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De la conversion
Nous constatons que cette instabilité profonde que nous connaissons profite au fanatisme
et au prosélytisme religieux et politiques.
Dans cette tourmente, le seul point fixe reste la spiritualité et sa référence, la Tradition.
Etant indépendante des époques et donc des diverses formes religieuses, elle traverse le
temps comme le fil d’Ariane de l’humanité. La Tradition nous stabilise parce que tout
homme vit dans la forme traditionnelle qui lui correspond. Elle est notre sang parce qu’elle
appartient à notre terroir.
Certains la reconnaissent dans tout ce qui nous entoure et se sentent attirés irrésistiblement
par elle, d’autres lui préfèrent l’errance, de préférence exotique.
Ces deux attitudes correspondent aux deux sens que revêt le mot "conversion". Le sens
originel correspond au grec metanoia, qui exprime littéralement "un changement de nous",
c'est-à-dire une "métamorphose intellectuelle". Cette modification profonde de l’être est
confirmée par l’étymologie latine du mot (cum-vertere) qui implique un double mouvement
de "rassemblement", c'est-à-dire une sorte de concentration de toute la puissance de l’être,
et de "retournement" inhérent à tout changement de plan d’existence. Ce double
mouvement de concentration et retournement est nécessaire à toute démarche spirituelle
puisque c’est lui qui permet à l’homme de détourner son mental des choses sensibles pour
s’investir dans l’Absolu. Il s’agit là d’une opération exclusivement et purement intérieure
sans rien de commun avec un changement extérieur, relevant simplement du domaine
"moral". C’est ainsi que certaines religions traduisent le terme metanoia par "repentir".
Mais, comme tant de mots et de concepts, celui de "conversion" a été profané pour ne plus
désigner que le passage extérieur d’une forme traditionnelle à une autre. Et ceci n’a rien de
spirituel. Bien qu’il puisse y avoir quelquefois des conversions spontanées, il s’agit le plus
souvent du résultat du prosélytisme religieux. Et on peut dire que dans ce cas, le
"convertisseur" et le "converti" font preuve de la même incompréhension du sens profond
de leurs traditions.
Cependant, le terme de "conversion" est parfois utilisé par erreur pour désigner ceux qui, ne
trouvant pas dans leur forme traditionnelle la possibilité d’une démarche initiatique, sont
amenés à adhérer à une autre forme traditionnelle que celle à laquelle ils étaient rattachés
par leur origine. Dans ce cas, il n’y a pas de comparaison de valeur entre deux formes
traditionnelles puisqu’il n’est pas question de "préférence" individuelle. Il est évident que
celui qui agit ainsi doit avoir conscience de l’unité fondamentale et essentielle de toutes les
traditions. Si de tels cas se présentent, c’est bien souvent en raison des conditions de
l’époque actuelle dans laquelle certaines traditions sont devenues incomplètes "par le haut",
c'est-à-dire quant à leur côté ésotérique.
Certains hommes parvenus à un haut degré de spiritualité adoptent parfois, pour des
raisons qui échappent forcément au profane, plusieurs formes exotériques différentes. Ceci
n’a rien de surprenant dès lors que l’exotérisme n’est que le voile qui recouvre l’ésotérisme
et que ce voile est susceptible de prendre un nombre indéfini de formes.
Rappelons-nous, lorsque nous voyons parfois des touristes orientaux ou autres prier dans
nos églises, que la Tradition est une et que sa forme exotérique n’a qu’un intérêt contingent.
Introduction
Les régions de la Méditerranée orientale ont connu très tôt des systèmes de chronologies
continues permettant de calculer les années avant et après un événement précis. C’est
ainsi que nous calculons les dates par rapport à un événement qui se veut historique, la
naissance du Christ. La tradition juive compte les années à partir de la date présumée de la
création du monde. Selon elle, nous serions en l’an 5996.
Chaque fait était ainsi soigneusement répertorié et nous disposons de ce fait d’une
chronologie exacte dont il n’existe aucun équivalent ailleurs.
On retrouve donc dans le même ouvrage des chapitres d’âge et d’origine fort différents. Et
c’est ainsi que pour les Chinois, le NEI JING a autant de valeur qu’un livre moderne.
D’ailleurs, le livre moderne ne s’est-il pas inspiré du NEI JING ?
Il n’existe donc pas d’évolution au sens propre en médecine chinoise traditionnelle, chaque
époque s’étant contentée d’apporter éventuellement un commentaire, mais ne s’étant
jamais autorisée à modifier le texte ancien. Traditionnellement, les temps anciens sont plus
proches que les temps modernes de la perfection primordiale. Au mieux nous ne pouvons
donc que redécouvrir ce que savaient les Anciens.
Par contre, notre tendance occidentale moderne à considérer le temps comme étant
linéaire nous a poussé à supprimer les cloisons entre le différents cycles chinois et à les
La médecine antique
Nous en savons peu de choses, sinon qu’elle fut brillante.
Elle est essentiellement marquée par trois figures légendaires, trois empereurs mythiques:
En dehors de ces figures légendaires, on considère que les premiers écrits médicaux sont
inclus dans le SOCHUAN. On les situe entre 580 et 320 avant Jésus-Christ selon les
historiens. Ils seraient donc contemporains des textes grecs hippocratiques. Cela ne signifie
pas, bien entendu, que la médecine chinoise date de cette époque.
Avant d’être écrite, elle se transmettait oralement et en secret. On estime que les tout
premiers écrits datent du XIIIe-XIVe siècles avant Jésus-Christ, gravés sur des carapaces
de tortue.
A cette époque, les médecins (YIN) constituent pour la première fois une corporation
indépendante des prêtres et des magiciens. C’est à cette période que s’organisent les rites
(LI KI) et l’administration (CHU LI). PIEN SAO est peut-être un nom générique pour
désigner plusieurs personnages différents. On dit qu’il connaissait la technique de la prise
du pouls (MO FA) et certains historiens lui attribuent le NAN JING.
ZHI YEN (vers 305-240 avant Jésus-Christ) introduit en Chine la loi des Cinq Mouvements
qui va se trouver à la base de l’Alchimie chinoise. il semble qu’il y ait à cette époque des
échanges importants entre la Chine, l’Inde et la Perse.
La médecine chinoise se tourne alors vers l’étude des poisons, des remèdes végétaux et
minéraux, vers la diététique, vers la recherche des drogues d’immortalité, vers la pratique
des techniques respiratoires, de la culture physique et vers la sexologie.
Après sa mort, la dynastie des HAN (206 avant Jésus-Christ à 220 après Jésus-Christ)
remplace celle des JIN. Les lettrés reprennent peu à peu leur place et l’empire militaire
chinoise, qui se transforme rapidement en monarchie à tendance traditionnelle, retrouve sa
légitimité.
C’est sous la dynastie des HAN que s’ouvre la "route de la soie" (122 avant Jésus-Christ)
ainsi que la "route de la Birmanie" (115 avant Jésus-Christ), et que s’établissent aussi
beaucoup de contact maritimes, commerciaux et culturels entre la Chine, la Perse, l’Inde,
l’Asie du sud-est et la Méditerranée.
Grâce à la paix qui règne sous les HAN, de nombreux ouvrage sont rédigés. Ils sont
Tous ces ouvrages sont perdus. Seul le livre classique traitant de l’Interne, attribué à
l’Empereur Jaune, nous est parvenu.
Il possédait une bibliothèque importante mais dont tous les ouvrages ont
disparu, sauf le NEI JING.
C’est lui qui rédige le SHANG HAN LUN ("Traité du Froid Nocif" ou "Traité des
Fièvres"). Par la suite, on a scindé cet ouvrage en SHANG HAN LUN
proprement dit et KIN GUI YAO LIAO FANG ("Résumé Traitant des Recettes
du Coffre d’Or"). Il y analyse diverses sortes de fièvres, distingue entre
maladies aiguës et maladies chroniques, et recherche la cause de nombreuses
maladies.
Il aurait encore inventé la suture, des onguents contre les inflammations, des
traitement contre les ascaris, etc.
● HUAN FOU MI (215-282) auteur d’un classique sur l’acupuncture, le ZHEN JIU JIA YI
JING, premier ouvrage de "vulgarisation" de la médecine chinoise.
● HUANG SHU HE (210-280) auteur du Moyen-Age JING, "Traité des pouls". Cet
ouvrage sera traduit en tibétain, en arabe et en persan pendant le Moyen-Age. Il
influencera encore, par ses traductions latines et en langues vulgaires occidentales,
les pulsologues des XVII et XVIIIe siècles.
C’est sous la dynastie des HAN que commence la grande période du taoïsme qui s’étend
du IIe siècle avant Jésus-Christ au VIIe siècle après Jésus-Christ.
L’un des taoïstes les plus connus de cette époque est KO HONG (ou SHE SHUAN). Il
rédige un traité d’Alchimie, de diététique et de magie, le PAO POU ZI NEI WEI PIEN (vers
326 après Jésus-Christ) et deux traités de médecine : les "Médications du Coffre d’Or" (KIN
GUI YO FANG) et les "Prescriptions d’Urgence" (SHE HE PEI JI FANG). Dans ces livres
sont donnés des conseils de médecine préventive pour prolonger la vie et éviter les
maladies.
● TAO YIN : renforcer le QI par des pratiques respiratoires visant à rejeter le "vieux" QI
pour accueillir le "nouveau"
● FU CHE : accroître le XUE par des aliments et drogues.
En pathologie, ont doit à KO HONG la description de la variole (500 ans avant Rhazès, 864-
925), introduite dans l’empire par les Huns.
KO HONG a voulu mettre à la portée de tous des remèdes bon marché et faciles à trouver.
Il donne le traitement de l’ictère épidémique par l’armoise, la rhubarbe et le gardénia ; le
traitement de l’asthme par l’éphédra, la cannelle, la réglisse et l’amande d’abricot ; de
l’ascite par le draba, l’euphorbe et le daphné; etc.
Il livre aussi sa propre expérience de l’utilisation de la jusquiame dans les démences ; des
badigeons au soufre et à l’ail dans la prévention des morsures de tiques ; des bouillottes
d’eau chaude sur le ventre dans les gastro-entérites.
KO HONG donne également la formule d’une pilule d’immortalité à base d’or, de mercure,
de jade, de soufre, de cinabre et d’orpiment, le tout dissout ou mélangé dans des
préparations végétales.
La médecine classique
Après le double démembrement de l’Ancien Empire, une troisième réunification de la Chine
a lieu sous les dynasties du Moyen Empire, les SUI (581 ou 589 - 618) et les TANG (618-
907).
En 624 se crée le Grand Service Médical qui supervise les études de médecine et organise
la recherche. On décrit systématiquement et précisément de nombreuses maladies : lèpre,
variole, rougeole, gale, dysenterie aiguë et chronique, choléra, hydropisie, maladies
carentielles (béribéri, héméralopie, rachitisme, goitre), maladies vénériennes, tuberculose
pulmonaire et osseuse, adénopathie cervicale, diabète, tumeurs, etc.
L’un des médecins les plus célèbres de l’époque est le moine-médecin SUEN ZHENG QI
MIAO (581-682).
● JIEN JIN FANG : "Les Mille Recettes de Grand Prix" (30 chapitres)
● FU LU LUEN : "Traité du Bonheur" (3 chapitres)
● SHE SHENG JEN LU : "Recueil sur l’hygiène" (1 chapitre)
● SHEN CHONG SU SHU HUI : "Au sein de l’oreiller" (1 chapitre)
● YIN HAI JING WEI : "Connaissance exhaustive de la Mer d’argent" (traité
d’ophtalmologie)
● SAN QIAO LUEN : "Traité des Trois Religions" (1 chapitre)
Comme cela a été dit dans l’introduction, les Chinois se contentent de commentaires sur les
textes anciens considérés comme canoniques (JING). Les auteurs se retranchent j derrière
le nom des Anciens et derrières leurs idées.
L’époque TAN est pas excellence celle des néoclassiques. Le plus célèbre est le "Canon de
la médecine chinoise" ou NEI JING. Ses plus anciens fragments remontent au Ve-IIIe siècle
avant Jésus-Christ. Il semble avoir été divisé en deux sous les QIN (255 ou 221-207 avant
Jésus-Christ).
Le SU WEN est surtout théorique, tandis que le LING SHU est plutôt consacré à la pratique
médicale.
Ces textes subissent de nombreuses destructions et seront souvent remaniés au cours des
siècles. Les parties manquantes ont été remplacées par d’autres textes. Tout cela nous
laisse un texte assez confus, comportant certaines contradictions entre différents chapitres,
et surtout un certain désordre. Il en existe plusieurs traduction en langue française, dont
celles de Chamfrault et celle de Husson.
Après la chute du Moyen Empire, la dynastie SONG (960-1279) n’arrivera plus jamais à
réunifier la Chine. Par contre, elle connaît d’importants progrès techniques (imprimerie,
boussole, poudre à canon) et scientifiques (mathématiques, biologie). C’est l’époque des
grands savants polyvalents tels que CHEN KUA (1031-1095) qui fut à la fois architecte,
agronome, médecin, historiographe et ambassadeur. C’est lui qui proposera de remplacer
le calendrier lunaire par le calendrier solaire. Il soupçonne, avant Kepler, que le circuit
apparent du soleil autour de la terre est elliptique, et indique la position exacte du pôle nord.
JIEN YIN (1035-1117) est le plus grand des pédiatres chinois. Il distingue, le premier, la
varicelle, la rougeole, la scarlatine et la variole.
Diététicien impérial, il décrit les maladies carentielles et leur traitement par une
diététique rationnelle, à l’exclusion de toute autre médication.
Il découvre les taches d’un blanc bleuâtre qui, sur la muqueuse de la bouche,
caractérisent les prodromes de la rougeole.
Mais il est surtout célèbre pour ses commentaires des classiques (NAN JING
notamment).
Le NAN JING est un traité en deux volumes, constitué par des commentaires
de 81 passages difficiles extraits du NEI JING. Il contient en outre le premier
exposé sur la théorie du pouls.
Ce livre n’est pas commenté dans les Annales des HAN et passe pour
La médecine moderne
Poussée au pouvoir par une révolution populaire paysanne, la dynastie des MING (1368-
1644) s’intercale entre deux dynasties de conquête, celle des Mongols et celle des
Mandchous. Elle libère Beijing et y établit sa capitale.
La Chine connaît alors un nouvel âge d’or. Elle entre en contact avec l’Afrique lorsque
l’empereur se rend, en bateau et à plusieurs reprise, jusqu’en Afrique occidentale (1405-
1424). Le R.P. Ricci arrive à Beijing en 1601. Les Jésuites apportent avec eux la médecine
occidentale, mais elle restera réservée au seul empereur. On traduit en chinois les textes
consacrés à l’anatomie et à la circulation du sang.
L’empereur KANG HI les juge très intéressants pour lui mais très dangereux pour le peuple
car leur diffusion reviendrait à introduire la rationalité dans un monde traditionnel, avec
toutes les conséquences que nous connaissons.
Le plus grand acupuncteur de la dynastie des MING est YANG KI CHEU. C’est lui qui
rédige les 10 chapitres du JEN LIEU DA CHENG (gravé en 1579). Il s’agit d’une
encyclopédie d’acupuncture comportant un excellent historique non seulement des
classiques, mais aussi des traditions orales. L’ouvrage renferme en outre une partie
technique très complète, une partie clinique et une section thérapeutique.
Le taoïsme a encore une incidence sur la médecine, et surtout dans un traité, le JING MING
GUI JE (vers 1622). On y détaille la théorie des Champs de Cinabre.
Regards symboliques
Le dernier article sur les aspects du symboles m'a donné envie d'essayer de clarifier
différents temps de l'approche symbolique.
Le symbole est présenté comme un pont jeté entre deux réalités : L'une tangible
appréhendable par les sens, l'autre, inexprimable parce que non raisonnable au-delà, en-
deçà ou ailleurs que dans le discours.
Et pourtant il y a cet insatiable désir de partager, de décrire, de dire et d'écrire sur les
symboles !
Il me semble que comme dans tout langage traditionnel il y a différents niveaux de lecture
qui participent à des degrés divers à la puissance symbolique.
Il ne convient pas d'en exclure ou d'en consacrer un à l'exclusion des autres, chacun a ses
qualités et on choisit librement mais consciemment celui qui nous parle le mieux dans
l'instant.
Une suite logique mais non chronologique nous propose d'aller du concret vers le subtil.
Le premier contact serait alors littéral : on lit et analyse l'objet c'est à dire ce qui se trouve là,
posé devant nous. On y verra par exemple un arbre, on y reconnaîtra des racines, un tronc,
des branches et une cime ; on pourra l'inscrire entre ciel et terre, y lire une tension
verticalisante et un déploiement horizontal ... et puis, ... deuxième mouvement on explorera
le contexte, l'histoire et la logique de l'apparition de l'arbre. La référence sera alchimique ou
biblique par exemple, occidentale ou orientale, le contexte mettra l'accent sur la sève, la
saison, la graine cachée dans le fruit, la profondeur des racines par rapport à l'étalement et
la hauteur des branches, etc. On pourra de même chercher quand, au sein d'un courant
traditionnel apparaît pour la première fois le thème et comment il colore et enrichit toutes les
occurences ultérieures comme on pourra encore comparer différentes représentations
traditionnelles de l'arbre.
Ainsi on développera tout un paysage autour de l'arbre ; cette mise en perspective nous
invitera alors, troisième temps, à nous inscrire dans le tableau.
C'est le moment de s'avancer, de sortir de l'ombre pour dire ce que l'on sait, ce que l'on
ressent, attrait ou malaise. C'est le temps du dialogue, temps de la question qui invite à la
réponse. Que me demande cet arbre, questionne-t-il mon manque de verticalité, la
nécessité de garder les pieds sur terre pour s'élever vers le ciel ou encore comment, à
travers sa présence s'ouvre le dialogue avec les anciens, les ancêtres et les autres,
comment transmettre, témoigner de ce que j'ai reçu et le faire passer plus avant.
Bref, c'est le temps de l'inter - prétation, temps de l'échange et de la parole qui peut toujours
dire plus que ce qu'elle ne croit dire.
Attrait de l'être, non pas être substantif qui serait caché au plus profond de mes entrailles
mais verbe in - finitif qui se vit dans la quête d'un présent insaisissable et se conjugue à tout
passé pour ouvrir à l' à - venir.
Jean-Luc Perot
1. Origine :
L’origine de la fête de Noël, telle que nous la connaissons, remonte aux premiers temps du
christianisme.
A cette époque, l’Eglise n’existait pas, et il y avait autant de petites Eglises locales que de
communautés de chrétiens. Il n’existait donc pas de dogme et uniquement une tradition
orale.
Mais le christianisme n’était certes pas la seule religion du monde oriental à faire les yeux
doux au monde occidental. En effet, les légions romaines étaient en contact avec de
nombreuses formes religieuses au moins aussi tentantes que le christianisme :
l’Empire romain. Pour les doctrines comme pour les rites, le culte de
Mithra semble avoir présenté de nombreux points communs avec la
religion de la Mère des dieux, mais aussi avec le christianisme.
Ces ressemblances avaient été notées par les docteurs de l’Eglise qui y
voyaient l’oeuvre du diable.
Sans entrer dans les détails, on peut dire que le culte de Mithra a été
pour le christianisme un rival sérieux dès lors qu’il avait un culte solennel
et qu’il professait des aspirations à la pureté morale et un espoir en
l’immortalité.
Le résultat du conflit entre le christianisme et le culte de Mithra semble avoir été en balance.
Actuellement, on sait que la fête de Noël chrétienne est un emprunt direct à la religion rivale.
Les Egyptiens représentaient même le soleil nouveau-né par l’image d’un petit enfant.
La Vierge qui avait ainsi conçu et qui mettait au monde un enfant le 25 décembre, était sans
doute la Grande Déesse orientale que les sémites appelaient la Vierge Céleste ou tout
simplement la Déesse Céleste. elle était, dans les pays sémitiques, une forme d’Astarté.
Or, les fidèles de Mithra identifiaient leur dieu avec le soleil, le Sol Invictus. Et sa naissance
tombait le 25 décembre.
Les évangiles ne disent rien sur le jour de naissance de Jésus et l’Eglise primitive ne la
célébrait donc pas. Avec le temps, cependant, les chrétiens d’Egypte en vinrent à
considérer le 6 janvier comme la date de la Nativité. C’est ainsi qu’on en vint à commémorer
la naissance de Jésus et à partir du IVe siècle ce devint une coutume universelle en Orient.
Mais à la fin du IIIe siècle ou au début du IVe, l’Eglise d’Occident, qui n’avait pas reconnu le
6 janvier comme date de la Nativité, adopta la date du 25 décembre. L’Eglise d’Orient se
rangera plus tard à cette décision. Le changement ne fut pas introduit à Antioche avant l’an
375.
2. Les textes
Les évangiles sont muets quant au lieu et à la date de naissance de Jésus.
Cette naissance à Nazareth ne cadrait pas avec les prophéties qui avaient annoncé que le
Messie naîtrait à Bethléem et serait de la race de David. C’est pour résoudre ce petit
problème que les évangiles selon Matthieu et Luc, dans leur prologue, font naître Jésus à
Bethléem. On admet généralement actuellement que ces prologues ont été ajoutés par la
suite pour répondre aux besoins des missionnaires qui s’efforçaient de convertir les Juifs.
La date du 25 décembre était très importante dans l’Empire romain parce qu’on célébrait la
naissance de Mithra (très populaire chez de nombreux légionnaires), mais aussi parce que
c’était la date symbolique de la naissance de l’empereur romain considéré comme un dieu
incarné depuis le règne d’Aurélien en 275.
Petit à petit l’imaginaire religieux trouvera dans la Bible, dans les évangiles et surtout dans
la Apocryphes, des éléments qui viennent composer le paysage mythologique que nous
connaissons.
En 440, le pape Sixte III décide de célébrer la messe de Noël à minuit, dans une petite
chapelle de Sainte-Marie-Majeure qu’il avait fait construire en forme de grotte.
La pratique des Trois Messes a été imposé par Charlemagne. C’est ainsi que s’est instituée
la coutume de ne pas dormir durant cette nuit de Noël.
Il faut encore savoir que le 24 décembre, les Grecs célébraient Adam et Eve, considérés
comme des saints de l’Ancien Testament. L’idée d’y ajouter la naissance du soleil venait en
quelque sorte achever le symbole de la création de l’humanité.
Dans les pays germaniques, l’arbre de la Tentation était figuré par un sapin couvert de
pommes rouges. C’est là que se situe l’ancêtre de notre sapin de Noël actuel.
L’idée est celle-ci : l’arbre qui a provoqué la perte de l’humanité est planté à côté de la
crèche car Jésus vient racheter l’humanité par là même où elle avait chuté.
4. La symbolique
Les idées majeures sont celles-ci :
a) Lumière
Noël et le solstice d’Hiver se fêtent au moment où le soleil atteint son point le plus bas sur
l’horizon, au moment où les nuits sont les plus longues.
C’est le moment du petit feu intérieur, celui qui demeure malgré les tempêtes et le froid
extérieur. C’est la fête de la lumière retirée dans les ténèbres.
C’est cette lumière que l’on retrouve dans les bougies du sapin ou sur celles de la couronne
de la déesse Freya nordique.
C’est encore ce feu que l’on va retrouver dans la symbolisme de la bûche de Noël. C’est
cette bûche que l’on allumait jadis à minuit, durant la nuit de Noël, et qui était censée
protéger la maison durant toute l’année contre l’incendie. Ceci provient des anciennes
traditions celtiques. Ils choisissaient une grosse bûche enrubannée et décorée par la
maîtresse de maison. L’enfant le plus jeune la badigeonnait d’eau-de-vie. L’aîné l’installait
sur un échafaudage de petit bois et de brindilles avant d’y mettre le feu avec un tison
venant de la Saint-Jean d’Eté précédente.
En brûlant, la bûche restitue la chaleur et la lumière solaire enfouie dans le bois. C’est ainsi
que le soleil invaincu est présent à Noël !
b) La crèche
Elle est beaucoup plus récente que la fête de Noël qui lui a donné le jour.
Ce même motif se retrouve à Rome sur une peinture murale datée de 380.
Dans la crèche, Jésus est souvent représenté sur un tapis de lichens et de mousses. Ainsi,
celui qui va inaugurer un monde nouveau est, dès le départ, entouré de plantes pionnières,
capables de s’adapter aux différents terrains. Ces plantes s’installent en effet dans les
milieux les plus arides, sur les rochers, sur les terres récemment libérées des glaciers et
des banquises. Elles constituent les premières têtes de pont du monde vivant. Pour que les
autres plantes puissent s’installer, ces pionniers doivent mourir.
De même, c’est sur les ruines de l’Empire romain en pleine décomposition que fleurit la
civilisation chrétienne.
c) le sapin
L’arbre de Noël est un conifère à feuilles persistantes qui fait écho à l’arbre de mai. La
tradition de l’arbre de Noël nous vient d’Europe du Nord où tous les arbres ont déjà perdu
leurs feuilles sauf les conifères. Il s’agit d’ailleurs le plus souvent d’un épicéa et non d’un
sapin.
Le sapin est à l’image de la terre gelée comme pierre. Il ressemble au monde minéral et
cristallin.
Dans les pays scandinaves, le sapin illuminé était symbole de continuité, de permanence et
de renouveau.
Dans le calendrier des arbres celtiques, chacun des 13 mois lunaire de 28 jours était dédié
à un arbre. Les 13 mois font 364 jours. Le jour manquant était le 13 décembre, jour de la
mort du soleil, dédié à l’if. Le lendemain 24 décembre, jour de la renaissance du soleil, était
dédié à l’épicéa, l’arbre de l’enfantement. D’où la pratique de planter un épicéa le jour de la
naissance d’un enfant.
En fait, ni le sapin, ni l’épicéa, ne sont des arbres de plaine. On aurait donc pu choisir le
houx qui est , avec le buis, la seule espèce arborescente sauvage des forêts de plaine à ne
pas perdre ses feuilles.
Le houx est d’ailleurs une sorte d’arbre de Noël miniature avec ses feuilles piquantes et ses
petits fruits rouges comme des boules de Noël.
Aux yeux des premiers chrétiens du Nord de l’Europe, cet arbre était le symbole du Buisson
Ardent de Moïse. Ses baies rouges ressemblant à des gouttes de sang symbolisaient la
couronne d’épines.
Le houx est une plante capable de s’adapter à tous les climats. Ses épines la protègent du
bétail et elle recouvre ses feuilles d’une épaisse couche de cire qui les protège contre l’hiver
durant lequel elles limitent leur transpiration (comme le font les conifères). Incapables de
blinder leurs feuilles, les autres arbres préfèrent les perdre, ce qui leur évite de transpirer et
d’avoir donc à puiser de l’eau dans un sol durci par le gel.
Autre plante de Noël : la "rose de Noël" ou hellébore. Plante très toxique à propriétés
tonicardiaques. Dangereuse comme la nuit, elle porte en elle la vie, comme la nuit est
grosse du soleil.
Ce n’est pas une rose, mais une renonculacée (famille du bouton d’or).
4. Epiphanie
On a donc deux fêtes identiques : Noël et l’Epiphanie, célébrées la première en Occident le
25 décembre, l’autre en Orient le 6 janvier.
Ces deux fêtes sont séparées par 12 jours séparés par le 1er janvier qui était, chez les
Romains, le Jour de l’An.
Ces 12 jours qui s’appelaient autrefois les "12 petits mois" ou les "12 jours" représentent le
temps nécessaire pour la maturation du soleil.
Durant ces 12 jours, alors que la vie reprend dans la profondeur des choses, le monde
semble s’arrêter. Toutes les forces sont tendues dans l’attente du redémarrage de la
nature. Et donc, toutes les activités humaines doivent également s’arrêter : on arrête les
roues, les moulins, bref, tout ce qui rappelle la roue des mois.
Le 6 janvier était la fête de Bacchus, de Dionysos, d’Osiris, etc., c'est-à-dire des dieux du
renouveau de la Nature.
Le Dragon
Pierre Carnac distingue trois grandes étapes dans l'histoire des croyances liées au Dragon,
trois "âges du Dragon" dans l'histoire des hommes, correspondant aux stades successifs de
Dragon cosmique, c'est-à-dire Dragon, force de la nature et par là même Dragon-Dieu ; de
Dragon-gardien, principe qui veille et qui protège ; et de Dragon maléfique, force du mal.
Dragon cosmique, à la fois ange ou démon, serpent et oiseau... conflit mythique qui a
toujours hanté l'imagination des hommes. Certaines légendes s'arrêtent à cette opposition.
Ainsi il a été découvert une gravure préhistorique représentant le combat de l'Oiseau et du
Serpent se disputant l'Oeuf du Monde. On retrouve en Egypte le combat entre Horus, le
soleil mais aussi le faucon, et Typhon (ou Seth), le Dieu Serpent. En Inde, le serpent Kaliya
combat le Dieu Vichnou. De même le soleil aztèque s'oppose au serpent.
Dans les légendes de l'Inde et de tout le Sud-Est asiatique, des dragons à tête humaine
surmontée d'un capuchon à tête de cobra, les nagas, sont les habitants du domaine
souterrain où ils gardent jalousement les trésors de la Terre. Ils ont pour ennemis naturels
des vautours mythiques appelée Garudas, dragons aériens opposés aux Nagas, dragons
des eaux et de la terre. Mais Naga et Garuda ne sont en fait que deux incarnations de
Vishnou, les deux aspects de la substance divine, en qui ils se réconcilient. Le Naga
représente le cycle du temps, tout comme l'Ouroboros des Grecs. Il est aussi l'intercesseur
entre ce monde et l'au-delà. C'est lui qui provoque la fertilité du sol et la fécondité des
femmes. Il est le gardien et protecteur, le médiateur entre le ciel et la terre. Ce Naga serait
peut-être à rapprocher de l'Uraeus, ou cobra en colère, qui orne le front du Pharaon,
concentrant en lui les propriétés du soleil, vivifiantes et fécondantes, mais capables aussi
de tuer, en désséchant ou brûlant. Ce cobra, gardien de la sagesse du Pharaon et symbole
de son rôle de médiateur entre terre et ciel, est associé à la coiffe royale en vautour du
Pharaon, réunissant encore le serpent et l'oiseau.
Et ce n'est pas un hasard si le Dragon est tant vénéré en Chine, pays du Tao ou voie du
milieu. Céleste et chtonien, gardien des eaux, crachant le feu, à la fois Yin et Yang, le
Dragon chinois réunit les principes opposés de l'univers : le feu et l'eau, le ciel et la terre.
Les dragons font partie des mythes fondateurs de la civilisation chinoise, et ils sont souvent
à l'origine des Dynasties. Le cycle des exploits de Yu montre par exemple comment cet
empereur mythique organise son empire avec l'aide décisive d'un dragon ailé. Tous les
empereurs de Chine ont régné sous le signe du Dragon, et ils étaient même considérés
comme "Fils du Dragon" : leurs vêtements de parade, comme les murs de leurs palais,
étaient abondemment décorés de Dragons à 5 griffes, (les hauts dignitaires devant de
contenter de dragons à 3 ou 4 griffes), et il n'était pas rare qu'un empereur envoie en
présent à un chef rebelle qu'il n'avait pu vaincre par la force, une somptueuse robe brodée
de dragons.
Restons en Bretagne un instant, pour évoquer Merlin l'Enchanteur, dont la sagesse était
légendaire dès l'enfance. Le tyran Vortigern, celui-là même qui avait exilé Uther Pandragon
et ses frères, pour usurper leur trône, vouloir bâtir une forteresse imprenable. Or, malgré
tous les efforts de ses ouvriers, et les invocations de ses mages, l'édifice s'écroulait à peine
sorti de terre, et de ses fondations s'élevait une clameur terrifiante. Un sacrifice humain
s'imposait pour conjurer les mauvais esprits, et Vortigern allait condamner le jeune Merlin,
que sa naissance illégitime désignait comme victime idéale, lorsque celui-ci lui donna la
solution : "il y a dessous le sol, juste au point où la construction doit prendre appui, deux
dragons énormes. Lorsqu'ils commencent à éprouver sur eux le poids de la bâtisse, ils
s'agitent, et les murs s'écroulent." Le tyran fit creuser plus profond, et l'on découvrit deux
dragons, l'un rouge et l'autre blanc, qui, sitôt mis à jour, s'affrontèrent en un terrible combat,
que gagna finalement le Dragon Blanc. Merlin donna alors la signification de ce combat :
"Roi, je te dirai que ces dragons représentent, le blanc, la nation Bretonne, le rouge, toi,
Vortigern. Ce pays, tu le possèdes indûment. Mais le Dragon blanc est en route, malheur au
Dragon rouge, car il court sa perte."
Nous retrouvons ces dragons habitant la terre dans les légendes concernant Mélusine, et,
plus généralement, le Vouivre. La terre, elle-même, a longtemps été comparée à un dragon,
et les anciens nommaient Veines du Dragon ces courants telluriques qu'ils essayaient de
concentrer en y élevant pierres levées et monuments.
dragon vivait sous terre à cet endroit, et l'on craignait que les trains ne lui brisent la colonne
vertébrale...
Toujours en Chine, les dragons jouent également un rôle essentiel dans l'agriculture.
Gardiens des eaux, ils sont plutôt bienfaisants, mais ils peuvent être maladroits, se tromper
de tâche, s'endormir, voire même s'enivrer, et c'est alors la catastrophe : le fleuve déborde,
la tempête ravage les côtes, ou bien, au contraire, les sources tarissent, la sécheresse
menace. Il faut alors les rappeler à l'ordre, ou même les punir : si la pluie tarde trop malgré
les prières, on sort la statue du Dragon hors de son temple pour l'exposer au grand soleil :
car il est bien connu que les Dragons n'aiment pas trop le soleil...
Le Dragon représente aussi le cycle de la végétation. Il est figuré par l'hexagramme K'ien,
principe du ciel et de la création, et dont les 6 traits pleins représentent les 6 étapes de la
manifestation :
On retrouve cette association du dragon avec l'élément eau et le cycle végétal dans la fête
des bateaux-dragons, qui se déroule sur les lacs de certaines provinces chinoises, en
souvenir du suicide en 290 avant J.C., du poète Qu Yuan, désespéré de ce que ses talents
ne soient pas reconnus par le roi. Cette cérémonie-souvenir est également liée au temps du
repiquage des pousses vertes du riz, qui a lieu à la même époque, après les grandes pluies
de printemps.
Ces cérémonies sont à rapprocher des Fêtes des rogations qui au printemps, au moment
du réveil de la terre, allient les prières et les bénédictions des champs aux processions
d'effigies de dragons liées à la tradition locale, et variant selon les régions : Tarasque et
Drac dans la vallée du Rhône, Lézarde à Provins, Chair-Salée à Troyes, Graouilly à Metz,
Dragon-Doré à Douai, Grand-Bailla à Reims, Gargouille à Rouen, et en Poitou Grande-
Goule ou Galipote.
Le rude combat qui mettait en lice dragon et soleil, serpent et oiseau, retraçant sans doute
le combat que livraient nos premiers ancêtres contre les éléments, cède peu à peu la place
aux grands exploits mythiques peuplés de dragons gardiens de trésors, et dont les demi-
dieux ou héros deviennent les acteurs.
Ces dragons qu'affrontent les héros personnifient parfois des dangers naturels, tels
Charybde et Scylla (autre fille d'Echydna), gouffre et rocher bien réels près du détroit de
Messine, ou le dragon gardant le jardin des Hespérides, qui personnifie le Gulf-stream
entourant ces îles, ce grand serpent de la mer, ou grand dragon des océans, tels que le
connaissaient toutes les traditions de navigateurs, Vikings, Danois, Saxons, Celtes.
Ce trésor que gardent les dragons, quel est-il ? Souvent enfoui au fond d'une caverne,
symbole du coeur caché de la Terre, de la matrice où le héros, tel le récipendaire des
anciens Mystères d'Eleusis, doit mourir pour renaître, ou caché au fond des mers, le trésor
(qu'il soit, selon les légendes, or, pierres précieuses ou Pierre du dragon, perle ou autres
joyaux, Oeuf de serpent ou oursin des mers) représente la vie intérieure, et les dragons qui
gardent ces trésors, gardiens féroces d'un lieu interdit au profane, ne sont que les images
de nos désirs et de nos passions qui nous empêchent d'accéder à ce qu'il y a au plus
profond de nous (pourrait-on mieux illustrer la célèbre formule : V.I.T.R.I.O.L. ?). Descendre
dans l'antre du Dragon, c'est sans doute descendre au fond de nous même pour nous
préparer à recevoir la lumière.
L'or, métal réputé inaltérable et pur, symbolise souvent sous différentes formes cette
lumière, ce trésor à découvrir en nous-même. Dans la mythologie grecque, il apparaît sous
la forme des pommes d'or du Jardin des Hespérides que parvient à dérober Héraklès.
Les pierres précieuses, autre forme de trésor enfoui au fond de l'antre du dragon, ne
seraient-elles pas le pâle reflet de cette pierre symbolique : "pierre cachée des Sages", ou
"pierre brute" ?
Dans la tradition chinoise, le dragon veille sur la perle miraculeuse qui renferme la sagesse
et la connaissance, pure comme l'or, symbole de perfection spirituelle et d'immortalité. Ce
trésor est associé à la vie, à l'énergie vitale, à la lumière, au bonheur, à la vertu, à tout ce
qui est positif et digne d'être recherché.
Dans l'Evangile de St Matthieu, la perle figure le Royaume des Cieux. Elle "ne doit pas être
jetée aux pourceaux" : une autre manière de dire que la connaissance ne doit pas être
livrée inconsidérément à ceux qui n'en sont pas dignes, ou qui n'y sont pas préparés. Le
christianisme a repris ici à son compte, comme tant d'autres choses, cette éternelle mise en
garde à l'égard de celui qui accède à une connaissance sans y avoir droit ( = y être
préparé), ainsi qu'à l'égard de celui qui, tel Prométhée, dévoile sans permission cette
connaissance aux profanes.
La perle du dragon rappelle aussi l'escarboucle que porte au front la Vouivre, et qui lui
permet de voir et de se diriger.
La mission essentielle du Dragon-gardien de trésor est de tuer tous ceux qui convoitent
celui-ci, et qui ne possèdent pas un coeur assez pur. Seul le héros, celui qui a été élu par
les Dieux, du fait même de sa sincérité et de la pureté de son coeur, pourra, grâce à des
artifices, et souvent grâce à l'aide d'une femme, s'emparer du trésor et accéder à
l'immortalité de l'âme et à la Connaissance suprême.
On retrouve ce thème dans l'Ancien Testament lorsque Dieu, après avoir chassé Adam et
Eve du Paradis Terrestre, fait garder l'arbre de la connaissance du Bien et du Mal par des
Chérubins, autrement dit, d'après leur étymologie grecque, des Griffons. L'effigie de ces
griffons gardait l'Arche d'Alliance renfermant les Tables de la Loi.
En tant que gardien de trésor, le Dragon préserve ce qui est essentiel dans les êtres et les
choses. Le secret qui ne peut être révélé qu'à l'issue d'un affrontement entre celui qui le
recherche et celui qui le garde caché aux regards des hommes ordinaires.
Et en fait, étymologiquement, le dragon est lui-même "regard" : le mot grec Drakon vient de
derkomai, regarder ou fixer du regard. Certains dragons sont caractérisés par leur regard.
Le serpent, le plus "simple" des dragons, celui du Jardin d'Eden et qui a survécu jusqu'à
nos jours, fixe sa proie du regard et la rend incapable de fuir. Le regard de la gorgone
Méduse tue (ou pétrifie, selon la tradition) ceux qui le rencontrent (Persée parviendra à la
tuer grâce au miroir qu'il utilisera pour ne pas rencontrer directement son regard).
Celui qui regarde, qui voit tout (Argos aux cent yeux, par exemple), possède la puissance,
et peut surveiller, garder, le royaume ou le trésor qui lui est confié. Les Parthes, au IIIè
siècle avant J.C., avaient donné à leurs troupes de cavaliers-archers chargés de surveiller
les frontières le nom de dragons, et ce nom fut repris en France par des troupes royales,
dont les expéditions punitives en pays protestant, sous le règne de Louis XIV, sont restées
tristement célèbres sous le nom de dragonnades.
Il est difficile de ne pas évoquer aussi Python, cet autre dragon qui ne dévoile la
connaissance à celui qui vient l'interroger à Delphes que par les révélations "hermétiques"
de sa prêtresse.
L'évolution dans le temps du dragon cosmique au dragon gardien se prolonge dans une
véritable escalade. Le gardien devient actif, il rançonne les passants, exige des sacrifices,
terrorise et ravage des pays entiers. Devenu méchant, destructeur, maléfique, le dragon-
serpent peuple les contes. Certains évènements historiques alimentèrent cette image :
l'arrivée de dragons envahisseurs. Ils arrivèrent par la mer, (ce qui n'étonna personne, à
une époque où les navigateurs pouvaient lire sur leurs cartes marines : "au-delà de cette
limite, habitent les dragons..."), Vikings venus du Nord sur leurs Drakkars et Snekkars à
têtes de dragons ou de serpents ; mais aussi par la terre, Mongols et Tatares venus de
l'Est, avec leurs étendards décorés de dragons.
Sa puissance demeure, mais il n'est plus invincible : il n'est plus que l'adversaire du bien,
destiné à être détruit. Le devoir des Chevaliers est de le terrasser.
Champion de la foi chrétienne, le chevalier doit être un preux, courageux et au coeur pur.
Indifférent aux biens matériels, il ne possède que son cheval et ses armes, qu'il conquiert
grâce à ses victoires. Les vertus acquises résident dans l'être, non dans l'avoir.
Ainsi, celui qui affronte le dragon avec succès devient-il ce qu'il est.
Bibliographie :
Christine YDAIS
Initiation et Chevalerie
Le terme "initiation" est l’un de ceux qui ont été presque totalement vidés de leur sens
original, puisque l’on entend souvent parler d’initiation à l’informatique ou d’initiation au golf.
Ce terme vient du latin initiare, qui signifie "commencer, commencer un chemin". Nous
l’avons conservé dans "initiative, initial" et quelques autres. Mais le sens profond du mot
"initiation" est la mise en route d’un processus visant à développer des capacités supra-
humaines chez l’être humain. L’initiation n’a rien à voir avec des capacités de
communications avec des "plans supérieurs" ; il n’est pas nécessaire d’être initié pour cela.
L’initiation ne se résume pas à une simple cérémonie au cours de laquelle se
transmettraient des secrets de n’importe quel ordre.
Rappelons-nous, tout d’abord, que l’initiation exige un rituel et que, pour réaliser ce rituel, la
présence d’un certain nombre d’initiés est nécessaire. On ne s’initie donc pas soi-même,
comme tendent à le croire certains de nos contemporains. Mais ce rituel initiatique n’est que
la mise en route d’un processus chez le récipiendaire. Il ne permet que l’accès à ce que l’on
pourrait appeler l’initiation "virtuelle", c'est-à-dire potentielle. Il faudra ensuite un long travail
personnel pour que cette initiation virtuelle devienne effective, c'est-à-dire qu’elle se réalise.
Parmi toutes les formes initiatiques que nous connaissons, il en est une qui intéresse
particulièrement le monde occidental : la Chevalerie. Comme la Franc-Maçonnerie, la
Chevalerie est fondamentalement de nature chrétienne. Entre la Chevalerie et la noblesse,
nous pourrions dire qu’il existe le même rapport qu’entre les ordres monastiques et le
clergé. La différence se situe au niveau de l’intériorité. En d’autres termes, la Chevalerie est
le noyau intérieur de la noblesse. Elle est l’équivalent de la caste des guerriers dans
l’organisation sociale indienne. L’occident chrétien connaissait trois "ordres" : le clergé, la
noblesse (guerrier), le tiers-état (commerçants et artisans qui assuraient la subsistance).
Ces trois ordres correspondent respectivement à l’Esprit, à l’Ame et au Corps. De même
que la fonction de l’Ame est d’assurer l’union entre l’Esprit et le Corps, la noblesse avait
Il est important de se souvenir que, jusqu’au XIVe siècle, il n’était pas indispensable
d’appartenir à la noblesse pour devenir chevalier. Le titre de chevalier est conféré en
fonction de la valeur morale d’une personne et non en fonction d’un titre inné. La Chevalerie
connaissait trois degrés, allant du plus social au plus spirituel :
Actuellement, bien que la Chevalerie en tant que telle soit devenue anecdotique, sauf pour
ce qui concerne l’Ordre de Malte, l’esprit de la Chevalerie continue de souffler. Certains
ordres poursuivent la transmission de cette forme initiatique visant à tirer le meilleur de l’être
humain. Quelqu’un disait : "être noble, c’est maintenir ; être chevalier, c’est se surpasser".
Le Chaos et l'Ordre
Un article paru dans la revue Science & Vie numéro 954 (mars 1997), "Et la vie émergea du
chaos", signé par Roman Ikonicoff, tente d'expliquer scientifiquement le passage du chaos
à l'ordre. Il nous a paru intéressant de comparer les données scientifiques concernant le
mécanisme de complexification de la vie et ce que dit la Tradition sur le même sujet.
"Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. La terre était informe et
vide, il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme, et l'esprit de Dieu se
mouvait au-dessus des eaux.
Dieu dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était
bonne; et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres. […]
Dieu dit : Qu'il y ait une étendue entre les eaux, et qu'elle sépare les eaux
d'avec les eaux. Et Dieu fit l'étendue, et il sépara les eaux qui sont au-dessous
de l'étendue d'avec les eaux qui sont au-dessus de l'étendue. Et cela fut ainsi.
Dieu appela l'étendue ciel. […]
Dieu dit : Que les eaux qui sont au-dessous du ciel se rassemblent en un seul
lieu, et que le sec paraisse. Et cela fut ainsi. Dieu appela le sec terre, et il
appela l'amas des eaux mers." (Genèse 1:1-10)
Ce texte nous confirme ce que nous savions grâce à l'étude de la symbolique des
Nombres : la création est une division et non une multiplication ! La création se fait par
distinction et non par séparation proprement dite.
Selon l'une des principales lois de la physique, la création ne devrait pas exister ! Si l'on en
croit la physique, ni l'homme, ni les animaux, ni les végétaux ne devraient exister.
Pourquoi ? Parce ce que selon la physique, tous les systèmes ne peuvent naturellement
évoluer que vers des systèmes de moindre énergie. Sauf s'il y a intervention extérieure.
Autrement dit, quand un système décrit par un certain nombre d'informations se transforme
en un autre système décrit par d'autres informations, il ne peut lui transmettre la totalité de
son énergie car une certaine quantité de celle-ci se dégrade.
L'auteur de l'article prend l'exemple d'un tas de briques et d'un mur construit au moyen de
celles-ci. La structure du mur est plus "intelligente" que celle du tas de briques. On dit
qu'elle est plus "profonde". Et pourtant, quantitativement, rien n'a changé : il y a toujours
autant de briques. Comment exprimer le changement survenu sinon en termes
d'informations : l'ensemble des informations nécessaires à la description du tas de brique
s'est transformé en un ensemble d'informations nécessaires à l'édification du mur. Et pour
accomplir le changement, il a fallu un travail, c'est-à-dire de l'énergie.
Il est bien évident qu'il existe une différence de "profondeur" entre un atome et un homme.
pour une quantité de matière équivalente, l'homme est beaucoup plus "profond" que
l'ensemble des atomes qui le composent. Les scientifiques se demandent s'il existe un
rapport entre l'augmentation de la complexité ("profondeur") et la quantité d'énergie
nécessaire à la transformation.
Revenons à nos briques pour constater que, contrairement à ce que suggère l'intuition, la
description du mur exige bien moins d'informations que celle du tas de briques.
Ce que les hommes appellent Dieu serait peut-être cette force à l'oeuvre dans toute chose
pour la ramener inexorablement vers l'unité.
Il en va des mots comme des hommes : il n’en existe pas deux qui soient exactement
semblables, il n’y a pas de synonymes parfaits. L’invention du concept de synonyme est
une conséquence de l’évolution moderne, et qui participe de la tentative obstinément
soutenue d’uniformiser la Création, c’est-à-dire de nier à chacun de ses éléments sa
spécificité.
Cette constatation, pour banale qu’elle soit, n’en est pas moins fondamentale quand elle
s’applique à la distinction des concepts d’Ame et d’Esprit. On constate en effet que le
langage religieux lui-même entretien cette confusion. Il nous semble important de clarifier
ces termes à la lumière de la Tradition.
Lors de la conception, on dit que l’Esprit s’incarne. L’Esprit est l’émanation du Principe en
Chacun de nous. Il est la partie principielle – certains diront « divine », d’autres l’appelleront
l’Etre – qui, pour se manifester, doit revêtir un Corps matériel. En effet, pour que l’Esprit,
puisse se manifester, la présence de la matière en tant que support est indispensable. Pour
imaginer cela par une analogie, il suffit de se rappeler que la lumière du soleil (qui
symbolise le Principe), pour se rendre visible, doit s’attacher à une forme matérielle : tant
qu’elle voyage, sans obstacle, dans L’Esprit, en tant qu’émanation du Principe-ciel, est
éternel. Il est symbolisé par un axe vertical, alors que le Corps-Terre est symbolisé par un
axe horizontal. Pour que cette union puisse durer et s’animer, il lui manque l’Ame. L’Ame
est, comme l’indique son étymologie, ce qui nous anime.
Les chinois l’appellent le QI, l’énergie cosmique, dont le QI humain ne constitue qu’un
fragment. L’Ame est donc tout ce qui nous mobilise, tout ce qui nous meut et nous émeut, y
compris nos sentiments, aussi élevés qu’ils puissent être. Le versant exotérique d’une
religion s’adresse aux sentiments et aux passions et adopte donc logiquement un langage
sentimental et passionné. Là se situe la cause des fanatismes religieux et des malheurs
qu’ils engendrent. Par contre, le versant ésotérique s’adresse à l’Esprit, ce qui le situe au-
delà de la dualité et donc des sentiments individuels. A ce niveau n’existe aucune
opposition d’idées et d’idéaux, et donc aucune source de conflit.
L’Esprit est inaccessible aux sentiments et, par conséquent, à l’homme prisonnier de ses
sentiments. Dans le monde de l’Esprit, il n’y a pas de place pour la dualité que les
sentiments nous font nommer « bien » et « mal ».
La mort correspond à la désunion de ces trois principes, et c’est ce qui se produit lorsque
l’énergie qui nouait l’ensemble est épuisée. A ce moment, le Corps retourne à la Terre-Mère
(« Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière »), et l’Ame-énergie
se dissout à nouveau dans l’océan d’énergie qui constitue l’Univers.
L’Esprit quant à lui n’est nullement affecté par la séparation des deux autres principes. Il est
et reste immuable, égal à lui-même.
Le langage des mots est bien pauvre. Il suffit de constater combien il nous est difficile de
décrire une sensation physique ou psychique : nous utilisons en général un système de
métaphores ou de comparaisons. Mais lorsqu’il s’agit des choses de l’Esprit, les mots ne
nous sont plus d’aucune utilité : se situant au-delà de la Manifestation, le langage de l’Esprit
est celui des symboles. Il est assurément bien naïf de croire que les Anciens ont voulu nous
cacher certaines choses secrètes sous le voile des symboles. Cette attitude correspond
parfaitement à la mentalité de l’homme moderne qui préfère toujours chercher chez autrui la
cause de sa propre ignorance. Souvenons-nous que les Anciens n’utilisaient : le langage
symbolique que lorsque le langage des mots était incapable de rendre une Vérité. Ils
n’exprimaient pas certaines choses en langage symbolique pour les cacher, mais, bien au
contraire, pour les révéler. Tout est là, à portée de tous, mais la Lumière de l’Esprit se
mérite et ne s’offre qu’au Cherchant, devenu Persévérant et Souffrant.
Toute forme traditionnelle, et donc toute religion, se doit de posséder un double langage
verbal et symbolique. Nier l’un des deux revient à se condamner à disparaître comme ont
disparu tant de grandes civilisations lorsque la fin de leur temps était venue. Se couper du
langage symbolique c’est se couper de sa source spirituelle que tant de peintres ont rendu
sous la forme de la fontaine de jouvence. L’Esprit est en effet cette source intarissable qui
seule peut permettre l’homme immortel en lui permettant de se placer au-delà de la dualité
du monde manifesté. La quête de l’immortalité des Alchimistes n’est probablement que cela
et tout cela : vivre dans son Corps d’homme, réserver et limiter les sentiments à leur
domaine particulier de communication horizontale entre les hommes, et en tenir fermement
l’axe du Ciel auquel est appendu l’Esprit. Tout en rejetant toute idée de syncrétisme, il
semble exister une analogie entre l’Esprit et le DAO (= la « Voie ») des Chinois. Or, le
Christ n’a-t-il pas dit : « Je suis la Vie et la Voie » ? En suivant cette voie, peut-être
arriverons-nous à harmoniser en nous ces trois Principes, laissant chacun d’eux à la place
qui lui revient, n’oubliant jamais que seul le Principe-Esprit est réel, et que toute la
Manifestation-Corps-Ame n’est qu’illusion.
Plus que jamais, il nous semble important pour l’homme moderne de définir avec précision
les termes qu’il utilise et de distinguer soigneusement leurs limites. Ceci est même vital
lorsqu’il s’agit de mots aussi lourds de sens que « Corps, Ame, Esprit ». A cette condition,
nous pourrons peut-être mieux nous « entendre ».
Se demander pourquoi l'univers est là, c'est absurde, parce que cela suppose qu'il aurait pu
ne pas être. Et, s'il n'avait pas été, il n'y aurait eu personne pour se poser la question.
L'homme a donc imaginé une conscience, un Dieu antérieur à l'univers, et qui se serait
posé la question de savoir s'il fallait ou s'il avait envie de créer l'univers, et qui dès lors se
serait interrogé sur sa structure. Et quant à la structure de l'univers, ce Dieu aurait alors pu
se trouver devant un choix ou une obligation. Or, se poser ce genre de question n'a aucun
sens puisque cela reviendrait à considérer Dieu comme éprouvant des besoins ou des
envies, c'est-à-dire comme étant capable d'éprouver un sentiment de manque et donc d'être
incomplet. Ce qui est évidemment contraire à la définition même de Dieu.
En réalité, l'univers est là "depuis toujours", c'est-à-dire de toute éternité, et c'est de cet
univers que sont "sortis" les êtres qui ont inventé Dieu.
Mais alors, comment expliquer que de l'essence d'un être éternel aient pu naître le temps et
l'espace. En effet, nous pourrions imaginer soit une éternité immuable, soit un changement
impérissable, c'est-à-dire continu et toujours pareil à lui-même. Dans la première hypothèse
il n'y a pas de transformation, et dans la seconde, la transformation est continue et
identique pour toutes les formes manifestées, ce qui n'est pas le cas.
Il semble évident que le temps et l'espace sont intimement liés et qu'ils ne sont que deux
faces différentes de la même réalité.
Comment passer de l'être pur au devenir ? Dieu est-il un éternel devenir qui se répéterait
toujours au regard d'une conscience ? Serait-ce le regard de l'homme incarné qui lui donne
l'impression de vivre dans le temps et l'espace, et ceux-ci ne seraient-ils alors que des
illusions ? Ces questions ont-elles un sens ?
Cela pose le même problème que celui de la définition du présent qui est inexorablement
vouée à l'échec.
humain qui fait que l'homme se pose la question de l'immortalité. L'homme vit dans l'illusion
d'agir, de penser et d'hésiter, car tout est déterminé, et sans doute même les questions que
nous nous posons. Celle-ci nous incitent à nous élever pour tenter d'obtenir LA réponse,
mais cette "élévation" nous privera de l'état d'homme, c'est-à-dire de dualité et donc de
possibilité de conscience. C'est là que se situe la souffrance de l'homme : être homme et
être conscient, y compris de sa temporalité, ou être dieu et perdre sa conscience.
C'est alors que surgit la question suivante : comment l'intemporel a-t-il pu engendrer une
pensée qui ne le comprend pas ? Il ne s'agit pas là d'une incapacité transitoire. Sauf si cette
pensée est provisoirement bridée par un voile qui se lèverait un jour. Mais alors la
conscience disparaîtra également puisqu'elle est nécessairement liée à la différence. La
conscience serait-elle la source de la souffrance de l'homme ?
Imaginer que l'univers a été construit par quelque chose pour expliquer qu'il existe
conduirait alors à se demander si ce quelque chose, à son tour, pour être là, aurait dû être
créé par quelque chose d'autre, ce qui conduirait à une impasse.
Tous les mots que nous pouvons utiliser pour essayer d'exprimer l'éternité sont limités. Dire
qu'une chose existe "depuis toujours" ou "depuis le départ" revient à utiliser des termes
temporels.
Les notions d'univers, de Dieu et d'éternité ne sont sans doute là que pour nous faire
réfléchir car jamais aucun être humain ne pourra les approcher. Sans doute est-ce pour
cela que la mort est considérée comme l'Initiation réelle. Mais n'est-ce pas, une fois encore,
une idée née de la frustration de l'homme ?
Plan de l'article
● Introduction
● Essai de définition du symbole
● Approche terminologique
● Propriétés du symbole
Introduction
Nous assistons en cette fin de siècle et de cycle à une véritable redécouverte du symbole.
Or, comme souvent dans notre monde moderne et occidental, certains tentent de donner
une coloration « scientifique » à des éléments traditionnels, ce qui ne fait évidemment
qu'ajouter à la confusion ambiante. Il nous semble dès lors utile de resituer certains aspects
fondamentaux.
Mircea Eliade, dans « Images et Symboles », souligne plusieurs raisons à cette curieuse
renaissance de l'intérêt de nos contemporains pour le symbole :
● objet coupé en deux, dont deux hôtes conservaient chacun une moitié. Les deux
parties servaient à faire reconnaître les porteurs et à prouver les relations
d'hospitalité contractées auparavant
● objet servant à prouver l'identité
● tout ce qui constitue une garantie
● gage, signe : comme les jetons que les juges d'Athènes recevaient en entrant au
tribunal
● un traité entre deux Etats en vue de garantir la sécurité mutuelle des citoyens
● un contrat entre deux personnes
● un reçu, une quittance faite en double exemplaire
● un mandat donné par l'empereur
On voit que toutes ces définitions concernent le monde profane. Voici ce qu'en pensaient
les Pères Grecs :
Le mot « symbolum » fait son entrée dans le vocabulaire latin à partir du IVe siècle. A partir
des éléments historiques cités ci-dessus apparaissent deux sens particuliers :
● sens juridique de contrat : il s'agit d'un contrat passé, basé sur un signe par lequel on
se reconnaît. Ce signe est matériel. De ce sens fondamental dérivent les notions de
document, doctrine d'initiation, culte, confession de foi. C'est surtout cette notion de
formule de foi qui sera retenue par l'Eglise.
● Le second sens nous oriente vers le monde de la connaissance puisqu'il est question
Dans la conception actuelle, le symbole a reçu d'autres définitions qui viennent compléter
son sens. Pour A. Lalande (Vocabulaire technique et critique de la philosophie), à la notion
de signe de reconnaissance on doit ajouter celle de « symbole » algébrique, mais
également :
Urech, dans son « Dictionnaire des symboles chrétien », voit dans le symbole un signe, au
sens le plus large du mot : une figure ou une image qui tend à faire comprendre une réalité
de l'esprit.
Le symbole est un signe : il permet le passage du visible à l'invisible. Le signe est un acte
ou un geste du composé humain formé de deux valeurs, charnelle et spirituelle,
indissolublement liées entre elles mais de qualités différentes, l'une étant supérieure à
l'autre en perfection. L'homme seul est capable de mettre l'invisible dans le visible, le
spirituel dans le charnel.
Selon Jung, la pensée symbolique est consubstantielle à l'être humain. Les symboles
revêtent certains aspects de la réalité. Dès lors, selon lui, les images, les mythes et mes
symboles ne sont pas des créations irresponsables de la psyché. Ils répondent à une
nécessité. Ils remplissent une fonction, celle de mettre à nu les plus secrètes modalités de
l'être. Certains scénarios apparaissent quasi identiques dans les rêves et dans les mythes.
D'où sa théorie des images archétypielles. Nous sommes ici aux sources de l'instinct.
"L'archétype est une forme symbolique qui entre en fonction partout où il n'existe encore
aucun concept conscient". Pour Jung, les archétypes sont des forces primordiales, de
véritables organes psychiques capables d'appréhender un certain réel. Le symbole joue dès
lors un rôle important dans la vie psychologique. Il constitue un mode autonome de
connaissance en vue de construire une sagesse.
Approche terminologique
L'emploi du mot "symbole" révèle des variations de sens considérables. Il importe de bien
distinguer l'image symbolique de toutes les autres avec lesquelles elle n'est que trop
souvent confondue. De ces confusions résulte un affadissement du symbole. Si les
frontières ne sont pas toujours évidentes en pratique, entre les valeurs de ces images, c'est
une raison supplémentaires pour les marquer avec force en théorie.
● emblème : figure visible adoptée par convention pour représenter une idée, un
être physique ou moral.
Toutes ces formes imagées de l'expression ont en commun d'être des signes et de ne pas
dépasser le niveau de la signification. Hégel dit de l'allégorie qu'elle est un "symbole
refroidi".
Les "symboles" algébriques, mathématiques, scientifiques, etc., ne sont que des signes.
1. Ecole qui interprète les textes religieux et les oeuvres d'art comme expressions
symboliques du sentiment ou de la pensée. Il existe ainsi un symbolisme théologique,
un symbolisme énergétique, un symbolisme philosophique, etc.
2. Capacité d'une image ou d'une réalité à servir de symbole : symbolisme solaire ou
lunaire par exemple.
Propriétés du symbole
Le retour à la santé
Nous savons tous que des soins attentifs et appropriés peuvent soulager la souffrance et au
moins supprimer les symptômes de la maladie, si pas la chasser. Mais si la cause demeure,
elle reviendra tôt ou tard, sous une forme ou sous une autre.
La guérison véritable n'interviendra que si nous agissons sur l'esprit plutôt que sur le
symptôme extérieur.
Ne perdons jamais de vue que tomber malade nous apporte des avantages que notre
inconscient n'est pas prêt à abandonner. Mais il est plus facile de dire que c'est le corps qui
est malade et qu'il faut guérir.
Chaque zone malade de notre corps véhicule un message qu'il convient de décrypter.
Que ce soit une colère refoulée, une rancune, une peur qui s'ignore ou la honte d'une
situation oubliée, enfuie dans l'inconscient, il y a probablement un "péché" à pardonner
derrière chaque souffrance et chaque maladie. Par "péché" nous entendons ici toutes les
pensées et actions négatives qui renforcent notre ego au détriment de la partie "divine"
présente au plus profond de tout être.
Car, quelque part, c'est toujours un sentiment de culpabilité qui engendre nos symptômes
physiques désagréables. "Culpabilité" faisant un peu trop judéo-chrétien, en langage "new-
age" on dira plutôt que l'on "ne se sent pas OK" ou qu'on "ne se sent pas en harmonie avec
soi-même ou avec les autres".
Cette perte de l'absolution ne serait pas grave si l'homme moderne n'oubliait pas si souvent
de faire son examen de conscience et d'accorder ensuite ce pardon (à lui même ou aux
autres) qui lui fait tellement défaut aujourd'hui.
Le monde dans lequel nous sommes incarnés est une sorte d'école qui a pour but notre
perfectionnement. Chaque épreuve, chaque souffrance, chaque maladie est un
apprentissage. Libre à nous d'en tirer les leçons maintenant ou d'attendre qu'elles se
reproduisent jusqu'à ce qu'enfin nous comprenions.
Vouloir changer le monde pour connaître le bonheur est une croyance créée par notre ego
pour nous entretenir dans l'illusion du monde. Tant que nous croirons que la cause de nos
joies ou de nos souffrances est extérieure à nous, nous ne connaîtrons ni l'harmonie, ni le
bonheur.
C'est pourquoi, depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, la connaissance de soi (gnôti seauton) a
toujours été le commencement de la sagesse.
Chaque fois que nous nous irritons contre quelqu'un, cela signifie que nous avons rencontré
un miroir nous renvoyant ce qui nous pose problème. Si un défaut nous agace chez les
autres, c'est que quelque part dans notre esprit il est également présent, aussi bien caché
et refoulé soit-il.
Un dividende que nous attendons de la colère est que notre adversaire se sente coupable
et reconnaisse qu'il est la cause de notre détresse. C'est donc à lui qu'appartient désormais
le problème, plus à nous. Notre croyance est que la colère va nous permettre d'obtenir ce
que nous désirons, alors qu'en réalité elle ne fait qu'agrandir la distance qui nous sépare
des autres.
La colère cache la source réelle du problème, qui est dans notre esprit. Elle nous renforce
dans notre croyance que nous sommes une victime et que la responsabilité est en dehors
de nous.
Lorsque nous tombons malade, nous trouvons toujours quelqu'un ou quelque chose à qui
imputer la responsabilité de notre maladie. C'est cette même partie de nous-mêmes qui est
vissée devant la TV ou qui dévore les magazines pour voir des catastrophes dans le
monde, des accidents, des agressions, car ils renforcent son sentiment d'être une victime
innocente. Dans certains cas extrêmes, c'est ce désir d'être une victime qui pousse
certaines personnes jusqu'à mourir d'une maladie dans l'espoir que cela amène quelqu'un
d'autre à se sentir coupable.
Le monde ne fait que refléter notre système de croyances, c'est-à-dire les idées
dominantes, les souhaits, les émotions qui se trouvent dans notre esprit. Si nous projetons
notre colère, nos pulsions agressives, notre manque d'amour sous toutes ses formes, nous
ne verrons qu'un monde fait de destruction, de méchanceté, d'envie et de désespoir. Mais
en apprenant à reconnaître nos erreurs de perception, nous apprenons à regarder au-delà
d'elles; c'est ce que certains appellent "pardonner". Simultanément nous nous pardonnons
à nous même, c'est-à-dire que nous apprenons à regarder au-delà de notre ego pour voir le
Soi divin qui est en nous.
Cela ne va pas toujours sans mal. Nous nous sommes tellement identifié au système de
pensée de l'ego, que nous avons l'impression de sacrifier quelque chose qui nous est très
cher. Le pardon nous enseigne que nous sommes finalement tous semblables. Il nous rend
la conscience de notre unité avec Dieu et avec nos semblables.
La guérison relève d'un choix. Beaucoup cherchent un refuge dans la maladie, car la
guérison menace leur croyance en la différence et par là même l'existence de leur ego.
Déjà du temps de Jésus, le monde des apparences était préféré au royaume de l'esprit qu'Il
venait offrir.
Beaucoup demandent qu'on les guérisse, mais qu'on ne change surtout pas leur regard sur
eux-mêmes et sur le monde. Ils veulent faire disparaître les symptômes, mais qu'on ne les
oblige surtout pas à réfléchir sur eux-mêmes et encore moins à changer leur comportement
et leurs habitudes négatives.
Il faut que nous voulions changer et que nous cessions d'être une sorte de machine à
propagande qui répète tous les vieux concepts stéréotypés, les idées, les croyances
implantées dans notre esprit subconscient depuis notre naissance.
Il n'y a ni bien ni mal, ni vrai ni faux, ni mieux ni pire. Il n'y a que le progrès, l'apprentissage
et l'épanouissement de la conscience. Il n'y a pas de problèmes, il n'y a que des défis. Il n'y
a ni erreurs, ni fautes, ni échecs, il n'y a que des leçons apprises sur le chemin du devenir.
Plus nous voyons de situations, plus nous mûrissons et plus nous reprenons confiance. Et
plus nous serons confiants, plus nous serons heureux.
La pensée est la seule puissance créatrice. Si nous voulons nous élever spirituellement, il
faut cesser une fois pour toutes de donner pouvoir aux conditions, aux circonstances, aux
personnes ou aux choses extérieures. La seule puissance c'est Dieu, et nous lui sommes
unis lorsque nous disons:
"Mes pensées sont les pensées de Dieu et la puissance de Dieu accompagne mes pensées
constructives".
Le mot "Tradition" vient du latin "tradere" qui signifie transmettre, sous-entendu des dieux
aux hommes et des hommes aux hommes. L'idée est que, in illo tempore, lors de ce que les
religions appellent la "Chute", il y eu rupture de communication entre les dieux et les
hommes, ce qui implique qu'auparavant il existait une communication directe. Par la suite,
de nombreux essais ont été faits par les hommes pour recréer ce lien entre le Ciel et la
Terre. Le plus connu est la Tour de Babel, mais tous les temples de toutes les religions
jouent ce rôle (clochers, pyramides, minarets, arbres chamaniques, etc.).
Malgré cette rupture, les hommes ont continué à transmettre le message initial, mais sous
une forme de plus en plus occulte, sous la forme de textes abscons ou de symboles. Le
symbolisme étant la seule manière de transcrire la langue des dieux en langage humain.
La Tradition transmet les règles fondamentales qui régissent l'Univers. Une médecine
traditionnelle est donc une médecine basée sur les mêmes principes. Elle respecte l'homme
en lui reconnaissant une place et un rôle dans l'Univers. Ses conceptions de la physiologie
et de la pathologie humaines sont par conséquent en harmonie avec les grandes lois de la
Nature.
Toutes les Sciences traditionnelles répondent donc au même schéma unique qui régit
l'ensemble de la Création. Elles n'évoluent donc pas dans leur principe mais éventuellement
dans leur compréhension.
Une Science traditionnelle n'a donc pas de découvreur, d'inventeur ou de fondateur, sinon
éventuellement un personnage mythique.
Les Chinois disent que lorsque l'Unité se divise pour donner le Deux les souffles (énergies,
QI) légers montent pour former le Ciel et les souffles lourds descendent pour former la
Terre. Tout ce qui est l'ordre du Ciel est YANG, tout ce qui est de la nature de la Terre est
YIN.
C'est l'action du YANG sur le YIN qui engendre la Création dont l'Homme est le symbole.
L'homme est donc composé de souffles YANG et de souffles YIN en proportions variables.
Leur équilibre signe la santé, leur déséquilibre provoque la maladie, leur séparation
entraîne la mort.
L'homme est parcouru en permanence par les méridiens YANG qui descendent du Ciel et
par les méridiens YIN qui montent de la Terre.
De même que le système solaire comporte un centre, le Soleil, autour duquel gravitent des
planètes, le centre de l'homme est la Coeur (l'anatomie moderne parle encore de plexus
solaire) autour duquel gravitent les autres organes.
Les fonctions des organes sont beaucoup plus étendues que celles qui leur sont reconnues
par la médecine allopathique.
Chacun des 12 méridiens est en relation avec un organe ou une fonction du corps humain.
Ces lignes de force, que l'on pourrait définir comme des zones de circulation préférentielle
de l'énergie, se retrouve bien évidemment dans toute la nature et notamment sur la Terre.
Les menhirs des Anciens étaient des sortes d'aiguilles d'acupuncture à l'échelle de la Terre
permettant de corriger certains troubles ou de concentrer certaines énergies pour des
raisons religieuses ou initiatiques.
Les méridiens vont donc comporter également des points permettant d'agir sur l'énergie en
profondeur, ce sont les 365 points d'acupuncture.
L'énergie est une, mais va revêtir des noms différents selon sa localisation et ses fonctions :
1. Energies ancestrales :
● YUAN QI : énergie principielle. Projet que les dieux ont pour nous.
● ZHONG QI : énergie héréditaire. Projet que nos ancêtres ont pour nous.
● JING QI : énergie de l'environnement. Projet que notre milieu naturel a pour nous.
C'est cette énergie qui permet de transformer les aliments extérieurs en éléments
utilisables par l'organisme.
2. Energies "quotidiennes" :
● WEI QI : énergie défensive qui nous protège contre le froid, les agressions, etc. Elle
circule en superficie durant la journée et se replie en profondeur durant la nuit (ce qui
explique que nous soyons plus frileux et plus vulnérables aux maladies durant notre
sommeil).
● IONG QI : énergie extraite des aliments
Traitement
Les Chinois proposent de considérer la maladie comme un visiteur décidé à explorer une
maison. Laissons-le entrer et accompagnons-le dans les différentes pièces pour éviter qu'il
n'abîme certaines choses. Puis, raccompagnons-le à la porte.
La maladie est toujours la conséquence d'un déséquilibre entre le YIN et le YANG. Elle peut
donc toujours se résumer à Vide, Plénitude ou Stagnation de YIN ou de YANG. Le
diagnostic comporte plusieurs phases dont la première est l'interrogatoire. Celui-ci consiste
en une tentative de "traduction" des symptômes du patient en termes de Vide, Plénitude ou
Stagnation de YIN ou de YANG.
Ensuite, l'examen de la langue, de la peau, des yeux et du pouls doit confirmer ou infirmer
le résultat de l'interrogatoire.
L'idée générale est la prévention des maladies par la prise régulière du pouls. Dans
l'Antiquité, les médecins Chinois n'étaient d'ailleurs rétribués que pour maintenir le patient
en bonne santé. S'il venait à tomber malades, les soins devaient être fournis gratuitement !
Conclusion
Pour l'homme animé d'un souffle, d'une pensée et d'un geste le silence ouvre un chemin
privilégié de retour à l'essentiel.
● Sur le mode méditatif entendu comme marche vers le centre, le silence opère le
retournement. Retournement des sens, de l'extérieur vers l'intérieur, fin de l'agitation
existentielle et ouverture à l'indicible présence.
● Sur le mode méditatif entendu comme accès à soi-même, le retrait du monde coloré
permet d'entendre la vie bruissante et et parfois bruyante de l'intérieur.
Turbulences des émotions qui agitent le coeur, habillent l'âme et occupent l'esprit.
Silence du recueillement où se décantent les personnages et les discours institués
qui, à notre insu, nous enchaînent dans une conscience forcée par l'histoire de notre
vie.
Tension - dépouillement - abandon - reconnaissance - réconciliation - abord de
l'inquiétante mais savoureuse exigence d'être autre.
Non qu'il y aurait en nous une autre personne en attente d'une destinée plus juste
mais plus fondamentalement puissance d'être à l'infinitif, c'est-à-dire sur un mode non
défini, non emprunté et toujours inachevé.
● Sur le mode méditatif entendu comme expérience de soi, le silence du besoin d'avoir
l'air libère une virginité toujours renouvelée pour la rencontre de l'autre.
Silence du voyageur qui part les mains vides à la découverte du monde et de sa
différence.
Silence amoureux qui refuse l'assimilation digestive de l'autre qui le ramene toujours
au même et à soi-même.
● Sur le mode méditatif entendu comme appel à l'autre, le silence est une capacité
inventive qui se nourrit de l'expérience partagée de la rencontre.
Silence innocent qui écoute la parole fécondante, parole de l'autre mais aussi autre
parole qui suscite et invite à se dire.
Responsabilité du silence qui engage et libère l'autre, garant de ma liberté qui ne finit
pas mais commence avec la liberté de l'autre.
Jean-Luc Perot
Aspects du symbole
Dès qu'un concept se trouve formulé, c'est-à-dire décrit et défini, il devient statique,
exotérique. Or, c'est précisément ce que nous faisons avec notre intelligence cérébrale.
C'est pour cela que la seule compréhension possible des choses de l'Esprit passe par une
manière d'imprégnation ou intelligence cardiaque. La forme intuitive de l'intelligence est une
intelligence dynamique, ésotérique.
Le symbole peut être défini de plusieurs manières qui seront toutes, par définition,
incomplètes en fonction précisément de ce qui vient d'être dit. Disons alors que le symbole
est un élément concret qui nous évoque une réalité d'un autre ordre. Contrairement à ce
que s'imaginent ceux qui ont perdu cette forme de compréhension, le symbole ne sert donc
pas à cacher certaines choses aux regards indiscrets, mais au contraire à révéler des
vérités inaccessibles à l'intelligence rationnelle, c'est-à-dire ne pouvant pas être exprimées
en mots.
Le symbole est donc une fenêtre s'ouvrant sur un autre monde seulement accessible à un
mode de pensée unitaire. Lui seul permet de comprendre (au sens étymologique du terme :
prendre ensemble) les dualités et leur simultanéité.
Si nous examinons la notion de temps, nous admettrons logiquement qu'il se mesure par le
mouvement, c'est-à-dire par rapport à l'espace : le temps est déterminé par le déplacement
de la Terre dans l'espace. Or, le mouvement est soit terminé soit à venir, ne pouvant être à
la fois passé et futur. Que devient dès lors le Moment Présent ? Il ne peut être situé qu'en
dehors du temps et échappe donc à la compréhension humaine puisque l'homme est
entièrement baigné et soumis au temps et à l'espace. Le Moment Présent évoque donc
l'Absolu, dont l'approche ne peut se faire que par le symbole qui seul nous permet
d'échapper à nos limitations humaines.
Ce sont nos limitations cérébrales qui nous font parler d'avant la naissance et après la mort.
Corollairement à cela, assimiler la mort à l'éternité est absurde car la seule éternité se situe
justement dans le Présent. L'attitude inverse reviendrait à accepter la notion de temps
linéaire que tente de nous imposer la science, et surtout de courir sans repos vers un futur
qui se dérobera sans cesse à nous.
Seul le symbole nous permet de nous glisser dans cette faille entre le temps et l'espace,
entre le passé et le futur.
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Tradition
Commençons par préciser que la Tradition n'est pas à confondre avec un quelconque
traditionalisme dogmatique quel qu'il soit. Si elle n'était que simple fixation sur le passé, elle
serait un musée, si elle n'était que réminiscence des formules du passé, ce ne serait qu'un
dictionnaire, et si elle n'était que la survivance des valeurs du passé, ce serait du folklore.
Le mot "Tradition" vient du latin tradere qui signifie "transmettre", avec la notion de
transmettre quelque chose des dieux vers les hommes, et des hommes entre eux depuis
l'origine des Temps. La Tradition est l'ensemble de la Connaissance (à ne pas confondre
avec le savoir) portant sur l'origine et la fin de la Création et de la Créature. Elle constitue la
base commune de toutes les religions lorsqu'on accepte de les considérer au-dessus des
particularismes créés par leurs clergés. C'est aussi le langage des Sciences Traditionnelles
que sont l'Alchimie, l'Astrologie et les Nombres
La Tradition s'exprime selon un langage particulier qui est le langage symbolique. Celui-ci
revêt plusieurs formes, puisqu'il existe une symbolique visuelle, sonore, gestuelle,
scripturaire, etc. Mais la Tradition s'exprime également à travers les mythes, les rites, les
contes de fées, l'architecture, la peinture, la musique, etc.
En fait, la Tradition est au présent ce que la source est à la rivière, elle est ce qui vivifie le
monde.
Nous pourrions paraphraser Maeterlinck en disant que les doctrines traditionnelles ont sur
les vérités un privilège étrange, elles ne peuvent ni vieillir ni mourir. La Tradition n'impose
aucun dogme, aucune interprétation d'aucune sorte.
http://www.kyberco.com/Rotasolis/traditio.htm23/01/2004 01:07:24
Dualite
Le rythme nycthéméral nous plonge inexorablement dans la dualité. La nuit obscurcit le jour
et la clarté illumine les ténèbres. Le repos succède au mouvement et celui-ci anime la
léthargie. Ces différents rythmes duels se reproduisent de manière bipolaire, expression
d'un équilibre instable. Le fléau de la balance nous indique qu'une situation stable, éternelle
et donc unique n'est pas concevable dans notre monde manifesté.
Ce déséquilibre permanent est une nécessité dans toute perspective d'évolution. Sur le plan
spirituel, la respiration cosmique relie le multiple à l'Un et vice versa.
Toute démarche initiatique autorise cette communication. Qui dit communication dit
échange. Pour être efficient, ce dernier mobilise un émetteur et un récepteur entre lesquels
s'établit une relation alternative. Autrement dit, le récepteur caractérisé par la "passivité" à
l'égard de l'émetteur inversera sa polarité pour devenir actif en informant l'émetteur alors
transmuté en récepteur. Cette mutation est prémisse de la transformation de l'individu.
L'échange sera alors constructif, et les deux partenaires de la relation deviendront miroir
pour l'autre.
Cette dynamique duelle est inhérente à la structure spatio-temporelle qui est notre
référence dans nos agissements sur quelque plan que ce soit. On ne peut pas concevoir le
haut sans le bas, la gauche sans la droite, l'avant sans l'arrière, le centre sans la périphérie,
le Ciel sans la Terre.
La voie initiatique nous offre cette possibilité pour autant que nous soyons clairvoyants,
c'est-à-dire guidés heureusement par notre guide intérieur "a-temporel" et "a-spatial"; guide
incarnant notre vision binoculaire dans le troisième oeil. Nanti de cette nouvelle vision,
l'individu sera potentiellement apte à évoluer dans des sphères plus subtiles. Ainsi de
nouveaux champs de conscience s'ouvriront à lui.
Chaque champ aura ses repères propres, ses réflexes spécifiques. De fil en aiguille,
l'espace tridimensionnel sera dépassé au profit d'une structure à quatre ou cinq dimensions.
Chaque changement de plan s'opérera par un retournement analogue au croisement des
circuits nerveux au niveau de la nuque.
Il deviendra possible de gravir l'Echelle de Jacob après avoir intégré le potentiel de chaque
échelon, représentant la résolution de la dualité de ses deux montants. A chaque degré
d'avancement, on peut concevoir que l'individu dilue la dualité dans l'unité qui, elle, s'ouvrira
de nouveau sur la bipolarité. L'Unité virtuellement conquise se contractera puis s'expansera
et se divisera, prélude à tout acte créateur.
Dans notre évolution, la dualité marquera notre vitesse de croisière. Le tangage et le roulis
continuels berceront le voyageur dans sa quête réfléchie et mesurée de l'Absolu. Bâbord et
tribord seront ses marques sur son océan d'investigation.
La dualité est une condition et une nécessité dans notre recherche de l'Unité.
Charly Franssen
Saint Michel est l'Archange protecteur qui préside aux destinées de la Ville de Bruxelles.
Tous les Bruxellois connaissent bien sa représentation, en armure, terrassant le dragon.
Mais avez-vous remarqué que, selon les représentations, Saint Michel a le choix des
armes: une fois on le représente brandissant un glaive, une autre fois clouant le dragon au
sol au moyen d'une lance. Cela pourrait avoir son importance, comme nous le verrons plus
loin.
Notons tout d'abord que Saint Michel "terrasse" un dragon ou un diable. Terrasser signifie
jeter à terre avec violence, vaincre. Venant de "terra", la terre, ce verbe est issu du lexique
de la guerre de siège et utilisé dans le sens de "réduire", "vaincre", puis, à la fin du XVIe
siècle, "jeter à terre".
Il ne s'agit donc pas de le tuer ou de l'exterminer, comme on pourrait le croire.
Dans les prières qui suivent la messe basse, Saint Michel est invoqué comme : "notre
sauvegarde contre les pièges et les embûches du démon", en tant que "capitaine des
armées célestes".
Par ailleurs, le prophète Daniel (Dan 10, 13 et 12, 1) décrit Saint Michel (Mikaël) comme
l'archange protecteur et défenseur du peuple juif, conformément à la croyance du judaïsme
en des anges chargés de protéger les royaumes et les nations.
En conformité avec le texte du Deutéronome (Deut 32, 8) et de l'Ecclésiastique (Sir 17, 17),
les autorités religieuses du Moyen-Age ont donc choisi Saint Michel comme l'ange chargé
de la protection de la ville de Bruxelles.
Il s'agit toutefois d'un chef céleste, c'est-à-dire d'un ange qui gouverne la nation par
délégation de Dieu.
C'est ainsi qu'il apparaît par exemple dans la représentation du jugement dernier, au
tympan de plusieurs cathédrales, ou dans certains tableaux reprenant le même thème,
comme le Saint Michel de Colijn de Coter, exposé aux Musées royaux des Beaux-Arts de
Bruxelles.
Pour être sûr que le fidèle l'ait bien identifié, une fresque espagnole du XIVe siècle le
représente même tenant de la main gauche une balance qui pèse des âmes et de la main
droite une lance qui terrasse un diable en train de s'emparer de l'une d'elles.
Sur les armoiries de la Ville de Bruxelles, il tient la lance.
Un premier sens de cette lance est celui d'"axis mundi", d'axe qui relie le ciel à la terre, le
monde d'en haut à celui d'en bas, le monde spirituel au monde matériel.
En tant que protecteur de la ville, c'est aussi un rôle d'organisation qui lui est assigné, figuré
par l'union du principe céleste, masculin, fécondateur et du principe terrestre, féminin,
réceptacle.
Saint Michel "fixe" le démon: il le cloue au sol avec sa lance. Le principe céleste actif (Saint
Michel ou le Soufre) fixe le principe terrestre (le démon ou le Mercure). Le Mercure fixé
(coagulé) par le Soufre, va donner le Sel qui est la Création, symbolisée par la ville. Mais au
haut de l'hôtel de ville de Bruxelles, la girouette nous montre le même Saint Michel
brandissant une épée et foulant le démon aux pieds.
On peut penser ici, me semble-t-il, au rôle initiatique de Saint Michel. Celui qui mène à une
prise de conscience. Celui qui permet la véritable transformation, intérieure d'abord,
Bien sûr, c'est le premier rôle du protecteur spirituel de la ville que de l'aider à s'organiser, à
transformer les énergies primitives en cité harmonieuse où règnent la paix et la prospérité,
prélude à la Jérusalem céleste.
Mais c'est aussi l'image de la transformation que l'homme doit accomplir, de son évolution
vers le spirituel.
Pour atteindre la Cité Sainte, l'homme doit d'abord réaliser l'harmonie en lui-même, et pour
cela terrasser ses démons intérieurs. Pour atteindre ce but il est indispensable d'utiliser le
mal qui est en nous, qu'on appelle symboliquement les vices, et de le transformer en vertu,
c'est-à-dire en énergie positive.
Plus le mal en nous possède d'énergie, plus, une fois transformé, il devient une énergie
puissante agissant pour le bien.
C'est là la vraie Alchimie.
C'est pour cela, soit dit en passant, que parler d'Alchimie spirituelle est un pléonasme pour
celui qui a dépassé le stade de "souffleur".
Une fois le mal transformé en nous en énergie positive, alors, mais alors seulement, nous
pourront agir utilement sur le mal à l'extérieur de nous-mêmes et devenir utiles à nos
semblables.
Remarquons que le Nouveau Testament nous parle du Christ chassant le démon, pas
l'exterminant ou le détruisant. Il semble bien que la raison d'être du mal, coagulé à l'homme,
soit de lui permettre de le dissoudre par un travail sur lui-même, de purifier sa personnalité
mondaine et d'atteindre l'or pur emprisonné à l'intérieur, sous la gangue.
Les passions et les vices sont comme des loubards qui viennent squatter notre ego: il faut
les déloger. Il faut, au moyen de l'épée, dissoudre les larves qui adhèrent à notre âme et
forment une gangue qui l'empêche d'accéder à la lumière.
La lance ou le glaive qui atteint le noyau, le fait éclater pour que jaillisse l'amande.
Ils sont aussi l'image du discernement dont doit faire preuve le disciple pour séparer le
subtil de l'épais, pour prendre conscience de sa propre réalité qui est sa nature spirituelle.
N'est-ce pas la lance sainte qui fait germer la rose au centre de la croix ? le glaive qui fait
sortir l'esprit de la matière où il était emprisonné ?
C'est en cela peut-être que le symbolisme de Saint Michel, présent partout dans la ville de
Bruxelles, peut nous être utile.
Il peut, si nous ne nous laissons pas trop distraire par la ville profane, nous rappeler à tout
moment notre origine et notre destination.
Les Mythes
● Introduction
● Approche ethno-sociologique des mythes
● Conception traditionnelle du mythe
● Essai de définition du mythe
● Eléments essentiels de l'article
Introduction
Actuellement, tout le monde, ethnologues ou sociologues, culturalistes ou folkloristes,
historiens des religions ou des idées, juristes ou économistes, archéologues ou philologues,
linguistes ou logiciens, psychologues ou psychanalystes, théologiens ou philosophes, tout
le monde s'intéresse aux mythes.
Pourtant, la notion de mythe, si elle a été décrite de cent façons, est loin d'être élucidée,
parce qu'une fois de plus, l'approche qui en a été faite est essentiellement rationnelle. Et de
plus, il y a autant d'avis sur la question que de spécialistes qui s'y sont intéressé.
Pour beaucoup de "savants" contemporains, le mythe est une création humaine destinée à
raconter des événements du passé. Beaucoup sont émerveillés des capacités d'analyse de
ceux qu'ils appellent des "primitifs". Et les mêmes s'étonnent de la manière dont ces
"primitifs" sont arrivés à symboliser les grandes angoisses qu'ils leur attribuent. Tout ceci
provient de l'orgueil sans bornes du monde moderne qui ne peut imaginer un instant que
l'homme n'a pas tout inventé et qu'il n'a rien créé.
C'est d'abord un récit d'un type particulier dont le modèle a été décrit par les histoires des
dieux de la Grèce antique. Et pourtant, tous les mythes ne sont pas des histoires de dieux,
ce sont des histoires de héros, mais distinguées des contes et des légendes.
Le mythe est reçu et accepté par tous les membres du groupe tout en étant une oeuvre
anonyme, sans origine repérable.
Ce récit n'offre d'autre garantie de véracité que l'adhésion de ceux qui le transmettent.
Le mythe est le plus souvent transmis au cours des rites d'initiation, alors que le conte peut
être raconté n'importe quand et à n'importe qui.
Le mythe répond de façon symbolique aux grandes questions soulevées par l'origine de la
Terre, du groupe, de la Nature, des fêtes, du pouvoir du roi, etc.
Le mythe définit et explique les rapports entre les hommes et les dieux, entre les vivants et
les morts.
La plupart des mythes se réfèrent à une époque révolue, à un temps primordial que les
Anciens considèrent comme la matrice du temps présent.
Ce qui surprend les savants ethnologues, c'est que les mythes sont considérés comme
absolument réels par les populations qui les véhiculent. Ils y attachent même beaucoup
plus d'importance qu'aux récits historiques qu'ils considèrent comme la "petite histoire" des
hommes, alors que les mythes leur parlent de l'histoire des dieux et des ancêtres mythiques.
Comment un savant rationaliste peut-il espérer comprendre quoi que ce soit au mythe s'il
s'étonne que ces pauvres gens croient à la véracité d'un récit qu'il juge totalement
irréaliste ?
La théorie évolutionniste du siècle dernier considérait les mythes comme des tentatives
intellectuelles pour expliquer le monde. Selon elle, il s'agissait d'une "pensée confuse,
primitive, embryonnaire et irrationnelle" (J.-G. Frazer). Pour beaucoup de savants de
l'époque, les mythes sont le fruit de croyances résultant elles-mêmes d'une analyse confuse
de la réalité. Il faut savoir que les ethnologues de l'époque n'avaient, le plus souvent, eu
aucune relation directe avec les populations qu'ils étudiaient. Tout ce qu'ils savaient leur
venait des récits des missionnaires ou des explorateurs.
Quand ils se sont rendus sur place, ils ont bien été contraints de constater que les "primitifs"
ne manquaient pas d'intelligence, qu'ils étaient parfaitement capables d'observation et de
raisonnement, et qu'ils étaient parfaitement intégrés dans la réalité qui les entourait. Et de
plus, ces "primitifs" ne confondaient absolument pas la réalité avec leurs rêves, et leur
perception des réalités n'était pas du tout tronquée.
A partir des années trente commence à se développer en France une approche plus
intéressante basée sur le symbolisme. Les recherches portent surtout sur les Dogons et les
Bambaras, deux peuples soudanais. C'est la première fois que l'occident moderne essaie
de comprendre les mythes dans leur totalité : chaque détail doit trouver sa place dans le
système.
A partir de là, l'occident va dresser des cartes des mythes, les répertorier, les comparer, les
disséquer, les analyser, mais toujours avec son regard moderne.
On sait que depuis Xénophane (environ 565-470) les Grecs ont progressivement vidé le
mythos de toute valeur religieuse et métaphysique. Opposé aussi bien à logos que, plus
tard, à historia, mythos a fini par désigner tout "ce qui ne peut pas exister réellement".
De son côté, le judéo-christianisme rejetait dans le domaine du mensonge et de l'illusion
tout ce qui n'était pas justifié et validé par l'un des deux Testaments.
"Le mythe raconte une histoire sacrée ; il relate un événement qui a eu lieu dans le temps
primordial, le temps fabuleux des commencements."
Autrement dit, le mythe raconte comment, grâce aux exploits des Etres Surnaturels, une
réalité est venue à l'existence, que ce soit la réalité totale, le Cosmos, ou seulement un
fragment : une île, une espèce végétale, un comportement humain, une institution.
C'est donc toujours le récit d'une "création" : on rapporte comment quelque chose a été
produit, à commencé à être. Le mythe ne parle que de ce qui est arrivé réellement, de ce
qui s'est pleinement manifesté. Les personnages des mythes dont des Etres Surnaturels. Ils
sont connus surtout par ce qu'ils ont fait dans le temps prestigieux des commencements.
En somme, les mythes décrivent les diverses, et parfois dramatiques, irruptions du sacré
dans le Monde. C'est cette irruption du sacré qui fonde réellement le Monde et qui le fait tel
qu'il est aujourd'hui. C'est à la suite des interventions des Etres Surnaturels que l'homme
est ce qu'il est aujourd'hui, un être mortel, sexué et culturel.
L'essentiel à retenir, c'est que le mythe est considéré comme une histoire sacrée et donc
une histoire vraie parce qu'il se réfère toujours à des réalités. Le mythe cosmogonique est
"vrai" parce que l'existence du Monde est là pour le prouver. Le mythe de l'origine de la
mort est également "vrai", parce que la mortalité de l'homme le prouve, et ainsi de suite.
Du fait que le mythe relate les actions des Etres Surnaturels, il devient le modèle
exemplaire de toutes les activités humaines significatives : mariage, alimentation, travail,
éducation, art ou sagesse. Quand on demande aux Anciens pourquoi ils pratiquent telle ou
telle chose, ils répondent toujours : "Parce que les Ancêtres l'ont ainsi prescrit".
Dans les sociétés où les mythes sont encore vivants, les indigènes distinguent
soigneusement :
Les Anciens considèrent comme "histoires vraies" toutes celles qui sont relatives aux
origines du monde, c'est-à-dire toutes celles qui traitent du sacré ou du surnaturel. Dans les
"histoires fausses" par contre, le sujet est profane.
C'est la raison pour laquelle on ne peut pas raconter indifféremment les mythes. Dans
certaines traditions ils ne peuvent être racontés que devant les initiés. Généralement, les
vieux instructeurs communiquent les mythes aux néophytes durant leur période d'isolement,
et ceci fait partie de leur initiation.
Tandis que les "histoires fausses" peuvent être racontées n'importe quand et n'importe où,
les mythes ne doivent être récités que pendant un laps de temps sacré (généralement
pendant l'hiver et seulement la nuit).
La distinction faite par les Anciens entre "histoires vraies" et "histoires fausses" est
significative. Les deux catégories de narrations présentent des "histoires", c'est-à-dire
relatent une série d'événements qui ont eu lieu dans un passé lointain et fabuleux.
En général :
- les personnages des mythes sont des Dieux ou des Etres Surnaturels
- les personnages des contes sont des héros ou des animaux fabuleux
Tous ces personnages ont ceci de commun : ils n'appartiennent pas au monde de tous les
jours. Et pourtant, les Anciens savaient qu'il s'agissait d'"histoires" radicalement différentes.
Car tout ce qui est relaté par les mythes les concerne directement, tandis que les contes et
les fables se réfèrent à des événements qui n'ont jamais modifié la condition humaine en
tant que telle. Et ceci est vrai même si certains contes ou certaines fables racontent des
événements qui ont modifié les particularités anatomiques ou physiologiques de certains
animaux.
Si le Monde existe, si l'homme existe, c'est parce que les Etres Surnaturels ont déployé une
activité créatrice "aux commencements". Mais d'autres événements ont eu lieu après la
cosmogonie et l'anthropogonie. L'homme, tel qu'il est aujourd'hui, est le résultat direct de
ces événements mythiques, il est constitué par ces événements.
L'homme traditionnel se doit de connaître les mythes et doit surtout les réactualiser
cycliquement.
Il ne s'agit pas de fêter l'anniversaire ou le simple souvenir d'un fait, mais de la réactualiser,
de le rendre à nouveau actuel. Dans la démarche cyclique, les faits se réalisent à nouveau
réellement lors de chaque commémoration. Ce n'est pas une simple commémoration, mais
une réitération. Les personnages du mythe sont rendus présents, on devient leur
contemporain (c'est ce qui se passe lors de certaines fêtes, comme par exemple la
Toussaint. Cette nuit du 31 octobre au 1er novembre, une "énergie" particulière fait qu'il se
crée une sorte de brèche dans le temps et l'espace qui permet de faire communiquer
réellement le monde des vivants et le monde des morts).
Cela implique qu'on ne vit plus dans le temps chronologique, mais dans le Temps
primordial, le Temps où l'événement a eu lieu pour la première fois.
C'est là que se situe la grande différence entre le simple anniversaire et la célébration
cyclique. Cette célébration s'accompagne d'une puissance magique.
Puisqu'il s'agit de répéter cycliquement certains grands événements déjà vécus par les
Dieux, les Anciens attachaient une importance capitale au retour périodique au chaos
primitif. Tel est le sens du carnaval qui précède traditionnellement la fête du renouveau de
la Nature : Pâques. Le carnaval est le souvenir "rejoué" du chaos primordial, période de
confusion et de non-distinction totales. C'est cela le mythe de l'Eternel retour.
Création.
7. le mythe n'est pas destiné à être une explication scientifique. C'est un récit qui fait
revivre une réalité originelle.
Tolérer l'intolérance ?
Très souvent la tolérance est considérée comme une faiblesse, un aimable scepticisme de
laisser faire. C'est vrai que l'histoire nous montre que la tolérance a souvent donné
naissance à l'intolérance absolue. Pourtant la tolérance ne consiste pas à écouter poliment
quelqu'un, à le laisser agir, à le regarder faire sans intervenir. Elle nous oblige au contraire
à intervenir, à ne pas acquiescer pour plaire mais cela, avec sincérité et après réflexion.
La tolérance est la conséquence obligée de toute quête de la vérité, elle réclame le droit à
l'erreur ou plus exactement le droit de modifier ou de rectifier son point de vue.
Le fait d'être - ou de devenir - tolérant est déjà une victoire pour l'homme, un
épanouissement de son intelligence. La tolérance est une vertu féconde et créatrice qui
permet d'élever, de transcender l'homme et qui ouvre des horizons immenses alors que
l'intolérance ne débouche que sur le vide et les ténèbres. La tolérance postule d'abord une
victoire sur soi-même, puisqu'elle oblige de réviser les idées toutes faites sources d'erreurs ;
la tolérance nous oblige à la critique non seulement des idées d'autrui mais surtout de nos
propres pensées. Et ainsi, en libérant l'homme de concepts étriqués, elle est liée à l'idée
même de progrès, de liberté et d'élévation spirituelle.
L'homme tolérant a son opinion, qu'il croit être la bonne puisque c'est la sienne.
Mais il reconnaît les opinions d'autrui comme aussi acceptables que la sienne. Il est prêt à
comparer sa pensée aux autres idées et, s'il essaie de convaincre, il est prêt aussi à se
laisser convaincre. Le tolérant sait qu'il ne détient pas toute la vérité sur tout - et surtout pas
la Vérité - mais que la juxtaposition des idées diverses pourra le conduire à un meilleur
jugement.
J'aime celui qui n'est pas d'accord avec moi et me le dit, mais je n'aime pas celui qui
prétend avoir raison, incapable d'un effort désintéressé vers la vérité.
Respecter une opinion n'est pas y souscrire. La vraie tolérance est amour sincère et charité
authentique envers nos semblables. Elle nous aide à apprécier les hommes qui nous ont
précédés, même s'il s'avère qu'ils se sont trompés.
Chacun choisit son chemin qui n'est pas forcément le même que celui du voisin. Mais
l'homme tolérant sait que son chemin n'est pas rectiligne.
Le grand danger de l'intolérance est de croire que son chemin conduit à la vérité, et que les
autres, ceux qui ont choisi une autre voie, sont dans l'erreur donc ennemis en puissance,
donc à abattre...
Tolérance.... mot souvent galvaudé par ceux qui cherchent la paix dans le renoncement.
La tolérance a-t-elle ses limites ? Oui , face à l'intolérance. Car l'homme tolérant est lucide
et fait sienne la pensée de Saint-Just : " Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ".
Arthur Mercenier
Ce texte est une prière anonyme écrite par un Bâtisseur de cathédrales du XIIe siècle.
PRIERE DE L’ARTISAN
Apprends-moi à tirer profit des erreurs passées sans tomber dans le scrupule
qui ronge. Apprends-moi à prévoir le plan sans me tourmenter, à imaginer
l’oeuvre sans me désoler si elle jaillit autrement.
Grand Architecte de l’Univers, dans tout le labeur de mes mains laisse une
grâce de Toi pour parler aux autres & un défaut de moi pour me parler à moi-
même. Garde en moi l’espérance de la perfection, sans quoi je perdrais coeur.
Garde-moi dans l’impuissance de la perfection, sans quoi je me perdrais
d’orgueil. Purifie mon regard : quand je fais mal, il n’est pas sûr que ce soit mal
& quand je fais bien, il n’est pas sûr que ce soit bien ::
Grand Architecte de l’Univers, ne me laisse jamais oublier que tout savoir est
vain sauf là où il y a travail. Et que tout travail est vide sauf là où il y a amour.
Et que tout amour est creux qui ne me lie à moi-même & aux autres & à Toi ::
Grand Architecte de l’Univers, enseigne-moi à prier avec mes mains, mes bras
& toutes mes forces. Rappelle-moi que l’ouvrage de mes mains t’appartient &
qu’il m’appartient de te le rendre en le donnant.
Que si je fais par goût du profit, comme un fruit oublié je pourrirai à l’automne.
Que si je fais pour plaire aux autres, comme la fleur de l’herbe je fanerai le
soir. Mais si je fais pour l’amour du bien, je demeurerai dans le bien.
Les langues modernes et profanes paraissent linéaires, rigides, fermées, mais en même
temps ouvertes aux élucubrations fantaisistes de quelques éminents grammairiens.
Le langage profane n’autorise que peu de "jeux de mots", source de récréation. Néanmoins,
certaines techniques nous proposent de sortir du marasme et de la déshydratation de nos
langues dénuées de leur part symbolique.
"Le Verbe s’est fait Chair" peut nous éclairer sur le fait que la langue originelle est un
véhicule sacré permettant la communication avec l’Auteur de nos jours. La décrépitude et la
dévitalisation des mots utilisés dans notre expression actuelle dessèchent et ne permet plus
d’accéder au noyau qui devrait les illuminer et leur conférer la qualité de véhicule d’énergie
qui les sous-tend. Cette énergie a une vocation créatrice. Méditer sur la construction d’un
mot, en extraire la moelle, les symboles et le nombre sont autant de bornes sur la voie de la
Connaissance.
Quelques bribes de la Science Sacrée permettent de nous maintenir éveillés à cette
richesse "ancestrale". En effet, les anagrammes, les acrostiches, les homonymes et tout
l’art de la poésie nous donnent le moyen de ne pas tourner en rond, ce que contredit le
palindrome …
Les permutations des lettres dans un mot ouvrent la perspective de diverses mélodies de la
structure littérale. Insuffler la vie aux mots, les faire vibrer, est une manière de créer et de
recréer avec le même matériau qui a structuré et organisé le chaos primordial. A ce titre, le
Zohar nous informe de la ronde des 22 lettres de l’alphabet hébraïque autour du "Saint,
Béni soit-il", et de la place et du rôle respectifs de chacune d’elles. D’autre part, la Bible
nous enseigne que le Verbe est créateur.
La lettre ne doit pas rester morte au risque de voir les différents mots issus d’elle prendre
un aspect terne, figé, non évocateur. Travailler sur la lettre est un labeur alchimique
requérant de l’opérateur un repli profond sur soi, le dépouillant des scories opacifiant son
feu secret. Une analogie doit s’installer entre la purification du postulant et celle des mots
sur lesquels il oriente sa recherche et son travail de décantation.
Installer les lettres, les mots dans un ballet somptueux est à la portée de chacun de nous
pour autant que le chef d’orchestre dirige harmonieusement ses musiciens. La symphonie
composée est toujours, par définition et obligatoirement, inachevée, sous peine de la tuer.
Pour celui qui se donne le temps de chercher, de persévérer et même de souffrir, notre
langue française est riche dans ses fondements, dans ses racines et dans tous les moyens
utilisés par les poètes pour faire chanter les mots assemblés avec habileté, amour et
connaissance.
La Connaissance se réalise au plus profond de nous, dans le secret, c'est-à-dire en dehors
du monde profane, monde apparent, superficiel, multiple, évanouissant l’individu dans la
quête effrénée d’un autre que lui.
Charly Franssen
A chacune de ces trois qualités de l'âme, correspond en outre un idéal ou une vertu.
Il faut dominer le désir pour faire preuve de mesure et de tempérance, la volonté doit faire
preuve de courage et la raison doit se donner pour but la sagesse qui est la vraie
intelligence.
On retrouve d'ailleurs ces mêmes qualités dans l'apprentissage de la vie: les enfants
doivent d'abord apprendre à dominer leurs désirs, puis à développer leur courage et enfin la
raison doit les aider à parvenir à la sagesse.
N'est-ce pas aussi l'objectif de "l'homme de désir", décrit par Louis-Claude de Saint-Martin,
celui qui a dominé ses passions et qui fait preuve de tempérance ?
C'est en travaillant sur les trois niveaux de son être que l'homme apprendra à se connaître
lui-même et que, par analogie, il connaîtra la cité, l'univers et les dieux.
Quant à St Paul, dans sa 2ème Epître aux Corinthiens, il nous propose de nous connaître
au moyen du miroir:
Mais être redevenus "l'image de" ne signifie pas être "identique à": il s'agit d'une identité
dans la différence.
L'homme est donc bien à l'image de Dieu, comme un fils ressemble à son père, sans être
identique à lui.
Une des explications que les commentateurs donnent à la manifestation est que Dieu a
besoin de la création pour se connaître, sinon il reste au niveau du non manifesté, c'est-à-
dire de l'"aïn soph", du non différencié.
En quelque sorte, en faisant l'homme à son image, Dieu a pu se voir et donc se connaître.
De même, l'homme seul ne peut se connaître car, comme le disent les cabalistes, "tant
qu'un homme n'a pas vu sa nuque, il ne se connaît pas".
C'est donc à travers les autres hommes que nous nous connaîtrons: il faut que notre
prochain fasse office de miroir pour que nous puissions nous connaître.
Pour les soufis, le miroir a la faculté de redresser l'image et permet ainsi de voir la réalité
essentielle des choses.
On retrouve cette idée dans le "miroir des fiancés" utilisé jadis pour bénir la première
rencontre des fiancés. Les fiancés rentrent par deux portes opposées, sans se regarder
directement; ils doivent se regarder de biais dans un miroir mural. Ce faisant, dit la tradition,
ils se rencontrent comme au Paradis, voyant leurs visages "redressés", c'est-à-dire l'oeil
droit se trouvant à droite, et non inversés comme en ce monde.
Puisque le miroir donne une image inversée des sujets, on peut sans doute dire que la
manifestation est le reflet inversé du Principe. C'est une des significations exprimées par le
double triangle inversé que constitue l'étoile à six branches, appelée également sceau de
Salomon.
Saint Athanase développe la même idée en parlant de l'âme face à l'image de Dieu. L'âme
devenant un miroir parfait participe à l'image et par cette participation elle subit une
transformation. L'âme finit par participer de la beauté incorruptible même, donc de la
perfection même à laquelle elle s'ouvre, qui est Dieu.
St Paul, dans sa 1ère Epître aux Corinthiens, complète cette idée en disant:
Car nous voyons à présent dans un miroir, d'une manière obscure, mais alors
ce sera face à face.
A présent, partielle est ma science; mais alors je connaîtrai tout comme je suis
connu.
(1 Corinthiens 13:12)
Notre connaissance est partielle et le symbole du miroir est d'autant plus parlant que le
miroir de l'époque - "esoptron" en grec - est un miroir en métal poli.
Pour quitter l'Egypte ou Babylone, qui symbolisent notre incarnation terrestre, et atteindre la
Jérusalem céleste, il nous faut ouvrir notre coeur et le tailler jusqu'à ce qu'il devienne aussi
poli qu'un miroir.
Ce coeur qui, comme l'écrivait Angelus Silesius, doit devenir un miroir reflétant Dieu.
Une première approche pourrait se faire selon une méthode spéculative qui consiste à
observer en utilisant la méditation et en faisant usage de notre raisonnement. N'oublions
pas que "speculari", qui signifie observer en latin, vient de "speculum" qui signifie miroir.
Une seconde approche pourrait être opérative et consisterait à mettre en pratique les
nouvelles connaissances acquises et à continuer le travail de découverte de nous-mêmes,
des autres et de Dieu, afin qu'un jour nous atteignions cette Jérusalem céleste qui nous
permettra de voir Dieu, non plus dans un miroir, mais face à face comme le confirme St
Jean dans l'Apocalypse:
Principes traditionnels
Des deux premiers postulats découlent tous les autres principes dont l’idée fondamentale
que toutes les traditions authentiques dérivent de la Tradition primordiale. Celle-ci constitue
le patrimoine commun à toutes les formes particulières de la Tradition qui ne sont en
somme que des adaptations particulières à certaines époques ou certaines mentalités. Ces
différentes formes particulières sont ce que nous avons coutume d’appeler la tradition
chinoise, la tradition chrétienne, la tradition indienne, etc. La transmission, la diffusion et
l’adaptation de la Tradition primordiale s’appuie sur la théorie des cycles cosmiques selon
laquelle la Lumière des origines subit une "involution" progressive et chronique. Ce sont les
qualifications cycliques d’une époque et sa mentalité qui déterminent l’éclosion ou la
disparition de telle ou telle forme traditionnelle particulière.
L’idée traditionnelle est donc celle ‘une "chaîne" transmettant les principes traditionnels
depuis l’origine, et cette chaîne est formée par des "initiés" détenteurs de la Connaissance
ésotérique. De même que la Création est le reflet visible du Principe invisible, l’exotérisme
est le reflet de l’ésotérisme. De même que la Création témoigne du Créateur, l’exotérisme
témoigne de l’ésotérisme. Et cette dualité visible / invisible, manifesté / non-manifesté, être /
non-être, se retrouve à tous les niveaux de la Création. Chaque religion présente donc
nécessairement, qu’on le veuille ou non une face ésotérique et une face exotérique. Et dans
tous les cas, la Manifestation est considérée comme "inférieure" au Principe en raison
même de sa manifestation. En d’autres termes, le non-manifesté est toujours supérieur en
perfection au manifesté. Mais c’est précisément ce défaut, cette absence de perfection qui
permet à la Manifestation de servir de support à la perfection divine.
Chemin de croix
Il est de coutume de constater que l’homme cherche à se stabiliser, à trouver son assise, à
se fixer.
Occuper sa place peut impliquer un état mobile, souple ou, au contraire, induire une attitude
figée, stricte.
La Tradition chinoise nous enseigne que le corps humain est un amas de souffles en
mouvement. Vu sous cet angle, l’individu se crée et se recrée sans cesse, et ce rôle lui est
dicté selon, l'acupuncture traditionnelle par la fonction d’un point situé dans la région
lombaire, point dont l’étymologie nous apprend qu’il s’agit de la "Porte du mandat, la Porte
du destin". Aussi la fonction de l’homme est de s’accomplir pour que l’humanité
s’accomplisse. De cette conception, il ressort un certain dynamisme opposé à tout ancrage
dans une situation rigide, non productive.
Si l’homme se fixe, c’est pour mieux diriger son action, guidé par des points de repère.
Symboliquement, sa stabilité est représentée par le nombre "Quatre" sous la forme du carré
et par son impulsion à agir, à naître et à renaître, par ce même nombre dynamisé par la
croix. Autrement dit, le nombre "Quatre" guide l’individu polarisé et l’anime dans sa quête
que l’on pourra qualifier de spirituelle s’il prend conscience du centre immobile reliant les
branches de la croix et les confondant dans l’Unité.
L’homme stagne s’il prend la décision de s’enfermer dans son cocon, milieu imperméable à
tout libre échange. En l’occurrence, son cadre de vie se voit limité par quatre dimensions
qui, en réalité, ne forment
qu’un horizon fermé et illusoire conditionné par le moi.
Cette attitude personnelle, individuelle, égoïste, le soustrait au milieu ambiant dont la
vocation est de rassembler ses satellites dans le Tout Primordial, dans le Principe, dans
l’Archè. Par cet élargissement du champ de vision, les quatre dimensions se voient
centrées, ce qui autorise leur communion avec le "Mi-Lieu". Dans une telle perspective, les
points cardinaux sont des orients.
La Voie Lactée peut nous inciter à prendre conscience de notre "sevrage" par rapport au
Sein Primordial. Le lait vivifiant qui y est prodigué peut être compris comme l’Oeuvre au
Blanc des Alchimistes. Toute démarche initiatique conduit le Cherchant, à travers de
multiples périples, vers cette apothéose de la quête spirituelle.
Animé par le "Quatre Centré", l’homme est propulsé dans sa vie terrestre vers un retour à la
Source. Dans cette perspective dynamique, la mort physique ne constitue pas un arrêt
définitif, une halte inexorable. Au contraire, elle permet une transition vers des états plus
subtils. Involué dans la matière, l’individu peut alors prétende à ne amorce d’évolution. Les
grandes lois cycliques, dont les quatre âges de l’humanité par exemple, concourent à ce
renversement de vapeur, resituant l’homme face à l’Orient, pôle d’attraction dans son
cheminement vers la Connaissance. Symboliquement, la quadrature du cercle peut nous
inviter dans note méditation à essayer de comprendre ce mariage du carré et du cercle.
Ce qui relie l’homme au Principe, c'est-à-dire la "Religion" l’aidera à renouer le lien, brisé
par la chute adamique, avec le Foyer Central. Cet acte, qualifié d’audacieux par certains,
est témoin de la responsabilité de celui qui désire assumer pleinement le mandat qui lui est
fixé.
Ce retour à l’Eden implique d’y aller par quatre chemins…
Charly Franssen
Le Vide et le Néant
L’expérience spirituelle est bien plus une expérience de plénitude qu’une expérience de
vide, et pourtant l’une n’est pas possible sans l’autre, la vie spirituelle étant constituée d’une
alternance ininterrompue de vides et de pleins qui vont s’approfondissant de concert.
Cependant, la pensée traditionnelle nous invite inlassablement à " vider " notre esprit plutôt
qu’à le " remplir ".
Il est important de préciser d’emblée qu’il s’agit d’un problème de vocabulaire, car
malheureusement, et le cas est fréquent, la dégénérescence des langues profanes et la
perte de la substance des mots qui en résulte, rendent ambiguë l’utilisation de certains
termes. Notre propos est le Vide et pas le "néant" inventé par l’existentialisme "athée" et qui
nous met en présence du vide "objectif" d’un monde absurde ou du vide "subjectif" d’un ego
privé de contenu, que Sartre identifie avec le "néant".
Dans les deux cas, qu’il s’agisse du néant ou du Vide, on peut légitimement se croire
confronté au concept négatif dont parlent des traditions spirituelles aussi différentes que le
bouddhisme (le Nirvâna), le christianisme (la Ténèbre divine de Grégoire de Nysse),
l’hindouisme (le Brahma nirgunâ) ou le néoplatonisme (l’Ineffable au-delà de l’Un), etc.
suite, l’angoisse apparaîtra dès que l’essence de l’homme, pour une raison ou pour une
autre, semblera se vider de son contenu positif , d’où la peur de la mort conçue en tant que
négation de l’homme.
Et pourtant, le Vide est précisément l’espace ou le temps qui peut permet aux choses de se
manifester, aux êtres de se rencontrer, aux idées de surgir.
Les médecins chinois de l’Antiquité préconisaient de prolonger, dans le silence, le moment
où le patient et le thérapeute se rencontrent, afin de favoriser, dans le vide ainsi créé, la
prise de contact et le mariage de leur shen (Esprit).
Il en est ainsi de toute relation à l’autre : lui laisser un espace, une place, c'est-à-dire un
Vide, lui permet de s’exprimer, de se réaliser et donc de vivre.
Et il en est de même pour le Dieu créateur : lorsque la Genèse nous dit que le septième jour
Dieu se retire, elle nous indique que sans le retrait de Dieu, sa Création ne peut exister. Il
en est de même pour la séparation des eaux du haut et des eaux du bas : c’est cette
séparation qui permet l’apparition de la vie et de l’homme. Le vide permet la manifestation
de la vie, le néant la nie.
Le Sacré et le Profane
● Introduction
● Recherche scientifique et démarche traditionnelle
● Définitions et première approche
● Modes de transmission de la Tradition
● Sacré et profane, ésotérisme et exotérisme
● Le sacré, source de toute efficacité
● Rapports du sacré et du profane
● Caractéristiques du tabou
Introduction
Lors de la découverte de l'Amérique, les colons ont cru trouver l'homme vierge, l'homme
idéal, celui d'avant la Chute. C'est l'idée du "Bon Sauvage" que l'on va pouvoir éduquer,
enseigner, sauver.
Toute la recherche scientifique athée est, depuis deux siècles, basée essentiellement sur
l'orgueil. Fidèle à sa conception des choses, elle propose chaque jour de nouvelles
hypothèses de travail allant à l'encontre de celles qui avaient été érigées en dogme peu
avant.
La démarche traditionnelle est toute différente. On peut même dire que le Tradition est la
meilleure école d'humilité que l'on puisse trouver, car on s'aperçoit que l'on ne peut que
retrouver, dans le meilleur des cas en allant un petit peu plus loin, ce que d'autres ont déjà
exploré avant que l'on entre à son tour dans les méandres du temps événementiel et
profane.
"Ce n'est pas que nous soyons plus grands que les Anciens, mais juchés sur
leurs épaules, nous voyons un peu plus loin." (BERNARD DE CLERVAUX)
Nous n'allons donc rien découvrir de nouveau, mais nous allons de nouveau découvrir !
Tout ce dont nous allons parler est tellement simple, tellement évident que nous aurons
toujours une sensation de déjà entendu : ce n'est pas parce que les idées traditionnelles ne
sont plus exprimées qu'elles sont effacées de notre capital intuitif. Ce capital que JUNG a
appelé "inconscient collectif" est l'Ame du Monde, le fond commun de l'Humanité, que nous
appelons "Tradition". C'est là que sont conservées intactes toutes ces données
fondamentales, ces principes qui régissent le monde.
C'est ainsi que nous allons découvrir que tous les peuples de la Terre parlent et ont toujours
parlé le même langage, voire la même langue puisque les racines des mots sont identiques
partout.
C'est de cette source dont parlent les textes sacrés de toutes les peuples.
Voici ce qu'en dit la Bible :
"Il [Dieu] me ramena vers la porte de la maison. Et voici, de l'eau sortait sous le
seuil de la maison. Et voici, de l'eau sortait sous le seuil de la maison, à
l'orient, car la face de la maison était à l'orient ; l'eau descendait sous le côté
droit de la maison, au midi de l'autel.
Il me conduisit par le chemin de la porte septentrionale, et il me fit faire le tour
par dehors jusqu'à l'extérieur de la porte orientale. Et voici, l'eau coulait du côté
droit.
Lorsque l'homme s'avança vers l'orient, il avait dans la main un cordeau, et il
mesura mille coudées ; il me fit traverser l'eau, et j'avais de l'eau jusqu'aux
chevilles.
Il mesura encore mille coudées, et me fit traverser l'eau, et j'avais de l'eau
jusqu'aux genoux. Il mesura encore mille coudées et l'avais de l'eau jusqu'aux
reins.
Il mesura encore mille coudées ; c'était un torrent que je ne pouvais traverser,
car l'eau était si profonde qu'il fallait y nager ; c'était un torrent qu'on ne pouvait
traverser.
(...)
Il me dit : Cette eau coulera vers le district oriental, descendra dans la plaine,
et entrera dans la mer ; lorsqu'elle se sera jetée dans la mer, les eaux de la
mer deviendront saines.
Tout être vivant qui se meut vivra partout où le torrent coulera, et il y aura une
grande quantité de poissons ; car là où cette eau arrivera, les eaux deviendront
saines, et tout vivra partout où parviendra le torrent.
(...)
Sur le torrent, sur ses bords de chaque côté, croîtront toutes sortes d'arbres
fruitiers. Leur feuillage ne se flétrira point, et leurs fruits n'auront point de fin, ils
mûriront tous les mois, parce que les eaux sortirons du sanctuaire. Leurs fruits
serviront de nourriture, et leurs feuilles de remèdes."
(Ezéchiel 47:1-12)
De cette source unique vont se détacher plusieurs fleuves, chacun d'eux symbolisant une
forme particulière de la Tradition. C'est ainsi que nous aurons une Tradition occidentale,
africaine, chinoise, etc.
Chacune de ces formes traditionnelles ne diffère des autres que par son mode d'expression
adapté à la sensibilité du peuple auquel elle s'adresse. Mais il n'existe aucune différence
fondamentale entre les diverses formes traditionnelles.
Les oppositions surviennent quand des hommes se mettent à attacher plus d'importance à
la forme qu'au fond. C'est le cas des religions devenues incapables de percevoir l'unité
fondamentale qui constitue leur essence.
L'objet du cycle de conférences de cette années est donc l'étude de la forme particulière de
la Tradition universelle, celle qui s'adresse à notre mode de fonctionnement intellectuel : la
Tradition occidentale.
Nous essayerons de nous situer au-delà de la forme, ce qui évitera toute discussion
dogmatique, et évitera par la même occasion de blesser ceux d'entre nous qui sont
Remarque importante :
Quelle que soit sa forme particulière, la Tradition se transmet toujours selon les mêmes
moyens : les symboles
Ce qui est important, c'est que les symboles sont toujours là, depuis toujours.
Nous sommes devant le coffre-fort contenant la plus grande richesse et nous n'arrivons pas
à l'ouvrir, parce que nous nous obstinons à nous servir de la clé rationnelle, au lieu d'utiliser
celle des constructeurs de cet écrin : le symbole et la symbolique.
Il est vrai que le mot "symbole" lui-même n'a pas échappé à l'agression du monde moderne
qui ternit tout ce qu'il touche. Que reste-t-il du sens des mots ? Comme nous le verrons plus
loin, le mot "symbole" a un sens très précis qu'il conviendra de définir.
L'opposition entre monde moderne et monde traditionnel s'exprime sous d'autres formes :
● sacré/profane
● ésotérisme/exotérisme
La distinction sacré/profane est relativement récente dans l'histoire de l'humanité. Elle a été
mise en évidence par des gens tels que Mircea Eliade, Frazer, Roger Caillois, etc.
Pour l'homme traditionnel, tout est sacré et rien n'échappe au domaine du sacré. Cela
signifie que pour lui, tous les gestes de la vie quotidienne sont sacralisés et s'inscrivent
dans un cadre strict. Pour lui, la vie religieuse n'est pas une occupation du dimanche matin ;
toute sa vie est habitée par l'idée de Dieu.
Dans une société traditionnelle, il n'existe donc pas d'activité profane.
● un monde dans lequel l'individu peut se déplacer sans danger, et un monde dans
lequel il est en danger constant,
● un monde dans lequel le moindre écart peut s'avérer dramatique.
En fait, on pourrait dire que la religion est ce qui administre le domaine sacré. La religion est
(religare) ce qui relie l'homme au sacré. Les rites sont les moyens dont se sert la religion
pour réaliser cette liaison.
Important :
coup toute sa vertu. C'est pourquoi on prend soin d'écarter d'un endroit sacré tout ce
qui est profane : seul le prêtre pénètre dans le saint des saints. C'est pourquoi
également on cache les lieux de culte aux yeux des profanes.
5. il existe entre le sacré et le profane un rapport YIN/YANG.
- le sacré-YIN nourrit le profane-YANG
- le profane-YANG protège le sacré-YIN
Il est dès lors important de constater qu’il existe une relation d'analogie entre Sacré/
Profane et Principe/Manifestation.
Peu importe la façon dont il imagine cette origine suprême de grâces et/ou d'épreuves :
Quelque soit le degré d'évolution d'une religion, elle oblige toujours l'homme à compter avec
une puissance divine.
Leurs rapports mutuels doivent donc être sévèrement réglés. C'est la fonction des rites :
● les rites positifs servent à transmuer la nature du profane ou du sacré, selon les
besoins de la société
● les rites négatifs ont pour but de maintenir l'un et l'autre dans leurs caractères
respectifs pour éviter leur rencontre.
Ces rites positifs instituent entre le monde profane et le monde sacré un va-et-vient
indispensable.
* rites négatifs :
Ce sont les prohibitions qui, en isolant les deux domaines, les préservent de la
catastrophe.
Ces sont ces prohibitions que l'on désigne du nom polynésien de tabou.
"On appelle de ce mot un ensemble d'interdictions rituelles qui ont pour effet
de prévenir les dangereux effets d'une contagion magique en empêchant tout
contact entre une chose ou une catégorie de choses, où est censé résider un
principe surnaturel, et d'autres qui n'ont pas ce même caractère ou qui ne l'on
pas au même degré."
Caractéristiques du tabou
Remarque :
Ce texte est une introduction à un essai sur la théorie des cycles cosmiques qui sera publié
ultérieurement.
Une civilisation traditionnelle est une société gouvernée par des principes métaphysiques
qui transcendent tous les facteurs humains, sociologiques et même religieux. Tous les
pouvoirs qui s'y exercent ont leur origine sur un plan supérieur et immuable, directement
issu du plan divin.
Tous les individus de cette société s'y insèrent en une hiérarchie sociale harmonieuse qui
permet de s'accomplir pleinement et de donner carrière aussi bien à l'exercice efficace d'un
métier que d'une réalisation spirituelle effective. Les organisations Traditionnelles
parvenues jusqu'à nous, Franc-Maçonnerie et Compagnonnage, ont eu dans le passé cette
double fonction professionnelle et gnostique.
Tout ceci est, bien sûr, diamétralement opposé à notre société moderne qui, par la voix de
ses pseudo-prophètes, nous fait croire que l'Age d'Or se situe dans un proche avenir, et que
cet Age d'Or sera procuré par le bien-être et le progrès technologiques.
Or, la Tradition (dont les religions dans leur jeunesse avaient su recueillir la substance)
nous parle d'une Vérité révélée dès l'origine de l'humanité actuelle, et maintenue vivante
par la connaissance fidèlement transmise des symboles transcendants du Temps et de
l'Espace.
Chaque fois que nous essayons de nous élever par la pensée, nous cherchons à nous
distinguer de l'espace anonyme des villes dans lesquelles nous vivons, et du temps qui
défile sans prise.
Alors nous pénétrons dans un espace qualifié, soit un temple, soit une cathédrale ou un
édifice consacré, soit encore nous pénétrons en esprit en nous-mêmes, c'est-à-dire que
nous nous coupons du "monde extérieur".
Car méditer ou prier c'est faire de soi-même un temple, c'est-à-dire un lieu où va être
rendue possible la rencontre avec l’Esprit que d’aucun appellent les "Puissances
Supérieures".
Toute distinction entre sacré et profane (ce mot apparaît dans la langue française au cours
du XIIIe siècle, venant du latin profanus, "hors du temple", de fanum, temple) passe par la
distinction qualité-quantité.
C'est là la dualité fondamentale.
A la base de cette complémentarité qualité-quantité se trouvent les deux pôles
fondamentaux de toute manifestation que sont l'ESSENCE et la SUBSTANCE.
ESSENCE SUBSTANCE
YANG YIN
masculin féminin
actif passif
Verbe
Materia prima
créateur
Christ Marie
Osiris Isis
Bien entendu, ces 2 concepts ne sont concevables qu'en esprit, et tout phénomène
manifesté est le résultat de l'action du premier sur le second. Chacun de ces couples est en
effet une expression particulière du couple primordial CIEL-TERRE. Et dans chacun de ces
couples, le premier terme agit sur le second pour le "féconder" à l’image du spermatozoïde
mobile qui pénètre l’ovule immobile.
Le temps est une entité vivante qui n'a rien à voir avec le temps expérimental et profane. Le
temps ne peut plus être représenté par une ligne droite indéfinie (comme nous le suggèrent
les montres à affichage numérique, bien typiques de notre temps), mais il se recourbe sur
lui-même (lire à ce sujet "L'art du temps" de J-L Servan-Schreiber).
Et c'est bien là le caractère essentiel du temps sacré : sa nature cyclique. C'est cette notion
qui est à la base de toute idée de Fête et de Célébration, phénomène sacré s'il en est, car il
ne faut pas remonter bien loin dans le temps pour retrouver une époque où toute fête était,
par définition, religieuse. A commencer par le simple dimanche de la semaine.
profane.
C'est donc l'observation des astres qui nous permet de nous rythmer, et c'est donc bien le
Ciel qui nous rythme.
Ainsi, l'homme Traditionnel vit dans un milieu cyclique et rassurant, où tout lui rappelle les
événements divins qui ont présidé à la naissance et à l'entretien de ce monde.
Sans cesse les correspondances astrologiques et numérologiques du calendrier viennent
lui fournir des signes de reconnais-sance qui donnent tout leur sens et toute leur fonction
"magique" aux rites religieux auxquels il participe.
Dans ce cas n'existe plus l'angoisse du devenir, liée au cheminement aveugle au long d'un
temps rectiligne, indifféren-cié. Ce temps sacré sacralise la vie de l'homme Traditionnel.
D'un point de vue métaphysique, tout événement célébré rituellement à un moment d'un
cycle temporel analogue au premier, se répète, non seulement symboliquement, mais
effectivement pour tous ceux qui veulent et savent vivre pleinement le rite considéré.
La connaissance des moments privilégiés et adéquats d'un cycle donné, liée à celle de la
nature profonde de l'événement célébré, constitue la base de toute magie opérative, et
donc de toute religion ou science Traditionnelle (ex. Alchimie).
Dans les correspondances célestes il n'y a jamais identité, mais analogie : nous pouvons
dire avec Héraclite :
Le temps est donc susceptible d'être représenté par un cercle sans fin, comme l'ouroboros,
le serpent qui se mord la queue. Mais en réalité, le serpent ne mord pas exactement sa
propre queue, il engendre un nouveau serpent, analogue mais non identique à lui-même.
La meilleure représentation graphique du temps est donc la spirale.
La Terre tourne autour du Soleil en 365 jours 1/4, et est entraînée par le Soleil vers un point
de l'espace situé près de Véga de la Lyre, vers lequel tout le système solaire se dirige à la
Ainsi notre planète décrit-elle dans l'espace une gigantesque hélice d'une largeur de
299.000.000 km, et d'un pas de 625.000.000 km, chemin parcouru par le Soleil en 365 j. 1/4.
On retrouve là le motif omniprésent dans les temples et monu-ments, depuis les mégalithes
jusqu'aux cathédrales, en passant par les temples mayas et les figurations chamaniques.
Il est à noter que ce dessin se retrouve dans les coquillages, symboles du vivant pour
plusieurs raisons, et notamment parce qu'il vivent en milieu marin, milieu originel de la vie.
De même que dans la forme de nos oreilles qui sont destinées à recevoir le Verbe.
"La permanence invariable est impossible ; le soleil arrivé à son zénith doit
décliner ; telle est la loi universelle de progression et de régression. Que les
hommes en soient avertis !"
Adam
Afin de faciliter l’approche du personnage que la Genèse appelle Adam, nous avons choisi
de procéder de la manière suivante :
● Etymologie
● Symbolisme
● Représentations d’Adam dans l'iconographie chrétienne
● Bibliographie
Etymologie
Symbolisme
A. GLOBALEMENT
1. Dans le cas d'Adam, le terme de premier signifie beaucoup plus qu'une priorité dans
le temps : Adam est le premier dans l'ordre de la nature, il est le fondateur de notre
cycle d'humanité et son archétype.
2. L'expression "à l'image de Dieu" signifie qu'Adam représente l'apparition de l'Esprit
dans la Création. Adam est à l'image de Dieu, mais pas identique à Dieu.
B. EN DETAIL
L'objet des Ecritures n'est pas de débattre des problèmes scientifiques modernes. Il ne faut
donc pas chercher dans les premiers chapitres de la Genèse ni des réponses "en clair" aux
questions que se posent encore les scientifiques quant à l'apparition de l'homme sur terre,
ni des notes permettant de mieux connaître l'environnement du paléolithique ancien ! On n'y
découvre rien d'autre que l'enseignement divin sur les origines de l'homme à travers le
cycle adamique.
1) Premier homme
Cet Adam unique, personnage symbolique ou non, dont tiennent toutes les
races, met en évidence l'unicité et l'unité de l'espèce humaine aux yeux de
Dieu qui ne connaît ni sur-hommes ni sous-humanités.
Cette notion de premier homme est à mettre en relation avec la notion de
Jésus-Christ considéré comme le second Adam dans l'ordre chronologique. En
fait, Jésus-Christ est également "premier" au sens mystique du terme.
2) Adam et Jésus-Christ
La relation entre Adam et Jésus-Christ est symbolisée par la tradition qui veut
qu'Adam a été enterré sur le Golgotha. C'est ainsi que le crâne (en araméen
Golgotha signifie "crâne") d'Adam est souvent représenté au pied de la Croix.
La légende fait aussi mourir Adam un vendredi 14 Nissan à la 9e heure,
préfigurant ainsi la mort du Christ. On raconte qu'Adam, sur le point de mourir,
envoie son fils Seth chercher dans le Paradis un fruit d'immortalité sur l'Arbre
de Vie. L'ange préposé à la garde du Paradis refuse de lui donner un fruit,
mais lui fait cadeau de trois graines. Lorsque Adam sera mort, de sa bouche
sortira un arbre issu de ces graines. C'est cet arbre qui fournira le bois de la
croix.
Pour l’Eglise, Jésus-Christ est venu rendre à l'humanité la vie éternelle dont
l'acte du premier Adam l'avait privée. Le second Adam symbolise donc tout ce
qu'il y avait de positif dans le premier et l'élève à l'absolu divin. Il remplace la
mort par la résurrection.
C'est cette antithèse dont parle saint Paul :
"Le premier homme, Adam, a été fait âme vivante ; le dernier Adam est un
esprit qui donne la vie. Mais ce n'est pas le spirituel qui paraît d'abord ; c'est le
psychique, puis le spirituel. le premier homme, issu du sol, est terrestre ; le
second, lui, vient du ciel." (1 Corinthiens 15:45-47).
L'argile très fine utilisée par Dieu pour la confection d'Adam aurait été prise au
centre de la Terre, sur le mont Sion considéré comme le nombril du monde.
Cette terre représente le monde dans sa totalité.
Le Talmud décrit les 12 premières heures de la première journée d'Adam :
1. la terre est accumulée
2. l'argile devient un Golem
3. ses membres sont étendus
4. l'âme lui est insufflée par Dieu
5. Adam se tient debout
6. Adam nomme les êtres vivants
4. Adam androgyne
5. Dans la Kabbale
Il faut remarquer que, au point de vue linguistique, l'étymologie vulgaire, qui fait
dériver "Adam" de adamah, que l'on traduit par "terre" est impossible. En fait,
les deux substantifs proviennent l'un et l'autre de la même racine adam, qui
signifie "être rouge".
Adamah n'est pas, originellement tout au moins, la terre en général (erets), ni
l'élément terre (iabashah). C'est proprement l'argile rouge dont se sert le
potier.
Le mot dam (= sang) est lui aussi dérivé de la même racine que adam, parce
que le sang est proprement le liquide rouge.
La couleur rouge est, dans le symbolisme hermétique, celle du règne animal,
comme la couleur verte est celle du règne végétal, et la couleur blanche celle
du règne minéral.
6. En psychanalyse
Pour Jung, Adam symbolise le vieil homme, celui qui a acquis une sagesse
Adam et Eve sont représentés nus. C'est un des rares thèmes bibliques où l'occasion est
donnée aux artistes de figurer des corps nus.
Premier homme, Adam est imberbe à l'époque paléo-chrétienne ; au Moyen-Age il est
tantôt barbu, tantôt sans barbe.
"Homme de la Montagne", il a souvent pour attribut un piédestal ou une colline. Parfois il est
représenté entouré des animaux ou des sept planètes.
1) La création d'Adam
Dieu prend Adam par la main et le conduit vers les quatre fleuves après lui
avoir fait franchir la porte. Une fois au Paradis, Adam prie ou cultive la terre.
3) La chute
4) Jugement et condamnation
Dès le IIIe siècle, on trouve dans les catacombes de Jannarius à Naples, une
Tantôt c'est Dieu en personne qui les chasse, tantôt un ange. L'ange porte une
épée, ou parfois lance des flammes.
Le Paradis est souvent isolé du reste du monde par une muraille ou une porte.
L'obligation de travailler la terre de ses mains, qui est imposée à Adam, est
évoquée durant le haut Moyen-Age par une gerbe de blé, tandis qu'un agneau
signifie pour Eve le travail de la laine auquel elle est vouée désormais. Adam
bêchant est souvent entouré de la roue des chérubins, qui symbolise le temps
auquel il est soumis depuis son départ du Paradis.
Bibliographie
Dictionnaire de la Bible, A-M. GERARD, Robert Laffont, 1990
La Bible et les Saints, G. DUCHET-SUCHAUX, M. PASTOUREAU,
Flammarion, 1990
Formes traditionnelles et cycles cosmiques, R. GUENON, Gallimard, 1970
Le Zohar, Verdier, 1991
Ce médecin et chimiste belge (il est né à Bruxelles en 1577) est l'auteur d'une des plus
importantes découvertes de la science, celle des gaz. Il reconnut d'abord la présence de
l'acide carbonique et par déduction s'aperçut qu'il s'agissait là d'un corps chimique nouveau.
II nous dit en effet : "cet esprit qui ne peut être contenu dans des vaisseaux ni être réduit en
un corps visible, je l'appelle d'un nouveau nom : gaz". II reconnut aussi l'existence de
l'hydrogène sulfuré dans le gros intestin de l'homme; il constata la présence d'un suc acide
émis par l'estomac; il prépara l'acide chlorhydrique, l'huile de soufre, l'acétate
d'ammoniaque, etc.
En 1618, alors qu'il travaillait dans son laboratoire de Vilvorde, Van Helmont reçut la visite
d'un inconnu qui voulait, dit-il, l'entretenir d'une matière les intéressant tous deux. Le savant
pensa tout d'abord avoir affaire à quelque confrère qui désirait lui parler de sujets médicaux,
mais l'inconnu se mit bientôt à aborder l'art hermétique. Van Helmont l'arrêta tout de suite
en lui disant qu'il considérait que l'alchimie était une superstition dénuée de toute réalité
scientifique et qu'il ne voulait pas en entendre parler. L'étranger lui dit alors :
"Je comprends que vous ne désiriez point en disputer, Maître Van Helmont,
mais oseriez-vous vraiment prétendre que vous ne désireriez point voir ?"
Surpris, le savant lui demanda ce qu'il entendait exactement par voir. L'autre répondit :
"Ce n'est point une fable lorsque je vous affirme que la Pierre philosophale
existe et qu'elle est douée d'un pouvoir transmutatoire. J'admets que vous ne
me croyiez point, mais, refuserez-vous si je vous donne un morceau de cette
Pierre et que je vous laisse opérer par vous-même ?
Van Helmont, pensant avoir affaire à un fou ou à un charlatan, lui répondit qu'il voulait bien
expérimenter lui-même un morceau de la Pierre, étant entendu que son interlocuteur le
laisserait opérer seul et dans les conditions choisies par lui. Il pensait ainsi décourager le
personnage mais il n'en fut rien. Son visiteur accepta aussitôt et déposa sur une feuille de
papier qui se trouvait sur la table du chimiste quelques grains de d'une poussière que Van
Helmont décrit ainsi : "j'ai vu et manier la Pierre philosophale. Elle avait la couleur du safran
en poudre, elle était lourde et brillante comme le verre en morceaux."
Cela fait, l'inconnu demanda à prendre congé, comme Van Helmont désirait savoir s'il
reviendrait pour constater les résultats de l'expérience, son visiteur lui répondit que cela
n'était pas nécessaire puisqu'il était assuré du succès de l'entreprise. En le raccompagnant,
Van Helmont lui demanda pourquoi il avait spécialement tenu à lui faire faire cette
expérience, et l'autre répondit qu'il désirait "convaincre l'illustre savant dont les travaux
honoraient son pays".
Le récit que je viens de faire n'est nullement imaginaire, c'est Van Helmont lui-même qui
coucha par écrit et fit publier sous son nom et sous sa responsabilité cette relation des
événements.
Il eut en effet le courage et, pour tout dire, l'esprit scientifique, de reconnaître publiquement
son erreur et de proclamer qu'il était désormais convaincu de la réalité de fait alchimique.
En souvenir de cette extraordinaire expérience, il nomma un de ses fils Mercurius, et ce
dernier, à son tour, devint un fervent défenseur de l'alchimie puisqu'il convertit ensuite
l'illustre philosophe Leibniz. Lisons maintenant la conclusion de Louis Figuier : "Van
Helmont, le chimiste le plus habile de sont temps, était difficile à tromper; il était lui-même
incapable d'imposture il n'avait aucun intérêt à mentir, puisqu'il ne tira jamais le moindre
partit de cette observation. Enfin, l'expérience ayant eu lieu hors de la présence de
l'alchimiste, il était difficile de soupçonner une fraude. Van Helmont fut si bien trompé à ce
sujet, qu'il devint, à dater de ce jour, partisan avoué de l'alchimie." Il faut avouer que
l'emploi du mot "trompé" par Figuier ne manque pas de sel, car il n'offre aucune explication
raisonnable d'une éventuelle tromperie. En fait, il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas
entendre; Van Helmont, par contre, me paraît un exemple tout à fait remarquable d'un esprit
scientifique ouvert, tel qu'il devrait toujours être.
Jean-Baptiste van Helmont vivait au temps de Louis XIII. Philosophe, médecin, alchimiste,
physiologiste, il exerçait le magnétisme animal au mépris des avertissements de
l'Inquisition. L'Eglise le disait fou, diabolique et hérétique. Il fut emprisonné à Malines, cloîtré
à Bruxelles, assigné à résidence jusqu'à sa mort en 1644.
Ses crimes ?
Le rejet des dogmes de la science infuse pour chercher la vérité par l'expérience, l'invention
du thermomètre ou la découverte du gaz ... .
L'homme était issu d'une famille catholique de vieille noblesse flamande. Son père fut
auditeur auprès de la Cour des Comptes du Brabant. Sur ordre du Duc d'Albe, il fit détruire
les armoiries et saisir tous les biens du Comte d'Egmont après sa décapitation sur la Grand-
Place.
Le jeune docteur van Helmont fut très marqué par ce sombre épisode. Son indépendance
d'esprit à l'égard de la toute puissance de l'Eglise en sortit renforcée. Il avait étudié la
médecine, la chimie et la philosophie à l'Université Catholique de Louvain. A cette époque,
l'enseignement gravitait autour de la quête de la pierre philosophale, tandis que la
médecine se gaussait de latin savant.
Au Moyen Age, la terre, l'air, l'eau et le feu étaient les bases sacrées de la création
universelle. Jean-Baptiste van Helmont fut parmi les premiers à mettre en doute ces
fondements. Intuitivement, il a reniflé plusieurs "sortes d'air", en constatant un dégagement
de CO2 dans l'eau de Spa. Il définit le phénomène en créant le mot "gaz".
Trois siècles ont passé et un des ses descendants, Jan van Helmont, a rassemblé toutes
les archives disponibles sur son ancêtre. Avec l'aide d'un historien, il vient d'éditer la
première biographie de Léonard de Vinci bruxellois.
Tout le monde connaît l'histoire de notre vieille ville de Bruxelles, mais peu de personnes
connaissent son passé alchimique.
Pourtant, il fut une époque où une fois la nuit tombée, on apercevait parmi les soupiraux
des caves quelques étranges lueurs qui n'étaient autres que celles des fourneaux de nos
bons vieux alchimistes.
Leurs caves sentaient le soufre et le charbon et leur quête était celle de l'immortalité et de la
transmutation du plomb en or.
On y trouve encore par ci, par là quelques vestiges symboliques de leur étrange savoir,
pour cela il suffit de parcourir les ruelles de notre Grand Place et étudier le symbolisme de
ses fresques.
On se souviendra d'ailleurs d'un étonnant personnage nommé van Helmont qui marqua
l'histoire par son étrange savoir sur la science de l'absolu.
Nous vous publions avec cet article la recette du grand oeuvre ayant, paraît-il, été écrit par
l'alchimiste van Helmont et ceci en exclusivité car elle n'a jamais été publiée jusqu'à ce
jour ... alors, à vos fourneaux.
La rosée, une fois dynamisée, il ne lui manque plus que son levain, qui est
notre sel "ALCALI" ou "CARBONATE DE POTASSIUM" en solution saturée et
à la température de 70°C. A ce stade, on possède l'AMALGAME
philosophique.
● on place l'amalgame dans un vase percé à la hauteur par les 2/3 d'un petit tuyau
creu.
● ensuite, on le met circuler (SUBLIMER) à une température de 37°C et pendant 7
mois, en rajoutant petit à petit la nouvelle rosée, au fur et à mesure que celle-ci
diminue.
● l'amalgame en circulant va absorber des levures naturelles cataliseuses en
suspension dans l'air ... on appelait jadis ces levures naturelles "poussières d'étoiles"
ou feu secret.
● au bout de 7 mois, notre amalgame sera transformé en mercure philosophique
appelé "MOSTOC" ou lion vert.
La projection
On jettera dans du plomb liquide une pincée de la pierre, et après 4 jours de fusion, par
palier le plomb se changera en or.
La médecine
En médecine, on mettra 3 GRAINS de la pierre dans 1 litre de vin rouge ... on laisse
reposer 24h et ce vin sera devenu une véritable tériaque qui guérira toutes les maladies et
prolongera votre vie.
La multiplication de la pierre
LA PIERRE PHILOSOPHALE
Comme bien d'autres, Thomas Charnock en fit la cruelle expérience. Né à une époque où la
science et la magie faisaient encore bon ménage, Thomas s'était voué à l'alchimie alors
que, jeune étudiant, il ne possédait que quelques bribes de latin pour tout bagage
intellectuel et pour toute fortune une poignée de piécettes provenant du modeste héritage
d'un parent éloigné. D'abord il avait voyagé un peu partout en quête d'un maître qui voulût
bien l'initier; et un jour il était arrivé dans la ville de Bath où, lui avait-on dit, un religieux
pratiquait d'étranges expériences. C'était un vieillard dont la vie ne tenait qu'à un fil, il n'avait
plus toute sa tête et avait presque perdu la vue. Néanmoins, il s'était rappelée l'essentiel de
ses formules et, complaisamment, il avait divulgué à Thomas à peu près tout ce que celui-ci
désirait connaître.
On ne sait pas en quoi consistaient ces fameuses formules car la longue lignée des
alchimistes qui en assuraient la transmission est aujourd'hui éteinte. Le processus
consistait, semble-t-il, à soumettre une solution très diluée de sels d'or à un cycle compliqué
de douze distillations successives de natures différentes. Si le chercheur s'y prenait bien, il
obtenait alors un caillou blanc très dur, qui par la suite, virait au rouge, c'était ce qu'on
appelait la pierre philosophale, une substance mystérieuse qui non seulement permettait de
transmuter en or les métaux ordinaires, mais aussi de tout embellir, de guérir les maladies
les plus malignes et même de redonner la jeunesse.
Finalement tout fut prêt. Il alluma le four. Sur les étagères, d'épais flacons emplis de
mercure, d'ammoniaque, d'eau-forte, de poudre d'argent, de pépites d'or disputaient la
place à des livres reliés en cuir et à des parchemins poussiéreux couverts de pattes de
mouches. Des cornues, des alambics, des têts, des mortiers s'entassaient un peu partout.
Le coeur battant, Charnock se remémora tout ce qu'il avait appris du religieux, tout ce qu'il
avait lu dans les grimoires, avant de se décider à verser une mesure de paillettes d'or dans
un ballon d'eau régale. Puis il transvasa la solution dans une cornue.
Il passait tout le jour à régler le feu et à contrôler la distillation. La nuit, il cherchait dans les
grimoires les raisons de ses échecs. Il ne sortait que pour respirer lorsque les vapeurs
d'acide devenaient trop épaisses.
Il y avait sûrement une erreur dans ses calculs, dans ses doses, ou dans ses
manipulations; car qui aurait pu douter un seul instant des dires et des écrits des grands
maîtres ? Il étudia la nature des éléments, les propriétés des matières, il consulta les cartes
astrologiques et détermina les moments où les conjonctions des planètes étaient
favorables. Trismegistus n'avait-il pas déclaré que le bas était le reflet du haut ?
Bien qu'il persistât avec acharnement dans ses travaux, le succès le fuyait toujours. Avec le
temps, sa passion s'était assagie et une sorte de sérénité s'était installée dans son âme. La
crainte de l'échec ne troublait plus ses nuits et l'entretien de son four était devenu une règle
de vie, presque une fin en soi.
que ses sautes d'humeur affectaient la matière qui se formait dans la cornue. Quand il était
calme, le processus semblait se dérouler favorablement, s'il était soucieux, le liquide
devenait aussi sombre que sa mélancolie.
Finalement, un jour, après bien des années, la matière devint blanche et se solidifia au fond
de l'alambic. Pourtant Charnock avait procédé comme d'habitude, il comprit que le
changement observé dans la cornue était semblable à celui qui s'était opéré en lui. Il faillit
succomber à la jubilation mais il parvint à se dominer et il continue calmement le cycle de
distillation. Il vit alors apparaître une petite tache rosée au milieu de la pierre blanche puis
toute la matière tourna au rouge sang. Alors, ne pouvant plus contenir son exaltation, il
saisit la pierre rouge et la plongea dans un chaudron empli de plomb fondu. Le métal
bouillant fusa, crachota et brusquement il prit la couleur de l'or. Après vingt années d'efforts
incessants, Thomas Charnock avait atteint sont but.
Il ne tenta pas d'exploiter sa découverte pour s'enrichir et goûter enfin aux vains plaisirs
terrestres. Il se contenta de ce qu'il venait d'obtenir. Il lui avait fallu longtemps pour
comprendre que l'important n'était pas le but, mais la façon d'y parvenir. Cette longue quête
de l'absolu avait fait de lui un sage et lui avait apporté bien plus que tout l'or du monde.
Le droit, comme son nom l'indique, est, avant toute chose, la science de la rectitude et,
par voie de conséquence, la science de la rigueur bien avant même d'être celle de la
justice. Cette dernière serait plutôt l'effet de la droiture et non sa propre source car si
l'on inverse les termes on risque de croire que la justice se confondrait avec l'égalité
des droits. La loi ne fait pas la justice, elle reflète le droit appliqué à un espace donné
tandis que le juge rend et fait la justice.
Il ne faut surtout pas confondre la justice avec l'égalité car en droit traditionnel il y a
nécessairement un droit propre à chaque caste selon le principe qu'on ne peut comparer
que ce qui est comparable. Puisque le droit est affaire de rectitude, on peut se
demander s'il ne conviendrait pas, avant même de vouloir " faire de la métaphysique ",
d'avoir ou d'acquérir un minimum de sens juridique, s'agissant de la science royale[1]
par excellence...
Quelle place le science juridique tient-elle dans les milieux dits traditionnels ? Force
est de constater qu'aucun des écrivains concernés n'est connu par ailleurs en tant que
juriste distingué. La carence que l'on vient d'entrevoir n'est-elle pas une chose assez
surprenante et même flagrante de la part d'un milieu qui prétend détenir les véritables
principes[2] ?
Dans ces conditions, le fait d'avoir à constater présentement que le plupart des
" vocations traditionnelles " s'observent, de préférence, dans les milieux universitaires
relevant des " Lettres ", un domaine réputé plus perméable que d'autres à la subversion,
est quand même bien l'indice de lacunes fort regrettables[3].
Nous abordons un thème qui semble bien n'avoir jamais fait l'objet de la moindre
tentative de recherches systématiques. Mis à part quelques maigres aperçus dispersés
dans la littérature spécialisée, le sujet est probablement resté quasiment inexploré.
Nous avons noté quelques indications du côté des évoliens, indications fort succinctes
en relation avec la préhistoire du droit romain. Malheureusement, n'ayant pas prévu de
consacrer un article aux modalités des droits traditionnels, nous avons négligé de les
relever. En l'absence de repères, nous voulons seulement proposer quelques sujets de
réflexion ordonnés selon une vue plus intuitive que méthodique et il va sans dire que
nous ne saurions prétendre être exhaustif.
La seule chose que nous puissions faire c'est de confronter divers systèmes de droit
anciens et modernes dans l'espoir de saisir au passage des différences significatives
tout en sachant fort bien que l'âge de tel ou tel système n'est point à proprement parler
une garantie. En effet, nous savons peu de choses du droit romain archaïque et le droit
anglais, quoique plus récent, est plus fiable à certains égard que le droit romain le plus
ancien...
Parmi tous les critères venant à l'esprit, l'apparition de la procèdure inquisitoriale paraît
avoir déterminé une véritable fracture dans l'ambiance.
La procèdure dite accusatoire est toujours en usage puisqu'en droit français elle est
exclusive du droit civil, la procèdure inquisitoire étant réservée au domaine pénal.
La première oblige l'individu qui désire obtenir réparation d'un préjudice non
seulement à prouver son existence mais également à prouver que telle ou telle personne
en est bien responsable. Le juge ne prend aucune initiative si ce n'est celles qui
consistent à vérifier les moyens de preuve allégués et à départager les adversaires en
présence en recourant à des techniciens (experts) lorsque des problèmes d'appréciation
dépassant sa compétence se posent.
lorsqu'un délit ou un crime a été commis. Cette enquête doit être, du moins en principe,
menée à charge et à décharge. Il faut quand même se résoudre à constater qu'en raison
même du caractère inquisitorial de la procèdure envisagée, la présomption d'innocence
est, quasiment devenue, en pratique, une pure fiction car il existe une sorte
d'incompatibilité principielle entre l'inquisition et la présomption d'innocence puisque
l'inquisition est déterminée par un soupçon. Notons encore que la procèdure
inquisitoire se trouve rarement dans un état " chimiquement pur ", si l'on peut dire, car
en l'absence de crime public, il faut bien qu'une accusation intervienne pour déterminer
l'enquête.
Il est un phénomène propre au droit romain qui nous a frappé et a en quelque sorte
galvanisé subitement notre attention.
Nous avions toutes les bonnes raisons de nous méfier de ce droit romain ne serait-ce
qu'à cause du rôle qu'il a joué, au temps de Philippe le Bel, dans l'ascension de la
bourgeoisie. Notons au passage que Régine Pernoud a apporté, sur ce point et avec son
Histoire de la bourgeoisie, une illustration sur mesure de la théorie guénonienne
expliquant la décadence cyclique à partir de la régression des castes. Or, nous n'avons
jamais vu un seul compte-rendu au sujet de ce livre dans l'une des revues
traditionnelles que nous lisons... Mais il est vrai que le mépris de l'histoire est tel, parmi
la clique d'imposteurs qui prétend dire le droit chez les " guénoniens ", que cela n'est
pas très étonnant...
Etant allergique dans une large mesure à tout ce qui est romain, à cause des tendances
totalitaires et du matérialisme de la civilisation dont il s'agit, nous étions évidement
prédisposé à sauter en l'air lorsque nous avons lu ceci : Contrairement à la plupart des
droits dont la procèdure a d'abord été accusatoire, puis est devenue inquisitoire, le
droit romain présente le cas unique d'une procèdure inquisitoire qui devient ensuite
accusatoire pour revenir dans sa dernière phase aux formes inquisitoires.
Il nous aura suffi d'ouvrir le Que sais-je ? qu'a consacré André Laingui à l'Histoire du
droit pénal pour que ce petit livre s'ouvre de lui-même[4] à la page 26 où se trouve ce
qui fut pour nous un trait de lumière. Nous lisons donc que l'évolution normale, et elle
va nécessairement d'une perfection vers sa dégradation, commence par une procèdure
accusatoire pour finir avec l'inquisition. Il faudrait sans doute lire ainsi le texte que
nous avons rapporté : ce que nous savons de la plupart des droits anciens indique que
la procèdure traditionnelle fut toujours accusatoire avant de dégénérer en procèdure
inquisitoire. L'état initial du droit romain, ou du moins ce que nous en savons,
constitue une exception en ce sens que l'inquisition paraît bien avoir précédé
l'accusation, mais en réalité cela signifie seulement que ce que nous connaissons du
droit romain ne correspond probablement qu'à un état fort tardif portant déjà en lui-
Nous avons pratiqué quelques sondages dans les ouvrages spécialisés qui nous sont
physiquement accessibles et nous n'avons pas encore eu la chance de trouver une étude
contenant un développement des remarques de Langui. Nous aurions pu, il est vrai,
prendre le temps d'aller à la bibliothèque de la Faculté de Droit mais il ne nous a pas
semblé absolument nécessaire de vouloir apporter la preuve des conclusions que nous
tirons. Le peu de souvenirs de lectures que nous pouvons conserver au sujet des " droits
barbares " où même seulement du droit franc antérieur à la romanisation survenue au
XIVe siècle nous incite à croire que la procèdure accusatoire est bien l'état premier de
la mise en oeuvre du droit. D'autre part, nous sommes également certain qu'il ne
servirait à rien d'amasser des " preuves " car il faut s'être préallablement désintoxiqué
de l'esprit moderne pour pouvoir distinguer ce qui est probant de ce qui ne l'est pas. Au
surplus, nous n'avons nulle intention de " pondre " une thèse sur ce sujet. Le milieu des
études juridiques formait autrefois un bastion très à droite et si ce n'était pas en soi une
garantie, le virage à gauche qui s'est amorcé est sur le point d'aboutir à un renversement
complet. Nous n'avons donc rien à faire dans cette galère et nous ne demandons bien
qui pourrait prétendre nous diriger dans un domaine où tout reste à " inventer "...
des intérêts privés et d'être les voyeurs de l'intimité de leurs justiciables. Il est un fait
qu'on observait toujours une sorte de réticence à rendre la justice de la part de ceux qui
était traditionnellement mandaté pour le faire. Il faut alors, à propos de cette réticence,
se souvenir de cette figure exceptionnelle que fut Roi Salomon. Cette réticence n'avait
pas pour seule cause la discrétion : lorsqu'une faute était découverte publiquement, la
justice devait s'appliquer dans toute sa rigueur même lorsque le remords était sincère.
On en a un exemple flagrant dans l'Islam où l'on trouve une déclaration du prophète en
ce sens. C'était à propos d'une question de vol ! On observe donc, dans toute justice
traditionnelle, qu'une part assez large est laissée à l'accomodement des particuliers
entr'eux et ce point est très sensible dans le droit civil anglais.
Jusqu'à présent, le principe retenu pour les voyageurs voulait que ce soit le droit local
qui s'applique à tous leurs actes sauf peut-être en matière de succession pour des biens
acquis en terre étrangère. Quoiqu'il en soit, en matière pénale, la règle intangible était
que n'importe quel voyageur devait se conformer aux us et coutumes des terres qu'il
était amené à traverser. Il y a là un principe à dégager : c'est que le droit est attaché à
un espace et par lui au type d'humanité qui l'occupe car il doit nécessairement s'adapter
à des particularités nécessairement locales. Donc l'étranger se soumet au droit de
l'espace dans lequel il rentre.
Nous nous excusons de revenir encore sur des histoires de " pédophilie " mais certaines
innovations judiciaires sont trop caractéristiques d'une mentalité par trop totalitaire
pour que nous passions ces innovations sous silence. Certes, la disparité entre la
libéralité de législations encore relativement traditionnelles et celles de nos états
modernes a suscité bien des abus. On a donc imaginé, pour les voyageurs qui
enfreindraient, à l'étranger, nos propres lois sur les moeurs, de les punir au retour en
leur appliquant le droit local. L'initiative viendrait d'Allemagne et la France, lorsqu'elle
s'empresse de copier quelque chose, se jette toujours sur ce qui est le plus pernicieux
ou alors, elle se laisse déborder, sous prétexte de communauté européenne, par les
pratiques majoritaires les plus discutables (cas de l'adoption des phares blancs).
concoctées dans le but de " convertir " à notre morale des peuples qui avaient jusqu'à
présent diverses bonnes raisons d'y être réfractaires. A noter, sur ce point, que le
manège à déja porté ses fruits puisque certains états asiatiques ont durci leur code sans
vraiment travailler, même à long terme, en faveur de leurs propres intérêts. Les abus ne
faisant que se déplacer sur un autre front tandis que nos imitateurs perdent des devises
sans que cette perte soit compensée par des réformes économiques internes susceptible
de faire disparaître les causes d'exploitation des enfants par exemple.
Puisque l'on se préoccupe tant de protection des mineurs étrangers comment se fait-il
qu'on n'étende pas la législation française du travail à la main-d'oeuvre à bon marché
qu'utilisent certains chefs d'entreprise qui " délocalisent " leurs moyens de production.
Si la prostitution, lorsqu'elle dépasse une trop grande échelle, n'est assurément pas une
chose souhaitable, on aimerait bien savoir en quoi la vision d'immenses ateliers de
saisie informatique occupés par des centaines de jeunes filles asiatiques réduite à une
promiscuité bruyante est moins offensante que l'image que l'on peut avoir de jeunes
garçons philippins s'offrant pour quelques piècettes à ces gros veaux que peuvent être
les Allemands et les Américains lorsqu'ils sont en vadrouille...
Nous venons de voir que les délits économiques bénéficient assez singulièrement d'une
disproportion qui leur est toujours très favorable. C'est une chose qu'on constate pour
chaque procès d'un escroc responsable de la déconfiture de plusieurs centaines
d'épargnants cependant que dès qu'il est question de moeurs, l'échelle de mesure
change dans des proportions extravagantes. Il n'est pas difficile de trouver l'explication
de ce phénomène. La caste des marchands mondialistes est au pouvoir et il suffit de le
constater pour comprendre à quoi tout cela rime...
Nous ne nous étendrons pas sur l'abolition de la peine de mort. C'est bien l'une des plus
grande monstruosité des droits modernes puisque les honnêtes gens sont bien les seuls
à risquer la mort sans pouvoir être vengés. Il nous semble avoir lu quelque chose à ce
sujet chez un auteur traditionnel. Peut-être s'agissait-il de M. Lings... Ceci étant, la
cause est entendue parmi nous, ce qui nous dispense d'insister. Le maintien de
l'équilibre cosmique exige la mise à mort du meurtrier sauf en cas de légitime défense.
Or, c'est bien présentement cette dernière qui est systématiquement bafouée par des
démagogues et des juges iniques, hèlas de plus en plus nombreux ! Nous ajouterons
que le meurtrier a toutes les chances de connaître un sort posthume plus favorable en
payant sa dette en ce monde s'il accepte son châtiment. La prison a perpétuité n'a
jamais arrangé personne et pour comble de malheur il n'y a plus de perpétuité réelle. A
moins, que ce ne soit pour les seuls violeurs d'enfants...
Il est une chose que nous devons aux codes Napoléon et dont on ne parle jamais tant la
chose parait normale. Un article du code pénal stipule que le prévenu doit être exempté
de châtiment dès lors qu'il serait prouvé qu'il aurait agi sous l'empire de la folie. Dans
ce cas, il est en principe voué à l'enfermement dans un asile mais comme ceux-ci sont
pleins, c'est le gage d'une libération à court terme. Nous avons justement sous les yeux
un cas des plus scandaleux et c'est l'affaire de la Librairie Osiris à Nice qui a été
incendiée par un client qu'on connaissait fort bien. Ce n'est du reste pas un fou à temps
plein, il est tout juste un peu " possédé " voire simplement " infesté " et il semble bien
avoir agi sous influence, celle en l'occurence d'une secte protestante bien connue...
Dans cette sorte d'affaire, nous récusons en bloc le ministère des psychiatres commis
en tant qu'experts. Leur pouvoir est par trop exorbitant d'une part. D'autre part, leur
science est bien trop sujette à caution pour qu'on puisse se fier à eux dans la mesure où
leur connaissance du psychisme humain est en nette régression par rapport aux
connaissances traditionnelles. Enfin, il faut bien dire le plus important : quand il s'agit
avant toute chose de rétablir l'équilibre cosmique, de réparer un dommage et d'éviter
une récidive, il n'est pas nécessaire de savoir si le criminel a agi ou non en parfaite
connaissance de cause. Il doit être mis à mort, à plus forte raison s'il a été l'instrument
de quelque chose qui le dépasse puisque dans ce cas, on ne pourra jamais être certain
qu'il sera un jour capable de se soustraire aux influences qui l'ont fait agir. Et si l'on y
réfléchit bien la solution de l'exemption de peine pour cause d'irresponsabilité est
diamétralement opposée à ce que la logique, le bon sens et l'équité recommandent de
faire.
Souvenons-nous à propos de cette question, qu'on a vu parfois (du moins on le dit) des
tribunaux médiévaux juger des animaux... C'est là une cause de scandale pour des gens
qui ne comprennent rien à rien... L'aspect positif de cette pratique réside dans le fait
qu'on n'hésite pas à mettre à mort un animal ayant causé la mort d'une ou plusieurs
personnes, ce qui prouve bien dans ce cas de figure que l'irresponsabilité, c'est-à-dire le
fait pour un homme d'en être réduit au plan du libre arbitre à une condition purement
animale, n'a pas a être prise en compte pour ce qui est du châtiment. L'aspect discutable
de cette pratique réside dans une disproportion évidente : l'animal ne peut répondre aux
question du juge. Sans doute lui donnait t-on un avocat pour faire bonne mesure
(comme l'on en donne un au " diable " dans les procès de béatification pour d'autres
raisons) de sorte que la disproportion disparaît dès lors que l'on considère le fait de
rendre la justice comme un acte rituel nécessitant un minimum de formalités. Et dans
ces procès, il est probable que ce n'était pas tant tel animal qui était mis en cause mais
le génie de l'espèce dans ses responsabilité vis-à-vis des descendants d'Adam. On
voulait surtout montrer par là que les rires gras et bêtes des modernes à l'égard de leurs
ancêtres sont surtout le produitd'une ignorance béate et cela n'a évidemment rien
d'admirable...
Puisque nous avons ouvert une parenthèse à propos de la peine de mort, il faut bien
admettre que l'application de ce qu'on appelle la loi du talion semble avoir souffert
quelques exceptions. En effet, nous avons lu quelque part que dans certains droits
barbabres, il était possible, pour le meurtrier, d'éviter d'être précipité dans l'autre
monde en payant une composition en argent ou en nature.
Nous ne pouvons entrer dans le détail faute d'avoir une documentation suffisante à ce
sujet. Cependant, nous pouvons affirmer que les conditions d'ambiance différaient
totalement car la composition dont il s'agissait équivalait en fait à une mort
patrimoniale donc civile dans la mesure où toute la postérité du meurtrier pouvait être
frappée avec lui. On va voir que pour notre droit, cet usage serait considéré comme
injuste attendu que les enfants en bas âge d'un père meurtrier ne pourraient être
considérés, en aucun cas, comme des complices. Ici intervient une autre logique, à
savoir que ce n'est point le meurtrier qui est pris en compte mais le destin de sa lignée
formant un tout organique considéré dans des termes que l'on pourrait appeler "
karmiques ". Si un tel a choisi un père qui allait devenir meurtrier c'est qu'il avait avec
lui des affinités... En fait, il n'y a pas tellement de différence entre la mort d'un chef de
clan et la ruine de ce dernier quant aux conséquences si l'on se place dans une
perspective féodale puisque les survivants doivent trouver un protecteur.
Nous ne pouvons nous attarder sur cette particularité des droits traditionnels qui avaient
probablement en vue la volonté d'éviter qu'une vendetta se poursuive indéfiniment
puisque la lignée lésée avait droit de vie et de mort sur la lignée meurtrière. Dans ces
conditions, l'exception apparente que constitue le " prix du sang " ne peut en aucun cas
servir à justifier l'abolition de la peine de mort puisqu'il impliquait que la lignée
criminelle soit pratiquement réduite à néant, ou du moins très sévèrement touchée dans
son patrimoine.
Nous avons évoqué plus haut de la loi du talion. Selon certains juristes d'ascendance
israëlite, la formule oeil pour oeil, dent pour dent aurait été mal interprêtée. Elle serait
à entendre dans le sens d'un principe de compensation purement pécuniaire afin de
permettre la fixation d'une sorte de tarification applicable à tous. Ainsi, aux gens qui
s'effarouchent d'une loi qu'ils tiennent pour monstrueuse, on répond que ce sont les
juifs qui vaincu la barbarie en jetant les bases du droit civil moderne.
Cette histoire est vraiment très curieuse lorsque nous voyons un peuple, une " culture "
réputée très littéraliste dans ses explications de texte, plaider en faveur d'un sens figuré
qui est loin, précisément, de tomber sous le sens. Il se pourrait bien que la seule fois où
des juifs auraient voulu faire de l'ésotérisme ils se soient emparés d'une exception par
ailleurs certainement unique.
Ce sont bien là des méprise de juifs modernes. Pour diverses raisons, leur façon de voir
les choses ne semble pas pouvoir résister à un examen sérieux. Lorsqu'on présente
l'interprétation que nous venons d'envisager, on prétend avoir marqué un progrès mais
par rapport à quoi ? Par rapport à l'interprétation littérale de la formule qu'on présente
comme l'état primitif de la justice ! Mais pourquoi le rédacteur de la formule talionique
se serait-il servi d'une définition barbare pour signifier exactement le contraire ?
La formule signifie que l'application des peines corporelles doit être exactement
Nous craignons, si l'on nous contraignait à examiner de plus près le genre de sornette
qu'on a tenté d'acclimater à propos de la loi du talion d'avoir à relever des choses fort
désagréables pour le parti en cause. Ceci nous rappelle en effet un passage d'un livre
intitulé Les Juifs et l'argent paru aux Editions Gallilée où l'on prétend démontrer que
l'exil aurait permis aux israëlites d'introduire un nouveau rapport à l'argent, positif bien
sûr. Nous avons discerné au passage toutes sortes de théories spécieuses à travers
lesquelles on tente de prouver qu'à cause de leur caractère abstrait les numéraires
auraient en quelque sorte réduit l'idolatrie du veau d'or... Qu'on s'abstienne de nous
forcer à en dire davantage car cette fois nous pourrions ressentir l'envie pressante de
prendre un fouet...
Nous avons de bonnes raisons de penser que la loi du talion n'est pas si mauvaise que
cela. Il nous semble qu'elle devrait être appliquée d'abord aux incendiaires qu'il
suffirait de lâcher dans la fournaise lorsqu'ils s'en prennent aux forêts... Il nous paraît
en effet tout-à-fait juste de mutiler ceux qui ont mutilé volontairement leurs semblables
en réservant le principe de la composition en argent aux fautes et dommages
involontaires sous réserve que son montant soit très dissuasif...
Mais nous n'en avions pas terminé avec l'invention de la procèdure inquisitoire. car
l'Eglise catholique, qui a conservé de la romanité le meilleur et surtout le pire, a fini par
laisser prospérer certains virus transmis probablement dans les plis de la pourpre
cardinalice où par quelque autre gadget impérial que l'on aura mal lavé...
l'impression que cette institution, les excès mis à part, est considérée comme une chose
non seulement indispensable mais tout-à-fait normale.
Toutefois, ceci s'accompagne d'une liberté de conscience et ceci n'a pas empêché le
droit canon de sanctionner la contrainte physique et morale en matière de religion en
s'opposant à toute pratique de conversion forcée. Soit dit en passant, l'Opus Dei devrait
normalement tomber sous le coup de ces lois..
En procédant par élimination, on arrive à cerner avec une certaine précision le champ
opératoire légitime de l'inquisition. La liberté de conscience étant reconnue, il était
interdit de publier des opinions pouvant être considérées comme erronées à cause de
leur contagion possible. Autre limite à la liberté de conscience : ne pas professer des
hérésies susceptibles de saper les fondements de l'ordre social. Toutes les hérésies, à
commencer par le catharisme, remettaient en cause l'édifice féodal d'une part tout en
semant le doute au sujet de la succession apostolique catholique et romaine... Par la
suite, les hérésies prirent un rôle plus nettement antisocial avec la mise en vedette d'une
nouvelle pauvreté évangélique par réaction à certains abus cléricaux.
Il faut convenir que mis à part la sensibilité par trop exacerbée des démocrates à ces
limites, sensibilité qu'on peut fouler aux pieds sans scrupules excessifs, le champ des
interventions légitimes reste assez flou. Il serait intéressant de connaître l'histoire du
régime de la presse dans le détail. La publication des livres a t-elle réellement nécessité
en un temps donné une autorisation préallable. En régime monarchique absolu
(privilèges royaux), sans doute, mais avant ? En ce qui concerne les menaces à l'ordre
social, il faut bien dire que le problème est insoluble car l'inquisition est comparable à
ces pompiers qui arrivent lorsque le feu a tout dévoré. Il eut mieux valu prévenir que de
vouloir guérir...
Nous reproduisons ici en italique les renseignements contenus dans une lettre de J.R.L.,
les observations en caractère romain étant de votre serviteur.
L'invention de la procèdure inquisitoire naît d'un bon sentiment : atteindre ceux qui par
leur position (nobles) peuvent professer des hérésies en toute impunité, le revers de la
médaille étant qu'il faudra susciter la division au sein de la caste des guerriers pour
obtenir gain de cause. Ce sont les barons du Nord qui fondent sur l'Occitanie avec
toutes les conséquences que l'on sait. Si le Midi et les Cévennes ont été
traditionnellement un bastion où la sensibilité de gauche a fini par se nicher, c'est bien
en raison non pas tant des anciens foyers d'hérésie mais plus sûrement à cause d'un
choc en retour contre l'ambition des nordiques associés à la Papauté.
La préférence pour des moyens de preuves de caractère plus " objectif " demanderait
une étude spéciale. La possibilité d'une concurrence entre catholiques et hérétiques
relativement à des phénomènes " surnaturels " a probablement joué. Les " pouvoirs " de
saint prêcheurs ont été contestés et présentés comme des diableries.
En 1199, Innocent III reprend ces dispositions dans sa bulle Vergentis in senium qui
institue des tribunaux diocésains. Enfin, en 1215, le quatrième concile du Latran
Vers 1227-1235, l'Inquisition pontificale (dite aussi légatine) est créée par Grégoire
IX, notamment pour permettre d'atteindre ceux qui sont exempts de la juridiction
épiscopale.
Précisons encore que la dénonciation peut être publique (c'est-à-dire faite par un
personnage officiel comme le témoin synodal institué par le concile de Toulouse en
1229) ou privée (faite par de simples particuliers).
Récapitulons :
Il resterait encore à situer l'entrée en scène de certains ordres, à préciser leur rôle et
aussi à déterminer comment une inquisition purement royale est parvenue à s'immiscer
dans le dispositif dans le but de travailler pour son propre compte.
Les historiens connus ne se sont guère attachés qu'à l'évolution tardive de l'inquisition
en distinguant seulement l'inquisition épiscopale et l'inquisition royale qui était elle-
même une hérésie attendu qu'elle a fini par s'affranchir complètement de l'autorité
spirituelle comme ce fut le cas de la part de Philippe le Bel. Généralement, l'impact
sentimental du phénomène l'emporte dans leurs descriptions sur la finesse de leur
analyse juridique des principes et des techniques mises en oeuvre. Nous intéresse
l'évolution interne de la première catégorie et les changements qui ont pu se produire
entre les débuts du christianisme et le début du XIIIème siècle marquant, dans tous les
domaines sans exception, un changement discernable à son caractère totalitaire.
Cette période est caractéristique d'une concurrence entre prêtres et guerriers et il faut
bien dire que les torts sont largement partagés. Autorité spirituelle et pouvoir temporel
de René Guénon est certes conforme aux principes, cependant qu'il est injuste dans la
mesure où il tend à simplifier à l'extrême la situation attendu que certains représentants
de l'autorité spirituelle abusaient manifestement en imitant certains seigneurs. Au
concile de Vienne, la querelle au sujet des exempts a compté au moins autant que
l'affaire des Templiers. D'autre part, l'ouvrage de Guénon ayant été écrit pour appuyer
la condamnation de l'Action Française, il est permis de se demander si cette
condamnation ne fut pas tout simplement inique. Sans abonder dans le sens de
certaines thèses gallicanes, il faut bien reconnaître que s'il n'existe entre la papauté et la
France un contentieux, une hostilité latente faite d'agacement et parfois de mépris est
bien discernable[7] qui vient au premier chef du fait que Saint Rémi a été quasiment
" courcircuité " par une certaine colombe. De ce sacre aux modalités particulières et
unique dans les temps évangéliques, il s'ensuit une situation d'exception[8] que Guénon
semble avoir largement méconnue. D'autre part, il est assez clair qu'en décapitant
l'Action Française, Rome a abattu le seul foyer d'intellectualité qui pouvait encore la
soutenir en se privant de ses alliés naturels et le résultat ne s'est pas fait attendre...
Nous envisageons cette fois une autre catégorie inhérente au mode procèdural. Les
modes de preuve sont très variables à l'intérieur d'un même système de droit. C'est ainsi
que dans notre droit français actuel, contre une partie commerçante, un plaideur peut
faire la preuve par tous les moyens y compris celui constitué par un simple témoignage
venant de l'observateur d'une transaction. Il n'en va pas de même en matière civile car
un particulier n'est amené que fort rarement à effectuer des actes de commerce. S'il est
débiteur, il faut en rapporter la preuve par écrit car en matière de meuble possession
vaut titre déclare un vieil adage.
La preuve contractuelle par acte authentique ou sous sein privé, ainsi que la preuve
testimoniale sont à peu près tout ce qui nous reste de l'ancien système. Chaque fois que
ce genre de preuve fait défaut, il s'avère impossible de faire triompher la vérité. Mais
les Anciens disposaient, pour tout ce qui avait rapport avec la loi sacrée, de preuves
dites irrationnelles parce qu'elle relevaient d'une sorte de " divination ". Rentrent dans
cette catégorie les différentes espèces d'ordalie ou jugement de Dieu en contexte
chrétien.
Tout cela peut nous sembler terriblement aléatoire mais dans un monde encore
relativement transparent, dans une tradition ayant conservé son unité, ses garde-fous,
c'est-à-dire les moyens rituels qu'elle avait de maintenir l'intégrité de son ambiance, le
recours à ce mode de probation n'est en rien répréhensible. Cependant, il n'est plus
possible aujourd'hui de recourir en toute confiance à de telles épreuves car l'ambiance
est semblable à une passoire. Toutes sortes d'influences[9] non contrôlées peuvent
fausser les résultats de sorte qu'elles sont tombées assez rapidement en désuétude et pas
seulement dans le christianisme.
On aurait tort, malgré tout, de voir là un reste de barbarie. Le fait que toutes les
civilisations traditionnelles ont eu recours à ce moyen de preuve indique au contraire
que dans certaines conditions cela était parfaitement légitime. L'inventaire des
procèdures appartenant à cette catégorie ne présente plus qu'un intérêt historique, c'est
pourquoi nous laisserons cela de côté car il est des choses plus utiles à savoir.
Un autre critère peut être trouvé dans l'opposition entre un droit écrit qui tant à
multiplier les obligations réglementaires et un droit essentiellement oral où la
jurisprudence tient le haut du pavé comme c'est encore le cas en Angleterre. Pour un
esprit français, habitué par toute une éducation chauvine à penser que notre droit
représente un état de perfection difficilement surpassable quant à ses principes, il est
sans doute malaisé de comprendre que notre droit local, bien qu'il fasse référence à une
volumineuse jurisprudence, n'est pas à proprement parler un droit jurisprudentiel.
créer de précédent. Aussi singulier que cela puisse paraître, ce type de droit se montre
beaucoup plus favorable à la stabilité des institutions traditionnelles tout en étant, en
une certaine manière, beaucoup plus souple puisqu'il est sensé s'adapter à des situations
nouvelles et imprévisibles. Il s'agit bien en fait de maintenir la permanence de certains
principes en dépit de l'évolution des contingences et s'il peut sembler étrange qu'on
puisse arriver à ce résultat par un droit dont le corpus est rudimentaire, l'expérience
montre bien que l'évolution des systèmes de droit fondés sur une réglementation
s'efforçant de coller le plus étroitement possible aux situations nouvelles par une
multiplication de textes à vocation préventive, on aboutit au contraire et en fin de
compte, à trahir, tôt ou tard, l'esprit initial du droit considéré.
Le droit français, et tous ceux qui lui ressemblent, se signalent par une obsession qui ne
peut manquer de paraître extraordinaire pour celui qui est encore capable de distinguer
la folie du bon sens. Nous voulons parler de la hantise des vides juridiques...
C'est quand même une chose incroyable que d'être obligé de constater qu'en dépit de la
multiplication et de la croissante régulière de nos codex, sans parler des tonnes de
juriprudence que ceux-là traînent derrière eux, il est encore des problèmes tout simples
que l'on prétend ne pas pouvoir résoudre ! Cela montre, à l'évidence, que l'on s'est
engagé dans une impasse et qu'il conviendrait de tout revoir. Hèlas, on n'a pas trouvé
d'autre solution que la fuite en avant....
Quant à la " répression des vides juridiques " elle peut s'entendre de deux manières, soit
il s'agit (cas le plus courant) de prévoir toutes les anomalies possibles et imaginables en
les interdisant à priori et c'est la forme suppresive de cette répression, soit on désire
légiférer pour faire figurer expressement dans le Code un prétendu droit et c'est alors la
forme défensive de ladite répression. Il faut savoir que ce dernier mode n'est certes pas
le moins dangereux attendu qu'il entraîne presque automatiquement des effets
indésirablesf[11].
d'être trop lente, ce à quoi elle a beau jeu de répondre que c'est un gage de sérénité. En
disant cela, on demeure à la périphérie et on néglige de remonter aux véritables causes
de l'obstruction.
La justice humaine a toujours été faillible mais c'est surtout en matière pénale que
certains " impondérables " peuvent intervenir, le premier de tous étant cette sacro-
sainte opinion publique. C'est pourquoi nous préférons faire porter notre démonstration
dans le domaine du droit civil. En d'autres termes, le droit pénal ne nous intéresse guère
car c'est, à de rares exceptions près, une sorte de loterie et c'est du reste l'une des
bonnes raisons que nous avons de penser que tout ce qui implique une approche
inquisitoriale est fondamentalement malsain.
Nous croyons, pour avoir observé ces choses de près, que si les tribunaux civils
donnent rarement satisfaction aux plaignants, c'est d'abord parce que l'atomisation du
droit à raison d'une multiplication effrenée des lois et réglements administratifs a pour
effet de rendre bon nombre de juges incompétents, les défenseurs ne l'étant pas moins.
Le code civil est relativement stable mais toute la réglementation en matière
commerciale que l'administration impose à coup de décrets constitue une véritable
jungle. Et c'est ici que l'on constate que le souci de " faire le plein " en vue de pallier à
des " vides juridiques " éventuels, bien loin de protéger qui que ce soit contre les abus,
constitue en réalité la façon la plus habile de favoriser les crapules.
Plus il y a de textes, plus on peut trouver de moyen de les détourner. C'est là une
évidence mathématique et comme il arrive fatalement qu'ils se contredisent, il n'y a
guère que les escrocs qui peuvent proliférer car ces derniers ont les moyens
d'employer, à l'année, des techniciens du droit pour trouver des parades. Si l'on ajoute à
cela l'obstacle d'une procèdure qui tend, elle aussi, à se compliquer, on peut être sûr
qu'une victime qui est dans son bon droit a toutes les chances d'être ruinée (ou de
sombrer dans la dépression, voire même de mourir) avant que justice ne lui soit rendue.
Il suffira d'ajouter à ceci que les juges deviennent de plus en plus pusillanimes au point
de requérir un expert pour un oui ou pour un non[12] et l'on en arrive à des situations
absolument scandaleuses. Et seulement parce que les juges veulent se couvrir ou
" gagner du temps "...
Ce que nous venons de dire paraîtra sans doute assez banal dans la mesure où tout le
monde croît savoir cela. Mais ce faisant, les gens qui en sont persuadés, oublient une
toute petite chose : ils sont bien, eux aussi, les premiers à réclamer de nouvelles lois. Et
toute volonté de revenir en arrière se heurte à leur besoin de répression de sorte que par
pure démagogie on accentue la pente fatale. C'est dire qu'il est impossible d'en sortir
car il n'existe aucune chance de voir le mouvement s'inverser. Mais nous allons aborder
maintenant un domaine beaucoup plus passionnant, celui des " fictions juridiques ".
Nous avons en vue, on l'aura deviné, le legs du droit romain. et nous tenons à ce que
nul n'ignore le genre de sentiment que nous vouons à cette civilisation qui fut si chère à
Julius Evola...
Le concept de personne morale est devenu une notion famillière à l'esprit des
contemporains même peu porté aux abstractions. On a beaucoup de peine à
comprendre qu'une telle fiction est non seulement dangereuse mais franchement
désastreuse. La personnalité morale s'attache à un groupement et cette fiction se
substitue en quelque sorte à la somme de ses éléments pour acquérir une existence
indépendante lui donnant la possibilité, dans certains cas, d'ester en justice, son
représentant n'étant en somme qu'un mandataire.
Il semble qu'il soit difficile de se passer d'une telle innovation dans la mesure où elle
permet de faire justice à un ensemble d'individus sans avoir à considérer chaque cas
séparément. Il s'agit en fait d'une illusion car le fait de se grouper en association de
défense, par exemple, ne dispense nullement chacun des membres de faire la preuve de
son propre préjudice. Cette invention n'est réellement un progrès que par rapport à un
état de chose anormal, à savoir dans une société vouée à la quantité, c'est-à-dire une
société dans laquelle aux rapports personnels se sont subtitués les rapports de " groupes
de pression ".
Là encore, c'est bien le droit romain qui a inventé de toute pièce cette fiction. Il semble,
et c'est là une chose assez étrangre, que la nécessité de percevoir l'ensemble des
chrétiens appartenant à une église ait joué un rôle déterminant dans sa naissance...
Toujours est-il que le concept de personne morale, tel que nous l'envisageons à partir
des prolongements du droit romain est venu à nous par l'intermédiaire des universités
dont parlait notre droit médiéval. Il faut malgré tout savoir que rien de tel n'existe en
droit anglais. C'est un point sur lequel nous reviendrons à propos du droit de propriété.
Il y aurait là, croyons-nous, encore la matière d'un livre assez retentissant si l'on voulait
refaire l'histoire de ce concept et s'attacher à démontrer que ses effets pervers
l'emportent sur les avantages. Il en va de l'invention des personnes morales comme de
l'informatique : cela ne sert qu'à pallier aux complications artificielles de la vie
moderne tout en en créant de nouvelles...
L'exemple le plus typique d'abus est bien ceux auxquels se livre l'administration encore
que cette dernière offre l'avantage de ne jamais pouvoir disparaître, un avantage fort
relatif sur les personnes morales de droit privé qu'il suffit de dissoudre en temps et lieu
pour s'exonérer des obligations qu'elles ont contractées[15].
Peu de juristes ont pris conscience que la nomenclature des composants de la propriété
entendue selon le droit romain comporte au moins une anomalie lorsqu'on l'énonce
comme comprenant un usus, un fructus et un abusus...
L'usus et le fructus sont seuls légitimes. L'abusus est un crime. Les deux premiers
éléments correspondent à la possibilité de jouir de la chose directement ou à travers une
concession à autrui qui peut être une location. L'abusus relève de l'inconcevable car
cela revient à oublier qu'en fin de compte toute " possession " terrestre ne peut guère
s'interpréter que comme relevant en fait du régime de l'usufruit[16].
Il s'ensuit que l'idée même d'abuser d'une chose, c'est-à-dire le cas échéant de la
détruire sans nécessité réelle alors qu'elle pourrait être utile à d'autres, est une pure
monstruosité et elle montre, à elle seule, toute l'horreur du caractère essentiellement
matérialiste du droit romain. Du reste, en poursuivant l'inventaire on pourrait sans
doute démontrer que la conception des " droits moraux " qui en est issu de ce même
mode de pensée ne s'apprécie guère qu'en terme de réparation purement matérielle,
c'est-à-dire par l'octroi d'une contrepartie financière. L'innovation dont nous avons
parlé plus haut à propros d'une certaine interprétation moderne de la loi du talion n'est
certainement pas hébraïque mais romaine.
Le schisme anglican dont les conséquences furent, à certains égards, infiniment plus
malfaisantes que celles de notre trop fameuse révolution a eu, fort paradoxalement, un
effet positif. L'antipapisme survenu au temps de Henry VIII a eu pour conséquence de
préserver le droit anglais de la contamination du droit romain ! C'est, du moins à notre
connaissance, le seul effet qui n'ait point été pervers... Ainsi, lorsqu'on observe ce
genre de choses, il faut avoir à la pensée que des compensations se produisent
nécessairement et l'on observe parfois des phénomènes très inattendus...
Nous disons par ailleurs, qu'il est revenu à l'Angleterre le triste privilège d'avoir inventé
le marxisme, c'est-à-dire le collectivisme de la propriété. Cela peut sembler étonnant
dans la mesure où son droit traditionnel aurait du l'en dissuader. Toutefois, cela
s'explique assez aisément : le marxisme ne pouvait pas se présenter comme une
" hérésie romaine " puisque son abusus suffisait à l'en dissuader en préservant le
propriétaire romain de toute espèce d'ingérence étatique. Ceci démontre encore que le
droit, ce n'est pas le fossé à droite de toute espèce de chemin mais le juste milieu...
Les modalités du droit de propriété anglais présentent du reste d'autres dangers que
nous ne faisons qu'entrevoir pour l'instant. En fait, il faut bien considérer que le droit
est toujours une sorte de vestige et qu'il ne suffit pas pour déterminer par lui-même une
réforme des moeurs. Il est aussi un mode d'expression d'une société donnée mais si des
influences plus déterminantes sont présentes, comme c'est le cas lorsqu'une religion
demeure vivante, il est toujours possible, à l'extrême rigueur, d'user loyalement d'un
mauvais système de droit.
Il faudrait sans doute pouvoir s'étendre sur le cas du droit napoléonien car d'un certain
point de vue, on peut dire qu'il répondait à une nécessité en permettant de pallier, dans
une certaine mesure, à la dégénérescence de la fonction sacerdotale de la même
manière que le principe d'égalité, s'il n'est pas interprêté dans un sens purement
quantitatif, est nécessaire encore qu'on pourrait démontrer qu'il ne s'agit pas à
proprement parler d'une innovation. N'oublions pas qu'il fut une époque où il était
assurément plus facile de rencontrer directement le roi lui-même plutôt qu'un de nos
ministres actuels...
On donnera un seul exemple comparatif. Le droit romain fonctionne, en partie, sur une
classification des personnes et des choses. Le concept de personne morale est bien un
héritage de ce droit comme cela a été mentionné. Il fut connu du moyen-âge sous le
nom d'Universités, terme ayant le sens d'un groupement agissant comme un être
unique. Si, aux exactions des procédures inquisitoriales du continent s'oppose la notion
d'habeas corpus, il n'existe pas en droit anglais de véritable équivalent des universités.
On a évoqué plus haut le trust. Nous avons la fâcheuse habitude d'entendre, par ce mot,
une sorte de groupement collectif plus ou moins occulte pouvant être susceptible
d'exercer un monopole commercial. Il faut encore répéter qu'il ne s'agit absolument pas
de cela. Le trust en droit anglais, implique, dans le cas de " fondations ", par exemple,
que la ou les personnes que nous serions tentés d'appeler en France des administrateurs
sont réellement titulaires, à titre personnel, des droits portant sur des biens constitués
en fondation. Ils n'exercent pas non plus de tutelle. On pourrait dire qu'il s'agit en
quelque sorte des " mandataires-propriétaires temporaires ".
Ces précisions paraissent suffisantes au moins pour l'instant. Il ne s'agit pas, comme
nous l'avons déjà dit, de faire preuve d'érudition. Il reste maintenant à parler de dérives
ne relèvant pas d'un vice constitutionnel de notre système de droit.
Le droit public en offre de mains exemples. Nous avons eu l'occasion, assez récemment
d'intenter un recours pour excès de pouvoir contre un établissement public à caractère
administratif disposant d'un registre de commerce[18] ! Une autre affaire
administrative, qui vient seulement d'être jugée concerne une association qui remplit
une fonction qui devrait être normalement dévolue à un établissement public[19].Nous
terminerons par exemple qui nous semble bien être le comble de tout ce qu'on pourrait
imaginer en fait d'incohérence poussée à son degré le plus élaboré.
La récente dépénalisation des chèques sans provisions s'est soldée par l'invention d'une
procèdure de réglement à l'amiable laissée à la diligence des banquiers. Elle n'est pas
foncièrement nouvelle puisqu'il s'agit du développement d'un préalable aux anciennes
poursuites correctionnelles. La grande nouveauté, le grand surgissement de l'absurde
c'est qu'en l'absence de délit (puisqu'il y a eu dépénalisation), le Fisc continue malgré
tout à percevoir des amendes lorsque la situation n'a pas été régularisée dans le délai
prescrit, ce qui revient à dire que des sanctions pénales demeurent en l'absence de délit
ou de faute pénale.
A notre connaissance, aucun juriste n'a relevé cette anomalie. Aucune association de
consommateur n'a daigné introduire un recours pour faire sauter cette législation
ubuesque. L'explication de cette innovation, ayant pour effet de renforcer de façon
calamiteuse le pouvoir des banquiers[20] n'est pas exactement celle qu'on imagine.
Certes les tribunaux ont trouvé le moyen de se décharger d'une corvée tout en
permettant à l'état de continuer à taxer un délit qui a maintenant disparu du code pénal.
C'est déjà inouï en soi mais cette manoeuvre recouvre quelque chose de plus sinistre
encore et il faut remonter à la création de la Banque d'Angleterre par des usuriers et des
mercenaires pour en trouver comprendre ce que tout cela signifie.
La provision d'un chèque devant être préalable et disponible dès son émission, un
chèque, c'est une monnaie de substitution et lorsque la provision fait défaut, ce n'est
plus que de la fausse monnaie. Il s'ensuit que dans la mesure où les banques sont
parvenues à imposer légalement l'usage du chéque en paiement de certaines catégories
de dépenses (avec la complicité du Fisc partie prenante en raison des possibilités
offertes de contrôle), elles devraient avoir été mises dans l'obligation de garantir cette
monnaie de substitution ! Or, nous en sommes bien loin, un chèque n'est garanti qu'à
conccurrence de 100F ! Il est inutile, croyons-nous de s'étendre sur ce tour de
prestigiditation et nous en terminerons sur ce point en faisant remarquer que les
commerçants, lorsqu'ils annoncent qu'ils refuseront systématiquement les billets de 500
F à cause de contrefaçons particulièrement réussies on ne manque pas d'insister sur le
fait qu'ils seraient dans l'illégalité[21].
Tous comptes faits (c'est bien le cas de le dire !), l'évolution actuelle du droit bancaire
ne devrait pas trop surprendre ceux qui ont eu le courage de s'intéresser à l'histoire de
Le fait qu'elle ait pu prendre la tournure définitive qu'on lui connaît à partir de Nice est
l'un des indices susceptibles de nous confirmer que le poste d'observation où nous nous
trouvons présente des caractéristiques assez singulières. Ce qui se passe au Palais de
Justice tout proche est le reflet d'une sorte de " combat eschatologique " assez
remarquable[22]. Nous avons là un magnifique résumé des tendances dominantes du
monde actuel...
Il n'y a pas lieu de s'étendre sur la personnalité du condamné. Vouloir en discuter nous
obligerait à décider si Pétain représentait bien la face obscure de la France pendant que
De Gaulle en aurait incarné la face lumineuse... Ces ennemis étaient en fait des sortes
de complices de sorte que le parti de la vérité ne se trouve pas dans le choix trop
dualiste auquel on voudrait pouvoir nous contraindre...
Nous ne nous attarderons pas sur le détail de la farce ignoble constitué par
l'introduction dans le droit français du postulat de l'imprescriptibilité de certains
crimes. C'est une histoire certes passionnante et fort mystérieuse[23] du point de vue
d'un juriste mais il convient encore de s'en tenir à l'essentiel. Un crime, quelque soit sa
gravité étant, au regard de l'Absolu, un simple phénomène, on doit retenir que tout ce
qui a un commencement doit nécessairement avoir une fin. Il est non seulement
impossible, mais surtout inconcevable, qu'on puisse vouloir poursuivre à perpétuité (si
ce n'est éternellement) certaines catégories de délinquants.
Touvier a été condamné à deux reprises, il convenait de l'éxécuter dans le temps requis.
Il aurait fallu pouvoir se contenter de faire un procès à ceux qui n'ont pas fait diligence.
Qu'il ait pu être rejugé selon une loi à effet rétroactif voilà bien le sommet de l'iniquité.
Reste donc à rappeler le principe interdisant la rétroactivité dans le domaine judiciaire.
La subversion "rétroactive"
L'un des principes qui nous a été inculqué, lorsque nous fréquentions cette Faculté de
Droit et de Sciences Humaines de Reims que l'on a comparé à une sorte de lotus, c'est
bien celui de la non-rétroactivité des lois. Ce principe se fonde sur la constatation de
l'impossibilité, pour un phénomène quelconque, de pouvoir produire des effets dans le
passé.
On affirme parfois que les chinois admettraient une exception à cette règle. Du moins,
si l'on en croît les dires d'auteurs occidentaux... Il n'en reste pas moins vrai que la
dérogation à une nécessaire prescription et l'adoption de lois rétroactives nous a fait
entrer de plein pied dans une ère de " barbarie "unique en son genre. C''en est à tel
point qu'on ne peut même pas réellement parler de barbarie car s'il est arrivé que des
tyrans puissent avoir édictées des lois de convenance, ils n'ont jamais fait oeuvre
d'hypocrisie en cherchant à les justifier par l'emploi d'un dialectique des plus sinueuses.
L'on va voir que la loi qui prescrivait d'exécuter les criminels était en un sens
infiniment plus miséricordieuse que tous les lois modernes qui nous ont été imposées
sous couvert d'un soi-disant progrès. Nous voulons dire qu'il est évident que dans le cas
de " crimes contre l'humanité ", l'abolition de la peine de mort apparaît bien pour ce
qu'elle est, à savoir le comble du vice et spécialement du goût pour la torture
puisqu'elle permet, après avoir jugé un vieillard gâteux, de l'accabler indéfiniment. Nul
doute, que si la médecine avait trouvé le secret de l'immortalité, des perspectives
particulièrement effroyables s'ouvriraient devant nous...
De toutes les anomalies qui ont été relevées, celles dont il vient d'être question sont
sans aucun doute les plus ignobles car elles dépassent en horreur tout ce qu'il a été
donné à l'homme déchu de concevoir. Nous sommes bien loin de cet âge d'or où un
tribunal hébreu était dit sanguinaire lorsqu'il condamnait plus d'un homme à la mort en
72 ans. Encore faut-il savoir que la mesure dont il s'agit était relative à la bonté de
temps fort anciens. Compte tenu de la dégradation cyclique, il faut inverser la mesure
et dire que pour être déclaré " sanguinaire " une Cour d'Assises contemporaine devrait,
avant de mériter un blâme, dépasser le quota de 72 condamnés à mort par an...
Notes :
[1] - Pour ce qui est de son exercice car l'esprit et les règles de fond doivent venir du pouvoir sacerdotal.
[2] - Il suffira de rappeler que la plupart des théoriciens de la musique qui se sont exprimés jusqu'au XVIIIe
siècle inclus, parfois même plus tard encore, comptait assez souvent, dans leur " bagage ", quelques années
de théologie et de droit comme nous l'avons noté dans notre Tempérament Musical. Il faut certes convenir
que ce ne fut pas toujours une garantie mais l'on ne peut pas affirmer que ce fut pour autant chose négative.
[3] - Ainsi s'explique le fait que certains dirigeants de revues ne soient pas plus scrupuleux que certains
escrocs que l'on rencontre dans le monde de l'édition. En disant cela nous avons en vue la malhonnêteté dont
a fait preuve Michel Bertrand à l'égard des ayants droit de Henry Montaigu ainsi que certaines déclarations
tendancieuses des Etudes Traditionnelles relatives à la fonction du droit de réponse. Son usage, il faut le
souligner, n'est pas limité à la rectification des seules mises en cause qui porteraient atteinte à l'honneur des
auteurs cités car il s'étend à toute espèce de rectification ou observations quel qu'en soit le motif. Nul n'ayant
en principe le droit de les censurer excepté si elles portent atteinte à des tiers...
[4] - Nous recourons parfois à un moyen divinatoire qui n'était pas inconnu de Guénon. On dit en effet que
lorsqu'il désirait trouver la réponse à une question, il allait visiter les bouquinistes sur les quais attendant
qu'un livre sollicite son regard. Souvent, il découvrait un élément susceptible de lui fournir une piste. Le
procèdé est plus difficile à mettre en oeuvre dans une librairie moderne car les livres y sont trop bien rangés
cependant qu'il reste praticable sous certaines conditions... En fait, ce ne sont pas tant des conditions qu'il faut
mettre en oeuvre mais un état d'attente spécial qu'il s'agit de reconnaître. Il n'est du reste pas nécessaire
d'avoir une question précise à formuler car on peut utiliser cette procèdure intuitive pour simplement
découvrir un nouveau thème de recherche...
[5] - Les seules protestations sérieuses que nous connaissons s'observent dans l'oeuvre d'Henry Montaigu.
[6] - A ce propos, il faut encore ouvrir une toute petite parenthèse. Le délit d'opinion existe toujours puisque
l'on considère que le racisme et l'antisémitisme, même sous une forme purement verbale, ne sauraient être
des opinions, astuce grossière qui permet de contourner la Constitution du moins en matière polémique car il
arrive que des juges ne s'en laissent pas imposer.
Nous en sommes arrivé à un point où, avec les trois lois existant es et la quatrième que nous concocte MM.
Pasqua et Balladur, viendra proprement un temps où le fait de dire qu'un tel est juif, c'est-à-dire d'énoncer un
fait, sera considéré comme une injure raciste et puni en tant que telle...
[7] -Loin de nous la pensée de soutenir Mgr Gaillot ! Mais là encore l'actuel locataire du Vatican est bien
plus attentif aux sollicitations des évêques du tiers-monde qu'à certaine singularité française. En lisant
certains journaux, on peut constater qu'il y a dans la sanction qui a frappé l'évêque d'Evreux, une bonne part
de mépris à l'égard des français.
[8] - Le problème du gallicanisme ne semble jamais avoir été abordé de front dans nos milieux traditionnels.
Henry Montaigu lui même ne semble pas avoir pris position nettement à ce sujet et Gérard de Sorval, dans le
ndeg. 59 de VLT, agite vaguement la question des privilèges supposés de la royauté française sans prendre
beaucoup de risques. On aimerait avoirà sa disposition une petite histoire du gallicanisme de 496 à nos jours
car il serait intéressant de savoir quelles sont les thèses et les pratiques qui se sont affrontées à ce sujet...
[9] - En l'état actuel des choses avec tous les faux messies qui traînent, avec tous les détraqués qui se sont
institués " maîtres spirituels ", tel un Gurdjieff, il serait vraiment aventureux de recourir à des ordalies. A
noter qu'en cas de contentieux avec des personnages de ce genre il est déjà bien difficile de trouver des
témoins qui ne soient pas susceptibles d'être subornés...
[10] - Un exemple classique est la croyance, bien ancrée, selon laquelle seul le tapage nocturne serait
interdit et sanctionné. C'est oublier certain réglement sanitaire et social dont la base est commune à tous les
départements qui fait obligation à chaque citoyen de ne pas incommoder le voisinage avec des appareils à
musique et aux citoyennes de ne pas porter des chaussures à talons aiguilles dans un appartement... Sans
même parler des vertus, extensibles à l'infini, des articles 1382 et suivant du Code Civil...
[11] - Très caractéristiques sont à cet égard les prétendues lois portant sur l'interdiction de certaines
discriminations (à base raciale, religieuse, sexuelle etc...) car elles ne résolvent rien puisque ces
discriminations peuvent prendre une forme détournée et plus vicieuse. Non seulement elles n'atteignent pas le
but défensif qu'elles se proposent mais elles peuvent s'opposer à la mention de certains choix parfaitement
légitimes. Ainsi celui qui passe une annonce pour trouver un partenaire commercial (ou sexuel) peut préciser
qu'il accepte un magrébin, un chinois mais il ne peut écrire français ou européen exclusivement sans risquer
d'être interpellé pour " racisme ". Ces lois finissent dont par créer des droits ou alors il fat prendre le risque
d'être envahis par un important courrier que l'on jettera à la poubelle sans répondre.
[12] - Nous pouvons en parler en connaissance de cause car dans de banales affaires d'arriéres de loyers, il
arrive qu'on nomme un expert pour faire de simples opérations d'arihtmétique courantes et que par dessus le
marché, ce dernier se trompe dans ses additions et soustractions, la chose coûtant, au bas mot, environ 3000
F...
[13] - Il nous vient à l'esprit que le principe d'une compensation en espèces ne devrait être retenu que dans le
cas de blessures ou d'homicides involontaires dès lors qu'ils résulteraient d'un cas de force majeure et que la
responsabilité du prévenu ne serait pas engagée à raison d'une imprudence.
[14] - A noter que quand l'Etat est condamné, comme cela arrive lorsque ses instituteurs violent leurs élèves,
il ne manque pas de pousser l'inconvenance jusqu'à aller en Conseil d'Etat, ce qui ne lui coûte rien puisque
c'est encore nous qui payons...
[15] - Il s'ensuit qu'en risquant un capital fort réduit, on peut se livrer quasi impunément à toutes sortes d'"
escroqueries légales ". Là encore, la tendance à élargir l'accès aux sociétés anonymes à responsabilité limitée
est aisée à interprêter et c'est l'occasion de souligner que si le " Système " a bien voulu supprimer la prison
pour dettes soit-disant pour éviter aux gros propriétaires d'avoir quasiment le droit de vie et de mort sur leurs
petits créanciers, il ne s'agissait là que d'un leurre. Nous avons en effet de bonnes raisons de penser que l'"
intelligence " qui a dictée cette innovation soit disant généreuse voulait seulement préparer le terrain à une
phase plus avancée de la subversion où des organisations purement financières pourraient duper et voler, sur
une grande échelle, des petits épargnants avant de disparaître complètement.
[16] - Nous ne possédons même pas notre jeunesse puisqu'elle passe c'est pourquoi ceux qui s'en félicitent
en en font l'objet d'une sorte de chantage devraient être ramenés à la réalité par des moyens musclés. Il n'est
rien que nous puissions possèder au sens strict puisqu'à la mort nous n'emporterons même pas notre corps...
[17] - Il y a bien, à la base de cette fausse doctrine, l'idée que l'homme ne peut rien possèder réellement, si
l'on entend par là qu'il est incapable de survivre à la plupart de ses biens propres. Cependant, cette incapacité
foncière n'exclut nullement qu'on puisse se réserver l'usus exclusif d'un certain nombre de bien destinés à
notre seul service. La collectivisation des biens ne peut guère s'appliquer qu'à ceux qui ne peuvent être, par
leur nature même, détournés pour le service d'un seul individu. Et l'on n'en trouve guère en dehors de
l'élément air par exemple et la pire des injures qu'on puisse faire à un accapareur est bien le reproche de
vouloir nous pomper l'air pour signifier le comble du vampirisme. Nous ne reviendrons pas sur les dires du
" nouveau catéchisme ", lorsqu'il se paie notre tête en faisant semblant de récuser certaines doctrines
économiques tout en lui substituant cette prétendue théorie de la destination universelle des biens laquelle
permet désormais à n'importe quel dialecticien vicieux de nous ôter le pain de la bouche et de prendre notre
place sans autre forme de procès.
[18] - Il s'agit de la Réunion des Musées Nationaux, organisme qui effectue régulièrement des actes de
commerce (vente de livres, cartes postales etc... La RMN devrait normalement faire partie des établissements
industriels et commerciaux, à l'imitation de E.D.F. par exemple auquel cas le Tribunal Administratif n'aurait
pas été comptétent en cas de licenciement... Nous avons obtenu gain de cause. Le litige ne concernait pas le
statut de l'établissement mais si nous avions suivi les directives d'un avocat prétendument spécialisé nous
aurions attaqué l'établissement devant la juridiction civile qui se serait déclarée incompétente et nous aurions
laissé passer les délais en perdant ainsi plusieurs dizaines de milliers de francs...
[19] - L'affaire mettait en cause les pratiques de l'ANPE sur un point de droit fort subtil. Il s'agissait de faire
reconnaître que la radiation prononcée par un ordinateur n'ayant pas reçu de données adéquates par suite d'un
contretemps ne pouvait en aucun cas être considéré comme une décision administrative. Le tribunal, pour
n'avoir pas à entrer en discussion sur la légalité de certaines décisions ministérielles (voire simplement
administratives) a retenu la version des faits de l'adversaire. Il nous faudrait aller en appel et
vraisemblablement en Cassation pour obtenir gain de cause... Ce n'est pas la C.G.T. qui nous soutiendra dans
un débat aussi technique bien que la Cour de Cassation ait reconnu récemment qu'en aucun cas un demandeur
d'emploi ne pouvait être radié à son insu...
[20] - Qui prélèvent leurs propres frais de telle manière qu'il est plus avantageux de refuser un chèque qui
dépasse 100 F puisque cela rapporte à la banque entre 200 et 500 F...
[21] - Les faux billets leur sont confisqués et ils ont tout juste le droit de recevoir une attestation leur
permettant d'en déduire le montant en tant que perte déductible des bénéfices. Espérons qu'un mauvais
plaisant trouvera le moyen de mettre sur pied une combine astucieuse pour écouler ainsi, en toute légalité, de
la fausse monnaie. L'état proxénète qui nous gouverne mérite bien cela...
[22] - L'ancien comté de Nice (à moins que ce ne fut qu'un simple vicomté...) qui n'avait pas vraiment de
fond propre est sujet à des influences fort contradictoires en raison même de son histoire. Il semblerait en
premier lieu que ses habitants aient toujours un peu manqué du sens de la loyauté. Il est au moins un exemple
dans leur histoire où ils ont voulu trahir leurs maîtres en voulant se donner à d'autres, mieux disant... Non
sans pertes et fracas... Nice n'était guère qu'un débouché marîtime du royaume de Savoie Sardaigne. Ses
relations avec la France sont toujours demeurées problématiques... Les Niçois aiment à souligner qu'il ne sont
ni des provençaux, ni des italiens... En fait, ils n'étaient rien que des tout petits pêcheurs et le cosmopolitisme
hérité du succès de la Côte d'Azur leur a monté la tête tandis que l'afflux de multiples diasporas n'a rien
arrangé. Et l'on connaît les luttes homériques locales entre une fausse droite et une vraie gauche, luttes très
sensibles dans le domaine judiciaire et administratif...
[23] - Notons seulement que si la Cour de Cassation s'est opposée à ce que l'on poursuivre un tortionnaire du
nom de Boudarel, c'est en vertu d'une définition limitative des " crimes contre l'humanité ". Le Vietnam tenu
en mains par les communistes n'a jamais fait partie des puissances de l'axe ce qui a fait dire à quelques
observateurs que l'humanité se réduirait seulement aux lointains descendants des habitants d'une ancienne
province du Moyen-Orient que les Grecs de l'époque classique ne mentionnent même pas... La mauvaise foi
de certains juristes est par trop patente lorsqu'ils font semblant d'être prisonniers d'une interprétation littérale
de leurs textes attendu que ce fondamentalisme est attesté historiquement en tant que vice pharisien, c'est-à-
dire " juif ".
[24] - On notera à cet égard que l'invention de l'imprescriptibilité des " crimes contre l'humanité " sous la
dictée de quelques scribes imprégnées de culture talmudique contraste singulièrement avec cette opinion
juive moderne selon laquelle la loi dite du talion serait précisément le contraire de ce qu'elle est censée être, à
savoir l'invention, pour des raisons " humanitaires " du système des réparations en argent excluant tout
châtiment corporel. Il s'agit là en fait de deux innovations ayant le même dénominateur commun, à savoir
l'injustice.
On savait depuis longtemps que Jacques Chirac est incapable de faire autre chose que
de réfléter l'opinion de ses conseillers de sorte qu'il a pu faire illusion ponctuellement
lorsqu'il lui est arrivé d'être relativement bien entouré. C'est ainsi qu'il est censé avoir
" pondu " un discours à l'adresse du Dalaï-Lama, discours qui a fait une vive
impression en son temps encore fallait-il l'" indexer " à proportion de l'insignifiance des
propos habituels du pontife des tibétains pour en apprécier la valeur absolue...
Notre Président ayant décidé de recruter ses "gourous" parmi ses propres rejetons (et de
préférence du côté des quenouilles), il fallait bien s'attendre à ce que les pertes
génétiques impliquées finissent par provoquer une catastrophe sans exemple : le 16
juillet dernier, le nouveau coq gaulois a lissé les rares plumes qui lui restent pour
décréter la France coupable à l'égard des Juifs français qui ont été raflés sous la
pression de l'occupant nazi. Il a donc été affirmé que notre nation conserve une dette
Il est inutile de démontrer que le faux adolescent excité et immature qui règne sur
l'Elysée a pris le parti d'insulter tous les Français, à savoir les pétainistes et ceux qui
méprisent la gérance d'un vieillard débile et de sa clique car les têtes à claques qui lui
ont permis de gagner quelques points d'avance, ces " jeunes " qui l'on acclamé, sont
bien incapables de réaliser l'étendue du désastre. Votre serviteur s'est abstenu de voter
et c'est une maigre consolation que cette abstinence, il souhaite donc à ce Tartuffe la
seule mort qui soit digne de lui : crever d'indigestion après s'être empiffré de ces
" cochonneries " dont certains restaurants de Strasbourg se sont fait une spécialité
européenne. Si possible en compagnie de ce chancelier allemand qui partage volontiers
sa goinfrerie. Voilà ce qui convient à ce goyim coupable d'avoir trahi et vendu ses
semblables, non pour une assiette de lentilles, mais pour quelques chapelets de
saucisses pur porc...
Quant à l'antisémitisme que cela va encore produire, on l'aura bien cherché. Dieu
merci, si une dernière "additions" doit en résulter, elle se présentera sans doute assez
loin de France...
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http://lemonde.globeonline.com/multimedia/sem0996/textes/enq09961.html23/01/2004 01:10:02