès argilo-silteux. Ces mêmes constations ont été notées par Inani (1995).
Figure V- 2 Variation spatiale de la population de sable (133-282 μm) selon deux transects
Mer-cordon dunaire (A et B) de la lagune de Nador – Zone NW.
96
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
Les résultats montrent que les échantillons du bassin versant présentent des
concentrations relativement plus élevées en Ti, Mn, Fe et Rb que dans les autres sédiments
superficiels (lagunaires, dunaires et marins). Ces éléments chimiques ont une tendance à
l’augmentation en allant de la mer vers le bassin versant particulièrement pour le Mn, Fe et
Rb. Quant au Zr et au Ti, leurs teneurs sont un peu plus élevées au niveau des échantillons
prélevés sur le lido. Ceci est dû probablement à l’accumulation des minéraux lourds,
97
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
particulièrement le zircon, au niveau des dunes alors que sur le bassin versant, leur présence
est surtout liée aux roches volcaniques. Les sédiments prélevés sur les plages et le cordon
dunaire présentent des teneurs en Sr plus importantes que dans ceux échantillonnés dans la
lagune et le bassin versant.
En général ces résultats sont conformes aux études géochimiques déjà effectuées au
niveau de la lagune (Mahjoubi, 2001 et Bloundi, 2005). Mahjoubi (2001) a mis en évidence,
une dominance du Ca et du Si dans les apports marins alors que les continentaux sont enrichis
en Fe, Ti, K et Al. De son côté, Bloundi (2005) a défini 3 groupes d’éléments : (i) le premier
est composé de Fe, Al, K, Mn, S, Ti et Mg ; ces éléments sont associés à l'argile et aux
feldspaths. Ils présentent des teneurs minimales sur la bordure littorale de la lagune et
augmentent du côté du bassin versant ; (ii) le deuxième groupe possède Ca, Sr et Mg ; ces
derniers présentent des teneurs maximales sur la bordure littorale de la lagune et diminuent
côté bassin versant. Le calcium est associé au calcaire biogénique, il est principalement
d'origine marine, (iii) le S est essentiellement associé à la pyrite et le Si a une double origine,
continentale (feldspaths et argiles) et marine (quartz). Au nord de la lagune, le Si est
principalement d’origine marine, il est en effet lié au quartz (Mahjoubi, 2001).
Une autre source de sédimentation, relativement importante dans la lagune de Nador, sont
les particules éoliennes; Mahjoubi (2001) estime leur quantité moyenne de l’ordre de 34,58
g/m²/an (valeurs extrêmes : 8,11 et 79,06 g/m²/an). Elles sont caractérisées par une
granulométrie inférieure à 63µm et sont riches, par ordre d’importance, en quartz, feldspaths
et calcite. Les faibles valeurs du flux sont enregistrées lors des mois les plus humides de
l’année, et les plus élevés sont notées lors des périodes les plus sèches en lien avec des vents
dominants de direction NE (Mahjoubi, 2001). De plus, la poussière du Sahara est susceptible
de constituer une part importante des apports éoliens dans la région surtout pendant les
périodes de sécheresse ; elle est caractérisée par des teneurs élevées en Si (quartz), en Ti et en
Zr (Bout-Roumazeilles et al., 2012).
II.2.2. Les carottes sédimentaires
L’analyse par micro-fluorescence X a permis la détection d’environ 25 éléments
chimiques (Al, Si, P, S, Cl, K, Ca, Ti, V, Cr, Mn, Fe, Ni, Cu, Zn, Ga, Br, Rb, Sr, Y, Zr, La,
Ta, Bi) dont seuls 14 éléments sont choisis pour cette étude (Al, Si, S, Cl, K, Ca, Ti, V, Fe,
Br, Rb Zr, Sr et Pb) sur la base de leur intensité (coups/s ou cps). Les profils de l’intensité
des éléments sélectionnés sont déployés en fonction de la profondeur (Cf. Annexe C) pour
pouvoir décrire leurs comportements par rapports aux unités lithologiques déjà identifiées
dans le chapitre précédent (Cf. Chapitre IV). L’analyse en Composante Principale (ACP) a été
98
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
adoptée pour définir les proximités et les écarts entre les éléments géochimiques dans ces
différentes unités (Cf. Annexes D). Cependant, il faut noter que dans l’analyse géochimique
par micro-florescence X, de nombreux paramètres peuvent perturber la mesure : par exemple
la teneur en eau, le pourcentage de la matière organique, la présence de coquillages et les
variations granulométriques (Löwemark et al., 2011). La composition du sédiment en
éléments mesurables par le détecteur XRF notamment le carbone, l'oxygène, et l'azote, peut
provoquer un effet de dilution en diminuant le nombre des coups des éléments les plus lourds.
En d'autres termes, une augmentation de la teneur en matière organique se traduirait par une
diminution des valeurs et vice versa (Rollinson, 1993). Avec ces limitations qui rendent
parfois difficile l’interprétation de la comparaison des sections d’une même carotte, il devient
donc important de normaliser les éléments afin d’éviter que l’interprétation des variations soit
le miroir de celles de la matière organique (ou carbonatée). L'élément le plus apte à être utilisé
pour la normalisation est l’Aluminium (Al) car il est abondant et non soumis aux variations
des conditions redox (Löwemark et al., 2011). Les figures VI-4, VI-5, VI-6, VI-7 et VI-8
montrent les profils des éléments normalisés par rapport à Al.
a. Carotte sédimentaire MC22
La colonne sédimentaire de cette carotte est riche en éléments terrigènes (Al, Fe, K, Ti,
Rb et V). Elle présente moins de variation d’intensité des éléments d’une unité à l’autre par
rapport aux autres carottes (Fig. V-4). Toutefois, le Sr augmente à la l’unité basale et diminue
dans celle du sommet alors que le Br augmente uniquement dans l’unité sommitale. Pour les
profils normalisés à Al, sont notés cinq pics de Si/Al, Ca/Al, Zr/Al, S/Al et Sr/Al à la base de
la carotte.
99
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
100
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
101
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
sommet de cette unité, Br, Pb et S et les éléments terrigènes ont tendance aussi à augmenter
en intensité.
102
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
En synthèse pour toutes les carottes sédimentaires, la base des carottes (Unité 1 de MC44,
MC 45 et MC 33) montre d’importants pics de Ca, Sr, Zr et S associés aux minéraux
évaporitiques; ceux-ci constituent les éléments caractéristiques de cette unité basale en
comparaison avec les autres unités. Dans le reste des unités, se distingue un groupe principal
constitué par les éléments terrigènes, principalement des aluminosilicates (Al, Fe, K, Ti, Rb et
V) ; il est généralement associé à la fraction fine (silts et silts sableux). Les éléments
alcalino-terreux Sr et Ca sont souvent négativement corrélés avec les éléments associés au
terrigène et sont présents dans les faciès sableux. Quant au Si, il montre les mêmes tendances
que le Ca sauf pour la MC45 où il est plutôt corrélé au groupe des aluminosilicates. Dans les
parties sommitales des carottes, des augmentations en intensité du Br, Pb et S sont souvent
constatées.
L’Analyse en Composante Principale (ACP) (Annexe D) indique la présence d’un
phénomène de couplage ou de découplage d'éléments le long des carottes. En effet, suivant la
variation des unités lithologiques, des éléments peuvent s’associer ou se dissocier d’un groupe
donné. Ce phénomène pourrait indiquer que les éléments chimiques analysés jouent plusieurs
rôles au sein du système en fonction de leur chimie et des variations de l'état de la lagune. Par
exemple, le Si est généralement abondant dans le quartz et dans de nombreux minéraux
103
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
aluminosilicates (en particulier les feldspaths alcalins) mais il est également associé au
matériel biogène (Ex. diatomées en tant que composant de leurs tests) (Peinerud, 2000).
Les profils des éléments normalisés par rapport à Al indiquent que les rapprts Fe/Al,
K/Al, Ti/Al et Rb/Al présentent généralement les variations similaires, mais elles sont
différentes d’une carotte à l’autre : pour MC33, ces apports montrent des pics importants au
sommet (0-20 cm) et à la base (135-160 cm), alors que pour MC34, ils ne varient que très peu
et deux pics sont visibles dans deux niveaux (25- 35 cm) et (55 – 60 cm). En ce qui
concerne MC44 et MC45, il n y en a pratiquement pas, néanmoins une tendance à
l’augmentation des rapports dans la moitié inférieure de la carotte est remarquée surtout pour
MC44 (90-178 cm). Cette hausse est liée à la diminution de l’intensité d’Al. Ces variations
pourraient être expliquées par plusieurs facteurs. (i) En Méditerranée, ces rapports sont
souvent utilisés comme proxy pour les apports détritiques éoliens, particulièrement Ti/Al qui
est un paramètre essentiel pour suivre les poussières éoliennes (Köhler et al., 2010). (ii) Le
Fe/Al, en plus d’être un traceur d’hématite (souvent présente dans les poussières
éoliennes selon Rogerson et al., 2006), pourrait indiquer aussi la précipitation d'oxydes de fer
authigène lors des événements anoxiques (Lopez et al., 2006). (iii) Ils tracent tout simplement
le terrigène en fonction de la nature des roches du bassin versant comme dans notre cas (Fe,
Ti, K et Rb sont fortement présent dans les apports venant du Gourougou).
Quant aux rapports Si/Al, Ca/Al et Sr/Al, ils montrent des valeurs élevées dans les facies
sableux des quatre carottes (MC33, MC34, MC44 et MC45). Ces rapports en plus du Zr/Al
montrent des valeurs très élevées au niveau aussi des sédiments à la base de la plupart des
carottes étudiées. Ces variations peuvent être expliquées par plusieurs facteurs : par exemple
(i) le Zr/Al dans certaines études est utilisé comme indicateur des poussières éoliennes
(Köhler et al, 2010) et dans d’autres est utilisé comme traceur de sables marins (Sabatier,
2009) ; (ii) S/Al avec Sr/Al indiqueraient des précipitations évaporitiques (gypse) selon
Martín-Puertas et al. (2011). Il faut noter aussi que Cl/Al qui présente une bonne corrélation
avec Sr/Al, serait probablement en relation avec la salinité.
Contrairement aux Sr/Al et Zr/Al, le rapport Br/Al montre généralement un pic vers le
sommet des carottes, expliquant probablement un enrichissement en matière organique dans
ces parties de la colonne sédimentaire.
104
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
Dans le cadre de cette étude, les résultats de l’analyse des argiles sont représentés sous
forme de camembert bleu sur la figure VI-9 : Ceux des échantillons de surface prélevés aux
environs de Gourougou, sont similaires aux données de Mahjoubi et al, (2003) : nous notons
une dominance de la smectite avec un pourcentage supérieur à 90 % alors que la chlorite et la
kaolinite sont quasi absentes. L’illite y est présente avec un pourcentage faible (< à 5 %).
Ensuite, à l’intérieur de la lagune, le pourcentage de l’illite augmente en dépit d’une
105
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
NE : 57%
Automne 97 Oct 15-30 50 17 22 11 - -
NW : 36%
NE : 57-
Pluie Printemps Mar 25/03/98 49 - 37 14 - -
NW : 36%
Tableau V-1 Proportions des minéraux argileux (estimées en %) des différents apports
aériens comparées aux périodes d’échantillonnage et aux directions dominantes du vent ;
(Ill : Illite, Sme : Smectite, Kao : Kaolinite, Chl : Chlorite, Pal : Palygorskite, Inter :
interstratifiés).
106
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
107
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
pouvons admettre que l’illite 1 est d’origine continentale issue du bassin versant, l’illite 2 est
d’origine marine et l’illite 3 est probablement d’origine éolienne.
Figure V- 10 Pourcentage de différents types d’argiles dans les sédiments carottés (MC45) de
la lagune de Nador.
108
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
III.1.1. Transect 1
Sur le transect 1 passant par les carottes MC33-MC34, les faciès sableux contiennent un fort
pourcentage de la classe granulométrique 133-282 µm et sont riches en Si, Ca et Sr indiquant
alors leur origine marine. Ces dépôts forment des unités homogènes ne permettant pas
d’identifier des événements individuels. Il s’agit alors soit de plusieurs événements successifs
qui en érodant une partie du dépôt antérieur, forment finalement une accumulation de sable en
un lot unique, soit il s’agit d’un seul événement qui est dû à l’ouverture d’une passe ou une
importante submersion marine pouvant engendrer des dépôts de sables assez épais. En plus,
de point de vue chronologique, ces dépôt semblent avoir eu lieu entre 1342+/-57 et 1556+/-80
AD.
III.1.2. Transect 2
Pour le transect 2, au niveau de la partie supérieure de la carotte MC45, et contrairement aux
carottes MC34 et MC33, des niveaux individuels sont identifiés ; ils sont caractérisés par des
pics en sables de tailles allant de 133 à 282 µm et riches en Sr, Ca et Si. Ces lots
sédimentaires sont bien séparés entre eux par des niveaux à faciès sédimentologiques et
géochimiques complètement différents (granulométrie fine et plus riches en éléments
terrigènes). À la base de cette même carotte MC45, un pic de rapports chimiques Ca/Al et
Sr/Al a été noté, cependant il n’est pas en relation avec des sables mais avec les cristaux de
gypses. Par conséquent, ce niveau ne peut être considéré comme d’origine marine, mais serait
109
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
lié à une période de baisse de niveau de la lagune et/ou à une forte augmentation de la
température.
En se basant sur la granulométrie, cinq événements peuvent être distingués dans la carotte
MC45 (profondeurs : 0-5 ; 10-15 ; 25-30 ; 35-40 et 48-54 cm) alors que sur la base de la
géochimie, ils ne sont que trois (profondeurs : 25-30 ; 35-40 et 48-54 cm). Le modèle d'âge
indique que le dépôt du premier événement a probablement eu lieu entre 1438 Cal AD et
1524 Cal AD, le second s’est déposé entre 1610 Cal AD et 1799 Cal AD. Le troisième
événement s’est déroulé entre 1856 Cal AD et 1899 Cal AD.
Le long de la seconde carotte de ce même transect (MC44), tous les niveaux riche en sables
enregistrés dans la carotte MC45, ne sont plus identifiables individuellement ; ils forment une
seule unité de sables épaisse de 75 cm confirmant ainsi l’origine marine de ces sables (Fig. V-
12). Cela signifie aussi que cette seule unité sableuse est constituée suite à une accumulation
issue de plusieurs événements de submersion.
De point de vue minéralogique (argiles), des différences sont notées entre les dépôts Em1
(Evénement Marin 1), Em2 et Em3 (cf. figure V-10, section ci-dessus II.3.1). Si les trois
110
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
présentent un rapport Kao/Ill relativement proche (0,37-0,4), Em1 et Em2 sont en revanche
caractérisés par un rapport Sme/Ill+Chl élevé par rapport à Em3. Ils (Em1 et Em2) présentent
des ressemblances avec les dépôts terrigènes, cela peut s’expliquer par un mélange post-dépôt
avec les argiles terrigènes ou par la simultanéité de deux évènements, continental et marin
(crues et tempête marine).
Figure V- 13 Principales caractéristiques d’un sable typique issu d’un tsunami et d’une
tempête marine – événement de haute énergie (Morton et al., 2007).
Le dépôt de tsunami se présente sous forme d’un dépôt relativement mince et simple
généralement sans structures ou avec seulement quelques couches minces (Fig. V-13). La
111
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
112
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
Fokaefs, 2005 ; Gonzalez et al., 2010) (Fig. VI-14). Les tsunamis ayant probablement touché
les côtes marocaines en Méditerranée sont listés et discutés ci-dessous:
Le tsunami de 22 Septembre 1522 : Le tremblement de terre d’Almeria (M. 6.5) a
touché de larges zones dans la Méditerranée occidentale. L'épicentre a été identifié en
mer dans le golfe d’Almeria au Sud de l’Espagne, provoquant d’énormes vagues de
tsunami. Récemment, des preuves de dépôt de ces phénomènes sont trouvées dans la
lagune de Cabo de Gata en Espagne (Reicherter et Heidmann, 2009). Sur la rive sud,
sur la côte méditerranéenne marocaine, les zones touchées par ce tsunami sont
principalement Badis Ghomera (Al Hoceima). Cette information n'est pas soutenue
par des sources maghrébines, aucun texte ne cite un tsunami en 1522 (Kaabouben et
al., 2009).
Le tsunami du 9 Octobre 1680 : L'épicentre du séisme de 1680 a été situé près de
Malaga ; le tsunami lié à ce tremblement de terre n'est pas supporté par les
informations disponibles dans les documents contemporains. Il y a une grande
contradiction entre les différentes sources : les mentions de l'élévation de la mer est
donnée uniquement par deux papiers, dont l'un d'entre eux est très probablement une
copie de l'autre (Goded et al., 2008).
Le tsunami d’Octobre 1790 : Le tremblement de terre de 1790 a été ressenti au
Maroc ; le tsunami lié à ce séisme a inondé la rive nord de l'Afrique et les côtes sud
de l'Espagne (Soloviev et al., 2000). Les textes historiques marocains n’appuient pas
l’existence de vagues du tsunami sur la côte marocaine (Kaabouben et al., 2009),
mais l'importance de l’impact de cet événement sur la côte algérienne et sa
manifestation sur la rive sud de l'Espagne, ne permettent pas d’exclure l’hypothèse
qu’il ait touché les côtes du Nord du Maroc (Kaabouben et al., 2009).
Le tsunami du 1856 : Le séisme a eu lieu du côté de Djidjelli (ou Jijeli) à Constantine
en Algérie, le 21 Aout 1856 à 23h50. Quelques instants après le choc principal, la
mer s’est retirée puis est revenue sous la forme d’un tsunami qui inonda toute la côte.
Il toucha également le rivage de Minorque (Îles Baléares, Espagne), arrachant des
bateaux de leur amarrage au port de Mahon. Cet événement sismique fût considéré
comme un précurseur (Ambraseys, 1982) puisqu’il fût suivi par une seconde secousse
encore plus violente le lendemain -22/08/1856-. Le séisme a été ressenti sur
410000km² ; sa magnitude MS fût estimée à 5.7 et il y eut à nouveau un tsunami,
avec des séries de vagues pendant 3 jours de suite (Ambraseys, 1982).
113
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
Suivant l’intervalle de temps des événements identifiés, deux tsunamis ayant frappé la
Méditerranée occidentale semblent avoir touché la côte de Nador même si leur effet local est
très difficile à confirmer. Il s’agit du tsunami du 22 Septembre 1522 d’Almeria qui
coïnciderait plus ou moins avec l’événement marin 1 (Em1) et celui d’Octobre 1790 (Ouest
de l’Algérie) qui pourrait être mis en relation avec l’événement marin 2 (Em2).
Contrairement aux tsunamis, l’historique des tempêtes marines de haute énergie est
difficilement tracé dans la région de Nador. Néanmoins, ces événements marins de haute
énergie ont un impact morphogénique très important sur le lido. Lors de ces épisodes
exceptionnels, plusieurs brèches peuvent y être ouvertes, l’historique des paléo-passes datées
sur le lido de la lagune de Nador est présenté auparavant dans la figure (I- 1 chapitre I). Dans
la zone NW de la lagune, les plus importantes sont notées sur la Photo V-1 :
(i) Le grau ouvert lors d’une forte tempête de 1889 venant du NE (Lillo, 1995); sa
largeur était d’environ 150 m au moment de l’ouverture.
(ii) Plus au Sud en direction de la passe actuelle, une autre importante paléo-brêche
ouverte par une tempête relativement plus récente datant de 1941 (Lillo, 1995).
Avant le 20ème siècle, nous n’avons aucune information dans les textes historiques sur les plus
anciennes tempêtes.
114
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
Photo V-1 : Paléo-brêches ouvertes lors de tempêtes de haute énergie dans la lagune de
Nador-
L’impact de ces événements de haute énergie s’exprime par des structures au sein des
séquences sédimentaires de la lagune. En effet, dans les colonnes sédimentaires récupérées
dans l’écosystème côtier étudié, l’événement marin 3 semble correspondre parfaitement à la
tempête de 1889. Pour le premier et le second, nous n’avons pas de tempêtes répertoriées
mais cela ne signifie pas qu’ils n’auraient pas touché la zone durant les intervalles de ces
phénomènes de forte énergie. Comme nous l’avons discuté ci-dessus, il est peu probable que
les tsunamis de 1790 et 1522 aient touché la lagune de Nador mais cette hypothèse reste
plausible. Il parait donc clair que l’origine du dépôt de l’événement marin 1 est une tempête,
l’origine des deux autres événements reste problématique (tsunami ou tempête). En tout cas
nous montrons que cette partie du littoral marocain a subi dans le passé des événements de
fortes intensités puisque les dépôts sableux sont retrouvés jusqu’à plus d’un kilomètre à
l’intérieur de la lagune. Cette extension de sable n’est pas observée au cours du XXème siècle.
115
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
Figure V- 15 Proxies utilisés pour le traçage des apports terrigènes dans les carottes MC34
et MC33-Lagune de Nador.
Figure V- 16 Proxies utilisés pour le traçage des apports terrigènes dans les carottes MC45
et MC44-Lagune de Nador.
116
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
Dans les sédiments carottés de MC33 et MC34 (transect 1), les apports terrigènes du
bassin versant semblent dominer la partie sommitale ; nous les retrouvons aussi dans la partie
basale de MC34. Les rapports géochimiques qui tracent les apports éoliens présentent un pic
très important dans la base de MC33 et au niveau des lamines millimétriques silteuses de
MC34 qui séparent les sables marins à plusieurs endroits. Quant aux carottes MC44 et MC45
du deuxième transect, elles présentent un pourcentage élevé de sédiments fins dans la moitié
inférieure du dépôt sédimentaire prélevé (avant le 15ème siècle). Les pics les plus importants
des rapports géochimiques des flux terrigènes s’y concentrent aux niveaux des lamines du
sédiment médian ; et particulièrement au niveau des dépôts de silts rouges de la section
supérieure de la carotte MC45. D’une manière générale, les colonnes sédimentaires du second
transect apparaissent nettement plus dominées par les flux terrigènes du bassin versant par
rapport à celles du premier transect, en raison de leurs positions géographiques et donc de
l’influence continentale plus importante dans cette zone.
Pour les flux éoliens, le rapport Zr/Al présente un pic important au niveau de la base laminée ;
et Ti/Al n’est pas totalement corrélé avec le premier rapport, cependant il présente un léger
enrichissement dans la moitié basale de la carotte.
117
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
L’analyse des accumulations issues des paléo-flux terrigènes associés aux crues ont révélé
la présence de cinq facies, identifiables sur la carotte MC45 : ce sont des accumulations de
silts rouges, observables par radioscopie X. Elles se présentent sous forme de dépôt
pratiquement gris foncé et sans fragments de coquilles ; elles sont aussi très riches en
éléments terrigènes et montrent un pic important correspondant aux rapports géochimiques
Fe/Ca et Ti/Ca.
De la même manière que les événements d’origine marine, les proxies argileux présentent
des différences au niveau des dépôts de crues (cf. Fig. V-10). Les deux derniers événements
continentaux – de crue - (Ec4 et Ec3) sont beaucoup plus visibles que les deux premiers (Ec1
et Ec2). En effet, ceux de la partie supérieure sont plus riches en smectite, et montrent des
ratios importants en Sme/Ill+Chl ou Koa/Ill. Ce qui confirme l’interférence entre les argiles
de multiples origines. Cela pourrait traduire aussi soit une intensité plus forte des événements
de crues les plus récentes ou une augmentation des apports terrigènes du bassin versant lié à
une forte érosion. Celles-ci seraient dues aux déforestations durant les deux derniers siècles.
Suivant les résultats obtenus, les quatre dépôts retenus indiquent des paléo-crues
torrentielles qui ont eu lieu durant les 500 dernières années. À ce stade d’analyses, nous
sommes incapables de préciser si chaque évènement de haute énergie cité, pourrait être
unique ou correspondre à une succession d’épisodes de crues terrigènes ayant laissé un dépôt.
Ainsi, l’événement 1 aurait eu lieu probablement entre 1448 et 1632 AD ; le second aurait été
déposé entre 1832 et 1863 AD ; le troisième aurait eu lieu entre 1945-1975 et enfin le
quatrième évènement s’est produit entre 1985-1990 AD.
A part les données sur les évènements de fortes précipitations au cours de la deuxième
partie du 20ème siècle, nous n'avons aucune information historique à partir des archives
textuelles du fait de l’absence d’un système d’information enregistrant les phénomènes
météorologiques catastrophiques. Les données sont alors rares d’où la difficulté d’établir une
analyse sur les événements passés. Les renseignements les plus cités sont ceux de la tempête
du 3 janvier 1658, enregistrée comme un phénomène catastrophique avec des pluies
diluviennes ; celles-ci ont causé la destruction de plusieurs maisons et quartiers à Melilla
(Bravo Nieto, 1996). D’autres intempéries notées sont celles produites en 1976 avec une
pluviométrie intense atteignant 180 mm en 24 h (Klein Tank et al., 2002), celles de 1985 ainsi
que les inondations les plus récentes notamment en 2003 et en 2008.
118
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
119
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
Concernant la relation entre le flux des particules éoliennes et le climat, elle reste
complexe. En effet, la poussière éolienne est produite par des processus de déflation/érosion
qui prévalent pendant les périodes arides et/ou qui sont associées à une activité éolienne
intense, particulièrement lorsque le couvert végétal est rare. En revanche, alors que les
conditions arides favorisent l'érosion et le transport de la poussière, le dépôt des particules
éoliennes en Méditerranée occidentale survient en majeur partie durant les périodes humides à
la suite des précipitations (Guerzoni et al., 1997).
120
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
enregistrés seulement durant les 500 dernières années. Seule la carotte MC45 parmi les quatre
autres analysées, a permis d’identifier nettement des événements individuels. En effet, trois
sont bien identifiés et sont d’origine marine (tempête/tsunami) dont un correspond à la
tempête de 1889.
Sur cette même carotte sédimentaire, ont été identifiés aussi des niveaux relatifs aux flux
terrigènes associés aux crues intenses; ils sont au nombre de quatre dont un correspond
probablement aux crues plus récentes, notamment celles de 1985. Excepté les deux
événements de crues enregistrés durant le XXème siècle, tous les autres ont eu lieu durant le
Petit Age Glaciaire. En se basant sur toutes ces observations, les dépôts d’évènements marins
identifiés dans la présente étude seraient probablement causés par des tempêtes qui étaient
plus fréquentes et plus intenses à cette époque alors que l’impact des tsunamis, sur la zone de
Nador, y reste faible. Ces phénomènes de haute énergie identifiés pourraient donc être liés
aux cycles d'évolution des tempêtes dans la Méditerranée de l'Ouest, comme cela a été noté
par Dezileau et al., (2011) et Sabatier et al., (2012).
Avant 1450 (durant la MCA), aucun événement extrême n’est identifié. Cependant des
indices d’une hausse en apport éoliens (Ti/Al, Zr/Al) et de l’augmentation de la salinité
(Sr/Al) sont enregistrés. L’étude minéralogique et géochimique met en évidence la présence
des niveaux gypseux au cours de la période médiévale et probablement avant, on peut
imaginer que des conditions de sécheresse dominant pendant la MCA aient été à l’origine de
ces dépôts.
VI. CONCLUSION
L'utilisation d'une approche multi-traceurs (multi-proxies) à haute résolution (analyses
granulométriques, géochimiques (XRF), et des minéraux argileux) des archives sédimentaires
lagunaire et des sédiments prélevés le long de deux transects Mer-lagune-Continent, croisée
aux archives textuelles historiques ; nous a permis de reconstituer l'histoire des événements
extrêmes dans la zone NW de la lagune de Nador.
Les résultats de cette étude, pionnière dans la reconstitution des paléo-événements
extrêmes à partir des archives sédimentaires lagunaires de la rive Sud de la Méditerranée
occidentale ont permis :
(i) de montrer que la lagune de Nador, écosystème très dynamique, est contrôlée
aussi bien par des apports issus de la mer, liés aux évènements extrêmes marins
que par des flux terrigènes continentaux dus aux crues. De plus la composante
éolienne (des poussières aériennes), bien que moins importante, contribue aussi à
121
Reconstitution des événements extrêmes du dernier millénaire
122
Evolution paléo-environnementale de la lagune de Nador durant le dernier millénaire
Chapitre
VI
Evolution paléo-environnementale de la
lagune de Nador durant le dernier
millénaire.
I. INTRODUCTION.................................................................................................................................... 124
III. ETUDE DE LA MALACOFAUNE DES ARCHIVES SEDIMENTAIRES DE LA LAGUNE DE NADOR ............... 128
V. CONCLUSION........................................................................................................................................ 139
123
Evolution paléo-environnementale de la lagune de Nador durant le dernier millénaire
I. INTRODUCTION
La position de la lagune de Nador près de l’enclave espagnole de Melilla a fait en sorte
qu’elle soit citée à partir du 15ème siècle dans de nombreux documents cartographiques et
textuels particulièrement liés aux expéditions scientifiques et militaires espagnoles.
L’approche historique présente un fort intérêt dans la reconstitution paléoenvironnementale
de cet écosystème lagunaire surtout après une confrontation des informations et des données
issues des archives historiques et sédimentaires analysées durant cette étude. Ces dernières
couvrent jusqu’à 1300 ans et ont révélé d’importantes variations en fonction du temps, liées à
des changements susceptibles d'entrainer des modifications dans les conditions biologiques du
milieu lagunaire notamment celles de la malacofaune.
Dans ce chapitre, nous présenterons en premier lieu, les analyses des archives
historiques (documents, plans, croquis et cartes) de la lagune de Nador ensuite l’étude de la
distribution et la dynamique des peuplements macrobenthiques au niveau de cet écosystème
lagunaire. L’association de tous les éléments historiques, sédimentologiques, géochimiques,
chronologiques et malacofauniques ont permis de reconstituer les paléoenvironnements de cet
écosystème depuis le dernier millénaire.
124
Evolution paléo-environnementale de la lagune de Nador durant le dernier millénaire
une lagune. En tout cas, Marmol Carvajal, en 1573 expliquait que ce système paralique était
fermé et que l’ouverture de la passe ne s’est faite que quelques décennies avant la publication
de son ouvrage (1573). Durant cette période, les Espagnols s'inquiétaient beaucoup du
contrôle de la lagune (Castries, 1906), son intérêt stratégique était alimenté par la politique
régionale instable, les changements de dynastie dans le Sultanat de Fès et les intrusions
turques faisaient de la lagune une base potentielle pour une éventuelle intervention à grande
échelle (Bravo Nieto, 1996). De plus, cette lagune abritait un port prospère où la flotte entrait
et sortait dépassant parfois une quarantaine de navires (Lillo, 1995). En 1564, dans un
message à Philippe II, Garcia de Toledo livre les premiers plans qui représentent clairement la
lagune (Fig. VI-1a) (Vilar, 1992) pour initialiser une série de représentations. C’est le cas des
rapports de 1576 et 1578 avec les plans de l'ingénieur El-Fratin qui montraient l'état de la
zone (Fig.VI-1b) à cette époque. Et tout au long de son règne, Philip II faisait de la lagune sa
majeure préoccupation.
Figure VI- 1 Une copie du croquis de la lagune de Nador envoyé par: (a) le D. Garcia de
Toledo à Felipe II, le 11 octobre 1564. (AGS, 1980). (b) par Don Andria Doria et signée par
El-Fartin 1576 (AGS, 1980).
Au cours du XVIIème siècle, les rapports semblent s’intéresser d’avantage à l’importance des
salines de l’écosystème lagunaire de Nador et de sa richesse en ressources piscicoles. En
1692, Marcos Ayala proposait de construire une forteresse près de la lagune pour exploiter le
sel. Cependant, les conditions de navigation dans la lagune semblaient avoir changé
empêchant les navires d’y manœuvrer aisément (Bravo Nieto, 1996), pourtant sur le plan
d’El-Alférez (1699) (in Bravo Nieto, 1996), la lagune semblait avoir une passe au Sud-Est
(Fig.VI-2). Le problème de la diminution de la bathymétrie va durer ; d’ailleurs d’autres
125
Evolution paléo-environnementale de la lagune de Nador durant le dernier millénaire
rapports datant de 1793 rapportèrent que seuls les petits bateaux pouvaient y entrer à cause
des eaux peu profondes (Lillo, 1995).
Figure VI- 2 Plan de Melilla représenté en 1699 par El-Alférez (RJB, 1999).
A la fin du 18ème siècle, plusieurs plans des côtes de Melilla étaient bien conservés ; ils
montrent une lagune assez déformée alors qu’elle était bien représentée dans les plans du
15ème siècle. Sur le document de Tomas Lopez Piano, en 1793, le lido est représenté plus
large avec la présence d’un petit canal au sud-est (Fig. VI-3). Il est probable que cette
immense barrière dunaire traduit graphiquement le résultat d'un éventuel dessèchement d'eau
et la réduction de la taille de la lagune suite à une évaporation, laissant place à des salines.
Figure VI- 3 Plan de la cité de Melilla et de la lagune par Don Tomas Lopez, Madrid (1793).
(in Lillo, 1995).
126
Evolution paléo-environnementale de la lagune de Nador durant le dernier millénaire
Au 19ème siècle, la lagune est fermée et arrive au point d’être complètement à sec (Fig. VI-4a
et VI-4b). De même, une forte activité sismique entre 1887 et 1888 avait affectée son profil
(Bravo Nieto, 1996). En 1889, une tempête marine a ré-ouvert la passe faisant communiquer
de nouveau la lagune avec la mer Méditerranée.
Figure VI- 4 (a) Représentation de la lagune de Nador dans le plan de José de la Cruz
en1839 (in lillo, 1995). -b Carte du nord du Maroc dans laquelle apparait la lagune de Nador
en 1860 (in Bravo Nieto, 1996).
Selon les archives historiques, les conditions naturelles ont joué un rôle majeur dans la
détermination de l’accès à la lagune. En effet, ce sont les tempêtes et les séismes qui, en
affectant la région, ont contrôlé l’ouverture et la fermeture des passes. Aussi étrange
que cela puisse paraître, les séismes ont joué un rôle dans la communication de la lagune.
Selon Fernández Navarro, (1911) :
(1) les séismes de 1755 et de 1848 ont fermé la passe de l’époque, ce qui laisse penser à une
ouverture entre ces deux dates ;
(2) Duveyrier qui visitait la localité en 1886, a décrit Marchica comme deux Sebkha jumelles
avec El-Jazira, la plus petite zone située au Nord et qui communique avec la mer par un canal
souvent à sec, et la seconde, BouAreg, située plus au Sud ; cette partie de la lagune était plus
large et couverte par une couche de sel.
127
Evolution paléo-environnementale de la lagune de Nador durant le dernier millénaire
(Lillo, 1995). Durant trois années de suite, le niveau de la lagune a baissé de presque 2 mètres
(Fernández Navarro, L, 1911). En 1909, les Espagnols ont pensé à une ouverture artificielle
(Álvarez Laita, et Domínguez Llosá, 2004) qui fût réalisée en 1910 (Fig. VI-5a). Néanmoins,
elle s’est refermée progressivement jusqu’en 1941, date d’ouverture d’une nouvelle passe à
l’est de l’Atalayoun (Fig. VI-5b). À son tour, celle-ci a fini par s’ensabler progressivement et
se refermer en 1979. Ensuite, en 1981, une nouvelle tempête marine exceptionnelle a tronqué
de nouveau la barrière dunaire là où la largeur était faible. Ce dernier grau fût fermé
artificiellement pour ouvrir l’actuelle passe en 2011.
Figure VI- 5 Extraits des cartes du nord du Maroc représentants la lagune de Nador (a) de
1920 (http://cartotecadigital.icc.cat/cdm/compoundobject/collection/africa/id/601/rec/3). (b)
de 1950 (http://cartotecadigital.icc.cat/u?/africa,786).
128
Evolution paléo-environnementale de la lagune de Nador durant le dernier millénaire
typiques des milieux lagunaires (Hydrobia sp., Cerastoderma sp., Jujibinus sp., Hinia
reticulatm, Acanthocardia mucronata, Parvicardium exiguum, Rissoa sp., Gibbula
sp.,Venerupis aurea, Murex trunculus, etc.).
L’uniformité quant à la répartition des espèces (Saubade, 1979) ; il existe toutefois une
variabilité dans la densité suivant la situation géographique dans la lagune. Une zonation a été
proposée par Zine (2004) suivant la répartition des peuplements des espèces dans ce milieu
lagunaire (Fig.VI-6) :
Zone I : pratiquement azoïque et caractérisée globalement par un substrat instable ;
Zone II : correspond à la bordure continentale polluée, pauvre en espèces mais
dominée par Corbula gibba ;
Zone III : caractérise les extrémités NW et SW de la lagune ; elle est de faible
profondeur. Cette zone est riche en espèces mais pauvre en individus ; elle est
dominée par celles qui caractérisent la biocénose des milieux lagunaires : Venerupis
aurea, Tricolia speciosa, Abra alba, Jujibinus striatus, Loripinus fragilis, Modiolus
phasolinus et Gastrana fragilis ;
Zone IV : représente le milieu de la lagune à espèces vasicoles tel que Loripes lacteus,
Corbula gibba, Lucina fragilis et Nucula sulcata.
129
Evolution paléo-environnementale de la lagune de Nador durant le dernier millénaire
Gastéropodes
Bittium Deux gastéropodes brouteurs d’herbe, souvent décrits en
reticulatum assemblage. Ils vivent au niveau infralittoral souvent en mer
ouverte, exceptionnellement en lagune ; ils se rencontrent sur
Rissoa sp un substrat meuble (Sable grossier à envasé) avec une salinité
allant de la normale à hyperhaline.
Bivalves
Anomia Espèce marine qui pénètre dans la lagune ; elle vit fixée sur
ephippium des substrats variés, de roches, de galets ou attachée à d’autres
bivalves, en particulier les huîtres.
Loripinus Bivalves endofaunes se trouvent principalement dans le sable
fragilis vaseux ; leur apparition est souvent associée à des sites
d’apport organique et où il est capable de supporter des basses
Loripes concentrations d’oxygène (FAO, 1998).
lacteus
Tellina Petits bivalves marins très communs sur les plages de sable où
pulchella vivent enfouis.
130
Evolution paléo-environnementale de la lagune de Nador durant le dernier millénaire
Tableau VI- 1 Les plus importantes espèces présentes dans les sédiments lagunaires de Nador
et leur milieu de vie.
131
Evolution paléo-environnementale de la lagune de Nador durant le dernier millénaire
Dendrogramme
6
4
Dissimilarité
Corb g.
Aca m.
Ano e.
Ris sp.
Hyd a.
Ven a.
Juj sp.
Tric p.
Abr a.
Par e.
Cer g.
Gas f.
Lor a.
Dos l.
Tel p.
Lor f.
Bit r.
Figure VI- 7 Dendrogramme obtenu à partir de la classification hiérarchique ascendante
appliquée aux espèces malacofauniques des sédiments carottés dans la lagune Nador.
Figure VI- 8 Répartition des espèces de la malacofaune le long de la carotte MC22- Lagune
de Nador-
132
Evolution paléo-environnementale de la lagune de Nador durant le dernier millénaire
133
Evolution paléo-environnementale de la lagune de Nador durant le dernier millénaire
reste similaire à la section 2 des autres carottes ; (3) cette partie est très pauvre en espèces
dont la plupart citées auparavant sont absentes sauf quelques-unes. C’est le cas d’Abra alba,
de Gastrana fragilis ou de corbula gibba qui sont rencontrées dans certains échantillons de
cette section ; (4) Comme pour la partie sommitale de MC34, cette zone de la carotte présente
des similitudes avec la section sommitale de MC44 et de MC33 ; excepté la présence de
quelques individus de Dosinia lupinus et Tellina pulchella non présents en MC44.
134
Evolution paléo-environnementale de la lagune de Nador durant le dernier millénaire
* La quatrième montre une fréquence irrégulière des espèces présentes avec une faible
abondance excepté pour Bittium reticulatum et Rissoa sp. entre les profondeurs 35 et 45 cm
puis au sommet du carottage entre 0-15 cm. Cependant les caractéristiques exclusives restent
l’apparition du groupe Jujibinus sp., Loripinus fragilis et Tricolia sp., et l’absence du groupe
Dosinia lupinus, Tellina pulchella, Acanthocardia mucronata.
Figure VI- 11 Répartition des espèces de la malacofaune le long de la carotte MC45- Lagune
de Nador.
135
Evolution paléo-environnementale de la lagune de Nador durant le dernier millénaire
Figure VI- 12 Répartition des espèces de la malacofaune le long de la carotte MC44- Lagune
de Nador.
136
Evolution paléo-environnementale de la lagune de Nador durant le dernier millénaire
que les conditions climatiques d’extrême sécheresse l’ont probablement poussé à fonctionner
comme une sebkha (Fig. VI-13a) avec un niveau d’eau très bas et un confinement à ses
extrémités. Par conséquent, une forte évaporation aurait conduit à la précipitation du gypse.
Selon Hamoumi (2012), l’écosystème de Nador il y a 1000 à 1200 ans (800-1000 AD)
correspondait à une lagune de type restreint avec une île barrière étroite dont la passe était
située au niveau du double tombolo (entre la passe fermée et celle récemment ouverte cf. fig.
I-5b). Suivant nos résultats, cette situation semble plus correspondre à la phase post 1000 AD.
137
Evolution paléo-environnementale de la lagune de Nador durant le dernier millénaire
138
Evolution paléo-environnementale de la lagune de Nador durant le dernier millénaire
matière organique est marqué par l’abondance du Br. Ces évènements se constatent au niveau
du peuplement de la malacofaune par une augmentation relative du nombre d’individus et
d’espèces, avec celles qui caractérisent le milieu lagunaire (Loripes lacteus ; Abra alba et
Cerastoderma glaucum) et celles qui indiquent un étalement d’herbiers à savoir Bittium
reticulatum et Rissa sp.).
La période du 20ème siècle à l’Actuel est caractérisée aussi par l’assemblage de Jujibinus sp.,
Loripinus fragilis et Tricolia pullus, des espèces qui sont identifiées au niveau du sommet de
toutes les carottes sédimentaires excepté dans la MC45.
V. CONCLUSION
La conjonction des résultats des différentes analyses appliquées sur les sédiments carottés
(sédimentologiques, géochimique et chronologique) et l’utilisation des archives historiques de
la région, ont permis la reconstitution paléo-environnementale de l’écosystème lagunaire de
Nador. Bien qu’elle ne concerne que les 500 ans dernières années, la cartographie ancienne
met en évidence un milieu lagunaire très dynamique et instable. Cet écosystème paralique a
connu des changements continus et rapides dans le temps qui sont mis en évidence par l’étude
des archives sédimentaires sur une période de temps plus longue. En effet, l’étude des
139
Evolution paléo-environnementale de la lagune de Nador durant le dernier millénaire
140
Synthèse et conclusions
Synthèse et conclusions
141
Synthèse et conclusions
142
Synthèse et conclusions
Toutefois, ce système est sujet à de nombreuses menaces, liées principalement aux : (i) effets
néfastes de l’anthropisation croissante que connait le site et (ii) aléas climatiques et côtiers
(événements extrêmes, érosion côtière, inondation). Par sa situation géographique, cette
lagune est sensible aux dépressions atmosphériques qui affectent chaque année la
Méditerranée occidentale ainsi que les tsunamis qui peuvent être générés au niveau de la mer
d’Alboran, l’unique source tsunamigène au niveau de la Méditerranée occidentale
(Papadopoulos et Fokaefs, 2005).
143
Synthèse et conclusions
Sur une échelle beaucoup plus locale, le lido qui constitue l’unité de vie de la lagune
montre de nombreuses zones à vulnérabilité côtière élevée, en particulier le long de partie
nord-ouest qui s’étale de l’ancienne passe à l’extrémité Beni Ensar. C’est un secteur côtier qui
se marque par l’historique des passes ; celles-ci témoignent de l’impact des événements
extrêmes passés. La présence des passes reliques beaucoup plus dans cette région caractérise
la fragilité du lido face aux événements météo marins de forte amplitude.
Parallèlement à ce secteur NW, sur le rivage continental du côté du bassin versant, sur
l’axe Nador– Beni Nsar, de nombreux éléments physiques attestent de sa sensibilité face aux
événements de crues torrentielles.
La cartographie de ces zones vulnérables donne, premièrement, une vision synthétique
des secteurs côtiers à protéger en priorité, ceux qui sont susceptibles de connaître des
dommages majeurs en cas d'événement exceptionnel. Et deuxièmement, elle met en évidence
les régions les plus soumises aux aléas, qu’il serait imprudent d'aménager.
144
Synthèse et conclusions
d’évolution a été aussi proposé, cependant il nécessite encore une calibration par des carottes
plus longues qui devraient couvrir tout le remplissage sédimentaire de la lagune.
145
Synthèse et conclusions
146
Synthèse et conclusions
L’origine du gypse, supposé authigène, dans les bases des carottes sédimentaires pourraient
être déterminées par des mesures d’isotopes stables du soufre (34S).
La lagune de Nador, étant un site potentiel pour l’étude du remplissage de l’Holocène,
d’autres carottes plus profondes pourraient être prélevées dans cet écosystème paralique. Pour
cela, un carottier adéquat, capable de percer la base évaporitique, devrait être utilisé pour
atteindre la base du remplissage lagunaire. Dans ce sens, il faudrait augmenter la couverture
sismique pour bien situer les prochains sites des carottages.
Les archives sédimentaires de la lagune de Nador sont également prometteuses en termes
de reconstitution des événements extrêmes. Cependant, ceux extraits des archives dont nous
disposons actuellement ne sont pas très nombreux, un carottage plus profond et dans d’autres
sites de la lagune permettrait de continuer l'analyse et dégager des conclusions plus précises
sur la fréquence et l’intensité des paléo-événements extrêmes. Cela permettrait de connaître
davantage sur leur impact dans la zone, et même dans Méditerranée occidentale grâce à des
corrélations régionales avec les résultats sur d’autres sites.
L'installation de stations météorologiques directement à la côte pourrait servir pour mieux
connaître les conditions atmosphériques lors des événements intenses qui affectent
actuellement le littoral. Ceci faciliterait leur comparaisons avec ceux reconstitués à partir du
passé et permettrait ainsi de bien maitriser les connaissances sur l’évolution du climat entre le
passé et l’Actuel.
Enfin, il est à noter que compte tenu des incertitudes de l’ampleur du changement
climatique et de la réponse morphologique à attendre, la prudence consisterait à limiter le
développement des activités humaines « trop près » des rivages : (i) côtier particulièrement
dans les zones du lido de la lagune de Nador, identifiées vulnérables, et (ii) des oueds, où le
débordement du cours d’eau en phase pluviale intense serait inéluctable.
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LAGUNE SEMI FERMEE, D : LAGUNE FERMEE. ............................................................................................................. 8
FIGURE I- 2 SOURCES DE COMBLEMENT D'UNE LAGUNE (CASTAINGS, 2012). .......................................................................... 9
FIGURE I- 3 MECANISME DE FORMATION D’UN CONE DE TEMPETE (SABATIER, 2009). ............................................................ 10
FIGURE I- 4 SITUATION GEOGRAPHIQUE DE LA ZONE D’ETUDE ............................................................................................. 11
FIGURE I- 5 (A) CARTE ACTUALISEE, ILLUSTRANT LE CHANGEMENT DE LA POSITION DE LA PASSE AU COURS DE L'HISTOIRE (LILLO,
1995) ; (B) SITUATION DE LA NOUVELLE PASSE........................................................................................................ 12
FIGURE I- 6 BATHYMETRIE DE LA LAGUNE DE NADOR (SOURCE : AGENCE MARCHICAMED, 2007). ........................................... 12
FIGURE I- 7 CARTE GEOLOGIQUE SIMPLIFIEE DE LA REGION DE NADOR (EXTRAITE DE LA CARTE GEOLOGIQUE DU RIF NADOR, 2002).14
FIGURE I- 8 PROFIL GEOLOGIQUE SW-NE CORRELANT LES FORMATIONS DE BORDURE DE BASSIN AVEC CELLES DU SONDAGE DE
KARIAT-AREKMAN, QUI MONTRE LA SUBSIDENCE AU NIVEAU DE LA PLAINE BOUAREG. 1. VOLCANISME DU MIOCENE SUPERIEUR ;
2 TORTONIEN SUPERIEUR : MARNES VERTES; 3. MARNES GRISES SUR LE CONGLOMERAT DE BASE DU MESSENIEN ; 4.
CINERITES ; 5. MARRIES GRISES A BANES DE GRES FINS; 6. SABLES QUARTZO-BIOCLASTIQUES SUR «HARD-GROUND» ; 7
SERIE LAGUNO-LACUSTRE DU PLIOCENE ; 8. CONGLOMERAT GROSSIER DU VILLAFRANCHIEN; 9. LIMONS, SABLES ET
GRAVIERS DU QUATERNAIRE ; 10. LIMONS (ENCROUTE EN AMOUNT) DU QUATERNAIRE RECENT ET MOYEN. (GUILLEMIN ET
WERNLI, 1987). ............................................................................................................................................... 15
FIGURE I- 9 MODELES DE BLOCS D’EFFONDREMENT EXPLIQUANT LA GENESE DE LA LAGUNE DE NADOR DEPUIS L’HOLOCENE
(MAHJOUBI, 1991) ........................................................................................................................................... 16
FIGURE I- 10 EXPLICATION THEORIQUE DE LA DEPRESSION MAR CHICA (FERNANDEZ NAVARRO, 1911) A, B, C : PAQUETS DE LA
ROCHE VOLCANIQUE PRIMITIVE, MM : MER MEDITERRANEE, M.CH : MAR CHICA, D : DUNES, D’ : ALLUVIONS DE L’OUED
SELOUAN. ........................................................................................................................................................ 17
FIGURE I- 11 TEMPERATURES MOYENNES MENSUELLES ENREGISTREES AU NIVEAU DE NADOR DURANT LA PERIODE 1980-2012
(DONNES DE LA STATION MELILLA, HTTP://WWW.ECAD.EU/). ................................................................................... 17
FIGURE I- 12 PRECIPITATIONS MOYENNES ANNUELLES DE LA VILLE DE NADOR (1970-2008) (DONNES DE LA STATION MELILLA,
HTTP://WWW.ECAD.EU/). .................................................................................................................................. 18
FIGURE I- 13 ROSE DES VENTS A NADOR DURANT LA PERIODE 1996-2012 (WWW.PUERTOS.ES). ............................................ 18
FIGURE I- 14 CARTE SIMPLIFIEE DU RESEAU HYDROGRAPHIQUE DU BASSIN VERSANT DE LA LAGUNE DE NADOR ............................. 19
FIGURE I- 15 DELIMITATION ET COURBES PIEZOMETRIQUES DE LA NAPPE PHREATIQUE DE BOU AREG ......................................... 20
FIGURE I- 16 EXEMPLES DES CIRCULATIONS DE SURFACE (GAUCHE) ET DE FOND (DROITE) RESULTANTES A PARTIR : A) DES VENTS NW
(11/09 A 14H00); B) DES VENTS D'EST (10/12/01 A 12H00) (HILMI, 2005). ........................................................... 21
FIGURE I- 17 COMPARAISON DU RENOUVELLEMENT DES EAUX DE LA LAGUNE NADOR EN 29 JOURS ENTRE (A) L’ANCIENNE PASSE ET (B)
LA NOUVELLE PASSE (HTTP://WWW.AGENCE-MARCHICA.COM/) ................................................................................. 21
FIGURE I- 18 ROSE DES HOULES A NADOR DURANT LA PERIODE 1996-2012 (D’APRES LES DONNEES DE WWW.PUERTOS.ES). ........ 22
FIGURE I- 19 CHAMPS DES VAGUES AU LARGE DE NADOR : L1 HOULE DE DIRECTION 60°N ET R3 HOULE DE DIRECTION 345°N)
(LETIZIA ET AL. 2008)......................................................................................................................................... 22
FIGURE I- 20 NATURE DU FOND DE LA LAGUNE (CRTS & INRH 2004) ................................................................................ 23
FIGURE II- 1 REPARTITION DU NOMBRE TOTAL DE CYCLONES EN ETE (GAUCHE) ET EN HIVER (DROITE) (CAMPINS ET AL., 2006). ...... 28
FIGURE II- 2 AMPLITUDES DES HOULES SIGNIFICATIVES AU LARGE DE LA LAGUNE DE NADOR : A- VALEURS EXTREMES DES HOULES
DURANT LA PERIODE 1996-2013 ; B- FREQUENCE DES HOULES SUPERIEURS A 2M ; C-VARIATION DES AMPLITUDES DES HOULES
EN 2013. (POINT SIMAR 2050063, HTTP://WWW.PUERTOS.ES)............................................................................. 29
FIGURE II- 3 IMAGES SATELLITAIRES DU 11 ET 13 NOVEMBRE 2012 MONTRANT L’EVOLUTION A UNE SITUATION DE TEMPETE SUR LE
BASSIN MEDITERRANEEN OCCIDENTAL (WWW.EUMETSAT.INT).................................................................................... 30
165
FIGURE II- 4 : ZONES DE TSUNAMIS DE LA MER MEDITERRANEE ET LE POTENTIEL DE TSUNAMI CLASSE EN FONCTION DE LA FREQUENCE
D'OCCURRENCE ET L'INTENSITE DES TSUNAMIS (PAPADOPOULOS, 2009). WMS = MER MEDITERRANEE OCCIDENTALE, BS = LA
MER NOIRE....................................................................................................................................................... 30
FIGURE II- 5 CARTE DE LOCALISATION MONTRANT LES GRILLES GLOBALES ET DETAILLEES EN PLUS DES SOURCES DES TSUNAMIS
POTENTIELS (GONZALEZ ET AL., 2010)................................................................................................................... 31
FIGURE II- 6 EXEMPLE DE PROPAGATION DE L'ONDE DE TSUNAMI (T = 18 ET 33 MIN) (GONZALEZ ET AL., 2010). ........................ 31
FIGURE II- 7 LE RISQUE : UNE COMBINAISON DE LA PROBABILITE D’OCCURRENCE D’UN ALEA ET DES CONSEQUENCES POTENTIELLES SUR
LES ELEMENTS VULNERABLES D’UN MILIEU DONNE (GARITTE, 2006). .......................................................................... 32
FIGURE II- 8 GEOMORPHOLOGIE DU CORDON LITTORAL DE LA LAGUNE DE NADOR (D’APRES LILLO, 1995). ................................. 33
FIGURE II- 9 PISTES (COULEUR NOIRE) ET ZONES RESIDENTIELLES (COULEUR BLANCHE) CARTOGRAPHIEES SUR LE CORDON LITTORAL DE
LA LAGUNE DE NADOR. ....................................................................................................................................... 35
FIGURE II- 10 EMPLACEMENT DES 3 CITES PROGRAMMEES SUR LE CORDON LITTORAL DE LA LAGUNE DE NADOR.
(HTTP://WWW.MARCHICAMED.COM) ................................................................................................................... 36
FIGURE II- 11 CINEMATIQUE DU TRAIT DE COTE DU LIDO ENTRE 1984 ET 2003- LAGUNE DE NADOR-........................................ 38
FIGURE II- 12 FREQUENCES, POURCENTAGES CUMULATIFS DES VALEURS DU PVI ET CATEGORIES DE LA VULNERABILITE COTIERE DU LIDO
DE LA LAGUNE DE NADOR, FACE AUX EVENEMENTS EXTREMES.................................................................................... 39
FIGURE II- 13 DEGRE DE VULNERABILITE DE L’ILE-BARRIERE DE LA LAGUNE DE NADOR A UNE HAUSSE DU NIVEAU DE LA MER. .......... 40
FIGURE II- 14 TYPES DE COURS D’EAU, MECANISMES DE TRANSPORT SOLIDE ET TYPES DE CRUES. (BESSON, 1996)....................... 41
FIGURE II- 15 SCHEMA REPRESENTATIF D’UN BASSIN VERSANT TORRENTIEL (TACNET, 2009).................................................... 42
FIGURE II- 16 PLUVIOMETRIE (EN MM JOURNALIERE) DE 1970 A 2010 A LA STATION PLUVIOMETRIQUE DE MELILLA (EUROPEAN
CLIMATE ASSESSMENT & DATASET ; KLEIN TANK ET AL, 2002). ................................................................................. 43
FIGURE II- 17 OCCUPATION DU SOL, PENTE (EN %) ET LOCALISATION DES CONES DE DEJECTIONS DANS BASSIN VERSANT DE LA LAGUNE
DE NADOR........................................................................................................................................................ 44
FIGURE II- 18 LOCALISATION DES SITES A RISQUES D’INONDATION PAR LES CRUES : (A) AU MAROC (DONNEES DPSR, 2008) ET (B) AU
SECTEUR NORD-OUEST DE LA LAGUNE DE NADOR. ................................................................................................... 46
FIGURE III- 1 PHOTOGRAPHIES DE LA PLATE FORME DE CAROTTAGE UWITEC DURANT LA MISSION DE CAROTTAGE ET
D’ECHANTILLONNAGE DANS LA LAGUNE DE NADOR................................................................................................... 50
FIGURE III- 2 LOCALISATION DES SITES DE CAROTTAGE DANS LA LAGUNE DE NADOR (ETOILES ROUGE) ET DES SEDIMENTS SUPERFICIELS
PRELEVES (CERCLES) SUR LE LIDO........................................................................................................................... 50
FIGURE III- 3 APPAREILLAGE UTILISEE A NADOR POUR LA PROSPECTION SISMIQUE. 1: PC D’ACQUISITION AVEC LE LOGIEL DELPH, 2:
GENERATRICE HAUTE TENSION, 3: GROUPE ELECTROGENE, 4: CATAMARAN IKB SEISTEC. ............................................... 52
FIGURE III- 4 SCHEMA DES APPROCHES METHODOLOGIQUES ADOPTEES. ............................................................................... 53
FIGURE III- 5 CHAINE DE DESINTEGRATION DU 238U ET RETOMBEES DE 210PB, RETROUVE EN EXCES DANS LES SEDIMENTS DES
MILIEUX AQUATIQUES. ........................................................................................................................................ 58
FIGURE III- 6 RETOMBEES ANNUELLES DE 137CS (SNYDER ET AL., 2012) ............................................................................. 61
FIGURE IV- 1 LONGUEUR DES CAROTTES SEDIMENTAIRES PRELEVEES DANS LA LAGUNE DE NADOR.............................................. 65
FIGURE IV- 2 CARACTERISTIQUES SEDIMENTOLOGIQUES DU LOG STRATIGRAPHIQUE DE LA CAROTTE SEDIMENTAIRE MC22- LAGUNE DE
NADOR-........................................................................................................................................................... 66
FIGURE IV- 3 CARACTERISTIQUES SEDIMENTOLOGIQUES DE LA CAROTTE SEDIMENTAIRE MC34- LAGUNE DE NADOR- ................... 67
FIGURE IV- 4 CARACTERISTIQUES SEDIMENTOLOGIQUES DE LA CAROTTE SEDIMENTAIRE MC33- LAGUNE DE NADOR-
...................................................................................................................................................................... 68
FIGURE IV- 5 CARACTERISTIQUES SEDIMENTOLOGIQUES DE LA CAROTTE SEDIMENTAIRE MC45- LAGUNE DE NADOR..................... 69
FIGURE IV- 6 CARACTERISTIQUES SEDIMENTOLOGIQUES DE LA CAROTTE SEDIMENTAIRE MC44- LAGUNE DE NADOR .................... 71
210
FIGURE IV- 7 PROFILS DU PB EN EXCES DANS LES SEDIMENTS DES CAROTTES MC45 ET MC22 EN FONCTION DE LA PROFONDEUR
(EN CM). .......................................................................................................................................................... 73
137
FIGURE IV- 8 PROFIL DE L’ACTIVITE DU CS DANS LES SEDIMENTS CAROTTES DU MC45 ET MC22........................................... 74
166
14
FIGURE IV- 9 : CONVERSION DES AGES C CONVENTIONNELS EN AGES CALENDAIRES CALIBRES POUR LES ECHANTILLONS DE SUB-
SURFACE (COURBE DU BAS) ET MARINS (COURBE DU HAUT)....................................................................................... 76
FIGURE IV- 10 MODELE AGE-PROFONDEUR MENE DANS CLAM (BLAAUW, 2010) DES CAROTTES MC22 ET MC45. PARAMETRES DE
CLAM: INTERPOLATION LINEAIRE; 1000 ITERATIONS PONDERES PAR DES PROBABILITES CALIBREES A 95% D’INTERVALLE DE
CONFIANCE ET UNE RESOLUTION DE 1 AN................................................................................................................ 78
FIGURE IV- 11 CORRELATION CHRONOSTRATIGRAPHIQUE POUR L’ENSEMBLE DES CAROTTES SEDIMENTAIRES ETUDIEES.................. 79
FIGURE IV- 12 CARTE DES POSITIONS DES PROFILS DE SISMIQUE THR ET POSITION DES CAROTTES SEDIMENTAIRES DANS LA LAGUNE DE
NADOR............................................................................................................................................................ 80
FIGURE IV- 13 TERMINAISONS DES STRATES OBSERVEES AU-DESSUS OU EN DESSOUS D'UN PROFIL SISMIQUE (MITCHUM ET VAIL,
1977)............................................................................................................................................................. 81
FIGURE IV- 14 LES DIFFERENTES CONFIGURATIONS DES REFLECTEURS SISMIQUES (PROUST ET AL, 2005). ................................... 81
FIGURE IV- 15 PROFIL SISMIQUE 10, BRUT (EN HAUT) ET TRAITE (EN BAS). LES SUBSTRATUMS VOLCANIQUE ET CONTINENTAL SONT
BIEN VISIBLES. U4 ET U5 : UNITES 4 ET 5................................................................................................................ 82
FIGURE IV- 16 LE PROFIL SISMIQUE 09, BRUT (EN HAUT) ET TRAITE (EN BAS). U= UNITE ...................................................... 83
FIGURE IV- 17 PROFIL SISMIQUES 20 BRUT (EN HAUT) ET TRAITE (EN BAS). U= UNITE ......................................................... 83
FIGURE IV- 18 LE PROFIL SISMIQUE 16 BRUT (EN HAUT) ET TRAITE (EN BAS). ....................................................................... 84
FIGURE IV- 19 : PROFIL SISMIQUES 01 BRUT (EN HAUT) ET TRAITE (EN HAUT). U= UNITE ..................................................... 84
FIGURE IV- 20 PROFIL SISMIQUES 03 BRUT (EN HAUT) ET TRAITE (EN BAS). U= UNITE. ........................................................ 85
FIGURE IV- 21 PROFIL SISMIQUES 12 BRUT (EN HAUT) ET TRAITE (EN HAUT). U= UNITE ....................................................... 85
FIGURE IV- 22 PROFIL SISMIQUES 17 BRUT (EN HAUT) ET TRAITE (EN BAS). U= UNITE ......................................................... 86
FIGURE IV- 23 PROFIL SISMIQUES 18 BRUT (EN HAUT) ET TRAITE (EN HAUT). U= UNITE ....................................................... 86
FIGURE IV- 24 PROFIL SISMIQUES 21 BRUT (EN HAUT) ET TRAITE (EN BAS). U= UNITE ......................................................... 87
FIGURE IV- 25 RECONSTITUTION DES DIRECTIONS DE PROGRADATION DE L’UNITE 6. ............................................................... 88
FIGURE IV- 26 LA FORME EN ESCALIER A LA SURFACE DE L’UNITE 6 NOTEE DANS LE PROFIL SISMIQUE 13.................................... 88
FIGURE IV- 27 RECONSTITUTION EN 3D DES UNITES SISMIQUES A PARTIR DES PROFILS SISMIQUES 03, 08, 09, 14 ET 16............... 90
FIGURE IV- 28 CROISEMENT DU PROFIL 03 AVEC LES CAROTTES SEDIMENTAIRES MC34 ET MC33 ............................................ 91
FIGURE IV- 29 CROISEMENT DU PROFIL 08 AVEC LES CAROTTES SEDIMENTAIRES MC44 ET MC45 ............................................ 91
FIGURE V- 1 COURBES DE FREQUENCES DU SABLE PRELEVE SELON LE TRANSECT MER- CORDON DUNAIRE, DANS LA ZONE NW DE LA
LAGUNE DE NADOR. ........................................................................................................................................... 96
FIGURE V- 2 VARIATION SPATIALE DE LA POPULATION DE SABLE (133-282ΜM) SELON DEUX TRANSECTS MER-CORDON DUNAIRE (A ET
B) DE LA LAGUNE DE NADOR – ZONE NW- ............................................................................................................ 96
FIGURE V- 3 VARIATION SPATIALE DE LA CONCENTRATION DE 6 ELEMENTS CHIMIQUES (EN PPM) LE LONG DE DEUX TRANSECTS MER-
CONTINENT AU NW DE LA LAGUNE DE NADOR......................................................................................................... 97
FIGURE V- 4 PROFILES GEOCHIMIQUES DE 9 ELEMENTS CHIMIQUES NORMALISE A L’AL LE LONG DE LA CAROTTE SEDIMENTAIRE MC22
– LAGUNE DE NADOR. ........................................................................................................................................ 99
FIGURE V- 5 PROFILES GEOCHIMIQUES DE 9 ELEMENTS CHIMIQUES NORMALISE A L’AL LE LONG DE LA CAROTTE SEDIMENTAIRE MC34
– LAGUNE DE NADOR. ...................................................................................................................................... 100
FIGURE V- 6 PROFILES GEOCHIMIQUES DE 9 ELEMENTS CHIMIQUES NORMALISE A L’AL LE LONG DE LA CAROTTE SEDIMENTAIRE MC33
– LAGUNE DE NADOR. ...................................................................................................................................... 101
FIGURE V- 7 PROFILES GEOCHIMIQUES DE 9 ELEMENTS CHIMIQUES NORMALISE A L’AL LE LONG DE LA CAROTTE SEDIMENTAIRE MC45
– LAGUNE DE NADOR. ...................................................................................................................................... 102
FIGURE V- 8 PROFILES GEOCHIMIQUES DE 9 ELEMENTS CHIMIQUES NORMALISE A L’AL LE LONG DE LA CAROTTE SEDIMENTAIRE MC44
– LAGUNE DE NADOR. ...................................................................................................................................... 103
FIGURE V- 9 PRINCIPALES ZONES D’ALIMENTATION EN MINERAUX ARGILEUX (MAHJOUBI ET AL., 2003) ET REPARTITION DES MINERAUX
ARGILEUX DANS LES SEDIMENTS SUPERFICIELS ANALYSES LORS DE CETTE ETUDE ( CAMEMBERT BLEU ); I : ILLITE, S : SMECTITE, C :
CHLORITE, K : KAOLINITE................................................................................................................................... 105
167
FIGURE V- 10 POURCENTAGE DE DIFFERENTS TYPES D’ARGILES DANS LES SEDIMENTS CAROTTES (MC45) DE LA LAGUNE DE NADOR.
.................................................................................................................................................................... 108
FIGURE V- 11 NIVEAUX DES DEPOTS SEDIMENTAIRES D’ORIGINE MARINE LE LONG DE LA COLONNE SEDIMENTAIRE DE LA LAGUNE DE
NADOR- ZONE NW (CAROTTES MC33 ET MC34 DU TRANSECT 1). .......................................................................... 109
FIGURE V- 12 NIVEAU ILLUSTRANT DES DEPOTS SEDIMENTAIRES D’ORIGINE MARINE LE LONG DE LA COLONNE SEDIMENTAIRE DE LA
LAGUNE DE NADOR- ZONE NW- (MC44 ET MC45 DU TRANSECT 2). ....................................................................... 110
FIGURE V- 13 PRINCIPALES CARACTERISTIQUES D’UN SABLE TYPIQUE ISSU D’UN TSUNAMI ET D’UNE TEMPETE MARINE – EVENEMENT DE
HAUTE ENERGIE (MORTON ET AL., 2007)............................................................................................................. 111
FIGURE V- 14 SITUATIONS DES EVENEMENTS TSUNAMIS EN MEDITERRANEE OCCIDENTALE DURANT LE DERNIER MILLENAIRE (GONZALEZ
ET AL., 2010). ................................................................................................................................................ 114
FIGURE V- 15 PROXIES UTILISES POUR LE TRAÇAGE DES APPORTS TERRIGENES DANS LES CAROTTES MC34 ET MC33-LAGUNE DE
NADOR-......................................................................................................................................................... 116
FIGURE V- 16 PROXIES UTILISES POUR LE TRAÇAGE DES APPORTS TERRIGENES DANS LES CAROTTES MC45 ET MC44-LAGUNE DE
NADOR-......................................................................................................................................................... 116
FIGURE V- 17 RECEPTACLE DU FLUX DETRITIQUE ISSUS DU SOUS BASSIN DE GOUROUGOU ET A PROXIMITE DES SITES DE CAROTTAGE -
LAGUNE DE NADOR-......................................................................................................................................... 117
FIGURE V- 18 EN HAUT, LA RECONSTITUTION DES PRECIPITATIONS HIVERNALES POUR L'ECOSSE ET L’INDICE DE PALMER DE GRAVITE DES
SECHERESSES AU MAROC. EN BAS, LA RECONSTITUTION DE LA NAO A LONG TERME. LA ZONE GRISE EST L'ESTIMATION DE
L'INCERTITUDE, LES ZONES JAUNES ET ROUGES SONT LES 10 ET 33% DES VALEURS LES PLUS ELEVEES ET LES PLUS BASSES DEPUIS
1700. LA LIGNE BLEUE REPRESENTE L’INDICE NAO LISBONNE-ISLANDE MESURE (TROUET ET AL., 2009) . ....................... 119
FIGURE V- 19 FREQUENCE DES ONDES DE TEMPETE EN MEDITERRANEE OCCIDENTALE (CAMUFFO ET AL. 2000)......................... 120
FIGURE VI- 1 UNE COPIE DU CROQUIS DE LA LAGUNE DE NADOR ENVOYE PAR: (A) LE D. GARCIA DE TOLEDO A FELIPE II, LE 11
OCTOBRE 1564. (AGS, 1980). (B) PAR DON ANDRIA DORIA ET SIGNEE PAR EL-FARTIN 1576 (AGS, 1980). ................. 125
FIGURE VI- 2 PLAN DE MELILLA REPRESENTE EN 1699 PAR EL-ALFEREZ (RJB, 1999). .......................................................... 126
FIGURE VI- 3 PLAN DE LA CITE DE MELILLA ET DE LA LAGUNE PAR DON TOMAS LOPEZ, MADRID (1793). (IN LILLO, 1995). ........ 126
FIGURE VI- 4 (A) REPRESENTATION DE LA LAGUNE DE NADOR DANS LE PLAN DE JOSE DE LA CRUZ EN1839 (IN LILLO, 1995). -B CARTE
DU NORD DU MAROC DANS LAQUELLE APPARAIT LA LAGUNE DE NADOR EN 1860 (IN BRAVO NIETO, 1996). .................... 127
FIGURE VI- 5 EXTRAITS DES CARTES DU NORD DU MAROC REPRESENTANTS LA LAGUNE DE NADOR (A) DE 1920
(HTTP://CARTOTECADIGITAL.ICC.CAT/CDM/COMPOUNDOBJECT/COLLECTION/AFRICA/ID/601/REC/3). (B) DE 1950
(HTTP://CARTOTECADIGITAL.ICC.CAT/U?/AFRICA,786). ......................................................................................... 128
FIGURE VI- 6 ZONATION DE LA LAGUNE DE NADOR (ZINE, 2004)...................................................................................... 129
FIGURE VI- 7 DENDROGRAMME OBTENU A PARTIR DE LA CLASSIFICATION HIERARCHIQUE ASCENDANTE APPLIQUEE AUX ESPECES
MALACOFAUNIQUES DES SEDIMENTS CAROTTES DANS LA LAGUNE NADOR. .................................................................. 132
FIGURE VI- 8 REPARTITION DES ESPECES DE LA MALACOFAUNE LE LONG DE LA CAROTTE MC22- LAGUNE DE NADOR-................. 132
FIGURE VI- 9 REPARTITION DES ESPECES DE LA MALACOFAUNE LE LONG DE LA CAROTTE MC34-LAGUNE NADOR- ..................... 133
FIGURE VI- 10 REPARTITION DES ESPECES DE LA MALACOFAUNE MALACOFAUNIQUE LE LONG DE LA CAROTTE MC33- LAGUNE DE
NADOR-......................................................................................................................................................... 134
FIGURE VI- 11 REPARTITION DES ESPECES DE LA MALACOFAUNE LE LONG DE LA CAROTTE MC45- LAGUNE DE NADOR- ............... 135
FIGURE VI- 12 REPARTITION DES ESPECES DE LA MALACOFAUNE LE LONG DE LA CAROTTE MC44- LAGUNE DE NADOR- ............... 136
FIGURE VI- 13 RECONSTITUTION DES PALEO-ENVIRONNEMENTS DE LA LAGUNE DE NADOR DEPUIS LE DERNIER MILLENAIRE.......... 137
FIGURE VI- 14 REPRESENTATION DES STATIONS A RISQUES DE POLLUTION ORGANIQUE ET INORGANIQUE DANS LA LAGUNE DE NADOR
(BLOUNDI, 2005) ........................................................................................................................................... 139
168
Liste de tableaux
Liste de photos
PHOTO III- 1 SYSTEME DE PRISE DE PHOTOGRAPHIES (A GAUCHE) ET RADIOSCOPE X (A DROITE) DU LABORATOIRE EPOC-UNIVERSITE
BORDEAUX 1. (1 : CHARIOT D’ENTRAINEMENT DE L’ECHANTILLON, 2 : CABINE DE SECURITE, 4 : AMPLIFICATEUR DE BRILLANCE).
...................................................................................................................................................................... 54
PHOTO III- 2 GRANULOMETRE LASER DU LABORATOIRE DES GEOSCIENCES DE L’UNIVERSITE DE MONTPELLIER 2........................... 54
PHOTO III- 3 APPAREILS XRF : (A,B) CORE SCANNER UTILISE POUR L’ANALYSE GEOCHIMIQUE A L’UNIVERSITE DE BORDEAUX I ; (C)
GENERATEUR A FLUORESCENCE-X MOBILE (NITON XL3T) DE GEOSCIENCES MONTPELLIER. ............................................. 55
PHOTO III- 4 SPECTROMETRE GAMMA A TRES BAS BRUIT DE FOND, EQUIPE D’UN DETECTEUR BE GE 3825 DU LABORATOIRE
GEOSCIENCES DE MONTPELLIER 2. ........................................................................................................................ 57
PHOTO IV- 1 PHOTOS PRISES SUR LES SEDIMENTS DE LA BASE DE LA CAROTTE MC44 : (A) LES CRISTAUX DE GYPSE ET (B) FRAGMENTS
DE ROCHES VOLCANIQUES. (C) NODULES ET PLAQUETTES CARBONATEES........................................................................ 72
PHOTO V- 1 PALEO-BRECHES OUVERTES LORS DE TEMPETES DE HAUTE ENERGIE DANS LA LAGUNE DE NADOR-.......................... 115
PHOTO VII-1 VUE AERIENNE DE LA LAGUNE DE NADOR ................................................................................................... 143
169
Annexes
170
Annexe A Résumés des articles publiés
171
172
173
174
175
176
Annexe B (Spectrométrie gamma)
1- Carotte MC45
2- Carotte MC22
177
Annexe C (profils géochimiques bruts)
178
4- Profiles géochimiques de 9 éléments le long de la carotte MC45 en cps.
179
Annexe D Analyse par composante principale ACP des éléments
géochimiques
1- Analyse ACP pour les deux facteurs qui contribue à plus de 60% des variations dans
les unités de MC22.
2- Analyse ACP pour les deux facteurs qui contribue à plus de 60% des variations dans
les unités de MC34.
180
3- Analyse ACP pour les deux facteurs qui contribue à plus de 60% des variations dans
les unités de MC33.
4- Analyse ACP pour les deux facteurs qui contribue à plus de 60% des variations dans
les unités de MC45.
181
5- Analyse ACP pour les deux facteurs qui contribue à plus de 60% des variations dans
les unités de MC44.
182
Annexe E Comptage malacofaune
Profondeur Bit r. Ris sp. Dos l. Tel p. Ano e. Tric p. Juj sp. Lor f. Lor Abr a. Ven a. Gas f. Hyd a. Corb g. Cer g. Par e. Aca m.
0 2 2 0 0 0 2 0 0 0 1 0 0 1 0 0 12 0
2 2 6 0 0 0 1 0 0 0 2 1 0 1 0 1 0 0
4 11 36 0 0 0 5 0 0 1 6 1 1 5 11 4 0 0
6 1 13 0 0 0 5 1 2 1 4 0 0 3 6 0 0 0
8 14 46 0 0 0 5 0 2 8 7 0 0 1 2 0 1 0
10 8 10 0 0 0 1 0 1 4 2 0 0 0 0 0 0 0
12 3 8 0 0 0 3 1 4 0 2 2 0 0 0 0 0 0
14 1 9 0 0 0 9 2 7 0 6 0 0 1 0 0 0 0
16 1 0 0 0 0 0 0 0 0 6 0 0 0 0 3 0 0
18 2 1 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0
20 4 3 0 0 0 0 3 2 0 0 0 0 0 0 0 2 0
22 1 2 0 0 0 3 2 3 4 0 0 0 0 0 0 4 0
24 1 9 0 0 0 20 0 0 1 1 0 0 0 0 1 0 0
26 5 4 0 0 0 9 0 7 8 0 0 0 1 0 1 0 0
28 3 3 0 0 1 0 0 0 4 0 0 0 3 2 2 0 0
30 1 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 1 0 0 0
32 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0
34 7 13 0 0 0 0 1 0 1 8 0 0 10 1 31 0 0
36 47 46 0 0 0 0 1 0 1 3 0 0 2 0 1 0 0
38 30 18 0 0 0 1 1 0 7 0 0 1 2 0 1 0 0
40 36 1 0 0 0 2 2 3 11 1 0 0 2 0 2 0 0
42 42 15 0 0 1 0 0 0 3 3 0 0 5 1 2 0 0
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183
Profondeur Bit r. Ris sp. Dos l. Tel p. Ano e. Tric p. Juj sp. Lor f. Lor Abr a. Ven a. Gas f. Hyd a. Corb g. Cer g. Par e. Aca m.
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176 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 5 0 0 0 0
184
Prof (cm) Bit r. Ris sp. Dos l. Tel p. Ano e. Tric p. Juj sp. Lor f. Lor Abr a. Ven a. Gas f. Hyd a. Corb g. Cer g. Par e. Aca m.
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185
Profondeur Bit r. Ris sp. Dos l. Tel p. Ano e. Tric p. Juj sp. Lor f. Lor Abr a. Ven a. Gas f. Hyd a. Corb g. Cer g. Par e. Aca m.
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160 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 20 0 0 0 0
186
Profondeur Bit r. Ris sp. Dos l. Tel p. Ano e. Tric p. Juj sp. Lor f. Lor Abr a. Ven a. Gas f. Hyd a. Corb g. Cer g. Par e. Aca m.
0 10 9 0 4 0 0 2 5 4 6 2 0 2 6 2 2 0
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187